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La civilisation japonaise: conférences faites à l'école spéciale des langues orientales

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XII

LA RÉVOLUTION MODERNE AU JAPON

LA révolution qui s’opère au Japon depuis quelques années, révolution dont le point de départ a été l’anéantissement du pouvoir des syaugoun ou lieutenants-impériaux et la restauration de l’autorité suprême entre les mains des mikado ou empereurs légitimes, comptera certainement parmi les événements les plus étonnants et les plus considérables de l’histoire contemporaine des nations asiatiques. Le succès de cette révolution, comme je l’ai dit dans une conférence précédente, a eu pour cause, d’une part, la faiblesse des derniers autocrates de Yédo, et, de l’autre, les transformations qu’a dû subir le pays, par suite de l’ouverture des ports au commerce étranger et de l’immixtion des Européens dans les affaires politiques des îles de l’extrême Orient.

Il me paraît donc utile de rappeler en peu de mots les premières tentatives des Occidentaux à l’effet d’établir des relations avec les Japonais.

Le Japon a été découvert par les Portugais.

Ce pays avait été mentionné, dès le XIIIe siècle, il est vrai, sous le nom de Zipangu[239], par le célèbre voyageur vénitien Marco Polo; il ne paraît pas toutefois qu’aucun Européen y ait abordé avant le milieu du XVIe siècle. Le Sin-sen nen-hyau de Mitsoukouri mentionne l’arrivée des premiers Portugais une année plus tôt; mais le savant chronologiste ne nous dit pas sur quelle autorité il se fonde pour établir cette allégation.

L’Aperçu des annales des mikados de Syounsaï Rindjo mentionne la première arrivée des Portugais, sous le nom de Barbares du Sud, au Japon en l’année 1551[240]. Chassés par la tempête, des navigateurs de cette nation furent poussés sur l’île de Tané-ga sima. Ils portaient avec eux des armes à feu, dont les Japonais n’avaient pas encore fait usage. C’est en souvenir de ce fait que les pistolets sont encore aujourd’hui désignés sous le nom vulgaire de Tané-ga-sima. Antérieurement à cette époque, les historiens du Japon rapportent l’arrivée de Nan-ban dans le pays de Satsouma en l’an 1020, et une mission de ces mêmes peuples qui apporta un tribut en l’an 1409. Seulement, on n’a pas encore élucidé la question de savoir à quels étrangers ces historiens font allusion; et, jusqu’à ce que le problème ait été résolu, il n’est pas possible de faire remonter les premières reconnaissances des îles de l’extrême Orient par les Européens à une époque antérieure au voyage de Fernand Mendez Pinto qui fut jeté sur les côtes du Japon en l’année 1543.

Dès que les Portugais connurent l’existence du Japon, ils se hâtèrent d’y envoyer de nouveaux navires et des prêtres pour évangéliser le pays. Saint François Xavier et plusieurs autres jésuites y abordèrent le 15 août 1549[241]. La propagande religieuse acquit bientôt un grand développement dans tout l’archipel; et, après s’être établis dans les principautés de Satsouma et de Boungo, les missionnaires catholiques se répandirent dans la grande île de Nippon, à Myako, résidence de l’empereur, et jusque dans les provinces les plus septentrionales du pays. De 1616 à 1620, ils traversèrent le détroit de Sangar et pénétrèrent dans l’île de Yézo.

Après les Portugais, vinrent les Hollandais qui se préoccupèrent beaucoup moins d’évangéliser le Japon que d’y ouvrir de nouveaux débouchés à leur commerce maritime. Seuls, parmi tous les Européens, ils surent gagner la confiance du gouvernement syaugounal et conserver le monopole du commerce, alors que tous les autres Européens, sans exception, durent se soumettre au décret qui leur interdisait de la façon la plus sévère l’entrée des ports du Nippon.

Les Anglais essayèrent cependant de participer aux privilèges commerciaux qui avaient été accordés aux Hollandais. Un pilote de leur nation, William Adams, aborda dans cet espoir à Ohosaka, en 1600. Le syaugoun le reçut avec bienveillance et l’employa à la construction de navires sur le modèle européen; mais, lorsqu’il exprima le désir de retourner dans son pays, il fut informé que le gouvernement ne consentait pas à lui donner cette permission. Adams se résigna donc à demeurer au Japon, où il épousa une femme indigène, avec laquelle il vécut dans le petit port de Yokosuka, où son tombeau a été dernièrement retrouvé. Les services qu’il avait rendus dans sa nouvelle patrie lui valurent l’honneur de voir son nom donné à une des rues de Yédo. Autorisé par le syaugoun à inviter ses compatriotes à venir établir des comptoirs dans ses états, il écrivit en Angleterre, et une mission ne tarda pas à arriver sous le pavillon de Sa Majesté Britannique. Cette mission apprit bientôt qu’elle ne pouvait pas compter sur les espérances qu’on lui avait fait concevoir; le gouvernement syaugounal se refusa brusquement à tout traité d’amitié avec l’Angleterre, parce que son souverain avait épousé une princesse de Portugal, pays que les Japonais considéraient comme l’éternel ennemi du leur. La mission anglaise reçut, en conséquence, l’ordre de se retirer dans un délai de vingt jours. Plusieurs nouvelles tentatives furent faites depuis lors pour ouvrir les portes du Japon au commerce britannique, mais ces tentatives restèrent toutes également infructueuses.

Les Russes voulurent à leur tour pénétrer sur le territoire soumis à l’autorité des syaugouns, et ils envoyèrent dans ce but plusieurs expéditions dont la plus célèbre, celle de Golownine à Yézo, n’eut d’autre résultat que de faire garder son chef dans une longue et pénible captivité (de 1811 à 1814).

Il était réservé aux États-Unis d’Amérique d’obtenir du syaugoun l’abrogation des lois rigoureuses qui défendaient l’accès des côtes de l’archipel Japonais à la marine de tous les peuples du monde, à l’exception des Hollandais et des Chinois auxquels avait été maintenu le privilège du commerce extérieur, à la condition, il faut le dire, de se soumettre à tout un système de vexations intolérables. A la suite d’une motion adoptée par le sénat de Washington, il fut décidé qu’une expédition, sous les ordres du commodore Perry, se rendrait au Japon, pour y conclure un traité d’amitié et de commerce. L’expédition quitta Norfolk le 24 novembre 1852 et vint jeter l’ancre à Nafa, principal port des îles Loutchou, le 26 mai 1853. Le 7 juillet de la même année, le commodore Perry faisait son entrée dans la baie de Yédo, où il notifiait au gouvernement du syaugoun l’intention formelle du gouvernement américain d’engager des relations de commerce avec son pays. N’ayant pu obtenir une satisfaction immédiate, il annonça qu’il reviendrait, l’année suivante, demander une réponse à sa demande. A peine l’amiral américain eut-il quitté les eaux du Japon que tout le pays se prépara à la résistance, en même temps que des ordres étaient envoyés dans les couvents pour prier les Dieux de sauver l’empire de l’invasion des Barbares. Les cloches des monastères furent transformées en canons, on arma tout ce qu’on possédait de bateaux et de jonques, et l’on construisit de tous côtés des fortifications. Quand tous ces préparatifs belliqueux furent terminés, on jugea la résistance impossible, et l’on résolut de chercher, par une politique de ruse et d’atermoiement, à éloigner au moins de quelque temps les malheurs qui menaçaient de fondre sur l’empire.

Les Américains partageaient à cette époque une erreur générale, que les japonistes eussent très probablement dissipée, si on avait daigné les consulter: ils croyaient que le syaugoun de Yédo était le véritable empereur du Japon, et que le mikado de Myako n’était qu’une espèce de pape, un souverain exclusivement spirituel et religieux. Le président des Etats-Unis avait donc écrit une lettre à «l’Empereur du Japon», que son ambassadeur alla porter naïvement au syaugoun: celui-ci, ne sachant comment se tirer de l’impasse où il se trouvait engagé, se décida à se laisser passer pour empereur aux yeux des étrangers, et à conclure à ce titre les traités de commerce et d’amitié qu’on venait arracher à son gouvernement. La ruse audacieuse que les Japonais employèrent en cette circonstance, et la naïveté ignorante dont firent preuve les agents politiques européens, furent la cause de cette longue période de malentendus, d’ajournements de toutes sortes, d’embarras et de malaise réciproque qui commença à la conclusion du premier traité américain avec le syaugoun (1853), et qui ne devait se clore qu’avec la révolution qui détruisit définitivement la fonction longtemps omnipotente de lieutenant de l’empereur au Japon (1868).

La politique usurpatrice dont je viens de vous dire quelques mots, avait été adoptée par I-i, seigneur de Ka-mon[242], qui remplissait, à cette époque, les fonctions de régent pendant la minorité du jeune syaugoun Iye-sada. Ce régent, homme d’ailleurs d’une grande intelligence et d’une remarquable énergie, avait bien pu triompher de la sorte des difficultés qui lui venaient du côté des Européens; mais il ne lui avait pas été aussi facile de faire accepter sa manière d’agir par les daïmyaux qui n’ignoraient pas la véritable condition de dépendance du syaugoun vis-à-vis de la personne suprême du mikado. Une révolte, suscitée par les grands de l’empire, ne tarda pas à éclater contre ces audacieux agissements. L’emprisonnement des meneurs, l’exécution capitale de plusieurs d’entre eux, ne devaient point empêcher le torrent révolutionnaire de poursuivre dans le pays sa course vagabonde. Le prince de Mito qui, dès 1840, avait essayé de soulever le pays au nom de l’empereur légitime, se mit à la tête des insurgés; et, conformément à ses ordres, le régent fut attaqué en mars 1860 par une bande de samurai qui s’emparèrent de sa personne, lui tranchèrent la tête et la promenèrent ensuite triomphalement dans la capitale.

Le syaugoun, qui s’était vu dans la nécessité d’abandonner la plupart des garanties que s’étaient arrogées ses prédécesseurs vis-à-vis des princes féodaux, et qui avait dû renoncer notamment à l’obligation pour eux de résider un certain temps à sa capitale et d’y laisser des otages en leur absence, voyait son autorité décliner en même temps que celle des daïmyaux acquérait plus de force et d’indépendance. L’assassinat du régent laissait, en outre, le jeune syaugoun abandonné à toutes les intrigues de sa cour et presque sans moyen de communication avec les princes féodaux, qui, pour discréditer définitivement le gouvernement de Yédo, se plaisaient à commettre vis-à-vis des étrangers des actes hostiles, souvent même des assassinats, dont le syaugoun supportait la responsabilité, sans avoir les moyens de les empêcher.

Lorsque les rênes du gouvernement de Yédo furent remises au quinzième et dernier syaugoun Nobu-Yosi, plus connu des Européens sous son petit nom de Hitotu-basi, il était bien évident que la dynastie fondée par Iyéyasou ne devait plus compter désormais que sur une très courte existence. Nobouyosi était d’ailleurs un vieillard manquant de l’énergie nécessaire pour diriger les forces imposantes dont disposait encore le gouvernement de Yédo, et pour en tirer tout le parti possible.

Les daïmyaux, convaincus que le moment était plus favorable que jamais pour attaquer le syaugounat dans ses derniers retranchements, offrirent leur concours au mikado, à des conditions diverses. Forts de l’appui que leur donnait le pavillon impérial qu’avaient arboré leurs armées, ils n’hésitèrent plus à sommer le Nobouyosi de résigner ses fonctions. Un moment on vit prévaloir, dans le Conseil suprême de Yédo, la politique de la résistance; et déjà des mesures avaient été prises pour mettre en mouvement l’armée syaugounale, lorsque Nobouyosi fit connaître à la cour de Yédo sa résolution définitive de se soumettre à la volonté du mikado. Cette résolution fut consignée dans un acte de démission officielle, daté du 9 novembre 1867. Les grands daïmyaux, réunis en assemblée nationale, décrétèrent peu après la suppression définitive des fonctions de syaugoun, et reconnurent pour seul et unique souverain du Japon, le jeune Mitu-hito qui venait récemment de succéder à son père, le mikado Kau myau.

La soumission subite et inattendue du syaugoun Nobouyosi n’avait pas été sans irriter profondément ses partisans; et les daïmyaux du Nord, qui ne voyaient pas sans regret la prépondérance dont allaient évidemment bénéficier les principautés du Sud, résolurent de soulever pour leur propre compte l’étendard de la résistance. Les mécontents réunirent, en conséquence, toutes les forces militaires qu’ils purent rallier; et, pour arriver à contrebalancer le prestige que les daïmyaux du Sud empruntaient à la personne du jeune mikado Moutsouhito, ils choisirent un oncle de ce même prince nommé Uye-no-no Miya et résolurent de le proclamer mikado du Nord.

Tous les efforts des partisans des Tokougava ne devaient cependant pas aboutir à des résultats quelque peu durables; et bientôt, tant par la force des armes que par d’habiles négociations engagées avec les ka-rau ou ministres des daïmyaux, l’autorité suprême du mikado fut reconnue dans toute l’étendue du Nippon. Le dernier rempart des opposants fut renversé par la prise de Hakodadé, dans l’île de Yézo, le 25 juin 1869.

Le nouveau gouvernement mikadonal avait bien réussi à anéantir le syaugounat et à faire accepter le principe de son autorité suprême d’un bout à l’autre de l’archipel. On ne pouvait cependant pas dire encore qu’il était assis sur des bases solides. Les grands daïmyaux avaient obtenu des promesses en échange de leur participation active à la guerre engagée contre la dynastie des Tokougawa; au milieu du désordre général, une foule de petits seigneurs avaient rompu les liens qui les attachaient aux Koku-si ou grands princes féodaux, et ne cherchaient qu’une occasion pour s’enrichir aux dépens du premier venu, ou pour conquérir une certaine somme d’indépendance; la révolution s’était développée aux cris de «mort aux étrangers», et les étrangers, tout en ayant conservé pendant cette période une attitude calme et désintéressée, du moins en apparence, se tenaient sur leurs gardes, appuyés par les flottes que leurs représentants avaient mandées dans les eaux du Japon; certaines idées de libéralisme moderne, enfin, échauffaient les têtes des officiers indigènes qui, pendant leur séjour en Europe, s’étaient initiés à toutes les revendications de la réforme sociale et religieuse.

Le premier soin de la Porte Impériale[243] fut de résoudre immédiatement la question des étrangers. Loin de décréter leur expulsion du pays et d’abroger les traités conclus avec le syaugoun, le cabinet s’empressa de reconnaître les représentants des puissances occidentales, de leur notifier que le siège du gouvernement était désormais établi à Kyau-to (Miyako), et qu’ils étaient invités à venir avec leur suite présenter leurs lettres de créance à la personne même du souverain. En même temps des ambassades extraordinaires étaient envoyées en Europe et en Amérique, et des agents diplomatiques résidents étaient accrédités auprès de ceux qui avaient conclu des traités d’amitié avec le Japon.

Cette attitude du nouveau gouvernement n’était évidemment pas de nature à donner une satisfaction générale dans l’archipel, où la haine des étrangers est encore loin d’avoir été tout à fait déracinée. Mais le prestige du successeur d’Ama-terasu Oho-kami était trop considérable pour que quelqu’un osât se révolter contre ses arrêts. D’ailleurs, les rapports des Européens avec les Japonais avaient éveillé dans l’esprit de ces derniers une vive curiosité de savoir, et le désir ardent de régénérer leur pays par l’introduction de toutes les sciences et de tous les progrès réalisés en Occident. Tandis que les Chinois ont peine à comprendre que les «Barbares des quatre frontières» aient pu atteindre et surtout dépasser la civilisation du «Royaume du Milieu», les Japonais, au contraire, ont fait de suite bon marché de leur civilisation, en grande partie calquée sur celle de la Chine, et ils ont résolu de tout transformer parmi eux. Non-seulement ils se sont hâtés d’imiter nos institutions européennes, de transformer leur armée et leur marine à l’instar des nôtres, de se donner quelques premiers tronçons de télégraphes et de chemins de fer, d’organiser des postes, de créer un nouveau système monétaire et de reconstituer leurs finances sur le mode des puissances occidentales; ils ont voulu encore, et presque avant tout, perdre l’apparence extérieure d’Asiatiques: ils ont adopté pour leur souverain, pour les fonctionnaires publics, et même pour les classes supérieures de la société, notre manière de vivre et jusqu’à notre costume. Quant à la religion, dont la réforme eût été, dans toute autre région du monde oriental, la plus grosse difficulté à résoudre, il semble qu’elle ait été, pour les Japonais, le moindre embarras qu’ils aient rencontré pour l’accomplissement de leur œuvre de transformation sociale. Le Bouddhisme, en excluant, ou peut s’en faut (car on doit tenir compte de ses diverses écoles), toute croyance à une divinité suprême et personnelle, ainsi qu’à une existence d’outre-tombe, préparait d’ailleurs les Japonais à accepter toutes les formes du scepticisme moderne et même à se désintéresser dans la solution qui pourrait être donnée au problème religieux. L’ardeur qu’ils avaient mise, deux siècles auparavant, à poursuivre le christianisme de leurs persécutions et de leur colère, se trouvait de la sorte considérablement affaiblie. Ils devaient, sans trop de résistance, laisser s’établir dans leurs villes les missionnaires de l’évangile, et y construire des églises et des séminaires. Quant aux innombrables idoles bouddhiques, le plus souvent, ils ne devaient plus s’en préoccuper; ou plutôt, sachant que toutes ces représentations fantastiques, où l’art ancien avait marqué son génie bizarre et sui generis sur la céramique, sur le bois, sur l’ivoire ou sur le bronze, avaient acquis une grande valeur mercantile pour les collectionneurs européens, ils n’hésitèrent pas à se débarrasser de ces idoles désormais inutiles, et à disperser les divinités auxquelles ils rendaient naguère encore des sacrifices et des hommages, sous le marteau de simples commissaires priseurs.

Je ne veux pas dire pour cela que les Japonais intelligents, que quelques bonzes éclairés, que le gouvernement mikadonal lui-même se soient absolument désintéressés de la question religieuse. Loin de là; j’ai eu l’occasion de rendre compte ailleurs[244] d’une mission envoyée il y a quelques années en Europe, à l’effet d’étudier ce que la transformation actuelle du Japon exigeait qu’on fît le plus tôt possible pour donner un aliment au besoin de croyance des classes populaires de l’empire. Cette mission,—et je pourrais dire en un mot tous les Japonais que j’ai vus se préoccuper de la religion de leur pays,—était, au fond, assez indifférente sur la foi qu’il convenait de faire adopter à ses compatriotes: ce qui la préoccupait, c’est que cette religion pût s’allier avec le mouvement des idées modernes et ne se trouvât pas, dès à présent, en contradiction avec les conquêtes de la science européenne.

Peu après son avènement au trône, Mutsouhito, âgé alors de dix-sept ans, réunit une espèce de Conseil d’Etat composé des principaux seigneurs qui avaient contribué à restaurer le pouvoir effectif qu’avaient exercé ses aïeux, avant la domination des syaugouns. D’accord avec cette assemblée, il arrêta les bases d’une constitution, où furent proclamés quelques principes qui témoignent certainement de progrès que nul n’était guère en droit d’espérer d’une nation asiatique, et qui n’avaient été réalisés nulle part ailleurs en Orient.

Sans reconnaître précisément l’abolition des castes et l’égalité de tous les citoyens devant la loi, cette constitution admettait la possibilité d’appeler à toutes les fonctions publiques les hommes de valeur qui se feraient remarquer dans les différentes classes de la société. Elle déclarait, en outre, abolies toutes les coutumes cruelles et barbares qui avaient été en usage dans les siècles passés.

Après avoir promulgué ces rudiments de constitution, le mikado annonça qu’il avait établi une ère nouvelle dont le nom exprimait l’idée sur laquelle serait fondé son gouvernement. Cette ère fut appelée mei-di «le gouvernement éclairé».

Comme conséquence immédiate du nouvel ordre de choses, la Porte Impériale dut se préoccuper de rendre aussi impuissante que possible l’aristocratie féodale qui gouvernait encore, avec presque toutes les prérogatives de la souveraineté, les principautés et les innombrables clans entre lesquels était partagé l’archipel Japonais. Vouloir se défaire brusquement des anciens Koku-si, et notamment des plus puissants d’entre eux auxquels le mikado devait sa restauration effective au trône, fut jugé chose prématurée, sinon absolument impossible. Loin de là, ces mêmes Kok-si furent appelés aux plus hautes fonctions du nouvel édifice politique, où leur présence, qu’on n’avait pu éviter, devait nécessairement contribuer à rendre plus lente et plus laborieuse l’œuvre projetée de réorganisation politique et sociale. Par un coup d’audace périlleux, mais qui fut couronné de succès, le mikado décréta la suppression des états féodaux et la division de tout l’empire en ken ou «départements», à la tête desquels les daïmyaux ne seraient plus que des préfets non héréditaires, salariés par le gouvernement et tous également révocables. Les princes féodaux acceptèrent sans résistance la situation nouvelle qui leur était faite.

Les Japonais ont, de tout temps, montré de remarquables aptitudes à s’assimiler les idées étrangères. Depuis l’arrivée des Américains dans leurs îles, en 1853, ils se sont préoccupés avec une ardeur infatigable de rechercher les moyens propres à donner à leur pays les apparences civilisatrices des contrées de l’Occident. La révolution de 1868 était une occasion favorable pour introduire dans leur pays les institutions politiques et sociales dont ils avaient acquis une idée plus ou moins superficielle dans leurs voyages en Europe, dans leurs relations avec les étrangers établis au milieu d’eux, ou dans les livres anglais, français et allemands traitant de la matière et dont ils avaient déjà fait des traductions complètes ou analytiques.

Leur première pensée fut, en conséquence, de créer au Japon le régime parlementaire, et de constituer un parlement composé d’une Chambre de Seigneurs et d’une Chambre des Communes. La chambre des seigneurs n’était pas absolument impossible à organiser, bien qu’il y eût à craindre qu’elle ne servît qu’à faciliter l’entente des grands feudataires dépossédés pour préparer le pays à une révolution nouvelle. Et, d’ailleurs, il y avait lieu de supposer que, dans une pareille assemblée, l’inégalité d’importance et d’autorité des différents daïmyaux, ne permettrait pas de résoudre les questions par des votes dans lesquels on se bornerait à additionner les suffrages. Le prince de Satsouma, par exemple, n’hésita pas, dans une de ces assemblées d’essais où la majorité ne lui était pas favorable, à se retirer, montrant par là qu’au lieu de s’attacher à compter les voix des seigneurs, il fallait bien plutôt se préoccuper d’en calculer le poids. Le sénat projeté n’était donc pas établi dans des conditions sérieuses d’existence et de durée.

Mais la difficulté était bien autre, quand on voulut convoquer une Chambre des Communes. Où trouver les communes? où trouver des citoyens capables de comprendre ce que devait être un collège électoral? On proposa de faire enseigner publiquement par des conférenciers officiels, les premiers éléments du droit public, et de décider que les Japonais qui auraient fréquenté ces conférences pendant un certain temps, acquerraient le titre de citoyen et la capacité électorale. Cette proposition originale dont on eût peut-être pu tirer d’utiles résultats, si elle avait été adoptée et mise en pratique avec persévérance, ne pouvait en tous cas donner des résultats immédiats. Elle fut bientôt abandonnée, ainsi que toutes sortes d’autres systèmes ayant pour but de trouver les moyens d’introduire une chambre basse dans le parlement projeté.

Le sénat ou Gen-rau-in[245], fondé par décret du 17 avril 1875, ne devait pas survivre à la retraite du prince de Satsouma que j’ai mentionnée tout à l’heure. Une sorte de Conseil Supérieur, dans lequel furent appelés quelques Européens en qualité de conseillers-adjoints, lui succéda, et prépara les lois que le cabinet acceptait ensuite ou repoussait à son gré.

Le même décret instituait une autre chambre, appelée Fu-ken kai-gi[246], que les journaux se sont hâtés de considérer comme étant une Chambre des Communes. Cette assemblée n’est autre que la réunion des préfets ou chef de Ken, appelés chaque année, durant une session de cinquante jours, à examiner certaines affaires relatives aux intérêts particuliers des départements placés sous leur juridiction administrative.

En somme, les intentions qui ont provoqué le décret d’avril 1875 n’ont pu être réalisées, et le Parlement japonais est encore une création réservée à un avenir plus ou moins éloigné. La Porte Impériale s’est trouvée, de la sorte, dans la nécessité de revenir à peu de choses près au gouvernement personnel et absolu qui avait régi le Japon avant la grande révolution de 1868. Faute de pouvoir trouver des citoyens dans les classes populaires d’un pays maintenu plus de deux mille ans dans un perpétuel esclavage, sous l’autorité absolue de la noblesse et de la classe militaire, le mikado ne put appeler tout d’abord autour de lui que d’anciens serviteurs dévoués, ignorants, sans autorité et sans prestige, ou des daimyaux médiocrement éclairés et, en tous cas, jaloux de recouvrer le pouvoir que la révolution était venue brusquement leur arracher des mains. Le tiers-état, le seul élément social sur lequel puissent être appuyées les institutions nouvelles, est à peine en voie de formation chez les Japonais; il est cependant certain qu’il ne tardera pas à acquérir une large part d’influence dans les résolutions du gouvernement mikadonal.

Le jeune empereur paraît très favorable à l’émancipation de cette classe moyenne de la population japonaise, émancipation qui sera sans doute facilitée par la loi nouvelle qui appelle tous les indigènes, désormais sans distinction de caste ou d’origine, à servir sous les drapeaux. Les conseillers de la couronne, à cette occasion, firent observer au mikado que, si l’émancipation du peuple devait avoir pour résultat le plus prochain, d’ébranler et même d’anéantir un jour les dernières forces sur lesquelles s’appuient les anciens feudataires du Nippon, elle aurait très probablement ensuite pour effet, de discuter jusqu’au droit du souverain lui-même. Ces représentations ne firent point changer la résolution qu’on attribue à l’initiative de l’empereur Moutsouhito lui-même, et la rumeur publique prête au jeune prince cette noble réponse: «Dussé-je subir un jour le sort de Charles Ier d’Angleterre et de Louis XVI de France, je persévérerai dans la voie que j’ai ouverte pour l’émancipation et pour le bonheur de mes sujets.»

Quoiqu’il en soit de ce récit, et de l’origine des idées libérales qui ont signalé à plusieurs reprises les actes du gouvernement japonais, il est certain que le Japon a réalisé, en quelques années, des réformes dignes de lui donner une place dans le grand concert politique des nations de race Blanche, et un rang distingué à la tête de tous les empires asiatiques.

TABLE DES MATIÈRES

Pages.
I.—Place du Japon dans la classification
ethnographique de l’Asie
1
II.—Coup d’œil sur la géographie de l’archipel
Japonais
29
III.—Les origines historiques de la monarchie
japonaise
55
IV.—Les successeurs de Zinmou, jusqu’à
la guerre de Corée
87
V.—Influence de la Chine sur la civilisation
du Japon.—La Chine avant Confucius
119
VI.—Les grandes époques de l’histoire de
Chine, depuis le siècle de Confucius jusqu’à
la restauration des lettres sous les
Han
163
VII.—La littérature chinoise au Japon191
VIII.—Le Bouddhisme et sa propagation
dans l’extrême Orient
223
IX.—Aperçu général de l’histoire des Japonais,
depuis l’établissement du Bouddhisme
jusqu’à l’arrivée des Portugais
253
X.—La littérature des Japonais283
XI.—Les sciences et l’industrie au Nippon327
XII.—La révolution moderne au Japon369

NOTES:

[1] Ces conférences ont été, pour la plupart, recueillies par M. Vignon, sténographe.

[2] Ce Manuel se composera des documents suivants: 1. Liste des Dieux du Panthéon Japonais;—2. Liste ordinale et chronologique des Mikado ou Empereurs du Japon;—3. Liste ordinale et chronologique des Syaugoun ou Généralissimes Japonais;—4. Liste alphabétique des Mikado;—5. Liste chronologique des Nengaux ou noms d’années;—6. Liste alphabétique des Nengaux;—7. Chronologie cyclique de l’Histoire du Japon;—8. Chronologie des principaux faits de l’Histoire du Japon;—9. Petite Biographie des hommes célèbres;—10. Liste des anciennes Provinces du Japon;—11. Liste des Ken ou Départements actuels de l’empire Japonais;—12. Liste des Temples célèbres;—13 Liste chronologique des Résidences impériales;—14. Liste des Ports de mer japonais;—15. Petit Dictionnaire géographique.

[3] Introduction au Cours pratique de Japonais. Résumé des principales connaissances nécessaires pour l’étude de la langue japonaise. Seconde édition (Paris, 1872);—Guide de la Conversation Japonaise. Troisième édition (Paris, 1883).

[4] Les Livres sacrés du Japon. Yamoto bumi. La Genèse des Japonais, traduite pour la première fois, accompagnée d’un commentaire perpétuel composé en chinois et d’une glose exégétique en français.

[5] Voy., pour le développement de ces idées sur la classification ethnographique, l’introduction de mon ouvrage intitulé: Les Populations Danubiennes (Paris, 1882, in-4º et Atlas in-folio).

[6] J’ai signalé, avec d’assez grands développements, cette théorie dans un fragment, couronné par l’Institut, de mon Histoire de la langue chinoise. En attendant la publication de cet ouvrage encore inédit, voy. les observations que j’ai publiées sur la Reconstitution de la langue chinoise archaïque, dans les Transactions of the second Session of the International Congress of Orientalists. London, 1874, p. 120.

[7] Voy., sur ce sujet, l’ouvrage de M. Ludwig Podhorszky, intitulé: Etymologisches Wœrterbuch der magyarischen Sprache, genetisch aus chinesischen Wurzeln und Stæmmen, 1877; in-8º.

[8] Voy. mon Aperçu de la langue coréenne. Paris, Impr. impér., 1864, in-8º, et dans le Journal asiatique, 6e série, t. III, p. 287 et suiv.

[9] Voy. mon Introduction à l’étude de la langue japonaise. Paris, 1856, in-4º, p. 29.

[10] Klaproth, Tableaux historiques de l’Asie, p. 153.

[11] Castren, Nordiska Resor och forskningar, t. IV, cité par Beauvois, dans la Revue Orientale et Américaine, 1864, t. IX, p. 137.

[12] Beauvois, Lib. cit., p. 139.

[13] Voy., à ce sujet, ma Lettre à M. Oppert, dans la Revue Orientale et Américaine, t. IX, p. 269.

[14] Wa-kan San-sai du-ye, liv. LXVI, f. 13.—«En une nuit, le sol s’entrouvrit et forma un grand lac, qui reçut le nom de Mitu-umi. La terre forma une grande montagne, qui devint le Fu-zi-no yama, dans la province de Suruga. Cet événement n’est pas à l’abri du doute, car les historiens n’en parlent pas». (Voy. cependant Nippon wau dai iti-rau, liv. I, f. 3.)

Les Japonais qui, depuis des siècles, n’ont cessé de professer pour cette montagne un véritable culte d’admiration, lui ont donné différents noms témoignant tous de ce sentiment. Ils l’écrivent parfois avec des caractères qui signifient «il n’y en a pas deux pareilles au monde», ou «l’inépuisable», ou «l’immortelle»; ils la désignent aussi sous le nom de Hô-rai (chinois: Poung-laï), qui est celui d’une montagne célèbre où séjournent les immortels, suivant la mythologie de la Chine, et dont il est question dans la plus vieille géographie du monde, le Chan-haï-king. «Le mont Poung-laï, dit cette géographie, est une montagne habitée par les immortels et située au milieu de la mer; il n’y a pas de route pour y arriver».

[15] Du 14e jour du 3e mois au 18 du mois suivant.

[16] Ni-hon-go-ki, cité par le Wa-kan San-sai du-ye, liv. VI, f. 14.

[17] Voy., sur ce volcan, mes Etudes Asiatiques, p. 298.

[18] Histoire naturelle de l’empire du Japon, trad. de Naude, t. I, p. 168.

[19] En japonais: sat-tuki «le cinquième mois».

[20]

Aki no ta no kariho no Io no toma o arami Waga koromode wa Tsuyu ni nure tsutsu

Hyaku-nin is-syu, pièce 1, et dans mon Anthologie japonaise, p. 39.

[21] Banaré, Instructions nautiques, Mer de Chine 3e partie, p. 2.

[22] Bousquet, le Japon de nos jours, t. I, p. 6.

[23] Voy. Syo-gen-zi-kau, édit. lith., p. 223, c. 4.

[24] A ces noms, il faut ajouter les suivants: Toyo-asi-vara-ti-i-wo-aki-no-mitu-ho-no-kumi, Ura-yasu-no kuni, Hoso-hoko-ti-taru-no kuni, Siwa-gami-ho-no-ma-no kuni, Tama-gaki-utitu kuni, désignations appartenant à la période mythologique des Génies célestes;—Toyo-Akitu-su, nom donné par le premier mikado Zin-mu au Japon, parce que ce pays lui avait semblé avoir la forme d’une espèce de sauterelle;—Ya-ba-tai, altération du nom de Yamato, empruntée aux Annales des Han postérieurs (Heou-Han chou);—Ziti-iki «le pays du Soleil»; Zit-tô, «le lever du soleil»; Siki-sima «les îles disséminées»; Asivara-no kuni.

[25] Ces îles sont souvent appelées, dans les géographies, de leur nom chinois Lieou-kieou; les Japonais les nomment Riou-kiou. La forme locale est Loutchou.

[26] Voy. sur les usages si variés du Bambou au Japon, la curieuse notice de M. le Dr Mène, dans les Mémoires de la Société des études japonaises, t. III, p. 6 et suiv.

[27] On peut consulter, sur ce sujet, mon Traité de l’éducation des vers à soie au Japon, traduit du japonais et publié par ordre du ministre de l’Agriculture, à l’Imprimerie nationale. Cet ouvrage a été traduit en italien, par M. F. Franceschini, et publié à Milan (un vol in-8º).

[28] Geerts, Les produits de la nature japonaise et chinoise, p. 209.

[29] Le premier mikado ou empereur du Japon, Zin-mu, commença à régner en 667 avant notre ère.

[30] L’empereur de Chine Taï-tsoung, de la dynastie des Soung, ayant appris, en l’an 984, que les souverains japonais ne formaient qu’une seule lignée de descendants, ne put s’empêcher de pousser un soupir et de s’écrier: «Cela n’est-il pas la véritable voie de l’antiquité?» (Voy. mes Textes chinois anciens, traduits en français, p 89.)

[31] Mitukuri, Sin-sen Nen-hyau, ann. 285; Dai Ni-hon si, liv. III, p. 13. Voy. aussi mes Archives paléographiques, t. I, p. 234.

[32] Russko-Iaponskii Slovar, p. 2.

[33] Dai Ni-hon si, liv. 11, p. 6.

[34] Il est fait mention de cette ambassade dans les Heou-Han chou, ou annales officielles chinoises de la dynastie des Han postérieurs, à la date de la deuxième année tchoung-youèn, dans l’histoire de l’empereur Kouang-wou.—Cf. Dai Ni-hon si, liv. II, p. 10.

[35] Voy., sur cette écriture, les renseignements que j’ai donnés dans les Mémoires du Congrès international des Orientalistes, Session inaugurale de Paris, 1873, t. I, p. 221.

[36] D’Hervey de Saint-Denys, Mémoire sur l’histoire ancienne du Japon, p. 7.

[37] Voy. l’intéressante notice de M. Addison van Name, dans les Mémoires du Congrès international des Orientalistes, Session de Paris, 1873, t. I, p. 221.

[38] Ko va noti no hito no ituvari atume taru mono ni site, sara-ni Kano Syau-toku no mi ko no mikoto no erabi tamaisi, makoto uo fumi ni va arazu (Ko-zi ki, Préliminaires, p. 20 vº).

[39] Wa-kan Kwó-tó fen-nen-gau un-no du, Introduction.

[40] Les deux mots ming-hing, rendus en japonais par «en se nuagifiant,» forment, en chinois, une expression qui désigne «la matière première des choses».

[41] Ni-hon Syo-ki, liv. 1, p. 1.

[42] Ni-hon Syo-ki, lib. cit., p. 1 vº.

[43] Ni-hon Syo-ki, liv. 1, p. 2.

[44] Ni-hon Syo-ki, lib. cit., p. 2 vº.

[45] Les six autres génies de la dynastie divine (Ama-no Kami) furent:

Kuni-no Sa-tuti-no mikoto, également appelé Kuni-Sa-tati-no mikoto.

Toyo-Kun-nuno Mikoto également appelé Toyo-kuni-nusi-no Mikoto, Toyo-kumi-no-no Mikoto, Toyo-ka-busi-no-no Mikoto, Uki-fu no no toyo-kai-no Mikoto, Toyo-kuni-no-no Mikoto, Toyo ku’i-no-no Mikoto, Hako kuni-no-no Mikoto, ou Mi-no-no Mikoto.

U’i-ti ni-no Mikoto, qui eut pour épouse Su’i-ti-ni-no Mikoto.

Oho-to-no di-no Mikoto, qui eut pour épouse Toma-be-no Mikoto.

Omo-taru-no Mikoto, lequel eut pour épouse Kasiko-ne-no Mikoto.

Iza-nagi-no Mikoto, lequel eut pour femme Iza-nami-no Mikoto.

[46] D’autres auteurs disent qu’ils étaient seulement mâles.

[47] Izanagi et Izanami ayant vomi, par métamorphose naquit le dieu Kana-yama-hiko, ou «le Génie des Montagnes d’or»; ayant uriné, par métamorphose naquit la déesse Midu-ha-no me; ayant fait des excréments, par métamorphose naquit la déesse Hani-yama bime (Voy. Ni-hon Syo-ki, liv. 1, p. 11).

[48] Une notice sur les deux dynasties des génies célestes et terrestres du Japon a été insérée par Klaproth en tête de la traduction du Nippon-wau dai iti-ran rédigée par Titsingh avec l’aide des interprètes japonais du comptoir hollandais de Dé-sima. Cette notice renferme malheureusement de nombreuses inexactitudes. On trouvera un tableau complet de la mythologie antique des Japonais dans la traduction que j’ai entreprise du Ni-hon Syo-ki, l’une des sources les plus anciennes et les plus authentiques de l’histoire primitive du Nippon. Le premier volume de cette traduction sera livré prochainement à l’impression et paraîtra à la librairie d’Ernest Leroux dans le recueil des publications de l’Ecole spéciale des Langues orientales.

[49] Ou en dialecte sinico-japonais Ten-syau daï-zin.

[50] Livr. iii, p. 1; Au-tyau si-ryaku, liv. I, p. 1.

[51] Ni-hon Syo-ki, liv. iii, p. 3.

[52] Ni-hon Syo-ki, loc. cit.

[53] Ce nom pourrait se traduire par «le géant à la grande moëlle»; mais un commentaire du Koku-si ryaku (liv. i, p. 6) nous apprend que Naga-sune est un nom de ville, dont on a fait la désignation d’un chef aïno.—Hiko est le titre des princes à l’époque kourilienne de l’histoire du Nippon: il signifie littéralement «fils du Soleil», de même que hime, donné aux princesses, signifie «fille du Soleil.»

[54] Ni-hon Syo-ki, liv. III, p. 5.

[55] Koku-si ryaku.

[56] Ni-hon Syo-ki, liv. iii, p. 15.—Le Wau-tyau si-ryaku dit que ce fut Nigi-hayabi lui-même que Nagasoune proclama roi; les principaux chefs de clans étaient Ye-ugasi, Oto-ugasi, Yaso-takeru, Yesiki, Otosiki, etc.

[57] Koku-si ryaku, liv. 1, p. 6; Wau-tyau siryaku, liv. 1, p. 2.

[58] Ni-hon Syo-ki, liv. III, p. 20; Koku-si ryaku, liv. I, p. 8.

[59] J’ai dit, dans une conférence précédente, que les noms sous lesquels on nous a fait connaître jusqu’à présent les 41 premiers mikados étaient des noms posthumes. Ces noms posthumes, si l’on en croit Rai-san-yo (Ni-hon Sei-ki), liv. v, p. 8; leur auraient été donnés par Omi-mifoune, arrière-petit-fils de l’empereur Odomo, en l’an 784 de notre ère. Il est singulier que, jusqu’à présent, on n’ait pas encore publié la liste des noms que portaient originairement ces 41 souverains, et que nous fournit le Ni-hon Syo-ki. La voici, d’après ces vieilles annales:

1.Kam Yamato Iva are hiko (Zin-mou).660 à 585
2.Kam Nu-na Kawa mimi (Sui-seï).581 à 549
3.Siki-tu hiko Tama-te-mi (An-nei).448 à 511
4.Oho-yamato-hiko Yuki-tomo (I-tok).510 à 476
5.Mi-matu-hiko Kaye-sine (Kau-syau).475 à 393
6.Yamato tarasi hiko Kuni osi hito (Kau-an).392 à 291
7.Yamato neko hito Futo-ni (Kau-rei).290 à 215
8.Yamato neko hito Kuni-kuru (Kau-gen).213 à 158
9.Waka Yamato-neko-hiko futo hi-bi (Kai-kwa).157 à 98
10.Mi maki iri hiko I-ni-ye (Siou-zi).97-30
11.Iku-me-iri hiko I-sa-ti (Soui-nin).29 -|- 70
12.Oho tarasi hiko O-siro-wake (Kei-kau). -|- 71 à 130
13.Waka-tarasi-hiko (Sei-mou).   131 à 191
14.Tarasi-naka-tu hiko (Tyou-ai).   192 à 200
15.Iki-naga-tarasi bime (Zin-gou).   201 à 269
16.Honda (Au-zin).   270 à 312
17.Oho-sasagi (Nin-tok).   313-399
18.I-sa-ho-wake (Ri-tiou).   400-405
19.Mitu-ha-wake (Han-syau).   406-411
20.O-asa-tu ma-hoku ko Sukune (In-ghyau)   412-453
21.Ana-ho (An-kau).   454-456
22.Oho bas-se waka-take (Iou-ryak).   457-477
23.Sira-ka-take-hiro-kuni-osi waka yamato neko (Sei-nei).   480-484
24.O-ke ou Ku-me-no waka-go (Ken-sô).   485-487
25.O-ke ou Oho-si, ou Oho-su (Nin-ghen).   488-498
26.O bas se-waka-sagasi (Bou-rets).   499-506
27.O-ho-tô (Kei-tai).   507-531
28.Hiro-kuni-osi-take-kana-bi (Au-kan).   534-535
29.Take-o-hiro-kuni-osi-tate (Sen-kwa).   536-539
30.Ama-kuni-osi-haraki-hiro-niva (Kin-mei).   540-571
31.Nu-naka Kura-futo-tama-siki (Bin-tats).   572-585
32.Tatibana-no toyo-hi-no (Yô-mei).   586-587
33.Bas-se he (Syou-zyoun).  588-592
34.Toyo-mi-ke Kasiki-ya bime (Soui-ko).   593-628
35.Oki-naga-tarasi hi-hiro-nuka (Syo-mei).   629-641
36.Ama-toyo-takara-ikasi-bi-tarasi bime (Kwan-kyok).   642-644
37.Ama-yorodu-toyo-bi (Kau-tok)   645-654
38.Ama-toyo-takara ikabi-tarasi bime (Sai-meï).   655-664
39.Ama-mikoto-hirakasu-wake (Ten-di)   662-672
40.Ama-no nuna-bara oki-no ma-bito (Tem-bou).   672-686
41.Taka ama-no hara-hiro-no bime (Dzi-tô).   687-696

[60] Ni-hon Syo-ki, liv. IV, p. 4.

[61] L’érudition japonaise s’est occupée, dans ces derniers temps, de la recherche des tombeaux de souverains antérieurs à Zinmou. De curieux travaux ont déjà été publiés à ce sujet, mais nous manquons jusqu’à présent des moyens de contrôler les assertions des savants du Nippon qui cherchent à faire remonter les origines historiques de leur pays au-delà du VIIe siècle avant notre ère.

[62] Sse-ma Tsien, Sse-ki (Pen-ki), liv. VI, p. 17; Kang-kien yih tchi-loh, liv. VIII, p. 5; Koku-si ryaku, liv. I, p. 12.

[63] Nippon wau-dai iti-ran, liv. I, p. 3; Koku-si ryaku, loc. citat.

[64] Nippon wau-dai iti-ran, loc. cit.

[65] Le nom de Siu-fouh est écrit dans le Nippon wau-dai iti-ran avec le caractère fouh «bonheur», au lieu de fouh «genouillère»; mais cette orthographe se rencontre également dans quelques auteurs chinois.

[66] On pourrait peut-être faire quelques réserves sur cette opinion que l’on trouve développée de la façon la plus intéressante dans le travail de M. Ogura Yémon, intitulé «La Maison de Taïra» (Mémoires de la Société des Etudes Japonaises, t. I, p. 2 et sv.).

[67] Siraki est un des noms du pays plus connu sous celui de Sinra, et appelé par les Chinois Sin-lo.

[68] Ni-hon Syo-ki, liv. V, p. 12; Han-tyau si-ryaku, liv. I, p. 6.

[69] Ni-hon Sei-ki, liv. I, p. 10.

[70] Koku-si ryaku, liv. I, p. 15.

[71] Ni-hon Syo-ki, liv. VI, p. 2; Ni-hon Sei-ki, liv. I, p. 12.

[72] Ni-hon Syo-ki, commentaire, liv. VI, pp. 3-4.

[73] Au-tyau si-ryaku, liv. I, p. 6.

[74] Koku-si ryaku, liv. I, p. 17.

[75] A la seconde année Kien-wou tchoung-youen.

[76] Au-tyau si-ryaku, liv. I, p. 8; Nippon wau-dai iti-ran, liv. I, p. 6.

[77] Ce prince mourut à Isé, au retour de la guerre qu’il avait dirigée contre les Atuma-yebisu, en 113 de notre ère (Mitukuri, Sin-sen Nen-hyau, p. 16).

[78] Ni-hon Syo-ki, liv. VIII, p. 6.

[79] Ni-hon Syo-ki, liv. IX, p. 3.

[80] Nippon wau-dai iti-ran, liv. I, p. 11.

[81] Ni-hon Syo-ki, liv. IX, p. 6.

[82] Dai Ni-hon si, liv. III, p. 8.

[83] D’Hervey de Saint-Denys, Ethnographie des peuples étrangers à la Chine, t. I, p. 56.

[84] La traduction de Titsing, revue par Klaproth, porte: «Deux fois l’impératrice envoya des ambassades avec des présents à l’empereur de la Chine de la dynastie des Weï, et elle reçut souvent des ambassadeurs et des présents de ce monarque». Le texte japonais signifie simplement: «Il vint également à la Cour un ambassadeur du royaume des Weï; de part et d’autre, on s’offrit des présents» (Gi-no kum yori mo, si-sya rai-tyau su; tagai-ni okuri-mono ari).

[85] Voy. la Carte de l’empire japonais au siècle de Iki-naga-tarasi, à la fin de cette Conférence, p. 118.

[86] Ni-hon Syo-ki, liv. X, p. 3.

[87] Ni-hon Syo-ki, liv. X, p. 11.

[88] Certains dictionnaires chinois fournissent l’explication de plus de 100,000 signes différents; le dictionnaire impérial intitulé Kang-hi Tsze-tien comprend 42,718 caractères disposés sous 214 clefs. La connaissance de 8,000 de ces caractères suffit généralement pour lire les productions littéraires de la Chine ancienne et moderne. Voy., sur ce sujet, le travail de M. F. Maurel, dans les Mémoires de l’Athénée oriental, 1871, t. I, p. 143.

[89] Dans les Actes de la Société d’Ethnographie, t. VI, 1869, p. 171 et suiv.

[90] L’un des plus anciens monuments de l’antiquité chinoise est l’inscription gravée sur un rocher du mont Heng-chan, par ordre de Yu-le-Grand (XXIIIe siècle avant notre ère), en commémoration de l’écoulement des eaux du déluge. Sur cette inscription, écrite en caractères dits Ko-teou, et reproduite dans l’Encyclopédie japonaise Wa-kan San-sai du-ye (liv. XV, p. 30), on peut consulter: Hager, Monument de Yu (Paris, 1802, in-fol.); Klaproth, Inschrift des Yü (Berlin, 1811, in-4º).

[91] J’ai donné, dans les Actes de la Société d’Ethnographie (1863, t. III, p. 139 et suiv.), le résumé de mes recherches sur les origines de la nation chinoise. J’ajouterai ici quelques renseignements qui me paraissent utiles pour l’étude de cette question. Les Mémoires historiques (Sse-ki), primitivement composés par Sse-ma Tan, et qui furent coordonnés et publiés, après sa mort, par le fils de cet historien, le célèbre Sse-ma Tsien, commencent avec Hoang-ti «l’Empereur Jaune», dont le règne remonte à l’année 2698 [avant] de notre ère. L’authenticité de ce règne est admise par tous les critiques chinois; celui de Fouh-hi, qu’on reporte sept cent soixante-dix ans plus haut dans la nuit des temps, est lui-même loin d’être considéré comme fabuleux, et les auteurs les plus scrupuleux nous le donnent tout au plus comme un règne semi-historique. Les anciennes annales intitulées Kou-chi, composées par Soutchih, de la dynastie des Soung, font, de la sorte, remonter les annales de la Chine à ce même Fouh-hi. Les récits qui appartiennent précisément à la légende, et dans lesquels il n’est peut-être cependant pas impossible de découvrir quelques traces d’ethnogénie dignes d’être étudiées, sont réputées l’œuvre de Tao-sse. L’ouvrage de Lo-pi, intitulé Lou-sse, est un de ceux qui font reculer davantage les légendes relatives aux origines de son pays; mais cet ouvrage, malgré sa grande popularité, est généralement peu estimé des lettrés qui ne prennent pas au sérieux sa chronologie fantaisiste des premiers âges. Le classement des souverains mythologiques sous le nom de «Souverains Célestes primitifs» (Tsou tien-hoang), de «Souverains Terrestres primitifs» (Tsou ti-hoang), et de «Souverains Humains primitifs» (Tsou jin-hoang), paraît avoir été adopté par les Japonais qui ont imaginé également, à l’origine de leur empire, des dynasties fabuleuses rattachées aux trois grandes puissances constitutives de l’univers (San-tsaï), savoir: le Ciel, la Terre et l’Homme.

[92] Le grand ouvrage historique intitulé Kang-kien I-tchi loh a cru devoir accueillir les légendes relatives aux temps antérieurs au règne de l’empereur Hoang-ti. Il les publie dans ses deux premières sections:

I.—San-hoang ki «Annales des Trois Souverains», comprenant Pan-kou chi ou Pan-kou, dont le nom a été rapproché de celui du Manou indien, fils de Brahmâ et père de l’espèce humaine. Pan-kou, dans la légende chinoise, est également le premier ancêtre des hommes, le souverain du monde à l’époque du Chaos primordial (Hoen-tun) avec lequel il est parfois identifié;—Tien-hoang chi «les Souverains Célestes»;—Ti-hoang chi «les Souverains Terrestres»;—Jin-hoang chi «les Souverains Humains»;—Yeou-tchao chi «le chef Yeou-tchao»; et Soui-jin chi «le chef Soui-jin».

II.—Ou-ti ki «Annales des Cinq Empereurs», comprenant Fouh-hi;—Chin-noung;—Hoang-ti;—Chao-hao;—Tchouen-hioh;—Ti-kouh;—Yao,—et Chun.

Le grand Yu (Ta Yu) est placé en dehors de cette section et en tête de la dynastie des Hia, dont il est considéré comme le fondateur.

[93] Le Kang-kien I-tchi loh nous fournit de curieuses notices sur ces deux personnages qui sont représentés comme les chefs de la première émigration chinoise, à une époque où elle était encore plongée dans les langes de la barbarie la plus primitive. Les Chinois, avant Yeou-tchao, formaient une population de troglodytes: ils habitaient des cavernes et vivaient dans les lieux sauvages en compagnie des animaux. Ils n’avaient aucun sentiment de convoitise; par la suite, ils devinrent astucieux, et les animaux commencèrent à être leurs ennemis. Yeou-tchao enseigna aux hommes à se construire des tannières avec du bois et à y habiter pour éviter leurs attaques. On ne connaissait pas encore l’agriculture, et on mangeait les fruits des plantes et des arbres. On ne possédait pas l’art de se servir du feu; on buvait le sang des animaux et on en mangeait la chair avec le poil.

Le successeur de Yeou-tchao, Soui-jin, parvint à obtenir du feu en perçant du bois. Les hommes, sous Yeou-tchao, avaient appris à se construire des tannières, mais ils ne savaient pas encore faire cuire leurs aliments. Soui-jin le leur enseigna; il observa en outre les astres et étudia les cinq éléments. Il enseigna au peuple à cuire les mets [avec le feu produit par la friction du bois], et le peuple fut satisfait; aussi lui décerna-t-on le nom de Soui, qui signifie «tirer du feu du bois». Il fit connaître les quatre saisons et la manière de se conformer à la volonté du ciel. A cette époque, on ne possédait pas d’écriture. Soui-jin établit, pour la première fois, le système des cordelettes nouées. Il eut quatre ministres, nommés Ming-yeou, Pi-yuh, Tching-poh et Yun-kieou.

[94] Fouh-hi (3468 ans avant notre ère).

[95] Chin-noung (vers 3218 avant notre ère).

[96] Voy, sur le système du cycle chinois de 60 ans et sur son application dans la supputation des temps chez les Japonais, mon recueil de Thèmes faciles et gradués pour l’étude de la langue japonaise, p. 74.

[97] Dans les ouvrages chinois que j’ai eus à ma disposition, on fait usage, pour les souverains antérieurs à Hoangti et pour Hoangti lui-même, du titre de hoang, qui, dans l’ancienne écriture, était tracée sous une forme où l’on trouve les éléments idéographiques tsze, «soi-même» et wang «gouvernant», c’est-à-dire «autocrate». Pauthier nous dit que ces premiers princes portaient simplement le titre de wang «regulus». J’ignore où le regretté sinologue a trouvé ce renseignement, et s’il n’a pas confondu les signes hoang et wang en cette circonstance.

[98] Ti-kouh, père du célèbre empereur Yao, régna 70 ans et mourut vers l’an 2366 avant notre ère.

[99] «Ti-tchi (2366 à 2357), dit le Kang-kien yih-tchi-loh, régna dix ans comme un mannequin et fut déposé.» Un grand nombre d’historiens chinois ont jugé à propos de supprimer son nom de la liste des souverains; c’est ainsi qu’il ne figure point dans l’histoire des Cinq Empereurs (Ou-ti pen-ki) placée en tête des Mémoires historiques (Sse-ki) du grand historiographe Sse-ma Tsien, où l’on voit paraître Yao immédiatement après Ti-kouh (Livre I).

[100] Yao ou Tao-tang.

[101] Yu, ou Ta Yu «le Grand Yu».

[102] 2200 avant notre ère.

[103] Parmi les travaux publiés sur cette question, je citerai seulement les suivants: le P. Prémare, dans la Revue orientale et américaine, t. III, p. 100, et t. IV, p. 248 W.-H. Medhurst, An inquiry into the proper mode of rendering the word God, in translating the Sacred Scriptures into the Chinese language (Shanghaë, 1848).

[104] Chi-king, section Soung, partie I, ode 6.

[105] Chi-king, section Ta-ya, partie II, ode 4.

[106] Chi-king, section Ta-ya, partie I, ode 1.

[107] Chi-king, loc. cit.

[108] Voy. notamment section Siao-ya, parties V et VI.

[109] Section Koueh-foung, partie XIII, ode 2.

[110] Li-ki, chap. X; et Calleri, dans les Memorie della R. Accademia delle Scienze di Torino, 2e série, t. XV. p. 66, et le texte chinois, p. 33.—Voyez également Li-ki, chap. XIX (Libr. cit., p. 117).

[111] Chine, p. 44.

[112] Voyez, pour plus de détails, mon introduction à l’Enseignement des Vérités, du philosophe japonais Kaubau Daï-si (texte et traduction), p. XI.

[113] Li-ki, chap. III, et Calleri, dans les Mem. della R. Acad. delle Scienze di Torino, t. XV, p. 9.

[114] Li-ki, ch. X, et Calleri, dans les Mem. della Acad. delle Scienze di Torino, t. XV, p. 66.

[115] Territoire actuel de Si-ngan fou, dans la province de Chen-si.

[116] Voyez Chi-king, section Koueh-foung, partie VII, pièce 7.

[117] Ibid., partie X (chants des Tang), pièce 11.

[118] Voyez notamment le Chi-king, section Koueh-foung, partie IV (chant de Young), pièce 1.

[119] Liber carminum, édit. J. Mohl, p. 254.

[120] Li-ki, chap. XVI, et Calleri, dans les Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 2e série, t. XV, p. 107.

[121] Li-ki, chap. XV, et Calleri, dans les Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 2e série, t. XV, p. 79.

[122] Il y aurait bien quelques restrictions à faire, notamment en ce qui concerne les membres de la famille impériale, les descendants de la famille de Confucius, etc. Il me paraît inutile de m’y arrêter ici.

[123] Le fondateur de cette dynastie, Taï-tsou (960 de notre ère), abolit la charge de grand historiographe et constitua, dans le sein de l’Académie des Han-lin, un tribunal chargé de composer l’histoire officielle de l’empire.

[124] Dans mes Conférences sur l’Ethnographie de la race Jaune, faites au Collège de France pendant les années 1869 et 1870. J’espère publier un jour ces conférences, qui ont été recueillies par la sténographie.

[125] Chi-king, section Ta-ya, partie III, pièce 10, in fine.

[126] On rapporte que le fondateur de la dynastie des Ming, scandalisé de ce que Mencius avait qualifié de bandit le prince qui n’a point de respect pour les représentations de ses ministres, ordonna que ce philosophe fût dégradé et que sa tablette commémorative fût enlevée du panthéon des lettrés. Il défendit, en outre, que qui que ce soit se permît de lui faire des représentations au sujet de cette décision souveraine.

Un lettré nommé Tsien-tang se décida cependant à contrevenir à l’ordre exprès de l’empereur, et à s’exposer à la mort pour la mémoire du grand moraliste de Tsou. Il rédigea donc une requête, et, dans l’intention de la remettre à son prince, il se rendit au palais impérial, précédé de son cercueil.

Dès qu’il eut déclaré le motif de sa visite, un garde lui décocha une flèche pour le châtier de son insolence. L’empereur, auquel on remit néanmoins la requête, la lut attentivement, ordonna que la blessure du courageux lettré fût soignée au palais même, et décida que Mencius serait réintégré dans les titres qu’il lui avait enlevés.

Plus d’un souverain chinois s’est fait gloire de faciliter aux censeurs le soin de lui adresser des remontrances. On cite un empereur qui parfumait les requêtes de ses ministres et se lavait les mains avant de les toucher, prétendant qu’il était bon de se préparer à recevoir des vérités qui ne sont pas toujours agréables à entendre; et, s’adressant à un de ses ministres, il lui disait: «Ménage mon peuple, mais ne crains pas de ne point me ménager moi-même. Il vaut mieux que j’aie cent fois à rougir que d’être cause qu’il coule une seule larme.»

L’histoire de Chine est remplie de faits de ce genre, qui formeraient aisément la matière d’un volume tout entier.

[127] Youen-kien-loui-han, cité par Pauthier, Chine, t. II, p. 136.

[128] Siouen-wang, roi de Tsi, adressa à Mengtsze cette question: «On rapporte que le fondateur et premier roi de la dynastie des Chang (1783 avant notre ère), Tching-tang [détrôna et] envoya en exil le roi Kie (de la dynastie des Hia, et que Wou-wang) (fondateur de la dynastie des Tcheou, 1134 avant notre ère) mit à mort Tcheou (dernier prince de la dynastie des Chang). Est-ce possible?»

Mengtze répondit: «Dans l’histoire, cela est rapporté.»

Le roi lui dit: «Est-il donc permis à un sujet de tuer son prince?»

Mengtze répondit: «Celui qui vole [les droits de] l’humanité, on l’appelle un voleur; celui qui vole la justice, on l’appelle un scélérat. Or un voleur, un scélérat, n’est qu’un individu ordinaire [et nullement un prince]. J’ai entendu dire que [Tching-tang] avait tué un individu appelé Tcheou; mais je n’ai jamais entendu dire qu’il ait tué son prince.»

[129] Cette opinion était celle du poète Sou Toung-po, auquel on doit un célèbre commentaire du livre de Laotsze, publié sous le titre de Tao-teh king kiaï.

[130] Voy., dans la Biographie universelle de Michaud, art. CONFUCIUS, seconde édition, p. 31.

[131] Un savant sinologue anglais, M. John Chalmers, a écrit: «Je me hasarde à appeler Laotsze le philosophe de la Chine, parce que si Confucius a obtenu une plus grande réputation, il le doit bien plus aux circonstances qu’à la profondeur de sa pensée.» (The speculations of «the Old Philosopher», translated from the Chinese, London, 1868, introd., p. VII.)

[132] Cet ouvrage a été traduit en français par Stanislas Julien, et publié, avec la reproduction du texte chinois, à l’Imprimerie Royale de Paris, en 1842.

[133] Voy., pour plus de détails, mon article Taosséisme, dans le Dictionnaire général de la Politique, de M. Maurice Block, t. I, p. 991.

[134] Cet ouvrage est très répandu au Japon, où il compte de nombreux admirateurs. En l’an 847 de notre ère, le mikado Nin-myau Ten-wau en entendit la lecture dans son palais.

[135] Malgré les difficultés exceptionnelles que présente l’intelligence de ce chapitre initial du Nan-hoa-king, j’ai essayé d’en donner une traduction française qui a paru, avec un commentaire, dans mes Textes chinois anciens, pp. 73 et suiv.

[136] Suivant le Sse-wou-ki-youen, l’usage de l’encre et de la pierre à broyer remonterait, ainsi que les caractères chinois, au règne de l’empereur Hoangti (XXVIIe siècle avant notre ère); mais il n’y a pas à s’arrêter à cette opinion fondée sur la présence des signes désignant l’encre et les pinceaux dans les ouvrages de l’antiquité. Il paraît avéré que ce fut seulement sous la dynastie des Tang (618 à 906 de n. è.) qu’on commença à faire usage d’encriers fabriqués en terre cuite. La plus ancienne encre de Chine fut fabriquée avec de la terre noire, ainsi que l’indique le caractère meh qui signifie «encre». Plus tard, on fit usage de noir de fumée, auquel on ajouta divers ingrédients et des substances aromatiques.

Quant aux pinceaux, on rapporte qu’ils ont été inventés sous la dynastie des Tsin, bien que quelques auteurs soutiennent que l’empereur Chun (XXIIIe siècle avant n. è.) fut le premier à en répandre l’usage chez les Chinois (voy. l’encyclopédie San-tsaï-tou-hoeï) et que le système de leur fabrication seulement fut perfectionné sous les Tsin. Suivant le Wou-youen, Fouhhi traça des caractères avec du bois; Hoangti remplaça le bois par des couteaux et Chin-noung par des pinceaux. L’usage des encriers aurait été introduit par Tchoung-yeou, et celui du papier à écrire par Tsaï-lun. Sous les Han, les Weï et les Tang, les pinceaux étaient faits avec du poil de rat; puis on employa le poil de renard pour donner plus de résistance à la partie intérieure. Enfin Tchang-hoa, sous les Tçin, fabriqua les pinceaux avec du poil de cerf.

Dans les temps les plus reculés, on traçait les caractères sur des tablettes de bambou; plus tard, on leur substitua des tissus de soie. C’est ce qui fait que le signe chinois qui désigne le «papier» est tracé avec la figure de «la soie». L’emploi de l’écorce d’arbre date de Tsaï-lun, de Koueï-yang, qui vivait sous le règne de l’empereur Hoti, de la dynastie des Han (89 à 105 de n. è.).

Au Japon, l’introduction du papier à écrire date du règne du mikado Sui-ko (593 à 628), auquel une ambassade avait été envoyée du royaume de Kao-li (en Corée) avec des présents. Mais ce papier manquait de solidité et était constamment piqué par les insectes. Le prince héréditaire imagina alors de se servir du mûrier noir (Broussonetia), qui continua depuis lors à servir de matière première pour la fabrication du papier japonais.

[137] Nous ne possédons notamment qu’une traduction d’un abrégé du Li-ki, le quatrième des livres sacrés.

[138] Le Tao-teh King ou Livre de la Voie et de la Vertu.

[139] Le Yih-king a été traduit en latin sous ce titre: «Y-king, antiquissimus Sinarum liber quem ex latina interpretatione P. Regis aliorumque ex Soc. Jesu P. P. edidit Julius Mohl» (Stuttgartiæ, 1834, deux vol. in-12).—Au moment où m’arrivent les épreuves de cette conférence, je reçois une nouvelle traduction du Yih-king due à l’éminent sinologue anglais, M. James Legge. Elle forme le tome XVI des Sacred books of the East, publiés sous la direction de M. Max Müller (London, 1882, un vol. in-8º.)

[140] Il existe plusieurs traductions du Chou-king. La plus ancienne porte le titre de: Le Chou-king, un des livres sacrés des Chinois, qui renferme les fondemens de leur ancienne histoire, traduit et enrichi de notes par le P. Gaubil; revu, corrigé et accompagné de nouvelles notes et de planches par de Guignes. Paris, 1770, in-4º.—Depuis cette époque, une nouvelle traduction de cet ouvrage a paru en anglais: Ancient China. The Shoo-king, or the historical classic, being the most authentic record of the Annals of the Chinese empire: illustrated by later commentators; translated by Medhurst. shanghae, 1846, in 8º.—Enfin M. James Legge nous en a donné une savante traduction, accompagnée du texte original et de nombreux commentaires, dans sa belle collection des Chinese Classics (Hong-kong, 1865, in-8º).

[141] Le Chi-king a été traduit en latin par le P. Lacharme et en anglais par M. James Legge. Il n’en existe qu’une traduction partielle en français, rédigée par Pauthier, d’après la version de Lacharme.

[142] Il n’existe jusqu’à présent qu’une traduction d’un abrégé du Li-ki. Elle a été rédigée en français par l’abbé Callery et insérée dans les Memorie della R. Accademia delle Scienze di Torino, 2e série, t. XV.

[143] Traduit en français par Edouard Biot (Paris, 1851, deux vol. in-8).

[144] Traduit en anglais par M. James Legge, dans sa collection des Chinese Classics, vol. V.

[145] Cet ouvrage n’a pas encore été traduit dans une langue européenne.

[146] Suivant une légende insérée dans la Vinaya.

[147] Et non en l’an 64, comme le disent les Mémoires concernant les Chinois, t. V. p. 51.

[148] Ni-hon Syo-ki, liv. XIX, p. 25.

[149] Allusion à une expression du style bouddhique que l’on rencontre dans les Dharmas, et notamment dans la traduction chinoise du Lotus de la Bonne Loi.—Voy. mes Textes chinois anciens et modernes traduits en français, p. 53.

[150] Ni-hon Syo-ki, livr. XIX, p. 26.

[151] Ni-kon Syo-ki, liv. XIX, p. 27.

[152] «Nandi hitori bup-pauwo okonahe to ynrusi tama’u» (Nippon wau dai iti-ran liv. I, p. 27).—Hoffmann n’est pas absolument exact quand il dit: «Um diese Zeit wurde der Buddhacultus auf Japan begründet» (Archiv zur Beschreibung von Japan, part. V, p. 4) Le Bouddhisme ne fut définitivement établi au Japon que sous le règne de Yô-mei (586-587 de notre ère).

[153] Voy. p. 232, note 1.

[154] Hoffmann, dans les Archiv zur Beschreibung von Japan, de Siebold, part. V, p. 5.

[155] Et non la 28e année de Souiko (620), comme le rapporte Kæmpfer.—Suivant quelques auteurs, il vécut quarante-neuf ans. (Nippon wau-dai iti-ran, liv. I, p. 30); suivant d’autres, trente ans seulement (Mitukuri, Sin-sen nen-hyau, ann. 621).

[156] Eugène Burnouf, Introduction à l’histoire du Buddhisme indien, p. 441.

[157] Le célèbre voyageur Ph.-Fr. von Siebold a soutenu, d’après ses entretiens avec des savants japonais qu’il avait eu pour élèves en médecine, que, dans les classes éclairées, le Bouddhisme repose au Nippon sur tout un système de doctrines profondes et abstraites, que l’Orient n’a jamais su dépasser. (Voy., pour plus de détails à ce sujet, mes Etudes asiatiques, p. 323.)

[158] Voy., sur le Bouddhisme japonais et sur l’école en voie de formation du Néo-Bouddhisme, les Mémoires du Congrès international des Orientalistes, session de Paris, 1873, t. I, p. 142, et mon article dans la Revue scientifique, 2e série, t. VIII, p. 1068.

[159] Voy., à ce sujet, mes Textes chinois anciens, p. 67.

[160] Zitu-go kyau, Dô-zi kyau, l’Enseignement des Vérités et l’Enseignement de la Jeunesse, traduits du japonais par Léon de Rosny. Paris, 1878, in-8.

[161] Voy. ma traduction du Dô-zi kyau p. 53 (v. 77-78).

[162] Les personnes qui voudraient cependant connaître les indications recueillies par les voyageurs sur les idées des bouddhistes japonais pourront lire, entre beaucoup d’autres ouvrages, Fraissinet, Le Japon, t. II, p. 209; Humbert, Le Japon illustré, t. I, p. 245; Bousquet, Le Japon de nos jours, t. II, p. 79.

[163] Voy., sur cette secte d’origine chinoise, la savante brochure de M. J. Edkins, intitulée: Notice of Chi-kai and the Tian-tai School of Buddhism. Shanghae, in-8º.

[164] Je m’abstiens de parler des sectes de Hosyau, de Gousya et des trois grandes écoles qui furent constituées, plus tard, sous les noms de Yodo, Mon-tau et Syau-retu, les renseignements que j’ai rencontrés à leur sujet ne me paraissant pas avoir la précision nécessaire pour être reproduits dans cette conférence.

[165] Voy., pour plus de détails, la traduction du Ni-hon Gwai-si, de M. Ogura Yemon, dans les Mémoires de la Société des Études Japonaises, t. II, p. 1 et suiv.

[166] Yoritomo mourut en 1199, à l’âge de cinquante-trois ans; il avait gouverné l’empire pendant vingt années consécutives.

[167] Voy., sur ces princes, ma Chronologie japonaise, reproduite à la suite de mes Thèmes faciles et gradués pour l’étude de la langue Japonaise, p. 65.

[168] L’empereur ou mikado est désigné par une foule de titres différents: suberaki (Cf. sumera-mikoto), ten-si «Fils du Ciel», ten-wau «autocrate du Ciel», kwau-tei «autocrate empereur», zyau-wau «saint-autocrate», si-son «le respectacle suprême», siu-zyau «le haut maître», sei-zyau «le haut saint», seï-tyau «la sainte cour», etc. Le titre du suberaki, suivant les Japonais, date de l’origine de leur monarchie, celui de tei ou mikado a été emprunté à la Chine où il remonte au personnage semi-fabuleux appelé Fouh-hi; celui de kwau-tei, également d’origine chinoise, date de Tsin-chi Hoang-ti, le fameux autocrate de la dynastie de Tsin, dont j’ai eu déjà l’occasion de parler; celui de ten-si vient de l’empereur de Chine Chin-noung; celui de zyau-wau a été employé pour la première fois en s’adressant à l’empereur Kouang-wou, de la dynastie des Han (Ier siècle de notre ère). Une autre appellation du souverain, hei-ka, c’est-à-dire «celui qui a ses ministres aux pieds de son trône», est due à Li-sse, ministre de l’empereur de Chine, Tsinchi Hoangti. Kin-rin-zyau-wau «le saint autocrate de la roue d’or» signifie aussi «l’empereur».

Les mikados antérieurs au mikado actuel n’apparaissaient dans les grandes audiences que cachés derrière un store, la partie inférieure de leur robe étant seule visible pour les grands seigneurs admis à pénétrer dans le sanctuaire impérial.

L’empereur qui a abdiqué s’appelle Sen-tô «la caverne des immortels» ou daï-zyau ten-wau «le très haut autocrate céleste». Il ne se présente également que caché derrière un store. Ce second titre a été conféré pour la première fois, en l’an 703, par l’empereur Monmou à l’impératrice Dzitô qui l’avait précédé sur le trône.

L’impératrice est désignée sous le nom de kisaki ou ki-sai-no-mya «le palais de l’épouse de l’autocrate», ou kwau-kô-gû, nom emprunté à l’époque de Tsinchi Hoang-ti, ou gyoku-tau «la salle de jade», seô-ï «l’enclos poivré», etc.

[169] C’était le mikado qui envoyait au syaugoun la coiffure ou couronne, ainsi que tous les vêtements insignes de sa dignité. Le go-taï-rau, les ministres, tous les daïmyaux, les ambassadeurs (notamment ceux qui furent envoyés en 1862 dans plusieurs contrées de l’Europe), les docteurs eux-mêmes reçoivent leurs titres du mikado. On reconnaissait à ce dernier le droit de créer de nouveaux daïmyaux, mais le syaugoun s’était arrogé le privilège de doter seul, et suivant son caprice, de domaines territoriaux ceux qui auraient été l’objet de la faveur impériale.

[170] Lorsque le commodore Perry vint demander, au nom des États-Unis d’Amérique, à conclure un traité avec le Japon (1852-54), le syaugoun Iye-sada ne crut pas pouvoir se dispenser de consulter le mikado. Celui-ci se borna à lui répondre: «Impossible». Le syaugoun passa outre.

[171] L’héritier présomptif du mikado est appelé tai-si «grand fils», tô-kû «palais du printemps», sei-kû «palais vert», seô-yau «le petit soleil», ryau-rô «le pavillon du dragon», etc.—Le premier empereur du Japon, Zinmou, fut élevé au titre de tai-si, dit l’histoire. Les critiques en concluent que l’empire japonais était déjà constitué antérieurement, et ils lui donnent pour prédécesseur Fuki-awasezu, dont il était le quatrième fils.

Les princes impériaux ou sin-wau sont également nommés diku-yen «le jardin des bambous», ren-ti «l’étang des nénuphars», tei-yau «la feuille impériale», ten-ti «la branche céleste», etc., etc. Beaucoup d’entre eux entrent en religion et s’appellent dès lors Hau-sin-wau.

[172] On désigne sous le nom de Ku-gyau, les trois premiers rangs de fonctionnaires de la cour, savoir: les Ses-syau, les Kwan-baku et les San-ku. Dans le Tcheou-li ou Rituel des Tcheou, on cite trois ku et six gyau. Les fonctionnaires des trois premières classes étaient appelés gek-kei «seigneurs de la lune», ceux de la quatrième et de la cinquième classe un-kaku «hôtes des nuages».

[173] Aussi désignés sous le nom chinois d’origine kwau-mon «la Porte Jaune».

[174] Avant la révolution de 1868, les trois principaux d’entre eux, appelés go san-ke, étaient les princes de Owari, de Kisiou et de Mito. Leur puissance venait surtout de leurs liens de parenté avec le syaugoun. Le prince de Satsouma était également considéré comme un des plus puissants koku-si du Japon; il prétendait à une certaine indépendance, en sa qualité de suzerain des îles Loutchou. Dans les derniers temps, on lui avait inspiré la pensée de se faire reconnaître comme roi de cet archipel, et il fut admis sous ce titre à participer à l’Exposition Universelle de Paris, en 1867.—Les autres daïmyaux qui jouaient le plus grand rôle dans les événements du Japon, étaient ceux de Hizen, de Ohono, de Uwazima, de Tosa, de Awa, de Tsikouzen et de Wakatsou; c’étaient également les princes qui s’étaient le plus initiés aux idées et à la civilisation de l’Europe et de l’Amérique—L’existence de Koku-si date du règne de Kwaugok (Voy. le Syo-gen-zi-kau).

[175] L’aîné des fils des daïmyaux était appelé à lui succéder; ses autres fils pouvaient devenir à leur tour daïmyaux, si l’un des daïmyaux régulièrement titré venait à mourir sans laisser d’héritier. Si l’aîné ou héritier présomptif mourait, le second fils le remplaçait et ainsi de suite. En cas de démence ou d’insanité, le droit de l’aîné passait également à son frère cadet.

[176] Voyez mes Archives paléographiques de l’Orient et de l’Amérique, t. I, p. 233.

[177] On peut consulter sur l’alphabet coréen, mon Aperçu de la langue Coréenne extrait du Journal asiatique de 1864, et mon Vocabulaire Chinois-Coréen-Aïno, expliqué en français et précédé d’une Introduction sur les écritures de la Chine, de la Corée et de Yezo, dans la Revue orientale et américaine, première série, t. VI, p. 261.

[178] Voy., sur l’écriture antique des Japonais, les Mém. du Congrès international des Orientalistes (première session, Paris, 1873, p. 229), et mes Questions d’Archéologie japonaise (dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. IX, 1882, p. 170 et sv).—C’est aux difficultés de tout genre que présente l’écriture japonaise qu’il faut attribuer surtout l’ignorance où sont restés pendant longtemps les orientalistes au sujet de la langue et de la littérature du Nippon. Tous les anciens missionnaires qui ont traité de la grammaire japonaise se sont abstenus d’expliquer le système de ses alphabets, et, pour expliquer ce silence, l’un d’eux, le P. Oyangeren, n’a pas hésité à écrire que ces alphabets étaient une «œuvre du démon imaginée pour augmenter les peines des ministres du saint Évangile.» (Voy., mon Discours prononcé à l’ouverture du Cours de Japonais, Paris, 1863, p. 8.)

[179] Le titre de cet ouvrage a été interprété de plusieurs manières différentes par les commentateurs indigènes. Suivant l’un, le mot yeô «feuille» y serait synonyme de yo «âge» et de dai «règne»; et comme man, vulg. «dix mille», signifie «un nombre immense, indéfini», il faudrait traduire la «Collection de tous les siècles». Je préfère cependant l’interprétation des auteurs qui identifient ici avec ka «poésie», et je crois devoir traduire «le Recueil des innombrables poésies».

[180] D’après le Gun-syo iti-ran, liv. IV, p. 1.—Je regrette de n’avoir pu me procurer que quelques fragments de ce très intéressant ouvrage, dans lequel j’aurais trouvé, sans doute, de précieuses indications bibliographiques sur le sujet qui m’occupe en ce moment.

[181] Oho-tomo-no Sukune Yaka-moti—Voy. les raisons qui lui ont fait attribuer la composition du Man-yô siû, dans la préface de l’édition Ryak-kai, préface que j’ai traduite dans mon Anthologie Japonaise, p. 6.

[182] Pfizmaier, Ueber einige Eigenschaften der japanischen Volkspoesie, et dans les Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften, Wien, t. VIII, 1852, p. 377.

[183] Rosny, Anthologie Japonaise. Paris, 1871, part. 1.—Cinq pièces du Man-yô siû ont été, en outre, publiées en français par M. Imamura Warau, avec le texte original, dans les Mémoires du Congrès international des Orientalistes, première session, Paris, 1873, t. 1, p. 273.

[184] Je mettrai prochainement sous presse la traduction de cet ouvrage, avec un parallèle du Ko zi ki, dans le recueil des Publications de l’École spéciale des langues orientales (Ernest Leroux, éditeur, à Paris). En attendant, un spécimen des travaux d’exégèse et de critique entrepris sur le Ko zi ki paraîtra à la même librairie dans un volume intitulé: Recueil de Mémoires publiés par les professeurs de l’École spéciale des Langues Orientales.

[185] Le plus court des Sse-chou, ou Quatre livres de Confucius et de son Ecole, a été publié en chinois, avec une version japonaise interlinéaire, par Hoffmann, sous ce titre: De Groote Studie. Leiden, 1864, in 8º.

[186] Je compte publier une traduction de ce livre, accompagnée de nombreux extraits des commentaires chinois et japonais que j’ai eu d’ailleurs plusieurs fois l’occasion d’expliquer à mes élèves de l’École spéciale des Langues Orientales.

[187] Cet ouvrage a été traduit d’après la version japonaise par Hoffmann, et publié sous ce titre: Tsiæn-dsü-wœen oder Buch von tausend Wœrtern, aus dem Schinesischen mit Berücksichtigung der koraischen und japanischen Uebersetzung, in Deutsche uebertragen, von Dr J. H. Leiden, 1840, gr. in-4.

[188] Il n’a été publié jusqu’à présent, en fait de traductions d’ouvrages bouddhiques japonais, que celle du recueil d’images intitulé Butu-zau du-i. Elle a paru dans les Archiv zur Beschreibung von Japan, du Dr Ph.-Fr. von Siebold, part. V, et, à part, sous le titre de: Das Buddha-Pantheon von Nippon. Aus dem japanischen Originale übersetzt, und mit eræuternden Anmerkungen, versehen von Dr J. Hoffmann. Leiden, 1851, gr, in-4.

[189] Zitu-go kyau, Dô-zi kyau. L’Enseignement des Vérités et L’Enseignement de la Jeunesse, traduits du japonais, par Léon de Rosny. Paris, 1878, in-8 (ouvrage accompagné du texte original en écriture chinoise cursive et d’une version en langue japonaise vulgaire, transcrite en caractères hira-kana et en lettres latines).

[190] J’ai donné, pour la première fois, je crois, un spécimen de cet étrange système de lecture des textes bouddhiques au Japon, dans mes Textes Chinois anciens et modernes, pp. 67 et suiv.

[191] Un spécimen de cette édition, qui n’a d’ailleurs de mérite que sa rareté pour les bibliophiles, a été publié par l’autographie sous ce titre: Évangiles de saint Jean en japonais, conservés à la Bibliothèque impériale de Paris. Spécimen, suivi de l’alphabet katakana, avec lequel le texte est imprimé. Paris, 1853, in-8.

[192] Dans les Mémoires de la Société des études Japonaises, t. II, p. 135; voy. également Mitford, Tales of old Japan, t. II, p. 136.

[193] J’ai appris depuis que la traduction du Testament d’lyéyasou avait été publiée au Japon, en 1874, par M. Lowder. Son travail est, je crois, tout a fait inconnu en Europe. On en trouvera une analyse dans les Transactions of the Asiatic Society of Japan, 1875, t. III, p. 131.

[194] Wa nen kei, oder Geschichtstabellen von Japan, von Zin-mu, der Eroberer und ersten Mikado, bis auf die neueste Zeit (667 vor Chr. bis 1822 nach Chr. Geb.), aus dem Original übersetzt, von Dr J. Hoffmann. [Leiden, s. d.], in-4.

[195] Un vol. in-4, s. l. n. d. Cette chronologie se termine avec l’année 1863.

[196] Un fragment de ce livre a été publié en français, sous ce titre: La Mythologie des Japonais, d’après le Koku-si ryaku ou Abrégé des historiens du Japon. Traduit pour la première fois, sur le texte japonais, par Émile Burnouf, élève de l’École spéciale des Langues Orientales. Paris, 1875, in-8.

[197] Cette traduction, d’ailleurs très défectueuse, a été publiée par Klaproth, qui avait supposé à tort que la connaissance du chinois lui suffirait pour corriger toutes les imperfections du travail hollandais. Elle est intitulée: Annales des empereurs du Japon, traduites par Isaac Titsingh. Ouvrage revu, complété et corrigé sur l’original japonais-chinois, accompagné de notes et précédé de l’histoire mythologique du Japon par J. Klaproth. Paris, 1834, in-4.

[198] Histoire des Taïra, tirée du Nit-pon gwai-si, traduit du chinois, par François Turettini Genève, 1874, in-4.—Histoire indépendante du Japon, traduite en français par M. Ogura Yemon, dans les Mémoires de la Société des études Japonaises. Paris, 1878, t. II. pp. 1 et suiv.

[199] Comme spécimen de cette œuvre remarquable à plus d’un titre, j’ai publié la traduction du chapitre premier, sous le titre de Histoire de la Grande Paix, traduite pour la première fois du japonais, par Léon de Rosny, dans le Lotus, nº de janvier-février 1873. Le texte de ce premier chapitre a été reproduit dans mon Recueil de textes japonais, à l’usage des élèves de l’École spéciale des langues orientales. Paris, 1863, p. 41.

[200] Le commencement de cet ouvrage a été traduit en français sous le titre suivant: Récits de l’histoire du Japon au XIIe siècle, traduits du japonais, par François Turettini. Partie I. Genève, 1871. in-4.

[201] Rosny, L’Enseignement des Vérités, Introduction, p. VII.

[202] Le San-koku du-ran to-setu, publié en français par Klaproth, sous ce titre: Aperçu général des Trois Royaumes. Ouvrage accompagné de cinq cartes [japonaises]. Paris, 1832, in-8.

[203] J’ai traduit un fragment de l’une d’elles, intitulée Te-siho nis-si, dans les Mémoires du Congrès international des Orientalistes, première session. Paris, 1873, t. I, p. 208.—Parmi une foule d’autres ouvrages intéressants sur les Aïnos ou hommes velus (mau-zin), on pourra consulter avec fruit les suivants qui sont parvenus jusqu’en Europe: Kita Yezo yo-si, Histoire sommaire du Yézo septentrional; Higasi Yezo ya banasi, récit pour passer la soirée sur les Yézo de l’Est; Tô Ka-i nis-si Journal du Yézo oriental; Kita Yezo du-setu, récit avec figures du Yézo du Nord; Hoku-kai ki-kau, Description géographique du Yézo; etc.

[204] Un fragment d’un de ces ouvrages a été publié par J. Hoffmann, dans les Archiv zur Beschreibung von Japan, du Dr Siebold.

[205] Notamment le Tiu-san den sin-roku, important ouvrage orné de planches et publié en 1722, en 6 tomes in-4; et le Riu-kiu koku-si ryaku ou Abrégé des historiens de Loutchou.

[206] Appelé au Japon Hon-zau.

[207] Japanese Botany, being a fac-simile of a Japanese book, with introductory notes and translations. Philadelphia, s. d., in-8;—des extraits du Kwa-ï, dans Die Sprache in den botanischen Werken der Japaner, von Dr Aug. Pfizmaier. Wien, 1866, in-8;—des notices extraites de diverses sources et traduites par Léon de Rosny, dans les Mémoires de l’Athénée Oriental, in-4, t. I, 1871, p. 123;—etc.

[208] Dans l’introduction de mon Traité de l’éducation des Vers à soie au Japon, édit. du gouvernement, p. LVII.—Quelques articles sur l’agriculture et l’industrie des Japonais ont été traduits par divers orientalistes: Les procédés industriels des Japonais: L’arbre à Laque, notice traduite par Paul Ory, élève de l’École spéciale des Langues Orientales; La toile de Kudu, notice traduite par le comte de Castillon; et L’arbre à Champignons, notice traduite par le même, dans les Mémoires de la Société des études Japonaises, t. II, pp. 165 et 173.

[209] Thesaurus linguæ Japonicæ, sive illustratio omnium quæ libris recepta sunt verborum ac dictionum loquelæ tam japonicæ quam sinensis; addita synonymarum literarum ideographicarum copia; opus Japonicum, in lapide exaratum a sinensi Ko tsching dschang, editum curante Ph. Fr. de Siebold Lugduni-Batavorum, 1835, gi. in-4.

[210] Repertorio Sinico-Giapponese. Parte prima. Registro alfabetico delle voci contenute nel Wa Kan won seki Sijo ken si kau, Setu you siu, e nel compendio di esso Faya fiki yei tai setu you siu. Firenze, 1855, in-4. Ce travail de patience est l’œuvre de M. Antelmo Severini, et d’un des élèves les plus distingués de ce savant professeur, M. Carlo Puini.

[211] Dans les Mém. de la Société des études Japonaises, t. II, p 190.

[212] Notamment les suivants: Mosiwo-gusa, Manuel de la langue aïno;—Zi-rin gyoku-ben, grand dictionnaire de la langue chinoise et une foule d’autres livres pour l’étude de l’écriture idéographique de la Chine;—Sen-zi-mon, le Livre de mille caractères, en chinois, en coréen et en japonais;—Si-tvan mata-tei-bun, Traité de l’écriture sacrée de l’Inde; Sit-tan gu-seô, Exposé élémentaire du syllabaire attribué à Brahmâ (sanscrit: Siddha); etc.

[213] Les Japonais possèdent depuis longtemps des dictionnaires pour l’étude du hollandais, du russe, de l’anglais, du français, et plus récemment de l’allemand et du portugais.

[214] Anthologie japonaise. Poésies anciennes et modernes des insulaires du Nippon, traduites en français et publiées avec le texte original, par Léon de Rosny; avec une préface par M. Ed. Laboulaye, de l’Institut.

[215] Hyaku-nin is-shiu, or Stanzas by a century of poets, being Japanese Lyrical Odes, translated into english, by F.-V. Dickins. London, 1866, in-8.

[216] Sechs Wandschirme in Gestalten der vergænglichen Welt. Ein japanischer Roman in Originaltexte, übersetzt und herausgegeben von Dr August Pfizmaier, Wien, 1847, in-8.—Une nouvelle traduction de cet ouvrage a été publiée en italien, sous ce titre: Uomini i paraventi, racconto giapponese, tradotto da A. Severini. Firenze, 1872, in-32.—Enfin une version française: Komats et Sakitsi ou la Rencontre de deux nobles cœurs dans une pauvre existence. Nouvelles scènes de ce monde périssable exposées sur six feuilles de paravent, par Riutei Tanehiko, et traduites, avec le texte en regard, par F. Turettini. Genève, 1875, in-8.—L’École spéciale des langues orientales de Paris a eu l’honneur de compter MM. Ant. Severini et Fr. Turettini, au nombre de ses élèves les plus distingués.

[217] Tales of old Japan. By A.-B. Mitford. London, 1871, 2 vol. in-8; Tami-no Nigivai, L’activité humaine, contes moraux. Texte japonais transcrit et traduit par Fr. Turettini. Genève, 1871, in-4.

[218] Discours prononcé à l’ouverture du Cours de Japonais, le 5 mai 1863, p. 24.

[219] Un ouvrage de numismatique a paru sous ce titre: Traité des monnaies d’or au Japon, traduit pour la première fois du japonais par François Sarazin, élève de l’École spéciale des langues orientales (Paris, 1874, in-8º).

[220] On trouvera des extraits de la grande Encyclopédie japonaise dans les publications de Klaproth, de Hoffmann, de Pfizmaier et dans les miennes. La partie relative au Bouddhisme a été traduite par M. Carlo Puini, et la Zoologie par M. Serrurier.

[221] J’ajouterai ici la mention de quelques publications japonaises qui me sont parvenues depuis que cette conférence a été publiée pour la première fois, et qui me paraissent de nature à intéresser les élèves de l’Ecole spéciale des Langues Orientales: Die Lehre von dem Te-ni-wo-fa, von Dr. Aug. Pfizmaier. Wien, 1873;—Kau-kau wau-rai, ossia la Via della pietá filiale, testo giapponese trascritto in caratteri romani e tradotto in lingua italiana, con note ed appendice, da Carlo Valenziani. Roma, 1873;—Zur Geschichte Japans in dem Zeitraume Buu-jei, von Dr. Aug. Pfizmaier. Wien, 1874;—Die Geschichte der Mongolen-Angriffe auf Japan, von Dr. Aug. Pfizmaier. Wien, 1874;—Les produits de la nature chinoise et japonaise, par A.-J.-C. Geerts. Yokohama, 1878;—Le curiositá di Jocohama. Testo giapponese trascritto e tradotto da A. Severini. Firenze, 1878;—La ribellione di Masacado e di Sumitomo, brano di storia giapponese, tradotto da Lodovico Nocentini. Firenze, 1878;—Il Take-tori monogatari, ossia la Fiaba del nonno Tagliabambù. Testo di lingua giapponese del nono secolo, tradotto, annotato e pubblicato per la prima volta in Europa, da A. Severini. Firenze, 1881;—Jasogami e Camicoto, da Ant. Severini. Firenze, 1882.

[222] Vers le milieu du XVIe siècle.

[223] Voy., sur les mathématiques des Japonais, l’article de M. le capitaine Levallois, dans les Mémoires du Congrès international des Orientalistes, première session, Paris, 1873, t. I, p. 289.

[224] Le moxa des Japonais est composé avec la bourre des feuilles de l’armoise (Artemisia vulgaris). Roulé en forme de pyramide, on le place sur la partie malade et on y met le feu, de manière à le consumer entièrement et à permettre aux humeurs de découler de la plaie qu’il a produite.

[225] Le Nederlansche Tijdschrift voor Geneeskunde, 1859-60.

[226] Les Japonais fabriquent des tissus de soie d’une foule de genres. On appelle nisiki un tissu qui était originairement obtenu par le mélange de soies de cinq couleurs différentes. Les vieilles annales intitulées Ni-hon gi rapportent que la 37e année du règne d’Au-zin (306 de n. è.), l’empereur envoya des ambassadeurs dans le royaume de Ou, en Chine, pour chercher des tisseuses; il vint quatre sortes d’ouvrières appelées Ye-bime, Oto-bime, Kurea-dori et Aya-dori. Telle fut l’origine de l’introduction du tissage de la soie au Japon.—On fait usage de fils d’or pour la fabrication des nisiki, sur lesquels on représente des fleurs et des animaux fantastiques.—Les soieries appelées aya se distinguent par leur finesse et leur légèreté; on en fait également venir une variété spéciale de la Chine; les tobi-zaya ou aya à fleurs sont plus épaisses et sont tirées de Canton et de la Corée.—Le rin-su ou damas de soie, d’une qualité supérieure, avec ou sans ornements, est un produit japonais; on en fait venir néanmoins du Tongkin.—Le satin appelé syusu est d’une beauté incomparable; on en teint de toutes couleurs; on en fait venir de Canton, de Nanking et du Fouhkien.—La gaze d’or (kin-sya) est d’invention chinoise. (Voy., pour plus de détails, les appendices de mon Traité de l’éducation des vers à soie au Japon). En dehors des soieries, les Japonais fabriquent une foule de tissus avec diverses sortes de matières végétales ou animales. L’indienne dite sarasa, que les indigènes allaient jadis acheter au Siam et qui, pour ce motif, s’appelle aussi Siamuro-zome, est devenue l’objet d’une grande industrie au Nippon;—le kwa-kwan-fu, tissé avec de longs poils de rat, est une étoffe sur laquelle on raconte des anecdotes fantastiques;—le ba-seo-nuno est une toile formée avec les fibres du bananier et qui vient des îles Loutchou; elle est belle, solide et reçoit très bien la teinture;—la mousseline sarasi est un produit de Nara, dans la province de Yamato, où l’on trouve la meilleure qualité; elle est d’ordinaire d’une extrême blancheur; l’abuya de Noto est également blanche et formée de fils de chanvre;—les cotonnades proprement dites se nomment momen, et le coton non tissé wata (ouate); la bourre de soie s’appelle aussi wata (ma-wata).

[227] Courrier de Lyon, février 1860

[228] Wa-kan San-sai du-ye, liv. XV, p. 4

[229] En chinois: tse-ming-tchoung «cloche sonnant d’elle-même».

[230] M. le docteur Mène, dans les Mémoires de la Société des Etudes Japonaises, t. III, p. 11.

[231] Kai-no tama «gemmes d’huîtres».

[232] Gin-tama.

[233] Kin-tama.

[234] Voy., sur les miroirs chinois et japonais: Julien et Champion, Industries anciennes et modernes de l’empire chinois, 1869, pp. 63 et 234; et la Revue scientifique, 2e série, 1880, t. XVIII, p. 1143.

[235] Jap. a’ugi. On rapporte que l’impératrice Zin-gû, à l’époque de la guerre des Japonais contre le pays des San-kan (Corée), vit des chauves-souris (jap. hen-puku) qui lui donnèrent l’idée de faire faire des éventails. Depuis cette époque, on a fabriqué des éventails de toutes sortes dont l’usage est répandu dans les différentes classes de la population indigène, aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes. On cite notamment les éventails peints appelés akome; les éventails qui ressemblent à une fleur à demi épanouie et dont se servent les bonzes et les mèdecins; les éventails des danseuses d’assez grandes dimensions; les éventails en bois de pin (hi a’ugi) en faveur chez les fonctionnaires publics; les écrans, de forme circulaire, nommés utiva, qui étaient les seuls éventails usités en Chine jusqu’à la dynastie des Ming. Le nom de uti-va leur vient de ce qu’ils sont assez forts et solides pour servir à battre (utu) les vêtements ou à écraser les insectes; on en fabrique avec du cuir ou des planchettes laquées, supportées par un manche de bambou; va désigne une sorte particulière d’écran, dont on fait usage à la cour.

[236] Les chapeaux de bambou (Jap. take-no ko-kasa) s’emploient, comme chez nous les chapeaux de paille, pour se garantir des rayons du soleil. On a tenté, non sans quelques succès, de les faire accepter dans les modes européennes. En Chine, ces chapeaux se fabriquent avec des joncs.—Les parasoles ou parapluies sont dits parasols de Chine (kara-kasa). On en fait remonter l’invention à l’époque de Yu-le-Grand (XXIIIe siècle avant notre ère); mais les véritables parapluies ne datent que du règne de Youen-ti, de la dynastie des Weï (260 de notre ère). On fabrique des parasoles de soie et surtout de papier huilé et impénétrable à la pluie; les principales manufactures se trouvent dans la province de Setu.

[237] Morning Chronicle, du 4 février 1858.

[238] On a pu en juger en visitant en 1878, à Paris, le département Japonais de l’Exposition universelle.

[239] Zipangu est une notation à peine corrompue des mots chinois Jih-pen-koueh «le royaume du Japon».—Rachid-Eddin, qui écrivait en 1294, désigne ce même pays sous le nom de Djemenkou, et Aboulféda sous celui de Djemkout.

[240] Nippon-wau dai itî-ran, livr. VII, p. 46.

[241] Saint François Xavier gagna le Japon à bord de la jonque d’un corsaire chinois. Il était accompagné d’un Japonais converti au christianisme et baptisé sous le nom de Paolo de Santa-Fe. Le hasard le fit aborder à Kago-sima qui était justement le lieu de naissance de ce Paolo. Il y fut accueilli avec enthousiasme, et le daïmyau régnant de Satsouma lui permit de faire des prédications dans toute l’étendue de son domaine. Sur l’instigation des bonzes, cette permission finit cependant par être révoquée, et le prince annonça qu’il était défendu à ses sujets, sous peine de mort, de se livrer aux pratiques du christianisme. François Xavier dut chercher dans d’autres parties du Japon les moyens de poursuivre son œuvre d’évangélisation.—Il n’est peut-être pas inutile de faire observer que, dans les récits des missions chrétiennes au Japon, non-seulement les grands princes feudataires, mais même les plus petits daïmyaux, sont qualifiés de l’épithète de roi. Et c’est par une erreur de ce genre qu’on parle souvent de l’ambassade envoyée au pape Grégoire XIII par «l’empereur du Japon». Cette ambassade, à laquelle on fit une réception pompeuse en Europe, représentait des princes féodaux de l’île de Kiousiou, et nullement le mikado ou son syaugoun.

[242] I-i Ka-mon-no Kami.

[243] Le mot mi-ka-do, par lequel on désigne l’Empereur, signifie littéralement «La Grand’porte Impériale». C’est là une des nombreuses analogies que l’on peut constater entre les Japonais et les Turcs (Sublime-Porte), dont l’idiome notamment appartient au même système grammatical.—Aujourd’hui, le titre de mikado est à peu près complètement abandonné; il a été remplacé par l’ancien titre de Ten-au «l’Auguste du Ciel».

[244] Comment on crée une religion, dans la Revue scientifique du 7 mai 1875.

[245] Gen-rau-in, sorte de Conseil des Anciens.

[246] Fu-ken kwai-gi, sorte de Conseil des Préfectures.


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