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La Duchesse de Châteauroux et ses soeurs

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[226: Mémoires du marquis d'Argenson, édition Renouard, t. III.]

[227: Ces deux lettres, avec trois autres que je donne à l'Appendice, sont adressées par madame de Vintimille à madame du Deffand. Elles ont été publiées en 1809 dans la Correspondance inédite de madame du Deffand, parue chez Collin. Depuis, elles ont été republiées par M. de Lescure dans la Correspondance complète de la marquise du Deffand. Plon, 1865.]

[228: M. de Rupelmonde, maréchal de camp, dont la femme était dame du palais de la Reine.]

[229: La chasse est la grande distraction de Fontainebleau et souvent les deux sœurs accompagnaient le Roi courant le cerf. L'année suivante, dans le mois d'octobre, mesdames de Vintimille et de Mailly, suivant la chasse en calèche avec M. de Luxembourg, pensaient périr. Dans un passage du Long Rocher, une roche ayant soulevé une roue de la voiture, la calèche aurait été précipitée en bas, si l'on n'avait eu le temps de couper les guides d'un cheval.]

[230: Propriété de la comtesse de Toulouse où le Roi allait quelquefois souper en compagnie des deux sœurs. Le duc de Luynes dit, à la date du 21 octobre 1739: «Le Roi a monté en calèche avec Mademoiselle, mademoiselle de Clermont, mesdames de Mailly, de Vintimille et de Chalais; Sa Majesté est allée souper à la Rivière… c'est la seconde fois qu'il y va souper.»]

[231: Sauf madame de Vintimille dont ces lettres annoncent un goût des lettres et des lettrés, les demoiselles de Nesle sont d'aimables et moqueuses grandes dames très-indifférentes aux choses de l'esprit. Il n'y a pas la moindre trace, pendant leur règne, d'un rien de cette protection amie, donnée plus tard par madame de Pompadour aux hommes de génie et de talent de son temps. Madame de Mailly fait une démarche pour obtenir le privilège du Mercure à Fuzelier, va voir dans l'atelier de Lemoyne le buste de Louis XV, et c'est tout. Madame de la Tournelle, si maltraitée dans le «Mémoire pour servir à l'histoire de sa vie» par Voltaire qui lui impute l'oubli dans lequel l'a laissé la cour, madame de la Tournelle et madame de Lauraguais, n'useront de leur crédit en faveur des artistes pas plus que madame de Mailly. On ne voit les deux sœurs montrer de la chaleur qu'une seule fois; c'est à propos de la réception de la Clairon, mais ce jour-là, leur sollicitation fut si vive que M. de Gesvres voulut donner sa démission et resta depuis longtemps brouillé avec madame de Lauraguais.]

[232: Madame de Mailly qui, dans les derniers jours de la maladie de sa sœur, couchait chez la maréchale d'Estrées, pour donner son appartement à Sylva, restait dans son lit jusqu'à une heure de l'après-midi, fondant en larmes et ne voyant que ses intimes. À une heure, sur un mot que venait lui dire le duc de Villeroy, elle se levait, montait dans sa chaise, se rendait chez la comtesse de Toulouse qui n'était point encore arrivée, et se recouchait dans la niche de la comtesse jusqu'à l'arrivée du Roi.]

[233: Propriété aux environs de Rambouillet, appartenant à la comtesse de Toulouse.]

[234: Le marquis d'Argenson, qui voyait le Roi le 14 décembre, remarquait qu'il avait les yeux rouges.]

[235: Mémoires du duc de Luynes, t. III.]

[236: Dans un de ses séjours à Versailles, le Roi étant en train de souper à son petit couvert, arrivait, avec sa figure joviale, le mari de la Vintimille, qui faisait la révérence à plusieurs personnes de sa connaissance avec un air extraordinaire de gaieté. Le Roi rougissait et sortait de table brusquement.]

[237: Louis XV, dit Narbonne, touchait les écrouelles la veille des quatre fêtes solennelles jusqu'en l'année 1737. Il imposait les mains sur le visage des malades, les promenant du front au menton et de la joue droite à la joue gauche disant: «Dieu te guérisse, le Roi te touche.» L'aumônier donnait à chaque malade une pièce de 24 sols.]

[238: Mémoires du marquis d'Argenson, t. III.—Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[239: Mémoires du marquis d'Argenson, t. III—Le marquis dit que madame de Mailly avait toujours un portrait de sa sœur sous les yeux.]

[240: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[241: Mémoires du duc de Luynes, t. III et IV.—Le duc raconte que madame de Mailly lui montrait au mois de mai une liste de repas faits à Fontainebleau, dans le mois d'avril précédent, et où le Roi avait été obligé d'admettre des gens de la cour à sa table, une liste contenant trente-cinq repas, sur lesquels il y en avait eu plusieurs de douze et de quinze personnes, et dont le total ne montait qu'à 2,819 liv. Le duc ajoutait qu'avec un tout autre homme que Moutiers la note se serait élevée à 10 ou à 12,000 liv.]

[242: Le Roi devenait d'un rigorisme extrême pour les pratiques de la religion. Pendant le carême de 1742, le duc d'Ayen, souffrant, ne soupait presque pas dans le petit appartement à cause qu'il faisait gras. Un jour cependant, emmené par le Roi à la chasse où il se trouvait mal, et ramené pour souper, madame de Mailly demandait à Sa Majesté de vouloir bien permettre à M. d'Ayen de manger un morceau gras. «S'il est malade, il n'a qu'à le manger là-dedans,» répondait le Roi. Là dessus, dans un premier mouvement de vivacité, madame de Mailly s'écriait: «Cela étant, je m'en vas donc manger un morceau avec lui!» et se levait. Le Roi ne céda pas, et M. d'Ayen fut obligé d'aller faire gras dans une autre chambre.]

[243: Sur la nouvelle de la mort de madame de Vintimille, Mademoiselle, venue exprès de Paris pour voir madame de Mailly qui était encore chez elle, n'avait pas été reçue, et n'avait pu parler qu'à une femme de chambre.]

[244: Mademoiselle a voulu reprendre le rôle de m…, dit d'Argenson, mais cela lui a mal réussi: elle est allée souper à la Muette, méprisée de tout le monde, personne ne lui parlant plus, le Roi et la maîtresse chuchotant contre elle en la regardant.]

[245: Le Roi hésitait beaucoup à retourner dans ce château tout plein encore du souvenir de madame de Vintimille, et il fallait pour le décider, que madame de Mailly lui dît que, s'il ne voulait pas y aller, «ce serait elle toute seule qui irait inspecter ses bâtiments.»]

[246: Mémoires du duc de Luynes, t. III.]

[247: D'Argenson accuse le duc d'Ayen de travailler dans les soupers des petits appartements à détruire la religion du Roi.]

[248: Mémoires du marquis d'Argenson, t. III.]

[249: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[250: Le pauvre de Meuse, qui n'obtenait pas la permission de servir, qui n'était pas fait duc et pair, et qui avait des deux mois de goutte qui le retenaient dans sa triste chambre de Versailles, était enfin nommé en mai 1743 gouverneur de Saint-Malo avec la permission de vendre ou de faire passer sur la tête de son fils le gouvernement de Ribemont qu'il avait.]

[251: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[252: Lorsque, dans l'éloignement de Condé des affaires et l'ensevelissement du duc d'Orléans à Sainte-Geneviève, le jeune prince de Conti voulant jouer un rôle en septembre 1742, partait sans la permission du Roi pour se rendre à l'armée, et que Louis XV envoyait un courrier à M. de Maillebois pour mettre aux arrêts le prince à son arrivée, c'était madame de Mailly à laquelle le prince avait confié son projet sous le plus grand secret, qui se chargeait d'avoir une entrevue du Roi à la vieille princesse de Conti. Elle la faisait cacher dans la loge du concierge de Choisi, elle partait au-devant du Roi qui était à la chasse, traversait la rivière, arrêtait Louis XV en chemin et le décidait, à force de prières, à recevoir la mère du prince et à faire pardonner au jeune homme son escapade. Le prince de Conti demeurait en relation d'amitié avec la duchesse de Châteauroux, qui plus tard s'essayait à faire du prince français un Roi de Pologne.]

[253: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[254: Madame de Mailly, lorsqu'elle le rencontrait, lui tournait carrément le dos.]

[255: Mémoires de d'Argenson, t. IV.]

[256: Ibid., t. III.]

[257: Mémoires du marquis d'Argenson, t. IV.]

[258: Ibid., t. IV.]

[259: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[260: Le duc de Luynes dit: «Ce duché sera vérifié au parlement comme celui de Chevreuse, Duras, Lorges, etc.» C'est sur la terre de Gisors que ce duché est attaché. En même temps l'empereur, en reconnaissance des services du maréchal, le déclarait prince de l'Empire.

Au mois de septembre, le matin du jour où la maréchale de Belle-lsle devait prendre son tabouret dans le cabinet du Roi, madame de Mailly allait la voir le matin, lui disait qu'elle ne devait pas s'embarrasser de tous les discours qu'on tenait contre le maréchal, qu'il suffisait que le Maître fût content, que le Roi l'était de M. de Belle-Isle et n'avait jamais changé; que pour elle, elle avait toujours persisté dans les mêmes sentiments d'amitié; que l'on avait pu croire qu'ils étaient diminués parce qu'elle avait cessé de prendre aussi ouvertement son parti depuis tous les mauvais bruits qui avaient couru dans le public, mais qu'elle avait cru en cela la servir plus utilement et qu'elle n'avait jamais cessé de prendre le plus véritable intérêt à ce qui le regardait.]

[261: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[262: Mémoires du duc de Richelieu, t. VI.—Mémoires du duc de Luynes, t. IV.—Le Roi, en remontant dans son appartement, disait à madame de Mailly: «Madame la comtesse, vous serez bien contente de moi, car je n'ai cessé de parler à M. de Beauvau pendant mon souper.» Et madame de Mailly faisait le lendemain une longue visite à la maréchale de Belle-Isle, l'assurant qu'elle ne devait avoir nulle inquiétude, que le Roi connaissait l'attachement de M. de Belle-Isle pour sa personne et ses intérêts, et qu'il était fort content de lui.]

[263: Mémoires du duc de Luynes, t. I.]

[264: Archives nationales.—Le marquis d'Antin mourait en avril 1741.]

[265: Le duc de Luynes fait remarquer que, quoique madame de Mailly fût très-impressionnable, très-mobile, elle avait la constance en amitié.]

[266: Journal de Barbier, édition Charpentier, t. III.—Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. III.]

[267: Bachelier, qui en était quelquefois spectateur, disait à d'Argenson que cette vie avec «l'ennuyée et l'ennuyeuse» madame de Mailly et le duc d'Ayen et le duc de Noailles qui avaient plus de jargon que d'esprit, était le comble de l'ennui et le règne de Morphée.]

[268: Il semble même qu'en vieillissant, madame de Mailly ne prenait plus soin de sa toilette. Le duc de Luynes, parlant de la favorite à un retour de Choisi, dit: «On ne peut pas être moins parée qu'elle l'étoit; elle revint à Versailles avec la même robe qu'elle avoit en sortant de son lit.» Deux ans avant, madame de Mailly arrivant au sermon dans une robe jaune chamarrée de martre zibeline, avec un petit chaperon de fleurs jaunes et une aigrette, dans une toilette de masque, le Roi avait dit à la maréchale de Villars: «Je crois que la czarine doit être mise actuellement comme cela.» Du reste, malgré les louanges que les contemporains donnent à son art de se mettre, madame de Mailly semble toujours avoir eu un goût de toilette un peu voyant. Et de Luynes parle quelque part d'une robe apportée à la favorite à Choisi, d'une robe faite de plumes de toutes couleurs qui devait être plus originale que jolie.]

[269: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas.—Lettres de Lauraguais à madame ***. Buisson. 1802.]

[270: Les Mémoires inédits sur la vie des membres de l'Académie Royale disent: «Ce fut la duchesse de Mazarin qui fit naître l'occasion dans laquelle Nattier produisit ses ouvrages pour la première fois. Elle lui amena en 1740 ses deux nièces, les belles mesdemoiselles de Nesle, connues depuis sous les noms de mesdames de Châteauroux et de Flavacourt, pour les peindre sous les allégories du Point du jour et du Silence. Ces deux tableaux qui sont pour ainsi dire les chefs-d'œuvre de Nattier, firent tant de bruit à la Cour qu'ils excitèrent la curiosité de la Reine qui, les ayant vus, fut si frappée de leur parfaite ressemblance, qu'elle ordonna sur-le-champ à Nattier de commencer le portrait de madame Henriette.»]

[271: Il était stipulé dans le contrat de mariage en sa faveur 5,000 liv. de douaire, 2,000 liv. d'habitation et 20,000 livres de préciput.]

[272: Mémoires du duc de Luynes, t. III.]

[273: Nouvelles manuscrites de novembre 1743 à février 1745. Bibliothèque nationale. Département des manuscrits. Sup. fr. 13,695 à 13,699, t. III.]

[274: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas. Lettres de Lauraguais à Madame ***. Buisson, 1802.]

[275: Dans cette affaire madame de Mailly apportait toute la chaleur qu'elle mettait à obliger ses parents et ses amis, et on l'entendait dire que si elle n'avait pas demandé ce régiment à M. de Clermont avec autant d'insistance, M. de la Tournelle ne l'aurait pas eu.]

[276: Le duc de Luynes dit: «Mesdames de Flavacourt et de la Tournelle ont été présentées le même jour (25 janvier 1739), l'une mariée et l'autre fille, madame de la Tournelle fut présentée dans le Cabinet du Roi, et le Roi la salua; madame de Flavacourt, alors mademoiselle de Mailly, fut présentée chez la Reine, (l'usage étant qu'on ne présente les filles au Roi que dans l'appartement de la Reine); le Roi ne la salua pas, ce n'est pas l'usage, lorsque le Roy y vint un moment.»]

[277: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[278: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas. Lettres de Lauraguais à Madame ***. Paris, 1802.]

[279: Fragment des Mémoires de madame de Brancas. Lettres de Lauraguais à Madame ***. Paris, 1802.]

[280: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie.]

[281: Le marquis d'Argenson indique le mois de novembre 1740, comme l'époque de la liaison intime de madame de la Tournelle avec le duc d'Agénois.]

[282: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas.—Lettre de Lauraguais à Madame ***. Paris, 1802.]

[283: Madame de Mazarin mourait à 54 ans d'une maladie de la gorge compliquée d'une inflammation d'entrailles.]

[284: D'après d'Argenson, madame de la Tournelle n'était pas dans une position aussi misérable qu'elle apparaît dans les Mémoires du temps. Elle avait quarante mille livres de rente tant de la dot constituée par M. le Duc qui se croyait son père, que de son défunt mari qui lui avait laissé son bien en mourant, étant en pays de droit écrit.]

[285: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. IV.]

[286: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[287: La duchesse de Brancas dit: «Il fut question de lui donner un appartement, et le duc de Richelieu m'avoua, lorsqu'on en parlait chez le Roi, avoir dit: Il y en a un qui n'est pas vacant, mais point occupé, celui de l'évêque de Rennes: je dirai à madame la duchesse de Brancas de lui écrire que le Roi, espérant qu'il ne refusera pas, l'a donné à madame de la Tournelle en attendant qu'elle en ait un à elle. Je fus donc obligée de mander tout cela à l'évêque de Rennes…»]

[288: Voici le récit que fait la duchesse de Brancas de cette demande: «Outrée de dépit (contre Maurepas), madame de la Tournelle part pour Versailles, va chez le Cardinal et s'y fait annoncer. Qu'on la prie, dit-il, d'entrer dans mon cabinet. Il l'y trouve, et plus frappé de sa figure qu'étonné de sa présence: Eh! mon Dieu, lui dit-il, que voulez-vous, que voulez-vous de moi, Madame?—Une place de dame du palais de la Reine, lui répondit-elle.—Hé bien! Madame, lui dit-il, en la reconduisant, je vous promets d'en parler au Roi. Il prévoyait que le voyage de madame de la Tournelle à Versailles, et que la visite qu'il en avait reçue feraient trop de bruit pour la cacher. Dès le soir on en causait partout. Madame de Mailly ne savait qu'en penser; le Roi ne savait qu'en dire: le lendemain on parlait encore plus de ce voyage. Comment! disait-on à madame de Mailly, votre sœur est venue chez le cardinal et point chez vous? Elle était interdite et le Roi embarrassé.» Je n'ai point besoin de dire que je crois complètement inexact le récit de cette demande faite en dehors et en cachette de madame de Mailly. Les trois sœurs vivent ensemble à Versailles depuis le jour de la mort de madame de Mazarin, et de Luynes et d'Argenson sont complètement d'accord pour affirmer la part affectueuse et vaillante que prend madame de Mailly à faire réussir dès le principe la nomination de mesdames de la Tournelle et de Flavacourt.]

[289: Mémoires du marquis d'Argenson. Édition Renouard, 1865. t. IV.]

[290: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[291: On passait sur la difficulté grande alors de faire monter madame de la Tournelle dans les carrosses de Roi, son défunt mari n'étant pas un homme de condition.]

[292: Mémoires du duc de Luynes, t. II.]

[293: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[294: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas. Lettres de Lauraguais à Madame ***. Paris, 1802.]

[295: D'Argenson, parlant de madame de la Tournelle, dit: «Elle a eu jusqu'à trois affaires: M. de la Trémoille, M. de Soubise, M. d'Agénois. Le premier la séduisit par ses charmes, M. de Soubise par intérêt et par vues; elle avait besoin de lui pour que la maison de Rohan et madame de Tallard s'intéressassent à elle, en vue d'entrer chez la Dauphine; elle ne lui permit que la petite oie, et elle eut M. d'Agénois pour se procurer les conseils de M. de Richelieu qui était en partie carrée avec elle, son cousin le petit d'Agénois et madame de Flavacourt.]

[296: Le Roi, mettant sous les yeux de madame de la Tournelle les lettres du fidèle d'Agénois, lui disait ironiquement: «Ah! le beau billet qu'a la Châtre, voilà ce que m'envoie la poste!»]

[297: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VI.]

[298: Lettre autographe inédite de la duchesse de Châteauroux (madame de la Tournelle). Les lettres autographes de la duchesse de Châteauroux que nous avons publiées ici pour la première fois, dans les Maîtresses de Louis XV, lettres si curieuses non point seulement pour la biographie de la maîtresse, mais pour l'histoire du règne de Louis XV sont conservées à la Bibliothèque de Rouen et proviennent de la collection Leber, où elles étaient cataloguées sous le titre de: Lettres autographes secrètes et galantes de la duchesse de Châteauroux et de Louis XV au duc de Richelieu.

Quelques-unes de ces lettres de madame de Châteauroux portent ses armes, les trois maillets des Mailly-Nesle, et les trois tours du duché de Châteauroux sous le manteau ducal; l'une a pour cachet une tête de Socrate. Presque toutes sont écrites sur un papier de Hollande très-glacé dont le filagramme porte pour devise Pro patria ou Hony soit qui mal y pense.]

[299: Fragment des Mémoires de madame de Brancas. Lettre de Lauraguais à Madame ***. Buisson, 1802.—Au fond, le commencement d'amour du Roi se débattait encore avec les préventions que Maurepas lui avait données contre madame de Mazarin et sa famille, et il croyait madame de la Tournelle altière et intrigante comme sa tante.]

[300: Les bruits de cour parlaient alors, pour remplacer madame de Mailly, de madame de Rohan, de madame de Congé et d'autres. Les désirs du Roi erraient un peu au hasard et même au-delà de Versailles et des femmes de la cour. Madame de Tencin écrit que Maurepas avait eu l'idée de maintenir madame de Mailly dans les honneurs et les apparences de la faveur, en donnant au Roi une petite fille; on avait même cherché la petite fille, et l'on avait jeté les yeux sur la comédienne Gaussin qui fut au moment de doubler la de Mailly, si, au dernier moment, on n'avait pas eu peur de la santé de la courtisane.]

[301: Était-ce madame de Rohan que Richelieu comptait alors parmi ses maîtresses et qu'il préféra garder pour lui en donnant au Roi madame de la Tournelle qu'il aimait moins? Aussitôt que madame de Rohan apprenait la part que le duc avait eue à l'intrigue, elle lui écrivait une singulière lettre de rupture où elle se plaignait «de n'avoir pu acquérir un ami et ne lui avoir paru digne que de certains sentiments». Madame de Tencin, la confidente des deux anciens amants, et qui recevait des lamentations en huit pages de la femme sacrifiée, engageait le duc à la ramener à lui, en lui disant qu'à l'heure présente c'était la seule femme de la cour dont on pouvait se faire une amie aussi bien qu'une maîtresse.]

[302: Fragment des Mémoires de madame de Brancas. Lettres de Lauraguais à Madame ***. Buisson, 1802.]

[303: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[304: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[305: Ibid., t. IV.—«Tu m'ennuies, j'aime ta sœur,» répétait le Roi à madame de Mailly, d'après d'Argenson.]

[306: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, 1865, t. IV.]

[307: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[308: Dans le public le bruit courut que la disgrâce de madame de Mailly venait d'avoir soutenu avec trop de chaleur le maréchal de Belle-Isle, et en dernier lieu Maillebois accusé «de fêter plus Bacchus que Mars». On parla d'une lettre interceptée de Belle-Isle à Maillebois qui contenait cette phrase: «Ne vous pressez pas, un autre (de Broglie) recueillerait les lauriers que vous auriez acquis, nous avons pour nous la sultane favorite.» Au fond la politique n'était pour rien dans le renvoi de madame de Mailly, le Roi la remplaçait parce qu'il était las d'elle, et qu'elle commençait à être vieille et laide.]

[309: D'Argenson dit que c'est Richelieu mandé par le Roi de l'armée de Flandre, beaucoup plus tôt qu'il ne l'eût été sans cela, qui arrangeait toute la quitterie du Roi et de madame de Mailly; d'Argenson ajoute: «Il est en tout l'avocat consultant du Roi, son professor di pazzia.»]

[310: «Il n'y a que madame de Mailly qui m'embarrasse, avait dit le Roi à Richelieu, au moment où encore indécis sur les remplaçantes qu'il donnerait à l'ancienne maîtresse il était déterminé à s'en séparer.—Et voilà, répondait au Roi Richelieu, ce qui doit beaucoup moins embarrasser Votre Majesté que tout autre chose. Je me charge, moi, de ce qui est convenable entre elle et Votre Majesté. Je ne lui apprendrai pas qu'elle n'en est plus aimée; elle en meurt de chagrin, mais je l'occuperai du seul moyen de sauver sa gloire. Vous n'entendrez sûrement plus parler d'elle.—En êtes-vous bien sûr? m'en répondez-vous? s'écriait le Roi, qui se mettait à serrer la main de Richelieu.—Je la connais trop bien, disait Richelieu pour en douter. Elle sera si profondément désolée, qu'elle se jettera vraisemblablement tout de suite dans un couvent.»]

[311: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas. Lettres de Lauraguais à Madame ***. Paris, 1802.]

[312: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas. Lettre de Lauraguais à madame ***, Paris, 1802.—Ce récit est confirmé par de Luynes qui dit que le Roi continue à aller tous les soirs chez madame de la Tournelle avec un surtout et une grande perruque par-dessus ses papillotes.]

[313: Ces entrevues se répétaient pendant tout un mois. Soulavie raconte, je ne sais d'après quel témoignage, que dans une de ces visites nocturnes, Richelieu se donna le plaisir de faire une grandissime peur à Maurepas. Reconnaissant son ennemi dans un homme en train d'espionner le Roi dans l'obscurité, au qui-vive de Louis XV, interpellant le quidam, il tirait son épée, en criant: «Sire, je le tue.»]

[314: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[315: D'Argenson dit: «Madame de Mailly a été renvoyée un peu plus durement qu'une fille d'opéra: le samedi à dîner le Roi lui dit qu'il ne voulait pas qu'elle couchât le soir à Versailles; elle devait cependant y revenir le lundi; il y eut quantité de missives et de courriers ce jour-là. Madame de la Tournelle a voulu absolument exiger que sa sœur ne revînt jamais à Versailles, tant qu'elle serait maîtresse du Roi.»]

[316: Le duc de Luynes dans le récit duquel ne se trouve pas la phrase de Soulavie: «À lundi à Choisy, madame la comtesse… à lundi, j'espère que vous ne vous ferez pas attendre,» par la raison bien simple que c'était le lundi 5 à quatre heures et non le lundi 12, jour du départ pour Choisi que devait revenir madame de Mailly, le duc de Luynes affirme que le Roi témoigna hautement qu'il continuait et continuerait à avoir de l'amitié pour madame de Mailly et qu'il désirait qu'elle demeurât à Versailles. Cette affirmation concorde parfaitement avec la teneur de la lettre à Richelieu que nous donnons dans ce chapitre. Et elle enlève tout caractère de véracité à l'anecdote du bonhomme Metra, quoiqu'il dise la tenir d'un témoin oculaire. D'après l'auteur de la Chronique secrète, Louis XV, retiré à la Muette après le renvoi de madame de Mailly pour éviter sa rencontre, aurait vu tout à coup arriver la femme éplorée qui, sur l'ordre intimé par un donneur de lettre de cachet de remonter en carrosse, aurait poussé des cris plaintifs et se serait arraché les cheveux, pendant que Louis XV, que la curiosité avait attiré à la croisée, regardait cette scène à travers les carreaux et riait des attitudes comiques amenées par le désespoir de la maîtresse. Madame de Mailly n'avait pas reçu de lettre de cachet, et Louis XV ne faisait pas de séjour à la Muette après le départ de madame de Mailly de Versailles.]

[317: Catalogue d'autographes provenant du cabinet de M. A. Martin, 1842.]

[318: Mémoires du marquis d'Argenson, t. IV.]

[319: Mémoires du duc de Luynes, t. III.]

[320: C'était seulement en avril 1741, que pour faire cesser ses indignes emprunts, Louis XV se décidait à donner à sa maîtresse quatre flambeaux et 200 jetons d'argent.]

[321: Chronique de louis XV, 1742-1743, Revue rétrospective, t. V.—Voici les conditions que donne Barbier: «Elle serait maîtresse déclarée, elle aurait une maison, elle n'irait point aux petits soupers du Roi dans les petits appartements; elle aurait tous les soirs dix couverts chez elle et elle nommerait elle-même les personnes qui y souperaient; elle aurait de plus cinquante mille écus de pension assurée pour sa vie.»]

[322: Mademoiselle de Montcavrel, nommée depuis mademoiselle de Mailly, et qui était l'intime compagne de madame de la Tournelle comme mademoiselle de Vintimille l'avait été de madame de Mailly, épousait à l'âge de 28 ans le duc de Lauraguais, le fils de madame de Brancas, l'amie de Richelieu, et qui comptait tirer de grands avantages de ce mariage-là. Il lui était assuré un douaire de 10,000 liv., pour lequel le Roi prolongeait de soixante ans une rente qu'il avait établie sur les Juifs de Metz, et qui n'avait plus que trois ans à courir. Il lui donnait 100,000 liv. argent comptant. Outre cela la mariée devait obtenir, dès le moment de son mariage, le brevet de dame du Palais de la Dauphine, et en toucher les appointements qui étaient de 2,000 liv. Elle avait encore les 6,500 liv. de rente qu'avaient ses autres sœurs. M. de Lauraguais n'avait que les 20,000 liv. de rente qui lui avaient été données par son père, lors de son premier mariage avec mademoiselle d'O. Le contrat de mariage de mademoiselle de Montcavrel avec le duc de Lauraguais était signé à Versailles, le 19 janvier 1743, et quarante personnes assistaient à la signature. Le mariage se faisait chez madame de Lesdiguières, tante de madame de Mailly, qui se chargeait de la noce et empruntait pour le repas la maison de madame de Rupelmonde qui était en Auvergne. Les mariés allaient coucher chez le duc de Brancas. Madame de Mailly, qui s'était beaucoup occupée du mariage de sa sœur, qui y avait intéressé le Roi, et qui avait failli la marier à M. de Chabot, ne paraissait pas à la noce pour ne pas se rencontrer avec madame de la Tournelle.]

[323: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.—Madame de la Tournelle, même après le départ de madame de Mailly, continuait à dire et à faire dire «qu'elle était aimée de M. d'Agénois et qu'elle l'aimait, qu'elle n'avait nul désir d'avoir le Roi, qu'il lui ferait plaisir de la laisser comme elle est, et qu'elle ne veut consentir à ses propositions qu'à des conditions sûres et avantageuses».]

[324: Le 3 novembre 1742, à sept heures du soir.]

[325: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.—Madame de Tencin dit que madame de Toulouse lui donnait un appartement de sept pièces de plain-pied.]

[326: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VI.]

[327: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[328: De Luynes dit: «Elle est dans un état digne de compassion; sa santé n'étant pas déjà bonne, on peut juger de sa situation… Elle n'est occupée que du désir de revenir ici, et l'on croit que le Roi le désireroit aussi, mais que l'autre s'oppose à ce retour.»]

[329: M. de Gesvres, mandé par elle à Paris, dans la peur de se compromettre, de déplaire au Roi et à madame de la Tournelle, feignait une indisposition pour ne pas quitter Versailles.]

[330: Toujours aveugle, toujours confiante, toujours à son rôle de victime et continuant toujours à se livrer à ses ennemis, elle aurait invoqué les conseils de d'Argenson. D'Argenson, comprenant toute l'importance de la tenir éloignée de Versailles et de lui faire accepter l'exil, lui répétait hypocritement ce que la fausse amitié avait dit autrefois à madame de Montespan: que le Roi avait l'esprit excité contre elle, et qu'une retraite ne pouvait manquer de le ramener.]

[331: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[332: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[333: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.—Du même coup, le petit comte du Luc, le fils de madame de Vintimille, perdait le logement qu'il avait à Versailles. Privé des soins de madame de Mailly que madame de la Tournelle ne s'offrait pas à continuer, le bâtard du Roi était, contre l'intention de Louis XV, envoyé, pour y être élevé, à la terre de Savigny, appartenant au marquis du Luc.]

[334: Au dire de nouvelles à la main à la date de 1742, que m'a communiquées dans le temps le marquis de Flers, les dettes de madame de Mailly montaient à 1,100,000 liv. dont 300,000 étaient dues aux fermiers généraux des postes, 40,000 à Duchapt, marchand de modes; 100,000 à un marchand d'étoffes. Le duc de Luynes, mieux renseigné, assure que ses dettes ne dépassaient pas 160,000 liv. plus une somme de 60,000 liv. due au duc de Luxembourg, mais elle avait signé pour 400,000 liv. de dettes de son mari. Lors de l'arrangement définitif on payait ses dettes personnelles avec une forte réduction des créances. Le Roi lui donnait 20,000 liv. de pension outre les 12,000 qu'elle avait déjà, et la logeait définitivement dans la maison, rue Saint-Thomas du Louvre, où logeait feu madame de Lesdiguière. De Luynes ajoute qu'il fallait meubler le logement et qu'elle n'avait pas un sol, ce qui amenait ses amis à demander pour elle une année d'avance. Il raconte aussi qu'à l'observation que quelqu'un lui faisait sur la tristesse et l'obscurité de la maison, elle répondait que cela ne lui faisait rien, «qu'on lui aurait ordonné d'aller habiter une prison, qu'elle y aurait été tout de même.»]

[335: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[336: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[337: Voir la lettre autographe de madame de la Tournelle du Catalogue Martin cité dans le chapitre précédent.]

[338: Le Roi disait dans le premier moment à M. de Meuse assez sèchement: «Hé bien, elle n'a qu'à n'y point venir.» M. de Meuse lui reparlait une heure après du refus de madame de Luynes, et, cherchant à en atténuer l'irrévérence, Louis XV était un moment sans répondre, puis, prenant un visage riant, ordonnait à Meuse «qu'il allât trouver madame de Luynes, et qu'il lui annonçât qu'elle ne seroit pas de ce voyage-ci, que ce seroit pour un autre, et qu'il ne lui savoit pas mauvais gré de ses représentations.»]

[339: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[340: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[341: Madame de Chevreuse, qui avait dans sa maison l'exemple de la dignité et de la pudeur donné par la duchesse de Luynes, se disculpait de ses relations avec la favorite en disant que ses sentiments n'étaient qu'une continuation d'une amitié d'ancienne date et qui avait commencé au couvent.]

[342: Sans doute madame de la Tournelle trouvait bon de reculer encore cette défaite que, dans sa lettre à Richelieu, elle semblait annoncer, appeler même pour ce voyage.]

[343: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[344: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VI.—Madame de la Tournelle obtenait le lendemain ou le surlendemain de son séjour de Choisi que les deux antichambres conduisant de la chambre bleue à sa chambre fussent condamnées. Le Roi n'en restait pas moins, pendant le reste du voyage, très-occupé de la jeune femme. Aux déjeuners il se mettait toujours à côté d'elle, et l'on remarquait qu'il recommençait à jouer à cavagnole, à ce jeu auquel Louis XV ne jouait plus depuis deux ans et auquel l'avaient fait renoncer, disaient les courtisans, les humeurs de madame de Mailly qui était très-mauvaise joueuse.]

[345: Il est établi par cette lettre, ainsi que je l'ai dit, que c'était Richelieu qui rédigeait les lettres de madame de la Tournelle au Roi.]

[346: Lettres autographes secrètes et galantes de la duchesse de Châteauroux et de Louis XV au duc de Richelieu, 1742-1744, conservées à la bibliothèque de Rouen, collection Leber, N° 5,816.]

[347: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[348: Chronique de Louis XV 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[349: Chronique de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[350: Le service de madame de Mailly, la Reine n'en avait pas eu toujours à se louer. Toute excellente femme qu'était madame de Mailly, elle avait rendu dans les premiers temps, avec son naturel moqueur, la vie fort dure à Marie Leczinska. Et les semaines, où la dame d'atours remplissait sa charge, la Reine était dans un état de nervosité qui mettait sens dessus dessous la domesticité de sa Maison. La pauvre Reine était persuadée,—et c'était malheureusement la vérité,—que la favorite passait son temps à l'examiner à l'effet de lui trouver des ridicules dont elle allait se divertir avec la Roi.]

[351: Madame de Tencin dit de madame de Montauban «que dans le commerce de l'amitié elle était sûre comme la Bastille».]

[352: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[353: Les historiens sont unanimes pour reconnaître la hauteur blessante avec laquelle madame de Châteauroux traitait quelquefois la Reine. Il y a plus, la Reine subissait des persécutions singulières de la part de la favorite. On ne bouchait qu'après sa mort des trous qu'elle avait fait percer du côté du Roi, dans le cabinet où s'habillait la Reine, et qui lui permettait d'entendre ce qui s'y disait.]

[354: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.—Le duc de Luynes dit positivement que la Reine ne pouvait se décider à adresser la parole à madame de la Tournelle.]

[355: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[356: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective t. V.]

[357: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VI.]

[358: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[359: Fleury aurait dit: «On se plaint de mon ministère, on voudroit que le Roi régnât. Eh bien, on verra quel sera le train des affaires quand le Roi lui-même les conduira.»]

[360: Mais le confesseur se voyait refuser l'entrée du cabinet du Roi. Alors il était question de décider le Roi, à cause du scandale qui résultait de son éloignement des sacrements, à communier en blanc ainsi que le faisait Louis XIV, qui n'avait jamais cessé de satisfaire aux devoirs de la religion, mais Louis XV s'y refusait.]

[361: Cette fin de novembre, disent les Mémoires de Maurepas, cette fin de novembre qui ramenait les gens de la campagne, et pendant laquelle se traitait justement la défaite de madame de la Tournelle, était l'époque choisie par les petits poètes de la cour et les poètes de commande pour la fabrication des vers satiriques destinés à être répandus au nouvel an.]

[362: Peut-être contre l'attente de Maurepas, le succès des chansons du ministre dans le public avançait-il la victoire de madame de la Tournelle. Leurs taquineries journalières, en irritant le Roi, le familiarisaient avec l'impopularité, et elles avaient ce résultat imprévu de le décider à tout braver et à ne plus rien marchander à son amour.]

[363: Un jour que le Roi disait à propos des chansons: «Voyez, le public aime Maurepas; il n'est point maltraité.» Richelieu s'écriait: «Ah! je n'en suis pas surpris, c'est lui qui les a faites.»]

[364: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[365: À propos de ces chansons qui lui auraient été adressées par la poste, la favorite aurait dit, avec un air d'autorité qui avait été remarqué, que, si elle conservait la faveur du Roi, elle trouverait bien le moyen d'arrêter la licence avec laquelle on parlait et on écrivait sur certains articles.]

[366: Mémoires du duc de Luynes, t. III.]

[367: Une autre de ces chansons relatives aux cinq sœurs s'exprimait en ces termes:

     L'une est presque en oubli, l'autre presque en poussière,
     La troisième est en pied; la quatrième attend
         Pour faire place à la dernière.
         Choisir une famille entière,
         Est-ce être infidèle ou constant?
]

[368: Soulavie dit: Quant à la soie du lit bleu que madame de Mailly avait filé, qu'elle avait ensuite donné au Roi comme gage de ses amours, et dans lequel il couchait ou va coucher avec ses sœurs, elle était encore due en 1744 à un marchand de la rue Saint-Denis.]

[369: Le soir de son arrivée, dit le duc de Luynes, Richelieu, qui soupait avec madame de la Tournelle, avait une longue conversation avec la favorite avant et après le souper.]

[370: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.—Le duc ajoute: Outre la tabatière dont j'ai parlé ci-dessus de madame de la Tournelle, le Roi lui en donna encore une autre le lendemain; elles sont belles toutes deux, la première est d'agate arborisée émaillée, et l'autre est d'or émaillé.—La Chronique de Louis XV dit, à la date du 15 décembre: «Le Roi est d'une extrême gaieté et c'est avec regret que Sa Majesté part aujourd'hui de Choisy.»]

[371: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.—Des vers satiriques parurent sur le départ de M. de Richelieu dans sa chaise de poste, faite en forme de lit «dans laquelle quatre armoires étoient pratiquées avec toutes les commodités d'un homme malade dans sa chambre.»]

[372: Chronique de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[373: Le samedi 22 décembre, madame de la Tournelle prenait possession de son nouvel appartement, qui était l'ancien appartement du maréchal de Coigny. Changeait-elle quelques jours après, ainsi que l'indiquerait cette phrase, d'une lettre du Roi de janvier: «La marquise de la Tournelle est dans son nouveau logement, depuis hier, ou pour mieux dire, dans celui de sa sœur»?]

[374: C'est sans doute la truite dont Louis XV remercie Richelieu dans une lettre du 3 janvier: «Sa Majesté a paru fort contente à son souper de la truite du lac de Genève que M. de Richelieu lui a envoyée: demain, en en mangeant le reste, sa compagnie pourra juger si elle a raison et sûrement ne manquera pas de boire à sa santé.»]

[375: Sa sœur qui venait d'épouser le duc de Lauraguais.]

[376: Madame de Chevreuse avait la petite vérole. Le Roi écrivait quelques jours après à Richelieu: «Cette dernière (madame de Chevreuse) ne s'en tirera pas trop bien. Helvétius n'en a pas bonne opinion. Elle a une rougeur dans l'œil qui ne dénote rien de bon.»]

[377: M. de Fargis, dit le duc de Luynes, mort de la petite vérole dans la nuit du 6 ou 7 décembre, était un homme aimable et de bonne compagnie; il avait été capitaine des gendarmes de la Reine et avait hérité de son oncle, M de Montmort, de la terre de Mesnil-Haberton qu'il avait vendue au comte de Toulouse.]

[378: La Poule, madame de Flavacourt. Elle accouchait, le samedi matin 15 décembre, d'une fille chez sa belle-mère où elle logeait. Madame de Mailly, qui était auprès d'elle, se retirait devant la visite de madame de la Tournelle, venue de Choisi pour la voir.]

[379: Lettre autographe de la duchesse de Châteauroux (madame de la Tournelle) provenant de la collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[380: Il semble que c'était dans les habitudes du Roi de mettre, dans les lettres que les amants écrivaient à deux, des post-scriptum de cette façon. Je trouve dans une lettre (4 août 1743), publiée dans la Vie privée de Richelieu dont malheureusement je ne puis fournir l'original, mais qui présente tous les caractères de l'authenticité, une fin conçue en ces termes:

«Bonsoir, Votre Excellence! c'est en baisant la main de la princesse que je finis ma lettre. Elle vous fait bien ses compliments.»

Et plus bas est écrit de la main de madame de Châteauroux:

«Le Roi ordonne que je vous dise un petit bonsoir, et j'obéis avec grand plaisir. Je n'ai reçu la lettre où vous me parliez de votre intendant, que quand la chose a été faite. Il me semble que je vous ai entendu dire du bien de M. Lenain, ainsi je me flatte que vous n'en serez pas fâché. Je n'ai pas pu vous faire réponse par le courrier dont j'ai été bien fâchée, mais ce qui est différé n'est pas perdu. Si vous voyez Dumenil, dites-lui que j'ai reçu sa lettre et qu'au premier soir je lui ferai réponse.»]

[381: Lettre de Louis XV et de la duchesse de Châteauroux provenant de la collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[382: Au jour de l'an 1743, le Roi donnait pour étrennes à madame de la Tournelle une montre qu'il avait fait faire pour madame de Mailly, dont la boîte était de laque enrichie de diamants. Madame de la Tournelle faisait présent à Sa Majesté d'un almanach dont la couverture était de la Chine, ornée de son chiffre en brillants.]

[383: Le Cardinal mourait le 29 janvier. Aussitôt l'Éminence morte, la Chronique de Louis XV dit que le Roi rappelait par une lettre le duc de Richelieu à Versailles.]

[384: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[385: Mémoires du duc de Luynes, t. V.—Le Roi, à un retour de chasse, faisait porter son souper chez madame de la Tournelle qui le recevait couchée sur une chaise longue, pendant que ses femmes de chambre et celles de madame de Lauraguais servaient Sa Majesté.]

[386: Chronique de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[387: Voici ce rondeau qui a sept couplets:

     Le Maurepas est chancelant,
     Voilà ce que c'est que d'être impuissant!
     Il a beau faire l'important,
     Bredouiller et rire,
     Lorgner et médire,
     Richelieu dit en le chassant:
     Voilà ce que c'est que d'être impuissant!
]

[388: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743, Revue rétrospective, t. IV.]

[389: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[390: Ibid., t. IV.]

[391: Mémoires de Luynes, t. V.—C'était la même conduite à l'égard des voitures. Madame de la Tournelle avait exprimé le désir d'avoir une berline à elle pour se promener, et se refusait de se servir des carrosses du Roi. Aussi ne sortait-elle presque jamais, quoiqu'elle aimât beaucoup les spectacles.]

[392: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, 1862, t. IV.]

[393: Quelquefois cependant la nature dominante de madame de la Tournelle l'emportait. C'est ainsi qu'un mois avant la mort du Cardinal, la Chronique du règne de Louis XV raconte que le Roi ayant fait lire un article d'une de ses lettres à madame de la Tournelle, celle-ci avait voulu voir la lettre tout entière, que le Roi avait eu beau lui dire que ce qu'il ne lui montrait pas ne pouvait être vu, elle avait persisté avec une violence telle que le Roi avait été obligé de jeter la lettre au feu.]

[394: Madame de la Tournelle n'était pas sans avoir entendu parler de ce souper des cabinets, où madame de Mailly et mademoiselle de Charolais lancées dans la politique et le Champagne, le Roi s'était tout à coup écrié: «Tout à l'heure, un homme (le cardinal de Fleury) me disait: «Sire, je n'ai qu'une grâce à demander à Votre Majesté avant de mourir, c'est de se souvenir de ce que je lui ai dit dans sa jeunesse, que si jamais Votre Majesté écoutait les conseils des femmes sur les affaires, Elle et son État étaient perdus sans ressource.» Et le Roi avait ajouté après un silence: «Et je dis à cela que si quelque femme osait jamais me parler d'affaires, je lui ferais fermer ma porte au nez sur-le-champ.»]

[395: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[396: Huit jours après la mort du Cardinal, au moment où l'on croyait voir Chauvelin redevenir premier ministre, ramené aux affaires par madame de la Tournelle, on apprenait qu'il avait reçu une lettre de cachet qui, renforçant son exil, le faisait aller de Bourges à Issoire. Le motif de ce rigoureux déplacement était la remise au Roi d'un mémoire justificatif de Chauvelin, injurieux pour la personne du Cardinal. Le Roi, très en colère, s'adressant à Richelieu dans les cabinets, disait: On m'a remis un mémoire de Chauvelin qui tend à flétrir la mémoire de M. le Cardinal; les expressions m'en ont fait horreur; j'ai envoyé M. Chauvelin en exil plus loin qu'il n'était.—À propos du retour à Paris et de la présentation au Roi de Chauvelin qui devait être faite par madame de la Tournelle, le bruit courut que le parti avait consigné un million pour la favorite, au cas où il serait rappelé à la cour et au ministère des affaires étrangères.]

[397: Il est vrai que si l'on en croit une chanson, madame de Boufflers lui préparait pour la fin de la campagne le retour en grâce près de la favorite par une singulière preuve d'amour;

     Luxembourg doit être à la cour
     Reçu des mieux à son retour.
     Admirez quel excès de zèle,
     La Boufflers a su mettre en jeu!
     Car pour lui gagner la Tournelle
     Elle couche avec Richelieu!
]

[398: Marville, qui avait tiré les vers du nez à M. de Gesvres, avait appris par lui que de Meuse avertissait Maurepas de tout ce qui se passait dans les cabinets, et que c'était par cette voie que le ministre avait su tout le mal que Richelieu disait de lui au Roi.]

[399: Mémoires du duc de Luynes, t. II.]

[400: Soulavie dit que ce nom lui venait aussi de coiffures qui lui donnaient une certaine ressemblance avec une poule huppée.]

[401: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[402: Présentée à la cour le jeudi 31 janvier, elle soupait pour la première fois dans les cabinets le vendredi suivant.]

[403: Mémoires du duc de Luynes, t. V.—Remarquons ici que très-souvent Soulavie a l'habitude de rédiger, en une phrase parlée, une chose que de Luynes dit avoir été dite par le Roi sans en donner les termes exprès. Soulavie aime aussi à refaire, à arranger les mots du Roi qu'il ne trouve pas assez concis, assez caractéristiques.]

[404: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[405: Sur cette comparaison, le Roi disait avoir été extrêmement longtemps à se faire à la physionomie du cardinal.]

[406: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.—La séduction de Louis XV par le sang des de Nesle est vraiment particulière. On parla un moment d'un vif caprice du Roi pour madame de la Guiche, une fille bâtarde de madame de Nesle et de M. le Duc.]

[407: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.—Il ne peut y avoir aucun doute sur les liaisons du Roi avec madame de Lauraguais, Soulavie raconte que madame de Lauraguais avait été surprise avant son mariage par le Roi dans une de ses rondes libertines du matin à Choisi. D'Argenson dit: «Sa Majesté s'est trouvée quelquefois assez d'appétit pour tâter de cette grosse vilaine de Lauraguais.»]

[408: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[409: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VI.]

[410: Donnons la liste des portraits gravés de madame de la Tournelle devenue la duchesse de Châteauroux.

LA FORCE.

Madame la duchesse de Châteauroux est représentée tenant une torche d'une main, une épée de l'autre. Elle a les cheveux épandus autour du visage en boucles follettes. Ses épaules et sa gorge sortent d'une cuirasse autour de laquelle vient se nouer à la ceinture une peau de tigre. À ses côtés, accroupi sur ses pattes, un lion montre les crocs.

On lit dans le cadre:

LA FORCE.

Et plus bas:

J. M. Nattier pinx. Balechou.

L'adresse est:

À Paris, chez Surrugue, graveur, rue des Noyers, attenant le magasin de papier, vis-à-vis St-Yves A P D R.

Ce portrait réduit avec quelques changements, dans le format in-4°, et gravé en contre-partie, a été reproduit par Pruneau sous le titre:

     MADAME LA DUCHESSE
         DE CHÂTEAUROUX
     Morte le 10 décembre 1744.

On lit en bas:

     Peint par J. M. Nattier.—Gravé par Pruneau.
     À Paris, chez Bligny, cour du Manège, aux Tuileries.

Ce portrait est dans un médaillon avec un nœud de ruban plissé dans des fleurs.

Un autre portrait, le beau portrait désigné dans les Mémoires inédits sur les membres de l'Académie royale, sous le titre du Point du Jour, a été également gravé. Il représente la duchesse couchée sur un nuage, des roses dans les cheveux, habillée en déesse mythologique d'une courte chemisette très-décolletée, avec un flottement de draperie sur ses jambes nues, et repoussant d'une main, une étoile au front, des pavots et la Nuit. Derrière elle, un Amour se prépare à éteindre son flambeau pâlissant dans le jour naissant. On lit au bas de l'estampe:

         Nattier pinx. Malœuvre sc.
     LA NUIT PASSE, L'AURORE PAROIT.
         À Paris, chez Basan, graveur.

Dans la série des figures de femmes olympiennes gravées d'après Nattier, les catalogues de vente font encore des duchesses de Châteauroux de LA SOURCE, de FLORE À SON LEVER; mais rien ne confirme ces attributions.

Un autre portrait, qui a été gravé pour une édition des Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, porte:

LA DUCHESSE DE CHÂTEAU ROUX.

La Duchesse est représentée les cheveux coupés courts à la façon d'un homme; l'attache d'un carquois retient la chemise qui laisse à découvert un bouton de sein. Elle a au-dessus de la tête une étoile. On lit en bas, à la pointe: Masguelier sculp.

Il y a un second état qui porte en haut: t. VII, page 52; et en bas au dessous du nom: «Mais croyez-vous qu'il m'aime encore?»

Cet état porte à la pointe: Peint par Nattier, Gravé par J.
Masquelier
, 1792.

Je connais deux portraits peints de la duchesse de Châteauroux Le premier est celui gravé par Masquelier en 1792 et qui a été intercalé dans l'édition des Mémoires du maréchal duc de Richelieu. Il est en la possession de M. de Saint-Valry qui le tient de sa famille. Il provient du château de Crécy possédé par madame de Pompadour, qui, d'après une tradition du pays, aurait fait construire un Boudoir des Beautés aimées avant elle par son royal amant. Les cheveux courts de la duchesse sont légèrement poudrés; elle a de grands yeux très-bruns (et non bleus) en amandes et imperceptiblement relevés à la chinoise dans les coins; le nez est fin, délicat, presque mutin, la bouche très-petite et charnue avec un menton grassouillet un peu lourd. Très-fardée, le rouge de ses joues fait paraître nacrées les blancheurs de sa gorge. Elle est habillée d'un habit de satin blanc avec une bretelle en forme de cordon de carquois retenant l'étoffe à ses épaules. Ce portrait est un Nattier moins conventionnel que d'habitude et qui, dans la peinture esquissée de cette figure, serre la nature d'assez près et vous donne une représentation de la favorite moins enjolivée, moins affinée, moins délicatifiée que dans son portrait officiel de la Force.

Un autre portrait d'une qualité inférieure, et appartenant au baron Jérôme Pichon, est exposé en ce moment au Trocadéro. C'est, sauf un changement dans le mouvement des mains, la même coiffure, le même allumage des joues par le fard, la même robe de satin blanc en une effigie plus grossière et dans une peinture plus alourdie.

Il y aurait peut-être un portrait de la duchesse de Châteauroux dans les palais royaux de la Prusse: le portrait demandé, d'après de Luynes, par Frédéric à d'Argenson, par l'entremise de M. de Courten.

Il existait autrefois un dessin de madame de la Tournelle dans le cabinet de M. de Fontette, que la Bibliothèque ne possède plus.]

[411: Voici un portrait en vers de madame de la Tournelle, que donnent les Mélanges de Bois-Jourdain:

     Elle a d'Hébé la brillante jeunesse,
         Toute la grâce et l'enjouement,
         Ce doux regard plein de finesse
         Où se niche si joliment,
         Sous les traits de la gentillesse,
         L'expression du sentiment;
         Ce je ne sais quoi qui nous touche
         Plus séduisant que la beauté;
     Le sourire enfantin, des lèvres, une bouche
         Où réside la volupté,
         Un teint que le lys et la rose
         Tour à tour ont soin d'embellir;
         Un sein qui jamais ne repose,
         Doux labyrinthe du désir.
]

[412: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas. Lettres de Lauraguais à Madame ***. Buisson, 1802.]

[413: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[414: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[415: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[416: Mémoires du duc de Luynes, t. IV.]

[417: Chronique du règne de Louis XV, 1742, 1743, Revue rétrospective, t. V.]

[418: Correspondance du cardinal de Tencin et de madame de Tencin avec le duc de Richelieu, 1790.]

[419: Lettre autographe de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[420: Madame de Tencin écrivait au commencement d'octobre à Richelieu: «De Betz a un moyen pour faire à madame de la Tournelle 80,000 francs de rente, sa vie durant, sans qu'il en coûte rien au Roi; c'est en lui donnant le duché de Châteauroux qui est compris dans le bail des fermes, et qui ne diminuera pas d'un sou le bail, en le retranchant et en le donnant à madame de la Tournelle.»]

[421: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[422: Les rentes du duché arrivaient fort à propos à madame de la Tournelle. Elle avait de grands besoins d'argent, depuis qu'elle était à la cour; elle s'était même, paraît-il, considérablement endettée. Il y avait bien des moyens, dit madame de Tencin, de lui faire avoir de l'argent, mais il fallait que le Roi fît au moins un clin d'œil, et ce clin d'œil, il ne le faisait pas. Puis la favorite était en garde contre les marchés compromettants, contre ces pots de vin dans lesquels Maurepas, qui la guettait, espérait lui prendre la main. Un moment des amis l'avaient abouchée avec un chevalier de Grille et un M. de Betz, mais il semble que la délicatesse de la favorite en matière d'argent avait fait rompre la négociation.]

[423: Le cardinal de Tencin écrivait à Richelieu, à la date du 25 janvier 1744: «Montmartel et Duverney ont aussi vu madame de Châteauroux… Le premier prendra soin de sa terre et de toutes ses affaires et lui donnera tant par mois ce qui pourrait bien aller à des mille livres. Elle n'a pas été d'avis qu'on demandât une augmentation du brevet de retenue.»]

[424: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[425: L'original de ces lettres patentes dont un fragment est donné dans les Mémoires de Maurepas et dont la publication intégrale existe dans de Luynes, est conservé aux Archives nationales, carton O/1 87.—Barbier disait en exagérant, je crois, un peu les choses: «Le Roi en même temps a formé une maison considérable à madame de la Tournelle… Cela se passera dans le grand à l'exemple de Louis XIV,… on parle pour elle à Versailles de l'appartement qu'avait feu madame la Duchesse et que le Roi lui donne des meubles superbes.»]

[426: Richelieu n'avait encore eu comme récompense obtenue du temps de madame de Mailly «de l'obligation que lui avait Louis XV» que les premières entrées à Versailles. On sait qu'il y avait cinq espèces d'entrées chez le Roi: 1° les entrées familières; 2° celles des gentilshommes de la chambre; 3° les premières entrées; 4° les entrées de la Chambre, celles qu'on appelle des quatorze et qui sont proprement celles du cabinet; 5° les entrées de la Chambre. Donnons de ces entrées si recherchées, un brevet, le BREVET d'entrée pour M. de Soubise: «Aujourd'huy 16 février 1744, le Roy étant à Versailles, désirant donner à M. le prince de Soubise une nouvelle marque d'estime et de sa bienveillance, Sa Majesté lui a permis et permet d'entrer librement et à toutes heures qu'il voudra en tous les lieux de la Maison où Sa Majesté pourra être, voulant que les portes lui en soient ouvertes sans difficultés, conformément au présent brevet que pour assurance…» (Archives nationales. Lettres missives. Registre 0/1 88.)]

[427: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[428: L'auteur de la Vie privée de Richelieu dit avoir vu la lettre de Louis XV à Richelieu, où le Roi annonçait que la place du duc de Rochechouart avait été demandée par la Princesse pour lui, et qu'à la cour on la lui avait déjà donnée; il ajoutait: «Et moi aussi, vous pouvez le lui dire de ma part.»]

[429: Le vendredi, 14 février 1744, Richelieu prenait les entrées de la charge de premier gentilhomme de la Chambre, prêtant serment avant que le Roi allât à la messe. Il avait servi la veille le Roi à son coucher, il le servait le matin à son lever. Le vendredi 21 février, au petit couvert du Roi dans sa chambre, Richelieu servait Louis XV à table pour la première fois.]

[430: Mémoires de d'Argenson. Édition Renouard, t. IV.]

[431: Après trois grossesses successives, la Tencin avait obtenu par le crédit de son frère un bref du pape qui résolvait ses vœux et lui permettait de vivre dans le monde avec le titre de chanoinesse.]

[432: C'était elle qui était l'ordonnatrice de ces Fêtes d'Adam, de ces Fêtes des Flagellants, pour lesquelles la sœur du cardinal, recherchant dans les monuments du passé tous les détails de la débauche de tous les âges et de toutes les nations, mettait en scène les tableaux vivants du Plaisir des temps antiques et des temps modernes.]

[433: Mélanges historiques, satiriques et anecdotiques, de M. B. Jourdain, Paris, 1807, t. II.]

[434: On sait que c'était madame de Tencin qui, continuant la protection de mademoiselle de la Sablière à sa ménagerie, à ses bêtes, donnait au premier de l'an, à ses dîneurs deux aunes de velours pour le renouvellement de leurs culottes. Voir le salon de madame de Tencin dans La Femme au XVIIIe siècle.]

[435: Mémoires de Marmontel. Paris, 1804, t. I.—Madame de Tencin est l'auteur des Malheurs de l'amour, qu'on dit être une espèce d'autobiographie, et en collaboration avec d'Argental et Pont-de-Veyle, des Mémoires du comte de Comminges et du Siège de Calais.]

[436: Madame de Tencin n'avait seulement pas contre elle, le scandale de ses amours publiques avec le vieux Fontenelle et son neveu d'Argental, avec le cardinal Dubois, avec Dillon, colonel d'un régiment irlandais qui la rendit mère de deux enfants, avec le maréchal de Medavy qui lui succéda, avec d'Argenson, avec Camus Destouches, lieutenant-général d'artillerie, auquel quelques-uns attribuent la paternité de d'Alembert; il y avait encore contre elle le suicide du conseiller de la Frenaye qui, avant de se brûler la cervelle chez elle, l'accusait dans son testament de l'avoir dépouillé de tout son bien et la laissait même soupçonner d'être pour quelque chose dans la violence de sa mort. À la suite de cette mort arrivée le 6 avril 1726, madame de Tencin était arrêtée et conduite au Châtelet, où elle subissait un interrogatoire de quatre heures devant le cadavre de son amant. Son frère, le cardinal d'Embrun remuait ciel et terre pour ôter la connaissance de l'affaire à cette juridiction et grâce à l'appui du maréchal d'Uxelles, qui était alors l'amant de madame de Fériol, il obtenait un ordre pour faire transférer sa sœur à la Bastille avec la remise des papiers saisis à M. le Duc, premier ministre, et ensuite un arrêt qui renvoyait la connaissance de cette affaire au Grand Conseil. L'affaire instruite et jugée de nouveau au mois de juillet; la mémoire de la Frenaye était condamnée et son testament biffé, et la dame déchargée de l'accusation intentée contre elle. Et le 3 juillet elle sortait de la Bastille, pour rentrer dans sa maison de la rue Saint-Honoré, «ayant la tête aussi haute que si c'eût été une femme vertueuse.»]

[437: Journal historique de Barbier, 1854, t. II.]

[438: La clef de ses correspondances secrètes.]

[439: «Pour prendre un peu de relâche dans des occupations si sérieuses, dit Bois-Jourdain, elle se délassait de temps en temps, sur son lit de repos, des fatigues de son cabinet; et sans se piquer autrement de constance, ni de délicatesse, elle partageait ses faveurs entre un certain nombre d'amis, dont elle traitait les uns par intérêt, les autres par estime, quelques-uns par caprice et d'autres par amour du plaisir.»—Disons ici que l'intérêt, quoi qu'on ait dit, semble n'avoir pas joué de rôle dans sa vie. Elle n'a jamais joui que d'un revenu très-modique, et les richesses, elle ne les voulait que pour son frère et encore comme un moyen de pouvoir et de domination.]

[440: Le cardinal de Tencin avait eu dans sa jeunesse l'heureuse idée, pour attirer l'attention sur lui, de convertir Law, projet qui d'abord avait fait rire le Régent, mais auquel se rattachait bientôt le prince, en songeant que le protestantisme du financier pouvait nuire au succès de sa banque. La conversion de l'Écossais valait au convertisseur des actions qu'il avait l'esprit de changer en espèces à temps, en même temps qu'elle le faisait envoyer à Rome par Dubois auquel il obtenait le chapeau. Puis il devenait lui-même cardinal et archevêque de Lyon. En dépit de son billet à la princesse Borghèse: «Adieu, princesse, je vous aimerai toute ma vie et par de là, si tant est qu'il y ait un par de là,» le frère de madame de Tencin, jusqu'à ce qu'il fût appelé au ministère, jouait la dévotion, avait toujours son bréviaire sous son bras, et était soutenu par la maison d'Orléans, par madame de Chelles, moine des pieds à la tête, et toutes les repenties de la régence dont il s'était fait en quelque sorte le prêcheur ordinaire. Avec cela il donnait deux dîners sans femmes par semaine: l'un aux ministres étrangers, l'autre aux gens de la cour, et faisait tous les soirs le piquet du Cardinal. Le duc de Luynes le peint comme un vieillard à la figure charmante, à la conversation toute aimable, au tour d'esprit caressant, insinuant. Bernis dans ses Mémoires déclare qu'il n'y avait personne pour tirer autant de parti d'un sourire qui avait l'air d'être fin, ou d'un silence réfléchi.]

[441: Madame de Tencin engage quelque part Richelieu à ne point se brouiller avec d'Ayen à propos de madame de Boufflers «qui n'est point une femme sûre surtout quand elle a du vin dans la tête».]

[442: Dans une lettre à la date du 3 janvier 1742, madame de Tencin dit: «Madame de la Tournelle a fait ses visites du jour de l'an avec mesdames de Boufflers et de Luxembourg. Elles lui proposèrent en passant devant la porte de mon frère de s'y faire inscrire. Madame de la Tournelle refusa. Elles insistèrent et ne purent la déterminer: elle dit qu'elle ne le connaissait point. Or, vous remarquerez qu'elle a dîné chez lui dans un voyage qu'il fit à Paris avant d'être cardinal.» Madame de Tencin dit dans une autre lettre: «Madame de la Tournelle et mon frère se sont conduits comme la bienséance le demandoit; ils se sont fait quelques politesses réciproques et ne sont pas allés plus loin…» Au fond il y eut pendant assez longtemps du froid entre le cardinal et la favorite à laquelle Belle-Isle avait persuadé, dit la Chronique du règne de Louis XV, que le cardinal avait blâmé ses rapports avec le Roi de France.]

[443: Cette répulsion pour madame de Tencin existait surtout au plus haut degré chez le Roi; D'Argenson écrit quelque part: «Il lui venait la peau de poule quand on lui parlait de madame de Tencin.»]

[444: Rien n'avait égalé l'indifférence ou au moins l'indolence de Louis XV lors de la bataille de Dettingen, cette bataille où le duc de Rochechouart, les marquis de Fleury et de Sabran, les comtes d'Estrades et de Rostaing furent tués, où le prince de Dombes, le duc d'Ayen, le comte d'Eu, le duc d'Harcourt, Beuvron, le duc de Boufflers furent blessés, et où pour la première fois, depuis qu'elle existait, la maison du Roi perdit deux étendards.]

[445: Correspondance du cardinal de Tencin, ministre d'État et de madame de Tencin sa sœur, avec le duc de Richelieu, sur les intrigues de la cour de France depuis 1742 jusqu'en 1757, et surtout pendant la faveur de mesdames de Mailly, de Vintimille, de Lauraguais, de Châteauroux et de Pompadour. En un seul volume in-8 de 400 pages, 1790.—Ce livre, un des plus rares du XVIIIe siècle, et dont, par parenthèse, l'exemplaire de la Bibliothèque nationale est incomplet, et dont l'exemplaire que je possède provient de la bibliothèque du malheureux Maximilien de Bavière, ne doit pas être confondu avec les fausses correspondances de madame Gacon-Dufour et autres. Cette correspondance dont on attribue quelquefois la publication à de La Borde et à Soulavie, est due presque entièrement aux soins de Benjamin de La Borde: le volume contenant 385 pages et Soulavie n'ayant été chargé de la collation de l'édition qu'à partir de la page 369. Cette correspondance a été imprimée incontestablement sur des originaux confiés à M. de La Borde par Richelieu, peut-être pas avec toute la fidélité réclamée aujourd'hui, mais telles qu'elles sont, ces lettres apportent pour l'histoire des sœurs de Nesle, un document, que j'hésiterais à citer textuellement jusqu'à la retrouvaille des originaux, mais qui ne peut manquer d'être employé et produit dans son esprit. Un petit nombre des lettres de madame de Tencin publiées dans le volume de Benjamin de La Borde ont été reproduites en 1793 dans le second volume de la Vie privée de Richelieu, et en 1823 dans un autre recueil qui a un caractère plus sérieux: les Lettres de madame de Villars, de Lafayette, de Tencin, Chaumerot jeune, 1823. À la fin du volume se trouve une clef. La guimbarde, Lesperoux, les robes brodées; c'est le Roi. Les gouttes du général; c'est madame de la Tournelle. Helvétius, le géomètre; c'est Richelieu. Mademoiselle Sauveur; c'est le cardinal Fleury. Le cuisinier; c'est d'Argenson, etc.]

[446: Fragment des Mémoires de madame la duchesse de Brancas, publié dans les lettres de Lauraguais à madame ***. Paris, Buisson, an X.—Portraits et caractères de personnages distingués de la fin du XVIIIe siècle, par Senac de Meilhan. Dentu, 1813.]

[447: Le duc de Luynes peint le maréchal de Noailles comme un grand vieillard de soixante-cinq ans, au visage aimable. Retiré et enfermé chez lui depuis des années il vivait dans la plus grande dévotion, une dévotion qui allait jusqu'à se faire dire l'office des morts, couvert d'un drap mortuaire pour l'expiation de ses péchés. Il savait beaucoup de choses, mais assez superficiellement. Avec cela du brillant dans la conversation, beaucoup de badinage dans l'esprit, de la singularité dans l'imagination, des conceptions militaires et l'art de parler au soldat.

D'Argenson qui ne flatte pas ses contemporains dit du maréchal que «c'est un fol et un hypocrite, un bonhomme un peu bilboquet, un brave avantageux, une imagination déréglée conduite par un follet indécent et malin, une cervelle hantée par des songes de la nuit, un noctambule

Quant à Saint-Simon, on sait qu'il était l'ennemi personnel du maréchal, et qu'il l'a peint beaucoup trop en noir.]

[448: Mémoires du duc de Luynes, t. V.—Mémoires du maréchal duc de Richelieu, t. VI.—Mémoires du comte de Maurepas, t. IV.]

[449: Là, dans cette conférence entre la mère et le fils, étaient sans doute préparés les événements qui devaient éclater à la veille du départ du Roi pour l'armée: la disgrâce d'Amelot, l'espèce d'exil à Lyon de Tencin qu'on rendait responsable de la malheureuse tentative de Stuart, l'envoi en province de Maurepas sous le prétexte d'une inspection des ports; seul d'Argenson, le ministre de la guerre, qui appartenait au parti de la favorite et des Noailles, devait suivre le Roi.]

[450: Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, par Barbier, 1849, t. II.]

[451: Au maréchal qui implorait la présence du Roi, et le suppliait de voir ses troupes, de visiter ses frontières que le Roi son bisaïeul avait presque entièrement examinées à l'âge de seize ans, Louis XV qui rêvait une action, une bataille, répondait que la seule visite de ses frontières ne lui convenait nullement dans ce moment.]

[452: À propos de cette soirée à l'Opéra, qui eut lieu le 3 janvier 1744, le commissaire de police Narbonne écrit: «Bien des personnes disent que le Roi ne devrait pas mener sa maîtresse avec ses filles.» Narbonne raconte que, à un mois de là (le 9 février), le Roi se rendait avec les deux sœurs, le duc d'Ayen, le comte de Noailles, déguisés de manière à n'être pas reconnus, dans le bal public du Cabaret Royal, bal dont l'entrée était de trois livres, et qui avait été fondé par Cosson, le valet de chambre du comte de Noailles. Le Roi en sortait bientôt en disant: «Voilà un vilain bal!»]

[453: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[454: Il n'y avait même jamais eu de surintendante d'une dauphine en France; madame de Montespan était surintendante de la Reine.]

[455: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[456: Madame de Rottembourg qui avait dans les veines du sang de sa mère, semble s'être fatiguée vite de la vie de couvent. Le marquis d'Argenson donne cette anecdote sur son compte: «Fargis a fait la cérémonie de marier deux couples d'amants mariés ailleurs. C'était au camp de Compiègne où M. le duc de Biron commande. Madame de Rottembourg et la duchesse de Vaujour l'y sont venus voir. On a bu et on a dit que leur fréquentation était illégitime. On a habillé Fargis en pontife; on lui a fait une mitre de carton; il a béni les prétendus mariés, puis il a mis au lit M. de Biron avec madame de Rottembourg, et M. de Bissy avec la duchesse de Vaujour.»]

[457: Frédéric II, dans l'Histoire de mon temps, vol. III chap. IV, dit: «Le baron de Chambrier, depuis vingt ans ministre de Prusse à la cour de Versailles, étant âgé, et n'ayant pas assez de liaisons avec les gens en place pour se servir auprès du Roi de leur crédit, avait, d'ailleurs, peu traité de grandes choses, et était scrupuleusement circonspect. Cela fit juger au Roi qu'il fallait envoyer quelqu'un à cette cour qui fût plus délié, plus actif, pour savoir à quoi s'en tenir avec elle. Son choix tomba sur le comte de Rottembourg. En 1740, il avait passé du service de France à celui de Prusse; il était apparenté avec tout ce qu'il y avait de plus illustre à la cour: il pouvait par ces voies se procurer des connaissances qui auraient échappé à d'autres et, par conséquent, informer le Roi de la façon de penser de Louis XV, de ses ministres, de ses maîtresses; car il fallait une boussole pour s'orienter. Le trop grand feu du comte de Rottembourg pouvait se tempérer par le flegme de M. de Chambrier: tous deux pouvaient rendre des services utiles à l'État. Le comte de Rottembourg partit donc pour Versailles. Il fit faire ses premières insinuations par Richelieu et par la duchesse de Châteauroux.» Et le récit de Frédéric est confirmé par Flassan dans son Histoire de la Diplomatie Française, t. V, où il répète les expressions du Roi de Prusse disant que Rottembourg fit faire les premières insinuations d'alliance par le maréchal de Richelieu et la duchesse de Châteauroux.]

[458: La coopération de Frédéric n'était pas aussi désintéressée qu'elle apparaît dans le récit fait par Richelieu à Besenval. Avant de partir de Berlin, Rottembourg, étant venu sonder Valori, sur les dispositions du ministère français à l'égard du Roi de Prusse, l'avait prévenu qu'il fallait du grain à son oiseau, ajoutant: «Qu'est-ce que vous voulez lui donner?» (Mémoires et négociations du marquis de Valori, ambassadeur de France à la cour de Berlin, Paris, 1820. T. I.]

[459: Mémoires du baron de Besenval. Baudouin frères, 1821. T. I.]

[460: Quand la présence de Rottembourg fut connue à Paris, il fit habilement répandre le bruit qu'il n'était chargé d'aucune négociation, mais qu'il était venu pour se faire soigner de la blessure qu'il avait reçue à la bataille de Molivitz.]

[461: Correspondance du cardinal de Tencin et de madame de Tencin avec le duc de Richelieu, 1790.]

[462: Le maréchal de Belle-Isle, alors en disgrâce, mais qui disait que la faveur d'un homme comme lui repoussait comme la barbe, et pour lequel, nous l'avons dit, Frédéric avait la plus grande estime, était le collaborateur de Rottembourg dans le projet du traité.]

[463: Correspondance du cardinal de Tencin et de madame de Tencin avec le duc de Richelieu, 1790.—Flassan, dans son Histoire de la Diplomatie française dit que le traité fut signé le 5 juin.]

[464: D'Argenson dit que Rottembourg venu en France pour traiter secrètement de la nouvelle alliance du Roi de Prusse, demanda dans ses entrevues avec la duchesse et Richelieu, comme condition du traité de juin 1744, le renvoi d'Amelot et que cela s'exécuta deux jours après.]

[465: Richelieu poussa très-vivement au renvoi du ministre, disant que faire chasser Amelot, c'était toujours _crever un œil à Maurepas.]

[466: Chronique du règne de Louis XV. Revue rétrospective, t. V.—Aux Archives nationales, dans les Monuments historiques, carton K, 138, existe un long mémoire manuscrit sur l'administration d'Amelot qui se termine triomphalement par ces lignes: «Si l'on rapproche et le peu de durée de son ministère (1737-1744) qui ne fut que de sept ans, et la multitude et l'importance des révolutions qu'il dirigea, on conviendra qu'il étoit difficile d'exécuter de si vastes projets en si peu de temps. Reculer nos frontières et ajouter une province au Royaume, donner des états à un Roi détrôné, placer sur le premier trône du monde un prince faible, sans argent et presque sans armée, assurer au légitime possesseur une succession disputée par des puissances redoutables, rétablir la paix entre trois empires, soumettre à une république orgueilleuse des insulaires jusqu'alors indomptables, abaisser du moins pour un temps la maison d'Autriche, et mettre, pour ainsi dire, la dernière main à l'ouvrage de Richelieu…»]

[467: C'était de lui dont Louis XV parlait, décidé qu'il était déjà à reprendre la direction de la politique étrangère.]

[468: Correspondance de Louis XV avec le maréchal de Noailles, par C. Rousset, Didier, 1869. Introduction.]

[469: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.]

[470: Mémoires de d'Argenson, t. IV.—Barbier rapporte un bruit qui courait à Paris sur la cause de la démission d'Amelot: «On dit à présent, comme chose sûre, que le déplacement d'Amelot vient de ce que le Roi de Prusse avant de nous abandonner en Bohême, ce qui a passé pour trahison, avait écrit au Roi trois lettres que le cardinal Fleury avoit reçues et tenues secrètes et dont il avoit défendu à M. Amelot de parler au Roi, et que le Roi de Prusse, piqué de ne pas recevoir de réponse, avait pris son parti. Cela s'est découvert. Le comte de Rottembourg, envoyé extraordinaire du Roi de Prusse, en a montré au Roi les copies. M. Amelot a été obligé de convenir du fait, et que, sur ses excuses, le Roi lui a demandé de qui il était ministre, du Cardinal ou de lui.» Amelot sortait du ministère fort pauvre, n'ayant que 1,000 écus de rente et 18,000 de sa femme; il avait dépensé 30,000 livres de rente qu'il devait avoir à la mort de son père pour faire honneur à l'état de ministre.—Au fond, cette démission d'Amelot effrayait tous les ministres et le comte d'Argenson disait au marquis: «Croyez que ceci est la destruction du ministère; que ce sont les cabinets, les Noailles, M. de Richelieu et la maîtresse qui veulent nous détruire pour régner, et ils nous traitent comme vous voyez.»]

[471: Le duc de Luynes nous apprend qu'après la mort de madame de Châteauroux, Frédéric fit demander par M. de Courten le portrait de la favorite à d'Argenson qui le lui envoya.]

[472: Œuvres de Frédéric II. Berlin, Decker, 1854. T. XXV, p. 562.]

[473: Œuvres de Frédéric. Berlin, Decker, 1854, P. 561.]

[474: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux adressées au maréchal de Noailles. Bibliothèque nationale, département des manuscrits (Supp. français 1234. Recueil de lettres autographes du dix-huitième siècle). Cette correspondance, publiée pour la première fois par nous dans les Maîtresses de Louis XV, on la retrouvera ici dans le corps du volume et dans l'appendice.]

[475: Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, par C. Rousset. Didier, 1869. T. I.—La lettre est datée du 11 septembre 1743.]

[476: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux au maréchal de Noailles. Bibliothèque nationale, département des manuscrits(Supp. français n° 1234).]

[477: Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, par C. Rousset, t. II.]

[478: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[479: Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, par C. Rousset. Didier, 1869. T. II.]

[480: Mémoires du duc de Luynes, t. V.—Pierre Narbonne, le premier commissaire de police de Versailles, nous a laissé un curieux récit de ce départ d'un Roi de France pour la guerre. Je le donne ici en note:

«Le Roi partit de Versailles pour se rendre à l'armée de Flandre, le dimanche 3 mai, à trois heures un quart du matin. Il sortit de sa chambre pour aller à la chapelle faire sa prière et adorer le Saint-Sacrement. Il descendit par le petit escalier de la chapelle et monta dans une calèche avec le duc d'Ayen, fils de M. le maréchal de Noailles, faisant les fonctions de capitaine des gardes, le marquis de Beringhen, premier écuyer, et le marquis de Meuse.

«L'escorte était composée d'officiers aux gardes et de vingt gardes.

«La chaise de poste du Roi suivait. Il y avait dans le coffre de cette voiture deux millions en or.

«Venaient ensuite une cantine et un fourgon sur lequel il y avait des roues, cordages, essieux et autres ustensiles pour servir au besoin.

«Sur les quatre heures, le Roi fut rencontré à Sèvres suivi de sa chaise de poste, dans laquelle il n'y avait personne, et de onze autres chaises. Il passa à la Muette ou il entendit la messe et en partit pour aller droit à Péronne, à 31 lieues de Paris, où il doit rester jusqu'au mardi 5 mai.

«Sa Majesté, qui devait partir incognito et n'emmener personne, a changé d'opinion.

«Le reste de sa maison militaire comme gardes du corps, gendarmes, chevau-légers et mousquetaires, quatre-vingts suisses, gardes de la porte, la prévôté de l'hôtel, vingt-quatre pages de la grande et petite écurie, vingt-quatre valets de pied, ont ordre de partir depuis le lundi 4 jusqu'au samedi 9 mai. Il y aura aussi un détachement de la bouche et autres offices du Roi.

«On dit que les bureaux de la guerre se tiendront à Lille.

«M. d'Argenson, ministre de la guerre, était parti dès la veille du départ du Roi.

* * * * *

«La veille de son départ (2 mai), le Roi écrivit une lettre à Mgr l'Archevêque de Paris pour ordonner des prières publiques et pour demander à Dieu la prospérité de ses armes.

«Le 3 mai parut un mandement de Mgr l'Archevêque, portant que l'on ferait des prières de quarante heures qui commenceraient à Paris le 6 mai et continueraient les deux jours suivants, et que jusqu'au retour du Roi, on ferait des processions les dimanches et fêtes entre vêpres et complies.

«Les prières de quarante heures commencèrent à Versailles, le dimanche 10 mai. La Reine vint à la grand'messe, puis à vêpres et au salut avec Mgr le Dauphin et Mesdames de France. Le lundi et le mardi, la Reine vint seule au salut; le mardi, elle suivit avec toutes ses dames la procession derrière le Saint-Sacrement.»]

[481: Journal de Barbier, édition Charpentier, t. III.]

[482: Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, par C. Rousset. Introduction.]

[483: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[484: Le Roi abandonnait la campagne commencée pour aller recevoir sa maîtresse à Lille et tout en écrivant au maréchal de Noailles: «Quoiqu'il fasse très-beau et bon ici, je suis tout prêt à partir aussitôt que ma présence pourra être de la plus petite utilité…» Louis XV ne se pressait pas de retourner au siège.]

[485: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VII.]

[486: Mémoires de d'Argenson. Édition de Renouard, t. IV.—La nouvelle est donnée par d'Argenson à la date du 5 mai; aussi ne faut-il regarder la lettre de la duchesse datée du 11 mai, que je donne dans l'appendice, et où elle se lamente d'être menacée de ne pas voir le Roi pendant cinq mois, que comme un moyen d'intéresser à son départ le maréchal de Noailles. Du reste, il n'est pas impossible que l'appel par le Roi de sa maîtresse, qui devait presque aussitôt son départ se rendre de Plaisance à Séchelles et de Séchelles à Lille, ait été retardé par des causes inconnues. Il avait été question au mois d'avril d'un mode de rapprochement abandonné depuis. La duchesse devait aller prendre les eaux à Saint-Amand, et la comtesse de Toulouse avait envoyé plusieurs chariots pour meubler un de ses châteaux de la Flandre, où la maîtresse de Louis XV aurait été à portée du camp et du quartier du Roi.]

[487: Richelieu, usant de son ascendant sur son ancienne maîtresse, l'avait décidée à ce voyage dans l'intention de donner un illustre cortège à la duchesse.]

[488: Madame de Châteauroux avait une certaine inquiétude de ce voyage de la vieille princesse, d'après les secrets motifs que les bruits de la cour et les communications de madame de Tencin prêtaient à ce voyage. Suivant une lettre de Mademoiselle écrite à M. de Langeron, un objet qui tenait plus à cœur à la princesse de Conti, que la chute de son gendre et la grossesse de sa fille, était un renversement du ministère suivi du retour de Chauvelin. On lui attribuait encore la pensée de donner sa fille au Roi pendant l'absence de la duchesse de Châteauroux.]

[489: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[490: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.—«Madame de Flavacourt, sœur de madame de Châteauroux, dit d'Argenson à la date du mois d'avril, belle, mais fausse, avec peu d'esprit ni de naturel, a été lorgnée par le Roi et y a répondu; il a été question d'un marché à l'imitation de sa sœur. Elle a voulu pour première condition que l'on renvoyât sa sœur, le Roi a craint que cela donnât une nouvelle scène au public et les grands frais d'une maîtresse nouvelle déclarée, de sorte que la première personne à qui il a été le dire c'est à madame de Châteauroux. Sur quoi elle a dit: Sire, vous me chasserez, si vous voulez, mais je commence par vous demander ou que cela soit sur-le-champ, ou que ma sœur le soit; et sur cela il a été déclaré que ladite sœur de Flavacourt ne serait plus des cabinets, ni de la Muette, ni de Choisy.]

[491: «Je crois aussi que M. de la Rochefoucauld mettra le peu qu'il sait en usage pour faire réussir la Flavacourt. Elle est très-engraissée et, par conséquent, embellie. Elle paraît de la plus grande gaieté. La Reine l'accable de caresses. Tout cela marque du moins des espérances.»]

[492: La préférence donnée par le Dauphin à la figure de madame de Muy, la plus laide de toute la cour, sur la figure de madame de Flavacourt, amusait un moment tout Versailles.]

[493: Dans une lettre du 19 juin 1744 adressée à Richelieu, madame de Tencin écrit: «… Voici dans la plus grande exactitude tout ce qui s'est passé à ce sujet. On vient de dire à mon frère, de la part de l'homme que vous savez, que la Flavacourt écrivoit au Roi, que les lettres étoient sous l'enveloppe de Lebel, que comme les lettres étoient adressées au Roi, on n'avoit osé les décacheter, mais qu'on connoissoit le caractère. La chose nous parut si importante que nous ne nous tînmes pas à ce premier avis. On renvoya celui qui l'avoit donné faire de nouvelles questions; on le pria de bien examiner la chose, il répondit: qu'il ne pouvoit s'y méprendre, qu'il connoissoit parfaitement le caractère des trois sœurs et leur cachet (je vous rapporte ses propres termes); qu'il étoit sûr que les lettres pour le Roi adressées à Lebel étoient de madame de Flavacourt; qu'il y en avoit eu de Versailles et de Paris et qu'à vue de pays il pouvoit y en avoir dix ou douze depuis ce premier avis… Voilà l'homme qui vient encore de voir celui qui a vu les lettres et qui lui avoit dit de la part de mon frère qu'il s'étoit trompé, et que madame de Flavacourt n'avoit point écrit: il a soutenu qu'il ne s'étoit pas trompé, qu'il était sûr de ce qu'il avoit dit…»]

[494: «… Je parle d'abord de la lettre de madame de Lauraguais, et puis de quelque chose de plus intéressant, c'est d'une conversation de la Reine et de madame de Flavacourt. La Reine lui a dit que le Roi l'avait lorgnée à son souper. Elle ajouta qu'elle n'avoit pas de meilleure amie qu'elle, et qu'elle voulait être sa confidente. La Flavacourt répondit qu'elle lui diroit tout; que, si la chose arrivoit, elle ne se livreroit que par crainte, n'ayant aucun goût pour le Roi; mais qu'elle ne vouloit pas être chassée de la cour et se trouver encore dans la nécessité de vivre avec son mari.»]

[495: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.]

[496: Ibid.Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VI.]

[497: Le samedi 16 mai la princesse de Conti demandait à la Reine une audience dans laquelle elle lui faisait part du projet de son voyage, lui en expliquant les motifs, lui demandant son agrément. La Reine qui désapprouvait fort le voyage, lui disait fort honnêtement que cela ne la regardait en aucune manière et que la princesse n'avait besoin d'aucun agrément. Là-dessus la princesse de Conti faisait allusion aux discours qu'on tenait dans le public, déclarait qu'ils n'avaient aucun fondement, et qu'elle ne menait point avec elle mesdames de Châteauroux et de Lauraguais, ajoutant, qu'il n'y avait eu aucune proposition faite de sa part, ni de celle de ces dames, ni rien de concerté ensemble. Les deux princesses partaient le 29 mai, laissant le public assez étonné de ne pas voir les deux sœurs profiter de leur départ pour se rendre en Flandre.]

[498: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t VII.]

[499: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[500: Madame de Rubempré étant allée, la veille du départ de ces dames, coucher à Plaisance, elles lui proposèrent de l'emmener avec elles en Flandre; l'arrangement ne put se faire sur-le-champ, mais madame de Rubempré promit d'y aller, et, dit de Luynes, elle est partie ou part ces jours-ci.]

[501: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[502: De Meuse n'était que malade. Il jouera bientôt un rôle dans la maladie de Metz, un rôle de dévouement pour la femme, qui dans les premiers temps de sa faveur ne pouvait le souffrir, mais semble, à l'heure présente, être prise d'un commencement d'attachement pour le vieux familier de Louis XV.]

[503: Les frères Salles, hommes d'affaires auxquels s'intéresse la duchesse de Châteauroux, et dont parle très-souvent madame de Tencin dans ses lettres.]

[504: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[505: Le maréchal de Coigny commit de grandes fautes dans cette affaire. Il laissa passer par surprise une armée de 60,000 hommes sur quatre points différents, et ne l'apprit que le lendemain au soir. M. de Coigny était âgé et atteint d'une rétention d'urine.]

[506: Le Roi quittait Dunkerque le 19 juillet.—Louis XV part en lançant cette phrase qui promettait: «Je sais me passer d'équipage, et, s'il le faut, l'épaule de mouton des lieutenants d'infanterie me nourrira parfaitement.»]

[507: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[508: En mourant, la duchesse de Châteauroux dira qu'elle a été empoisonnée dans une médecine à Reims.]

[509: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[510: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, t. VIII.—«La maison habitée par la duchesse de Châteauroux était la maison abbatiale du premier président. Il y eut trois galeries en planches de faites dont la troisième sur la rue scandalisa le peuple, l'usage en étant bien marqué.» (Mémoires du duc de Luynes, t. VI.)]

[511: La Remarquable histoire de la vie de la défunte Anne-Marie de Mailly, duchesse de Châteauroux… publiée en allemand en 1746, parle d'un assez bizarre cadeau offert par les juifs de Metz au Roi, qui en fit hommage à la duchesse de Châteauroux. «Ils firent faire, dit l'écrivain allemand, un précieux melon en or et l'offrirent au Roi. La tige de ce melon était garnie de diamants, et l'intérieur au lieu de pépins était rempli de petits diamants et de pierres précieuses. La valeur de cet objet fut estimée à dix mille pistoles. Le Roi accepta gracieusement ce cadeau qu'il ne crut pouvoir mieux utiliser qu'en le donnant à la duchesse de Châteauroux qui trouva ce don fort agréable.»]

[512: Cette maladie de Metz sauvait le prince Charles dont l'armée allait être prise ou détruite. Le maréchal de Noailles qui écrivait au Roi, de Schelestadt à la date du 9 août: «Je suis dans une véritable inquiétude de savoir Votre Majesté incommodée et d'être hors de portée de savoir de ses nouvelles à tous moments… Mon tendre et inviolable attachement pour la personne de Sa Majesté ne me laissera aucune tranquillité que je ne la sache entièrement rétablie»; le maréchal de Noailles, le vieux courtisan, aura, tout le temps que la vie du maître est en danger, l'attention si bien tournée vers la chambre du Roi, et sa vigilance se trouvera tellement distraite des mouvements de l'ennemi par la lutte du parti de la Tournelle et du parti des princes du sang, que lorsqu'il combinera son mouvement d'enveloppement, le prince Charles aura déjà passé le Rhin, à la barbe de l'armée française, et marchera par la Souabe sur la Bohême menacée. Le maréchal n'aura que le très-médiocre avantage de battre dans deux combats, une arrière-garde sacrifiée à dessein. Sur cette faute militaire, l'envoyé prussien, M. de Schmettau, éclatait en reproches contre l'ami de la ritournelle, contre le maréchal de la maîtresse chassée, si bien qu'un moment on le faisait responsable de l'atteinte portée à la vie du Roi par ce voyage de Dunkerque à Metz entrepris par son conseil, sous l'influence mortelle de chaleurs caniculaires. Dans ces circonstances, le maréchal demandait une entrevue au Roi qui lui répondait cette lettre amicale où l'on peut voir au fond un congé donné à l'homme de guerre: «Metz, ce 30 août 1744.—Je serai ravi de vous revoir, monsieur le maréchal, vous me trouverez avec bien de la peine à revenir, il est bien vrai que c'est de la porte de la mort. Ce n'a pas été sans regret que j'ai appris l'affaire du Rhin, mais la volonté de Dieu n'était pas que j'y fusse, et je m'y suis soumis de bon cœur, car il est vrai qu'il est le maître de toutes choses, mais un bon maître. En voilà assez, je crois, pour une première fois.» La petite cour de Metz était dans l'attente de l'entrevue. Le maréchal se rendait chez le Roi sur les huit heures, Sa Majesté jouait, le maréchal mettait un genou en terre et lui baisait la main avec effusion, le Roi lui disait: «Vous voyez, monsieur le maréchal, un ressuscité,» et il n'était question de rien de particulier. Depuis cette visite, dix jours se passaient sans que le maréchal pût travailler avec le Roi; et il voyait, lui, le général en chef de l'armée d'Alsace, les troupes menées au siége de Fribourg par le maréchal de Coigny, et quand il demandait au Roi s'il aurait l'honneur de l'accompagner, Louis XV lui disait assez sèchement: «Comme vous voudrez.»]

[513: Le bruit courut que, cette nuit, Richelieu avait enfermé le Roi avec les deux sœurs.]

[514: Pendant la convalescence de Louis XV, la Peyronie interrogé par le duc de Luynes sur ce qu'il pensait de la maladie du Roi, lui répondit: «que le Roi, dans l'état ordinaire de bonne santé, étoit dans l'usage d'aller deux fois par jour à la garde-robe et abondamment; que plusieurs jours avant, continuant à toujours manger de même, il n'alloit plus que rarement et que peu à la fois, ce qui avoit formé un amas considérable de matières qui avoient reflué dans le sang; qu'outre cela il croyoit qu'il avoit eu un coup de soleil, ce qui paroissoit démontré par une douleur fixe qu'il avoit dans un côté de la tête, et très-vive que le Roi a eue pendant toute sa maladie, ce qui donnoit avec raison les plus grands sujets d'inquiétude. La Peyronie m'a ajouté qu'à ces deux accidents il croyoit qu'il s'étoit joint un peu de fièvre maligne, qui cependant n'étoit pas accompagnée de tous les symptômes ordinaires de cette fièvre.»]

[515: Il n'y avait à Metz de princes du sang que le duc de Chartres, le comte de Clermont, le duc de Penthièvre, et encore ce dernier, convalescent de la petite vérole, ne pouvait-il sortir de sa chambre.]

[516: À quelques temps de là on chantait à Paris sur l'air des Pendus une chanson faite sur leur confrère par des médecins.

     Or, écoutez petits et grands,
     L'histoire du chef des merlans,
     Qui s'est joué, l'infâme traître,
     Des jours de son Roi, de son maître,
     Et faillit à nous perdre tous
     Pour complaire à madame Enroux.
]

[517: Malgré le désir qu'avait le Roi d'avoir les soins de Dumoulin qu'il avait demandé dès le 9, malgré l'impatience de son arrivée, ce ne fut que le 13 qu'on lui envoyait un courrier et il n'arrivait à Metz que le dimanche 16.]

[518: Fragment des Mémoires de madame la duchesse de Brancas. Lettres de Lauraguais à madame ***. Buisson, 1802.]

[519: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.]

[520: Ibid., t. VI.]

[521: D'après la Vie privée de Louis XV qui l'a emprunté aux Amours de Zeokinizul roi des Kofirans, le comte de Clermont aurait enfoncé le battant de la porte d'un coup de pied, en adressant à Richelieu: «Quoi! un valet tel que toi, refusera la porte au plus proche parent de ton maître!»]

[522: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.]

[523: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VII.]

[524: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, t. VIII.—Dans le récit de la maladie de Metz où Soulavie tire tous ces détails du duc de Luynes, il ne raconte pas cette conférence entre la favorite et le P. Pérusseau d'après les mémoires du duc. Le courtisan chroniqueur dit en effet seulement ceci: «On prétend que le mardi ou le mercredi, madame de Châteauroux et M. de Richelieu voyant le danger où étoit le Roi, avoient parlé au P. Pérusseau pour tâcher d'user de ménagement pour elle, s'il étoit question de confession, madame de Châteauroux lui ayant donné parole positive qu'elle ne rentreroit plus dans la chambre du Roi pendant sa maladie et qu'elle ne reverroit jamais le Roi qu'en qualité d'amie. Je ne suis point du tout certain de ce fait. On ajoute que la proposition ne fut point agréée par le P. Pérusseau, et cela est aisé à croire.»]

[525: Le 11, la Peyronie avait parlé à M. de Soissons du danger où se trouvait le Roi, mais le mercredi, quoique l'état fût aggravé, il lui disait que rien ne pressait.]

[526: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie. Buisson. 1793, t. VI.]

[527: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.]

[528: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.—Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie. Buisson, 1793.—Presque aussitôt l'expulsion des deux sœurs, M. de Soissons donnait l'ordre, malgré la solennité de la fête du lendemain, de détruire la galerie qui conduisait madame de Châteauroux chez le Roi, et cette destruction fut menée avec tant de diligence que le samedi à l'heure que tout le monde se réveilla, il n'y avait plus vestige de galerie. «Les bois, dit de Luynes, étoient enlevés, les murs reblanchis, de manière que ceux qui l'avoient vue la veille et les jours précédents pouvoient croire s'être trompés.» Devant le pouvoir pris par M. de Soissons sur l'esprit du Roi la valetaille murmurait: «Notre bon maître va donner à présent son royaume à M. de Fitz-James, s'il le lui demande pour son salut.»]

[529: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.—Bouillon écrivait aussitôt à la Reine, il lui disait: que son respect et son attachement pour elle, et le devoir de sa charge ne lui permettaient pas de lui laisser ignorer l'état où se trouvait le Roi, que la nuit avait été fâcheuse, la matinée peu consolante, que le Roi avait eu des agitations si violentes pendant la messe qu'il avait demandé aussitôt le Père Pérusseau, qu'il s'était confessé avec beaucoup d'édification, qu'il devait recevoir le viatique le soir de ce même jour. Avec la lettre de Bouillon, arrivait un courrier de d'Argenson qui disait à peu près les mêmes choses que le chambellan du Roi, et annonçait à Marie Leczinska que Louis XV trouvait bon que la Reine s'avançât jusqu'à Lunéville, M. le Dauphin et Mesdames jusqu'à Châlons. Le lendemain, la Reine partait à sept heures du matin pour Metz, où elle arrivait le lundi à onze heures. Le Roi qui dormait, s'éveillait, l'embrassait, lui demandait pardon des peines et des chagrins qu'il lui avait donnés. Le rapprochement entre les deux époux durait bien peu de temps. À quelques jours de là, lorsque le Roi était rétabli, elle lui demandait de permettre de le suivre à Saverne, à Strasbourg, il lui répondait froidement: «Ce n'est pas la peine,» et sans vouloir plus longtemps l'entendre allait faire la conversation avec les gens qui étaient dans la chambre.]

[530: Mémoires de Maurepas, t. IV.]

[531: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, par Soulavie, t. VII.]

[532: Journal de Barbier, édition Charpentier, t. III.—Le Roi avait huit aides de camp, tous maréchaux de camp qui étaient M. le marquis de Meuse, lieutenant-général, le duc de Richelieu, le duc de Boufflers, le duc de Luxembourg, le prince de Soubise, le duc d'Ayen, le duc de Picquigny et le duc d'Aumont. D'après la Vie privée de Richelieu, le duc aurait reçu le jour où il fut administré, une lettre anonyme dans laquelle on l'engageait à quitter Metz, sa vie courant des dangers. D'Argenson le poussait pour sa sûreté aussi à retourner à Paris, l'avertissant, en ami, qu'il avait entendu dire que M. de Soissons, qui devait administrer le Roi, avait projeté de s'adresser personnellement à lui, pour lui reprocher publiquement d'être la cause du désordre de ce prince. Mais Richelieu qui se défiait de d'Argenson persistait à rester.]

[533: Dans le premier moment de leur disgrâce, les deux sœurs n'auraient pas trouvé dans les écuries du Roi un officier qui voulût leur donner une voiture pour les soustraire au peuple ameuté. C'était M. de Belle-Isle qui leur prêtait un carrosse avec lequel elles sortaient de la ville, et attendaient dehors avec mesdames de Bellefonds, du Roure, de Rubempré, leurs voitures. Elles avaient reçu un premier ordre de d'Argenson qui leur ordonnait de se retirer à quatre lieues de Metz sans désignation d'endroit; sur une indication de Belle-Isle, elles s'étaient rendues dans un château d'un président de Metz qui n'était pas meublé. La nuit suivante, à deux heures du matin, elles recevaient un nouvel ordre de continuer leur voyage. Avec cet ordre était arrivé un courrier de cabinet qui avait la prescription de leur faire éviter la rencontre de la Reine, de M. le Dauphin, de Mesdames; et le duc de Luynes les rencontrait à Sainte-Menehould courant à trois berlines et ayant fait déjà plusieurs détours à cause du changement de route de la Reine.]

[534: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.—La nuit du vendredi au samedi 15 août était encore plus mauvaise que toutes les nuits précédentes et l'on s'attendait à tout moment à apprendre la mort du Roi. Dans le cabinet du maréchal de Belle-Isle qui se trouvait au-dessous de la chambre de Louis XV, l'on n'entendait pas remuer que l'on ne crût que c'était le dernier moment de Sa Majesté. D'Argenson avait donné l'ordre d'emballer ses papiers, le duc de Chartres faisait atteler sa chaise de poste pour se rendre à l'armée du Rhin. À six heures du matin, on appela les princes pour assister aux prières des agonisants, et depuis six heures jusqu'à minuit Louis XV tomba dans une espèce d'agonie. Le nez du Roi enflait, ses yeux changeaient, sa poitrine s'emplissait… Les médecins avaient perdu la tête, et le mourant était abandonné aux empiriques. Un chirurgien d'Alsace, nommé Moncerveau, qui vivait à Metz, lui donnait une dose d'émétique qui amenait une évacuation et un soulagement. La nuit du dimanche au lundi était encore terrible, et le lundi matin, le chapelain qui lui portait, après la messe, le corporal à baiser était effrayé de l'immobilité du Roi. Un mieux cependant se produisait vers le 17. Le 23, Dumoulin déclarait que le Roi était hors de danger, et le 26 comme première marque de convalescence on lui faisait la barbe et on lui donnait du pain dans du bouillon.]

[535: Les deux sœurs quittaient Metz le 14 août et arrivaient le 20 août à Plaisance, où elles séjournaient avant leur rentrée à Paris.]

[536: «Dumoulin, disent les Mémoires de Maurepas, qui est arrivé à midi et demi (dimanche 16), l'a trouvé bien: il a même dit au Roi qu'il aurait part aux bénéfices sans en avoir eu les charges; en lui tâtant le ventre, il lui a dit: Votre Majesté a le ventre d'une fille, il est dans un état qui tend à sa convalescence.»]

[537: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[538: Malgré toutes les précautions prises pour que la Reine et la favorite ne se rencontrassent pas, de Luynes dit qu'elles se croisèrent à Bar-le-Duc.]

[539: On voit que la duchesse de Châteauroux est toujours préoccupée d'être remplacée par sa sœur, madame de Flavacourt. La voiture de la duchesse s'était, en effet, croisée avec la voiture de la Poule. Madame de Flavacourt avait si bien supplié la Reine de l'emmener, que celle-ci avait maladroitement cédé. Cependant, dans les premiers jours, la Reine empêchait madame de Flavacourt de monter chez le Roi. Le 6 septembre, premier jour de la semaine de madame de Flavacourt, la Reine ne paraissait pas au dîner du Roi, pour que la sœur de madame de la Tournelle n'apparût pas aux yeux du Roi, au grand jour et toute seule. Elle n'entrait que le soir avec toutes les autres dames, à l'heure du souper. Mais le Roi chez lequel on craignait une émotion, un ressouvenir des deux sœurs ne laissait rien apparaître. Toutefois, soit la connaissance du blâme général pour sa complaisance, soit la gêne que mettait la sœur des deux favorites dans la petite cour groupée autour du convalescent, la Reine, lors de son départ pour la cour de son père, disait assez sèchement à madame de Flavacourt qu'elle ne pouvait la ramener et la laissait regagner Paris à ses frais et à sa guise.]

[540: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[541: Vie privée de Louis XV. Londres, 1785, t. II.—Les amours de Zéokinizul, Roi des Kofirans. Amsterdam, 1747.—À la Ferté-sous-Jouarre, où les deux sœurs furent reconnues, les paysans, sans l'intervention d'un notable du pays, brisaient les voitures et mettaient en pièces les deux favorites.]

[542: Il s'agit du projet de son voyage à Strasbourg. La Reine demandait à suivre le Roi qui, endoctriné par Richelieu, refusait sa demande presque impoliment.]

[543: D'Argenson qui, au dire de Soulavie, lors de l'expulsion de la duchesse, lui avait adressé un geste de hauteur et de mépris, voyant l'amour renaître chez le Roi, cherchait à se rapprocher d'elle et de Richelieu.]

[544: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[545: Cette lettre que madame de Châteauroux voulait faire parvenir au Roi dans un moment favorable, ne lui était remise que le 10 octobre, dans son passage à Saverne pour se rendre au siège de Fribourg.]

[546: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.]

[547: Lettre de la duchesse de Châteauroux, publiée dans l'Isographie.—La voici toute entière:

_À Plaisance, 4 mai _1745.

_Vous ettes charmant, cher oncle, de me tenir parole et de me donner tous les jours des nouvelles du Roy. Je vous en ay une obligation que je ne peut vous dire. Cela augmenteroit, si cela etoit possible, l'amitié que j'ay pour vous. Je m'ennuye à périr, cela ne paroît-il pas le plus singulier du monde. Je ne reconnoit en moy ni madame de la Tournelle, ni madame de Châteauroux, je suis une étrangère pour moy. Cela ne fait pas une situation agréable au moins, cher oncle. Je ne sçay pas combien cette mauvaise plaisanterie durera, mais elle ne vaut rien du tout. Je vous écriré plus au long par le courrier; en attendant, je vous souhaite toute sorte de bonheur et de prospérité.

La D. de Châteauroux.

À Monsieur le duc de Richelieu à l'armée de Flandres._ (Collection d'Aimé Martin.)]

[548: Dans un journal de la campagne de Louis XV en 1744 ou mémorial essentiel pour rédiger l'histoire curieuse des intrigues, etc. publié dans les Mémoires de Maurepas, nous trouvons à la date du 19 septembre: «Le Roi dit du bien de Richelieu au maréchal de Noailles, afin qu'il revienne près de lui.» Il est un autre document plus significatif daté du lendemain et que nous trouvons aux Archives:

Aujourd'huy 20 septembre 1743. Le Roy étant à Metz et ayant accordé à la duchesse de Lauraguais une pension de 9,000 livres pour en jouir à compter du jour de son mariage et désirant lui donner un titre qui assure cette grâce, Sa Majesté a déclaré et déclare, veut et entend que ladite dame duchesse de Lauraguais jouisse, sa vie durant, de la somme de 9,000 livres de pension et qu'elle en soit payée par chacun an à commencer du 23 février 1743 sur ses simples quittances par les gardes du Trésor Royal présents et à venir… Registre du Secrétariat d'État. Registre O/1 88.]

[549: Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Collection Leber. Bibliothèque de Rouen.—Dans ce mois d'octobre, la duchesse de Châteauroux semble assurée de sa rentrée en faveur, et fait de la protection comme si elle était favorite. Voici une lettre de la fin du mois adressée à Richelieu:

_À Paris, ce 25 octobre.

Voilà un mémoire, cher oncle, qui vous expliquera ce que l'on désire de vous pour M. du Fesy, reellement si vous le pouves vous feré tres-bien, car il est bien facheux pour luy d'avoir manques l'affaire des postes et celle-cy le dédommageroit en quelques façons, enfin je suis chargé de vous presser très fort pour que vous luy accordies et je m'en acquitte. Par votre dernière lettre, je vous vois de très méchante humeur, et je ne peux pas dire que vous ayé tort, car tout ce qui vous est arrivée est fort désagréable et je l'ay senty je vous assure encore mieux que vous. Mais pourquoy ne songerions nous a vous faire envoyer au devant de la dauphine, lon dit que la commission est encore plus honorable que l'autre, j'en parlé hier avec le cardinal de Tencin qui aprouva mon idée; qu'en dite vous, si vous laprouviez nous chercherions les moyens de la faire parvenir jusqu'au roy, mais sur toute chose n'ayé pas l'air d'y songer et n'en parlé a personne, car si nous ne réussissons pas ce seroit encore pis, je voulois vous ecrire fort longuement aujourd'hui, mais j'ay été malade comme une bete toute ma journée de ma colique. Vous n'auré qu'un petit bonsoir, ce maudit siège (le siège de Fribourg) me fait trembler, je ne peut pas vous dire les inquietudes que vous me causè, car je regarderé comme une espèce de miracle si il y en a un de vous qui en revienne; vous scavez, cher oncle, comme je vous aime je vous assure que je ne suis point changé et qu'au contraire je vous aime si cela est possible encore davantage._ (Lettres autographes de la duchesse de Châteauroux. Bibliothèque de Rouen.]

[550: La lieutenance de Belle-Isle dont parle madame de Châteauroux, est la lieutenance générale de Pologne, qui lui avait été donnée par le Roi de Pologne le 1er octobre 1744.]

[551: Le chevalier de Grille cité fréquemment dans les lettres de madame de Tencin comme un ami intime de madame de Châteauroux.—Le duc de Luynes dit dans son journal, à la date du samedi 25 janvier: «On sut hier au soir ici que le Roi a donné à M. le chevalier de Grille la compagnie des grenadiers à cheval: Le chevalier de Grille est fort ami de madame la duchesse de Châteauroux et depuis longtemps.»]

[552: Le Roi arrivait à Paris le 13 novembre au soir, il entendait le 14 le Te Deum à Notre-Dame, le 16 il allait dîner à l'Hôtel de Ville, de là se rendait au Salut des Grands-Jésuites de la rue Saint-Antoine, puis parcourait toutes les illuminations de Paris jusqu'au bout de la rue Saint-Honoré. Soulavie qui a la spécialité des autographes suspects, cite une lettre de la duchesse de Châteauroux qui dit s'être mêlée à la foule pour voir le BIEN-AIMÉ, et avoir été arrachée de sa contemplation amoureuse par «Voilà sa p…» La lettre est-elle vraie, et l'injure a-t-elle été subie? Ce qu'il y a de certain, c'est que quelques jours après, sur la nouvelle de la reprise de la favorite par le Roi, il courait à la halle cette phrase pittoresque: «Il reprend sa guinche, eh bien! s'il retombe malade, il n'aura pas de nous un Pater.» La lettre donnée par Soulavie est redonnée dans la Vie privée de Richelieu au milieu d'un certain nombre de lettres de la duchesse de Châteauroux. Ces lettres, qui sont jointes à des lettres de Louis XV beaucoup plus incontestables, je ne les crois pas absolument fabriquées, et cependant je n'ai qu'une très-médiocre confiance dans leur parfaite authenticité, n'y retrouvant pas le ton hautain, les allures viriles, les expressions énergiques et triviales qui sont la signature des lettres de la collection Leber.]

[553: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.]

[554: Mémoires du duc de Richelieu, par Soulavie, t. VIII.]

[555: Fragment des Mémoires de madame de la duchesse de Brancas. Lettres de Lauraguais à madame ***. Buisson, 1802. Ce sont les seuls mémoires qui parlent d'une entrevue secrète à Versailles.]

[556: Mémoires du duc de Richelieu, par Soulavie, t. VII.]

[557: Mémoires de d'Argenson, édition Renouard, t. IV.]

[558: Narbonne, le commissaire de police de Versailles, raconte que le chancelier ayant conjuré M. de Châtillon en son nom et au nom de tout le royaume de ne pas emmener le Dauphin, avait fini par lui dire: «Monsieur, vous vous en repentirez»; à quoi, M. de Châtillon avait répondu qu'il prenait à son compte les suites de l'événement. Il avait ordre de ne s'avancer que jusqu'à Châlons, puis jusqu'à Verdun; mais ayant résolu dès Versailles de mener le Dauphin jusqu'à Metz, il passait outre, et le Dauphin arrivait à Metz le lundi à quatre heures. On ne jugeait pas à propos d'annoncer cette arrivée au Roi qui avait donné un ordre contraire. La fièvre du Roi était encore considérée comme ayant un caractère de malignité en même temps qu'on craignait une scène d'attendrissement pour son état de faiblesse. Ce n'était donc que le jeudi que l'on demandait au Roi s'il trouvait bon que le Dauphin vint à Metz et ce n'était que le lendemain vendredi que le Dauphin était censé arriver à Metz. Le Roi le voyait ce jour-là, et faisait une réception très-froide au prince et à son gouverneur.]

[559: Le Roi avait eu connaissance de cette correspondance par Vauréal, son ambassadeur en Espagne.]

[560: Le duc était déjà exilé. Le 10 novembre, avant l'arrivée du Roi à Paris, le duc de Châtillon recevait une lettre de cachet datée du 17 octobre, par laquelle le Roi lui ordonnait de se rendre dans ses terres et d'y rester jusqu'à nouvel ordre. Un ordre particulier portait que madame de Châtillon suivît son mari. L'exil du ménage n'était levé que dix ans après par la protection de madame de Pompadour.]

[561: M. de Balleroy, ancien gouverneur du duc de Chartres, et qui passait pour avoir composé le véritable discours que l'évêque de Soissons avait tenu contre la duchesse de Châteauroux, lorsque Louis XV avait reçu l'extrême-onction, avait été aussi exilé, le lendemain du jour où l'on avait connu l'exil du duc de Châtillon.]

[562: Fitz-James, l'évêque de Soissons détesté, était exilé dans son diocèse, non par lettre de cachet, mais verbalement. Lorsqu'il voulait revenir à la cour pour le mariage de la Dauphine, le Roi lui faisait dire que sa disgrâce était très-réelle. Plus tard, Louis XV s'opposait à sa promotion au cardinalat. Fitz-James s'en vengeait en continuant à entretenir le Roi de canons et de foudres vengeresses contre les rois adultères, et il avait beau jeu; Compiègne étant du diocèse de Soissons.]

[563: Louis XV ne sévit pas contre son confesseur Pérusseau, mais, en souvenir de la cruelle incertitude où il avait laissé madame de Châteauroux à Metz, il s'amusa à le tenir dans l'inquiétude d'un remplacement suspendu pendant de longues années sur sa tête.]

[564: La lettre de cachet adressée au duc de La Rochefoucauld était de la plus grande dureté. La voici: «Vous manderez à M. de La Rochefoucauld que je suis fort mécontent de sa conduite et qu'il reste à la Roche-Guyon jusqu'à nouvel ordre. Si cependant il a quelques affaires qui demandent sa présence à Paris, il m'en fera demander la permission; il ne pourra aller que de la Roche-Guyon à Liancourt et de Liancourt à la Roche-Guyon. Mandez-lui aussi qu'il se tient bien des propos dont je suis instruit et que l'on augmente.»]

[565: Quant au duc de Bouillon, il allait être envoyé non à Navarre, mais dans un château du duché d'Albret qui n'était pas habité depuis deux cents ans, quand madame de Lesdiguières qui était de ses amis et qui avait pour ainsi dire élevé la duchesse de Châteauroux, était avertie de l'ordre d'exil. Elle faisait prier madame de Châteauroux de passer chez elle, lui disait qu'il était honteux pour la gloire du Roi qu'il exilât un de ses grands officiers qui venait de lui montrer autant d'attachement dans sa grande maladie, et lui déclarait que, comme il ne dépendait que d'elle de faire changer cet ordre, elle ne lui pardonnerait jamais et ne la verrait de sa vie, si l'ordre n'était changé.» L'ordre ne fut pas donné.]

[566: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.—Cette lettre de madame de Châteauroux n'est pour ainsi dire qu'une reproduction du billet du Roi et du discours dicté par Louis XV à Maurepas.]

[567: Mémoires du duc de Luynes, t. I.]

[568: Ce billet, qui n'était que la répétition de celui dont madame de
Châteauroux avait envoyé un extrait dans sa lettre à madame de
Boufflers, courait, en copies manuscrites, le soir de ce jour, tout
Paris.]

[569: Mémoires du maréchal duc de Richelieu, vol. VII.]

[570: De Luynes affirme qu'elle prononça cette phrase, ou la phrase, «Cela est sans conséquence.»—Selon madame de Brancas, il n'y aurait eu d'autres paroles, entre la favorite et le ministre, que ces seuls mots: «Donnez-moi les lettres du Roi et allez-vous-en.» J'ai une plus grande confiance dans le récit du duc de Luynes, repris entièrement par Soulavie, récit que le duc semble tenir de Maurepas lui-même.]

[571: Le bruit courut que l'arrivée inopinée de Maurepas dans un temps critique avait amené une révolution qui avait entraîné la mort de la duchesse. De Luynes combat ce bruit. Il affirme que la duchesse n'avait point ses règles, au moment de la visite de Maurepas, qu'elle était, d'ailleurs avertie d'avance de la visite par le Roi; reconnaît qu'il est vrai qu'elle était dans son lit, le mercredi à six heures du soir, mais il nous apprend qu'elle sortit dans la soirée, pour aller chez mesdames de Lesdiguières et de Brancas. Ce fut seulement le lendemain, le jeudi 26, jour où elle devait signer le bail d'une maison dans le quartier de l'hôtel de feu madame la Duchesse, qu'elle tomba vraiment malade et fut saignée pour le première fois.]

[572: Mémoires du duc de Luynes, t. VI.]

[573: Le duc de Luynes affirme qu'elle n'avait pour toute fortune que 60 actions qui lui avaient été données au moment de son mariage par feu M. le Duc, qui se croyait son père. Le désintéressement des trois sœurs ne peut être nié. Madame de Mailly coûta très-peu de chose à l'État, madame de Vintimille ne voulut accepter que le nécessaire. Quant à madame de Châteauroux, avide de grandeurs et de dignités et même de revenus lui permettant de tenir un grand état de maison, elle n'eut point l'amour de l'argent de madame de Pompadour. Elle dédaigna les offres des hommes d'affaires, qui, pour une simple préférence, lui offraient des millions. Et Soulavie déclare avoir vu une lettre d'elle adressée à Richelieu, où elle traitait une de ces offres de grossièreté indigne.]

[574: Voici le récit que Soulavie et Boisjourdain donnent de cette entrevue: «Madame de Modène lui ayant dit que sa sœur, madame de Flavacourt, était venue pour la voir, madame de Châteauroux lui répondit: Ah! je suis bien fâchée qu'on l'ait laissée aller, pouviez-vous douter que je n'eusse eu grand plaisir à la voir? Madame de Modène lui répliqua: «Je suis bien charmée de votre façon de penser pour elle; car elle est là, et je ne savais comment vous l'annoncer». Elle la fit donc entrer et l'embrassa en lui disant: «Ma sœur, vous vous étiez retirée, pour moi j'ai toujours conservé pour vous les mêmes sentiments.» Madame de Flavacourt lui baisa les mains en fondant en larmes.—Une chose curieuse c'est que, malgré l'affirmation de Soulavie qui fait mourir la duchesse de Châteauroux dans les bras de madame de Mailly, la duchesse ne voulut pas recevoir sa sœur. Le duc de Luynes affirme que madame de Mailly, s'étant adressée inutilement à Vernage, se présenta plusieurs fois à la porte de sa sœur sans pouvoir être reçue.]

[575: L'auteur de la Vie privée de Richelieu donne à la date du 2 décembre une lettre de d'Argenson à Richelieu qui ne me semble pas fabriquée. La voici: «Je ne puis vous entretenir d'autre chose, Monsieur, que de l'inquiétude où nous met madame de Châteauroux… L'embarras de la tête qui subsiste est le plus terrible. Cependant elle répond juste à toutes les questions qu'on lui fait. Vernage assure même que dans cette maladie-ci qui est assez commune dans Paris, la plupart de ceux qui en reviennent ont eu des symptômes beaucoup plus forts que madame de Châteauroux n'en a eu jusqu'ici, qu'on ne devait pas même regarder l'affaire comme désespérée, si l'on voyait ce même accident augmenter. Les évacuations du ventre avaient bien été ces jours passés et il est fâcheux qu'elles aient été aujourd'hui moins abondantes. Cet accident cependant n'est pas décisif, et outre qu'après de grandes évacuations, il n'est pas étonnant qu'elles diminuent, vous pouvez vous souvenir que nous avons éprouvé les mêmes variations dans la maladie du Roi et il y a sans doute des moyens qu'on emploiera pour rendre la liberté au ventre.

«Voila donc quel est dans ce moment-ci le sujet de nos alarmes et désespérances, mais au milieu d'une pareille situation vous pouvez juger de celle du maître et de ceux qui lui sont véritablement attachés. Je ne puis vous exprimer à quel point je partage sa douleur pour lui, pour elle et pour tous ceux qui pensent comme nous. Je suis indigné de la joie interne et masquée des vilaines gens que je vois sans cesse autour de lui avec un dehors composé, qui jouissent de la peine de leur pauvre maître et qui désireroient bien la voir portée au dernier période. Dieu veuille que sa santé n'y succombe pas! Il a un visage qui fait trembler et il passe malgré cela une partie de la journée dans la représentation…»]

[576: À la date du 6 décembre, le nonce du pape Durini mandait à Benoit XIV: «La Châteauroux est pour ainsi dire dans un état complètement désespéré par suite d'une fièvre maligne accompagnée d'un transport au cerveau; le mal s'est déclaré le jour même où elle apprenait que le Roi la rappelait à la cour. On prétend que le Roi est venu la voir la nuit avant sa confession au P. Segau (Ségaud), jésuite de distinction. Elle a reçu depuis le viatique. Les médecins conservent donc bien peu d'espérance qu'elle puisse se rétablir» (Lettere di Mgr Carlo Durini arcivescovo di Rodi, nunzio apostolico in Parigi, al cardinal Valenti, secretario di stato per Benedetto XIV. Curiosità storiche raccolte da Felice Calvi. Milano, Antonio Valardi, 1878.)]

[577: Le Roi avait envoyé à la chapelle et à la paroisse faire part de son intention qu'il fût dit des messes pour demander à Dieu la guérison de madame de Châteauroux.]

[578: Barbier dit que toute la cour vint se faire inscrire à la porte de la duchesse où l'on donnait régulièrement le bulletin.]

[579: D'Argenson dit, à la date du 17 novembre, que sans cette fluxion la belle duchesse eût reparu au cercle de la Reine.]

[580: Mémoires du duc de Luynes, t. V.]

[581: Le Roi partait avec M. le Premier et M. d'Harcourt, capitaine des gardes en quartier. Il était si pressé de quitter Versailles que de Meuse qui n'était pas avec lui au moment où il prenait cette détermination ne pouvait arriver assez à temps pour monter en voiture avec lui et était obligé de le rattraper dans sa chaise. Là à la Muette le nonce du pape Durini dit qu'il ne discontinuait pas de pleurer, s'accusant de la mort de la duchesse et l'attribuant aux scènes de Metz. Il passait quelques jours complètement renfermé avec les amis particuliers de madame de Châteauroux: MM. d'Ayen, de Luxembourg, de Gontaut, de la Vallière et M. de Soubise accouru à la Muette. Il avait, dans sa douleur, plaisir à vivre seulement avec ceux qui lui parlaient de la morte et il nommait, pour le voyage de Trianon, mesdames de Modène, de Boufflers, de Bellefond, les trois femmes qui avaient vu madame de Châteauroux pendant sa maladie. Il avait envoyé un courrier à Richelieu qui tenait les États du Languedoc. Pendant le séjour de Trianon, le prince de Conti, qui avait été fort amoureux de la duchesse, étant arrivé un matin de fort bonne heure, le Roi le faisait entrer pendant qu'il était au lit, l'entretenait seul pendant toute une heure, lui parlant avec force larmes de cette femme qu'ils avaient tous deux aimée. C'était encore une entrevue pleine d'attendrissement que celle que le Roi avait au commencement de janvier avec madame de Lauraguais qui ne savait que depuis quelques jours la mort de sa sœur. Il lui prêchait la résignation, lui disant: «Madame, Dieu vous a frappée, il m'a frappé aussi; je croyais n'avoir qu'à désirer, mais Dieu en a disposé autrement. Il faut adorer sa main et se soumettre.» Puis, ce Roi en lequel la religion et le tempérament amoureux se livraient de continuels combats, envoyait ses soupers dans son appartement, lui donnait les loges de Nantes qu'aura plus tard madame du Barry, reprenait ses habitudes avec elle, en en faisant la maîtresse intérimaire entre madame de Châteauroux et madame de Pompadour.]

[582: Bois-Jourdain raconte que ce jour le Roi ne put soutenir la séance du Conseil jusqu'à la fin et dit à ses ministres: «Messieurs, finissez le reste sans moi.»]

[583: Le nonce du pape Durini écrit le 13 décembre: «Le mardi 8 courant, madame de Châteauroux mourut assistée par un religieux jésuite et donnant des signes de repentir, au milieu d'une chambre pleine de seigneurs de la cour selon l'habitude détestable de cette nation de mourir en public.»]

[584: La remarquable histoire de la vie de la défunte Anne Marie de Mailly, duchesse de Châteauroux, favorite de Louis quinzième, roi de France (publiée en allemand en 1746) donne à propos du testament de la femme, un détail sur l'achat de dentelles pendant la campagne de 1744 qui ne se trouve que là. Je crois n'avoir pas besoin de dire qu'il y a une grande exagération dans la note de l'écrivain allemand, enfin la voici telle qu'elle a été rédigée. «Par son testament elle (la duchesse de Châteauroux) institua la duchesse de Lauraguais héritière de ses meubles et objets précieux. Cela se monte à plusieurs millions entre autres pour un million de dentelles qu'elle avait achetées pendant son séjour en Flandres. Le duché de Châteauroux fait retour à la couronne; le roi a cependant ordonné de payer aux trois sœurs sur ce duché une rente viagère de 25,000 livres.»]

[585: Le P. Segaud qui l'avait assistée à ses derniers moments, racontait que l'entretenant de la confiance que nous devons avoir à la sainte Vierge, la duchesse lui avait dit que dans tous les temps elle avait porté sur elle une petite médaille de la sainte Vierge et qu'elle avait demandé deux grâces par son intercession: l'une de ne point mourir sans sacrements, l'autre de mourir le jour d'une des fêtes de la Vierge.]

[586: Madame la Dauphine, se trouvant très-bien le premier mercredi de février 1757, prenait sa tasse de chocolat d'habitude. L'instant d'après elle se trouvait mal; les syncopes, une perte effroyable survenaient… Tronchin appelé parlait d'une crise surnaturelle et madame Adélaïde lui administrait le contre-poison de madame de Verrue qu'elle tenait de la princesse de Carignan et qu'elle avait toujours dans les cassettes qui la suivaient. Par hasard, ce jour-là, madame Adélaïde qui préparait tous les jours le chocolat de la princesse ne l'avait pas fait. Beccari des petits appartements fut soupçonné; Dour, garçon d'office, lui avait vu apprêter la tasse de chocolat suspecte et avait dit qu'il ne comprenait pas comment il fallait autant de temps pour préparer une tasse de chocolat, et pourquoi on y faisait entrer autant d'ingrédients, des eaux qu'on tirait de divers flacons.]

[587: Aqua tofana.]

[588: L'Espion dévalisé. Londres, 1781.]

[589: De Luynes confirme les propos de madame de Châteauroux disant que pendant sa maladie elle avait été empoisonnée à Reims dans une médecine.]

[590: Madame de Brancas dit que Maurepas partit à midi de Versailles, qu'il ne fit que changer de voiture en arrivant chez lui, alla quelque part avant de se rendre chez madame de Châteauroux, chez laquelle il ne se rendit qu'à la fin de la journée, et elle se demande où il alla, avec qui il s'aboucha avant la visite. Elle ajoute qu'à peine la duchesse eut lu la lettre du Roi, elle sentit d'insupportables douleurs aux yeux et à la tête. Ce récit doit être accepté avec la plus grande défiance. La femme qui écrit cela ne dit-elle pas quelques lignes plus bas: «À peine le Roi sut-il la mort de madame de Châteauroux qu'il exila M. de Maurepas à Bourges.»]

[591: Mémoires de madame du Hausset, publiés par M. F. Barrière. Lettre adressée à M. de Marigny et qui s'est trouvée jointe au cahier du journal de madame du Hausset.—Richelieu et le bailli de Grille, l'intime ami de madame de Châteauroux, répétaient à tout le monde qu'elle était morte très-naturellement.]

[592: On adonné mille raisons à la mort de madame de Châteauroux. Nous avons déjà dit que le duc de Luynes rejette absolument comme cause de la mort de la duchesse une révolution morale survenant dans un temps critique; cependant un contemporain la fait mourir pour s'être dégarnie et baignée dans ce moment. Un petit livre rarissime, une espèce de continuation du pamphlet de mademoiselle Fauque, livre que je n'ai pas cité dans la bibliographie de madame de Pompadour et qui a pour titre: Mémoires pour servir à l'histoire de la marquise de Pompadour. (Londres, aux dépens du sieur Hooper, à la Tête de César, 1763), déclare que la duchesse de Châteauroux est morte des suites d'une tentative d'avortement.]

[593: Mémoires du duc de Luynes, t VI.—Il affirme qu'il y avait aussi un commencement d'inflammation d'un poumon.]

[594: Fragment des Mémoires de la duchesse de Brancas.—Lettres de Lauraguais à madame ***. Buisson, 1802.]

[595: Le duc de Luynes dit au mois de décembre 1743: Madame de Mailly s'aperçoit présentement que l'aveuglement de sa passion «allait au point qu'il l'empêchait de sentir toute la dureté du caractère du Roi, quoiqu'elle ait pu le remarquer souvent et qu'elle l'éprouvât elle-même.» Et madame de Tencin, dans une lettre de 1744, parle d'une conversation de madame de Mailly qui lui fait dire fort injustement que l'ancienne favorite n'avait jamais aimé le Roi de bonne foi.]

[596: Chronique du règne de Louis XV, 1742-1743. Revue rétrospective, t. V.]

[597: Il semble toutefois en ces premières années de sa conversion que l'ancienne favorite n'était point encore maîtresse de ses ressentiments. Madame de Tencin parle d'une lettre de madame de Mailly adressée au duc de Charost au moment de la campagne de 1744, lettre dans laquelle elle lui demande si les vivandières suivraient l'armée; et à quelque temps de là elle faisait un portrait de sa sœur, la duchesse de Châteauroux, qu'elle terminait en disant qu'elle était «une sotte de premier rang». Lors de la maladie du Roi à Metz au mois d'août 1744, Barbier dit que madame de Mailly ne quittait pas les églises de Paris.]

[598: Chronique du règne de Louis XV. Revue rétrospective, t. V.—On parlait dans ce temps d'un projet que madame de Mailly avait de fonder une maison aux environs de Paris, où elle élèverait de jeunes personnes. M. de Noailles applaudissait à ce projet et devait demander l'autorisation du Roi.]

[599: Soulavie affirme tenir le fait du maréchal de Mailly.]

[600: Madame de Mailly mourait le 30 mars d'une fluxion de poitrine, le huitième jour de sa maladie, à l'âge de quarante et un ans. Elle était soignée avec une grande affection par son père qui l'aimait beaucoup. Madame de Pompadour dit dans une lettre à son frère: «La pauvre madame de Mailly est morte, j'en suis réellement fâchée; elle étoit malheureuse, le Roy en est touché. Dans une autre lettre adressée à la comtesse Lutzelbourg elle répète ses regrets presque dans la même phrase.—Voici l'extrait de Barbier à propos de sa mort: «Cette pauvre comtesse est morte à quarante et un ans… Le P. Boyer, ancien prédicateur de l'Oratoire, était mort aussi d'une fluxion de poitrine huit ou dix jours auparavant, ce qui avait d'autant plus frappé madame de Mailly, qu'il était dans son intimité ainsi que le P. Renault. Après les exercices de piété, ces gens-là ne se quittaient pas, mangeaient très-souvent ensemble et faisaient, dit-on, très-bonne chère, ce qui faisait même plaisanter quelquefois.]

[601: En décembre 1743, le duc de Luynes dit: «Les dettes de madame de Mailly ne sont pas encore payées à beaucoup près; on a retranché aux créanciers une partie de ce qu'ils demandoient, et on a payé un à-compte d'un sixième tout au plus; on veut encore faire de nouveaux retranchements, et le projet est à ce qu'il paroît de payer des à-comptes de temps en temps. Cet arrangement est présentement la seule chose qui fasse de la peine à madame de Mailly.» En 1751 le duc de Luynes ajoute que madame de Mailly avait su que plusieurs des marchands avaient perdu dans les accommodements qui avaient été faits.]

[602: Soulavie nous apprend que lors de la démolition du cimetière des Innocents en 1785, on trouva son cercueil, que sa famille fit transporter dans un nouveau cimetière hors les murs, où elle fut confondue avec tous les morts.]

[603: Ces deux lettres forment le complément de la correspondance de madame de Vintimille avec madame du Deffand, publiée dans la Correspondance inédite de madame du Deffand. Paris, 1809, t. 1.]

[604: Le comte du Luc, frère de l'archevêque de Paris et son beau-père, était mort quelques jours avant.]

[605: Correspondance inédite de la duchesse de Châteauroux avec le maréchal duc de Noailles à l'armée de Flandre, 1743-1744. (Bibliothèque Nationale. Manuscrits S. F. Recueil de lettres autographes, dix-huitième siècle.) Nous donnons ici les lettres que nous n'avons pas insérées dans le corps du texte.]

[606: Cette dernière lettre fait partie de la collection d'autographes de feu M. Chambry et m'a été communiquée par lui.]

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