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La lutte pour la santé: essai de pathologie générale

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TROISIÈME PARTIE



CHAPITRE I

LA PÉRIODE DE DÉCLIN

Nous avons à dessein placé dans l'étude de l'homme adulte la plus grosse part de nos considérations thérapeutiques, parce que, à vrai dire, c'est l'âge adulte qui est le plus intéressant au point de vue médical comme au point de vue social, et que c'est pendant cette période de la vie que le médecin peut faire le plus de bien au malade.

Au contraire, à partir du moment où l'être humain est arrivé au sommet de sa courbe évolutive, et, par conséquent, où il va décliner, l'importance des agents thérapeutiques se limite de plus en plus, jusqu'à aboutir à zéro quand l'homme arrive à la fin de sa carrière.

Dans les phases de la vie qui nous restent à étudier, la thérapeutique doit viser, avant tout, à éviter les dépenses de capital: mais son rôle pratique n'en reste pas moins très appréciable; et l'on ne sait pas assez combien une bonne direction médicale pourrait prolonger l'existence de l'homme arrivé à la période de déclin, voire même à une étape avancée de cette période.

Théoriquement, la période de déclin peut commencer le jour de la naissance. C'est ce qu'on observe chez les enfants qui n'ont pas la force de vivre, et qui meurent après deux ou trois jours. A l'extrême opposé, on voit des individus qui ne commencent à décliner qu'à un âge très avancé, ou encore dont la vie est brutalement interrompue, à un âge relativement avancé, par un accident, avant que ne soit survenu le commencement de la période de déclin. C'est que ces hommes à prodigieuse santé sont venus au monde avec un excellent capital initial, que leurs parents ont su améliorer pendant la première enfance, et qu'ils ont ensuite amélioré eux-mêmes en s'interdisant toute dépense excessive, ou en ne risquant qu'à bon escient une certaine partie du capital, pour lui faire rapporter davantage.

Chez ces individus fortunés, les affections intercurrentes ont, comme nous l'avons dit, peu de prise. Ces privilégiés sont semblables à l'homme qui a reçu les dix talents et qui, sachant les faire fructifier, en rapporte dix autres, et reçoit encore, en surplus, une récompense. Chez ces individus, le déclin n'arrive que très tardivement, et ils peuvent atteindre soixante ans tout en restant jeunes de coeur, de corps, et d'esprit.

Entre ces deux extrêmes, tous les intermédiaires sont possibles; et nombreux sont les hommes qui commencent à décliner à trente ans, qui sont des vieillards à quarante ans. La plupart, cependant, commencent à décliner vers cinquante ans, et se maintiennent tant bien que mal pendant quelques années, puis déclinent à vue d'oeil à partir de soixante ans. Malheur à eux quand, à cet âge, ils prennent une pneumonie! D'ailleurs la moindre «maladie» accidentelle les détériore pour plusieurs mois, et l'on est tout étonné de la lenteur de leur convalescence. C'est à partir de ce moment que les tares organiques, latentes jusque-là, se révèlent, que l'homme qui avait une endocardite avec laquelle il vivait en bonne intelligence, et dont parfois même il ne se savait pas atteint, voit tout d'un coup son coeur devenir au-dessous de sa tâche. A la suite d'un coup de froid insignifiant, d'une indigestion, d'un excès alimentaire, d'une émotion violente, d'une grippe qui paraissait bénigne, il a de la dyspepsie, des palpitations, des intermittences du pouls, puis un peu d'enflure des jambes; toutes choses dont, au reste, le repos au lit suffit pour le débarrasser cette première fois, parce qu'il n'est pas encore complètement usé. Mais, six mois après, sous l'influence d'une cause semblable, il a une nouvelle atteinte, un peu plus de dyspnée, un peu de congestion de la base gauche du poumon, ou quelquefois des deux bases, un peu plus d'enflure des jambes; et, cette fois, le repos au lit, la diète lactée, ne suffisent pas à le remettre en état.

La digitale est alors indiquée, à la dose de 10 centigrammes par jour en infusion dans 200 grammes d'eau, que le malade prendra de deux heures en deux heures, jusqu'au moment où il aura une salutaire crise urinaire. Grâce à ce précieux médicament ainsi administré, il fera encore les frais de cet assaut; mais, la fois suivante, les mêmes influences insignifiantes amèneront l'affolement du coeur avec albuminurie, et alors la déchéance pourra être irrémédiable.

Il est certain que si, dans l'intervalle de ces assauts, notre homme s'était écouté vivre, s'il n'avait rien laissé au hasard, si une sage direction médicale avait dosé son alimentation, son travail, son sommeil, s'il n'avait pas eu d'émotions, si, pour conserver sa vie, il avait, en quelque sorte, cessé de vivre, il aurait survécu plus longtemps et n'aurait pas eu sa deuxième atteinte; mais ce qu'il faut bien se rappeler, c'est que, dès sa première atteinte, ses jours étaient comptés. Cette première atteinte dénonçait déjà l'insuffisance de son système nerveux, incapable de donner au muscle cardiaque la force voulue pour faire son office de pompe aspirante et foulante; le déclin, qui avait peut-être commencé quelques années avant, s'était traduit dès le jour de ce premier accroc.

Le déclin peut n'être qu'apparent; et les symptômes revêtent parfois une gravité qui fait croire, à tort, à l'entourage qu'il existe une brèche sérieuse ou irrémédiable dans le capital vital du malade, alors qu'il n'est touché que superficiellement. C'est au médecin qu'il appartient de faire un bon diagnostic, d'où découlent et le pronostic et le traitement. Certes, le problème est souvent difficile à résoudre, et, pour y arriver, le médecin n'a pas trop de toute sa finesse d'observation, de toute son expérience, de toute sa pénétration. C'est dans ces cas que la médecine est véritablement un art, et le médecin un artiste, appelé à utiliser de son mieux les données scientifiques que ses études antérieures lui ont fournies.

Il aura naturellement, pour l'aider dans cette tâche, l'examen physique du malade, et, en particulier, l'exploration abdominale, le ventre étant, de tous les organes, celui qu'on peut le plus facilement explorer, par la vue, le palper, la percussion; il aura, pour l'aider, l'analyse des urines, trop souvent négligée. Il sera également secondé par l'étude du passé: il ne manquera pas de fouiller l'hérédité, l'évolution antérieure de la vie, chez le sujet qu'il examine. Celui-ci a-t-il eu de grands assauts, et s'est-il ressaisi complètement? En ce cas, c'est une présomption en sa faveur: ce passé prouve qu'il a une grande élasticité, un capital sérieux, et qu'il est possible que, dans la crise actuelle, il rebondisse encore une fois.—Au contraire n'a-t-il jamais eu d'assaut important? le problème devient alors plus difficile, car le médecin manque d'une base pour apprécier la valeur réelle du capital. Aussi fera-t-il bien de rester dans une prudente réserve, et si, dans le cas précédent, il a été en droit de rassurer la famille malgré la gravité apparente de l'état du malade, dans le second cas, au contraire, il ne doit dire qu'une chose: «Je ne sais pas.»

Pour ma part, je me méfie beaucoup des hommes à santé insolente, n'ayant jamais eu besoin de soins, que je vois brusquement atteints par une «maladie» accidentelle, par la grippe en particulier. Me trouvant sur un terrain inconnu, je me demande, tout d'abord, si leur capital était aussi bon qu'il le paraissait, et si la grippe ne va pas provoquer la faillite, la débâcle.

Ce sont là, je le répète, des problèmes cliniques extrêmement difficiles à résoudre; mais ils ont un grand intérêt au point de vue du pronostic à porter, et du traitement à instituer. Et cet intérêt est immédiat: car si le médecin soupçonne, chez son malade, une altération profonde que ne traduit pas l'ensemble symptomatique, il doit redoubler de précautions, sa surveillance doit être incessante, son zèle doit prévoir les moindres incidents, ne rien laisser au hasard. Il a alors à lutter non seulement contre la «maladie», mais aussi contre le malade, souvent indocile, et contre les familles, qui trouvent qu'on en fait trop, qu'on prend trop de soins, que le malade devrait se lever pour regagner des forces, sortir pour se distraire, reprendre une partie de ses occupations pour ne pas nuire à sa carrière; estimant, in petto, que le médecin userait de discrétion en espaçant davantage ses visites, etc. Quoi qu'il arrive, ce sont de mauvais cas pour le médecin. Il est accusé, si le malade guérit, d'avoir retardé sa convalescence, et, s'il succombe, de ne l'avoir pas bien soigné. Car enfin, un homme si bien portant! et qui succombe à la suite d'une grippe, presque sans fièvre! Sûrement, c'est le médecin qui est coupable! Il n'a, pour se consoler, que la conscience du devoir accompli. Et d'ailleurs il peut aussi se dire que, dans d'autres cas, on a attribué exclusivement à ses bons soins ce qui était dû, en grande partie, à la valeur du sujet; il y a donc compensation.

En somme, le médecin qui se trouve en face d'un malade quelconque est appelé à résoudre le problème suivant: Étant donnés la valeur antérieure du malade A, et le déchet que lui fait perdre la «maladie» B, quelle est la valeur du capital restant A—B? Le simple bon sens indique que cette équation ne peut pas se résoudre par l'algèbre, puisque nous ne connaissons au juste ni A ni B. Aussi le médecin ne doit-il jamais quitter le terrain, relativement solide, que lui fournit la science, pour se perdre dans les abstractions. Il doit seulement se rappeler la parole d'Hippocrate: Judicium difficile, et faire de son mieux pour approcher le plus possible de la solution du problème, qui, sans être d'ordre mathématique, a cependant une solution.

«Quand on fait ce qu'on peut, on rend Dieu responsable.» [V. HUGO]

Existe-t-il, du moins, des symptômes permettant d'affirmer que l'homme a atteint l'apogée de son évolution, et est sur la pente du déclin? Eh! non, tant qu'il est bien portant Il est évidemment moins fort, moins actif, que pendant la période de croissance, il supporte moins les petits écarts de régime, les fatigues, il est plus vulnérable, en un mot, mais ce n'est pas un malade par cela seul qu'il est en période de déclin. S'il veut éviter la «maladie», il le peut, dans une, certaine mesure, en s'écoutant vivre, en surveillent son hygiène quotidienne, en ne faisant pas de fausses dépenses ou de dépenses exagérées, ou, s'il est obligé d'en faire par hasard, en les compensant aussitôt par une exagération momentanée de prudence. Bref, la période de déclin est la période des précautions. L'homme en déclin devrait se rappeler qu'il faut «être de sa santé» comme il faut «être de sa condition», comme il faut être «de son temps». En usant de ces précautions, il peut prolonger très longtemps la durée de sa phase évolutive, et atteindre ainsi sans transition la vieillesse, qui pourra, si elle est également bien surveillée, le conduire, sans transition brusque, à la mort.

Mais, quelques précautions qu'il prenne, les circonstances de la vie sont telles que, fatalement, il rencontre sur son chemin des influences qui font baisser brusquement sa valeur. Quelles sont ces influences inévitables? Ce sont toutes celles que nous avons déjà étudiées dans l'enfance, dans l'adolescence, et dans l'âge adulte: erreurs d'alimentation, causes morales surtout, etc.

Y en a-t-il cependant, parmi ces influences, qui soient plus spéciales à la période de la vie que nous étudions, la période comprise entre cinquante et soixante-cinq ans?

Chez la femme, tout le monde admet que la ménopause produit des perturbations considérables; la preuve, c'est qu'on s'accorde à appeler «âge critique» l'âge de la cessation des règles. La ménopause ramène souvent des troubles de santé qui avaient disparu depuis longtemps, et amène quelquefois des troubles nouveaux, tels que ces sueurs profuses dont se plaignent amèrement les malades. Nous avons en vain essayé contre elles l'emploi de l'opothérapie ovarienne, et nous croyons que c'est un moyen non seulement inutile, mais dangereux, et que le mieux est de savoir attendre, en mettant la malade à un régime restreint.

Dans les deux sexes, les émotions morales jouent encore, à cet âge, un rôle considérable. C'est une fille mal mariée, un fils qui fait le chagrin de sa famille, c'est l'isolement au milieu d'indifférents, la perte des amis de la première heure, l'âge des désillusions, l'automne de la vie, en un mot. Dans tous les cas, les pratiques de la psychothérapie sont d'un incontestable utilité: seules, elles ne suffisent pas à guérir un homme rendu malade par des influences morales; mais, associées aux autres agents thérapeutiques, elles sont toujours d'une grande utilité et souvent d'une nécessité absolue. J'ai plus fait en réconciliant avec son fils un père que le chagrin avait terrassé, en lui démontrant la nécessité et la légitimité du pardon, qu'en le traitant, comme on le faisait depuis longtemps, avec toutes les ressources de la pharmacopée et des agents physiques.—Le fonctionnaire qui prend sa retraite, et se voit brusquement condamné à une oisiveté forcée, ne sait pas que faire de son temps. En vain cherche-t-il, dans la société des hommes de son âge, un remède à son désoeuvrement; et quant à espérer trouver chez les gens jeunes de sa famille un réconfort quelconque, il n'y doit pas songer. Les plus jeunes ont leurs affaires, et les affaires sont les affaires; c'est tout au plus si la fille vient faire ses couches à la maison.

Bref, une série de chagrins multiples, auxquels on est encore sensible, sont l'apanage ordinaire de cette période de la vie. C'est à cet âge, aussi, que se soldent,—car tout se paie,—les erreurs du passé, les fautes contre l'hygiène. Alors arrivent les traites imprévues, et, quand le capitaliste veut mettre de l'ordre à ses affaires, il s'aperçoit trop tard que, depuis plusieurs années, il ne s'est pas contenté de ses revenus et qu'il a écorné son capital. Mais, dira-t-on, pouvait-il s'apercevoir de la mauvaise gestion de sa fortune? C'est l'éternel problème du «Connais-toi, toi-même!» de la sagesse antique. C'était à lui de voir que, de temps à autre, il avait de ces petites défaillances de santé qu'il traitait à la légère, en leur attribuant des causes banales et qui auraient dû être, pour lui, des avertissements (l'avertissement sans frais du percepteur). Il aurait dû, en homme bien avisé, rester toujours en deçà de ce qu'il pouvait donner.

Mais enfin le mal est fait; et il est encore temps, sinon de le réparer complètement, au moins de l'atténuer dans une notable mesure, en se surveillant de près, et en ne laissant rien au hasard de ce qu'on peut lui enlever par prudence et par calcul.

Certaines natures ultra-généreuses ne s'aperçoivent pas qu'elles dépensent plus qu'elles ne devraient le faire; elles n'ont pas la bonne fortune de recevoir les petits avertissements que nous venons de signaler. Leur débordante santé fait l'envie de tout le monde; mais ces privilégiés sont souvent des déshérités. Nous avons dit déjà ce qu'il fallait en penser, quand ils se trouvent aux prises, brusquement, avec une affection accidentelle.

Malheur aussi à l'homme qui, à cet âge, se laisse entraîner par un renouveau de passion sexuelle! Il s'impose des dépenses trop fortes pour sa réserve de santé, surtout s'il en arrive à forcer ses talents. Il faut aussi compter avec les aberrations de l'instinct sexuel, assez fréquentes à cet âge; et alors la neurasthénie vengeresse ne tarde pas à s'installer, sous une forme qui rappelle, par sa brutalité d'apparition et la gravité des symptômes, l'hystéro-neurasthénie traumatique.

En effet, du jour au lendemain, cet homme, vaillant jusqu'alors, subit un véritable effondrement. Non seulement il perd tout d'un coup l'aptitude sexuelle, ce qui est pour lui la source d'un grand chagrin, mais il perd, en même temps, l'appétit, le sommeil, les forces. La constipation entre en scène; des douleurs névralgiques variées,—ou, pour mieux dire, des algies, car la douleur ne suit pas le trajet des nerfs, le torturent nuit et jour. Il a une sensibilité excessive de l'ouïe, un éréthisme de tout le système nerveux, qui devient comme une lyre à cordes trop tendues que fait vibrer douloureusement le moindre souffle. Cet état peut n'être que passager, si le malade a le bon esprit de s'en avouer à lui-même la cause déterminante et de la supprimer. Mais cela même ne suffit pas toujours: Sublata causa, non tollitur effectus. Le branle est donné à la cellule nerveuse, le système nerveux, longtemps patient, s'est tout à coup révolté, et il faut des mois et des années de soins méthodiques pour lui rendre son équilibre. C'est dire que, pendant ces mois et ces années, le médecin devra surveiller non seulement l'hygiène sexuelle, dont il n'est plus question, mais l'hygiène alimentaire, donner les repas fréquents que nécessite un estomac toujours sur le point d'entrer soit en état paralytique ou en état spasmodique; une alimentation non excitante (pâtes, purées), sans vin, et sans les toniques qui passent, à tort, pour réveiller les forces. Le repos physique est également indiqué.

C'est dans ces cas qu'un changement de milieu, bien compris, bien dirigé, peut être utile à divers titres. D'abord, il éloigne la victime de la cause initiale de son mal, ensuite il lui permet d'apprécier souvent les soins affectueux et tendres d'une femme momentanément négligée.

La psychothérapie joue aussi un rôle énorme dans le traitement de ces malades qui, d'un jour à l'autre, sont devenus craintifs, scrupuleux à l'excès, ayant peur de mourir, tenaillés par des remords d'une intensité morbide. Le médecin animé d'un esprit large et charitable peut leur être d'un grand secours, en mettant toutes choses au point, et en rassérénant leur conscience dans la mesure qui convient.

Ce tableau de la «maladie» de l'âge critique, chez l'homme, n'a rien d'exagéré. Nous avons observé plusieurs cas semblables, où des hommes bien portants jusqu'alors ont payé cher leurs écarts intempestifs.

Le plus souvent, les malheurs de ce genre arrivent chez des hommes qui, auparavant, n'étaient pas débauchés, offraient même le modèle d'une vie exemplaire; maintenus par des principes sévères, ils avaient été fidèles à la foi conjugale, et, alors même qu'ils étaient veufs, ils étaient restés fidèles au delà du tombeau; et puis, un beau jour, une occasion se présente et les surprend; c'est une Sapho quelconque rencontrée en chemin de fer; l'homme se trouve désarmé devant la tentation, il succombe, et, une première chute en entraînant de nombreuses à sa suite, il devient enragé de vice. Aussi ne saurions-nous trop engager l'homme mûr, trop confiant en lui-même, à veiller toujours, car le péril est insidieux et les risques sont grands.

C'est à l'âge que nous étudions que se manifestent les troubles prostatiques et urinaires, résultats tardifs de blennorragies mal soignées et considérées comme une bagatelle par le jeune homme, plutôt fier d'avoir pris un brevet de virilité. C'est vers cinquante-cinq ans que le rétrécissement du canal provoque des misères variées, que nous n'avons pas à décrire ici, mais qui finissent par amener la mort prématurée si le chirurgien n'intervient pas.

Ainsi s'explique l'absence de tout rétrécissement chez les hommes qui ont dépassé soixante-cinq ans: ceux qui avaient des rétrécissements sont morts avant cet âge.

C'est aussi vers l'âge de soixante ans que la prostate entre en scène. Certes, les affections de la prostate ne sont pas toujours d'origine blennorragique; mais elles sont, plus qu'on ne le croit, dues à des erreurs dans l'hygiène sexuelle.

Quant aux autres affections capables de faire brusquement baisser le capital, elles ne donnent lieu à aucune considération particulière. Nous devons pourtant nous arrêter encore, en passant, sur trois manifestations morbides spécialement fréquentes à l'âge en question: le diabète, l'albuminurie, et l'obésité.

Diabète.—L'apparition du diabète est, certes, chose fâcheuse; mais le plus grand malheur qui puisse arriver à un diabétique impressionnable, c'est de trouver un médecin qui lui annonce, sans ménagements, la fâcheuse nouvelle. A partir de ce moment commence, pour le malade, une incessante préoccupation morale, aggravée encore par un régime alimentaire qui lui cause plus de dommages que le diabète lui-même. Il est vrai de dire que, depuis quelques années, les médecins se sont un peu départis de la cruelle sévérité qui, autrefois, les rendait redoutables aux diabétiques. On veut bien admettre, désormais, que le régime des diabétiques comporte certains tempéraments, et que les pommes de terre en robe de chambre, par exemple, peuvent être allouées, voire même en abondance.

Mais il n'en reste pas moins vrai que la situation d'un diabétique, traité d'après les principes classiques, est encore loin d'être réjouissante. Elle sera telle jusqu'au jour où l'on comprendra enfin qu'il n'y a pas deux diabétiques devant être soignés par le même régime, ou plutôt qu'il n'y a pas de régime du diabète, le diabète n'étant qu'un symptôme qui ne mérite pas qu'on s'acharne sur lui.

Aux uns il faudra beaucoup de viande et du vin, aux autres la diète lactée absolue pendant quelques jours, et le régime des potages au lait ensuite. Et entre ces deux extrêmes, toutes les combinaisons du régime peuvent être indiquées. Le médecin doit imposer le repos au lit absolu au diabétique qui maigrit et perd ses forces, l'exercice modéré dans les autres cas, mais, jamais d'exercice forcé, parce que le diabétique a toujours des combustions exagérées, comme le professeur A. Robin l'a très élégamment démontré. On aura à s'occuper aussi de l'état mental du malade, et à ne pas négliger la psychothérapie. Le diabète peut être provoqué, expérimentalement, en touchant un point précis du quatrième ventricule du cerveau; et les diabétiques vraiment graves sont ceux qui le deviennent à la suite d'une chute sur la tête: ces deux faits prouvent assez l'importance des troubles du système nerveux dans la pathogénie du diabète, et la nécessité de faire une grosse part aux soins moraux dans le traitement du diabétique.

Albuminurie.—L'albuminurie donne lieu à des considérations de même ordre.

Comme le diabète, elle est un symptôme indiquant un état de détérioration générale de l'organisme; c'est, le plus souvent, un symptôme grave, mais quelquefois aussi un phénomène sans grande importance.

Tout le monde connaît l'albuminurie de l'adolescence, intermittente, venant après la moindre fatigue. On sait encore que le seul fait de se lever du lit et de procéder aux soins de la toilette suffit pour provoquer l'apparition de l'albumine, qui n'existait pas dans l'urine émise pendant que le sujet était au lit: c'est ce qu'on appelle l'albuminurie orthostatique ou physiologique,—terme détestable, parce qu'il n'y a pas d'albuminurie physiologique, pas plus que de glycosurique physiologique. Cette albuminurie de peu d'importance survient toujours chez des sujets qui ne sont pas en bon état de santé, et indique, par conséquent, qu'ils doivent être tenus à vue, et soignés suivant les principes généraux que nous avons déjà énoncés.

Chez l'homme adulte, la présence de l'albumine dans l'urine est toujours d'un pronostic plus sérieux. Parfois cependant, là encore, l'albuminurie n'est que transitoire, et coïncide avec une décharge d'acide urique par les reins. Si l'on ne soumet pas le malade ainsi touché au régime lacté absolu, qui achèverait de l'épuiser, si on le laisse au repos, si on lui donne à prendre un peu de benzoate de soude, l'orage passe vite sans laisser de traces.

D'autres fois, l'albuminurie, sans être transitoire, est intermittente, même chez l'adulte. Nous connaissons un malade qui, depuis quatre ans que nous le soignons, a de l'albumine chaque fois qu'il monte à cheval. Il peut faire jusqu'à 20 kilomètres à pied sans avoir d'albumine; mais une seule promenade à cheval fait réapparaître l'albumine et, malgré la dose considérable révélée par l'analyse après l'exercice du cheval, il est, au demeurant, bien portant en apparence, et a une vie des plus actives.—Je connais aussi un médecin qui a, depuis des années, de l'albumine en permanence; après s'en être beaucoup inquiété, et avoir suivi divers traitements et divers régimes, il a fini par ne plus faire que de l'hygiène générale, manger raisonnablement, éviter le surmenage; et il est, en somme, en aussi bon état que possible.

J'ai cité, dans une étude sur le Cacodylate de Soude que j'ai publiée en 1901, l'histoire d'une jeune malade ayant, depuis 1898, à la suite d'un coup de froid, beaucoup d'albumine, et à laquelle j'ai donné des doses considérables de cacodylate, en injections, pendant un mois. J'ai eu, à ce moment, le bon esprit de ne pas attribuer exclusivement au remède la survie de la malade. Or, elle s'est mariée en 1900: depuis, elle a cessé toute médication, pour se borner à prendre de la viande crue et beaucoup de repos. Elle a encore, actuellement, 3 à 4 grammes d'albumine par jour, et va très bien.

On voit que tout est loin d'avoir été dit sur la valeur pronostique de l'albuminurie. Mais il n'en est pas moins vrai que, le plus souvent, la présence de l'albumine chez l'être humain, à l'âge que nous étudions, est un symptôme qui doit inspirer au médecin des craintes sérieuses, surtout quand, en même temps que l'albumine, il y a du sucre. Cette combinaison m'a toujours semblé être un arrêt de mort à brève échéance.

Je dois ajouter que la situation de l'albuminurique sera encore aggravée si le médecin s'obstine à lui imposer le régime dit des albuminuriques. Il n'y a pas de régime des albuminuriques: il y a le régime qui convient à tel ou tel albuminurique. Parfois le régime lacté fait merveille, mais c'est rare; en tout cas, il ne faut pas le prolonger plus de quinze jours. D'autres fois, c'est le régime des pâtes, plus souvent encore le régime lacto-végétarien, qui, combiné au repos, aide le malade à sortir du mauvais pas, au moins momentanément.

Obésité.—Au même titre que le diabète et l'albuminurie, l'obésité appartient en propre à la période de déclin. Mais, direz-vous, il est des enfants et des adultes obèses! Qu'importe? C'est qu'ils ont commencé jeunes leur période de déclin. Mais, d'habitude, c'est aux environs de la ménopause que l'obésité devient, pour les femmes, une torture de tous les jours. Nous n'avons pas à en indiquer les inconvénients; rappelons seulement que l'obésité tend toujours à augmenter, parce qu'elle interdit au malade l'exercice, et qu'il s'établit immédiatement un cercle vicieux. Dans les cas d'obésité où l'exercice serait utile, l'obèse qui est condamné à en prendre de moins en moins, devient de plus en plus obèse.

Mais il ne faut pas croire que l'exercice soit toujours utile aux obèses. L'obésité, étant un symptôme de la «maladie», est quelquefois entretenue par un excès d'exercice. J'ai connu une jeune fille de vingt-huit ans, très obèse, qui, après avoir consulté des médecins de diverses nationalités, avait fini par suivre les conseils d'un empirique, qui n'avait rien trouvé de mieux, pour la faire maigrir, que de mettre sa mère en relations avec un commandant de chasseurs à pied, de façon que ces deux dames pussent suivre tous les exercices du bataillon. Au bout d'un mois, la mère était demi-morte, et la jeune fille grossissait toujours. Sous l'influence de l'exercice, elle mangeait davantage et buvait en conséquence. Mais vint un jour où l'estomac, fatigué par la suralimentation, se mit à protester; c'est alors que je prescrivis le régime ultra-restreint, pendant quelques jours, pour remettre l'estomac en état, le repos presque absolu pendant cette période, puis un régime s'adaptant au fonctionnement de l'estomac et de l'intestin, avec un exercice modéré; et voici que, sous l'influence de ce traitement, la malade vit diminuer son obésité, et disparaître, successivement, d'autres troubles variés qui, comme l'obésité, étaient symptomatiques!

Il n'y a pas de régime des obèses: il y a le régime applicable à tel ou tel malade atteint d'obésité. Le plus souvent, le régime restreint est indiqué; d'autres fois, il faut alimenter l'obèse, et rien n'est dangereux comme de le faire maigrir par insuffisance alimentaire. Il ne faut pas, non plus, le faire maigrir par l'emploi de la thyroïdine. Je dois dire, cependant, que j'ai été surpris des résultats excellents obtenus, par la thyroïdine, chez un obèse de vingt ans qui, en six mois, a vu son poids baisser de 105 à 80 kilogrammes, sans qu'il en soit résulté le moindre trouble pour la santé. Mais la thyroïdine avait été maniée par le Dr Polin avec une prudence extrême (2 milligrammes par jour, et pendant six mois consécutifs).

En général, il faut se méfier de ce médicament, qui demande une surveillance médicale sinon quotidienne, du moins hebdomadaire; il faut enfin se rappeler que l'hygiène suffit toujours pour atténuer l'obésité au point d'en supprimer les inconvénients, et aussi qu'il est toujours dangereux de faire trop maigrir un obèse, ou de le faire maigrir trop vite. Quand un obèse maigrit trop vite, son ventre tombe, il est vrai; mais c'est le commencement de l'effondrement. Son système nerveux tombe aussi. En y mettant le temps, au contraire, c'est-à-dire en ne brusquant pas la manière d'être du sujet, on peut toujours arriver à des résultats excellents.

J'ai commencé à donner des soins il y a dix ans, à une dame de soixante-sept ans, qui pesait 97 kilogrammes. Elle est arrivée en dix-huit mois, à baisser, avec une progression continue, à 77 kilogrammes... Depuis, elle garde son poids et sa santé; son déclin s'opère avec une lenteur telle qu'il est à peine perceptible. Inutile de dire que l'hygiène seule a fait les frais de la thérapeutique.

CHAPITRE II

LA VIEILLESSE

Quelle que soit l'économie qui ait présidé à l'usage du capital biologique, il n'est pas possible que quelques mauvais placements n'aient été faits, dans le courant de l'existence; que des chocs accidentels, et indépendants de la volonté, n'aient, à diverses reprises, ébréché le capital. L'homme qui se condamnerait à vivre à seule fin de prolonger ses jours vivrait certainement très longtemps, mais la sentence d'Horace lui serait applicable: «Pour vivre, il aurait perdu les raisons de vivre.» Et propter vitam vivendi perdere causas.

D'autre part, le capital diminue par le fait même de la vie, comme la vitesse initiale d'un projectile diminue progressivement par le fait de la résistance de l'air. Enfin il vient un moment où le capital, après avoir produit des intérêts considérables, ne donne plus que des intérêts de moins en moins élevés. Ce moment coïncide exactement avec la période de déclin, de sorte que, à partir de ce jour, quoi qu'il fasse et sans qu'il s'en doute, l'être vivant s'appauvrit fatalement et progressivement. Il en arrive enfin à n'être plus qu'un médiocre petit rentier; et c'est alors la vieillesse.

Vieillesse qui peut, d'ailleurs, survenir à tout âge; témoin ces enfants qui ont l'aspect de petits vieillards, comme on dit dans le langage courant; ces hommes de quarante ans qui sont aussi des vieillards, des loques humaines. Mais, le plus souvent, la vieillesse survient à un âge plus tardif, que, pour le besoins de la cause, nous fixerons, par exemple, à soixante-cinq ans.

A partir de cet âge, l'homme ne doit pas se borner, comme le lui conseillaient les trois jeunes gens du fabuliste, «à songer à ses erreurs passées» Il peut même encore avoir «de longs espoirs et de vastes pensées», à condition que ce ne soit pas pour lui, mais pour ses arrière-neveux. Il peut, en d'autres termes, jouir de son expérience et s'efforcer d'en faire profiter les autres; mais en se rappelant qu'il a atteint l'âge du repos, des ménagements et des précautions. Et de même que, dans la première période de la vie, il appartient aux parents de ménager pieusement et de faire sagement fructifier le capital de l'enfant; de même, à cette dernière période, il est du devoir des enfants de veiller avec zèle sur la frêle existence dont ils ont la charge; d'éviter au vieillard toute fuite nerveuse, tout chagrin, tout souci, tout écart de régime, et de le préserver contre toute intervention thérapeutique brutale.

Quelles sont les influences qui compromettent d'une façon spéciale le vieillard vivotant?

Les influences psychiques sont beaucoup moins importantes que dans l'âge adulte. Quelques vieillards, il est vrai, gardent leur sensibilité et leur jeunesse de sentiments. L'expérience de la vie ayant tempéré la fougue de leurs jeunes années, leur ayant appris l'indulgence et la miséricorde, ils deviennent des êtres exquis, d'un commerce aussi agréable que profitable. Mais, le plus souvent, la sensibilité s'émousse, et un égoïsme tranquille préserve le vieillard de toute émotion nuisible. Apprend-il la mort d'un de ses contemporains, fût-ce de son meilleur ami? Il en est bien un peu chagriné, mais l'émotion qu'il éprouve est surtout égoïste, à cause de la crainte qu'elle lui donne de voir son tour arriver; en somme, elle est peu profonde, et n'est pas comparable au chagrin poignant de l'homme adulte perdant un être aimé. Donc, de ce côté, peu de fuites nerveuses. Du côté du système musculaire, il n'y en a pas non plus. Le simple bon sens fait que le vieillard n'abuse pas, en général, de son restant de forces musculaires: exception faite cependant pour les cas où des parents ou des amis mal avisés, croyant bien faire, forcent le vieillard à se déplacer sans relâche, pour passer l'hiver dans le Midi, l'été en Suisse, le printemps ailleurs. Combien ne serait-il pas plus sage, en général, de le laisser tranquillement chez lui, dût-il ne pas quitter sa chambre? J'ai longtemps donné des soins à une vieille dame que ses enfants emmenaient en villégiature, toujours malgré elle, dans le centre de la France, et ramenaient à Paris en octobre. Or, après chaque voyage, il fallait un mois de soins assidus et de précautions pour effacer les traces de fatigue occasionnée par le déplacement.

La vérité est que, dans les cas exceptionnels, le séjour hivernal dans le Midi peut être recommandable, mais que, d'une façon générale, il faudrait se rappeler un peu plus le dicton populaire affirmant «qu'on ne doit pas transplanter un vieux chêne», et qu'on devrait regarder à deux fois avant de proposer, et surtout d'imposer à un vieillard, soit un lointain changement de pays, soit même un changement d'appartement. Il faut, en général, tenir plus de compte qu'on ne le fait de son désir, qui est dicté par un vague instinct de conservation et qui trompe rarement.

Ce qui menace le plus le vieillard, en dehors bien entendu des affections accidentelles, ce sont les écarts dans l'alimentation. Une indigestion qui, chez un homme jeune, se serait traduite par un léger état gastrique, amène chez le vieillard un effondrement colossal; et, pour peu que la thérapeutique intervienne d'une façon inopportune sous la forme d'un purgatif qui semble bien anodin, la situation peut s'aggraver d'un jour à l'autre. Il faut alors des semaines pour remettre en état le système nerveux bouleversé. Imaginez un foyer près de s'éteindre, où il ne reste plus qu'une petite flamme vacillante; irez-vous l'alimenter par un soufflet de forge, et charger le foyer de grosses bûches de bois? Non, vous mettrez sur la flamme, avec d'infinies précautions, des brindilles de bois bien sec, et c'est seulement ensuite que vous mettrez des fragments un peu plus volumineux, pour arriver enfin à la bûche qui entretiendra la vie du foyer. De même chez le vieillard malade, surtout quand il a des phénomènes gastriques, prudence extrême dans l'alimentation, fréquence de l'alimentation, et repos absolu: c'est la base du traitement.

Mais combien, pour faire observer ces prescriptions si simples, ne faut-il pas au médecin d'énergie et de foi? Qu'on veuille donc bien se rappeler que le vieillard malade n'a besoin que d'une alimentation restreinte, que ce n'est pas ce qu'il prendra qui lui sera profitable, mais bien ce qu'il assimilera, et que, chez lui, la puissance d'assimilation est extrêmement minime! Lui-même, d'ailleurs, il le dit, il proteste, plus ou moins énergiquement, contre les menus qu'un zèle mal éclairé s'ingénie à lui proposer.

En dehors de ces états gastriques passagers, le régime du vieillard doit être, en général, peu substantiel. Il faut surtout qu'il mange peu le soir, s'il tient à avoir quelques heures de sommeil. S'il éprouve le besoin de se nourrir, qu'il mange souvent, plutôt que beaucoup à la fois. Mais on ne saurait croire combien certains vieillards ont peu besoin de manger. J'ai eu longtemps pour patiente une vieille dame qui avait trop mangé pendant toute sa vie, et, de ce chef, avait eu une dyspepsie permanente accompagnée de misères variées, en tête desquelles venait la constipation. De là obsession de tous les instants; tant qu'on ne l'eût pas mise exactement au régime convenable, elle fut torturée par ce symptôme, restant huit ou quinze jours sans parvenir à aller à la garde-robe, malgré les lavements, les suppositoires, le massage abdominal, etc. On avait dû même, plusieurs fois, recourir au curetage. Or je me dis, un jour, que le régime relativement restreint que je lui avais imposé tout d'abord n'était peut-être pas encore assez restreint. Comme elle n'avait jamais d'appétit, et qu'elle ne mangeait que pour faire plaisir à son entourage, je fis avec elle une sorte de convention, qui fut de restreindre, sous ma surveillance, son alimentation progressivement, et dans la mesure extrême du possible. Après un mois de tâtonnements, ma collaboratrice et moi en étions arrivés à la formule suivante, que je transcris d'après mes notes: «7 heures matin, une tasse à thé de café au lait; 10 heures, une tasse à café de semoule au lait, ou de panade, ou de farine de Hongrie, ou de crème de riz, ou de crème d'orge aux mêmes doses, et un peu de confiture avec lait; Midi, un quart d'échaudé; 5 heures, café au lait; 7 heures, comme à midi; dans la nuit, une tasse à café de lait.»

Ce régime, qui d'abord paraissait à l'entourage absolument ridicule, finit par être accepté quand on vit la malade reprendre, progressivement, du sommeil, un peu de force, un peu d'appétit, et surtout quand on vit disparaître sa constipation. Ses fonctions s'exécutaient, en effet, très régulièrement tous les deux ou trois jours, spontanément. Le régime fut continué jusqu'à sa mort, qui survint trois ans après. Elle s'éteignit sans souffrance à l'âge de quatre-vingt-quatre ans.

Je pourrais relater bien d'autres exemples semblables, mais ils seraient tous calqués sur ce modèle.

Il est, par contre, des vieillards qui ont conservé un gros appétit: il faut savoir le respecter, tout en essayant de le modérer un peu, du moment que la santé reste bonne.

Pour en finir avec la question de régime, disons qu'un peu de vin généreux, étendu d'eau, est, en général, une boisson excellente pour le vieillard, bien portant ou malade; et que le lait, par contre, lui est le plus souvent préjudiciable, sauf dans les états aigus ou subaigus prolongés.

Quant aux affections accidentelles qui surviennent chez le vieillard, et qui compromettent son reste de vie, elles sont peu nombreuses, et font, néanmoins, beaucoup de victimes. La plus importante de toutes est la pneumonie. C'est, très souvent, une pneumonie d'origine grippale: aussi ne saurait-on trop soigner la grippe dès son début, chez le vieillard plus encore que chez l'adulte. La pneumonie est insidieuse chez le vieillard. Elle ne se traduit que par un malaise général, avec très peu de phénomènes pulmonaires, mais elle s'accompagne toujours de fièvre. Si donc les familles savaient se servir du thermomètre, on aurait des chances de porter secours aux malades en temps utile; et alors une injection de cacodylate de gaïacol, quelques cachets de quinine, une certaine dose de cognac ou de vin très généreux, parviendraient, dans bon nombre de cas, à le sauver; tandis qu'en général, quand on appelle le médecin, il est trop tard, le médecin ne peut plus faire que le diagnostic, et prévenir la famille de la gravité de la situation.

Les petites hémorragies cérébrales viennent souvent compromettre la survie du vieillard. Ordinairement, il échappe à la première atteinte, mais il en sort tellement amoindri, physiquement et intellectuellement, qu'on peut dire qu'il a cessé de vivre avant de mourir. Grâce aux soins dont il est entouré, à partir de ce moment, il se survit à lui-même pendant quelquefois plusieurs années, jusqu'à ce qu'il se décide à mourir après une deuxième ou troisième attaque.

Quand aucune des causes graves ci-dessus mentionnées ne s'observe, le petit rentier qu'est le vieillard continue à vivoter plus ou moins longtemps, jusqu'au jour où, tout son capital et tous ses revenus étant épuisés, il cesse de vivre, tout simplement parce qu'il n'a plus la force de vivre. Il s'éteint alors et se repose comme le travailleur qui a fini sa tâche. C'est ce que traduit d'une façon, très profondément philosophique, l'expression courante de «défunt», la traduction littérale du mot latin defunctus étant: «Celui qui s'est acquitté.» Les privilégiés sortent de la vie comme d'un banquet, en remerciant leur hôte. Heureux s'ils peuvent léguer à une nombreuse postérité «l'exemple de leur vie!»



FIN


INDEX ALPHABÉTIQUE

Albuminurie:—permanente;—son régime. Alcool. Alimentation: de l'enfant né avant terme;—du premier âge;—Gouttes de lait;—chez le petit enfant;—chez l'enfant du deuxième âge;—défectueuse; excessive;—ration d'entretien;—observation d'une malade guérie par le régime restreint;—insuffisante en quantité;—à la sonde;—observation d'une malade fébricitante guérie par l'alimentation forcée;—insuffisante en qualité;—chez le vieillard.

Aliments adultérés par les procédés chimiques; physiques.

Auto-intoxication, (Hypothèse de l').

Avarie.

Bains: chauds dans les pneumonies;—prolongés;—de briques;—de vapeur;—électriques;—de mer.

Blennorragie, ses dangers tardifs.

Boissons: fermentées;—distillées;—le vin chez l'homme bien portant;—chez le malade:—dans la ration du soldat;—eau stérilisée en usage dans l'armée.

Cancer, son hérédité.

Capital biologique (hypothèse du).

Causes morbigènes: ambitions déçues;—passion amoureuse;—inquiétudes;—vie brisée;—frayeur.

Causes accidentelles.

Chaleur sèche (dermotherme).

Choc: traumatique;—chirurgical;—moral.

Coeur: «maladies» du coeur (leur hérédité;—observation d'un faux cardiaque;— la période de déclin.

Constipation;—et entéro-colite;—provoquée chez les opérés;—son innocuité;—guérison par le repos;—dangers des purgatifs;—obsession de la constipation;—lavements d'huile;—injections de Brown-Séquard;—chez le vieillard;—Convalescence, sa rapidité chez l'enfant.

Course en flexion.

Déclin: âge de déclin;—pouvant n'être qu'apparent;—problèmes cliniques à l'âge du déclin, leur difficulté.

Diabète: régime;—traumatique, sa gravité.

Dyspepsie: observation d'une malade avec prédominance de troubles dyspeptiques.

Eaux minérales;—table de régime;—de Carlsbad;—Chatel-Guyon, Bagnoles, Brides, Vichy;—Vittel.

Education: chez la jeune fille;—chez le jeune homme;—de la volonté.

Electricité;—bains électriques.

Emplâtre.

Enfants: préservation contre la tuberculose;—couveuses artificielles;—alimentation de l'enfant né avant terme:—le capital biologique de l'enfant doit être créé par les parents;—puériculture;—alimentation du premier âge, son importance pour toute la vie;—Goutte de lait;—pathologie infantile;—sa simplicité relative;—ses difficultés;—nécessité du sommeil prolongé;—mastication;—convalescence rapide;—enfants du type musculaire;—cérébral;—du deuxième âge, alimentation:—fièvre digestive.

Epilepsie.

Exploration abdominale.

Exercice: difficulté de le doser chez les jeunes filles nerveuses;—dans un grand collège moderne;—chez les professionnels;—chez les jeunes gens (danger des sports);—et entraînement;—et gymnastique respiratoire;—Institut Zander;—chez les obèses.

Fatigue;—et épuisement.

Fièvre digestive des enfants;—typhoïde.

Folie: chez la jeune fille:—délire de la persécution;—l'aliénation mentale et la «maladie»;—menstruation chez l'aliénée;—du doute;—obsession:—manie aiguë.

Frictions.

Grippe, son influence pathogène.

Grossesse («maladies» de la mère pendant la).

Hémorragies cérébrales, chez les vieillards.

Hérédité: étymologie;—généralités;—protestation contre la fatalité des tares héréditaires;—de la longévité;—de la tuberculose;—du cancer;—des tares nerveuses, 15; —de la paralysie générale, 16; —des «maladies» de coeur, 16; —des affections rénales, 17.

Hydrothérapie: froide, 223; —tiède 225; —maillot humide, 225.

Hypnose, 189; —chez les aliénés, 191; —ses dangers, 194.

Hygiène de la procréation, 21.

Hystérie (simulant une «maladie» organique de la moelle), 114.

Hypothèse (son rôle dans la science), 1.

Injections: action dynamogénique de tout liquide injecté, 232; —hypodermiques d'eau de mer, 234; —de cacodylate de magnésie, 235; —de cacodylate de soude, 235; —de gaïacol, 238; —de quinine 239; —d'héroïne, 239; —de mercure, 240; —de morphine, 240; —huileuses, 240; —d'huile mercurielle, 241; —d'huile créosotée, 242; —et suggestion, 244; —injections de Brown-Séquard, (constipation), 353.

Influences morbigènes, généralités, 30.

Isolement (en maison de santé, ses dangers), 70.

Jeune fille: voyage de noces, ses dangers, 20; —éducation sexuelle—, 21; —menstruation—, 66; despotisme de certaines mères, 68; —difficulté de doser l'exercice chez les jeunes filles nerveuses, 66; —aliénation mentale—, 71; —vocation contrariée, 72; —mariage contrarié—, 73; —utilité du mariage chez les jeunes filles nerveuses, 74; —surmenage scolaire—, 75.

Jeune homme: surmenage scolaire, 75; —nécessité du sommeil, 76; —exercice chez les jeunes gens (danger des sports), 78; —exercice physique chez les jeunes gens, 79; —éducation sexuelle, 81; —psychothérapie, 83.

Ligue des pères de famille, 80.

Longévité: hérédité de la, 8; —humaine, 9.

Malade: son entourage, 204; —ne voulant pas guérir, 207; —régime des grands malades, 217; —n'osant pas manger, 220; —danger des voyages, 267.

«Maladies»: accidentelles, 42; —la «maladie», 94-95; —petits symptômes de la «maladie», 95, —la «maladie» et les «maladies» accidentelles, 97; —causes morales, généralités, 142; —causes accidentelles de la «maladie», 162; —du coeur à la période du déclin, 279.

Mariage: contrarié chez la jeune fille, 73; —son utilité pour les jeunes filles nerveuses et ses dangers, 74.

Massage, 228; —abdominal, 229.

Méningite, 55.

Menstruation: utilité du repos, 66; —chez l'aliénée, 165; —chez la grande malade, 166; —ménopause, 296.

Migraine, 40.

Mort naturelle, 310.

Névrose (sa contagion), 148.

Obésité, 297;—exercice chez les obèses, 298;—régime chez les obèses, 299.

Obsession: de la constipation, 251;—de la rougeur, 187.

Observations: d'une malade avec prédominance de troubles dyspeptiques, 99;—d'une malade avec prédominance de troubles de nutrition, 105;—d'un faux cardiaque, 107;—d'une malade suivie pendant trente ans, chez laquelle presque tous les appareils ont été successivement atteints, 110;—d'une grande malade guérie par le régime restreint, 128;—d'une malade fébricitante guérie par l'alimentation forcée. 132.

Opérés: opérations de complaisance, 155;—morphine chez les—, 156;—rôle médical du chirurgien, 156;—purgation chez les, 157;—constipation provoquée chez les—, 158.

Opothérapie: hépatique, 236;—ovarienne, 286.

Paralysie générale, hérédité, 16.

Pertes: matérielles, 143;—au jeu, 144.

Pneumonie: bains chauds dans la;—chez le vieillard, 308. Protection, loi de protection des faibles, 10.

Psychonévroses, leur traitement moral, 213.

Psychothérapie: chez le jeune homme, 83;—savoir prendre un parti, 175;—respect du temps, 176;—dérivative. 180; —sédative, 181;—reconstituante, 182;—résignation, 182; —foi religieuse, 208;—et problème religieux, 210.

Ptôse: abdominale, 169;—et ceinture hypogastrique, 167;—passagère, 169.

Purgatifs et constipation, 249.

Régime: ration d'entretien, 125, —des Chartreux, 125;—des Trappistes, 125;—des soldats, 127-140;—des guides alpins, 127;—observation d'une grande malade guérie par le régime restreint, 128;—en cas d'effondrement abdominal, 172;—et suggestion, 215;—des grands malades, 217;—monotone, 218;—sec (ses dangers), 219;—à boisson restreinte, 219;—et eaux minérales, 255;—des diabétiques, 293;—des albuminuriques, 297;—des obèses, 299;—lacté chez les vieillards, 308.

Repos: dans les états aigus, 173;—cure de—, 205;—constipation guérie par le—, 205;—avant le repas, 221;—après le repas, 222;—au lit, 265.

Sommeil: nécessité du sommeil chez l'enfant, 57;—nécessité du sommeil chez les jeunes gens, 76;—diurne (ses bons effets) 173;—l'aliment favorise le—, 221;—et repos au lit, 221.

Sports, chez les jeunes gens (leur danger) 78.

Suggestion et régime, 215.

Symptômes morbides, 32;—petits symptômes de la «maladie», 95.

Syphilis: polynatalité, 10;—et méningite, 12;—Société de prophylaxie sanitaire et morale, 13;—nécessité d'un traitement pour prévenir la transmission héréditaire de la, 23; —âge à laquelle se contracte la—, 84;—manifestations tertiaires, 164;—et assurances sur la vie, 164.

Travail: cérébral insuffisant, 119; —cérébral excessif, 119;—musculaire excessif, 121;—ration de—, 125.

Tuberculose hérédité, 13;—oeuvre de préservation de l'enfance contre la—, 14 et 89;—dans l'armée, 87;—et sanatorium populaire, 38;—et dispensaire, 88.

Vacances: leur nécessité, 261;—colonies de—, 262.

Vésicatoires, 255.

Vieillards: voyages, 304;—alimentation, 306;—constipation, 307;—pneumonie, 308;—régime lacté, 308;—hémorragie cérébrale, 309.

Vin: chez l'homme bien portant, 139;—chez le malade. 141;

Voyages: de noces (ses dangers), 20;—leur utilité chez les gens bien portants, 261;—leur danger chez les malades, 267; —chez les vieillards, 304.




AUTEURS CITÉS

Dr BARADUC, 37.

BRIEUX, 83.

BROWN-SEQUARD, 236.

Dr CHARCOT, 194

Dr CAMPENON, 156.

Dr CHAILLOU, 76.

Dr DELORME, 158.

Dr DUBOIS, 213.

Dr DUPRAT, 194.

FLOURENS, 9.

Dr FONSAGRIVES, 55.

FONSAGRIVES (Abbé), 81.

Dr A. FOURNIER, 13.

Dr ED. FOURNIER, 84.

Dr GRANCHER, 14.

Dr GRASSET, 194.

Dr HUCHARD, 17.

Dr KELSCH, 87.

KNEIPP, 224.

Dr LAGRANGE, 79 et 86.

Dr LAUMONIER, 64.

Dr LEGENDRE, 80.

Dr LEREDDE, 231.

Dr MATHIEU, 33.

Dr PINARD, 21 et 45.

PLANTET, 262.

POINCARE, 1.

Dr ROBIN, 293.

Dr RUNGBERG, 164.

SERTILLANGES (Abbé), 125.

Dr SIGAUD, 171.

Dr R. SIMON, 234.

VANCAUWENBERGHE, 48.

Dr VARIOT, 47.

Dr A. VOISIN, 194.




TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE

PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE I

LE CAPITAL BIOLOGIQUE
Notre postulatum: le capital biologique. Sa valeur variable selon chaque individu et selon chaque période de la vie. Capital initial; influences qui le font varier.

CHAPITRE II

HÉRÉDITÉ
Définition de l'hérédité; son rôle. Hérédité de la longévité. Rôle de l'hérédité dans l'alcoolisme; la syphilis; la tuberculose; le cancer; les tares nerveuses: les «maladies» de coeur; des reins.

CHAPITRE III

CONCEPTION
La valeur des générateurs au moment de la conception.—Loi de protection des faibles. Hygiène de la procréation: éducation sexuelle de la jeune fille.

CHAPITRE IV

GESTATION
Les influences qui ont pu atteindre le produit pendant la gestation.—Emotions, misères physiologiques, «maladies» de la mère pendant la grossesse. Enfants nés avant terme.

CHAPITRE V

INFLUENCES MORBIGÈNES ET SYMPTÔMES MORBIDES
La vie de l'être humain peut être figurée par une courbe évolutive: les influences morbigènes modifient cette courbe. La même influence peut se traduire par des symptômes variés; et, inversement, des influences variées peuvent se traduire par le même symptôme (ex.: constipation) ou par le même ensemble de symptômes (ex.: épilepsie). Tous les systèmes organiques peuvent être troublés à la fois. Le plus souvent, c'est l'organe le plus faible qui traduit le malaise. Le système nerveux est la clef de voûte de la pathologie, c'est lui qu'atteignent le plus les causes morbigènes.

CHAPITRE VI

DE LA NAISSANCE AU SEVRAGE.—PUÉRICULTURE
Importance de l'alimentation du premier âge pour toute la durée de la vie. Le lait de la mère appartient à l'enfant. Gouttes de lait (de Belleville, de Saint-Pol). La pathologie enfantine est, le plus souvent, simple; quelquefois, de la plus grande difficulté. Succès thérapeutiques chez les petits enfants atteints de syphilis, de pneumonie.

CHAPITRE VII

DU SEVRAGE A LA PUBERTÉ
1° Chez l'enfant du deuxième âge. Nécessité du sommeil prolongé, d'une mastication parfaite. Les «maladies» accidentelles à cet âge évoluent vite, sans convalescence.— Chez l'enfant de sept ans à la puberté. Enfant du type musculaire (hygiène qui lui convient); du type cérébral. Les déracinés. «maladies» accidentelles chez l'enfant. «maladies» très souvent provoquées par une alimentation défectueuse.

CHAPITRE VIII

DE LA PUBERTÉ A L'AGE ADULTE
I. Chez la fille.—Précautions à prendre à l'apparition des règles. Chloro-anémie. Causes spéciales de «maladie»:
—A. Surmenage intellectuel.—B. Causes morales (despotisme de la mère, vocation contrariée); brevets: mariage rendu impossible; besoin du mariage.—C. Surmenage musculaire. Quelle que soit la cause, les symptômes sont les mêmes, mais le traitement varie avec la cause. Facilité relative de la guérison.

II Chez le garçon.—1° Surmenage scolaire (insuffisance du sommeil).—2° Surmenage physique (abus des sports, de l'escrime, utilité des exercices automatiques (Ligue des pères de famille).—3° Déviation de l'hygiène sexuelle: éducation sexuelle. Par qui elle doit être donnée. Enseignement individuel et enseignement collectif. Utilité de l'exercice poussé au maximum de la tolérance. Aberrations de l'instinct sexuel: psychothérapie.

III. Causes morbigènes communes aux deux sexes.—«maladies» accidentelles: tuberculose (le sanatorium, les dispensaires, oeuvres de préservation).

DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE I

MATURITÉ
L'homme doit travailler et produire. Nécessité des périodes de repos. Le coup de collier. La fatigue. L'entraînement. L'épuisement (ses signes prémonitoires). Surmenage cérébral-musculaire (ses signes prémonitoires. La «maladie».

CHAPITRE II

CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA «MALADIE»
Ce que c'est que la «maladie». Manière d'étudier un malade. Quatre observations de patients atteints de la «maladie» sous ses diverses formes. Troubles fonctionnels pouvant simuler les affections avec lésions d'organes. Rôle du système nerveux central dans la pathogénie de la «maladie». Embarras gastrique.

CHAPITRE III

LES CAUSES DE LA «MALADIE»
I. Causes physiques.—1° Surmenage cérébral, travail cérébral insuffisant. La «maladie» due au surmenage cérébral peut revêtir des formes cliniques très diverses.— 2° Surmenage musculaire.—3° Vices d'alimentation. Généralités, auto-intoxication, irritation.—A. Alimentation excessive en quantité. Ration d'entretien. Régime des Chartreux, des Trappistes, des soldats, des guides alpins. Observation d'une grande malade guérie par le régime restreint.—B. Alimentation à la sonde.—C. Alimentation insuffisante en qualité. Adultération des aliments: a) par les procédés chimiques, b) par les procédés physiques. —D. Alcool. Boissons fermentées, leur utilité. Boissons distillées, leur danger.

II. Causes morales.—Leur importance prépondérante:

A. Pertes d'argent. Jeu. Ambitions déçues.— B. Influences compromettant la quiétude de l'âme. Passions. Incompatibilité d'humeur.—C. Inquiétudes d'origine altruiste. Séparation momentanée, définitive.— Choc traumatique: a) Hystéro-neurasthénie traumatique. b) Choc chirurgical. Danger de l'intervention médicale des chirurgiens. Danger de la morphine aux opérés. Des purgations. Constipation provoquée chez les opérés, ses avantages.

III. Causes accidentelles.—Fièvre typhoïde. Grippe: son grand rôle pathogénique. Syphilis.

IV. Influences morbigènes spéciales à la femme.—Menstruation. Grossesse. Ptôse abdominale: Exploration abdominale.

CHAPITRE IV

PSYCHOTHÉRAPIE
Définition. Ne pas s'exagérer l'importance de son rôle 1° Son action s'étend aux déviations mentales.—2° A un grand nombre de troubles somatiques.—A. Moyens par lesquels on diminue les dépenses d'influx nerveux: savoir prendre parti; avoir des principes; le respect du temps; des habitudes d'ordre. Application de ces préceptes. Un cas de folie du doute. Psychothérapie dans la manie aiguë, dans les obsessions. Résignation passive et active.—B. Moyens par lesquels on augmente les recettes. 1° Gymnastique de la volonté, quelques procédés pratiques (gymnastique respiratoire, gymnastique suédoise).— Moyens par lesquels on augmente artificiellement le capital insuffisant: hypnose. Action personnelle de l'hypnotiseur, indications du traitement par l'hypnose. Ce qui limite l'emploi de l'hypnose en thérapeutique, c'est que: 1° ceux qui en auraient le plus besoin sont les plus difficiles à hypnotiser.—2° C'est que c'est un moyen qui peut être trop actif. C'est un agent thérapeutique utile, non dangereux, s'il est bien manié; le médecin seul peut le bien manier.
Conseils pratiques pour l'application des procédés psychothérapiques. —1° Le médecin doit soigner avec son coeur, plus qu'avec son intelligence.—2° Paraître ne jamais être pressé.—3° Ni même être pressé.—4° Savoir parler au malade.—5° Ne lui imposer que le strict minimum de prescriptions. Difficultés du traitement psychothérapique: 1° Absence de foi chez le malade (malades à théories médicales. Malades qui ne veulent pas guérir).— A l'hostilité de l'entourage. Le médecin confident.—Psychothérapie et sentiment religieux.

CHAPITRE V

AUTRES AGENTS THÉRAPEUTIQUES
1° Régime alimentaire (les prescriptions diététiques n'agissent pas seulement par suggestion). Diète liquide. Régime des potages. Régime à boisson restreinte. De la fréquence des repas. Du repos après et avant le repas.
2° Moyens accessoires.—A. Hydrothérapie: froide, exceptionnellement indiquée. Méthode de Kneipp. Drap mouillé. Hydrothérapie tiède: tub, bain. Malades dont il ne faut pas mouiller la peau. Chaleur sèche. Massage. Frictions. Bains de vapeur. Bains électriques. Electricité.—B. Injections hypodermiques.—1° Influence utile de l'injection en tant qu'injection (sérum artificiel, eau de mer).—2° Action propre du liquide injecté. Cacodylate de soude, de magnésie, de fer. Injections de Brown-Séquard. Strychnine. Cacodylate de gaïacol dans la «maladie» post grippale. Quinine, héroïne et morphine, leurs dangers. Injections huileuses: a. Mercurielles. b. Créosotées. Rôle alimentaire de l'huile injectée.—3° Des injections hypodermiques comme procédé de suggestion.—C. Vésicatoires. Emplâtres. Purgatifs. Etude de la constipation et des constipés. —D. Eaux minérales, leurs indications. Les tables de régime. Carlsbad. Vichy. Bagnoles. Brides. Vittel. Châtel-Guyon. Bourbon l'Archambault, etc. Les médecins des eaux.— Voyages. Leur utilité chez les gens bien portants. Leur danger chez de grands malades. Précautions à prendre pour qu'ils soient utiles aux malades moyens. La grande malade et le ciel de la Côte d'Azur. Voyage et entraînement. Vacances. Colonie de vacances.—F. La mer.—La cure marine. Le train des maris.

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE I

LA PÉRIODE DE DÉCLIN
Le déclin peut survenir à tout âge. Exemples de limites extrêmes. Les tares organiques. Les cardiopathies se révèlent. Le déclin peut n'être qu'apparent (difficulté du diagnostic). Petits symptômes prémonitoires du déclin. Ménopause. Opothérapie ovarienne. Influences morales. Aberrations tardives de l'instinct sexuel. Age critique de l'homme. Forme que revêt souvent la «maladie» à cet âge. Traitement psychothérapique, régime, précautions. Le diabète. Rôle du système nerveux dans le diabète. Il n'y a pas de régime du diabète, ni même des diabétiques. Albuminurie: transitoire, intermittente, permanente. Pronostic variable. Il n'y a pas de régime de l'albuminurie, ni même des albuminuriques. Obésité. Exercice chez les obèses. Thyroïdine. Il n'y a pas de régime de l'obésité. Danger de l'amaigrissement rapide.

CHAPITRE II

LA VIEILLESSE
Elle peut survenir à tout âge. Influences spéciales à la vieillesse de l'homme âgé. Nécessité du repos et dangers des voyages. Alimentation restreinte. Accidents qui font mourir le vieillard. De la mort naturelle.

INDEX.

AUTEURS CITÉS.

TABLE DES MATIÈRES.




ÉVREUX, IMPRIMERIE DE CHARLES HÉRISSEY
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