Le chevalier d'Harmental
Chapitre 44
Lorsque Bathilde rouvrit les yeux, elle se trouva couchée dans la chambre de mademoiselle Émilie; Mirza était étendue sur le pied de son lit, les deux sœurs étaient de chaque côté de son chevet, et Buvat, écrasé de douleur, se tenait assis dans un coin, la tête inclinée sur sa poitrine et ses mains posées sur ses genoux.
D'abord toutes ses pensées furent confuses, et son premier sentiment fut celui de la douleur physique; elle porta la main à sa tête, la blessure était derrière la tempe. Un médecin qu'on avait appelé avait posé le premier appareil, en prévenant qu'on eût à le rappeler si la fièvre se déclarait.
Étonnée de se trouver au sortir d'un sommeil qui lui avait paru si lourd et si douloureux, couchée dans une maison étrangère, la jeune fille arrêta un regard interrogateur sur chacun des personnages qui se trouvaient là, mais Athénaïs et Émilie détournèrent les yeux, Buvat poussa un gémissement sourd, Mirza seule allongea sa petite tête pour solliciter une caresse. Malheureusement pour la câline petite bête, les souvenirs commençaient à revenir à Bathilde, le voile qui avait passé entre sa mémoire et les événements s'éclaircissait peu à peu, bientôt elle commença de rattacher les uns aux autres les fils brisés qui pouvaient l'aider à suivre de nouveau la route du passé: elle se rappela le retour de Buvat, ce qu'il lui avait raconté de la conspiration, le danger qui était résulté pour d'Harmental de la révélation qu'il avait faite. Elle se souvint alors de l'espoir qu'elle avait conçu d'arriver à temps pour le sauver, de la rapidité avec laquelle elle avait traversé la rue et monté l'escalier; enfin, son entrée dans la chambre de Raoul lui revint en mémoire; et jetant un nouveau cri de terreur, comme si elle se trouvait une seconde fois en face du cadavre du capitaine:
—Et lui, s'écria-t-elle, et lui, qu'est-il devenu?
Nul ne répondit, car aucune des trois personnes qui se trouvaient là ne savait que répondre: seulement Buvat, suffoqué par les larmes, se leva et s'achemina vers la porte. Bathilde comprit tout ce qu'il y avait de douleurs et de remords dans cette sortie muette. D'un regard, elle arrêta Buvat. Puis, étendant ses deux bras vers lui:
—Petit père, demanda-t-elle, n'aimez-vous plus votre pauvre Bathilde?
—Moi, ne plus t'aimer, mon enfant chéri! s'écria Buvat en tombant à genoux au pied du lit en baisant les pieds de Bathilde à travers les couvertures; moi, ne plus t'aimer, mon Dieu! c'est bien plutôt toi qui ne m'aimeras plus maintenant, et tu auras raison, car je suis un misérable. J'aurais dû deviner que ce jeune homme t'aimait, et tout risquer, tout souffrir, plutôt que de.... Mais tu ne m'avais rien dit, tu n'as pas eu de confiance en moi, et, que veux-tu, moi, avec les meilleures intentions du monde, je ne fais que des sottises. Oh! malheureux, malheureux que je suis! s'écria Buvat en sanglotant, comment me pardonneras-tu jamais, et si tu ne me pardonnes pas, comment vivrai-je?
—Petit père! s'écria Bathilde, petit père, tâchez seulement de savoir ce qu'il est devenu, je vous en supplie.
—Eh bien! mon enfant, eh bien! je vais m'informer. N'est-ce pas que tu me pardonneras, si je t'apporte de bonnes nouvelles? Et... si elles sont mauvaises... n'est-ce pas que tu me détesteras davantage encore, et ce sera trop juste, mais n'est-ce pas que tu ne mourras point?
—Allez, allez, dit Bathilde, en jetant ses bras autour du cou de Buvat et en lui donnant un baiser dans lequel quinze ans de reconnaissance luttaient avec un jour de douleur, allez, mes jours sont entre les mains de Dieu; c'est lui qui décidera si je dois vivre ou mourir.
Buvat ne comprit dans tout cela que le baiser qu'il venait de recevoir, il lui sembla que si Bathilde lui en voulait beaucoup, elle ne l'embrasserait pas; et à demi consolé, il prit sa canne et son chapeau, s'informa à madame Denis du costume du chevalier, et se mit en quête de la route qu'il avait prise.
Ce n'était pas chose facile, surtout pour un investigateur aussi naïf que l'était Buvat, que de suivre la piste de Raoul: il apprit bien d'une voisine qu'on l'avait vu sauter sur un cheval gris qui était resté une demi-heure à peu près attaché au contrevent, et qu'il avait tourné par la rue du Gros-Chenet. Un épicier de sa connaissance, qui demeurait au coin de la rue des Jeûneurs, se rappela bien avoir vu passer, au grand galop d'un cheval pareil à celui que l'on désignait, un cavalier dont le signalement se rapportait à merveille avec celui donné par Buvat; enfin, une fruitière qui tenait boutique au coin du boulevard, jurait bien ses grands dieux qu'elle avait remarqué celui dont on lui demandait des nouvelles, et qu'il avait disparu à la descente de la porte Saint-Denis; mais au delà de ces trois renseignements, toutes les données devenaient vagues, incertaines, insaisissables; de sorte qu'après deux heures de recherches Buvat rentra chez madame Denis sans avoir autre chose à apprendre à Bathilde que, quelque part que fût allé d'Harmental, il y était allé par le boulevard Bonne-Nouvelle.
Buvat retrouva sa pupille plus agitée; pendant son absence le mal avait fait des progrès, et la crise prévue par le docteur se préparait. Bathilde avait les yeux ardents, le teint animé, les paroles brèves. Madame Denis venait d'envoyer chercher le médecin.
La pauvre femme n'était pas sans inquiétude elle-même; depuis longtemps elle se doutait que l'abbé Brigaud était mêlé à quelque machination, et ce qu'elle venait d'apprendre, que d'Harmental n'était point un étudiant, mais un colonel, la confirmait dans ses conjectures, puisque c'était Brigaud qui avait conduit d'Harmental chez elle. Cette parité dans la situation n'avait pas peu contribué à attendrir son âme, excellente d'ailleurs, en faveur de Bathilde. Elle écouta donc avec avidité le peu de renseignements que Buvat rapportait à la malade, et comme ils étaient loin d'être assez positifs pour la calmer, elle lui promit, si, de son côté, elle apprenait quelque chose, de la tenir au courant.
Sur ces entrefaites le médecin arriva. Quelque puissance qu'il eût sur lui-même, il fut facile de voir qu'il trouvait l'état de Bathilde gravement empiré. Il pratiqua une saignée abondante, ordonna des boissons rafraîchissantes, et recommanda de faire veiller quelqu'un au chevet de la malade. Mesdemoiselles Émilie et Athénaïs, qui, à part leurs petits ridicules, étaient au fond d'excellentes filles, déclarèrent alors que ce soin les regardait, et qu'elles passeraient la nuit près de Bathilde chacune à son tour. Émilie, en sa qualité d'aînée, réclama la première veillée, qui lui fut accordée sans conteste. Quant à Buvat, comme, à cause des soins qu'il fallait rendre à Bathilde, il ne pouvait rester dans la chambre, et que d'ailleurs ses soupirs étouffés et ses gémissements sourds n'étaient bons qu'à inquiéter la malade, on l'invita à remonter chez lui, ce qu'il ne consentit à faire que lorsque Bathilde elle-même l'en eut supplié.
La saignée avait un peu calmé Bathilde; elle paraissait donc éprouver du mieux. Madame Denis avait quitté la chambre, mademoiselle Athénaïs était rentrée chez elle; monsieur Boniface, après être revenu de la Morgue, où il avait été faire une visite au capitaine Roquefinette, était remonté à son cinquième, Émilie veillait au coin de la cheminée, lisant un petit livre qu'elle avait tiré de sa poche, lorsqu'on frappa à la porte deux coups assez pressés et assez forts pour dénoter une certaine agitation dans celui qui réclamait son introduction. Bathilde tressaillit et se leva sur son coude, Émilie fourra son livre dans sa poche, et, ayant entendu le mouvement de la malade, accourut à son lit; puis il y eut un moment de silence, pendant lequel on entendit ouvrir et fermer deux ou trois portes, enfin une voix se fit entendre, et avant même qu'Émilie eût dit:—Ce n'est pas la voix de monsieur Raoul, c'est celle de l'abbé Brigaud, Bathilde était retombée sur son oreiller.
Un instant après, madame Denis entrouvrit la porte, et d'une voix altérée appela Émilie. Émilie sortit et laissa Bathilde seule.
Tout à coup Bathilde tressaillit. L'abbé était dans une chambre attenante à la sienne, et il lui avait semblé entendre prononcer le nom de Raoul. En même temps elle s'était rappelé avoir plusieurs fois vu l'abbé chez d'Harmental; elle savait que l'abbé était des plus familiers de madame du Maine: elle pensa donc que l'abbé pouvait apporter des nouvelles. Son premier mouvement fut de descendre en bas du lit, de passer une robe et d'aller demander des nouvelles, mais elle pensa que si ces nouvelles étaient mauvaises, on ne les lui dirait pas et que mieux valait tâcher d'entendre la conversation, qui paraissait des plus animées. En conséquence, elle appuya son oreille contre la boiserie, et, comme si toute sa vie était passée dans un seul sens, elle écouta ardemment ce qui se disait.
Brigaud rendait compte à madame Denis de ce qui s'était passé. Valef était accouru faubourg Saint-Antoine, 15, pour prévenir madame du Maine que tout avait échoué. Madame du Maine avait aussitôt rendu aux conjurés leur parole, invitant Malezieux et Brigaud à fuir chacun de son côté. Quant à elle, elle s'était retirée à l'Arsenal. Brigaud venait donc faire ses adieux à madame Denis; il quittait Paris et allait tâcher de gagner l'Espagne, déguisé en colporteur.
Au milieu de son récit, interrompu par les exclamations de la pauvre madame Denis et de mesdemoiselles Émilie et Athénaïs, il avait semblé à l'abbé, au moment où il avait raconté la catastrophe de d'Harmental, entendre pousser un cri dans la chambre voisine; mais comme personne n'avait fait attention à ce cri, comme il ignorait que Bathilde fût là, il n'avait point attaché d'autre importance à ce bruit, sur la nature duquel il avait cru se tromper; d'ailleurs Boniface, appelé à son tour, était entré juste dans ce moment-là, et comme l'abbé avait un faible tout particulier pour Boniface, son apparition avait dirigé les sentiments de Brigaud vers des impressions toutes personnelles.
Cependant ce n'était pas l'heure des longs adieux. Brigaud désirait que le jour le trouvât le plus loin possible de Paris. Il prit congé de la famille Denis, n'emmenant avec lui que Boniface, qui avait déclaré qu'il voulait conduire son ami Brigaud jusqu'à la barrière.
Comme ils ouvraient la porte qui donnait sur l'escalier, ils entendirent la voix du concierge qui semblait s'opposer au passage de quelqu'un; ils descendirent aussitôt pour s'informer de la cause de la discussion. Bathilde, les cheveux épars, les pieds nus, enveloppée dans une grande robe blanche, était debout sur l'escalier, essayant de sortir malgré les efforts du concierge. La pauvre enfant avait tout entendu; sa fièvre s'était changée en délire, elle voulait rejoindre Raoul, elle voulait le revoir, elle voulait mourir avec lui. Les trois femmes la prirent dans leurs bras. Un instant elle se débattit, articulant des mots sans suite, les joues brûlées par la fièvre, tandis que d'un autre côté, elle grelottait de tous ses membres, et que ses dents se froissaient. Mais bientôt ses forces s'épuisèrent, elle renversa sa tête en arrière, murmura encore le nom de Raoul, et s'évanouit une seconde fois.
On envoya chercher de nouveau le médecin. Ce qu'il avait craint arrivait, une fièvre cérébrale venait de se déclarer. En ce moment on frappa à la porte: c'était Buvat, que Brigaud et Boniface avaient trouvé errant comme une âme en peine devant la maison, et qui, ne pouvant résister à son inquiétude, venait demander à rester dans un coin quelconque de l'appartement, où l'on voudrait, pourvu que d'heure en heure il eût des nouvelles de Bathilde. La pauvre famille était trop affectée elle-même pour ne pas comprendre la douleur des autres. Madame Denis fit signe à Buvat de s'asseoir dans un coin, et se retira dans sa chambre avec Athénaïs, laissant de nouveau Émilie pour garder la malade. Vers le point du jour, Boniface rentra; il avait accompagné Brigaud jusqu'à la barrière d'Enfer, où l'abbé l'avait quitté, espérant, grâce au bon cheval sur lequel il était monté et au déguisement dont il était revêtu, gagner la frontière d'Espagne.
Le délire de Bathilde continuait: toute la nuit elle avait parlé de Raoul. Plusieurs fois elle avait prononcé le nom de Buvat, et toujours en l'accusant d'avoir tué son amant. À chaque fois le pauvre écrivain, sans oser se défendre, sans oser répondre, sans oser se plaindre, avait silencieusement fondu en larmes, cherchant dans son esprit à réparer le mal qu'il avait fait; enfin, le jour venu, il parut s'être arrêté à une résolution énergique. Il s'approcha du lit, baisa la main fiévreuse de Bathilde, qui le regarda sans le reconnaître, et sortit.
Buvat venait en effet de prendre un parti extrême: c'était celui d'aller trouver Dubois, de lui tout dire, et de lui demander pour toute récompense, au lieu de son rappel d'appointements, au lieu de son avancement à la Bibliothèque, la grâce de d'Harmental. C'était bien le moins qu'on pût accorder à l'homme que le régent lui-même avait appelé le sauveur de la France. Buvat ne doutait donc point qu'il ne revînt bientôt avec cette bonne nouvelle, et que cette bonne nouvelle ne rendît la santé à Bathilde.
En conséquence, Buvat remonta chez lui pour réparer le désordre de sa toilette qui se ressentait fort des événements de la veille et des émotions de la nuit: d'ailleurs il n'osait point se présenter trop matin chez le premier ministre, de peur de le déranger. Sa toilette achevée, comme il n'était encore que neuf heures, il entra un instant dans la chambre de Bathilde; elle était telle que la jeune fille l'avait laissée la veille. Buvat s'assit sur la chaise qu'elle avait quittée, toucha les objets qu'elle touchait de préférence, baisa les pieds du crucifix qu'elle baisait tous les soirs: on eût dit un amant qui revoyait les lieux abandonnés par sa maîtresse.
Dix heures sonnèrent à la petite pendule: c'était l'heure à laquelle Buvat, depuis plusieurs jours, se rendait au Palais-Royal. La crainte d'être importun fit donc place à l'espoir d'être reçu comme il l'avait toujours été. Buvat prit donc sa canne et son chapeau, monta chez madame Denis pour savoir comment allait Bathilde depuis qu'il l'avait quittée. Elle ne cessait d'appeler Raoul, et le médecin la saignait pour la troisième fois. Buvat poussa un profond soupir, leva ses gros yeux au ciel, comme pour le prendre à témoin qu'il allait faire tout ce qu'il pourrait pour apporter un prompt soulagement aux douleurs de sa pupille, et s'achemina vers le Palais-Royal.
Le moment était mal choisi: Dubois, qui depuis cinq ou six jours avait été constamment sur pied, souffrait horriblement de la maladie dont quelques mois après il devait mourir; d'ailleurs il était de fort mauvaise humeur de ce que d'Harmental seul eût été pris, et il venait d'ordonner à Leblanc et à d'Argenson de mener le procès avec la plus grande activité, lorsque son valet de chambre, qui avait l'habitude de voir arriver tous les matins le digne copiste, annonça monsieur Buvat.
—Qu'est-ce que monsieur Buvat? demanda Dubois.
—C'est moi, monseigneur, dit le pauvre écrivain en se hasardant à se glisser entre le valet de chambre et la porte, en inclinant sa bonne tête devant le premier ministre.
—Qui vous? demanda Dubois comme s'il ne l'eût jamais vu.
—Comment, monseigneur, demanda Buvat étonné, ne me reconnaissez-vous point? Je viens vous faire mes compliments sur la découverte de la conspiration.
—J'ai assez de compliments comme cela; merci des vôtres, monsieur Buvat, dit Dubois d'un ton sec.
—Mais, monseigneur, je viens aussi vous demander une grâce.
—Une grâce! Et à quel titre?
—Mais, dit Buvat en balbutiant, mais, monseigneur, souvenez-vous donc que vous m'avez promis une récompense.
—Une récompense! à toi, double drôle!
—Comment, monseigneur, vous ne vous rappelez point, reprit Buvat de plus en plus effrayé, que vous m'avez dit vous-même ici, dans ce cabinet, que j'avais ma fortune au bout des doigts?
—Eh bien! aujourd'hui, dit Dubois, tu as ta vie dans tes jambes; car si tu ne décampes pas au plus vite....
—Mais, monseigneur....
—Ah! tu raisonnes, drôle! s'écria Dubois en se soulevant d'une main sur le bras de son fauteuil, et en étendant l'autre vers sa crosse d'archevêque.
Attends! attends! tu vas voir....
Buvat en avait assez vu: au geste menaçant du premier ministre, il comprit ce qui allait se passer, et tourna les talons. Mais, si vite qu'il s'éloignât, il eut encore le temps d'entendre Dubois qui, avec des jurements horribles, ordonnait au valet de chambre de le faire périr sous le bâton s'il se représentait jamais au Palais-Royal.
Buvat comprit que de ce côté tout était fini, et qu'il lui fallait non seulement renoncer à l'espoir d'être utile à d'Harmental, mais encore qu'il ne serait plus même question de ce payement d'arriéré qu'il avait déjà cru tenir; cet enchaînement de pensées le conduisit tout naturellement à songer que depuis plus de huit jours il n'avait point mis le pied à la Bibliothèque; il était dans le quartier, il résolut de faire une visite à son bureau, ne fût-ce que pour s'excuser auprès du conservateur en lui racontant la cause de son absence; mais là une dernière douleur, plus terrible que les autres, attendait Buvat: en ouvrant la porte de son bureau, il vit son fauteuil occupé; un étranger était à sa place.
Comme depuis quinze ans Buvat n'avait jamais été en retard d'une heure, le conservateur l'avait cru mort et l'avait remplacé. Buvat avait perdu sa place à la Bibliothèque pour avoir sauvé la France.
C'était trop d'événements terribles les uns sur les autres. Buvat rentra à la maison presque aussi malade que Bathilde
Chapitre 45
Cependant, comme nous l'avons dit, Dubois pressait le procès de d'Harmental, espérant que ses révélations lui donneraient des armes contre ceux qu'il voulait atteindre; mais d'Harmental se renfermait dans une dénégation absolue à l'égard des autres. Quant à ce qui lui était personnel à lui-même, il avouait tout, disant que la tentative qu'il avait essayée contre le régent était le résultat d'une vengeance particulière, vengeance excitée chez lui par l'injustice qui lui avait été faite lorsqu'on lui avait ôté son régiment. Quant aux hommes qui l'accompagnaient et qui lui avaient prêté main-forte dans cette entreprise, il déclarait que c'étaient deux pauvres diables de faux sauniers qui ne savaient pas eux-mêmes quel était le personnage qu'ils escortaient. Tout cela n'était pas fort probable; mais il n'y avait pas moyen cependant de consigner sur les interrogatoires autre chose que les réponses de l'accusé. Il en résultait, au grand désappointement de Dubois, que les véritables coupables échappaient à sa vengeance, à l'abri des éternelles dénégations du chevalier, qui avait déclaré n'avoir vu qu'une fois ou deux monsieur et madame du Maine, et qui affirmait n'avoir jamais été chargé ni par l'un ni par l'autre d'aucune mission politique.
On avait arrêté successivement Laval, Pompadour et Valef, et on les avait conduits à la Bastille. Mais comme ils savaient qu'ils pouvaient compter sur le chevalier, et que d'avance le cas dans lequel ils se trouvaient avait été prévu, et que chacun était convenu de ce qu'il devait dire, ils s'étaient tous renfermés dans une dénégation absolue, avouant leurs relations avec monsieur et madame du Maine, mais soutenant que ces relations s'étaient bornées de leur part à celles d'une respectueuse amitié. Quant à d'Harmental, ils le connaissaient, disaient-ils, pour un homme d'honneur qui avait à se plaindre d'une grande injustice qui lui avait été faite, voilà tout: on les confronta successivement avec le chevalier, mais cette confrontation n'eut d'autre résultat que d'affermir chacun dans son système de défense, en apprenant à chacun que ce système était religieusement suivi par ses compagnons.
Dubois était furieux; il regorgeait de preuves pour l'affaire des états généraux, mais cette affaire avait été coulée à fond par le lit de justice qui avait condamné les lettres de Philippe V, et dégradé les princes légitimés de leur rang; chacun les regardait comme assez punis par ce jugement, sans que l'on sévît une seconde fois contre eux pour une même cause. Dubois avait espéré alors sur les révélations de d'Harmental pour envelopper monsieur et madame du Maine dans un nouveau procès, plus grave que le premier, car, cette fois, il était question d'attentat direct, sinon à la vie, du moins à la liberté du régent; mais l'obstination du chevalier était venue détruire ses espérances. Sa colère s'était donc retournée tout entière contre d'Harmental, et, comme nous l'avons dit, il avait donné l'ordre à Leblanc et à d'Argenson de mener le procès avec la plus grande activité, ordre que ces deux magistrats suivaient avec leur ponctualité accoutumée.
Pendant ce temps, la maladie de Bathilde avait suivi un cours progressif, qui avait mis la pauvre enfant à deux doigts de la mort; mais enfin la jeunesse et la force avaient triomphé du mal. À l'exaltation du délire avait succédé chez elle un abattement profond, une prostration complète: on eût dit que la fièvre seule la soutenait, et qu'en s'en allant elle avait emmené la vie avec elle.
Cependant chaque jour amenait une amélioration, faible, il est vrai, mais cependant sensible aux yeux des bonnes gens qui environnaient la pauvre malade. Peu à peu elle avait reconnu ceux qui l'entouraient, puis elle leur avait tendu la main, puis elle leur avait adressé la parole. Cependant, au grand étonnement de tout le monde, on avait remarqué que Bathilde n'avait pas prononcé le nom de d'Harmental; c'était, au reste, un grand soulagement que ce silence pour ceux qui l'entouraient, car, comme ils n'avaient à l'endroit du chevalier que de fort tristes nouvelles à apprendre à Bathilde, ils préféraient, comme on le comprend bien, qu'elle gardât le silence sur ce sujet; chacun croyait bien, et le médecin tout le premier, que la jeune fille avait complètement oublié ce qui s'était passé, ou que si elle s'en souvenait, elle confondait la réalité avec les rêves de son délire.
Tout le monde était dans l'erreur même le médecin. Voici ce qui était arrivé:
Un matin qu'on croyait Bathilde endormie et qu'on l'avait laissée un instant seule, Boniface qui, malgré la sévérité de sa voisine, conservait toujours un grand fond de tendresse à son égard, avait, comme c'était son habitude tous les matins depuis qu'elle était malade, entrouvert la porte et passé la tête pour demander de ses nouvelles. Au grognement de Mirza, Bathilde s'était retournée, et, apercevant Boniface, avait aussitôt songé qu'elle saurait probablement de lui ce qu'elle demanderait vainement aux autres, c'est-à-dire ce qu'était devenu d'Harmental; en conséquence, elle avait, tout en retenant Mirza, tendu sa main pâle et amaigrie à Boniface. Boniface l'avait prise, tout en hésitant, entre ses grosses mains rouges; puis, regardant la jeune fille tout en hochant la tête:
—Oh! oui, mademoiselle Bathilde, avait-il dit; oui, vous avez bien eu raison: vous êtes une demoiselle, et moi, je ne suis qu'un gros paysan.
C'était un beau seigneur qu'il vous fallait à vous, et vous ne pouviez pas m'aimer.
—Du moins, comme vous l'entendiez, Boniface, dit Bathilde, mais je puis vous aimer autrement.
—Bien vrai, mademoiselle Bathilde, bien vrai? Eh bien! aimez-moi comme vous voudrez, pourvu que vous m'aimiez un peu.
—Je puis vous aimer comme un frère.
—Comme un frère! vous aimeriez ce pauvre Boniface comme un frère! et il pourrait vous aimer comme une sœur, lui! il pourrait vous prendre de temps en temps la main comme il vous la tient dans ce moment-ci! il pourrait vous embrasser quelquefois comme il embrasse Mélie et Naïs? Oh! parlez, mademoiselle Bathilde, que faut-il faire pour cela?
—Mon ami, dit Bathilde....
—Oh! elle m'a appelé son ami, dit Boniface; elle m'a appelé son ami, moi qui ai dit des horreurs d'elle. Tenez, mademoiselle Bathilde, ne m'appelez pas votre ami; je ne suis pas digne de ce nom-là. Vous ne savez pas ce que j'ai dit: j'ai dit que vous viviez avec un vieux; mais je n'en croyais rien, mademoiselle Bathilde, parole d'honneur! voyez vous, c'était la colère, c'était la rage. Mademoiselle Bathilde, appelez-moi gueux, appelez-moi scélérat. Tenez, ça me fera moins de peine que de vous entendre m'appeler votre ami. Ah! scélérat de Boniface! ah! gueux de Boniface!
—Mon ami, dit Bathilde, si vous avez dit tout cela je vous pardonne; car, aujourd'hui, non seulement vous pouvez réparer ce tort, mais encore acquérir des droits éternels à ma reconnaissance.
—Et que faut-il faire pour cela? Voyons, dites. Faut-il passer dans le feu? faut-il sauter par la fenêtre du deuxième? faut-il... je ne sais pas quoi? je le ferai; dites! n'importe, ça m'est égal. Dites, je vous supplie....
—Non, mon ami, dit Bathilde; ce que j'ai à vous demander est plus facile à faire que tout cela.
—Dites, alors, dites, mademoiselle Bathilde.
—Et cependant, il faut me jurer d'abord que vous le ferez.
—En vérité Dieu! mademoiselle Bathilde.
—Quelque chose qu'on vous dise pour vous en empêcher?
—Moi, m'empêcher de faire quelque chose que vous me demanderez?
Jamais au grand jamais!
—Quelle que soit la douleur que j'en doive éprouver?
—Ah! ça, c'est autre chose, mademoiselle Bathilde. Non; si cela doit vous faire de la peine, j'aime mieux qu'on me coupe en quatre.
—Mais si je vous en prie, mon ami, mon frère? dit Bathilde de sa voix la plus persuasive.
—Oh! si vous me parlez comme cela, oh! vous allez me faire pleurer comme la fontaine des Innocents. Oh! tenez, voilà que ça coule.
Et Boniface se mit à sangloter.
—Vous me direz donc tout, mon cher Boniface?
—Oh! tout! tout!
—Eh bien! dites-moi d'abord.... Bathilde s'arrêta.
—Quoi?
—Vous ne devinez pas, Boniface?
—Oh! si fait. Je m'en doute bien, allez! Vous voulez savoir ce qu'est devenu monsieur Raoul, n'est-ce pas?
—Oui! oui! s'écria Bathilde, oui; au nom du ciel! qu'est-il devenu?
—Pauvre garçon! murmura Boniface.
—Mon Dieu! serait-il mort? demanda Bathilde en se dressant sur son lit.
—Non, heureusement non; mais il est prisonnier.
—Où cela?
—À la Bastille.
—Je m'en doutais! répondit Bathilde en retombant sur son lit. À la Bastille! mon Dieu! mon Dieu!
—Allons voilà que vous pleurez à présent, mademoiselle Bathilde!
—Et je suis là! s'écria Bathilde; là, dans ce lit, mourante, enchaînée!
—Oh! ne pleurez donc pas comme ça, mademoiselle Bathilde; c'est votre pauvre Boniface qui vous en prie.
—Non, non; je serai forte, j'aurai du courage. Vois, Boniface, je ne pleure plus.
—Elle m'a tutoyé! s'écria Boniface.
—Mais tu comprends, continua Bathilde avec une exaltation toujours croissante, car la fièvre la reprenait; tu comprends, mon bon ami, il faut que je sache tout, heure par heure, afin que le jour où il mourra je puisse mourir!
—Vous, mourir! mademoiselle Bathilde, jamais! jamais!
—Je lui ai promis, dit Bathilde, je lui ai juré. Boniface tu me tiendras au courant de tout, n'est-ce pas?
—Ô mon Dieu! mon Dieu! que je suis malheureux de vous avoir promis cela!
—Et puis, s'il le faut, au moment... au moment terrible... tu m'aideras... tu me conduiras, n'est-ce pas, Boniface?... Il faut que je le revoie... une fois....
Une fois encore... fût-ce sur l'échafaud!
—Tout ce que vous voudrez, tout, tout! s'écria Boniface en tombant à genoux et en cherchant vainement à contenir ses sanglots.
—Tu me le promets?
—Je vous le jure.
—Silence, on vient. Pas un mot: c'est un secret entre nous deux. C'est bien, relevez-vous, essuyez vos yeux, faites comme moi, souriez.
Et Bathilde se mit à rire avec une agitation fébrile effrayante à voir. Heureusement c'était Buvat qui entrait. Boniface profita de cette entrée pour sortir.
—Eh bien! comment cela va-t-il? demanda le bonhomme.
—Mieux, petit père, mieux dit Bathilde. Je sens que la force me revient, et que dans quelques jours je pourrai me lever. Mais vous, petit père, pourquoi n'allez-vous pas à votre bureau?—Buvat poussa un gémissement.—C'était bon quand j'étais malade de ne pas me quitter.... Mais maintenant que je vais mieux, il faut retourner à la Bibliothèque, entendez-vous, petit père?
—Oui, mon enfant, oui, dit Buvat en dévorant ses larmes.... Oui, j'y vais.
—Eh bien! vous ne venez pas m'embrasser?
—Si, si.... Au contraire.
—Allons, voilà que vous pleurez.... Mais vous voyez bien que je vais mieux.
Voulez-vous donc me faire mourir de chagrin?
—Moi, je pleure, dit Buvat, en se tamponnant les yeux avec son mouchoir; moi, je pleure? alors si je pleure, c'est de joie. Oui, j'y vais, mon enfant, à mon bureau, j'y vais.
Et Buvat, après avoir embrassé Bathilde, remonta chez lui, car il ne voulait pas dire à la pauvre enfant qu'il avait perdu sa place, et la jeune fille se retrouva seule.
Alors elle respira plus librement: maintenant elle était tranquille; Boniface, en sa qualité de clerc d'un procureur au Châtelet, était à même de savoir tout ce qui se passait, et Bathilde était sûre que Boniface lui dirait tout. En effet, à partir du lendemain, elle sut que Raoul avait été interrogé et qu'il avait tout pris sur son compte; puis le jour suivant elle apprit qu'il avait été confronté avec Valef, Laval et Pompadour, mais que cette confrontation n'avait rien amené. Enfin, fidèle à sa promesse, Boniface chaque soir lui apportait les nouvelles de la journée, et chaque soir Bathilde, à ce récit, quelque alarmant qu'il fût, se sentait reprendre de nouvelles forces. Quinze jours se passèrent ainsi. Au bout de quinze jours, Bathilde commençait à se lever et à marcher dans la chambre, à la grande joie de Buvat, de Nanette, et de toute la famille Denis.
Un jour, Boniface, contre son habitude revint à trois heures de chez Me Joullu, et entra dans la chambre de la malade: le pauvre garçon était si pâle et si défait que Bathilde comprit qu'il apportait quelque terrible nouvelle, et, jetant un cri, se leva tout debout et les yeux fixés sur lui.
—Tout est donc fini? dit-elle.
—Hélas! répondit Boniface, c'est sa faute aussi à cet entêté-là. On lui offrait sa grâce comprenez-vous, mademoiselle Bathilde, sa grâce s'il voulait, et il n'a rien voulu dire.
—Ainsi, s'écria Bathilde, ainsi, plus d'espoir; il est condamné?
—De ce matin, mademoiselle Bathilde, de ce matin.
—À mort?
Boniface fit un signe de tête.
—Et quand l'exécute-t-on?
—Demain, à huit heures du matin.
—Bien, dit Bathilde.
—Mais il y a peut-être encore de l'espoir, dit Boniface.
—Lequel? demanda Bathilde.
—Si d'ici là il se décidait à dénoncer ses complices.
La jeune fille se mit à rire, mais d'un rire si étrange que Boniface en frissonna de la tête aux pieds.
—Enfin, dit Boniface, qui sait? Moi, à sa place par exemple, je n'y manquerais pas. Je dirais: c'est pas moi, parole d'honneur! Ce n'est pas moi; c'est un tel, un tel, et puis encore un tel.
—Boniface, dit Bathilde, il faut que je sorte.
—Vous, mademoiselle Bathilde! s'écria Boniface effrayé; vous sortir!
Mais c'est vous tuer que de sortir.
—Il faut que je sorte, vous dis-je.
—Mais vous ne pouvez pas vous tenir sur vos jambes.
—Vous vous trompez, Boniface, je suis forte, voyez.
Et Bathilde se mit à marcher par la chambre d'un pas ferme et assuré.
—D'ailleurs, reprit Bathilde, vous allez aller me chercher un carrosse de place.
—Mais, mademoiselle Bathilde....
—Boniface, vous avez promis de m'obéir, dit la jeune fille. Jusqu'à cette heure vous m'avez tenu parole: êtes-vous las de votre dévouement?
—Moi, mademoiselle Bathilde, moi las de mon dévouement pour vous! Que le bon Dieu me punisse s'il y a un mot de vrai dans ce que vous me dites là. Vous me demandez un carrosse, je vais en chercher deux.
—Allez, mon ami, dit la jeune fille; allez, mon frère.
—Oh! tenez, mademoiselle Bathilde, avec ces paroles-là, voyez-vous, vous me feriez faire tout ce que vous voudriez. Dans cinq minutes, le carrosse sera ici.
Et Boniface sortit en courant.
Bathilde avait une grande robe blanche flottante; elle la serra avec une ceinture, jeta un mantelet sur ses épaules, et s'apprêta à sortir. Comme elle s'avançait vers la porte, madame Denis entra.
—Ô mon Dieu! ma chère enfant, s'écria la bonne femme, qu'allez-vous faire?
—Madame, dit Bathilde, il faut que je sorte.
—Sortir... mais vous êtes folle!
—Vous vous trompez, madame, j'ai toute ma raison, dit Bathilde en souriant avec tristesse. Seulement peut-être me rendriez-vous insensée en essayant de me retenir.
—Mais enfin, où allez-vous, ma chère enfant?
—Ne savez-vous pas qu'il est condamné, madame?
—Ô mon Dieu! mon Dieu! qui vous a dit cela? J'avais tant recommandé à tout le monde de vous cacher cette horrible nouvelle!
—Oui, et demain, n'est-ce pas, vous m'auriez dit qu'il était mort? Et je vous aurais répondu: c'est vous qui l'avez tué, car, moi, j'ai un moyen de le sauver peut-être.
—Vous, vous, mon enfant, vous avez un moyen de le sauver?
—J'ai dit peut-être, madame. Laissez-moi donc tenter ce moyen, car c'est le seul qui me reste.
—Allez, mon enfant, dit madame Denis, dominée par le ton inspiré de Bathilde, allez, et que Dieu vous conduise!
Et madame Denis se rangea pour laisser passer Bathilde.
Bathilde sortit, descendit l'escalier d'un pas lent mais ferme, traversa la rue, monta ses quatre étages sans se reposer, et ouvrit la porte de sa chambre, où elle n'était pas entrée depuis le jour de la catastrophe. Au bruit qu'elle fit en entrant, Nanette sortit du cabinet et poussa un cri: elle croyait voir le fantôme de sa jeune maîtresse.
—Eh bien! demanda Bathilde d'un ton grave, qu'as-tu donc, ma bonne Nanette?
—Ô mon Dieu! s'écria la pauvre femme toute tremblante, est-ce bien vous, notre demoiselle, ou bien n'est-ce que votre ombre?
—C'est moi, Nanette, moi-même, touche-moi plutôt en m'embrassant. Dieu merci! je ne suis pas morte encore.
—Et pourquoi avez-vous quitté la maison des Denis? Est-ce qu'ils vous auraient dit quelque chose qui n'était point à dire?
—Non ma bonne Nanette non, mais il faut que je fasse une course nécessaire, indispensable.
—Vous, sortir dans l'état où vous êtes, jamais! Ce serait vous tuer que de le souffrir. Monsieur Buvat! monsieur Buvat! voilà notre demoiselle qui veut sortir! Venez donc lui dire que cela ne se peut pas.
Bathilde se retourna vers Buvat, avec l'intention d'employer son ascendant sur lui s'il tentait de l'arrêter, mais elle lui vit une figure si bouleversée, qu'elle ne se douta point qu'il ne sût la fatale nouvelle. De son côté, Buvat en l'apercevant, fondit en larmes.
—Mon père, dit Bathilde, ce qui a été fait jusqu'aujourd'hui est l'ouvrage des hommes, mais l'œuvre des hommes est finie, et ce qui reste à faire appartient à Dieu. Mon père, Dieu aura pitié de nous.
—Oh! s'écria Buvat en tombant sur un fauteuil, c'est moi qui l'ai tué! c'est moi qui l'ai tué! c'est moi qui l'ai tué!
Bathilde alla gravement à lui et l'embrassa au front.
—Mais que vas-tu faire, mon enfant? demanda Buvat.
—Mon devoir, répondit Bathilde.
Et elle ouvrit une petite armoire qui était dans le prie-Dieu, y prit un portefeuille noir, le déplia et en tira une lettre.
—Oh! tu as raison, tu as raison, mon enfant! s'écria Buvat; j'avais oublié cette lettre.
—Je m'en souvenais, moi, dit Bathilde en baisant la lettre et en la mettant sur son cœur, car c'est le seul héritage que m'a laissé ma mère.
En ce moment, on entendit le bruit du carrosse qui s'arrêtait à la porte.
—Adieu, mon père; adieu, Nanette, dit Bathilde. Priez tous deux pour que je réussisse.
Et Bathilde s'éloigna avec cette gravité solennelle qui faisait d'elle, pour ceux qui la voyaient en ce moment quelque chose de pareil à une sainte.
À la porte, elle trouva Boniface qui l'attendait avec le carrosse.
—Irai-je avec vous, mademoiselle Bathilde, demanda Boniface.
—Non, mon ami, dit Bathilde en lui tendant la main, non, pas ce soir, demain peut-être.
Et elle monta dans le carrosse.
—Où faut-il vous mener, notre belle demoiselle? demanda le cocher.
—À l'Arsenal, répondit Bathilde
Chapitre 46
Arrivée à l'Arsenal, Bathilde fit demander mademoiselle Delaunay, qui, sur sa prière, la conduisit aussitôt à madame du Maine.
—Ah! c'est vous mon enfant, dit la duchesse d'une voix distraite et d'un air agité. C'est bien de se rappeler ses amis lorsqu'ils sont dans le malheur.
—Hélas! madame, répondit Bathilde, je viens près de Votre Altesse Royale pour lui parler d'un plus malheureux qu'elle encore. Sans doute, Votre Altesse Royale a perdu quelques-uns de ses titres, quelques-unes de ses dignités; mais là s'arrêtera la vengeance, car nul n'osera attenter à la vie ou même à la liberté du fils de Louis XIV ou de la petite-fille du grand Condé.
—À la vie, non, dit la duchesse du Maine, non; mais à la liberté, je n'en répondrais pas. Comprenez-vous cet imbécile d'abbé Brigaud qui se fait arrêter en colporteur il y a trois jours, à Orléans, et qui, sur de fausses révélations qu'on lui présente comme venant de moi, avoue tout et nous compromet affreusement; de sorte que je ne serais pas étonnée que cette nuit on nous arrêtât.
—Celui pour lequel je viens implorer votre pitié madame, dit Bathilde, n'a rien révélé, lui, et est condamné à mort pour au contraire avoir gardé le silence.
—Ah! ma chère enfant, s'écria la duchesse, vous voulez parler de ce pauvre d'Harmental: oui, je le connais: c'est un gentilhomme, celui-là.
Vous le connaissez donc?
—Hélas! dit mademoiselle Delaunay, non seulement Bathilde le connaît, mais elle l'aime.
—Pauvre enfant! Mon Dieu! mais que faire? Moi vous comprenez bien, je ne puis rien, je n'ai aucun crédit. Tenter une démarche en sa faveur, c'est lui ôter son dernier espoir, s'il lui en reste un.
—Je le sais bien, madame, dit Bathilde; aussi je ne viens demander à Votre Altesse qu'une chose: c'est par quelqu'un de ses amis, par quelqu'une de ses connaissances, au moyen de ses anciennes relations, c'est de m'introduire auprès de monseigneur le régent. Le reste me regarde.
—Mais, mon enfant, savez-vous ce que vous me demandez là? dit la duchesse; savez-vous que le régent ne respecte rien? Savez-vous que vous êtes belle comme un ange, et que votre pâleur même vous va à ravir?
Savez-vous....
—Madame, dit Bathilde avec une dignité suprême, je sais que mon père lui a sauvé la vie et est mort à son service.
—Ah! ceci, c'est autre chose, dit la duchesse. Attendez; voyons, comment faire? Oui, c'est cela. Delaunay appelle Malezieux.
Mademoiselle Delaunay obéit, et un instant après le fidèle chancelier entra.
—Malezieux, dit la duchesse, voilà une enfant que vous allez conduire à la duchesse de Berry, à qui vous la recommanderez de ma part. Il faut qu'elle voie le régent, et cela sur l'heure, vous entendez? il s'agit de la vie d'un homme. Et, tenez, de celle de ce cher d'Harmental, que je donnerais moi même tant de choses pour sauver.
—J'y vais, madame, dit Malezieux.
—Vous le voyez, mon enfant, dit la duchesse, je fais tout ce que je puis faire, si je puis vous être utile à autre chose, si pour séduire un geôlier, si pour préparer sa fuite vous avez besoin d'argent, je n'en ai pas beaucoup, mais il me reste quelques diamants, et ils ne pourraient jamais être mieux employés qu'à sauver la vie d'un si brave gentilhomme. Allons, ne perdez pas de temps, embrassez-moi et allez trouver ma nièce; vous savez que c'est la favorite de son père.
—Oh! madame, dit Bathilde, je sais que vous êtes un ange, et, si je réussis, je vous devrai plus que ma vie.
—Pauvre petite! dit la duchesse en regardant Bathilde s'éloigner; puis, lorsqu'elle eut disparu:
—Allons, Delaunay, continua madame du Maine, qui effectivement s'attendait à être arrêtée d'un moment à l'autre, reprenons nos malles.
Pendant ce temps, Bathilde, accompagnée de Malezieux, était remontée dans sa voiture, et avait pris le chemin du Luxembourg où vingt minutes après elle était arrivée.
Grâce au patronage de Malezieux, Bathilde entra sans difficulté, on la fit passer dans un petit boudoir où on la pria d'attendre, tandis que le chancelier, introduit auprès de Son Altesse Royale, la préviendrait de la grâce qu'on avait à lui demander. Malezieux s'acquitta de la commission avec tout le zèle qu'il portait aux choses recommandées par madame du Maine, et Bathilde n'avait pas attendu dix minutes qu'elle le vit rentrer avec la duchesse de Berry.
La duchesse avait un cœur excellent; aussi avait-elle été vivement touchée du récit que lui avait fait Malezieux; si bien que lorsqu'elle parut, il n'y avait pas à se tromper sur l'intérêt que lui inspirait d'avance la jeune fille qui venait solliciter sa protection. Bathilde s'aperçut de ses dispositions bienveillantes, et vint à elle les mains jointes. La duchesse lui prit les mains.
Bathilde voulut tomber à ses pieds, mais la duchesse la retint, et, l'embrassant au front:
—Ma pauvre enfant! lui dit-elle, que n'êtes-vous venue il y a huit jours?
—Et pourquoi il y a huit jours plutôt que maintenant madame? demanda Bathilde avec anxiété.
—Parce qu'il y a huit jours, je n'eusse cédé à personne le plaisir de vous conduire près de mon père tandis qu'aujourd'hui c'est impossible.
—Impossible! Ô mon Dieu! et pourquoi cela, s'écria Bathilde.
—Mais, vous ignorez donc que je suis en disgrâce complète depuis avant-hier, ma pauvre enfant! Hélas! toute princesse que je suis j'ai été femme comme vous, comme vous j'ai eu le malheur d'aimer. Or, nous autres filles de race royale, vous le savez, notre cœur n'est point à nous, c'est une espèce de pierre qui fait partie du trésor de la couronne, et c'est un crime d'en disposer sans l'autorisation du roi ou de son premier ministre. J'ai disposé de mon cœur, et je n'ai rien à dire, car on me l'a pardonné; mais j'ai disposé de ma main, et on m'a punie. Depuis, trois jours mon amant est mon époux; voyez l'étrange chose! on m'a fait un crime d'une action dont en toute autre condition on m'eût louée. Mon père lui-même s'est laissé gagner à la colère générale, et depuis trois jours, c'est-à-dire depuis le moment où je devais pouvoir me présenter devant lui sans rougir, sa présence m'est interdite. Hier on m'a ôté ma garde: ce matin, je me suis présentée au Palais-Royal, on m'a refusé la porte.
—Hélas! hélas! dit Bathilde, je suis bien malheureuse, car je n'avais d'espoir qu'en vous, madame, et je ne connais personne qui puisse m'introduire près de monseigneur le régent! Et c'est demain, madame, demain à huit heures, qu'on tue celui que j'aime comme vous aimez monsieur de Riom! Ô mon Dieu! mon Dieu! ayez compassion de moi, madame, car si vous ne me prenez en pitié, je suis perdue, je suis condamnée!
—Mon Dieu! Riom, venez donc à notre aide, dit la duchesse en se retournant vers son mari qui entrait en ce moment, et en lui tendant la main; voilà une pauvre enfant qui a besoin de voir mon père à l'instant, sans retard; sa vie dépend de cette entrevue: que dis-je? plus que sa vie! la vie de l'homme qu'elle aime! Comment faire? voyons. Le neveu de Lauzun ne doit jamais être embarrassé, ce me semble. Riom, trouvez-nous un moyen, et s'il est possible, eh bien! je vous aimerai encore davantage.
—J'en ai bien un... dit Riom en souriant.
—Oh! monsieur, s'écria Bathilde, oh! dites-le-moi, et je vous serai éternellement reconnaissante.
—Voyons, dites, ajouta la duchesse de Berry d'une voix presque aussi pressante que l'était celle de Bathilde.
—Mais c'est qu'il compromet singulièrement votre sœur.
—Laquelle?
—Mademoiselle de Valois.
—Aglaé? comment cela?
—Oui, ne savez-vous pas qu'il y a de par le monde une espèce de sorcier qui a le privilège de s'introduire auprès d'elle le jour comme la nuit, sans qu'on sache par où ni comment?
—Richelieu! C'est vrai, s'écria la duchesse de Berry; Richelieu peut nous tirer d'affaire. Mais....
—Mais.... Achevez, madame, je vous supplie! Mais il ne voudra pas, peut être.
—J'en ai peur, répondit la duchesse.
—Oh! je le prierai tant, qu'il aura pitié de moi, s'écria Bathilde. D'ailleurs, vous me donnerez un mot pour lui n'est-ce pas? Votre Altesse aura cette bonté, et il n'osera refuser ce que lui demandera Votre Altesse.
—Faisons mieux que cela, dit la duchesse. Riom, faites appeler madame de Mouchy; priez-la de conduire elle-même mademoiselle chez le duc. Madame de Mouchy est ma première dame d'honneur, mon enfant, continua la duchesse tandis que Riom accomplissait l'ordre qu'il venait de recevoir, et on assure que monsieur de Richelieu lui doit quelque reconnaissance. Vous voyez donc que je ne puis vous choisir une meilleure introductrice.
—Oh! merci, madame, s'écria Bathilde en baisant les mains de la duchesse, merci! Oui, vous avez raison, et tout espoir n'est pas encore perdu. Et vous dites que monsieur le duc de Richelieu a un moyen de s'introduire au Palais Royal?
—Un instant, entendons-nous: je ne le dis pas, on le dit.
—Ô mon Dieu! dit Bathilde, pourvu que nous le trouvions chez lui!
—Ceci, par exemple, ce sera une chance. Mais oui. Quelle heure est-il? Huit heures à peine? Oui, il soupe probablement en ville et rentrera pour faire sa toilette. Je dirai à madame de Mouchy de l'attendre avec vous. N'est-ce pas, charmante? continua la duchesse en apercevant sa dame d'honneur et en la saluant du nom d'amitié qu'elle avait l'habitude de lui donner, n'est ce pas que tu attendras le duc jusqu'à ce qu'il rentre?
—Je ferai tout ce qu'ordonnera Votre Altesse, dit madame de Mouchy.
—Eh bien! je t'ordonne, entends-tu? je t'ordonne d'obtenir du duc de Richelieu qu'il introduise mademoiselle près du régent, et je t'autorise à user, pour le décider, de toute l'autorité que tu peux avoir sur son esprit.
—Madame la duchesse va bien loin, dit en souriant madame de Mouchy.
—Va, va, dit la duchesse, fais ce que je te dis; je prends tout sur mon compte. Et vous, mon enfant, bon courage! suivez madame, et si vous entendez dire sur votre chemin par trop de mal de cette pauvre duchesse de Berry, à qui on en veut tant, parce qu'elle a reçu un jour les ambassadeurs sur un trône élevé de trois marches, et qu'elle a traversé un autre jour tout Paris escortée de quatre trompettes, dites à ceux qui crieront anathème sur moi, que je suis une bonne femme au fond; que malgré toutes les excommunications, j'espère qu'il me sera remis beaucoup, parce que j'ai beaucoup aimé, n'est-ce pas, Riom?
—Oh! madame, s'écria Bathilde, je ne sais si l'on dit du bien ou du mal de vous, mais je sais que je voudrais baiser la trace de vos pas, tant vous me semblez bonne et grande!
—Allez, mon enfant, allez. Si vous manquiez monsieur de Richelieu, il est probable que vous ne sauriez où le trouver, et que vous attendriez inutilement qu'il rentrât.
—Puisque Son Altesse le permet venez donc vite, madame, dit Bathilde en entraînant madame de Mouchy, car en ce moment, chaque minute a pour moi la valeur d'une année.
Un quart d'heure après, Bathilde et madame de Mouchy étaient à l'hôtel de Richelieu. Contre toute attente, le duc était chez lui. Madame de Mouchy se fit annoncer. Elle fut introduite aussitôt, et elle entra suivie de Bathilde. Les deux femmes trouvèrent monsieur de Richelieu occupé avec Raffé, son secrétaire, à brûler une foule de lettres inutiles, et à en mettre quelques autres à part.
—Eh! bon Dieu! madame, dit le duc en apercevant madame de Mouchy, et en venant à elle le sourire sur les lèvres, quel bon vent vous amène, et à quel événement dois-je cette bonne fortune de vous recevoir chez moi à huit heures et demie du soir?
—Au désir de vous faire faire une belle action, duc.
—Ah! vraiment! en ce cas pressez-vous, madame.
—Est-ce que vous quittez Paris ce soir, par hasard?
—Non, mais je pars demain matin pour la Bastille.
—Quelle est cette plaisanterie?
—Je vous prie de croire, madame, que je ne plaisante jamais quand il s'agit de quitter mon hôtel, où je suis très bien, pour celui du roi, où je suis très mal. Je le connais, c'est la troisième fois que j'y retourne.
—Mais, qui peut vous faire croire que vous serez arrêté demain?
—J'ai été prévenu.
—Par une personne sûre?
—Jugez-en.
Et le duc présenta une lettre à madame de Mouchy, qui la prit et qui lut:
«Innocent ou coupable, il ne vous reste que le temps de prendre la fuite. Demain vous serez arrêté; le régent vient de dire tout haut devant moi qu'il tenait enfin le duc de Richelieu.»
—Croyez-vous que la personne soit en position d'être bien informée?
—Oui, car je crois reconnaître l'écriture. Vous voyez donc bien que j'avais raison de vous dire de vous presser. Maintenant, si c'est une chose qui puisse se faire dans l'espace d'une nuit, parlez; je suis à vos ordres.
—Une heure suffira.
—Dites donc alors. Vous savez, madame, que je n'ai rien à vous refuser.
—Eh bien! dit madame de Mouchy, voici la chose en deux mots. Comptiez-vous aller remercier ce soir la personne qui vous a donné cet avis?
—Peut-être, dit en riant le duc.
—Eh bien! il faut que vous lui présentiez mademoiselle.
—Mademoiselle! dit le duc étonné en se retournant vers Bathilde, qui jusque-là s'était tenue en arrière et cachée à demi dans l'obscurité. Et quelle est mademoiselle?
—Une pauvre jeune fille qui aime le chevalier d'Harmental qu'on doit exécuter demain, comme vous savez et qui veut demander sa grâce au régent.
—Vous aimez le chevalier d'Harmental, mademoiselle? dit le duc de Richelieu s'adressant à Bathilde.
—Oh! monsieur le duc! balbutia Bathilde en rougissant.
—Ne vous cachez pas, mademoiselle; c'est un noble jeune homme, et je donnerais dix ans de ma vie pour le sauver moi-même. Et croyez-vous au moins avoir quelque moyen d'intéresser le régent en sa faveur?
—Je le crois, monsieur le duc.
—Eh bien! Soit. Cela me portera bonheur. Madame, continua le duc en s'adressant à madame de Mouchy, retournez vers Son Altesse Royale, mettez mes humbles hommages à ses pieds, et dites-lui de ma part que mademoiselle verra le régent dans une heure.
—Oh! monsieur le duc! s'écria Bathilde.
—Décidément, mon cher Richelieu, dit madame de Mouchy, je commence à croire, comme on le dit, que vous avez fait un pacte avec le diable pour passer par le trou des serrures, et je suis moins inquiète maintenant, je l'avoue, de vous voir partir pour la Bastille.
—En tout cas, dit le duc, vous savez madame, que la charité ordonne de visiter les prisonniers. Si, par hasard, il vous restait quelque souvenir du pauvre Armand....
—Silence, duc; soyez discret, et l'on verra ce que l'on peut faire pour vous.
En attendant, vous me promettez que mademoiselle verra le régent?
—C'est chose convenue.
—En ce cas, adieu, duc, et que la Bastille vous soit légère!
—Est-ce bien adieu que vous me dites?
—Au revoir.
—À la bonne heure!
Et le duc, ayant baisé la main de madame de Mouchy, la conduisit vers la porte; puis revenant vers Bathilde:
—Mademoiselle lui dit-il, ce que je vais faire pour vous, je ne le ferais pour personne. Le secret que je vais confier à vos yeux, c'est la réputation, c'est l'honneur d'une princesse du sang; mais l'occasion est grave et mérite qu'on lui sacrifie quelques convenances. Jurez-moi donc que vous ne direz jamais, excepté à une seule personne, car je sais qu'il est des personnes pour lesquelles on n'a point de secrets, jurez-moi donc que vous ne direz jamais ce que vous allez voir, et que nul ne saura, excepté lui, de quelle façon vous êtes entrée chez le régent.
—Oh! monsieur le duc, je vous le jure, par tout ce que j'ai de plus sacré au monde, par le souvenir de ma mère!
—Cela suffit, mademoiselle, dit le duc en tirant le cordon d'une sonnette.
Un valet de chambre entra.
—Lafosse, dit le duc, fais mettre les chevaux bais à la voiture sans armoiries.
—Monsieur le duc, dit Bathilde, si vous ne voulez pas perdre de temps, j'ai un carrosse de louage en bas.
—Eh bien! cela vaut encore mieux. Mademoiselle, je suis à vos ordres.
—Irai-je avec monsieur le duc, demanda le valet de chambre.
—Non, c'est inutile, reste avec Raffé, et aide-le à mettre de l'ordre dans tous ces papiers. Il y en a plusieurs qu'il est parfaitement inutile que Dubois voie.
Et le duc, ayant offert son bras à Bathilde, descendit avec elle, la fit monter dans la voiture, et après avoir ordonné au cocher de s'arrêter au coin de la rue Saint-Honoré et de la rue de Richelieu, se plaça à son côté, aussi insoucieux que s'il n'eût pas su que ce sort auquel il allait essayer de soustraire le chevalier, l'attendait lui-même peut-être dans quinze jours.
Chapitre 47
La voiture s'arrêta à l'endroit indiqué; le cocher vint ouvrir la portière, et le duc descendit et aida Bathilde à descendre, puis, tirant une clef de sa poche, il ouvrit la porte de l'allée de la maison qui faisait l'angle de la rue de Richelieu et de la rue Saint-Honoré, et qui porte aujourd'hui le n° 218.
—Je vous demande pardon mademoiselle, dit le duc en offrant le bras à la jeune fille, de vous conduire par des escaliers si mal éclairés, mais je tiens beaucoup à ne pas être reconnu si par hasard on me rencontrait dans ce quartier-ci. Au reste, nous n'avons pas haut à monter: il ne s'agit que d'atteindre le premier étage.
En effet, après avoir monté une vingtaine de marches, le duc s'arrêta, tira une seconde clef de sa poche, ouvrit la porte du palier avec le même mystère qu'il avait ouvert celle de la rue, et étant entré dans l'antichambre et y avant pris une bougie, il revint l'allumer à la lanterne qui brûlait dans l'escalier.
—Encore une fois, pardon, mademoiselle, dit le duc; mais ici, j'ai l'habitude de me servir moi-même, et vous allez comprendre tout à l'heure pourquoi, dans cet appartement, j'ai pris le parti de me passer de laquais.
Peu importait à Bathilde que le duc de Richelieu eût ou n'eût pas de domestique: elle entra donc dans l'antichambre sans lui répondre, et le duc referma la porte à double tour derrière elle.
—Maintenant, suivez-moi, dit le duc, et il marcha devant la jeune fille, l'éclairant avec la bougie qu'il tenait à la main.
Ils traversèrent ainsi une salle à manger et un salon; enfin, ils entrèrent dans une chambre à coucher, et le duc s'arrêta.
—Mademoiselle, dit Richelieu en posant la bougie sur la cheminée, j'ai votre parole que rien de ce que vous allez voir ne sera jamais révélé?
—Je vous l'ai déjà donnée, monsieur le duc, et je vous la renouvelle. Oh! je serais trop ingrate si j'y manquais.
—Eh bien donc, soyez en tiers dans notre secret; c'est celui de l'amour, nous le mettons sous la sauvegarde de l'amour.
Et le duc de Richelieu, faisant glisser un panneau de la boiserie, découvrit une ouverture pratiquée dans la muraille au delà de l'épaisseur de laquelle se trouvait le fond d'une armoire, et il y frappa doucement trois coups. Au bout d'un instant, on entendit tourner la clef dans la serrure; puis on vit briller une lumière entre les planches, puis une douce voix demanda: «Est-ce vous?» puis enfin, sur la réponse affirmative du duc, trois de ces planches se détachèrent doucement, ouvrirent une communication facile d'une chambre à l'autre, et le duc de Richelieu et Bathilde se trouvèrent en face de mademoiselle de Valois, qui jeta un cri en voyant son amant accompagné d'une femme.
—Ne craignez rien, chère Aglaé, dit le duc en passant de la chambre où il était dans la chambre voisine, et en saisissant la main de mademoiselle de Valois, tandis que Bathilde demeurait immobile à sa place n'osant faire un pas de plus avant que sa présence fût expliquée. Vous me remercierez vous même tout à l'heure d'avoir trahi le secret de notre bienheureuse armoire.
—Mais, monsieur le duc, m'expliquerez-vous...? demanda mademoiselle de Valois, en faisant une pause après ces paroles interrogatives et en regardant toujours Bathilde avec inquiétude.
—À l'instant même, ma belle princesse. Vous m'avez quelquefois entendu parler du chevalier d'Harmental, n'est-ce pas?
—Avant-hier encore, duc, vous me disiez qu'il n'aurait qu'un mot à prononcer pour sauver sa vie en vous compromettant tous, mais que ce mot, il ne le dirait pas.
—Eh bien! il ne l'a pas dit, et il est condamné à mort: on l'exécute demain. Cette jeune fille l'aime; et sa grâce dépend du régent. Comprenez-vous maintenant?
—Oh! oui, oui, dit mademoiselle de Valois.
—Venez, mademoiselle, dit le duc de Richelieu à Bathilde, en l'attirant par la main; puis se retournant vers la princesse:—Elle ne savait comment arriver jusqu'à votre père, ma chère Aglaé; elle s'est adressée à moi, juste au moment où je venais de recevoir votre lettre. J'avais à vous remercier du bon avis que vous me donniez, et, comme je connais votre cœur, j'ai pensé que le remerciement auquel vous seriez le plus sensible serait de vous offrir l'occasion de sauver la vie à un homme au silence duquel vous devez probablement la mienne.
—Et vous avez eu raison, mon cher duc. Soyez la bienvenue, mademoiselle. Maintenant, que désirez-vous? que puis-je faire pour vous?
—Je désire voir monseigneur le régent, dit Bathilde et Votre Altesse peut me conduire près de lui.
—M'attendrez-vous, duc, demanda mademoiselle de Valois avec inquiétude.
—Pouvez-vous en douter?
—Alors, rentrez dans l'armoire aux confitures, de peur que quelqu'un en entrant ici, ne vous surprenne. Je conduis mademoiselle près de mon père, et je reviens.
—Je vous attends, dit le duc, en suivant les instructions que lui donnait la princesse et en rentrant dans l'armoire.
Mademoiselle de Valois échangea quelques paroles à voix basse avec son amant, referma l'armoire, mit la clef dans sa poche, et tendant la main à Bathilde:
—Mademoiselle, dit-elle, toutes les femmes qui aiment sont sœurs.
Armand et vous avez bien fait de compter sur moi. Venez.
Bathilde baisa la main que lui tendait mademoiselle de Valois, et la suivit.
Les deux femmes traversèrent tous les appartements qui font face à la place du Palais-Royal, et, tournant à gauche, s'engagèrent dans ceux qui longent la rue de Valois. C'était dans cette partie que se trouvait la chambre à coucher du régent.
—Nous sommes arrivées, dit mademoiselle de Valois en s'arrêtant devant une porte, et en regardant Bathilde, qui à cette nouvelle chancela et pâlit; car toute cette force morale qui l'avait soutenue depuis trois ou quatre heures était prête à disparaître juste au moment où elle allait en avoir le plus de besoin.
—Ô mon Dieu! mon Dieu! je n'oserai jamais! s'écria Bathilde.
—Voyons, mademoiselle, du courage, mon père est bon; entrez, tombez à ses pieds: Dieu et son cœur feront le reste.
À ces mots, voyant que la jeune fille hésitait encore, elle ouvrit la porte, poussa Bathilde dans la chambre, et referma la porte derrière elle. Elle courut ensuite de son pas le plus léger rejoindre le duc de Richelieu, laissant la jeune fille plaider sa cause, tête-à-tête avec le régent.
À cette action imprévue, Bathilde poussa un léger cri et le régent, qui se promenait de long en large, la tête inclinée, la releva et se retourna.
Bathilde, incapable de faire un pas de plus, tomba sur ses deux genoux, tira sa lettre de sa poitrine et l'étendit vers le régent.
Le régent avait la vue mauvaise, il ne comprit pas bien ce qui se passait et, s'avança vers cette femme qui lui apparaissait dans l'ombre comme une forme blanche et indécise. Bientôt, dans cette forme inconnue d'abord, il reconnut une femme, et dans cette femme une jeune fille belle et suppliante. Quant à la pauvre enfant, elle voulait en vain articuler une prière; la voix lui manquait complètement, et bientôt, la force lui manquant comme la voix, elle se renversa en arrière, et serait tombée sur le tapis si le régent ne l'eut retenue dans ses bras.
—Mon Dieu, mademoiselle, dit le régent, chez lequel les signes d'une douleur profonde produisaient leur effet ordinaire; mon Dieu! qu'avez-vous donc, et que puis-je faire pour vous? Venez, venez sur ce fauteuil, je vous en prie!
—Non, monseigneur, non, murmura Bathilde, non c'est à vos pieds que je dois être, car je viens vous demander une grâce.
—Une grâce? Et laquelle?
—Voyez d'abord qui je suis, monseigneur, dit Bathilde et ensuite peut-être oserai-je parler. Et elle tendit la lettre, sur laquelle reposait son seul espoir, au duc d'Orléans.
Le régent prit la lettre, regardant tour à tour le papier et la jeune fille, et, s'approchant d'une bougie qui brûlait sur la cheminée, reconnut sa propre écriture, reporta de nouveau ses yeux sur la jeune fille, et lut ce qui suit:
«Madame, votre mari est mort pour la France et pour moi; ni la France ni moi ne pouvons vous rendre votre mari; mais souvenez-vous que si jamais vous aviez besoin de quelque chose, nous sommes tous les deux vos débiteurs.
Votre affectionné,
Philippe d'Orléans.»
—Je reconnais parfaitement cette lettre pour être de moi, mademoiselle, dit le régent; mais, à la honte de ma mémoire, je vous en demande pardon, je ne me rappelle plus à qui elle a été écrite.
—Voyez l'adresse, monseigneur, dit Bathilde un peu rassurée par l'expression de parfaite bienveillance peinte sur le visage du duc.
—Clarice du Rocher!... s'écria le régent. Oui en effet, je me rappelle maintenant. J'ai écrit cette lettre d'Espagne, après la mort d'Albert, qui a été tué à la bataille d'Almanza; j'ai écrit cette lettre à sa veuve. Comment cette lettre se trouve-t-elle entre vos mains, mademoiselle?
—Hélas! monseigneur, je suis la fille d'Albert et de Clarice.
—Vous, mademoiselle! s'écria le régent, vous! Et qu'est devenue votre mère?
—Elle est morte, monseigneur.
—Depuis longtemps?
—Depuis près de quatorze ans.
—Mais heureuse, sans doute, et sans avoir besoin de rien?
—Au désespoir, monseigneur, et manquant de tout.
—Mais comment ne s'est-elle pas adressée à moi?
—Votre Altesse était encore en Espagne.
—Ô mon Dieu! que me dites-vous là! Continuez, mademoiselle, car vous ne pouvez vous imaginer combien ce que vous me dites m'intéresse. Pauvre Clarice, pauvre Albert! Ils s'aimaient tant, je me le rappelle! Elle n'aura pu lui survivre. Savez-vous que votre père m'avait sauvé la vie à Nerwinde, mademoiselle, savez-vous cela?
—Oui, monseigneur, je le savais, et voilà ce qui m'a donné le courage de me présenter devant vous.
—Mais vous, pauvre enfant, vous, pauvre orpheline, qu'êtes-vous devenue alors?
—Moi, monseigneur, j'ai été recueillie par un ami de notre famille, par un pauvre écrivain nommé Jean Buvat.
—Jean Buvat! s'écria le régent; mais attendez donc! je connais ce nom-là, moi. Jean Buvat! mais c'est ce pauvre diable de copiste qui a découvert toute la conspiration et qui m'a fait il y a quelques jours ses réclamations en personne.... Une place à la Bibliothèque, n'est-ce pas? un arriéré dû?
—C'est cela même, monseigneur.
—Mademoiselle, reprit le régent, il paraît que tout ce qui vous entoure est destiné à me sauver. Me voilà deux fois votre débiteur. Vous m'avez dit que vous aviez une grâce à me demander; parlez donc hardiment, je vous écoute.
—Ô mon Dieu! dit Bathilde, donnez-moi la force!
—C'est donc une chose bien importante et bien difficile que celle que vous souhaitez!
—Monseigneur, dit Bathilde, c'est la vie d'un homme qui a mérité la mort.
—S'agirait-il du chevalier d'Harmental? demanda le régent.
—Hélas! monseigneur, c'est Votre Altesse qui l'a dit.
Le front du régent devint pensif, tandis que Bathilde, en voyant l'impression produite par cette demande, sentait son cœur se serrer et ses genoux fléchir.
—Est-il votre parent? votre allié? votre ami?
—Il est ma vie! il est mon âme! monseigneur; je l'aime!
—Mais savez-vous, si je fais grâce à lui, qu'il faut que je fasse grâce à tout le monde, et qu'il y a dans tout cela de plus grands coupables encore que lui?
—Grâce de la vie seulement, monseigneur! Qu'il ne meure pas, c'est tout ce que je vous demande.
—Mais si je commue sa peine en une prison perpétuelle, vous ne le verrez plus.
Bathilde se sentit prête à mourir et, étendant la main, se soutint au dossier d'un fauteuil.
—Que deviendrez-vous alors? continua le régent.
—Moi, dit Bathilde, j'entrerai dans un couvent, où je prierai pendant le reste de ma vie pour vous, monseigneur, et pour lui.
—Cela ne se peut pas, dit le régent.
—Pourquoi donc, monseigneur?
—Parce qu'aujourd'hui même, il y a une heure, on m'a demandé votre main, et que je l'ai promise.
—Ma main, monseigneur? vous avez promis ma main? et à qui donc, mon Dieu!
—Lisez, dit le régent en prenant une lettre sur son bureau et en la présentant tout ouverte à la jeune fille.
—Raoul! s'écria Bathilde; l'écriture de Raoul! Ô mon Dieu! Qu'est-ce que cela veut dire?
—Lisez, reprit le régent.
Et Bathilde, d'une voix altérée, lut la lettre suivante:
«Monseigneur,
J'ai mérité la mort, je le sais, et ne viens point vous demander la vie. Je suis prêt à mourir au jour fixé, à l'heure dite; mais il dépend de Votre Altesse de me rendre cette mort plus douce, et je viens la supplier à genoux de m'accorder cette faveur.
J'aime une jeune fille que j'eusse épousée si j'eusse vécu. Permettez qu'elle soit ma femme quand je vais mourir. Au moment où je la quitte pour toujours, où je la laisse seule et isolée au milieu du monde, que j'aie au moins la consolation de lui laisser pour sauvegarde mon nom et ma fortune.
En sortant de l'église, monseigneur, je marcherai à l'échafaud.
C'est mon dernier vœu, c'est mon seul désir; ne refusez pas la prière d'un mourant.
Raoul d'Harmental.»
—Oh! monseigneur, monseigneur, dit Bathilde en éclatant en sanglots, vous voyez, tandis que je pensais à lui, il pensait à moi! N'ai-je pas raison de l'aimer quand il m'aime tant!
—Oui, dit le régent, et je lui accorde sa demande: elle est juste. Puisse cette grâce, comme il le dit, adoucir ses derniers moments!
—Monseigneur, monseigneur, s'écria la jeune fille, est-ce tout ce que vous lui accordez?
—Vous voyez, dit le Régent, que lui-même se rend justice et ne demande pas autre chose.
—Oh! c'est bien cruel! c'est bien affreux! Le revoir pour le perdre à l'instant même. Monseigneur, monseigneur, sa vie! je vous en supplie, et que je ne le revoie jamais! J'aime mieux cela.
—Mademoiselle, dit le régent d'un ton qui ne permettait pas de réplique, et en écrivant quelques lignes sur un papier qu'il cacheta de son sceau, voici une lettre pour monsieur de Launay, le gouverneur de la Bastille, elle contient mes instructions à l'égard du condamné. Mon capitaine des gardes va monter en voiture avec vous et veillera de ma part à ce que ces instructions soient suivies.
—Oh! sa vie, monseigneur, sa vie! au nom du ciel, je vous en supplie à genoux!
Le régent, sonna; un valet de chambre ouvrit la porte.
—Appelez monsieur le marquis de Lafare, dit le régent.
—Oh! monseigneur, vous êtes bien cruel! dit Bathilde en se relevant. Alors, permettez-moi donc de mourir avec lui. Du moins nous ne serons pas séparés, même sur l'échafaud. Du moins nous ne nous quitterons pas, même dans la tombe!
—Monsieur de Lafare, dit le régent, accompagnez mademoiselle à la Bastille. Voici une lettre pour monsieur de Launay; vous en prendrez connaissance avec lui, et vous veillerez à ce que les ordres qu'elle renferme soient exécutés de point en point.
Puis, sans écouter le dernier cri de désespoir de Bathilde, le duc d'Orléans ouvrit la porte d'un cabinet et disparut.
Chapitre 48
Lafare entraîna la jeune fille presque mourante et la fit monter dans une des voitures tout attelées qui attendaient toujours dans la cour du Palais-Royal. Cette voiture partit aussitôt au galop, prenant par la rue de Cléry et par les boulevards le chemin de la Bastille.
Pendant toute la route, Bathilde ne dit pas un mot. Elle était muette, froide et inanimée comme une statue. Ses yeux étaient fixes et sans larmes. Seulement, en arrivant en face de la forteresse elle tressaillit; il lui semblait avoir vu s'élever dans l'ombre, à la place même où avait été exécuté le chevalier de Rohan, quelque chose comme un échafaud. Un peu plus loin la sentinelle cria: Qui vive! Puis on entendit la voiture rouler sur le pont-levis. Les herses se levèrent, la porte s'ouvrit, et le carrosse s'arrêta à la porte de l'escalier qui conduisait chez le gouverneur.
Un valet de pied sans livrée vint ouvrir la portière et Lafare aida Bathilde à descendre. À peine si elle pouvait se soutenir; toute sa force morale s'était évanouie du moment où l'espoir l'avait quittée. Lafare et le valet de pied furent presque obligés de la porter au premier étage. Monsieur de Launay soupait. On fit entrer Bathilde dans un salon, tandis qu'on introduisait immédiatement Lafare près du gouverneur.
Dix minutes à peu près s'écoulèrent pendant lesquelles Bathilde demeura anéantie sur le fauteuil où elle s'était laissée tomber en entrant. La pauvre enfant n'avait qu'une idée, c'était celle de cette séparation éternelle qui l'attendait; la pauvre enfant ne voyait qu'une chose, c'était son amant montant sur l'échafaud.
Au bout de dix minutes, Lafare rentra avec le gouverneur. Bathilde leva machinalement la tête et les regarda d'un œil égaré. Lafare alors s'approcha d'elle, et lui offrant le bras:
—Mademoiselle, dit-il, l'église est préparée, et le prêtre vous y attend.
Bathilde, sans répondre, se leva pâle et glacée; puis comme elle sentit que les jambes lui manquaient, elle s'appuya sur le bras qui lui était offert. Monsieur de Launay marchait le premier, éclairé par deux hommes qui portaient des torches.
Au moment où Bathilde entrait par une des portes latérales, elle aperçut, entrant par l'autre porte, le chevalier d'Harmental, accompagné de son côté par Valef et par Pompadour. C'étaient les témoins de l'époux, comme monsieur de Launay et Lafare étaient les témoins de l'épouse. Chaque porte était gardée par deux gardes françaises, l'arme au bras et immobiles comme des statues.
Les deux amants s'avancèrent au-devant l'un de l'autre, Bathilde pâle et mourante, Raoul calme et souriant. Arrivés en face de l'autel, le chevalier prit la main de la jeune fille et la conduisit aux deux sièges qui étaient préparés; et là tous deux tombèrent à genoux sans s'être dit une seule parole.
L'autel était éclairé par quatre cierges seulement, qui jetaient dans cette chapelle, déjà naturellement sombre et si peuplée encore de sombres souvenirs, une lueur funèbre qui donnait à la cérémonie quelque chose d'un office mortuaire. Le prêtre commença la messe. C'était un beau vieillard à cheveux blancs, dont la figure mélancolique indiquait que ses fonctions journalières laissaient de profondes traces dans son âme. En effet, il était chapelain de la Bastille depuis vingt-cinq ans, et depuis vingt-cinq ans il avait entendu de bien tristes confessions et vu de bien lamentables spectacles.
Au moment de bénir les époux, il leur adressa quelques paroles selon l'habitude consacrée; mais, au lieu de parler à l'époux de ses devoirs de mari, à l'épouse de ses devoirs de mère; au lieu d'ouvrir devant eux l'avenir de la vie, il leur parla de la paix du ciel, de la miséricorde divine et de la résurrection éternelle. Bathilde se sentait suffoquer. Raoul vit qu'elle allait éclater en sanglots, il lui prit la main et la regarda avec une si triste et si profonde résignation, que la pauvre enfant fit un dernier effort, étouffant ses larmes, qu'elle sentait retomber une à une sur son cœur. Au moment de la bénédiction, elle pencha sa tête sur l'épaule de Raoul. Le prêtre crut qu'elle s'évanouissait, et s'arrêta.
—Achevez, achevez, mon père, murmura Bathilde.
Et le prêtre prononça les paroles sacramentelles, auxquelles tous deux répondirent par un oui dans lequel semblaient s'être réunies toutes les forces de leur âme.
La cérémonie terminée, d'Harmental demanda à M. de Launay s'il lui était permis de demeurer avec sa femme pendant le peu d'heures qu'il lui restait à vivre; M. de Launay répondit qu'il n'y voyait pas d'inconvénient, et qu'on allait le reconduire à sa chambre. Alors Raoul embrassa Valef et Pompadour, les remercia d'avoir bien voulu servir de témoins à son funèbre mariage, serra la main à Lafare, rendit grâces à monsieur de Launay des bontés qu'il avait eues pour lui pendant son séjour à la Bastille, et jetant son bras autour de la taille de Bathilde qui, à chaque instant, menaçait de tomber de toute sa hauteur sur les dalles de l'église, l'entraîna vers la porte par laquelle il était entré. Là ils retrouvèrent les deux hommes armés de torches, qui les précédèrent et les conduisirent jusqu'à la porte de la chambre de d'Harmental. Un guichetier attendait, qui ouvrit cette porte.
Raoul et Bathilde entrèrent, puis la porte se referma, et les deux époux se trouvèrent seuls.
Alors Bathilde, qui jusque-là avait contenu ses larmes, ne put résister plus longtemps à sa douleur, un cri déchirant s'échappa de sa poitrine, et elle tomba, en se tordant les bras et en éclatant en sanglots, sur un fauteuil où sans doute, pendant ses trois semaines de captivité, d'Harmental avait bien souvent pensé à elle. Raoul se jeta à ses genoux et voulut la consoler, mais lui-même était trop ému de cette douleur si profonde pour trouver autre chose que des larmes à mêler aux larmes de Bathilde. Ce cœur de fer se fondit à son tour, et Bathilde sentit à la fois sur ses lèvres les pleurs et les baisers de son amant.
Ils étaient depuis une demi-heure à peine ensemble qu'ils entendirent des pas qui s'approchaient de la porte, et qu'une clef tourna dans la serrure. Bathilde tressaillit et serra convulsivement d'Harmental contre son cœur. Raoul comprit quelle crainte affreuse venait de lui traverser l'esprit et la rassura. Ce ne pouvait être encore celui qu'elle craignait de voir, puisque l'exécution était fixée pour huit heures du matin, et que onze heures venaient de sonner. En effet, ce fut monsieur de Launay qui parut.
—Monsieur le chevalier, dit le gouverneur, ayez la bonté de me suivre.
—Seul? demanda d'Harmental en serrant à son tour Bathilde entre ses bras.
—Non, avec madame, reprit le gouverneur.
—Oh! ensemble, ensemble! entends-tu Raoul? s'écria Bathilde. Oh! où l'on voudra, pourvu que ce soit ensemble! Nous voici, monsieur, nous voici!
Raoul serra une dernière fois Bathilde dans ses bras, lui donna un dernier baiser au front, et, rappelant tout son orgueil, il suivit monsieur de Launay avec un visage sur lequel il ne restait plus la moindre trace de l'émotion terrible qu'il venait d'éprouver.
Tous trois suivirent pendant quelque temps des corridors éclairés seulement par quelques lanternes rares, puis ils descendirent un escalier en spirale et se trouvèrent à la porte d'une tour. Cette porte donnait sur un préau entouré de hautes murailles et qui servait de promenade aux prisonniers qui n'étaient point au secret. Dans cette cour était une voiture attelée de deux chevaux, sur l'un desquels était un postillon, et l'on voyait reluire dans l'ombre les cuirasses d'une douzaine de mousquetaires.
Une même lueur d'espoir traversa en même temps le cœur des deux amants. Bathilde avait demandé au régent de commuer la mort de Raoul en une prison perpétuelle. Peut-être le régent lui avait-il accordé cette grâce. Cette voiture tout attelée pour conduire sans doute le condamné dans quelque prison d'État, ce peloton de mousquetaires destinés sans doute à les escorter, tout cela donnait à cette supposition un caractère de réalité. Tous deux se regardèrent en même temps, et en même temps levèrent les yeux au ciel pour remercier Dieu du bonheur inespéré qu'il leur accordait. Pendant ce temps, monsieur de Launay avait fait signe à la voiture de s'approcher, le postillon avait obéi, la portière s'était ouverte et le gouverneur, la tête découverte, tendait la main à Bathilde pour l'aider à monter, Bathilde hésita un instant, se retournant avec inquiétude pour voir si l'on n'entraînait pas Raoul d'un autre côté mais elle vit que Raoul s'apprêtait à la suivre, et elle monta sans résistance. Un instant après, Raoul était près d'elle. Aussitôt la portière se referma sur eux; la voiture s'ébranla, l'escorte piétina aux portières. On passa sous le guichet puis sur le pont-levis, et enfin on se retrouva hors de la Bastille.
Les deux époux se jetèrent dans les bras l'un de l'autre; il n'y avait plus de doute, le régent faisait à d'Harmental grâce de la vie, et de plus, c'était évident, il consentait à ne point le séparer de Bathilde. Or, c'était ce que Bathilde et d'Harmental n'eussent jamais osé rêver. Cette vie de réclusion, supplice pour tout autre, était pour eux une existence de délices, un paradis d'amour: ils se verraient sans cesse, et ne se quitteraient jamais! Qu'auraient-ils pu désirer de plus, même lorsque, maîtres de leur sort, ils rêvaient un même avenir? Une seule idée triste traversa en même temps leur esprit, et tous deux, avec cette spontanéité du cœur qui ne se rencontre que dans les gens qui s'aiment, prononcèrent le nom de Buvat.
En ce moment, la voiture s'arrêta. Dans une semblable circonstance tout était pour les pauvres amants un sujet de crainte. Tous deux tremblèrent d'avoir trop espéré et tressaillirent de terreur. Presque aussitôt la portière s'ouvrit: c'était le postillon.
—Que veux-tu? lui demanda d'Harmental.
—Dame! notre maître, dit le postillon, je voudrais savoir où il faudrait vous conduire, moi.
—Comment! où il faut me conduire! s'écria d'Harmental. N'as-tu pas d'ordres?
—J'ai l'ordre de vous mener dans le bois de Vincennes entre le château et Nogent-sur-Marne, et nous y voilà!
—Et notre escorte? demanda le chevalier, qu'est-elle devenue?
—Votre escorte? elle nous a laissés à la barrière.
—Ô mon Dieu, mon Dieu! s'écria d'Harmental, tandis que Bathilde, haletante d'espoir, joignait les mains en silence; ô mon Dieu! est-ce possible?
Et le chevalier sauta en bas de la voiture, regarda avidement autour de lui, tendit les bras à Bathilde qui s'élança à son tour; puis tous deux jetèrent ensemble un cri de joie et de reconnaissance.
Ils étaient libres comme l'air qu'ils respiraient!
Seulement le régent avait donné l'ordre de conduire le chevalier juste à l'endroit où ce dernier avait enlevé Bourguignon, croyant l'enlever lui même.
C'était la seule vengeance que se fût réservée Philippe le Débonnaire.
Quatre ans après cet événement, Buvat, réintégré dans sa place et payé de son arriéré, avait la satisfaction de mettre la plume à la main d'un beau garçon de trois ans. C'était le fils de Raoul et de Bathilde.
Les deux premiers noms qu'écrivit l'enfant furent ceux d'Albert du Rocher et de Clarice Gray.
Le troisième fut celui de Philippe d'Orléans, régent de France.
Post-Scriptum
Peut-être quelques personnes ont-elles pris assez d'intérêt aux personnages qui jouent un rôle secondaire dans l'histoire que nous venons de leur raconter, pour désirer savoir ce qu'ils devinrent après la catastrophe qui perdit les conjurés et sauva le régent. Nous allons les satisfaire en deux mots.
Le duc et la duchesse du Maine, dont on voulait briser à tout jamais les complots à venir, furent arrêtés, le duc à Sceaux et la duchesse dans une petite maison qu'elle avait rue Saint-Honoré. Le duc fut conduit au château de Doullens, et la duchesse à celui de Dijon, d'où elle fut transférée à la citadelle de Châlons. Tous deux en sortirent au bout de quelques mois, désarmant le régent, l'un par une dénégation absolue, l'autre par un aveu complet.
Mademoiselle Delaunay fut conduite à la Bastille, où sa captivité, comme on peut le voir dans les Mémoires qu'elle a laissés, fut fort adoucie par ses amours avec le chevalier de Mesnil, et plus d'une fois, après sa sortie, il lui arriva, en pleurant l'infidélité de son cher prisonnier, de dire comme Ninon ou Sophie Arnould, je ne sais plus laquelle: «Oh! le bon temps où nous étions si malheureux!»
Richelieu fut arrêté, comme l'en avait prévenu mademoiselle de Valois, le lendemain même du jour où il avait introduit Bathilde chez le régent, mais sa captivité fut un nouveau triomphe pour lui. Le bruit s'étant répandu que le beau prisonnier avait obtenu la permission de se promener sur la terrasse de la Bastille, la rue Saint-Antoine s'encombra des voitures les plus élégantes de Paris, et devint en moins de vingt-quatre heures la promenade à la mode. Aussi le régent, qui avait, disait-il entre les mains assez de preuves contre monsieur de Richelieu pour lui faire couper quatre têtes, s'il les avait eues, ne voulut-il pas risquer de se dépopulariser à tout jamais dans l'esprit du beau sexe, en le retenant plus longtemps en prison. Après une captivité de trois mois, Richelieu sortit plus brillant et plus à la mode que jamais. Seulement il trouva l'armoire aux confitures murée, et la pauvre mademoiselle de Valois devenue duchesse de Modène.
L'abbé Brigaud, arrêté, comme nous l'avons dit, à Orléans, fut retenu quelque temps dans les prisons de cette ville, au grand désespoir de la bonne madame Denis, de mesdemoiselles Émilie et Athénaïs, et de monsieur Boniface. Mais, un beau matin, au moment où la famille allait se mettre à table pour le déjeuner, on vit entrer l'abbé Brigaud, aussi calme et aussi régulier que d'habitude. On lui fit grande fête et on lui demanda une foule de détails; mais, avec sa prudence habituelle, il renvoya les curieux à ses déclarations juridiques, disant que cette affaire lui avait déjà donné tant de contrariétés, qu'on l'obligerait fort en ne lui en parlant jamais. Or, comme l'abbé Brigaud avait, ainsi qu'on l'a vu, des droits tout à fait autocratiques dans la maison de madame Denis, son désir fut religieusement respecté, et à partir de ce jour il ne fut pas plus question de cette affaire rue du Temps Perdu, n° 5, que si elle n'avait jamais existé.
Quelques jours après lui, Pompadour, Valef, Laval et Malezieux, sortirent de prison à leur tour, et recommencèrent à faire leur cour à madame du Maine, comme si de rien n'était. Quant au cardinal de Polignac, il n'avait pas même été arrêté: il avait été exilé simplement à son abbaye d'Anchin.
Lagrange-Chancel, l'auteur des Philippiques, fut appelé au Palais-Royal. Il y trouva le régent qui l'attendait.
—Monsieur, lui demanda le prince, est-ce que vous pensez de moi tout ce que vous avez dit?
—Oui, monseigneur, lui répondit Lagrange-Chancel.
—Eh bien! c'est fort heureux pour vous, monsieur, reprit le régent; car si vous aviez écrit de pareilles infamies contre votre conscience, je vous aurais fait pendre.
Et le régent se contenta de l'envoyer aux îles Sainte-Marguerite, où il ne resta que trois ou quatre mois. Les ennemis du régent, ayant répandu le bruit que le prince l'y avait fait empoisonner, le prince ne trouva pas de meilleur moyen de démentir cette nouvelle calomnie que celui d'ouvrir les portes de sa prison au prétendu mort qui en sortit plus gonflé de haine et de fiel que jamais.
Cette dernière preuve de clémence parut à Dubois si hors de saison, qu'il courut chez le régent pour lui faire une scène; mais, pour toute réponse à ses récriminations le prince se contenta de lui chanter le refrain de la chanson que Saint-Simon avait faite sur lui:
Je suis débonnaire, moi,
Je suis débonnaire.
Ce qui mit Dubois dans une si grande colère, que le régent, pour se réconcilier avec lui, fut obligé de le faire nommer cardinal.
Cette nomination inspira à la Fillon une telle fierté qu'elle déclara ne vouloir plus, dorénavant, recevoir chez elle que des gens qui auraient fait leurs preuves de 1399.
Au reste, sa maison avait, dans cette catastrophe, perdu une de ses pensionnaires les plus illustres. Trois jours après la mort du capitaine Roquefinette, la Normande était entrée aux Filles-Repenties.
Bibliographie—Œuvres complètes
Tiré de Bibliographie des Auteurs Modernes (1801-1934) par Hector Talvart et Joseph Place, Paris, Editions de la Chronique des Lettres Françaises, Aux Horizons de France, 39 rue du Général Foy, 1935 Tome 5.
1. Élégie sur la mort du général Foy. Paris, Sétier, 1825, in-8 de 14 pp.
2. La Chasse et l'Amour. Vaudeville en un acte, par MM. Rousseau, Adolphe (M. Ribbing de Leuven) et Davy (Davy de la Pailleterie: A. Dumas). Représenté pour la première fois, à Paris, au théâtre de l'Ambigu-Comique (22 sept.1825).Paris, Chez Duvernois, Sétier, 1825, in-8 de 40 pp.
3. Canaris. Dithyrambe. Au profit des Grecs. Paris, Sanson, 1826, in-12 de 10 pp.
4. Nouvelles contemporaines. Paris, Sanson, 1826, in-12 de 4 ff., 216 pp.
5. La Noce et l'Enterrement. Vaudeville en trois tableaux, par MM. Davy, Lassagne et Gustave. Représenté pour la première fois, à Paris, au théâtre de la Porte-Saint-Martin (21 nov.1826).Paris, Chez Bezou, 1826, in-8 de 46 pp.
6. Henri III et sa cour. Drame historique en cinq actes et en prose. Représenté au Théâtre-Français (11 fév.1829).Paris, Vezard et Cie, 1829, in-8 de 171 pp.
7. Christine ou Stockholm, Fontainebleau et Rome. Trilogie dramatique sur la vie de Christine, cinq actes en vers, avec prologue et épilogue. Représenté à Paris sur le Théâtre Royal de l'Odéon (30 mars 1830).Paris, Barba, 1830, in-8 de 3 ff. et 191 pp.
8. Rapport au Général La Fayette sur l'enlèvement des poudres de Soissons. Paris, Impr. de Sétier, s.d. (1830), in-8 de 7 pp.
9. Napoléon Bonaparte, ou trente ans de l'histoire de France. Drame en six actes. Représenté pour la première fois, sur la Théâtre Royal de l'Odéon (10 janv.1831).Paris, chez Tournachon-Molin, 1831, in-8 de XVI-219 pp.
10. Antony. Drame en cinq actes en prose. Représenté pour la première fois sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin (3 mai 1831).Paris, Auguste Auffray, 1831, in-8 de 4 ff. n. ch., 106 pp. et 1 f.n. ch. (post-scriptum).
11. Charles VII chez ses grands vassaux. Tragédie en cinq actes. Représentée pour la première fois sur le Théâtre Royal de l'Odéon (20 oct. 1831).Paris, Publications de Charles Lemesle, 1831, in-8 de 120 pp.
12. Richard Darlington. Drame en cinq actes et en prose, précédé de La Maison du Docteur, prologue par MM. Dinaux. Représenté pour la première fois sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin (10 déc. 1831).Paris, J.-N. Barba, 1832, in-8 de 132 pp.
13. Teresa. Drame en cinq actes et en prose. Représenté pour la première fois sur le Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (6 fév. 1832). Paris, Barba; Vve Charles Béchet; Lecointe et Pougin, 1832, in-8 de 164 pp.
14. Le Mari de la veuve. Comédie en un acte et en prose, par M.***. Représentée pour la première fois sur le Théâtre-Français (4 avr. 1832). Paris, Auguste Auffray, 1832, in-8 de 63 pp.
15. La Tour de Nesle. Drame en cinq actes et en neuf tableaux, par MM. Gaillardet et ***. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin (29 mai 1832). Paris, J.-N. Barba, 1832, in-8 de 4 ff., 98 pp.
16. Gaule et France. Paris, U. Canel; A. Guyot, 1833, in-8 de 375 pp.
17. Impressions de voyage. Paris, A. Guyot, Charpentier et Dumont, 1834-1837, 5 vol. in-8.
18. Angèle. Drame en cinq actes. Paris, Charpentier, 1834, in-8 de 254 pp.
19. Catherine Howard. Drame en cinq actes et en huit tableaux. Paris, Charpentier, 1834, in-8 de IV-208 pp.
20. Souvenirs d'Antony. Paris, Librairie de Dumont, 1835, in-8 de 360 pp.
21. Chroniques de France. Isabel de Bavière (Règne de Charles VI). Paris, Librairie de Dumont, 1835, 2 vol. in-8 de 406 pp. et 419 pp.
22. Don Juan de Marana ou la chute d'un ange. Mystère en cinq actes. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Porte-Saint-Martin (30 avr.1836). Paris, Marchant, Éditeur du Magasin Théâtral, 1836 in-8 de 303 p.
23. Kean. Comédie en cinq actes. Représentée pour la première fois aux Variétés (31 août 1836). Paris, J.-B. Barba, 1836, in-8 de 3 ff. et 263 pp.
24. Piquillo. Opéra-comique en trois actes. Représenté pour la première fois sur le Théâtre Royal de l'Opéra-Comique (31 oct. 1837). Paris, Marchant, 1837, in-8 de 82 pp.
25. Caligula. Tragédie en cinq actes et en vers, avec un prologue. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français (26 déc. 1837). Paris, Marchant, Editeur du Magasin Théâtral, 1838 in-8 de 170 p.
26. La Salle d'armes. I. Pauline II. Pascal Bruno (précédé de Murat). Paris, Dumont, Au Salon littéraire, 1838, 2 vol. in-8 de 376 et 352 pp.
27. Le Capitaine Paul (La main droite du Sire de Giac). Paris, Dumont, 1838, 2 vol. in-8 de 316 et 323 pp.
28. Paul Jones. Drame en cinq actes. Représenté pour la première fois, à Paris (8 oct. 1838). Paris, Marchant, 1838, gr. in-8 de 32 pp.
29. Nouvelles impressions de voyage. Quinze jours au Sinaï, par MM. A. Dumas et A. Dauzats. Paris, Dumont, 1839, 2 vol. in-8 de 358 et 406 pp.
30. Acté. Paris, Librairie de Dumont, 1839, 2 vol. in-8 de 3 ff., 242 et 302 pp.
31. La Comtesse de Salisbury. Chroniques de France. Paris, Dumont, (et Alexandre Cadot), 1839-1848, 5 vol. in-8.
32. Jacques Ortis. Paris, Dumont, 1839, in-8 de XVI pp. (préface de Pier-Angelo-Fiorentino) et 312 pp.
33. Mademoiselle de Belle-Isle. Drame en cinq actes, en prose. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français(2 avr. 1839). Paris, Dumont, 1839, in-8 de 202 pp.
34. Le Capitaine Pamphile. Paris, Dumont, 1839, 2 vol. in-8 de 307 et 296 pp.
35. L'Alchimiste. Drame en cinq actes en vers. Représenté pour la première fois, sur le Théâtre de la Renaissance (10 avr. 1839). Paris, Dumont, 1839, in-8 de 176 pp.
36. Crimes célèbres. Paris, Administration de librairie, 1839-1841, 8 vol. in-8.
37. Napoléon, avec douze portraits en pied, gravés sur acier par les meilleurs artistes, d'après les peintures et les dessins de Horace Vernet, Tony Johannot, Isabey, Jules Boily, etc. Paris, Au Plutarque français; Delloye, 1840, gr; in-8 de 410 pp.
38. Othon l'archer. Paris, Dumont, 1840, in-8 de 324 pp.
39. Les Stuarts. Paris, Dumont, 1840, 2 vol. in-8 de 308 et 304 pp.
40. Maître Adam le Calabrais. Paris, Dumont, 1840, in-8 de 347 pp.
41. Aventures de John Davys. Paris, Librairie de Dumont, 1840, 4 vol. in-8.
42. Le Maître d'armes. Paris, Dumont, 1840-1841, 3 vol. in-8 de 320, 322 et 336 pp.
43. Un Mariage sous Louis XV. Comédie en cinq actes. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français (1er juin 1841). Paris, Marchant; C. Tresse, 1841, in-8 de 140 pp.
44. Praxède, suivi de Don Martin de Freytas et de Pierre-le-Cruel. Paris, Dumont, 1841, in-8 de 307 pp.
45. Nouvelles impressions de voyage. Midi de la France. Paris, Dumont, 1841, 3 vol. in-8 de 340, 326 et 357 pp.
46. Excursions sur les bords du Rhin. Paris, Dumont, 1841, 3 vol. in-8 de 328, 326 et 334 pp.
47. Une année à Florence. Paris, Dumont, 1841, 2 vol. in-8 de 340 et 343 pp.
48. Jehanne la Pucelle. 1429-1431. Paris, Magen et Comon, 1842, in-8 de VII-327 pp.
49. Le Speronare Paris, Dumont, 1842, 4 vol. in-8.
50. Le Capitaine Arena. Paris, Dolin, 1842, 2 vol. in-8 de 309 et 314 pp.
51. Lorenzino. Magasin théâtral. Théâtre français. Drame en cinq actes et en prose. Paris, Marchant; Tarride, s. d. (1842), gr. in-8 de 36 pp.
52. Halifax. Magasin théâtral. Choix de pièces nouvelles, jouées sur tous les théâtres de Paris. Théâtre des Variétés. Comédie en trois actes et un prologue. Paris, Marchant; Tarride, s. d. (1842), gr. in-8 de 36 pp.
53. Le Chevalier d'Harmental. Paris, Dumont, 1842, 4 vol. in-8.
54. Le Corricolo. Paris, Dolin, 1843, 4 vol. in-8.
55. Les Demoiselles de Saint-Cyr. Comédie en cinq actes, suivie d'une lettre à l'auteur à M. Jules Janin. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français (25 juill.1843). Paris, chez Marchant, et tous les Marchands de Nouveautés, 1843, gr. in-8 de 1 f. (lettre de Dumas à son éditeur), 38 pp. et VIII pp. (lettre à J. Janin).
56. La Villa Palmieri. Paris, Dolin, 1843, 2 vol. in-8.
57. Louise Bernard. Magasin théâtral. Choix de pièces nouvelles, jouées sur tous les théâtres de Paris. Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Drame en cinq actes. Paris, Marchant; Tarride, s. d. (1843), gr. in-8 de 34 pp.
58. Un Alchimiste au dix-neuvième siècle. Paris, Imprimerie de Paul Dupont, 1843, in-8 de 23 pp.
59. Filles, Lorettes et Courtisanes. Paris, Dolin, 1843, in-8. de 338 pp.
60. Ascanio. Paris, Petion, 1844, 5 vol. in-8.
61. Le Laird de Dumbicky. Magasin théâtral. Choix de pièces nouvelles, jouées sur tous les théâtres de Paris. Théâtre Royal de l'Odéon. Drame en cinq actes. Paris, Marchant; Tarride, s. d. (1844), gr. in-8 de 42 pp.
62. Sylvandire. Paris, Dumont, 1844, 3 vol. in-8 de 318, 310 et 324 pp.
63. Fernande. Paris, Dumont, 1844, 3 vol. in-8 de 320, 336 et 320 pp.
64. A. Les Trois Mousquetaires Paris, Baudry, 1844, 8 vol. in-8. B. Les Mousquetaires Drame en cinq actes et douze tableaux, précédé de L'Auberge de Béthune, prologue par MM. A. Dumas et Auguste Maquet. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique (27 oct. 1845). Paris, Marchant, 1845, gr. in-8 de 59 pp. C. La Jeunesse des Mousquetaires. Pièce en 14 tableaux, par MM. A. Dumas et Auguste Maquet. Paris, Dufour et Mulat, 1849, in-8 de 76 pp. D. Le Prisonnier de la Bastille, fin des Mousquetaires. Drame en cinq actes et neuf tableaux. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Impérial du Cirque (22 mars 1861). Paris, Michel Lévy frères, s. d. (1861), gr. in-8 de 24 pp.
65. Le Château d'Eppstein. Paris, L. de Potter, 1844, 3 vol. in-8 de 323, 353 et 322 pp.
66. Amaury. Paris, Hippolyte Souverain, 1844, 4 vol. in-8.
67. Cécile. Paris, Dumont, 1844, 2 vol. in-8 de 330 et 324 pp.
68. A. Gabriel Lambert. Paris, Hippolyte Souverain, 1844, 2 vol. in-8. B. Gabriel Lambert. Drame en cinq actes et un prologue, par A. Dumas et Amédée de Jallais. Paris, Michel Lévy frères, 1866, in-18 de 132 pp.
69. Louis XIV et son siècle. Paris, Chez J.-B. Fellens et L.-P. Dufour, 1844-1845, 2 vol. gr. in-8 de II-492 et 512 pp.
70. A. Le Comte de Monte-Cristo. Paris, Pétion, 1845-1846, 18 vol. in-8. B. Monte-Cristo. Drame en cinq actes et onze tableaux, par MM. A. Dumas et A. Maquet. Paris, N. Tresse, 1848, gr. in-8 de 48 pp. C. Le Comte de Morcerf. Drame en cinq actes et dix tableaux de MM. A. Dumas et A. Maquet. Paris, N. Tresse, 1851, gr. in-8 de 50 pp. D. Villefort. Drame en cinq actes et dix tableaux de MM. A. Dumas et A. Maquet. Paris, N. Tresse, 1851, gr. in-8 de 59 pp.
71. A. La Reine Margot. Paris, Garnier frères, 1845, 6 vol. in-8. B. La Reine Margot. Bibliothèque dramatique. Théâtre moderne. 2ème série. Drame en cinq actes et en 13 tableaux, par MM. A. Dumas et A. Maquet. Paris, Michel Lévy frères, 1847, in-12 de 152 pp.
72. Vingt Ans après, suite des Trois Mousquetaires. Paris, Baudry, 1845, 10 vol.
73. A. Une Fille du Régent. Paris, A. Cadot, 1845, 4 vol. in-8. B. Une Fille du Régent. Comédie en cinq actes dont un prologue. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français (1er avr. 1846). Paris, Marchant, 1846, gr. in-8 de 35 pp.
74. Les Médicis. Paris, Recoules, 1845, 2 vol. in-8 de 343 et 345 pp.
75. Michel-Ange et Raphaël Sanzio. Paris, Recoules, 1845, 2 vol. in-8 de 345 et 306 pp.
76. Les Frères Corses. Paris, Hippolyte Souverain, 1845, 2 vol. in-8 de 302 et 312 pp.
77. A. Le Chevalier de Maison-Rouge. Paris, A. Cadot, 1845-1846, 6 vol. in-8. B. Le Chevalier de Maison-Rouge. Bibliothèque dramatique. Théâtre moderne. 2ème série. Épisode du temps des Girondins, drame en 5 actes et 12 tableaux, par MM. A. Dumas et A. Maquet. Paris, Michel Lévy frères, 1847, in-18 de 139 pp.
78. Histoire d'un casse-noisette. Paris, J. Hetzel, 1845, 2 vol. pet. in-8.
79. La Bouillie de la Comtesse Berthe. Paris, J. Hetzel, 1845, pet. in-8 de 126 pp.
80. Nanon de Lartigues. Paris, L. de Potter, 1845, 2 vol. in-8 de 324 et 331 pp.
81. Madame de Condé. Paris, L. de Potter, 1845, 2 vol. in-8 de 315 et 307 pp.
82. La Vicomtesse de Cambes. Paris, L. de Potter, 1845, 2 vol. in-8 de 334 et 324 pp.
83. L'Abbaye de Peyssac. Paris, L. de Potter, 1845, 2 vol. in-8 de 324 et 363 pp. N. B. Ces 8 volumes (n 80 à 83) constituent une série intitulée: La Guerre des femmes, qui a inspiré la pièce: La Guerre des femmes. Drame en cinq actes et dix tableaux, par MM. A. Dumas et A. Maquet. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Historique (1er oct. 1849). Paris, A. Cadot, 1849, gr. in-8 de 57 pp.
84. A. La Dame de Monsoreau. Paris, Pétion, 1846, 8 vol. in-8. B. La Dame de Monsoreau. Drame en cinq actes et dix tableaux, précédé de L'Etang de Beaugé, prologue par MM. A. Dumas et A. Maquet. Paris, Michel Lévy, 1860, in-12 de 196 pp.
85. Le Bâtard de Mauléon. Paris, A. Cadot, 1846-1847, 9 vol. in-8.
86. Les Deux Diane. Paris, A. Cadot, 1846-1847, 10 vol. in-8.
87. Mémoires d'un médecin. Paris, Fellens et Dufour (et A. Cadot), 1846-1848, 19 vol. in-8.
88. Les Quarante-Cinq. Paris, A. Cadot, 1847-1848, 10 vol. in-8.
89. Intrigue et Amour. Bibliothèque dramatique. Théâtre moderne. 2ème série. Drame en cinq actes et neuf tableaux. Paris, Michel Lévy frères, 1847, in-12 de 99 pp.
90. Impressions de voyage. De Paris à Cadix. Paris, Ancienne maison Delloye, Garnier frères, 1847-1848, 5 vol. in-8.
91. Hamlet, prince de Danemark. Bibliothèque dramatique. Théâtre moderne. 2ème série. Drame en vers, en 5 actes et 8 parties, par MM. A. Dumas et Paul Meurice. Paris, Michel Lévy frères, 1848, in-18 de 106 pp.
92. Catilina. Drame en 5 actes et 7 tableaux, par MM. A. Dumas et A. Maquet. Paris, Michel Lévy frères, 1848, in-18 de 151 pp.
93. Le Vicomte de Bragelonne. ou Dix ans plus tard, suite des Trois Mousquetaires et de Vingt Ans après. Paris, Michel Lévy frères, 1848-1850, 26 vol. in-8.
94. Le Véloce, ou Tanger, Alger et Tunis. Paris, A. Cadot, 1848-1851, 4 vol. in-8.
95. Le Comte Hermann. 2ème Série du Magasin théâtral.... Drame en cinq actes, avec préface et épilogue. Paris, Marchant, s. d. (1849), gr. in-8 de 40 pp.
96. Les Mille et un fantômes. Paris, A. Cadot, 1849, 2 vol. in-8 de 318 et 309 pp.
97. La Régence. Paris, A. Cadot, 1849, 2 vol. in-8 de 349 et 301 pp.
98. Louis Quinze. Paris, A. Cadot, 1849, 5 vol. in-8.
99. Les Mariages du père Olifus. Paris, A. Cadot, 1849, 5 vol. in-8.
100. Le Collier de la Reine. Paris, A. Cadot, 1849-1850, 11 vol. in-8.
101. Mémoires de J.-F. Talma. Écrits par lui-même et recueillis et mis en ordre sur les papiers de sa famille, par A. Dumas. Paris, 1849 (et 1850), Hippolyte Souverain, 4 vol. in-8.
102. La Femme au collier de velours. Paris, A. Cadot, 1850, 2 vol. in-8 de 326 et 333 pp.
103. Montevideo ou une nouvelle Troie. Paris, Imprimerie centrale de Napoléon Chaix et Cie, 1850, in-18 de 167 pp.
104. La Chasse au chastre. Magasin théâtral. Pièces nouvelles.... Fantaisie en trois actes et huit tableaux. Paris, Administration de librairie théâtrale. Ancienne maison Marchant,1850, gr. in-8 de 24 pp.
105. La Tulipe noire. Paris, Baudry, s. d. (1850), 3 vol. in-8 de 313, 304 et 316 pp.
106. Louis XVI (Histoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette.) Paris, A. Cadot, 1850-1851, 5 vol. in-8.
107. Le Trou de l'enfer. (Chronique de Charlemagne). Paris, A. Cadot, 1851, 4 vol. in-8.
108. Dieu dispose. Paris, A. Cadot, 1851, 4 vol. in-8.
109. La Barrière de Clichy. Drame militaire en 5 actes et 14 tableaux. Représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre National (ancien Cirque, 21 avr. 1851). Paris, Librairie Théâtrale, 1851, in-8 de 48 pp.
110. Impressions de voyage. Suisse. Paris, Michel Lévy frères, 1851, 3 vol. in-18.
111. Ange Pitou. Paris, A. Cadot, 1851, 8 vol. in-8.
112. Le Drame de Quatre-vingt-treize. Scènes de la vie révolutionnaire. Paris, Hippolyte Souverain, 1851, 7 vol. in-8.
113. Histoire de deux siècles ou la Cour, l'Église et le peuple depuis 1650 jusqu'à nos jours. Paris, Dufour et Mulat, 1852, 2 vol. gr. in-8.
114. Conscience. Paris, A. Cadot, 1852, 5 vol. in-8.
115. Un Gil Blas en Californie. Paris, A. Cadot, 1852, 2 vol. in-8 de 317 et 296 pp.
116. Olympe de Clèves. Paris, A. Cadot, 1852, 9 vol. in-8.
117. Le Dernier roi (Histoire de la vie politique et privée de Louis-Philippe.) Paris, Hippolyte Souverain, 1852, 8 vol. in-8. 118. Mes Mémoires. Paris, A. Cadot, 1852-1854, 22 vol. in-8.
119. La Comtesse de Charny. Paris, A. Cadot, 1852-1855, 19 vol. in-8.
120. Isaac Laquedem. Paris, A la Librairie Théâtrale, 1853, 5 vol. in-8.
121. Le Pasteur d'Ashbourn. Paris, A. Cadot, 1853, 8 vol. in-8.
122. Les Drames de la mer. Paris, A. Cadot, 1853, 2 vol. in-8 de 296 et 324 pp.
123. Ingénue. Paris, A. Cadot, 1853-1855, 7 vol. in-8.
124. La Jeunesse de Pierrot. par Aramis. Publications du MousquetaireParis, A la Librairie Nouvelle, 1854, in-16, 150 pp.
125. Le Marbrier. Drame en trois actes. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Vaudeville (22 mai 1854). Paris, Michel Lévy frères, 1854, in-18 de 48 pp.
126. La Conscience. Drame en cinq actes et en six tableaux. Paris, Librairie d'Alphonse Tarride, 1854, in-18 de 108 pp.
127. A. El Salteador. Roman de cape et d'épée. Paris, A. Cadot, 1854, 3 vol. in-8. Il a été tiré de ce roman une pièce dont voici le titre: B. Le Gentilhomme de la montagne. Drame en cinq actes et huit tableaux, par A. Dumas (et Ed. Lockroy). Paris, Michel Lévy, 1860, in-18 de 144 pp.
128. Une Vie d'artiste. Paris, A. Cadot, 1854, 2 vol. in-8 de 315 et 323 pp.
129. Saphir, pierre précieuse montée par Alexandre Dumas. Bibliothèque du Mousquetaire. Paris, Coulon-Pineau, 1854, in-12 de 242 pp.
130. Catherine Blum. Paris, A. Cadot, 1854, 2 vol. in-8.
131. Vie et aventures de la princesse de Monaco. Recueillies par A. Dumas. Paris, A. Cadot, 1854, 6 vol. in-8.
132. La Jeunesse de Louis XIV. Comédie en cinq actes et en prose. Paris, Librairie Théâtrale, 1856, in-16 de 306 pp.
133. Souvenirs de 1830 à 1842. Paris, A. Cadot, 1854-1855, 8 vol. in-8.
134. Le Page du Duc de Savoie. Paris, A. Cadot, 1855, 8 vol. in-8.
135. Les Mohicans de Paris. Paris, A. Cadot, 1854-1855, 19 vol. in-8.
136. A. Les Mohicans de Paris (Suite) Salvator le commissionnaire. Paris, A. Cadot, 1856 (-1859), 14 vol. in-8. Il a été tiré des Mohicans de Paris, la pièce suivante: B. Les Mohicans de Paris. Drame en cinq actes, en neuf tableaux, avec prologue. Paris, Michel Lévy, 1864, in-12 de 162 pp.
137. Taïti. Marquises. Californie. Journal de Madame Giovanni. Rédigé et publié par A. Dumas. Paris, A. Cadot, 1856, 4 vol. in-8.
138. La dernière année de Marie Dorval. Paris, Librairie Nouvelle, 1855, in-32 de 96 pp.
139. Le Capitaine Richard. (Une Chasse aux éléphants.) Paris, A. Cadot, 1858, 3 vol. in-8.
140. Les Grands hommes en robe de chambre. César. Paris, A. Cadot, 1856, 7 vol. in-8.
141. Les Grands hommes en robe de chambre. Henri IV. Paris, A. Cadot, 1855, 2 vol. in-8 de 322 et 330 pp.
142. Les Grands hommes en robe de chambre. Richelieu. Paris, A. Cadot, 1856, 5 vol. in-8.
143. L'Orestie. Tragédie en trois actes et en vers, imitée de l'antique. Paris, Librairie Théâtrale, 1856, in-12 de 108 pp.
144. Le Lièvre de mon grand-père. Paris, A. Cadot, 1857, in-8 de 309 pp.
145. La Tour Saint-Jacques-la-Boucherie. Drame historique en 5 actes et 9 tableaux, par MM. A. Dumas et X. de Montépin. Représenté pour la première fois sur le Théâtre Impérial du Cirque (15 nov. 1856). A la Librairie Théâtrale, 1856, gr. in-8 de 16 pp.
146. Pèlerinage de Hadji-Abd-el-Hamid-Bey (Du Couret). Médine et la Mecque. Paris, A. Cadot, 1856-1857, 6 vol. in-8.
147. Madame du Deffand. Paris, A. Cadot, 1856-1857, 8 vol. in-8.
148. La Dame de volupté. Mémoires de Mlle de Luynes, publiés par A. Dumas. Paris, Michel Lévy frères, 1864, 2 vol. in-18 de 284 et 332 pp.
149. L'Invitation à la valse. Comédie en un acte et en prose. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Gymnase (18 juin 1857). Paris, Beck, 1837 (pour 1857), in-12 de 48 pp.
150. L'Homme aux contes. Le Soldat de plomb et la danseuse de papier. Petit-Jean et Gros-Jean. Le roi des taupes et sa fille. La Jeunesse de Pierrot. Édition interdite en France. Bruxelles, Office de publicité, Coll. Hetzel, 1857, in-32 de 208 pp.
151. Les Compagnons de Jéhu. Paris, A. Cadot, 1857, 7 vol. in-8.
152. Charles le Téméraire. Paris, Michel Lévy frères, 1860, 2 vol. in-12 de 324 et 310 pp.
153. Le Meneur de loups. Paris, A. Cadot, 1857, 3 vol. in-8.
154. Causeries. Première et deuxième séries. Paris, Michel Lévy frères, 1860, 2 vol. in-8.
155. La Retraite illuminée, par A. Dumas, avec divers appendices par M. Joseph Bard et Sommeville. Auxerre, Ch. Gallot, Libraire-éditeur, 1858, in-12 de 88 pp.
156. L'Honneur est satisfait. Comédie en un acte et en prose. Paris, Librairie Théâtrale, 1858, in-12 de 48 pp.
157. La Route de Varennes. Paris, Michel Lévy, 1860, in-18 de 279 pp.
158. L'Horoscope. Paris, A. Cadot, 1858, 3 vol. in-8.
159. Histoire de mes bêtes. Paris, Michel Lévy frères, 1867, in-18 de 333 pp.
160. Le Chasseur de sauvagine. Paris, A. Cadot, 1858, 2 vol. in-8 de chacun 317 pp.
161. Ainsi soit-il. Paris, A. Cadot, s. d. (1862), 5 vol. in-8. Il a été tiré de ce roman la pièce suivante: Madame de Chamblay. Drame en cinq actes, en prose. Paris, Michel Lévy, 1869, in-18 de 96 pp.
162. Black. Paris, A. Cadot, 1858, 4 vol. in-8.
163. Les Louves de Machecoul, par A. Dumas et G. de Cherville. Paris, A. Cadot, 1859, 10 vol. in-8.
164. De Paris à Astrakan, nouvelles impressions de voyage. Première et deuxième série. Paris, Librairie nouvelle A. Bourdilliat et Cie, 1860, 2 vol. in-18 de 318 et 313 pp.
165. Lettres de Saint-Pétersbourg (sur le Servage en Russie). Édition interdite pour la France. Bruxelles, Rozez, coll. Hetzel 1859, in-32 de 232 pp.
166. La Frégate l'Espérance. Édition interdite pour la France. Bruxelles, Office de publicité; Leipzig, A. Dürr, coll. Hetzel, 1859, in-32 de 232 pp.
167. Contes pour les grands et les petits enfants. Bruxelles, Office de publicité; Leipzig, A. Dürr, coll. Hetzel, 1859, 2 vol. in-32 de 190 et 204 pp.
168. Jane. Paris, Michel Lévy frères, 1862, in-18 de 324 pp.
169. Herminie et Marianna. Édition interdite pour la France. Bruxelles, Méline, Cans et Cie, coll. Hetzel, 1859, in-32 de 174 pp.
170. Ammalat-Beg. Paris, A. Cadot, s. d. (1859), 2 vol. in-8 de 326 et 352 pp.
171. La Maison de glace. Paris, Michel Lévy, 1860, 2 vol. in-18 de 326 et 280 pp.
172. Le Caucase. Voyage d'Alexandre Dumas. Paris, Librairie Théâtrale, s. d. (1859), in-4 de 240 pp.
173. Traduction de Victor Perceval. Mémoires d'un policeman. Paris, A. Cadot, 1859, 2 vol. in-8 de chacun 325 pp.
174. L'Art et les artistes contemporains au Salon de 1859. Paris, A. Bourdilliat et Cie, 1859, 2 vol. in-18 de 188 pp.
175. Monsieur Coumbes. (Histoire d'un cabanon et d'un chalet.) Paris, A. Bourdilliat et Cie, 1860, in-18 de 316 pp. Connu aussi sous le titre suivant: Le Fils du Forçat.
176. Docteur Maynard. Les Baleiniers, voyage aux terres antipodiques. Paris, A. Cadot, 1859, 3 vol. in-8.
177. Une Aventure d'amour (Herminie). Paris, Michel Lévy frères, 1867, in-18 de 274 pp.
178. Le Père la Ruine. Paris, Michel Lévy frères, 1860, in-18 de 320 pp.
179. La Vie au désert. Cinq ans de chasse dans l'intérieur de l'Afrique méridionale par Gordon Cumming. Paris, Impr. de Edouard Blot, s. d. (1860), gr. in-8 de 132 pp.
180. Moullah-Nour. Édition interdite pour la France. Bruxelles, Méline, Cans et Cie, coll. Hetzel, s. d. (1860), 2 vol. in-32 de 181 et 152 pp.
181. Un Cadet de famille traduit par Victor Perceval, publié par A. Dumas. Première, deuxième et troisième série. Paris, Michel Lévy frères, 1860, 3 vol. in-18.
182. Le Roman d'Elvire. Opéra-comique en trois actes, par A. Dumas et A. de Leuven. Paris, Michel Lévy frères, 1860, in-18 de 97 pp.
183. L'Envers d'une conspiration. Comédie en cinq actes, en prose. Paris, Michel Lévy frères, 1860, in-18 de 132 pp.
184. Mémoires de Garibaldi, traduits sur le manuscrit original, par A. Dumas. Première et deuxième série. Paris, Michel Lévy frères, 1860, 2 vol. in-18 de 312 et 268 pp.
185. Le père Gigogne contes pour les enfants. Première et deuxième série. Paris, Michel Lévy frères, 1860, 2 vol. in-18.
186. Les Drames galants. La Marquise d'Escoman. Paris, A. Bourdilliat et Cie, 1860, 2 vol. in-18 de 281 et 291 pp.
187. Jacquot sans oreilles. Paris, Michel Lévy frères, 1873, in-18 de XXVIII-231 pp.
188. Une nuit à Florence sous Alexandre de Médicis. Paris, Michel Lévy frères, 1861, in-18 de 250 pp.
189. Les Garibaldiens. Révolution de Sicile et de Naples. Paris, Michel Lévy frères, 1861, in-18 de 376 pp.
190. Les Morts vont vite. Paris, Michel Lévy frères, 1861, 2 vol. in-18 de 322 et 294 pp.
191. La Boule de neige. Paris, Michel Lévy frères, 1862, in-18 de 292 pp.
192. La Princesse Flora. Paris, Michel Lévy frères, 1862, in-18 de 253 pp.
193. Italiens et Flamands. Première et deuxième série. Paris, Michel Lévy, 1862, 2 vol. in-18 de 305 et 300 pp.
194. Sultanetta. Paris, Michel Lévy, 1862, in-18 de 320 pp.
195. Les Deux Reines, suite et fin des Mémoires de Mlle de Luynes. Paris, Michel Lévy frères, 1864, 2 vol. in-18 de 333 et 329 pp.
196. La San-Felice. Paris, Michel Lévy frères, 1864-1865, 9 vol. in-18.
197. Un Pays inconnu, (Géral-Milco; Brésil.). Paris, Michel Lévy frères, 1865, in-18 de 320 pp.
198. Les Gardes forestiers. Drame en cinq actes. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Grand-Théâtre parisien (28 mai 1865). Paris, Michel Lévy frères, s. d. (1865), gr. in-8 de 36 pp.
199. Souvenirs d'une favorite. Paris, Michel Lévy frères, 1865, 4 vol. in-18.
200. Les Hommes de fer. Paris, Michel Lévy frères, 1867, in-18 de 305 pp.
201. A. Les Blancs et les Bleus. Paris, Michel Lévy frères, 1867-1868, 3 vol. in-18. B. Les Blancs et les Bleus. Drame en cinq actes, en onze tableaux. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Châtelet (10 mars 1869). (Michel Lévy frères), s. d. (1874), gr in-8 de 28 pp.
202. La Terreur prussienne. Paris, Michel Lévy frères, 1868, 2 vol. in-18 de 296 et 294 pp.
203. Souvenirs dramatiques. Paris, Michel Lévy frères, 1868, 2 vol. in-18 de 326 et 276 pp.
204. Parisiens et provinciaux. Paris, Michel Lévy frères, 1868, 2 vol. in-18 de 326 et 276 pp.
205. L'Île de feu. Paris, Michel Lévy frères, 1871, 2 vol. in-18 de 285 et 254 pp.
206. Création et Rédemption. Le Docteur mystérieux. Paris, Michel Lévy frères, 1872, 2 vol. in-18 de 320 et 312 pp.
207. Création et Rédemption. La Fille du Marquis. Paris, Michel Lévy frères, 1872, 2 vol. in-18 de 274 et 281 pp.
208. Le Prince des voleurs. Paris, Michel Lévy frères, 1872, 2 vol. in-18 de 293 et 275 pp.
209. Robin Hood le proscrit. Paris, Michel Lévy frères, 1873, 2 vol. in-18 de 262 et 273 pp.