Le dernier rapport d'un Européen sur Ghât et les Touareg de l'Aïr : $b (Journal de voyage d'Erwin de Bary, 1876-1877)
24 avril. — Tempête de sable, soufflant du sud-sud-est, puis du sud-ouest, par rafales violentes et régulières. Elle dure tout le jour.
25 avril. — Staoui veut faire l’ascension du Baghzen, pour acheter des vivres. Le cheikh a, par conséquent, fait chercher notre chameau au pâturage. Il devait être tout près, car il nous est arrivé au bout de quelques heures.
26 avril. — Staoui est parti de grand matin. Le cheikh a eu l’amabilité de m’envoyer des vivres pour la route, croyant que j’accompagnerais mon porteur ; mais il faudrait aller à pied, et je n’en ai plus le courage.
27 avril. — J’ai dormi en plein air devant ma case, et n’ai pas eu froid, malgré mes vêtements légers. Le cheikh est venu me voir et a été très aimable[171]. Je lui ai demandé si, à mon retour de Ghât, je ne pourrais pas aller directement par Agadès à Sokoto. Il a dit qu’il s’assurerait d’abord si le sultan d’Agadès veut bien me promettre la protection nécessaire. Ce sultan n’est pas un nouveau venu, comme on me l’avait fait croire ; il est simplement allé à Sokoto recueillir la succession d’une de ses femmes. Dans quatre à six semaines, me dit le cheikh, il sera de retour.
30 avril. — J’ai vu pour la première fois de grands vautours perchés sur les rochers près du village. Ils étaient cinq ou six, et avaient leurs petits auprès d’eux. Leur taille est bien plus grande que celle des vautours égyptiens. Le corps, la queue, la tête sont blancs, les pattes jaunâtres.
Staoui est revenu ce soir sans rapporter la moindre provision. On ne voulait lui donner des vivres qu’en échange d’argent ou de cotonnade. Par contre, l’esclave qui l’accompagnait a rapporté beaucoup de grain pour le cheikh.
1er mai. — Staoui raconte que, pour aller au village d’Aguelalaben, il a dû suivre un sentier tellement escarpé, que son chameau est tombé à plusieurs reprises. Il a trouvé là-haut un ruisseau d’eau courante[172] provenant de la source du village et dérivé dans des canaux d’irrigation. Les dattiers sont nombreux ; on cultive en outre l’orge et le mil. Tous les habitants sont esclaves et appartiennent au cheikh. Le soir, on enferme soigneusement les chèvres, par crainte des lions[173], qui sont nombreux sur ces hauteurs.
Le cheikh a parlé avec dédain des marchandises que Staoui avait emportées : s’il avait su, dit-il, qu’il n’avait rien de mieux, il ne l’aurait certes pas laissé monter au village !
2 mai. — Air chargé de poussière. Le cheikh fait laver son linge par mon domestique.
3 mai. — Air calme et chargé de poussière. Beaucoup de petites trombes de sable aux environs. J’ai dormi en plein air à cause de la chaleur.
5 mai. — Mon domestique est allé dans un village éloigné, il y a vu des canaux d’irrigation avec de l’eau courante. Ce village s’appelle Immidian (?).
6 mai. — Nuit fraîche. Trois Kel-Fadé montés à méhari sont venus au village et m’ont rendu visite. Deux d’entre eux avaient de longues tresses pendantes, telles que je n’en avais jamais vu chez les Touareg[174] ; l’un avait même de chaque côté de la tête de petites houppes tressées, qui lui donnaient un air presque féminin. C’étaient de beaux hommes au teint blanc. Leur pays porte bien le nom de Kelfo.
7 mai. — J’ai questionné un Touareg sur les ed-debbeni[175]. Il me dit que ce ne sont pas des Touareg qui y sont ensevelis ; ces tombeaux datent d’une époque beaucoup plus ancienne. Cet homme savait très bien que les cadavres y sont accroupis ; on trouve parfois deux individus dans la même tombe. Il me dit aussi que les tombeaux renferment toujours dans l’anfractuosité du haut une couche de morceaux de quartz blanc, ce que j’ai vérifié moi-même plusieurs fois. C’est une règle générale, dans l’Aïr, partout où il y a du quartz dans le voisinage, ce qui arrive le plus souvent.
8 mai. — Les Kel-Ouï, me dit-on, accordent à tous les sultans le titre de khalife, et font la prière pour eux dans les rares mosquées qui existent, mais ils ne veulent pas entendre parler d’impôts.
9 mai. — Deux Touareg viennent voir mes vivres. Ils ont plus tard au village une violente discussion, au sujet d’un esclave qu’ils avaient razzié avec trois chameaux à de pauvres gens.
13 mai. — Deux autres Kel-Fadé viennent me voir. Eux aussi ont les tresses caractéristiques. Leurs cheveux sont d’un noir de jais. Le cheikh des Kel-Fadé s’appelle Nefzar. Ils ont été étonnés de me voir la peau si blanche, ont tâté la plante de mes pieds, et se sont extasiés sur la finesse de la peau : c’est chez eux un signe de noblesse, parce que cela prouve qu’on passe son temps à fumer. Ils m’ont dit que, dans leur peuplade, les femmes des Iwarwaren se distinguent par leur teint blanc ; leurs campements ne sont pas à plus de quatre jours d’ici. Les Kel-Fadé n’ont que des tentes de cuir.
Les gens d’Adjiro fabriquent des anneaux de bras avec une argile qui leur vient de fort loin, d’un endroit nommé Deffer ; mais ces anneaux cassent facilement et sont beaucoup moins estimés que les anneaux de serpentine qui viennent de chez les Aouélimiden.
Le cheikh fait abattre une vache et distribue la viande entre toutes les femmes du village. Il y en avait 55 petites portions. Nous autres en avons reçu bien davantage, la valeur de 10 portions, et c’étaient les meilleurs morceaux.
14 mai. — Vent violent du sud et du sud-ouest. Trombes de poussière aux environs. Le cheikh a mal aux yeux et me demande du koheul. Il me raconte qu’il est venu dans l’ouadi Telak un rezou de gens de l’Extrême-Ouest ; ce sont des Arabes, des Berabra[176], qu’on appelle aussi Kel-Eidilet. Ils étaient associés avec des Ifoghas. Cette bande a été si bien battue par les Kel-Ouï unis aux Ihadanaren, que sept hommes seulement en ont réchappé. Et cela, bien que les envahisseurs fussent pourvus de fusils.
On s’attend tous les jours à voir arriver la caravane du Soudan.
15 mai. — Les montagnes sont tout à fait invisibles, tant l’atmosphère est pleine de poussière.
17 mai. — Les gens d’ici mangent les peaux des chèvres et des moutons : ils les débarrassent de leurs poils et les découpent en lanières qu’ils grillent légèrement sur le feu. Ils mangent également les os, après les avoir réduits en poussière.
20 mai. — L’arbrisseau dont j’ai décrit les fleurs à cinq pétales blancs (1er avril) s’appelle terrakat[177]. Il porte de petites baies rouges à quatre loges, que les gens du village mélangent à leurs galettes.
21 mai. — Les tamat sont maintenant pleins de feuilles vertes. C’est cette espèce de gommiers qui forme la masse de la végétation arborescente de la région, car l’oued apparaît maintenant tout vert, tandis qu’auparavant le talha et l’adjar n’y mettaient que quelques taches de verdure. Des sauterelles ont fait leur apparition par individus isolés ; un oiseau noir, nommé témoulet, s’en nourrit.
Le cheikh m’apprend que ses gens méditent une razzia contre les Tibbous de l’oasis d’Abo[178], à 17 jours d’ici. Il prescrit de ne tuer personne et de ne pas emmener d’enfants comme esclaves, mais de prendre tous les chameaux. Il ne m’a pas dit les motifs de cette mesure.
Il y a des palmiers akoka[179] en grand nombre dans l’oued Aoudéras ; il ne semble pas qu’ils descendent plus bas.
23 mai. — Les tamat se couvrent de blancs boutons de fleurs ; quelques-uns de ces arbres donnent une ombre épaisse. Ce développement de la végétation est surprenant, alors qu’il n’est encore tombé que quelques gouttes de pluie.
24 mai. — Un peu de pluie ce matin. Le hadjilidj[180] commence à fleurir. Le fruit de l’abagou, cet arbre si semblable à l’adjar, est une capsule bivalve qui s’ouvre et se replie, laissant à découvert la graine d’un rouge vif.
Le représentant du sultan d’Agadès, qui m’a dévalisé, s’appelle Ouaschiga ; on dit qu’il recueille pour le compte du sultan 2 à 3000 thalers Marie-Thérèse par an.
26 mai. — Nous attendons avec impatience l’approche de la caravane ; à sa place, nous arrive la nouvelle qu’un gros de Kel-Fadé, de Kel-Guérès et d’Aouélimiden se sont embusqués pour l’intercepter ! La caravane était heureusement prévenue et s’est repliée en hâte sur le Damergou. Le rezou a voulu se dédommager dans l’Aïr et s’est avancé jusqu’à Afazas. Cette même nuit, au clair de lune, tout notre village s’est réfugié avec les troupeaux dans la montagne.
Le cheikh nous a conseillé de faire de même, en nous disant qu’une razzia de ce genre est aussi rapide que le feu. Il a fait venir notre chameau et nous avons porté notre bagage dans un ouadi voisin. Le cheikh lui-même, monté sur son mehari, attendait impatiemment que nous eussions fini et quitta le village, même avant nous, pour aller avec les Touareg voisins à la rencontre de l’ennemi.
Nous avons dormi à la belle étoile, le fusil à portée de la main et le revolver sous l’oreiller. Mais nous ne fûmes mis en alerte que par un gros scorpion que je trouvai en train de grimper sur mon oreiller.
27 mai. — Nous sommes toujours dans la montagne. Ce matin, je suis descendu avec précaution au village pour chercher une outre que nous avions oubliée. Staoui s’est même risqué à aller chercher de l’eau au puits. Il règne dans le village un silence de mort. Toutes les portes sont restées ouvertes, l’impression est lugubre.
Nous avons très peu de vivres : un peu de grain que le cheikh nous a laissé avant de partir et que nous avons grillé, faute de temps pour le moudre.
28 et 29 mai. — En me promenant sur les pentes supérieures du Baghzen, pour tâcher de découvrir la retraite des esclaves du cheikh et leur donner à moudre notre provision de mil, j’ai trouvé un arbuste inconnu de la hauteur d’un homme, à feuilles alternes, assez semblables à celles du laurier. La fleur et le fruit me sont inconnus. Le nom indigène est tefa, etefa avec l’article[181]. Quelques feuilles de cet arbre, broutées par les chameaux, suffisent pour leur donner la mort ; la plante est moins dangereuse pour les hommes, mais on évite cependant de s’en servir.
Deux hommes de la famille du forgeron nous demandent de l’eau en passant : ils reviennent de porter un message. Ces gens nous racontent que l’ennemi a été hier à Afazas ; les Kel-Ouï sont embusqués au puits d’Erhalguéouen.
Cet après-midi des cumulus à l’horizon du sud. Le thermomètre marque 39 degrés à l’ombre, suspendu dans un courant d’air.
30 mai. — Brume épaisse ce matin. Dès que le soleil perce, la chaleur devient excessive. Le voile de poussière persiste jusque dans la nuit. Point de vent. Nous croyons entendre des coups de fusil, ce n’est qu’un tonnerre lointain. Les éclairs et le tonnerre se sont prolongés bien avant dans la nuit. Quelques gouttes de pluie.
31 mai. — Je suis allé au village et au puits : tout est solitaire.
J’ai revu près de notre camp de la montagne ce lézard à tête jaune et au corps gris de fer ; j’ai pu distinguer cette fois une crête qui court le long du dos.
La pluie est tombée cette après-midi sans orage et s’est prolongée jusque dans la nuit. Comme nous sommes sans abri dans la montagne, j’ai préféré revenir au village. Le bruit court que les Aouélimiden sont retournés dans leur pays.
1er juin. — Nous passons la nuit sous les armes. Staoui est inquiet ; il n’aime pas ce silence de mort. Cet après-midi, orage dans l’est ; pluie persistante et abondante, de sorte que nous sommes très heureux d’être rentrés chez nous. Faute d’autre chose, j’ai fait une bouillie de marc de café et de farine. Nous l’avons mangée avec plaisir.
Vers minuit, j’ai entendu tout à coup des voix et des aboiements de chien ; c’était le forgeron et sa famille qui retournaient dans le village. Ils nous ont salués avec une cordialité inaccoutumée et nous ont priés de leur donner de l’eau et du feu. Je suis heureux d’entendre de nouveau des voix humaines.
2 juin. — Il paraît que le rezou a eu beaucoup à souffrir de la soif, au point que quelques hommes ont dû boire le sang de leurs chevaux. Les Kel-Ouï sont à la poursuite de l’ennemi. Aujourd’hui, rentrée générale des habitants du village.
Les femmes du cheik nous apportent un bélier. Il n’y a plus de grain, disent-elles ; on n’en aura plus jusqu’à l’arrivée de la caravane du Soudan. Il nous reste heureusement un peu de riz. L’attitude des gens est plus cordiale.
3 juin. — Cette nuit nous avons entendu un bruit de cascade dans la montagne, et ce matin, le premier torrent descend en bouillonnant dans l’oued à l’est du village[182]. Tout est enveloppé de brouillard, comme en hiver. Le soleil ne se montre pas.
Le cheikh est revenu, accompagné d’un Targui qui a de grands tambours suspendus à sa selle. Il nous envoie de suite du gueçob et un grand nombre de magnifiques oignons, qui mettent Staoui en extase.
4 juin. — Rendu visite au cheikh qui m’a fait un cordial accueil et m’a raconté son expédition. Le rezou s’est replié dès qu’il a su l’approche des Kel-Ouï, de sorte qu’il n’y a pas eu bataille. L’ennemi n’a pu voler que quelques esclaves. Le cheikh croit qu’il y avait environ 500 hommes, tandis que les Kel-Ouï étaient 1500 (?).
Les grands oignons proviennent de l’ouadi Aouderas, où il y en a un grand nombre ; mais personne ne les achète.
Cet après-midi, visite de plusieurs Kel-Fadé, dont l’un sait lire les caractères tefinar. Ils ont les cheveux longs, un peu bouclés, et maintenus de telle sorte, que deux boucles seulement pendent de côté[183]. Ils m’ont demandé si je voulais prendre femme ; j’ai répondu oui, mais seulement une femme libre, une noble Targuie, ce dont ils se sont fort amusés. L’un d’eux m’a dit en riant qu’il m’en amènerait une des Iwarwaren, que celles-là ont le teint blanc comme moi-même.
7 juin. — Les Kel-Guérès ne vivent que de laitage, me dit-on ; ils ont beaucoup de chevaux, de vaches, de chèvres et de chameaux. Leur pays, l’Ader[184], renferme beaucoup d’eaux courantes ; on n’y voit point de montagnes.
8 juin. — Le cheikh a fait tuer une vache et nous en envoie un quartier ; le reste a été distribué aux gens du village.
J’ai vu aujourd’hui un serpent, le premier depuis que je suis en Afrique ; c’est une vipère céroste d’environ un pied de long, à queue très courte, de couleur rougeâtre, de sorte qu’elle se distingue difficilement du sol. On dit cette vipère très irritable ; elle s’appelle ici tachelt.
Ciel couvert. Les nuages viennent de l’ouest, et bientôt tombe une pluie formidable, qui fait couler l’oued à pleins bords. De nombreuses cascades descendent le long des pentes méridionales de la montagne. La femme du cheikh me dit que ces eaux se perdent dans la hamada au sud de l’Aïr, et que jamais elles n’atteignent le Soudan[185].
Rendu visite au cheikh, qui s’est montré poli et aimable. J’apprends à cette occasion qu’il est né à Katséna ; c’est de là qu’il a entrepris il y a dix ans sa grande razzia dans le Kanem. Les Oulad-Sliman et les Ouled-Ali étaient alors renforcés par beaucoup de Tibbous du Borgou, et restèrent treize mois dans l’Aïr, pillant et saccageant, tandis que les habitants vivaient réfugiés dans la montagne ; des deux côtés il y eut beaucoup de morts.
9 juin. — L’oued d’Adjiro est maintenant plein de crapauds, qui nous régalent la nuit de leurs concerts. Les Kel-Ouï appellent les crocodiles keffi, mais ils ne les connaissent que pour en avoir vu au Soudan.
Cette nuit, un chien a dévoré mes souliers arabes, de sorte que je suis obligé de me contenter désormais de sandales.
Je profite de ce que l’eau coule en abondance pour prendre un bain, mais je produis une sensation énorme, car toutes les femmes et les jeunes filles accourent pour admirer la blancheur de ma peau ; on s’étonne aussi de me voir nager ; aucun Touareg n’en fait autant. J’ai vu plusieurs crapauds d’assez près : ils ont la taille d’une grenouille, les yeux à fleur de tête, l’iris jaune, le cou gros, le dos d’un brun grisâtre, le ventre blanc. Des scarabées noirs se montrent également à la surface de l’eau.
10 juin. — Point de pluie. Le ciel est de nouveau sans nuages. Bou-Tassa est arrivé de l’oued Aouderas avec des ânes chargés de noix d’akokaï.
11 juin. — Je lave mon linge dans l’oued, où il reste encore assez d’eau pour que les ânes, les chiens et les vaches viennent à l’abreuvoir.
Les habitants de l’oued Aouderas sont de la tribu des Kel-Ataram[186].
15 juin. — En contournant le mont Tekindouhir par la gauche, j’ai aperçu une douzaine de singes assis au bord de la coulée de laves, et plus loin un renard (ou un chacal ?) à queue noire. Du côté nord de la montagne, la coulée de lave s’amincit, et il serait peut-être possible de la franchir et de faire l’ascension du cône. Le volcan ne semble avoir eu qu’une seule éruption, qui s’est épanchée tout entière vers l’est, après l’écroulement de la paroi orientale du cratère.
17 juin. — J’ai capturé trois coléoptères (cétonides) ; il y en a une masse qui bourdonnent autour du gommier près de ma maison. Recueilli aussi deux scarabées rouges (bousiers) dans le voisinage de l’oued.
22 juin. — Des gens d’Agadès sont venus apporter du gueçob et du riz du Soudan, qu’ils veulent échanger contre du sel. Le cheikh m’envoie une petite quantité de gueçob ; je crois qu’il n’en a pas beaucoup lui-même. Il me dit qu’il n’y a pas de vivres en ce moment. Tout le monde attend la caravane du Soudan ; sans elle, l’Aïr ne pourrait pas subsister[187] !
Avant le coucher du soleil, une forte bourrasque de sable nous arrive de l’est. Le ciel devient d’un jaune de soufre, le soleil s’obscurcit ; cela dure plusieurs heures. Le vent nous a apporté quelques sauterelles et quelques gouttes de pluie.
25 juin. — On nomme aza[188] un petit acacia à folioles recourbées en croissant, avec fleurs blanches, très parfumées ; les chameaux mangent ses feuilles avec avidité.
Le faki d’un village voisin me dit qu’il y a sur le Baghzen beaucoup d’inscriptions rupestres, et des maisons de pierre qui ne sont plus habitées.
26 juin. — Le terrakat[189] est en ce moment en pleine floraison ; ses grandes fleurs blanches solitaires sont magnifiques. Les feuilles sont simples, alternes, dentées, longues d’un pouce et demi au plus ; les sépales verts à l’extérieur, blancs à l’intérieur ; les pétales, plus étroits et plus courts que les sépales, le style plus long que les étamines. Le fruit, à quatre loges et à noyau, devient rouge brun à maturité.
27 juin. — Nombreux vols de sauterelles qui passent souvent à une grande hauteur. Il y a deux espèces : l’une jaune, l’autre rouge, à ce qu’il semble.
28 juin. — Un des jeunes élèves du faki a appelé mon serviteur kafir et lui a jeté des pierres pendant la prière. Staoui s’est plaint au cheikh, qui a administré au garnement une correction de sa main.
29 juin. — Il y a maintenant toujours plus ou moins de poussière dans l’air, et, lorsqu’on regarde les montagnes, elles paraissent couvertes d’un voile.
Aujourd’hui, enfin, nous avons eu la visite de Touareg qui font partie d’une caravane de Zinder. Le cheikh nous promet des chameaux pour nous envoyer la rejoindre à Rhezer[190]. La caravane va bientôt repartir pour Ghât. Le cheikh me dit qu’il a reçu des lettres des sultans de Zinder et de Sokoto. Ce dernier le prie de faire la paix avec les Kel-Guérès. Est-ce une vanterie ? Le cheikh prétend que, si les Kel-Ouï font la paix avec les Kel-Guérès, il y aura cessation d’hostilités entre le Sokoto et le Tessaoua. Depuis quelque temps, le cheikh est toujours aimable et cordial.
30 juin. — Le cheikh nous a envoyé un peu de blé du Maradé, au grain petit et d’un blanc sale, mais qui n’en vaut pas moins cent fois mieux que du gueçob. Mon domestique a eu la chance de troquer un couteau contre un peu de beurre, de sorte que nous pouvons enfin manger de nouveau à notre faim.
Le sultan d’Agadès, qui doit prochainement revenir de Sokoto, s’appelle Ahmed Rafaï ; il est assez âgé et n’a point de relations cordiales avec les Kel-Ouï, du moins avec Hadj Bilkhou[191].
Les Aouélimiden sont en guerre avec tout le monde, même avec les Hoggar. Aucune caravane ne passe chez eux, mais seulement quelques marchands d’Agadès, qui vont leur vendre des sabres et des poignards, et leur prennent en échange des chameaux et des ânes. Ingal et Djéboli sont les centres principaux des Kel Guérès.
6 juillet. — Deux familles ont tour à tour l’honneur de fournir un sultan à Agadès.
Les dattes sont mauvaises dans l’Aïr ; aussi l’on en importe du Fezzan.
9 juil. — Nous nous levons de grand matin pour nous préparer au départ. Les chameaux ont été amenés pendant la nuit. Le cheikh vient me trouver, et pâle d’émotion — évidemment son amour-propre en souffre, — il m’avoue qu’il n’a pas de provisions à nous donner, parce que sa caravane n’est pas encore revenue du Soudan ; mais il me remet une lettre pour Hadj Iata de Tintarhodé, qui nous pourvoira de tout. Quant à la note que j’ai rédigée des vivres qu’il nous a fournis, il me la rend en me disant que de sa vie il n’a jamais rien écrit de pareil ; que, si j’étais un homme bien élevé, je savais ce que j’avais à faire ; sinon il ne veut rien de moi[192].
Nous nous mettons en chemin une heure après le lever du soleil. Tous les parents du cheikh prennent congé de nous ; lui-même et le faki du village nous font la conduite.
Enfin, nous tournons le dos à ce maudit endroit, et nous marchons en avant avec bonheur. Nous prenons la direction du nord-ouest, à travers un pays de plus en plus accidenté, et traversons encore une fois l’oued Tekindjir[193], dont le large lit aux berges accores contient encore quelques mares. On me dit que l’oued passe à Rhezer et s’appelle alors oued Terhezer.
Au bout de trois heures de marche, nous cheminons dans une profonde vallée où aboutit une coulée de lave qui forme une muraille de 15 pieds de haut. Un examen plus attentif me fit découvrir à une assez grande hauteur, sur le flanc d’une colline de granite, un cône noir d’une vingtaine de pieds de haut, d’où la lave était descendue dans la vallée. Sa couleur noire tranche sur la teinte rougeâtre du granite. Ce cône s’appelle Tarhel.
Nous sommes ici dans une gorge latérale du grand oued Tekindjir ; j’y vois pour la première fois des bouquets de palmiers Faraoun[194].
Nous continuons à suivre l’oued qui serpente dans la direction du nord, et nous arrivons enfin dans l’après-midi à un groupe de huttes de paille ; c’est le village du cheikh Kindirka. La vallée est fortement boisée ; je remarque un certain nombre d’arbres à moi inconnus ; un entre autres, que j’ai confondu d’abord avec le sedra, mais qui s’en distingue par des épines droites, et des feuilles dentées et très petites. En général la végétation de ces oueds est bien plus riche que celle d’Adjiro.
Nous avons campé à l’ombre des buissons d’abesgui qui portent en ce moment des fruits noirs d’une saveur fortement poivrée.
10 juil. — Départ au lever du soleil. Nous suivons un ouadi latéral, presque aussi large que le précédent. Il est évident qu’un large torrent coule ici pendant la saison des pluies. Les arbres qui le bordent atteignent souvent la hauteur de nos chênes.
Nous avons à droite la muraille d’une coulée de basalte, qui provient des monts Djimilen et Djemia. Les eaux des pentes supérieures se sont frayé un chemin en dessus et en dessous des laves. Nous grimpons par une gorge très étroite entre deux murs de lave. Notre guide me dit que ce défilé mène chez les Kel-Djemia ; jamais une razzia n’a passé par ici : quelques hommes suffiraient à le défendre. Il est si étroit que les caisses de notre chameau frôlent les parois.
Arrivés en haut, dans l’oued de nouveau élargi, nous apercevons des couronnes de dattiers et, vers midi un village au fond d’un cirque de montagnes : un vieux cheikh, du nom de Haja, nous reçoit avec cordialité.
Je n’aperçois pas encore la fin de la coulée de laves. Dans le défilé se voyaient de nombreuses traces de singes, venus ici pour boire.
11 juil. — Beaucoup de moustiques et autres insectes, cette nuit. Vu, ce matin, un grand grillon de couleur claire. A quelques pas du village se trouve un jardin de palmiers bien irrigué ; on y cultive du maïs, du tabac, du gueçob, du poivre, et le ricin qui sert de médecine pour les chameaux. L’oued Engui, dans le lit duquel se trouve cette oasis, se jette à l’ouest dans l’oued Terhezer, qui s’appelle plus loin oued Tekindjir.
12 juil. — Nous apprenons que le marabout Toufik vient d’arriver à Rhezer et a déconseillé à la caravane d’aller en ce moment à Ghât, parce que des rezous d’Aïthoguen (Taïtoq) de Tibbous et d’Aoulad-Sliman sont en route. Les Aïthoguen ont rencontré les Aoulad-Sliman et en ont tué trente. On va donc attendre la caravane du hadj Bilkhou, pour faire route ensemble.
Hier, un Touareg m’a demandé si j’étais un juif[195] : je l’appelai juif lui-même, et comme il protestait violemment, je lui demandai pourquoi il m’appelait ainsi. Je ne lui parlai plus et n’acceptai rien de ce qu’il m’offrit. Le soir, il revint en compagnie d’un homme de Ghât, qui m’expliqua en son nom qu’il n’avait pas voulu m’offenser et qu’il voulait de nouveau faire amitié avec moi. En signe de quoi il ramassa un peu de sable et le laissa retomber. Il avait l’air vraiment repentant, et le Ghâti me dit que c’était un bon musulman, qu’il était désolé de m’avoir pris pour un juif, et que, s’il ne craignait pas Dieu, il ne serait certes pas venu me présenter ses excuses. Cette attitude d’un musulman rigide vis-à-vis d’un Européen me surprit fort, et me fit tant de plaisir que je lui fis présent d’un chapelet d’assez grande valeur. Quelques marchands ont confié leurs bagages à la garde des gens du village. Les Kel-Djemia, en général, ont une excellente réputation.
13 juil. — Comme il faut renoncer à un départ immédiat, nous prenons possession d’une case, les gens de Djémia viennent nous rendre visite et nous apportent le repas. J’irai demain à Tintarhodé avec la lettre du hadj Bilkhou pour demander des vivres au marabout Hadj Iata. J’ai donné au fils de notre hôte une caisse en fer-blanc pour y enfermer ses livres[196], et il répond à cette politesse en m’envoyant une paire de sandales du Soudan ; c’est la première fois qu’un Touareg me fait cadeau de quelque chose.
14 juil. — Nous allons à Tintarhodé. Nous marchons vers le nord-est, en traversant successivement l’oued Ezellil et le village de Teguir avec un jardin de palmiers, puis celui d’Ezellil, dans une plaine boisée où l’on voit beaucoup d’ahatès[197], enfin celui de Serar, près duquel nous campons dans l’oued Ouanankerane.
15 juil. — Nous avons à droite la chaîne des monts de Serra, à gauche, dans le lointain, les deux cimes de la montagne d’Asodi. Dépassant le mont Afodet, nous gagnons le village d’Aguéraguer, au pied de la montagne du même nom, appelée aussi Afiz.
16 juil. — Une vaste plaine s’étend entre les monts Afiz et Afodet. Nous laissons ce dernier à gauche, et nous arrivons le soir à Tintarhodé, qui se distingue avantageusement des autres villages par ses maisons de pierre pittoresquement disséminées sur des monticules de granit, au pied de la chaîne abrupte du Timgué.
Nous descendons devant la demeure du hadj Iata ; des esclaves déchargent notre bagage et nous invitent à nous reposer sous la véranda. Le hadj est absent ; il arrive tard dans le nuit, et, avant de nous voir, il commence par bâtonner un esclave, parce que celui-ci ne l’a pas informé de notre arrivée. Hadj Iata est un aimable vieillard, aux manières extrêmement polies ; il nous reçoit avec les plus grands égards.
17 juil. — On me traite ici comme un fils de la maison. La nourriture est excellente, et l’on m’offre même du thé et du café.
Je reçois la visite d’un pèlerin de la Mecque, qui m’a vu à Ouenserig, et qui retourne chez les Arabes Kounta, non loin de Tombouctou. Il me raconte que les Hoggar sont en guerre avec les Aouélimiden[198], que le cheikh El-Bakay est sans influence chez les Hoggar, que ceux-ci passent encore pour des païens, qui n’observent pas les prescriptions de la religion, et ne se gênent pas pour dépouiller et même tuer les plus saints marabouts.
Hadj Iata se déclare prêt à me fournir des vivres qui seront payés à Ghât.
18 juil. — Hadj Iata et moi nous allons rendre visite au marabout Toufik, qui habite au pied de la montagne sur une colline éloignée. C’est un vieillard à barbe blanche, d’aspect très sympathique, comme ses deux fils. Il ne vient pas directement de Ghât, mais de l’Ahaggar, où il a visité tous les chefs et s’est efforcé en vain de rétablir la paix entre eux et les Azdjer. Il attribue son insuccès aux Turcs, qui ne désirent pas que les Touareg soient unis. Ahitaghel[199] a entendu parler de moi. Il a dit que, si je venais dans l’Ahaggar en compagnie de Toufik, il me recevrait bien. Hadj Iata me recommandera au sultan d’Agadès, pour que j’arrive au Sokoto sans encombre. Il me dit que le sultan d’Agadès redoute les gens de Sokoto[200].
19 juil. — On annonce que Sidi-Erkeb[201], le chef des Aïthoguen, est parti en razzia.
Le jeune pèlerin des Arabes Kounta me fait une description favorable des Aouélimiden Motti-bodal, dont le pays, dit-il, n’est pas loin d’Agadès. Ils sont très riches en troupeaux de chameaux et de chevaux. Entre l’Adgag et le Hoggar vivent plusieurs tribus arabes[202].
Je crois que Toufik ne songe pas sérieusement à me mener chez les Hoggar ; lui-même a perdu de l’argent lors du pillage d’une des dernières caravanes, et ils ne lui ont rendu que le dixième de ce qu’ils avaient pris !
Hadj Iata appelle Imrhad les gens qui, venant d’autres pays, se sont fixés sur le territoire d’une tribu touareg et se sont soumis à elle[203]. Tous étaient primitivement des hommes libres. Cette distinction n’existe plus dans l’Aïr, sans doute par suite des alliances fréquentes avec l’élément haoussa. De même, le fils d’un Kel-Ouï et d’une esclave est libre comme son père et a les mêmes droits.
Les Kel-Rhezer demeurent dans l’Aguelal ; c’est un pays de montagnes situé dans l’ouest de l’Aïr, et qu’on aperçoit d’ici[204].
On me demande des médicaments pour un homme des Ifaden qui a reçu une balle dans le genou lors de la dernière incursion des Mechagra. Ces Mechagra sont des Arabes qui vivaient autrefois à côté des Kounta, près de Tombouctou ; mais la guerre que se font les Kounta et les Igdalen les a chassés de leur territoire, et ils se sont établis dans l’Adgag chez les Aouélimiden. C’est de là qu’ils ont fait irruption sur le territoire des Ifaden[205].
21 juil. — On me dit qu’à l’ouest de l’Aguelal il n’y a plus de montagnes.
Hadj Iata m’a invité à aller chercher mon bagage et à m’établir provisoirement auprès de lui. Il me confie des lettres écrites dans ce sens pour Hadj Bilkhou et pour Kindirka.
22 juil. — Nous reprenons notre route en sens inverse. Nous marchons vers la montagne d’Asodi en laissant Aguéraguer à gauche. Mon guide me dit qu’Aguéraguer a été autrefois une grande ville, plus grande qu’Agadès, avant que les Kel-Guérès ne l’eussent détruite.
23 juil. — Halte dans l’oued Ouanankerane. Nous sommes surpris par une pluie d’orage, la première depuis longtemps.
24 juil. — De retour à Djémia. Assisté cette nuit à une noce. La solennité consiste en une musique de tambourins, et en danses exécutées par des jeunes gens armés et lourdement costumés. Ces danses sont très lentes et ont quelque chose de grave ; les femmes et les hommes assistent au spectacle, assis en deux groupes séparés. A un moment donné, on fait une pause et on mange abondamment. Les jeunes filles ne dansent pas dans l’Aïr, tandis que la danse leur est permise chez les Touareg de Ghât.
25 juil. — Adjiro. Mon domestique n’a pas reçu de vivres pendant mon absence et n’a vécu que de gueçob. Je veux m’en aller d’ici le plus vite possible. Mais on ne semble pas satisfait de me voir partir ; on espérait sans doute tirer encore quelque avantage de mon séjour. On me fait des difficultés pour la location des chameaux, et on me demande le double du prix ordinaire. Au bruit de la dispute, le cheikh Bilkhou arrive et me promet des chameaux pour demain.
27 juil. — Nous étions déjà en route quand Adal, le Targui qui m’avait pris pour un juif, est venu nous rejoindre. Il m’a fait cadeau de ses beaux anneaux de bras. Nous campons en vue du massif du Benday, dans le large oued Teguédmaouen[206].
30 juil. — Arrivée à Tintarhodé, où le cheikh Hadj Iata nous accueille et nous régale de son mieux. Nous demeurons dans une case, au milieu d’une cour entourée d’une haie de tountafia[207]. Je reçois une masse de visites de soi-disant malades.
1er août. — Hadj Iata fait grand cas de la lettre du kadi de Ghât, et me conseille de la montrer à tout le monde.
Il me raconte que les lions de l’Aïr ont une forte crinière ; lui-même a été assailli par un de ces lions tout près du village, et son bras porte encore des traces de morsures. On trouve également des girafes à trois jours de marche dans l’ouest de l’Aïr ; leur nom indigène est amderh.
5 août. — Hier soir, grand tumulte au village, à la nouvelle que les Kel-Ifadéen ont envoyé dix-huit hommes armés pour prendre de force des dattes à Seloufiet. Tous les hommes valides sont partis en courant pour s’y opposer. Mais la chose s’est arrangée sans effusion de sang.
Le gendre du hadj Iata me raconte qu’on vendait autrefois à bas prix des Imrhad des Aouélimiden sur le marché d’Agadès ; mais que maintenant ces esclaves blancs sont hors de prix. Jamais on n’enlève les femmes et les enfants des Imocharh[208].
7 août. — La pluie est tombée cette nuit et un filet d’eau a recommencé à couler dans l’oued. Le brouillard dure jusque vers midi. La chaleur est insupportable.
Le territoire des Kel-Ouï s’étend depuis Achagour, à l’est, jusqu’au puits d’Enguichan, à l’ouest ; ce puits est situé sur une hamada inhabitée.
Hadj Iata me dit que les Tibbous, pour se défendre contre les Kel-Ouï, ont demandé au Sultan de Stamboul d’occuper leur territoire[209]. Toute l’oasis de Bilma appartient au cheikh kel-ouï Hosseïn d’Azanarès ; lorsqu’un Kel-Ouï vient à Bilma, il commande en maître, et traite l’oasis en pays conquis.
J’observai chez les Kel-Ouï bien des maladies qui n’existent pas chez les Touareg de teint blanc et de race pure. Rien qu’à Tintarhodé, j’ai noté des cas d’épilepsie, d’atrophie chez les enfants, de maladies de foie consécutives aux fièvres du Soudan ; la syphilis vient également du Soudan : j’ai vu de larges condylomes, des éruptions cutanées ; la variole est universellement répandue et entraîne souvent la perforation de la cornée. Très fréquentes également sont les maladies des voies digestives, conséquence d’une alimentation défectueuse, l’hypocondrie, la folie. L’obésité est la règle chez les femmes des Kel-Ouï et atteint, paraît-il, des proportions monstrueuses chez celles du Damergou[210]. Par contre, je n’ai jamais vu de femmes aussi obèses chez les Touareg du Nord. La menstruation est très souvent irrégulière chez les femmes kel-ouï. J’ai observé deux cas de scorbut.
Hadj Iata, auprès de qui je m’enquiers sur le cours de l’ouadi Falezlez, m’affirme qu’il « meurt par le vent », sur le chemin d’Asiou, c’est-à-dire qu’il se perd dans le désert[211]. Les oueds qui se trouvent entre Tintarhodé et Adjiro se dirigent tous vers l’ouest.
9 août. — Il y a quatre jours, une caravane est partie pour Ghât ; Hadj Iata me l’a caché, de peur que je ne voulusse aller avec elle. Elle est beaucoup trop petite pour offrir la moindre sécurité. Hadj Iata me dit qu’il y a beaucoup d’or accumulé à Ghadamès, chaque négociant ayant la coutume d’en mettre de côté pour les mauvais jours.
11 août. — Ce matin tout est dans la brume. Les Kel-Ouï appellent ce brouillard tara ou dara. Toufik m’envoie du thé et du sucre.
Je reçois la visite d’un patient qui vient de l’Aguelal. Ce pays, à l’ouest d’ici, n’est habité que par des marabouts. De là, il n’y a qu’un jour de marche jusqu’à l’oued Telak ; il y en a dix jusqu’au pays des Aouélimiden Mossi-bodal. Les Kel-Tédéli, au nord de l’Aguelal, sont serfs des Kel-Ferouan, qui résident, les uns dans l’oued Iferouan, les autres à Agadès.
Zéloufiet est un riant village de maisons de pierres et de cases, entourées de haies de tountafia et perchées sur des collines ou sur d’anciennes terrasses fluviatiles[212] que l’ouadi a sectionnées ; dans le lit de la rivière sont les jardins de palmiers qui font le charme de cet endroit.
Je trouve établis ici quelques hommes de la tribu des Ifoghas, qui me parlent de leur patrie Tademekket[213]. Ils ont une longue tresse de chaque côté de la tête ; une troisième tresse est dissimulée par le keffi noué autour du crâne. Les Ifoghas de Tademekket, l’ancienne Es-Souk, paient actuellement le garama[214] à Ahitarhel, pour ne pas être pillés par les Hoggar. Ils parlent la même langue que les Ihaggaren (nobles) et leur ressemblent par le teint et la manière de se vêtir.
15 août. — Retour à Tintarhodé. Hadj Iata me confirme que l’Aïr a été habité autrefois par des nègres haoussa.
Vu en rentrant un très grand tumulus : le sommet très plat, couvert d’une couche de petites pierres ; à la base, un cercle de rochers bas ; le diamètre est d’une dizaine de mètres. Aujourd’hui encore, les femmes de l’Aïr ont la coutume d’aller dormir sur ces ed-debbeni pour avoir des nouvelles de leurs maris absents ; elles se mettent, à cette occasion, dans leurs plus beaux atours. Pendant leur sommeil, arrive « l’ami du tombeau » (djine-eddebbeni), qui leur donne des informations sûres sur le sort de l’époux parti en razzia.
16 août. — Nous sommes allés assister à une noce dans un village voisin. Le fiancé est le fils du cheikh de Zéloufiet. On voit venir une foule d’invités en grand gala sur des méharis magnifiquement harnachés. La principale attraction est la musique, exécutée par des esclaves et les forgerons, tandis que les guerriers, en habits de fête et montés à méhari, en font lentement le tour. Lorsque les méharis se reposent, les esclaves se mettent à danser. La chère est des plus abondantes. Un taureau est poussé par les cavaliers jusque sur la place, où il reçoit le premier javelot ; aussitôt, les esclaves se précipitent et lui tranchent le jarret à coups de sabre ; la bête, ainsi abattue, est ensuite livrée aux bouchers. Beaucoup de nobles viennent me saluer et, me voyant en société du hadj Iata, me traitent avec beaucoup de déférence[215]. Parmi eux, j’ai le plaisir de reconnaître Ouinsig, le cheikh des Ihadanaren réfugiés dans l’oued Telak. C’est un des Touareg les plus instruits que j’aie vus. Même des Kel-Fadé viennent à la noce. J’ai pu remarquer qu’on ne les voit pas avec plaisir ; ils ne cessent d’espionner dans le pays et puis vont dire aux Aouélimiden où il y a une razzia à faire.
18 août. — De retour à Tintarhodé. En échange des remèdes que j’ai distribués, on me donne d’excellentes dattes qui viennent du petit village d’Imberkane, situé dans la montagne.
Un jeune Touatien de dix-huit ans, qui a été à Agadès avec son père pour acheter des plumes d’autruche, me donne des détails sur les Hoggar. Il dit qu’il ne fait que passer et repasser chez eux, et que jamais il n’a été dépouillé, même pas par les Aïthoguen[216]. Hadj Iata me dit qu’autrefois un seul marchand envoyait facilement quatre-vingts dépouilles d’autruches par an au marché de Ghât ; mais ces animaux sont devenus si rares qu’il est difficile d’en rassembler aujourd’hui une dizaine tous les ans. Les dépouilles se vendent à Tripoli 150 thalers, l’une dans l’autre ; c’est du moins le prix qu’on paie pour celles que hadj Iata y envoie.
19 août. — Les Arabes Meschagra s’habillent, me dit-on, comme les Touareg, montent à cheval et à chameau et payent comme les Ifoghas la garama à Ahitarhel. Ouinsig m’assure qu’aucun des Hoggar ne va à Tombouctou, parce que les Aouélimiden les tueraient en route.
Le jeune Touâtien me raconte qu’il y a en ce moment deux juifs au Touât. L’un des deux s’est converti à l’Islam ; l’autre, Yousouf, est resté fidèle à sa religion. Personne ne leur fait de mal ; on leur a donné l’aman une fois pour toutes ; mais on ne permet pas que d’autres juifs viennent s’établir au Touât.
Au dire d’Ouinsig, il y a à l’époque des pluies beaucoup de fièvres dans l’oued Telak.
20 août. — Hadj Iata m’apporte deux thalers parce que j’ai soigné ses gens, mais je ne les accepte pas et lui fais cadeau d’un verre pour reconnaître sa bonne volonté.
21 août. — J’ai fait dresser ma tente et j’ai prié Hadj Iata de l’accepter comme présent. Il a eu pour moi plus d’égards que tous les autres Touareg d’Aïr ensemble, et je lui donne volontiers ma tente et mon lit de camp, qui ont d’ailleurs le défaut d’attirer beaucoup trop l’attention. Hadj Iata est tout confus de la valeur du présent.
Ouinsig apprend ce soir que les gens d’Ikhenoukhen vont avec les Arabes de l’oued Châti dans l’Ahaggar. Il croit que les Hoggar se déroberont, mais qu’ensuite ils couperont les routes de caravane. C’est pour cela que les Ghadamésiens ne veulent pas la guerre, et passent même condamnation sur quelques actes de pillage. Mais lorsque les Taïtoq sont allés enlever les chameaux jusqu’à Tegrifa, près de Mourzouk, les Arabes du Fezzân ont trouvé que c’était par trop fort[217].
Le serki-n-touraoua, mon voleur, se fait le familier du sultan de Sokoto, dans l’espoir que celui-ci lui prêtera son appui pour devenir un jour sultan d’Agadès. C’est Hadj Iata qui me donne cette information.
23 août. — Hadj Mohammed, le gendre du hadj Iata, veut aller à Ghât et s’offre à me louer des chameaux pour le voyage.
J’ai rendu visite à Ouinsig, le cheikh des Ihadanaren, et j’apprends de lui qu’il existe vraiment un endroit nommé Anaï, à six jours dans l’est de Ghât ; lui-même y a été et dit que c’est un puits sur une hamada inhabitée. Il sait également qu’une ancienne route mène directement de Djerma par Anaï jusqu’à l’Aïr, et que la trace en est encore très reconnaissable ; mais il n’a pas entendu parler d’empreintes de roues, ni d’inscriptions ou de sculptures rupestres[218].
A certains passages que je lis du livre de Duveyrier, Ouinsig reconnaît que ses informateurs étaient des Oraghen ; il dit également que les Ihadanaren ne méritent plus la mauvaise réputation qui leur est faite dans ce livre, parce qu’ils se sont fort améliorés depuis.
24 août. — On me parle beaucoup d’un animal de grande taille appelé tirhès ou agolès dans l’Aïr, et adjoulé par les Touareg du Nord, et qui est répandu dans tout le pays depuis le Damergou jusqu’à l’Ahaggar. On dit qu’il ne se trouve pas au Soudan[219]. Tout le monde est d’accord à me le décrire comme un fauve très dangereux[219] ; c’est aussi le seul qui arrive à tuer l’autruche. Il la suit jusqu’au moment où elle ne peut plus lancer de ruades, et devient une proie facile pour son ennemi. On vend quelquefois de jeunes agolès à Agadès, où on les apprivoise, paraît-il, comme des chiens. Mais je n’ai pu m’en procurer un seul exemplaire.
26 août. — Des gens d’Azanarès viennent nous annoncer que la grande caravane se rassemble là-bas. Damboskori[220] a fait, dit-on, une incursion victorieuse jusqu’aux portes de Katséna, et emmené une masse de monde comme esclaves, de sorte que les Kel-Ouï prévoient une baisse de prix pour cet article.
1er septembre. — Une esclave originaire du Maradi vient me consulter pour ses rhumatismes ; elle est presque jolie et a de bonnes manières, mais les gens d’ici la regardent comme une sauvage, parce qu’elle vient d’un pays de païens.
2 sept. — On nous mande d’Agadès que Hadj Bilkhou veut faire la paix avec les Kel-Guérès. Il est très irrité contre le cheikh Bou-Bekr des Kel-Férouane, qui ne cesse d’avertir les Kel-Fadé et les Aouélimiden du moment où les gens du hadj Bilkhou sont absents de l’Aïr. Bilkhou voudrait que le sultan d’Agadès exerçât une sorte de contrôle sur ces gens-là.
Le forgeron m’apprend que les agolès pénètrent en été jusque sur les montagnes pour attaquer les troupeaux ; ils sont généralement en troupes de quatre ou cinq, ils ont le pelage rayé de noir et de blanc, mais le noir domine ; la tête est longue et étroite ; les canines sont très grandes ; la queue longue et foncée. Ils terrassent même les taureaux. Pendant les chaleurs, lorsque la pluie manque, ils se rapprochent des montagnes pour boire. Le forgeron les dit aussi dangereux que les lions. Ils sont exclusivement carnivores, et recherchent spécialement les cadavres[221].
4 sept. — Hadj Iata m’offre spontanément de me prêter de l’argent pour le voyage ; j’accepte avec reconnaissance. Les chameaux sont enfin arrivés ; nous partons cette nuit pour Zéloufiet.
5 sept. — Nous avons quitté Zéloufiet, non sans que le marabout Toufik m’ait encore fait parvenir du sucre et des dattes. Arrivée dans l’oued Tachouen, où notre troupe a fait sa jonction avec les autres caravanes qui nous attendaient.
Ici cesse, à vrai dire, le journal de route du voyageur. Refaisant son itinéraire d’aller en sens inverse, il s’est borné dès lors à jeter sur le papier quelques indications très brèves qui n’ont d’intérêt que pour la construction de la carte. Arrivé le 3 octobre à Ghât, il écrivit le soir un billet de quelques lignes ; le lendemain il était mort.
APPENDICE I
NOTE GÉOLOGIQUE
Ghât, 25 décembre 1876.
Du bord méridional de la grande hamada El-Homra jusqu’au massif de Tafélamine dans le Tasili, et au delà, le terrain reste le même. C’est toujours le même grès rouge-brun[222], dont les couches horizontales composent les montagnes et donnent naissance aux mêmes formes orographiques. La chaîne d’Amsak, l’Akakous, l’Ikohaouen, le Tafélamine sont tous des massifs tabulaires découpés dans la même formation. Tantôt ils prennent les contours de plates-formes allongées ; tantôt, lorsque l’érosion des couches supérieures est plus avancée, c’est une crête dentelée qui apparaît. Quelques monts isolés affectent la forme conique, lorsqu’il ne reste de la couche supérieure que le sommet actuel[223] ; c’est le cas du mont Nasaret, de l’Errouine et de beaucoup d’autres plus petits. On trouve des crêtes dentelées au sommet de l’Idinen, de l’Ouadersine et des monts d’Aouénat. Par contre, c’est une plate-forme qui termine l’Amsak, l’Akakous et le Tafélamine.
On observe à la base de ces grès une série de schistes formés de bandes très fines de couleur blanche, rouge ou grise ; ces schistes sont parfois remplacés par des calcaires compacts. Dans l’oued Inessane, la limite inférieure du grès est à environ treize mètres au-dessous du niveau de la hamada. Je n’y ai pas trouvé de fossiles reconnaissables ; par contre, les tiges de crinoïde sont nombreuses dans les calcaires, notamment dans l’Akakous et le Tadrart. Parmi les cailloux roulés de l’oued Mihero, j’ai ramassé un morceau de lave poreuse qui, au dire de mes compagnons, provenait de l’Ahaggar.
En ce qui concerne la mer saharienne, je dois dire que je n’en ai pas trouvé la moindre trace. Bien au contraire, à en juger par ce que j’ai vu de Tripoli à Ghât, le sol de l’Afrique du Nord doit être émergé depuis bien longtemps, car il ne s’y trouve même pas de dépôts marins tertiaires — à moins que la désagrégation atmosphérique et l’érosion n’en aient fait disparaître jusqu’au dernier vestige.
Les dunes ne fournissent point d’argument en faveur de cette hypothèse, car elles sont visiblement composées des détritus de toutes les roches qui affleurent, détritus charriés et accumulés par le vent. Quant à leur mobilité, il est vrai qu’une tempête ne peut pas déplacer des dunes en une fois, mais il y a des dunes qui marchent : on en a la preuve à Tripoli même. Elles envahissent là-bas le côté ouest de l’oasis, et bien des palmiers encore vivants sont aujourd’hui ensevelis jusqu’à moitié de leur hauteur. Naturellement, il faut pour cela un certain nombre d’années. L’existence d’endroits habités et de routes au milieu de l’Erg ne prouve pas plus en faveur de l’immobilité des dunes, que l’existence des ports ne démontre l’immuabilité des rivages. Le rapport de mon voyage à l’oued Mihero fournit plusieurs exemples de dunes amoncelées par le vent derrière de hautes parois, dans une contrée d’où les dunes sont généralement absentes : leur localisation serait inexplicable sans l’action du vent. Ce qui ne veut pas dire que toutes les dunes changent de position ; il est, au contraire, vraisemblable que les dunes situées dans des dépressions entourées de terrains plus élevés sont destinées à garder leur volume et leur emplacement, tant que dureront les conditions météorologiques actuelles.
APPENDICE II
SUR LE CARACTÈRE DÉSERTIQUE DE L’AÏR
(Lettre du Dr de Bary au Professeur Ascherson[224].)
Adjiro, le 11 avril 1877.
Me voyant à Ghât forcé de rester inactif, car même aux portes de la ville, on n’était pas en sûreté contre les Hoggar, je me suis décidé à gagner l’Aïr avec la caravane des Kel-Ouï, pour comparer la flore de ce pays avec celle du pays des Touareg du Nord. Et bien qu’on m’ait accueilli ici d’une façon qui n’était rien moins qu’amicale, et qu’on me traite presque en prisonnier, je ne regrette pas les fatigues et les dangers, puisque j’ai pu arriver à quelques résultats positifs.
Le mot de Barth, qui appelle l’Aïr « les Alpes du Sahara », en a donné peut-être une idée trop grandiose.
On peut conserver la définition, seulement le mot important à retenir est Sahara. Sans doute, lorsqu’on a traversé les solitudes désolées qui s’étendent entre l’oued Arokam et la limite nord de l’Aïr, et qui sont encore plus vides de plantes que la hamada El-Homra, on contemple avec ravissement cette chaîne de bleus sommets qui, pendant la marche vers le sud, vous fait cortège pendant des jours, et l’on admire dans les vallées les hautes silhouettes des gommiers et des adjar, à l’ombre desquels le cavalier à méhari chemine. Et c’est ainsi que l’explorateur du désert court le risque de donner une expression trop éloquente à sa surprise, et d’oublier que son point de vue n’est pas le même que celui du lecteur européen.
Exclure l’Aïr de la région saharienne, à cause de ses pluies d’été tropicales, c’est ne voir qu’un petit côté de la question. A supposer que le massif central de l’Ahaggar reçoive des pluies d’hiver régulières, serait-ce une raison pour en faire au milieu du Sahara un pays à part, alors que la flore, la faune et la géologie s’y opposent ? La présence de grands fauves a paru également incompatible avec une définition rigoureuse du Sahara (Rohlfs). Mais la panthère (fehed[225]) existe aujourd’hui encore dans le Fezzân septentrional, à l’état de rareté, il est vrai, et dans l’Ahaggar il est question du tahouri, qui est, selon toute apparence, un fauve très voisin de la panthère. Pourquoi retrancher les grands fauves de la faune saharienne, lorsque nous sommes forcés d’y comprendre les crocodiles ? Il s’y ajoutera, sans doute, encore plus d’une espèce, dont on n’eût pas soupçonné la présence ; par exemple, un quadrupède semblable à la marmotte, qu’on me dit être très fréquent dans tout le pays touareg[226].
Mon célèbre compatriote Rohlfs a donné du désert une définition en apparence paradoxale, en disant qu’il commence là où la puce disparaît. Je ne puis que confirmer le fait, si inexplicable qu’il paraisse, à propos d’un parasite qui, dans les autres parties du monde, a suivi l’homme partout où il est allé[227]. L’Aïr se distingue également par ce mérite négatif, car on ne trouve la puce ni dans le nord, ni dans le sud de ses montagnes, et cependant, il y a longtemps que les caravanes l’y auraient importée, si le climat le permettait. Je crois pouvoir démontrer que l’Aïr fait réellement partie de la zone saharienne, bien que le lion soit répandu dans tout le pays, bien que des animaux semblables à des marmottes en habitent les montagnes, bien que des troupeaux de singes s’y rencontrent partout où l’on voit des dattiers et des palmiers Faraoun.
Remarquons tout d’abord que les montagnes d’Aïr sont dénuées de toute végétation et montrent partout à nu leurs brunes parois de granite. On n’y voit pas un gazon, pas une mousse, pas un lichen, et c’est aussi le cas des monts granitiques du versant sud-est de l’Ahaggar, sur la route des caravanes entre l’oued Touffok et l’oued Arokam.
Dans les vallées, c’est la flore saharienne qui se déploie avec une surprenante richesse. Les talha, dont nous n’avions vu jusqu’alors que des exemplaires rabougris, acquièrent ici la taille de nos arbres de haute futaie et, par leur forme, m’ont même rappelé les chênes ; mais ils n’en ont pas le vert feuillage, car leurs folioles sont si exiguës qu’elles disparaissent en quelque sorte au milieu des branches et des masses d’épines. Aussi le plus beau gommier, vu de loin, a-t-il l’air desséché, à moins qu’une plante parasite, le Loranthus par exemple, ne lui prête la fraîcheur de sa verdure.
L’adjar, qui, comme le remarque fort justement Duveyrier, est un petit arbrisseau isolé dans le pays des Touareg Azdjer, est ici très répandu et atteint jusqu’à 12 mètres de hauteur. Ses branches rigides, qui se ramifient à angle droit, forment un véritable fourré autour du tronc principal qu’elles cachent presque complètement en pendant presque jusqu’à terre. L’adjar, lui aussi, a des feuilles très petites, posées isolément sur les branches noueuses et ne forme pas, à vrai dire, un parasol de feuillage.
L’éborak (fémin., téborak), qu’on trouve déjà chez les Touareg du Nord, a donné son nom à l’oued qu’on traverse sur la route de l’Aïr. Quiconque a vu ses énormes épines évitera son voisinage. L’éborak (Balanites aegyptiaca Del.) est d’ailleurs si pauvre en feuilles que ses branches ont l’air presque nues.
Telles sont les trois espèces d’arbres qui, associées les unes aux autres, forment le plus souvent la masse de ces forêts claires dont la vue enchante le voyageur venu du nord.
On trouve dispersé çà et là le sedra de la Tripolitaine[228] où il devient rarement aussi haut qu’ici ; puis encore le tadomet, capparidée[229] dont le frais feuillage, semblable à celui du laurier, repose la vue. Et voilà tout ce que je connais en fait d’arbres qui croissent dans l’Aïr à l’état sauvage.
Le dattier et le palmier de Pharaon sont cultivés un peu partout où la nappe des puits est assez abondante. Car il n’est pas question d’eau courante dans l’Aïr, sauf pendant la saison des pluies. Je n’ai pas encore vu moi-même l’arbre de Pharaon[230], mais on vend partout ses graines ligneuses. Il semble surtout répandu dans le sud de l’Aïr.
Parmi les arbrisseaux, l’abesgui (Salvadora persica L.) mérite la première place. Sa riche et fraîche verdure dédommage de la déplorable nudité des arbres. Dans la vallée d’Iferouane l’abesgui forme d’épais bosquets, entre lesquels le brombach (Calotropis procera R. Br.) pousse avec une telle vigueur, que les Touareg de la caravane ont dû s’ouvrir un chemin à coups de sabre.
Le talha et le sedra prennent aussi la forme buissonnante, et sont répandus dans toutes les vallées, même les plus sèches, tandis que le Salvadora persica se voit surtout près des villages ou au pied des montagnes, là où l’on trouve de l’eau à une faible profondeur.
Les oueds, dont le lit est toujours rempli de sable granitique, se reconnaissent de loin, grâce aux chaumes jaunâtres de l’afezo[231] qui les recouvre sur de longues distances, et y crée un ruban de couleur claire, au milieu duquel le gommier élève de loin en loin sa couronne de branches desséchées.
Le pays est si pauvre en herbes nourrissantes, que les chèvres vivent surtout des folioles du talha et de l’adjar. Les femmes esclaves, qui dans l’Aïr ont la garde des troupeaux, possèdent toutes une gaule d’environ 7 mètres de long, munie à son extrémité d’un crochet d’environ 15 centimètres. Cet instrument leur sert à saisir les branches et à faire tomber les feuilles et les rameaux destinés aux chèvres rassemblées au pied de l’arbre.
Ceci peut donner une idée du caractère saharien de la végétation de ces vallées.
La grande majorité des plantes sont hérissées d’épines ou couvertes de poils ; les plantes à suc laiteux (Calotropis procera, etc.) font exception.
D’autres, comme l’abesgui et le tadomet, sont abritées contre la sécheresse par leurs feuilles parcheminées semblables à du cuir. Nulle part je n’ai trouvé de représentants de formes tropicales, et leur absence est significative, à une si faible distance du Soudan.
Les gorges du Baghzen, qui se transforment en torrents au moment des pluies, renferment des espèces rares, qu’on chercherait vainement dans les vallées. C’est ainsi qu’une Stapelia à fleurs d’un rouge sombre[232] croît fréquemment entre les hauts blocs de granite, et surprend le voyageur par sa forme de cactus, qui contraste si fort avec les autres plantes de l’Aïr. Deux arbrisseaux, dont l’un, à en juger par les fruits, se rattache aux acacias, et l’autre aux célastrinées, manquent également à la plaine.
Je crois que ces raisons vous sembleront suffisantes pour attribuer avec moi cette flore de l’Aïr à la zone du Sahara. En suivant le versant sud-est de l’Ahaggar, j’ai trouvé les vallées garnies des mêmes plantes, et je suis persuadé que la flore de l’Ahaggar présentera une complète analogie avec celle de l’Aïr, tout comme la faune.
Mais on ne sait presque rien de cette flore hoggar, car il est bien rare de rencontrer quelqu’un qui ait vu de ses yeux le massif central de l’Atakor. Ceux mêmes qui ont été chez les Hoggar ont suivi les chemins de caravanes, qui évitent ces montagnes, et ils n’en connaissent par conséquent que la périphérie.
Il serait d’autant plus souhaitable qu’un voyageur européen s’avance jusqu’au cœur de l’Atakor ; il faudrait pour cela s’établir à Idélès, et faire de là une série d’excursions dans la montagne.
APPENDICE III
REGISTRE MÉTÉOROLOGIQUE
| DATE | HEURE | LIEU | THERM. CENTIGR. | OBSERVATIONS | |||
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| — | — | — | — | — | |||
| Oct. 1876 | |||||||
| 15 | 10 h. mat. | Ghât | 26° | Tempête du Sud. Ciel couvert, éclairs. Quelques grains de pluie. | |||
| 16 | » | — | » | Beaucoup de vent, pluie. | |||
| 17 | 11 h. mat. | — | 27° | Beau temps. | |||
| 18 | midi | — | 30° | Quelques nuages. | |||
| 19 | » | — | » | Pluie. | |||
| 20 | 2 h. 15 soir | — | 34° | Ciel voilé. | |||
| 21 | 11 h. soir | — | 24° | Forte pluie. | |||
| 23 | » | Titersine | » | Forte pluie dans la nuit. | |||
| 24 | » | Tihobar | » | Pluie toute la nuit. | |||
| 25 | 5 h. soir | Tintorha | » | Forte pluie. | |||
| 27 | 2 h. 15 soir | O. Tifergasine | » | Pluie. | |||
| Nov. | |||||||
| 3 | 4 h. soir | O. Erinerine | » | Orage. Forte pluie la nuit. | |||
| Janv. 1877 | |||||||
| 8 | » | Akaouf | » | Eau gelée dans la nuit. | |||
| 12 | » | O. Touhikaham | » | Eau gelée dans la nuit. Brouillard épais à l’aube. | |||
| 13 | » | O. Tisga | » | Eau gelée dans la nuit. Vent fort et très froid. | |||
| 14 | » | Hamada | » | Eau gelée dans la nuit. | |||
| 23 | » | O. Arokam | » | — | |||
| 26 | ⎱ ⎰  | 
» | ⎰ ⎱  | 
O. Katelet | ⎱ ⎰  | 
» | — | 
| 31 | O. Immider | ||||||
| Fevr. | |||||||
| 1 | ⎱ ⎰  | 
» | ⎰ ⎱  | 
O. Immider | ⎱ ⎰  | 
» | — | 
| 4 | O. Zerzou | ||||||
| Mars | |||||||
| 4 | » | Adjiro (Aïr) | » | Cirrus venant de l’ouest. Chaleur modérée. | |||
| 5 | » | — | » | Vent froid la nuit. | |||
| 10 | » | — | 28° | Température prise dans ma case. Le matin, souvent de violentes bourrasques d’ouest. | |||
| 11 | » | — | » | Le soir, nuages dans le sud et l’ouest. | |||
| 12 | 2 h. soir | — | 28° | Temp. au soleil : 52°. Vents du sud et d’ouest, amenant des brumes de poussière. | |||
| 14 | — | 28° | Chaleur lourde le matin. Vent violent fréquent l’après-midi et le soir. | ||||
| 16 | » | — | » | Nuages venant du S.W. | |||
| 18 | après-midi | — | 22° | Ciel pur. Nuit froide et vent. | |||
| 19 | » | — | 22° | Temp. max. (dans ma case). Vent violent. | |||
| 20 | » | — | 22° 23° | Ciel pur. Vent fort le matin. | |||
| 21 | midi | — | 25° | — | |||
| 23 | après-midi | — | 27° | — Poussière. | |||
| 24 | midi | — | 30° | Beaucoup de vent et de poussière. | |||
| 25 | vers midi | — | 32° | Temp. max. | |||
| 26 | » | — | 30° | Temp. max. Au dehors, chaleur étouffante. | |||
| 27 | midi | — | 32° | T. max. Au dehors 52°. | |||
| 28 | » | — | 35° | T. max. | |||
| Avril | |||||||
| 1 | » | — | 26° | T. max. Vent fort et frais. | |||
| 2 | » | — | 26° | T. max. | |||
| 4 | » | — | 27° | T. max. | |||
| 5 | » | — | 30° | T. max. | |||
| 6 | » | — | 33° | T. max. Ciel toujours pur. | |||
| 7 | » | — | 35° | T. max. | |||
| 8 | » | — | 38° | T. max. | |||
| 9 | » | — | 39° | T. max. Au dehors, 37° à l’ombre à l’abri du vent et 55° au soleil. | |||
| 10 | avant l’aube | — | 21° | Dans ma case et dehors. | |||
| 12 | » | — | 36° | T. max. Ciel pur. | |||
| 13 | après-midi | — | 37° | T. max. Brumes légères d’E. Avant l’aube : 25°. | |||
| 15 | » | — | » | Des cumulus dans le Sud. Premières gouttes de pluie. | |||
| 16 | » | — | 38° | T. max. Vent fort et poussière l’après-midi et le soir. | |||
| 17 | » | — | 33° | T. max. Ciel voilé, vent du S. Temp. avant l’aube : 19°5. | |||
| 18 | midi | — | 35° | Temp. avant l’aube : 18°5. | |||
| 19 | » | — | 35° | T. max. Brume de poussière sans vent. T. à l’aube : 19°. | |||
| 21 | » | — | 34° | T. max. Cumulus venant du S.E. | |||
| 22 | » | — | 33° | T. max. Vent très fort. Ciel couvert de cumulus. Eclairs à l’W. et au N. | |||
| 23 | » | — | 35° | Le soir, nuages au S.E. | |||
| 24 | » | — | 31° | T. max. Brume de poussière. Rafales du S.W. | |||
| 25 | » | — | 33° | T. max. Nuages du S.W. | |||
| 26 | soir | — | 31° | Ciel nuageux. Vent S.W. | |||
| 27 | » | — | 33°5 | Ciel pur. | |||
| 28 | » | — | 37° | T. max. Calme. | |||
| 30 | » | — | 35° | T. max. Rafales du Sud. Poussière. T. avant l’aube : 24°. | |||
| Mai | |||||||
| 2 | soir | — | 36° | Quelques nuages. Vent S.W. | |||
| 3 | » | — | 38°5 | T. max. Calme. Trombes de poussière. | |||
| 4 | » | — | 39° | T. max. Vent S.E., puis S. | |||
| 5 | » | — | 39° | T. max. | |||
| 6 | » | — | 37° | Cumulus du S.W. Chaleur lourde. | |||
| 7 | » | — | 36° | Vent fort du S. et du S.E. | |||
| 8 | » | — | 37° | — | |||
| 9 | matin | — | 38° | — | |||
| 11 | midi | — | 37° | Temp. à l’aube : 23°, et au dehors : 20°. | |||
| 12 | » | — | 38° | Brume de poussière. | |||
| 13 | » | — | 36°5 | — | |||
| 14 | » | — | 36°5 | Vent fort S. et S.E. Trombes de poussière. | |||
| 15 | » | — | 37° | Brume de poussière. | |||
| 16 | » | — | 37° | Vent brûlant du S.E. | |||
| 17 | » | — | 38° | Vent N.E. le soir. Cumulus du N.N.W. | |||
| 18 | » | — | » | Ciel pur. Vent S. | |||
| 20 | » | — | 39° | Rafales violentes du S.W. et S. | |||
| 21 | » | — | 36°5 | ||||
| 22 | » | — | 37° | Temp. du sable : au-dessus de 71°, limite de la graduation du thermomètre. | |||
| 23 | » | — | 35° | Ciel voilé. Tonnerre au S. | |||
| 24 | » | — | 37° | Vent et cumulus du S. Quelques gouttes de pluie. | |||
| 25 | » | — | 37° | Fort vent de S.E. | |||
| 28 | » | Baghzen | 39° | Temp. à l’ombre, à l’air libre, dans un courant d’air. | |||
| 29 | |||||||
| 30 | » | — | 40° | Id. La nuit, orage venu de l’E., un peu de pluie. | |||
| 31 | » | — | 39° | Pluie l’après-midi et la nuit. | |||
| Juin | |||||||
| 1 | » | Adjiro | 27° | Temp. pendant la pluie. Orage de l’E. | |||
| 2 | midi | — | 32° | Ciel nuageux. L’après-midi, pluie du S.W. | |||
| 3 | à l’aube | — | 22° | Brouillard épais. Ciel couvert. | |||
| 4 | midi | — | 32° | A l’aube : 22° en plein air. Orage et pluie l’après-midi. | |||
| 5 | » | — | 34° | Chaleur étouffante. | |||
| 6 | » | — | 38° | ||||
| 7 | » | — | 36° | Le soir, orage dans l’W. | |||
| 8 | » | — | 32° | Ciel voilé, l’après-midi, averse violente de l’W. | |||
| 9 | » | — | 32° | ||||
| 10 | » | — | 34° | Ciel pur. Le soir, nuage de l’W. | |||
| 11 | matin | — | 35° | 34° en plein air (vent). | |||
| 12 | » | — | » | Courte et violente averse. Il pleut dans la montagne au Sud. | |||
| 16 | » | — | 34° | Chaleur étouffante, pluie fine le soir. | |||
| 17 | midi | — | 25° | Temps rafraîchi par une forte pluie. | |||
| 18 | — | — | » | Orage au Nord. | |||
| 19 | » | — | 36° | Chaleur étouffante. | |||
| 20 | » | — | 37° | Ciel pur. Rafales du Sud. | |||
| 21 | » | — | 36° | Au coucher du soleil, forte tempête de sable de l’E. | |||
| 22 | après-midi | — | 34° | T. max. A midi, un peu de pluie. | |||
| 23 | » | — | 35° | Ciel pur. | |||
| 24 | » | — | 36°5 | Brume de poussière. | |||
| 25 | » | — | 37°5 | — | |||
| 26 | docher | — | 38° | A midi, orage de l’E. Pluie. | |||
| 27 | » | — | 40° | T. max. L’après-midi, pluie du N.E. et du S. | |||
| 28 | » | — | 37° | Vent du S. Poussière. | |||
| 29 | » | — | 38° | — | |||
| 30 | midi | — | 39° | Forte tempête de sable la nuit. | |||
| Juill. | |||||||
| 1 | » | — | 36° | ||||
| 2 | » | — | 37° | ||||
| 3 | » | — | 37° | Coups de vent du S. et de l’E. | |||
| 4 | » | — | 36° | Coups de vent. Ciel pur. | |||
| 5 | » | — | 37° | — | |||
| 6 | » | — | 36° | Vent. Cirrus. | |||
| 7 | » | — | 36° | Nuages de l’W. | |||
| 8 | » | — | 37° | ||||
| 23 | » | O. Ounankerane | » | Orage et pluie. | |||
| 31 | » | Tintarhodé | » | Orage et pluie dans le S. | |||
| Août | |||||||
| 1 | » | — | » | Orage et pluie. | |||
| 2 | » | — | » | Orage l’après-midi, forte pluie le soir. | |||
| 4 | » | — | » | Chaleur étouffante à midi, orage et forte pluie ensuite. | |||
| 6 | » | — | » | Orage violent l’après-midi. | |||
| 7 | » | — | » | Pluie la nuit. Brouillard jusqu’à midi. Chaleur étouffante. | |||
| 11 | » | — | » | Brouillard dense le matin. | |||
| 12 | » | — | » | Tempête de sable du S.E., gouttes de pluie. | |||
| 21 | » | — | » | Tempête de sable du S.E. | |||
| 22 | » | — | » | Pluie l’après-midi. | |||
| 23 | » | — | » | — | |||
| 27 | » | — | » | Chaleur étouffante, puis tempête et pluie. | |||
| 28 | » | — | » | Chaleur étouff. Temp. du S.E. | |||
| 29 | » | — | » | Fort vent d’E. | |||
| Sept. | |||||||
| 2 | » | — | » | Un peu de pluie l’après-midi. | |||
| 3 | » | — | » | Chaleur étouffante. Orage et pluie, après tempête de sable du S.E. | |||
| 4 | » | — | » | Pluie le soir. | |||
INDEX BOTANIQUE ET ZOOLOGIQUE
- abesgui, 174, 206.
 - Acacia albida, 177.
 - adjar, 108, 111, 204.
 - adoua, 102.
 - adoular, 147.
 - afetazzen, 42.
 - agolès, 193, 194.
 - akoka, 161.
 - alouad, 109.
 - amateltel, 63.
 - amderh, 183.
 - ameo, 104.
 - ana, 54, 104.
 - Anastatica Hier., 43.
 - Arenkad, 55.
 - Arthratherum pungens, 41, 109.
 - Atriplex halimus, 42.
 - Aza, 170.
 - Balanites aegyptiaca, 102.
 - brambach, 25, 206.
 - Calotropis procera, 25, 111, 206.
 - Cassia obovata, 105.
 - cheggaa, 98.
 - chobrom ou chebrek, 42.
 - Corbicula fluminalis, 25.
 - Cornulaca monacantha, 100.
 - damousa, 193.
 - djemda, 98.
 - doum, 205.
 - drine, 109.
 - el-hichen, 35.
 - ellel, 51.
 - éthel, 103.
 - Euphorbia calyptrata, 107.
 - Fagonia arabica, 78.
 - faraoun, 145, 174, 205.
 - foul-el-djemel, 109.
 - ganga, 43.
 - had, 100.
 - hadjilidj, 102, 162.
 - keroukerou, 109.
 - Leptadenia pyrotechnica, 54, 104.
 - Limnea, 25.
 - Loranthus, 204.
 - Maerua rigida, 108, 109, 145.
 - Melania tuberculata, 25.
 - Moricandia suffruticosa, 109.
 - okoua, 147.
 - oum-el-leben, 103, 107.
 - ourked, 149.
 - Physa, 25.
 - Planorbis, 25.
 - Pulicaria undulata, 104.
 - Rhus dioïca, 46, 99.
 - Salvadora persica, 112, 206.
 - sbot, 109.
 - Senecio coronopifolius, 150.
 - Solanum sodomaeum, 163.
 - Stapelia, 120, 147, 208.
 - Succinea, 25.
 - tabaket, 120.
 - tachelt, 167.
 - tadegra, 150.
 - tadjdjart ou tegart, 150.
 - tadomt, 150, 205.
 - talha, 99, 102, 104, 109, 150, 204.
 - Tamarix, 40, 64, 94.
 - tamat, 150, 161.
 - tanedfert, 41.
 - tarakat ou terakat, 161, 170.
 - tarhalam, 150.
 - teborak, 102, 204.
 - tefah, 163.
 - tehak, 51.
 - tehonak, 46.
 - telokat, 54, 63.
 - temoulet, 145, 161.
 - tirhès, 193.
 - toreha, 25.
 - toullout, 103.
 - tountafia, 183, 186.
 - Zilla macroptera, 42.
 - Zizyphus Lotus, 120, 205.
 
INDEX DES NOMS PROPRES
- Adamoulet (mont), 50, 52.
 - Ader, 167.
 - Adgag, 181.
 - Afodet (mont), 177.
 - Agadès, 71, 131, 133, 145, 172, 179.
 - Aguelal, 181.
 - Aguélalaben, 156.
 - Aguéraguer, 177, 182.
 - Ahitaghel, 20, 83.
 - Aït-el-Mokhtar, 28.
 - Aït-Hamouden, 28.
 - Aït-Hoguen, 153, 176.
 - Aït-Tedjenen-Hana, 28.
 - Akaouf, 96.
 - Akakous, 96, 97, 197, 198.
 - Alakkos, 126.
 - Aloumtaghil (mont), 54.
 - Anaï, 192.
 - Aouélimiden, 26, 30, 38, 71, 81, 125, 129, 131, 152, 159, 162, 172, 178.
 - Aoulad-Sliman, 127, 168.
 - Aourer (mont), 115.
 - Arikine, 97.
 - Ascherson, 54.
 - Attanoux, 38.
 - Baghzen (mont), 116, 126, 147, 163.
 - Barth, 26, 81, 92, 105, 109, 112.
 - Bendaï (mont), 115.
 - Berabich, Berabra, 160.
 - Bernard (Ct), 72.
 - Bilkhou, 127, 188, etc.
 - Bilma, 142, 184.
 - Bou-Bekr, voir Eg-Bekr.
 - Dider, 21.
 - Djémia, 175.
 - Djerma, 192.
 - Dournaux-Dupéré, 22.
 - Duveyrier, 25, 28, 30, 33, 51, 54.
 - Eg-Bekr (le cheikh), 23, 26, 27, 28, 30, 35, 69, 78, 79, 86, 91.
 - Eguéchine (dunes), 100.
 - Errouïne (mont), 53, 198.
 - Etakhès (mont), 39.
 - Fezzan, 75.
 - Foureau, 17, 24, 25, 27, 55, 60, 89.
 - Garamantes, 153.
 - Ghadamès, 18, 75.
 - Gober, 129.
 - Hadj el-Amin, 15.
 - Hadj Iata, 178, 190.
 - Hoggar, 23, 26, 38, 48, 58, 88, 130, 178, 189.
 - Ibakammazen, 28.
 - Ifaden, 111.
 - Ifoghas, 22, 160, 187.
 - Ihadjenen, 28.
 - Ihadanaren, 70, 129.
 - Ikanaren, 40.
 - Ikhenoukhen, 18, 20, 23, 33, 34, 73.
 - Ikohaouen (mont), 49, 197.
 - Imanan, 21.
 - Imanghasaten, 20, 23, 32.
 - Imekamesan, 29.
 - Imetrilalen, 41.
 - Imocharh, 38, 40, 184.
 - Imrhad, 38, 40, 66, 180, 184.
 - Ingal, 152, 172.
 - In-Salah, 74.
 - Iwarwaren, 159.
 - Kaouar, 32, 142.
 - Kel-Djemia, 176, 182.
 - Kel-Eidilet, 160.
 - Kel-Fadé, 45, 124, 159, 162, 166, 189.
 - Kel-Ferouan, 186.
 - Kel-Guérès, 138, 167, 172.
 - Kel-Rhapsa, 28.
 - Kel-Rhezer, 171, 189.
 - Kel-Telak, 28, 29.
 - Khetama, 23.
 - Kokoumen (mont), 34.
 - Maradé, 172.
 - Mariaou (mont), 100.
 - Méchagra, 181, 190.
 - Mégarha, 72.
 - Mouley-Taïeb, 74, 77.
 - Nachtigal, 30.
 - Oraghen, 21.
 - Ouaderous (mont), 50.
 - Oudân (mont), 27, 30.
 - Oued Adamouline, 52.
 - — Ahanaret, 40.
 - — Arokam, 102.
 - — Edjef-n-amouni, 64.
 - — Ezeti, 98.
 - — Ezelil, 177.
 - — Falezlez, 100, 141, 185.
 - — Igharghar-Mellen, 52, 62.
 - — Immider, 108.
 - — Inessan, 45, 198.
 - — Ireren, 51.
 - — Isseyen, 94.
 - — Katelet, 105.
 - — Mihero, 54, 82, 198.
 - — Nasaret, 54, 62.
 - — Ouadersine, 52.
 - — Ounankerane, 177.
 - — Rhallé, 39.
 - — Tadonet, 105.
 - — Tafelamine, 53, 54.
 - — Taffassasset, 168.
 - — Taherhaït, 42.
 - — Tanesso, 39.
 - — Tehennet, 64.
 - — Telak ou Talak, 129, 190.
 - — Terhezer, 175.
 - — Tesorar, 62.
 - — Tifergasine, 46.
 - — Tiout, 109.
 - — Touffok, 102, 105.
 - — Tounikanaham, 98.
 - — Zibel, 108.
 - Oufenaït, 32, 66, 89.
 - Overweg, 27.
 - Rapsa, 28.
 - Rhezer, 171.
 - Richardson, 17, 20, 130.
 - Safi, 15, 31, 32, 70, etc.
 - Senousiya, 74, 77.
 - Sokoto, 179.
 - Tadera, 108.
 - Tadrart, 42, 198.
 - Taïtoq, 69, 130, 191.
 - Takedda, 152.
 - Tarhel, 174.
 - Tasili, 39, 50, 65, 96.
 - Tebous, Tibbous, 32.
 - Tekindouhir, Tekindjir, 121, 137, 169.
 - Telout (mont), 40.
 - Tiguedda, 152.
 - Timgué (mont), 178.
 - Tin-el-Koum, 153.
 - Tintarhodé, 177, 189.
 - Tignoutine (mont), 107.
 - Tinkeradet (mont), 107, 153.
 - Tinné (Mlle), 23, 30.
 - Tintorha, 44, 66.
 - Tisga (mont), 99.
 - Titersine, 40, 41.
 - Touât, 24.
 - Toufik, 72.
 - Tounine, 15, 24.
 - Zinder, 149.
 
TABLE DES MATIÈRES
| Note du traducteur | 4 | ||
| Notice biographique | 9 | ||
| Chapitre premier. — La ville de Ghât | 13 | ||
| Chapitre | II. — | Voyage au Tasili et à l’oued Mihero | 37 | 
| Chapitre | III. — | Séjour à Ghât | 69 | 
| Chapitre | IV. — | En route pour l’Aïr | 95 | 
| Chapitre | V. — | Au pays d’Aïr | 111 | 
| Appendice | I. — | Note géologique | 197 | 
| — | II. — | Du caractère désertique de l’Aïr. | 201 | 
| — | III. — | Registre météorologique | 211 | 
| Index botanique et zoologique | 217 | ||
| Index des noms propres | 219 | ||
Lyon. — Imp. Pitrat Ainé, A. REY Succ., 4, rue Gentil. — 17697