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Le dernier rapport d'un Européen sur Ghât et les Touareg de l'Aïr : $b (Journal de voyage d'Erwin de Bary, 1876-1877)

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NOTES :

[1]Publié en 1880 dans le même recueil, t. XV.

[2]Voir Alf. de Bary, Notice généalogique et historique sur la famille de Bary, in-8, Colmar, 1877.

[3]Je dois à une lettre de M. Arthur de Bary, consul général d’Allemagne à Tunis, les détails qui précèdent sur la carrière de son frère, antérieure à son exploration. Je le prie d’agréer l’expression de ma gratitude pour l’obligeance qu’il a mise à me communiquer ces renseignements.

[4]Tounine est un village touareg, de fondation récente (Duveyrier), situé au voisinage de Ghât. Sur sa population, voir plus loin p. 24.

[5]C’était le fils cadet d’un riche marchand du Touât et de la sœur du dernier Sultan berbère de Ghât. Il avait forcé son frère aîné, l’héritier légitime, à lui céder le commandement de la ville, et il travaillait en 1861 à la livrer aux Turcs pour consolider son usurpation. Il était naturellement le chef du parti antifrançais. (Duveyrier, les Touareg du Nord, p. 273.)

[6]Deux mois plus tard, de Bary était bien revenu de son impression première. Voir plus loin ce qu’il dit de la faiblesse de l’autorité turque.

[7]Richardson (Travels in the Great Sahara, Londres, 1848, t. I) nous a laissé un tableau très vivant de la vie de Ghât à cette époque.

[8]Cette mesure a été la source d’interminables différends entre les Touareg et les Turcs, et les premiers ont fini par avoir gain de cause. En 1894, les Touareg disaient à M. Foureau : « Nous avons combattu parce que les Turcs avaient la prétention de nous empêcher d’entrer dans la ville en armes, et nous avons été vainqueurs. Nous le serions encore, le cas échéant. » (Foureau, Ma mission au Sahara, 1893-1894, p. 214.)

[9]Il s’agit du thaler Marie-Thérèse, autrefois seule monnaie ayant cours au Soudan. Depuis l’occupation de Tombouctou, il cède la place à notre pièce de cinq francs.

[10]Le commandant Mircher avait déjà publié la même information (Mission de Ghadamès p. 52).

[11]Les Kel-Ouï sont maîtres de couper tout commerce entre Ghadamès Ghât et le Sokoto, en interdisant le passage par leur oasis de l’Aïr. De là ce privilège dont ils jouissent à Ghât.

[12]Cette prévision ne s’est pas réalisée. Aujourd’hui encore, les Touareg ne paient aucun impôt.

[13]Ici, de Bary a pris au pied de la lettre ce qui n’était sans doute de la part des Azdjer qu’une simple bravade. Jamais, dans la suite, Ahitaghel ne les a réunis sous son commandement.

[14]C’est le nom d’une famille de chefs politiques et religieux, qui, il y a deux siècles, régnaient en rois féodaux sur les Touareg Azdjer et les Touareg Hoggar. Détrônés par les Oraghen (la tribu d’Ikhenoukhen), les Imanan ne forment plus aujourd’hui que la moindre des tribus nobles azdjer. Déjà du temps de Duveyrier, cette famille ne comptait plus que cinq représentants mâles. (Les Touareg du Nord, p. 346.)

[15]Ceci n’est pas tout à fait exact. Dournaux-Dupéré et Joubert avaient déjà dépassé la hamada de Tinghert ; ils furent tués au sud de l’oued Ohanet, sur la route suivie autrefois par Duveyrier, au moment de pénétrer dans la région des dunes d’Edeyen. Voir notamment la version plus exacte, donnée par le P. Richard, Voyage chez les Touareg Azgueurs (les Missions catholiques, janvier, juillet 1881, t. XIII, p. 161).

[16]D’après le P. Richard, les assaillants étaient des Chambba dissidents. En tout cas, la complicité des guides ifoghas reste nettement établie : « les trois Ifoghas, dit le P. Richard, font demi-tour avec tous les chameaux et se mettent à distance, laissant les deux chrétiens seuls avec le razzi de Bou-Saïd. Dournaux-Dupéré et Joubert sont immédiatement saisis... Ifoghas et Chambba se rapprochent alors, et le partage du butin s’opère immédiatement. »

[17]L’auteur fait allusion à la situation politique exposée par Dournaux-Dupéré (Lettre à H. Duveyrier, Bull. de la Soc. de géogr. de Paris, 1874, II, p. 161). Les Ifoghas s’étaient pour la plupart alliés à la tribu des Imanghasaten alors en guerre avec Ikhenoukhen. Khetama était le chef Imanghasaten, ennemi d’Ikhenoukhen, qui, après avoir vainement essayé de s’imposer à Dournaux-Dupéré comme protecteur et de le détourner de sa route, l’avait quitté en proférant des menaces. En somme, la version touareg confirme les déductions de Duveyrier en 1894 : Dournaux-Dupéré est mort victime de la jalousie d’ennemis d’Ikhenoukhen, à qui était réservé le bénéfice éventuel du passage de la caravane française.

[18]Voir plus loin sur ce personnage, p. 26, 28 et 30.

[19]En 1890, M. Foureau évaluait la force des Hoggar à 1200 hommes (Une Mission au Tademayt, p. 92).

[20]Cette influence des chérifs du Touât se fait encore sentir chez les Azdjer. « Ces marabouts, écrivait M. Foureau en 1894, sont plus ou moins lettrés, et le plus souvent fort intelligents ; ils sont les secrétaires et les conseils des chefs ; ils ne perdent aucune occasion de réchauffer le fanatisme endormi des Touareg, en leur prêchant la haine de l’infidèle en général et du chrétien en particulier. Ce sont pour la plupart des émissaires secrets du gouvernement du Maroc, qui depuis quelque temps est en correspondance constante et directe avec les chefs des Ahaggar, et même avec ceux des autres fractions. » (Mission chez les Touareg, d’octobre 1894 à mai 1895, p. 162).

[21]C’est la latitude la plus méridionale sous laquelle ces arbres aient été signalés au Sahara.

[22]D’après Ascherson, ce nom désigne la Calotropis Procera R. Br., appelée aussi toreha par les Touareg, asclépiadée caractéristique du Soudan septentrional, et qu’on retrouve au Sahara jusqu’au Mzab et jusqu’à Tripoli (Pflanzen des mittlern Nord-Afrika, dans Rohlfs, Kufra, p. 483).

[23]Il y a là sans aucun doute une erreur de transcription ; le journal de route ayant été écrit primitivement en sténographie. Erwin de Bary fait évidemment allusion à une espèce connue. D’après M. Locard, à qui nous avons soumis le cas, ce ne peut être que la Melania tuberculata Müller, qui est répandue dans toute l’Asie méridionale et dans l’Afrique méditerranéenne depuis l’Egypte jusqu’au Maroc. Au Sahara, elle avait été signalée jusqu’ici par Duveyrier dans l’oasis de Mraïer près Touggourt, et par le Dr Marès à Ngouça (Bourguignat, Malacologie de l’Algérie, II, p. 253). La correction de M. Locard paraît d’autant plus justifiée, que M. Foureau vient de trouver dans l’Erg d’Issaouan, au nord-ouest de Ghât, les dunes et les dépôts quaternaires récents jonchés de coquilles subfossiles de Melania tuberculata associées à des Planorbis, Limnea, Physa, Corbicula fluminalis et Succinea (Rapport sur ma mission au Sahara, 1893-1894, p. 159, 156, 153, 67, etc.). Ces constatations, ainsi que celles toutes semblables faites par M. Foureau dans la région de Timassinine et de l’Erg de Constantine et par M. Flamand dans l’Erg oranais, sont une preuve de plus à l’encontre de l’hypothèse de la mer saharienne quaternaire et donnent à l’observation d’Erwin de Bary sa véritable portée. Elle indiquerait la survivance, au Sahara central, de représentants d’une faune d’eau douce quaternaire, qui grâce au régime éminemment aquatique d’une partie de cette période, se serait étendue de l’Atlas jusqu’au Tasili, et peut-être jusque dans le Sahara méridional.

[24]Ce chiffre ne cadre pas tout à fait avec celui de soixante-seize ans que Duveyrier attribuait à l’émir en 1861. On conçoit qu’il soit difficile d’être fixé sur l’âge exact de ces nomades.

[25]Voir plus loin, p. 28.

[26]Ce renseignement concorde avec ceux de Barth.

[27]Beyrich en avait déjà signalé parmi les fossiles recueillis par Overweg, entre Mourzouk et Ghât (Zeitsch. deutsch. Geol. Gesellsch., IV, 1852). Plus au nord, M. Foureau a trouvé des tiges de crinoïdes en grand nombre dans la région des dunes d’Issaouan et du plateau d’Eguélé, entre 27 et 28 degrés de lat. Nord (Rapport sur ma mission au Sahara, 1893-1894, p. 233 et suiv.).

[28]Montagne de l’Ahaggar, située au nord du Tifedest, sur l’Igharghar supérieur (carte Duveyrier).

[29]C’est le cas de presque toutes les oasis bien arrosées. Nous avons résumé ailleurs ce qu’on sait des conditions sanitaires du Sahara (le Sahara, Paris, 1893, ch. XIII).

[30]Voir plus loin, sur l’identité de ce personnage, p. 30.

[31]Le marchand tripolitain qui avait amené de Bary à Ghât.

[32]Duveyrier donne une version légèrement différente. D’après son informateur, Ghât aurait été fondée, il y a quatre ou cinq siècles, par les Ihadjenen, avec le concours des Kel-Rhapsa, des Kel-Tarat, des Kel-Telak et des Ibakammazen (les Touareg du Nord, p. 267).

[33]Ce nom de Kel-Rhapsa (gens de Rapsa) a été mis en relation par Duveyrier avec l’oppidum de Rapsa cité par Pline, parmi les villes sahariennes dont le général Cornelius Balbus triompha. Nous pouvons signaler à l’appui de cette hypothèse une coïncidence bizarre. On lit dans le dictionnaire d’Étienne de Byzance : « Istos, île de la Libye, que les Grecs appellent Oudenoé, et les Phéniciens Kella-Raphsat. » Cette île d’Istos n’a jamais pu être retrouvée sur les côtes d’Afrique, et aucun commentateur n’a pu expliquer ce nom de Kella-Raphsat, qui n’a rien de commun avec la langue des Phéniciens. Il est certain qu’on se trouve en présence d’une information de source lointaine, inexactement rapportée : ce nom de Kella-Raphsat est le nom ethnique d’une tribu berbère, et le mot νῆσος s’applique non à une île, mais à une oasis de Sahara.

[34]Il s’agit de la caravane de M. Largeau.

[35]Allusion à l’enquête faite par Nachtigal à Mourzouk après le meurtre de Mlle Tinné, et qui attribuait au chef de l’escorte touareg le nom de Hadj-ech-Cheikh. Voir aussi Duveyrier, l’Afrique nécrologique (Bull. Soc. géogr. de Paris, VIII, 1874). En réalité, ce personnage, proche parent d’Ikhenoukhen, s’appelait Ech-Cheïkh-bou-Bekr ou Eg-Bekr (Eg signifie fils de en targui, comme bou en arabe) ; mais on l’appelait souvent à Ghât ech-Cheïkh, « le cheikh » tout court. Erwin de Bary, qui a eu affaire à lui, emploie indifféremment l’un ou l’autre de ces termes.

[36]Voir plus haut, p. 20.

[37]Chez les Musulmans soupçonneux du Tafilelt, Rohlfs n’échappa point à une semblable visite, et ne dut la vie qu’aux traces d’une opération qu’il avait subie jadis.

[38]Célèbre théologien du IXe siècle, dont le recueil de sentences est très connu dans le monde musulman.

[39]Il s’agit de Tibbous croisés de nègres, comme ceux de l’oasis de Kaouar.

[40]Autre chef des Imanghasaten. Lors des derniers voyages de M. Foureau, il a été un des chefs hostiles qui n’ont voulu avoir aucun rapport avec l’explorateur français. Dans une lettre écrite à Adjiro (Aïr), Erwin de Bary a fait de lui le portrait suivant, qu’il n’est pas sans intérêt de reproduire : « C’est le type du noble targui. Très blanc de teint, doué d’une vigueur exceptionnelle, il a une voix retentissante, dont la basse profonde, même dans la conversation, me frappait d’étonnement. A la moindre émotion, ses yeux noirs s’allument, et l’on devine un nez en bec d’aigle sous son litham. Il est violent et susceptible, de sorte qu’il n’est pas commode de traiter avec lui. Othman me disait d’ailleurs : Oufenaït a l’extérieur d’un lion, mais le cœur d’un enfant. — Ce qui veut dire : ménage son orgueil et son ambition, et tu auras bon marché de lui. J’ai vu plus tard qu’Othman avait raison. »

[41]Droit de passage.

[42]On était en 1876. C’est un exemple assurément peu ordinaire, que celui de ce vieux chef de nomades, qui du fond de son Sahara, se tenait si bien au courant de la situation de l’Europe, et « parlait beaucoup » des Français, lui qui depuis quinze ans n’en avait pas revu un seul ! Il est certain que Duveyrier, avec ses manières généreuses et chevaleresques, avait produit sur l’émir une impression profonde, et quelles que soient les preuves de duplicité que nous aient données les Touareg, nous n’avons pas de raison de croire qu’Ikhenoukhen ne nous soit pas resté fidèle jusqu’à la fin. Son intérêt nous répondait d’ailleurs de la sincérité de ses sentiments, puisque les taxes payées par les caravanes françaises devaient, d’après le traité de Ghadamès, ne profiter qu’à lui seul. Ainsi s’explique aussi son attitude presque hostile vis-à-vis d’Erwin de Bary, qui tout en se présentant comme médecin musulman, était le protégé des Imanghasaten. Malheureusement, l’autorité d’Ikhenoukhen n’était plus acceptée sans conteste, les Imanghasaten et les Ifoghas étaient en état de rébellion ouverte, et Dournaux-Dupéré était mort victime de ces rivalités des tribus azdjer.

[43]Plante non déterminée.

[44]Plus d’un voyageur européen s’en est aperçu. Ce sont des Imrhad qui en 1894 ont menacé par exemple la mission d’Attanoux et l’ont mise un instant dans une position critique.

[45]Il y a encore une autre raison : comme le remarque M. Foureau, les nobles prennent chez les Imrhad ce qu’ils trouvent à leur convenance, et ceux-ci se dédommagent sur le passant (Rapport sur ma mission au Sahara, 1893-1894, p. 261).

[46]Voir Duveyrier, les Touareg du Nord, p. 165.

[47]En Arabe Chabrek ou Chobrom, en Touareg afetazzene (Foureau, Essai de catalogue des noms arabes ou berbères, etc., p. 13). C’est le point le plus méridional où cette crucifère ait été observée jusqu’ici.

[48]Atriplex halimus. Cette salsolacée est très recherchée des chameaux.

[49]Ils sont généralement en peau d’antilope, et viennent pour la plupart de l’Aïr.

[50]Tous les Touareg ne se coiffent pas de la même façon. De Bary signale plus loin une ancienne coutume qui a persisté chez les Kel-Fadé de l’Aïr et chez une partie des Ifoghas du Sahara méridional.

[51]Déjà Duveyrier avait signalé l’identité probable de l’oléandre avec l’arbuste appelé elel par les Touareg (p. 212). L’observation d’Erwin de Bary confirme l’existence, dans les hautes parties du pays Touareg, d’une petite flore méditerranéenne qui comprend sans doute le myrte et le thuya.

[52]Ici le rapport donne une série d’indications topographiques pour la construction de l’itinéraire.

[53]Il prend ici le nom d’oued Tafelamine.

[54]Ascherson a identifié l’Ana avec la Leptadenia pyrotechnica (Asclépiadées). (Pflanzen des mittlern Nord-Afrika, dans Rohlfs, Kufra, p. 484).

[55]Voir plus loin, p. 63.

[56]Plante non déterminée.

[57]Voir dans F. Foureau, Rapport sur ma mission au Sahara 1893-1894, p. 133, le tableau de la partie inférieure de l’oued Mihero. Les deux descriptions se complètent très bien.

[58]« La paix ! la paix ! »

[59]Tuer une femme serait une ignominie pour les Touareg, et les Hoggar eux-mêmes ne l’oseraient pas. C’est ce qui explique que le berger ait envoyé sa femme en se mettant lui-même à l’abri.

[60]M. Foureau a trouvé des flaques d’eau jusque dans l’oued Mihero inférieur. Après la pluie, l’oued est, dit-on, impraticable. (Ouv. cité, p. 130.)

[61]Erwin de Bary ayant étudié les sciences naturelles, on peut considérer l’observation comme acquise. L’oued Mihero est jusqu’ici le seul point où la survivance du crocodile ait été signalée dans l’immense espace qui sépare le Nil du coude du Niger. On sait qu’il a disparu également des pays de l’Atlas.

[62]Depuis cette époque, un seul Européen a revu l’oued Mihero : c’est M. Fernand Foureau. Il fut malheureusement arrêté dans sa marche, à deux jours au nord des Sebarbarh, par un Targui fanatique, propriétaire du pâturage, qui lui interdit d’aller plus loin. (Rapport sur ma mission au Sahara, 1893-1894, p. 134).

[63]Il ne faudrait pas cependant inférer de ces expressions admiratives que ces oueds touareg soient des terrains de colonisation qui fourniraient à nos colons de vastes étendues cultivables. Au Sahara tout est relatif, et les oueds du Tasili, balayés de temps à autre par une crue torrentielle, qui les rend impraticables, constituent de bien piètres et bien insignifiantes parcelles cultivables au milieu de l’immensité du désert stérile et inabordable. Comme on l’a dit, ce sont des contrées « que l’on peut traverser, mais non pas mettre en valeur ». (Foureau, Rapport sur ma mission au Sahara, 1893-1894, p. 13)

[64]Plante non déterminée. Ce nom ne figure pas dans le Catalogue des noms arabes et berbères relatifs à la flore saharienne publié récemment par M. Foureau.

[65]Il ne faut pas s’étonner de cette épithète appliquée à des Touareg de la classe des nobles. Chez les Azdjer, il y a extrêmement peu de riches parmi les nobles ; ce sont les Imrhad (vassaux) qui possèdent. (Foureau, Mission chez les Touareg, 1894-1895, p. 74.)

[66]On sait que les Touareg Taïtoq (ou Touareg de l’Ahenet) faits prisonniers en 1888 ont prétendu faire partie d’une confédération indépendante des Hoggar, mais que leur sincérité pouvait être mise en doute (voir Bissuel, les Touareg de l’Ouest, Alger, 1888). Ceci prouve, en tout cas, qu’en 1876 les Taïtoq comptaient encore parmi les Hoggar.

[67]Tribu azdjer.

[68]C’était, en réalité, un marabout de l’Aïr, nommé Toufik, et dont il sera question plus loin.

[69]Ceci paraît une vanterie, à en juger par ce qui s’est passé plus tard. En 1894, un rhezi de 70 Tibbou « a pénétré dans le village de Taderamt, à 800 mètres de Ghât, y a tué trois hommes ; puis a volé une cinquantaine de chameaux à une caravane campée sous les murs de la ville, et est reparti tranquillement sans que la garnison turque ait même fait mine de se montrer ; il paraît, du reste, que cette garnison agit toujours ainsi. » (Foureau, Mission chez les Touareg, 1894-1895, p. 76.)

[70]Celle des Megarha de l’oued Châti, qui infligèrent aux Hoggar une défaite sensible près du mont Tifedest.

[71]Il y avait là, en effet, une indication précieuse, dont le colonel Flatters eût pu faire son profit. Le commandant Bernard, membre de la première mission Flatters, recommande également l’adjonction d’une trentaine de chevaux comme une des mesures les plus efficaces pour assurer le succès d’une mission transsaharienne (Deux Missions françaises chez les Touareg, Alger, 1896, p. 327). Il ne faut pas oublier que les chameaux touareg n’étant pas habitués aux chevaux manifestent à leur vue la plus grande terreur.

[72]Les Kel-Ouï de l’Aïr sont des Touareg de teint très foncé par suite de leurs nombreuses unions avec des femmes nègres.

[73]Cette offre curieuse montre bien à quel genre d’opposition la pénétration française s’est heurtée chez certaines tribus azdjer. C’était avant tout le dépit de voir une source de revenus nouvelle venir augmenter la force du chef d’un parti rival. La convention de Ghadamès avait fait des jaloux. Les Imanghasaten, antifrançais farouches, seraient devenus maniables s’ils avaient eu l’espoir d’avoir pour eux les droits de passe réservés à l’émir.

[74]500 francs. C’est la somme qu’ont payée Duveyrier et M. Foureau.

[75]Chef de la zaouïa de Tounine. Ne pas confondre ce personnage avec le chérif arabe Moulay-el-Mahadi, marabout des Tidjaniya, à qui M. Foureau a eu affaire en 1895, et qui s’est montré fort bien disposé pour lui.

[76]Abd el-Kader-Ould-Badjouda était chef de la tribu arabe des Ouled-ba-Hammou. Tant qu’il a vécu, il a été l’ennemi de l’influence française. Son fils a hérité de sa haine.

[77]Dournaux-Dupéré et Joubert. E. de Bary a écrit plus tard : « Comme je l’ai appris de source certaine, chacun savait à Ghadamès que ces voyageurs allaient à la mort. Aucun de ces marchands jaloux de leur monopole n’eut l’idée de les avertir. En général, les Français doivent bien se persuader qu’ils n’ont pas, dans leurs tentatives commerciales, d’adversaires plus acharnés que ces Ghadamésiens faux et polis. Tous les efforts faits de ce côté échoueront tant que la France n’aura pas recours à des mesures plus énergiques. » (Lettre du 1er avril 1877, Verhandlungen de la Soc. de géogr. de Berlin, 1877, p. 248).

[78]Il est bien plus probable que le marabout n’a pas voulu le renseigner sur ce point. Il est extrêmement difficile d’obtenir des détails sur l’extension réelle des diverses associations religieuses ; comme on verra plus loin, les amis touareg d’Erwin de Bary se sont dérobés, lorsqu’il leur a demandé de lui servir de parrains pour s’affilier à deux de ces confréries.

[79]Cette seconde supposition est invraisemblable. Bien des musulmans sont affiliés simultanément à plusieurs confréries.

[80]Infidèle.

[81]Les esprits.

[82]On ne saurait s’en étonner. Les musulmans instruits se défient au Sahara des Européens convertis, et E. de Bary ne tenait nul compte de ce sentiment.

[83]Oasis de l’Adrar méridional.

[84]Barth (Reisen, I, p. 524, 542) a indiqué, d’après les renseignements fournis par les Kel-Ouï, les étapes de la route des pèlerins dans le Sahara méridional.

[85]Les Tagama de Barth.

[86]Chacun de ces oueds a son propriétaire qui ne laisse pâturer les chameaux des autres qu’en échange d’une redevance, et exige même un droit du voyageur qui ne fait que passer sur son terrain. C’est en vertu de ce droit de propriétaire qu’en 1894 le cheikh Mohammed a intimé à M. Foureau l’ordre de quitter l’oued Mihero, malgré la présence d’un envoyé du chef suprême des Azdjer.

[87]Nom inconnu. N’y a-t-il pas erreur de transcription ?

[88]L’émir des Hoggar.

[89]Ce récit n’est jamais parvenu en Europe.

[90]On peut se demander si cet incident n’a pas coûté la vie au voyageur.

[91]Tribu de la confédération des Azdjer, campée d’ordinaire dans la plaine d’Admar. Duveyrier en fait un portrait des moins favorables.

[92]Tous les voyageurs qui ont été en contact avec les Touareg ont eu à faire la même expérience. « Les Touareg, dit M. Foureau, sont avant tout mendiants, depuis les chefs jusqu’au dernier des esclaves ; tous viennent demander au passant de l’argent, des cadeaux et de la nourriture. C’est une véritable plaie, et nul ne peut se soustraire à cette déplorable coutume qui consiste à se faire donner du matin au soir, et à faire fournir par le voyageur la nourriture à tous les visiteurs. Les principales excuses à ce défaut sont : la pauvreté du pays, leur misère et la difficulté de se procurer du gain, l’habitude séculaire du pillage. Leurs instincts mendiants découlent aussi un peu de leur organisation. Il y a chez eux trois classes : les nobles, peu nombreux, les serfs et les nègres. Les nobles sont habitués à prendre chez les seconds, qui sont leurs vassaux, tout ce qui peut leur convenir ; ceux-ci rendent la pareille aux passants, quand les nobles ont d’abord exigé les droits d’usage. » (F. Foureau, Rapport sur ma mission au Sahara, 1893-1894, Paris, 1894, p. 210.)

[93]Nom probablement mal transcrit.

[94]Par suite de leurs fréquentes unions avec des femmes achetées au Soudan, les Kel-Ouï parlent la langue haoussa aussi couramment que leur propre dialecte berbère. Ce dialecte est d’ailleurs mélangé d’une foule d’expressions haoussa. (Barth, Reisen und Entdeckungen in Nord- und Central-Afrika, I, p. 374).

[95]Ceci dénote l’inexpérience d’Erwin de Bary. S’il avait eu sous la main l’ouvrage de Barth, par exemple, il aurait vu que ce taux qui lui paraissait exorbitant ne représentait même pas le bénéfice ordinaire que le négociant transsaharien retire de la vente de ses marchandises. Les risques étant très forts et les pertes nombreuses, il faut que le taux des bénéfices s’élève en proportion.

[96]Il faut se rappeler qu’en cette saison les nuits du Sahara sont souvent très froides.

[97]Il ne semble pas que cette caisse soit parvenue à destination. On en est ainsi réduit à la note géologique sommaire qu’on trouvera à la fin de ce volume.

[98]Il y avait là, évidemment, une extorsion concertée. La caravane étant allée, selon l’usage, camper la veille de son départ loin de la ville, il fallait à tout prix la rejoindre avec les bagages le même soir.

[99]Voir, pour cette partie du voyage, les feuilles 12 (Mourzouk) et 19 (Agadez) de la carte d’Afrique au 1/2.000.000 de M. de Lannoy de Bissy.

[100]Erwin de Bary avait observé en dessous des couches de grès brun qui forment les terrasses supérieures du plateau de Tayta, au nord-est de Ghât, des affleurements de couches également horizontales de marnes et schistes argileux en feuillets très minces, de couleur jaune clair, rouge, brune ou grise, alternant avec des calcaires gris (Zeitschrift der Gesellsch. für Erdkunde in Berlin, 1877, XII, p. 77-79).

[101]Nous avons supprimé ici et dans les pages qui suivent une série de lectures de boussole et autres indications qui n’ont d’intérêt que pour la construction de l’itinéraire.

[102]En arabe cheggaa, en touareg djemda. (Foureau, Essai de catalogue des noms arabes et berbères, etc., Paris, 1896, p. 12.)

[103]Cornulaca monacantha Del. C’est une des plantes favorites des chameaux.

[104]Nom inconnu. Il faut sans doute lire Ghât.

[105]Nous employons le terme aujourd’hui admis de reg, bien que de Bary n’en use pas lui-même (il dit Kiesebene), pour désigner cette forme particulière de terrain à surface plane et ferme, constituée par des graviers roulés plus ou moins gros, auxquels se mêlent parfois de petits débris de roche.

[106]L’oued Tarhareben de la carte de Barth (Reisen, I, pl. 5).

[107]Groupe de puits où bifurquent les routes de l’Aïr à Ghadamès et de l’Aïr au Touât.

[108]Erwin de Bary se plaint plus haut de l’incohérence des renseignements fournis par les Kel-Ouï, en voici un exemple. On sait que le pays des Tibbous est à l’est de l’Aïr, et que celui des Aouélimiden à l’ouest du même pays.

[109]Le vrai nom de cet arbre est teborak (Foureau, Catalogue des noms arabes et berbères, etc., p. 42). C’est le Balanites aegyptiaca Del., en arabe hadjilidj, arbre caractéristique du Soudan septentrional. Barth, dont l’itinéraire reste un peu plus à l’ouest, a signalé son apparition sous la même latitude (Reisen, I, p. 294).

[110]Acacias gommiers.

[111]Campement des Touareg Azdjer situé dans l’Anahef, sur une route plus occidentale (carte de Barth).

[112]Drine des Arabes (Arthratherum pungens).

[113]Pulicaria undulata L. (Foureau, Essai de catalogue des noms arabes, etc., p. 5).

[114]Leptadenia pyrotechnica R. Br.

[115]Ne s’agirait-il pas du séné, Cassia obovata, dont Barth a noté la limite nord sur sa carte, presque sous la même latitude ? C’est ce qu’il est difficile de dire, attendu que, comme l’a déjà remarqué Ascherson (Pflanzen des mittlern Nord-Afrika. p. 474), de Bary n’a nommé nulle part le séné, qui existe cependant dans l’Aïr.

[116]Euphorbia calyptrata Coss.

[117]Le voyageur a évidemment confondu avec des basaltes des roches éruptives anciennes, telles que des porphyrites.

[118]C’est-à-dire : c’est là que finissent les terrains de parcours des Touareg du Nord, et que commencent ceux des Touareg d’Aïr. Barth, qui a passé plus à l’ouest, place cette limite à Asiou, sous la même latitude. Quant aux districts habités, ils sont situés bien plus loin au sud.

[119]D’après Duveyrier et le Catalogue Foureau, ce nom s’applique tantôt au Maerua rigida R. Br., observé par Duveyrier à Ouererat, au nord de Ghât, tantôt un arbre différent, encore indéterminé. Ascherson ne cite pas le Maerua rigida parmi les espèces de l’Aïr déterminées avec certitude. Mais de Bary nomme le Maerua rigida en toutes lettres, et comme il avait avec lui l’ouvrage de Duveyrier, qui en donne la description détaillée, il n’est guère admissible qu’il ait pu s’y tromper.

[120]Ici l’itinéraire de de Bary rejoint celui de Barth.

[121]Sans doute l’alouet du catalogue Foureau. Désigne probablement la Moricandia suffruticosa Coss., en arabe foul-el-djemel, signalée comme fréquente dans l’Ahaggar et très recherchée des chameaux (v. Duveyrier, les Touareg du Nord, p. 150).

[122]Semble être une variété de l’Arthratherum pungens, le drine du Sahara algérien (Foureau, Catalogue des noms arabes et berbères, etc., p. 36).

[123]Cette plante est répandue dans toutes les oasis du Sahara, jusqu’en Tripolitaine, mais nulle part, sauf au Soudan, elle n’atteint pareille taille.

[124]E. de Bary le nomme plus loin : c’est Iferouane.

[125]La véritable dénomination est Serki-n-touraoua, ce qui veut dire en langue haoussa « consul des blancs » (Barth). On appelle ainsi au Haoussa le fonctionnaire chargé de servir d’intermédiaire aux Arabes dans leurs rapports avec les sultans noirs.

[126]Pièce de cotonnade blanche d’environ 22 mètres.

[127]Cette observation a son importance. Elle prouve qu’à l’ouest des massifs que Barth a portés sur sa carte (Timgué, Boundaï, etc.), il en existe d’autres, non moins élevés peut-être, et que la zone montagneuse de l’Aïr est plus large qu’on ne se le figure généralement.

[128]Plante non déterminée.

[129]Il est visible que le chef de la caravane a évité les endroits habités, afin que le voyageur arrivât sans encombre jusqu’à la résidence de son protecteur, le hadj Bilkhou.

[130]Le Boundaï de Barth.

[131]Probablement l’Adjouri de Barth.

[132]Les sangliers sont inconnus dans les autres oasis du Sahara. Ils représentent dans l’Aïr, comme les crocodiles dans le massif central, une faune de survivants, aujourd’hui isolés par le désert.

[133]Les Stapélies appartiennent à la flore de l’Afrique du Sud ; c’est la première fois qu’une espèce de ce genre est signalée au Sahara, où d’autres plantes grasses de la famille des asclépiadées (ex. Calotropis procera) sont fréquentes.

[134]Le jujubier (Zizyphus lotus L.) est en effet un arbuste nettement méditerranéen, qui ne dépasse pas vers le Sud la hamada el-Homra. Par contre, on le retrouve dans le massif central du Sahara, où les Touareg l’appellent tabaket, tazzougart (Catalogue Foureau, p. 37).

[135]Barth n’avait signalé dans l’Aïr que des cônes trachytiques.

[136]Qui resta lettre morte, le serki étant parti faire un séjour à Sokoto.

[137]Tribu touareg redoutée à cause de ses habitudes de pillage, et le plus souvent alliée aux Aouélimiden contre les Kel-Ouï (voir Barth, Reisen, I, p. 383). « Les Kel-Ouï, écrivait E. de Bary plus tard, sont en guerre continuelle avec les Aouélimiden et les Kel-Fadé, de sorte que, depuis des années, aucune caravane d’Agadès n’a pris la route de l’ouest. Des bandits recrutés chez les Kel-Guérès, les Aouélimiden et les Kel-Fadé infestent de même la route d’Agadès à Sokoto, et seules de très grandes caravanes peuvent s’y risquer. » (Lettre d’Adjiro, 1er avril 1877, publiée dans les Verhandl. der Geselsch. für Erdkunde, 1877, p. 246.)

[138]C’est la première fois qu’il en est fait mention.

[139]Barth dit au contraire que les Kel-Ouï sont venus du Nord-Ouest (Reisen I, p. 372).

[140]Il ne s’agit évidemment ici que de la partie de la région qui confine à Agadès.

[141]Il y a là un renseignement à retenir. Il est vrai que la mode est changeante, et que tel article demandé en 1877 peut ne plus l’être aujourd’hui. Les agates ne figurent pas sur la liste des marchandises importées par les caravanes en 1862, d’après le rapport du commandant Mircher (Mission de Ghadamès, p. 39).

[142]Au dire des Touareg Taïtoq faits prisonniers en 1889, Talabe est situé à quatre jours au nord-ouest d’Agadès. C’est un bas-fond, récepteur de plusieurs oueds venant de l’est, et couvert d’une véritable forêt d’arbres divers (Bissuel, les Touareg de l’Ouest, p. 191). Si l’information donnée à E. de Bary est exacte, l’oued Aouderas, dont Barth a traversé la vallée supérieure en allant à Agadès, se prolongerait donc dans la direction du nord-ouest sur une distance de plusieurs journées de marche.

[143]Cette évaluation est plus forte que celle de l’informateur de Richardson, qui estimait les forces réunies du Gober et du Maradé à 1500 hommes (A Narrative of a Mission to Central-Africa, II, p. 104). Les autres renseignements cadrent parfaitement avec ceux de Richardson, Barth, Staudinger, et Monteil sur ce mystérieux peuple gober, ennemi acharné des peuples de Sokoto.

[144]Voir plus haut.

[145]Allusion aux Touareg Taïtoq de l’Ahenet, qui vont se ravitailler dans l’oued Telak. E. de Bary mentionne ailleurs encore un autre grief : « Depuis trois ans, aucun Hoggar n’est venu dans l’Aïr. Cela tient à leur refus obstiné de rendre des chameaux volés au marabout El-Bakkay de Tombouctou, et cela malgré les représentations du hadj Bilkhou, qui a pris fort mal la chose. » (Lettre citée, Verhandl. der Ges. für Erdkunde, p. 246). Les Hoggar pouvant se ravitailler au Touât se souciaient peu, évidemment, du mécontentement des Kel-Ouï.

[146]L’autorité du sultan d’Agadès est purement nominale. « Tout son rôle, dit encore E. de Bary, se borne à faire percevoir un tribut sur les caravanes qui viennent du Nord. (De là ce nom de serki-n-touraoua, consul des blancs, que portait le malandrin qui avait dépouillé le voyageur.) Quant aux Kel-Ouï, ils ne paient de tribut ou de redevance d’aucune sorte, et chaque cheikh traite à sa guise les affaires intérieures de sa tribu. » (Lettre citée, p. 251.)

[147]La même information a été recueillie récemment par le lieutenant de vaisseau Hourst (la Mission Hourst, Paris, p. 225, 1897).

[148]Renseignement erroné, que le voyageur a rectifié plus tard (voir plus loin p. 139).

[149]Et non en sténographie.

[150]Cette nécessité d’aller chercher des vivres au Soudan n’était pas un fait anormal. L’Aïr ne suffit pas à nourrir la population qui l’habite. « Sans le commerce du sel, dit Richardson, la population se verrait dans l’alternative de périr ou d’émigrer au Soudan. » (A Narrative of a Mission to Central-Africa, II, p. 138).

[151]Les rapports des Kel-Guérès avec les Kel-Ouï d’Aïr sont des plus curieux. « Bien qu’ils soient nominalement les uns et les autres sous la suzeraineté du sultan d’Agadès, ils sont très souvent en guerre, et ne font d’armistice que lorsque leurs intérêts commerciaux l’exigent. Alors les Kel-Ouï apportent le sel de Bilma à Agadès et l’échangent auprès des Kel-Guérès contre les produits du Soudan. Les Kel-Guérès ne restent que peu de jours à Agadès, et retournent ensuite dans leur région de l’Ader. » (E. de Bary, lettre citée, p. 251.)

[152]Ce renseignement n’était pas plus exact que l’autre. Erwin de Bary découvrit plus tard qu’il n’y avait pas eu de successeur, par l’excellente raison que le sultan n’était pas mort. Il avait simplement fait un séjour à Sokoto pour recueillir la succession d’une de ses femmes.

[153]La question de savoir d’où vient l’eau des salines de Bilma est actuellement insoluble.

Rohlfs mentionne un courant souterrain allant d’est en ouest (Quer durch Afrika, I, p. 249). Nachtigal et Monteil ne parlent que d’une nappe abondante, très proche de la surface du sol.

[154]Richardson (A Narrative of a Mission to Central-Africa, p. 117) et Barth (Reisen, I, p. 572) nous ont décrit l’Aïri ou caravane du sel que les Kel-Ouï organisent chaque année pour chercher le sel de l’oasis de Bilma. Mais on n’avait jusqu’ici aucun détail sur l’itinéraire suivi. Barth donne seulement un itinéraire d’Agadès à Bilma, par une route plus méridionale et plus pénible encore, puisqu’on y compte huit jours de marche sans eau (Reisen, I, p. 532).

[155]Voir plus haut p. 124.

[156]Cette décadence n’est pas récente : elle a commencé dès la fin du siècle dernier. Alors, dit Barth, la majeure partie des habitants émigra à Katsena, à Tessaoua, à Maradé et à Kano. Agadès, qui, d’après l’évaluation faite par Barth sur place, a pu contenir jusqu’à 50.000 âmes, n’en comptait plus qu’environ 7000 en 1850 (Reisen, I, p. 518-520).

[157]On peut se demander si cette crainte était réelle. Voir p. 172, ce que dit l’auteur des rapports du hadj Bilkhou avec le sultan d’Agadès.

[158]Infidèle.

[159]Ce nom ne figure ni dans le Catalogue Foureau, ni dans celui d’Ascherson.

[160]On voit qu’en 1877 les esclaves continuaient à être un des articles principaux du commerce transsaharien à Ghât. Avant même d’arriver dans cette ville, E. de Bary en avait eu d’ailleurs la preuve. Le 3 octobre 1876, dans l’oued Lajâl, il avait vu passer un de ces convois d’esclaves, qui allait de Ghât en Tripolitaine. Le 1er septembre, son compagnon de voyage, le marchand tripolitain Mustapha Sammit, associé avec un Italien pour le commerce du Soudan, avait vendu un nègre sans en faire mystère. (Reisebriefe aus Nord-Afrika, Zeitsch. der Gesellsch. für Erdkunde, 1877, XII, p. 167 et XV, p. 56.)

[161]Acacia gommier (Acacia tortilis, ou Acacia Seyal).

[162]Evidemment le tadjdjart de Duveyrier, qui le signale dans l’Ahaggar (les Touareg du Nord, p. 166).

[163]Espèce non déterminée.

[164]Située d’après Barth à cinq jours d’Agadès (Reisen, I, p. 527).

[165]La Teguidda de Barth, située à trois journées de marche d’Ingal et à cinq journées dans l’ouest-sud-ouest d’Agadès. Barth dit également qu’on y recueille du sel de très bonne qualité et a cru pouvoir l’identifier avec la ville de Takedda, célèbre au XIVe siècle par ses mines de cuivre (Ibn-Batoutah). Mais ni Barth, ni Duveyrier, ni E. de Bary n’ont recueilli la moindre information au sujet de cette ancienne cité et de ces mines. Il y a là un intéressant problème réservé aux explorateurs de l’avenir.

[166]Probablement Alimsar, qui, d’après les récentes informations du lieutenant de vaisseau Hourst, fut le prédécesseur de l’amenokal actuel des Aouélimiden (la Mission Hourst, p. 229).

[167]Nom donné par les gens de l’Aïr aux Taïtoq de l’Adrar Ahenet.

[168]Touareg du Fezzan.

[169]Voir plus haut, p. 107.

[170]Allusion à une information curieuse fournie à Duveyrier par des Tibbous. Il existerait à Anaï, sur la hamada, à peu près à mi-chemin entre la route de Ghât à l’Aïr et la route de Bilma, des traces de roues et des sculptures rupestres « représentant un convoi de chars traînés par des bœufs à bosse et conduits par des hommes » (les Touareg du Nord, p. 458). E. de Bary revient plus loin sur cette question.

[171]On remarquera le changement d’humeur du cheikh, depuis que le voyageur avait décidé de retourner à Ghât, au lieu d’aller vers le sud.

[172]Duveyrier avait signalé de même, d’après ses informateurs, des ruisseaux permanents dans le haut de l’Ahaggar (les Touareg du Nord, p. 88). On sait que la mission Flatters avait trouvé un filet d’eau et des poissons dans l’oued Amguid, sur le Haut-Igharghar (Documents relatifs à la mission Flatters, Paris, 1885, p. 330). Rien ne montre mieux l’action bienfaisante des montagnes, qui jouent le rôle de condensateurs dans le désert.

[173]L’Aïr est jusqu’ici la seule oasis saharienne où le lion ait été signalé. On ne l’a retrouvé qu’au Soudan, au delà des plateaux arides qui séparent le Soudan de l’Aïr.

[174]Observation de grande importance pour l’histoire des races de l’Afrique dans l’antiquité. En effet, sur un mur du temple de Medinet-Habou, près de Thèbes, on voit Ramsès III amenant devant Ammon et la déesse Moût, parmi d’autres vaincus, les représentants enchaînés des peuplades libyennes de l’ouest, lesquels ont tous, d’un côté de la tête, la longue tresse ou boucle recourbée, tombant sur le cou par-devant l’oreille (de Rougé). De tous les peuples dont les anciens Egyptiens nous ont conservé l’image, ceux-là seuls sont ornés de cette coiffure singulière. D’autre part, nous savons par Hérodote que les Maxyes, une des principales tribus libyennes, avaient coutume de tresser leurs cheveux sur le côté droit de la tête (Histoires, IV, chap. 191), et l’on s’accorde à reconnaître en ces Maxyes la tribu des Machouach, la principale de celles qui, sous Ramsès III, envahirent l’Egypte. La facilité avec laquelle les sons s, z, ch se substituent l’un à l’autre dans les dialectes berbères, avait permis de se demander si ces Machouach, Maxyes, ces barbares de l’Ouest n’étaient pas tout simplement des Mazigh, des Berbères. Et le général Faidherbe remarquait à ce sujet que les Zenaga, restes d’une antique tribu berbère, qui occupait le Sahara occidental au moyen âge, ont conservé l’emploi de la tresse libyenne. D’autre part, la chronique mzabite d’Abou-Zakaria, publiée par M. Masqueray, nous montre le fils de l’imam de la vieille cité berbère de Tahert (Tiaret) occupé à faire tresser ses cheveux par sa sœur. Mais ces indices étaient trop peu nombreux pour qu’on en pût tirer une conclusion positive.

Jusqu’ici, on n’avait pu constater chez les Touareg la survivance d’une pareille coutume. L’observation d’Erwin de Bary, suivie d’une autre plus précise (voir le 6 juin), prend d’autant plus d’importance que les Kel-Fadé sont une des tribus touareg chez qui la pureté de la race n’a pas été altérée (Barth, I, p. 384). Erwin de Bary a vu un peu plus tard (13 août) des Ifoghas d’Es-Souk coiffés de même. Or, Es-Souk (Tadmekka), au nord-est du coude du Niger, est désignée comme un des endroits où les Touareg étaient primitivement établis. Il est assurément significatif de voir que l’usage de la tresse libyenne s’est conservé précisément chez les tribus touareg restées en place, ou indemnes de toute intrusion de sang étranger.

[175]Tombeau de pierres brutes. Voir plus haut.

[176]Il s’agit soit de la grande tribu des Beraber, qui a ses terrains de parcours dans le Sahara marocain, soit plutôt de la tribu arabe des Berabich, qui tient la route des caravanes entre Araouan et Tombouctou. Les Berabich sont en hostilité constante avec les Touareg Hoggar, et notamment avec les Taïtoq. La participation des Ifoghas à cette razzia est une nouvelle preuve des instincts pillards de cette tribu, dont Duveyrier avait fait trop exclusivement une communauté de marabouts pacifiques, qui ne portent les armes que pour se défendre.

[177]Tarakate du Catalogue Foureau. Grewia spec. ?

[178]Dans le Tibesti.

[179]Nom inconnu.

[180]Balanites aegyptiaca Del.

[181]M. Foureau cite en effet dans son vocabulaire une solanée (Solanum sodomaeum) qui porte le nom arabe de tefah-en-noum (p. 43).

[182]Barth a observé une crue semblable à la date du 1er septembre (Reisen, I, p. 356).

[183]Le texte original ne permet pas de savoir si ces tresses pendent du même côté de la tête.

[184]Barth écrit Arar dans son livre, Adar sur sa carte. Il parle également de la puissance de leur cavalerie (I, p. 388). L’Adar est situé au nord du Sokoto, et certains auteurs le mettent à tort au nombre des provinces de cet empire : les Kel-Guérès n’ont jamais cessé d’être parfaitement indépendants.

[185]C’est une opinion courante dans l’Aïr, car Barth avait déjà recueilli la même information : « Toutes les vallées descendant vers l’ouest s’élargissent dès qu’elles sortent de la montagne, et se perdent peu à peu, sans se réunir (Reisen, I. p. 587). Mais il faut tenir compte de l’ignorance relative des habitants de l’Aïr, ayant peu ou point de rapports avec leurs voisins de l’ouest. Et si l’on considère que le cheikh Othman des Ifoghas avait donné à Duveyrier une version contraire (selon lui, l’oued Tafassasset recevait dans son cours inférieur de nombreux affluents venant de l’Aïr), on ne peut regarder la question comme tranchée.

[186]Les Kel-Atarar de Barth. Barth dit seulement qu’ils habitent au voisinage d’Agadès et n’ont pas la meilleure réputation (Reisen, I, p. 382).

[187]Richardson et Barth avaient dit la même chose : « La caravane du sel, écrit Richardson, est pour l’Aïr une question de vie ou de mort... Sans ce sel (qu’on échange contre les vivres du Soudan), la population se verrait bientôt dans l’alternative de périr ou d’émigrer au Soudan. » (A Narrative of a Mission to Central-Africa, II, p. 138). « On pourrait planter beaucoup plus de mil, mais la culture, restreinte aux fonds étroits des vallées, ne pourra jamais fournir assez de grains pour les besoins de ceux qui les habitent. » (Barth, I, p. 588.)

[188]Espèce non déterminée.

[189]Voir plus haut, p. 161.

[190]Rhezer n’est pas un nom propre. On appelle Kel-Rhezer ou Kel-Rhazar, « gens de la vallée », les habitants de la grande vallée de Seloufiet et Tintarhodé (Barth, I, p. 380).

[191]C’est pour cela sans doute que Hadj Bilkhou empêcha le voyageur d’aller à Agadès.

[192]En faisant dresser la note des vivres qu’on lui avait fournis, avec l’intention de la solder une fois revenu à Ghât, E. de Bary ne tenait nul compte des coutumes sahariennes, qui veulent qu’un homme bien élevé ne paye pas les vivres qu’on lui offre, mais réponde par un cadeau de valeur supérieure à ce qu’on lui a offert.

[193]Ou Tekindouhir.

[194]Voir plus loin, appendice I.

[195]Il y a très peu de juifs au Sahara ; c’est à peine si l’on en trouve quelques-uns au Touât, et ce Touareg de l’Aïr n’en avait peut-être jamais vu.

[196]Il eût été intéressant de savoir quels pouvaient être ces livres, qui avaient pénétré jusque dans l’Aïr.

[197]Acacia albida Del. Espèce du Soudan.

[198]Ces hostilités entre Hoggar et Aouélimiden semblent fréquentes. Barth, en 1853, avait déjà entendu parler d’une grande razzia opérée par 400 Aouélimiden chez les Hoggar (Reisen, IV, p. 503). En 1862, Duveyrier apprenait qu’il y avait « en ce moment trêve d’hostilités, mais plutôt tendance à l’antipathie. » (Les Touareg du Nord, p. 371.) En 1881, Kenan-ag-Tissi, un des Taïtoq internés plus tard en Algérie, a fait partie d’une razzia dirigée contre les Aouélimiden, qui avaient précédemment razzié les Taïtoq (Bissuel, les Touareg de l’Ouest, p. 7). Aujourd’hui que nous sommes établis à Tombouctou, on pourrait essayer d’utiliser cette antipathie ancienne des Aouélimiden contre les Hoggar.

[199]Emir des Hoggar.

[200]Ceci prouve l’erreur de certains auteurs, qui transforment le sultan d’Agadès en vassal du sultan de Sokoto. Le chef d’Agadès ménage son puissant voisin, mais ne lui doit pas obéissance. E. de Bary a défini plus haut (p. 159) le genre de respect que les Touareg d’Aïr professent pour ce « commandeur des croyants ». En 1886, Staudinger a dit très nettement la même chose : « Le souverain de Sokoto ne possède aucune autorité réelle, ni même apparente sur la partie de l’Aïr où est située Agadès. En général, les farouches Touareg peuvent bien, il est vrai, lui payer une redevance commerciale lorsqu’ils vont commercer dans son royaume, mais ils sont aussi dangereux qu’indispensables, et les Haoussa ont intérêt à les ménager » (In Herzen der Haussaländer, Berlin, 1889, p. 518).

[201]L’auteur l’appelle ailleurs Sidi-eg-Guerradji.

[202]Erwin de Bary parle plus loin d’une de ces tribus (p. 181).

[203]Les Touareg du Nord donnent d’autres explications. D’après eux l’institution des Imrhad ou vassaux date de l’époque où le Sahara méridional était encore exposé aux invasions des rois noirs. C’est alors que des familles faibles auraient réclamé la protection des guerriers berbères, en se constituant leurs sujets. D’autres Imrhad, ceux de couleur, tirent leur origine d’esclaves noires, et comme, d’après la coutume targuie, l’enfant suit la condition de sa mère, la condition d’imrhad aurait été pour lui une sorte d’affranchissement. Enfin, les Touareg avouent que certaines tribus d’Imrhad blancs sont simplement des congénères asservis par la force des armes. (Duveyrier, les Touareg du Nord, p. 336-337.)

[204]Barth cite la tribu des Kel-Aguelal, sans savoir qu’elle se confond avec celle des Kel-Rhazar (I, p. 380).

[205]Il y a d’autres exemples de tribus arabes établies au milieu des Touareg, dont elles deviennent alors les vassales. C’est ainsi que les Sekakna et les Mazil, qui fournissent des chameaux aux caravanes entre le Touât et Tombouctou, sont des Arabes vivant sous la protection des Touareg Taïtoq (Bissuel, les Touareg de l’Ouest, p. 24.)

[206]Nous avons supprimé ici et aux pages suivantes une série d’indications de route et d’informations sur l’Adamaoua, qui n’ont plus d’intérêt aujourd’hui.

[207]Calotropis procera.

[208]C’est la première fois qu’il est fait mention par un voyageur de razzias d’esclaves exécutées sur des populations de race blanche. On sait que le Koran défend formellement de réduire en esclavage les musulmans. Les serfs de cette partie reculée du Sahara seraient-ils encore regardés comme à demi païens ? Il n’y en aurait pas moins là une violation flagrante des coutumes touareg ; les Imrhad, dit Duveyrier, se transmettent par héritage ou donation, mais ne se vendent pas, c’est ce qui les distingue de l’esclave.

[209]Cette occupation n’a jamais été réalisée. Lorsqu’en 1892 le colonel Monteil a passé à Bilma, l’oasis était toujours encore gouvernée par un chef Tibbou, sous la dépendance des Kel-Ouï d’Aïr.

[210]Voir Barth, Reisen, I, p. 599. La coutume d’engraisser les femmes par une nourriture appropriée est un trait de mœurs nègres, et non berbères.

[211]Cette information est certainement plus vraisemblable que celle relatée plus haut, p. 142.

[212]Ceci semble indiquer que les phénomènes diluviens de ruissellement, qui ont été si intenses dans le Sahara septentrional, n’ont pas non plus fait défaut dans le Sahara méridional. Voir plus loin une observation analogue.

[213]Il s’agit ici d’une fraction des Ifoghas, les N’Iguedadh, restée campée aux environs de son lieu d’origine Tadmekket ou Es-Souk, une des plus anciennes places de commerce du Sahara, aujourd’hui en ruines. Il est curieux de constater que ces Touareg restés en place sont de ceux qui ont gardé l’usage de la tresse berbère. (Voir plus haut, p. 157.)

[214]Taxe de protection.

[215]Cette déférence des nobles pour l’hôte du marabout est très digne de remarque. En somme, E. de Bary a eu affaire dans l’Aïr à trois sortes de pouvoirs différents :

1o Le serki-n-touraoua, représentant du sultan d’Agadès, homme peu estimé, dont le seul rôle était de percevoir la taxe des caravanes pour son maître, et qui, à l’égard du voyageur, s’est conduit en simple brigand ; le chef touareg dont il avait violé l’hospitalité lui aurait certainement fait rendre gorge, si le rusé compère n’avait quitté Agadès pour faire un tour au Soudan ;

2o Le cheikh Bilkhou, sans fonction officielle, mais qui, dans ce monde du désert, où la fonction n’est rien, et où l’ascendant personnel est tout, est devenu, en 1877, le chef le plus influent des Kel-Ouï d’Aïr ; c’est lui qui, en des circonstances critiques, les a menés à la guerre contre les Aouélimiden et les Ouled-Sliman (voir p. 127). Quant à l’amenokal ou sultan légal des Kel-Ouï, qui déjà du temps de Barth n’était que l’ombre d’un prince (« das Schattenbild eines Fürsten »), son rôle, en 1877, est tellement effacé, que de Bary ne le nomme pas une seule fois dans son journal de voyage ; c’est seulement par une de ses lettres que nous apprenons qu’il s’appelle Anastafidet et qu’il réside à Asodi (Verhandl. der Gesellsch. für Erdkunde, 1877, IV, p. 251) ;

3o Les marabouts Kel-Rhezer de Tintarhodé et de Tin-Telloust, qui semblent, en 1877, les personnages les plus influents de tout l’Aïr. C’est chez eux (p. 121) qu’on délibère, après le scandale causé par le serki-n-touraoua ; chez eux qu’on trouve le bien-être et la richesse ; ce sont eux qui, de leur propre mouvement, vont négocier la paix entre Kel-Ouï et Hoggar, et même entre Hoggar et Azdjer. Il serait imprudent de juger la situation politique actuelle d’après ce qui s’est passé il y a vingt et un ans, mais il est probable qu’une mission transsaharienne aura à compter avant tout avec ces marabouts de l’Aïr.

[216]Ce qui indique combien ces pillards invétérés attachent d’importance à rester en bons termes avec le Touât, qui est leur lieu de ravitaillement.

[217]Les Azdjer de leur côté ne faisaient pas preuve de moins d’audace. En décembre 1876, une bande d’Oraghen et d’Imanghasaten alliés s’était avancée jusqu’aux portes d’Insalah, avait attaqué une caravane de Hoggar qui en revenait avec des vivres, tué 15 hommes et enlevé 400 chameaux. Le même mois, une autre bande avait pénétré par Dider dans l’Ahaggar, enlevé 200 chameaux des Taïtoq, et tué 5 hommes, dont un frère de Sidi-eg-Guerradji. Ces 5 hommes s’étaient trouvés en face de 150 Azdjer : ils n’en furent pas moins tués. Dans ces razzias, les vainqueurs ne font pas de prisonniers. (E. de Bary, lettre adressée au président de la Soc. de Géog. de Berlin, Verhandl. der Gesellsch. für Erdkunde, 1877, IV, p. 250.)

[218]Allusion à une information recueillie par Duveyrier au sujet de cette ancienne route de Djerma à l’Aïr : « A Anaï, dit-il, la voie, avec ses anciennes ornières, est encore assez caractérisée pour que des Tébous, mes informateurs, qui en arrivaient, n’aient laissé dans mon esprit aucun doute à ce sujet. D’ailleurs, ajoutaient-ils, les anciens ont pris la peine de buriner dans le roc, sur une des berges de la voie, des tableaux représentant un convoi de chars, avec des roues, traînés par des bœufs à bosse et conduits par des hommes » (Les Touareg du Nord, p. 458.) Duveyrier en concluait que c’était la route carrossable suivie par l’armée romaine lorsqu’elle était allée de Garama à l’Agisymba. Malheureusement, la déclaration du cheikh des Ihadanaren ne permet pas de conclure d’une façon aussi nette. Les Tébous sont des informateurs sujets à caution, et il n’est pas impossible que, pressés de question, ils n’en aient dit plus qu’ils n’avaient vu. De Bary, pas plus que Richardson et Barth, n’a vu de trace du passage des Romains dans l’Aïr. En tout cas, l’exploration de cette route d’Anaï constitue un des plus intéressants desiderata de la géographie ancienne de l’Afrique.

[219]Ce ne serait donc pas le léopard, qui est bien connu dans les pays du Soudan, et qui porte le nom de damousa (pluriel damissa chez les Haoussa du Sokoto). (Staudinger, Im Herzen der Haussaländer, p. 693.)

[220]Sultan du Gober.

[221]Il est impossible de rien déduire de cette description, qui rappelle par certains traits l’hyène, et par d’autres la panthère ou le serval. Staudinger dit qu’en dehors des peaux de léopard les Touareg d’Aïr apportent au Soudan des dépouilles d’autres félins, dont il n’a pas pu déterminer l’espèce : « Quelques-unes m’ont semblé avoir appartenu au lynx du désert, d’autres à une sorte de serval ou de guépard. » (Ouv. cité, p. 693.)

[222]Overweg distinguait toutefois, entre l’oued El-Hassi et l’oued Châti, des grès bruns ferrugineux et des grès à cassure blanche, seulement revêtus d’une mince carapace noire, ferrugineuse, dans les parties exposées à l’air. (Geognostische Bemerkungen auf der Reise von Philippeville über Tunis nach Tripoli, und von hier nach Marzuk in Fezzan, Zeitsch. der d. Geol. Gesellsch. 1851, III, p. 101).

[223]Il y en a de semblables au milieu de la large vallée d’érosion de l’oued Châti (Overweg, art. cité, p. 102).

[224]Publiée par ce dernier dans la Zeitsch. der Gesellsch. für Erdk., 1878, XIII, p. 350. Cette lettre est en quelque sorte la conclusion des observations botaniques faites par l’auteur jusqu’au 11 avril. La netteté de ces vues donne la mesure de ce qu’il aurait pu faire, s’il avait eu le temps de mettre en œuvre ses autres matériaux. Le professeur Ascherson a enrichi le texte de quelques remarques précieuses, que nous reproduisons en les signalant par la lettre A.

[225]D’après Duveyrier (les Touareg du Nord, p. 225) et R. Hartmann (Zeitsch. der Gesellsch. für Erdk., 1868, III, p. 56), fehed, fehad est le nom arabe des guépards (Felis jubata). (A.)

[226]Probablement un Hyrax. Klunzinger (Bilder aus Oberägypten, p. 241) et Schweinfurth ont signalé une espèce de ce genre (Hyrax syriacus Schreb.) dans le désert arabique. (A.)

[227]Je puis certifier la même chose. Jamais je n’ai été incommodé par cet insecte dans les oasis du désert libyque, tandis que c’était trop souvent le cas dans les demeures de la vallée du Nil. (A.)

[228]Le sédra de la Tripolitaine et celui de l’Aïr représentent certainement deux espèces différentes du genre Zizyphus : 1o Zizyphus Lotus Lmk. ; 2o Z. Spina Christi L., déjà connu au Fezzan sous le nom kanori de korna. (A.)

[229]Probablement une Boscia (Boscia senegalensis Lmk. ?) Cf., Schweinfurth, Zeitsch. für allg. Erdk., 1865, XIX, p. 389 et suiv. (A.)

[230]Sans aucun doute le palmier-doum (Hyphaene Thebaïca Mart) dont Barth mentionne la présence dans l’Aïr (I, p. 349, 419). Ce voyageur remarque qu’il n’a pu savoir le nom indigène de l’arbre. Ce nom de Faraoun, qui rappelle d’une façon si évidente (tout au moins dans l’esprit des indigènes) l’origine égyptienne de la plante, est très digne d’attention. (A.)

Si l’on se rappelle, en effet, une autre tradition recueillie par Barth au coude de Bourroum sur le Niger, et d’après laquelle un Pharaon d’Egypte serait venu jusque-là (Reisen V, p. 194), si d’autre part on considère, qu’à la différence des autres peuples nègres, les Sonrhaï établis dans ce coude du Niger embaumaient leurs morts à la manière égyptienne, avant d’être convertis à l’Islam (Ahmed-Baba, Tarikh-es-Soudan, Zeitsch. der deutschen morgenländ, Gesellsch., IX, p. 532) ; que le nom des Atarantes, connus des anciens Égyptiens pour habiter dans le désert à dix journées de marche des Garamantes, rappelle le terme haoussa atara signifiant les « hommes assemblés » (Barth, Sammlung und Bearbeitung central-Afrikanischer Vokabularien, p. c-c II), et que d’après une ancienne tradition le peuple du Gober, premier occupant de l’Aïr, doit son origine à des Coptes d’Égypte (Denham, Voyages et découv., III, p. 202) ; qu’enfin le nom de Tagama, une des cités placées par Ptolémée sur le dix-septième parallèle, se retrouve chez la tribu des Tagama, établie au sud de l’Aïr, on ne peut s’empêcher de voir en ce nom de palmier Faraoun un indice de plus en faveur de l’ancienneté des relations de l’Egypte avec l’Aïr.

[231]Panicum turgidum Forsk., en arabe bou-rekouba (Foureau, Catal., p. 2).

[232]Une Bucerosia ? (A.)

Note du transcripteur :

  • Page 24, note 20, " des chétifs du Touât " a été remplacé par " chérifs "
  • Page 25, " hauteur d’envion " a été remplacé par " d’environ "
  • Page 84, " 19 déc. " a été remplacé par " 10 déc. "
  • Page 92, note 94, " Reisen und Entdeckungen in Nord- und Central-Africa " a été remplacé par " Central-Afrika "
  • Page 95, " 5 janvier 1897. " a été remplacé par " 1877 "
  • Page 98, " par de souadi sableux " a été remplacé par " des ouadi "
  • Page 105, note 115, " Pflanzen des mittern Nord-Africa " a été remplacé par " mittlern Nord-Afrika "
  • Page 106, " ou dirait qu’une zone " a été remplacé par " on dirait "
  • Page 141, " l’air moins satifait " a été remplacé par " satisfait "
  • Page 147, " bordées de de rouge " a été remplacé par " bordées de rouge "
  • Page 180, " 9 juil. " a été remplacé par " 19 juil. "
  • Page 186, " au nord de l’Aghelal " a été remplacé par " l’Aguelal "
  • Page 188-189 note 215, " » « (das Schattenbild eines Fürsten) " a été remplacé par " (« das Schattenbild eines Fürsten ») "
  • Page 193, la référence à la note 220, après " très dangereux " à été changé à la note 219.
  • Page 202, la référence absente à la note 225, à été placé après " fehed ".
  • Page 207, " Le talba et le sedra " a été remplacé par " talha "
  • Page 219, " Aghelal, 181. " a été remplacé par " Aguelal "
  • Page 218, " Solanum sodomacum " a été remplacé par " sodomaeum "
  • De plus, quelques changements mineurs de ponctuation et d’orthographe ont été apportés.
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