Le Premier Livre
Les chiens avaient sur Remi le grand avantage d'être habitués à paraître en public. Le petit garçon n'était pas tranquille.
Son émotion était vive lorsque, le lendemain, la troupe quitta l'auberge pour aller sur la place donner la première représentation.
Vitalis ouvrait la marche, la tête haute, et il marquait la mesure des bras et des pieds en jouant une valse sur un fifre en métal. Derrière lui marchait Capi, portant sur son dos Joli-Cœur, en costume de général anglais, costume rouge, galonné d'or, avec un chapeau surmonté d'un large plumet. Puis derrière Capi marchaient Zerbino et Dolce. Enfin, Remi formait la queue du cortège.
Les sons perçants du fifre allaient dans les maisons éveiller la curiosité des habitants d'Ussel.
La salle de spectacle était marquée par une corde attachée à quatre arbres, formant un carré long.
La première partie de la représentation consista en différents tours exécutés par les chiens. Avec son violon, Vitalis accompagnait les exercices des chiens, jouant tantôt des airs de danse, tantôt une musique douce et tendre.
La première partie terminée, Capi prend une sébile entre ses dents et, marchant sur ses pattes de derrière, passe dans les rangs de la foule. Et les sous tombent dans la sébile, et Capi porte fièrement à son maître la sébile toute pleine.
C'est maintenant le tour de Remi et de Joli-Cœur.
—Mesdames et messieurs, dit Vitalis, nous allons continuer le spectacle par une charmante comédie intitulée: Le Domestique de M. Joli-Cœur ou Le plus bête des deux n'est pas celui qu'on pense. Ouvrez les yeux, ouvrez les oreilles et préparez vos mains pour applaudir!
Cette comédie était en réalité une pantomime pour cette bonne raison que deux des principaux acteurs, Joli-Cœur et Capi, ne parlaient pas et que le troisième était parfaitement incapable de dire deux mots.
Pour rendre le jeu des acteurs parfaitement compréhensible, Vitalis l'accompagnait de quelques paroles qui préparaient les situations de la pièce et les expliquaient.
Il annonça l'entrée de M. Joli-Cœur, général anglais, qui avait gagné ses grades et sa fortune à la guerre.
VINGT-TROISIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Fin de la représentation
Jusqu'à ce jour Joli-Cœur avait eu pour domestique le seul Capi; il voulait maintenant un homme. En attendant ce domestique, le général marchait à grands pas, il fumait son cigare et lançait la fumée au nez du public. Il était impatient, il frappait la terre du pied.
Remi entra enfin amené par Capi. Joli-Cœur leva les deux bras d'un air désolé. Il regarda le petit garçon sous le nez et tourna autour de lui en haussant les épaules.
Sa mine était si drolatique que tout le monde éclata de rire. Évidemment Joli-Cœur prenait Remi pour un parfait imbécile, et c'était aussi le sentiment des spectateurs.
Remi, invité à déjeuner, laissa voir son embarras. Que faire de la serviette posée sur son assiette? Il n'avait pas de serviette chez mère Barberin. Après un moment d'hésitation, il la roula en forme de cravate et la mit à son cou. Le général éclata de rire et Capi tomba, les quatre pattes en l'air, renversé par la stupidité de Remi.
Le général, dégoûté, prit la place de Remi, passa la serviette dans une boutonnière de son uniforme et l'étala sur ses genoux. Il déjeuna. Le déjeuner terminé, il demanda un cure-dent et le passa rapidement entre ses dents.
Les applaudissements éclatèrent et la représentation finit dans un triomphe. Comme le singe était intelligent! Comme le domestique était bête!
III. Conversation
- 1. Quelle sorte de domestique Joli-Cœur voulait-il maintenant?
 - 2. Pourquoi était-il impatient?
 - 3. Pour qui prenait-il Remi?
 - 4. Qu'est-ce que Remi fait de la serviette?
 - 5. Que fait le général après le déjeuner?
 
IV. Grammaire
PASSÉ DÉFINI
Parler, être, avoir
- Remi entra, Remi entered.
 - Les applaudissements éclatèrent, the applause burst out.
 
1. Entra est la troisième personne du singulier du passé défini du verbe entrer; éclatèrent est la troisième personne du pluriel du passé défini du verbe éclater.
2. Les formes du passé défini de parler sont:
| Singulier | { | 
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| Pluriel | { | 
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3. Le passé défini est la forme employée dans la narration; dans la conversation nous employons de préférence le passé indéfini.
4. Les formes du passé défini du verbe être et du verbe avoir sont:
| Être | Avoir | 
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V. Thème
M. Joli-Cœur was an English general. Remi, the new servant, entered and the spectators burst out laughing. He looked at his master, who was smoking quietly. Evidently he did not like Remi's face. It was not intelligent. And when M. Joli-Cœur invited Remi to breakfast, the poor child showed his stupidity immediately. The clever monkey then took Remi's place and breakfasted.
VINGT-QUATRIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Bordeaux
Après Ussel, les artistes visitèrent les petites villes et les gros villages d'une partie du midi de la France. Leur façon de voyager était très simple: ils allaient droit devant eux, au hasard. Ils passaient un jour dans les villages, plusieurs jours dans les villes.
Vitalis, qui était toujours bon, apprit à Remi à lire, à écrire, à jouer de la harpe.
Un jour, arrivés au sommet d'une colline, ils aperçurent une ville immense et une grande rivière.
—Cette ville que tu vois, dit Vitalis, est la ville de Bordeaux; cette grande rivière que tu vois est la Garonne. Les beaux navires qui la couvrent sont une nouveauté pour toi; regarde bien.
Et Remi restait immobile, regardant devant lui ce spectacle féerique.
—Bordeaux est une grande ville, ajouta Vitalis; en changeant de quartier, nous pouvons donner trois ou quatre représentations par jour.
Nos comédiens passèrent trois semaines à Bordeaux et jouèrent toutes les pièces de leur répertoire: Le Domestique de M. Joli-Cœur, La Mort du général, Le Triomphe du juste et trois autres comédies. Le public, qui était toujours intéressé, payait généreusement.
De Bordeaux ils allèrent encore plus loin dans le midi, et, après plusieurs jours de marche, ils arrivèrent à Pau. Dans cette ville, qui est au pied des Pyrénées, le vent ne souffle presque jamais.
III. Conversation
- 1. Quelle partie de la France la troupe visita-t-elle?
 - 2. Combien de jours passaient-ils dans les villes?
 - 3. Qu'est-ce que Vitalis apprit à Remi?
 - 4. Nommez les pièces du répertoire de Vitalis.
 - 5. Où est la ville de Pau?
 
IV. Grammaire
PRONOMS RELATIFS
Qui, que
- Vitalis qui était toujours bon, Vitalis who was always good.
 - la ville qui est au pied des Pyrénées, the city which is at the foot of the Pyrenees.
 
1. Qui est un pronom conjonctif ou relatif.
2. Nous employons qui, who, which, that, comme sujet.
- Vitalis que Remi accompagnait, Vitalis whom Remi accompanied.
 - cette ville que tu vois, that city which you see.
 
3. Que est un pronom conjonctif ou relatif.
4. Nous employons que, whom, which, that, comme complément direct.
V. Thème
The cities which our friends visited were fairy-like. Remi liked the large ships and (the) beautiful rivers which they crossed. These artists, who always traveled at random, spent several days in the large villages and gave two performances a day. All the plays which were in their stock of plays were (some) comedies. They went still farther into the South of France and arrived at Pau, which is at the foot of the Pyrenees. The master, whom Remi loved now, was always good and kind.
VINGT-CINQUIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Pau et Toulouse
—Nous passerons l'hiver dans cette ville charmante, dit Vitalis. Il y a beaucoup d'enfants anglais; ils sont riches et généreux; nous jouerons dans les rues, sur les places publiques, dans les promenades, et nous aurons des recettes abondantes.
Ils travaillèrent à Pau pendant tout l'hiver. Ils avaient un public d'enfants, et tous les enfants aimaient Remi, Joli-Cœur et Capi.
Le printemps arrivé, Vitalis donna le signal du départ. Alors recommença la vie errante, à l'aventure, par les grands chemins. Pendant des jours et des semaines ils allèrent droit devant eux, suivant des vallées, escaladant des collines, laissant toujours à leur droite les cimes bleuâtres des Pyrénées.
Un soir, ils arrivèrent dans une grande ville, située au bord d'une rivière, au milieu d'une plaine fertile.
—C'est Toulouse, dit Vitalis; nous resterons ici longtemps.
Le lendemain de leur arrivée, ils cherchèrent des endroits propices à leurs représentations. Il y a à Toulouse beaucoup de boulevards qu'on appelle des Allées. C'est dans une de ces allées qu'ils installèrent leur théâtre. Un public nombreux et enthousiaste assista à la première représentation. Malheureusement, l'agent de police qui avait la garde de cette allée voulut leur faire abandonner cette place. Vitalis refusa d'obéir à l'agent, si l'agent ne lui montrait pas un règlement de police défendant à de pauvres comédiens d'exercer leur industrie sur la place publique.
Ce jour-là, l'agent de police tourna le dos sans insister davantage.
Le lendemain il arriva au milieu de la représentation et dit durement à Vitalis:
—Il faut museler vos chiens.
—Museler mes chiens!
—Il y a un règlement de police.
III. Conversation
- 1. Où passèrent-ils l'hiver?
 - 2. Quand la troupe quitta-t-elle Pau?
 - 3. Où est située la ville de Toulouse?
 - 4. Qui assista à leur première représentation à Toulouse?
 - 5. Pourquoi Vitalis refusa-t-il d'obéir à l'agent?
 
IV. Grammaire
FUTUR
Parler, être, avoir
- Nous passerons l'hiver dans cette ville, we shall spend the winter in that city.
 - Nous aurons des recettes abondantes, we shall have good receipts.
 
1. Passerons est la première personne du pluriel du futur du verbe passer; aurons est la première personne du pluriel du futur du verbe avoir.
2. Les formes du futur de parler sont:
| Singulier | { | 
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| Pluriel | { | 
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3. Les formes du futur du verbe être et du verbe avoir sont:
| Être | Avoir | 
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V. Thème
They will be rich if they have (some) large receipts. They will have an enthusiastic audience at Pau because all the children will love Joli-Cœur and the dogs. Vitalis will not stay very long in this city. He will begin again his wandering life. Shall we spend the winter with his troupe at Toulouse? Will you not be present at the first performance which they will give in the middle of the public square? It will be very amusing.
VINGT-SIXIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. La police
L'intervention de l'agent provoqua des murmures et des réclamations.
—N'interrompez pas! N'interrompez pas!
—Laissez finir la représentation.
Et Vitalis essaya de faire comprendre à l'agent qu'il lui était impossible de museler les chiens et de continuer ses représentations. Le public approuvait Vitalis; il riait de l'agent, il riait surtout des grimaces de Joli-Cœur qui imitait les poses drolatiques du représentant de l'autorité. Exaspéré par tous ces rires, l'agent tourna brusquement sur ses talons en disant:
—Si demain vos chiens ne sont pas muselés, je vous arrête.
Et la représentation continua. Les spectateurs fort amusés donnèrent des sous, et même des pièces d'argent.
Ce soir-là, à souper, les chiens mangèrent du pain, de la viande, des os.
—Allez-vous acheter des muselières? demanda Remi à son maître.
—Ah, non! Je n'ai pas peur de la police. J'arrangerai les choses pour que l'agent ne m'arrête pas; j'arrangerai aussi les choses pour que l'agent nous procure une bonne recette et joue un rôle comique dans la pièce que je prépare. Cela donnera de la variété à notre répertoire. Tu iras seul demain à notre place avec Joli-Cœur; tu joueras quelques morceaux de harpe, et quand tu auras autour de toi un public suffisant et que l'agent sera arrivé, j'entrerai avec mes chiens.
Le lendemain, à l'heure fixée, Remi alla avec Joli-Cœur à la place ordinaire, attacha la corde et commença la représentation.
III. Conversation
- 1. Qu'est-ce que l'intervention de l'agent provoqua?
 - 2. De quoi le public riait-il?
 - 3. Pourquoi les spectateurs donnèrent-ils beaucoup d'argent?
 - 4. Que mangèrent les chiens à souper?
 - 5. Qui commença la représentation le lendemain?
 
IV. Grammaire
ARTICLE PARTITIF
- Les chiens mangèrent du pain, de la viande, des os, the dogs ate some bread, meat, and bones.
 
1. Du, de la, des sont les formes de l'article que nous employons devant un nom pour traduire les formes anglaises some, any.
2. Nous employons du devant un nom masculin singulier, de la devant un nom féminin singulier, des devant un nom pluriel, masculin ou féminin.
- Vitalis a de l'argent, Vitalis has some money.
 
3. De l' est la forme de l'article que nous employons devant un nom masculin ou féminin singulier commençant par une voyelle ou un h muet.
4. Nous employons toujours du, de la, de l', des en français; some, any sont souvent omis en anglais.
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V. Thème
"You must buy muzzles for your dogs immediately," said the policeman harshly.
Everybody gave pennies to our comedians, who ate a good supper that night. Vitalis bought some milk and bread for Remi and some bones for the dogs. The intervention of the policeman gave (some) variety to the performance. Joli-Cœur was not afraid of the agent and the next day he went with Remi to the square to earn some money.
VINGT-SEPTIÈME LEÇON
LECTURE
I. Étude de mots
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II. Arrêté
La foule était nombreuse autour de la corde et toute disposée à rire aux dépens de la police. L'agent arriva bientôt. Joli-Cœur l'aperçut le premier et aussitôt, rejetant sa tête en arrière, prit la pose menaçante de l'agent. Le public éclata de rire. L'agent lança à Remi des regards furieux, et cela redoubla l'hilarité du public.
Un peu déconcerté par cette attitude du public, l'agent marche tout le long de la corde; Joli-Cœur, ne comprenant pas la gravité de la situation, marche comme lui. Pour terminer cette scène dangereuse, Remi appelle le singe, essaye même de l'attraper, mais le singe, qui n'est pas en disposition d'obéissance, continue le jeu qui l'amuse en courant.
Alors l'agent, aveuglé par la colère, pensant qu'on excitait le singe, enjamba la corde et donna au petit Remi un soufflet qui le renversa à moitié. Lorsque le garçon rouvrit les yeux, Vitalis était placé entre lui et l'agent qu'il tenait par le poignet.
—Je vous défends de frapper cet enfant, dit-il; ce que vous avez fait est une lâcheté.
L'agent voulut dégager sa main, mais Vitalis serra la sienne.
L'agent était fou de colère. Vitalis était magnifique de noblesse avec sa belle tête encadrée de cheveux blancs et son visage exprimant l'indignation et le commandement.
D'un mouvement vigoureux, l'agent dégagea sa main, empoigna le vieillard par le collet et le poussa devant lui avec brutalité.
—Que voulez-vous? demanda Vitalis en donnant un bon coup de poing à l'agent.
—Je vous arrête, dit l'agent, suivez-moi au poste.
—Pourquoi avez-vous frappé cet enfant?
—Pas de paroles, suivez-moi!
Vitalis ne répondit pas, mais il dit à Remi:
—Rentre à l'auberge avec les chiens.
Et l'agent l'entraîna.
Le premier mouvement des chiens avait été de suivre leur maître, mais Remi leur ordonna de rester près de lui. Les chiens étaient muselés, mais ils avaient des muselières de théâtre; ils portaient simplement une faveur en soie nouée autour de leur museau; pour Capi, qui était blanc, la faveur était rouge; pour Zerbino, qui était noir, la faveur était blanche, pour Dolce, qui était grise, la faveur était bleue. Vitalis avait ainsi costumé les chiens pour la farce qu'il voulait jouer à l'agent.
Remi rentra à l'auberge fort affligé et très inquiet.
VINGT-HUITIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. L'aubergiste
Le lendemain, le petit garçon alla au tribunal pour entendre la sentence.
Le juge condamna Vitalis à deux mois de prison et à cent francs d'amende pour avoir frappé un agent de police.
Deux mois de prison! Deux mois de séparation!
Quand Remi rentra à l'auberge, le cœur gros, les yeux rouges, il trouva l'aubergiste à la porte.
—Eh bien, lui dit-il, ton maître?
—Il est condamné.
—À combien?
—À deux mois de prison.
—Et à combien d'amende?
—Cent francs.
—Et que veux-tu faire pendant ces deux mois?
—Je ne sais pas, monsieur.
—Ah! tu ne sais pas. Tu as de l'argent pour vivre et pour nourrir tes bêtes?
—Non, monsieur, je n'ai pas d'argent.
—Alors, mon garçon, il faut quitter cette auberge.
—Quitter cette auberge! Où irai-je?
—Ce n'est pas mon affaire. Je ne suis pas ton père; je ne suis pas ton maître; je n'ai pas de pain pour toi et tes bêtes. Tu laisseras ici le sac de ton maître. Quand il sortira de prison, il passera par ici pour régler son compte et je lui donnerai son sac. Maintenant, va gagner ta vie dans les villages des environs. Tu auras de bonnes recettes, et si tu reviens dans deux mois, tu retrouveras ton maître.
Le petit garçon alla à l'écurie et, après avoir détaché les chiens et Joli-Cœur, après avoir bouclé son sac et passé sur son épaule la bretelle de sa harpe, il sortit de l'auberge.
III. Conversation
- 1. Où alla le petit garçon le lendemain?
 - 2. À combien de mois de prison le juge condamna-t-il Vitalis?
 - 3. Qu'est-ce que Vitalis avait fait?
 - 4. Remi avait-il de l'argent?
 - 5. Où l'aubergiste envoie-t-il Remi?
 
IV. Grammaire
De remplaçant du, de la, de l', des
- Je n'ai pas de pain, I have no bread.
 - Je n'ai pas d'argent, I have no money.
 
1. Ces phrases sont négatives. Dans une phrase négative, nous employons de ou d' au lieu des articles partitifs du, de la, de l', des.
- Tu auras de bonnes recettes, you will have good receipts.
 
2. Lorsque l'adjectif précède le nom, nous employons ordinairement de ou d' devant l'adjectif au lieu des articles partitifs du, de la, de l', des.
V. Thème
The next day, Vitalis bought some pretty muzzles for the dogs. They arrived at the square when the policeman was striking Remi. Vitalis struck the policeman who immediately arrested the old man.
(The) Poor little Remi has no master! He has no friends in that village. There is no supper for the dogs. The innkeeper says that there are some small villages, not far from here, where Remi will earn his living. He does not settle his account because he has no money.
VINGT-NEUVIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Tout seul
Remi avait hâte de sortir de la ville, car ses chiens n'étaient pas muselés et il n'avait pas d'argent pour acheter des muselières. Il avait onze sous dans sa poche, mais ce n'était pas suffisant pour une pareille acquisition.
En marchant rapidement les chiens levaient la tête et regardaient le garçon pour dire qu'ils avaient faim. Joli-Cœur passait la main sur son estomac pour dire qu'il avait faim.
Après deux heures de marche, Remi entra dans une boutique de boulanger et acheta pour huit sous de pain. Et c'est sous un arbre de la route que la petite troupe fit son premier repas.
Il était absolument nécessaire de donner une représentation pour gagner le déjeuner du lendemain. Remi donna le signal du départ.
Ils aperçoivent bientôt un village. Arrivés sur une petite place ombragée par des platanes, Remi prend sa harpe et joue un morceau. Personne ne se présente. Il finit ce premier morceau et commence une valse en disant à Zerbino et à Dolce de valser. Personne ne se dérange pour les regarder. Alors, le garçon commence à chanter pensant attirer ainsi le public. Un homme qui passait lui dit:
—As-tu la permission de chanter sur la place publique?
—Non, monsieur.
—Alors, quitte la place et continue ton chemin.
Et la petite troupe continua son chemin. Pas de souper ce soir-là. Heureusement le temps était beau, la journée était chaude, et coucher à la belle étoile en cette saison n'était pas bien grave. Ils passèrent la nuit dans un bois.
III. Conversation
- 1. Pourquoi Remi avait-il hâte de sortir de la ville?
 - 2. Combien d'argent avait-il?
 - 3. Où firent-ils leur premier repas?
 - 4. Qui les a chassés de la place publique?
 - 5. Comment ont-ils passé la nuit?
 
IV. Grammaire
INDICATIF PRÉSENT
Finir, apercevoir, rendre
- Il finit ce premier morceau, he finishes this first piece.
 - Ils aperçoivent un village, they see a village.
 
1. Finit est la troisième personne du singulier de l'indicatif présent du verbe finir; aperçoivent est la troisième personne du pluriel de l'indicatif présent du verbe apercevoir.
2. Nous avons en français des verbes terminés en er comme parler. Nous appelons ces verbes: verbes de la première conjugaison.
3. Nous avons des verbes terminés en ir comme finir. Nous appelons ces verbes: verbes de la deuxième conjugaison.
4. Nous avons des verbes terminés en oir comme apercevoir. Nous appelons ces verbes: verbes de la troisième conjugaison.
5. Nous avons aussi des verbes terminés en re comme rendre. Nous appelons ces verbes: verbes de la quatrième conjugaison.
6. Les formes de l'indicatif présent de finir, apercevoir et rendre sont:
| Finir, to finish | Apercevoir, to perceive | 
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| Rendre, to return | |
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PARTICIPE PRÉSENT
1. Les participes présents des verbes parler, finir, apercevoir, rendre, sont: parlant, speaking; finissant, finishing; apercevant, perceiving; rendant, returning.
2. Nous formons le pluriel de l'indicatif présent en changeant la terminaison ~ant du participe présent en ~ons, ~ez, ~ent.
V. Thème
The dogs are in a hurry to find a baker because they are hungry. It is absolutely necessary to work and to earn a little money. They soon perceive a baker's shop where Remi, who is the master now, buys some bread. The little troupe finishes this supper very quickly and continues its journey. The weather is beautiful and our comedians walk rapidly for two hours. That night they sleep in the open air because the night is warm.
TRENTIÈME LEÇON
REVUE
I. Grammaire
1. Écrivez en français: Remi's pocket, the boy's harp, the master's dogs.
2. Donnez le passé défini des verbes: parler, être, avoir.
3. Comment employons-nous les pronoms relatifs qui et que?
4. Donnez le futur des verbes: parler, être, avoir.
5. Quels sont les articles partitifs?
6. Comment traduisons-nous ces articles en anglais?
7. Quand employons-nous de ou d' au lieu des articles partitifs, du, de la, de l', des?
8. Donnez l'indicatif présent du verbe finir.
9. Donnez l'indicatif présent du verbe apercevoir.
10. Donnez l'indicatif présent du verbe rendre.
II. Exercices
1. Mettez les verbes qui sont entre parenthèses à la troisième personne du singulier et à la troisième personne du pluriel du passé défini, et à la deuxième personne du pluriel du futur:
- (Éclater) de rire. (Avoir) des recettes abondantes. (Travailler) pendant l'hiver. (Être) attentif. (Donner) de l'argent.
 
2. (a) Mettez les verbes des phrases suivantes à la troisième personne du singulier, à la deuxième et à la troisième personne du pluriel de l'indicatif présent avec les changements nécessaires:
- Je finis mes devoirs. J'attends mes amis. Je joue avec mes amis. Je reçois des lettres tous les jours.
 
(b) Mettez ces mêmes verbes à la forme interrogative de la deuxième personne du pluriel avec les changements nécessaires.
TRENTE ET UNIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Le bateau
Le lendemain, ils allèrent au village voisin pour dépenser les trois sous, mais trois sous de pain donnèrent à chacun un bien petit morceau. Zerbino n'était pas là. Zerbino avait abandonné ses amis, et bientôt il arriva en courant poursuivi par une vieille femme. Le malheureux était entré dans une maison où il avait volé un morceau de viande qu'il emportait dans sa gueule.
Craignant d'être arrêté, Remi prit la fuite avec ses chiens et s'arrêta seulement à deux kilomètres du village, sur le bord du Canal du Midi. Zerbino avait disparu. Remi l'appela, le siffla; Zerbino ne parut pas. Il fallait attendre.
Pour oublier la faim, Remi prit sa harpe et commença à jouer une valse, et les chiens commencèrent à danser.
Tout à coup une voix claire, une voix d'enfant cria: "Bravo!"
Un bateau était arrêté sur le canal, un bateau singulier, appelé le Cygne. Sur le pont, il y avait une sorte de galerie vitrée ou de véranda ombragée par des plantes grimpantes. Sous la véranda étaient deux personnes; une dame jeune encore, à l'air noble et mélancolique, et un enfant de neuf ou dix ans couché dans un hamac.
C'était cet enfant sans doute qui avait crié "bravo!"
Remi souleva son chapeau pour remercier la personne qui avait applaudi.
III. Conversation
- 1. Quand allèrent-ils au village voisin?
 - 2. Zerbino était-il avec la troupe?
 - 3. Comment Remi oublia-t-il sa faim?
 - 4. Qu'est-ce qu'il entend tout à coup?
 - 5. Qui était sous la véranda?
 
IV. Grammaire
PLURIEL DES NOMS
- trois sous de pain, three cents' worth of bread.
 - un bateau sur le canal, a boat on the canal.
 - une voix d'enfant, a child's voice.
 
1. Sous est le pluriel du nom sou. Nous formons le pluriel des noms terminés par ou en ajoutant s au singulier, mais les mots suivants prennent un x au pluriel: les bijoux, les cailloux, etc.
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2. Bateau est un nom singulier. Nous formons le pluriel des noms terminés par eau et aussi par eu en ajoutant x au singulier:
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3. Canal est un nom singulier. Nous formons le pluriel des noms terminés par al en changeant al en aux:
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- Mais bal et carnaval prennent un s:
 
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4. Voix est un nom singulier. Les noms terminés par s, x ou z ne changent pas au pluriel:
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V. Thème
"I shall spend my ten cents," said Remi, "in a neighboring village for some bread and for a few pieces of meat for the dogs." One of the animals had disappeared.
On the bank of the canal there was a beautiful lady with a little boy who seemed to be sick. Remi began to play on his harp; suddenly some voices cried out: "Bravo!" There were children who were dancing on the deck of one of the boats.
TRENTE-DEUXIÈME LEÇON
LECTURE
I. Étude de mots
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II. En bateau
—C'est pour votre plaisir que vous jouez? demanda la dame, parlant avec un accent étranger.
—C'est pour faire travailler mes comédiens et aussi... pour mon plaisir.
—Voulez-vous jouer encore?
—Mais certainement, madame. Voulez-vous une danse ou une comédie?
—Oh! une comédie! dit l'enfant.
La dame interrompit pour dire qu'elle préférait une danse.
—Une danse?... c'est trop court, dit l'enfant.
—Après la danse, ajouta Remi, nous exécuterons de vrais tours, comme les comédiens des cirques de Paris.
Et le garçon prit sa harpe; aussitôt Capi entoura la taille de Dolce avec ses deux pattes, et ils commencèrent à tourner en mesure. Puis Joli-Cœur dansa un pas seul. Puis successivement ils passèrent en revue tout leur répertoire. Ils ne sentaient pas la fatigue. Évidemment les comédiens avaient compris qu'il y avait un dîner pour eux après la représentation. Tout à coup, au milieu d'un exercice, Zerbino entra en scène et se plaça effrontément parmi ses camarades.
De temps en temps Remi regardait l'enfant couché dans le hamac. Il était évident que cet enfant prenait grand plaisir aux exercices, mais il ne bougeait pas; il remuait seulement ses deux mains pour applaudir.
Était-il paralysé? Il avait l'air d'être attaché sur une planche. Il avait les cheveux blonds, son visage était pâle, si pâle qu'on voyait les veines bleues de son front sous sa peau transparente.
—Combien demandez-vous pour les places à votre théâtre? dit la dame.
—On paye selon le plaisir qu'on a éprouvé.
—Alors, maman, il faut payer très cher, dit l'enfant.
Puis il ajouta quelques paroles dans une langue que Remi ne comprenait pas.
—Mon fils Arthur désire voir vos acteurs de plus près, dit la dame.
Remi fit signe à Capi qui sauta dans le bateau.
—Et les autres? cria Arthur.
Zerbino et Dolce sautèrent dans le bateau.
—Et le singe? Est-il méchant?
—Non, madame; mais il n'est pas toujours obéissant.
—Eh bien! embarquez avec lui.
Un homme jeta une planche sur la berge. C'était un pont. Et Remi entra dans le bateau, sa harpe sur l'épaule et Joli-Cœur dans sa main.
TRENTE-TROISIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Le premier repas
—Le singe! Le singe! cria Arthur.
Et il caressa le singe avec un plaisir manifeste.
—Vous avez un père sans doute, mon enfant? demanda la dame à Remi.
—Non, j'ai un maître, mais je suis seul en ce moment.
—Pour longtemps?
—Pour deux mois.
—Deux mois! Oh! mon pauvre petit! Comment! Seul ainsi pour si longtemps à votre âge?
—Oui, madame, répondit Remi d'un ton malheureux.
—Votre maître vous oblige sans doute à lui rapporter une somme d'argent au bout de ces deux mois?
—Non, madame, il ne m'oblige à rien. Si je gagne un peu d'argent pour vivre, il sera content et ma troupe ne sera pas malheureuse.
—Et avez-vous gagné de l'argent jusqu'à ce jour?
La dame parlait avec tant de bonté, sa voix était si tendre, son regard était si affable, que Remi lui dit toute la vérité. Il parla de mère Barberin. Il raconta pourquoi Vitalis avait été condamné à la prison, et comment il lui avait été impossible de gagner un sou depuis son départ de Toulouse.
—Mais alors, cria Arthur, vous avez bien faim! Oh! maman!...
La dame dit quelques mots à une domestique, et la domestique un moment après apporta une petite table servie.
Et Remi et sa troupe firent leur premier repas.
III. Conversation
- 1. Comment Arthur caressa-t-il le singe?
 - 2. Depuis combien de temps Remi est-il seul?
 - 3. Vitalis oblige-t-il Remi à rapporter de l'argent?
 - 4. Que raconta Remi à la dame?
 - 5. Qu'est-ce que la domestique apporta un moment après?
 
IV. Grammaire
FÉMININ DES ADJECTIFS
- un ton malheureux, an unhappy tone.
 - une troupe malheureuse, an unhappy troupe.
 - le premier repas, the first meal.
 - la première leçon, the first lesson.
 
1. Malheureux est un adjectif masculin. Nous formons le féminin des adjectifs terminés par x en changeant x en se: malheureux, malheureuse.
2. Premier est un adjectif masculin. Nous formons le féminin des adjectifs terminés par ier et par er en ajoutant e au masculin et nous mettons un accent grave (`) sur l'e qui précède l'r: premier, première.
3. Nous formons le féminin des adjectifs terminés par f en changeant f en ve: actif, active, active.
4. Nous formons généralement le féminin des adjectifs terminés par une consonne en doublant cette consonne avant d'ajouter e:
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V. Thème
After the first dance, the foreign lady asked: "Will you dance again for my dear little boy?" Remi looked at the sickly face of her little son and answered: "Certainly, I shall be very pleased to dance again and to play a short comedy for you." "Have you no master?" said the good lady. "No, we are alone at this moment, but my troupe is good and obedient and we are not unhappy." The lady was curious; she continued: "Do you earn enough money to live?"
TRENTE-QUATRIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. L'engagement
—Et demain, où dînerez-vous? demanda Arthur.
—Nous aurons peut-être la chance de rencontrer quelques bonnes personnes comme aujourd'hui.
Arthur et sa mère causèrent longuement dans la langue étrangère qu'ils avaient déjà parlée.
—Voulez-vous rester avec nous? demanda Arthur à Remi.
Remi regarda l'enfant malade sans répondre. La question était si extraordinaire.
—Mon fils vous demande si vous voulez rester avec nous, dit la dame d'une voix douce.
—Sur ce bateau?
—Oui, sur ce bateau. Mon fils est malade; les médecins ont ordonné de le tenir attaché sur une planche, et je voyage avec lui sur ce bateau. Vous demeurerez avec nous. Vos chiens et votre singe donneront des représentations à Arthur qui sera leur public. Et vous, mon enfant, vous jouerez de la harpe au vent frais du canal. Ainsi vous nous rendrez service, et nous vous serons peut-être utiles. Vous n'aurez pas à trouver un public, ce qui n'est pas toujours facile pour un enfant de votre âge.
Remi prit la main de la dame et la baisa.
La dame passa affectueusement la main sur le front de l'enfant artiste.
—Pauvre petit! dit-elle.
Et elle donna le signal du départ. Le bateau, entraîné par les chevaux, commença à filer sur les eaux tranquilles du canal, pendant que Remi jouait sur sa harpe les divers morceaux de son répertoire.
III. Conversation
- 1. Arthur et sa mère parlaient-ils français?
 - 2. Que demanda Arthur à Remi?
 - 3. Qu'est-ce que les médecins ont ordonné pour Arthur?
 - 4. Qui sera le public à ces représentations sur le bateau?
 - 5. Que jouait Remi sur sa harpe?
 
IV. Grammaire
ADJECTIFS IRRÉGULIERS
- une voix douce, a sweet voice.
 - le vent frais, the fresh wind.
 
1. Douce est le féminin de l'adjectif doux. Frais est un adjectif masculin; le féminin est fraîche.
2. Nous avons un certain nombre d'adjectifs qui ont au féminin une forme irrégulière:
| Masculin | Féminin | 
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V. Thème
The beautiful lady had a long conversation with Remi. Her voice was sweet and frank. "You will stay with my son. You will talk with him and your comedians will dance for him. You will play his favorite plays. You will certainly be happy here with us on this boat." Remi thanked the lady and kissed her hand affectionately. Some time after, the boat quietly left the bank of the canal. The joy of our little troupe was complete.
TRENTE-CINQUIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Madame Milligan
La vie en bateau était charmante; pas une heure d'ennui ou de fatigue. Arthur était heureux de jouer avec les chiens et le singe; Remi était heureux de contribuer au bonheur de son petit ami et la dame partageait le bonheur de tous.
Le nom de la dame était madame Milligan. C'était une Anglaise. Elle avait eu des malheurs. Elle avait perdu un fils âgé de six mois. Ce fils avait été volé. Toutes les recherches avaient été infructueuses. Puis, après la naissance de son second fils Arthur, M. Milligan était mort. Et maintenant elle consacrait sa vie aux soins de son petit malade. Elle le rendait aussi heureux que possible par cette existence en plein air. Elle remplissait le bateau de tout ce qui amusait l'enfant.
Pour Remi et sa troupe les deux mois passèrent comme un rêve. Après un arrêt de quelques jours dans la vieille ville de Carcassonne, le bateau était arrivé dans la ville de Cette, sur le rivage de la Méditerranée. Le moment approchait où Vitalis allait sortir de prison; les deux mois finissaient dans quelques jours.
—Je vais écrire à votre maître de venir ici, à Cette, dit madame Milligan; je lui enverrai de l'argent pour son voyage.
Trois jours après, la réponse de Vitalis arriva; il acceptait l'aimable invitation.
III. Conversation
- 1. De quelle nationalité était madame Milligan?
 - 2. Quel malheur avait-elle eu?
 - 3. Avait-on fait des recherches pour retrouver ce fils?
 - 4. Le père était-il en vie?
 - 5. Qui envoya de l'argent à Vitalis?
 
IV. Grammaire
IMPARFAIT
Finir, apercevoir, rendre
- Les deux mois finissaient, the two months were ending.
 - Elle le rendait heureux, she was making him happy.
 
1. Finissaient est la troisième personne du pluriel de l'imparfait du verbe finir; rendait est la troisième personne du singulier de l'imparfait du verbe rendre.
2. Les formes de l'imparfait de finir, apercevoir et rendre sont:
| Finir, to finish | Apercevoir, to perceive | Rendre, to return | 
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  | 
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  | 
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3. Nous formons l'imparfait des verbes en changeant la terminaison ~ant du participe présent en ~ais, ~ais, ~ait, ~ions, ~iez, ~aient: parlant, je parlais; finissant, je finissais; apercevant, j'apercevais; rendant, je rendais.
V. Thème
My happiness was complete. We were happy because we were making Arthur happy and Madam Milligan shared our happiness. I used to receive letters from Vitalis every week, and from time to time I sent a little money to the old man whom I loved so much.
One day an interesting letter arrived which announced that he was finishing his last week in prison. In a few days the master arrived. We were then in the little city of Cette, on the shore of the Mediterranean.
TRENTE-SIXIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Arrivée de Vitalis
Remi demanda la permission d'aller à la gare, et, prenant les chiens et Joli-Cœur avec lui, il attendit l'arrivée de son maître.
Les chiens étaient inquiets; Joli-Cœur était indifférent; Remi était terriblement ému.
Les chiens furent les premiers à apercevoir leur maître. Ils coururent joyeusement à lui et s'attachèrent à ses jambes. Capi, plus prompt que ses camarades, sauta dans les bras du vieillard. Remi avança à son tour et Vitalis l'embrassa longuement.
—Bonjour, pauvre chéri! répétait-il.
Le maître n'avait jamais été dur pour Remi, mais il n'avait jamais été aussi caressant que ce jour-là; et le petit garçon avait les larmes aux yeux. Il regardait son maître; il le trouvait vieilli; son visage avait pâli, sa taille n'était pas aussi droite qu'auparavant.
—Tu me trouves changé, mon garçon? dit-il; la prison est un mauvais séjour, et l'ennui une mauvaise maladie. Où est cette dame?
—Elle est à l'hôtel.
Et ils allèrent à l'hôtel.
—Je vais vous conduire à son appartement, dit Remi.
—C'est inutile. Tu me donneras le numéro de sa chambre et tu attendras ici à la porte, avec les chiens et Joli-Cœur.
Vitalis monta tout seul à la chambre de madame Milligan.
III. Conversation
- 1. Quelle permission demanda Remi?
 - 2. Que fit Capi en apercevant son maître?
 - 3. Quelle mine avait le vieillard?
 - 4. Où allèrent-ils?
 - 5. Qui monta chez madame Milligan?
 
IV. Grammaire
DEGRÉS DE COMPARAISON
- plus prompt que ses camarades, quicker than his comrades.
 - moins prompt que ses camarades, less quick than his comrades.
 - aussi prompt que ses camarades, as quick as his comrades.
 
1. Nous avons en français trois manières d'exprimer une comparaison:
- plus prompt que, quicker than
 - moins prompt que, less quick than
 - aussi prompt que, as quick as
 
2. Pour exprimer la forme superlative nous plaçons le, la ou les devant plus ou moins:
- le plus prompt, the quickest
 - le moins prompt, the least quick
 
| Positif | Comparatif | Superlatif | 
|---|---|---|
| droit, straight | 
  | 
  | 
3. Nous comparons les adverbes de la même manière.
| Positif | Comparatif | Superlatif | 
|---|---|---|
| vite, quickly | 
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  | 
V. Thème
We walk more quickly than ever. We arrive early at the station and wait for our master. The dogs are more anxious than the monkey. The train arrives and when Remi perceives his poor master, he jumps into his arms and kisses him. The monkey is as quick as the other comedians and they jump joyously around the old man. Capi is the most affected.
They walk towards the hotel as quickly as possible because Madam Milligan is waiting for Signor Vitalis in her room.
TRENTE-SEPTIÈME LEÇON
LECTURE
I. Étude de mots
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II. La séparation
Quelques minutes après, Vitalis descendit.
—Va faire tes adieux à cette dame, dit-il à Remi; j'attends ici. Nous partons dans dix minutes.
En entrant dans l'appartement, Remi trouva Arthur en larmes et sa mère penchée sur lui pour le consoler.
—Vous n'allez pas partir, Remi? cria Arthur.
Madame Milligan répondit pour Remi. Elle expliqua que Remi était obligé d'obéir.
—J'ai demandé à votre maître de vous garder près de nous, dit-elle, mais il ne veut pas consentir à vous laisser ici.
—C'est un méchant homme, dit Arthur.
—Non, ce n'est pas un méchant homme, dit madame Milligan. Remi lui est utile. Ses paroles sont les paroles d'un honnête homme. Il m'a répondu pour expliquer son refus: "Madame, j'aime cet enfant; il m'aime. Le rude apprentissage de la vie auprès de moi lui sera plus utile que l'état de domesticité déguisée auprès de vous. Si je le laisse ici, vous lui donnerez de l'instruction, c'est vrai; vous formerez son esprit, c'est vrai, mais non son caractère. Je ne peux pas le laisser. Il ne peut pas être votre fils; il sera mon fils."
—Puisqu'il n'est pas le père de Remi! cria Arthur.
—Il n'est pas son père, c'est vrai, mais il est son maître. Remi est à lui, puisque ses parents l'ont loué. Remi doit obéir.
—Je ne veux pas que Remi nous quitte.
—Il faut qu'il accompagne son maître; mais j'espère que ce ne sera pas pour longtemps. Nous écrirons à ses parents. C'est au village de Chavanon que demeure mère Barberin?
—Oui, madame.
Et Remi, les larmes aux yeux, embrassa plusieurs fois le petit Arthur et plusieurs fois madame Milligan.
—Arthur, dit-il en partant, je vous aimerai toujours! Et vous, madame, je ne vous oublierai jamais!
Une minute après, il était auprès de son maître.
—En route! dit Vitalis.
Et ils sortirent de Cette par la route de Frontignan.
TRENTE-HUITIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. La neige
La troupe voyagea sans accident à travers une bonne partie de la France, passant par Montpellier, Nîmes, Avignon, Lyon, Dijon. Après avoir quitté Dijon, ils traversèrent les collines de la Côte d'Or où le froid était excessif. Joli-Cœur, que son maître portait sous sa veste, était plus triste que les autres.
Le but de Vitalis était de gagner Paris, car à Paris seulement ils avaient la chance de donner quelques représentations pendant l'hiver, avec de meilleures recettes que dans les petites villes.
Entre Châtillon et Troyes le pays qu'ils traversaient était d'une tristesse lugubre que le silence augmentait encore. Personne sur la route, personne dans les champs, pas un bruit de voiture, pas un coup de fouet.
Bientôt quelques flocons de neige, larges comme des papillons, passèrent devant leurs yeux; ils montaient, ils descendaient, tourbillonnaient sans toucher la terre.
Une tempête de vent et de pluie est mauvaise; une tempête de neige est encore pire.
Bientôt la neige ne tomba plus comme des papillons; elle tomba serrée et les enveloppa de tous côtés.
—Si la neige continue, nous chercherons un abri dans la première maison que nous rencontrerons.
La neige continua; la neige augmenta.
III. Conversation
- 1. Par quelles villes passèrent-ils?
 - 2. Quel était le but de Vitalis?
 - 3. Comment les flocons de neige passaient-ils devant leurs yeux?
 - 4. Y avait-il du monde sur la route et dans les champs?
 - 5. Pourquoi chercheront-ils un abri?
 
IV. Grammaire
DEGRÉS DE COMPARAISON
Bon, mauvais, bien, mal
- avec de meilleures recettes, with better receipts.
 - Une tempête de neige est encore pire, a snowstorm is still worse.
 
1. Meilleures est le comparatif féminin pluriel de bon; pire est le comparatif féminin singulier de mauvais.
2. Nous avons en français deux adjectifs qui ont une forme irrégulière pour le comparatif.
| Positif | Comparatif | Superlatif | 
|---|---|---|
  | 
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  | 
3. Nous avons aussi deux adverbes qui ont une forme irrégulière pour le comparatif.
| Positif | Comparatif | Superlatif | 
|---|---|---|
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V. Thème
The little troupe traveled through a better country. The weather was bad on the road, but it was still worse on the hills. Remi's sadness increased when they left the city of Cette, for he loved Madam Milligan and Arthur.
They walked a long time without accident. Capi was certainly the best dog of the troupe; he obeyed his master much better than the others. Everybody thought that Joli-Cœur was the worst; in reality, he was not as bad as Zerbino.
TRENTE-NEUVIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Les loups
Vitalis, qui regardait toujours à droite et à gauche, aperçut près de la route une hutte couverte de neige. Ils entrèrent. C'était une hutte de bûcheron. Cinq ou six briques formaient un foyer dans un coin, et ils allumèrent un feu de bois. Joli-Cœur écarta la veste de son maître, sauta vivement à terre, et, prenant la meilleure place devant le feu, il présenta à la flamme ses deux petites mains.
Vitalis, qui était un homme de précaution, tira de son sac du pain et du fromage, et donna à chacun sa part de ce maigre repas. Zerbino avala vite son morceau.
—Tu as déjà fini, Zerbino, dit Vitalis; c'est tout le souper de ce soir; il est inutile de demander.
Et il dit à Remi:
—Je ne sais pas à quelle distance nous sommes du village; nous passerons la nuit ici.
Nuit terrible! Vitalis et Remi dormaient tranquillement; un hurlement formidable éclata dans le silence.
—Les loups! cria Vitalis, réveillé en sursaut. Où sont Zerbino et Dolce?
Zerbino et Dolce étaient sortis.
—Prends un tison, et allons à leur secours.
Ils cherchèrent longtemps. Vitalis siffla, appela ses chiens, siffla encore; rien. Les loups avaient emporté Zerbino et Dolce.
III. Conversation
- 1. Où était la hutte?
 - 2. Qu'est-ce qui formait le foyer?
 - 3. Que fit Joli-Cœur, une fois dans la hutte?
 - 4. Quand entendirent-ils les hurlements des loups?
 - 5. Zerbino et Dolce étaient-ils dans la hutte?
 
IV. Grammaire
PASSÉ INDÉFINI
Finir, apercevoir, rendre
- Tu as déjà fini, you have already finished.
 
1. Tu as fini est la deuxième personne du singulier du passé indéfini du verbe finir.
2. Les formes du passé indéfini de finir, apercevoir et rendre sont:
| Finir, to finish | Apercevoir, to perceive | 
  | 
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  | 
  | 
| Rendre, to return | |
  | 
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PARTICIPE PASSÉ
Finir, apercevoir, rendre
1. i est la terminaison du participe passé des verbes de la deuxième conjugaison: fini, finished; choisi, chosen.
2. u est la terminaison du participe passé des verbes de la troisième conjugaison: aperçu, perceived; reçu, received.
3. u est aussi la terminaison du participe passé des verbes de la quatrième conjugaison: rendu, returned; répondu, answered.
V. Thème
The snow continued to fall; I looked to the right and to the left to find a shelter for the night. At last we found a woodcutter's hut where we immediately lit a good fire. We began to eat our meal in front of the fireplace. We spent a terrible night in that hut because the wolves were at the door.
After our meal we noticed that Dolce and Zerbino were not there. They had left the house and evidently the wolves had carried away the poor little dogs.
QUARANTIÈME LEÇON
REVUE
I. Grammaire
1. Comment formons-nous le pluriel des noms terminés par ou?
2. Donnez le pluriel des noms suivants: le bijou, le caillou, le chou, le genou, le hibou, le joujou.
3. Comment formons-nous le pluriel des noms terminés par s, x, z? Par al? Par eau et eu?
4. Comment formons-nous le féminin des adjectifs terminés par eux? Par ier? Par f?
5. Comment formons-nous généralement le féminin des adjectifs terminés par une consonne?
6. Donnez le féminin des adjectifs suivants: favori, franc, vieux, beau, complet, sec, long, blanc, frais, doux.
7. Donnez l'imparfait des verbes: remplir, to fill; recevoir, to receive; vendre, to sell.
8. Donnez le passé indéfini des verbes: choisir, to choose; recevoir, to receive; perdre, to lose.
9. Donnez les degrés de comparaison de l'adjectif riche, rich, et de l'adverbe souvent, often.
10. Donnez les degrés de comparaison des adjectifs bon, mauvais, et des adverbes bien, mal.
II. Exercices
1. Mettez les verbes qui sont entre parenthèses à la première personne et à la troisième personne du singulier, et à la deuxième personne du pluriel de l'imparfait:
- (Dépenser) les trois sous. (Attendre) un domestique. (Finir) la pièce. (Passer) trois semaines à Paris. (Être) si content. (Avoir) les larmes aux yeux. (Perdre) de l'argent.
 
2. Mettez les verbes des phrases suivantes à la forme interrogative de la troisième personne du singulier, de la deuxième et de la troisième personne du pluriel du passé indéfini:
- Je regarde à droite. J'aperçois une hutte. J'allume un feu de bois. Je finis un maigre repas. Je passe la nuit ici. J'entends un hurlement dans la nuit.
 
QUARANTE ET UNIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. M. Joli-Cœur
Ils rentrèrent dans la hutte; Joli-Cœur avait disparu.
—Par ce froid abominable, dit Vitalis, il va prendre froid et pour lui le froid sera mortel. Cherchons.
Vitalis appela; Remi l'appela à son tour; il ne se montra pas. Autour de la hutte, rien.
À la première clarté du jour, ils sortirent pour continuer leurs recherches. Capi, qui cherchait avec ses maîtres, leva la tête et aboya joyeusement. Joli-Cœur était blotti sur la branche d'un arbre. Vitalis l'appela, mais la bête ne donna pas signe de vie. Alors, Remi grimpa sur l'arbre pour aller le chercher. Le singe descendit aussitôt de branche en branche et sauta sur l'épaule de son maître. À la clarté du jour, Vitalis et Remi virent que la neige était ensanglantée; cette neige racontait clairement l'histoire de la mort des chiens.
Vitalis rentra dans la hutte, présenta au feu les pieds et les mains de Joli-Cœur et l'enveloppa dans une couverture bien chaude.
—Il faut gagner un village, dit Vitalis, ou Joli-Cœur va mourir ici. Nous serons heureux s'il ne meurt pas en route.
Il était difficile de marcher dans la neige, mais la nécessité donnait des jambes à nos voyageurs. Ils arrivèrent à un gros village et entrèrent dans la meilleure auberge. Malgré les tendres soins de Vitalis et d'un médecin, Joli-Cœur mourut d'une fluxion de poitrine.
—Nous avons perdu Zerbino, Dolce et Joli-Cœur, dit tristement Vitalis. J'ai été coupable de t'enlever à madame Milligan. Je suis puni.
III. Conversation
- 1. Quand sortirent-ils pour continuer leurs recherches?
 - 2. Où était Joli-Cœur?
 - 3. Pourquoi Remi grimpa-t-il sur l'arbre?
 - 4. Quels soins Vitalis a-t-il donnés au singe?
 - 5. De quelle maladie mourut le singe?
 
IV. Grammaire
PASSÉ DÉFINI
Finir, apercevoir, rendre
- Le singe descendit, the monkey descended.
 
1. Descendit est la troisième personne du singulier du passé défini du verbe descendre.
2. Les formes du passé défini de finir, apercevoir et rendre sont:
| Finir, to finish | Apercevoir, to perceive | 
  | 
  | 
  | 
  | 
| Rendre, to return | |
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V. Thème
I lost Joli-Cœur. I called and looked all around the hut. I walked a long time in the snow but found nothing. Capi looked also and at last found Joli-Cœur on the branch of a tree. I returned to the hut with Joli-Cœur in my arms. Vitalis immediately wrapped Joli-Cœur in a warm blanket, but in spite of our tender care the poor little monkey died.
QUARANTE-DEUXIÈME LEÇON
I. Étude de mots
  | 
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II. La maladie
Avant d'arriver à Paris, Vitalis expliqua ses plans à Remi.
—Nous donnerons d'abord quelques représentations avec Capi; nous gagnerons assez d'argent pour nous permettre de vivre. Après cela, je donnerai des leçons de violon, et toi, tu étudieras la musique et le chant chez un de mes amis.
Et ce programme fut exécuté très exactement. Vitalis donna des leçons de violon; Remi étudia la musique et le chant avec un maître italien, appelé Garofoli. Seulement, Vitalis ne gagnait pas autant d'argent qu'il avait espéré, et, un soir du mois de février, la misère l'obligea à quitter la ville.
—Où allons-nous? demanda Remi.
—À Gentilly, pas loin d'ici. Nous trouverons une carrière où j'ai couché autrefois.
Vitalis marchait courbé en deux; malgré le froid, sa main brûlait.
—Vous êtes malade? lui demanda Remi.
—Je le crains; en tout cas, je suis fatigué. Les marches de cet hiver ont été trop longues pour mon âge, et le froid est trop rude pour mon vieux sang. Combien de jours vivrai-je encore? Je ne sais pas.
Le vent soufflait avec violence. Ils marchèrent plus d'une heure dans l'obscurité.
—Il faut prendre un peu de repos, dit Vitalis; je suis épuisé.
Et il se coucha contre la porte d'un jardin, sur un tas de paille.
—Place-toi contre moi, dit-il à Remi, et mets Capi sur toi; il te passera un peu de sa chaleur.
III. Conversation
- 1. Quels étaient les plans de Vitalis?
 - 2. Le programme fut-il exécuté?
 - 3. Chez qui Remi étudia-t-il la musique et le chant?
 - 4. Pourquoi Vitalis était-il si fatigué?
 - 5. Combien de temps marchèrent-ils dans l'obscurité?
 
IV. Grammaire
ADVERBES DE QUANTITÉ
- Combien de jours vivrai-je? How many days shall I live?
 - Nous gagnerons assez d'argent, we shall earn enough money.
 - Vitalis ne gagnait pas autant d'argent, Vitalis was not earning as much money.
 
1. Combien est un adverbe de quantité; assez est un adverbe de quantité; autant est un adverbe de quantité.
2. Après un adverbe de quantité nous employons la préposition de ou d' devant le nom.
3. Les principaux adverbes de quantité sont:
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V. Thème
It was difficult now to give performances with so few artists. Vitalis did not have much money. He gave some violin lessons and earned a little money. This money lasted several weeks. Vitalis was sick. Remi was worn out. How will the little troupe earn enough money for the winter? How many weeks will they stay in that city? Soon they left the city. They walked more than three hours in spite of the snow and the cold.
QUARANTE-TROISIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Pauvre Vitalis!
Remi était dans un lit; la flamme d'un grand feu éclairait la chambre où il était couché. Il regardait autour de lui.
Il ne connaissait pas cette chambre. Il ne connaissait pas les figures qui l'entouraient: un homme en veste grise et en sabots, une jeune fille, et deux ou trois enfants.
—Vitalis? dit Remi.
—Il demande son père, dit la jeune fille.
—Ce n'est pas mon père, c'est mon maître; où est-il? Où est Capi?
L'homme à la veste grise raconta alors que le matin, de bonne heure, il les avait trouvés couchés à la porte de son jardin, que Vitalis était mort, mort de froid et que lui, Remi, avait conservé un peu de chaleur au cœur, grâce au chien couché sur sa poitrine. Les sergents de ville avaient emporté Vitalis sur un brancard.
—Pauvre Vitalis! murmura Remi. Et le chien, Capi, où est-il?
—Je ne sais pas; il a disparu.
—Il a suivi le brancard, dit l'un des enfants; mais soyez tranquille il ne perdra pas son chemin; il sera bientôt ici.
La petite fille apporta une assiette pleine de soupe. Remi avala la soupe en quelques secondes.
—Tu rempliras une autre assiette, dit le jardinier; cet enfant a faim.
—Oh! oui, dit Remi, j'ai faim; je n'ai pas dîné hier. Et il mangea une autre assiettée de soupe.
III. Conversation
- 1. Remi connaissait-il les personnes qui l'entouraient?
 - 2. Où avait-on trouvé Vitalis et Remi?
 - 3. Sur quoi avait-on emporté Vitalis?
 - 4. Qui avait suivi le brancard?
 - 5. Qu'est-ce que la petite fille apporta?
 
IV. Grammaire
FUTUR
Finir, apercevoir, rendre
- Tu rempliras une autre assiette, you will fill another plate.
 - Il ne perdra pas son chemin, he will not lose his way.
 
1. Tu rempliras est la deuxième personne du singulier du futur du verbe remplir; il perdra est la troisième personne du singulier du futur du verbe perdre.
2. Les formes du futur de finir, apercevoir et rendre sont:
| Finir, to finish | Apercevoir, to perceive | Rendre, to return | 
| I shall finish the piece, etc. | I shall perceive the village, etc. | I shall return the money, etc. | 
  | 
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3. Nous formons le futur des verbes en changeant ~r, ~oir ou ~re de l'infinitif en ~rai, ~ras, ~ra, ~rons, ~rez, ~ront: parler, je parlerai; finir, je finirai; apercevoir, j'apercevrai; rendre, je rendrai.
V. Thème
There was a man in the room and two or three children. I asked: "Where is my master? Where is my faithful Capi?" The man then told the story. He found Vitalis dead at the door of the garden. Policemen had carried Vitalis away and Capi had followed his master.
"My good master is dead!"
"Yes," said the man, "but you will stay with my children. They will take care of you, my poor little child. You will not lose Capi. I am sure that he will soon be here."
QUARANTE-QUATRIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Sans parents
—Comment! dit le jardinier, tu n'as pas dîné hier?
—Non, monsieur.
—Il n'a pas mangé plus que moi.
—Alors il est mort autant de faim que de froid.
Comme la soupe avait rendu la force au petit garçon, il se leva pour partir.
—Où veux-tu aller?
—Je ne sais pas.
—Tu as des amis à Paris?
—Non.
—Des gens de ton pays?
—Personne.
—Où est ton logement?
—Nous n'avons pas de logement; nous sommes arrivés de province.
—Que veux-tu faire?
—Jouer de la harpe, chanter mes chansons et gagner ma vie.
—Où cela?
—À Paris.
—Je te conseille de retourner dans ton pays, chez tes parents. Où demeurent tes parents?
—Je n'ai pas de parents.
—Tu as dit que le vieux à barbe blanche n'était pas ton père?
—Je n'ai pas de père.
—Et ta mère?
—Je n'ai pas de mère.
—Tu as bien un oncle, une tante, des cousins, des cousines, quelqu'un?
—Non, personne. Mon maître m'avait acheté au mari de ma nourrice. Je suis un enfant trouvé.
III. Conversation
- 1. De quoi Vitalis est-il mort?
 - 2. Qu'est-ce qui avait rendu la force au petit garçon?
 - 3. Remi a-t-il des amis à Paris?
 - 4. A-t-il des parents?
 - 5. Quel conseil le jardinier lui donna-t-il?
 
IV. Grammaire
AUXILIAIRES
- Il n'a pas mangé, he has not eaten.
 - Nous sommes arrivés, we have arrived.
 
1. Il n'a pas mangé est la troisième personne du singulier du passé indéfini du verbe manger (forme négative). Nous formons le passé indéfini et les autres temps composés de presque tous les verbes français avec l'auxiliaire avoir et le participe passé du verbe.
2. Nous sommes arrivés est la première personne du pluriel du passé indéfini du verbe arriver. Nous formons le passé indéfini et les autres temps composés de quelques verbes avec l'auxiliaire être et le participe passé du verbe. Les plus importants de ces verbes sont:
| Infinitif | Participe passé | 
  | 
  | 
3. Le participe passé des verbes conjugués avec l'auxiliaire être s'accorde avec le sujet en genre et en nombre.
| { | 
  | 
{ | 
  | 
| { | 
  | 
{ | 
  | 
| { | 
  | 
{ | 
  | 
V. Thème
"Yes, I am hungry," said Remi; "I have eaten nothing. We went away yesterday. We walked a long time. We arrived in front of your house. My master was very weak. He fell, worn out, near the gate of your garden. I went to look for a doctor, but my master died during the night. Your children came to the gate and immediately they went to get their father. You have saved a very unfortunate boy."
QUARANTE-CINQUIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Retour de Capi
À ce moment, la petite fille prit la main de Remi et lui montra sa harpe.
—Vous voulez que je joue? demanda Remi.
—Oui, dit le père, joue quelque chose.
Et Remi, malgré la tristesse de son cœur, joua une valse.
—Ma fille est heureuse de t'entendre jouer. Écoute, Remi, si tu veux rester, tu travailleras, tu vivras avec nous. Ce n'est pas la fortune que je te propose, ni la fainéantise. Si tu acceptes, tu travailleras sans doute, mais tu ne seras pas exposé à mourir de faim, et tu auras une famille.
Remi réfléchissait à cette bonne proposition, quand on entendit un grattement à la porte et un aboiement plaintif.
La petite fille courut ouvrir la porte et Capi sauta d'un bond dans les bras de Remi; tout son corps tremblait de joie.
—Si tu restes, Capi restera avec toi, ajouta le jardinier, M. Acquin.
Remi n'hésita plus; il promit de rester.
—Maintenant, dit M. Acquin, il faut aller chez le commissaire qui désire te voir.
Et M. Acquin emmena Remi au bureau du commissaire.
—Répondez bien à toutes mes questions, dit le commissaire.
Et il interrogea longuement le garçon sur Vitalis et sur lui.
—Et maintenant, qu'allez-vous faire? demanda le commissaire.
—Je garderai ce garçon, dit M. Acquin, si vous voulez me le confier.
Le commissaire félicita le jardinier pour sa bonne action.
III. Conversation
- 1. Que proposa le jardinier à Remi?
 - 2. Qu'est-ce qu'on entendit à la porte?
 - 3. Qui courut ouvrir la porte?
 - 4. Où M. Acquin emmena-t-il Remi?
 - 5. Quelle réponse M. Acquin fit-il au commissaire?
 
IV. Grammaire
IMPÉRATIF
Être, avoir, parler, finir, apercevoir, rendre
- Joue quelque chose, play something.
 - Répondez bien à toutes mes questions, answer well all my questions.
 
1. Joue est la deuxième personne du singulier de l'impératif du verbe jouer; répondez est la deuxième personne du pluriel de l'impératif du verbe répondre.
2. Les formes de l'impératif des verbes être et avoir sont:
| Être | Avoir | 
|---|---|
  | 
  | 
3. Les formes de l'impératif des verbes parler, finir, apercevoir, rendre sont:
| Parler | Finir | 
|---|---|
  | 
  | 
| Apercevoir | Rendre | 
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V. Thème
"Show your harp to my little girl," said the father. "Now play something for us."
And Remi played a waltz for his friends.
After a few moments, Mr. Acquin said: "Stay with us, Remi. Do not return to your country. You will be happy here. You will work in my garden. And Capi will stay with us also."
Remi accepted the proposition. He stayed more than two years with Mr. Acquin.
QUARANTE-SIXIÈME LEÇON
LECTURE
I. Étude de mots
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II. Carlo Balzani
—Je ne suis pas encore satisfait, ajouta le commissaire, je désire avoir d'autres renseignements sur le signor Vitalis. Il faut aller chez ce maître de musique, appelé Garofoli, et l'interroger.
Ils allèrent chez Garofoli. Le commissaire expliqua le motif de sa visite.
—Ah! le pauvre vieux est mort! dit le musicien.
—Vous le connaissiez?
—Parfaitement.
—Eh bien! dites-moi ce que vous savez.
—C'est bien simple. Son nom n'était pas Vitalis; son véritable nom était Carlo Balzani. Toute l'Italie connaissait ce nom, il y a trente-cinq ou quarante ans. Carlo Balzani était le chanteur le plus fameux d'Italie, et ses succès sur nos grandes scènes ont été célèbres. Mais le jour est arrivé où il a perdu la voix. Alors, ne voulant pas amoindrir sa gloire, il a pris le nom de Vitalis. Il a voyagé en France à la tête d'une troupe de chiens savants. Dans sa misère, il avait conservé sa fierté; il ne voulait pas profaner le nom de Carlo Balzani.
—Pauvre Carlo Balzani! Cher Vitalis! murmura Remi.
Après toutes ces émotions, le pauvre Remi tomba malade d'une fluxion de poitrine. Les bons soins ne lui manquèrent pas; il guérit bien vite.
Il passa plus de deux ans chez M. Acquin, heureux d'avoir une famille.
—Je suis trop heureux, disait-il souvent, ça ne durera pas.
Les mauvais jours arrivèrent: la pluie, la grêle et les mauvaises affaires précipitèrent la ruine de M. Acquin. La famille fut obligée de se disperser et Remi fut obligé de reprendre sa vie d'artiste.
Remi et son chien quittèrent la maison de M. Acquin pour rentrer dans Paris.
Le soleil était haut à l'horizon, le ciel pur, le temps chaud. Cela ne ressemblait pas à la nuit glaciale où ils étaient tombés de fatigue devant la porte du jardin.
QUARANTE-SEPTIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Mattia
Place de l'Étoile, près de l'Arc de Triomphe, notre jeune artiste rencontra un de ses anciens camarades de chez Garofoli, appelé Mattia, qui jouait très bien du violon et qui mourait de faim.
—J'allais vendre mon violon, dit Mattia, pour avoir quelque chose à manger. Et toi, que fais-tu?
—Je suis chef de troupe, répondit Remi.
—Veux-tu m'engager dans ta troupe?
—Mais voilà toute ma troupe, dit Remi en montrant son chien.
—Eh bien! Qu'importe! Nous serons deux. Ne m'abandonne pas. Je joue du violon et de plusieurs autres instruments, je danse à la corde, je chante, je passe dans les cerceaux; je serai ton domestique, je t'obéirai, je ne te demande pas d'argent, la nourriture seulement.
—Avec moi, dit Remi, tu n'es pas sûr d'avoir ta nourriture; tu as autant de chances de mourir de faim que tout seul.
—Non, quand on est deux on ne meurt pas de faim; l'un aide l'autre.
—Eh bien! j'accepte! dit Remi touché de cette bonté. Seulement tu ne seras pas mon domestique; tu seras mon camarade. Ma vie sera la tienne; tes souffrances seront les miennes.
Et quelques instants après, Remi et Mattia sortirent de Paris.
On marchait facilement sur la terre durcie. L'air était doux; le soleil d'avril brillait dans un ciel bleu sans nuages.
III. Conversation
- 1. Qui était Mattia?
 - 2. Pourquoi allait-il vendre son violon?
 - 3. De quels instruments jouait-il?
 - 4. Meurt-on de faim quand on est deux?
 - 5. Y avait-il des nuages dans le ciel quand ils sortirent de Paris?
 
IV. Grammaire
PRONOMS POSSESSIFS
- Tes souffrances seront les miennes, your sufferings will be mine.
 - Ma vie sera la tienne, my life will be yours.
 
1. Les miennes est la forme de la troisième personne du féminin pluriel du pronom possessif; la tienne est la forme de la deuxième personne du féminin singulier du pronom possessif.
2. Le pronom possessif prend le genre et le nombre du nom qu'il remplace.
| Singulier | Pluriel | |||
|---|---|---|---|---|
| Masculin | Féminin | Masculin | Féminin | |
  | 
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  | 
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V. Thème
Remi and his dog stayed three years at Mr. Acquin's house. "My life here is happy," said Remi one day, "and yours also, I hope." "Yes, my boy, if your anxiety was great during your illness, mine was as great as yours." Bad business obliged Mr. Acquin to send away the two little artists. Remi left the house with Capi and went to Paris, where he met a friend called Mattia. As Remi was the head, he gave Mattia a place in his troupe. "My profits will be yours; your success will be mine," said Remi. Mattia, Remi, and the dog left Paris.
QUARANTE-HUITIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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II. Le bal
Ils allaient devant eux, donnant des représentations dans toutes les villes, dans tous les villages qu'ils traversaient.
Un jour ils aperçurent dans la cour d'une ferme des hommes et des femmes endimanchés; les hommes portaient des bouquets à la boutonnière; les femmes avaient des bouquets à leur corsage; c'était une noce.
Remi entra dans la cour, son chapeau à la main, et demanda s'ils ne désiraient pas avoir des musiciens pour les faire danser.
—Oui, oui, la musique, la musique! crièrent des voix d'hommes et de femmes.
—En place pour le quadrille!
Les musiciens montèrent sur une charrette, et le bal commença.
Quelques moments après, un gros homme apporta un cornet à piston.
—Un de vous sait-il jouer du cornet à piston? demanda-t-il.
—Oui, moi, dit Mattia.
—Eh bien! voilà un cornet à piston, jouez. Le violon c'est joli, mais il ne fait pas assez de bruit.
La recette fut bonne ce jour-là; vingt-huit francs, une fortune pour nos pauvres musiciens. Et les gens de la noce les invitèrent à dîner. Comme la nuit était arrivée, le fermier les invita à la passer dans sa grange.
Le lendemain, ils quittèrent cette maison hospitalière avec plus de courage et plus de confiance dans l'avenir.
Chaque fois qu'ils traversaient une rivière ou un canal, Remi pensait à madame Milligan, au petit Arthur, et il cherchait des yeux le bateau de plaisance, nommé le Cygne.
Il pensait aussi à mère Barberin, le bon Remi.
III. Conversation
- 1. Qui aperçurent-ils dans la cour d'une ferme?
 - 2. Que portaient les hommes?
 - 3. Que portaient les femmes?
 - 4. Où montèrent les musiciens?
 - 5. La recette fut-elle bonne?
 
IV. Grammaire
PRONOMS PERSONNELS
(Complément direct)
- Comme la nuit était arrivée, le fermier les invita à la passer dans sa grange, as the night had come, the farmer invited them to spend it in his barn.
 
1. Les est un pronom personnel de la troisième personne du pluriel. La est un pronom personnel de la troisième personne du singulier.
2. Ces deux pronoms sont des compléments directs.
3. Nous plaçons le pronom personnel complément direct devant le verbe.
| (Complément direct) | |
|---|---|
| Singulier | Pluriel | 
  | 
  | 
- Invitez-le, invite him.
 - Invitez-moi, invite me.
 
4. À l'impératif affirmatif nous plaçons le pronom personnel complément direct après le verbe et au lieu de me et te nous employons moi et toi par euphonie.
V. Thème
We gave performances in all the small cities. Everybody liked them. One day we entered a farmyard where there were many men and women. It was a wedding. They requested me to play a waltz. We played several dances and the host invited us to dinner. We left him and continued our journey with more courage. When we crossed a river or a canal, Remi looked for Madam Milligan; he hoped to find her.
QUARANTE-NEUVIÈME LEÇON
I. Étude de mots
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