Le Sud-Oranais: études floristiques et phytogéographiques faites au cours d'une exploration dans le Sud-Ouest de l'Algérie en 1901
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Title: Le Sud-Oranais: études floristiques et phytogéographiques faites au cours d'une exploration dans le Sud-Ouest de l'Algérie en 1901
Author: B. P. G. Hochreutiner
Contributor: John Briquet
Jules Cardot
Alfredo Corti
P. Hennings
W. Migula
W. Schmidle
Alexander Zahlbruckner
Release date: February 24, 2025 [eBook #75454]
Language: French
Original publication: Genève: Imprimerie Romet, 1904
Credits: Galo Flordelis (This file was produced from images generously made available by the Biblioteca Digital del Real Jardín Botánico)
LE SUD-ORANAIS
ÉTUDES FLORISTIQUES
ET PHYTOGÉOGRAPHIQUES
faites au cours d’une exploration dans le
Sud-Ouest de l’Algérie en 1901
PAR
B. P. G. HOCHREUTINER, Dr sc.
Privat-docent a l’Université
de Genève
Assistant a l’Herbier Delessert
Attaché a l’Institut botanique de Buitenzorg (Java)
Avec 5 zincogravures ou vignettes dans le texte et 22 planches.
Mission officielle de la Ville de Genève en 1901
(Extrait de l’Annuaire du Conservatoire et du
Jardin botaniques
de Genève, années VII-VIII. 1903-1904.)
GENÈVE
IMPRIMERIE ROMET, 26, BOULEVARD DE PLAINPALAIS
15 avril 1904
TABLE DES MATIÈRES
| Pages. | |
| Introduction | 1 |
| PREMIÈRE PARTIE. — Récit de voyage | 4 |
| DEUXIÈME PARTIE. — Phytogéographie | 21 |
| Chapitre I. — Les oasis et les points d’eau | 24 |
| § 1. Oasis proprement dites | 24 |
| § 2. Points d’eau | 27 |
| § 3. Sources de montagne | 29 |
| § 4. Conclusions | 29 |
| Chapitre II. — Les dunes | 31 |
| Chapitre III. — Les steppes | 35 |
| § 1. Steppes à une espèce exclusive | 39 |
| § 2. Steppes sablonneux | 40 |
| § 3. Steppes rocailleux | 42 |
| § 4. Steppes limoneux | 43 |
| § 5. Steppes composites | 44 |
| § 6. Conclusions | 45 |
| Chapitre IV. — Les montagnes | 46 |
| § 1. Zone inférieure à caractère steppique | 47 |
| § 2. Zone moyenne plus ou moins boisée | 49 |
| § 3. Zone supérieure boisée | 58 |
| § 4. Conclusions | 74 |
| Chapitre V. — Rochers désertiques du Sud | 75 |
| Chapitre VI. — Conclusions générales | 80 |
| § 1. Migrations des flores | 80 |
| § 2. Influences locales | 86 |
| § 3. Comparaison avec la flore européenne | 88 |
| TROISIÈME PARTIE. Enumération des espèces accompagnée d’observations floristiques et biologiques | 91 |
| I. — Cryptogames vasculaires | 91 |
| II. — Gymnospermes | 92 |
| III. — Monocotyledoneæ | 98 |
| IV. — Dicotyledoneæ | 108 |
| Appendice. | |
| Enumération des Mousses récoltées par M. Hochreutiner en Algérie, par J. Cardot | 218 |
| Fungi Oranenses Hochreutinerani, auctore P. Hennings | 221 |
| Lichenes Oranenses Hochreutinerani, auctore A. Zahlbruckner | 233 |
| Algæ Hochreutineranæ Oranenses, auctoribus W. Migula et W. Schmidle | 227 |
| Su alcuni Zoocecidii d’Algeria raccolti dal Dott. Hochreutiner, appunti critico-descrittivi del Dott. Alfredo Corti | 229 |
| Liste des insectes récoltés par M. Hochreutiner dans le Sud-Oranais | 234 |
| Index | 236 |
| Errata | 276 |
ILLUSTRATIONS
| Page | 38 (17) | Le marché de l’orge à Aïn-Sefra. |
| » | 38 (17) | Presse pour étendre les plaques de liège et les lier. |
| » | 41 (20) | [Cavalier] |
| Face à | 53 (32) | Campement d’Aïn-Aïssa |
| » | 57 (36) | Récolte du chêne-liège en Grande-Kabylie. |
| PLANCHES HORS TEXTE | ||
| Pl. I | Fig. 1. | Aïn Sefra : le Ksar (village arabe) et les jardins avec les puits à contrepoids destinés à l’irrigation. |
| Pl. II | Fig. 2. | Oasis de Tiloula |
| » | Fig. 3. | Oasis de Tiout |
| Pl. III | Fig. 4. | Oasis et Ksar de Mograr Foukani |
| Pl. IV | Fig. 5. | Bords de l’oued près Duveyrier |
| » | Fig. 6. | Touffe de drin sur la dune d’Aïn Sefra |
| Pl. V | Fig. 7. | Aïn Sefra. — La redoute et les casernes |
| » | Fig. 8. | Sommet de la dune d’Aïn Sefra |
| Pl. VI | Fig. 9. | Steppe rocailleux près de Tiloula |
| » | Fig. 10. | Dépression limoneuse dans le Faidjet-el-Betoum |
| Pl. VII | Fig. 11. | Gare fortifiée du Kreider près du Chott Ech-Chergui |
| » | Fig. 12. | Buisson de Zizyphus Lotus dans la plaine près Aïn Sefra |
| Pl. VIII | Fig. 13. | Le Ras-ed-Dib près de Duveyrier |
| » | Fig. 14. | Steppe d’alfa au-delà de Tiloula |
| Pl. IX | Fig. 15. | Aïn Sefra : village européen, les casernes, la dune et le Djebel Mekter |
| Pl. X | Fig. 16. | Panorama du Ras Chergui |
| Pl. XI | Fig. 17. | Djenien-bou-Rezg : le jardin des officiers |
| Pl. XII | Fig. 18. | Mécheria et le Djebel Antar |
| Pl. XIII | Fig. 19. | Ravin au pied du Djebel Morghad |
| » | Fig. 20. | Aïn Aïssa (la source de Jésus-Christ) |
| Pl. XIV | Fig. 21. | Arête W. du Djebel Aïssa, Poste optique |
| » | Fig. 22. | Djebel Morghad : pied des escarpements rocheux de l’arête |
| Pl. XV | Fig. 23. | Forêt de pins au Djebel Aïssa |
| » | Fig. 24. | Djebel Morghad : versant occidental de l’arête |
| Pl. XVI | Fig. 25. | Poste optique au sommet du Ras Chergui |
| » | Fig. 26. | Le col de Merbah |
| Pl. XVII | Lolium Trabutii Hochreut. | |
| Pl. XVIII | Silene oranensis Hochreut. | |
| Pl. XIX | Muricaria Battandieri Hochr. var. subintegrifolia — var. genuina | |
| Pl. XX | Satureia Hochreutineri Briq. | |
| Pl. XXI | Perralderia Dessignyana Hochreut. | |
| Pl. XXII | Atractylis Babelii Hochreut. | |
(Extrait de l’Annuaire du Conservatoire et du Jardin botaniques de Genève. 7me année, 1903.)
LE
SUD-ORANAIS
ÉTUDES FLORISTIQUES ET
PHYTOGÉOGRAPHIQUES
faites au cours d’une exploration dans le
Sud-Ouest de l’Algérie en 1901
PAR
B. P. G. HOCHREUTINER
INTRODUCTION
Le plan du présent travail a dû être considérablement modifié à cause de notre départ inopiné pour Buitenzorg ; nous nous en tiendrons donc à une énumération de nos collections systématiques, à un court récit de voyage et à une étude rapide des formations que nous avons eu l’occasion d’observer dans le Sud. Quant à la partie floristique, nous avons appliqué d’une façon aussi rigoureuse que possible les principes de nomenclature adoptés à l’Herbier Delessert, à savoir : le Code de 1867 mitigé jusqu’à nouvel ordre pour la nomenclature générique par le principe de la prescription cinquantenaire. Toutefois nous ne citons pas l’auteur princeps entre parenthèse pour les espèces transférées d’un genre dans un autre parce que, dans ce cas, nous donnons, autant que faire se peut, la citation de la synonymie en entier.
La bibliographie a été réduite au strict minimum, et quoique nous ayons eu constamment sous les yeux les travaux remarquables des Cosson, Battandier et Trabut, John Ball, Murbeck, Bonnet et Barratte, Boissier, Desfontaines, nous ne citerons ces ouvrages que lorsque cela pourra contribuer à éclaircir la notion d’une espèce.
On s’étonnera peut-être du grand nombre de variétés nouvelles que nous avons décrites, cette circonstance est due à l’idée que nous nous faisons de l’espèce et que nous avons déjà exposée dans un précédent travail[1].
En un mot, nous considérons généralement comme variétés les formes qui sont reliées entre elles par des états intermédiaires.
Maintenant qu’il nous soit permis de témoigner notre reconnaissance aux nombreuses personnes qui se sont intéressées à notre exploration et nous ont secondé de leurs conseils et de leur appui : tout d’abord le Conseil administratif de la ville de Genève, qui nous a conféré la mission officielle dont nous exposons ici les résultats ; le Conseil d’Etat du canton de Genève et le Conseil fédéral de la Confédération suisse qui ont bien voulu nous recommander par voie diplomatique auprès des Autorités françaises ; c’est enfin le Président du Conseil des Ministres de ce dernier pays qui, en nous introduisant auprès du Gouverneur général de l’Algérie, nous a permis de jouir des plus grandes facilités et des avantages les plus précieux pour notre exploration dans l’extrême Sud.
Grâce à la protection de ces hautes Autorités, nous avons reçu partout l’accueil le plus empressé et avons pu visiter en toute sécurité une région qui, dans certaines de ses parties au moins n’est pas toujours sûre.
Nous désirons aussi remercier personnellement M. A. Babel, président du Conseil administratif, dont dépendait à cette époque le service botanique municipal, et le Directeur du Conservatoire et du jardin botaniques, M. John Briquet, qui, non seulement nous a facilité notre entreprise, mais nous a aussi aidé de ses conseils et a bien voulu, comme monographe des Labiées, nous déterminer les plantes de cette famille. Nous devons également un juste tribut de reconnaissance à MM. Brenner, Lachenal, Turettini, Barrère, ambassadeur français à Rome, pour les recommandations qu’ils ont bien voulu nous donner ; à M. Borgeaud, Consul suisse à Alger, pour son accueil si aimable ; enfin à M. le général Bertrand, Commandant de la place d’Aïn-Sefra, et à M. le capitaine Dessigny, Chef de bureau arabe de la même localité.
Nous voulons aussi exprimer notre reconnaissance à MM. les professeurs Battandier et Trabut d’Alger, lesquels ont bien voulu parcourir rapidement la plus grande partie de nos collections et nous donner des indications précieuses. Ces dernières ont beaucoup facilité nos recherches lors de la détermination.
Pour l’élaboration de nos collections nous avons utilisé :
1o la Bibliothèque et l’Herbier Delessert qui contient une série assez complète des originaux de Desfontaines ;
2o la Bibliothèque et l’Herbier Boissier ;
3o la Bibliothèque et l’Herbier de Candolle.
Nous tenons à assurer Messieurs W. Barbey et C. de Candolle, propriétaires de ces deux dernières collections, de nos sentiments de reconnaissance pour la généreuse hospitalité qu’ils offrent à tous les naturalistes et pour les précieux encouragements qu’ils prodiguent aux botanistes genevois.
[1]Hochreutiner, Malvaceæ novæ in Ann. du Cons. et Jard. bot. de Genève, VI.
PREMIÈRE PARTIE
Récit de voyage.
Parti de Genève le 26 avril 1901, je m’embarquai à Marseille le lendemain à midi par un orage épouvantable.
Après une traversée quelque peu mouvementée, nous arrivions à Alger le lendemain à 5 heures du soir. Ma première visite dans cette ville fut pour notre aimable consul suisse, M. Borgeaud, auquel j’avais été annoncé par le Conseil fédéral. Il m’accompagna au bureau du Gouvernement général de l’Algérie où je remis mes lettres de recommandation et où je reçus l’accueil le plus empressé. On m’adressa au Bureau des Affaires indigènes, autorité qui devait me prendre sous sa protection tutélaire lorsque je sortirais des sentiers battus. Après quoi M. Borgeaud me fit visiter en détail la Kasbah, où il est fort connu et apprécié si j’en juge par l’accueil que lui faisaient les Arabes.
Jeudi 2 mai : Excursion à Fort-de-l’eau, une jolie station balnéaire située à environ 25 km. d’Alger, dans la direction du cap Matifou. Comme je me trouvais avec des parents et des amis, l’herborisation ne fut pas très abondante. J’eus cependant la chance de voir là plusieurs espèces intéressantes. Cet endroit paraît peu visité par les botanistes.
Le lendemain je fis une excursion plus fructueuse à la Bouzarea, le sahel qui domine Alger. A partir de Deux-Moulins nous suivîmes un oued desséché qui forme un ravin profond, tout couvert d’une végétation luxuriante. A mesure qu’on s’élève, les plantes arborescentes diminuent et c’est enfin la brousse avec ses grosses touffes de disse (Ampelodesma mauritanica) et ses affreux palmiers nains (Chamaerops humilis). L’herborisation fut copieuse et intéressante, quoique je fusse encore novice dans l’étude de la flore de la contrée.
Le 5 mai, nouvelle excursion au bord de la mer, à la Pointe Pescade, la promenade favorite des Algérois. Malgré le mauvais temps j’en rapportai quelques clichés et un certain nombre d’espèces du littoral.
Pendant les jours qui suivirent je pus visiter aussi le Jardin d’Essai, qui est un parc superbe où l’on cherche à acclimater les espèces tropicales. Des cultures de ce genre ne pourront réussir qu’aux environs d’Alger grâce à la douceur exceptionnelle du climat de ce coin de terre.
En même temps je préparai mon expédition pour le Sud-Oranais et comme le temps pressait, j’eus l’imprudence de laisser à Alger, incomplètement séchées les collections faites aux environs. Mal m’en prit, car je les trouvai dans un état de moisissure avancée à mon retour, et je dus en jeter les deux tiers environ. Aussi remarquera-t-on que malgré plusieurs herborisations, les plantes d’Alger sont en très petit nombre dans nos exsiccata.
Enfin le jeudi 9 mai, je partis par le train de nuit à 9 heures du soir. Je me réveillai le lendemain matin dans la plaine du Chélif, une des parties les plus fertiles et les plus chaudes de la colonie. Cette année la sécheresse fut si grande que les récoltes y sont très compromises. A 6 heures nous arrivons à Perrégaux, une petite station de la ligne d’Alger à Oran, station à laquelle s’embranche la voie étroite de la Compagnie franco-algérienne qui doit me transporter jusque dans l’extrême Sud. Dès lors la partie intéressante du voyage commence. En partant de Perrégaux, on s’élève de suite par des pentes arides jusqu’au barrage de l’Habra. En cet endroit, la vallée est resserrée en une gorge étroite qui a été fermée par un mur cyclopéen de 478 m. de longueur, de 40 m. de hauteur et de 38 m. d’épaisseur à sa base. En amont, l’eau de trois ouadis s’accumule et forme un lac se divisant en trois branches et remontant la vallée de l’Ouest (vallée de l’oued El-Hamman) pendant 7 km.
Cette nappe d’eau paraît exercer une certaine influence sur le climat local, car ses rives abruptes et les montagnes qui l’avoisinent présentent des forêts et des belles prairies bien vertes. Au-delà, la voie ferrée continue à monter entre des croupes dénudées et arides. On débouche enfin dans la haute plaine d’Eghris, couverte de plantations verdoyantes et, où tout dénonce une fertilité admirable. Dans le lointain, on aperçoit les maisons de Tizi. Des champs d’orge et de blé dur s’étendent à perte de vue, ils ont été conquis sur la brousse qui couvrait la plaine.
Il a fallu défricher, et ce n’est pas un mince travail ; le palmier nain forme des souches extraordinairement résistantes, contre lesquelles se brisent les charrues à vapeur des colons, et il est nécessaire d’extirper ces plantes avec la pioche, l’une après l’autre. Les Arabes, trop indolents, ne se donnent pas la peine de faire ce travail préliminaire et ils sèment leurs céréales par-dessus ces troncs si tenaces. Rien n’est plus curieux à voir, que ces taches vertes des palmiers nains au milieu des moissons dorées.
Remontant encore dans le Sud, la voie ferrée va suivre désormais la vallée de l’oued Saïda. Les montagnes s’élèvent, elles deviennent abruptes et se couvrent de forêts, tandis que dans le fond des vallées, on cultive l’orge, le blé dur et la vigne.
Le pays est riant et ne ressemble en rien aux chaînes désolées précédant la plaine d’Eghris. Les forêts dont nous parlions sont formées en majeure partie de genévriers de Phénicie, que les gens du pays nomment, je ne sais pourquoi, des Thuya.
Enfin nous arrivons à Saïda, à 880 m. d’altitude. C’est le dernier centre de civilisation un peu important dans le Sud. Le pays est très accidenté et rappelle certaines régions de nos Alpes. L’eau étant relativement abondante, il se forme de véritables prairies et les arbres fruitiers, les champs de sainfoin, les plantations de fèves, les vignes aux ceps très espacés, forment un tableau qui paraît familier à un habitant de l’Europe centrale.
J’utilisai l’après-midi qui restait libre pour visiter les environs. La ville elle-même n’offre pas grand intérêt, avec ses petites maisons basses, blanchies à la chaux, ses casernes entourées d’un rempart et dominées par le clocher de l’église sur lequel nichent deux cigognes.
Deux remarques en passant : devant mon hôtel, on cultive en pots des figuiers malingres, de l’espèce qui forme au Jardin d’Essai des arbres majestueux, et, sur le mur, que vois-je ? Une réclame du chocolat Suchard ; c’est à croire que plus on s’éloigne dans le Sud, plus l’analogie avec l’Europe centrale devient frappante !
Sortant de la ville, j’allai faire une herborisation dans les rochers qui portent les ruines du vieux Saïda, ce nid d’aigle où Abd-el-Kader défia jusqu’au 28 mars 1844 les poursuites de l’armée française. Ces rochers, coupés à pic, présentent une flore calcicole riche ; ils rappellent par place le lapié.
Le lendemain matin (11 mai), le train reprit sa marche vers le Sud. Je disposais d’un compartiment entier et je m’étais installé de telle sorte que je pouvais descendre herboriser à chaque station ; pendant l’intervalle entre les deux gares, je mettais mes spécimens en papier. De cette manière je pus récolter des documents tout le long de la voie, depuis Saïda jusqu’à Aïn Sefra qui devait être mon centre d’excursion.
Au sortir de Saïda, on monte lentement jusqu’à Aïn el Hadjar où commencent les hauts plateaux. Dans cette partie septentrionale, l’impression que j’avais eu à Saïda alla encore s’accentuant : partout des fleurs, de la verdure et d’immenses étendues cultivées, donnant l’impression d’une contrée fertile et d’un aspect totalement différent de celui du littoral méditerranéen. Cependant, la sécurité commence à diminuer, les fermes sont fortifiées, les stations du chemin de fer sont des block-houses, et les gens que l’on voit circuler portent des armes.
Bientôt le paysage se modifie, les fermes se font rares, les cultures et les arbres disparaissent, et la plaine immense s’étend tout autour de nous, monotone et déserte.
Après les nuits très froides, la chaleur devient brûlante au milieu du jour, et sur l’immensité du steppe, apparaissent les premiers phénomènes de mirage ; ils nous accompagneront pendant toute la traversée des hauts plateaux. A l’horizon de la plaine couverte d’alfa, on voit des étendues d’eau, des arbres, des buissons et dès qu’on approche tout se dissipe.
En passant à Krafallah, nous apercevons les hangars où l’on prépare l’alfa pour l’exportation.
Voici enfin les Chotts dont l’immense miroir réfléchit la lumière aveuglante du soleil. L’arrêt du train au Kreider me permet de faire une ample moisson ; vite quelques instantanés et nous roulons de nouveau longeant la rive du Chott el Chergui, où de larges croutes de sel se déposent peu à peu. Puis la voie s’élève un peu, les lacs salés se perdent dans le lointain et c’est de nouveau le steppe d’alfa qui s’étend à l’infini.
Lorsque le soleil commence à décliner, les silhouettes azurées des montagnes de la grande chaîne de bordure saharienne deviennent visibles dans le lointain. Nous traversons Mecheria, au pied du Djebel Antar, puis Mekalis, qui est sur la ligne de partage des eaux. A partir de là nous redescendons peu à peu vers Aïn-Sefra, en longeant le Faidjet-el-Betoum.
Aïn-Sefra : tout le monde descend ! — et je débarque dans une petite gare où m’accueille le portier de l’Hôtel de France, car il y a un hôtel de France à Aïn-Sefra. Mais, quel hôtel ! Je trouve néanmoins à me loger dans une immense chambre où je troublai la sérénité de nombreux habitants en installant mes presses à sécher.
Je voulus sortir le soir même ; mal m’en prit, car je m’enrhumai sérieusement. Le rayonnement est si intense ici, que les nuits sont glaciales ; et les deux jours qui suivirent je dus me contenter de visiter la station et ses environs immédiats.
Aïn-Sefra était autrefois un simple village arabe, misérables huttes en terre, entourées de jardins et de quelque palmiers formant plus ou moins oasis. Le village indigène a subsisté, mais l’administration militaire a construit non loin de là de vastes casernes fortifiées, pouvant abriter de 1000 à 1500 hommes, et près de cette redoute se sont installés des marchands et industriels européens : en tout 500 à 600 personnes attirées par cette forte agglomération militaire.
Ce poste est la dernière garnison importante que l’on rencontre avant de s’enfoncer dans le Sahara ; c’est là que se sont formées les colonnes destinées aux expéditions dans le Sud.
Le chef de la place est un général et les soldats appartiennent presque tous à la légion étrangère, aux bataillons indigènes ou aux compagnies de discipline, aussi parlent-ils l’italien, l’allemand ou même le suisse allemand autant que le français ou l’arabe. Je me souviens encore mon ahurissement d’entendre, le soir, dans les cafés (quels cafés !) des yodles et les accents du Rufst du mein Vaterland. Le service mercenaire a gardé son attrait, surtout chez nos confédérés de la Suisse allemande, et ceux-ci sont très appréciés à la Légion.
Aïn-Sefra est le chef-lieu d’une commune dont le capitaine de bureau arabe est le maire, le commissaire de police, le juge de paix, etc., c’est donc à ce capitaine qui était alors M. Dessigny que je devais m’adresser. Avec beaucoup d’amabilité, il m’aida à organiser toutes mes expéditions et pour commencer me confia à la garde de deux spahis dont l’un Ben-Nahoum parlait un peu le français et me servit partout de truchman.
Le capitaine Dessigny poussa même la prévenance jusqu’à me prêter une selle, objet de première nécessité dans ces parages où les chevaux abondent, mais où les selles sont fort rares. Je crois même qu’il m’eut été impossible de m’en procurer une sans lui.
Dès le lendemain, à savoir le jeudi 16 mai, je partais pour une excursion au Ras-Chergui, la sommité qui domine Aïn-Sefra au Sud et qui constitue le point culminant de la chaîne du Mekter. C’est un sommet rocheux formé de grès paléozoïques comme toutes les autres montagnes de la région.
Pour en atteindre le pied, il faut traverser la dune dont la partie supérieure est formée de sable mouvant, sans aucune végétation, et où bêtes et gens enfoncent jusqu’à mi-jambe.
L’apparence de cette dune rappelle celle des immenses champs de neige de nos Alpes. Comme la neige, le sable produit des vallonnements et des crêtes ; comme elle, il est charrié par le vent et vient bientôt combler les traces qu’on laisse derrière soi ; comme elle enfin, il produit une série de figures semblables à de petites vagues, de petits entonnoirs, etc.
Cette dune est d’un type très spécial dont nous avons déjà parlé ailleurs[2]. Elle est due à un violent courant d’air qui se fait sentir presque chaque soir à Aïn-Sefra.
Ce courant vient du Nord par le Faidjet-el-Betoum, il traverse la vallée de l’Oued-el-Bridj en soulevant des nuages de poussière et vient se briser contre les flancs du Djebel-Mekter, en laissant déposer le sable qu’il transportait. Ce courant d’air est dû, comme nous l’avons montré, au refroidissement plus rapide de l’atmosphère sur les hauts plateaux que dans la vallée d’Aïn-Sefra, il est donc tout à fait local et il en résulte : 1o Que la dune est immobile dans son ensemble. 2o Qu’elle n’est pas appliquée contre le flanc de la montagne, mais qu’elle est séparée de celle-ci par un large vallonnement que nous dûmes traverser avant de commencer notre ascension.
Celle-là s’effectue par un chemin muletier qui conduit jusqu’au sommet où se trouve un poste de télégraphie optique. Toute la montagne est rocheuse et la terre végétale y forme une couche mince et discontinue. La partie supérieure est boisée et sur le sommet même qui s’élève à 2000 mètres d’altitude se trouvent des buissons de chênes-verts rabougris. Dans les intervalles entre ces buissons, végète une véritable flore alpine et, à leur ombre, croissent de nombreuses espèces des climats tempérés. Après une abondante récolte sur ce petit plateau rocheux, nous nous dirigeâmes vers des tentes de nomades que nous avions aperçues en contre-bas, parmi les arbustes sur le versant oriental. Un dîner frugal, et nous descendîmes à la source voisine en suivant un chemin fréquenté par les Arabes et leurs troupeaux et serpentant à travers des éboulis couverts de buissons de chênes-verts et de genévriers disséminés. La source elle-même était une sorte de puits où dormait une eau infecte ; à proximité immédiate cependant, le terrain était humide et hébergeait quelques plantes de marais.
A partir de là, par une marche de flanc interminable, nous allâmes rejoindre le chemin que nous avions pris en montant. Nous suivîmes ainsi pendant près de deux heures un sentier qui côtoyait la montagne en se maintenant à une altitude moyenne de 1600 mètres environ. La descente s’effectua par la route du matin et nous arrivâmes à Aïn-Sefra le soir, à la nuit noire, par une bourrasque épouvantable.
Le lendemain fut consacré à la mise en ordre de mes collections et le soir, comme je parlais d’aller au Figuig, on m’apprit qu’il fallait y renoncer à cause des relations tendues qui existaient à ce moment entre l’Administration et le fameux rebelle Bou-Amama. Or étant confié à la garde de l’Administration militaire, celle-ci ne pouvait me laisser pénétrer dans ce nid de pirates. (L’officialité a parfois ses inconvénients !)
Le 18 mai, nous partions à sept heures pour Aïn-Aïssa.
Après avoir suivi quelque temps l’oued, et avoir traversé une plaine fastidieuse, nous arrivâmes près d’un de ces massifs rocheux qui s’élèvent brusquement au-dessus de la plaine. Il y avait là une série d’espèces en pleine floraison, aussi nous y fîmes une halte prolongée. Cela nous donna l’occasion d’examiner de près les sculptures préhistoriques qui revêtent ces rochers. Ce sont des silhouettes d’éléphants et des figures géométriques, semblables à celles que l’on observe sur certaines pierres à écuelles.
Ces sculptures sont donc antérieures à l’Islam et contemporaines du temps où l’éléphant habitait ces régions.
Nous reprîmes la marche en plaine et, à midi, nous arrivions à Tiloula, une oasis abandonnée où, sous les lauriers-roses, les térébinthes et les dattiers coule une source fraîche qui est la fée créatrice de ces ombrages.
Une longue halte permit à mes hommes de faire la sieste pendant que je mettais en coupe réglée la flore, du reste triviale, de l’endroit.
Depuis Tiloula jusqu’à l’entrée du ravin d’Aïn-Aïssa, s’étend un immense steppe d’alfa et, à six heures du soir seulement, nous abordions la montagne. Nous pénétrâmes dans une gorge sauvage et boisée qui nous conduisit jusqu’à Aïn-Aïssa même.
Là nous attendait le neveu de l’agha, envoyé par son oncle pour nous offrir l’hospitalité. Il avait amené une tente spacieuse et des vivres en quantité ; le campement était dressé dans une sorte de clairière, à proximité de la source, non loin des ruines de l’ancien sanatorium militaire installé là il y a quelques années. Ce point fut déjà visité par M. Battandier lors de son excursion au Djebel-Aïssa et nous y avons retrouvé plusieurs des plantes décrites par ce botaniste.
Après une nuit passée sous la tente, nous partions en excursion à la première heure. Au moment du lever du soleil, le froid était très vif (4 à 5 degrés au-dessus de 0) à cause du rayonnement nocturne très intense dans ces régions. La journée se passa à faire l’ascension du Djebel-Aïssa.
Nous nous élevons d’abord par des pentes d’éboulis anciens couverts de buissons et d’une végétation herbacée fort intéressante. Nous traversons un ravin et nous arrivons à l’entrée d’une forêt de pins où nous jouissons d’une ombre relative. Ces pins qui sont tous de vieux exemplaires s’étagent sur un contrefort couvert d’humus, mais ils se continuent aussi plus haut dans les rochers où nous apercevons en grande quantité le Jasminum fruticans. La vue se découvre de plus en plus et à deux ou trois endroits encore nous découvrons au loin, sur les flancs de la montagne, des bouquets de pins semblables à celui dans lequel nous nous trouvons, mais moins étendus. Les arbres vont en s’espaçant, mélangés qu’ils sont à des chênes-verts et à des genévriers buissonneux. Bientôt ces derniers subsistent seuls et nous abordons l’ascension de l’arête terminale. Plus on s’élève, plus les chênes-verts deviennent grands et plus ils se resserrent, de telle sorte qu’il est déjà moins aisé de trouver son chemin. Mes hommes fatigués de ces courses en zig-zag dans la forêt refusent de marcher et je les laisse pour faire l’ascension de l’arête elle-même. Bien m’en prit, car j’y observai une petite forêt de chênes-verts si denses qu’elle formait presque un sous-bois continu ; en poussant un peu plus loin, j’aperçus une vaste clairière couverte d’une prairie véritable, semblable à celle où nous avions campé, mais beaucoup plus verdoyante et où l’herbe haute n’avait pas encore été tondue par les herbivores. J’y récoltai à peu près toutes les espèces qui s’y trouvaient et ayant vu un gros serpent s’éclipser sous les buissons, je jugeai prudent de prendre le chemin du retour. Ce n’est pas sans peine que je retrouvai mes hommes et avant de redescendre à Aïn-Aïssa, je récoltai encore dans les rochers herbeux et buisonneux que nous traversions, une foule d’espèces intéressantes. A mi-chemin de la descente nous rencontrâmes de nouveau une clairière herbeuse, mais elle était plus petite et les espèces qui la composaient un peu différentes.
Le soir, à six heures, nous étions de retour au campement et le lendemain matin, à sept heures, nous revenions sur Aïn-Sefra, escortés jusqu’à Tiloula par notre hôte.
Ce retour fut marqué par un incident très fâcheux pour moi. Ayant abandonné quelques instants la caravane qui comptait plusieurs chevaux et deux chameaux forcés de suivre le chemin muletier, je perdis contact avec ma troupe et lorsque je rejoignis la route, je ne trouvai plus personne. Je m’embarquai donc à pied et descendis en cet équipage tout le ravin d’Aïn-Aïssa. N’ayant pas avec moi mon papier à sécher, je ne pus récolter que d’une façon très incomplète les espèces nombreuses et intéressantes qui habitent le long de l’oued ; encore ai-je dû rouler dans ma veste les plantes recueillies, pour les soustraire aux rayons incendiaires du soleil. Arrivé dans la plaine, je parcourus ainsi 8 à 10 kilomètres avant d’être rejoint par le neveu de l’agha, lequel arrivait bride abattue pour m’annoncer que la caravane inquiète de mon absence, avait rebroussé chemin jusqu’à Aïn-Aïssa et qu’elle me rejoindrait à Tiloula. C’est ce qui eut lieu en effet. Après un repas fait en commun, je pris congé de notre hôte qui retournait à Tiout et accompagné de mes deux cavaliers arabes, je rentrai à Aïn-Sefra le soir.
Les trois jours qui suivirent, du 21 au 23 mai, furent consacrés à mettre en ordre mes collections, à visiter les plantations étendues du bureau arabe et à préparer l’expédition au Djebel-Morghad.
Le 24 mai, je partis, toujours avec mes deux Arabes, pour me rendre au Djebel Morghad. Nous remontons jusqu’au Faidjet-el-Betoum et, après avoir traversé la voie du chemin de fer, nous arrivons à Bellef-Loufa, un point d’eau isolé dans le steppe. C’est une petite mare d’eau croupissante et où j’hésite même à faire boire ma monture. A quelque distance nous trouvons deux misérables tentes habitées par deux femmes arabes déguenillées et dont l’une tremblait la fièvre. Je lui donnai quelques cachets de quinine, et cela me fit passer pour un grand médecin. Aussi quelques jours plus tard, on vint me consulter à Aïn-Sefra pour la malade en question qu’on avait à grand peine transportée près de chez moi.
En quittant Bellef-Loufa, nous eûmes à chevaucher encore longtemps dans la plaine avant d’arriver au pied du Djebel-Morghad. Là, comme au Djebel-Aïssa, il faut s’engager d’abord dans un ravin et, par un sentier de chèvres, où nos chevaux arabes grimpent avec une adresse merveilleuse, on s’élève à travers des pentes herbeuses infestées de serpents. Tout au fond du ravin sont quelques arbres, mais sur les pentes de la montagne, il faut monter déjà bien haut pour rencontrer les premiers genévriers.
Vers cinq heures du soir seulement nous arrivons au col de Merbah, où nous retrouvons la flore de haute montagne du Ras-Chergui et du Djebel-Aïssa. L’autre versant du Djebel-Morghad est couvert de forêts beaucoup plus denses, les chênes-verts y dominent. Parmi eux et sur des couches de grès s’infléchissant en pentes douces vers la plaine, nous nous dirigeons vers le douar des Ouled-Chami où nous devons passer la nuit. Là, à 1900 mètres d’altitude environ, nous rencontrons dans une prairie-clairière tondue ras et piétinée par le bétail, un grand village de tentes. Impossible d’herboriser aux environs, tout a été décapité par les herbivores.
Ce n’est que le lendemain matin, après avoir parcouru trois ou quatre kilomètres sur le dôme rocheux et buissonneux formant l’arête de la montagne, que nous arrivons en des lieux où une herborisation est possible. Néanmoins les résultats sont bien maigres, aussi je me résous à descendre au bas de la paroi de rochers formée par ce dôme démantelé du côté du Sud-Est ; bien m’en prit, car j’observai là de nombreuses espèces que je n’avais vues nulle part ailleurs. Seulement les cinq gardes du corps qui m’accompagnaient ont cru que je voulais leur faire rompre les os. Le noble sport de la « varappe » paraît être inconnu dans ces régions !
Ces cinq gardes du corps, si encombrants, étaient, paraît-il, nécessaires parce que nous nous trouvions sur territoire marocain, la frontière étant un vain mot pour les nomades.
Le paysage était tout à fait alpestre. Ces grands rochers déchiquetés, ces pentes couvertes de chênes-verts, la fraîcheur de la température, le ciel même, couvert de nuages et la pluie qui commençait à tomber contribuaient à donner l’illusion des montagnes de l’Europe centrale. Aussi ai-je cueilli là, sans trop d’étonnement, l’Hutchinsia petraea, le Sedum album et le Tulipa Celsiana qui ressemble tant au Tulipa sylvestris de l’Europe moyenne.
Le sommet le plus élevé du Djebel-Morghad s’élève à 2136 mètres ; pour l’atteindre par l’arête que nous suivions, il faut escalader des escarpements qui ont la forme d’énormes marches d’escalier irrégulières, dans les interstices desquelles croissent des buissons de chênes-verts mélangés de Cotoneaster et de Berberis. Le sommet lui-même est plat et les chênes-verts qui le couvrent sont si hauts et si serrés qu’ils forment un dôme ombreux continu. Là-dessous végète le Geum formant un tapis très dense et d’un beau vert. Au moment de notre arrivée au sommet, la pluie commençait à tomber et c’est en toute hâte que nous redescendîmes à notre campement. Nous eûmes à traverser encore une prairie-clairière au pied des escarpements du sommet, mais un troupeau de chameaux y pâturait et n’avait rien laissé à brouter pour un botaniste.
Le dimanche 26, nous revenions à Aïn-Sefra en passant par Tircount, un autre point d’eau du Faidjet-el-Betoum.
La source de Tircount est beaucoup plus abondante que celle de Bellef Loufa, aussi il y a là une véritable forêt de lauriers-roses et de nombreuses cultures. A l’ombre de ces lauriers-roses dans le sable humide, j’ai pu récolter un très grand nombre de plantes intéressantes.
Le soir, de retour à Aïn-Sefra, toute la plaine était illuminée par les feux de bivouac d’un convoi revenu d’Igli. Il y avait là plusieurs milliers de chameaux accompagnés de nombreux indigènes qui campaient dans le bled.
Les deux jours suivants sont employés à la mise en ordre de mes collections ; le temps est couvert et il ne fait pas chaud.
Le 30 mai, visite au ksar d’Aïn-Sefra, herborisation dans les jardins et à la base de la dune. Les jardins sont d’une fertilité incomparable, chacun a son puits servant à l’irrigation. On emploie pour cela un seau pendu à une corde attachée au bout d’une longue perche mobile autour d’un madrier transversal. A l’autre bout de la perche se trouve un contrepoids qui facilite la manœuvre. Au moyen de cet instrument primitif, on remplit un réservoir qui se déverse ensuite dans de petits canaux aboutissant au pied de chaque arbre à arroser.
Vendredi 31 mai : excursion à Tiout. Après avoir traversé de grandes étendues couvertes de buissons disséminés de Zizyphus Lotus, nous arrivons près d’une petite arête rocheuse qui fait saillie sur la plaine et qu’on longe pour arriver à Tiout. Ces rochers sont sculptés d’une façon très remarquable par l’érosion aquilonaire et seraient très propices à une embuscade, aussi n’étions-nous pas rassuré en y apercevant des rodeurs, le soir au moment de notre retour. C’est du reste la seule fois que nous en ayons rencontré.
Voici enfin l’oasis où nous attend l’hospitalité plantureuse du caïd des Soualas ; aussi après dîner faut-il faire la sieste. Voilà bien du temps perdu ! Cependant je m’éclipse le plus vite possible pour aller faire une rapide herborisation près de l’oued et sur les rochers déchiquetés qui dominent la petite rivière.
La rentrée à Aïn-Sefra s’opère à 10 heures du soir par un clair de lune d’une beauté incomparable. Nos chevaux galopent et filent comme des fantômes sur le steppe où la lune met une clarté blafarde mais si vive qu’on distingue chaque brin d’herbe.
Le surlendemain 2 juin, nous montions au poste optique du Djebel Aïssa ; c’est un block-house qui se trouve à 1600 m., sur l’arête W. dénudée du Djebel Aïssa. En y arrivant nous débusquons un troupeau de gazelles que nous saluons en vain de quelques coups de fusil. C’est la journée aux malheurs ; nous avons répandu par accident notre provision de liquide et l’on ose à peine allumer du feu pour bouillir l’eau de la citerne du poste optique. — Depuis le 1er juin tout incendie de prairie ou de forêt allumé par mégarde rend son auteur passible du Conseil de guerre. — Nous longeons l’arête de la montagne jusqu’à une altitude de 1850 m. environ. A l’aller nous explorons quelques rochers ombreux du versant N.-W. mais au retour je prends seul avec Ben-Abdallah, par les grandes parois qui tombent abruptes du côté du S.-E.
Sur le versant N., bien des plantes en bouton nous montrent que nous ne sommes pas en retard pour une herborisation dans ces parages. Sur le versant S. au contraire, il n’y a presque rien.
Mourant de soif nous retournons au poste optique et, après nous être abreuvé avec l’eau plus que douteuse de la citerne, nous rentrons en hâte à Aïn-Sefra, où nous arrivons le soir très tard.
Mardi 4, grâce à une réquisition du général Bertrand, je m’embarquai avec Ben-Nahoum sur un train de ravitaillement pour Duveyrier. La ligne contourne le Djebel Mekter et passe dans des tranchées profondes où nous admirons en grande quantité le joli Rumex rouge que nous avons récolté au Djebel Aïssa.
A Aïn-el-Hadjej, nous avons le temps de recueillir à la hâte quelques-unes des plantes les plus caractéristiques de ce steppe et nous continuons à rouler à travers la plaine presque déserte où l’on aperçoit guère que les mamelons grisâtres de l’Anabasis aretioides.
Nous arrivons à Duveyrier à 11 heures et nous y sommes reçus très aimablement par les officiers de ce poste. Si je veux faire quelques collections, il ne s’agit pas de perdre mon temps et, par une chaleur torride, je m’embarque avec un tirailleur algérien mis à ma disposition par le commandant.
Le marché de l’orge à Aïn-Sefra.
Presse pour étendre les plaques de liège et les lier.
Je m’en vais faire une petite tournée aux environs, d’abord près de l’oued où nous ne trouvons rien d’intéressant, ensuite sur les rochers désertiques du Raz ed Dib dont nous faisons l’ascension. De ce sommet nous apercevons dans le lointain le Figuig. Après avoir arraché à la hâte toutes les espèces à notre portée, nous redescendons au pas de gymnastique dans ces éboulis grillés et nous arrivons trempés de sueur pour prendre le train qui devait repartir à 3 heures. Tout cela par une température qui excédait sûrement 40 degrés à l’ombre.
Au retour nous débarquons à la station de Mograr : Le caïd nous attendait et, avant d’aller souper chez lui, nous faisons une tournée dans les rochers arides et déserts au N. de l’oasis. Là nous récoltons cependant, dissimulés dans les infractuosités des rochers, un bon nombre de plantes à caractère désertique marqué. Nous y rencontrons même une de ces affreuses petites vipères à corne si justement redoutées des Arabes. Je lui coupe la tête d’un coup de piolet, et je l’envoie dans la naphtaline rejoindre la collection d’insectes.
Le lendemain, départ à la première heure. Montés sur les chevaux prêtés par le caïd, nous traversons les mêmes rochers que la veille et nous arrivons sur le petit plateau pierreux qui s’étend entre ces rochers et le Djebel Mekter. Nous avons remarqué là un monument fort ancien au dire de mon spahi Ben-Nahoum. La tombe d’un marabout, dont l’emplacement est jalonné par un gros tas de pierres. Chaque Arabe y ajoute la sienne en passant et le tas va s’augmentant pour la plus grande gloire du saint homme.
Nous abordons les pentes du Djebel Mekter et nous nous élevons sur ses flancs par un petit sentier jalonné au moyen de kairns tout à fait semblables à ceux que l’on rencontre dans nos Alpes. Toujours herborisant, nous pénétrons dans la zone boisée et nous allons demander l’hospitalité à la tribu des Ouled-Saïd installée dans une de ces nombreuses prairies-clairières au sommet du col. Après dîner, le temps se couvrant, nous descendons bien vite dans la vallée d’Aïn-Sefra. Nous traversons la dune en suivant le lit d’un oued qui la coupe de part en part, et nous rejoignons le lit de l’oued el Bridj que nous suivons jusqu’à Aïn-Sefra.
Les deux jours qui suivirent furent employés encore à l’organisation, au séchage des collections et à l’acquisition d’un grand nombre d’objets fabriqués avec des produits végétaux : nattes, tapis, paniers, ustensiles divers. A noter en particulier, une serrure en bois du type de celle qui était employée par les anciens Hébreux au temps du Christ, et que nous avons retrouvée dans tous les ksour du Sud.
Samedi 8 : Grâce à l’obligeance de M. Brossard, interprète au bureau arabe d’Aïn-Sefra, j’assistai à une chasse aux criquets sur la dune. Les indigènes réquisitionnés à cet effet cernent le troupeau de jeunes sauterelles et le chassent devant eux, vers une tranchée profonde creusée préalablement dans le sable. Toutes ces petites bêtes s’y précipitent et lorsque cette masse grouillante est venue s’accumuler au fond du trou, on la recouvre rapidement avec du sable. Ou bien, si le troupeau n’est pas trop considérable, on le chasse vers un tas d’herbes sèches auxquelles on met le feu.
Dimanche 9 juin, l’heure du départ a sonné ! J’emballe en hâte toutes mes collections et je prends congé de toutes les personnes qui m’ont reçu ici avec tant d’amabilité. Au dernier moment encore le caïd des Soualas m’envoie en cadeau un sabre et un grand panier arabe décoré avec des cuirs de couleur. Ben-Nahoum m’accompagne à la gare et par un orage épouvantable le train s’ébranle et m’emporte loin de ce pays pour lequel je m’étais pris déjà d’une singulière affection.
Je devais m’arrêter à Mécheria, pour faire l’ascension du Djebel Antar, mais pendant la nuit que je passai là, je ressentis les premières atteintes du typhus. Je m’empressai donc de m’embarquer le lendemain pour rentrer à Alger où, grâce aux soins dévoués d’un cousin, je me rétablis assez rapidement.
Au bout de quatre semaines environ, je me trouvai assez bien pour rentrer en Europe. Cependant je ne m’embarquai pas avant d’avoir fait de nombreuses acquisitions de produits végétaux manufacturés destinés aux musées botaniques de Genève et de Zurich. C’est à ce moment que j’eus l’occasion de visiter aussi l’usine de préparation du liège de notre aimable consul, M. Borgeaud. Ce dernier me fit remettre aussi une série considérable de produits végétaux pour les musées sus-nommés.
Quelques jours plus tard j’eus la bonne fortune de faire la connaissance de MM. les professeurs Battandier et Trabut, les distingués auteurs de la Flore d’Algérie. Ces messieurs voulurent bien jeter un coup d’œil rapide sur une grande partie de mes collections et me donner la détermination approximative de la majorité des plantes qu’elles contenaient. Ces indications préliminaires m’ont certainement beaucoup facilité la tâche pour les déterminations définitives et, comme je l’ai dit déjà dans mon introduction, je dois à ces Messieurs beaucoup de reconnaissance.
Je m’embarquai enfin pour Genève où j’arrivai le 8 juillet.
[2]Hochreutiner, Sur un type spécial de dunes in Comptes rendus de l’Acad. sc. Paris, 9 février 1903.
DEUXIÈME PARTIE
Phytogéographie.
Principales associations végétales observées dans le Sud de la Province d’Oran.
Nous tenons à répéter ici une fois de plus que, pressé par un départ imminent, nous sommes obligé, pour ne pas perdre le fruit des observations faites au cours de cette exploration, d’éliminer absolument tout ce qui n’est pas indispensable à notre exposé.
Nous laissons donc la bibliographie de côté ; on nous pardonnera peut-être cette omission imposée par le temps, puisque aucun des nombreux auteurs qui ont écrit sur la flore de l’Algérie n’a traité la question à notre point de vue. Seul Cosson (Comp. Fl. Atl. I p. 241-258) a publié un aperçu rapide des plus grandes régions naturelles de l’Algérie, puis Debeaux (Fl. de la Kabylie du Djurdjura, p. 447-466) a étudié les éléments de la géographie botanique du Djurdjura. Les autres notions que nous possédons sur la phytogéographie de l’Algérie, sont des récits d’herborisation et non des exposés systématiques.
Même Debeaux, dans sa notice, s’attache plutôt à la distribution géographique qu’à une description rationnelle des associations. Dans la seule partie où il établit des comparaisons, avec la flore des hauts plateaux, par exemple, il base ses proportions sur l’ensemble des espèces, quelles que soient les associations auxquelles elles appartiennent, de sorte que les résultats sont noyés et prouvent en somme peu de chose.
Il convient de citer aussi le remarquable travail de M. Massart[3], lequel est rédigé sous forme d’itinéraire il est vrai, mais qui donne des détails fort intéressants au point de vue biologique. Dans un grand nombre de cas, nous avons pu contrôler leur exactitude et, à ce point de vue particulier, il complète nos observations purement géographiques.
Mais, comme ses devanciers, M. Massart ne s’occupe pas des associations.
C’est surtout ces dernières que nous aurons en vue ici, nous le répétons, et dans nos listes nous ne pourrons tenir compte naturellement que de nos herborisations et de nos notes.
Dans le Sud-Oranais on rencontre les grandes associations suivantes :
1) Les oasis et les points d’eau — caractérisés par des cultures nombreuses et par une végétation arborescente dont les espèces les plus remarquables sont : les dattiers, les lauriers roses, les tamaris et les peupliers.
2) Les dunes — caractérisées par une végétation de plantes herbacées, nombreuses au pied de la dune et devenant de plus en plus rares vers le sommet qui est complètement dénudé. L’espèce la plus caractéristique est le drinn (Aristida pungens).
3) Les steppes — qui présentent les aspects les plus divers suivant l’espèce prédominante qui peut être fort différente suivant les endroits. La plante la plus remarquable de cette formation est l’alfa (Stipa tenacissima).
4) Les montagnes — caractérisées par des bois de genévriers et de chênes-verts disséminés et couvrant le sommet de toutes les montagnes de la région.
5) Les rochers désertiques de l’Extrême-Sud — que l’on dirait de loin dépourvus de végétation, mais qui, étudiés de près, présentent dans leurs anfractuosités une série de petites plantes désertiques très espacées et faisant montre des adaptations les plus intéressantes à une sécheresse prolongée.
Il va sans dire qu’à l’intérieur de ces formes de végétation dont plusieurs avaient été déjà définies par Cosson, nous distinguerons toutes les associations particulières que nous avons eu l’occasion de voir et d’analyser. Elles se laissent toutes classer sous l’un des cinq chefs précités.
Pour l’étude des zones, nous avons noté chaque fois l’altitude approximative à laquelle les plantes ont été récoltées. Pour cela nous nous sommes servi d’un baromètre anéroïde réglé sur l’Observatoire de Genève et contrôlé à Alger et à Aïn-Sefra. A l’aide de ce petit instrument nous avons relevé les altitudes au moment des haltes et nous avons noté par estimation les stations successives explorées. Pour la comparaison de la flore des montagnes avec celle du Tell, nous nous en sommes tenu aux données très vagues des ouvrages floristiques à notre disposition. Par crainte d’erreurs, nous avons considéré comme plantes habitant exclusivement les hautes montagnes du Tell, celles qui étaient signalées comme habitant au-dessus de 1800 m. ou bien sur les hauts sommets du Djurdjura. Mais nous ne nous dissimulons pas qu’il y ait là-dedans beaucoup d’approximations malgré le soin avec lequel nous avons éliminé les espèces sur lesquelles nous étions renseigné d’une façon incomplète.
Pour l’étude des affinités floristiques avec d’autres pays, nous avons établi l’aire de dispersion de chaque espèce et lorsque nous en avions les moyens, de chaque variété, en nous basant sur les ouvrages cités plus bas. Ils indiquent la distribution géographique, non seulement dans leur dition, mais aussi dans le reste de l’ancien monde. C’est ainsi que nous avons pu contrôler dans une certaine mesure les données de ces ouvrages en les comparant les uns avec les autres.
Nous ne nous dissimulons pas toutefois que, pour avoir des renseignements précis sur ce sujet, il eut été nécessaire de consulter un grand nombre d’herbiers et d’établir à chaque reprise l’aire de dispersion en consultant les étiquettes originales. Nous n’avons pu le faire que dans quelques cas, à propos de plantes rares ou peu connues. Nous avons relevé alors la distribution d’après les collections si complètes de l’Herbier Boissier et de l’Herbier Delessert.
Les ouvrages suivants ont été consultés au point de vue géographique : Battandier et Trabut, Flore d’Algérie ; Bonnet et Barratte, Catalogue de la Flore de Tunisie ; Boissier, Flora orientalis ; Nyman, Conspectus Floræ europæae ; Ball, Spicilegium Maroccanum. Dans les cas douteux seulement, nous avons eu recours aux ouvrages plus spéciaux de Willkomm et Lange, Cosson, l’Abbé Chevalier, Pomel, Ascherson et Schweinfurth, Grenier et Godron, etc. etc.
Chapitre I
Les oasis et les points d’eau.
Comme nous l’avons déjà dit, cette forme de végétation est caractérisée presque toujours par des cultures et des arbres. Cependant elle peut varier beaucoup comme aspect et comme composition. Entre la véritable oasis, où autour d’un ksar[4] se groupe une véritable forêt de palmiers-dattiers (v. Pl. III, fig. 4) abritant sous son ombre des jardins bien irrigués et la source ou le puits isolé dans la plaine, il y a une différence bien tranchée. Ces derniers en effet sont jalonnés seulement par quelques tamaris ou lauriers-roses.
Les sources dans la montagne ont aussi une physionomie spéciale, malgré quelques caractères communs, comme la présence de nombreuses plantes cosmopolites ; c’est pourquoi nous aurons l’occasion d’en reparler dans le chapitre IV.
Sous ces arbres on cultive, en les irrigant, toutes sortes de légumes : cardons, oignons, pommes-de-terre, tomates, fèves, etc. ; des arbres fruitiers : pommiers, abricotiers, figuiers ou même cerisiers, et des céréales : de l’orge ordinairement (V. Pl. I, fig. 1 et Pl. II, fig. 3).
Dans les oasis presque abandonnées comme Tiloula, les cultures sont beaucoup plus restreintes, les dattiers moins nombreux et les lauriers-roses en plus grande quantité ; il s’y ajoute des betoums (Pistacia atlantica). Parmi les cultures, au bord des ruisseaux d’irrigation, dans le terrain marécageux, les espèces suivantes forment des associations ressemblant à celles de toutes nos mares européennes (V. Pl. II, fig. 2).
Dans les flaques d’eau sont de véritables Scirpaies :
- Scirpus Holoschœnus L.
- Cyperus rotundus L.
- Juncus bufonius L. v. hybridus Coss. et Dur.
- Apium nodiflorum Reich.
et comme espèces plus petites :
- Juncus maritimus Lam. v. arabicus Asch. et Buch.
- Juncus Fontanesii J. Gay.
Dans le terrain marécageux, mais non inondé, sont des Cariçaies (fort pauvres en Carex du reste), entourant les Scirpaies ; les espèces que nous y avons relevées sont :
- Veronica Anagallis L.
- Carex divisa Huds.
- Samolus Valerandi L.
- Polypogon monspeliense Desf.
- Equisetum ramosissimum Desf.
- Pulicaria inuloides DC.
- Festuca elatior L. subsp. arundinacea Hackel v. genuina Hackel et v. Fenas Hackel.
- Oryzopsis miliacea Batt. et Tr.
Dans le sable humide au bord des ruisseaux, mais à une plus grande distance de l’eau encore, se pressent les espèces suivantes dont la majorité est toujours cosmopolite comme chez les précédentes, mais avec des variétés particulières relevant d’espèces à aire plus restreinte. Ce sont :
- Lotus corniculatus L. (sous deux formes assez particulières).
- Sonchus maritimus L.
- Launæa resedifolia O. Kuntz. v. viminea Hochr.
- Euphorbia terracina L. v. trapezoidalis Hochr.
- Senecio coronopifolius Desf. v. oasicola Hochr.
- Convolvulus arvensis L.
- Cynodon Dactylon Pers.
- Melilotus indica All.
- Spergularia media Pers.
- Frankenia pulverulenta L.
- Alsine geniculata Hochr.
- Astragalus cruciatus Link.
- Brachypodium distachyum P. de Beauv. v. genuinum Willk. et Lange
et enfin dans les endroits plus secs :
- Chenopodium murale L. v. microphyllum Boiss.
Dans les mares des points d’eau, comme dans celles des oasis, se trouve une association de plantes flottantes ou submergées ; ce sont, à part les algues vertes et les Characées indiquées dans notre liste de cryptogames :
- Lemna minor L.
- Potamogeton natans L.
- Zannichellia palustris L.
Faisant abstraction des dattiers et des peupliers qui peuvent être considérés comme cultivés, on pourra voir que cette association des oasis où nous avons noté trente-six espèces, se compose :
A. De plantes cosmopolites ou répandues tout autour de la Méditerranée et dans l’Europe centrale[5]. Telles sont, par exemple : Veronica Anagallis, Scirpus Holoschœnus, Samolus Valerandi, Potamogeton natans, etc. ; en tout vingt-deux espèces, c’est-à-dire 61 %.
B. D’espèces répandues tout autour de la Méditerranée ; exemples : Frankenia pulverulenta, Brachypodium distachyum v. genuinum, Polypogon monspeliense, etc. ; en tout huit espèces, c’est-à-dire 22 %.
C. D’espèces méditerranéennes sous forme de variétés spéciales à aire très restreinte : Astragalus cruciatus v. polyactinus, connu en Algérie et en Espagne seulement. Senecio coronopifolius v. oasicola var. nov. Euphorbia terracina var. trapezoidalis ; en tout trois, environ 8 %.
D. D’espèces répandues en Barbarie et en Orient : Pulicaria inuloides, Chenopodium murale v. microphyllum, deux seulement, environ 6 %.
F. Une seule plante possédant une aire occidentale, c’est le Launæa resedifolia v. viminea.
§ 2. Points d’eau. — Visités d’une façon plus spéciale : Tircount, Bellef Loufa, Duveyrier (Voy. Pl. IV, fig. 5). Les espèces qui donnent la physionomie sont ici : les lauriers-roses[6] ou les tamaris, ou les deux mélangés, formant parfois de petits bois ombreux au sol humide, où l’on rencontre à côté d’un certain nombre des cosmopolites déjà mentionnés à propos des oasis, une série d’autres formes à aire restreinte.
Cette association se compose de :
- Festuca elatior L. v. Fenas Hack., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Cyperus lævigatus L., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Solanum nigrum L., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Telephium Imperati L., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Chenopodium foliosum Asch. et Græb., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Frankenia pulverulenta L., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Polypogon monspeliense Desf., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Juncus Fontanesii J. Gay, cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Spergularia diandra Heldr. et Sart., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Herniaria cinerea DC., cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Calendula ægyptiaca Pers.[7], cosmopolite ou tout au moins circumméditerranéen.
- Matthiola oxyceras DC. v. oasicola Hochr., plante spéciale à la région.
- Plantago Coronopus L. v. oasicola Hochr., plante spéciale à la région.
- Filago spathulata Presl. v. oasicola Hochr., plante spéciale à la région.
- Hedypnois cretica Willd., v. oasicola Hochr., plante spéciale à la région.
- Erucastrum varium Durieu v. montanum Coss., plante spéciale à la région.
- Muricaria Battandieri Hochr., v. subintegrifolia Hochr., plante spéciale à la région.
- Crambe Kralikii Coss., plante spéciale à la région.
- Erucaria uncata Boiss., à dispersion orientale.
- Pulicaria inuloides DC., à dispersion orientale.
- Anacyclus cyrtolepidioides Pomel, à dispersion orientale.
- Scabiosa monspeliensis Jacq.[8], à dispersion occidentale, auxquels on pourrait ajouter encore la plupart des cosmopolites des oasis et en tous cas les plantes submergées énumérées plus haut.
Autour des tamaris et des lauriers-roses se trouvent toujours quelques cultures, parfois très restreintes, de plantes herbacées. Les palmiers comme les grands arbres manquent dans ces endroits. Comme on vient de le voir, dans les points d’eau ce sont aussi les cosmopolites qui dominent (52 %) ; les plantes spéciales sont en plus grand nombre (30 %), et nous retrouvons aussi quelques espèces à dispersion orientale (13 %) et une seule à dispersion occidentale.
- Veronica Anagallis L.
- Scirpus Holoschœnus L.
- Sonchus asper Hill.
- Ranunculus macrophyllus Desf. v. macrophyllus Hochr.
- Scrophularia canina L.
- Sideritis montana L. v. ebracteata Briq.
- Lamium amplexicaule L.
mélangés à des espèces occidentales en beaucoup plus grand nombre :
- Asphodelus cerasifer Gay.
- Rosa Pouzini Trattinick.
- Nepeta Nepetella L. v. amethystina Briq.
- Marrubium supinum L.
et une variété un peu spéciale :
Malgré l’humidité constante, jamais il ne se forme quoi que ce soit qui ressemble à une tourbière.
Le second élément de ces associations — les plantes que nous nommerons oasicoles — est formé par les espèces empruntées aux associations voisines : le steppe ou la montagne. Parmi ces espèces, les unes sont si profondément modifiées par le milieu qu’elles constituent des variétés particulières, les autres ne sont pas transformées, mais elles sont plus exubérantes.
Au nombre des premières sont plusieurs variétés décrites par nous sous le nom d’oasicola ; elles se distinguent presque toutes par leur port très allongé, leurs grandes fleurs, leurs grandes feuilles et leur glabrescence.
Ces oasicoles constituent à peu près le 28 % de l’association. Elles comprennent, sous des formes spéciales ou sous des formes typiques :
a) des espèces méditerranéennes comme le Filago spathulata, l’Hedypnois cretica, etc.
b) des plantes particulières à l’Algérie ou à la Barbarie comme : Crambe Kralikii, Muricaria Battandieri, etc.
c) des espèces à dispersion orientale, en petit nombre, exemple : Erucaria uncata, Chenopodium murale v. microphyllum, etc. (env. le 7 % de l’ensemble des espèces observées).
d) trois plantes seulement à dispersion occidentale : Scabiosa monspeliensis, Launæa resedifolia O. Kuntz. var. viminea Hochr., Astragalus cruciatus Link var. polyactinus Hochr.[9].
Ces oasicoles étant empruntées aux associations voisines, il n’est pas difficile de se représenter que leur dissémination à courte distance a lieu par des moyens quelconques, le vent plus spécialement. La seule difficulté qui pourrait s’élever, serait au sujet de notre série d (à dispersion occidentale), mais nous verrons qu’on peut expliquer facilement sa présence par la migration des flores.
Le troisième élément, qui se réduit à une seule espèce particulière aux oasis et points d’eau, mais à dispersion exclusivement orientale, est constitué par le Pulicaria inuloides. Cette aire est assez bizarre chez une plante de cette sorte et nous ne nous l’expliquons pas pour le moment.
Chapitre II
Les dunes.
La végétation des dunes est uniforme et nous ne saurions distinguer plusieurs modes comme dans le chapitre précédent. Cette association revêt en somme la forme steppique, c’est-à-dire qu’elle est formée de touffes plus ou moins isolées (Voy. Pl. IV, fig. 6) les unes des autres. Seulement ces touffes sont resserrées et en grande quantité au pied de la dune, où les espèces sont aussi les plus nombreuses (Voy. Pl. V, fig. 7). Plus on s’élève au contraire, plus les touffes vont s’espaçant, plus les espèces deviennent rares, jusqu’à ce qu’enfin on arrive dans la partie dénudée où, dans une véritable mer de sable mouvant, on n’aperçoit plus qu’à de grandes distances quelques plants d’Aristida pungens (Voy. Pl. V, fig. 8)[10].
Toutes les espèces des dunes présentent des adaptations particulières à la vie dans le sable. Signalons à la hâte les suivantes : racines démesurées, plongeant dans le sol, rhizomes très longs se ramifiant en tous sens, racines couvertes sur toute leur surface et sur toute leur longueur d’un épais tomentum de poils absorbants (ce qui est le cas particulièrement pour toutes les Graminées des sables), etc.
A part deux ou trois buissons ne dépassant pas trois mètres de haut (Genista Rætam, Saharæ et sphærocarpa)[11], la végétation des dunes est herbacée ; l’association observée par nous se compose des espèces suivantes :
- Aristida pungens Desf., depuis l’Algérie jusque dans l’Orient méridional.
- Genista Rætam Forsk., depuis l’Algérie jusque dans l’Orient méridional.
- Cleome arabica L., depuis l’Algérie jusque dans l’Orient méridional.
- Cyperus conglomeratus Rottb., depuis l’Algérie jusque dans l’Orient méridional.
- Bassia muricata All., depuis l’Algérie jusque dans l’Orient méridional.
- Argyrolobium uniflorum Jaub. et Spach, depuis l’Algérie jusque dans l’Orient méridional.
- Hippocrepis bicontorta Loisel. v. sinuosissima Pomel[12], depuis l’Algérie jusque dans l’Orient méridional.
- Echinops spinosus L., répandu en Barbarie depuis le Maroc jusqu’en Orient.
- Atractylis flava Desf. v. citrina Hochr., répandu en Barbarie depuis le Maroc jusqu’en Orient.
- Astragalus Gombo Coss. et Dur., répandu en Barbarie depuis le Maroc jusqu’en Orient.
- Onopordon arenarium Pomel[13], répandu en Barbarie depuis le Maroc jusqu’en Orient.
- Genista Saharæ Coss. et Dur., connu en Algérie et en Tunisie.
- Eremobium ægyptiacum Hochr. v. longisiliquum Hochr., connu en Algérie et en Tunisie.
- Euphorbia calyptrata Coss. et Dur., connu en Algérie, etc.
- » Guyoniana Boiss. et Reut., connu en Algérie, etc.
- Convolvulus supinus Coss. et Kral., du Maroc à Tripoli.
- Thymelæa microphylla Coss. et Dur., du Maroc à Tripoli.
- Rumex tingitanus L. v. lacerus Batt. et Tr., du Maroc en Tunisie.
- Eruca sativa Lam. v. stenocarpa Coss., du Maroc en Tunisie.
- Mecomischus halimifolius Hochr., esp. endémique, du Maroc en Tunisie.
- Andryala Chevalieri Barr., esp. endémique, du Maroc en Tunisie.
- Centaurea dimorpha Viv. v. lævibracteata Hochr. v. endémique, du Maroc en Tunisie.
- Linum angustifolium Huds. v. submicranthum Hochr. v. endémique, du Maroc en Tunisie.
- Astragalus tenuifolius Desf. v. austro-oranensis Hochr. v. endémique, du Maroc en Tunisie.
- Cutandia memphitica Benth., d’Espagne en Orient en passant par la Barbarie.
- Nonnea violacea DC., d’Espagne en Orient en passant par la Barbarie.
- Stipa tenacissima L., d’Espagne en Orient en passant par la Barbarie.
- Nolletia chrysocomoides Cass., d’Espagne en Orient en passant par Barbarie.
- Malcolmia arenaria DC., en Espagne et en Algérie seulement.
- Genista sphærocarpa Lam., en Espagne et en Algérie seulement.
- Reseda decursiva Forsk., circumméditerranéen.
- Senecio coronopifolius Desf. v. genuinus Hochr., circumméditerranéen.
Campement d’Aïn-Aïssa (source de J.-C.).
Sur 32 espèces observées par nous, il y en a donc :
A. 11 orientales.
B. 8 particulières au Nord de l’Afrique, mais s’étendant aussi vers l’Orient puisque la plupart se retrouvent encore en Tripolitaine.
C. 4 s’étendant depuis la Tripolitaine jusqu’en Espagne.
D. 2 à dispersion occidentale typique, c’est-à-dire espagnoles et algériennes.
E. 5 formes endémiques, mais dont 2 seulement sont des espèces distinctes, les autres n’étant que des variétés de plantes habitant la région : évidemment des adaptations récentes homologues à celles que nous avons rencontrées parmi les oasicoles.
F. 2 circumméditerranéennes.
Ces chiffres permettent déjà d’affirmer les affinités orientales très étroites de la flore des dunes, on s’en rendra mieux compte encore, en examinant les espèces de plus près.
Parmi les espèces dont l’aire s’étend vers l’Orient ou du moins dont l’aire s’étend plus loin vers l’Orient que vers l’Occident, les ⅚ sont indiquées par Battandier et Trabut comme habitant la région saharienne dans les sables, c’est-à-dire qu’elles peuvent être considérées comme plantes typiques des dunes, exemple : Genista Saharæ, Convolvulus supinus, Cleome arabica, etc.
Parmi les espèces qui se trouvent en Espagne et en Barbarie, la seule qui ne s’étende pas au delà de Tripoli est l’alfa qui certes, n’est pas une plante typique des dunes, puisqu’elle rentre dans la caractéristique d’un grand nombre de steppes.
Enfin, parmi les plantes occidentales, Malcolmia arenaria, Genista sphærocarpa, Eruca sativa v. stenocarpa, il n’en est pas une qui manque dans le Tell ; ce sont donc plutôt des adventices dans l’association.
Par conséquent, si nous prenons en considération les plantes typiques des dunes qui n’ont pas été observées par nous dans d’autres associations, nous verrons que sur 17 plantes dans ce cas : 1o 16 sont indiquées par Battandier et Trabut comme spéciales à la région saharienne et une seulement comme se retrouvant sur les hauts plateaux ; 2o 10 s’étendent jusqu’en Orient, 5 jusqu’en Tripolitaine et 2 jusqu’en Tunisie. Pas une seule ne présente une aire occidentale ou même circumméditerranéenne.
Ceci nous permet d’affirmer que les végétaux les plus typiques de l’association des dunes sont les suivants :
- Aristida pungens, d’Orient.
- Genista Rætam, d’Orient.
- Astragalus Gombo, d’Orient.
- Cyperus conglomeratus, d’Orient.
- Cleome arabica, d’Orient.
- Bassia muricata, d’Orient.
- Hippocrepis bicontorta, d’Orient.
- Cutandia memphitica, d’Orient.
- Eremobium ægyptiacum, d’Orient.
- Atractylis flava v. citrina, d’Orient.
- Euphorbia Guyoniana, de Tripoli.
- Convolvulus supinus, de Tripoli.
- Thymelæa microphylla, de Tripoli.
- Nonnea violacea, de Tripoli.
- Nolletia chrysocomoides, de Tripoli.
- Genista Saharæ, de Tunisie.
- Rumex tingitanus v. lacerus, de Tunisie.
Rappelons pour être complet qu’il faudrait ajouter à cette liste deux espèces réellement endémiques :
- Mecomischus halimifolius.
- Andryala Chevalieri.
Chapitre III
Les steppes.
Pour les associations des steppes, il nous sera impossible de procéder comme pour les précédentes, parce que leur nombre est infini et que ce sont tour à tour les espèces les plus diverses qui sont prédominantes, donnant ainsi à cette forme de végétation les aspects changeants qui font son charme. Comme la haute mer, le steppe a ses fervents admirateurs.
Il y a cependant certains caractères communs à tous les steppes, c’est :
1o La végétation en touffes plus ou moins espacées laissant apercevoir entre elles le sol dénudé.
2o A l’abri de ces touffes ou parfois entre elles se trouvent quelques petites espèces influant du reste fort peu sur la physionomie générale du paysage.
3o L’absence complète des arbres est à noter. Toutefois dans la région de la chaîne de grande bordure saharienne, on observe çà et là des betoum (Pistacia atlantica). La plupart du temps ils sont isolés dans la plaine et lorsqu’on en rencontre un, on l’aperçoit déjà de très loin comme un petit point vert sombre, presque noir, dans l’immensité jaune. A part cette essence que nous croyons avec Massart en voie d’extinction dans la région, il n’y a dans le steppe, en fait de végétaux ligneux, que deux ou trois buissons peu élevés. Et encore, deux d’entre eux (Genista Rætam et sphærocarpa) sont-ils des plantes duniques ; un seul buisson appartient au steppe, c’est le Zizyphus Lotus.
Vu la très grande variété des steppes, nous nous bornerons donc, pour établir les affinités de cette association, à énumérer toutes les espèces récoltées dans la dite formation quelle que soit sa physionomie.
Après cela nous énumérerons les associations steppiques qui nous ont le plus frappé. Nous ajouterons pour chacune d’elles les espèces prédominantes et, s’il y a lieu, quelques espèces accessoires.
Nous avons récolté les espèces steppiques suivantes :
- Zizyphus Lotus Lam., circumméditerranéen.
- Artemisia Herba-alba Asso., circumméditerranéen.
- Salsola Kali L. var. Tragus Boiss., circumméditerranéen.
- Statice Thouini Viv., circumméditerranéen.
- Erodium laciniatum Willd. v. Bovei Hochr., circumméditerranéen.
- Allium pallens L., circumméditerranéen.
- Herniaria cinerea DC., circumméditerranéen.
- Teucrium Polium L. v. vulgare Benth., circumméditerranéen.
- Ajuga Iva Schreb. v. pseudo-Iva Benth., circumméditerranéen.
- Hedypnois cretica Willd., circumméditerranéen.
- Atractylis cancellata L., circumméditerranéen.
- Coronilla scorpioides Koch., circumméditerranéen.
- Peganum Harmala L., circumméditerranéen.
- Atractylis prolifera Boiss., s’étendant d’Algérie en Orient.
- Scabiosa arenaria Forsk., s’étendant d’Algérie en Orient.
- Fagonia glutinosa Delile, s’étendant d’Algérie en Orient.
- Genista Rætam Forsk., s’étendant d’Algérie en Orient.
- Erucaria uncata Boiss., s’étendant d’Algérie en Orient.
- Euphorbia cornuta Pers., s’étendant d’Algérie en Orient.
- Aristida obtusa Delile, s’étendant d’Algérie en Orient.
- Astragalus Fontanesii Coss. et Dur., s’étendant d’Algérie en Orient.
- Statice Bonduelli Lestib., d’Algérie en Tunisie et parfois plus loin.
- Evax pygmæa Pers. v. argentea Hochr. d’Algérie en Tunisie et parfois plus loin.
- Euphorbia calyptrata Coss et Dur., d’Algérie en Tunisie et parfois plus loin.
- Gymnocarpos fruticosus Pers., du Maroc en Orient.
- Odontospermum pygmæum O. Hoffm., du Maroc en Orient.
- Centaurea crupinoides Desf., du Maroc en Orient.
- Scorzonera undulata Vahl. v. alexandrina Bonn. et Barr., du Maroc en Orient.
- Reseda arabica Boiss., du Maroc en Orient.
- Helianthemum Lippii Pers. v. ellipticum Boiss., du Maroc en Orient.
- Dianthus crinitus Sm. v. typicus Sm., du Maroc en Orient.
- » v. tomentellus Boiss.[14], du Maroc en Orient.
- Matthiola oxyceras DC. v. livida Conti, du Maroc en Orient.
- Suæda vermiculata Forsk.[15], du Maroc en Orient.
- Reichardia orientalis Hochr., d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Haloxylon articulatum Bunge v. scoparium Hochr.[16], d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Limoniastrum Feei Hook., endémique dans la région.
- Rhanterium adpressum Coss. et Dur., endémique dans la région.
- Randonia africana Coss., endémique dans la région.
- Anabasis aretioides Moq. et Coss., endémique dans la région.
- Anthemis lonadioides Hochr., endémique dans la région.
- Daucus sahariensis Murb. le type et v. elongatus Hochr., endémique dans la région.
- Picris Saharæ Hochr. v. oranensis Hochr.[17], endémique dans la région.
- Echinospermum patulum Lehm. v. pterocarpum Hochr.[18], endémique dans la région.
- Ononis glabrescens Hochr. v. minor Hochr.[19], endémique dans la région.
- Galium ephedroides Willk. v. oranense Hochr.[20], endémique dans la région.
- Scabiosa monspeliensis Jacq. v. minor Batt. et Tr.[21], endémique dans la région.
- Pistacia atlantica Desf., du Maroc en Tunisie.
- Marrubium deserti de Noë, du Maroc en Tunisie.
- Picris Saharæ Hochr. le type, du Maroc en Tunisie.
- Cistanche violacea Beck., du Maroc en Tunisie.
- Cutandia divaricata Benth., aire disjointe : en Barbarie et en Europe méridionale.
- Launæa resedifolia O. Kuntz. v. viminea Hochr., en Barbarie et Europe méridionale.
- Ebenus pinnata Ait., au Maroc et en Algérie.
- Polycnemum Fontanesii Dur. et Moq., au Maroc et en Algérie.
- Delphinium pubescens DC., d’Espagne en Tunisie.
- Orobanche fœtida Poiret, d’Espagne en Tunisie.
- Galium ephedroides Willd. le type, d’Espagne en Algérie.
- Diplotaxis virgata DC., d’Espagne en Algérie.
Récolte du chêne-liège en Grande-Kabylie.
Si nous considérons cette liste d’une façon un peu générale, nous y observons les mêmes éléments que dans les listes précédentes, mais dans des proportions tout autres.
Sur 59 espèces ou variétés citées, il y en a :
A. 13 circumméditerranéennes, c’est-à-dire le 22 %. Dans cette association, cet élément est donc beaucoup plus nombreux que dans les dunes, mais moins que dans les oasis.
B. 21 orientales, ou mieux 23, si nous leur ajoutons les deux espèces qui s’étendent d’Espagne jusqu’en Orient en passant par la Barbarie. Nous sommes fondés de le faire, parce que ce sont, à n’en pas douter, des plantes qui sont venues d’Orient et qui ont pénétré jusqu’en Espagne. Cela fait 39 % de plantes orientales.
C. 11 endémiques dans la région (19 %), auxquelles nous pouvons ajouter quatre particulières au Maroc, à l’Algérie et à la Tunisie, ce qui fait en tout 15, c’est-à-dire 25 %.
D. 6 à dispersion occidentale typique (10 %).
E. 2 de ces plantes, c’est-à-dire le 3 % ont une aire disjointe et se retrouvent en Sicile et dans le Nord de l’Espagne sans passer par le Maroc. Nous pensons qu’il faut voir là cet élément à dispersion transversale par rapport à la Méditerranée, représenté par des espèces si nombreuses dans le Tell, comme l’indique Cosson.
1) Limoniastrum Feei Hook., dont nous avons observé un type très remarquable près de Tiout. Nous devons ajouter cependant que l’on y rencontre quelques exemplaires d’Euphorbia cornuta Pers.
2) Gymnocarpos fruticosus Pers. (Voy. Pl. VI, fig. 9). C’est dans ce steppe que nous avons observé un grand nombre de Cistanche violacea qui paraissaient être des plantes indépendantes tellement elles étaient isolées.
3) Haloxylon articulatum Bunge (Voy. Pl. VI, fig. 10)[22] dans une dépression où l’eau devait séjourner longtemps et où le terrain contenait du chlorure de sodium.
4) Suæda vermiculata Forsk., forme un steppe très curieux dans un terrain sablonneux à une certaine distance de l’oued de Duveyrier. Ce steppe se termine en s’appuyant au petit bois de tamaris qui longe l’oued (V. Pl. VIII, fig. 13). A cet endroit on trouve entre les groupes du Suæda quelques Peganum Harmala L.
5) Anabasis aretioides Moq. et Coss. Il est peut-être exagéré d’appeler cette espèce exclusive, car les seuls steppes à Anabasis aretioides que nous ayons observés sont ceux que l’on traverse en chemin de fer, à plusieurs reprises, entre Mograr Foukani et Duveyrier. Quoique nous ne nous soyons pas arrêté, nous avons eu cependant l’impression que cette plante d’un port si frappant et si caractéristique occupait seule de grands espaces. Cette impression a été corroborée par plusieurs officiers ou médecins militaires qui nous ont affirmé avoir parcouru d’immenses plaines où, seul, ce champignon du désert, comme ils l’appellent, mettait dans l’étendue stérile la monotonie de ses mamelons grisâtres et toujours fort espacés.
Cependant, il peut arriver que ce steppe prenne une allure plus caractéristique dans certains endroits de la plaine où le sol est sablonneux sans être en rapport direct avec une dune. On pourra rencontrer là l’association suivante :
Comme végétaux caractéristiques formant des touffes steppiques
- Stipa tenacissima L., qui est presque toujours en majorité.
- Rhanterium adpressum Coss. et Dur.
- Randonia africana Coss.
et disséminés çà et là dans les interstices :
- Delphinium pubescens DC.
- Atractylis prolifera Boiss.
- Teucrium Polium L. v. vulgare Benth.
- Picris Saharæ Hochr.
- Aristida obtusa Delile.
- Launæa resedifolia O. Kuntz., etc.
Dans certains cas rares il s’y ajoute un ou deux buissons de Genista Rætam.
Nous aurons à parler tout à l’heure des steppes composites qui se trouvent au voisinage des oasis et l’association dont nous allons nous occuper maintenant participe de leur nature.
Nous verrons aussi comment Massart cherche à expliquer la présence de certaines espèces dans le voisinage des oasis par l’influence des herbivores ; mais comme, dans le cas qui nous occupe, nous avons affaire à une association observée au centre des hauts plateaux, c’est-à-dire au milieu des pâturages, le facteur mentionné ci-dessus semble exclus. D’autre part, comme le terrain est très sablonneux et un peu salé, malgré le voisinage d’un oasis point d’eau, nous pouvons classer cette association parmi les types de steppes sablonneux (Voy. Pl. VII, fig. 11).
Les touffes steppiques n’y constituent pas des mottes proéminentes et les espèces caractéristiques sont nombreuses. On peut s’en rendre compte déjà par l’examen de notre figure 11. Les plus grosses touffes sont formées par :
- Peganum Harmala L.
- Lepidium subulatum L.
- Stipa gigantea Lag.
- Lygeum Spartum L.
- Erodium glaucophyllum L’Hérit.
Les plantes plus petites sont :
- Herniaria mauritanica Murbeck.
- Atriplex parvifolius Lowe.
- Plantago albicans L.
- » maritima L. v. chottica Hochr.
- Helianthemum hirtum Pers. v. deserti Coss.
- » Lippii Pers. v. sessiliflorum Spach.
- Launæa resedifolia O. Kuntz., v. viminea Hochr.
- Muricaria Battandieri Hochr. v. genuina Hochr.
- Sisymbrium Reboudianum Verlot, etc.
On pourrait appeler cela le steppe sablonneux des chotts.
En dernier lieu nous voudrions mentionner un type de steppe sablonneux assez fréquent, et caractérisé par la présence de buissons disséminés de Zizyphus Lotus. Ces derniers se trouvent le plus souvent au sommet de petites éminences sableuses et sont accompagnés par des associations analogues à celle mentionnée pour le steppe sablonneux non salé (Voy. Pl. VII, fig. 12).
§ 3. Steppes rocailleux. — 1. Steppe d’alfa. C’est le steppe typique le plus fréquent sur les hauts plateaux et dans la bordure saharienne. L’espèce prédominante et parfois presque exclusive qui donne la physionomie de ce steppe, est le Stipa tenacissima (V. Pl. VIII, fig. 14). A l’abri de ses énormes touffes, dont on voit jusqu’à l’infini ondoyer les panaches jaune pâle, se rencontre une série d’espèces plus petites, parmi lesquelles il est intéressant de constater que, suivant les régions, soit l’une soit l’autre peut jouir d’une prédominance relative. Ce sont :
- Daucus sahariensis Murbeck.
- Coronilla scorpioides Koch.
- Diplotaxis virgata DC.
- Herniaria cinerea DC.
- Astragalus Fontanesii Coss. et Dur.
- Ebenus pinnata Ait.
- Scorzonera undulata Vahl v. alexandrina Bonn. et Barr.
- Statice Bonduelli Lestib.
- Atractylis cancellata L.
- Picris Saharæ Hochr.
- Ononis glabrescens Hochr.
- » » » v. minor Hochr.
- Odontospermum pygmæum O. Hoffm.
2. Voici la composition d’un steppe rocailleux dépourvu d’alfa et observé plus au Sud, près de Aïn el Hadjej (Voy. Pl. XI, fig. 17) :
- Erucaria uncata Boiss.
- Helianthemum Lippii Pers. v. ellipticum Boiss.
- Euphorbia calyptrata Coss. et Dur.
- Fagonia glutinosa Delile.
- Reseda arabica Boiss.
- Centaurea crupinoides Desf.
- Carrichtera Vellæ DC.
- Daucus sahariensis Murb. v. elongatus Hochr.
3. Au milieu du steppe rocailleux, on rencontre parfois dans les vallées de la bordure saharienne des rochers isolés qui surgissent de la plaine et qui ont quelqu’influence sur l’association en question. Ils y introduisent une certaine variété, comme on pourra le constater par les espèces suivantes dont deux endémismes typiques :
- Galium ephedroides Willk. v. oranense Hochr.
- » » » le type.
- Dianthus crinitus Sm.
- Reichardia orientalis Hochr.
- Picris Saharæ Hochr. v. oranensis Hochr.
- Allium pallens L.
- Cutandia divaricata Benth.
- Matthiola oxyceras DC. v. livida Conti.
récoltés près de l’un de ces massifs rocheux où l’on observe des sculptures préhistoriques célèbres dans le pays.
C’est à peine une formation steppique. Dans la plaine d’alfa, elle se présente sous forme de petites espaces très circonscrits et dénudés. Le terrain rocailleux y fait place à un limon plus ou moins mélangé de cailloux et l’on constate çà et là de petites plantes appliquées contre le sol ou rampantes. Le contraste avec les hautes tiges de l’alfa environnant est donc frappant. Les espèces que nous avons notées dans ces petites dépressions sont les suivantes :
- Ajuga Iva Schreb. v. pseudo-Iva Benth.
- Reseda arabica Boiss.
- Scabiosa arenaria Forskal.
- » monspeliensis Jacq. v. minor Batt. et Tr.
- Erodium laciniatum Willd. v. Bovei Hochr.
et dans un ou deux cas seulement :
- Anabasis aretioides Moq. et Coss.
échappé de l’extrême Sud.
2. Dépressions limoneuses en général. Nous n’avons pas eu le moyen d’étudier de près cette association caractéristique dont une des plantes les plus saillantes est l’Artemisia Herba-alba Asso ; au reste elle a été remarquée par la plupart des voyageurs et on en trouvera facilement de bonnes descriptions (Voy. Pl. X, fig. 16).
A titre d’exemple nous mentionnerons quelques plantes notées dans cette association aux environs d’Aïn-Sefra, telle qu’on la voit sur notre planche (Pl. IX, fig. 15) :
- Stipa tenacissima L.
- Peganum Harmala L.
- Salsola Kali L. v. Tragus Boiss.
- Fagonia glutinosa Delile.
- Hedypnois cretica Willd.
- Daucus sahariensis Murb.
- Scabiosa arenaria Forsk.
- Atractylis prolifera Boiss.
- Matthiola oxyceras DC. v. livida Conti.
- Atractylis cancellata L.
- Artemisia Herba-alba Asso.
etc., etc.
Remarque : Avant de terminer ce que nous avons à dire sur les steppes, nous voudrions signaler une petite association très élégante et très localisée du reste. Ce n’est ni un steppe, ni une dune, ni un point d’eau, mais cette petite station participait au caractère physique de ces trois facteurs œcologiques. Nous avons récolté là ensemble l’Imperata cylindrica P. de Beauv., formant de petites touffes aux longs panaches argentés, et l’Iris Xiphium L. dont les grandes fleurs s’enlevaient en violet foncé sur le sol jaune et sablonneux. Il est certain que cette association nous a frappé surtout à cause de son caractère esthétique. Nous ne l’avons jamais observée ailleurs ; elle n’a donc qu’un intérêt scientifique fort restreint.
D’autre part il est à remarquer qu’une très grande quantité de ces plantes steppiques du Sud se retrouvent sur les hauts plateaux. Une forte proportion aussi est particulière aux montagnes du Sud et au Sahara. Dans un ou deux cas seulement, d’après les renseignements incomplets que nous possédons sur ce sujet, nous avons rencontré des espèces vivant dans les montagnes du Tell, dans celles du Sud et manquant sur les hauts plateaux. Et encore dans ces cas si rares, l’absence sur les hauts plateaux n’est-elle rien moins que certaine ; si même elle l’était, la présence de ces plantes dans cette association pourrait s’expliquer par le fait que souvent les plantes de montagne descendent jusque dans la plaine en suivant le cours des ouadi. Ce que nous venons de dire au sujet des affinités de la végétation steppique s’affirme davantage encore, si, dans les proportions établies, nous faisons abstraction de l’élément circumméditerranéen.
Chapitre IV
Les montagnes.
Les montagnes du Sud-Oranais sont presque toutes des dômes allongés et monotones, formés par des grès paléozoïques et elles sont couvertes d’une végétation fort riche pour la région. Dans leur partie inférieure, les flancs s’élèvent en pente douce et sont couverts, comme la plaine environnante, d’une association steppique de plantes herbacées ou sous-frutescentes. Leur partie supérieure au contraire, de 1300 ou 1500 m. à 2000 et au-delà, est couverte dans presque tous les cas par des forêts d’une nature particulière.
Il va sans dire que la partie inférieure présente d’étroites analogies avec les steppes ; néanmoins elle s’en distingue par la présence d’un assez grand nombre d’espèces descendues des hauteurs. C’est le cas en particulier pour les forêts qui s’allongent en pointe vers le bas, en suivant le cours des ouadi. On peut observer ce phénomène de loin déjà sur la plupart des montagnes (Voy. Pl. XII, fig. 18). Dans d’autres cas, au contraire, les déboisements ou les incendies ont fait leur œuvre et la montagne est dénudée jusqu’à une altitude considérable. Alors le steppe s’étend et, quoiqu’il s’incorpore un grand nombre d’espèces de la zone forestière, il entraîne cependant avec lui jusqu’à des altitudes inusitées bien des espèces des hauts plateaux.
La flore montagneuse est d’un puissant intérêt ; comme elle est très riche et variée, on peut y distinguer trois zones :
1) La zone inférieure non boisée dont nous avons déjà parlé ; elle s’étend jusqu’à 1400 m. environ.
2) La zone moyenne de 1400 à 1700 ou 1800 m.
3) La zone supérieure de 1700 ou 1800 m. à 2000 m. et au-dessus.
Il ne faudrait pas s’imaginer que ces limites soient absolues ! Comme les limites des forêts, elles sont très variables et même dans beaucoup de cas où la lisière des forêts remonte à de hautes altitudes, on voit la zone moyenne ne pas coïncider avec cette dernière. Inversément, nous verrons que des associations entières, caractéristiques du sommet des montagnes, sont entraînées très bas le long des rives boisées des torrents.
A l’intérieur des zones de végétation que nous venons de mentionner, il y a des associations particulières, mais celles-ci elles-mêmes contribuent parfois à caractériser la zone en question, tel est le cas pour les prairies que l’on rencontre sous forme de clairières dans la zone supérieure et, plus rarement, dans la zone moyenne. Tel est le cas aussi pour les sources de montagne, mentionnées déjà à propos des points d’eau, ou bien enfin, pour les rochers accidentés qui se trouvent parfois au sommet de quelque dôme démantelé.
Pour nous rendre compte des affinités et de l’origine de ces différentes flores, il convient d’étudier chaque zone à part et de dresser, pour chacune d’entre elles, les statistiques que nous avons faites pour les groupes analysés plus haut. Il faudra introduire quelque peu d’arbitraire dans les listes de cette nature, parce que les limites altitudinaires ne coïncident pas toujours avec les zones que nous avons établies. D’autre part, souvent une même espèce se rencontre dans deux ou trois zones différentes et, comme nous l’avons dit, les limites des zones sont parfois très difficiles à tracer dans un cas donné. Mais si nous laissons autant que possible de côté les cas douteux et que nous répétions autant que faire se pourra la même espèce dans diverses listes, lorsqu’elle aura été récoltée à des altitudes différentes, nous pourrons néanmoins nous faire une idée générale au sujet des éléments de la flore montagneuse. En effet, les indications données par une étude systématique de ces questions sont tellement nettes que — si imparfaites et si incomplètes que soient nos listes — les résultats généraux s’en dégagent néanmoins avec une évidence indiscutable, comme on a pu le voir déjà dans les chapitres qui précèdent.
1) Dans la zone inférieure des montagnes, c’est avec toutes ses espèces accessoires le steppe d’alfa qui remonte le long des pentes de la montagne. Il serait donc inutile de répéter ici la liste que nous en avons donnée, comme il nous a paru fastidieux d’y récolter à nouveau les mêmes plantes. Mais, à ces espèces déjà mentionnées, s’en joignaient d’autres dont la présence frappait au premier abord, parce que nous ne les avions pas rencontrées dans la plaine. C’étaient par exemple :
- Plantago Psyllium L., circumméditerranéen.
- Linum strictum L., circumméditerranéen.
- Glaucium corniculatum Curtis v. phœniceum DC., circumméditerranéen.
- Rumex vesicarius L., d’Orient.
- Calendula ægyptiaca Pers., d’Orient.
- Echiochilon fruticosum Desf., d’Orient.
- Moricandia arvensis DC. v. suffruticosa Coss., d’Orient.
- Astragalus Fontanesii Coss. et Dur., d’Algérie en Egypte.
- Centaurea melitensis L., d’Espagne et bassin méditerranéen occidental.
- Erinacea pungens Boiss., d’Espagne et bassin méditerranéen occidental.
- Catananche cœrulea L. v. propinqua Hochr., du Maroc.
- Daucus sahariensis Murb. v. elongatus Hochr., endémique dans la région.
- Centaurea incana Desf. v. Saharæ Hochr., endémique dans la région.
- Crambe Kralikii Coss., endémique dans la région.
Si l’on ajoute cela à l’association des steppes d’alfa, on verra que les rapports avec l’Orient restent très étroits ; les rapports avec l’Occident augmentent un peu, ainsi que les endémismes. Cette augmentation est très faible.
Malgré le peu que nous savons au sujet de leur dispersion en Algérie même, nous remarquons que la plupart des espèces signalées dans la caractéristique de la région montagneuse inférieure, sont des plantes habitant surtout le Sahara et la chaîne de bordure. Les autres habitent les trois régions ou bien les deux régions méridionales. Cette observation est à retenir pour la comparaison avec les zones supérieures.
2) Nous mentionnerons aussi dans la zone inférieure l’association dont nous avons déjà parlé et qui se rattache à la partie boisée des montagnes, c’est-à-dire les plantes qui descendent presque jusque dans la plaine en suivant les ouadis (Voy. Pl. XIII, fig. 19). Mais nous ne pouvons pas tenir compte de la liste que nous allons donner pour élucider les affinités de la zone montagneuse la plus inférieure ; c’est pourquoi pour la discussion de ces affinités nous rattacherons les éléments de cette association à leurs zones naturelles respectives. Nous y avons noté à côté des :
- Juniperus phœnicea L.
- » Oxycedrus L.
les plus fréquents et
- Quercus Ilex L. v. Ballota DC.
- Juniperus macrocarpa Sibth. et Sm. v. globosa Neilreich.
les espèces suivantes :
- Chrysanthemum macrotum Ball.
- Achillea odorata L.
- Silene amurensis Pomel.
- Dianthus longicaulis Ten.
- Atractylis cæspitosa Desf.
- Arabis auriculata Lam.
- Linaria heterophylla Desf. v. aurasiaca Hochr.
Il va sans dire que cette association est en outre fortement imprégnée d’espèces de la zone inférieure steppique telles que :
- Erinacea pungens Boiss.
- Astragalus Fontanesii,
etc., etc.
- Juniperus Oxycedrus L.
- » phœnicea L.
dominent, tandis que :
- Quercus Ilex L. v. Ballota et
- Juniperus macrocarpa
sont en plus petit nombre. Nous n’avons jamais observé le pin d’Halep dans cette région.
Tous ces arbres ont une forme très caractéristique ; ils possèdent presque toujours un ou plusieurs troncs parfois très gros mais branchus jusqu’à la base, de telle sorte qu’isolés, comme ils le sont, ils ont plus ou moins la forme d’une sphère. On pourrait comparer ces forêts singulières au steppe ; elles sont aux forêts denses ce que le steppe est à la prairie.
Entre ces individus arborescents se trouve toute une flore herbacée, suffrutescente ou même frutescente, à organisation plus ou moins steppique. Elle peut devenir parfois assez dense pour former dans les clairières de petites prairies.
Les espèces herbacées qu’on observe dans cette région, et qui accompagnent les essences ligneuses mentionnées, sont :
- Scrophularia canina L., plus ou moins cosmopolite[23].
- Veronica Anagallis L., plus ou moins cosmopolite.
- Scirpus Holoschœnus L., plus ou moins cosmopolite.
- Lamium amplexicaule L., plus ou moins cosmopolite.
- Sonchus asper Hill, plus ou moins cosmopolite.
- Ranunculus macrophyllus Desf. v. macrophyllus Hochr., plus ou moins cosmopolite.
- Convolvulus arvensis L., plus ou moins cosmopolite.
- Scorzonera laciniata L., plus ou moins cosmopolite.
- Lolium perenne L., plus ou moins cosmopolite.
- Elymus caput-medusæ L., plus ou moins cosmopolite.
- Bromus tectorum L., plus ou moins cosmopolite.
- Bromus squarrosus L., plus ou moins cosmopolite.
- Linaria arvensis Desf. v. parviflora Hochr., plus ou moins cosmopolite.
- Arenaria serpyllifolia L. v. tenuior Koch, plus ou moins cosmopolite.
- Sideritis montana L. v. ebracteata Briq., circumméditerranéen.
- Hedypnois cretica Willd., circumméditerranéen.
- Papaver somniferum var. setigerum Webb., circumméditerranéen.
- Artemisia Herba-alba Asso., circumméditerranéen.
- Plantago albicans L., circumméditerranéen.
- Teucrium Polium L. v. flavovirens Briq., circumméditerranéen.
- Ceratocephalus falcatus Pers. v. incurvus Boiss., circumméditerranéen.
- Schismus calycinus Coss., circumméditerranéen.
- Bromus rubens L. v. canescens Coss., circumméditerranéen.
- Lygeum Spartum L., circumméditerranéen.
- Rosmarinus officinalis L., circumméditerranéen.
- Thlaspi perfoliatum L., circumméditerranéen.
- Carrichtera Vellæ DC., circumméditerranéen.
- Satureia rotundifolia Briq., circumméditerranéen.
- Echinaria capitata Desf., circumméditerranéen.
- Fumaria densiflora DC., circumméditerranéen.
- Herniaria cinerea DC., circumméditerranéen.
- Micropus bombycinus Lag., circumméditerranéen.
- Stipa barbata Desf., d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Echinospermum patulum Lehm. v. genuinum Hochr., d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Erodium glaucophyllum L’Hérit du Maroc en Orient par la Barbarie.
- Ononis Columnæ All., d’Espagne en Orient, mais aussi dans l’Europe méridionale.
- Convolvulus cantabricus L., d’Espagne en Orient, mais aussi dans l’Europe méridionale.
- Alsine setacea Mert. et Koch[24] v. genuina Boiss., Europe méridionale et Algérie.
- Helichrysum scandens Murb.[24], Baléares, Sicile, Maroc à Tunisie.
- Centaurea Battandieri Hochr., endémique dans la région.
- Erucastrum leucanthum Coss. et Dur., endémique dans la région.
- Festuca cynosuroides Desf., endémique dans la région.
- Centaurea incana Desf. v. monocephala Hochr., endémique dans la région.
- Artemisia Herba-alba Asso. v. oranensis Debeaux, endémique dans la région.
- Diplotaxis virgata DC. v. Aïssæ Hochr., endémique dans la région.
- Erucastrum leucanthum Coss. et Dur. v. elongatum Hochr., endémique dans la région.
- Sisymbrium runcinatum Lag. v. hirsutum Coss., endémique dans la région.
- Linum Munbyanum Boiss. et Reut. v. meridionale Hochr., endémique dans la région.
- Pallenis spinosa Cass. v. cuspidata Hochr., endémique dans la région.
- Asperula hirsuta Desf., d’Espagne en Tunisie.
- Chrysanthemum macrotum Ball., d’Espagne en Tunisie.
- Stipa tenacissima L., d’Espagne en Tunisie.
- Marrubium supinum L., d’Espagne en Tunisie.
- Erysimum Kunzeanum Boiss. et Reut., d’Espagne en Algérie.
- Diplotaxis virgata DC., d’Espagne en Algérie.
- Festuca unilateralis Schrad. v. aristata Coss. et Dur., d’Espagne en Algérie.
- Nepeta Nepetella L. v. amethystina Briq., d’Espagne en Algérie.
- Populus alba L. v. integrifolia Ball, d’Espagne en Algérie.
- Asphodelus cerasifer Gay, d’Espagne en Tunisie et en Europe méridionale, manque en Orient.
- Fumaria spicata L., d’Espagne en Tunisie et en Europe méridionale, manque en Orient.
- Rosa Pouzini Trattinick, d’Espagne en Tunisie et en Europe méridionale, manque en Orient.
- Crepis taraxacifolia Thuill, d’Espagne en Tunisie et en Europe méridionale, manque en Orient.
- Sisymbrium Sophia L., d’Espagne en Tunisie et en Europe méridionale, manque en Orient.
- Coronilla juncea L. v. Pomeli Hochr., d’Espagne en Tunisie et en Europe occidentale, manque en Orient.
- Atractylis cæspitosa Desf., du Maroc en Tunisie.
- Polycnemum Fontanesii Dur. et Moq., du Maroc en Algérie.
Pour être complet et pour avoir des proportions qui correspondent à la flore de cette zone, il est nécessaire d’ajouter à notre liste une série d’espèces habitant la zone supérieure mais descendant toujours plus ou moins bas, dans la zone moyenne.
Ces plantes communes aux deux zones sont :
- Asperugo procumbens L., plus ou moins cosmopolite.
- Androsace maxima L., plus ou moins cosmopolite.
- Arabis auriculata Lam., plus ou moins cosmopolite.
- » » » v. dasycarpa Andrz, plus ou moins cosmopolite.
- Alyssum campestre L., plus ou moins cosmopolite.
- Juniperus phœnicea L., circumméditerranéen.
- » Oxycedrus L., circumméditerranéen.
- » macrocarpa Sibth. et Sm., circumméditerranéen.
- Triticum triaristatum Gr. et God., circumméditerranéen.
- Launæa spinosa Sch. Bip., d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Helianthemum hirtum Pers. v. deserti Coss., endémique.
- Polycarpon Bivonæ Hay, d’Italie en Asie mineure, du Maroc en Tunisie.
- Quercus Ilex L. v. Ballota DC., d’Espagne en Tunisie.
- Cynoglossum cheirifolium L.[25], d’Espagne en Tunisie.
- Helianthemum papillare Boiss., d’Espagne en Tunisie.
- Anthemis punctata Vahl, d’Espagne en Tunisie.
- Linum suffruticosum L., d’Espagne en Tunisie.
- Helianthemum pilosum Pers., d’Espagne en Tunisie.
- Ephedra fragilis Desf. v. Desfontainii Stapf.[26], d’Espagne en Tunisie.
- Chrysanthemum Gayanum Ball, au Maroc et en Algérie occidentale.
- Chrysanthemum Maresii Ball, au Maroc et en Algérie occidentale.
Si nous envisageons l’ensemble de ces listes, nous remarquons d’abord que la proportion des cosmopolites est fortement augmentée, à cause de l’association des sources de montagne dont nous avons fait rentrer la liste dans l’énumération ci-dessus. Les six premières espèces sont des plantes de point d’eau et pour ne pas troubler nos résultats, nous n’en tiendrons pas compte dans les proportions à établir. Nous avons cependant voulu les énumérer pour être complet.
Une première remarque s’impose tout d’abord, c’est que le nombre total des espèces et variétés observées est beaucoup plus grand que dans le steppe ou dans la région inférieure.
En faisant abstraction des cosmopolites de marécage, il s’élève à 77, parmi lesquelles :
A. 34 cosmopolites ou circumméditerranéennes, c’est-à-dire le 44 %. 8 ou 10 sont des espèces habitant l’Europe centrale et constituent un élément spécial dont nous aurons à parler plus tard. Il reste donc comme proportion de cosmopolites ou de circumméditerranéennes vraies, environ 30 %, une proportion un peu plus forte que dans le steppe de la plaine.
B. 6 orientales, c’est-à-dire le 8 %. Notons ici la diminution énorme de cet élément.
C. 12 endémiques, en y comptant l’Atractylis cæspitosa qui s’étend d’un côté au Maroc, de l’autre en Tunisie. Cela fait une proportion de 16 % de plantes particulières à la région, par conséquent à peine plus faible que dans le steppe ; mais vu l’imperfection de nos statistiques, nous ne saurions baser de conclusion sur une différence aussi minime.
D. 23 à aire occidentale, c’est-à-dire environ le 30 %.
E. 3 de ces plantes enfin, c’est-à-dire un peu plus du 3 %, présentent une aire disjointe, en ce sens qu’elles se trouvent dans l’Europe méridionale, la Sicile en particulier, et en Algérie, tout en faisant défaut, d’une part en Espagne et au Maroc, d’autre part en Orient.
En gros nous pouvons dire que, par rapport à la zone inférieure et au steppe, les affinités avec l’Orient ont diminué dans une très forte mesure au profit de l’affinité avec l’Occident dont l’influence devient prépondérante.
Il nous reste à examiner rapidement quelques-unes des associations les plus typiques de cette zone.
1. Forêts de genévriers et de chênes-verts. — Dans les intervalles entre les arbres, sur un terrain rocheux ou sur des éboulis plus ou moins recouverts de terre, se trouve une série de petites espèces chétives pourvues souvent d’assez jolies fleurs où butinent de nombreux insectes. Il peut s’y ajouter un végétal remarquable à cause de ses petits buissons bas et très verts, c’est le Rosmarinus officinalis qui donne une physionomie vraiment particulière à l’association quand il s’y trouve en grand nombre. A côté des arbres précités et du romarin nous avons noté les espèces suivantes :
- Fumaria densiflora DC.
- Helichrysum scandens Murb.
- Ephedra fragilis Desf. v. Desfontainii Stapf.
- Chrysanthemum Gayanum Ball.
- » Maresii »
- Launæa spinosa Sch. Bip.
- Alsine setacea Mert. et Koch.
- Cynoglossum cheirifolium L.
- Helianthemum papillare Boiss.
- Anthemis punctata Vahl.
- Centaurea Battandieri Hochr.
- Erucastrum leucanthum Coss. et Dur.
- » » » v. elongatum Hochr.
- Erysimum Kunzeanum Boiss. et Reut.
- Coronilla juncea L. v. Pomeli Hochr.
- Sisymbrium Sophia L.
- Artemisia Herba-alba Asso v. oranensis Debeaux.
- Lygeum Spartum L.
etc., etc.
Et plutôt dans les éboulis grossiers, quelque peu recouverts de terre :
- Veronica rosea Desf.
- Linum suffruticosum L. v. squarrosum Munby.
- Helianthemum hirtum Pers. v. deserti Coss.
- » pilosum Pers.
- Arenaria serpyllifolia L. v. tenuior Koch.
- Asperula hirsuta Desf.
- Polycarpon Bivonæ Gay.
Cette dernière série forme en quelque sorte une sous-association, car elle affectionne les endroits plutôt ombreux ; toutefois elle se combine de toutes manières avec la série précédente et avec la suivante.
Parmi les espèces se rattachant toujours à l’association des forêts de genévriers et de chênes-verts, nous tenons à mentionner à part les espèces suivantes, récoltées toutes dans les pierres du chemin et dont nous attribuons la présence en grande partie au passage des troupeaux. En effet toutes ou presque toutes sont des plantes à dispersion étendue, cosmopolite ou circumméditerranéenne et plusieurs possèdent des appareils de dissémination adhéreurs :
- Echinaria capitata Desf.
- Triticum triaristatum Gr. et Godr.
- Elymus caput-medusæ L.
- Bromus squarrosus L.
- » tectorum L.
- » rubens L. v. canescens Coss.
- Lolium perenne L.
- Ceratocephalus falcatus Pers. v. incurvus Boiss.
- Arabis auriculata Lam. v. genuina.
- » » » v. dasycarpa Andrez.
- Herniaria cinerea DC.
- Thlaspi perfoliatum L.
- Alyssum campestre L.
- Asperugo procumbens L.
- Androsace maxima L.
- Ononis Columnæ All.
- Linaria arvensis Desf. v. parviflora Hochr.
- Satureia rotundifolia Briq.
- Erodium glaucophyllum L’Hérit.
2. Prairies-clairières. — Il nous est très difficile de donner un aperçu même fragmentaire de cette association, parce qu’elle est fort rare dans la zone moyenne. Elle est beaucoup plus fréquente dans la zone supérieure ; d’autre part dans quelque zone qu’elle se trouve, elle sert presque toujours de pâturage aux herbivores et ces derniers ne laissent pas une plante entière. Dans certains cas même, là où il y a une tribu dans le voisinage, il ne reste absolument rien qu’un gazon tondu ras, piétiné, où aucune détermination n’est possible. Quoiqu’il en soit, nous mentionnerons cependant quelques espèces récoltées dans la clairière d’Aïn-Aïssa (Voy. Pl. XIII, fig. 20) afin de donner une idée du caractère de ces associations :
- Hedypnois cretica Wild.
- Papaver somniferum var. setigerum Webb.
- Convolvulus arvensis L.
- Scorzonera laciniata L.
- Convolvulus cantabricus L.
3. Pentes herbeuses déboisées. — Lorsqu’elles sont suffisamment recouvertes de terre végétale, l’alfa domine de beaucoup, et elles constituent un steppe très serré de Stipa tenacissima. Il peut s’y ajouter comme sur les pentes sud-est du Djebel Morghad :
- Crepis taraxacifolia Thuill.
- Pallenis spinosa Cass. v. cuspidata Hochr.
- Linum Munbyanum Boiss. et Reut. v. meridionale Hochr.
Lorsque la pente est surtout rocailleuse, l’alfa est en moins grande quantité, il forme des touffes plus petites et plus espacées. Il s’y ajoute des touffes de :
- Atractylis cæspitosa Desf.
- Polycnemum Fontanesii Dur. et Moq.
- Artemisia Herba-alba Asso.
Et, dans les intervalles, se trouvent en très grand nombre des espèces plus petites :
- Carrichtera Vellæ DC.
- Echinospermum patulum Lehm. v. genuinum Hochr.
- Schismus calycinus Coss.
- Diplotaxis virgata DC. v. Aïssæ Hochr.
- Sisymbrium runcinatum Lag. v. hirsutum Coss.
- Fumaria spicata L.
A une altitude supérieure, nous avons observé l’association suivante, qui devrait rentrer dans la zone supérieure si l’on ne prenait en considération que l’altitude de 1700 à 1800 mètres (Voy. Pl. XIV, fig. 21). La formation est toujours steppique :
- Stipa tenacissima L.
- Artemisia Herba-alba Asso.
- Chrysanthemum macrotum Ball.
- Festuca cynosuroides Desf.
- Centaurea incana Desf. v. monocephala Hochr.
- Diplotaxis virgata DC.
- Festuca unilateralis Schrad. v. aristata Coss. et Bur.
- Stipa barbata Desf.
- Teucrium Polium L. v. flavovirens Briq.
- Plantago albicans L.
- Papaver somniferum var. setigerum Webb.
- Micropus bombycinus Lag.
Malgré des données incomplètes sur la phytogéographie de l’Algérie, on ne peut qu’être frappé du grand nombre de plantes répandues dans le Tell et dans la chaîne de bordure saharienne, mais manquant sur les hauts plateaux. C’est environ le 30 % des végétaux au sujet desquels nous avons trouvé quelques renseignements. Et même, dans cette série de 30 %, plus de la moitié sont indiqués expressément comme habitant les hauts sommets du Tell et plusieurs du Djurdjura. Une très grande quantité aussi (à peu près la même proportion) est indiquée comme habitant le Tell, les hauts plateaux et la bordure saharienne.
Par rapport aux précédents, un très petit nombre au contraire (environ le 10 %) est indiqué pour les hauts plateaux et dans la bordure saharienne ; le reste serait constitué par des plantes de la bordure saharienne et du Sahara. On pourrait déjà tirer une conclusion de cette constatation mais elle ressortira avec plus de clarté encore de l’étude de la zone supérieure.
Au sommet des montagnes, ce ne sont plus les genévriers qui dominent, mais bien les chênes-verts ; il s’y ajoute les Juniperus macrocarpa en assez grand nombre. On y rencontre aussi, mais moins fréquents que dans la zone moyenne, le Juniperus Oxycedrus et J. phœnicea. Enfin un arbre que nous avons rencontré dans cette zone seule, et qui lui donne un faciès caractéristique, la séparant du coup de toutes les associations de la région, c’est le Pinus Halepensis. Nous en avons observé plusieurs groupes, parfois assez étendus, sur les pentes du Djebel Aïssa ; ce sont des arbres extrêmement vieux, très élevés et dont les formes tourmentées sont des plus pittoresques (Voy. Pl. XV, fig. 23). Il est évident que cette essence est en voie d’extinction, et ces bouquets de bois de haute futaie sont les restes d’une ancienne splendeur. Nous ne doutons pas qu’autrefois, les pins d’Halep n’aient recouvert la plupart des montagnes de la région.
Quant aux autres essences, ce sont des arbres identiques à ceux de la zone moyenne, mais plus on s’élève, plus les exemplaires deviennent exubérants, plus ils se rapprochent aussi ; au point que, sur les hauts sommets, au Djebel Morghad par exemple (2136 m.), ils forment de petits bois très denses, où les couronnes entrent en contact les unes avec les autres et constituent un dôme ombreux continu. Ce même phénomène peut s’observer aussi dans le voisinage des sources ; dans ce cas il est tout à fait localisé ; ailleurs les arbres sont toujours plus ou moins espacés comme dans la zone moyenne.
Un autre caractère de cette zone supérieure est la présence de prairies-clairières comme nous en avons mentionné déjà dans la zone moyenne où elles sont fort rares du reste. Dans la zone supérieure, au contraire, elles sont la règle, tandis que la formation steppique type y fait défaut.
Dans ces forêts de la zone supérieure comme dans ses clairières, nous avons relevé les espèces suivantes :
- Bromus tectorum L., plus ou moins cosmopolite.
- Lolium perenne L., plus ou moins cosmopolite.
- Triticum triaristatum Gr. et Godr., plus ou moins cosmopolite.
- Poa bulbosa L., plus ou moins cosmopolite.
- Muscari comosum Mill., plus ou moins cosmopolite.
- Sedum album L. v. micranthum DC., plus ou moins cosmopolite.
- Reseda Luteola L. v. Gussonii J. Müll., plus ou moins cosmopolite.
- Myosotis collina Hoffm., plus ou moins cosmopolite.
- Linaria arvensis Desf. v. parviflora Hochr., plus ou moins cosmopolite.
- Herniaria glabra L., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale ou boréale.
- Galium spurium L. v. Vaillantii Gr. et Godr., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale ou boréale.
- Camelina sylvestris Wallr., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale ou boréale.
- Arabis auriculata Lam. v. genuina, circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Arabis auriculata Lam. v. dasycarpa Andrz., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Hutchinsia petræa R. Br., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Arenaria serpyllifolia L. v. tenuior Koch, circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale ou boréale.
- Ruscus aculeatus L., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Asperugo procumbens L., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale ou boréale.
- Androsace maxima L., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale ou boréale.
- Alyssum campestre L., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale ou boréale.
- Silene conica L., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Lactuca viminea J. et K. Presl, circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Osyris alba L., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Xeranthemum inapertum Willd., circumméditerranéen s’étendant en Europe centrale.
- Juniperus phœnicea L., circumméditerranéen.
- » Oxycedrus L., circumméditerranéen.
- » macrocarpa Sibth. et Sm. v. globosa Neilreich, circumméditerranéen.
- Pinus Halepensis Mill., circumméditerranéen.
- Paronychia capitata Lam., circumméditerranéen.
- Thlaspi perfoliatum L., circumméditerranéen.
- Silene colorata Poir. v. pteropleura Coss.[27], circumméditerranéen.
- Jasminum fruticans L., circumméditerranéen.
- Lithospermum incrassatum Guss., circumméditerranéen.
- Sedum nicæense All., circumméditerranéen.
- Cynosurus elegans Desf., circumméditerranéen.
- Bromus rubens L. v. canescens Coss., circumméditerranéen.
- Ruta chalepensis L., circumméditerranéen.
- Avena barbata Brot. v. genuina Willk. et L., circumméditerranéen.
- Reseda alba L. v. firma J. Müll., circumméditerranéen.
- Melica ciliata L. v. nebrodensis Parlat., circumméditerranéen.
- Oryzopsis cœrulescens Batt. et Tr., circumméditerranéen.
- Clematis Flammula L. v. cæspitosa Reich., circumméditerranéen.
- Adonis æstivalis L., circumméditerranéen.
- Plantago Lagopus L., circumméditerranéen.
- Hippocrepis ciliata Willd., circumméditerranéen.
- Salvia Verbenaca L. v. clandestina Briq., circumméditerranéen.
- Cotoneaster nummularia Fisch. et M., d’Orient.
- Launæa spinosa Sch. Bip., d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Stipa parviflora Desf., d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Rochelia disperma Hochr., d’Espagne en Algérie et en Orient par l’Europe centrale.
- Pimpinella Tragium Vill., d’Espagne en Algérie et en Orient par l’Europe centrale.
- Valerianella Auricula DC., d’Espagne en Algérie et au Caucase par l’Europe méridionale.
- Colutea arborescens L., d’Espagne en Algérie et au Caucase par l’Europe méridionale.
- Filago Heldreichii Batt. et Tr., aire disjointe, Europe méridionale et Algérie[28].
- Polycarpon Bivonæ Gay., aire disjointe, Europe méridionale et Algérie.
- Lamium hybridum Vill., aire disjointe, Europe méridionale et Algérie.
- Lathyrus articulatus L., aire disjointe, Europe méridionale et Algérie.
- Anthemis montana L.[29], aire disjointe, Europe méridionale et Algérie.
- Jurinea humilis DC.[29], aire disjointe, Europe méridionale et Algérie.
Formes endémiques en Algérie :
- Festuca ovina L. ss. infesta Hochr., dont l’espèce est circumméditerranéenne.
- Anthriscus vulgaris Pers. f. depauperata[30], dont l’espèce est circumméditerranéenne.
- Pallenis spinosa Cass. v. cuspidata Hochr., dont l’espèce est circumméditerranéenne.
- Senecio leucanthemifolius Poir. v. leucanthemifolius Batt.[31], dont l’espèce est circumméditerranéenne.
- Cistus incanus L. v. Reichenbachii Hochr.[31], dont l’espèce est circumméditerranéenne.
- Linaria heterophylla Desf. v. aurasiaca Hochr., dont l’espèce a une aire disjointe.
- Linum Munbyanum Boiss. et Reut. v. meridionale Hochr., espèce en Barbarie seulement.
- Helianthemum hirtum Pers. v. deserti Coss., espèce en Barbarie seulement.
- Silene oranensis Hochr., l’espèce est elle-même endémique.
- Cerastium echinulatum Coss. et Dur., l’espèce est elle-même endémique.
- Verbascum atlanticum Batt., l’espèce est elle-même endémique.
- Silene amurensis Pomel, l’espèce est elle-même endémique.
- Thymus hirtus Willd. v. albiflorus Briq., espèce en Espagne et Algérie.
- Sisymbrium crassifolium Cav. v. giganteum Hochr., espèce en Espagne et Algérie.
- Sisymbrium crassifolium Cav. v. scaposum Hochr., espèce en Espagne et Algérie.
- Crepis taraxacifolia Thuill. v. Aïssæ Hochr., espèce méditerranéenne occidentale.
- Linum suffruticosum L. v. squarrosum Munby, espèce méditerranéenne occidentale.
- Anthyllis Vulneraria L. v. coccinea L., du Maroc en Tunisie.
- Polygala rupestris Pourr. v. saxatilis Murb., du Maroc en Tunisie.
- Chrysanthemum Gayanum Ball, du Maroc en Algérie.
- » Maresii Ball, du Maroc en Algérie.
- Anacyclus depressus Ball, du Maroc en Algérie.
- Simbuleta fruticosa Hochr., du Maroc en Algérie.
- Delphinium Balansæ Boiss. et Reut., du Maroc en Algérie.
- Dactylis glomerata L. v. spiciformis Hochr., du Maroc en Algérie.
- Alyssum montanum L. v. Aïssæ Hochr., Europe centrale méridionale et Barbarie, manque en Orient.
- Alyssum montanum L. v. atlanticum Boiss., Europe centrale méridionale et Barbarie, manque en Orient.
- Erodium cicutarium L’Hérit. v. Jacquinianum Hochr., Europe centrale méridionale et Barbarie, manque en Orient.
- Rhamnus lycioides L., Europe occidentale, Espagne, Barbarie.
- Centranthus Calcitrapa Dufr., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Crupina vulgaris Cass., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Tulipa Celsiana DC., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Inula montana L. v. calycina Batt. et Tr.[32], partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Sedum dasyphyllum L. v. glanduliferum Gr. et G., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Helianthemum rubellum Presl[33], partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Erysimum grandiflorum Desf., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Anacyclus valentinus L., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Cynoglossum cheirifolium L., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Phillyrea angustifolia L. v. angustifolia Hochr., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Ephedra fragilis Desf. v. Desfontainii Stapf[34], partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Helianthemum pilosum Pers., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Ephedra nebrodensis Tineo v. Villarsii Stapf[32], partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Anthemis punctata Vahl, partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Helianthemum papillare Boiss., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Quercus Ilex L. v. Ballota DC., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Helianthemum virgatum Pers., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Rubia lævis Poir., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Asperula hirsuta Desf., partie occidentale du bassin méditerranéen.
- Marrubium supinum L., d’Espagne en Tunisie.
- Astragalus tenuifolius Desf., d’Espagne en Tunisie.
- Linaria tristis Mill., d’Espagne en Algérie.
- Geum heterocarpum Boiss., d’Espagne en Algérie.
- Berberis australis Hochr., d’Espagne en Algérie.
- Diplotaxis virgata DC. v. Aïssæ Hochr., d’Espagne en Algérie.
- Santolina rosmarinifolia L. v. canescens Boiss., d’Espagne en Algérie, non mentionné au Maroc.
- Veronica rosea Desf., d’Espagne en Algérie, non mentionné au Maroc.
- Armeria allioides Boiss., d’Espagne en Algérie, non mentionné au Maroc.
- Festuca triflora Desf., d’Espagne en Algérie, non mentionné au Maroc.
- Chenopodium foliosum A. et G. v. minus A. et G., dispersion à nous inconnue.
- Lotus commutatus Guss. v. collinus Brand, dispersion à nous inconnue
et, à l’état sporadique, l’alfa (Stipa tenacissima).
Remarquons tout d’abord la richesse de cette région dans laquelle nous avons récolté plus de 118 espèces ou variétés différentes ; quoique nous y ayons herborisé bien moins souvent que dans la plaine. Parmi les plantes récoltées il y a :
A. — 45 espèces ou variétés cosmopolites ou circumméditerranéennes, c’est-à-dire le 30 % ; 15 sont des espèces circumméditerranéennes mais répandues dans l’Europe centrale. Il reste donc en fait de cosmopolites ou de circumméditerranéennes vraies environ le 25 %, proportion un peu plus faible que dans la zone précédente.
B. — 3 orientales, c’est-à-dire le 2 %, donc diminution nouvelle de cet élément par rapport à la zone précédente.
C. — 19 endémiques, en y ajoutant l’Anthyllis Vulneraria L. v. coccinea L. et le Polygala rupestris Pourr. v. saxatilis Murb. qui se retrouvent au Maroc et en Tunisie. Cela fait une proportion d’environ 16 % de plantes particulières à la région.
D. — 39 qui ont une aire plus ou moins étendue du côté de l’Occident (33 vont au moins jusqu’en Espagne), ce qui fait le 33 % de plantes occidentales ; donc une augmentation de cet élément par rapport à la zone précédente. On pourrait ajouter encore ici 4 plantes orientales, qui habitent seulement le Caucase ou les montagnes du Nord de la Perse, et qui ont pénétré en Algérie par la voie de l’Europe méridionale où on les retrouve partout, et non par l’Arabie et l’Egypte où elles font défaut. En comptant ces 4 espèces cela fait une proportion de 36 % de plantes orientales.
E. — 6 de ces plantes enfin, c’est-à-dire le 5 %, présentent une aire disjointe dans l’Europe méridionale, en particulier en Sicile, et en Algérie. Elles manquent au moins dans l’Espagne méridionale et au Maroc, ou bien en France et en Espagne. En gros nous pouvons donc dire que les affinités avec l’Occident et avec le Nord ont augmenté au détriment des affinités avec l’Orient méridional. Enumérons les principales associations de cette zone :
1. Forêts de chênes-verts et de genévriers espacés. (Voy. Pl. XVI, fig. 26). — C’est une association semblable à celle que nous avons vue dans la zone moyenne, mais les chênes-verts sont en plus grand nombre et les espèces de sous-bois sont un peu différentes. Suivant que nous nous trouvons à la partie inférieure de la zone ou à une altitude plus considérable l’association varie quelque peu.
A 1700 ou 1800 m. nous avons observé sur les pentes du Ras Chergui et près du col de Merbah au Djebel Morghad, les espèces suivantes :
- Helianthemum rubellum Presl, dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Helianthemum pilosum Pers., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Helianthemum papillare Boiss., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Helianthemum hirtum Pers. v. deserti Coss., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Linum suffruticosum L. v. squarrosum Munby, dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Sedum nicæense All., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Ephedra fragilis Desf. v. Desfontainii Stapf., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Veronica rosea Desf., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Chrysanthemum Maresii Ball, dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Chrysanthemum Gayanum Ball, dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Polycarpon Bivonæ Gay, dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Anthemis punctata Vahl, dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Cynoglossum cheirifolium L., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Coronilla juncea L. v. Pomeli Hochr., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Diplotaxis virgata DC. v. Aïssæ Hochr., dans les deux stations et un peu partout à cette altitude.
- Launæa spinosa Sch. Bip., récolté seulement au Ras Chergui.
- Erodium cicutarium L’Hérit. v. Jacquinianum Hochr., seulement au Col de Merbah.
- Astragalus tenuifolius Desf., seulement au Col de Merbah.
Au Djebel Aïssa, à la même altitude mais dans une exposition plus favorable, nous avons noté dans la même formation :
- Cistus incanus L. v. Reichenbachii Hochr.
- Colutea arborescens L.
- Xeranthemum inapertum Willd.
- Crepis taraxacifolia Thuill. v. Aïssæ Hochr.
- Ruta chalepensis L.
- Chrysanthemum Maresii Ball.
- Verbascum atlanticum Batt.
- Coronilla juncea L. v. Pomeli Hochr.
Enfin, les espèces suivantes que nous rapportons avec doute à cette association, parce que nous les avons récoltées sur le chemin muletier et, comme nous l’avons dit pour la zone moyenne, elles nous paraissent en relation avec le passage des troupeaux :
- Triticum triaristatum Gr. et Godr.
- Alyssum campestre L.
- Arabis auriculata Lam. v. genuina.
- » » Lam. v. dasycarpa Andrz.
- Asperugo procumbens L.
- Androsace maxima L.
A 1900 mètres environ, nous avons noté au Dj. Aïssa, toujours dans les bois de chênes-verts et de genévriers :
- Ephedra nebrodensis Tineo v. Villarsii Stapf.
- Poa bulbosa L.
- Dactylis glomerata L. v. spiciformis Hochr.
- Festuca ovina L. ss. infesta.
- Tulipa Celsiana DC.
- Silene colorata Poir. v. pteropleura Coss.
- Alyssum montanum L. v. Aïssæ Hochr.
- Camelina sylvestris Wallr.
- Sisymbrium crassifolium Cav. v. scaposum Hochr.
- Reseda alba L. v. firma J. Müll.
- Helianthemum papillare Boiss.
- Armeria allioides Boiss.
- Lithospermum incrassatum Guss.
- Linaria tristis Mill.
- » arvensis Desf. v. parviflora Hochr.
- » heterophylla Desf. v. aurasiaca Hochr.
- Veronica rosea Desf.
- Senecio leucanthemifolius Poir. v. leucanthemifolius Batt.,
etc. Voy. aussi l’association de la forêt de pins.
A 1950 mètres sur le dôme buissonneux du Djebel Morghad (Voy. Pl. XV, fig. 24), nous voulons mentionner trois espèces récoltées dans la station même qui est figurée par nous :
- Santolina rosmarinifolia L. v. canescens Boiss.
- Inula montana L. v. calycina Batt. et Tr.
- Filago Heldreichii Batt. et Tr.
2. Petits rochers isolés dans les forêts. — Çà et là nous rencontrons dans la montagne de petits accidents de terrain qui se traduisent par de faibles parois de rochers ou par de gros blocs isolés. En connexion avec eux nous avons rencontré les espèces suivantes, soit au Djebel Aïssa, soit au Djebel Morghad, soit à la fois dans ces 2 stations :
- Myosotis collina Hoffm.
- Ruscus aculeatus L.
- Hutchinsia petræa R. Br.
- Rubia lævis Poir.
- Anthyllis Vulneraria L. v. coccinea L.
- Sedum album L. v. micranthum DC.,
auxquelles s’ajoutent les suivantes rencontrées aussi dans d’autres associations :
- Arabis auriculata Lam. v. genuina.
- » » Lam. v. dasycarpa Andrz.
- Thlaspi perfoliatum L.
- Lithospermum incrassatum Guss.
- Arenaria serpyllifolia L. v. tenuior Koch.
- Bromus rubens L. v. canescens Coss.
- » tectorum L.
Nous tenons à mentionner à part les espèces récoltées dans la paroi de rochers qui limite l’arête du Djebel Morghad du côté du S.-E., parce que cette paroi est une formation continue et qu’elle se distingue, comme on le voit, par une association d’espèces tout à fait particulières. (Voy. Pl. XIV, fig. 22 à droite en haut).
- Sedum album L. v. micranthum DC.
- » dasyphyllum L. v. glanduliferum Gr. et Godr.
- Osyris alba L.
- Helianthemum virgatum Pers.
- Polygala rupestris Pourr. v. saxatilis Murb.
3. Sommets buissonneux. (Pl. XVI, fig. 25). — Nous avons en vue ici surtout le sommet du Ras Chergui, mais la même formation se représente au col de Merbah avec une association à peu près semblable. Ce sont des chênes-verts formant des buissons étendus mais très rabougris, de 1.50 m. de haut tout au plus. Dans l’ombre épaisse de ces buissons, au milieu de l’entrelacement des branches, se trouvent régulièrement :
- Galium spurium L. v. Vaillantii Gr. et Godr.
- Anthriscus vulgaris Pers. f. depauperata.
- Xeranthemum inapertum Willd.
- Lithospermum incrassatum Guss.
- Centranthus Calcitrapa Dufr.
- Muscari comosum Mill.
et dans les fentes de rochers entre les buissons, on observe également presque toujours :
- Jurinea humilis DC.
- Helianthemum rubellum Presl.
- Thymus hirtus Willd. v. albiflorus Briq.
- Erysimum grandiflorum Desf.
- Paronychia capitata Lam.
- Alyssum montanum L. v. atlanticum Boiss.
- Dactylis glomerata L. v. spiciformis Hochr.
qui donnent l’impression d’une formation alpine.
4. Sommets à dôme ombreux. — Nous avons ici en vue particulièrement le sommet du Djebel Morghad, où les chênes-verts sont si denses qu’ils forment un dôme continu avec un sous-bois ombreux tout couvert de Geum heterocarpum Boiss. Cette station est vraiment remarquable en ce sens que sa végétation tranche sur toutes les formations ordinaires du pays. On a l’impression très nette que le G. heterocarpum ne possède que les restes d’une ancienne dispersion et qu’il est en voie d’extinction. Presque tous les pieds d’ailleurs sont attaqués par des champignons. Dans les environs immédiats de cette association, mais sur un terrain plus rocheux, nous avons noté le Berberis australis Hochr. — qui accompagne aussi le Geum dans les Pyrénées — puis le Cotoneaster nummularia et le Tulipa Celsiana. Il s’y ajoute de nombreux lichens et quelques mousses.
5. Bois de pins d’Halep. (Pl. XV, fig. 23). — On y trouve les espèces suivantes que l’on serait en droit d’ajouter à l’association des forêts de chênes-verts et de genévriers, parce que ces pins se trouvent dans la même région et que nous avons revu la plupart de ces espèces dans l’association mentionnée.
- Festuca triflora Desf.
- Cynosurus elegans Desf.
- Silene amurensis Pomel.
- Herniaria glabra L.
- Polycarpon Bivonæ Gay.
- Lotus commutatus Guss. v. collinus Brand.
- Lathyrus articulatus L.
- Jasminum fruticans L.
- Chrysanthemum Gayanum Ball.
- Anthemis montana L.
6. Prairies. (Voy. Pl. XIII, fig. 20 qui représente une prairie de la zone moyenne). — A cette altitude, dans les bois de chênes-verts, on rencontre çà et là des clairières qui sont occupées par des prairies à végétation dense et qui servent souvent de pâturages pour les troupeaux des nomades.
Nous avons déjà parlé de cette formation dans la zone moyenne ; mais, dans la zone supérieure, elle est beaucoup plus caractéristique tant à cause de son apparence que pour les espèces qui s’y trouvent associées. Nous avons observé cette formation : au Djebel Morghad, à Hassin-Sarah et plus haut, sous le sommet ; au Djebel Mekter, près du col de la Fourche et au-dessus de la source de Ras Chergui, et enfin au Djebel Aïssa. Cependant ce n’est que dans ce dernier endroit que nous avons pu étudier les associations de cette formation à cause de l’absence des troupeaux.
Dans une clairière, à 1800 m., nous avons récolté :
- Lolium perenne L.
- Chenopodium foliosum Asch. et Græbn.
- Arabis auriculata Lam. v. dasycarpa Andrz.
- Reseda Luteola L. v. Gussonii J. Müll.
- Hippocrepis ciliata Willd.
- Cynoglossum cheirifolium L.
- Salvia Verbenaca L. v. clandestina Briq.
- Marrubium supinum L.
- Simbuleta fruticosa Hochr.
- Plantago Lagopus L.
- Valerianella Auricula DC.
- Anacyclus valentinus L.
A 2000 m., sur le col, nous avons observé une vaste prairie ; elle était remarquable par la prédominance presque exclusive du Sisymbrium crassifolium v. giganteum, dont les hautes tiges lui donnaient l’aspect d’un champ prêt pour la moisson. Cette plante était accompagnée des espèces et variétés suivantes :
- Sisymbrium crassifolium Cav. v. scaposum Hochr.
- Adonis æstivalis L.
- Cerastium echinulatum Coss. et Dur.
- Silene conica L.
- Asperugo procumbens L.
- Cynoglossum cheirifolium L.
- Lamium hybridum Vill.
- Anacyclus depressus Ball.
7. Pentes à Phillyrea angustifolia L. v. angustifolia. (Voy. Pl. XIV, f. 22). — Nous avons ici en vue une pente buissonneuse qui s’étendait immédiatement au-dessous de la grande paroi du Djebel Morghad. L’association que nous y avons rencontrée était caractérisée par le buisson sus-mentionné et par plusieurs Graminées du Tell, c’est pourquoi nous avons tenu à relater cette formation à part.
- Pallenis spinosa Cass. v. cuspidata Hochr.
- Linum Munbyanum Boiss. et Reut. v. meridionale Hochr.
- » suffruticosum L. v. squarrosum Munby.
- Inula montana L. v. calycina Batt. et Tr.
- Oryzopsis cœrulescens Batt. et Tr.
- Stipa parviflora Desf.
- Melica ciliata L. v. nebrodensis Parlat.
- Avena barbata Brot. v. genuina Willk. et L.
8. Sur les sommets déboisés comme le Djebel-Aïssa, versant S.W., on rencontre encore parfois dans des expositions favorables quelques buissons plus ou moins élevés de genévriers. Dans ces endroits et sur des rochers exposés au Nord mais tout environnés par la formation steppique de la région moyenne, nous avons noté les espèces suivantes qui se rattachent certainement à la zone supérieure. — C’étaient sur les pentes du Djebel Aïssa, près du télégraphe optique, à une altitude d’environ 1800 m. :
- Lactuca viminea J. et K. Presl.
- Clematis Flammula L. v. cæspitosa Reich.
- Delphinium Balansæ Boiss. et Reut.
- Pimpinella Tragium Vill.
- Rhamnus lycioides L.
La dispersion en Algérie de beaucoup des espèces mentionnées ci-dessus est trop mal connue pour que nous osions en tirer des conclusions détaillées ; cependant nous ne pouvons nous empêcher de signaler le grand nombre d’espèces mentionnées comme fréquentes sur les montagnes du Tell et sur les hauts sommets de la chaîne de bordure saharienne, et manquant sur les hauts plateaux : 25 environ sont dans ce cas, et plus de la moitié sont signalées aussi sur les hauts sommets du Djurdjura.
On est aussi frappé du très petit nombre d’espèces qui sont signalées sur les hauts plateaux et dans le Sud mais qui manquent au Tell. Il n’y a guère plus de 2 plantes qui soient dans ce cas, donc, par rapport à la zone précédente, on peut dire que l’affinité avec les hauts plateaux a diminué et que les rapports avec les montagnes du Tell ont augmenté.
Un nombre assez faible de plantes est signalé expressément comme se trouvant dans le Tell, sur les hauts plateaux et dans le Sud. Une quinzaine environ sont dans ce cas et, parmi elles, quelques-unes des plantes les plus typiques des montagnes du Sud, telles par exemple : Jurinea humilis DC., Helianthemum rubellum Presl, Tulipa Celsiana DC. Parmi ces espèces, il n’y en a pas une seule dont l’aire de dispersion s’étende du côté de l’Orient.
Les formes endémiques nous donnent des indications intéressantes. Un grand nombre d’entre elles sont constituées par des variétés spéciales à la région, mais dont l’espèce se retrouve sur les hauts plateaux et dans le Tell. C’est le cas par exemple du Thymus hirtus Willd. habitant les 3 régions, mais dont la variété albiflorus semble particulière aux montagnes de la bordure saharienne ; tel est le cas aussi pour le Diplotaxis virgata DC. v. Aïssæ Hochr., Linum Munbyanum Boiss. et Reut. v. meridionale Hochr., Linum suffruticosum L. v. squarrosum Munby, Anthriscus vulgaris Pers. f. depauperata, etc.
Le Linum Munbyanum Boiss. et Reut. en particulier offre un intérêt très grand en ce sens qu’on retrouve une forme analogue à la v. meridionale Hochr. dans les montagnes près de Tlemcen et Sidi bel Abbès. Il est un exemple typique de l’apparition de formes polytopiques.
D’autre part, la grande majorité des plantes de montagnes se retrouvent dans le Tell ; parmi celles-ci, un assez grand nombre habitent les hauts plateaux et ont une aire continue, d’autres habitent les hautes montagnes du Tell, le Djurdjura en particulier et les hauts sommets du Sud. Leur aire est discontinue, mais il est évident que, à une époque fort peu éloignée, elles devaient se trouver, comme les précédentes, aussi sur les hauts plateaux.
Enfin, un dernier groupe est formé par des espèces qui habitent les 3 régions, mais qui ont varié parallèlement en s’élevant d’une part sur les flancs des montagnes du Sud et, d’autre part, sur les sommets des montagnes du Tell où elles ont formé des variétés parfois distinctes et parfois très voisines. Le cas le plus caractéristique est celui de l’Alyssum montanum L. qui se trouve sur tous les hauts sommets en des stations parfaitement isolées et qui, à cause de cela, forme presque dans chaque station une variété spéciale.
Les endémiques vrais forment aussi une assez forte proportion et sont constitués par des espèces très caractéristiques, spéciales à la région, ou bien se retrouvant sur les hautes montagnes du Maroc.
Il est donc hors de doute pour nous que la flore des montagnes du Sud se compose :
1. D’un très petit nombre de plantes steppiques orientales qui s’élèvent plus ou moins haut sur le flanc des montagnes, mais qui n’atteignent jamais les plus hauts sommets.
2. D’espèces habitant les montagnes du Tell. Leur aire de dispersion est parfois continue à travers les hauts plateaux, ou bien l’espèce a été détruite dans la région des plaines, ou bien enfin, l’aire de l’espèce est continue mais l’espèce elle-même est représentée sur les montagnes du Sud par une variété spéciale. Toutes les plantes de cette catégorie ont une affinité occidentale.
3. Un certain nombre d’espèces spéciales à la région et se continuant le long de la même chaîne jusque dans l’intérieur du Maroc. Ces espèces sont en général très typiques, telles par exemple : les Chrysanthemum Maresii Ball, C. Gayanum Ball, Cerastium echinulatum, Simbuleta fruticosa Hochr. etc.
En outre on peut distinguer 2 catégories dans ce dernier groupe :
Les plantes qui sont localisées sur les hauts sommets comme les précédentes.
Les plantes qui habitent les montagnes mais aussi les rochers de la plaine, par exemple : le Pallenis spinosa Cass. v. cuspidata Hochr. et le Carduncellus Duvauxii que M. Battandier a découvert au col de Founassa et que nous avons retrouvé dans les rochers de Mograr.
Chapitre V
Rochers désertiques du Sud
Ces rochers désertiques, comme nous l’avons déjà dit dans notre introduction, paraissent dépourvus de végétation à première vue, mais si on les visite de près, on y trouve une foule de plantes du plus haut intérêt. Je dirais même que c’est dans cette région que le botaniste risque le plus de faire une récolte abondante en types curieux et rares. Cette flore xérophile à l’extrême est caractérisée surtout par la rose de Jéricho (Odontospermum pygmæum) et par des Composées épineuses. Ses affinités sont fort restreintes et le très grand nombre de ses endémismes, qui comptent même des genres monotypes, fait qu’elle doit être considérée comme une flore très ancienne et autochtone. A cette association que nous avons observée d’une façon typique au Raz ed Dib près Duveyrier (Voy. Pl. VIII, f. 13), et dans les rochers du Mograr Foukani, on peut rattacher aussi la flore de certaines petites chaînes rocheuses, exposées en plein Sud, telles que la petite arête de Tiout et les rochers près d’Aïn-el-Hadjej.
Dans ces deux endroits le Warionia a été signalé et quoique à Tiout les rochers en question soient envahis dans une large mesure par les plantes du steppe environnant, nous croyons cependant que la présence de quelques espèces spéciales des rochers du Sud, permet de les classer dans une même catégorie.
Du reste une brève énumération des membres de cette association illustrera ce que nous venons d’exposer :
- Andropogon hirtus L. v. genuinus Hack., circumméditerranéen.
- Odontospermum graveolens Sch., circumméditerranéen.
- Plantago amplexicaulis Cav., circumméditerranéen.
- Rhus oxyacantha Cav., circumméditerranéen.
- Orobanche cernua Lœfl., circumméditerranéen.
- Statice pruinosa L., du Maroc en Orient.
- Dianthus crinitus Sm. v. typicus Sm. et v. tomentellus Boiss., du Maroc en Orient.
- Andropogon laniger Desf., du Maroc en Orient.
- Helianthemum Lippii Pers. v. ellipticum Boiss., du Maroc en Orient.
- Statice Bonduelli Lestib., d’Algérie au Fezzan.
- Globularia Alypum L. v. eriocephala Bonn. et Barr., d’Algérie en Egypte.
- Atractylis serratuloides Sieb., d’Algérie en Orient.
- Odontospermum pygmæum O. Hoffm., d’Algérie en Orient.
- Paronychia Cossoniana Gay, d’Algérie en Orient.
- Carlina corymbosa L. v. libanotica Boiss., d’Orient.
- Aristida adscentionis L. v. cœrulescens Dur. et Schinz, d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Calendula ægyptiaca Pers., d’Espagne en Orient par la Barbarie.
- Lolium Trabuti Hochr., endémique.
- Pennisetum orientale Rich. v. Parisii Battandier, endémique.
- Daucus sahariensis Murb., endémique.
- Urginea nodiflora Batt. et Tr., endémique.
- Carduncellus Duvauxii Batt., endémique.
- Atractylis Babelii Hochr., endémique.
- Perralderia Dessignyana Hochr., endémique.
- Anthemis lonadioides Hochr., endémique.
- Phagnalon purpurascens Schultz-Bip., endémique.
- Pallenis spinosa Cass. v. cuspidata Hochr., endémique.
- Warionia Saharæ Benth. et Coss., endémique.
- Anvillea radiata Coss. et Dur., endémique.
- Antirrhinum ramosissimum Coss. et Dur., endémique.
- Satureia Hochreutineri Briq., endémique, mais aussi au Maroc.
- Picris Saharæ Hochr., endémique, mais aussi au Maroc.
- Centaurea maroccana Ball, endémique, mais aussi au Maroc.
- Pappophorum scabrum Kunth[35], en Algérie méridionale et au Cap.
- Cladanthus arabicus Cass., d’Espagne en Tunisie.
- Eryngium illicifolium Lam., d’Espagne en Tunisie.
- Fœniculum vulgare Mill., d’Espagne en Tunisie et en Orient par l’Europe méridionale.
- Periploca lævigata Ait., d’Espagne en Tunisie et en Orient par l’Europe méridionale.
- Ephedra fragilis Desf., Méditerranée occidentale.
Pour donner une idée de l’association vivant sur les rochers de Tiout, nous citerons à côté de :
- Satureia Hochreutineri Briq.
- Anthemis lonadioides Hochr.[36].
- Warionia Saharæ Benth. et Coss.[36]
- Urginea noctiflora Batt. et Tr.[36]
qui sont des plantes spéciales aux rochers désertiques, les suivantes qui sont des échappées du steppe :
- Zizyphus Lotus Lam.
- Suæda fruticosa Forsk.
- Atriplex parviflorus Lowe.
- Leyssera capillifolia DC.
- Argyrolobium uniflorum Jaub. et Spach.
- Haloxylon articulatum Bunge.
Envisageant seulement les plantes des stations typiques du Raz ed Dib et Mograr, on peut voir que sur 39 espèces ou variétés récoltées, il y a :
A. 5 espèces circumméditerranéennes, c’est-à-dire le 13 %. Mais, parmi elles, toutes, sauf le Rhus oxyacantha, sont des plantes triviales se rencontrant dans toute sorte d’autres formations. Quant au Rhus, c’est une espèce qui paraît fort ancienne car il se trouve dans des stations isolées et fort éloignées les unes des autres autour de la Méditerranée.
B. 12 orientales, c’est-à-dire le 31 %, dont la majorité sont des plantes steppiques ou désertiques.
C. 16 endémiques ou particulières au Sud du Maroc et de l’Algérie. Cela fait le 41 %, dont la majorité est formée par des espèces tout à fait caractéristiques, par des genres monotypes même, qui ne présentent aucune affinité avec les types méditerranéens. Si même nous ajoutons à cela le Pappophorum scabrum qui est localisé dans les stations analogues du Sud de l’Algérie et de la Tunisie, cela ferait 43 % d’espèces spéciales. D’autre part le Pappophorum, par sa présence dans le Sud de l’Afrique, nous donne une indication précieuse au sujet de ce groupe de plantes dont les affinités sont si obscures.
D. 5 espèces à dispersion occidentale ou du moins venues des montagnes septentrionales de l’Orient par l’Europe méridionale ; cela fait 13 % de plantes occidentales ou boréales.
Parmi les espèces précitées sur lesquelles nous avons des renseignements, la majorité se trouve seulement dans l’extrême Sud. Les autres habitent les 3 régions, mais elles sont toutes des plantes circumméditerranéennes ou orientales. Pas une seule des plantes particulières à l’Algérie ne dépasse la bordure saharienne vers le N., sauf peut-être le Centaurea maroccana qui est indiqué sur les hauts plateaux mais qui ne se trouve là qu’à l’état de relique, si nos suppositions sont exactes.
La flore des rochers désertiques du Sud se compose donc :
1. De plantes empruntées aux associations voisines, en particulier le steppe. Ces plantes ont des affinités orientales ou occidentales ou sont des espèces circumméditerranéennes.
2. D’espèces ou de genres même, spéciaux à la région, constituant le reste d’une flore très ancienne. Parmi ces plantes plus ou moins endémiques, les unes sont typiques pour les rochers du Sud, comme les Warionia et les Anvillea ; les autres se retrouvent dans la montagne ainsi que nous l’avons déjà indiqué à propos de cette forme de végétation.
Remarque. Nous voudrions rattacher à cette flore des rochers 2 espèces récoltées à 1800 m. d’altitude dans les parois de rochers exposées en plein Sud près du télégraphe optique du Djebel Aïssa. Ce sont les seules espèces que nous ayons observées dans cette station très spéciale. Comme elles n’ont rien à faire avec la flore des montagnes, il est préférable de les rapprocher de l’association des rochers désertiques ; ce sont :
- Pituranthus virgatus Hochr.
- Asparagus stipularis Forsk.
Chapitre VI
Conclusions générales
§ 1. Migration des Flores. — Considérant les données générales sur la géographie botanique de l’Algérie, exposées de façon magistrale par Cosson, et les quelques indications fournies par Debeaux sur la flore des plus hauts sommets du Tell, nous avons cherché une théorie qui put satisfaire aux observations que nous venons de relater et qui s’adaptât en même temps à ce que nous savons sur le reste de l’Algérie. Nos observations et nos herborisations ne sont pas assez complètes et la connaissence des associations végétales de l’Algérie est beaucoup trop peu développée (on pourrait même dire qu’elle est inconnue) pour qu’il soit possible de se faire une opinion ferme. Cependant il nous a semblé intéressant de faire connaître les idées que nous ont suggéré ces études parce que l’évidence nous en paraît très grande. Quelles que soient les modifications profondes apportées par des études ultérieures, nous serions étonné que nos résultats fussent modifiés au point d’en être transformés.
1. Nous croyons à l’existence d’une ancienne flore, probablement antérieure aux temps glaciaires, et qui habitait tout ou partie de l’Algérie et, en tout cas, la bordure saharienne. Il n’en reste plus que des traces, et les plus précises sont celles que nous avons mentionnées dans les rochers désertiques du Sud. A cette flore appartiennent ces genres singuliers tels que : Warionia, Anvillea, Perralderia, Pappophorum, et peut-être faudrait-il y ajouter certaines espèces très localisées et à port caractéristique, vivant, dans le steppe comme : Anabasis aretioides, Limoniastrum Feei et Pistacia atlantica, ou sur le sommet des montagnes comme : Cerastium echinulatum, Chrysanthemum Gayanum, C. Maresii, etc., etc. Cette flore ancienne est en voie d’extinction, témoin la Pistacia atlantica et surtout le Warionia qui en est un élément plus incontestable. Ce dernier genre en effet, se trouvait près de Tiout, où il a disparu, et sur les rochers d’Aïn-el-Hadjej où il est devenu rare. En outre tous les pieds que nous avons observés étaient très âgés.
Cette flore paraît avoir quelques relations avec le Sud de l’Afrique, relations indiquées dans nos collections par le Pappophorum. Ce dernier en effet, quoiqu’il ait été trouvé dans des endroits sablonneux près de Biskra et de Ghardaïa, n’est pas une plante dunique ; selon nous, il serait une relique des temps préglaciaires. Au moment de la grande extension des glaciers en Europe, il est probable que le climat, devenu plus humide, a rendu possible à cette plante le passage du Sahara.
Refoulés par l’arrivée d’une invasion végétale au moment de la période glaciaire, il est possible que beaucoup d’éléments de cette ancienne flore aient pénétré aussi dans le Sahara. Mais pendant la période subséquente, xérothermique, ils ont péri, ou bien ils n’ont pas pu comme le Pappophorum et quelques autres peut-être, étendre impunément fort loin leurs limites. D’autre part, durant l’invasion que nous supposons avoir eu lieu pendant la période glaciaire, ces éléments primitifs ont résisté seulement dans des endroits très arides, grillés du soleil, et où la flore envahissante, ne pouvait plus leur disputer la place. Ces stations étaient situées, ou bien dans les rochers sahariens ou bien dans la bordure saharienne même. Là, dans des stations privilégiées situées à une certaine altitude, se retrouvent des conditions d’existence semblables à celles des rochers désertiques[37]. Aussi ces plantes ont-elles pu subsister jusqu’à aujourd’hui dans ces régions.
Pendant la période xérothermique, peut-être ont-elles récupéré une aire plus considérable jusqu’au moment où elles ont été de nouveau refoulée par l’invasion de la flore orientale. Cette invasion se produit encore aujourd’hui et amènera, nous le croyons, la disparition graduelle de tous ces éléments anciens.
2. Invasion d’une flore boréale. — Après ce que nous avons dit sur les relations de la flore des montagnes avec l’Espagne, l’Europe méridionale, même l’Europe centrale et le Caucase ; considérant aussi l’observation très juste de Cosson sur la flore du Tell, homologue à celle du rivage méditerranéen boréal correspondant, il est hors de doute qu’à un moment donné de nombreux éléments ont passé du Nord de la Méditerranée en Barbarie. Vu les rapports signalés par M. Briquet[38] entre la flore de la Corse et de la Sardaigne et celles de la Barbarie ou de l’Europe méridionale, vu aussi les relations entre la Sicile et la Tunisie, il est incontestable que cette migration s’est opérée par terre au moment où la Méditerranée n’occupait pas encore son lit actuel.
Ces relations par terre sont admises et ont été signalées déjà nombre de fois en zoologie, en géologie, comme en botanique. Une migration a donc pu se produire et elle s’est faite du Nord au Sud ; on pourrait même dire du N.-E., car nous l’avons vu, plusieurs espèces présentent encore entre le Caucase et l’Algérie des stations isolées qui jalonnent le parcours qu’elles ont effectué.
Il va de soi qu’une telle migration n’a pas eu lieu en sens inverse car, nous l’avons vu, la flore primitive de l’Algérie avait des caractères tout à fait différents et ces types autochtones ne se trouvent nulle part ailleurs. S’ils avaient émigré, ce serait plutôt vers le Sud qu’ils se seraient dirigés comme nous l’avons dit dans le paragraphe précédent.
Quelles ont été les raisons de cette immigration venue du N. ? Pour ce qui est du parcours suivi depuis le Nord de la Méditerranée jusque vers le Sud, nous serions enclins à l’attribuer à l’influence de la période glaciaire en Europe. Quant au parcours depuis le Caucase dans l’Europe centrale, nous nous l’expliquons mal, mais il a été si souvent constaté pour un grand nombre d’espèces alpines d’Europe que nous pouvons bien l’admettre sans autre.
Cette hypothèse permet de nous expliquer aussi comment les espèces de l’Europe centrale ont pu être refoulées par l’avancement des glaciers jusque sur les isthmes qui reliaient encore les deux rives de la Méditerranée[39]. Ces espèces accompagnées de beaucoup de plantes méditerranéennes ont donc envahi le Tell d’où elles ont chassé, en grande partie, la flore autochtone.
Quels chemins ont-elles pris pendant leurs migration vers le Sud ? Il est difficile de le dire. Pour quelques-unes d’entre elles manquant en Espagne et se trouvant en Sicile, en Corse et en Sardaigne, nous avons vu que la voie suivie était sûrement l’isthme qui s’étendait entre ces pays et la Barbarie. Pour d’autres se trouvant en Espagne et passant par le Maroc, nous avons admis la voie occidentale. Mais il ne faudrait pas nous croire plus absolu que nous sommes ; et même pour les espèces dont l’aire est continue par l’Espagne et le Maroc, il est possible qu’il y ait eu une émigration parallèle par la Tyrrhénis et ses prolongements. Rien ne prouve en effet que les exemplaires d’Algérie proviennent de la même lignée que ceux du Maroc occidental. Néanmoins dans le cas d’une aire continue par l’Espagne, en l’absence de documents plus précis, il était tout naturel de classer ces plantes avec celles d’origine occidentale.
Et puisque nous parlons de l’élément occidental, nous tenons à ajouter une remarque : parmi les plantes qui s’étendent d’Espagne en Algérie, il est très difficile, sinon impossible de faire le départ entre l’élément autochtone se prolongeant par les montagnes du Maroc jusqu’à la Sierra Nevada et l’élément boréal. En effet les rapports étroits de la flore montagneuse de la Sierra Nevada, du Maroc et de l’Algérie nous montrent qu’il y a eu là autrefois une région phytogéographique. D’autre part, il est très possible que, lors de la migration vers le Sud, au moment des temps glaciaires (?), un certain nombre d’espèces répandues dans l’Europe centrale, méridionale et en Espagne aient disparu partout, sauf dans la péninsule ibérique et en Barbarie.
A la fin des temps glaciaires, les relations cessant avec le littoral nord de la Méditerranée et le climat se modifiant dans le sens de ce qui existe actuellement, les plantes boréo-méditerranéennes, immigrées dans la Tell, s’y sont établies à demeure et les plantes européennes ont tendu à occuper les hauteurs. Pour cela, elles se sont enfoncées vers le Sud. Elles étaient accompagnées par les plantes méditerranéennes les plus aptes à supporter un climat continental, c’est-à-dire celles qui, en Europe, après le retrait des glaciers, ont été susceptibles d’émigrer le plus loin vers le Nord ; tels sont par exemple : le Ruscus aculeatus, l’Arabis auriculata, l’Osyris alba, que l’on cueille encore non loin de Genève et que nous avons rencontrés un peu partout sur les montagnes de l’extrême Sud. Ces espèces, accompagnées du pin d’Halep, ont envahi les hauts plateaux et la chaîne de bordure saharienne, mais au-delà, les conditions climatériques étaient trop différentes et dans les rochers désertiques de l’extrême Sud, la flore autochtone pouvait leur faire concurrence avec succès.
Au bout d’un certain temps, ainsi qu’on l’a démontré souvent pour l’Europe, une période chaude et sèche a succédé à la période glaciaire, ce fut la période xérothermique. Son influence s’est fait sentir aussi dans le Nord de l’Afrique et, comme dans l’Europe centrale, on vit apparaître sur les hauts plateaux et dans les vallées de l’Algérie une formation steppique. Les arbres disparurent peu à peu, ils se réfugièrent sur le sommet des montagnes où ils pouvaient trouver une humidité relative. C’est ainsi que les montagnes du Sud furent envahies par le pin d’Halep et par la flore méditerranéenne aussi bien que par les quelques types répandus dans l’Europe centrale qui ont été signalés plus haut.
Ces éléments détruisirent peu à peu la flore autochtone réfugiée sur les montagnes du Tell et les envahirent à leur tour. Il en fut de même pour les montagnes du Sud, mais d’une façon moins complète.
On vit se différencier alors des variétés ou même des espèces particulières, dues à l’influence du nouveau milieu où elles se trouvaient. C’est dans cette catégorie que rentrent les nombreuses variétés ou espèces affines, spéciales aux montagnes du Sud. Pendant ce temps une bonne partie des types subsistaient dans la plaine. A cette époque, les espèces si nombreuses que nous avons notées comme habitant les montagnes du Tell ainsi que celles de la bordure saharienne et manquant sur les hauts plateaux, avaient une aire continue.
3. Arrivée de l’élément oriental. — Bientôt cependant, grâce à l’influence continue de cette période xérothermique, grâce aussi à l’établissement de l’isthme de Suez qui assura une communication avec les steppes et les déserts de l’Orient, la flore de ces régions commença son émigration vers l’Occident, passant par l’Egypte, la Tripolitaine et la Tunisie, elle envahit les hauts plateaux, fit disparaître de ces plaines une quantité d’espèces méditerranéennes ou européennes et occupa bientôt une place considérable. Toutefois elle ne put jamais s’élever bien haut sur les flancs des montagnes où l’élément méditerranéen boréal lui disputait la place avec avantage.
Pendant cette même période, le Sahara devenait le désert que nous connaissons et refoulait la flore autochtone, d’une part vers la bordure saharienne, d’autre part vers le Sud. Il est question ici seulement d’une partie de cette ancienne flore, celle qui avait pu se réfugier dans la région désertique pendant les temps glaciaires.
Dans ces conditions d’aridité xérothermique, des dunes commençaient à se former. Avec l’onde de sécheresse qui se fit sentir d’abord en Orient et s’avança peu à peu vers l’Occident, la flore des dunes de l’Orient longeant la Barbarie pénétra aussi jusqu’en Algérie et vint peupler les montagnes de sable du Sahara.
Avec ces évènements, nous arrivons au commencement de la période historique. La période xérothermique se fait de moins en moins sentir en Europe, mais en Algérie, où la colonisation romaine étendit si avant ses ramifications, dans les endroits pauvres en forêts, comme les hauts plateaux et la bordure saharienne, elle eut pour résultat de battre en brèche les bois de pins de l’extrême Sud. Puis vint la civilisation arabe qui détruisit les forêts de haute futaie dans une plus large mesure encore, contribuant ainsi au maintien du climat xérothermique. Si bien qu’actuellement encore, sous l’influence de cette sécheresse et de ces violents courants atmosphériques, la flore d’Orient gagne peu à peu du terrain et le pin d’Halep tend à disparaître de la bordure saharienne.
En même temps qu’elle dispute la place à l’élément d’origine boréale, cette flore d’Orient fait une concurrence ruineuse au reste de l’élément autochtone. Ces espèces orientales en effet, sont des espèces steppiques et désertiques ; ce sont donc les plus redoutables concurrents des anciens types qui, lors de l’arrivée de l’élément boréal, s’étaient maintenus précisément dans les endroits les plus désolés, inaccessibles à la flore boréale.
4. Les plantations modernes. — Malgré des pronostics aussi fâcheux pour la fertilité de cette contrée, nous ne croyons pas qu’elle soit destinée actuellement à devenir un désert comme ceux de la Perse ou de l’Arabie. Des efforts immenses sont faits dans toute la Barbarie pour le reboisement et ils paraissent devoir aboutir. Lentement les cultures progressent du Nord vers le Sud ; partout où s’établit un Européen, s’élèvent quelques arbres. En certains endroits même l’administration militaire a créé de toutes pièces de véritables forêts, et nous ne serions pas étonnés qu’au bout de nombreuses années d’efforts continus dans ce sens, la période xérothermique prît fin dans cette contrée.
Le climat de l’Algérie aurait été déjà un peu modifié par ce qui a été fait (si peu que ce soit en comparaison de ce qui reste à faire) : c’est l’avis de nombreux colons qui nous en ont parlé. Pour nous, nous devons dire que nous avons été stupéfait par l’état atmosphérique du Sud-Oranais pendant notre voyage. Quoique ce fut au mois de mai et au commencement de juin, il ne s’est pas passé de jour pour ainsi dire que nous n’ayons observé de nuages au ciel, au point qu’à plusieurs reprises nous en avons été beaucoup gêné pour nos photographies. La pluie et les orages ont été fréquents. Jamais nous n’aurions pensé à des précipitations atmosphériques si nombreuses après ce que nous avions lu et entendu au sujet de cette contrée. Faut-il admettre que c’était une année exceptionnelle ou que le climat tend à se modifier ? Nous n’osons pas nous prononcer. Cependant les rapports de quelques vieux colons tendraient à nous faire pencher pour la seconde alternative.
Nous sommes persuadé que l’homme peut influer sur le climat comme sur la flore d’un pays. Pour cette dernière, il suffit de se reporter à ce que nous avons dit au sujet des oasis et des points d’eau pour constater l’immigration probablement toute récente des plantes aquatiques triviales. Ces cosmopolites ne pourront donc que progresser avec l’augmentation de l’humidité et des cultures. Si même on arrêtait l’envahissement de la flore d’Orient, l’ancienne flore autochtone du pays serait donc malgré tout appelée à s’éteindre.
§ 2. Influences locales. — 1. On a déjà signalé plusieurs fois dans les Alpes, à une certaine altitude, la présence d’espèces vivant au bord de la Méditerranée. On attribua cela au fait qu’en montagne, dans des stations bien exposées, l’insolation est beaucoup plus vive que dans la plaine à la même latitude. Aussi la flore méditerranéenne, ayant couvert toute la région pendant la période xérothermique, elle a pu se maintenir dans ces stations privilégiées après le refroidissement du climat général[40].
Nous avons fait une observation parallèle dans le Sud-Oranais, où nous avons relevé sur les deux versants de la vallée d’Aïn-Sefra, au Djebel-Aïssa comme au Djebel-Mekter, à une altitude d’environ 1400 à 1600 m. des espèces que nous avons été stupéfait de revoir en grande quantité dans les plaines de climat nettement saharien, près de Mograr, Djenien-bou-Rezg et Duveyrier à 800 ou 900 m. Ce sont : Carrichtera Vellæ, Rumex vesicarius, Calendula ægyptiaca, Echiochilon fruticosum. On pourrait ajouter la station d’Anabasis aretioides que nous avons rencontrée dans le Faidjet-el-Betoum à 1200 m. d’altitude, mais elle se trouvait en plaine et l’influence stationelle n’était pas si évidente. Dans les montagnes, ces plantes se trouvaient en petit nombre et très localisées. Nous avons été frappé de leur analogie avec les colonies xérothermiques de la Suisse et de la Savoie.