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Les caquets de l'accouchée: nouvelle édition revue sur les pièces originales

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction.v
Appendice.xxxiij
Au lecteur curieux.3
Le Caquet de l'accouchée (ou première journée).7
La Seconde après-disnée.45
La Troisième après-disnée.93
La Dernière et certaine journée (4e journée).125
Le Passe-partout du Caquet des Caquets (5e journée).155
La Responce des dames et bourgeoises de Paris (ou 6e journée).195
Les Dernières paroles ou le Dernier adieu de l'accouchée (7e journée).213
Le Relèvement de l'accouchée (ou 8e journée).229
L'Anti-Caquet de l'accouchée.249
Les Essais de Mathurine.261
La Sentence par corps obtenue par plusieurs femmes de Paris contre l'autheur des Caquets de l'Accouchée.277
Table analytique.287

FIN.

NOTES:

[1] Voir plus loin, § III, Bibliographie des Caquets de l'Accouchée.

[2] Introduction au livre des Légendes, par Le Roux de Lincy, Paris, 1836, in-8, p. 178-79.

[3] Les Honneurs de la Cour, publiés à la fin du tome II des Mémoires sur l'ancienne chevalerie, par La Curne de Sainte-Palaye, 1759, in-12, 3 vol.

[4] Voir, à la fin de cette introduction, aux Appendices, nº 1.

[5] Voir aux Appendices, nº2. Nous y avons joint deux strophes des Ténèbres du mariage.

[6] Voir aux Appendices, nº 3.

[7] Voyez, sur Jean Castel, t. 2 (1re série), p. 461 de la Bibliothèque de l'école des chartes, un article curieux de M. J. Quicherat.

[8] Voir aux Appendices, nº 4.

[9] Voir aux Appendices, nº 5.

[10] Deux dialogues du langage françois italianizé, etc., in-8, p. 162.

[11] Voir aux Appendices, nº 6.

[12] Les Œuvres satyriques du sieur de Courval-Sonnet, gentilhomme virois, etc., etc. Paris, 1622, in-8, p. 214.

[13] Voir aux Appendices, nº 7.

[14] Voir plus loin, § III, Bibliographie des Caquets.

[15] Historiettes, etc., de Henri IV, tome 1, de l'édition in-18.

[16] Voyez, page 191, la note sur ce passage.

[17] V. Brunet, Manuel du Libraire, t. 1, au mot Bruscambille.

[18] Analectabiblion, ou extraits critiques de divers livres rares, oubliés ou peu connus, tirés du cabinet du marquis D. R**. Paris, 1837, in-8, t. 2, p. 170.

[19] Cet avertissement ne se trouve qu'en tête du Recueil général.

[20] Ces vers se trouvent seulement dans le Recueil général.

[21] Dans le Recueil général, cette partie est intitulée: La première journée de la visitation de l'accouchée.

[22] Il étoit de bon ton de faire jouer alors la comédie aux enfants. «La reine, écrit Malherbe à Peiresc, s'en va lundi à Saint-Germain, où Mesdames lui préparent le plaisir d'une comédie qu'elles doivent réciter.» Mesdames, ce sont les petites princesses sœurs de Louis XIII.

[23] Il y avoit en effet alors des comédiens italiens à Paris. En juin 1613, Malherbe avoit écrit à Peiresc: «On dit que les comédiens de Mantoue viennent, conduits par Arlequin.» Le 6 septembre, il avoit encore écrit: «Les comédiens italiens sont arrivés; mardi ils joueront au Louvre.» Le 27 janvier 1614, preuve singulière de la faveur de ces comédiens à la cour, le roi et Madame, toujours au dire de Malherbe, avoient tenu sur les fonts l'enfant d'Arlequin. Cette troupe étoit sans doute celle des Gelosi, que Henri IV avoit déjà appelée à Paris en 1600, lors de son mariage avec Marie de Médicis. Elle avoit pour chef J. B. Andreini, dit Lelio, que nous retrouvons encore à Paris, sur le théâtre de l'hôtel de Bourgogne, en 1618, puis, ce qui s'accorde fort bien avec la date de ce premier caquet, de 1621 jusqu'à la fin du carnaval de 1623. Il revint une dernière fois en 1624, époque où il publia à Paris son Teatro celeste, précieux volume qui nous a valu un remarquable article de M. Charles Magnin (Revue des deux-Mondes, 15 décembre 1847, P. 1090-1109).

[24] C'étoit sans doute soit Mondor, soit Desiderio Descombes, dont il sera parlé plus loin.

[25] La rue Quincampoix ne porta jamais le nom de rue des Mauvaises-Paroles, qu'on ne lui donne ici sans doute qu'à cause des commères qui s'y trouvoient en nombre. Tallemant, peut-être pour la même raison, dit, dans une note de l'historiette de Scudéry (t. 9, p. 146), qu'on l'appeloit aussi rue des Cocus.

[26] Cette recherche des financiers pour leurs malversations étoit le vœu de tout le monde et ne se fit pas attendre, puisqu'elle fut décrétée en 1624, comme on le verra par une autre note. Une pièce satirique de ce temps-là, la Voix publique au roy (Recueil A-Z, E, p. 241), la demandoit avec instance; un autre écrit du même esprit et de la même époque, le Mot à l'oreille de M. le marquis de la Vieuville (Recueil F, p. 192), émettoit non moins vivement un désir pareil. «Ce sont, y est-il dit des financiers, des éponges mouillées qu'il faudroit presser. Il ont plumé l'oie du roy; qu'ils rendent au moins un peu de sa plume.»—Par le 411e article de la fameuse ordonnance du roi connue sous le nom de Code Michault, et publiée en parlement le 15 janvier 1629, une chambre composée d'officiers des cours souveraines fut créée pour vaquer de nouveau «à cette recherche et punition des fautes et malversations commises au fait des finances».

[27] L'origine de cette locution s'explique d'ordinaire par un passage de Suétone (Vie de Vespasien, chap. 23), ainsi reproduit dans le livre de Moizant de Brieux: «Nous avons pris, dit-il, cette façon de parler de ce que fit autrefois le muletier de Vespasien, qui, sous pretexte que l'une des mules estoit deferrée, arrêta long-temps la litière de cet empereur, et par là fit avoir audience à celuy auquel il l'avoit promise sous l'asseurance d'une somme d'argent, mais dont l'odeur vint frapper aussitôt le nez de ce prince, qui l'avoit très fin pour le gain; en sorte, dit Suétone, qu'il voulut partager avec son muletier le profit qu'il avoit eu à ferrer la mule.» (Origine de diverses coutumes et façons de parler, Caen, 1672, p. 101.) De là venoit qu'on appeloit ferre-mule tout valet qui trompoit son maître sur le prix des achats qu'il lui faisoit faire: «Un serviteur malin, trompeur et ferre-mule.» (Chapelain, trad. du Gusman d'Alpharache, 1re part., chap. 4.)

[28] Le mercier étoit, son nom l'indique, le marchand, mercator, par excellence, de même que le fèvre ou fabre, dont le nom se perdit plus vite, étoit l'ouvrier, l'artisan type. «Le corps des marchands merciers de Paris, lit-on dans le Dictionnaire de Trévoux (1732), est le plus nombreux et le plus puissant des six corps des marchands.» A lui seul il avoit pu fournir 3,000 marchands armés, en bon équipage, à la grande revue que Henri II avoit faite au landi de 1557. Ce corps «si nombreux et si accommodé» ne comptoit pas moins de vingt classes de marchands: les marchands grossiers, les marchands de drap, les marchands de dorure, les camelotiers, les joailliers, les toiliers, les marchands de dentelles, les marchands de soie en bottes, les marchands de peausseries, les marchands de tapisseries, les marchands de fer et d'acier, les clincaliers (sic), les marchands de tableaux, estampes, etc.; les miroitiers, les rubaniers, les papetiers, les marchands de dinanderie, les marchands de toiles cirées, parasols et parapluies; puis les menus merciers et les merciers ambulants. On peut en voir l'ample détail dans le Guide des corps des marchands, Paris, 1766, in-12, p. 358, etc.

[29] Les trésoriers étoient accusés de s'enrichir comme les autres gens de finance. Dans le Mot à l'oreille de M. le marquis de la Vieuville (Recueil A-Z, F, p. 178), il est dit que ceux de l'extraordinaire et ceux de l'épargne font seuls les profits.

[30] Les étoffes à la Turque étoient alors les plus recherchées; on alloit jusqu'à faire venir des ouvriers de Turquie pour les confectionner à Paris, et pour en faire des robes. «Je vous avois mandé, écrit Malherbe à Peiresc le 6 avril 1614, qu'on faisoit des habits pour la petite reine: c'est une robe qui se fait à l'hôtel de Luxembourg par des Turques, dont il y a deux lez de fait, et dit-on que c'est la chose du monde la plus belle.»

[31] Expression qui répond à celle que nous avons reproduite dans une note précédente: plumer la poule, plumer l'oie du roi, etc. On disoit, pour un homme adroit et d'intrigue, un dénicheur de fauvettes. (Dict. de Furetière.)

[32] Besogne ou besoigne se disoit alors pour hardes, effets. On en a un exemple dans ce passage d'une lettre de Malherbe à Peiresc (p. 384): «Cette pauvre princesse (la reine Marguerite) est volontiers excessive en ses libéralités: elle donna... une montre de cinq à six cents écus à madame de Montglas; elle donna aussi je ne sais quelle besoigne à madame d'Aumale, sous-gouvernante, et à madame la nourrice de Monseigneur.» Ailleurs, Malherbe parle encore «des besongnes de nuit de la signora Sperancilla» dont s'habilloient les cardinaux à Rome. Id., p. 58.

[33] Le chaperon étoit la marque de la petite bourgeoisie (V. notre Recueil de variétés historiques et littéraires, etc., t. 1, p. 306). Il fut aussi, jusqu'au temps de Louis XIV l'habillement des femmes nobles pendant le deuil de leurs maris. Saint-Simon, dans une note du Journal de Dangeau, décrit longuement celui que portoient les princesses du sang. (Lémontey, Essai sur la monarchie de Louis XIV, etc., précédé de nouveaux mémoires de Dangeau, Paris, 1810, in-8, p. 204.)

[34] C'est Daubray qu'il faut lire. L'auteur des caquets prête une erreur à sa veuve, en lui faisant dire que son «mary deffunct» fut trois fois prévôt. Claude Daubray, conseiller, notaire et secrétaire du roy, fut élu échevin en 1574, sous la prévôté de Monsieur le président Charron, puis prévôt de 1578 à 1580, époque où il eut pour successeur Auguste de Thou. Voilà toute sa vie municipale. (V. Piganiol, Description de Paris, t. VIII, p. 441.)

[35] Les charbonniers, comme tous les autres petits métiers ou emplois nommés après, ne formoient pas à Paris de communauté, «parcequ'il ne peut pas y avoir de fabrique de charbon dans la ville.» Ceux qui le portaient devoient avoir permission du roi, ou tout au moins des magistrats. C'étoient «des espèces de charges, qui ne furent établies que depuis le XVIIe siècle.» Mélanges tirés d'une grande bibliothèque, Hh, p. 39.—V. aussi dans notre Recueil de variétés historiques et littéraires, t. 1, la note de la page 204.

[36] C'étoient de petits officiers de ville créés pour tasser et mesurer le bois dans les membrures, en présence des jurés. Les hommes de peine ou crocheteurs s'appeloient aussi gagne-deniers. Le règlement général pour la police de Paris, du 30 mars 1635, fixa le tarif dont, sous peine du fouet, ils ne devoient pas se départir pour leurs salaires.

[37] Ces râcleurs-jurés ne sont sans doute autre chose que les ramoneurs de cheminées, qui en effet ne formoient pas non plus une véritable corporation, et rentroient ainsi dans la catégorie des métiers précédents. V. Mél. d'une gr. biblioth., id., p. 280.

[38] Il doit être fait ici allusion aux fêtes encore récentes que la Ville avoit données à Louis XIII quand il étoit venu, en 1620, allumer lui-même sur la place de Grève le feu de la Saint-Jean. Entre autres superfluitez de ce bûcher annuel, il ne faut pas oublier les chats qu'on y brûloit dans un sac ou dans un muid, singulier auto-da-fé dont il est parlé dans le libelle infâme, le Martyre de frère Jacques Clément, etc. Paris, 1589, p. 34, 35. Sauval, qui en fait mention dans ses Antiquités de Paris, t. 3, p. 631, cite ce passage des registres de la ville au XVIe siècle, tant de fois rappelé depuis: «Payé à Lucas Pommereux, l'un des commissaires des quais de la ville, cent sols parisis, pour avoir fourni durant trois années, finies à la Saint-Jean 1573, tous les chats qu'il falloit audit feu, comme de coutume, et même pour avoir fourni il y a un an, où le roi y assista, un renard pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourmi un grand sac de toile où estoient lesdits chats.» Dans une lettre de l'abbé Lebeuf (Journal de Verdun, août 1751), relative au feu de la Saint-Jean, se trouvent d'autres détails sur cette bizarre coutume d'y brûler des chats, et il y est fait ainsi allusion dans une pièce très rare, contemporaine des Caquets:

Un chat qui d'une course brève
Monta au feu Saint-Jean, en Grève;
Mais le feu, ne l'epargnant pas,
Le fit sauter du haut en bas.
(Le Miroir de contentement, Paris, 1619, in-12, p. 4.)

Je ne trouve la raison de cette cruauté contre les chats que dans la croyance où l'on étoit qu'ils se rendoient tous à un sabbat général la veille de la S.-Jean (Moncrif, les chats, 1re lettre). On les brûloit, le lendemain, comme convaincus de sorcellerie.

[39] En 1601, la ville avoit décidé de lever dix sols sur chaque muid de vin afin de pourvoir à la réparation des fontaines. Le roi accapara cette taxe, et, dans l'assemblée générale du 17 avril de cette même année, il fit connoître aux échevins qu'il en destinoit les fonds à l'achèvement du pont Neuf. (Félibien, Hist. de Paris, t. V, p. 483.) Depuis, comme l'indique ce curieux passage des Caquets, cette taxe, vivace comme tout bon impôt, avoit été maintenue. L'argent, d'abord employé à l'achèvement du pont, avoit passé aux réparations des quais.

[40] «Les autres pauvres de Paris qui sont valides et assez sains pour gaigner leur vie, et qui neantmoins, pour estre aucunement foibles, paresseux et mauvais ouvriers, ne trouvent pas qui les veuille employer, sont enroolez par les dicts commissaires des pauvres, leur dict bailly ou greffier, et envoyez, receuz et employez aux fossez, fortifications, remparts et œuvres publicques de la dicte ville, etc.» G. Montaigne, la Police des pauvres de Paris, s. d., p. 13.

[41] L'hôpital Saint-Germain, que nous ne trouvons nommé nulle part ailleurs, devoit être l'ancienne maladrerie de S.-Pierre, qui fut remplacée par l'hôpital de la Charité vers 1606. Le nom qui lui est donné ici devoit lui venir de l'abbaye de Saint-Germain, sur le terrain de laquelle cet hôpital avoit été bâti.—Dans le temps même ou l'auteur des Caquets faisoit ainsi regretter ce premier asile des pauvres, Louis XIII songeoit à en établir un autre. Des lettres-patentes de février 1622 statuoient sur la fondation d'un véritable dépôt de mendicité. Le projet, malheureusement, n'eut pas de suite. Il en sera reparlé plus loin.

[42] Si cette recherche n'étoit pas encore ordonnée, au moins étoit-elle déjà fort menaçante:

Mais enfin crève l'apostume;
Si les pères mangent l'oyson,
Les enfans en rendent la plume.
(Satyres du Sr. Auvray, 1625, in-8º, p. 26.)

On pouvoit s'autoriser, pour cette rigueur, de l'exemple de Henri IV, qui avoit fait rendre gorge à ces exacteurs, et qui, de l'argent rendu, avoit fondé un établissement utile:

Les crimes seroient esblouys
Si l'hospital de Saint-Louys
N'en portoit à jamais les marques,
Qui fut basty des ducatons
Que le plus grand de nos monarques
Fit revomir à ces gloutons.
 
(Id., ibid.)

Tallemant raconte à ce propos l'anecdote suivante dans son historiette de Henri IV: «Lorsqu'on fit une chambre de justice contre les financiers: «Ah! disoit-il, ceux qu'on taxera ne m'aideront plus.» Edit. in-12, t. 1 p. 87.

[43] Ne réveillez pas le chat qui dort.

[44] «Nicolas Chevalier, premier président à la Cour des aides, fils d'Etienne Chevalier, conseiller, et de N. Barthemi, fut surintendant de Navarre et de Béarn, et deux fois ambassadeur en Angleterre.» (Le P. Lelong, Bibliothèque franc., t. 4, p. 168, Liste des Portraits.) On a de lui deux portraits gravés par Michel Lasne: le premier, fait en 1621, quand le président avoit cinquante-huit ans, est in-4; le second, fait l'année d'après, c'est-à-dire à l'époque dont il est parlé ici, est in-8.—Avant que Luynes fût en faveur, ce président lui avoit rendu service; mais il paroît que le parvenu eut courte mémoire. V. le Contadin provençal, Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faites pendant le règne du connétable, etc., p. 93.

[45] C'étoit le prix qu'on payoit un repas chez la Boessellière, dont le cabaret étoit le plus fameux de ce temps-là. «Etes-vous obligé de suivre le cours, sortez-vous du Louvre à l'heure du disné, le premier cabaret de France est celui de la Boessellière; mais, sur ma parole, ne vous donnez pas la peine d'y transporter vostre humanité, quoyque vous soyez le mieux avisé du monde, si vous ne sentez que vostre gousset soit prest d'accoucher d'une pistole au moins, etc.» Les Visions admirables du Pèlerin de Parnasse, etc., Paris, 1635, in-12, p. 208.

[46] Les emprunts à gros intérêts étoient déjà depuis longtemps le fléau des enfants prodigues:

Mignons de bien dissipateurs
Emprunteront à millions,
Puis payeront leurs créditeurs
De respitz et de cessions.
 
(La grande et merveilleuse prognostication nouvelle... 1583, in-12.)

[47] Les livrets satiriques du temps sont remplis de plaintes contre ces usuriers, la plupart Italiens, qui ruinoient la jeunesse et étoient une des causes qui empêchoient Bon-Temps de revenir:

Et quand verrez tous ces marchands
Ne vendre plus rien à usure,
Que Bon Temps viendra sur les rangs,
S'il n'a grant faute de monture,
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Quand les Lombards ne seront plus
Chiches, avares, jaloux, couards,
Ne vous enquerrez du surplus:
Bon Temps viendra de toutes parts.
 
(Les moyens très utilles et necessaires... pour faire en
brief revenir Bon Temps, 1615, in 12, p. 6-7.)

[48] Dans la pièce que je viens de citer se trouvent aussi des plaintes contre le nombre des bâtards, qui augmentoit tous les jours:

Ne que nous n'ayons plus en France
De Jaloux, Coquus et Batards,
Bon Temps sera hors de souffrance
Et deployra ses etendards.
 
(Ibid., p. 16.)

[49] C'est-à-dire le couvent: entrer en religion étoit alors le terme consacré.

[50] Dépenser.

[51] C'est de l'ordonnance de 1294 qu'il est question ici. On la trouve en entier dans les notes de la Thaumassière sur les Coutumes de Beauvoisis, 1690, in-fol., p. 372. Il y est dit: «Nul ne donra au grand mangier que deux mets et un potage au lard, et au petit mangier un mets et un entremets et un potage; et s'il est jeûne, il pourra donner deux potages aux harencs et deux mets, ou trois mets et un potage, et ne mettra en une écuelle qu'une manière de chair.»

[52] Ce mot, qui s'employoit, alors non pas seulement pour l'office du curé, mais pour tout bénéfice à charge d'âmes, est très curieux ici, appliqué aux subventions que recevoient les chefs du parti huguenot. La cure des espions, qui vient après, ne cache pas moins de malice.

[53] On appeloit ainsi l'enchère faite, sur une terre ou ferme adjugée en justice, du tiers du prix au delà de celui de l'adjudication. Il y a un règlement de 1682 sur les doublements et tiercements.

[54] Pendant l'hiver de 1622, M. de Soubise s'étoit jeté dans le Bas-Poitou et l'avoit occupé, ainsi que les îles de Rié, du Périer, de Mons, etc. Il avoit pris Olonne, et il menaçoit Nantes, quand les troupes royales, que commandoit La Rochefoucauld, franchissant de nuit le bras de mer peu profond qui sépare l'île de Rié de la terre ferme, se jetèrent sur lui à l'improviste et dispersèrent son armée presque sans coup férir. Soubise, vaincu, s'enfuit en laissant à l'armée du roi son armée et ses équipages (V. Mémoires de Rohan, coll. Petitot, 2e série, t. 18, p. 269, et Mémoires de Richelieu, ibid., t. 22, p. 206-209). Cette défaite, dont le fils de l'entêtée calviniste mise ici en scène fut une des victimes, se trouve amplement racontée dans un livret, devenu rare, paru presque aussitôt après: «Surprise du sieur de Soubize dans les sables d'Aulonne, investi, tant par terre que par mer... par M. le comte de La Rochefoucauld, marquis de La Valette et baron de S.-Luc.» Paris, P. Ramier, 1622, in-8.

[55] Sureau.

[56] Le chevalier du guet, ainsi que toute la juridiction qui dépendoit de lui, étoit du ressort et à la nomination du prévôt de Paris. V. Traité de la police, t. 1, p. 236.

[57] Les prévôts des maréchaux étoient des officiers royaux du corps de la gendarmerie, établis pour la sûreté de la campagne contre les vagabonds et les déserteurs. Ils avoient connoissance de tous les cas royaux, appelés à cause d'eux prévôtaux: vagabondages, vols de grand chemin, infraction de sauvegarde, incendie, fausse monnoie. Il y avoit en France cent quatre-vingts siéges de prévôt des maréchaux. Celui qui avoit dans son ressort Paris et toute l'Ile-de-France s'appeloit simplement Prévôt de l'Isle.

[58] V. la note précédente.

[59] C'étoit un juge d'épée qui instruisoit les procès des gens de guerre à l'armée. Celui du régiment des gardes s'appeloit le Prévôt des bandes.

[60] Cette montre du mois de mai étoit la procession de toute la basoche, y compris le sergent et ses huissiers, allant planter en grande pompe le mai annuel dans la cour du palais.

[61] Marigny, dans son poème du Pain bénit, parle de maître Vavasseur, commissaire du quartier du Marais, qui étoit ainsi de connivence avec les filles ses subordonnées. Marigny le désigne ainsi:

Des lieux publics grand écumeur.
Adorateur de ces donzelles
Qui ne sont ni chastes ni belles,
Et qui, sans grace et sans attraits,
Vivent des pechés du Marais.

[62] Le lieutenant criminel Tardieu, tout aussi bien que ces commissaires, prenoit de toutes mains, même de celles des rôtisseurs. «Le lieutenant, lisons-nous dans les Historiettes de Tallemant, dit à un rotisseur qui avoit un procès contre un autre rotisseur: «Apporte-moi deux couples de poulets, cela rendra ton affaire bonne.» Ce fat l'oublie. Il dit à l'autre la même chose. Ce dernier les lui envoie, et un dindonneau. Le premier envoie ses poulets après coup; il perdit, et, pour raison, le bon juge lui dit: «La cause de votre partie étoit meilleure de la valeur d'un dindon.» (Tallemant, édit. in-12, t. 5, p. 53.)—Encore M. Tardieu ne s'en tenoit-il pas là. «Le lieutenant criminel, dit encore Tallemant, logeoit de petites demoiselles auprès de lui, afin d'y aller manger, et il leur faisoit ainsi payer sa protection.» (Ibid.)

[63] Fameux trésorier de l'épargne, dont la fortune fit scandale à cette époque. Tallemant, qui étoit allié de sa famille, lui a consacré une historiette, ainsi qu'à Montauron, qui continua et même augmenta l'opulence de cette maison de parvenus. (V. édit. in-12, t. 8, p. 116, etc.) Dans la Chasse aux larrons de J. Bourgoing (in-4, p. 39, 90), on les maltraite fort. «Les Puget, y est-il dit, qui se sont vantés d'avoir mangé en leur temps plus d'un million six cents mille livres, avoir entretenu toutes les plus belles garces de Paris, jouy des plus relevées de France, joué ez plus dissoluz brelans, académies, tripots, bauffré les plus friands morceaux, etc.» Puget fut souvent inquiété, même avant la grande recherche qu'on fit des gens de finance sous Louis XIII. L'un des commissaires qui instruisoient son procès lui fit cette question: «Je vous prie de m'enseigner comment je pourrois, avec deux ou trois mille écus, en acquérir en peu de temps cinq à six cents mille»; paroles, dit un auteur, qui le rendirent muet. Il devint pâle, défait, et possédé des froides appréhensions de la mort, qui le talonnoient comme s'il eût été condamné.» (Le tresor des tresors de France volé à la couronne, par J. de Beaufort, Parisien, Paris, 1615, in-8º, p. 31.)

[64] Montescot avoit joui d'un grand crédit et mené grand train sous Henri IV. Au commencement du règne suivant, il eut à subir, entre autres malheurs, les conséquences d'un duel après lequel son fils Baronville, ayant tué Dasquy, gentilhomme du duc d'Aiguillon, dut s'enfuir au plus vite, et fut pendu en effigie au bout du Pont-Neuf, en août 1611. (Lettres de Malherbe à Peiresc, p. 211, 219.)

[65] Est-ce le célèbre homme d'état qui eut Sully pour successeur dans la surintendance des finances, ou faut-il plutôt retrouver ici Lancy, fameux traitant de cette époque, dont parle la Chasse aux Larrons, p. 45, 91?

[66] Nous ne connaissons de ce nom alors qu'un conseiller au Grand Conseil. (V. Tallemant, édit. in-12, III, p. 190.)

[67] Il est parlé de ce grand fermier dans une petite pièce fort curieuse: La rencontre merveilleuse de Piedaigrette avec maistre Guillaume, revenant des Champs-Elysées, pet. in-12, 1606. On y voit qu'il florissoit au temps de la faveur des financiers italiens en France, Ruccellaï, Sardini, Cenami, et quelques autres nommés ici. C'est lui, à ce que nous apprend la même pièce, qui organisa toute une armée de mouches (sic) pour surprendre les coquilberts, sorte de contrebandiers de ce temps-là. Mais les mouches s'entendirent avec les coquilberts, «tellement que, par le moyen de cette alliance, le pauvre père Louvet fut métamorphosé comme Actéon, qui fut mangé de ses chiens propres: car toute son armée de mouches, tant capitaines que soldats, devinrent coquilberts, et il fut traité à la turque.» La fuite de Louvet à Maubuisson est ensuite racontée, etc., etc. (V. p. 19, 26.)

[68] Peut-être cet entrepreneur, dont nous avons inutilement cherché le nom, est-il le même que «le nommé Bizet» dont parle Malherbe dans sa lettre à Peiresc du 12 janvier 1613, et qui proposoit de bâtir un pont neuf devant aboutir «vers la place Maubert», c'est-à-dire à peu près à la hauteur où fut en effet placé le Pont-au-Double. Cette construction n'entroit que comme détail dans l'ensemble d'un vaste plan d'embellissement que ce M. Bizet montra à Malherbe, et qui, «proposé, reçu par le conseil», auroit eu, entre autres avantages, celui «d'acquitter cinq millions de livres de rente que fait le roi, dit encore Malherbe, sans aucune surcharge ni exaction nouvelle.»

[69] Le Pont-au-Double, qui dut son nom à la petite monnoie, équivalente à deux deniers, qu'on payoit pour y passer, ne tarda pourtant pas trop à s'achever. Les travaux y allèrent même plus vite qu'au Pont-au-Change, qu'on rebâtissoit vers le même temps (V. plus loin). Il étoit terminé en 1634, avec la salle de l'Hôtel-Dieu qui occupoit l'un de ses côtés, et qui lui avoit fait donner son nom officiel de pont de l'Hôtel-Dieu. «L'an 1634, lisons-nous dans le Supplément des Antiquités de Paris, de Dubreuil, p. 14, fut fait le pont de pierre de l'Hostel-Dieu, qui prend depuis le coing de la première porte de l'Archevesché et respond en la rue de la Bucherie, et sert audit Hostel-Dieu d'un bel ornement et logement pour heberger les malades, avec une gallerie faite à costé pour servir au public.» Quand le double tournois eut cessé d'avoir cours, on paya un liard pour y passer; ce péage exista jusqu'en 1789. On le débarrassa en 1816 des maisons qui l'obstruoient du côté de la rue de la Bucherie, et de nos jours on l'a complétement rebâti, d'une seule arche.

[70] Dans le Recueil général, cette seconde partie a pour titre: La seconde journée et visitation de l'accouchée.

[71] V. plus loin une note sur l'usage des masques, p. 105, et la Promenade du Cours, Paris, 1630, in-12, p. 12; Lémontey, Suppl. à Dangeau, p. 140-141.

[72] Il s'agit de la canonisation de sainte Thérèse, que Grégoire XV, par bulle de l'année 1621, avoit mise au nombre des saintes. C'est comme fondatrice des carmélites que sainte Thérèse étoit fêtée par les Carmes avec une pompe si bruyante: «Par toutes les eglises des Carmes et Carmélines deschaussez de France, on fit... huit jours de fêtes solennelles en l'honneur de sainte Thérèse: toutes lesquelles eglises estoient richement ornées de tapis exquis, de tableaux, de lampes et de cierges, pour exciter le peuple à la dévotion, Sa Sainteté ayant octroyé pleinière indulgence. Et s'y voyoit un grand nombre de personnes de toutes qualités communier et recevoir le S.-Sacrement.»—Le Mercure françois, t. 7, p. 409 (juil. 1622).

[73] Ce lazzi se retrouve dans une autre pièce de l'époque, inspiré par un fait tout différent. «Une autre vieille, dit l'Hermite Valérien, racontoit au curé qu'elle avoit ouy dire au marché que M. le connestable alloit canoniser la Rochelle avec cent canons. La simplicité de cette femme me fit rire, voyant qu'au lieu de canonner, elle disoit canoniser.—Recueil des pièces les plus curieuses faictes pendant le règne du connestable M. de Luynes, Paris, 1632, in-8, p. 310.

[74] «La reyne fit la despense des artifices qui jouèrent sur le haut de l'église des Carmes deschaussez de Paris.» Le Mercure françois, t. 7, p. 409.

[75] L'un des ajustements à la mode que les bourgeoises ne devoient pas se permettre: «le col garny d'affiquets, de colet à quatre ou cinq estages d'un pied et demy, pour monter au donjon de folie, etc.» La Mode qui court à présent, etc., Paris, s. d., in-12, p. 8.

[76] V. plus loin, p. 114.

[77] Les plaintes étoient fréquentes alors contre la façon incorrecte dont les livres étoient imprimés; on peut lire notamment à ce sujet un passage du Perroniana, 3e édit. in-12, p. 168.

[78] Si le cardinal de Guise, archevêque de Reims, n'étoit mort à Saintes le 21 juin 1621, c'est-à-dire un an avant que ceci dût être écrit, je croirois volontiers que l'auteur des Caquets a voulu ici parler de lui. C'étoit en effet le prélat le plus coquet et le mieux frisé du royaume. Tallemant le prouve par cette anecdote: «Un jour que le dernier cardinal de Guise, qui étoit archevêque de Reims, vint fort frisé dîner chez M. de Bellegarde..., Yvrande alla dire tout bas ces quatre vers à M. le Grand (on appeloit ainsi M. de Bellegarde):

Les prélats des siècles passés
Etoient un peu plus en servage;
Ils n'étoient bouclés ni frisés, etc.
 
(Histor., édit. in-12, t. 1, p. 110.)

[79] Cette place ne se rendit toutefois définitivement qu'en 1629.

[80] Il est question d'un premier blocus qui précéda le siége fait par Richelieu, et qui fut levé en cette même année 1622.

[81] Le même reproche se trouve formulé contre Luynes et ses frères, dans la Chronique des favoris. On le fait ainsi parler: «Nous avons encore preveu de faire un grand nombre de régiments invisibles, mes frères et moi, desquels on faisoit courre le bruict que nous les mettions en nostre bourse, au lieu que nostre dessein estoit de nous en servir pour les jetter invisiblement dans la place, pour la surprendre plus facilement.» Recueil des pièces les plus curieuses, etc., p. 481.

[82] Il falloit alors, quand on faisoit des transports d'argent, un énorme attirail d'hommes et de chariots, n'eût-on à voiturer qu'un million ou douze cent mille livres. Malherbe écrit à Peiresc le 17 juillet 1615: «On dit mercredi sur les cinq heures du soir à la Bastille, prendre douze cent mille livres pour le voyage...; l'argent fut tiré dans quarante charrettes, qui portoient chacune trente mille livres en quarts d'écus.»

[83] Il est sans doute ici question du livre qui a pour titre: Histoire des martyrs persecutez et mis à mort pour la verité de l'Evangile... (1610), trad. du latin (par J. Crispin et continué par S. Goulard), Genève, 1619, 2 vol. in-fol.

[84] M. de Rohan en effet ne s'étoit pas conduit très bravement à S.-Jean-d'Angely. Bien que cette ville lui appartînt, sitôt qu'il sut l'approche des troupes du roi, il se retira, laissant la défense de la place à son frère Soubise. S.-Jean, quoiqu'en bon état, ne tint pas long-temps. Le 25 juin 1621 Soubise y capitula.

[85] M. de la Force en effet vendit cher sa soumission; quand les mauvaises affaires des Huguenots dans la basse Guienne, la perte de Tonneins, que son gouverneur rendit, et la prise de Clerac par les troupes du roi, lui eurent fait désespérer de sa cause, il songea à entrer en arrangements, mais il ne conclut qu'avec de beaux avantages. «Le roi, continuant son chemin par la Guienne, lit-on dans les Mémoires de Rohan, acheva son traité avec La Force, qui, moyennant une charge de maréchal de France et 200,000 écus, lui rendit Sainte-Foy, dont il s'étoit rendu maître au préjudice de Terbon, gendre de Pardaillan, et se démit lui et ses enfants des charges et gouvernements qu'ils avoient possédés, sans en donner jamais connoissance ni à l'assemblée générale ni au duc de Rohan.» (Coll. Petitot, t. 18, p. 214.)

[86] Il étoit superintendant des finances, comme dit Malherbe (Lettres à Pereisc, p. 481), depuis la fin d'août 1621. La Vieuville lui succéda (Mém. de Bassompierre, Coll. Petitot, 2e série, t. 16, p. 2-3).

[87] Les plaintes sur le tort que l'absence du roi et de la Cour faisoit aux marchands de Paris étoient générales. On lit, par exemple, dans une pièce du temps, Lettre de la ville de Tours à celle de Paris, 1620 (Recueil A-Z, E, p. 139): «Le vray sujet de vostre murmure, c'est de vous sentir affamé de la manne ordinaire de la cour... Il vous fasche voir un si grand dechet de prix en vos merceries, et tant de chambres garnies à louer. A la verité je vous avoue que l'absence du roy vous fait dommage, pour faire du bien à d'autres, et s'il continue à s'eloigner de vous, vous deviendrez à moitié deserte.» Plusieurs pièces coururent qui reproduisoient ces plaintes et qui prouvoient qu'elles étoient l'expression de toutes les pensées à Paris; voici le titre de quelques unes: Les avis de M. le chancelier et de MM. du Parlement, donnés au roy sur la résolution de son voyage, Paris, 1622, in-8.—Harangue et protestation faite au roi, au nom des trois ordres de France et de MM. les Parisiens, sur son prochain départ, Paris, 1622, in-8.—Requête générale des habitants de Paris, présentée au roi, sur le voyage de Sa Majesté, par le sieur de Boiscourtier, Paris, 1622, in-8.—Francophilie présentée au roi sur la résolution de son voyage, par le sieur Mangeart, s. l. 1622, in-8.

[88] L'incendie du Pont-au-Change eut lieu, en effet, dans la nuit du 24 oct. 1621 (Mercure françois, VII, 857). On en accusa l'imprudence d'un certain de Meuves, que Richelieu fit juger par une assemblée de conseillers du Châtelet, dont M. de Cordes étoit président. Il fut pendu (Tallemant, édit. in-12, t. 2, p. 188). On songea aussitôt à rétablir le pont, et, afin de le garantir des accidents auxquels sa première construction en bois l'avoit exposé, on voulut le bâtir en pierre. Les orfèvres qui y avoient leurs forges (boutiques) offrirent d'en faire les frais: «Les orfèvres de Paris, dit la voix publique au roy, poursuivent de faire bâtir le Pont-au-Change de pierres de taille à leurs despens. Le marquis (La Vieuville) ne le trouve pas bon.» (Recueil E, p. 210.) Le projet traîna en longueur, si bien que la reconstruction ne fut commencée qu'en septembre 1639, et achevée qu'en octobre 1647.

[89] C'étaient des gants d'une mode en effet nouvelle, car nous ne les trouvons pas nommés dans une petite pièce en vers qui fait la description la plus complète de toutes les espèces de gants à la fin du XVIe siècle: Le Gan de Jean Godard, parisien, etc., Paris, 1588, in-8, p. 9-11.

[90] La Guimbarde étoit une danse dont la vogue avoit commencé vers 1606. Nous la trouvons indiquée sous cette date dans le premier volume de la Collection des ballets de Philidor, ms. de la bibliothèque du Conservatoire. L'air sur lequel on la dansoit est encore populaire: c'est celui de Dupont mon ami. Alors tout était à la Guimbarde, comme de nos jours tout a été à la Polka.

[91] Peut-être cette encre nouvelle est-elle celle de la Petite vertu. La maison Guyot, qui en fait le commerce, date en effet, à en croire son enseigne, de l'année 1609, époque assez rapprochée de celle-ci.

[92] Il est parlé de tous ces voleurs, notamment des Grisons, dans le roman de Francion, liv. 2, histoire de Marsault, Paris, 1663, in-8, p. 74.

[93] On les appeloit aussi Manteaux-Rouges, peut-être parcequ'étant des échappés des galères, ils avoient gardé l'habit rouge, qui étoit déjà au 17e siècle l'uniforme du bagne (Hydrographie du P. Fournier, 1667, liv. 3, ch. 45). Il paroît que des plaintes pareilles à celles qui se trouvent ici finirent par réveiller la police, et par la lancer une bonne fois sur ces bandes nocturnes. Voici en effet ce que nous lisons dans une pièce du temps: «A force de crier après le prévôt des maréchaux de Paris, ils ont fait une capture, depuis peu, de deux cent seize voleurs, au nombre desquels il y avoit vingt-deux Manteaux-Rouges, qui estoient à gage, et qui jetoient par le soupirail des caves ce qu'ils avoient butiné par la ville.» (Les grands jours tenus à Paris, par M. Muet, lieutenant du petit criminel, 1622 [Variétés histor. et littér., avec des notes de M. Ed. Fournier, Paris, Jannet, 1855, in-16, t. 1, p. 198].) Dans la même pièce, p. 202, il est encore parlé des Manteaux-Rouges, allant faire affront à un clerc de taverne du Pied-de-biche, près la porte du Temple, et lui volant son manteau.

[94] C'est-à-dire: lui a donné des cornes comme celles de Moïse. C'étoit une expression consacrée. Passerat la paraphrase ainsi:

Ce nom de cocu vous honore,
Ce nom de cocu vous décore,
Et par ce nom l'on est contraint
De vous adorer comme saint.
Mais advisez si Dieu vous prise
Qui vous fait semblable à Moyse:
Car, quand les tables il reçut,
Soudainement il s'apparut,
Estant descendu de la nuë,
Qu'il avoit la tête cornuë,
Qui me fait croire, en vérité.
Qu'encores a divinité.
 
(Recueil des œuvres poétiques de Jan Passerat, etc.,
Paris, 1606, in-8º. Consolation aux cocus.)

[95] C'est l'évêché de Paris, alors vacant, et dont on disposa à cette époque, ainsi qu'il sera dit plus loin.

[96] «Il faisoit partir de Paris force convois d'argent, sous prétexte de payer l'armée, mais la plupart demeuroient dans Bloys.» L'ombre de Monseigneur le duc de Mayenne, etc. Recueil des plus curieuses pièces, etc., p. 379.

[97] Monheur est un château près de Toulouse, qui, après la mort de Boesse, s'étoit ouvertement révolté contre le roi. Il résista plus long-temps qu'on ne l'avoit pensé, et, pour comble de disgrâce, les gens de Sainte-Foy massacrèrent à Gontault bon nombre des gendarmes de Luynes. Le connétable s'en affecta jusqu'à tomber malade. Il venoit de s'aliter, quand la place se rendit enfin, le 12 décembre. Il étoit trop tard. «Ce succès si désiré, dit Richelieu, fut à peine ressenti du connétable, que la maladie avoit déjà réduit jusques à l'extrémité, et l'emporta deux jours après, qui fut le quatorzième jour de décembre.» Mémoires (collect. Petitot, 2e série, t. 22, p. 162).

[98] Jean Belot, curé de Mil-monts, étoit alors, comme Morgard ou Mauregard, l'un des plus grands faiseurs d'almanachs. Voici le titre bizarre de celui qu'il avoit publié au commencement de 1621, et qui prédisoit, à en croire nos caqueteuses, la mort du connétable, survenue le 15 décembre de la même année: «Centuries prophetiques revelées par sacrée théurgie et secrete astrologie à M. Jean Belot, curé de Mil-monts, professeur ès mathématiques divines et celestes, auxquelles centuries est predit les evenements, affaires et accidens plus signalés qui adviendront en l'Europe, aux années suivantes jusques en l'an 1626... Paris, A. Champenois, 1621, in-8 pièce.—On se préoccupoit beaucoup, à Paris et dans la province, de ces prophéties d'almanach. Malherbe se croit obligé, par exemple, de rassurer l'un de ses cousins de Normandie sur les inquiétudes que ces prédictions lui donnoient au sujet du voyage du roi, qui venoit de partir pour la Guienne. «Mauregard, lui dit-il, le curé de Mil-monts, et tous les autres faiseurs de prophéties, mentent. Vos astrologues ne sont pas plus clairvoyants qu'eux. Il ne faut pas avoir peur de leurs almanachs plus que des autres.»

[99] Ces almanachs étoient partout, je le répète, la grande affaire des caqueteuses. Celles qui sont mises en scène dans une autre pièce parue vers le même temps, Le grand procez et la querelle des femmes du faubourg S.-Germain avec les filles du faubourg Montmartre sur l'arrivée du Régiment des Gardes, etc. Paris, 1623, in-12, p. 1, parlent aussi du curé de Mille-monts (sic), de son almanach, et du diable d'argent «à qui chacun tire la queue», qu'il y a fait peindre.

[100] Richelieu semble croire lui-même à la vérité des prophéties faites au sujet de la mort de Luynes, et va jusqu'à invoquer, comme article de foi, l'almanach du curé devin. «L'almanach du curé de Millemont, dit-il, citant un autre passage que celui auquel il est fait ici allusion, portoit en termes exprès que, depuis le mois d'août jusques à la fin de l'année, un grand Philocomée auroit bien mal à la tête, et seroit contraint de se ranger au lit, avec danger de sa personne; que ce ne seroit pas du tout sa maladie qui lui causeroit ceste fascherie, mais des nouvelles qui lui viendroient de la perte de quelques siennes troupes, qui auroient été mises en fuite; et le même almanach, en la fin, où il mettoit les jours heureux de l'année, remarque particulièrement celui de sa mort, jour heureux pour le roi et son état.» Mémoires de Richelieu, Coll. Petitot, 2e série, t. 22, p. 165.

[101] On ne s'en tint pas aux prédictions faites avant, il y eut des horoscopes faits après, et d'autant plus certains; celui-ci, par exemple, paru dans l'année qui suivit la mort de Luynes: L'horoscope du connétable et le passe-partout des favoris, 1622, in-8 pièce.

[102] L'un étoit Honoré d'Albert, qu'on appela d'abord M. de Cadenet, à cause du château patrimonial, puis M. de Chaulne, quand il eut épousé Charlotte d'Ailly, dame de Pocquigny et de Chaulne, l'unique héritière de cette illustre maison. Fait maréchal à l'occasion de ce mariage, il fut plus tard créé duc. Le second frère du connétable, Léon d'Albert, qu'on nommoit M. de Brantes, épousa une fille de la maison de Luxembourg. Il en prit le nom et les armes pleines, et s'intitula duc de Luxembourg et de Piney.

[103] Le prince de Condé, catholique assez indifférent jusque alors, et guerrier très calme, s'étoit pris tout à coup d'une grande haine contre les huguenots et d'une belle ardeur belliqueuse. Bien qu'on n'en comprît pas la raison, qui n'étoit autre, à ce qu'il paroît, que certain espoir fondé sur une prédiction qui lui promettoit la couronne à l'âge qu'il avoit alors, et qui le portoit à se faire chef d'armée d'abord, pour mériter mieux d'être chef d'état ensuite. Bien qu'on eût cette soudaine résolution en défiance, comme on y trouvoit une nouvelle force contre les rebelles, on n'étoit pas sans y applaudir. C'est ce qui justifie ce passage des Caquets sur l'influence de Condé dans le conseil. V., sur toute sa conduite alors, et sur ce qu'on en pensoit, Vittorio Siri, Memorie recondite, t. 5, p. 404, et Mém. de Richelieu, Coll. Petitot, 2e série, t. 21, p. 326.

[104] Le prince de Joinville, fils du Balafré et frère du duc de Guise, ainsi que de Louis de Lorraine, cardinal de Guise, devoit à sa fidélité pour le parti de la cour le rétablissement de ses affaires. V. sur lui les Lettres de Richelieu, publiées, par M. Avenel, dans la Collection de documents inédits, t. 1, p. 462, 475.

[105] C'est justement le projet qu'on eut alors, et qui, après avoir été formulé longuement par lettres patentes de février 1622, ne reçut pas d'exécution. Il s'agissoit d'établir au Cours, la Reine une maison royale qui devoit s'appeler d'abord Maison des œuvres de miséricorde, puis Maison royale de Monheurt, en souvenir de la prise récente de cette petite ville (V. plus haut). Cette sorte d'hospice eût été instituée, d'après les termes mêmes de l'ordonnance, «pour le soulagement des pauvres valides..., le moyen de leur apprendre à travailler en tous arts, etc.» V. sur tout ce projet et son plan développé l'article de la Revue rétrospective: Un dépôt de mendicité sous Louis XIII, 2e série, t. 3, p. 207 et suiv.

[106] Il est aussi parlé de la «bande des assassins du faubourg S.-Germain» dans Les effroyables pactions faictes entre le Diable et les prétendus Invisibles, Paris, 1623, in-8, p. 20. Ces attaques continuelles rendoient les Parisiens très peureux, et surtout très casaniers, quand venoit le soir. «Ils ont cette particularité, écrit Davity, qu'ils ne bougent point de leur logis la nuict, quelque bruit qu'ils oyent parmi la rue et quoique quelqu'un crie qu'on le vole ou qu'on l'assassine. De sorte qu'une personne qui se trouve parmy des tireurs de manteaux ne doit espérer, après Dieu, qu'en ses mains ou bien en ses pieds. Et ce qui les retient au logis en cette sorte, c'est qu'ils ont souvent de fausses alarmes, que quelques yvrongnes leur donnent, ou bien des cris de quelques vagabonds qui se plaisent à mettre le monde en action, afin de s'en rire après, ou de quelques méchants qui font ce bruit à dessein, afin d'essayer de faire sortir et d'assassiner ceux qu'ils hayssent.» Davity, Les Estats, Empires, etc., in-fol. 1625, p. 75.

[107] On en avoit beaucoup parlé peu de mois auparavant. La réforme qu'on vouloit introduire dans leur grand couvent de Paris les avoit mis en émoi. Ils refusoient surtout d'aller pieds nus. Leur rebellion avoit pris les proportions d'une émeute le 26 février 1621; on avoit été obligé de se saisir du père gardien et de renfermer à l'Ave-Maria, et cette rigueur avoit motivé de nouveaux murmures. V. Mercure françois, t. 8, p. 504.

[108] Le titre du petit livret rare cité dans la note précédente est à lui seul une preuve qu'alors on se préoccupoit beaucoup des Esprits et des Invisibles. L'arrivée à Paris des frères de la Rozée-Croix (sic), qui venoient y faire séjour, visibles et invisibles, en cette même année 1623, contribua singulièrement à entretenir ces chimères, et à inspirer des écrits pour ou contre, dans le genre de celui de tout à l'heure. Nous en connaissons un autre, fait en haine des nouveaux venus, et dont voici le titre: L'Examen sur l'Inconnue et nouvelle caballe des frères de la Rosée Croix, habituez depuis peu de temps en la ville de Paris, ensemble l'histoire des mœurs, coustumes, prodiges et particularités d'iceulx, MDCXXIIII.

[109] Anne d'Autriche aimoit en effet à s'enquérir de ces choses surnaturelles, de ces histoires d'Esprits qui couraient alors le monde, Paris comme la province. Il y en avoit un à La Flèche qui faisoit beaucoup de bruit. Malherbe en reçut des nouvelles par Racan; et comme il y avoit là «de quoy entretenir la reine», il se hâta de remercier son ami, et de lui demander de nouveaux détails, par une lettre du 4 novembre 1623. D'après les questions qu'il lui mit touchant cet esprit, dont il paroît que les Jésuites s'occupoient fort, on voit qu'il étoit d'une assez amoureuse nature. «Informez-vous, dit-il, quand commença la recherche de cet inconnu, et combien de temps après le mariage; s'il couche avec elle, et ce que le mary fait ce pendant; ce qu'en dit la demoiselle; et si, quand ils sont ensemble dans le lict, il ne parle point à elle, et ce qu'il luy dit; si elle est melancolique, et si elle tesmoigne n'y prendre point de plaisir.»

[110] On pense que le couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques, qui avoit pris la place du prieuré de Notre-Dame-des-Champs, occupoit un terrain consacré autrefois à Cérès. L'église auroit ainsi remplacé le temple. On fondoit cette opinion sur l'apparence singulière de la statue mise tout au haut du pignon, et qu'on croyoit être celle de la déesse. Charles Patin et Moreau de Mautour étoient de cet avis. Ils prétendoient qu'il falloit voir dans l'espèce de faisceau qui surmontoit la statue la gerbe d'épis, attribut de Cérès. Piganiol combat cette opinion, et Saint-Foix la soutient. Mais il paroît prouvé aujourd'hui que cette statue étoit tout simplement celle de saint Michel, qu'on avoit coiffée de pointes de fer, afin d'empêcher les oiseaux de s'y percher. Ce passage des Caquets est curieux en ce qu'il prouve la perpétuité des souvenirs du paganisme chez le peuple de Paris, et l'espèce d'action que ces souvenirs pouvoient avoir sur l'opinion des savants, sans que ceux-ci daignassent l'avouer.

[111] Var. Le Recueil général ajoute: Jusques aux os.

[112] Var. Rec. gén.: Saint-Honoré.

[113] Var. Dans le Recueil général, les mots partisandame d'honneur, sont remplacés par: «Vendant vin, de peu d'effet, qui est venu tout en une nuict, comme les potirons. Il a pourtant des commoditez de son deffunt oncle. Il peut, en bref, vous faire grand dame.»

[114] Var. Le Recueil général ajoute: Car j'aimais un de notre vacation.

[115] Var. Rec. gén.: Mon père et ma mère.

[116] Var. Le Rec. gén. ajoute: Ny n'en auray jamais.

[117] Var. Le Rec. gén. ajoute ici: Des héritiers.

[118] Var. Dans le Rec. gén., de nos voisines est remplacé par joualière.

[119] Var. Le Rec. gén., au lieu de: au gasteau, porte: sinon que quatre mille francs de don, à quoi elle se doit contenter.

[120] Var. Le Rec. gén. ajoute: luy-mesme.

[121] L'ambition de la nouvelle congrégation de l'Oratoire et ses tentatives entreprenantes, tant en France qu'à Rome, où M. de Bérulle, leur fondateur, pouvoit beaucoup, étoient des faits acquis et qui causoient du murmure. Nous lisons dans une petite pièce singulière et très rare adressée à l'un de leurs adhérents:

Vostre style n'est pas esgal;
On tient que ceux de l'Oratoire
Vous ont fourny quelque memoire:
Vous n'estes au rapport legal.
 
Ils ont avec vous entrepris
De faire la guerre aux chapitres,
De s'attacher partout aux mitres,
Et de prendre ce qui n'est pris.
 
(Le Piquet de trique-mouche envoyé pour estrennes par
Gueridon à l'autheur de la Plainte apologetique pour faire le voyage de
Saint-Jacques.
In-12, 1626, p. 99-100.)

[122] Il y avoit trois ans déjà, car la première démarche datoit de 1619, que les oratoriens tendoient, avec l'agrément de Louis XIII, il est vrai, à s'établir comme administrateurs spirituels et laïcs de l'hospice et de l'église de Saint-Louis-des-François, à Rome. Le pape donna son consentement, et M. de Bérulle profita, pour hâter l'affaire, de la mission qui lui fut donnée en vue du mariage de madame Henriette de France avec le prince de Galles, qu'on vouloit faire agréer du Saint-Père. (Mém. de Richelieu, Coll. Petitot, 2e série, t. 18, p. 312, 469.) C'est donc avec une intention malicieuse qu'il est parlé ici de «mille tours et ambassades».

[123] Ces pauvres prêtres firent si bien, avec l'aide des administrateurs laïcs et spirituels qu'on menaçoit de déposséder; avec le secours du commandeur de Sillery, puis de M. de Béthune, tour à tour ambassadeurs de France à Rome, et tous deux opposés aux prétentions de M. de Bérulle, qu'on leur donnoit malgré eux pour collègue; avec l'aveu secret de Richelieu, qui combattoit partout le fondateur de l'Oratoire, que les choses traînèrent en longueur pendant plus de dix ans, en dépit du pape et du roi, et que la solution définitive n'arriva qu'après la mort de M. de Berulle, en 1629.

[124] Ils n'y réussirent point; mais ils firent tant qu'ils supplantèrent les chanoines dans la faveur du roi. En 1637, Louis XIII ordonna, par lettres patentes, que les Pères de l'Oratoire fussent tenus ses chapelains.

[125] Le P. de Bérulle avoit d'abord voulu établir ses Oratoriens à l'hôtel de Luxembourg (Perroniana, 3e édit., p. 214). La reine l'ayant acheté, il se rejeta sur le vieil hôtel du Bouchage, que le séjour de Gabrielle avoit récemment fait appeler hôtel d'Estrées. Il l'acquit en 1616, moyennant quatre-vingt-dix mille livres. (Piganiol, t. 2, p. 282.)

[126] C'est, en effet, la vue et l'espace qui manquoient surtout à la maison de l'Oratoire, encaissée comme elle l'étoit entre le Louvre et la rue sombre de Saint-Honoré. Afin même de donner à la façade de l'église la perspective qui lui faisoit défaut à cause de cette situation, l'architecte Jacques Le Mercier la mit de biais, comme on la voit encore, et, dit Piganiol (ibid.), «lui donna ainsi l'avantage d'être vue de beaucoup plus loin, arrivant par la rue de la Ferronnerie.»

[127] Les Oratoriens de France, pour imiter encore en cela ceux de Rome, à qui l'art musical doit, comme on sait, les premiers Oratorio, voulurent donner un attrait de nouveauté à la partie lyrique de leurs offices. Ils firent si bien qu'on ne les appela plus que les Pères au beau chant. «Dès que cette église fut bâtie, dit Piganiol, la plupart des gens de la cour n'en fréquentoient point d'autre que celle-ci; et afin de les rendre plus attentifs aux offices divins et plus dévots, le P. Bourgoing, qui étoit habile musicien, s'avisa de mettre les pseaumes et quelques cantiques sur des airs qu'on chantoit pour lors. Et voilà l'origine du chant particulier que les prêtres de l'Oratoire de la congrégation de France ont substitué dans leur église au chant grégorien.»

[128] Ces plaintes éloquentes se retrouvent dans plusieurs écrits du temps, mais nulle part avec plus de vigueur et de virulence que dans les Satyres du sieur Auvray. Ainsi, dans sa Complainte de la France en l'an mil six cent quinze (p. 202), il dit, apostrophant les Huguenots:

Jusqu'à quand, esprits factieux,
Ressemblerez-vous la vipère
En deschirant, seditieux,
Les flancs de vostre propre mère?
 
Rebelles, que vous ai-je fait?
Suis-je une marastre cruelle?
Après n'avoir succé le laict,
Faut-il m'arracher la mamelle?

[129] Le poète Auvray s'en prend encore, avec sa vigueur haineuse, à l'ardeur vivace et éternelle du parti huguenot. Il va jusqu'à exalter l'utilité de la Saint-Barthelemy:

........... Et puis ces Lestrigons
Se disent reformez! O tigres, ô dragons!
Helas! combien de fois vos sanglantes furies
De nos temples sacrez ont fait des boucheries!
Le sang y fume encor, et, sans verser des pleurs,
Je n'en peux dans mes vers exprimer les malheurs.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Quoy! secouer le joug des monarques puissants,
Mesurer vostre foy à l'aune de vos sens,
Vous donner tout en proye aux charnelles délices,
Violer nos tombeaux, dérober nos calices,
Fouler l'hostie aux pieds, enfoncer, inhumains,
Au sang des innocents vos homicides mains,
Et mesdire des roys d'une rage animée:
Appelez-vous cela l'Eglise reformée?
 
Vous nous reprocherez la Saint-Barthelemy;
Mais ce brasier ne fut allumé qu'à demy:
C'estoit lors que devoit et que pouvoit la France
Exterminer ce monstre au point de sa naissance.
Ce feu devoit s'esteindre avant qu'il fût plus grand:
Par trop starer la playe incurable on la rend.
La moisson, dira-t-on, n'etoit point encor meure.
Si falloit-il ce chancre amputer de bonne heure,
Il n'auroit pas gaigné les membres principaux.
 
(Le Banquet des Muses, ou les divers satires du sieur
Auvray, etc. Rouen, 1627, in-8, p. 271.)

L'opinion exprimée si énergiquement dans ces derniers vers étoit partagée par tout le parti catholique. Dans l'Epistre dedicatoire au Roy, de son livre: Les principaux points de la foy de l'Eglise catholique défendus contre l'escrit adressé au Roy par les ministres de Charenton, 1618, in-12, Richelieu tient à peu près le même langage: il rend les protestants responsables de la Saint-Barthélemy.

[130] Pierre Du Moulin, en effet, l'apôtre du parti réformé à cette époque, instruit par Drelincourt que le roi, prenant ombrage du synode calviniste qu'il avoit présidé à Alais, en 1620, vouloit le faire arrêter, s'étoit retiré à Sedan, où le duc de Bouillon le fit professeur de théologie et ministre ordinaire. Il continua d'y surveiller les affaires de son parti et de les diriger, comme s'il eût été encore dans son prêche de Charenton et évêque de Paris en espérance, ainsi que le disoit un petit libelle de 1618: Les Œufs de Pâques adressez au ministre Du Moulin, etc. (Recueil Y, p. 174). Après la déroute de Soubise, il parut un manifeste soi-disant émané de lui: Lettre d'avis donné à tous les ministres de France et autres de la religion prétendue réformée, par le sieur Du Moulin, ci-devant ministre de Charenton, sur la défaite des troupes des sieurs de Soubise et Favas, Paris, J. de Bordeaux, 1622, in-8.

[131] Les receveurs y faisoient de très gros profits; aussi le sel devenoit-il chaque jour plus cher et les plaintes plus fréquentes. «Les laboureurs n'ont pas de quoy payer leurs tailles et acheter du sel.» (Avis donné à M. de Luynes par un fidèle serviteur du roy, et amateur du repos public.—Recueil Z, p. 152.)—Le nombre des faux sauniers augmentoit. Dans la Guienne, un pauvre diable s'etoit fait leur chef; on l'avoit pris et on lui avoit mis sur la tête une couronne de fer rougi. (Cosmographie de Thevet, liv. 14, ch. 4, «de Bourdeaux».)—Dans le Berry, il y avoit eu, en 1612, une révolte à cause d'eux. (Lettre de Malherbe à Peiresc, p. 224.)

[132] Var. Tout ce qui termine cet alinéa manque dans le Recueil général.

[133] On appeloit ainsi les soldats de hazard à l'aide desquels, les jours de revue, les capitaines complétoient leurs compagnies. Une ordonnance de 1688 les condamna à être marqués d'une fleur de lys à la joue.

[134] Var. Ce qui termine cet alinéa est remplacé, dans le Recueil général, par: Attendu que l'encre et le papier venoient à me manquer, c'est pourquoy je remis le tout à une autre fois.

[135] Cette troisième partie a pour titre dans le Recueil général: La troisiesme journée et visitation de l'accouchée.

[136] Var. Au lieu de meuniers, le Recueil général porte: basse étoffe.

[137] Ces initiales doivent cacher le nom de Jean Guillaume, alors bourreau de Paris. Il est déjà nommé, et en toutes lettres, dans la Chasse aux larrons (pag. 47), dans les Quas-tu veu de la cour et Advis à M. de Luynes, sur les libelles diffamatoires. (Recueil des pièces les plus curieuses, etc., p. 45, 31.)

[138] Cette commère a raison. Lorsqu'en 1624 cette recherche des financiers, si long-temps menaçante, eut été décrétée et la chambre de justice instituée, à l'instigation de Richelieu et de la reine-mère, on se contenta de sévir contre La Vieuville, le surintendant, et contre Beaumarchais, son beau-père, qui, on le prouva, s'étoit enrichi de dix millions depuis les quelques années qu'il étoit trésorier de l'Epargne. La Vieuville fut mis en prison au château d'Amboise, et Beaumarchais pendu en effigie. Justice étant ainsi faite des deux hommes contre lesquels la mesure avoit surtout été prise, le roi se fit bien supplier par les femmes, enfants, parents, de ceux que l'arrêt de la chambre rendu le 25 janvier 1625 avoit frappés; puis il rendit, au mois de mai de la même année, un édit portant révocation de la chambre de justice, avec une abolition pour les gens de finances, à la charge de payer les taxes auxquelles ils pourroient être condamnés par le conseil. Cette recherche n'en fit pas moins rentrer dans les coffres du roi dix millions huit cent mille livres. Mémoires de l'abbé d'Artigny, t. 5, p. 57-58.

[139] Var., éd. orig.: si cher.

[140] Tous les gens de justice, du plus grand au plus petit, vouloient leur pot-de-vin, leur pour-boire, leur tour de bâton.

Il faut aller caresser un greffier,
Il faut flatter un clerc gratte-papier,
Faut honorer, à longue bonnetade,
Son advocat, soit ou ne soit maussade;
Faut cottoyer un sergent serre-argent,
Afin qu'il soit un peu plus diligent;
Aux moindres clercs il faut payer à boire.
 
(La Mort de Procez, Paris, 1634, in-12, p. 17.)

[141] Var. du Recueil général: On le faict monter à ce que...

[142] Recueil général des rencontres, questions, demandes, et autres œuvres tabariniques, petit volume in-12 paru en 1622, c'est-à-dire de manière à être encore dans sa pleine nouveauté quand fut imprimé ce troisième Caquet.

[143] Il paroît toutefois que c'étoit moins l'éloquence de Mondor que les lazzis de son valet Tabarin qui faisoit la fortune de leur échafaud de la place Dauphine. «Tabarin proffite plus avec deux ou trois questions bouffonnes et devineries de merde ou de la chouserie que ne fait son maistre avec tout son: «Questo e un remedio santo per sanare tutti gli morbi.» Les Essais de Mathurine (s. l. n. d.), p. 4.

[144] Var., éd. orig.: la bonne mine de son clerc.

[145] En 1631, Mondor trônoit encore à la place Dauphine, mais sa bonne mine commençoit à baisser. Afin qu'il pût la relever et reprendre un peu de sa majesté première, voici ce qui fut stipulé à son intention dans le Testament de feu Gauthier Garguille, Paris, 1634, in-12, p. 10: «A mon oncle Mondor, afin qu'il ait plus de majesté en distribuant ses medicamens à ceux qui luy en demandent, et pour l'alliance qui est entre nous, je donne et lègue ma belle robbe dont je representois les rois dans la comedie. Et pour ma chaisne et ma medaille en façon d'or, j'ordonne qu'on les luy livrera à un prix raisonnable, en cas qu'il en ait affaire.»

[146] C'est de lui qu'il a déjà été parlé dans le premier Caquet. On trouve sur sa personne, assez maussade, sur les serpents dont il faisoit parade, sur son parallèle avec Tabarin, beaucoup plus plaisant et plus heureux que lui, de longs détails, dans un petit livre de cette époque: Discours de l'origine, des mœurs, fraudes et impostures des charlatans, etc. Paris, 1622, in-8, p. 35, 39, 51.

[147] Var., éd. orig.: mine.

[148] Le masque étoit un luxe que les bourgeoises devoient laisser aux dames et damoiselles:

La Mijolette a bonne grace
De maintenir par ses discours
Qu'elle est première de sa race
Qui a le masque de velours.
 
(Le Bruit qui court de l'Espousée, 1624, Variétés
histor. et litt., Paris, 1855, in-16. t. 1, p. 307.)

[149] Nous trouvons dans les satires d'Auvray le portrait complet, dont ceci n'est que l'esquisse:

. . . . . . . . Ce goguelu
Estoit gay, goffré, testonné,
Brave, comme un chou godronné;
La manteau à la Balagnie,
Le soulier à l'Academie,
Dedans la mule de velours,
Les jartiers à tours et retours.
Bouffant en deux roses enflées
Comme deux laictues pommées;
Le bas de Milan, le castor
Orné d'un riche cordon d'or.
L'ondoyant et venteux pennache
Donnoit du galbe à ce bravache;
Un long flocon de poil natté
En petits anneaux frizotté,
Pris au bout de tresse vermeille,
Descendoit de sa gauche oreille;
Son collet bien vuidé d'empois
Et dentelé de quatre doigts;
D'un soyeux et riche tabit
Estoit composé son habit;
Le pourpoint en taillade grande,
D'où la chemise de Hollande
Ronfloit en beaux bouillons neigeux
Comme petits flots escumeux;
Le haut de chausse à fond de cuve,
La moustache en barbier d'estuve,
Et recoquillé à l'escart
Comme les gardes d'un poignard;
La barbe, confuse et grillée,
En piramide estoit taillée
Ou en pointe de diamant.
Ce mignon alloit parfumant
Le lieu de son odeur musquée.
La mouche, à la tempe appliquée,
L'ombrageant d'un peu de noirceur,
Donnoit du lustre à sa blancheur.
 
(Le Banquet des Muses, satires divers du sieur Auvray, etc., p. 191-192.)

[150] Ces histoires d'inceste n'étoient pas rares alors. Quelques années auparavant il avoit couru dans Paris un livret portant ce titre: «La grande cruauté et tyrannie exercée en la ville d'Arras, ce 28 jour de may 1618, par un jeune gentilhomme et une damoiselle, frère et sœur, lesquels ont commis inceste, ensemble ce qui s'est passé durant leurs impudicques amours. Paris, 1618, in-8.

[151] V. sur ce puits, placé au carrefour de la rue S.-Jacques et de la rue S.-Hilaire, etc., le point central du quartier des libraires, une note de notre édition du Roman bourgeois de Furetière, Paris, P. Jannet, 1854, in-12, p. 222-223.

[152] Le véritable titre est celui-ci: l'Etonnement de la Cour de l'esprit qui va de nuit. S. l., 1622, in-8.

[153] Relation generale des conquestes et victoires du roy sur les rebelles, depuis l'an mil six cent vingt jusqu'à present, avec les nom et situation des villes, places et chasteaux rendus à l'obéissance de S. M. Paris, Fleury Bourriquant, in-8. Le jugement porté ici sur cette pièce est fort juste.

[154] Clérac, en effet avoit été pris en juillet 1621 (V. plus haut), tandis que Negrepelisse ne fut emportée que le 10 juin de l'année suivante, après quelques jours de siége. Ce passage fixe positivement, à un jour près, la date de ce troisième Caquet.

[155] La prise et reduction de la ville de Sainct-Antonin à l'obeissance du roi, Sa Majesté y estant en personne; avec le nombre des habitans et rebelles qui ont esté pendus par le commandement du roi (22 juin). Paris, P. Rocolet, 1622, in-8.

[156] Nous ne savons à quels discours sur la vie de sainte Thérèse il est fait allusion ici; nous ne connoissons à cette époque que la traduction françoise publiée à Anvers en 1607, par J. D. B. P. et D. C. C., de l'ouvrage de Francisco de Ribera: Vida de la madre Teresa de JHS., Fundadora de los Descalças y Descalços carmelitos, repartida en V libros. Madrid, 1601.

[157] Ce qui est dit ici vient compliquer d'un fait de littérature légale l'histoire déjà singulièrement curieuse de l'Espadon satyrique. On ne sait au juste de qui est réellement ce recueil de satires assez obscènes. Les uns, Brossette le premier, l'attribuent au baron de Fourquevaux, à qui Régnier dédia une de ses épîtres; les autres le restituent à Claude d'Esternod, dont le nom, quoique bien réel, passa longtemps pour être un pseudonyme du baron. Ce qui fut cause de cette erreur, c'est que la première édition, publiée à Lyon en 1619, in-12, est en effet signée de ce nom supposé: Franchère, et qu'on put croire avec quelque raison que le nom de d'Esternod, qui signe la seconde, n'avoit pas plus de réalité, et n'étoit qu'un nouveau travestissement de M. de Fourquevaux. En cherchant un peu, l'on eût pourtant trouvé, comme l'a fait M. Weiss pour la Biographie universelle, que d'Esternod, né à Salins en 1590, long-temps soldat, puis gouverneur d'Ornans, n'étoit rien moins qu'un mythe; on eût découvert aussi que le pseudonyme Franchère n'étoit pas aussi impénétrable qu'il le sembloit, puisqu'il n'étoit que l'anagramme de Refranche, nom d'un village dont d'Esternod étoit seigneur. Quant à la raison qui a donné lieu à l'opinion de Brossette, dans ses notes sur Régnier, opinion admise par l'abbé Goujet (Bibliothèque françoise, t. 14, p. 209), et défendue par M. J. B. Pavie, dernier descendant du baron de Fourquevaux, dans une lettre du 24 frim. an IV, à l'abbé de S.-Léger (V. Brunet, Manuel, au mot d'Esternod), nous n'avons pu savoir d'où elle vient et sur quoi elle se fonde.—Le fait révélé par le passage des Caquets objet de cette note, et qui prouve que, si le nom de l'auteur varioit, le titre du livre changeoit aussi, n'est pas unique dans l'histoire de ce singulier recueil. En 1721, il fut republié à Amsterdam, sous le titre de Satires galantes et amoureuses du sieur d'Esternod. Il est très rare sous ce déguisement, mais moins encore que le Discours du Courtisan à la mode, que nous n'avons jamais pu trouver.

[158] Le cloître Notre-Dame. Il étoit alors fermé de portes qu'on n'ouvroit plus après une certaine heure. Tous les gens du Chapitre y logeoient, et, en outre, il étoit permis aux hommes de travail et de piété, comme de Thou, comme Boileau plus tard, et aux femmes qui vouloient se soustraire aux entreprises galantes, d'y chercher un refuge. «Mademoiselle Chantilly, écrit Malherbe à Peiresc, le 12 février 1610, a pris logis dans le cloître Notre-Dame pour y être plus sûrement.» V., sur ces asiles du cloître, une note de notre Paris démoli (les Demeures de Boileau), 2e édition, p. 163-164.

[159] Le sol valoit 12 deniers, et le carolus, qui n'étoit déjà plus guère en cours, n'en valoit que 10.

[160] Var. Le Recueil général ajoute: Jusques à la revoir une autre fois.

[161] Dans le Recueil général, cette partie a pour titre: La quatriesme journée et Visitation de l'Accouchée.

[162] Var. du Recueil général: jouir du contentement de ceste quatriesme journée.

[163] Les charges se vendoient partout à ces prix élevés, particulièrement dans le Bourbonnois, dont il est question ici. Il en coûtoit huit mille livres pour devenir conseiller d'élection. (Mém. des intendants, Bourbonnois, chap. Finances.) Une charge de seigneur conseiller à la cour des aides se payoit jusqu'à 25,000 livres, et celle de chevalier-trésorier général des généralités ne s'acquéroit pas à moins de 30,000. (Ibid., Généralité de Montauban, chap. Finances.)

[164] On disoit aller au vin et à la moutarde, pour railler, faire quolibets et chansons sur une chose. Notre locution s'amuser à la moutarde, et le nom donné au gamin de Paris, en sont restés. Cette expression étoit vieille dans la langue. On la trouve déjà dans un passage du Journal du Bourgeois de Paris sous Charles VI; et Villon, parlant de la belle bergeronnette qui rioit et chantoit bien, dit: Elle alloit bien à la moutarde. (Huit. CLIV.)

[165] Discours élogieux, mais souvent avec ironie, qu'on avoit coutume de faire dans les facultés de théologie et de médecine de Paris, avant de recevoir les licenciés. Chaque bachelier y trouvoit son lot. Ce mot de paranymphe venoit de l'usage qu'on avoit en Grèce d'adresser aux nouveaux mariés un chant de louange le jour de leurs noces. Il étoit fort employé à l'époque de Louis XIII. Régnier dit dans sa Ve satire, v. 233-236.

Et, ce qui plus encor m'empoisonne de rage,
Est quand un charlatan relève son langage,
Et, de coquin faisant le prince revestu,
Bastit un paranymphe à sa belle vertu.

[166] Voici comment Tallemant, d'après le récit qu'en faisoit la fille de la comtesse, raconte l'aventure sinistre de madame des Vertus (édit. in-8, t. 3, p. 407): «Le comte des Vertus étoit un fort bonhomme, et qui ne manquoit point d'esprit. Son foible étoit sa femme: il l'aimoit passionnément, et ne croyoit pas qu'on pût la voir sans en devenir amoureux. Un gentilhomme d'Anjou, nommé S.-Germain La Troche, homme d'esprit et de cœur, et bien fait de sa personne, fut aimé de la comtesse. Le mari, qui avoit des espions auprès d'elle, fut instruit aussitôt de l'affaire. Il estimoit S.-Germain et faisoit profession d'intimité avec luy; il trouva à propos de luy parler, luy dit qu'il l'excusoit d'être amoureux d'une belle femme, mais qu'il luy feroit plaisir de venir moins souvent chez luy. S.-Germain s'en trouva quitte à bon marché; il y venoit moins en apparence, mais il y faisoit bien des visites en cachette: c'étoit à Chantocé en Anjou. Le comte savoit tout; il n'en témoigna pourtant rien, jusqu'à ce que, durant un voyage de dix ou douze jours, le galant eut la hardiesse de coucher dans le château. Les gens dont la dame et luy se servoient étoient gagnés par le mary. Ayant appris cela, il deffendit sa maison à S.-Germain. Cet homme, au désespoir d'être privé de ses amours, écrit à la belle et la presse de consentir qu'il la défasse de leur tyran. Les agens gagnés faisoient passer toutes les lettres par les mains du mari, qui avoit l'adresse de lever les cachets sans qu'on s'en aperçût. Elle répondit qu'elle ne s'y pouvoit encore résoudre. Il réitère, et lui écrit qu'il mourra si elle ne consent à la mort de ce gros pourceau. Elle y consent, et, par une troisième lettre, il lui mande que dans ce jour-là elle sera en liberté, que le comte va à Angers, et que sur le chemin il lui dressera une embuscade. Le comte retient cette lettre, se garde bien de partir, et, ayant appris que S.-Germain dînoit, en passant, dans le bourg de Chantocé, il se résout de ne pas laisser passer l'occasion: il lui envoie dire qu'il fera meilleure chère au château qu'au cabaret, et qu'il le prioit de venir dîner avec lui. Le galant, qui ne demandoit qu'à être introduit de nouveau dans la maison, ne se doutant de rien, s'y en va. Il n'avoit pas alors son épée: il l'avoit ôtée pour dîner; il oublie de la prendre. Dès qu'il fut dans la salle, le comte luy dit: «Tenez, en lui présentant son dernier billet, connoissez-vous cela?—Oui, répondit S.-Germain, et j'entends bien ce que cela veut dire.—Il faut mourir.» Les gens du comte mirent aussitôt l'épée à la main. Ce pauvre homme n'eut pour toute ressource qu'un siége pliant. Il avoit déjà reçu un grand coup d'épée, le mari entra dans la chambre de sa femme, qui n'étoit séparée de la salle que par une antichambre. Il la prend par la main et luy dit: «Venez, ne craignez rien; je vous aime trop pour rien entreprendre contre vous.» Elle fut obligée de passer sur le corps de son amant, qui étoit expiré sur le seuil de la porte. Il la mena dans le château d'Angers. Elle eut bien des frayeurs, comme on peut penser. Les parents du mort, quand ils eurent vu la lettre, ne firent pas de poursuites. La comtesse ouit tout le bruit qu'on avoit fait en assassinant son favori. Elle étoit grosse; elle ne se blessa pourtant point, mais la petite-fille qu'elle fit, et qui ne vécut que huit ans, étoit sujette à une maladie qui venoit des transes où sa mère avoit esté, car elle s'écrioit: «Ah! sauvez-moi! voilà un homme, l'épée à la main, qui veut me tuer!» et elle s'évanouissoit. Elle expira d'un de ces évanouissements.»

[167] Il étoit secrétaire d'état et fort homme de cour. Il fut pour quelque chose dans la fortune de Puget à ses commencements. On peut lire sur lui et sur la reine Marguerite une anecdote assez gaillarde dans le Perroniana, 3e édition p. 145.

[168] Messire Nicolas de Verdun étoit alors premier président. Il avoit succédé, en 1616, à Achille du Harlay, et il occupa cette charge jusqu'en 1627. «Il avoit, dit Blanchard, le goût des peintures excellentes et des bons livres»; mais jusqu'ici nous ne savions pas qu'il eut celui de la galanterie. (Blanchard, Eloges de tous les premiers présidents, 1645, in-8, p. 81.)—On avoit M. de Verdun en grande estime; «chascun, lit-on dans une pièce du temps, ne sauroit assez l'admirer, pour estre ses louanges inférieures à ses vertus.» Advis de Guill. de la Porte, hotteux ès halles de Paris, etc., in-8, p. 7.

[169] Cette galerie se trouvoit dans l'hôtel de la préfecture de police, où M. de Verdun fut le premier qui installa la présidence du Parlement.

[170] Ce procès de Monsigot devoit avoir trait aux affaires du connétable de Luynes, dont il avoit été le secrétaire. L'issue n'en dut pas être bien desastreuse pour lui, puisque quelques années après, en 1629, nous le voyons reparoître comme secrétaire des commandements de Gaston, qui lui accorde toute sa confiance. Quand il songe à s'enfuir en Lorraine, c'est Monsigot qu'il envoie près du duc pour lui préparer une retraite. (Mém. de Gaston, Coll. Petitot, 2e série, t. 31, p. 88, 112.) Cette faveur de Monsigot chez Gaston ne le recommandoit guère auprès de Richelieu, qui d'ailleurs devoit haïr en lui une créature du connétable; aussi, à l'époque des démêlés graves entre Monsieur et le cardinal, après qu'il eut apporté l'inventaire des pierreries de Madame, comme on l'en avoit chargé, resta-t-il long-temps inquiet et craignant d'être arrêté, dans la retraite qu'il s'ésoit donnée à Orléans. (Mém. de Richelieu, Coll. Petitot, 2e série, t. 26, p. 367.)

[171] Beaucoup d'autres lui en avoient aussi. «On a vu Monsigot, dit le Contadin provençal, tenir banque au Louvre pour la composition des pensions.» Recueil cité, p. 98.

[172] Il avoit surtout pour lui les gens du parlement; mais on pouvoit craindre que ce ne lui fût un secours inutile:

Pour Monsigot, j'ai peur que messieurs de la cour
Ne le puissent tirer d'un si fascheux destour.
 
(Le De profundis sur la mort de Luynes, même Recueil, p. 417.)

[173] Duret de Chevri, président de la chambre des comptes. Il avoit commencé par être secrétaire de Sully, et mieux que cela même, à en croire Tallemant, édit. in-12, t. 1, p. 148. Sa mort et l'épitaphe satirique qu'on lui fit sont ainsi mentionnées dans le Patiniana, p. 16: «Il mourut en 1637, après avoir été taillé de la pierre. Voici son épitaphe:

Cy-gist qui fuyoit le repos,
Qui fut nourri dès la mamelle
De tributs, tailles et impôts,
De subsides et de gabelles;
Qui mêloit dans ses aliments
De l'essence du sol pour livre.
Passant, songe à te mieux nourrir,
Car, si la taille l'a fait vivre,
La taille aussi l'a fait mourir.

[174] Ce nom est altéré; il faut lire «le président d'Ocquerre.» Il étoit, en effet, secrétaire d'Etat. Il eut pour fils ce Blancmesnil, conseiller au parlement, qui partagea la popularité frondeuse de Broussel. Histor. de Tallemant, édit in-12, t. 7, p. 148.

[175] A titre de veuve du connétable de Luynes, son premier mari, madame de Chevreuse devoit en effet protéger Monsigot.

[176] Cela est si vrai, qu'elle ne tarda pas à être éloignée de la cour, aux instigations de la Vieuville. Mém. de Richelieu, coll. Petitot, 2e série, t, 22, p. 273.

[177] Il faut lire le commandeur, et non le chevalier de Sillery. Noël Brulart, frère du chancelier de Sillery, fut en effet ambassadeur à Rome. Il en fut rappelé en 1624 par Richelieu, ennemi juré de sa famille. Le traité conclu par le commandeur avec le pape, dans l'affaire de la Valteline, fut le motif ou plutôt le prétexte de cette disgrâce.

[178] François Annibal d'Estrées, marquis de Cœuvre, frère de Gabrielle, et par là, comme il est dit ici, oncle de MM. de Vendosme. C'est lui qui les avoit amenés à faire leur Paix avec le roi, dans les commencements de son règne. (Lettres de Malherbe à Peiresc, p, 378, 393.) Pendant son ambassade à Rome, qui précéda celle du commandeur de Sillery, et qu'il eût bien désiré faire durer plus long-temps, comme ce passage des Caquets l'indique, il avoit réussi à faire obtenir à Richelieu le chapeau de cardinal.

[179] C'est le même qui devint si fameux plus tard comme lieutenant civil, et l'âme damnée de Richelieu. Il ne prit qu'en 1638 cette charge, qu'il garda jusqu'à sa mort, en 1650. A l'époque dont il est parlé ici, il étoit maître des requêtes.

[180] Le président Jean-Robert Aubry ou Aubery, conseiller d'Etat, mourut doyen du conseil dans un âge très avancé. On l'appeloit Robert le Diable. Tallemant n'en voit de raison que dans sa brusquerie. En somme, dit-il, sa femme, qu'il ne tourmentoit guère, «étoit plus diablesse qu'il n'étoit diable.» Tallemant, édit. in-12, t. 8, p. 23.

[181] C'étoit encore bien là l'opinion reçue à propos de cette affaire; dans le De profundis sur la mort de Luynes, on fait dire par le connétable à l'un de ses fidèles:

Tu n'ignores, Desplan, que je suis ton soutien,
Que je t'ay soutenu lorsque j'estois en vie.
Monsigot te dira, maintenant qu'on le tient,
Qu'il est en grand hasard d'avoir l'ame ravie.
  
(Recueil cité, p. 415.)

[182] Monsigot, comme une précédente note l'indique, obtint pourtant son pardon. Il n'y épargna rien, il est vrai. Il fit surtout des aveux, pensant, lit-on dans le Passe-partout des favoris, qu'il auroit quelque grace par la confession de ses fautes si mal à propos commises; «mais, ajoute l'auteur, que la suite dut bien surprendre, je crains qu'il sera contraint de tenir compagnie à son maître et d'aller voir s'il est aussi aisé de voler aux Pays-Bas qu'à l'armée.» Même Recueil, p. 136.

[183] Potel étoit greffier du conseil. Son fils, qui se faisoit appeler M. Le Parquet, et qu'on nommoit plus communément Potel-Romain, «à cause qu'il parloit fort de Rome, où il avoit été», n'est pas oublié, comme l'un des plus curieux originaux du temps, par Tallemant, dans ses Historiettes. (V. édit. in-12, t. 10, p. 34-35.)

[184] Il avoit été l'une des créatures du maréchal d'Ancre, et d'Aubigné, dans le Baron de Fæneste, nous le représente, ainsi que Barbin, comme «un habile homme, bien fidèle a la reine et à madame la mareschale.» (Liv. 1, chap. 13.) Il tomba avec son protecteur. Les mémoires de Pontchartrain le mettent au rang des deux ou trois (il est vrai que Richelieu en est aussi) qui n'avoient «d'autre mérite et expérience aux affaires sinon d'être ministres des passions du maréchal et de sa femme.» (Mémoires concernant les affaires de France sous la régence de Marie de Médicis, etc., La Haye, 1720, t. 2, p. 268.) Mangot pourtant finit par rentrer en faveur. Au mois d'août 1621, après la mort du chancelier du Vair, il fut investi de la charge dont il est parlé ici: on lui donna les sceaux; mais il ne les garda pas long-temps.

[185] C'est le même, sans doute, qui, s'étant poussé dans les ambassades, en fit une à Rome, si malheureuse, pour obtenir du pape que l'évêque de Beauvais fût fait cardinal. Il en revint piteux et enrhumé. «Ce n'est pas étrange, dit Bassompierre, qui l'entendoit tousser; il est revenu de Rome sans chapeau...» Tallemant, Historiettes, édit. in-12, t. 4, P. 208.

[186] Le président de Tillay, de la famille des Girard, fameuse alors dans la robe, et dont un des membres étoit à cette époque procureur général de la chambre.

[187] C'est, dans le Recueil général: La cinquiesme journée et visitation de l'Accouchée.

[188] Var. du Recueil général: Je me mis à entretenir l'Accouchée, et peu après...

[189] Var.: Et moy, je pris la mienne ordinaire au cabinet.

[190] On peut lire dans les mémoires du duc lui-même comment il fit sa paix avec le roi dans les conférences d'Alais, et à quelles conditions pour son parti et pour lui-même cet arrangement définitif fut conclu. (Coll. Petitot, 2e série, t. 18, p. 440-455.)—«Baiser le babouin, sorte de proverbe pour dire: faire des soumissions à quelqu'un avec lequel on étoit brouillé.» Richelet.

[191] Le duc de Fronsac, fils du comte de S.-Paul, qui servoit comme volontaire au siége de Montauban, fut tué dans une sortie. (Mémoires du sieur de Pontis, liv. 5, 1622.) Il avoit vingt ans à peine et n'étoit arrivé que depuis un jour devant la place. (Mercure françois, t. 8, p. 814-815.) Le roi écrivit des lettres de consolation au comte et à la comtesse de S.-Paul. (Ibid.)

[192] «M. de Montmorency y fut blessé; le duc de Fronsac, le marquis de Beuvron, Hoctot, le baron de Canillac, Montbrun, L'Estange, Lussan, Gombalet et plusieurs hommes de commandement, furent tués.» Mém. de Richelieu, Coll. Petitot, 2e série, t. 22, p. 222.

[193] Ce n'est encore ici que l'écho d'un bruit qui couroit; on avoit même été jusqu'à conseiller aux seigneurs, à M. de Montmorency en particulier, de ne pas trop s'engager dans les expéditions entreprises par le connétable. «Et puis faites-vous assommer pour deffendre telles gens, qui ne demandent que la mort d'autrui pour attraper leur dépouille! C'est pourquoy M. de Montmorency doit prendre garde de se trop engager en la guerre de Languedoc; que si par malheur il luy arrivoit d'estre tué, ils se mocqueroient de luy en se revestant de ses charges.» Méditation de l'Hermite Valérien. Recueil des pièces les plus curieuses, etc., p. 332.—Si, dans le profit qui en est le résultat, il peut être juste de chercher la raison d'un crime, on peut dire que pour la mort du duc de Fronsac, reprochée ici au connétable et à ses frères, cette raison semble un peu exister. Cadenet, l'un des frères, avoit enlevé au jeune duc, pour l'épouser lui-même, la riche héritière du vidame d'Amiens. En dédommagement, il devoit lui donner le domaine de Château-Thierry, 100,000 livres, et, de plus, on s'étoit engagé à lui faire épouser l'héritière de Luxembourg. Or cette promesse, nous en avons la preuve dans le Contadin provençal, n'avoit pas encore été réalisée quand la mort de M. de Fronsac vint si heureusement rendre les trois frères quittes de cette dette et des autres. Recueil des pièces les plus curieuses, etc., p. 19, 106.

[194] Ce parvenu de bas étage, sur lequel cette page des Caquets donne des détails que nous avons vainement cherchés ailleurs, ne resta pas long-temps en faveur. Il tomba avec Toiras, Bautru et quelques autres, par la volonté de Richelieu, et malgré celle de Louis XIII lui-même. «Desplan, Bautru, Toiras, lit-on dans les Mémoires du Cardinal, sont chassés par proposition non approuvée.» Coll. Petitot, t. 18, p. 329.

[195] C'est dans cette entrevue de Vincennes que le frère de Luynes fit avec menace au prince prisonnier les propositions singulières dont il est ainsi parlé dans la Chronique des favoris: «Cadenet n'a-t-il pas esté si outrecuidé que de menasser M. le Prince qu'il ne sortiroit du bois de Vincennes s'il ne consentoit de luy donner en mariage madame la princesse d'Orange, qui en est morte d'apprehension.» Recueil des pièces les plus curieuses, etc., p. 466.

[196] Il y a ici erreur: ce n'est pas Desplan, mais Toiras, et encore plusieurs années après, le 13 déc. 1630, qui fut gratifié d'un brevet de maréchal de France.

[197] Ce M. de Courbouzon ou Corbezon est le même sans doute que, lors de l'assassinat du roi, dont on accusoit les ligueurs et l'Espagne, empêcha qu'on massacrât l'ambassadeur de cette puissance. Lettres de Malherbe à Peiresc, p. 144.

[198] Voici le titre exact de la pièce qui répandoit ainsi la renommée de M. de Courbouzon: La furieuse escarmouche faite sur les Rochelois par le sieur de Courbouzon, lieutenant de la compagnie de M. le duc de Nemours, estant en l'armée du roy, devant la Rochelle, commandée par Monseigneur le duc de Soissons. Paris, P. Ramée, 1622, in-8.

[199] A tort et à travers. C'étoit une locution des jeux de paume. Charron dit à bonds et voles. (La Sagesse, liv. 2, ch. 1.)

[200] Le sieur de Villautrais est un des partisans, scandaleusement riches, les plus maltraités par les pasquins du temps. V. la Voix publique au roy, Recueil E, p. 241; la Chasse aux larrons, p. 90. Il est aussi nommé dans les Contreveritez de la cour. (Recueil cité, p. 63-66.)

[201] Fabri, seigneur de Champauze, trésorier de l'extraordinaire des guerres. Sa fille épousa le chancelier Séguier. Il est parlé de lui en d'assez mauvais termes dans le libelle de J. Bourgoin, la Chasse aux larrons, Paris, 1618, in-4, p. 45, et dans la Voix publique au roi. (Recueil E, p. 210.)

[202] Var.: Pauvre.

[203] Fameuse folle de cour qui occupe tout un chapitre de la Confession de Sancy, et la même, croit-on, que Pierre Colins, allant faire hommage à Henri IV pour la terre d'Enghien, dit avoir vue à la table royale, (Hist. des choses les plus mémorables, etc., p. 729.) En 1622, elle avoit encore de la cour une pension de 1,200 livres. (Nic. Remond, Sommaire traité du revenu, etc. 1622, in-8., ad fin.) Mathurine couroit les rues et étoit le jouet des laquais et des marmots. V. à la fin de ce volume les Essais de Mathurine.—On appeloit alors maturinades une sorte de satire burlesque. (Remerciment de la voix publique au roy pour la disgrâce de M. de la Vieuville. Recueil F, p. 46.)

[204] Il le fut, en effet, peu de temps après, en 1622; sa conduite à Montpellier, et surtout dans l'affaire des Sables-d'Olonne (Tallemant, édit. in-12, t. 4, p. 198), l'en avoit réellement rendu digne.

[205] Le maréchal de Créqui, gendre de Lesdiguières, à qui le titre de connétable revenoit un peu par droit d'alliance, beaucoup par droit de courage. Il ne l'eut pourtant pas: il n'hérita de son beau-père que du titre de duc de Lesdiguières.

[206] L'affaire de D. Philippin, bâtard du duc de Savoie, avec M. de Créqui, seroit trop longue à raconter ici; il suffira de rappeler qu'après d'interminables retards apportés par le bâtard, un duel eut lieu enfin entre lui et le duc, le 1er juin 1599, à Quirieux. M. de Créqui, après un combat de quelques minutes, le perça de deux coups d'épée et de deux coups de poignard, dont il mourut peu de jours après.

[207] «... Elle avoit chez elle un certain bouffon, nommé Guérin, qui prenoit la qualité de maître des requêtes de la reine Marguerite et de son orateur jovial. Il portoit une robe de velours, une soutane de satin noir avec un bonnet carré. Ce bouffon, tous les jours, ne manquoit pas de monter sur le théâtre qu'elle avoit fait dresser dans son palais du faubourg S.-Germain, à l'un des bouts de la grande salle. Comme elle prenoit grand plaisir à l'écouter, il n'épargnoit pas les mots les plus infâmes. Il continua à faire ce beau métier tant qu'elle vécut; il en fut assez mal récompensé: il mourut de misère.» (Sauval, Galanteries des rois de France, etc., suiv. la copie imp. à Paris, 1721, in-12, t. 3, p. 70.) Guérin dirigeoit les ballets de la cour. Lettres de Malherbe, p. 327. V. aussi sur ce bouffon nos Variétés hist. et litt., t. 1, p. 220.

[208] Branche pliante, lien des fagots. La corde des pendus prenoit aussi ce nom. (V. le Roman du Renard, vers 7854.) De là l'expression: peine de la hart.

[209] Var.: Courtoisies.

[210] Vive comme l'émérillon, sorte de faucon.

[211] Le paroistre, comme il est dit ici, étoit le ridicule de l'époque. D'aubigné s'en prend surtout à cette manie d'ostentation, dans son Baron de Fæneste. Le nom même du héros, qui n'est que le verbe grec signifiant paroitre ingénieusement francisé, en est une preuve. Dans un livret très rare du même temps, on s'explique ainsi, de la façon la plus claire, sur le mot et sur la chose: «... Un ramoneur lombard, entendant les merveilles des bottes..., jura... qu'il se viendroit icy naturaliser et en achepter deux paires pour se rendre estafier chez quelque honneste homme à bottes, et tascher par ce moyen de parestre (c'est le mot qui court) et faire ses affaires s'il pouvoit.» La mode qui court à présent et les singularitez d'icelle, ou l'ut, re, mi, fa, fol, la, de ce temps, Paris, Fleury Bourriquant, 1613, in-12, p. 12.

[212] C'est-à-dire se donnant des airs de commandement. La pique de Biscaye étoit, sous Charles IX, l'arme des colonels.

[213] Louis XIII, en cela, n'eût fait qu'imiter son père, qui ne fit pas moins de trois édits contre les clinquants et dorures: l'un en 1594, le second en 1601, le troisième en 1606. C'est de ce dernier, enregistré au Parlement le 9 janvier 1607, que Régnier a parlé dans sa 8e satire, v. 72:

. . . . . . . . . . . A propos, on m'a dict
Que contre les clinquants le roy faict un edict.

Le projet d'ordonnance dont il est question ici fut, du reste, réalisé quelques années après, en 1627. Nous trouvons à la suite d'une pièce parue alors, le Tableau à deux faces de la foire Saint-Germain, etc., Paris, 1627, in-12, p. 10, une Consolation aux dames sur la réformation des passements et habits qui venoit d'avoir lieu par ordonnance royale.

[214] C'est le même artisan, l'un des plus riches alors, qui est nommé dans ce passage de la 16e satire de Régnier:

Suis jusques au conseil les maîtres des requestes.
Ne t'enquiers, curieux, s'ils sont hommes ou bestes,
Et les distingue bien: les uns ont le pouvoir
De juger finement un procès sans le voir;
Les autres, comme dieux, près le soleil résident,
Et, démons de Plutus, aux finances président:
Car leurs seules faveurs peuvent, en moins d'un an,
Te faire devenir Chalange et Montauban.

Ce dernier ne s'appeloit Montauban qu'à cause de sa ville natale; son vrai nom étoit Moysset. Il étoit trésorier de l'Epargne. V. la Chasse aux larrons, p. 21.

[215] Chalange se méloit de toutes ces grosses affaires; il achetoit pour ainsi dire la promulgation de tout édit onéreux, et tenoit compte d'une part des profits aux ministres à qui il l'avoit fait rendre. Sa faveur étoit ainsi devenue très grande à la cour. «Ainsi voit-on que Chalange et autres tels partisans, dit le Contadin provençal, ont plus d'accès aux favoris que les grands et les vieux conseillers de l'Etat.» (Recueil cité, p. 98.)

[216] C'étoit un de ces édits comme il y en eut tant de promulgués alors contre les gens de justice. Il fit crier autant au moins que la revente des greffes, qui, selon un libelle du temps, fut cause que le roi «fut volé de six millions de livres», dont s'enrichirent les partisans. (Raisons de la reine-mère, dans le Recueil des pièces curieuses, etc., p. 275.) Toute la basoche, qu'on rançonnoit, fut en émoi de cet édit des procureurs, et ce qu'on dit ici des empêchements qu'y trouva Chalange semble assez naturel quand on sait à qui il avoit affaire et ce qu'il demandoit. «Les trois quarts de vostre vermine de procureurs étoient reduits au bureau des Innocents, faute d'avoir de quoy satisfaire à l'edit, dont on s'est tant tremoussé dans vostre palais.» (Advis donné au roi, etc., Recueil, etc., p. 139-140.) V. encore sur cet édit l'Anti-Caquet, à la fin de ce volume, et nos Variétés hist. et littér., t. 1, p. 215—216.

[217] On n'étoit pas dupe des raisons qui faisoient promulguer ces lois successives, «tant d'edits nouveaux, dit un pamphlet du temps, contre Luynes et les partisans ses créatures, qui ne servent que pour affliger le pauvre peuple, et ne sont inventez que pour assouvir leur avarice.» (Le Contadin provençal, Recueil, etc., p. 98.)

[218] Par la bouche, expression tirée du vieux mot engouler.

[219] Les capucines s'étoient établies, de 1604 à 1606, dans le couvent qui a gardé leur nom.

[220] C'est Jean-François de Gondi, qui, de doyen de Notre-Dame, devenoit évêque de Paris. Il fut sacré le 19 février 1622, et, d'après cette date, on peut voir exactement à quelle époque fut écrite cette partie des Caquets. Il ne faut pas s'étonner du mot évêque employé ici: c'est le titre que portaient encore les prélats du siége de Paris. Ce même François de Gondi fut le premier qui l'échangea pour celui d'archevêque.

[221] La nouvelle religion dont il s'agit, et pour laquelle on réclame les largesses de l'évêque, est la maison des Ursulines de la rue Sainte-Avoye. D'abord communauté de quarante veuves, elle étoit devenue ensuite maison de Béguines, et le 31 janvier 1622, par suite d'un concordat entre les Béguines, le curé de Saint-Merry et les Ursulines, celles-ci avoient pris possession du couvent. Ce concordat, que confirmèrent des lettres-patentes de février 1623, obtint, en effet, l'approbation de l'évêque François de Gondi; mais nous ne savons pas s'il fit davantage pour les Ursulines.

[222] Le comte Ernest de Mansfeld, ne trouvant plus à vivre ni dans le Palatinat ni dans l'Alsace, qu'il avoit ruinés, s'étoit mis à menacer la Champagne. Il avoit passé la Meuse, et s'étoit logé en vue de Mouzon. La peur avoit été grande par toute la France quand on avoit su cette entreprise; on trembloit surtout qu'il ne vînt donner la main aux huguenots rebelles, et que M. de Bouillon ne lui ouvrît ses places frontières. Il n'y avoit que les gens d'expérience qui ne partageassent pas cette panique, dont font foi toutes les pièces du temps (les Grands jours tenus à Paris par M. Muet, etc., p. 29; les effroyables Pactions faites entre le diable et les prétendus invisibles, etc., p. 21). Malherbe fut de ces gens rassurés; très tranquille, il écrivit de Caen à son amy Colomby, qui trembloit à Paris: «Pour Mansfeld, nous en avons ici de meilleures nouvelles que les vostres. On m'escrit du 9e de ce mois qu'il est sur le point de se retirer. Il ne faut pas voir trop clair pour connoître que l'homme de la frontière est de ceux qui l'ont attiré; mais il est en possession de reussir mal en tout ce qu'il entreprend. Voilà pourquoy, si de ceste nuée il sort pluye, gresle, ny aultre sorte de mauvais temps, je veux que vous me teniez pour le plus ignorant astrologue qui jamais ait regardé les étoilles.» Malherbe avoit raison: ce qui suivit justifia pleinement sa quiétude confiante, dont témoigne encore sa lettre à Peiresc du 28 juillet 1622. Mansfeld fit un premier accord avec M. de Nevers, puis, s'étant approché de Sedan, et après avoir vu sans doute qu'il ne falloit pas faire trop grand fonds sur les forces et sur la parole de M. de Bouillon, il quitta notre frontière et tira sur le Hainaut. Il y trouva l'armée espagnole commandée par D. Gonzalès. Une bataille fut livrée dans les plaines de Fleurus, après laquelle Mansfeld, à demi défait, battit en retraite, abandonnant tous ses équipages. (Mercure françois, t. 8, p. 708-752.) C'est de cette dernière affaire, qui achevoit de les rassurer, que parlent nos caqueteuses.

[223] Une autre édition, différente en ce seul point, porte pour titre: La Responce aux trois Caquets de l'Accouchée, MDC.XXII.—Dans le Recueil général, c'est la sixiesme Journée et visitation de l'Accouchée.

[224] Tout le commencement de cette Journée, jusqu'ici, est remplacé dans le Recueil général par: Desireux de poursuivre carrière et parvenir à mon but, je fus d'abondant voir ma cousine l'Accouchée et l'entretenir à mon accoustumée; ce qu'ayant fait, et recognoissant bien l'approche des visites qui luy seroient faites, je me rengeay à ma cellule ordinaire, où je ne fus pas si tost entré qu'il arriva une bande de bourgeoises de Paris, lesquelles, après avoir fait leurs reverences et pris place, l'une commença à dire: La porte est-elle fermée?

[225] Var. Les mots entre crochets manquent au Recueil général.

[226] Les mots: une qui avoit desjà deffait sa chemise, sont remplacés au Recueil général par: une autre.

[227] Var. Recueil général: dit lors une autre.

[228] Les Quinze-Vingts portoient une longue robe grise, avec une fleur de lys sur la poitrine. Une gravure d'Abraham Bosse représente sous son costume complet un de ces aveugles demandant l'aumône au coin d'une rue. La caricature qu'on fit de Lafont de Saint-Yenne, à cause de ses jugements d'aveugle sur le salon de 1753, est aussi une représentation exacte de l'habillement des Quinze-Vingts sous Louis XV.

[229] On reprochoit alors beaucoup aux bourgeoises la richesse des étoffes qu'elles employoient pour leurs robes, et l'on disoit partout que ce luxe coûtoit cher aux bonnes mœurs:

Les bourgeoises qui font les belles,
Sont braves comme damoiselles
Et se font promener à tas,
Ont-elles pas un petit chose...
Pour achepter du taffetas?
 
(Le Tableau à deux faces de la foire S.-Germain,
etc.
, 1627, in-12, p. 6.)
 
La Rousse dit que, si sa fille
Avoit l'habit de taffetas,
Elle seroit aussi gentille
Ou plus belle qu'elle n'est pas.
 
(Le Bruit qui court de l'espousée, 1624, s. l., p. 5.)

[230] Ces propos sur les modes et la coquetterie étoient le fonds ordinaire de la conversation des caqueteuses:

C'estoyent mercières du Palais
Qui discouroient de leurs malices,
De leurs fards et leurs artifices,
Des bons tours qu'elles mettent sus
Pour faire leurs maris cornus.
J'en vis deux qui se vermillonnent,
Et leurs cheveux passe-fillonnent
Pour mieux les marchands allecher...
 
(Le Banquet des Muses, ou Satires divers du sieur Auvray, Paris,
1625, in-8, p. 184.)

[231] Var. Les mots entre crochets manquent au Recueil général.

[232] Var. Le passage entre crochets manque au Recueil général.

[233] Var. Les mots: pour le bain, sont remplacés, au Recueil général, par les mots: de visite.

[234] Var. «Et moi la première.» Ces mots manquent au Recueil général.

[235] Var. Ces deux mots manquent au Recueil général.

[236] Var. Rec. gén.: leur.

[237] Var. Rec. gén.: furent.

[238] Var. Rec. gén.: leur.

[239] Var. Rec. gén.: leur.

[240] Var. Le Recueil général ajoute: (paracheva-elle).

[241] Var. Le Rec. gén. ajoute: dit la damoiselle du faux-bourg Sainct-Germain.

[242] Var. Qui commençoit à s'essuyer. Ces mots manquent au Recueil général.

[243] Var. Rec. gén.: une autre qui estoit.

[244] Var. Rec. gén.: (dit-elle).

[245] Cette lettre ne se trouve pas dans le Recueil général, non plus que les réflexions qui l'accompagnent.

[246] Var. Dans le Recueil général, cette partie est intitulée: La septiesme journée et visitation de l'Accouchée.

[247] Var. Rec. gén.: ij, iij, iiij, v et vj.

[248] Var. Rec. gén.: ne voyez la septiesme, et...

[249] Var. Rec. gén.: ne cette septiesme.

[250] Dans le Recueil général, ce qui termine cet alinéa est remplacé par: et alors, saluant l'accouchée, je luy demanday le mesme privilége du passé, et, en obtenant franchement la prerogative, je me retirai dans mon oratoire accoustumé, derrière le chevet du lict.

[251] Terme de jeu de paume ou tripot.

[252] Var. Rec. gén.: les porter.

[253] Ce qui est renfermé entre crochets est remplacé, dans le Recueil général, par: Il y en a assez qui prestent argent.

[254] Le passage entre crochets est remplacé, dans le Recueil général, par le mot: en.

[255] La plupart des gens de finance logeoient alors au Marais. V. Catal. des partisans, etc., dans le Recueil des Mazarinades, t. 1, p. 113, etc.

[256] Var. Le Recueil général dit huit mois.

[257] Le curieux livre qui a pour titre: Ulenspiegel, de sa vie, de ses œuvres, etc., étoit depuis près d'un siècle populaire en France, où le mot espiègle, qui nous en est resté, commençoit même à être déjà en cours. La première traduction faite sur l'original, écrit en bas allemand vers 1483, avoit paru à Paris en 1532, pet. in-4. Depuis, les éditions s'en étoient succédé à Lyon, à Paris, à Orléans, etc., et, pour connoître l'Espiègle, il n'étoit pas besoin d'être grand lecteur de romans.

[258] Tout ce qui suit, jusqu'à l'alinéa, manque au Rec. gén.

[259] Var. Ce qui suit est remplacé dans le Recueil général par: que de baiser l'Accouchée en prenant congé d'elle jusques au revoir.

[260] Dans le Recueil général, cette partie est intitulée: la Huictiesme journée et dernière visitation au relevement de l'Accouchée.

[261] Var. Tout le commencement de cet alinéa manque dans le Recueil général.

[262] Var. Cette citation latine manque au Recueil général.

[263] Var. Cette fin d'alinéa manque au Recueil général.

[264] Var. Les mots: à ladite garde d'accouchée sont remplacés dans le Recueil général par: en ma faveur.

[265] Var. Le Rec. gén. ajoute: respond la femme de l'advocat.

[266] Var. Rec. gén.: la femme de l'advocat.

[267] Var. La fin de l'alinéa manque au Recueil général.

[268] Var. Au lieu de la fin de cet alinéa et de tout l'alinéa suivant, on lit dans le Recueil général: estoit escrit que la fille d'un sergent à verge avoit abandonné y a quelque temps son père, vieil qu'il estoit, pour suivre par tout Madamoiselle, à cause qu'elle luy faisoit porter l'atour, et d'autres petits secrets qui estoient inserez dans le petit papier.

[269] Var. Ces mots manquent au Recueil général.

[270] Var. Le passage entre crochets manque au Recueil général.

[271] Var. Le passage entre crochets manque au Recueil général.

[272] Var. Le commencement de cet alinéa est remplacé, dans le Recueil général, par: Il y en a beaucoup qui s'en font à croire, tesmoins ce qu'a fait un certain gantier qui, depuis quelque temps en çà...

[273] Depuis long-temps on se plaignoit des échevins et on les chansonnoit. Tabourot, dans ses Bigarrures, au chapitre des Allusions, plaisantant sur leur nom, dit: «qu'échevin est ainsi nommé quasi léchevin, pour ce qu'il doit tâter le vin pour commencement de bonne police, afin qu'on n'en vende de mauvais.»

[274] Il faut lire ici, je crois, Moysset, et non Massey: c'est le partisan dont nous avons parlé plus haut dans une note. Luynes et ses frères l'avoient lancé, comme Chalange, dans les grandes affaires. Dans un pamphlet du temps, le Contadin provençal, il est question de «la grande familiarité que ces trois frères ont avec ce preud'homme Moysset, ne provenant que des etroictes intelligences qu'ils ont ensemble pour voler les deniers du royaume.» Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faictes pendant le règne du connestable M. de Luynes, Paris, 1632, in-8, p. 98.

[275] Var. Rec. gén.: garde l'accouchée voulut, auparavant prendre congé, dire quelque chose en...

[276] Var. Rec. gén.: desire, s'il vous plaist, vous en dire un en passant: c'est qu'un...

[277] Var. Rec. gén.: j'ai patience qu'il ait la fortune meilleure.

[278] Var. Ce qui termine l'alinéa est remplacé, au Recueil général, par: le laisser estudier encore quatre ou cinq années, pour estre plus parfait en toute sorte de sciences.

[279] Var. Le passage entre crochets manque au Rec. gén.

[280] On écrivoit ainsi, d'après l'étymol. ital., fare all' erta. V. Montaigne, I, 19.

[281] Var. Le passage entre crochets manque au Rec. gén.

[282] Var. Le passage entre crochets est remplacé, au Recueil général, par: les unes aux autres auparavant que partir et de prendre congé de madame la relevée. Ce qui occasionna la compagnie de faire la collation.

[283] Var. Rec. gén.: verre.

[284] Var. Le mot nompareil est remplacé, au Recueil général, par: ne voulant plus traicter des discours ny d'Accouchée ni de Relevée.

[285] Var. Le Recueil général ajoute: se promettant les unes aux autres, d'un vif courage, de se voir à leurs autres accouchemens.

[286] Antrax.

[287] V. sur cette promenade, dépendante des anciens jardins de la reine Marguerite dans la rue de Seine, une longue note de nos Variétés historiques et littéraires, t. I, 18e pièce, p. 219.

[288] Tabarin surtout devint très riche. Il se retira dans une terre près de Paris, et, jalousé par les nobles ses voisins, qui s'indignoient de voir ce farceur se poser comme leur égal, il fut tué par eux dans une dispute pour affaire de chasse. Dupuys Demporte, Hist. gén. du Pont-Neuf, 1750, in-8, p. 36, et D. Martin, Le parlement nouv., franc.-allem. Strasb., 1637.

[289] Lunettes d'approche, que les Hollandois fabriquoient seuls alors, et qu'on appeloit aussi lunettes de Hollande. Sur cette invention, assez nouvelle alors, surtout pour les Parisiens, puisque la première lunette de cette espèce fut vendue en 1609 sur le Pont-Marchand. V. Journal de l'Estoille, 30 avril 1609, et l'Hermite du Mont-Valérien, p. 1 (Recueil des pièces les plus curieuses sur le connétable de Luynes).

[290] Expression qui répond à celle-ci: faire des embarras, Enhazé vient, selon Oudin, du verbe espagnol hacer, faire.

[291] A l'hospice des Enfants-Rouges, fondé au Marais par François Ier, aussi bien qu'à l'Hôpital du Saint-Esprit, près la Grève, on recevoit et l'on élevoit les enfants de pauvres. Ceux de l'hospice du Saint-Esprit s'appeloient les enfants bleus. A l'hospice de la Trinité, ou les enfants portoient aussi un habit de cette même couleur (Du Breul, Antiq. de Paris, liv. 3), on leur faisoit apprendre gratuitement un métier. (V. la Biblioth. de Bouchel, au mot Hospitaux, art. Hospital de la Trinité.)

[292] Ceci n'est pas tout à fait vrai. On en peut voir la preuve dans une pièce de nos Variétés historiques et littéraires, t. 1, p. 207-209.

[293] Elles y retournèrent cependant, ou, pour mieux dire, elles ne les avoient jamais quittés, surtout le faubourg Montmartre, «alors leur retraite ordinaire», comme il est dit dans le Caquet des femmes du faubourg Montmartre, etc., Paris, 1622, in-8, p. 3.

[294] Les cercles luthériens d'Allemagne, toujours alliés clandestinement avec les huguenots de France.

[295] C'est le nom qu'on donnoit alors à la rue Phelippeaux. Son premier nom, qui remonte au XIVe siècle, étoit Frépault; au XVe siècle, on dit Frapault; nous trouvons Fripaux, comme ici, en 1560, puis Frepoux, en 1636. C'est seulement à la fin du XVIIe siècle que le nom de Phelipeaux, étant devenu célèbre, prit peu à peu la place de ces appellations si changeantes; la rue l'a gardé. Elle est encore, comme la rue Frépillon, sa voisine, toute peuplée de revendeurs et de marchands de vieux chiffons.

[296] V. sur cet abus des laquais porteurs d'épée, et sur la défense qui y mit fin en 1654, nos Variétés historiques et littéraires, tome 1, p. 283, note 1, et 284, note 3.

[297] V. plus haut pour ce vêtement des bandits d'alors.

[298] Personne ne comprit mieux que M. d'Angoulême l'emploi que les laquais mis à la retraite devoient faire de leurs loisirs. Même pendant qu'ils étoient à son service, s'ils lui demandoient leurs gages, il ne les payoit que de ce beau conseil: «C'est à vous à vous pourvoir. Quatre rues aboutissent à l'hôtel d'Angoulême, vous êtes en beau lieu, profitez-en.» Tallemant, édit. in-12, t. 1, p. 221.

[299] C'est sans doute à cause de la capitainerie du Louvre, dont il étoit en effet investi, qu'Enguerrand de Marigny est traité ici de capitaine.

[300] Cette statue d'Enguerrand de Marigny ne fut placée sur le portail du Palais qu'après le jugement qui le réhabilita. On lisoit au dessous:

Chacun soit content de ses biens;
Qui n'a suffisance n'a rien.

[301] V. plus haut sur cet édit des procureurs que Chalange fit rendre et dont il eut les profits; V. aussi nos Variétés histor. et litt., t. 1, p. 215.

[302] Le jacobus, monnoie d'or à l'effigie de Jacques Ier, d'une valeur de 14 fr. 70 cent., d'après l'évaluation moderne, avoit alors cours en Angleterre.

[303] Allusion à la pension de 1,200 livres que Mathurine, comme nous l'avons dit plus haut, recevoit de la cour.

[304] C'est-à-dire une soupe bien odorante. L'hysope étoit une plante parfumée.

[305] Il est naturel que Mathurine invoque maître Guillaume, qui étoit alors à la cour son collègue en folie. Auprès de l'article qui la concerne dans le Sommaire traité des revenus, etc., de N. Remond, Paris, 1622, ad fin., se trouve celui-ci pour les appointements de maître Guillaume, le fou en titre d'office: «A Me Guillaume, par les mains de Jean Lobeys, son gouverneur, dix-huit cents livres.» Pour ce fou, sous le nom duquel Regnier fit d'abord courir sa 14e satyre (V. notre livre l'Esprit des autres, p. 65), et dont nous aurons souvent à parler dans nos Variétés hist. et litt. à propos des pasquins sans nombre qui coururent sous son nom, nous nous contenterons de renvoyer à l'article du Perroniana (3e édit., 1691, in-12, p. 154-157) qui le concerne, et au chapitre que lui consacre M. de Reiffenberg dans son Histoire des fous en titre d'office (le Lundi, nouveaux récits de Marsilius Brunck, Paris, 1837, in-12, p. 290-293).—Les vers cités et les deux de la page suivante se lisent peut-être dans un de ces pasquins; mais ils se trouvaient auparavant, à quelques variantes près, dans le Sermon des foulx, V. Ancien théâtre françois, P. Jannet, 1854, in-16, t. 2, p. 209.

[306] Pour Bertholde, type des farces italiennes, qui commençoit à se populariser en France, mais qui ne prit pied sur nos théâtres qu'au XVIIIe siècle, lorsque Ciampi eut fait son Bertholde à la cour, et Lattaignant Bertholde à la ville.

[307] C'est-à-dire de se voir moquer comme la statue de Pierre de Cugnières, surnommé du Coignet, laquelle on avoit placée en un petit coin (coignet) du chœur de l'église Notre-Dame, «en office de esteindre avec son nez... les chandelles, torches, cierges, bougies et flambeaux allumez.» (Rabelais, Nouv. prol. du 4e livre.) Il est ainsi parlé dans les Contes d'Eutrapel (1, De la justice, ad finem) de la cause qui valut à Pierre de Cugnières cette vengeance des gens d'église: «Tesmoing, dit Noël du Fail, la statue ignominieuse de maistre Pierre de Cugnières, estant en l'église Nostre-Dame de Paris, vulgairement appelé maistre Pierre du Coignet, à laquelle, par gaudisserie, on porte des chandelles. Le paillard, estant lors advocat general, soustint que le roy Philippe de Valois, son maistre, se devoit ressaisir du temporel ecclesiastic, pour estre le fondement d'iceluy mal exécuté, et seule cause de la dissolution des gens d'église et empeschement du vray service de Dieu.»

[308] Fou qui couroit alors les rues.

[309] Marforio, le camarade du Pasquin de Rome.

[310] Cette phrase, où se trouve en germe l'une des plus jolies fables de La Fontaine (liv. 9, fab. 16), ne fait presque que reproduire celle-ci du 7e chap. des Contes d'Eutrapel: «ressemblans au singe qui tire les chastaignes de sous la braise avec la patte du levrier endormy au fouyer.»

[311] Sur ce cabaretier fameux alors, qui avoit fait peindre au dessus de sa taverne, près Saint-Eustache, l'arbre dont il portoit le nom, V. notre Histoire des hôtelleries et cabarets, t. 2, p. 323-324.

[312] Pour échaffaut, comme on appeloit alors le théâtre des saltimbanques et des empiriques.

[313] Ceci est assez platement abrégé d'un passage du Moyen de parvenir, 1738, I, 104-5.

[314] On sait de quelles maladies il étoit le patron, et quel mal, réclamant les potions postérieures dont parle Regnard dans le Légataire, s'appeloit le mal Saint-Fiacre. (V. Fleury de Bellingen, Etymol. des prov. franc., p. 317.)

[315] Expression consacrée par Rabelais et par Henry Estienne pour désigner un mendiant, un quemandeur. «Quant à tant de povres moines, dit celui-ci, qui n'ont ni rente ni revenu, qui n'ont pas un poulce de terre, qui mesme sont appelez porteurs de rogatons, pour ce qu'ils ne vivent que des aumônes des gens de bien...» Apologie pour Hérodote, La Haye, 1735, in-12, t. 1er, p. 536.

[316] Il étoit permis aux religieux du Petit-Saint-Antoine de laisser vaguer leurs pourceaux par les rues.

[317] La pièce d'argent, à cause de la croix qui se trouvoit sur celles de saint Louis. On connoît l'expression être sans croix ni pile, pour dire être sans argent.

[318] Prêtresse du dieu assyrien Adad. (V., à ce mot, le Dict. mythol. de Jacobi.)

[319] V., sur de pareilles pratiques, une note de nos Variétés hist. et litt., t. 1er, pièce 26, p. 340-341.

[320] Réminiscence d'un passage de Larivey. V. la Vefve, (comédie imitée de la Vedova de Nic. Bonaparte, dans l'Ancien théâtre françois, t. 5, p. 195).

[321] Faire le loup-garou, être changé en bête.

[322] Lieu de pèlerinage à deux lieues de Châlons-sur-Marne, ainsi nommé à cause d'une image de la Vierge trouvée en 1400 dans un buisson d'épines. La façade de l'église qu'on lui éleva fut achevée en 1429. V. Povillon-Pierrard, Descript. histor. de l'église de Notre-Dame de l'Epine, Châlons, 1825, in-8.—C'étoit une des premières stations des troupes étrangères entrant en France. L'armée que le comte d'Aremberg amena des Pays-Bas au secours du roi en 1567 y passa. (Mémoires non encore veus du sieur Fery de Guyon, escuyer. Tournay, 1664, in-8, ch. 83, pag. 144.)

[323] Cette pièce est, je crois, la plus rare de toutes celles qui se rapportent aux Caquets de l'Accouchée. Nous l'avons trouvée à la Bibliothèque impériale.

[324] Ce n'est pas le lieu de donner ici une longue notice de ce fameux farceur, qui, pendant plus de quarante ans, amusa Paris, soit sur la place de l'Estrapade, où il eut long-temps ses tréteaux, soit surtout à la place Dauphine, où cette pièce-ci le met en scène, soit à l'hôtel de Bourgogne, qui le vit finir. Nous renverrons à l'article que Boucher d'Argis lui a consacré dans son Histoire abrégée des plus célèbres comédiens de l'antiquité et des comédiens françois les plus distingués (Variétés historiques, physiques et littéraires, etc., 1752, in-8, t. 1er, 2e partie, p. 506), et à Tallemant, édit. in-12, t. 10, Historiette de Mondory.

[325] Ce fou, dont il est déjà parlé dans la pièce précédente, couroit les rues comme maître Guillaume et Mathurine. Dans un livret publié en 1614 avec ce titre: La remonstrance de Pierre Du Puits sur le resveil de Maistre Guillaume, et dans lequel il se donne comme ayant «l'esprit relevé jusques en l'antichambre du troisième degré de la Lune, etc.», on lui fait dire au commencement:

Avec ma jacquette grise
Plusieurs lourdauts je meprise.

Puis tout à la fin:

AUX CURIEUX:
 
Pierre du Puits n'est pas seul en folie,
Ny tous les fols ne sont Pierre du Puits,
Car tel est fol qui n'a pas l'industrie,
Ainsi qu'il a, de donner des advis.

[326] Autre farceur du Pont-Neuf, donné très gratuitement ici comme auteur des Caquets de l'Accouchée. Les seules œuvres que l'on connoisse de lui, et dont il parut un très grand nombre d'éditions chez la veuve Oudot, sont: Extrait des rencontres, fantaisies et coq-à-l'asne facétieux du baron de Gratelard, tenant sa classe ordinaire au bas du Pont-Neuf. Dans ces derniers temps on réimprimoit encore à Montbéliard: Entretiens facétieux du sieur baron de Gratelard, disciple de Verboquet, propres à chasser la mélancolie et à désopiler la rate, in-18 de 12 pages. (Nisard, Hist. des livres popul., t. 1er, p. 388.)

[327] On disoit crocheteur, mais c'est clocheteur qu'il falloit dire, car il s'agit de la petite figure qui frappoit les heures sur la cloche de la Samaritaine. Les Libellistes du temps prirent plus d'une fois le petit crocheteur pour héros, et lui firent débiter leurs satires. L'un des pamphlets mis sur son compte fut cause qu'on l'enleva de la Samaritaine pendant quelque temps. (V. le Mercure françois de 1611.)

[328] Autre petite figure de bronze qui, à la manière du clocheteur du Pont-Neuf et du Jaquemart de Notre-Dame de Dijon, sonnoit l'heure au clocher de l'église Saint-Paul, située dans la rue du même nom et démolie au commencement de ce siècle. Une mazarinade a pour titre: Le qui fut de Jacquemard sur les sujets de la guerre mazarine, Paris, 1652. V., pour l'étymologie du mot Jaquemart, P. Berigal (G. Peignot), Hist. de l'illustre Jaquemart de Dijon, 1832.

[329] Encore un farceur, mais moins connu que les autres. Il est nommé, dans l'Espadon satyrique, Cologne, 1680, pag. 25, et dans l'épitaphe du fameux Jodelet, Julien Joffrin:

Ici git qui de Jodelet
Joua cinquante ans le rolet,
Et qui fut de mesme farine
Que Gros Guillaume et Jehan Farine,
Hormis qu'il parloit mieux du nez
Que les dits deux enfarinez.

Un petit livre, réimprimé à Troyes, en 1682, sous ce titre: Les débats et fameuses rencontres de Gringalet et de Guillot Gorju, son maistre, est dédié au père de sobriété, le grotesque Jean Farine, superintendant de la maison comique hostel de Bourgogne, à Paris.—Un passage des Jeux de l'Inconnu, Rouen, 1635, in-8, p. 158, montre que ce bouffon, comme son nom l'indique, jouoit surtout, ainsi que La Fleur (Gros-Guillaume), les rôles enfarinés.

[330] Par la même raison que nous n'avons rien dit de Gautier-Garguille, nous ne dirons rien du non moins fameux Robert Guérin, dit La Fleur et Gros-Guillaume. Nous renverrons aussi pour lui au travail curieux de Boucher d'Argis, loc. cit.

[331] Bouffon moins connu sous ce nom que sous celui de Jean des Vignes, qui lui est donné dans la 18e serée de Guillaume Bouchet, où il est mis en compagnie de Tabarin et Franc-à-Tripe; et dans le Moyen de cognoistre les filous d'une lieue loing sans lunette, édit. des Joyeusetés. Jehan des Vignes ou de la Vigne faisoit les rôles de niais. «Moi, pauvre sot, dit d'Assoucy, plus sot que Jean des Vignes.» Les Avantures d'Italie, etc., Paris, 1677, in-12, p. 336.

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