Les cent histoires de Troye : $b L'epistre de Othea deesse de prudence envoyee a l'esperit chevalereux Hector de Troye avec cent hystoires
C Texte
C Glose
Cesar augustus fut empereur de romme & de tout le monde/ & pour ce que au temps de sa seigneurie fut paix par tout le monde que il seigneurioit paisiblement/ la folle gent mescreant tenoient que celle paix fust pour cause du bien de luy/ mais non estoit/ car c’estoit pour cause de Jesuchrist qui estoit né de la vierge Marie & ja estoit sur terre/ & tant comme il vesquit paix fut par tout le monde/ si vouloyent adorer cesar comme dieu/ mais adonc sibile Cumana lui dist que bien gardast que adorer ne se feist/ & qu’il n’estoit fors ung seul dieu qui tout avoit creé. Et lors le mena sur une haulte montaigne hors de la cité & dedens le soleil par la voulenté nostreseigneur apparut une vierge tenant ung enfant. Sibile luy monstra & luy dist que celuy estoit vray dieu qui devoit estre adoré/ & adonc Cesar le adora. Et pource que cesar augustus qui prince estoit de tout le monde apprint a congnoistre dieu a la creance d’une femme peult estre dit a propos l’auctorité que dit Hermes. Ne te soit point honte d’ouyr verité & bon enseignement qui que le die/ car verité anoblist celluy qui la prononce.
C Alegorie
La ou othea dit que cent auctoritez luy a escriptes/ & de femme apprint Augustus/ c’est a entendre que bonne parolle & bons enseignemens sont a louer de quelzconques personnes que ilz soyent ditz/ de cecy dit Hugues de sainct victor en ung livre appellé didastalicon. Que le sage homme ot voulentiers de tous/ & aprent voulentiers de chascun & lyt voulentiers toutes manieres d’enseignemens/ il ne despite point l’escripture/ il ne despite point la personne/ il ne despite point la doctrine/ il quiert indifferemment par tout & tout ce que il voyt dont il a deffaulte/ il ne considere point qui c’est qui parle/ mais que c’est que on dit/ il ne prent point garde combien luymesmes scet/ mais combien il ne scet mye. A ce propos dit le sage.
Auris bona audiet cum omni concupiscentia sapientiam. Ecclesiastici. iii. capitulo.
Finis.