Les endormies
Est-ce Mouni qui vient à table, ses cheveux casquant haut sa tête, un défi et une inquiétude dans les yeux, vêtue d’une robe blanche de Noura, une robe ajustée à sa taille par l’aiguille de Lella Fatime ?
Ainsi, avec son teint doré, elle ressemble à quelque élégante Espagnole de Paris.
— Tu es parfaite ! s’écrie la petite Mâlema.
— O fille de Noura, dit Claude Hervis, vous êtes très belle.
Mouni rayonne, son inquiétude dissipée.
— Désormais, comme Lella Fatime, je porterai tour à tour ma melahfa et des robes pareilles aux tiennes, Noura.
— C’est la réflexion de notre ami Claude qui provoqua cette décision ?
— Oh ! non, répond Mouni, ses longs cils caressant ses joues. Je le désirais depuis longtemps, seulement, je craignais d’être laide et ridicule.
Mais plus tard, à la faveur d’un instant de solitude à deux, elle saisit les mains du sculpteur, comme elle l’avait fait en Alger tandis que sa voix ardente redit :
— C’est à cause de toi.
Pensif, Claude Hervis quitte la maison.
— … Noura, Noura, ma très chère vaillante, vous souffrirez ; c’est une cruelle certitude. Le genêt saharien a gardé son premier parfum, un parfum violent. Il le dissimule sous la senteur douce empruntée aux roses que vous cultivez… Mouni peut porter sa melahfa, car elle n’a pas renié ni perdu l’âme cachée dans ses plis. Et c’est tout l’Orient féminin à l’indestructible survivance qui s’est incarné dans cette enfant, ardent et méfiant, instinctif, secret, logique et impérieux dans ses caprices.
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