Les évangiles des quenouilles
L'ordonance de la premiere journee. et de la descripcion de dame ysengrine du glay et qui elle fut.
Le lundy au soir environ entre sept et huit heures aprés souper s'assemblerent lesdites dix dames/ ensembles toutes les voisines qui accoustumé avoient d'y venir et pluiseurs autres qui y furent inviteez qui aincoires n'y avoient esté pour oyr le mistere que illec faire se devoit/ dame ysengrine du glay y vint acompaignie de pluiseurs de sa congnoissance qui toutes apporterent leurs quenoilles/ lin/ fuiseaux/ estandars/ happles/ et toutes agoubilles servans a leur art. Et brief ce sembloit a veoir un droit marchié ou l'en ne vendoit que parolles et raisons a divers propos de pou d'effect/ et de petite valeur.
Le siege de dame ysengrine estoit preparé a un costé un pou plushault des autres/ et le mien decosté elle devant moy un rondeau ou estoit assise une lampe d'oile pour enluminer sur mon euvre/ et toutes les assistentes avoient tourné leurs visages ou regart de dame ysengrine Laquele aprés licence obtenue commença a parler en ceste maniere. Mais avant que je commence escripre ses chappitres je vous veuil reciter l'estat/ et la genealogie d'elle.
Dame ysengrine estoit eagie de .lxv. ans ou environ/ belle femme avoit esté en son temps mais elle estoit devenue fort ridee. les yeulx avoit enfonssez et la bouce grande et large/ cinq maris avoit eu/ sans les acointes de costé. Elle se mesloit en sa viellesse de recevoir les enfans nouvellement nez. mais en sa jonesse elle recevoit les grans enfans. moult experte fut en pluiseurs ars. Son mari estoit asses jone duquel elle estoit fort jalouse/ et dont elle faisoit souvent grandes complaintes a ses voisines. Touteffois licence comme dit est obtenue/ elle commença son euvangille et prist son thume sur son mari en hongnant et dist.
Cy commencent les chappitres de l'euvangile dame ysengrine du glay pour le lundy.
Mes bonnes compaignes et voisines/ il n'est aucune de vous qui ne sace que je prins mon mari josselin plus pour par sa beaulté que pour sa richesse/ car povre compaignon estoit. Et vela je ne le vey ne hier ne au jour d'huy/ dont j'ay grant doleur au cuer. Et certes il a grant marchié des biens que mes maris ses predecesseurs ont parcidevant a grande paine et doleur assemblez. je croi que ce sera ma mort.
Et a ce propos et pour le premier chappitre/ je dy pour aussy vray comme euvangile que l'omme qui despent indeuement les biens qui lui viennent de par sa femme et sans son gré et congié: il en rendera conte devant dieu comme de chose emblee.
Glose. Sur ce chappitre dist une ancienne matrone nommee griele femme de jehan joquesus. Certes cellui mari qui fait contre ce chappitre/ est mis aprés sa mort ou purgatoire des mauvais maris en un baing plain de soulphre ardant. s'il n'a faitte sa penitance en ce monde par les hospitaux.
Le second chappitre.
Il n'est riens plus certain que le mari qui va au contraire de ce que sa femme lui conseille et veut faire/ et qui la contredist de chose qu'elle dye: il est faulx et desloyal parjur.
Glose. Certes dist gombaude du fossé j'en ay veu pluiseurs miracles de ceulx qui ont transgessé ce chappitre. et mesmes mon parastre se rompy la jambe pour ce qu'il n'avoit volu croire le conseil de ma mere.
Le tiers chappitre.
Homme qui sa femme bat pour quelconque cause que ce soit n'aura jamais pour priere qu'il face faire grace de la vierge marie/ se premierement il n'a obtenu pardon de sa femme.
Glose. Maroie ployarde dist sur ce chappitre que cellui qui bat sa femme fait autel pechié comme s'il se voloit soy mesmes desesperer. Car selon ce j'ay oy dire a no curé/ ce n'est que un corps d'homme et de femme acouplez par mariage.
Le quart chappitre.
Homme qui fait aucune chose sans qu'il le donne a congnoistre a sa femme je vous dy comme euvangile qu'il est en conscience pire que larron qui bien l'oseroit dire.
Glose. Les anciennes matrones ont maintenu pour verité que les enfans qui viennent de tel mariage jamais en ce monde ne devendront riches/ et si seront volentiers menteurs.
Le cinquiesme chappitre.
Mes amies je vous di pour verité qu'il n'est doleur ne angoisse pareille a celle que femme porte quant son mari va autre part porter et donner sa substance. et especialement quant les biens viennent de par elle.
Glose. Pour certain dist une vielle qui estoit nommee flourette la noire. Cellui qui rompt son mariage par adultere est moins a prisier que un juyf ou sarasin. car il est parjur.
Le .vi.e chappitre.
Fille qui veult savoir le nom de son mari a venir/ doit tendre devant son huis le premier fil qu'elle filera cellui jour/ et de tout le premier homme qui par illec passera savoir son nom. sache pour certain que tel nom aura son mari.
Glose. A ce mot se leva l'une des assistentes nommee geffrine femme de jehan le bleu et dist que ceste chose avoit esprouvee et que ainsi lui en estoit avenu/ dont elle maudissoit l'eure d'avoir encontré un tel homme qui toute couleur et beauté avoit perdue/ et si estoit si tresmauvais mesnagier que autre chose ne povoit faire que dormir.
Le .vii.e chappitre.
Quant femme porte enfant et on veult savoir s'elle porte filz ou fille on doit mettre en dormant sur sa teste du sel si soement que point ne le sache/ et aprés en devisant a elle sachiez quel nom elle nommera s'elle nomme homme ce sera un fils/ et s'elle nomme femme ce sera une fille.
Glose. Ceste mesmes chose m'avint quant je portoie ma fille lise tempremeure/ dist griele du solier/ et le me fist/ et aprist ma tante qui estoit fort ancienne et moult renommee en pluiseurs ars.
Le .viii.e chappitre.
On ne doit point donner a jones filles a mengier de la teste d'un lievre affin qu'elles marieez et par especial enchaintes n'y pensent/ car pour certain leurs enfans en pourroient avoir leurs levres fenduez.
Glose. Dist tantost Margot des bledz. tout ainsi en avint il nagaires a l'une de mes cousines. car pource qu'elle avoit mengié de la teste d'un lievre sa fille dont elle estoit enchainte en apporta sur terre quatre levres.
Le .ix.e chappitre.
On ne doit point aussi laissier mengier aux jones filles a marier de teste de mouton/ de crest de coq ne d'anguille affin qu'elles ne cheent du mal sainct loup par derriere.
Glose. Certainement dist belotte la cornue/ c'est un tresgrant dangier/ car pour ce que ma mere en mengea j'en ay eu trois taches qui comme je croy jamais ne me fauldront. L'une si est que souvent me laisse cheoir par derriere/ La seconde que je hurte volentiers. et la tierce qu'il me croist ou plus secret lieu de mon corps une chose a maniere de la creste d'un coq dont j'ai grant vergoingne.
Le .x.e chappitre.
Je vous jure comme euvangile que quant une jone fille mengue acoustumeement lait bouilly en la paelle/ ou en un pot de terre: qu'il pleut volentiers et par coustume le jour de ses nopces. Et si a volentiers mari merancolieux et hoingnart/ et aussi ne fault elle pas d'estre souvent crottee et mal paree.
Glose. Dist dame abonde/ a cest texte ne fault aucune exposicion/ car la regle en est toute commune/ et jamais n'y a faulte/ comme il apparut a mes nopces ou pluiseurs de vous furent.
Le .xi.e chappitre.
Pour certain et pour aussi vray que euvangile quant un homme couche avec sa femme ou s'amie ayans les piez ors et puans/ et il avient qu'il engendre un filz: il aura puante et mauvaise alaine Et se c'est une fille elle l'aura puante par derriere.
Glose. Maroie ployarde dist sur ce chappitre que de sa cousine germaine en avint ainsi. Car par tout ou elle aloit elle rendoit une odeur si puante de son derriere: que les assistens en estouppoient leurs nez mais ne savoient qui cellui estoit qui estoit en cause.
Le .xii.e chappitre.
Pour aussi vray que euvangile je vous dy que quant un jone homme pucel espouse une fille pucele le premier enfant qu'ilz ont est par coustume fol.
Glose. Berte l'estroite sur ce chappitre dist que ainsi estoit nagaires avenu a l'une de ses filles qu'elle avoit mariee au porchier de son hostel/ car il convint que pour la premiere nuit elle leur enseignast comment ilz devoient faire. dont il est avenu que leur premier filz est fol et pour innocent.
Le .xiii.e chappitre.
Mes voisines et compaignes je vous dy pour euvangile que quant l'enfant est nouvellement né et avant qu'il suche la mamelle/ se on lui donne a mengier d'une pomme cuitte/ jamais aprés toute sa vie il n'en sera si luffres ne gourmant a table en boire/ et en mengier. Et si en sera plus courtois en fais et en parolle entre les dames.
Glose. Maroie morele dist sur ce texte que quant un enfant est né qui lui porteroit le petit boyau jusques au chief: il en auroit longue vie/ douce alaine/ bonne voix/ et gracieuse loquense.
Le .xiiii.e chappitre.
Je vous asseure pour aussy vray qu'euvangile que pour faire avoir aux enfans cheveux crespés. tantost aprés qu'ilz sont desobez/ il convient laver leur chief de vin blanc. et en leur baing soit mise la rachine de blanche vigne.
Glose. Dame hermofrode sur ce pas dist en corroborant le texte que qui feroit/ sechier par deux enfans jones et beaulx l'aubette du petit enfant sur la pointe d'une espee tranchant/ et clere que l'enfant sera toute sa vie beaux et hardis/ et bien venus entre les nobles.
Le .xv.e chappitre.
Or entendez bien vous toutes qui cy estes presentes/ je vous avertis que jamais on ne doit tirer espee nue ne autre long trenchant devant femme grosse que premier que riens s'en face ne lui va doucement touchier du plat/ sur son chief/ affin qu'ele demeure asseuree. et que son fruit en soit toute sa vie plushardy.
Glose. Peronne bevette dist que pour ce que on ne fist point ainsi a sa mere quant elle le portoit/ elle a esté et aincoires est si paoureuse qu'elle n'oseroit couchier seule sans avoir compaignie d'hommes.
Le .xvi.e chappitre.
Je vous di pour aussi vray que euvangile que jones filles ne doivent jamais mengier cerises a la derraine avec leurs amoureux car souvent avient que cellui a qui vient la derreniere: demeure le derrenier de tous a marier.
Glose. Dame sebile des mares dist sur ce pas que les filles ne doivent point mengier a cachelouche leur potage avec leurs amoureux. car par coustume il avient souvent que leurs maris ont acointe apart et non pas les femmes.
Le .xvii.e chappitre.
Aincoires vous dy que dieu et raison deffendent le parler ou le ramentevoir devant aucune femme mariee en eage de porter enfans ou qui est enchainte de quelconque chose pour mengier qui pour le present et au besoing ne se pourroit trouver affin que le fruict qu'elle porte n'en apporte enseigne sur son corps.
Glose. Dame abonde du four dist que par ruer ou visage de la femme qui porte enfant/ aucunes cerises frezes ou vin vermeil l'enfant en apportera sur soy aucune enseigne.
Le .xviii.e chappitre.
Sachiez que homme qui se double en mariage est inhabile de parvenir a aucune dignité. Et se sa femme lui faisoit le pareil cas/ sans faulte il seroit cause de l'ung et de l'autre mal. et elle deveroit estre jugié quitte et sans pugnicion.
Glose. Dame ysoree la courte dist sur ce pas que la femme qui veult que son mari point ne se desvoye avec autres femmes si face par trois lundis chanter messe de saincte avoie. et je vous dy pour certain que les dames de paris en entretiennent/ ainsi leurs maris.
Le .xix.e chappitre.
Quant on baptise aucun enfant soit filz soit fille. se la fille a deux parrins elle aura deux barons ou plus. et aussi se le filz a deux marrines et il vit eage d'homme il aura deux femmes ou pluiseurs.
Glose. Certainement dist ampelune hucquette. je doy bien mauldire l'eure que vvillequin mon mari en eut oncques tant. car il en a trois accointes sans celles que point ne sçay.
Le .xx.e chappitre.
Quant on voit ces petis enfans courir parmi les rues a chevaulx de bois/ a tout lances/ et desguisez par maniere de gens de guerre. c'est tout vray signe de prochainement avoir guerre et dissencion ou pays.
Glose. Perrine hulottote dist sur ce pas que quant les petis enfans portent bannieres/ et confanons en chantant par les rues/ c'est tout signe de mortalité.
Le .xxi.e chappitre.
Se femme veult certainement savoir se son mari se double/ si avise se une plaine lune se passe sans elle approchier/ certes s'elle y a souspecion se n'est pas sans cause.
Glose. Ceste euvangile est bien vraye dist maroie ployarde car il y a plus de trois lunoisons que jan ployart mon baron ne fist ne cou ne quoy/ et si suis aincoires femme assez pour l'endurer.
Le .xxii.e chappitre.
On ne doit point donner aux femmes grosses a mengier de nulles testes de poissons affin que par leur ymaginacion leur fruit n'apporte sur terre la bouche plus relevee/ et plus ague qu'il n'est de coustume.
Glose. Perrette faytos sage femme/ dist qu'elle avoit receut pluiseurs enfans qui avoient leur debout plus long oultre mesure que les autres.
Le .xxiii.e chappitre.
Se d'aventure un homme bat sa femme enchainte/ ou la pile du pié lors qu'elle enfantera moult grant traveil en aura. et bien souvent les en convient morir.
Glose. Dame hermofrode dist que en ce n'a aucun remede fors qu'il convient avoir le soler dont le mari la pila/ et qu'ele boive a mesmes et se ainsi le fait sachiez qu'elle enfantera legierement.
Le .xxiiii.e chappitre.
S'il avient que aucun ou aucune engambe par dessus un petit enfant/ sachiez que jamais plus ne croistera/ se cellui ou celle mesmes ne rengambe au contraire et retourne par dessus.
Glose. Certes dist sebile de ceste chose viennent les nains et les petites femmes.
Le .xxv.e chappitre.
Sachiez pour vray comme euvangile que se la chausse d'une femme ou fille se desloie emmy la rue et qu'elle le perde: c'est signe et n'y a jamais faulte que son mari ou amy ne se desvoie.
Glose. A ce mot laissa le filler une nommee Transsie d'amours jone de .lxvii. ans/ et dist qu'il n'estoit chose plus vraye que ceste euvangile. car des mercredy derrain passé je ne vey mon amy joliet. pour ce que en ce mesmes jour je perdy mon gartier en la rue.
Le .xxvi.e et derrain chappitre.
Et pour conclusion mes amies et voisines et pour mettre fin a mes chappitres je vous dy que quant a une femme vient le mal des mammelles il ne lui fault autre chose si non que son mari lui face de son instrument naturel trois cercles environ le mal/ et sans aucune doubte elle en garira.
Glose. Saintine tempremeure dist que on doit entendre ces trois cercles estre fais au debout du ventre un pou soubz la chainture.
Toutes les assistentes commencerent moult fort a rire de ceste joyeuse conclusion/ et moult fort loerent la sage dame ysengrine qui si hautement avoit continuee son euvangile et departi par .xxvi. articles qui tous estoient de grant sens et de grande importance. et promirent qu'elles metteroient paine de tant les repeter qu'elles les sauroient par cuer pour les publier et communicquier a celles qui point n'avoient esté a ceste lecture.
Moult me fut bel quant dame ysengrine mist fin a son parler car papier/ et chandeille me failloient/ avec sommeil qui fort m'avoit accueilli/ car pres de minuit estoit. Si voulz prendre d'elles congié/ mais elles me prierent que avant que partisse je veisse eslire celle qui a l'endemain deveroit lire son euvangile. Si se mirent toutes ensemble a conseil et d'un commun accort esleurent Transeline du croq une ancienne damoiselle/ laquelle prist volentiers la cherge de ce faire. et me requist tresinstamment en la presence d'elles toutes que a ce besoing la voulsisse servir. je lui promis que envis que volentiers: mais d'une chose la requis/ c'est qu'elle venist un pou plus tempre que ce lundy n'avoient fait affin de eviter le traveil de la nuit et le veillier qui les yeulx traveille.
S'ensieut la continuacion des euvangiles faittes et leuttes par dame transeline du croq pour le mardy en l'ostel et a heure acoustumez.
Quant vint le mardi environ cinq heures du vespre commencerent venir et assembler femmes tant vielles comme jones de toutes pars/ car desja elles avoient publié ce que le lundy avoit esté fait/ et ce que le mardy faire se devoit par dame transeline du croq femme bien renommee/ car elle estoit gentil femme eagie de environ soixante ans longue et maigre estoit. en ses jones jours avoit demouré avec une dame qui savoit partie de l'art de geomancie et rendoit raisons de pluiseurs choses avenir. avec laquelle elle aprist moult d'augurie dont depuis elle fut moult renommee et honnouree. Mais pour ce qu'elle avoit un jour mengié souppe avec venus faitte au chauderon d'amours: oncques depuis ne cessa de exercer son service avec les subgez d'icele. Et en sa vieillesse s'estoit retraitté et alliee avec le curé de la ville qui de nuit et de jour oyoit sa confesse/ pourquoy toutes celles de son voisinage l'avoient en grant reverence.
Dame transeline doncques venue entr'elles salua toute la compaignie. Et aprés qu'elle m'eut demandé se ma plume estoit preste d'escripre: commença a parler en ceste maniere.
Le premier chappitre.
Or ça dist elle mes bonnes voisines et amies en continuant nostre propos du soir precedent. je vous prie que silence soit faitte et je vous dy pour aussi vray comme euvangile que quant une femme veult estre de son mari ou de son amy bien amee: si lui face mengier herbe de chat/ et il sera d'elle si tresamoureulx qu'il n'aura aucun repos se d'emprez elle n'est.
Glose. Ceste chose est veritable dist burge fauvele/ car tout ainsi en fis a mon mari/ et lui en feis une salade/ mais ceste amour ne dura que six sepmaines pourquoy je cuide qu'il le fault renouveller souvent.
Le second chappitre.
Et si vous dy que qui pourroit finer d'un vray mandegloire et le couchast en blans draps/ et lui presentast a mengier et a boire deux fois le jour/ combien qu'il ne mengue ne boive: cellui qui ce feroit devendroit/ en pou d'espace moult riche. et ne sauroit comment.
Glose. Certes dist jehane vvasteliere on dist/ mais c'est en tapinage/ que alexus du cornet est ainsi devenus riche.
Le tiers chappitre.
Je vous dy pour euvangile que quant aucun se met au chemin et un lievre lui vient audevant c'est un tresmauvais signe. Et pour tous dangiers eviter il doit par trois fois soy retourner dont il vient et puis aler son chemin/ et alors sera il hors du peril.
Glose. A ceste parolle se leva maroie la faee et dist tout hault/ que cestui chappitre estoit moult veritable. Car son parrastre avoit rompu la jambe au cheoir de son cheval aprés qu'il avoit rencontré un lievre. Mais qui rencontre un loup/ un cerf/ ou un ours c'est tresbon signe.
Le .iiii.e chappitre.
Oncques homme sage ne monta sur asne pour l'onneur de nostre seigneur qui dessus monta. mais tresbien sur cheval. car qui chiet de l'asne il dist crieve: et qui chiet de cheval il dit lieve.
Glose. Sur cest article se peut faire un argument. car quant joseph mena la vierge marie en egypte elle monta sur un asne/ et toutesfois elle n'en eut nul grief. Respondy dame sebile du fossé que aincoires n'avoit jhesucrist point monté sur l'asne comme il fist depuis. replica une ancienne nommee perrette du trou punais/ que si avoit et que nostre dame l'emporta avec elle monté sur l'asne. Pour cest argument sourdy grande noise entre toutes les assistentes/ et telement que les unes soustenoient le texte de ceste euvangile/ et les autres soustenoient la glose/ et si grant clameur sourdy entre elles que on ne savoit a la quelle entendre. Touteffois dame ysegrine comme presidente pour ceste nuitie leur imposa silence affin qu'elle peust paisiblement parfaire sa lecture. laquele chose elle obtint a tresgrande paine.
Le .v.e chappitre.
Mes voisines pour muer propos et abaissier vos debaz je vous dy pour euvangile que se une femme laisse son trepié ou son greil sur le feu sans y mettre ou baston ou tison ardant/ sachiez qu'elle en envieillist fort et en a ride le visage.
Glose. Dist l'une des filleresses nommee piate au long nez que qui s'en va couchier sans remuer le siege sur quoy on s'est deschaussié/ il est en dangier d'estre ceste nuit chevauchié de la quauquemare.
Le .vi.e chappitre.
Qui laisse de nuit une selle ou un trepié les piez dessus/ autant et aussi longuement/ est l'ennemi a cheval dessus la maison.
Glose. Certes dist ysoree la temprieve que sa grant mere disoit que autant de gannes dyables sont assiz dessus chascun pied s'ainsi demoure/ comme il en y a.
Le .vii.e chappitre.
Je vous asseure et dy pour euvangile que quant agaches ou pyes gargonnent dessus une maison que c'est signe de tresmauvaises nouvelles. Mais se moussons y gargonnent/ ou y font leurs nyds c'est signe de bon air/ et de bonne fortune.
Glose. Gertrud des blez dist que quant une cygoingne fait son nyd dessus une cheminee/ c'est signe que le seigneur de l'ostel sera riche et vivera longuement.
Le .viii.e chappitre.
Quant les oreilles escopissent ou demenguent a aucun/ sachiez pour verité/ et comme euvangile que se c'est la droite oreille ce seront bonnes nouvelles. et se c'est la senestre elles seront mauvaises.
Glose. Ysabel de la creste rouge dist sur ce propos que quant le nez escopist c'est signe de boire vin vermeil.
Le .ix.e chappitre.
Quant poix ou poiree boueillent ou pot qui est mis jus du feu/ sachiez pour vray que en cestui hostel n'y a nulles sorcieres.
Glose. Perrette tost vestue dist que la chose que les cauquemares craingnent le plus: c'est un pot qui boult jus du feu.
Le .x.e chappitre.
Or entendez vous toutes bien ce chappitre. Car je vous dy que qui doubte la cauquemare qu'elle ne viengne de nuit a son lit/ il convient mettre une sellette de bois de chesne devant un bon feu et se elle venue se siet dessus: jamais de la ne se porra lever qu'il ne soit cler jour/ et est chose esprouvee.
Glose. Jenneton tost preste dit qu'elle oublia une fois a ceste chose faire/ mais elle aprés qu'elle fut cauquie tasta que ce povoit estre si trouva que c'estoit une chose velue de assez doux poil.
Le .xi.e chappitre.
Qui laisse le samedy a parfiler le lin qui est en sa queloingne/ le fil qui en est filé le lundy ensuivant jamais bien ne fera/ et si on en fait toile jamais elle ne blanchira.
Glose. Dist marion le bleue pour ce que les femmes d'alemaigne ont ceste coustume que de laissier le lin a la queloingne le samedi: jamais leurs toilles ne sont blanches. Et cest verité il appert aux chemises que les hommes en apportent pardeça.
Le .xii.e chappitre.
Qui se abstient de torchier son derriere d'herbe/ de feuilles ou d'autre verdure qui ait creu sur terre il n'aura ja mal en l'eschine ne es rains.
Glose. Pyatine le verde dist a ce propos que cellui qui ce fait il n'aura jamais les trenchisons en la teste. mais en ce lieu il aura souvent sa chemise doree.
Le .xiii.e chappitre.
Cellui qui ne jette ou seuffre jetter ou feu les os aprés qu'il en a mengié la char: jamais n'aura mal es dens pour l'onneur de sainct laurens.
Glose. Mais noir trou afferme ce chappitre estre vray/ mais elle dit que en ce lieu les chiens s'en combatent volentiers.
Le .xiiii.e chappitre.
Cellui qui point d'argent n'a en sa bourse/ se doit abstenir de regarder la nouvelle lune ou autrement il n'en aura gaires tout au long d'icelle.
Glose. Robinette noire trache dist sur ce chapitre que cellui qui perchoit le croissant a plaine bourse: il le doit saluer et encliner devotement et pour certain il multipliera toudis celle lonoison.
Le .xv. chappitre.
Cellui ou celle qui treuve le treffle a quatre fueilles s'il le garde en reverence sachiez pour aussi vray que euvangile qu'il sera eureux et riche toute sa vie.
Glose. Sur cest article dist dame sebile rouge en taille que se un homme passe a pieds nuds sur le treffle a quatre fueilles/ il ne puet eschapper d'avoir les fievres blanches. Et se c'est une femme elle sera vvihotte.
Le .xvi.e chappitre.
Quant un homme treuve sur sa robe une yraigne c'est signe d'estre ce jour moult eureux. et pareillement qui treuve le fer d'un cheval ou partie d'icellui: il aura bonne fortune.
Glose. Lors se leva francine molles tettes/ et dist que quant on treuve au matin devant desjuner argent a terre c'est tresmauvais eur/ s'il n'y a de l'or parmy.
Le .xvii.e chappitre.
Quiconques frotte un porion la veille de sainct jehan de la fueille d'ung sehus/ et puis la boute parfont en terre/ a mesure que celle fueille pourrira: le porion sechera.
Glose. Ysabel de la doutre dist/ que ceste avoit autreffois fait: mais de frotter le porion du lait d'une fueille de pissenlit/ il en seche plus tost. Car elle l'avoit esprouvé.
Le .xviii.e chappitre.
Quant un homme treuve en son pourpris un vaisseau d'eeps atachiés en un arbre s'il ne l'estrine d'une piece d'argent c'est mauvais signe.
Glose. Baudinon gorgette dist que cellui qui approprie a soy les eeps sans les estriner comme dit est ou texte: elles ne feront que picquier cellui/ et jamais ne l'aimeront ne lui feront prouffit.
Le .xix.e chappitre.
Cellui qui le jour sainct vincent loye les arbres de son gardin de loyens de fuerre de fromment: il aura cestui an plenté de fruis.
Glose. Emmeline le crottee dist a ce propos que qui behourde le jour des brandons ses arbres/ sache pour vray qu'ilz n'auront en tout cest an ne honnines ne vermines.
Le .xx.e chappitre.
Cellui qui estrine sa dame par amours le jour de l'an de couteaux sachiez que leur amour refroidera.
Glose. Dist a cest article collette du cren. je vous asseure que cellui qui estrine sa dame d'espinceaux a grosses testes que l'amour en devient plus ardant et plus durable.
le .xxi.e chappitre.
Cellui qui franchement puet chevauchier l'ours .ix. pas d'un tenant/ il est affranchy de .ix. paires de maladis.
Glose. Dist une vielle matrone qui derriere les autres estoit. je cuide bien qu'il soit vray de la garison desdites .ix. maladies. mais non pas de celles dont on chiet a la renverse.
Le .xxii.e chappitre.
Quant vous veez un chat assis sur une fenestre au soleil qui lesche son derriere/ et la patte qu'il lieve ne porte audessus de l'oreille il ne vous convient doubter que celle journee il ne pleuve.
Glose. Lors se leva dame mehault caillotte/ et dist que point n'y a faulte/ car aincoires est sa buee ou cuvier qu'elle n'ose laver pour ce que son chat ne cesse de lechier son derriere.
Le .xxiii.e chappitre.
Qui se siet au feu et escript es cendres de son doy ou d'ung baston ou qui se joue du feu/ c'est signe qu'il a pissié ou qu'il pissera au lit.
Glose. Peronne l'enfumee dist en affermant ce texte que cellui qui regarde sa femme couvrir le feu devant lui sans soy lever: sachiez que celle nuit il ne cessera de ronquier et de dormir. Et se c'est une fille a marier/ elle ne sera de l'annee mariee.
Le .xxiiii.e chappitre.
Quant on craint que son chien ne soit mors de chien enragié/ faittes le mengier et boire parmy un trepié et il sera ce jour asseuré de la rage.
Glose. A ce propos dist Guillemette la boisteuse que qui veult son chat ou sa geline tenir a l'ostel sans les perdre si prengne ou le chat ou la geline et la tourne par trois fois entour la crameillie/ et puis leur frote leurs pattes contre le mur de la cheminee. et sans nulle faulte jamais de cest hostel ne se departiront.
La conclusion de ceste journee.
Pour ceste euvangile commencerent toutes les assistentes moult fort a rire/ et de fait en laissierent le filer et desvuidier/ et moult fort loerent dame transeline du croq de la deduction de son euvangile/ ensamble celles doctoresse et sages femmes qui l'avoient glosé/ et si honnourablement deduit/ et postilé que mieulx on ne les porroit exposer. Je me levay de mon siege a demy lassé et desja semons du messagier du dieu dormant pour aller le berchier en son repos. Mais avant mon departement. je voulz veoir faire l'election de celle qui l'endemain devoit presider. Les femmes donques ayans laissié le rire dirent que temps estoit d'eslire la dame qui l'endemain presideroit. Si eslurent d'un commun accort dame abonde du four/ qui l'accepta benignement et promist d'en faire son povoir.
Aprés ceste election ainsi de dame abonde du four: je me departis le plus coyement que je peus/ car elles se prindrent si fort a quaqueter ensemble qu'elles n'eurent regart a mon departement.
S'ensieut la continuacion des euvangiles des queloingnes faittes le mercredy soir par dame abonde du four.
Le merdredy soir a heure acoustumee convindrent et s'assemblerent toutes les femmes qui avoient acoustumé d'y estre/ ensemble pluiseurs autres qui paravant n'y avoient esté par la induction de leurs voisines. Et elles ainsi assembleez survint dame abonde du four qui pour ceste nuit devoit et estoit ordonnee pour lire son euvangile/ comme elle fist. Mais avant que je procede aux chappittres d'icelle: je vueil descripre de son estat la maniere. Il est vray qu'en ses jones jours elle fut marchande de luxure a detail/ et depuis en tint bouticle en gros a bruges entre les marchans. belle femme avoit esté en sa jonesse: mais le vin et les bons morseaux qu'elle avoit pris et souvent l'avoient faitte si grasse que apou avoit sa rondeur sa longueur. Et abrief dire elle avoit une partie des sept ars en sa memoire/ car elle avoit estudié a paris par l'espace de sept ans ou colliege de glatigny. dont elle avoit rapporté mainte parfonde science. Elle doncques venue se ala seoir ou siege a ce determiné et aprés scilence faitte des assistentes commença pour son thume et premier chappitre en ceste maniere.
Le premier chappitre.
Pour le premier chappitre de mon euvangile/ je vous asseure que pour pissier entre deux maisons/ ou contre le soleil: on en gaigne le mal des yeulx qu'on apelle le leurieul.
Glose. Aucuns l'appellent la rougerole dist beatrix flabaude/ mais je croy mieulx que ceste maladie viengne de trop boire a la fontaine d'amours.
Le .xx.e chappitre.
Pour eschever de non venir palasineux de la teste ou des rains il se fault abstenir de mengier de teste ne de char de chat ou de ours.
Glose. Dist tantost berte au court talon je cuide et si croy que pour le palasin des rains/ il se fault garder de couchier a l'envers voire les femmes/ et les hommes au contraire.
Le .iii.e chappitre.
Qui se met a pissier contre un monstier ou en une atre/ c'est grant merveille se avant sa mort il ne chiet en apopelisie. car du moins il sera graveleux.
Glose. Certainement dist jacquemine galoise qui long temps avoit servi le curé/ je vous asseure que cellui qui ainsi pisse ou fait sa neccessité contre l'eglise ou en l'attre l'eaue benoite qu'il rechoit le dimence ne le puet aidier contre le tonnoire pour celle sepmaine.
Le .iiii.e chappitre.
Se une femme perchoit un loup qui le suive/ elle doit tantost trayner sa chainture par terre aprés elle en disant. Garde toy loup que la mere dieu ne te fiere/ et tantost tout confus s'en retournera.
Glose. Jane la sauvage dist que se aucun voit le loup devant que le loup le voye il n'aura povoir de lui meffaire. Et pareillement la personne au loup.
Le .v.e chappitre.
Quant le seigneur ou la dame d'un hostel est malade et un corbauld vient crier dessus la cheminee ou la maison ou le pacient gist: c'est grant signe qu'il mora de ceste maladie.
Glose. Mehault tost preste dist a ce propos que quant une agache y vient gargonner/ c'est bon signe et que le pacient garira.
Le .vi.e chappitre.
Quant le vent d'escorchevel vente les femmes sages et bonnes mesnagieres doivent taillier le debout de l'oreille dextre de leur jone veau et jetter celle piece a l'encontre du vent affin que leur veau croisse et amende comme il fera.
Glose. Certes dist maroie joe brulee/ je croy que qui prometteroit a sainct barthelmieu sa dextre corne qu'il souffiroit.
Le .vii.e chappitre.
Mes bonnes voisines/ je vous vueil en ce chappitre dire l'un des plusgrans secrez que j'aye oncques apris en savoie/ c'est pour aussi vray comme euvangile que quant aucune tempeste levera en l'air vous devez tantost faire du feu de quatre bastons de chesne en croix au dessus du vent/ et lui faire une croix dessus/ et tantost la tempeste se tournera de costé et ne touchera a voz biens.
Glose. Baudine camuse dist bien que ou pays de savoie a pluiseurs sages femmes/ car pour faire bel ou lait temps elles en sont maistresses.
Le .viii.e chappitre.
Quant les anettes sentent la tempeste esmouvoir en l'air et qu'elles volent/ et crient sur l'eaue en bas c'est signe qu'il plouvera sans tempeste. mais quant elles se taisent: elles redoubtent fort le tonnoire.
Glose. A ce propos dist Mabelie joliette que quant les cynes ou les oies se baignent et debatent en l'eaue/ il n'y aura aucune faulte qu'il ne pleuve cellui jour.
Le .ix.e chappitre.
Quant on oit chiens uller on doit estoupper ses oreilles. car ilz apportent mauvaises nouvelles. Et par contraire on doit oyr le cheval crier et haynir.
Glose. Magnon broquette dit en approuvant cest article. que quant on oit les loups uller on se doit mettre en bon estat/ car c'est signe de grant pestilence avenir par guerre ou par famine.
Le .x.e chappitre.
Quant vous veez les loups venir querre leur proie pres des villes ou dedens les villages sachiez que c'est grande apparence de chier temps.
Glose. Jehane baguette dist sur ce texte que quant cerfz/ bisches/ ou dains viennent paistre pres des villages et des maisons c'est bon signe et habondance de tous biens.
Le .xi.e chappitre.
Je vous dy pour euvangile que nul qui veult gaignier au jeu de dez ne se doit jamais asseoir pour jouer son dos devers la lune ou qu'elle soit lors/ ains lui doit tourner le visage ou se ce non jamais il n'en levera sans perte.
Glose. Michelette houchue dist a ce promos que qui veult gaignier aux dez par jour il convient faire le contraire car il fault tourner le dos au soleil.
Le .xii.e chappitre.
Je vous dy mes voisines que quant on met blans draps en un lit l'angele de dieu s'i repose jusques a ce que on y fait/ ou pet/ ou vesse.
Glose. Marion ort trau dist a ce propos que tantost que l'angele s'est departis du lit le dyable puant y entre dont souvent en sourt grande noise entre homme et femme.
Le .xiii.e chappitre.
Cellui qui rechoit de l'eaue benoite le dimence a la grant messe le diable mauvais en toute ceste sepmaine/ ne puet cellui ou celle tempter ne approchier a sept piez prez.
Glose. Berte le lourde dist que qui ne rechoit de l'eaue benoite le dimence/ le dyable lui puet et jour et nuit asseoir invisiblement sur l'espaule. Et qui ne la rechoit de la main du prestre/ sachiez qu'elle n'a ne force ne vertu.
Le .xiiii.e chappitre.
Cellui qui souvent benist le soleil la lune et les estoilles ses biens lui multiplieront au double.
Glose. Jossine tost preste dist que qui a son couchier salueront l'estoille pouchiniere/ il ne seroit possible de perdre aucun de ses pouchins/ et se multiplieroient doublement.
Le .xv.e chappitre.
Cellui qui au matin a son lever fait le signe de la croix/ et laver ses mains ains qu'il passe hors de son huys le diable pour ce jour n'aura povoir de le grever. Et s'il ne le fait quelque labeur qu'il face tout ce jour ne lui pourra multiplier.
Glose. A ce propos dist geffrine tost preste que qui ne fait dire le benedicite a son disner/ le dyable invisiblement siet a celle table et y boit et mengue.
Le .xvi.e chappitre.
Quant aucune femme porte des chappons a la bonne ville pour les vendre ou autres choses/ s'elle d'aventure chausse au matin son pied droit premier/ elle aura bon eur de bien vendre.
Glose. Ceste chose m'est souvent avenue dist tempre meure. Et oultre ce ay esté maintefois estrinee de tel marchant qu'il en penseroit a mari s'il le savoit.
Le .xvii.e chappitre.
Quant une femme entre au matin en son estable pour moudre ses vaches/ s'elle ne dist vous sauve dieux/ et sainte bride volentiers les vaches du pied de derriere regibent et souvent brisent le pot ou respandent le lait.
Glose. A ce propos se leva une vielle qui n'avoit mais que un dent/ et dist en audience que quant les veaulx ne veulent boire ne au doy ne autrement/ que le toreau qui engendra ce veau n'eut point d'amour a la mere.
Le .xviii.e chappitre.
Se une cense a plenté de brebis qui aient pluiseurs aigneaux/ et aprés la disme payee on en presente chascun an un au loup/ certes il en prendera un nonobstant garde qu'on y commette.
Glose. Emmelotte du glay dist a ce propos que qui ne presente un aignel au loup en l'onneur de l'aignel de dieu: il sache certainement qu'il en y aura de foireux en l'annee.
Le .xix.e chappitre.
Qui cueille ou eslit la poree le samedy aprés nonne pour le dimence cuire et mengier/ il en vient de legier a celles qui ce font le mal qu'on dist le joyel nostre dame.
Glose. Jehanne court talon dist que ainsi l'en avint en sa jonesse/ mais un jone medecin l'en garist assez doucement en pou de temps.
Le .xx.e chappitre.
Quant un homme est prest pour monter a cheval/ il ne doit prendre de la main de sa femme son espee ne autre piece de harnas/ car a son besoing il ne s'en porroit deffendre.
Glose. Dist une des assistentes nommee angeline verde vaine que ainsi en avint il a son premier mari. Car en chevauchant de nuit il vey a la clarté de la lune un espovantaire de costé sa voye/ mais il ne sceut onques tirer son espee que lui avoie baillié de haste qu'il eut de s'en fouyr.
Le .xxi.e chappitre.
Cellui qui pisse contre le soleil il devient en sa plaine vie graveleux/ et si engendre souvent la pierre.
Glose. Je croy dist agnechon la pellee que la gravele viengne plus tost de boire trouble vin ou autre beuvrage trouble et especiallement de chevauchier sans selle.
La conclusion de ceste journee
Aprés ceste euvangile fist pause dame abonde du four/ car il ne lui estoit possible de proceder en oultre a sa lecture pour le murmure des riseez que les filleresses firent lors toutes ensemble. Et quant a piece de temps elles firent aucun pou de silence: elles remercierent moult dame abonde de ses vrayez euvangiles promettans que point ne les metteroient en oreille de veel/ ains le divulgueroient et publieroient par tout leur sexe a celle fin que de generacion en generacion elles fussent continueez et auguementeez. Sur ce se commencerent toutes a elles lever et prendre leurs quenouilles/ fuisseaulx/ fusseez/ happlez/ vertoiles/ toures et autres bagaiges appartenans a l'art de fillerie pour elles retourner chascune a sa chascune.
Et je troussay mes agoubilles pour m'en tourner dormir/ car la minuit approchoit. elles aprés pluiseurs raisons et menues suffrages esleurent dame sebile des mares pour l'endemain lire a heure acoustumee. dont elles furent moult joyeuses/ et tandis qu'elles estoient empeschiez je m'en alay reposer.