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Les îles: Promenades dans le golfe Saint-Laurent: Une partie de la Côte Nord, l'île aux Oeufs, l'Anticosti, l'île Saint-Paul, l'archipel de la Madeleine

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See you, beneath you cloud so dark,

Fast gliding along, a gloomy bark?

Her sails are full, though the wind is still,

And there blows not a breath her sails to fill!

Oh! what doth that vessel of darkness bear?

The silent calm of the grave is there,

Save now and again a death-knell rung,

And the flap of the sails with night-fog hung?

There lieth a wreck on the dismal shore

Of cold and pitiless Labrador;

Where, under the moon, upon mounts of frost,

Full many a mariner's bones are tost!

You shadowy bark hath been to that wreck,

And the dim blue fire, that lights her deck,

Doth play on as pale and livid a crew

As ever yet drank the church-yard dew!

To Dead-man's Isle, in the eye of the blast,

To Dead-man's Isle she speeds her fast,

By skeleton shapes her sails are furl'd,

And the hand that steers is not of this world!

Oh! hurry thee on—oh! hurry thee on,

Thou terrible bark! ere the night be gone;

Nor let morning look on so foul a sight

As would blanch for ever her rosy light!

Note 36: (retour) Voilà les vers de Moore. Ils sont intitulés: "Written on passing Dead-man's island, in the Gulf of Saint Lawrence, late in the evening, September, 1804".

Ami, vois-tu là-bas, sous ce nuage sombre,

Cet étrange vaisseau qui s'avance dans l'ombre,

Et qu'un souffle inconnu fait bondir sur tes eaux?

D'un vent mystérieux ses voiles semblent pleines!

Et pourtant les zéphirs retiennent leurs baleines:

Dans un calme profond au loin dorment les flots.

Qu'a-t-il donc à son bord ce vaisseau des ténèbres?

Il porte du tombeau tous les signes funèbres;

Un silence de mort sur les ondes le suit.

Seul un glas triste et lent parfois s'y fait entendre,

Avec un battement des voiles que fait pendre

L'humide pesanteur des brumes de la nuit.

Au milieu des rochers de la stérile plage

Gisent des os blanchis, jetés par le naufrage,

Sous les brouillards épais du sombre Labrador.

La lune, en éclairant ces lieux impitoyables,

Découvre avec horreur ces restes lamentables,

Que les flots irrités se disputent encore.

C'est là que cette barque en sa course nocturne

Va cueillir en passant la troupe taciturne

Qui semble maintenant à son bord se mouvoir.

Une flamme bleuâtre à demi les éclaire,

Et jamais la rosée, au morne cimetière,

Ne tomba sur des fronts plus livides à voir.

C'est à l'Ile-des-Morts qu'un vent fatal les guide!

C'est-à-l'Ile-des-Morts que s'avance rapide

Cette ombre de vaisseau par des ombres conduit

Des squelettes sont là, déroulant à la brise

La sinistre voilure; une forme indécise

Debout veille à la poupe, et la barque obéit!

Fuis, Ô barque terrible! ô barque de mystère!

Fuyez pendant que l'ombre enveloppe la terre.

Fantômes de la nuit, rentrez vite au cercueil,

De peur qu'à votre aspect la jeune et tendre aurore

Ne dépouille son front de l'éclat qui le dore,

Et se cache à jamais sous un voile de deuil.

Quel contraste entre le Napoléon III et ce vaisseau fantôme que venait de faire surgir, à la vue du Corps Mort, la puissante imagination du poète. Son taille-mer fermement posé sur la vague, ses tuyaux, ses vergues et son pont inondés par les feux du soleil couchant, notre steamer venait de jeter en poupe l'île des Morts, et la proue tournée vers la Nouvelle-Écosse, il courait rapide vers Pictou, où nous allions oublier pour quelques jours ces âcres parfums de la mer que nous venions de humer, les paysages et les bonnes gens que nous venions de voir, pour respirer la poussière des villes et goûter aux fades douceurs de la civilisation.

FIN



TABLE DES MATIÈRES

I.—En descendant le fleuve.

II.—L'Expédition de l'amiral Walker.

III.—Au milieu du golfe.

IV.—L'Ile d'Anticosti.

V.—L'Archipel de la Madeleine.



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