← Retour

Les pornographes sacrés: La confession et les confesseurs: Appendice: Pieuses exhortations, par Monseigneur Claret; Mœchialogie, par le R. P. Debreyne; Compendium; et les Diaconales, par Monseigneur Bouvier

16px
100%

MŒCHIALOGIE

COURS DE LUXURE

TRAITÉ
DES PÉCHÉS CONTRE LES SIXIÈME ET NEUVIÈME COMMANDEMENTS DU DÉCALOGUE
ET

DE TOUTES LES QUESTIONS MATRIMONIALES
QUI S’Y RATTACHENT DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT

PAR
LE PÈRE DEBREYNE
Trappiste

(Ce livre est exclusivement destiné au clergé)

MŒCHIALOGIE[1]

[1] Ce mot vient du substantif latin mœchia qui veut dire : luxure, fornication, concubinage, et du substantif grec logos, qui veut dire : discours, science, traité. Mœchialogie signifie donc : Cours de luxure ou Science de la fornication.

COURS DE LUXURE

RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
SUR LE PÉCHÉ DE LUXURE EN GÉNÉRAL

On entend par luxure tout péché contraire à la chasteté : à la chasteté est opposée la luxure, qui est un appétit ou un usage désordonné des plaisirs vénériens ou, tout simplement, un appétit désordonné de la délectation vénérienne.

Tout péché de luxure ou de délectation charnelle est mortel de sa nature : il n’admet pas de légèreté de matière, du moins quand il est directement opposé à la chasteté… La raison elle-même sanctionne cette immuable vérité ; la délectation vénérienne n’a été accordée que pour la seule propagation du genre humain ; donc toute interversion de cette délectation est, de sa nature, un grave désordre et par conséquent un péché mortel.

Nous avons dit que le péché de luxure n’admet pas de légèreté en la matière. On sent assez que, sous ce rapport, il ne peut être question ici des péchés de luxure consommés. Nous ne parlons donc que de la délectation charnelle, libidineuse, qui suivant le langage des théologiens se fait sentir dans les parties vénériennes, et vient du mouvement des esprits qui servent à la génération. « C’est une opinion probable qu’il n’y a que péché véniel dans un baiser donné en vue de la délectation charnelle et sensible qui l’accompagne, exclus le danger d’un consentement ultérieur et de la pollution. »

La délectation organique est celle qui, disent les docteurs, a lieu sans aucun mouvement déréglé, qui, sans aucune commotion du sens génital, vient de la seule proportion de l’objet avec le sens ou de la conformité de l’objet vu ou touché avec l’organe de la vue ou du tact.

D’où il suit, comme dit Billuart[2], que celui-là ne pèche que véniellement, qui regarde une belle femme, ou touche sa main ou son visage en vue précisément de la délectation purement organique ou sensuelle. La délectation organique peut encore avoir lieu dans un baiser donné à un bel enfant…

[2] Le R.-P. Charles-René Billuart est un célèbre théologien et prédicateur, né en 1685, mort en 1757. Il était provincial de l’Ordre des Dominicains, c’est-à-dire le chef des dominicains de France.

… De la délectation sensuelle à la vénérienne, surtout dans le sens du tact ou de la vue, il n’y a qu’un pas, dit Billuart.

D’autres théologiens, entre autres saint Liguori, prétendent, avec quelque modification pourtant, qu’il n’y a pas légèreté de matière dans la délectation sensible ou naturelle, si, par exemple, on se délecte au contact d’une main de femme, comme à celui d’une chose douce, d’une rose, d’une étoffe de soie, ou autres choses semblables… La raison en est que les attouchements d’une jeune fille ou d’un jeune homme, en tant qu’ils délectent les sens, tendent naturellement à la pollution… parce que, à cause de la corruption de la nature, il est moralement impossible d’éprouver cette délectation naturelle, sans que la délectation charnelle et vénérienne soit ressentie, surtout par les personnes aptes à la copulation, et surtout si ces actes sont accompagnés de quelque affection et complaisance…

Chargement de la publicité...