← Retour
Livre d'amours, auquel est relatee la grant amour et façon par laquelle Pamphille peut jouir de Galathee et le moyen qu'en fist la maquerelle
16px
100%
[N]on michi rusticitas stultus mihi nec pudor obstat
Sermo sed admiror quo venit iste tuus.
Sermo sed admiror quo venit iste tuus.
Rusticité n'y a qui viengne
Ou follie pareillement
Qui aulcunement me retienne
De tout dire mon pensement
Mais je m'esbahy grandement
Qui te meult de venir icy
Parler de cest appointement
Dequoy tu me parles ainsi
Ou follie pareillement
Qui aulcunement me retienne
De tout dire mon pensement
Mais je m'esbahy grandement
Qui te meult de venir icy
Parler de cest appointement
Dequoy tu me parles ainsi
Huc miror si te casus transmisit an ille
Pamphilus querit premia sermo tuus.
Pamphilus querit premia sermo tuus.
A ce esté par cas de fortune
Ou se pamphille te y envoye
Le fais tu pour avoir pecune
Ou quoy/ bien je m'en doubteroye
Car jamais ouy je n'avoye
De pamphille parler ainsi
Parquoy fault que esbahie soye
Qui te fait parler de cecy
Ou se pamphille te y envoye
Le fais tu pour avoir pecune
Ou quoy/ bien je m'en doubteroye
Car jamais ouy je n'avoye
De pamphille parler ainsi
Parquoy fault que esbahie soye
Qui te fait parler de cecy
Comme la maquerelle se excuse et dit que elle n'y vient point pour gaing ne pour la decepvoir et dit
Semper iniquorum scelus impedit acta bonorum.
Penas sepe luit quas homo non meruit
Penas sepe luit quas homo non meruit
Tousjours le pechié des maulvais
Ainsi qu'on dit notoirement
Empesche des justes les faitz
Et des bons j'appercy comment
Tel aussi pleure tendrement
Souvent les peines et folies
De qui coulpable aulcunement
N'est et ne les a desservies
Ainsi qu'on dit notoirement
Empesche des justes les faitz
Et des bons j'appercy comment
Tel aussi pleure tendrement
Souvent les peines et folies
De qui coulpable aulcunement
N'est et ne les a desservies
Quamvis pauper ego non sic tua premia quero
Nam michi sufficiens est mea pauperies
Nam michi sufficiens est mea pauperies
Tu cuydes pour ma povreté
Que affin que de toy loyer aye
Je t'ay ce messaige apporté
Mais non fais je ne daigneroye
Combien que povre femme soye
Ainsi ne requier point ton bien
Ne requerir ne le vouldroie
Ma povreté me suffist bien
Que affin que de toy loyer aye
Je t'ay ce messaige apporté
Mais non fais je ne daigneroye
Combien que povre femme soye
Ainsi ne requier point ton bien
Ne requerir ne le vouldroie
Ma povreté me suffist bien
Primitus ut dixi mea mens conceperat istud.
Altera non novit conscius omnis habest.
Altera non novit conscius omnis habest.
Comme j'ay dit premierement
Ma pensee a cecy conceu
Et pour certain ce mouvement
D'aultre que moy ne fut onc sceu
Homme ne s'en est apperceu
Croy moy c'est chose veritable
J'en suis seule a par moy coulpable
Et croy que dieu me ait advertie
De ce cas qui est honnorable
Et qui peult estre pouvitable
A l'une et a l'aultre partie
Ma pensee a cecy conceu
Et pour certain ce mouvement
D'aultre que moy ne fut onc sceu
Homme ne s'en est apperceu
Croy moy c'est chose veritable
J'en suis seule a par moy coulpable
Et croy que dieu me ait advertie
De ce cas qui est honnorable
Et qui peult estre pouvitable
A l'une et a l'aultre partie
Hoc satis esse potest si vos simul esse velitis
Hoc et uterque potest absque pudore pati
Hoc et uterque potest absque pudore pati
Cela suffiroit ce me semble
S'en quelque lieu secretement
Vous deux vouliez estre ensemble
En tout honneur non aultrement
Et si le peult facillement
Souffrir ung chascun de vous deux
Sans estre de ce fait honteux
Car en ce n'y a point de honte
Et me semble que pour le mieulx
Faire devés de cueur joyeulx
En ce point ce que je le vous conte
S'en quelque lieu secretement
Vous deux vouliez estre ensemble
En tout honneur non aultrement
Et si le peult facillement
Souffrir ung chascun de vous deux
Sans estre de ce fait honteux
Car en ce n'y a point de honte
Et me semble que pour le mieulx
Faire devés de cueur joyeulx
En ce point ce que je le vous conte
Nobilis ille quidem nec nobilis es minus ipsa
Est utriusque satis nota propago michi
Est utriusque satis nota propago michi
Quant est de meurs et de couraige
Noble est et toy pareillement
Je congnois assés le lignaige
De tous deux d'anciennement
Tous avés vescu noblement
Et vivre pourrés en liesse
En augmentant vostre noblesse
L'ung par l'aultre en amour certaine
Croy mon conseil point ne le laisse
Galathee toute richesse
Te viendra et en seras plaine
Noble est et toy pareillement
Je congnois assés le lignaige
De tous deux d'anciennement
Tous avés vescu noblement
Et vivre pourrés en liesse
En augmentant vostre noblesse
L'ung par l'aultre en amour certaine
Croy mon conseil point ne le laisse
Galathee toute richesse
Te viendra et en seras plaine
Pulchrior hic sociis sociabus pulchrior ipsa es.
Cum specie species convenit atque placet.
Cum specie species convenit atque placet.
Combien qu'il soit de biaulx mignons
Et gorgias en ceste ville
Si est entre ses compaignons
Pour le plus beau tenu pamphille.
Pour pucelle aussi belle fille
Entre toutes aultres pucelles
Par haulte beaulté tu precelles
Et pourtant chose convenable
Est voir beaultés jointes entre elles
Et les beaulx avecques les belles
Car c'est une chose plaisante
Et gorgias en ceste ville
Si est entre ses compaignons
Pour le plus beau tenu pamphille.
Pour pucelle aussi belle fille
Entre toutes aultres pucelles
Par haulte beaulté tu precelles
Et pourtant chose convenable
Est voir beaultés jointes entre elles
Et les beaulx avecques les belles
Car c'est une chose plaisante
Hoc utriusque probat par copia/ par que juventa
Fama que si fieret/ ipsa probaret idem.
Fama que si fieret/ ipsa probaret idem.
Vous estes pareilz et semblables
En richesse et en enfance
De parens aussi honnorables
Pareilz et de noble naissance
Cecy appreuve l'abondance
De tous deux et aussi feroit
Renommee quant elle sçauroit
Le cas tel que je le pourchasse
Et bien maulvais celluy seroit
Qui par sa malice diroit
Qu'il n'est pas bon que ainsi se face
En richesse et en enfance
De parens aussi honnorables
Pareilz et de noble naissance
Cecy appreuve l'abondance
De tous deux et aussi feroit
Renommee quant elle sçauroit
Le cas tel que je le pourchasse
Et bien maulvais celluy seroit
Qui par sa malice diroit
Qu'il n'est pas bon que ainsi se face
Quando pares estis sociari jure potestis.
Defficit in vobis nil nisi solus amor
Defficit in vobis nil nisi solus amor
Puis doncques que pareilz vous estes
Vous vous pouez acompaignier
Par raison en amours honnestes
Et par ung accord besongnier
Il n'y aura point de dangier
Il ne reste que amour parfait
Entre vous que ce ne soit fait
Pourtant belle doulce et honneste
Considere ung petit ce fait
Car bien te viendra en effect
Se fais ce dont je te amonneste
Vous vous pouez acompaignier
Par raison en amours honnestes
Et par ung accord besongnier
Il n'y aura point de dangier
Il ne reste que amour parfait
Entre vous que ce ne soit fait
Pourtant belle doulce et honneste
Considere ung petit ce fait
Car bien te viendra en effect
Se fais ce dont je te amonneste
Comme galathee se excuse et dit que ce est a ses parens a qui on doit parler premierement que a elle
Quod michi nunc dicis dici deberet amicis
Assensa quorum conjugis opto thorum
Assensa quorum conjugis opto thorum
A moy dresser ne se convient
De me raporter tel langaige
Mais aler faire le messaige
A mes amys il apartient
S'aulcun pour me demander vient
Voise aux amis de mon lignaige
A moy dresser ne se convient
De me reporter tel languaige
Se leur consentement advient
Que mise je soye a mesnage
Ainsi le lit de mariage
Desire vela ou tout tient
A moy dresser ne se convient
De me raporter tel langaige
Mais aler faire le messaige
A mes amys il apartient
S'aulcun pour me demander vient
Voise aux amis de mon lignaige
A moy dresser ne se convient
De me reporter tel languaige
Se leur consentement advient
Que mise je soye a mesnage
Ainsi le lit de mariage
Desire vela ou tout tient
A moy dresser ne se convient
Hos prius aloquere vel tu vel pamphilus ille
Va se tu veulx
Parler a eulx
Touchant ce cas
Tu ne peulz mieulx
Ou l'amoureux
Sans advocas
La tu sçairas
Ce que feras
Tu ou pamphille ou vous tous deux
Quant a ce les convertiras
A leur plaisir tu trouveras
La chose plus belle en tous lieux
Parler a eulx
Touchant ce cas
Tu ne peulz mieulx
Ou l'amoureux
Sans advocas
La tu sçairas
Ce que feras
Tu ou pamphille ou vous tous deux
Quant a ce les convertiras
A leur plaisir tu trouveras
La chose plus belle en tous lieux
Res erit ad libitum pulchrior ipsa suum
A leur plaisir plus honnorable
Sera la chose et agreable
Que s'elle estoit faicte par moy
Sans me monstrer si accordable
Et a aimer homme traictable
Par l'amonition de toy
Car je ne doy
Promettre foy
Ne me acorder
Sans demander
Congié a ceulx a qui je voy
Qui sus moy peuent commander
Mes amis me doivent garder
Et a mon honneur regarder
Selon la naturelle loy
Sera la chose et agreable
Que s'elle estoit faicte par moy
Sans me monstrer si accordable
Et a aimer homme traictable
Par l'amonition de toy
Car je ne doy
Promettre foy
Ne me acorder
Sans demander
Congié a ceulx a qui je voy
Qui sus moy peuent commander
Mes amis me doivent garder
Et a mon honneur regarder
Selon la naturelle loy
La responce que la vieille fait a galathee quant elle se excuse sus ses parens.
[C]onvenit ut tua sit concessu teda parentum
Si tuus interea mulceret ignis ei
Si tuus interea mulceret ignis ei
Gallathee pucelle delectable
Honnourable
Responce tu ne me rens
Disant ainsi que sans tes bons parens
Vraiz conducteurs et amis apparens
De ton voulloir a nul ne es mariable
Mais sans fable
C'est chose veritable
Quelques parens que tu diez avoir
Convenable est et facille a sçavoir
Qu'il esconvient que ta torche et lumiere
En fait d'amours procede la premiere
Pour acquerir de eulx le consentement
Par quoy tu peulz monstrer aucunement
Pamphille de bien aymer couraige
En attendant cestuy appointement
A celle fin au moins que seullement
Signe d'amour son ardeur assouaige
Honnourable
Responce tu ne me rens
Disant ainsi que sans tes bons parens
Vraiz conducteurs et amis apparens
De ton voulloir a nul ne es mariable
Mais sans fable
C'est chose veritable
Quelques parens que tu diez avoir
Convenable est et facille a sçavoir
Qu'il esconvient que ta torche et lumiere
En fait d'amours procede la premiere
Pour acquerir de eulx le consentement
Par quoy tu peulz monstrer aucunement
Pamphille de bien aymer couraige
En attendant cestuy appointement
A celle fin au moins que seullement
Signe d'amour son ardeur assouaige
Excercet corda juvenum venus ingeniosa
Qnisque per hoc studium colligit ingenium
Qnisque per hoc studium colligit ingenium
Venus dame de hault paraige
Sus toutes deesses tressaige
La fleur de beaulté et l'eslite
Ingenieuse en tout ouvraige
En enseignant d'amours l'usaige
Les cueurs des jeunes excercite
Et a bien aimer les incite
Tant que chascun s'il n'est trop rude
Recueillir peut en son estude
Engin et esperit pour conduyre
Ses amours qui si veult reduyre
Et pourtant plaisante pucelle
Cecy je te suys venu dire
Car saiches que venus desire
Que tu te gouvernes par elle
Sus toutes deesses tressaige
La fleur de beaulté et l'eslite
Ingenieuse en tout ouvraige
En enseignant d'amours l'usaige
Les cueurs des jeunes excercite
Et a bien aimer les incite
Tant que chascun s'il n'est trop rude
Recueillir peut en son estude
Engin et esperit pour conduyre
Ses amours qui si veult reduyre
Et pourtant plaisante pucelle
Cecy je te suys venu dire
Car saiches que venus desire
Que tu te gouvernes par elle
Incitat hec animos dat largis odit avaros.
Letitiam sequitur tristitiam que fugit
Letitiam sequitur tristitiam que fugit
Venus incite les couraiges
Des amans qui sont gratieux
De ses biens elle donne aux larges
Et tolz aux avaricieux
Elle suyt liesse en tous lieux
Et fait son repos de liesse
Au contraire elle fait tristesse
Car ung amoureux gent et miste
S'il ensuyt venus la deesse
En tout lieu et en toute adresse
Jamais ne sçauroit estre triste.
Des amans qui sont gratieux
De ses biens elle donne aux larges
Et tolz aux avaricieux
Elle suyt liesse en tous lieux
Et fait son repos de liesse
Au contraire elle fait tristesse
Car ung amoureux gent et miste
S'il ensuyt venus la deesse
En tout lieu et en toute adresse
Jamais ne sçauroit estre triste.
Narraret nullus quantum valet veneris usus.
Hinc nisi pueris rustica semper eris.
Hinc nisi pueris rustica semper eris.
A homme seroit impossible
Tant eust l'esprit intelligible
De dire les biens qui venus/
Sont de la deesse venus
Haulte princesse inconfusible
Sens humain n'est point susceptible
Combien eslevé qu'il puisse estre
De tout son usaige congnoistre
Qui tant est merveilleux et hault
Ne de narrer combien il vault
Car c'est liesse souveraine
Paradis de nature humaine
Et se tu ne viens gallathee
A ceste plaisance haultaine
Tu en demeureras villaine
A tousjours et fille gastee.
Tant eust l'esprit intelligible
De dire les biens qui venus/
Sont de la deesse venus
Haulte princesse inconfusible
Sens humain n'est point susceptible
Combien eslevé qu'il puisse estre
De tout son usaige congnoistre
Qui tant est merveilleux et hault
Ne de narrer combien il vault
Car c'est liesse souveraine
Paradis de nature humaine
Et se tu ne viens gallathee
A ceste plaisance haultaine
Tu en demeureras villaine
A tousjours et fille gastee.
Responce de gallathee a l'incitation precedente.
[P]er veneris morem virgo cito perdit honorem
Igneus ille furor nescit habere modum
Igneus ille furor nescit habere modum
Par la coustume decevable
De venus princesse mortelle
Pert son honneur une pucelle
En haste c'est chose prouvable
Port d'ennuy voye diffamable
Souvent treuve une jouvencelle
Par la coustume decevable
De venus princesse mortelle
De venus princesse mortelle
Pert son honneur une pucelle
En haste c'est chose prouvable
Port d'ennuy voye diffamable
Souvent treuve une jouvencelle
Par la coustume decevable
De venus princesse mortelle
Son feu ingent non reffrenable
Qui tousjours art et estincelle
Ne sçait tenir quelque querelle
Ne mesure qui soit louable
Par la coustume decevable
De venus princesse mortelle
De plaisant attrait est son hable
Mais la demeure n'est pas telle
Car depuis que l'en est en elle
C'est une douleur importable
Une maladie incurable
Une attraction par laquelle
Pert son honneur une pucelle
En haste c'est chose prouvable
Qui tousjours art et estincelle
Ne sçait tenir quelque querelle
Ne mesure qui soit louable
Par la coustume decevable
De venus princesse mortelle
De plaisant attrait est son hable
Mais la demeure n'est pas telle
Car depuis que l'en est en elle
C'est une douleur importable
Une maladie incurable
Une attraction par laquelle
Pert son honneur une pucelle
En haste c'est chose prouvable
Non leve vulnus habent vuiolenta cupidis arma
Hiis male subduci queque puella timet
Hiis male subduci queque puella timet
Les fortes armes d'avarice
N'engendrent point playe legiere
Chascune pucelle novice
Craint a tomber soubz leur banniere
A y entrer a bien maniere
Car quant une pucelle y est
Elle ne s'en tire pas arierre
A toutes les fois qu'il luy plaist
Je considere assez que c'est
De tout ce que tu me as promis
Et qu'en la fin souvent desplaist
D'avoir onc acquiz telz amis
N'engendrent point playe legiere
Chascune pucelle novice
Craint a tomber soubz leur banniere
A y entrer a bien maniere
Car quant une pucelle y est
Elle ne s'en tire pas arierre
A toutes les fois qu'il luy plaist
Je considere assez que c'est
De tout ce que tu me as promis
Et qu'en la fin souvent desplaist
D'avoir onc acquiz telz amis
Sepius immeritas incusat fama puellas
Omnia nec cessat carpere livor edax
Omnia nec cessat carpere livor edax
Par les communes renommees
Tu congnois que c'est verité
Jeunes pucelles sont blasmees
Sans l'avoir en rien merité
Envieuse locacité
Baveresse tousjours se aproche
Pour donner a autruy reproche
Et prent par tout d'amont d'aval
Toutes choses soit bien soit mal
Sans avoir cesse de tout prendre
Plus viste court que le cheval
Renommee en especial
Quant elle treuve que reprendre
Tu congnois que c'est verité
Jeunes pucelles sont blasmees
Sans l'avoir en rien merité
Envieuse locacité
Baveresse tousjours se aproche
Pour donner a autruy reproche
Et prent par tout d'amont d'aval
Toutes choses soit bien soit mal
Sans avoir cesse de tout prendre
Plus viste court que le cheval
Renommee en especial
Quant elle treuve que reprendre
Quod petis admiterem fame nisi barba timerem
Que magis in tali/ crimine lumen habent
Que magis in tali/ crimine lumen habent
Se la commune renommee
Qui legier court je ne doubtoie
Et par elle estre diffamee
A ton plaisir me accorderoie
Ce que demandes octroiroie
Mais tu sçaiz que commune fame
A plus de regart a tel blasme
Pour en rapporter choses folles
Se ne fust cella sus mon ame
A toy je me accordasse d'ame
Mais je n'ose pour ses parolles
Qui legier court je ne doubtoie
Et par elle estre diffamee
A ton plaisir me accorderoie
Ce que demandes octroiroie
Mais tu sçaiz que commune fame
A plus de regart a tel blasme
Pour en rapporter choses folles
Se ne fust cella sus mon ame
A toy je me accordasse d'ame
Mais je n'ose pour ses parolles
Comme la vieille respont a ce que gallathee se excusoit sus la commune renommee et sentit alors la vieille qu'elle estoit vaincue
Rebus in hiis major minus est infamia vero.
Sed prestat verum rumor et ipse cadet.
Sed prestat verum rumor et ipse cadet.
O belle qu'esse que tu dis
Je m'esbahyz que dire l'oses
As tu doubte des communs dictz
Qui sont si tres petites choses
Tu me diz icy et exposes
Que par sus autres choses toutes
Renommee commune doubtes
Dont pourroit venir infamie
Considere ma doulce amie
Que c'est tout que la verité
Il est vray que communité
Pour peu de chose son bruyt leve
Mais ce n'est que simplicité
D'y penser et fatuité
Car tel rumeur chiet et est brefve.
Je m'esbahyz que dire l'oses
As tu doubte des communs dictz
Qui sont si tres petites choses
Tu me diz icy et exposes
Que par sus autres choses toutes
Renommee commune doubtes
Dont pourroit venir infamie
Considere ma doulce amie
Que c'est tout que la verité
Il est vray que communité
Pour peu de chose son bruyt leve
Mais ce n'est que simplicité
D'y penser et fatuité
Car tel rumeur chiet et est brefve.
Murmura rumoris curas que levabo timoris
Vos vestros que rocos calliditate tegam
Vos vestros que rocos calliditate tegam
Pour cella ne dois faire fainte
Car de la rumeur les murmures
Leveray et toutes les cures
Desquelles tu dis avoir crainte
Tu voys que je sçay chose mainte
Ne te chaille je leveray
Bon nom de vous et couvriray
Vous et voz jeux par façon telle
De cautelle que je feray
Que jamais n'en sera nouvelle
Car de la rumeur les murmures
Leveray et toutes les cures
Desquelles tu dis avoir crainte
Tu voys que je sçay chose mainte
Ne te chaille je leveray
Bon nom de vous et couvriray
Vous et voz jeux par façon telle
De cautelle que je feray
Que jamais n'en sera nouvelle
Nam veneris mores cognoscimus secundus artes.
Et sic tuta modo res erit ingenio
Et sic tuta modo res erit ingenio
Tu ne te dois point abuser
A faire ces vaines doubtances
Car je congnois pour excuser
Faiz d'amours et jeunes enfances
Tu sçaiz que j'ay les congnoissances
Et si ont celles de mon aage
De venus sçavoir son usaige
Ses ars meurs et conditions
Pourtant oste suspections
Et te confie seullement
En nostre engin croy fermement
Que ce sera chose cellee
Et gouvernee saigement
Sans pouoir estre revellee.
A faire ces vaines doubtances
Car je congnois pour excuser
Faiz d'amours et jeunes enfances
Tu sçaiz que j'ay les congnoissances
Et si ont celles de mon aage
De venus sçavoir son usaige
Ses ars meurs et conditions
Pourtant oste suspections
Et te confie seullement
En nostre engin croy fermement
Que ce sera chose cellee
Et gouvernee saigement
Sans pouoir estre revellee.
Illum cum videam michi consule quid sibi dicam
Quod michi tu dices tutus ipsa loquaris
Quod michi tu dices tutus ipsa loquaris
Conseille moy ce que tu veulx
Que je dye a ton amoureux
Pamphille mais que je le voye
Et s'il y a entre vous deux
Aucune amour/ car tu luy peuz
Donner ou desconfort ou joye
Mais que ton oppinion aye
Plus seurement je parleray
De ce pour quoy je suis envoye
Pour tant dy moy que je diray
Que je dye a ton amoureux
Pamphille mais que je le voye
Et s'il y a entre vous deux
Aucune amour/ car tu luy peuz
Donner ou desconfort ou joye
Mais que ton oppinion aye
Plus seurement je parleray
De ce pour quoy je suis envoye
Pour tant dy moy que je diray
Comme gallathee dit a la vieille que tant l'a temptee qu'elle fait doubte de luy reveller son couraige et dire comme elle est prinse de l'amour de pamphille
[H]esito velle nostrum tibi secretum que fateri
Nam dolus insidias tendit ubique suas
Nam dolus insidias tendit ubique suas
Beaucoup doubte a te confesser
Mon voulloir et secret aussi
Car le mal je doy prepenser
Qui pourroit venir de cecy
De ce que avon parlé icy
Doubte dire ma voulenté
Car trayson et faulseté
Vont en tous lieux leur fillez tendre
Et ne sçay a la verité
Se tu le faiz pour me surprendre
A tout comprendre
Et bien l'entendre
Je suys doubteuse
Et puys honteuse
De raison rendre
Mon voulloir et secret aussi
Car le mal je doy prepenser
Qui pourroit venir de cecy
De ce que avon parlé icy
Doubte dire ma voulenté
Car trayson et faulseté
Vont en tous lieux leur fillez tendre
Et ne sçay a la verité
Se tu le faiz pour me surprendre
A tout comprendre
Et bien l'entendre
Je suys doubteuse
Et puys honteuse
De raison rendre
Sed tamen experiar que sit tua lingua fides que
Et qua parte tuum me trahat ingenium
Et qua parte tuum me trahat ingenium
Mais touteffois je experimenteray
Et prouveray
Quelle sera ta foy
Pareillement ta langue tempteray
Et essayeray
Se au vray je trouveray
Ce que je auray
Ouy dire par toy
Pas je ne voy
Que veulx faire de moy
Mais je essayeray ce que tu en veulx faire
Et quelle part ton engin me veult traire
Et prouveray
Quelle sera ta foy
Pareillement ta langue tempteray
Et essayeray
Se au vray je trouveray
Ce que je auray
Ouy dire par toy
Pas je ne voy
Que veulx faire de moy
Mais je essayeray ce que tu en veulx faire
Et quelle part ton engin me veult traire
Pamphilus illineum pellitur nuper amorem
Nos simul et vera junxit amicicia
Nos simul et vera junxit amicicia
Veu ce que tu m'as recité
De pamphille il est verité
Qu'il desire parfaictement
Mon amour et affinité
Et sans grande difficulté
Je le croy aussi fermement
Par ton gratieux parlement
Qui disoit des biens largement
Lesquelz sont en luy ce me semble
Vraye amitié soudainement
Pour te le dire clerement
Nous a desja conjoings ensemble
Vela le point
Qui nous conjoinct
En ung cueur deux
Je n'en mens point
Se l'en nous joinct
C'est pour le mieulx
Jeunes et vieulx
Vrais amoureux
Dieu grace parfaicte nous doint
De bien vivre ensemble en tous lieux
Sans que par ses faulx envieux
Nostre assemblement soit desjoinct
De pamphille il est verité
Qu'il desire parfaictement
Mon amour et affinité
Et sans grande difficulté
Je le croy aussi fermement
Par ton gratieux parlement
Qui disoit des biens largement
Lesquelz sont en luy ce me semble
Vraye amitié soudainement
Pour te le dire clerement
Nous a desja conjoings ensemble
Vela le point
Qui nous conjoinct
En ung cueur deux
Je n'en mens point
Se l'en nous joinct
C'est pour le mieulx
Jeunes et vieulx
Vrais amoureux
Dieu grace parfaicte nous doint
De bien vivre ensemble en tous lieux
Sans que par ses faulx envieux
Nostre assemblement soit desjoinct
Sed nimis hoc cella soli sibi posco revela
Non tamen incipies hac ratione sequi
Non tamen incipies hac ratione sequi
Je te desclare mon couraige
Et ne sçay se je faiz que saige
Mon honneur a toy habandonne
Mais je te requier que a personne
Tu n'en faces quelque langaige
Tant seullement au personnaige
Lequel j'ayme tant que c'est raige
De cecy congnoissance donne
Je te desclare mon couraige
Et ne sçay se je fais que saige
Mon honneur a toy habandonne
Touteffois pour bien le messaige
Luy faire de premier passaige
Pas a luy ne t'en arraisonne
Mais quelque raison ordonne
Qui lui soit ung petit sauvaige
Je te desclare mon couraige
Et ne sçay se je fais que saige
Mon honneur a toy habandonne
Mais je te requier que a personne
Tu n'en faces quelque langaige
Et ne sçay se je faiz que saige
Mon honneur a toy habandonne
Mais je te requier que a personne
Tu n'en faces quelque langaige
Tant seullement au personnaige
Lequel j'ayme tant que c'est raige
De cecy congnoissance donne
Je te desclare mon couraige
Et ne sçay se je fais que saige
Mon honneur a toy habandonne
Touteffois pour bien le messaige
Luy faire de premier passaige
Pas a luy ne t'en arraisonne
Mais quelque raison ordonne
Qui lui soit ung petit sauvaige
Je te desclare mon couraige
Et ne sçay se je fais que saige
Mon honneur a toy habandonne
Mais je te requier que a personne
Tu n'en faces quelque langaige
Illum sepe prius multo mellumine tempta.
Quod dixi decet forsitan ipse tibi
Quod dixi decet forsitan ipse tibi
Ne luy dy pas du premier sault
Ma responce subtillement
Souventeffois tempter le fault
Premier par grant efforcement
Pour congnoistre et sçavoir comment
Il me ayme de bonne nature
Car iceluy par adventure
Ainsi que je t'ay dit dira
Et que de moy il n'aura cure
Nonobstant ce que je suis seure
Que s'il le dit il mentira
Ma responce subtillement
Souventeffois tempter le fault
Premier par grant efforcement
Pour congnoistre et sçavoir comment
Il me ayme de bonne nature
Car iceluy par adventure
Ainsi que je t'ay dit dira
Et que de moy il n'aura cure
Nonobstant ce que je suis seure
Que s'il le dit il mentira
Hinc modo discede fac et prior omnia caute.
Et tibi que dicet cra michi cuncta refer
Et tibi que dicet cra michi cuncta refer
Or te depars d'icy m'amie
Et toutes choses que feras
Fay les caultement je t'en prie
Du tout en toy je me confie
Besongne au mieulx que tu pourras
Demain icy retourneras
Et au vray me raporteras
Toutes choses qu'il te dira
Par ce que m'en reciteras
Pourveu que point ne mentiras
Je sçauray bien si me aymera.
Et toutes choses que feras
Fay les caultement je t'en prie
Du tout en toy je me confie
Besongne au mieulx que tu pourras
Demain icy retourneras
Et au vray me raporteras
Toutes choses qu'il te dira
Par ce que m'en reciteras
Pourveu que point ne mentiras
Je sçauray bien si me aymera.
Comme la vieille s'en retourne vers pamphille et de commencement fait qu'elle ne a rien fait
[M]ultotiens homines frustrantur spes que labor que
Non res ut volumus pamphile nostra venit.
Non res ut volumus pamphile nostra venit.
Pamphille vers toy je revien
Bien desconfite et esperdue
A brief parler je n'ay fait rien
De quoy il te vienne aulcun bien
Nous n'avons que peine perdue
Nostre chose n'est point venue
En ce point comme j'esperoye
Galathee est trop resolue
Pour estre d'amours abatue
Convaincre je ne la sçauroye
Bien abatre je la cuydoye
Par dire choses a plaisance
A grant fiance grant faillance
Moult souvent sont frustrés les hommes
De leur labeur et esperance
En la maniere que nous sommes
Bien desconfite et esperdue
A brief parler je n'ay fait rien
De quoy il te vienne aulcun bien
Nous n'avons que peine perdue
Nostre chose n'est point venue
En ce point comme j'esperoye
Galathee est trop resolue
Pour estre d'amours abatue
Convaincre je ne la sçauroye
Bien abatre je la cuydoye
Par dire choses a plaisance
A grant fiance grant faillance
Moult souvent sont frustrés les hommes
De leur labeur et esperance
En la maniere que nous sommes
Tardius ad vestrum nimis advocor ipsa juvamen.
Nam prodesse nequit ars que labor que meus.
Nam prodesse nequit ars que labor que meus.
Je suis appellee trop tart
A vous donner ayde et secours
Prouffiter ne peult de ma part
A vous mon labeur ne mon art
Ma cautelle et mes subtilz tours
Car de ne aymer point par amours
Galathee est determinee
Soit en la ville ou aux faubours
La chose va tout au rebours
Qu'on ne l'avoit ymaginee
A vous donner ayde et secours
Prouffiter ne peult de ma part
A vous mon labeur ne mon art
Ma cautelle et mes subtilz tours
Car de ne aymer point par amours
Galathee est determinee
Soit en la ville ou aux faubours
La chose va tout au rebours
Qu'on ne l'avoit ymaginee
Res ut testatur galathee theda paratur
Miror enim cultus/ quos parat illa domi.
Miror enim cultus/ quos parat illa domi.
Ainsi que la chose tesmoigne
Galathee a son mariage
Apresté j'ay veu la besoingne
C'est grant cas comme elle besoingne
Et de ce qu'el fait au mesnage
C'est ung estat de hault parage
De ce que a l'hostel appareille
Et du train come elle mesnage
Tant et si tresbien que c'est rage
En effet je m'en esmerveille
Se les biens sont grans a merveille
La maison riche et honnorable
C'est une chose non pareille
Du train qu'elle y tient admirable
Galathee a son mariage
Apresté j'ay veu la besoingne
C'est grant cas comme elle besoingne
Et de ce qu'el fait au mesnage
C'est ung estat de hault parage
De ce que a l'hostel appareille
Et du train come elle mesnage
Tant et si tresbien que c'est rage
En effet je m'en esmerveille
Se les biens sont grans a merveille
La maison riche et honnorable
C'est une chose non pareille
Du train qu'elle y tient admirable
Sunt centum cause quibus est suspicor esse
Sed suus istam tamen celat uterque parens
Sed suus istam tamen celat uterque parens
De marier elle est prochaine
Il y a cent causes pourquoy
Je men doubte chose certaine
Veu le train que a l'hostel on maine
Elle en est preste par ma foy
C'est pour ung aultre que pour toy
Combien que les parens d'icelle
L'ung et l'autre lesquelz veuz ay
Ne m'en ont dit je ne sçay quoy
Mais je suis seure qu'on le celle
Et bref la chose sera telle
Et de bien brief je le sçay bien
Car en parlant avec la belle
Je l'ay assés entendu d'elle
Mais ses parens n'en disent rien
Il y a cent causes pourquoy
Je men doubte chose certaine
Veu le train que a l'hostel on maine
Elle en est preste par ma foy
C'est pour ung aultre que pour toy
Combien que les parens d'icelle
L'ung et l'autre lesquelz veuz ay
Ne m'en ont dit je ne sçay quoy
Mais je suis seure qu'on le celle
Et bref la chose sera telle
Et de bien brief je le sçay bien
Car en parlant avec la belle
Je l'ay assés entendu d'elle
Mais ses parens n'en disent rien
Hec tibi que dico/ sapientius accipe posco
Mitte quod esse nequit quere quod esse potest
Mitte quod esse nequit quere quod esse potest
Ce que present je te raporte
Pren a gré sapientement
Puis que le cas va en tel sorte
Voyse a dieu ne t'en desconforte
En rien/ passé l'ay doulcement
Je te requier tres humblement
Laisse cela qui ne peul estre
Demande cela seulement
Avoir en ton gouvernement
De quoy tu peulx estre le maistre
Et te garde de te enttremettre
De cella ou tu ne peulz rien
Ton honneur n'y sçauroit acroistre
Et si peulz sçavoir et congnoistre
Qu'il ne t'en sçauroit venir bien
Pren a gré sapientement
Puis que le cas va en tel sorte
Voyse a dieu ne t'en desconforte
En rien/ passé l'ay doulcement
Je te requier tres humblement
Laisse cela qui ne peul estre
Demande cela seulement
Avoir en ton gouvernement
De quoy tu peulx estre le maistre
Et te garde de te enttremettre
De cella ou tu ne peulz rien
Ton honneur n'y sçauroit acroistre
Et si peulz sçavoir et congnoistre
Qu'il ne t'en sçauroit venir bien
Comme pamphille commence a se tourmenter apres ce qu'il a ouy le raport de la faulse vieille qui au loing de sa pensee parloit et le fais soit affin de luy mettre plus fort le feu en la teste qu'il ne avoit.
Heu michi quo fugiunt vires et corporis usus.
Mens mea non servit nec mea lingua michi.
Mens mea non servit nec mea lingua michi.
Helas helas voicy piteux rapors
Ou s'en fuyent les forces de mon corps
Et l'usaige ilz en sont jectez hors
Ma pensee plus ne sert de rien
Ne ma langue qui n'a plus de soustien
Car tous les espriz de mon corps sont tous mors
Ou s'en fuyent les forces de mon corps
Et l'usaige ilz en sont jectez hors
Ma pensee plus ne sert de rien
Ne ma langue qui n'a plus de soustien
Car tous les espriz de mon corps sont tous mors
Heu miser in nostris est nulla potentia membris.
Horum quodque suum denegat officium
Horum quodque suum denegat officium
O miserable que je suys
Que seray je quant je ne puys
Prendre avec celle ma plaisance
Pour qui je seuffre tant d'ennuys
Tous les jours et toutes les nuyz
Et n'en puys avoir allegence
Or sont tous mes membres destruiz
Et de leurs office seduyz
Chascun deneye sa puissance
Il ne reste pour tous les fruyz
De mon labeur que mort a l'huys
Qui me donne le coup de lance
Que seray je quant je ne puys
Prendre avec celle ma plaisance
Pour qui je seuffre tant d'ennuys
Tous les jours et toutes les nuyz
Et n'en puys avoir allegence
Or sont tous mes membres destruiz
Et de leurs office seduyz
Chascun deneye sa puissance
Il ne reste pour tous les fruyz
De mon labeur que mort a l'huys
Qui me donne le coup de lance
Spes mea me lesit per spem Venus ossibus hesit.
Spes procul abscessit nec tamen ignis abest.
Spes procul abscessit nec tamen ignis abest.
Mon esperance m'a blessé
Venus a hers par esperance
A mes os par ainsi blessé
Ma esperance delaissé
Et est allé mener la dance
Au loing de moy/ nonobstant ce
Le feu dont venus m'a bruslé
Et fait vivre en son asserance
Dure tousjours en abrasance
Et n'est point de moy recullé
Venus a hers par esperance
A mes os par ainsi blessé
Ma esperance delaissé
Et est allé mener la dance
Au loing de moy/ nonobstant ce
Le feu dont venus m'a bruslé
Et fait vivre en son asserance
Dure tousjours en abrasance
Et n'est point de moy recullé
Nulla per te suos mea cernunt carbasa portus
Nec sentire potest anchora nostra solum
Nec sentire potest anchora nostra solum
Les voilles de mon corps/ regart
Ne ont point aucun pour aviser port
L'ancre ne sçait en quelle part
Sentir terre pour avoir port
Mon cueur vague cent foys plus fort
Que nef en mer sans gouvernail
En lieu de repoz j'ay travail
En lieu d'espoir j'ay diffidence
En lieu de seurté pestillence
En lieu de plaisir desconfort
En lieu de paix impatience
En lieu de soustien decadence
Il ne reste plus que la mort
Ne ont point aucun pour aviser port
L'ancre ne sçait en quelle part
Sentir terre pour avoir port
Mon cueur vague cent foys plus fort
Que nef en mer sans gouvernail
En lieu de repoz j'ay travail
En lieu d'espoir j'ay diffidence
En lieu de seurté pestillence
En lieu de plaisir desconfort
En lieu de paix impatience
En lieu de soustien decadence
Il ne reste plus que la mort
Nescit nostra suam quo querat cura salutem
Fert galathea mei sola doloris opem.
Fert galathea mei sola doloris opem.
Nostre curiosité
Pour sa grant necessité
Ne sçait ou salut querir
Mais galathee guarir
Peult nostre debilité
Seule par auctorité
Galathee en dignité
Peult donner allegement
A la douleur et tourment
Dont je suis debilité
Pour sa grant necessité
Ne sçait ou salut querir
Mais galathee guarir
Peult nostre debilité
Seule par auctorité
Galathee en dignité
Peult donner allegement
A la douleur et tourment
Dont je suis debilité
Causa mee mortis hec est et cura salutis
Qua si non ponar tunc placet ut moriar
Qua si non ponar tunc placet ut moriar
Cause de ma mort
Est se reconfort
Ne me veult donner
Sans elle regner
Ne puis: je suis mort
Mort au cueur me mort
Galathee a tort
Me fait demener
Cause de ma mort
Est se reconfort
Ne me veult donner
S'elle fust d'acort
De m'aimer au fort
Sans mot en sonner
Bien: mais se obstiner
De me mettre a bort
Cause de ma mort
Est se reconfort
Ne me veult donner
Sans elle regner
Ne puis: je suis mort
Est se reconfort
Ne me veult donner
Sans elle regner
Ne puis: je suis mort
Mort au cueur me mort
Galathee a tort
Me fait demener
Cause de ma mort
Est se reconfort
Ne me veult donner
S'elle fust d'acort
De m'aimer au fort
Sans mot en sonner
Bien: mais se obstiner
De me mettre a bort
Cause de ma mort
Est se reconfort
Ne me veult donner
Sans elle regner
Ne puis: je suis mort
Comme la vieille voiant que pamphille se tourmentoit de ce que elle luy avoit raporté pour l'embraser plus fort le parsuade subtilement et dit.
Stulte quid insanis cur te dolor urget inanis.
Acquirit gemitus premia nulla tuus.
Acquirit gemitus premia nulla tuus.
Fol que tu es quelle douleur ou peine
Te demaine
Si vehementement
Tu congnois bien que ta douleur est vaine
Toute plaine
Desperance incertaine
Qui te maine/ a ce regrettement
Tu souspire vainement
Ton cry et gemissement
Pas ne vault ton pleurement
Ung festu
Quel louyer par ton serment
Acquiert ton souspirement
Pourquoy donc si folemment
Ploures tu
Te demaine
Si vehementement
Tu congnois bien que ta douleur est vaine
Toute plaine
Desperance incertaine
Qui te maine/ a ce regrettement
Tu souspire vainement
Ton cry et gemissement
Pas ne vault ton pleurement
Ung festu
Quel louyer par ton serment
Acquiert ton souspirement
Pourquoy donc si folemment
Ploures tu
Temperet ergo tuum modus et prudentia fletum.
Terge tuas lacrimas prospice quid facias
Terge tuas lacrimas prospice quid facias
Tempere donc par mesure et prudence
Le pleurement et suspirs par toy faiz
Ters tes lermes regard que tu fais
Celuy est fol qui a son fait ne pense
Avoir ne peulx de cecy recompence
Comme je t'ay desja dit une fois
Tempere donc par mesure et prudence
Le pleurement et souspirs par toy faiz
Tu sçays que j'ay fait toute diligence
Envers elle et prié plusieurs fois
Qu'elle voulsist te aymer et touteffois
Riens ne t'y a proffité ma science
Tempere donc par mesure et prudence
Le pleurement et lermes par tu faiz
Ters lermes regarde que tu fais
Celluy est fol qui a son fait ne pense
Le pleurement et suspirs par toy faiz
Ters tes lermes regard que tu fais
Celuy est fol qui a son fait ne pense
Avoir ne peulx de cecy recompence
Comme je t'ay desja dit une fois
Tempere donc par mesure et prudence
Le pleurement et souspirs par toy faiz
Tu sçays que j'ay fait toute diligence
Envers elle et prié plusieurs fois
Qu'elle voulsist te aymer et touteffois
Riens ne t'y a proffité ma science
Tempere donc par mesure et prudence
Le pleurement et lermes par tu faiz
Ters lermes regarde que tu fais
Celluy est fol qui a son fait ne pense
Concipit ingentes animos majus egestas
Et facit artificem sepius hec hominem
Et facit artificem sepius hec hominem
Vainne povreté douloureuse
Les grans couraiges en sa lice
Souvent conçoit et est eureuse
De mettre l'homme en son service
Et souvent le fait artifice
Maistre passe besongnant bien
Autant que aultre de son office
Au mestier dont il ne sçait rien
Se tu veulx donc venir au bien
Que tu as si fort appeté
Qui t'enseignera le moyen
Croy et pour asseuré te tien
Qu'il fault que ce soit povreté
Povreté a trouvé les ars
Povreté a fait les sciences
Povreté a mille regars
Hault et bas et en toutes pars
Pour faire mille diligences
Les grans couraiges en sa lice
Souvent conçoit et est eureuse
De mettre l'homme en son service
Et souvent le fait artifice
Maistre passe besongnant bien
Autant que aultre de son office
Au mestier dont il ne sçait rien
Se tu veulx donc venir au bien
Que tu as si fort appeté
Qui t'enseignera le moyen
Croy et pour asseuré te tien
Qu'il fault que ce soit povreté
Povreté a trouvé les ars
Povreté a fait les sciences
Povreté a mille regars
Hault et bas et en toutes pars
Pour faire mille diligences
Ars hominis magnum superat studiosa periculum
Te labor ars que vigil forte juvabit adhuc
Te labor ars que vigil forte juvabit adhuc
L'art de l'homme studieux
Supere le grant dangier
Nef ne peult a droit nagier
Que par art industrieux
Art et labeur curieux
Te ayderont par adventure
Mais il te fault mettre cure
De te gouverner par eulx
Se tu le faiz je te asseure
Se venus ne te est trop dure
Que en la fin seras eureux
Supere le grant dangier
Nef ne peult a droit nagier
Que par art industrieux
Art et labeur curieux
Te ayderont par adventure
Mais il te fault mettre cure
De te gouverner par eulx
Se tu le faiz je te asseure
Se venus ne te est trop dure
Que en la fin seras eureux
Comme pamphille se tourmente pour le faulx donner a entendre que la vieille luy baille
Quis labor heu tantum posset superare periculum
Spes mea tota perit imminet hora thori
Spes mea tota perit imminet hora thori
Helas quel labeur seulement
Pourra ce dangier superer
Car pery est totalement
Mon espoir qui n'a peu durer
Moult de mal me fault endurer
L'heure vient de son mariage
J'ay perdu peine a procurer
L'amour de son beau personnaige
Pourra ce dangier superer
Car pery est totalement
Mon espoir qui n'a peu durer
Moult de mal me fault endurer
L'heure vient de son mariage
J'ay perdu peine a procurer
L'amour de son beau personnaige
Nec vivente suo mihi nuberet illa marito
Crimen legitimos est violare thoros.
Crimen legitimos est violare thoros.
Se une fois elle se marie
Jamais el ne m'espouseroit
Tant que son mary soit en vie
Qui a ce cas s'opposeroit
Et oultre plus crisme seroit
Et est entre les plus grans crismes
Qui violle ou violeroit
Les mariages legitimes
Jamais el ne m'espouseroit
Tant que son mary soit en vie
Qui a ce cas s'opposeroit
Et oultre plus crisme seroit
Et est entre les plus grans crismes
Qui violle ou violeroit
Les mariages legitimes
Ad nichillum prorsus/ meus est labor inde redactus
Et mea cura sue/ perdidit artis opem
Et mea cura sue/ perdidit artis opem
A cest heure je apperçoy bien
Que tout mon labeur et ma peine
Que j'ay prins sont venus a rien
Et ma curiosité vaine
Ma grande cure souveraine
A perdu l'ayde de son art
Puis que ung aultre que moi l'emmaine
Vela g'y suis venu trop tart
Que tout mon labeur et ma peine
Que j'ay prins sont venus a rien
Et ma curiosité vaine
Ma grande cure souveraine
A perdu l'ayde de son art
Puis que ung aultre que moi l'emmaine
Vela g'y suis venu trop tart
Nulla dies mittem nec vox dabit illa quietem
Semper me miserum vexat majus amor
Semper me miserum vexat majus amor
Puis que je suis en ce propoz
Jamais jour quel qu'il soit ne voix
Ne me donnera doulx repoz
Puis que je la pers une fois
Tousjours et a chascune fois
Me vexe amour vaint et travaille
Je pers tout cela que je fais
Mon labeur n'est chose qui vaille
Jamais jour quel qu'il soit ne voix
Ne me donnera doulx repoz
Puis que je la pers une fois
Tousjours et a chascune fois
Me vexe amour vaint et travaille
Je pers tout cela que je fais
Mon labeur n'est chose qui vaille
Comme la vieille reconforte pamphille et luy declaire que galathee est preste de luy obeir et icy parlent par maniere de dialogue
Sepius exigua dolor ingens labitur hora
Junges et parvis imbribus aura cadit
Junges et parvis imbribus aura cadit
Souvent en une petite heure
Chiet grant douleur soudainement
Et tantost rit celluy qui pleure
Par ung seul petit mouvement
Grant vent aussi pareillement
Chiet souvent par petites pluyes
Ainsi est de toy proprement
Tu pleures il fault que tu ries
Chiet grant douleur soudainement
Et tantost rit celluy qui pleure
Par ung seul petit mouvement
Grant vent aussi pareillement
Chiet souvent par petites pluyes
Ainsi est de toy proprement
Tu pleures il fault que tu ries
Est que serena dies post longuos gratior imbres
Et post triste malum gratior ipsa salus.
Et post triste malum gratior ipsa salus.
Ainsi que souvent il advient
Apres longues pluyes maulvaises
Le jour serain et plaisant vient
Et se treuvent les gens bien aises
Apres triste mal et mesaises
Salut semble plus agreable
Que avoir tousjours suyvy ses aises
Apres amer doulx amiable
Apres longues pluyes maulvaises
Le jour serain et plaisant vient
Et se treuvent les gens bien aises
Apres triste mal et mesaises
Salut semble plus agreable
Que avoir tousjours suyvy ses aises
Apres amer doulx amiable
Tum modo respira dolor absit tristis et ira.
Sunt quoque tristitie gaudia magna tue.
Sunt quoque tristitie gaudia magna tue.
Adoncques maintenant respire
Et soit de toy entierement
Absent triste douleur et ire
Pren en toy resjouyssement
De ton ire presentement
Sont les joyes haultes et grandes
Puis que tu peulz jouyssement
Avoir de ce que tu demandes
Et soit de toy entierement
Absent triste douleur et ire
Pren en toy resjouyssement
De ton ire presentement
Sont les joyes haultes et grandes
Puis que tu peulz jouyssement
Avoir de ce que tu demandes
Nostrum velle tua/ nobis faciet galathea.
Omnino vesris fedat imperiis.
Omnino vesris fedat imperiis.
Croy pamphille que galathee
Du tout nostre vouloir fera
Je l'ay si saigement tentee
Que a nostre vouloir complaira
A faire ce qu'il te plaira
Du tout se donne entierement
Ne en rien ne contredira
Elle est a ton commandement
Du tout nostre vouloir fera
Je l'ay si saigement tentee
Que a nostre vouloir complaira
A faire ce qu'il te plaira
Du tout se donne entierement
Ne en rien ne contredira
Elle est a ton commandement
Pamphille
Ut pia promissis matrum solercia donis
Plorantes pueros admonet ut taceant.
Quant enfants pleurent la sagesse
Des meres pour les faire taire
Est user de quelque promesse
Je cuide que ainsi me veulz faire
Dolent suis jusque a la mort traire
Tu le vois ainsi que la mere
Son enfant qu'elle veult retraire
De plourer c'est pareil mistere
Sic me fortassis falso solamine pascis
Ut dolor a tristi pectore tristis erit
Plourer me vois et dire helas
Je ne sçay se tu me veulz paistre
De quelque vain et faulx solas
Affin de la douleur hors mettre
Qui en ma poitrine peult estre
Comme tu voys et apperçois
Et est bien facille a congnoistre
S'il est ainsi tu me deçois
La vieille
Aucipitris volucris elapsus ab ungue feroci
Auceps et cunctis hunc tuum esse locis.
Auceps et cunctis hunc tuum esse locis.
L'oiseau eschappe de la roy
De l'oyselleur et de l'autour
Beaucoup craint se trouver autour
Ou l'oiseleur fait son arroy
Je cuyde que ainsi est de toy
Comme de l'oyseau eschappé
Et que par une faulce loy
On te ait aultreffois atrappé
De l'oyselleur et de l'autour
Beaucoup craint se trouver autour
Ou l'oiseleur fait son arroy
Je cuyde que ainsi est de toy
Comme de l'oyseau eschappé
Et que par une faulce loy
On te ait aultreffois atrappé
Hic me nulla tibi mentiri causa coegit
Omnia que dixi vera sed invenies.
Omnia que dixi vera sed invenies.
Si ne doit il pas estre ainsi
Car il n'y a cause apparante
Ne raison pourquoy je te mente
Ou vueille mentir de cecy
Oste ton cueur hors de soucy
A ton plaisir en jouyras
De ce que je te dy icy
La verité tu trouveras
Car il n'y a cause apparante
Ne raison pourquoy je te mente
Ou vueille mentir de cecy
Oste ton cueur hors de soucy
A ton plaisir en jouyras
De ce que je te dy icy
La verité tu trouveras
Pamphille
Si modo vera refers et verum retulit illa
Tunc dolor a nostris ossibus omnis abest
Se chose vraye me raporte
Et el dit chose veritable
Douleur n'ay plus qui soit grevable
C'est droit que je me reconforte
Tristesse n'y a tant soit forte
Qui me puisse estre dommagable
Se la nouvelle qu'el m'aporte
Est vraie non pas decepvable
Sed sua non semper sequitur primordia finis
Inceptum casus sepe retardat opus
Mais la fin ne fuyt pas tousjours
L'effect de ses commencemens
Aulcuneffois tourne a rebours
Et y vient des empeschemens
Fortune par ses mouvemens
Aulcunefois l'eure retarde
Et fait cent mille changemens
Qui a son estat ne regarde
La vieille
Rursus fatorum nescit mens ulla virorum
Solius est proprium scire futura dei
Solius est proprium scire futura dei
De rechief aulcune science
Ou pensee d'homme ne congnoist
Des fortunes la differance
Ne laquelle la meilleure est
A dieu seul a qui apparest
Toute chose est de congnoistre
Toutes choses et s'il luy plaist
En qualités contraires mettre
Ou pensee d'homme ne congnoist
Des fortunes la differance
Ne laquelle la meilleure est
A dieu seul a qui apparest
Toute chose est de congnoistre
Toutes choses et s'il luy plaist
En qualités contraires mettre
Desperare nocet/ votum labor improbus implet
Ars que vigil magnas sepe ministrat opes.
Ars que vigil magnas sepe ministrat opes.
Desesperance la terrible
Furieuse felle et dampnable
Est a tous hommes et nuysable
Mais labeur bon et honnorable
Emple le veu l'art vigillable
Souvent ministre grans richesses
Pourtant il n'est pas convenable
Que de ce labeur tu ne cesses
Furieuse felle et dampnable
Est a tous hommes et nuysable
Mais labeur bon et honnorable
Emple le veu l'art vigillable
Souvent ministre grans richesses
Pourtant il n'est pas convenable
Que de ce labeur tu ne cesses
Pamphille
Noscere nonne potes hec si me diligit an non
Vix celare potest intimam cordis amor.
Ne peulx tu point notoirement
Congnoistre s'elle m'aime ou point
Je ne te requier seulement
Fors que me revelle ce point
Amours est de tel contrepoint
Que difficillement el selle
La douleur qui l'homme au cueur point
Et qui est procuré par elle
Forte sub ambigua spes et labor omnis habetur.
Crescit principio spes tamen ipsa bono
Soubz adventure dubieuse
Tout labeur et toute esperance
Tire a fin bonne et malheureuse
Rien n'est ou il n'y ait doubtance
Touteffois l'espoir d'asseurance
Doit croistre en bon commencement
Et monstrer qu'il y ait puissance
En ung jolis entendement
La vieille
Dum loquor ejus adest inde mens animus que loquanti
Dulciter omne meum suscipit alloquium
Dulciter omne meum suscipit alloquium
Tu demandes se je congnois
S'elle t'aime ou non seurement
A elle ay parlé plusieurs fois
Mais je congnois certainement
Qu'elle te ayme car doulcement
Toutes mes parolles escoute
De couraige d'entendement
Et toute sa pensee y boute
S'elle t'aime ou non seurement
A elle ay parlé plusieurs fois
Mais je congnois certainement
Qu'elle te ayme car doulcement
Toutes mes parolles escoute
De couraige d'entendement
Et toute sa pensee y boute
Curvat et ipsa suos circum mea cola/ lacertos
A te missa sibi dicere verba rogat
A te missa sibi dicere verba rogat
Elle ploye au contre de moy
Tant doulcement et si me prie
Que parolles venans de toy
Par devers elle je luy die
Elle te ayme n'en doubte mie
Mes ditz ne sont point parabolles
Car il semble qu'elle est ravie
Quant elle ot de toy des parolles
Tant doulcement et si me prie
Que parolles venans de toy
Par devers elle je luy die
Elle te ayme n'en doubte mie
Mes ditz ne sont point parabolles
Car il semble qu'elle est ravie
Quant elle ot de toy des parolles
Dum que tuum nullum rationis nominat ordo.
Nominis admonitu/ fit stupefacta tui
Nominis admonitu/ fit stupefacta tui
Tant seulement quant on te nomme
Comme l'ordre de raison vient
Tu serois esmerveillié comme
Toute esbahye elle devient
Et pourtant jugier il convient
Qu'il y a de l'amour haultaine
Tu jouyras se a toy ne tient
Mais il y convient mettre peine
Comme l'ordre de raison vient
Tu serois esmerveillié comme
Toute esbahye elle devient
Et pourtant jugier il convient
Qu'il y a de l'amour haultaine
Tu jouyras se a toy ne tient
Mais il y convient mettre peine
Dum verbis fruimur palet que rubet que frequenter
Fessa que si taceo/ me monet illa loqui
Fessa que si taceo/ me monet illa loqui
Quant ensemble parlon nous deux
Elle palit totalement
Ainsi que vray cueur amoureux
Et puis rougit soubdainement
Et quant mesmes par lassement
Je me tais elle me admonneste
De parler incessantement
Tant qu'el m'en ront toute la teste
Elle palit totalement
Ainsi que vray cueur amoureux
Et puis rougit soubdainement
Et quant mesmes par lassement
Je me tais elle me admonneste
De parler incessantement
Tant qu'el m'en ront toute la teste
Hiis aliis que modis cognoscimus ejus amorem
Nec negat ipsa michi quin sit amica tibi
Nec negat ipsa michi quin sit amica tibi
L'amour d'elle en telles manieres
Et par aultres nous congnoisson
Car ce sont choses singulieres
Que de regarder sa façon
Elle est a toy se bien chasson
Car elle mesmes point ne nie
Quelque semblant que nous façon
Que grandement ne soit t'amye
Et par aultres nous congnoisson
Car ce sont choses singulieres
Que de regarder sa façon
Elle est a toy se bien chasson
Car elle mesmes point ne nie
Quelque semblant que nous façon
Que grandement ne soit t'amye
Pamphille
[N]unc mea spes per te successus sentit adesse
Crescit et auxilio gloria nostra tuo.
Maintenant sent mon esperance
Son succés advenir par toy
Par ton aide et pourveance
Toute gloire s'escroist en moy
Advis m'est que desja je voy
Entre mes deux bras galathee
Comme elle sera je le croy
Ainsi que je l'ay souhaitee
Improbus interdum dubios labor expedit actus
Magna que tollit inhers commodo significes.
Le bon labeur aulcuneffois
Expedie actes dubieux
Et le meschant souventeffois
Les empesche et fait maleureux
Or est l'estat des amoureux
Tousjours doubteux et qui ne haste
Son oeuvre par labeur soigneux
Aulcuneffois elle se gaste
Quantumcumque potes ceptum properare laborem
Nec mora segnis opus differat ulla tuum.
Pourtant haste je te prie
Tant que tu pourras de parfaire
Ton oeuvre: qu'elle soit acomplie
En ce point qu'il est necessaire
Affin qu'il n'y vienne contraire
Garde que ancienne demeure
Ne te retarde de bien faire
Ce que as commencé a ceste heure
Comme la vieille persuade pamphille de luy donner son sallaire
[U]t reor ecce tibi per me tua vota parantur.
Sed promissa michi res manet in/ dubio.
Sed promissa michi res manet in/ dubio.
Pamphille c'est fait se tu veulx
Car par moy sans aucune doubte
Sont appareillez tous tes veux
Et est la chose faicte toute
Mais la chose de quoy je doubte
C'est la celle que m'as promise
Que son vouloir ne se reboute
Et qu'il n'y ait de la faintise.
Car par moy sans aucune doubte
Sont appareillez tous tes veux
Et est la chose faicte toute
Mais la chose de quoy je doubte
C'est la celle que m'as promise
Que son vouloir ne se reboute
Et qu'il n'y ait de la faintise.
Est mens nostra suis contraria sepe loquelis
Nec factis loquimur omnia que loquimur
Nec factis loquimur omnia que loquimur
Nostre pensee aucuneffois
A ses parolles est contraire
Et si dison souventeffois
Cella que ne voulons pas faire
Pamphille tu sçaiz mon affaire
Et si comme tu peulz congnoistre
Toute peine requiert sallaire
Il ne suffist pas de promettre
A ses parolles est contraire
Et si dison souventeffois
Cella que ne voulons pas faire
Pamphille tu sçaiz mon affaire
Et si comme tu peulz congnoistre
Toute peine requiert sallaire
Il ne suffist pas de promettre
Irrita venales falunt promissa labores
Cum fueris felix nil michi forte dabis.
Cum fueris felix nil michi forte dabis.
Faulses promesses decevables
Souvent par leur abusion
Deçoiuent les labeurs vendables
Et n'y a que deception
Peut estre en la conclusion
Que a plaisir te voirras requier
De moy ne sera mension
Et ne me vouldras rien donner
Souvent par leur abusion
Deçoiuent les labeurs vendables
Et n'y a que deception
Peut estre en la conclusion
Que a plaisir te voirras requier
De moy ne sera mension
Et ne me vouldras rien donner
Pamphille
Est scelus immensum si dives fallat egenum
Te quoque si fallam gloria nulla michi est
C'est le plus grant peché qui soit
Quant par mauvaitie et cautelle
Le riche le povre deçoit
C'est contre bonté naturelle
Et quant la chose seroit telle
Que decevoir je te vouldroie
Pour peu de chose telle quelle
Gloire ne honneur n'y auroie.
Nec te nec quemquam/ nostra fraus perdidit unquam
Fama que si queras crimen nostra vacat.
De fraude je ne fis jamais
A toy ne autre de prouesse
Qui soit ainsi je me submetz
A toutes gens de ma noblesse
Celuy n'y a qui me congnoisse
Qui ne sçaiche de verité
Que je tien foy de gentillesse
Et ne use point de faulseté.
Est que fides animi constans fiducia nostri
Que tibi tuta facit omnia que metuit
Nostre foy n'est point decevable
Mais constante en noble couraige
Nostre fiance est veritable
Il n'y a point de fatroullaige
Noblesse se monstre a l'ouvraige
Pourtant doncques asseure toy
Que tu auras ton vasselaige
Puis que je te ay promis ma foy
La vieille
[P]lebs timet ingenio superari parva potentum.
Jure cadit causa pauperis exigua.
Jure cadit causa pauperis exigua.
Tousjours doubte petite gent
Des riches le superement
La cause du povre indigent
Souvent se pert en jugement
Les puissans ont l'entendement
Pour faire tout ce qu'il leur plaist
Mais on voit manifestement
Que tousjours ung povre desplaist
Des riches le superement
La cause du povre indigent
Souvent se pert en jugement
Les puissans ont l'entendement
Pour faire tout ce qu'il leur plaist
Mais on voit manifestement
Que tousjours ung povre desplaist
Est et ubique fides prisco spoliata calore.
Que tegitur sceleris actibus immineris
Que tegitur sceleris actibus immineris
Oultre foy n'est plus en valeur
S'on la voit regner c'est a tart
Perdu a sa belle couleur
Et a prins habit de regnart
Le monde n'a plus de regart
Que a faire quelque tricherie
Qui de tromper ne congnoist l'art
Ce n'est que toute misserie
S'on la voit regner c'est a tart
Perdu a sa belle couleur
Et a prins habit de regnart
Le monde n'a plus de regart
Que a faire quelque tricherie
Qui de tromper ne congnoist l'art
Ce n'est que toute misserie
Nulla tamen fortuna obliviscere fatis
Dat mare sepe motus nulla pericula tamen
Dat mare sepe motus nulla pericula tamen
Mais touteffois nulle fortune
Ne peult les destinees changier
Bien souvent la mer se desrune
Qu'el ne porte point de dangier
Ceulx qui dessus mer vont nagier
Y voyent plusieurs mouvemens
Souvent changier et rechangier
Et si n'y a point de tourmens
Ne peult les destinees changier
Bien souvent la mer se desrune
Qu'el ne porte point de dangier
Ceulx qui dessus mer vont nagier
Y voyent plusieurs mouvemens
Souvent changier et rechangier
Et si n'y a point de tourmens
Que promisisti fortune munera mande
Sed que promisi dona tamen capies.
Sed que promisi dona tamen capies.
Au plaisir de fortune mis
Soit ce dont m'as promesse faicte
Quant de ce que je t'ay promis
C'est une chose pure et nette
Qui sans faulte sera parfaicte
Vienne fortune ou infortune
Par quelque peine que g'y mette
Mais faulte n'y aura pas une
Soit ce dont m'as promesse faicte
Quant de ce que je t'ay promis
C'est une chose pure et nette
Qui sans faulte sera parfaicte
Vienne fortune ou infortune
Par quelque peine que g'y mette
Mais faulte n'y aura pas une
Convenit ut vadam nunc exorare puellam
Si placet ut veniat huc tibi sola loqui
Si placet ut veniat huc tibi sola loqui
Affin que la chose soit telle
Convenable est que je m'en voise
Prier celle doulce pucelle
Et la requerir qu'il luy plaise
Que sans faire ne bruit ne noise
Seule vienne avec toy parler
Affin que puisses a ton aise
La baiser bien et acoller
Convenable est que je m'en voise
Prier celle doulce pucelle
Et la requerir qu'il luy plaise
Que sans faire ne bruit ne noise
Seule vienne avec toy parler
Affin que puisses a ton aise
La baiser bien et acoller
Si vos nostra simul solertia collocat ambos
Et locus affuerit te precor esse virum
Et locus affuerit te precor esse virum
S'el vient ainsi comme il me semble
Qu'elle viendra et que une fois
Par mon art soiés mis ensemble
Et lieu soit propre touteffois
Monstre luy ce que tu congnois
Tout realement et de fait
Monstre luy en dictz et en faiz
Que tu es ung homme parfait
Qu'elle viendra et que une fois
Par mon art soiés mis ensemble
Et lieu soit propre touteffois
Monstre luy ce que tu congnois
Tout realement et de fait
Monstre luy en dictz et en faiz
Que tu es ung homme parfait
Mens animusque manet inconstans semper amantum
Parva que forte dabit quod petis hora tibi.
Parva que forte dabit quod petis hora tibi.
D'amans le couraige et pensee
Tousjours inconstante demeure
Et de lieu en lieu reversee
Sans repoz ne quelque demoure
Et ne fault que une petite heure
Pour te donner ce que demendes
Mais il est force qu'on labeure
En telles choses qui sont grandes
Tousjours inconstante demeure
Et de lieu en lieu reversee
Sans repoz ne quelque demoure
Et ne fault que une petite heure
Pour te donner ce que demendes
Mais il est force qu'on labeure
En telles choses qui sont grandes
Comme la vieille vient a gallathee pour la tempter la seconde fois et fait son introite par admirations.
[O]ccultare nequit sua lumina maximus ignis
Occultare potest/ nec sua vota venus
Occultare potest/ nec sua vota venus
Gallathee je te vien anoncer
Sans riens laisser
De ton amy nouvelles
Le tres grant feu qui brusle sans cesser
Ne peut mucer
Ne du tout absconser
Ou rabaisser
Ses ardans estincelles
Venus aussi la plus belle des belles
Damoiselles
Ne peut par quelque voye
Celler si fort son fait qu'on ne le voye
Sans riens laisser
De ton amy nouvelles
Le tres grant feu qui brusle sans cesser
Ne peut mucer
Ne du tout absconser
Ou rabaisser
Ses ardans estincelles
Venus aussi la plus belle des belles
Damoiselles
Ne peut par quelque voye
Celler si fort son fait qu'on ne le voye
Omnis vestrarum venus rerum michi panditur ordo
Quarum mente memor vix teneo lachrymas.
Quarum mente memor vix teneo lachrymas.
Toute l'ordre de voz faiz
Je congnois cest une fois
Et ce que par plusieurs fois
J'ay veu retien en memoire
Et m'en souvient touteffois
Quant a par moy je congnois
De voz amours les effaiz
A peine que je ne ploure
Je congnois cest une fois
Et ce que par plusieurs fois
J'ay veu retien en memoire
Et m'en souvient touteffois
Quant a par moy je congnois
De voz amours les effaiz
A peine que je ne ploure
Nam cognosco satis quod non sapienter amatis.
Res et ipsa sue nuncia stulticie
Res et ipsa sue nuncia stulticie
De souspirer
Et de plourer
Suis toute plaine
De veoir la peine
Que a tous deux je vous voy tirer
L'ung desirer
L'autre admirer
Son entreprinse souveraine
Vous aimez c'est chose certaine
De jour en jour amour vous lie
Mais vous n'aimez que par follie
Je voy et congnois clerement
Auz faiz plains de melencollie
Ou sagesse est toute abollie
Que vous n'aymez point saigement
Et de plourer
Suis toute plaine
De veoir la peine
Que a tous deux je vous voy tirer
L'ung desirer
L'autre admirer
Son entreprinse souveraine
Vous aimez c'est chose certaine
De jour en jour amour vous lie
Mais vous n'aimez que par follie
Je voy et congnois clerement
Auz faiz plains de melencollie
Ou sagesse est toute abollie
Que vous n'aymez point saigement
Pallida furtivum facies manifestat amorem
Atque dolore gravi rabida facta cutis
Atque dolore gravi rabida facta cutis
Face palle est monstrative
Note magnifestative
Qu'il y a entre vous deux
Quelque peu d'amour furtive
La face est figurative
Du couraige aux amoureux
Apres palleur transitive
Vient une rougeur hastive
Ainsi que a homme paoureux
Une cuyrie motive
Qui contre la chair estrive
Et fait le cueur douloreux.
Note magnifestative
Qu'il y a entre vous deux
Quelque peu d'amour furtive
La face est figurative
Du couraige aux amoureux
Apres palleur transitive
Vient une rougeur hastive
Ainsi que a homme paoureux
Une cuyrie motive
Qui contre la chair estrive
Et fait le cueur douloreux.
Pamphilus ille miser nimis est/ miser omnibus horis
Quam male duriciam comperit usque tuam
Quam male duriciam comperit usque tuam
Pamphille le povre meschant
Est bien meschant a toutes heures
Qui cuide que pour luy tu pleures
A l'heure que leves ton chant
Autant en levant qu'en couchant
Il vit pour toy en maleureté
Quant il regarde la durté
Que contre luy tu veulx tenir
Las il ne sçait que devenir
Amours le point de toutes pars
De ses cruelz et mortelz dars
Et tu ne luy veulz subvenir
Est bien meschant a toutes heures
Qui cuide que pour luy tu pleures
A l'heure que leves ton chant
Autant en levant qu'en couchant
Il vit pour toy en maleureté
Quant il regarde la durté
Que contre luy tu veulx tenir
Las il ne sçait que devenir
Amours le point de toutes pars
De ses cruelz et mortelz dars
Et tu ne luy veulz subvenir
Nocte die que satis pueriliter ille laborat
Nam sibi nulla refert semina durus ager
Nam sibi nulla refert semina durus ager
Je voy que le povre pamphille
A toute heure soit jour soit nuyt
Travaille en labeur puerille
Car il n'en raporte nul fruit
Puis que ta grace de luy fuit
A laquelle du tout il pense
Et que le champ nulle semence
De fertilité ne raporte
Bien est meschant que tant il porte
De peine de travail aussi
Puis qu'il n'y a qui le conforte
Et le vueille prendre a mercy
A toute heure soit jour soit nuyt
Travaille en labeur puerille
Car il n'en raporte nul fruit
Puis que ta grace de luy fuit
A laquelle du tout il pense
Et que le champ nulle semence
De fertilité ne raporte
Bien est meschant que tant il porte
De peine de travail aussi
Puis qu'il n'y a qui le conforte
Et le vueille prendre a mercy
Quis nisi mentis inops sua semina mandat harene
Cum mercede labor gratior esse solet
Cum mercede labor gratior esse solet
Le laboureur qui va semer
En la gravelle de la mer
Feves pois blé orge ou aveine
Se doibt il point bien fol nommer
Celuy aussi qui veult aimer
Sans estre aimé et pert sa peine
Or est ce une chose certaine
Que pamphille fait en ce point
Qui aime s'on ne l'aime point
Helas labeur semble si doulx
Quant on le salarie a point
Selon l'oppinion de tous
En la gravelle de la mer
Feves pois blé orge ou aveine
Se doibt il point bien fol nommer
Celuy aussi qui veult aimer
Sans estre aimé et pert sa peine
Or est ce une chose certaine
Que pamphille fait en ce point
Qui aime s'on ne l'aime point
Helas labeur semble si doulx
Quant on le salarie a point
Selon l'oppinion de tous
Hunc tua forma prius et postea lingua fefellit
Hiisque duobus eum vulnerat acer amor.
Hiisque duobus eum vulnerat acer amor.
Ta grant beaulté premierement
Et puis ta langue doulcement
Parlante/ le navrent a mort
Par ces deux poins la seulement
Cruel amour hastivement
Le navre sans quelque support
Tousjours de plus fort en plus fort
Croist sa douleur et desconfort
Dont tu causes la griefve playe
Se ne luy veulx donner confort
Autant lui vauldroit estre mort
Car jamais au cueur n'aura joye
Et puis ta langue doulcement
Parlante/ le navrent a mort
Par ces deux poins la seulement
Cruel amour hastivement
Le navre sans quelque support
Tousjours de plus fort en plus fort
Croist sa douleur et desconfort
Dont tu causes la griefve playe
Se ne luy veulx donner confort
Autant lui vauldroit estre mort
Car jamais au cueur n'aura joye
Ut promisisti sibi non medicina fuisti
Sepe sibi gravior affuit ipse dolor.
Sepe sibi gravior affuit ipse dolor.
Une fois promis luy avoies
Que sa medecine seroies
Et touteffois tu n'en faiz rien
Par moy mesmes tu luy mandoies
Que tresparfaictement le aymoyes
Et que ton cueur estoit le sien
La belle tu ne faiz pas bien
Ton couraige n'est pas le mien
Car se ung si beau filz que pamphille
Estoit a moy comme il est tien
Pour son doulx et plaisant maintien
Je le choisiroie entre mille.
Que sa medecine seroies
Et touteffois tu n'en faiz rien
Par moy mesmes tu luy mandoies
Que tresparfaictement le aymoyes
Et que ton cueur estoit le sien
La belle tu ne faiz pas bien
Ton couraige n'est pas le mien
Car se ung si beau filz que pamphille
Estoit a moy comme il est tien
Pour son doulx et plaisant maintien
Je le choisiroie entre mille.
Nunc ope plagam caret dolor ejus semper abundat
Et licet ipsa taces te quoque flamma gravat
Et licet ipsa taces te quoque flamma gravat
Sa playe a faulte de mire
Qui autre chose ne desire
C'est que tu luy donnes secours
Pour destaindre le feu d'amours
Autrement tu le veulx destruire
Tu l'aymes je l'ose bien dire
Mais crainte te fait escondire
Ce nonobstant en ce decours
Sa playe a faulte de mire
Qui autre chose ne desire
C'est que tu luy donnes secours
De jour en jour son mal empire
Et va tousjours de mal en pire
Et si te regrette tousjours
Il a fait pour toy mille tours
Ne vueilles donc plus contredire
Sa playe a faulte de mire
Qui autre chose ne desire
C'est que tu luy donnes secours
Pour destaindre le feu d'amours
Autrement tu le veulx destruire
Qui autre chose ne desire
C'est que tu luy donnes secours
Pour destaindre le feu d'amours
Autrement tu le veulx destruire
Tu l'aymes je l'ose bien dire
Mais crainte te fait escondire
Ce nonobstant en ce decours
Sa playe a faulte de mire
Qui autre chose ne desire
C'est que tu luy donnes secours
De jour en jour son mal empire
Et va tousjours de mal en pire
Et si te regrette tousjours
Il a fait pour toy mille tours
Ne vueilles donc plus contredire
Sa playe a faulte de mire
Qui autre chose ne desire
C'est que tu luy donnes secours
Pour destaindre le feu d'amours
Autrement tu le veulx destruire
Plaga malum sepe parit inconcessa necem que.
Nos quoque tectus amor sepe gravare solet
Nos quoque tectus amor sepe gravare solet
Tu te tais et amours te point
Mais playe qu'on ne monstre point
Souvent engendre mal et mort
Entens tu bien note ce point
Amours sont de ce contrepoint
Quant on les veult celler trop fort
Descoeuvre ton cueur hardiement
Et si me dy tout plainement
Se tu aymes pamphille ou non
Lequel t'ayme parfaictement
Helas tu vois certainement
Que c'est ung si gent compaignon
Mais playe qu'on ne monstre point
Souvent engendre mal et mort
Entens tu bien note ce point
Amours sont de ce contrepoint
Quant on les veult celler trop fort
Descoeuvre ton cueur hardiement
Et si me dy tout plainement
Se tu aymes pamphille ou non
Lequel t'ayme parfaictement
Helas tu vois certainement
Que c'est ung si gent compaignon
Ergo quid inde velis celeri circonspice mente
Et michi sint animi nuncia verba tui
Et michi sint animi nuncia verba tui
Regarde que tu me diras
Et me desclaire ta pensee
Se tu ne es folle ou insensee
Ton vouloir me descouvriras
Par moy nul deshonneur n'auras
Pour chose qui soit confessee
Regarde que tu me diras
Et me desclare ta pensee
Pense que quant tu l'aymeras
Tu seras par tout avancee
Tu vois la chose commencee
Que se tu veulx tu parferas
Regarde que tu me diras
Et me desclare ta pensee
Se tu n'es folle ou incensee
Ton vouloir me descouvriras
Et me desclaire ta pensee
Se tu ne es folle ou insensee
Ton vouloir me descouvriras
Par moy nul deshonneur n'auras
Pour chose qui soit confessee
Regarde que tu me diras
Et me desclare ta pensee
Pense que quant tu l'aymeras
Tu seras par tout avancee
Tu vois la chose commencee
Que se tu veulx tu parferas
Regarde que tu me diras
Et me desclare ta pensee
Se tu n'es folle ou incensee
Ton vouloir me descouvriras
Comme gallathee respont a la vieille indifferentement disant que amours d'une part la contraint d'aymer pamphille et que honte de l'autre la retarde.
Me premit igniferis venus improba sepius armis
Hunc michi vim faciens semper amare jubet
Hunc michi vim faciens semper amare jubet
Venus par armes tresardantes
Igniferes et abrasantes
Souvent me foulle et admonneste
De me mettre au renc des amantes
Et me dit en chansons plaisantes
Qu'il n'y aura que chose honneste
Le tourment que j'ay en la teste
Par sa grande et cruelle force
Tousjours me contraint et efforce
D'aymer celuy qui me demande
Et reallement me commande
Par son commandement royal
Que je l'ayme puis qu'il me mande
Qu'il m'ayme tant de cueur loyal.
Igniferes et abrasantes
Souvent me foulle et admonneste
De me mettre au renc des amantes
Et me dit en chansons plaisantes
Qu'il n'y aura que chose honneste
Le tourment que j'ay en la teste
Par sa grande et cruelle force
Tousjours me contraint et efforce
D'aymer celuy qui me demande
Et reallement me commande
Par son commandement royal
Que je l'ayme puis qu'il me mande
Qu'il m'ayme tant de cueur loyal.
Me jubet pudor/ et metus esse pudicam
Hiis que econtra meum nescio consilium.
Hiis que econtra meum nescio consilium.
D'autre part je ne l'ose faire
Honte me commande au contraire
Et de l'accorder me retarde
Je ne sçay auquel doy complaire
Je ne sçay conseil ne affaire
En ces choses quant g'y regarde
Amour me meut/ honte me garde
L'ung me appelle l'autre me tient
Et ne sçay auquel appartient
Que obeissance doyve rendre
L'ung dit que je doy entreprendre
En amours ceste hardiesse
L'autre apres me le vient deffendre
Et commande que je le laisse
Honte me commande au contraire
Et de l'accorder me retarde
Je ne sçay auquel doy complaire
Je ne sçay conseil ne affaire
En ces choses quant g'y regarde
Amour me meut/ honte me garde
L'ung me appelle l'autre me tient
Et ne sçay auquel appartient
Que obeissance doyve rendre
L'ung dit que je doy entreprendre
En amours ceste hardiesse
L'autre apres me le vient deffendre
Et commande que je le laisse
Comment la vieille respont a gallathee et lui dit que elle ne doit point avoir crainte.
Sit timor ipse procul hic non est causa timoris
Hiis rebus nunquam proditor ullus erit
Hiis rebus nunquam proditor ullus erit
Rejette ceste crainte au loing
Pour cella ne te fault point faindre
En ce cas il n'y a besoing
Ne quelque matiere de craindre
Se venus t'a voulu attaindre
De son feu doulx et gratieux
Pour quoy le vouldrois tu destaindre
Par la crainte des envieux
Oultre plus le cas de vous deux
Sera secret celuy ne celle
Ne sera et eust il mil yeulx
Qui en saiche aucune nouvelle
Pour cella ne te fault point faindre
En ce cas il n'y a besoing
Ne quelque matiere de craindre
Se venus t'a voulu attaindre
De son feu doulx et gratieux
Pour quoy le vouldrois tu destaindre
Par la crainte des envieux
Oultre plus le cas de vous deux
Sera secret celuy ne celle
Ne sera et eust il mil yeulx
Qui en saiche aucune nouvelle
Ut tuus existat hoc tantum pamphilus optat
Nititur omnis ad hoc cura daborque suus
Nititur omnis ad hoc cura daborque suus
Pamphille ne desire rien
En ce monde tant seullement
Fors que de ta grace il soit tien
C'est prie honnourablement
Tout son labeur entierement
A ceste fin tent et sa cure
Considere que largement
Des douleurs pour toy il endure
En ce monde tant seullement
Fors que de ta grace il soit tien
C'est prie honnourablement
Tout son labeur entierement
A ceste fin tent et sa cure
Considere que largement
Des douleurs pour toy il endure
Mille modis acres habitus michi prodidit ignes
Cum michi flens sepe talia verba refert
Cum michi flens sepe talia verba refert
Monstré m'a en mille manieres
Qu'il t'ayme souvereinement
Voire par amours singulieres
Qui luy donnent moult de tourment
Je l'ay congneu signantement
Qu'il soit vray amoureux de toy
Car tousjours en parlant a moy
Plouroit et faisoit ses regrets
En disant tousjours par expres
Qu'il ne aymoit au monde autre femme
Tu te dois de luy tirer pres
Car il te ayme bien sus mon ame
Qu'il t'ayme souvereinement
Voire par amours singulieres
Qui luy donnent moult de tourment
Je l'ay congneu signantement
Qu'il soit vray amoureux de toy
Car tousjours en parlant a moy
Plouroit et faisoit ses regrets
En disant tousjours par expres
Qu'il ne aymoit au monde autre femme
Tu te dois de luy tirer pres
Car il te ayme bien sus mon ame
Et galathea meus dolor et medicina doloris
Hec dare sola potest vulnus opem que michi
Hec dare sola potest vulnus opem que michi
Helas dit il gallathee est
Ma douleur et ma medecine
Bien me peut guarir s'il luy plaist
Par sa bonté doulce et benigne
Elle seulle est de guarir digne
Ma playe et me donner santé
Ma vie est a sa voulenté
Ma mort aussi entre ses mains
Tous les entendemens humains
Ne sçauroient par leur science
Rapaiser mes maulx inhumains
Si elle mesme ne me pense
Ma douleur et ma medecine
Bien me peut guarir s'il luy plaist
Par sa bonté doulce et benigne
Elle seulle est de guarir digne
Ma playe et me donner santé
Ma vie est a sa voulenté
Ma mort aussi entre ses mains
Tous les entendemens humains
Ne sçauroient par leur science
Rapaiser mes maulx inhumains
Si elle mesme ne me pense
Illius ad lachrymas pietas me flere coegit
Et tamen in tacito pectore leta fui
Et tamen in tacito pectore leta fui
A voir les larmes de ses yeulx
J'ay eu le cueur trestant piteux
Qu'il m'est presque fondu en larmes
Car il avoit plus piteux termes
Que je vy onc a amoureux
De le voir ainsi doloreux
J'ay esté de plourer contrainte
Combien que fusse fort attainte
De joye dedans mon couraige
En le voyant aimer sans fainte
Autant que fist onc parsonnaige
J'ay eu le cueur trestant piteux
Qu'il m'est presque fondu en larmes
Car il avoit plus piteux termes
Que je vy onc a amoureux
De le voir ainsi doloreux
J'ay esté de plourer contrainte
Combien que fusse fort attainte
De joye dedans mon couraige
En le voyant aimer sans fainte
Autant que fist onc parsonnaige
Omnia cernebam fieri velut ipsa volebam
Ardentes sensi vos simul igne pari
Ardentes sensi vos simul igne pari
Toutes choses je regardoie
Faire ainsi comme je vouloye
Pleurs souspirs et gemissemens
La grant amour consideroie
De qui emflambé le veoye
En ses grans et cruelz tourmens
Cent regretz mille pensemens
Tous signes de cueur amoureux
Lors jugoye que de vous deux
Seroit l'assemblee honnourable
Par amour pareille et semblable
Ainsi mon cueur s'esjouyssoit
Qui de trouver voye louable
Moyen utille et convenable
Faire ainsi comme je vouloye
Pleurs souspirs et gemissemens
La grant amour consideroie
De qui emflambé le veoye
En ses grans et cruelz tourmens
Cent regretz mille pensemens
Tous signes de cueur amoureux
Lors jugoye que de vous deux
Seroit l'assemblee honnourable
Par amour pareille et semblable
Ainsi mon cueur s'esjouyssoit
Qui de trouver voye louable
Moyen utille et convenable
Ledere flamma solet precor ipsi parcite vobis
Vos que duos pariter jungere possit amor
Vos que duos pariter jungere possit amor
De cecy parfaire pensoit
Je sçay bien que l'ung l'autre aymés
Voire d'une amour souveraine
Vous estes tous deux enflammés
Et amy l'ung l'autre clamés
C'est une chose bien certaine
Flamme d'amour blesse et fait peine
Et plus croist tant plus on la celle
Seullement la moindre estincelle
Abraseur le cueur d'amoureux
Ayés donc pitié de vous deux
Pardonnés vous et que amour vraye
Vous puisse joindre pour le mieulx
Ensemble ainsi que je vouldroie
Je sçay bien que l'ung l'autre aymés
Voire d'une amour souveraine
Vous estes tous deux enflammés
Et amy l'ung l'autre clamés
C'est une chose bien certaine
Flamme d'amour blesse et fait peine
Et plus croist tant plus on la celle
Seullement la moindre estincelle
Abraseur le cueur d'amoureux
Ayés donc pitié de vous deux
Pardonnés vous et que amour vraye
Vous puisse joindre pour le mieulx
Ensemble ainsi que je vouldroie
Comme gallathee respont que elle ne desire autre chose mais qu'elle n'ose et si ne peut trouver lieu secret pour parler a pamphille.
[Q]uod petis affecto nil est michi carius esset
Si meus annueret illud uterque parrens.
Si meus annueret illud uterque parrens.
Tu demandes cella que je desire
Qui le moyen propre trouver sçauroit
Rien au monde plus chier ne me seroit
Ne que ayme tant cella ose bien dire
Quant mes parens ne vouldroient contredire
Et que chascun a ce s'accorderoit
Tu demendes cella que je desire
Qui le moyen propre trouver sçauroit
Mille choses il y a pour y nuyre
Que une seulle toutes rapaiseroit
Quant pamphille le moyen trouveroit
D'y accorder ceulx qui m'ont a conduire
Tu demandes cella que je desire
Qui le moyen propre trouver sçauroit
Rien au monde plus chier ne me seroit
Ne que ayme tant cella ose bien dire
Qui le moyen propre trouver sçauroit
Rien au monde plus chier ne me seroit
Ne que ayme tant cella ose bien dire
Quant mes parens ne vouldroient contredire
Et que chascun a ce s'accorderoit
Tu demendes cella que je desire
Qui le moyen propre trouver sçauroit
Mille choses il y a pour y nuyre
Que une seulle toutes rapaiseroit
Quant pamphille le moyen trouveroit
D'y accorder ceulx qui m'ont a conduire
Tu demandes cella que je desire
Qui le moyen propre trouver sçauroit
Rien au monde plus chier ne me seroit
Ne que ayme tant cella ose bien dire
Istud enim nostris fieri non convenit ausis.
Si bene vellemus non locus esset ad huc.
Si bene vellemus non locus esset ad huc.
Tu congnois assez se tu veulx
Qu'il n'appartient point de noz deux
Par hardiesse follement
Traicter cestuy appointement
Qui nous pourroit estre honteux
Combien que soyons amoureux
Tant que plus nous ne pourrions
Encore quant le vouldrions
Si y a il de l'empeschement
Faulte de lieu premierement
Qui sus tout y est necessaire
Aviser ne puis bonnement
Comme cecy se puisse faire
Qu'il n'appartient point de noz deux
Par hardiesse follement
Traicter cestuy appointement
Qui nous pourroit estre honteux
Combien que soyons amoureux
Tant que plus nous ne pourrions
Encore quant le vouldrions
Si y a il de l'empeschement
Faulte de lieu premierement
Qui sus tout y est necessaire
Aviser ne puis bonnement
Comme cecy se puisse faire
Nam mecum modo custos michi semper habetur
Tota que me servat nocte dieque domus
Tota que me servat nocte dieque domus
Ma mere a toute heure me garde
Ou je vois donc je vien regarde
Matin ou soir soit bas soit hault
Tousjours suis en sa sauvegarde
Et souvent d'aller me retarde
Au lieu ou de force aller fault
Vella une grande raison
Oultre/ de toute la maison
Sont nuyt et jour fermés les huys
Dy doncques par quelle achoyson
A pamphille parler je puis
Ou je vois donc je vien regarde
Matin ou soir soit bas soit hault
Tousjours suis en sa sauvegarde
Et souvent d'aller me retarde
Au lieu ou de force aller fault
Vella une grande raison
Oultre/ de toute la maison
Sont nuyt et jour fermés les huys
Dy doncques par quelle achoyson
A pamphille parler je puis
Comme la vieille monstre a gallathee comme furtivement elle peut parler avecques pamphille et tiennent mode de dyallogue.
[I]ngeniosus amor portas et claustra relaxat
Vinxit quicquid obest ingeniosus amor.
Vinxit quicquid obest ingeniosus amor.
Gallathee ne te excuse en ce cas
Tu scez que amour subtil ingenieux
Oeuvre portes/ huys de hault et de bas
Et ne treuve contraires ne debas
Quant le vouloir y est intentieux
C'est ung deduyt ung passetemps joyeux
Ung droit giblier qui le cueur resconforte
Quant en amours grandes peines on porte
Et qu'on s'en met souvent en grant dangier
Voire plus grant qu'on ne sçauroit songier
Quant on treuve sa voulenté parfaicte
Cella vault plus que boire et que menger
Ne que chose qui soit ou monde faicte.
Tu scez que amour subtil ingenieux
Oeuvre portes/ huys de hault et de bas
Et ne treuve contraires ne debas
Quant le vouloir y est intentieux
C'est ung deduyt ung passetemps joyeux
Ung droit giblier qui le cueur resconforte
Quant en amours grandes peines on porte
Et qu'on s'en met souvent en grant dangier
Voire plus grant qu'on ne sçauroit songier
Quant on treuve sa voulenté parfaicte
Cella vault plus que boire et que menger
Ne que chose qui soit ou monde faicte.
Vanos pone metus pueriles corrige cures
Mecum dulcis amor te petit ut venias
Mecum dulcis amor te petit ut venias
Oste ces craintes qui sont vaines
Corrige cures puerilles
Car ilz ne te sont point utilles
Dommaigables sont et villaines
Tu voys demonstrances certaines
De doulce amour qui devant toy
Dit que t'en viennes avec moy
Pour congnoistre la grant doulceur
Qui est en amours doulce seur
Ne redoubte point vitupere
Avec moy es aussi asseur
Comme avecques ta propre mere
Corrige cures puerilles
Car ilz ne te sont point utilles
Dommaigables sont et villaines
Tu voys demonstrances certaines
De doulce amour qui devant toy
Dit que t'en viennes avec moy
Pour congnoistre la grant doulceur
Qui est en amours doulce seur
Ne redoubte point vitupere
Avec moy es aussi asseur
Comme avecques ta propre mere
Galathee
[E]s modo facta mee furtive conscia mentis
Hujus et es melior pars mihi consilii
Present tu es faicte sodalle
De mon furtif entendement
Et si es la part principale
De mon conseil entierement
Tu me donnes si doulcement
De belles amonitions
Qu'il fault que a tes peticions
De obeyr soye ententive
Et que ma pensee furtive
Condescende a ta voulenté
Contrainte de necessité
Je suis de ton plaisir parfaire
Je ne sçay soubz fainte bonté
Se tu tires a me fortraire
Ut michi consilium te deprecor utille dones
Hoc te non pudeat consuluisse michi.
Tu scez bien que j'ayme pamphille
Plus que toutes aultres personnes
Mais je te suply que me donnes
En cestuy cas conseil utille
Tu vois que je suis jeune fille
Et en telle chose paoureuse
Ne soyes point doncques honteuse
De me conseiller loyaulment
Tu es femme d'entendement
De mon conseil la plus grant part
Gist en toy/ pourtant doulcement
Vueilles a moy avoir regart
Est pudor atque nephas seducere fraude puellas
Hoc decus et magnum crimen habere potest
C'est honte et peché damnable
Par fraudes seduire pucelles
C'est ung crime vituperable
Et ung deshonneur dommaigable
S'il en est aucunes nouvelles
Je ne sçay dieu le vueille sçavoir
Se tu viens pour me decevoir
Je vois a la bonne equité
Se j'ayme par honnesteté
Si n'esse pas pourtant a dire
Que me doyves faire seduire
Ne par ta grant subtillité
Me vouloir en place conduire
Que tu sçaiches qui puisse nuyre
Au fait de ma virginité
La vieille
[N]on pudibunda tegam famam capit ante loquentem
Hec me facta negas consoluisse tibi
Hec me facta negas consoluisse tibi
Gallathee je te conseilleray
Et te diray
Les choses dangereuses
Planierement tout te descouvriray
Et monstreray
En rien ne celleray
Ne couvriray
Toutes choses honteuses
Perilleuses
A pucelles paoureuses
Merveilleuses
Que fouyr tu pourras
Facillement quant mon conseil feras
Mais tu jureras
Que point ne diras
Que rien dit je t'aye
Ains affermeras
Et asseureras
Que rien n'en sçavoie
Et te diray
Les choses dangereuses
Planierement tout te descouvriray
Et monstreray
En rien ne celleray
Ne couvriray
Toutes choses honteuses
Perilleuses
A pucelles paoureuses
Merveilleuses
Que fouyr tu pourras
Facillement quant mon conseil feras
Mais tu jureras
Que point ne diras
Que rien dit je t'aye
Ains affermeras
Et asseureras
Que rien n'en sçavoie
Nunc quicunque meus volet huic contrarius esse
Proferat hiis rebus si quid obesse potest
Proferat hiis rebus si quid obesse potest
Maintenant tout ce qu'il vouldra
Il te dira n'en doubte point
Mais estre il te conviendra
Contraire a luy et parle a point
En lui donnant de point en point
En belles parolles eslites
Toutes les choses opposites
De ce qu'en avant il mettra
Par ce moyen il congnoistra
Que tu n'as point lasche couraige
Et sans faulte te promettra
Soudain la foy de mariaige
Il te dira n'en doubte point
Mais estre il te conviendra
Contraire a luy et parle a point
En lui donnant de point en point
En belles parolles eslites
Toutes les choses opposites
De ce qu'en avant il mettra
Par ce moyen il congnoistra
Que tu n'as point lasche couraige
Et sans faulte te promettra
Soudain la foy de mariaige
Comme gallathee prenant le conseil de la vieille se repute ferme et vaillante de resister a la voulenté de pamphille
[V]iribus hic totis veniat contendere mecum
Aut victus taceat aut modo victor eat
Aut victus taceat aut modo victor eat
Vienne maintenant hardiement
Pamphille avec moy contendre
Et y emploier seurement
Ses vertus generallement
J'ay la façon de me deffendre
Icy suis preste de l'attendre
Viengne pour vaincre mon escu
Ou se taise et se vienne rendre
En confessant estre vaincu
Pamphille avec moy contendre
Et y emploier seurement
Ses vertus generallement
J'ay la façon de me deffendre
Icy suis preste de l'attendre
Viengne pour vaincre mon escu
Ou se taise et se vienne rendre
En confessant estre vaincu
Nam cicius mecum ratio compescerit illud
Cum ratione nichil diceret ille michi.
Cum ratione nichil diceret ille michi.
Aussi tost qu'il arrivera
Avec moy en quelque blason
Voulentiers escouté sera
S'il parle en termes de raison
Mais s'il veult trouver achoison
De me bouter en quelque voye
Pour me decepvoir par trayson
Jamais je ne l'escouteroye
Avec moy en quelque blason
Voulentiers escouté sera
S'il parle en termes de raison
Mais s'il veult trouver achoison
De me bouter en quelque voye
Pour me decepvoir par trayson
Jamais je ne l'escouteroye
La vieille
Vir bonus et pulcher genus altum copia grandis
Dulcis amor vestri pars erit auxilii
Il est tant bon homme et tant beau
Et des biens qu'il a a monceau
Est la quantité si tresgrande
Que je ne croy pas qu'il demande
Rien de villain/ le jouvenceau
Pour ung petit mot de nouveau
En joyeuseté ne m'en chault
Il est de lignaige tres hault
Il est bon/ beau/ riche/ honnorable
Dont je croy que amour veritable
Sera part de vostre conseil
Et sera la chose traictable
Par appointement nompareil
Fama loquax taceat modo taceat murmur iniquum.
Absque pudore vias res habet ista suas
Pourtant que chascun de vous face
Que la renommee loquace
Se taise et soit la chose breve
Que le grant murmure s'efface
Puis que temps avés et espace
Sans honte le marchié se acheve
Regardés bien a vostre compte
Ceste chose voyez sans honte
Nul ne le sçait tu le scez bien
Si non moy qui n'en diray rien
Car je t'aime d'amour parfonde
Et vouldroye trouver moien
De te pourchasser de grant bien
Autant que a fille de ce monde
Les doubtes que a fait galathee de se acorder tant esprise que plus ne peult
O deus in quantis animus versatur amantis
Quam timor hac illac pellit amor que gravis
Quam timor hac illac pellit amor que gravis
O sire dieu tu scez tout bien
En combien de choses/ combien
Tourne couraige d'amoureux
De repoz en luy n'y a rien
Mais incessamment sans moyen
Tourne en ung propoz ou en deux
Deça dela crainte le maine
Amour d'aultre part le demaine
Grevement en divers propoz
Tant qu'il n'y a point de repoz
L'une fois il treuve bon port
L'aultre dangereux pas de mort
Couraige amoureux en effet
Souvent est transmué si fort
Qu'il ne sçait qu'il dit ne qu'il fait
En combien de choses/ combien
Tourne couraige d'amoureux
De repoz en luy n'y a rien
Mais incessamment sans moyen
Tourne en ung propoz ou en deux
Deça dela crainte le maine
Amour d'aultre part le demaine
Grevement en divers propoz
Tant qu'il n'y a point de repoz
L'une fois il treuve bon port
L'aultre dangereux pas de mort
Couraige amoureux en effet
Souvent est transmué si fort
Qu'il ne sçait qu'il dit ne qu'il fait
Hii duo discordes/ me nocte dieque fatigant
Esse quod optat amor hoc netat esse timor
Esse quod optat amor hoc netat esse timor
Crainte et amour deux discordans
Et mortelz ennemis aussi
Qui jamais ne sont acordans
Mais tous divers champs recordans
Se treuvent tousjours a cecy
Ainsi sont amans en soucy
Tant que a pou que le cueur ne sent
Ce que ung ayme l'aultre deffent
Ce que amour desire et appete
Crainte deffent et le regette
Jamais en leur fait variable
N'y a conclusion parfaicte
Mais litigue interminable
Et mortelz ennemis aussi
Qui jamais ne sont acordans
Mais tous divers champs recordans
Se treuvent tousjours a cecy
Ainsi sont amans en soucy
Tant que a pou que le cueur ne sent
Ce que ung ayme l'aultre deffent
Ce que amour desire et appete
Crainte deffent et le regette
Jamais en leur fait variable
N'y a conclusion parfaicte
Mais litigue interminable
Quid faciat nescit semper per devia currens.
Errat et errando vulnus amoris alit.
Errat et errando vulnus amoris alit.
Ung vray amant ne sçayt qu'il face
Mais va tousjours de place en place
Sans chemin ne sente tenir
Quant il doit arrester il passe
Courant tousjours passe et rapasse
Sans ung propoz entretenir
Tousjours erre et en errant
Sans trouver secours ne garant
D'amours n'auroit la grefve playe
Qui luy abolit tout joye
Quant il ne peult trouver adresse
En cheminant l'oblique voye
Qui totalement le desvoye
Tant qu'il n'y a point de liesse
Mais va tousjours de place en place
Sans chemin ne sente tenir
Quant il doit arrester il passe
Courant tousjours passe et rapasse
Sans ung propoz entretenir
Tousjours erre et en errant
Sans trouver secours ne garant
D'amours n'auroit la grefve playe
Qui luy abolit tout joye
Quant il ne peult trouver adresse
En cheminant l'oblique voye
Qui totalement le desvoye
Tant qu'il n'y a point de liesse
Me sibi subdit amor illi licet usque rebellem
Me que repugnantem fortius urit amor
Me que repugnantem fortius urit amor
Je preuve la chose telle
En moy simple jouvencelle
Qui esprinse d'amour suis
Amour m'a subjecte a elle
Ja soit que je me rebelle
Contre elle tant que je puis
Je repugne assez: et puis
Amour tant plus je reculle
Et plus ardamment me brusle
Plus fuy plus me vient querir
Medecine ne sçay nulle
Qui m'y puisse secourir
En moy simple jouvencelle
Qui esprinse d'amour suis
Amour m'a subjecte a elle
Ja soit que je me rebelle
Contre elle tant que je puis
Je repugne assez: et puis
Amour tant plus je reculle
Et plus ardamment me brusle
Plus fuy plus me vient querir
Medecine ne sçay nulle
Qui m'y puisse secourir
Sic afflicta diu casso quoque fessa labore
Mesta loquar quam venire malo mori
Mesta loquar quam venire malo mori
Ainsi en ceste affliction
De double ymagination
De labeur cas vaine et lassee
De parler j'ay intention
Et dire mon opinion
Toute dolente et courroucee
En disant ma triste pensee
Et estre de soucy delivre
Mieulx ayme mourir que ainsi vivre
Car amour par sa fellonnye
Tant de cruelz assaulx me livre
Que j'ayme mieulx mort que la vie
De double ymagination
De labeur cas vaine et lassee
De parler j'ay intention
Et dire mon opinion
Toute dolente et courroucee
En disant ma triste pensee
Et estre de soucy delivre
Mieulx ayme mourir que ainsi vivre
Car amour par sa fellonnye
Tant de cruelz assaulx me livre
Que j'ayme mieulx mort que la vie
Comme la vieille resconforte gallathee de ce qu'elle dit que amour luy fait si grant guerre et dit.
[U]t graviora suo surgunt incendia motu
Lis que repugnando major et ira furit
Lis que repugnando major et ira furit
Les chaleurs et abrasemens
Se croissent par leurs mouvemens
Pires que du commencement
Par les divers repugnemens
Moyse prent ses escroissemens
Et sourt ire plus grandement
Le fer par son debatement
S'eschauffe vehementement
Petite noise aussi dement
Horrible merveilleusement
Et croist innumerablement
Quant son contraire la soustient
Se croissent par leurs mouvemens
Pires que du commencement
Par les divers repugnemens
Moyse prent ses escroissemens
Et sourt ire plus grandement
Le fer par son debatement
S'eschauffe vehementement
Petite noise aussi dement
Horrible merveilleusement
Et croist innumerablement
Quant son contraire la soustient
Sic venus ipsa suis/ ipsi sibi noxia vellis
Surgit et opposita vulnera lite favet
Surgit et opposita vulnera lite favet
Ainsi venus haulte deesse
D'amours souveraine princesse
Aux siens donne choses nuisibles
Par ardeur d'amoureuse presse
Et ses ardeurs haulse ou rabesse
Par operations terribles
Par lice opposite et contraire
Elle nourrit et faire atraire
Ses plaies pour les abraser
Par souvent le feu atiser
Il brusle incessemment tousjours
Par ainsi doit on rapaiser
Qui est saige le feu d'amours
D'amours souveraine princesse
Aux siens donne choses nuisibles
Par ardeur d'amoureuse presse
Et ses ardeurs haulse ou rabesse
Par operations terribles
Par lice opposite et contraire
Elle nourrit et faire atraire
Ses plaies pour les abraser
Par souvent le feu atiser
Il brusle incessemment tousjours
Par ainsi doit on rapaiser
Qui est saige le feu d'amours
Non potis ergo tuas vellis extinguere flammas
Sed cum pasce tuis mitior ignis erit
Sed cum pasce tuis mitior ignis erit
Je sçay bien que tu ne sçaurois
Reffraindre ainsi que tu vouldroyes
Les ires diverses et fortes
Qu'il fault que soustiennes et portes
Et bonnement ne le pourroyes
Mais il fault que saige tu soyes
Et que rapaises doulcement
Ton grant labeur et que tu voyes
Ta douleur prendre amandement
Reffraindre ainsi que tu vouldroyes
Les ires diverses et fortes
Qu'il fault que soustiennes et portes
Et bonnement ne le pourroyes
Mais il fault que saige tu soyes
Et que rapaises doulcement
Ton grant labeur et que tu voyes
Ta douleur prendre amandement
Imperium veneris fac dum sua miles haberis
Ne tibi sit dampno lisque labor que tuus
Ne tibi sit dampno lisque labor que tuus
Fay de venus la singuliere
Voulenté en ceste maniere
Et luy obeys totalement
Tant que tu es sa chevaliere
Militante soubz sa baniere
Faire fault son commendement
Obeys luy tout doulcement
Affin que peine et labouraige
Ne te retourne a dommaige
Car venus a ceste puissance
De donner tristesse ou plaisance
A ceulx qui sont soubz la cordelle
Tu luy dois monstrer obeissance
Pour acquerir la grace d'elle
Voulenté en ceste maniere
Et luy obeys totalement
Tant que tu es sa chevaliere
Militante soubz sa baniere
Faire fault son commendement
Obeys luy tout doulcement
Affin que peine et labouraige
Ne te retourne a dommaige
Car venus a ceste puissance
De donner tristesse ou plaisance
A ceulx qui sont soubz la cordelle
Tu luy dois monstrer obeissance
Pour acquerir la grace d'elle
Incipiens temere male perdis gaudia vite
Te que tuos que dies noxius error habet
Te que tuos que dies noxius error habet
Se tu commences tes amours follement
Commencement
Dangereux trouveras
Car les joyes perdras entierement
Soudainement
De ton entendement
Et ne sera point ton estat eureux
Tes jours en tous lieux
Erreur envieux
En soucy tiendra
Sans recouvrer mieulx
Tes jours jeunes vieulx
Desplaisir prendra
Commencement
Dangereux trouveras
Car les joyes perdras entierement
Soudainement
De ton entendement
Et ne sera point ton estat eureux
Tes jours en tous lieux
Erreur envieux
En soucy tiendra
Sans recouvrer mieulx
Tes jours jeunes vieulx
Desplaisir prendra
Tantum mente vides vultus absentis amici
Nocte die que tuos non minus ipse videt.
Nocte die que tuos non minus ipse videt.
De ton amy en son absence
Tu voys seullement l'insollence
Et la playe qu'il a pour toy
Pareillement fait il de toy
Il n'en a pas moins d'aparence
Se tu penses a luy il pense
A toy par comparable essence
Selon des amoureux la loy
De ton amy en son absence
Tu voys seulement l'insolence
Et la playe qu'il a pour toy
Se tu seuffre douleur immence
Qui te tourmente sans clemence
Il y a bien cause pourquoy
Tu sens douleur et puis je voy
Que oultre ta dure pestilence
De ton amy en son absence
Tu voys seulement l'insolence
Et la playe qu'il a pour toy
Pareillement fait il de toy
Il n'en a pas moins d'aparance
Tu voys seullement l'insollence
Et la playe qu'il a pour toy
Pareillement fait il de toy
Il n'en a pas moins d'aparence
Se tu penses a luy il pense
A toy par comparable essence
Selon des amoureux la loy
De ton amy en son absence
Tu voys seulement l'insolence
Et la playe qu'il a pour toy
Se tu seuffre douleur immence
Qui te tourmente sans clemence
Il y a bien cause pourquoy
Tu sens douleur et puis je voy
Que oultre ta dure pestilence
De ton amy en son absence
Tu voys seulement l'insolence
Et la playe qu'il a pour toy
Pareillement fait il de toy
Il n'en a pas moins d'aparance
Alter in alterius fert tantum lumina vultus.
Res dabit ambolus ista morando necem.
Res dabit ambolus ista morando necem.
L'ung seulement l'autre regarde
En regretz et en desconfort
Je m'esbahy qui vous retarde
Qu'en vous ne prenés reconfort
Se ne prenés en vous confort
Croyez que sans difficulté
Ce mal vous donnera la mort
A tous deux je dy verité
J'en ay gousté
Yver esté
Du mal d'amours
Je n'ay esté
En ma beaulté
Par plusieurs jours
J'ay fay des tours
Abiles lours
Maintenant en ma povreté
Je me retire comme lours
Qui doubte du temps le decours
Quant il est en sa grant bonté
En regretz et en desconfort
Je m'esbahy qui vous retarde
Qu'en vous ne prenés reconfort
Se ne prenés en vous confort
Croyez que sans difficulté
Ce mal vous donnera la mort
A tous deux je dy verité
J'en ay gousté
Yver esté
Du mal d'amours
Je n'ay esté
En ma beaulté
Par plusieurs jours
J'ay fay des tours
Abiles lours
Maintenant en ma povreté
Je me retire comme lours
Qui doubte du temps le decours
Quant il est en sa grant bonté
Sed puto quam flammas leviter depellere credis.
Hujus desiderii mors fera finis erit
Hujus desiderii mors fera finis erit
Je cuyde en pensant plusieurs choses
Que a tout par toy tu presuposes
Destaindre et soudain rappeller
Les flammes d'amours que ne exposes
A nully et aussi tu n'oses
Mais tousjours te laisses brusler
Par les celler
Sans reveller
De ce desir
Au paraller
Tost ravaller
Fauldra plaisir
En desplaisir
La mort saisir
Te viendra sans plus reculler
Lors n'auras plus temps ne loysir
Partir te fauldra sans choysir
Et si n'en pourras appeller
Que a tout par toy tu presuposes
Destaindre et soudain rappeller
Les flammes d'amours que ne exposes
A nully et aussi tu n'oses
Mais tousjours te laisses brusler
Par les celler
Sans reveller
De ce desir
Au paraller
Tost ravaller
Fauldra plaisir
En desplaisir
La mort saisir
Te viendra sans plus reculler
Lors n'auras plus temps ne loysir
Partir te fauldra sans choysir
Et si n'en pourras appeller
Parce juventuti complectere gaudia vite
Leta decet letis pascere corda jocis
Leta decet letis pascere corda jocis
Monstre toy bonne
A ta personne
Donne liesse
Honte habandonne
Et si pardonne
A ta jeunesse
Toute tristesse chasse et delaisse
Embrasse joye
Ayme noblesse
De gentillesse
Tu es en voye
C'est chose vraye
Que dieu envoye
Toute liesse aux cueurs joyeulx
Tous vrais amans qui que les voye
Qui quierent d'amours la mont joye
Se doivent repaistre des ieux
A ta personne
Donne liesse
Honte habandonne
Et si pardonne
A ta jeunesse
Toute tristesse chasse et delaisse
Embrasse joye
Ayme noblesse
De gentillesse
Tu es en voye
C'est chose vraye
Que dieu envoye
Toute liesse aux cueurs joyeulx
Tous vrais amans qui que les voye
Qui quierent d'amours la mont joye
Se doivent repaistre des ieux
Et modo sola veni paulisper ludere mecum
Et tibi nostra domus poma nuces que dabit
Et tibi nostra domus poma nuces que dabit
Maintenant ma jeune fillette
Qui icy tu es toute seullette
Vien me voir a nostre maison
La auras tu quelque noisette
Quelque pomme quelque chosette
Qui y est selon la saison
Ne crains point d'aultruy le blason
Car il n'y a point d'achoison
La chose ne sera que honneste
Que l'une avec l'aultre voison
Et puis tu entens la raison
Que la chose sera secrette
Qui icy tu es toute seullette
Vien me voir a nostre maison
La auras tu quelque noisette
Quelque pomme quelque chosette
Qui y est selon la saison
Ne crains point d'aultruy le blason
Car il n'y a point d'achoison
La chose ne sera que honneste
Que l'une avec l'aultre voison
Et puis tu entens la raison
Que la chose sera secrette
Vix est iste meus ortus sine frugibus nunquam
De quibus ecce frui quolibet ipsa potes
De quibus ecce frui quolibet ipsa potes
J'ay ung vergier
Le plus gorrier
Qu'on puisse entendre
La sans dangier
Pourras mengier
Tout fruyt et prendre
Pour tout comprendre
Sans te reprendre
Soit de pommier ou de poirier
Prendre pourras monter descendre
Rompre taillier couper et fendre
Ainsi que tu verras mestier
Le plus gorrier
Qu'on puisse entendre
La sans dangier
Pourras mengier
Tout fruyt et prendre
Pour tout comprendre
Sans te reprendre
Soit de pommier ou de poirier
Prendre pourras monter descendre
Rompre taillier couper et fendre
Ainsi que tu verras mestier
Sed modo nescio quis mea fortiter hostia movit.
Vir fuit aut ventus sed reor esse virum
Vir fuit aut ventus sed reor esse virum
Mais je ne sçay qui maintenant
A osté les portes en somme
De ce beau jardin contenant
Maint arbre portant poire et pomme
S'a esté le vent ou ung homme
Mais ainsi comme je suppose
Veu que la porte estoit bien close
C'est ung homme qui a ce fait
Le vent ne l'auroit point desclose
Ce a esté ung homme en effet
A osté les portes en somme
De ce beau jardin contenant
Maint arbre portant poire et pomme
S'a esté le vent ou ung homme
Mais ainsi comme je suppose
Veu que la porte estoit bien close
C'est ung homme qui a ce fait
Le vent ne l'auroit point desclose
Ce a esté ung homme en effet
Est homo per quodam nos respicit ecce foramen
Pamphilus est vultus si bene nosco suos.
Pamphilus est vultus si bene nosco suos.
Or regarde j'avoye bien dit
Que ung homme avoit ouvert cest huis
Regarde la comme il s'en fuit
De peur de nous par ce pertuys
C'est pamphille se je ne suys
Deceue a voir son regart
Il se tapit comme ung regnart
Cuydant que ne le voyon point
Mains il est deceu de ce point
Poursuivon l'ay tout bellement
S'il ne se tourne bien a point
Il ne nous verra nullement
Que ung homme avoit ouvert cest huis
Regarde la comme il s'en fuit
De peur de nous par ce pertuys
C'est pamphille se je ne suys
Deceue a voir son regart
Il se tapit comme ung regnart
Cuydant que ne le voyon point
Mains il est deceu de ce point
Poursuivon l'ay tout bellement
S'il ne se tourne bien a point
Il ne nous verra nullement
Comme la vieille faint de estre courroussee que pamphille soit la venu et comme toute marrie va tenser a luy et le increper de estre venu rompre son jardin
Arte seram retro paulatin vir que reducit
Ad nos ingreditur quid modo cesso loqui.
Ad nos ingreditur quid modo cesso loqui.
Tien galathee m'amye chiere
Comme il est venu reculler
Par art la serrure en arriere
Il l'a bien faillu esbransler
Qui me fait tenir de parler
Quant vers nous je le voy venir
Qui esse qui me peult tenir
Que je ne luy voys dire injure
De m'avoir rompu ma serrure
Ha de fait je ne m'en puis taire
Et bref il en viendra murmure
Par le dieu ou je croy j'en jure
Ou il la me fera refaire
Comme il est venu reculler
Par art la serrure en arriere
Il l'a bien faillu esbransler
Qui me fait tenir de parler
Quant vers nous je le voy venir
Qui esse qui me peult tenir
Que je ne luy voys dire injure
De m'avoir rompu ma serrure
Ha de fait je ne m'en puis taire
Et bref il en viendra murmure
Par le dieu ou je croy j'en jure
Ou il la me fera refaire
Cur furiose fores confringis pamphile nostras
Emptas namque meo/ destruis ere tuo
Emptas namque meo/ destruis ere tuo
Vien sa pamphille parle a moy
Et me dy la raison pourquoy
Rompu as furieusement
Les serrures comme je voy
De ce jardin est il a toy
Qui t'a donné ce hardement
Ne sçayt on pas certainement
Que les serrures que as gastees
J'ay de mon argent achatees
Pour quoy me les viens tu gaster
Pense d'aultres en rachater
Et que tost on me les reface
Ou j'en iray admonnester
Le juge que justice en face
Et me dy la raison pourquoy
Rompu as furieusement
Les serrures comme je voy
De ce jardin est il a toy
Qui t'a donné ce hardement
Ne sçayt on pas certainement
Que les serrures que as gastees
J'ay de mon argent achatees
Pour quoy me les viens tu gaster
Pense d'aultres en rachater
Et que tost on me les reface
Ou j'en iray admonnester
Le juge que justice en face
Quid vis vel cujus venisti nuncius ad nos
Dicere si quid habes dic celer atque redi
Dicere si quid habes dic celer atque redi
Pourquoy viens tu en mon vergier
Ou quelle cause a nous te amaine
Ou de qui es tu messagier
Veulx tu faire du capitaine
Y viens tu pour nous faire peine
Et travail parle a moy beau sire
Se tu as quelque chose a dire
Dy le nous tost plus ne sejourne
Nous te orrons sans te contredire
Et incontinent t'en retourne
Ou quelle cause a nous te amaine
Ou de qui es tu messagier
Veulx tu faire du capitaine
Y viens tu pour nous faire peine
Et travail parle a moy beau sire
Se tu as quelque chose a dire
Dy le nous tost plus ne sejourne
Nous te orrons sans te contredire
Et incontinent t'en retourne
Comme pamphille dresse sa parolle a galathee en luy demandant qu'elle le baise
O galathea mee super omnia causa salutis
Da michi per longuas basia mile moras
Da michi per longuas basia mile moras
Galathee ma doulce seur ma mye
Du bon du cueur/ humblement je te prie
Comme cause de mon salut entier
Puis que tu es en ce plaisant vergier
Que me monstres ta doulce courtoysie
Mille baisiers par doulce compaignie
Me pourroyent guairir ma maladie
Qui de mire a besoing et mestier
Galathee ma doulce seur ma mye
Du bon du cueur humblement je te prie
Comme cause de mon salut entier
Acolle moy doulce seur il m'ennuye
Puis qu'il convient que mon plaisir te die
Je suis pour toy en ung mortel dangier
Tant que ne puis ne boire ne mengier
Mon ame en toy de tous poins est ravie
Galathee ma doulce seur m'amie
Du bon du cueur humblement je te prie
Comme cause de mon salut entier
Puis que tu es en ce plaisant vergier
Que me monstres ta doulce courtoysie
Du bon du cueur/ humblement je te prie
Comme cause de mon salut entier
Puis que tu es en ce plaisant vergier
Que me monstres ta doulce courtoysie
Mille baisiers par doulce compaignie
Me pourroyent guairir ma maladie
Qui de mire a besoing et mestier
Galathee ma doulce seur ma mye
Du bon du cueur humblement je te prie
Comme cause de mon salut entier
Acolle moy doulce seur il m'ennuye
Puis qu'il convient que mon plaisir te die
Je suis pour toy en ung mortel dangier
Tant que ne puis ne boire ne mengier
Mon ame en toy de tous poins est ravie
Galathee ma doulce seur m'amie
Du bon du cueur humblement je te prie
Comme cause de mon salut entier
Puis que tu es en ce plaisant vergier
Que me monstres ta doulce courtoysie
Nec tamen hiis sumptis scitiens meus ardor abibit.
Sed crescit placidis acrior ipse jocis
Sed crescit placidis acrior ipse jocis
Encore quant des baisiers mille
A mon plaisir me donneras
Saichiez doulce et plaisante fille
Que pas encor n'estencheras
Tout mon ardeur mais le feras
Augmenter car feu amoureux
Se allume par les plaisans jeux
Nonostant belle baise moy
Tout mon bien peult venir de toy
Tout mon salut/ toute ma joye
Sans toy vivre je ne pourroie
Plaise toy de mon secourir
Si n'est par toy je suis en voie
En en grant dangier de mourir
A mon plaisir me donneras
Saichiez doulce et plaisante fille
Que pas encor n'estencheras
Tout mon ardeur mais le feras
Augmenter car feu amoureux
Se allume par les plaisans jeux
Nonostant belle baise moy
Tout mon bien peult venir de toy
Tout mon salut/ toute ma joye
Sans toy vivre je ne pourroie
Plaise toy de mon secourir
Si n'est par toy je suis en voie
En en grant dangier de mourir
En ego tota meis mea gaudia claudo lacertis
En amplector hominis dulce puerque michi
En amplector hominis dulce puerque michi
Maintenant voy
Auprés de moy
En ceste place
Celle parquoy
Je pers esmoy
Quant je l'embrasse
Sa doulce face
Mes maulx efface
A ceste heure icy je apperçoy
Que tout mal que j'ay eu se passe
Quant il luy a pleu de sa grace
Me monstrer que servir la doy
Auprés de moy
En ceste place
Celle parquoy
Je pers esmoy
Quant je l'embrasse
Sa doulce face
Mes maulx efface
A ceste heure icy je apperçoy
Que tout mal que j'ay eu se passe
Quant il luy a pleu de sa grace
Me monstrer que servir la doy
Comme galathee s'en veult fouyr et faint que une voisine l'appelle
[M]e vicina vocat illi loquar atque revertar
Nam nimis hoc vereor huc modo ne veniat
Nam nimis hoc vereor huc modo ne veniat
J'oy ma voisine qui m'appelle
Pamphille laisse moy je iray
Aler me fault parler a elle
Mais tantost je retourneray
S'elle vient honteuse seray
Tu peulz considerer ce point
Laisse moy ne me touche point
Car s'elle venoit d'aventure
Et elle nous veist en ce point
Ce seroit pour me dire injure
Pamphille laisse moy je iray
Aler me fault parler a elle
Mais tantost je retourneray
S'elle vient honteuse seray
Tu peulz considerer ce point
Laisse moy ne me touche point
Car s'elle venoit d'aventure
Et elle nous veist en ce point
Ce seroit pour me dire injure
Pamphille luy respont quant elle fait semblant de crier et s'en est la vieille allee qui les a la laissez ensemble
Quid clamas propero veniens hec hostia claudo
Nullus enim remanet hic nisi sola domus
Nullus enim remanet hic nisi sola domus
Pourquoy cries tu/ tant que je puis
En haste vien presentement
De clorre et de fermer les huys
On ne nous peult voir nullement
Il n'y a icy seulement
Que nous deux presens pour ceste heure
Et la maison seulle demeure
Asseure toy et point ne tremble
Tu es a seurté ce me semble
Et avec ton amy parfaict
Nous pouons bien parler ensemble
Et deviser de nostre fait
En haste vien presentement
De clorre et de fermer les huys
On ne nous peult voir nullement
Il n'y a icy seulement
Que nous deux presens pour ceste heure
Et la maison seulle demeure
Asseure toy et point ne tremble
Tu es a seurté ce me semble
Et avec ton amy parfaict
Nous pouons bien parler ensemble
Et deviser de nostre fait
Gallathee
Me mea cura tenet nunc dic cito dicere quid vis
Me tecum longuas non licet ire vias
Maintenant la cure de moy
Me tient mais sans plus differer
S'il y a quelque chose en toy
Dy le moy sans plus souspirer
Longuement ne puis demourer
Icy avec toy la saison
Voycy qu'il me fault retirer
Et retourner a la maison
Pamphille
En modo dulcis amor viridis que jnventa locus que
Nos galathea movent pascere corda jocis.
Nos galathea movent pascere corda jocis.
Doulce amour verdoiant jeunesse
Le lieu bel et delicieux
Me incitent de prendre liesse
Avecques ma dame et maistresse
Et me paistre d'amoureux jeux
A ceste heure sommes nous deux
Assemblez par amour certaine
Ainsi que deux vrais amoureux
Pour prendre liesse haultaine
Le lieu bel et delicieux
Me incitent de prendre liesse
Avecques ma dame et maistresse
Et me paistre d'amoureux jeux
A ceste heure sommes nous deux
Assemblez par amour certaine
Ainsi que deux vrais amoureux
Pour prendre liesse haultaine
En lasciva venus nos ad sua gaudia cogit
In que suos usus nos jubet ire simul
In que suos usus nos jubet ire simul
Voycy venus la joyeuse deesse
Qui nous contraint comme dame et princesse
Des amoureux a ses joyes mener
D'elle aussi nous adresser
Ensemble aler en amoureuse adresse
Qui noz deux cueurs en ung assemble et dresse
Ainsi que amours se sçaivent ordonner
A noz douleurs nous devons pardonner
Et le salut l'ung a l'aultre donner
Puis que venus la plus saige des saiges
Nous desire par contrainte mener
Et compeller a suivre ses usaiges
Qui nous contraint comme dame et princesse
Des amoureux a ses joyes mener
D'elle aussi nous adresser
Ensemble aler en amoureuse adresse
Qui noz deux cueurs en ung assemble et dresse
Ainsi que amours se sçaivent ordonner
A noz douleurs nous devons pardonner
Et le salut l'ung a l'aultre donner
Puis que venus la plus saige des saiges
Nous desire par contrainte mener
Et compeller a suivre ses usaiges
Quid moror hujus ope supplex mea vota requiram.
Tu patiens voti te precor esse mei
Tu patiens voti te precor esse mei
Puis que ainsi est que j'ay sa grace
Et qu'el me donne lieu et place
De mes plaisances requerir
Qui tarde que je ne le face
Quant je voy la belle en la face
Qui toutes mes douleurs efface
Et qui me garde de mourir
Belle tu me peulz secourir
Vers toy mon salut vien querir
Si te pry gracieuse et gente
Que sans aulcun blasme acquerir
Soyes de mon veu paciente
Et qu'el me donne lieu et place
De mes plaisances requerir
Qui tarde que je ne le face
Quant je voy la belle en la face
Qui toutes mes douleurs efface
Et qui me garde de mourir
Belle tu me peulz secourir
Vers toy mon salut vien querir
Si te pry gracieuse et gente
Que sans aulcun blasme acquerir
Soyes de mon veu paciente
Comme pamphille veult mettre les mains sus les mamelles de galathee pour venir aux atouchemens et elle faint n'en vouloir rien disant
Chargement de la publicité...