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Moyens infaillibles de devenir riche

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CHAPITRE II
L’Alimentation

C’est naturellement l’alimentation — dans les ménages ouvriers surtout — qui absorbe la plus grande partie des salaires. Aujourd’hui surtout que les objets servant à notre nourriture sont d’un prix très élevé, il sera prudent de veiller à ce que la dépense qu’ils nécessitent ne soit point faite sans une grande attention.

Pour se bien porter, une alimentation saine et variée est de rigueur. La qualité est préférable à la quantité. Absorber une trop grande proportion de nourriture, c’est s’exposer à des troubles d’estomac, à des migraines, à des maux divers qui rendent moins apte au travail et augmentent les dépenses sans utilité aucune.

Il n’est guère utile, dans la plupart des cas, de rechercher quels sont les aliments nutritifs et ceux qui ne le sont pas. Tous remplissent leur rôle, et vous aurez la santé et la force si vous savez vous faire des plats sains, propres et variés. Que la viande ne forme pas la base de votre alimentation. Mangez-en, mais ne la faites point figurer à tous vos repas. Tous les légumes sont bons ; ils renferment tous des matériaux nécessaires à notre organisme, c’est du reste pour notre usage qu’ils ont été créés. Les légumineux, tels que pois, haricots, fèves, lentilles, qui sont très nourrissants, les pommes de terre, les carottes, les navets, les choux, les salades, etc., permettront de faire une variété de mets qui aiguisera notre appétit et donnera à notre organisme tous les éléments dont il a besoin. Le lait, le beurre, le fromage, les œufs, les poissons, la chair du mouton, du bœuf, du porc, du gibier, les pâtes alimentaires, etc., sont des aliments dont on consommera avec grand profit pour la santé.

L’essentiel sera de savoir confectionner des mets peu coûteux et procurant le maximum utile de nutrition. Pour cela, la ménagère n’aura qu’à s’enquérir de ce qui lui coûtera le moins et qui pourra être le plus profitable. Ainsi, en hiver, quand les œufs sont d’un prix élevé, elle s’attachera à en servir le moins souvent possible ; elle en fera, au contraire, une grande consommation dans les autres saisons.

Certains auteurs préconisent le régime végétarien en lui attribuant toutes sortes de qualités. Nous ne sommes point de leur avis et prétendons que l’homme, obligé de fournir une grande somme de travail, a besoin de viande pour garder l’énergie et la force musculaire qui pourraient lui faire défaut, s’il s’en abstenait absolument. L’exemple cité de nos ancêtres qui vivaient très frugalement, mais qui consommaient tout de même un peu de viande n’est pas assez probant pour que nous nous inclinions, car il est prouvé que la vie, autrefois, était moins intense, et que par conséquent, ils avaient moins de forces à réparer. Tout est relatif. L’artisan qui n’a qu’une tâche facile et peu fatigante à remplir, n’éprouvera point le besoin de se nourrir de la même façon que l’ouvrier qui se dépensera chaque jour en exercices violents et prolongés. L’homme des champs doit vivre autrement que l’ouvrier de l’usine. La nourriture qui fait la bonne santé de celui-ci qui a un métier sédentaire, nuirait à celui-là qui, en bras de chemise, frappe sur l’enclume, ou abat sa lourde cognée sur les racines résistantes du chêne. Si l’ouvrier s’imaginait un jour de vivre copieusement, d’aliments riches comme les heureux de la fortune dont les tables sont le plus souvent abondamment approvisionnées, il arriverait devant sa besogne et se sentirait incapable de l’accomplir. Ses membres manqueraient d’élasticité, son corps tout entier serait alourdi et ce n’est qu’avec peine qu’il pourrait se baisser pour réunir ses outils afin de retourner chez lui pour s’étendre sur un fauteuil et attendre quelques heures que la digestion, enfin terminée, lui rende le libre usage de ses bras.

Ne rien laisser perdre est un grand point en cuisine. Les restes du repas pourront souvent fournir les éléments essentiels d’un autre repas. Si on ne peut les accommoder pour la table, il sera bon de les faire servir à des usages dont on tirera quelque profit. Les poules, les lapins, les canards se trouveront fort bien de tout ce qu’on laissera ainsi. Leur élevage et leur engraissement reviendront ainsi à meilleur marché.

N’habituez pas les enfants à demander à chaque instant des tartines dont ils gaspillent la plus grande partie. Qu’ils mangent convenablement aux repas essentiels et leur santé n’en sera que meilleure. Il est aussi désagréable pour tout le monde que coûteux pour la famille de voir des bambins mordant sans cesse des morceaux de chocolat ou se barbouillant les lèvres avec des bonbons. Les enfants n’ont guère besoin de ces sucreries qui leur gâtent les dents et échauffent leur appareil digestif. On sait bien qu’éviter tout ce qui est susceptible de compromettre quelque peu la santé est un moyen de faire des économies, puisqu’on éloigne ainsi les maladies et les dépenses que celles-ci exigent : frais de médecins, de pharmacie, perte de temps, etc.

La meilleure boisson serait l’eau, si elle était absolument pure, saine et fraîche. Mais dans la plupart des cas, il faut se méfier des eaux réputées potables qui peuvent contenir des microbes nuisibles. On a la ressource, il est vrai, de faire bouillir l’eau ; malheureusement elle est alors moins digeste.

Le mieux est de fabriquer soi-même une bonne boisson de ménage comme, par exemple, le cidre de feuilles de frêne. Cette boisson, très économique, est très saine et suffit bien pour le rôle qu’une boisson doit jouer dans l’alimentation. La préparation en est très simple. Pour cent litres, on emploie généralement :

Acide tartrique, 100 gr. ; feuilles de frêne, 100 gr. ; sucre blanc ou cassonade, 5 kilog. ; levure blanche en pain, 100 gr. ; chicorée, 125 gr. On fait bouillir pendant 20 minutes, l’acide tartrique dans 5 litres d’eau environ ; ensuite on laisse infuser ce liquide avec les feuilles de frêne et la chicorée pendant six heures. On passe le tout à travers un linge fin, et on le verse après dans un tonneau qui contient le sucre et la levure. On bonde et on laisse fermenter de 3 à 5 jours.

Dans les régions où la pomme à cidre est bonne et abondante, il n’en coûte pas plus cher, sans doute, de faire en hiver, sa boisson de toute l’année, chose que l’on ne pourra faire aussi économiquement dans les villes ou les villages, où l’on ne se procure cette pomme qu’avec les frais accessoires de transport.

Il est des parties de la France où la boisson la plus répandue est la bière. Dans ce cas, il est possible de se procurer à bon compte la bière de la dernière qualité. Mise en bouteilles, avec un morceau de sucre blanc dans chaque bouteille, elle donne une bonne et hygiénique boisson.

Nous citerons aussi le vin qui, dans les pays de production, n’est pas cher. Il convient bien à la santé. On n’en peut guère faire une boisson courante dans les ménages ouvriers pour les autres lieux, car le prix de revient est trop élevé.

Ce chapitre de l’alimentation nous conduit naturellement à parler de l’hygiène. C’est par une hygiène bien comprise qu’on entretient le corps en bon état de santé : chose très importante, considérée du point de vue qui nous occupe, puisque la bonne santé nous permet de nous livrer à notre besogne sans chômage, de nous passer des secours onéreux d’un médecin et d’un pharmacien.

En alimentation, il est capital que tout soit proprement préparé. Les ustensiles de cuisine devront être nettoyés avec le plus grand soin ; on ne souffrira pas une casserole dont l’émail aurait une tendance à éclater ; on n’usera que des aliments reconnus tout à fait sains ; les conserves pourront être employées, mais avec la plus grande circonspection, à cause des dangers fréquents qu’elles occasionnent. La viande sera poussée à un bon degré de cuisson. On mangera avec sobriété.

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