Nouveau Glossaire Genevois, tome 1/2
CABARET, s. m. Sorte de petite table.
CABINET, s. m. Atelier d'horlogerie. État de cabinet se dit d'une profession prise dans une des branches de l'horlogerie.
CABINOTIER, s. m. Ouvrier horloger. Terme dérisoire.
CABOLER, v. a. Déformer, bossuer. Caboler une montre; caboler un arrosoir. La bouilloire tomba et fut cabolée. En Franche-Comté et en vieux français, on dit: Cabouler. A Besançon, caboule signifie: Bosse que l'on se fait au front par l'effet d'un coup.
CABORGNON ou CABOURGNON, s. m. Cabinet borgne.
CABOSSE, s. f. Caboche, tête. Bonne cabosse; forte cabosse; avoir de la cabosse. Terme méridional.
CABOSSER, v. a. Bossuer, déformer. Cabosser de l'étain; cabosser un pochon. Nos fashionables s'étudient à cabosser leurs chapeaux avec art. Ce terme, qui appartient au vieux français, s'est conservé dans le langage français populaire.
CABOURNE ou CABORNE, s. f. Baraque, cabine, petit logement, cache. Abattre une caborne. Terme savoisien. En provençal et en languedocien, caborno signifie: Antre, caverne, tanière, réduit, cache; en Franche-Comté, cabourot, réduit obscur, cabinet borgne. Voyez le mot S'ENCABOURNER.
CABUSSE, adj. féminin. Le dictionnaire de l'Académie et tous les autres dictionnaires modernes refusent un féminin à l'adjectif «Cabus.» Ils disent: «Chou cabus,» et rien autre. A Genève nous disons: Laitue cabuce ou cabue, et les dictionnaires de Robert Estienne et de Cotgrave le disent aussi.
CACABO, s. m. (o bref.) Tache d'encre sur le papier, pâté. Faire des cacabos. A Chambéry on dit: Cacabon.
CACADIOT, s. m. Demi-imbécillité, état d'enfance. Tomber dans le cacadiot. Expression triviale. On dit aussi: Un cacadiot, pour signifier Un idiot, un personnage stupide.
CACAPHONIE, s. f. Cacophonie.
CACHARD, ARDE, adj. et subst. Se dit d'une personne mystérieuse et sournoise.
CACHEMAILLE, s. f. Cachemaille en terre cuite. Mettre dans la cachemaille; briser la cachemaille. Terme méridional. Maille est le nom d'une ancienne petite monnaie, valant un centime. Quelques personnes disent, par corruption: Cachemille. Le mot français est «Tire-lire.»
CACHER, v. a. Serrer, enfermer. Cacher des joujous, c'est: Les serrer dans le tiroir, dans la boîte, dans l'armoire qui leur est destinée. Aie un peu d'ordre, Jules, et va cacher tes habits. Dites: «Et va serrer tes habits.»
CACHOTTER, v. n. Faire des cachotteries. Durant tout le bal ils n'ont fait que cachotter et se moquer. À quoi bon tant cachotter? Terme vaudois, dauphinois, lorrain, etc., qu'on ne trouve dans aucun dictionnaire moderne, mais dont Mme de Sévigné a fait usage: «Je lui contai tout naïvement mes petites prospérités, ne voulant point les cachotter. À Genève, cachotter est un verbe neutre.
CACIBRAILLE ou CASSIBRAILLE, s. f. Se dit des personnes, et signifie: Racaille, lie, rebut. Ne fréquente pas ces gens-là, c'est de la gogne, c'est de la cassibraille.
† CADENAR, s. m. Cadenas.
CADENATER, v. a. Cadenasser. Cadenater une porte, cadenater un coffre. Terme formé de cadenat (t final), ancienne orthographe du mot «Cadenas.»
CADENATIÈRE, s. f. Se dit de la charnière et de l'anneau auxquels s'adapte le cadenas. Ni cadenatière ni cadenassière ne sont français.
CADET (LE). Le moindre. Ne s'emploie guère que dans cette phrase: C'est le cadet de mes soucis; c'est-à-dire: C'est le dernier, c'est le moindre de mes soucis.
CADRACTURE, s. f. Terme d'horlogerie. Cadrature.
CADRE DE LIT, s. m. Ciel de lit.
CADRETTE ou QUADRETTE, s. f. Sorte de jeu de cartes qu'on joue à quatre personnes, et qui est surtout en usage parmi les domestiques et les cochers. Faire la cadrette.
CAFFARD, s. m. Blatte, insecte qui recherche les endroits chauds, les fours, par exemple, et les cuisines. Au figuré, feu de caffard signifie: Grand feu. Vous mettez dans cette chaufferette un feu de caffard. Terme savoisien et lyonnais. Nous disons aussi, mais abusivement: Rouge comme un caffard.
CAFFE, s. fém. Casse, casserole. Nous citons ce mot à cause de ce dicton populaire: Il y a caffe et caffe, dit le magnin; c'est-à-dire: Il y a une distinction à faire entre les choses qui paraissent au premier coup d'œil toutes semblables. Mais, dites-moi, Monsieur le cordonnier, je n'ai payé jusqu'ici mes souliers que huit francs, et vous m'en demandez dix!—Monsieur le professeur, il y a caffe et caffe: je vous apporte des souliers qui sont à double semelle et en cuir de vache. Caffe, mot patois, est notre mot genevois casse (casserole).
CAFFE, loc. adv. Rien, néant, bernique.
CAFIOT, CAFIOTE, s. Nabot, nabote; garçon ou fille d'une taille ridiculement petite.
CAFORNET ou CAFOURNET, s. m. Faire le cafornet, se dit des femmes qui se tiennent baissées et comme accroupies sur leur chaufferette. Cafforno, en provençal, signifie: Cabinet sombre.
CAGNE, s. f. Cache, cachette, bon coin. Jouons à ilaî, jouons à ilaî! Je sais une cagne, une excellente cagne. Venez tous avec moi, je sais la cagne du diot. Dans le patois vaudois on dit: Can-ne. Se can-ner se blottir. En languedocien et en vieux français, cagnard signifie: Abri.
CAHOTEMENT, s. m. Cabotage, cahot, secousse qu'on éprouve dans une voiture qui chemine sur un terrain raboteux. Terme suisse-roman, dauphinois, gascon, orléanais, parisien populaire, etc. Cahotement, mot connu partout, vaut bien Cahotage, qui est beaucoup moins usité.
CAILLE, s. f. Il attend que les cailles lui tombent toutes rôties: se dit d'un paresseux qui voudrait avoir les choses sans peine. Les dictionnaires français disent: «Il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties.»
CAILLÉE, s. f. Caillé, lait caillé, caillebotte.
† CAILLOTON ou CAILLOU, s. m. Caillot, grumeau. Des caillous de sang; des caillous de lait tourné.
CAÏON, CAÏONNE, s. Ne se dit que des personnes, et signifie: Très-sale, très-malpropre. Faut-il être caïon pour relever une pomme rongillée et la manger! Terme connu en Savoie, en Dauphiné et en Franche-Comté.
CALABRE (LA). Battre la Calabre. Déraisonner, battre la campagne.
CALAMANDRE, s. f. Calmande, étoffe de laine, lustrée d'un côté comme le satin. Un habit de calamandre. Terme méridional. On dit à Lyon: Calmandre.
CALAMAR, s. m. Sorte d'étui à mettre les plumes. Terme vieux français. R. calamus.
CALEMBOURDAINE, s. f. Calembredaine. Battre la calembourdaine, signifie: Parler à bâtons rompus, déraisonner. «Calembredaine» est français. Mais «Battre la calembredaine» ne se trouve dans aucun dictionnaire.
CALLOT, s. m. Têtard, arbre qu'on taille entièrement à des époques fixes. En Flandre, hallot signifie: Vieux saule étêté.
CALVINE, s. f. Calville, sorte de pomme. Des calvines rouges. Terme suisse-roman, lorrain, parisien populaire, etc. Selon l'Académie, «Calville» est du genre masculin; selon Boiste et M. Bescherelle, il est féminin.
† CAMAMILE, s. f. Camomille.
CAMELOTTE, s. f. Contrebande. Faire la camelotte.
CAMOMILE, s. f. Écrivez et prononcez «Camomille,» en mouillant les ll comme dans Famille.
CAMOUFLET, s. m. Soufflet, mornifle. Donner un camouflet. Terme français populaire du nord.
CAMPAGNE (EN). À la campagne. Tous les étés ils vont en campagne. Notre cousin Bernard a un cercle en ville et un cercle en campagne. Mme N*** demeure toute l'année en campagne.
CAMPAN-NE, s. f. Terme patois. Sonnette en fonte que l'on suspend au cou des bœufs et des vaches. Terme suisse-roman, savoisien, franc-comtois, méridional et vieux français. R. campana, cloche.
CAMPE, s. f. Voyez EN CAMPE.
CAMPÈNE, s. f. Plante nommée en français Aïault, ou Campane jaune, ou Narcisse sauvage.
CAMPHRER (SE), v. pron. Faire abus de vin, ou de liqueurs.
CAMUE, adj. f. Une petite camue. L'adjectif «Camus» fait au féminin «Camuse.»
ÇAN, pron. rel. Terme patois, qui signifie: Ceci, cela. Y é çan (c'est cela). Ce mot çan, qui appartient au vieux français, se retrouve dans les expressions suivantes, que chacun de nous a pu entendre: Çan mien, çan tien, çan nôtre, çan leur, et qui signifient: Le mien, le tien, le nôtre, le leur. Dans le Jura on dit exactement de même. Dans le dialecte populaire du Limousin on dit: Ça mien, ça tien, etc.
CANARD, s. m. Bourde, fausse nouvelle politique. Dans le français populaire, donner des canards à quelqu'un, signifie: Lui en faire accroire. [Voyez le Dictionnaire du Bas langage, t. I, p. 151.]
CANARDER, v. n. Nager au fond de l'eau; plonger.
CANARDIÈRE, s. f. Bateau destiné surtout à la chasse des canards sur notre lac.
CANDI, CANDIE, adj. S'emploie figurément dans le sens de: Penaud, interdit, stupéfait, immobile d'étonnement. Elle demeura muette et candie; ils restèrent candis et confondus.
CANFARER ou CAFARER, v. a. Brûler, enflammer. Ces épices m'ont canfaré la bouche. Se cafarer, se brûler. Quel cafarô de chauffe-pied tu me donnes là! c'est-à-dire, quel chauffe-pied brûlant, etc. Être rouge comme un cafarô, signifie: Être rouge écarlate. Voyez CAFARD.
CANIULE, s. f. Canule.
CANONNER (SE), v. pron. Boire avec excès. En français, «Canon» signifie: Petite mesure de boisson spiritueuse.
CANOTER et CANIOTER, v. n. Marcher comme les canes, c'est-à-dire, en se balançant, en se tortillant, en jetant son corps successivement à droite et à gauche, Elle canote; elle marche en canotant. Dans le vieux français, caneter avait la même signification.
CANTALOUPE (UNE). Sorte de melon. Ce mot est masculin; il s'écrit «Cantaloup,» et le p final est muet.
CANTINE, s. f. Dame-jeanne, grosse bouteille de verre. Terme méridional.
CAOUET, CAOUETTE, ou COUET, COUETTE, adj. et s. Se dit d'un animal qui n'a point de queue, ou qui a eu la queue coupée. On dit en français: «Écoué.» Le premier mot (caouet) est employé sur la rive gauche du Rhône et en Savoie; le second (couet) est en usage sur la rive droite et en France. [P. G.]
CAPÉ, CAPÉE, adj. Huppé, qui a une huppe (une cape) sur la tête. Alouette capée, canari capé.
CAPELLADE, s. f. Coup de chapeau, salut qu'on fait en ôtant son chapeau. Terme méridional, fort ancien chez nous, puisqu'on le trouve déjà dans la chanson de l'Escalade:
On dit à Neuchâtel: Une chapelade. R. capel, chapeau.
CÂPITE, s. f. Cabane, hutte dans les jardins ou au centre des vignes, maisonnette rustiquement construite et isolée dans la campagne. Les câpites de Plainpalais; la câpite de Grange-Canal; la câpite de Vésenaz. Terme connu dans le canton de Vaud, et qui existait déjà dans le vieux français. L'ancien Glossaire pense que ce terme vient du mot latin capitatio, qui signifie: «Taxe.» Il viendrait plutôt du mot latin caput, tête, sommité, parce que ces cabanes sont ordinairement placées de manière à dominer toute la campagne environnante.
CAPO ou CAPOT, s. m. (o bref.) Capote, sorte de chapeau ou de capuchon que nos dames mettent quelquefois par-dessus leur coiffure pour la préserver. Terme berrichon. Dans la plupart des dialectes de France, capo a le sens de «Manteau.»
CAPONNERIE, s. f. Poltronnerie, lâcheté.
CAPOTE, adj. fém. Confuse, déconcertée. Elle se retira toute capote. Combien elle fut capote, quand elle trouva la porte fermée! «Capot» est un adjectif des deux genres. On doit donc, en parlant d'une femme, dire: Elle est capot; elle s'en alla bien capot.
CAPOTISANT, ANTE, adj. Qui rend capot. Une mésaventure capotisante. Cette pluie est bien capotisante.
CAPOTISER, v. a. Rendre capot, déconcerter. Ce contre-temps nous capotisa. Le bal fut renvoyé à huitaine, et la jeune fille en fut bien capotisée. Ma réponse l'a capotisé, écrivait De Sonnaz à Grenus, en 1794. Terme connu en Savoie et dans la Suisse romane.
CAQUEGRAISSE, s. m. Avare, ladre, taquin.
CAQUEUX, EUSE, adj. et s. Misérable, chétif. Se dit surtout des choses, et s'emploie principalement dans cette expression: Un air caqueux.
CARABASSE, s. f. Terme des campagnards. Sarments de hutins avec lesquels on lie les haies.
CARABASSE, s. f. Frasque, équipée, tour malin, espièglerie, mystère. Faire des carabasses. L'expression Vendre la carabasse, revient à celle-ci: Découvrir le pot aux roses. [P. G.]
CARAMELLE (UNE). De bonnes caramelles. Ce mot s'écrit «Caramel,» et il est du genre masculin.
CARCAGNOU, s. m. Se dit principalement de la petite armoire qui est pratiquée à l'extrémité des barques. Par extension, ce mot signifie: Petit réduit dans une cuisine; petite chambre borgne, bouge à peine éclairé. Ils occupaient au cinquième étage deux mansardes et un carcagnou.
CARCAN, s. m. Sonner le carcan, se dit: 1o Du son que rend un vase fêlé; 2o D'une personne atteinte de marasme et dont l'existence est compromise. Quelques-uns disent: Sonner le carquet.
CARCASSE, s. f. Terme d'écolier. Sabot, sorte de toupie qu'on fait tourner avec un fouet.
CARDE, s. f. Cardon, plante potagère. Accommoder des cardes. Terme méridional.
CARAMBOLER, v. a. (fig.) Meurtrir, contusionner. Il tomba et se carambola le nez. Ne se dit qu'en plaisantant.
CARON, s. m. Voyez CARRON.
CAROTTE, s. f. Betterave.
CAROTTIER, s. m. Carotteur, celui qui tire des carottes, dupeur, escroc.
CARPIÈRE, s. f. En français, ce mot ne se dit que d'un étang où l'on nourrit des carpes; il se dit chez nous de toute espèce d'étang. M. Pautex, dans son Vocabulaire, pense que notre mot de carpière doit être rendu par celui de «Mare.»
CARQUEVELLE, s. f. Plante. Crête de coq des prés.
CARQUILLON, s. m. Insecte de l'espèce des charançons. Les lentilles sèches sont continuellement envahies par les carquillons. Dans les dialectes vaudois et neuchâtelois on dit: Gorgolion; dans le Jura, gargouillon; en Languedoc, gourgoul; en latin, curculio.
CARRE, s. f. Ondée, averse, pluie subite et de peu de durée. Une carre de pluie. Une grosse carre; recevoir une carre. Terme de la Suisse romane. En Savoie, et même dans quelques villages de notre canton, on dit aussi bien carre de soleil, carre de neige, carre de grêle, que l'on dit carre de pluie. Et quand je demandais à un paysan savoisien le sens véritable de ce mot, il me répondit: Une carre, Monsieur, c'est un bocon (c'est-à-dire: Une petite quantité).
CARREAU DE JARDIN, s. m. Planche de jardin, carré de jardin. Nous cultivions deux carreaux de chicorée et un carreau d'asperges. Terme vieux français, etc.
CARRELET, s. m. Voyez CARROLET.
CARRÉMENT, adv. (fig.) Fermement, nettement, crânement. Répondre carrément.
CARRIEUR, s. m. Carrier, celui qui exploite une carrière, l'ouvrier qui y travaille. Terme vieux français. A Bordeaux on dit: Carréyeur.
CARRIÔLER (SE), v. pron. Aller en voiture, se faire traîner en voiture, se faire charrier en voiture. On les voit chaque dimanche se carriôler, se brelinguer. Terme dérisoire.
CARROLET ou CARRELET, s. m. Petit carré, petit objet coupé en carré. Des carrolets de papier. Écrivez les noms sur des carrolets de carton et tirons au sort. Je trouve dans une lettre écrite au Journal de Genève, le 8 décembre 1846: «Il faut faire bouillir les bulbes de dahlias et les couper par tranches et par carrolets.» En Normandie, carrelet se dit d'un petit carré de papier. [Voyez Duméril, Dictionnaire du patois normand, p. 59.]
CARRON, s. m. (a bref.) Carreau de terre cuite, brique. Les carrons d'une cuisine. Rougir les carrons. Carrons déjoints. Tomber sur les carrons. Terme suisse-roman, savoisien et franc-comtois.
CARRONNAGE, s. m. Carrelage.
CARTE ou QUARTE, s. f. Mesure de capacité pour les solides, laquelle contient la sixième partie d'une coupe. Une carte de châtaignes. Une carte de gros blé.
CAS, s. m. Faire du cas. Faire cas, estimer. Que penses-tu de Pierre Des Mouilles?—Pierre Des Mouilles? C'est un homme certainement dont je fais du cas.
CASSANT, ANTE, adj. Nous disons figurément d'un homme qui, dans les discussions, tranche durement et contredit avec roideur: C'est un homme cassant. Expression remarquable.
CASSE, s. f. (a bref.) Poêle à frire. Le manche d'une casse. Poissons à la casse; œufs à la casse. Terme suisse-roman, savoisien, jurassien, lyonnais, etc. Dans le patois bourguignon on dit: Caisse. En Normandie et en Picardie on appelle casse une Lèchefrite.
CÂSSE, s. fém. Se dit des objets cassés. Le voiturier ne répond pas de la câsse.
CÂSSE, s. f. Altération sensible dans la santé d'une personne qui n'est plus jeune. Avoir une câsse. Prendre une câsse. Expression connue aussi dans le canton de Vaud.
CASSÉ, adj. masc. Se dit du sang et signifie: Coagulé, figé.
CASSÉS, adj. m. pl. Se dit des yeux et signifie: Cernés, battus. Avoir les yeux cassés.
CASSÉ, ÉE, adj. Se dit des fruits tombés de l'arbre et meurtris. Poires cassées, pommes cassées. On fit avec ces fruits cassés une excellente marmelade.
CASSÉ, adj. masc. Se dit du papier. Ce que nous appelons papier cassé s'appelle en France: «Papier brouillard, papier gris.»
CASSE-MUSEAU, s. m. Sorte de massepain très-dur et de nature à casser les dents. En français, «Casse-museau» a une signification différente.
CASSE-NOISETTES, s. m. Muscardin, sorte de mulot ou petite souris rousse. Les campagnards l'appellent: Maragnou ou casse-alagnes.
CASSER, v. a. (fig.) Dans le langage des cuisinières, on casse le lait, c'est-à-dire, on le dispose à s'aigrir et à tourner, lorsque, en été, l'on touche à un pot plein de lait, où la crême commence à se former, et dont l'emploi n'est pas immédiat.
CASSEROLE D'UNE CHAUFFERETTE, s. f. Brasier.
CASSETTE, s. f. Sorte de poêlon dans lequel on fait cuire le lait. Le manche d'une cassette.
CASSEUR, s. m. (fig.) Homme tranchant, hâbleur, fanfaron. Terme français populaire.
CASSIBRAILLE, s. f. Voyez CACIBRAILLE.
CASSIN, s. m. Ecchymose, épanchement du sang entre la peau et la chair, causé par une contusion. Voyez CASSÉ, no 1.
CASSOTON, s. m. Poêlon, ustensile de cuisine.
CASTONADE, s. f. Cassonade.
CATAPLÂME, s. m. Écrivez et prononcez «Cataplasme,» en faisant sonner l's.
† CATAPLASSE, s. m. Cataplasme.
CATARATE ou CATARAQUE, s. f. Cataracte. Terme de médecine.
CATÉCHIME, s. m. Écrivez et prononcez «Catéchisme,» en faisant sonner l's, comme dans le mot Gargarisme.
CATELER, v. a. Terme rural. Élever, faire monter les gerbes au moyen d'une catelle. Le verbe français est «Poulier.»
CATELET, CATET ou CHÂTELET, s. m. Terme des campagnards. Trochet de noisettes, c'est-à-dire: Noisettes qui ont crû attachées ensemble.
CATELLE, s. f. Terme rural par lequel on désigne la poulie et la corde dont on se sert dans les granges pour élever les gerbes qu'on place sur le soli. Terme dauphinois.
CATELLE, s. f. Brique vernissée, carreau de poterie. Catelle fendue; remettre des catelles. Poêle de catelles; fourneau de catelles. Terme suisse-roman. L'expression française est «Faïence.» Poêle de faïence.
CÂTIULE, s. f. Ce terme, qui nous vient des campagnards, signifie: Femme maladive et chétive, femme qui se plaint toujours de ses maux et ennuie par cela même ses alentours. Ayez un peu de patience avec notre pauvre câtiule. En languedocien, câitiou, et en vieux français, caitiu, veulent dire: Chétif, misérable.
CATOLION ou GATOLION, s. m. Grumeau, caillot. Des gatolions de sang. Une soupe en gatolions. On dit à Lyon: Des catons. Dans le Jura on donne le nom de catons à une bouillie très-épaisse de farine de maïs.
CATTE, s. f. Boucle de cheveux, mèche de cheveux. Se prendre aux cattes; tirer les cattes. Fais-toi donc couper les cattes, John, tu as l'air d'un ours.
CAUQUE, s. f. Terme de dérision, de compassion et d'amitié. Il se dit: 1o D'une vieille femme en général; 2o D'une vieille femme maladive; 3o D'une vieille femme grognon et commère. Qu'as-tu, cousin, que tu sembles triste?—J'ai... que ma cauque est toujours malade et qu'elle me gongonne toujours. Toutes nos cauques sont en émoi à cause que le café a renchéri.
CAUSER À QUELQU'UN. Cette expression n'est pas française. Il faut donc éviter les phrases suivantes, et phrases analogues: Je lui ai causé après le sermon. Finis, Jules, et ne me cause plus. Sur les bateaux à vapeur on trouve toujours à qui causer. J.-J. Rousseau a dit dans ses Confessions, livre VII: «La première fois que je la vis, elle était à la veille de son mariage. Elle me causa longtemps avec cette familiarité charmante qui lui est naturelle.» Faute fréquente en Suisse, en Dauphiné, en Lorraine, en Franche-Comté, en Normandie, en Provence et en Languedoc, c'est-à-dire, faute universelle.
CAUSETTE, s. f. Causerie, entretien qui a de l'abandon et de la bonhomie, conversation nourrie et animée, mais douce et facile. Faire la causette. Terme très-connu en France. «J'aime le feu, les criscris, une salade de homards, une bouteille de Champagne et la causette.» [Don Juan, chant Ier, § 134, traduction d'A. Pichot.] Expression heureuse, qui n'a point d'équivalent dans la langue des dictionnaires et dont ils feraient bien de s'enrichir.
CAVAGNE, s. f. Grande corbeille carrée qui se fabrique dans le Jura, et dont on se sert pour emballer. Une paire de cavagnes. Terme qui nous vient de la Provence et du Piémont.
CAVALAIRE (À), loc. adv. À califourchon, à chevauchons, jambes de çà, jambes de là. Se mettre à cavalaire. Mets-toi à cavalaire sur moi et je te porterai. En vieux français, cavalart veut dire: Cavalier.
CAVALCADER, v. n. Se dit des promenades que plusieurs personnes réunies font à cheval. Nos trois étourdis s'échappèrent du pensionnat dès le matin, et on les aperçut dans l'après-midi cavalcadant près du château de Fernex. Excellente expression, qui n'a pas été négligée par Töpffer.
CAVALE, s. f. Se dit figurément d'une jeune fille qui se réjouit avec excès en dansant, en sautant, en gambadant. [P. G.]
CAVALER, v. n. Prendre ses ébats, se réjouir avec excès en dansant, en sautant, en gambadant. [P. G.]
CAVALIER MAL MONTÉ, s. m. Jeu d'écoliers.
CAVALIÈRE, s. f. Terme de tailleur. Petit pont. Cavalière n'est pas dans les dictionnaires, mais il se dit à Marseille et sans doute ailleurs.
CAVALIERS (LES). Nous appelons de la sorte trois jours regardés comme funestes, à cause des pluies, des gelées ou des ouragans qui les accompagnent d'ordinaire. Ces jours sont: le 25 avril, fête de saint Marc; le 28 avril, fête de saint Georges, et le 1er mai, fête de saint Philippe. Cette croyance populaire se retrouve en Franche-Comté, en Languedoc et ailleurs. Dans le Chablais (Savoie) on donne le nom de Cavaliers aux trois derniers jours d'avril et aux trois premiers jours de mai.
CAVETTE, s. f. Petite cave ou caverne pratiquée au dedans d'un poêle pour y tenir chauds les mets qu'on va servir. Terme connu aussi à Neuchâtel.
CAVILLE, s. f. (ll mouillés.) Bévue, erreur, sottise, méprise, manque-à-toucher. Mme N** a voulu prendre en main la direction de sa grande campagne, et elle n'y a fait que des cavilles. Tu ne fais donc que des cavilles, Alexis! tu vas demander à Mme Bouvard des nouvelles de son mari, et tu sais très-bien qu'elle a divorcé depuis deux ans. Cette expression, Faire des cavilles, est si usitée chez nous, que la plupart de mes lecteurs genevois, la croyant française, seront étonnés de la rencontrer ici.
CAVOT, s. m. (o bref.) C'est ainsi qu'on prononce, dans toute la Suisse romane, le mot de «Caveau» (petite cave). La clef du cavŏt. «Caveau» rime avec nouveau.
† CELUI-LÀ, CEUX-LÀ, pron. dém. Celui, ceux. Que ceux-là qui veulent venir baigner lèvent la main! À qui est ce mâpis?—C'est celui-là à Jean Renaud. À qui est cette ronfle?—C'est cette-là à Dufournet. Quelques-uns vont plus loin encore, et disent: Cettui-là-là, cette-là-là, ceux-là-là. Bandits, vauriens! lequel de vous trois a jeté cette pierre?—Eh! Monsieur, ce n'est pas nous deusse (nous deux), c'est cettui-là-là qui s'en sauve.
CENAISE, s. f. Vase d'étain destiné au transport du vin dans nos temples, lorsque l'on y communie. Les cenaises sont la propriété de l'Hôpital. R. cæna, Cène, sainte Cène.
CENSÉMENT, adv. Cet adverbe (qui du reste n'est pas français) a une signification vague et bien difficile à saisir. Le voisin Jean-François est parti censément pour un voyage; mais c'est pour échapper à ses créanciers. Vous voudriez savoir la signification du mot niâniou? Eh! pardine, Monsieur, c'est comme qui dirait censément Louis Guillerot ou Jean Treboulioux.
CENTIME (UNE). Un centime.
CERCEAU, s. m. Trouble, sorte de filet rond.
† CERCHER, v. a. Chercher. Jean-Pierre, va-t'en voir me cercher ma veste. Terme vieux français.
CERCLE, s. m. Cerceau, jouet d'enfant.
CÉRÉMONIEL, ELLE, adj. Cérémonieux, qui fait trop de cérémonies. Ce jeune Mr B** est fort aimable, mais trop cérémoniel.
CERUSE, s. f. Blanc de ceruse. Blanchir à la ceruse. Écrivez et prononcez, avec un accent aigu sur l' é, «Céruse.»
† CÉRUSIEN et CÉRUGIEN, s. m. Chirurgien. La voisine courut appeler le cérusien. Barbarisme qui n'est pas inconnu en France.
CERVELAS, s. m. Terme de charcutier. Tête marbrée, fromage de cochon. «Cervelas» est français dans une acception différente.
† C'EST MOI QUE J'AI... Dites: C'est moi qui ai... C'est moi que j'ai paillé vos chaises, Monsieur le Receveur, et c'est moi que j'ai ployé votre tante Livache.
CET AUTRE ou S'TAUTRE! Sorte d'exclamation, qui exprime une surprise mêlée de doute. Attache-moi le bras gauche, et je te parie de nager tout de même.—Oh! s'tautre!
† CETTUI-CI, CETTUI-LÀ, CETTE-CI, etc. Celui-ci, celui-là, celle-ci, etc. Termes vieux français.
CHÂCHAUD ou CHÂCHÔ, s. m. Terme de boulangerie. Galette, gâteau plat. Châchô au beurre, châchô à la drâchée. Pris figurément, ce mot désigne: 1o Un enfant mou et paresseux, un enfant choyé outre mesure; 2o Toute personne flasque, lâche, qui se meut difficilement, ou qui se soigne, s'écoute et se dorlote à l'excès. Votre jeune dame se plaint toujours de quelque malaise: c'est un vrai châchô. Nos paysans disent d'un enfant gâté: Y et on châchô mâ cuë (c'est un châchô mal cuit). Au milieu du dix-huitième siècle, un de nos malins citoyens, qui voulait blâmer certaines élections faites au Conseil des Deux-Cents, disait: «Ne voyez-vous pas que dans chaque fournée on met un châchô» [Lettre de Trembley, avocat.]
CHÂCHOLER, v. a. Dorloter, choyer à l'excès. Sa mère le châchole et le pourrit. Au réfléchi, se châcholer, se dorloter. Quoi, Fanny, il est onze heures, et tu n'es pas levée!—Que veux-tu, ma chère? il fait mauvais temps, j'ai un commencement de rhume, et je me châchole.
CHADE, adv. Terme d'écolier. Vigoureusement, fortement, dru, serré. Allons, chade, chade! donne-lui-en, tape-le-moi. Par un rapprochement fortuit, mais curieux, le mot arabe chadd a le même sens. Dans le patois lorrain, dchâde veut dire chaud. L'air a dchâde (l'air est chaud).
CHADANCE ou CHADENCE, s. f. Force, vigueur, énergie. Regarde cet agoûtion! Regarde avec quelle chadance je vais y aller!
CHAFOUILLER, v. n. Pignocher, manger salement et sans appétit.
† CHAFTAL ou CHAFTANE, s. f. Chaptal, sorte de cafetière. Son câfé et sa chaftal: c'est le parfait bonheur de la Joséphine.
CHAGRIN, s. m. Nous disons: Cette nouvelle me fait chagrin. J'ai bien chagrin que Philippe soit parti, etc. Ce retranchement de l'article est vicieux.
CHAÎNE D'OIGNONS. s. f. Glane d'oignons.
CHAIRCUITIER ou CHAIRCUTIER, s. m. Charcutier.
CHÂLÉE, s. f. Traînée d'une chose qui s'est répandue goutte à goutte, ou grain à grain, ou brin à brin. Une châlée d'huile; une châlée de blé; une châlée de cendre; une châlée de poudre. Faire une châlée.
CHALENDE. Noël, le jour de Noël. Quel âge as-tu, Bastien?—Oh là, Monsieur, j'ai quatorze ans contre Chalende. R. calendæ.
CHALOUREUX, EUSE, adj. Chaleureux. Chaloureux appartient au vieux français.
CHAMBRE À LESSIVE, s. f. Buanderie. Rien ne ressemble moins à une chambre que nos chambres à lessive.
CHAMBRE À MANGER, s. f. Salle à manger.
CHAMBRE À RESSERRER, s. f. Galetas dépendant d'un appartement, et où l'on dépose le linge sale qui attend la grande lessive.
CHAMEAU, s. m. (fig.) Terme grossier, qui répond à: Butor, sot achevé, homme stupide. Va-t'en, chameau, et ne nous impatiente plus.
CHAMEAUDER, v. a. Vexer, ennuyer, être à charge.
CHAMPER, v. a. Jeter, jeter là, laisser tout de suite.
CHAMPILLERIE, s. f. Se dit d'une chose qui ne vaut rien ou dont on ne peut tirer aucun parti. C'est de la champillerie; tâchez de vous défaire de cette champillerie. [P. G.]
CHANGE, s. m. Terme de Cercle. Faire le change, signifie: Boire bouteille au Cercle. Faire un change banal, boire bouteille en commun. Change de la Compagnie, réunion militaire au cabaret.
CHANGER, v. neutre. Tourner. Se dit des raisins qui commencent à prendre de la couleur.
CHANGER (SE), v. pron. Changer de linge, changer de vêtement, changer. Ils durent se changer de pied en cap. Tu es tout trempe, Frédéric, va te changer. Français populaire.
CHANTEPLEURE ou CHANTAPLEUR, s. m. Se dit d'une personne qui passe rapidement de la tristesse à la joie, et, vice versâ, de la joie à la tristesse. [P. G.]
CHANTE-POULET, s. m. Œillet des Chartreux, sorte de fleur.
CHANTER, v. n. Frémir. Se dit de l'eau qui commence à bouillir et à faire entendre ce frémissement des bulles qui arrivent à la surface. A Besançon on dit: Crier; en Normandie, gourgousser.
CHANTOLEMENT, s. m. Fredonnement, chant à demi-voix.
CHANTOLER, v. n. Chantonner, fredonner, chanter tant bien que mal, chanter entre ses dents. N** avait une telle habitude de murmurer toujours un refrain, qu'il chantolait même aux enterrements.
CHAPITOLAGE, s. m. Action de marchander, de taquiner en marchandant. Finissons-en avec tous ces chapitolages. Vos chapitolages, ma chère Dame, n'aboutiront à rien.
CHAPITOLER, v. n. Marchander, disputer sur le prix d'une marchandise, taquiner, batailler. Vaut-il donc la peine de chapitoler pour si peu de chose? Terme très-familier, qui se retrouve dans l'argot des enfants au jeu des mâpis. Chapitoler est probablement une corruption du mot «Capituler.»
CHAPITOLEUR, s. m. Celui qui chapitole, celui qui a l'habitude de chapitoler.
CHAPLE, s. m. Signifie: 1o Massacre, tuerie, carnage; 2o Ravage, dégât. Ils en vinrent à la fin aux bâtons et aux cailloux, et ce fut un véritable chaple. La grêle nous a fait cette nuit un beau chaple. Terme méridional et vieux français. On trouve déjà ce mot dans le Roman de la Rose, c'est-à-dire, au treizième siècle.
CHAPLE-COUTEAUX (À), loc. invar. Être à chaple-couteaux, signifie: Être à couteaux tirés. Sais-tu que nos deux sous-lieutenants sont à chaple-couteaux?
CHAPLER, v. a. Gâter, endommager un objet en le coupant, ou en l'entaillant avec maladresse ou avec malice. Les écoliers se plaisent à chapler les tables et les pupitres. En coupant une gaule, il s'est chaplé le doigt. La couturière m'a chaplé cette robe. Voilà un manteau chaplé, abîmé. Terme suisse-roman, savoisien, jurassien et méridional. «Chapeler,» en français, signifie: Ôter avec un couteau le dessus de la croûte du pain.
CHAPLOTAGE, s. m. Action de chapler.
CHAPLOTER, v. a. Diminutif de chapler. Voyez ce mot. Dans les patois savoisiens et dauphinois on dit: Chapota ou çapotà; dans le Berry, chapoter.
CHAPLOTON, s. m. Rognures, mauvais restes d'objets coupés. Le tailleur avait promis de me rendre des morceaux, et il ne m'envoie là que des chaplotons. Le travail fini, les couturières laissèrent la chambre toute jonchée de chaplotons.
CHAQUE, pron. ind. On ne dit pas: Ces volumes coûtent six francs chaque; on dit: Coûtent six francs chacun.
CHAR, s. m. Cabriolet. Aller en char; faire une partie de char; verser de char. Il faisait beau temps, nous prîmes un char. Elle acheta à bon marché un char d'enfant. Dans tous ces exemples, char n'est pas français. «Char» se dit: 1o D'une sorte de voiture à deux roues, dont les anciens se servaient dans les triomphes, dans les jeux, dans les combats. Il se dit, 2o en poésie et dans le style oratoire, de toute espèce de voitures, de chariots, et principalement d'une voiture remarquable par son élégance ou sa richesse. Voilà les seuls cas où le mot de char se puisse employer seul. Mais on dira très-bien: Un char de côté, un char à banc, un char en face, parce que ces sortes de voitures, propres à notre pays et aux pays qui nous avoisinent, n'ont point en français de terme correspondant.
CHAR, s. m. Chariot. Nous appelons char à échelles ce qu'on appelle en français: «Chariot à ridelles.» Nous disons aussi: Acheter un char de fascines, marchander un char de bois, peser un char de foin, conduire un char de fumier, etc.; «Chariot» est le véritable terme.
CHAR, s. m. Ne dites pas: Char de roulier, char de Provence; dites: Charrette de roulier, charrette de Provence.
CHAR, s. m. Mesure de capacité pour les liquides, et principalement pour le vin. Le char contient douze setiers.
CHARAVOÛTE, s. f. Se dit d'une femme, et quelquefois d'un homme sale, fainéant et de mœurs crapuleuses. Cette charavoûte de femme a été rapportée chez elle ivre morte. Il n'est pas étonnant que le mari et la femme en soient venus à mendier: ce sont deux charavoûtes. Terme ignoble.
CHARBEUILLE ou CHARBOUILLE, s. f. Petit goûter ou repas que les jeunes bergers et bergères font en commun dans les champs le jour de la Toussaint, époque à laquelle ils cessent ordinairement de mener le bétail aux pâturages. [P. G.]
CHARBONNIÈRE, s. f. Charbonnier, endroit de l'appartement où l'on serre le charbon. Remplir la charbonnière; nettoyer la charbonnière. Terme méridional. On appelle en français «Charbonnière» le lieu où l'on fait le charbon dans les bois.
CHARCUITIER, s. m. Charcutier.
† CHARDINOLET, s. m. Chardonneret.
CHARGE, adj. Plaisant, drôle, jovial, amusant, singulier, bizarre. N'est-ce pas charge de le voir saluer? Quel charge d'accent il a! Ne trouves-tu pas, femme, que notre Antoine a été bien charge hier soir? Terme français populaire.
CHARITÉ, s. f. Nous disons proverbialement: Première charité commence par soi-même. Les dictionnaires disent: «Charité bien ordonnée commence par soi-même.»
CHARLON. Voyez POIRE CHARLON.
CHARMEUR DE SERPENT, s. m. Ce terme, que les dictionnaires donnent comme hors d'usage, est usité encore dans plusieurs communes de notre canton.
CHAROGNE, s. f. (fig.) Terme ignoble et injurieux.
CHAROTON, s. m. Charretier. En vieux français: Charton.
CHAROTTER, v. a. Trimballer, mener partout, charrier. [P. G.]
CHAROUPE, s. f. Se dit d'une personne paresseuse, lâche, indolente. J'ai cessé de prendre intérêt à cette tailleuse: ce n'est qu'une charoupe. Cette jeune femme est active et vaillante; mais sa charoupe de mari se contente de boire, manger et dormir. Terme suisse-roman et dauphinois. En provençal, charospo se dit d'une femme de mœurs dissolues.
CHAROUPÉE, s. f. Quantité de monde, ribambelle. Une charoupée de badauds. C'est grande pitié de voir un si petit cheval traîner une pareille charoupée de monde (une pareille charretée).
CHAROUPER, v. n. Fainéanter. Une lavandière me disait, en se plaignant de son mari: Pendant que je m'estringole tout le jour, lui ne fait que charouper. Dans le canton de Vaud on dit: S'acharoupir.
CHAROUPERIE, s. f. Profonde paresse.
CHAROUPIONGE, s. f. Paresse excessive, apathie complète, fainéantise incurable. Terme trivial, mais énergique. Tu la crois malade, la Glaudine? Pas plus: c'est la charoupionge qui la tient et rien d'autre. Terme suisse-roman.
CHARPI ou CHARPIS, s. m. (s muet.) Charpie. Le charpi manquait dans les hôpitaux. Français populaire et vieux français.
CHARPILIÈRE ou CHERPILIÈRE, s. f. Serpillière, toile d'emballage.
CHARPIN, s. m. Signifie: 1o Grabuge, tapage; 2o Inquiétude, chagrin. Il y aura du bruit, il y aura du charpin. Elle a du charpin, notre Marguerite: son tenant a l'air de l'abandonner. Terme méridional.
CHARPINER, v. a. Tarabuster, préoccuper désagréablement. En provençal, charpinà signifie: Être de mauvaise humeur; et en languedocien, charpa veut dire: Gronder, quereller.
CHARRE, s. m. Gomme, ou apprêt que les tisserands mettent au fil de la toile pour que le tissage en soit plus facile. Avant la lessive, il faut avoir soin d'ôter le charre.
CHARRIÈRE, adj. f. Les rues charrières étaient alors pleines de boue. Dites: Les rues charretières.
CHARTE, s. f. Chartre, prison. Tenir quelqu'un en charte privée. Terme français populaire. R. carcer.
† CHARTUTIER, s. m. Charcutier.
CHASSE, s. f. (fig.) Gronderie, réprimande sévère. Donner une chasse. Français populaire.
CHASSE D'UN FOUET, s. f. Mèche, corde à fouet. Mettre une chasse. Terme provençal, etc. On dit en Lorraine: Une chasseuse.
CHASSE-GUEUX, s. m. Valet de ville, écorcheur de voirie, équarrisseur. «A commencer dès demain matin 19 de septembre, les Chasse-gueux auront ordre de jeter du poison dans les rues et places publiques, et d'assommer tous chiens non emmuselés.» [Ordonnance de police du 18 septembre 1786.]
† CHASSE-PAREILLE, s. f. Salsepareille.
CHAT, s. m. «Chat échaudé craint l'eau froide,» est un proverbe français qui signifie: Que lorsqu'une chose nous a causé une vive douleur, ou nous a été fort nuisible, nous en craignons même l'apparence. A Genève, beaucoup de personnes estropient ce proverbe et disent: Chat échaudé craint l'eau chaude; ce qui n'est plus qu'une très-insipide niaiserie.
CHÂTAGNE, s. f. Cuire des châtagnes, bresoler des châtagnes. Écrivez et prononcez «Châtaigne.»
CHÂTAGNE, s. f. Férule, coup donné sur la main d'un écolier avec une petite palette de bois ou avec une lanière pour le punir de quelque sottise. Recevoir la châtagne; mériter la châtagne. Punition inconnue aujourd'hui dans nos écoles.
CHATANCE, s. f. Voyez CHETTANCE.
CHATIÈRE, s. f. Nous disons figurément et facétieusement de quelqu'un qui déménage à la sourdine et sans payer ses dettes: Il a mis la clef à la chatière, c'est-à-dire: «Il a mis la clef sous la porte,» comme s'expriment les dictionnaires. Quand il s'est vu assailli de créanciers, il n'a fait ni un ni deux; il a mis la clef à la chatière, et il a filé.
CHATON, s. m. Gourdin, bâton. Dans le dialecte fribourgeois et en vieux français on dit: Saton.
CHATTE, s. f. Nous disons proverbialement: C'est où la chatte a mal au pied, pour signifier: C'est là le point difficile, c'est là le hic, c'est là le nœud de l'affaire. Nous savons où la chatte a mal au pied (nous savons où le bât blesse).
CHAUD, s. m. Nous disons: Prendre quelqu'un au chaud du lit. On doit dire: Prendre quelqu'un au saut du lit, c'est-à-dire, au moment où il saute à bas de son lit.
† CHAUD (LA). Le chaud, la chaleur. Tu es drôlement bâti, Robert: tu crains également la froid et la chaud.
CHAUDELET, s. m. Chaudeau, boisson chaude composée de lait, d'œufs et d'eau de fleur d'orange, qu'on donne aux femmes, lorsqu'elles viennent d'accoucher.
CHAUDELET, s. m. Folle fleur de l'ormeau. Abattre des chaudelets. Salade de chaudelets.
CHAUDES (LES), s. f. pl. Terme de lessiveuse. Lissu bouillant qu'on jette sur le cuvier après qu'on a retiré les cendres. Ces rideaux ne sont pas bien sales: vous ne les mettrez qu'aux chaudes.
CHAVAINE, s. f. Chevaine ou Chevanne. Petit poisson du genre Able.
CHEBER ou QUEBER, v. a. Terme des écoliers dans certains jeux. Gagner tout, mettre à sec son adversaire. Je suis chebé. Ils m'ont chebé, je m'en vais.
† CHÉCUN, CHÉCUNE, pronom. Chacun, chacune. Un chécun. Tout chécun donnera cinq sous. Chécun pour soi, ce n'est pas trop. Terme vieux français.
CHÉDAL, s. m. Le bétail, l'attirail, les outils, les ameublements d'un domaine.
CHÉ-MIETTE (À), loc. adv. Par parcelle, par très-petite quantité, chichement, mesquinement. Acheter le bois à ché-miette. Rembourser à ché-miette. Les campagnards disent: À châ-miette. A Lyon et dans le vieux français, à cha un signifie: «Un à un.» Voyez CHÉ-PEU.
CHENÂ, s. f. Chenal, chéneau, s. m. A Genève nous confondons le Chéneau avec le Tuyau de descente: c'est une erreur. Voyez les dictionnaires.
CHENAILLER, v. a. Secouer, tracasser une porte ou une serrure pour ouvrir.
CHENEVAR, s. m. Chènevis, graine de chanvre.
CHENEVIER, s. m. Dites: Chènevière, champ semé de chanvre. Labourer le chenevier. Cette faute nous vient du patois: On çenevi.
CHENIÛLE ou SENIÛLE, s. f. Terme des campagnards. Manivelle. La cheniûle du moulin à café.
CHENU ou CHENIU, UE, adj. et s. Se dit des choses et signifie: Exquis, excellent, cossu. Goûtez ce vin, Messieurs: c'est du chenu. Le repas de noce fut splendide: truite, pâté de foie d'oie, punch et glaces... C'était du chenu et du porpu. Terme français populaire.
† CHÉ-PEU (À), loc. adv. Par parcelle, par très-petite quantité, une petite quantité après l'autre, peu à peu. Si M'cieu voulait parmettre que je le rembourse à ché-peu, ça m'irait tant bien. Ces marchands, pour m'attirer, m'ont vendu d'abord bon marché, et puis ils ont augmenté à ché-peu, à ché-peu. En patois: A châ-pou, à châ-sou, à châ-pot, signifient: Peu à peu, sou à sou, pot à pot. Terme savoisien, qu'on retrouve tel quel dans le dialecte provençal: Paou acha paou (peu à peu), soou acha soou (sou après sou).
CHERCHE, s. f. Recherche, quête, soin que l'on prend pour chercher. Nous disons: Être en cherche de, ou être à la cherche de, pour: Être à la recherche de, à la poursuite de, en quête de.» Je suis en cherche de ma tabatière. On est à la cherche du voleur. Nos physiciens sont en cherche de la solution d'un grand problème. Terme méridional et vieux français.
CHERCHER, v. a. Agacer, provoquer. Finis donc, Jacot: c'est toujours toi qui me cherches, c'est-à-dire: C'est toujours toi qui es l'agresseur. Français populaire.
CHÉRI, s. m. Terme enfantin. Tu es mon chéri, oui, tu es mon chéri, ne pleure pas. En français, ce mot n'est pas substantif.
† CHÉRUZIEN, s. m. Chirurgien.
CHETTANCE ou CHETTE, s. f. Pénurie d'argent, état de gêne. Être dans la chette. En vieux français, chétif signifiait: Pauvre, indigent, misérable.
CHEVILLIÈRE, s. f. Ruban de fil. Une aune de chevillières. Terme suisse-roman, savoisien et méridional.
CHÈVRE, s. f. Nous disons d'un homme ivre: Il a sa chèvre. Avoir sa chèvre, signifie aussi: Se fâcher, se dépiter. Dans ce dernier sens on dit en français: «Prendre la chèvre.»
CHEVRELLE, s. f. Sorte de bécassine.
CHEVRER, v. n. Chevroter, se dépiter, pester. Tes lambineries me font chevrer. Attendre deux mortelles heures! n'y a-t-il pas là de quoi chevrer? Terme formé du mot «Chèvre,» par allusion aux trépignements, aux hauts de corps de cet animal, quand on le gêne ou qu'on l'impatiente.
CHEVROTIN, s. m. Fromage de lait de chèvre.
CHEZ, prép. Cette préposition, suivie du nom des propriétaires ou des fondateurs, a formé chez nous des noms de localités. Chez-Charrot est un hameau de la commune de Compésière. Louons un char, et l'on ira à Chez-Charrot. L'auteur du Vocabulaire du Berry, M. Jaubert, a observé la même expression dans sa province. Le mot chez a signifié originairement Maison, chezal. R. casa.
CHICOT, s. m. Chicorée non frisée.
CHIENNERIE, s. f. Cochonnerie, vilenie. Nous punir pour si peu de chose: quelle chiennerie! Terme bas.
CHIFFON, s. des 2 genres. Terme insultant qu'on adresse à de jeunes enfants, surtout à de jeunes filles qui nous manquent de respect. Il équivaut à «Impertinent» ou à «Insolent.» [P. G.]
CHIFFON DE PAIN, s. m. Gros morceau de pain. Terme usité à Rennes, à Paris et dans le nord.
CHIFFRE (LA). L'arithmétique. Nous voulons pousser notre garçon dans la chiffre. Expression franc-comtoise, lyonnaise et méridionale.
CHIFFRER, v. a. Chiffrer une addition. Chiffrez-moi ce compte. Français populaire.
CHIGOUGNER ou CHEGOUGNER, v. a. Secouer fortement. Voyez SIGOUGNER.
CHILLES, s. f. pl. (ll mouillés.) Terme méridional. Écailles à la peau, peau squammeuse, peau furfuracée.
CHILLEUX, EUSE, adj. Écailleux, squammeux, furfuracé. Peau chilleuse, tête chilleuse, visage chilleux.
CHIPOTER, v. a. Chagriner, contrarier, quereller. Ce mauvais temps me chipote. Le mari et la femme sont toujours à se chipoter. «Chipoter,» v. n., est français dans le sens de: Vétiller, barguigner, baguenauder.
CHIPOTEUR, CHIPOTEUSE, s. Chipotier, vétilleur, taquin. Terme français populaire.
CHIQUE, s. f. Avoir sa chique, signifie: Être ivre. Une chique morte, désigne un état d'ivresse complète. En Dauphiné, chiquer, et dans le vieux français, chinquer, signifient: Boire, boire beaucoup.
CHIQUE, adj. Ivre. Louis Francaleu est habituellement chique dès le matin. Dans le langage des collégiens, un chique se dit d'un homme ivre.
CHIQUE, s. f. Terme d'écolier. Manière de tenir un mâpis (voyez ce mot) et de le lancer. Chique grasse; chique forte; chique molle. Avoir une bonne chique; avoir une chique rogneuse; montre-nous ta chique. En français, «Chique» signifie: Bille de terre cuite, de marbre ou d'agate, avec laquelle jouent les enfants.
CHIQUE, s. f. Chiquenaude donnée à un mâpis. Chique! chique! chique à donner! En provençal, chiquo veut dire: Chiquenaude.
CHIQUER, v. n. Terme d'écolier. Lancer le mâpis en roidissant le pouce contre l'index. Fais voir comme tu chiques.
CHIQUER (SE), v. pron. Se griser, s'enivrer.
CHIQUET, s. m. Gros morceau d'une chose qui se mange. Chiquet de pain; chiquet de viande; chiquet de fromage. En Picardie, un chiquet est un gros morceau de pain. Dans le Berry, chiquet signifie: Excédent de mesure. Donner le chiquet (faire bonne mesure). A Bordeaux, chicot de pain se dit pour: Morceau de pain. Du mot chiquet s'est formé l'ancien verbe chiqueter (couper, tailler) et son composé «Déchiqueter.»
CHIQUET, s. m. Signifie: Lourdaud, dans le langage des collégiens.
CHIQUEUR, s. m. Terme d'écolier. Se dit: 1o De celui qui chique bien, qui joue bien aux mâpis; 2o Du mâpis lui-même. Voici mon chiqueur. Cette agate est ma chiqueuse.
CHIRUGIEN, s. m. Écrivez et prononcez «Chirurgien.»
CHOCOLAT, s. m. En France, les personnes qui parlent bien, disent: Prendre du chocolat. Nous disons souvent: Boire du chocolat, expression qui n'est autorisée par aucun dictionnaire.
CHOGNER, v. n. Chômer, ne rien faire. [P. G.]
CHOGNER UN ENFANT. Avoir pour lui des soins minutieux et exagérés, le traiter délicatement, le dorloter.
CHOGNET, ETTE, adj. Mou, paresseux, choyé à l'excès.
CHOGNON, s. m. Se dit d'un enfant mou et d'un enfant gâté.
CHOUCROÛTE. Ce mot est féminin.
CHOUGNET, ETTE, adj. Terme enfantin, qui signifie: Mignon, gentil. Cette petite est chougnette. Quel chougnet d'enfant! A-t-on rien vu de plus chougnet?
CHOUQUET, ETTE, adj. et s. Mot de tendresse qui ne s'emploie qu'en parlant aux enfants, et qui signifie: Gentil, joli, mignon, aimable. Tu es mon chouquet; tu es mon petit chouquet. Ce mot est un diminutif de «Chou,» qui a, en français, cette même signification. «Tu es mon chou, tu es mon chou-chou.» [Acad.]
CHOÛTE (À LA), loc. adv. À l'abri, à couvert. Se mettre à la choûte. Voyez SIOÛTE.
CHOUX, s. m. pl. Nous disons proverbialement et figurément: Faites-en des choux et des pâtés, pour signifier: Faites-en ce qu'il vous plaira. L'Académie dit: «Faites-en des choux, faites-en des raves.»
CHRÉTIÉNETÉ, s. f. Écrivez «Chrétienté» et prononcez la syllabe tien comme vous la prononcez dans chrétien.
CHRISTIANISME, s. m. Ne prononcez pas Christianizme, en donnant au second s le son du z. Ne prononcez pas non plus schizme, ni paganizme.
CHRYSANTHÈME. Plante. Ce mot est masculin.
CHUCHOTAGE, s. m. Chuchoterie.
CHUTER, v. n. Tomber. Le baromètre qui avait monté hier, a chuté cette nuit. Le pavé était fort glissant, j'ai failli chuter. Depuis quelques mois le sieur Damirond a beaucoup chuté dans notre estime. Terme suisse-roman.
CIBARE, s. m. Marqueur à la cible, celui qui signale et marque les coups des tireurs. Terme suisse-roman.
CIBE, s. f. Cible. Tirer à la cibe; atteindre la cibe; cibe tournante. Terme suisse-roman. Ce terme, venant de l'allemand Scheibe, nous pouvons affirmer que «Cible» est l'expression corrompue, et cibe la véritable.
CICLER, v. n. Voyez SICLER.
CIGALE, s. f. La grosse sauterelle verte. Dans le patois limousin, sigalo a le même sens.
CIGARRE (UNE). Ce mot, dont le genre a été longtemps douteux et l'orthographe incertaine, est aujourd'hui masculin, et s'écrit avec un seul r, «Cigare.»
CIGOUGNER, v. a. Voyez SIGOUGNER.
CINTIÈME, adj. Mauvaise prononciation du mot «Cinquième.»
CIRÉ, adj. m. Se dit du pain qui est compacte et diotu comme de la cire. Pain ciré est l'opposé de pain bolant.
CISEAUX. De bonnes ciseaux. Ce mot est masculin.
CITER, v. a. Réciter, conter, dire. Citez-nous donc quelque chose; citez-nous un des charmants contes de Petit-Senn ou de Chaponnière. Demain, au Cercle littéraire, on chantera, on fera de la musique et l'on citera.
CITRONNELLE, s. f. Seringat. Sorte d'arbrisseau.
CLÂFI, IE, adj. Plein, rempli de. Un lit clâfi de punaises; une tête clâfie de poux. Terme trivial. Dans le patois de l'Isère, claffi se dit d'un arbre chargé de fruits.
CLAIRE, s. f. Terme de lingère. Rang de mailles usées et où le trou va se faire. Refais tes claires avec soin, Georgette, si tu veux que tes bas n'aient jamais de trous.
CLAIRETTE, s. f. Clarette. Petit vin blanc.
† CLAIRINETTE, s. f. Clarinette. R. clair (sons clairs).
† CLAIRTÉ, s. f. Clarté. Terme vieux français.
† CLÂMEAU, s. m. Crachat très-épais. Faire un clâmeau. Expression ignoble.
CLARET, adj. Vin claret. Dites: Vin clairet.
CLÉDAL, s. m. Porte à barreaux de bois ou de fer; fermeture d'un champ, d'un jardin, d'une cour; claydas, barrière. Escalader un clédal. En languedocien on dit: Clëdas; en limousin et en provençal, clédo.
CLÉDAR, s. m. Fermeture d'un champ, d'un jardin, d'une cour. Ouvrir le clédar. Changer le clédar. Terme vaudois, valaisan et neuchâtelôis. A Lyon, clédar signifie: «Claire voie.» Voyez CLÉDAL, qui a le même sens.
CLEF, s. f. Mérelle. Jeu d'écolier. Faire une clef. Jouer à la clef.
CLICLI-MOUCHETTE. Cligne-musette. Sorte de jeu très-connu. Jouer à clicli-mouchette; faire à clicli-mouchette. Terme vaudois et neuchâtelois. Mouchette, en vieux français, et muchette, dans les dialectes normand et picard, signifient: «Cachette,» et viennent de l'ancien verbe musser (cacher).
CLIE, s. f. Claie. Réparer une clie. Terme méridional et vieux français.
CLINER LES YEUX. Cligner les yeux, clignoter. Son tic est de toujours cliner les yeux. Terme vieux français.
† CLINQUAILLER, s. m. Quincaillier. R. clinquant.
CLINQUETTE (À LA). Au point du jour. Se lever à la clinquette.
CLOCHE, s. f. Est-ce la cloche de Monsieur ou celle de Madame que je viens d'entendre? Quand on parle des cloches d'un appartement, il faut se servir du mot «Sonnette.» [Voyez le Recueil de mots français de M. Pautex.]
CLOCHE, s. f. Liseron ou clochette, plante.
CLOCLO, s. m. Montre, petite horloge de poche. Terme badin. En languedocien: Cloco, coup de cloche; en allemand, die Glocke, la cloche.
CLOPET, s. m. Petit somme, sieste, méridienne. Faire un clopet.
CLOPORTE (UNE). Ce mot est masculin: «Un cloporte,» sorte d'insecte. Quelques-uns disent: Cléoporte; c'est un barbarisme.
CLOUS, s. m. pl. Nous disons: River les clous à quelqu'un, pour dire: Lui répondre fortement, vertement et de manière qu'il n'ait rien à répliquer. Qu'il y revienne seulement, et je saurai bien lui river ses clous. L'Académie dit, avec le singulier: «Lui river son clou.»
CLOUSSER, v. n. Glousser.
CLUSSE, s. f. Poule qui a des poussins. La courageuse clusse força Médor à battre en retraite. Terme dauphinois. Dans le Jura et à Reims on dit: Clousse; dans le midi et en vieux français, clouque: tous mots dont le son imite le cri habituel des poules qui couvent ou qui sont mères.
COAILLÉE, COUAILLÉE, ou COUÉLÉE, s. f. Cri aigu. Ces petits enfants faisaient des couaillées à nous rompre le tympan. Dans le canton de Vaud on dit: Couilée.
COAILLER, COUAILLER, COUALER, ou COUÉLER, v. n. Crier, pousser des cris aigus. Dans le dialecte du Berry, coualer signifie: Pousser des cris semblables à ceux du corbeau.
COÂTEUX, EUSE, adj. Voyez COITEUX.
COCARD, adj. m. Voyez COQUARD.
COCASSE, s. f. Voyez COQUASSE.
COCHES, s. f. pl. Terme rural. Débris de blé ou d'autres céréales qui tombent du van quand il est secoué alternativement sur l'un et l'autre genou. [P. G.]
COCHON, s. m. Nuque du cou. Avoir le cochon découvert. Terme suisse-roman.
COCHON, ONNE, adj. Sale, très-sale. Un enfant cochon. Avoir des mains cochonnes. Ce mot n'est pas adjectif.
COCHON DE MER, s. m. Terme suisse et savoisien. On dit en français: «Cochon d'Inde.»
COCHONNER (SE), v. pron. Se salir. En français, Cochonner un ouvrage, c'est: Le faire grossièrement et sans soin.
COCO, s. m. Terme enfantin. Œuf. Allons voir si ta jolie poule a fait son coco. Terme usité en Normandie. Coconnier, en vieux français, signifiait: Marchand d'œufs.
COCO, s. m. Homme simple, dadais, nigaud, niais. Après l'étourderie que je viens de faire, me voilà un joli coco. Le pauvre N** a été le coco de la farce. Plus souvent ce mot se place dérisoirement devant un nom propre d'homme. Coco un tel, coco X**, coco Z**. Dans le dialecte rouchi, coco ou cocosse signifient: Niais, imbécile.
COCO, s. m. Dénomination amicale qu'on donne aux enfants. Oui, tu es mon coco, tu es mon valet, disent les bonnes et les mamans à leur enfant qui se désole. Coco est aussi l'équivalent de Benjamin, enfant de prédilection. L'aîné est le coco de la famille. Français populaire.
COCOCHER (À), ou À COCOCHÉ, loc. adv. Mettre un enfant à cococher, c'est: «Le porter sur le dos, jambe deçà, jambe delà. En français on dit: «À califourchon.» Les Gascons disent: Mettre en croupe, porter en croupe.
† COCODRILLE, s. m. Crocodile. Des larmes de cocodrille, c'est-à-dire: Des larmes feintes. Terme parisien populaire et vieux français.
COCOLE, s. f. Enfant gâté. Dans le dialecte rouchi, cocole se dit de toute personne molle et nonchalante.
COCOLER, v. a. Dorloter, choyer, traiter délicatement. Notre Auguste est un peu malade et je le cocole. Dans le dialecte du Jura on dit: Cocoter, et en languedocien, acocoula. R. coco, terme d'amitié.
COCOLER, v. n. Terme des campagnards. Bégayer.
COCOLI, s. m. Celui qui bégaie. Onomatopée remarquable.
COCOMBRE, s. m. Concombre. Salade aux cocombres. Terme vaudois, neuchâtelois et français populaire. Dans l'évêché de Bâle et en vieux français on dit: Coucombre.
COCU, s. m. Terme des campagnards. Coucou, oiseau. En vieux français, cucu.
COCU, s. m. Coucou des prés, plante.
COCUE, s. f. La grande ciguë, fleur.
CŒUR, s. m. Nous disons: Cela me tient à cœur. L'Académie et les meilleurs écrivains disent: Cela me tient au cœur.
CŒUR, adj. invar. Charmant, joli, mignon, adorable. Ne se dit que des jeunes enfants. Cet enfant est cœur. Votre petite Adélaïde est cœur.
COFFE, adj. et s. Sale, saligaud. En vieux français, gof ou goffe signifie: 1o Mouillé, trempé; 2o Mal fait, grossier, maussade.
COGNER, v. a. Presser, serrer, fouler. La salle était pleine à regorge: nous y étions cognés jusqu'à étouffer. En français, «Cogner» signifie: Frapper, heurter, faire entrer à force au moyen d'un coin.
COI, adj. fém. Elle se tenait coi; elle restait coi. Dites: Coite. «Elle se tenait coite.»
COIFFAGE, s. m. Coiffure. Toutes les danseuses avaient un coiffage simple, mais plein de goût. Coiffage n'est pas français.
COIGNÉE, s. f. Cognée, hache.
COIGNIER, s. m. Cognassier, arbre qui porte les coings. Le mot coignier appartient au vieux français.
COIN (À), loc. adv. En réserve. Mettre à coin, mettre en réserve, serrer. Elle avait mis à coin quelques sous pour les cas d'ovaille.
COINEAU, COËNEAU, ou COINET, s. m. Sorte de planche brute, arrondie d'un côté et plate de l'autre. Un cent de coineaux. Terme vaudois, comtois, etc. On dit en français: «Dosse.»
COIN-NÉE, s. f. Cri des petits enfants quand ils souffrent, ou qu'ils s'impatientent et font les méchants. Faire des coin-nées.
COIN-NER, v. n. Se dit des petits enfants et signifie: Crier, pleurer en grognant. Sa fièvre ourtillière le tourmentait, et il ne cessait pas de coin-ner. Onomatopée évidente. Dans le Jura, coin-ner se dit du cri des petits cochons quand on les porte. A Lyon, quiner veut dire: Crier d'un ton aigre; en Languedoc, caïner.
† COISSIN, s. m. Coussin. Coissin appartient au vieux français. Dans le Berry on dit: Cuissin.
COÎTEUX, EUSE, adj. Qui a grande hâte, qui se dépêche beaucoup. Quand on parlait patois à Genève, on chantait une chanson dont le refrain était: Vo-z-êtes tant coîteux, Vo-z-âtres amoireux; c'est-à-dire: Vous avez tant de hâte, vous êtes si pressés, vous autres amoureux. Coîte signifie: «Hâte;» à la coîte, à la hâte. Ce terme, très-connu de nos campagnards et de ceux du canton de Vaud, appartient au vieux français. Dans le patois de l'Isère, coeïta veut dire: «Empressement.»
COITRE ou COUATRE, s. f. Couette ou coite, lit de plume.
COÎTRON, s. m. Petit limaçon qui fait beaucoup de mal aux légumes. Dans le canton de Vaud, on dit d'une personne très-laide, qu'elle est laide comme un coîtron.
COÎTRON, s. m. Culot. Oiseau dernier éclos d'une couvée. Tout le nid s'envola; mais nous attrapâmes le coîtron. On le dit aussi de quelques quadrupèdes.
COL D'HABIT, s. m. Collet d'habit.
† COLIDOR, s. m. Corridor. Colidor étroit, colidor sombre. Terme connu à Lyon, à Reims, à Nancy, etc. Le changement de l'r en l est très-fréquent.
COLLARD, s. m. Carcan. Cercle de fer avec lequel on attachait par le cou à un poteau celui qui avait été condamné à cette peine.
COLLECTER, v. n. Faire une collecte. En 1840, le gouvernement de Genève permit de collecter pour les incendiés de Sallanches. Terme clair et utile.
COLLER QUELQU'UN. Le réfuter victorieusement, le mettre dans l'impossibilité de répondre. Terme normand, etc.
COLLIOT, adj. m. (ll mouillés.) Se dit: 1o D'un homme large d'épaules, fort, vigoureux; 2o De celui qui est le coq de son village, c'est-à-dire, qui en est le plus riche et le plus considéré.
COLOGNE, s. f. Terme patois. Quenouille. A Reims et dans le vieux français on dit: Quelongne.
COLORER et COLORIER, v. a. On ne doit pas employer indistinctement ces deux verbes. «Colorer» se dit des couleurs naturelles: Un teint coloré; un visage coloré; le soleil colore les fruits. «Colorier» se dit des couleurs artificielles: Estampe coloriée; images coloriées; ce peintre colorie mieux qu'il ne dessine.
COMÂCLE ou COUMÂCLE, s. m. Crémaillère.
C'est-à-dire: Rien n'était plus maigre, ni plus chétif que le repas qui nous fut servi. Dans le patois de l'Isère on dit: Coumaclo; dans le Jura, coumacle, et en Provence, cumascle.
COMBE, s. f. Petite vallée, pli de terrain, lieu bas entouré de collines. L'Académie n'a pas enregistré ce mot, et Boiste dit qu'il est vieux. Combe est, en effet, un mot très-ancien, mais qui est fort usité en Suisse, en Savoie, en Franche-Comté, dans le Midi, et sans doute ailleurs.
COMBIEN (LE)? Le quantième? Le combien du mois tenons-nous? Le combien est-ce aujourd'hui? Le combien es-tu dans ton école? Dites: Quel quantième du mois avons-nous? Quel quantième est-ce aujourd'hui? Ou bien, dites: Quel est le quantième du mois? À quel quantième sommes-nous aujourd'hui? Le quantième es-tu dans ton école?
COMÈTE, s. f. Nous disons d'un homme ivre: Il a sa comète, par allusion à l'excellent vin de 1811.
COMMAND, s. m. Nous disons d'un domestique qui est facile à diriger: Il est de bon command. En vieux français, command signifie: «Commandement.»
† COMME? adv. Comme est-on chez vous, Blaise? Comme va-t-il chez ton père, Fanchette? Cette expression appartient au vieux français.
† COMME, est employé pour «que» dans les phrases suivantes: Votre garçon n'est pas aussi grand comme le mien. Je n'ai pas autant d'éducation comme vous autres.
COMME ÇA. Cette locution adverbiale est employée inutilement dans la phrase suivante, et phrases analogues: Notre bourgeois qui était de très-bonne humeur me dit comme ça: Garcin, aimes-tu les figâces? Français populaire.
COMME DE. Comme de juste (comme cela est juste); comme de vrai (comme cela est vrai).
COMMENCEMENT (DU), loc. adv. Au commencement, dans le premier temps, dans l'origine. Nous allâmes demeurer tout auprès de lui, et du commencement l'on se visitait. Cette expression appartient à l'ancienne langue française.
COMMISSION, s. f. Affaire, emplette. En Suisse et en Savoie, une dame qui sort pour vaquer à ses propres affaires, dit qu'elle va faire ses commissions. Terme impropre, puisque commission signifie: Charge, mandat, ordre donné à quelqu'un de faire telle ou telle chose.
COMMUNAL, s. m. Terres communales, pâturages communaux. Sa vache paissait dans le communal. Terme vieux français, connu dans le Berry et ailleurs.
COMMUNAUTÉ, s. f. Manières et tons communs, grossièreté de mœurs et de langage. Quel accent! quel ton! quelle communauté! Ce Mr N*** est d'une communauté sans égale.
COMMUNICATION, s. f. Nous appelons communication de mariage, ce qu'on appelle en France «Billet de faire-part,» ou simplement «Billet de part.» Recevoir une communication de mariage. Envoyer une communication de mariage, ou simplement: Envoyer une communication; recevoir une communication. Cependant on peut très-bien dire: «Mr X** m'a donné communication de son mariage,» c'est-à-dire: M'a donné avis, m'a fait savoir qu'il allait se marier, ou qu'il venait de se marier.
COMMUNIQUER UN MARIAGE. Au lieu de dire: C'est lundi prochain que votre cousine communiquera son mariage, dites: C'est vendredi prochain que votre cousine enverra ses billets de faire part. Mais la phrase suivante est très-française: C'est à mon ancien précepteur que je veux premièrement communiquer mon mariage; c'est-à-dire: C'est à lui le premier que j'en veux communiquer la nouvelle. (Il n'est pas question ici de Lettres circulaires, ni de Billets de faire part.)
† COMMUNS, s. m. pl. Latrines.
† COMPANIE, s. f. Compagnie. Viens-t'en, Jeannot, et tire ta casquette à la companie.
COMPAGNONNE, s. f. Luronne, femme grande, forte et effrontée. Le jeune officier crut pouvoir tourner en ridicule l'accent traînard de la fille d'auberge: mais cette compagnonne le prit aux cheveux et le sigougna.
COMPARAISSANCE, s. f. Comparution.
COMPARITION, s. f. Comparution. Je veux que tu ailles à ce bal, quand tu ne devrais y faire qu'une comparition. Terme vieux français.
COMPÔTE, s. f., et COMPÔTIER, s. m. Ces mots s'écrivent et se prononcent «Compote» et «Compotier» (o bref). Ne dites donc pas comme plusieurs, en appuyant sur la deuxième syllabe: Compôte de Chambéry; compôte de poires et de coings.
COMPTE, s. m. Être en compte à demi avec quelqu'un, signifie: Être en société d'intérêt avec quelqu'un. Les dictionnaires disent: «Être DE compte à demi avec quelqu'un.»
COMPTER, v. n. Nous disons d'une chose qui sort de ligne, d'une chose remarquable, considérable en son espèce, excellente, qu'elle compte au piquet; expression un peu triviale, mais fort usitée. On nous servit un dîner qui comptait au piquet. Notre petit vagabond recevra demain une saboulée qui comptera au piquet.
COMPTER, v. a. Compter ses chemises, se dit figurément et populairement d'un soulard, et signifie: Rendre le superflu des aliments, vomir.
COMTÉ (LA). La comté de Neuchâtel. Ce mot, qui a été féminin jusqu'à la fin du dix-septième siècle, est aujourd'hui masculin.
CONCHE, s. f. Bassin de fontaine. Tomber dans la conche. Vider la conche. Laver du linge dans la conche. Terme savoisien, dauphinois, etc. Dans le patois du canton de Vaud, contza signifie: Bassin de pressoir. En provençal, conquo veut dire: Abreuvoir. Nos bateliers appellent le lac La grande conche, la conche.
CONCHON, s. m. Sorte de jeu de boule.
CONDUITE, s. f. Manière sage d'agir, manière prudente et raisonnable de se gouverner. Notre Josette est une fille de conduite. Ta blanchisseuse est une femme active et économe, une femme de conduite. Dites: Une femme qui a de la conduite.
CONFÉRENCE, s. f. Accessit, distinction accordée dans notre Collége à l'écolier qui a beaucoup approché du prix. Trois conférences sont d'ordinaire plus honorables qu'un prix.
CONFÉRENT, s. m. Écolier qui a obtenu un accessit. Il n'a pas le prix, mais il est conférent.
CONFESSION, s. f. Prononciation vicieuse du mot Confection, sorte de médicament. Une prise de confession. Faire usage de confession. Cette faute est déjà signalée dans le Traité d'orthographe de Jean Barbe, Genève, 1701.
CONFIRE, v. a. Confire son argent, signifie: Ménager ses écus, les choyer, les laisser séjourner dans le coffre-fort, comme on laisse séjourner au fond d'un bocal les fruits que l'on veut confire. Expression heureuse, connue en Dauphiné, en Languedoc, et sans doute ailleurs.
CONFISSEUR, s. m. Ancienne orthographe du mot Confiseur, lequel ne s'écrit plus avec deux s.
CONFIT, ITE, adj. Stupéfait, ébaubi.
CONFORON, s. m. Dans les villages catholiques du canton, ce mot signifie: Bannière d'église (bannière qui est d'un rouge écarlate). Figurément et proverbialement, rouge comme un conforon est l'équivalent de Très-rouge, extrêmement rouge. Il avait tant et tant couru, qu'il était rouge comme un conforon. Ce terme, connu aussi en Savoie et dans le Jura, est une corruption des mots gonfanon ou gonfalon, ancien étendard militaire.
CONFUSIONNER, v. a. Rendre confus, couvrir de confusion. Ses prévenances vont si loin que j'en suis presque confusionné. Terme français populaire.
CONGRÉGATION, s. f. Sermon de paraphrase. Assister aux congrégations; suivre les congrégations. Les Congrégations du pasteur Cellérier ont paru en 1825, sous le titre d'Homélies.
CONNAISSANCE, s. f. Nous disons: Être en connaissance avec quelqu'un, pour signifier: Avoir des relations avec quelqu'un. Il y a dix ans que je suis en connaissance avec cette famille. Les dictionnaires ne donnent pas cette expression, dont l'emploi chez nous est journalier.
CONNAISSANCE, s. f. Avoir une connaissance, terme consacré, signifie, dans le langage des ouvrières et des domestiques: Avoir une liaison d'amour. La Rosalie a une connaissance (elle a un tenant, elle a un prétendant).
CONNAÎTRE (SE), v. pron. Se dit des moribonds et signifie: Avoir sa connaissance, conserver sa connaissance. Ce malade s'est connu parfaitement jusqu'au dernier moment de sa vie. Expression méridionale, etc.
CONNAÎTRE (SE), verbe impersonnel. Il se connaît que tu as été chez l'Italien. Il se connaît facilement que Monsieur est étranger. Dites: On connaît, on voit, il paraît bien que, etc. Terme méridional.
CONSCIENCE, s. f. Nous disons: Se faire une conscience de... Je me fais une conscience de lui emprunter de l'argent, parce qu'il en refuse les intérêts. Dites en retranchant l'article: Je me fais conscience de lui emprunter, etc.; ou: Je me fais un cas de conscience de, etc.
† CONSEILLER, v. a. Je les conseille de partir. On les conseille d'être prudents. Il faut dire: Je LEUR conseille de partir. On LEUR conseille d'être prudents.
CONSENTIR À CE QUE, suivi d'un verbe au subjonctif. Je consens à ce que tu ailles au cirque. Consentez-vous à ce que nous sortions dimanche? Je ne consens pas à ce qu'on vienne me déranger. Dans ces divers exemples et les exemples analogues, il faut dire: Je consens que tu ailles. Consentez-vous que nous sortions? etc.
† CONSENTU, UE, partic. Consenti, ie. Ils y aviont consentu dans le principe. On y a tous consentu que la Fanchette et sa cauque de belle-sœur. Cette expression, connue aussi dans plusieurs provinces de France, appartient au vieux français.
CONSÉQUENCE, s. f. Valeur d'une chose, prix d'une chose. Notre excellente maîtresse m'a fait un legs de 2000 francs; si j'en suis satisfaite, c'est pour le sentiment, bien plus que pour la conséquence. Français populaire.
CONSÉQUENT, TE, adj. Ne signifie pas: Considérable, important. C'est donc une faute de dire: Un gain conséquent; une perte conséquente. Il a hérité cent louis d'or: c'est conséquent. Mais on peut dire, avec un habile écrivain (Duclos): «Une erreur conséquente,» pour signifier: Une erreur qui tire à conséquence.
† CONSINE, s. f. Consigne. Forcer la consine; changer la consine. CONSINER, v. a. Consigner. Le capitaine fit consiner les deux sous-lieutenants. Voyez nos mots COMPANIE, MANIFIQUE, SÉNIFIER, BÉNINE, CLINER les yeux, etc. Ces fautes sont une tradition de l'ancien français.
CONSULTE, s. f. Consultation. Il y eut deux consultes le même jour. Terme français populaire et vieux français.
CONSUMÉ, s. m. Consommé, bouillon succulent.
CONTINUE (À LA), loc. adv. Sans relâche, sans interruption. En 1817, le temps fut froid et pluvieux à la continue. L'expression «À la continue» est française, mais dans un autre sens.
CONTRE, prép. de temps. Vers. Tu ne manqueras pas d'arriver à l'audience contre neuf heures. La Nancy aura ses vingt ans contre Noël. Le mariage se fera contre la vogue.
CONTRE, adv. Ce mot peut, dans certains cas, être employé comme adverbe; mais ce n'est pas dans les phrases suivantes ni dans les phrases analogues. Fermez ce rideau: le soleil nous vient contre. Faites attention, s'il vous plaît, vous me jiclez contre.
CONTRE, prép. de lieu. Du côté de. Je m'acheminais contre Nantua. La voiture allait contre Lausanne.
CONTRE, adv. Dans le langage des campagnards, Faire contre, signifie: Nuire, faire tort, porter dommage. Sois tranquille, Gaspard, je ne te ferai jamais contre. Un paysan savoisien sortait du tribunal, où il avait perdu son procès contre un Genevois. Nous causâmes et je tâchai d'adoucir un peu son dépit. N'en parlons plus, me dit-il en finissant; on sait bien que les Genevois ne se font jamais contre.
CONTRE FIN (À), loc. adv. Dites: A fin contraire. En agissant de la sorte, tu vas directement à contre fin. Nos plans, nos mesures, nos combinaisons, sont allées à contre fin. Expression très-répandue.
CONTRE-POIDS, s. m. Valet, poids qui pend avec une corde derrière la porte, pour faire quelle se ferme sans qu'on la touche. «Contre-poids» est français, mais il n'a pas cette signification dans les dictionnaires.
CONTRE-POINTE, s. f. Courte-pointe, couverture de lit piquée.
CONTRE-POINTIER, CONTRE-POINTIÈRE, subst. «Mademoiselle Giraud était contre-pointière.» [J.-J. Rousseau, Confessions, livre IV.] Terme suisse-roman, français populaire et vieux français. Aujourd'hui on dit: Courte-pointier, courte-pointière.
CONTREVENTION, s. f. Contravention. Être pris en contrevention. Terme français populaire et vieux français.
CONTRIÈRES, s. f. pl. Gardes d'une serrure.
CONVENIR, v. a. et n. Faire accord. Qu'avez-vous convenu ensemble?—Nous avons convenu de partir dans quinze jours. Dites: De quoi êtes-vous convenus ensemble?—Nous sommes convenus de partir dans quinze jours.
CONVOI FUNÈBRE, s. m. Vous êtes prié par la famille de Mr N** d'assister à son convoi funèbre qui aura lieu, etc. Formule consacrée chez nous et dans plusieurs villes du midi de la France. Au lieu de convoi funèbre, dites: Enterrement, ou bien dites «Convoi» tout court, et sans y ajouter d'épithète.
COPON, s. m. Sébile, grande écuelle de bois, destinée à recevoir la pâte que l'on porte au four. Le copon avait jadis un second emploi: la plupart des marchands y tenaient l'argent de la vente journalière; et c'est de là qu'est venue cette expression proverbiale: Mettre la main au copon, laquelle signifie: Soustraire de l'argent à un patron.
COPON, s. m. Employé au sens figuré, ce mot est un terme de couturière. Il se dit d'un vêtement mal coupé ou d'une couture mal faite, qui occasionne un renflement dans l'étoffe. Le dos de ta robe va mal: il fait le copon du côté droit et tu as l'air bossue.
COPONNER, v. n. Faire le copon. Voyez ce mot, no 2.
COPONNIER, s. m. Dans l'ancienne langue genevoise, on appelait coponnier l'ouvrier qui fabriquait la vaisselle de bois.
COQ, s. m. (fig.) À nous le coq, est une expression proverbiale qui signifie: À nous la supériorité, à nous le fion, à nous le bouquet. Pour les chaînes de montres, à nous le coq. Pour accommoder une truite, à moi le coq, à moi le pompon. «Le coq du village» est une expression française fort connue; mais celle-ci: à nous le coq, n'est pas dans les dictionnaires usuels.
COQUARD, adj. masc. Être à son point coquard, être à son moment coquard, signifient: Être à son maximum de bonté, de beauté, d'excellence, de perfection. Mangez vite cet œuf, il est à son point coquard. Venez voir le Mont-Blanc, il est à son point coquard. Cueillez-moi ces pêches, François, c'est l'instant coquard. Ta fille n'a point de dot, mais elle est jolie; dépêche-toi de la marier pendant qu'elle est à son point coquard. On voit par ces exemples: 1o Que notre mot coquard, inconnu à tous les dictionnaires et à tous les glossaires, appartient au style familier; 2o Qu'il n'a point de correspondant exact en français. L'étymologie de ce singulier terme pourrait se chercher dans le vieux mot coquardise. [Voyez le Glossaire roman de Roquefort, et le Dictionnaire wallon de Don François.]
COQUASSE, s. f. Signifie: 1o Femme ou fille ridicule; 2o Femme ou fille ivrogne. Dans l'ancien français, coquasse signifiait: Chaudron, coquemar, cruche, vase à vin. Voyez CAUQUE.
COQUEMOLLE ou CROQUEMOLLE, s. f. Sorte d'amande dont la coque est facile à briser. Le mot français est «Amande princesse.»
COQUER, v. n. Terme d'écolier. Frapper l'un contre l'autre deux œufs cuits durs. Qui veut coquer? Veux-tu coquer avec moi? Dans le canton de Vaud on dit: croquer.
COQUER, v. a. Enlever la coque. Coquer des noix.
COQUILLON, s. m. Boucle de cheveux. Dans le vieux français, coquillon signifiait: Petite coquille.
CORAILLON ou COURAILLON, s. m. Trognon, cœur d'un fruit ou d'un légume. Coraillon de pomme, coraillon de poire, coraillon de chou, coraillon de salade. Terme suisse-roman, savoisien et jurassien. A Lyon et dans le Berry on dit: Curaille. En vieux français, coraille signifiait: «Cœur;» coraillon signifiait: «Petit cœur.»
CORBE, s. f. Fruit du sorbier domestique. Terme connu dans le Berry et sans doute ailleurs.
CORBEILLE DE NOCE, s. f. Préparer une corbeille de noce. Envoyer la corbeille de noce. En français on dit: La corbeille de mariage, ou simplement: «La corbeille.» [Acad.] «Notre ami Gremillet a dépensé 400 francs pour la corbeille.»
CORDONNIER, s. m. Petit insecte rouge et noir, de l'ordre des Coléoptères.
CORIANDE, s. f. Coriandre, sorte de plante. En latin, Coriandrum.
CORNER, v. a. Donner de la corne, frapper de la corne. Éloignez-vous, mes enfants: cette vache corne; elle vous cornera. Terme vaudois.
CORNER, v. a. Corner un chapeau, c'est le déformer. Maladroit, tu viens de corner l'aile de mon chapeau.
CORNIOLE, s. f. Terme de Boucherie. Œsophage de l'animal, conduit par où les aliments descendent du gosier dans l'estomac. Je te demandais de la viande et tu me donnes de la corniole! Terme méridional, etc. R. corne.
CORPORANCE, s. f. Grosse corporance; énorme corporance. Terme suisse-roman, français populaire et vieux français. Le mot véritable est «Corpulence.»
CORPORÉ, ÉE, adj. Membré. En vieux français, corporu.
CORPS, s. m. Dans plusieurs de nos villages, être corps se dit d'un mort non enterré. Pendant que la Fanchon était corps, son mari en guignait déjà une autre. Expression curieuse.
CORSÉ, ÉE, adj. Se dit des personnes et signifie: Membru, vigoureux, solide, bien taillé. Dans le vieux français on disait Corsu, terme usité encore en Normandie.
CORTI, s. m. Voyez COURTI.
CORTIAUD, s. Voyez COURTIAUD.
COSSU, s. m. Nous disons d'une chose belle, d'une chose riche, superbe, bien étoffée: C'est du cossu. En français, «Cossu» n'est pas substantif.
COSSU, s. m. Nom que l'on donne à une maladie ou indisposition des vaches, qui leur fait enfler le pis et gêne la sortie du lait. Ce mal leur vient le plus souvent après qu'elles ont vêlé. [P. G.]
COSTI, s. m. Cautère, ulcère artificiel. Dans le canton de Vaud on dit: Costic, et en Languedoc, coustic.
COTAPILE, s. f. Foule compacte. C'était une cotapile à y étouffer. J'ai assez d'une pareille cotapile, et l'on ne m'y retrouvera pas. Être à la cotapile, signifie: Être fort serrés, être fort pressés les uns contre les autres, de manière à en avoir les côtes pilées.
COTAPILER, v. a. Presser, fouler, serrer. L'assemblée était infiniment trop nombreuse: on y était cotapilé.
CÔTES, s. f. pl. Cardes de bettes, cardes de poirée. Un plat de côtes. Plucher des côtes. Terme languedocien.
CÔTES, s. f. pl. Nous disons figurément et facétieusement d'un homme bizarre, original, capricieux, qui ne fait rien comme les autres et ne peut se plier ni aux goûts ni aux désirs de personne: Il a les côtes en long. Locution provençale. Se dit aussi, mais plus rarement, d'un homme paresseux.
COTON SANS FILÉ, s. m. Coton qui n'est pas filé, coton en bourre.
COTONNE, s. f. Cotonnade, étoffe de coton. Cotonne quadrillée. Terme suisse-roman.
COTTE, s. f. Signifie: 1o Étai, appui, soutien. Mettre des cottes à un pommier qui plie sous le poids des fruits. Mettre des cottes à une masure qui menace ruine. Cotte signifie: 2o Cale, c'est-à-dire: Morceau de bois, de pierre, de carton, que l'on place sous un objet quelconque pour le mettre de niveau ou pour lui donner de l'assiette. Ne voyez-vous pas que cette table remue? Mettez-y une cotte. En Franche-Comté on dit: Coute.
COTTER, v. a. Serrer, assujettir, fixer, caler, mettre une cotte. Cotter une porte, cotter une fenêtre, cotter un contrevent qui bat. Voici la troisième fois que le vent fait tomber ce devant de cheminée: cottez-le donc avec soin. Dans un sens analogue, cotter un lit, signifie: Le border, c'est-à-dire: Mettre les bords de couverture sous le matelas. Le lit était mal cotté: la couverture est tombée. Terme suisse-roman, savoisien, méridional et vieux français. On dit en Franche-Comté: Couter. Notre mot cotter est le radical perdu des mots français «acoter» (appuyer) et «acotoir» (appui).
COTTER, v. n. S'arrêter, hésiter en récitant ou en déclamant. Le jeune étudiant nous récita toute la première satire de Boileau sans cotter, sans cotter d'un seul mot. Notre ministre a fait un bien beau sermon: mais il a un peu cotté. Terme vaudois. A Neuchâtel, être cotte, rester cotte, signifie: Rester court, demeurer court.
COTTER (SE), v. réc. Ne pas tomber d'accord sur une vente, sur un achat qui allaient être faits; se tenir à très-peu de chose. On allait conclure le marché, quand on s'est cotté pour vingt francs. Cette magnifique campagne allait se vendre: on s'est cotté pour une vétille (on s'est tenu à une vétille).
COTTES, s. f. pl. Cotillons.
COUAILLÉE et COUAILLER. Voyez COAILLÉE et COAILLER.
COUALER, v. n. Crier comme les enfants. Voyez COAILLER.
COUANNE, s. f. Couanne de lard. On écrit «Couenne de lard.» Au sens figuré, couanne signifie: Grande saleté, grande malpropreté. Va te cacher, caïon, avec ta couanne; va laver ta couanne. «Couenne» est français, mais non pas dans cette acception.
COUANNE, s. f. Force, vigueur, courage. Avoir la couanne de, signifie: Oser, avoir le courage de, avoir le cœur de. As-tu la couanne de te battre? Lequel de vous quatre aurait la couanne de traverser le Rhône? Si tu as de la couanne, Marmilloud, fais-y voir. Ce mot de Couanne n'est autre chose que le mot français «Couenne» pris dans un sens figuré, sens que les dictionnaires ne mentionnent pas.
COUANNEUX, EUSE, adj. Très-sale, fort malpropre. Enfant couanneux; mains couanneuses. Dans ce sens on ne dit, en français, ni couanneux, ni couenneux.
COUÂTRE, s. m. Culot. Le dernier né d'une famille d'animaux, et principalement le dernier éclos d'une couvée. Voilà le couâtre de nos poulets; voici le couâtre de nos petits lards. [P. G.]
COUBLE (UNE). Une paire de chevaux de carrosse, une couple. Terme méridional. Selon M. Pierre Gaud, ce mot signifie aussi: Bande, troupe, remonte. Une couble de chevaux suisses.
COUCHER, v. a. Coucher le poil à quelqu'un, le flatter, le cajoler, l'endoctriner pour obtenir de lui une faveur, un bienfait, un avantage quelconque. Image tirée des caresses qu'on fait aux chiens, aux chats, aux chevaux.
COUCI-COUÇÀ, loc. adv. Et la santé, Monsieur Robert?—Couci-couçà, ni bien ni mal, tolérablement. On dit en français: «Couci-couci.»
COUDE, s. m. Nous disons figurément et proverbialement d'un homme intelligent qui comprend vite les choses et ne se laisse pas duper: Il ne se mouche pas du coude. Le Dictionnaire de l'Académie dit: «Il ne se mouche pas du pied.»
COU DU PIED, s. m. Il faut dire: «Cou-de-pied,» puisqu'on disait anciennement: Col de pied. [Voyez les dictionnaires de Robert Estienne et de Cotgrave.] On disait de même: Col de bras.
COUESTE, s. f. Extrait d'absinthe.
COUGNARDE, s. f. Compote de coings, cotignac, résiné. Terme vaudois et neuchâtelois. Dans le Jura on dit: Coignarde. R. coing.
COUGNE, s. f. Se dit d'une ou de plusieurs personnes qui, étant prises et serrées dans une foule compacte d'où elles voudraient sortir, s'y démènent, s'y agitent violemment en tout sens pour reculer ou pour avancer, pressant ainsi à leur tour et bousculant ceux qui les enveloppent. La cougne est quelquefois un jeu entre écoliers ou entre gamins. On dit alors: Faire à la cougne, ou, Faire une cougne, ou, Faire la cougne.
COUGNER, v. a. Pousser vivement, presser fortement, pousser quelqu'un dans une encognure et l'y serrer. Qui est-ce qui cougne? Ne cougnez donc pas! On s'est cougné sous le vestibule du Théâtre, jusqu'à y étouffer. Le verbe français «Cogner» n'a pas ce sens. R. cuneus, coin.
COUIN-NÉE, s. f. Voyez COIN-NÉE.
COULERIE, s. f. Perte, ruine, déroute. Quelle coulerie! Quelle fameuse coulerie! C'est une coulerie complète.
COULEURS, s. f. pl. Façons, sortes. Dans la dispute, ils se sont insultés et ils s'en sont dit de toutes les couleurs. Notre cadet devient chaque jour plus malin et il nous en fait de toutes les couleurs.
COULEUSE, s. f. Buandière, femme chargée du soin de couler la lessive.
COULOUVRINE, s. f. Coulevrine, ancienne pièce d'artillerie plus longue que les canons ordinaires. C'est du mot coulevrine que s'est formé celui de Coulouvrenière, vaste emplacement consacré à nos tirs.
COUP DE CHALUMEAU, s. m. Soleil ardent, soleil donnant aplomb. Expression de nos milices. Dis donc, Marcelin, quels coups de chalumeau on recevait hier à cette revue.
COUP DE FROID, s. m. Coup d'air, refroidissement. Prendre un coup de froid; avoir un coup de froid. Ce n'est pas une pleurésie, c'est un très-mauvais coup de froid.
COUP DE PARTI, s. m. Coup de partie, coup qui décide du gain de la partie, coup avantageux. En achetant cette bicoque, il a fait un coup de parti.
COUPE, s. f. Mesure de capacité pour les grains, laquelle équivaut environ à soixante-dix-sept litres. La coupe de blé a coûté, en avril 1847, quarante-deux francs.
COUPEAUX, s. m. pl. Copeaux, éclats de bois.
COUPER, v. a. Couper pique, couper trèfle, etc. Terme du jeu de cartes. Dites: Couper À pique, couper À trèfle.
COUPER, v. neutre. Se dit des couleurs, et signifie: Trancher, faire un contraste trop grand, n'être pas assorti. Le brun et le jaune coupent trop, c'est-à-dire: Sont des couleurs trop tranchantes.
COUPER LA CHIQUE. Terme trivial. Rabattre le caquet, couper le sifflet.
COUPER, v. a. (fig.) Pour dire: Supplanter quelqu'un, lui enlever sa place, son poste, etc., nous disons figurément et proverbialement: Lui couper l'herbe sous les pieds. L'Académie dit: «Lui couper l'herbe sous le pied.» Les proverbes et locutions proverbiales quelconques doivent être conservées intactes, ou elles cessent d'exister. «Ils veulent nous couper l'herbe sous le pied,» dit Voltaire, dans ses Dialogues, t. II, p. 186, édition de Baudouin frères.
COUPEUR DE BOIS, s. m. Scieur de bois, fendeur de bois. «Tout coupeur de bois, qui, au débarquement d'une voiture, ne serait pas muni de ses outils, ne pourrait venir plus tard, prendre part au travail.» [Règlement de police, 1850.]
COUPILLE, s. f. Goupille, petite cheville de laiton ou d'autre métal.
COUPLE, s. m. Un couple d'écus, un couple d'œufs, etc. Dites: Une couple d'écus, une couple d'œufs; c'est-à-dire: Deux écus, deux œufs, etc.
COUPS, s. m. pl. Faire les cent coups, faire les cent dix-neuf coups, veut dire: Se porter à toutes sortes d'extravagances et d'excès. Français populaire.
COURANT, s. m. Terme de couturière. Coulisse. Robe à courant.
COURATIER, s. m. Voyez COURIATIER.
COURBATURE, s. f. Lassitude douloureuse.
COURBE, adj. des 2 genres. Courbé, courbée. Il marche tout courbe; elle se tient toute courbe.
COURGERON, s. m. Potiron, sorte de légume. Peler des courgerons. Terme suisse-roman et savoisien.
COURGE SAUVAGE, s. f. C'est le nom que nous donnons à une plante appelée en français Couleuvrée ou Bryone. [P. G.]
COURIATER, v. neutre. Courir, perdre son temps, vagabonder. Se dit surtout des jeunes garçons et des jeunes filles. À çà, Françoise, où avez-vous été couriater, que vous rentrez si tard?—Couriater, Madame? Je me suis promenée tranquillement avec mon amie. Ce mot de couriater n'a point d'équivalent exact en français.
COURIATERIE, s. f. Action de couriater.
COURIATIER, IÈRE, ou COURATIER, IÈRE, s. et adj. Celui ou celle qui perd son temps en courses de plaisir inutiles. Se dit surtout des jeunes garçons et des jeunes filles. Terme connu dans le Berry et sans doute ailleurs. En vieux français, couratier signifie: 1o Messager; 2o Courtier.
COURT (À). Vous étiez à court d'argent; je suis à court de pommes de terre; elle est à court de fascines, etc. Dites: Vous étiez court d'argent; je suis court de pommes de terre; elle est court de fascines. Dans ces exemples, «Court» est un adjectif invariable.
COURTE-BÛCHE, s. f. Courte-paille. Tirer à la courte-bûche. Terme suisse-roman. Voyez BÛCHE.
COURTI ou CORTI, s. m. Jardinet, petit jardin. Ce terme, qui appartient au vieux français, est fort usité dans la Suisse romane et dans la moitié de la France.
COURTIAUD, COURTIAUDE, s. et adj. Courtaud, courtaude; homme ou femme d'une taille ramassée et trapue. Un petit courtiaud; un gros courtiaud; une courtiaude réjouie. On dit quelquefois au féminin: Courtiaule.
COUSINER, v. n. Cousiner n'est pas un verbe neutre. On ne doit pas dire: Cousiner avec quelqu'un; il cousine avec tous ceux de son village; les Vaudois, dit-on, cousinent beaucoup. «Cousiner» est un verbe actif. On dira donc: Cousiner quelqu'un; il cousine tous ceux de son village; les Vaudois se cousinent beaucoup.
COÛTE, s. f. Coût, dépense, frais.
COUTEAU, s. m. (fig.) Rayon de miel.
COUTEAU DE BOIS, s. m. Plioir, petit instrument fort connu, que nous appelons aussi, mais improprement, couteau de papier. Terme français populaire.
† COUTELAR, s. m. Coutelas. Dans le patois bressan on dit: Cutelar.
COUTELER, v. a. Faire une blessure avec un couteau. Se couteler, v. récip. S'écharper. Terme vaudois.
COÛTE QUI COÛTE. Expression rapide et concise qui signifie: À quelque prix que ce soit. Coûte qui coûte, je veux en finir avec mon procès. L'expression française est: Coûte que coûte.
COÛTES, s. f. pl. Vivre aux coûtes de quelqu'un, être sur les coûtes de quelqu'un, signifie: Être à la charge de quelqu'un, vivre à ses dépens. Ce jeune homme est depuis deux ans sur les coûtes de sa grand'mère. On dirait, en français: Ce jeune homme est depuis deux ans sur les crochets de sa grand'mère.
COUTHIONS, s. m. pl. Jouer aux couthions. Ce jeu, fort en usage dans diverses communes du bassin de Genève, se joue entre filles et garçons le jour de Pâques, et quelquefois le lendemain. Il consiste à lancer des bâtons retordus et recourbés qu'on dirige contre une baguette appelée margale. Celui qui s'est le plus éloigné de la margale, en jouant, perd quelque chose. Le jeu se termine à la nuit par un régal, où l'on dépense l'argent qui a été perdu. [P. G.]
COUTUME, s. f. Nous disons: Avoir de coutume, pour: Avoir coutume. Nous avions de coutume d'aller ensemble après dîner boire la demi-tasse. Expression vieillie, qui a disparu des dictionnaires.
COUTURE RENTRÉE. Terme de couturière. Rentraiture.
COUVASSER, v. n. Se dit d'une poule qui cherche à couver.
COUVÉ, adj. masc. Ce que nous appelons œuf couvé s'appelle en français «Œuf couvi,» c'est-à-dire: Œuf à demi couvé, œuf gâté.
COUVERT, s. m. Couvercle. Un pot et son couvert; une boîte et son couvert. Terme suisse-roman, franc-comtois et méridional.
COUVERTE, s. f. Couverture. La couverte du lit. Changer de couverte. Couverte de coton. Au dix-septième siècle, les grammairiens français attaquaient déjà ce barbarisme, lequel cependant est resté vivace en France, en Suisse et en Savoie.
COVET, s. m. Couvet, vase de fer-blanc ou de terre, dans lequel on tient de la braise allumée, et dont quelques femmes se servent en guise de chaufferette. A Paris on dit populairement: Couvot. Ces mots viennent probablement du verbe «Couver,» parce que les femmes semblent, en quelque sorte, s'accroupir sur ce meuble, comme la poule sur ses œufs.
CRA, s. m. (a bref.) Crasse attachée à la peau de la tête d'un enfant. Terme vaudois.
CRA (À), loc. adv. Voyez À CRA.
CRACHE, s. f. Salive.
CRACHÉE, s. f. Très-petite quantité. Ne s'emploie guère que dans cette expression: Une crachée de neige.
CRAINTE DE. De crainte de. Crainte des gendarmes, les deux filous disparurent. Crainte des brigands, nos voyageurs prirent une escorte. Dans le style familier, «Crainte de» peut se dire en parlant des choses: «Crainte de malheur, crainte d'accident;» mais il ne se dit jamais des personnes.
CRAINTE DE. Crainte de tomber, marchez doucement; crainte de vous égarer, prenez un guide. Ces phrases sont incorrectes; il faut ajouter la préposition, et dire: «De crainte de tomber, de crainte de vous égarer,» etc.
CRAINTE QUE. Crainte qu'on ne nous dérange, sortons d'ici. Crainte qu'il ne s'échappe, tiens-le bien. Dites, avec la préposition: «De crainte que,» etc.
CRAINTER, v. n. Terme rural. Se dit principalement du raisin et signifie: Rester petit. Les raisins ont crainté (ils n'ont pu acquérir leur grosseur accoutumée).
CRAINTER, v. n. Terme rural. Secouer avec vitesse le van sur l'un et l'autre genou pour en faire sortir les épis et les mauvais grains. [P. G.]
CRAMARINS, s. m. pl. Terme des campagnards. Groseilles rouges.
CRAMOISIN ou CARMOISIN, s. m. La grosse blanquette, sorte de poire. Nous disons aussi adjectivement: Une poire cramoisin. Dans le dialecte languedocien, cramoisin et cramoisien signifient: «Cramoisi.»
CRAMPON, s. m. Ne dites pas: Le crampon d'une boucle, mais «L'ardillon d'une boucle.» [P. G.]
CRAPAUD, s. m. (fig.) Terme injurieux qui équivaut à: Polisson, mauvais drôle. En français, «Crapaud, vilain crapaud,» se disent d'un homme très-disgracié de la nature. [Dictionnaire Bescherelle.]
CRÂPE, s. f. Celle qui mène une vie dissolue. De ce mot peuvent dériver les mots «Crapule» et «Crapuleux.»
CRAQUER, v. n. Nous disons: Les dents lui craquent. On dit en français: Les dents lui claquent.
CRASANE, s. f. Sorte de poire d'hiver. De bonnes crasanes. Une livre de poires crasanes. C'est l'orthographe du dictionnaire de Trévoux. Mais Gattel, Boiste, Noël et Chapsal, Bescherelle, et Mr Pautex, dans son Vocabulaire, écrivent: Crassane; l'Académie française préfère Cresane; à Reims, à Gap et ailleurs, on dit: Cressane; le peuple de Paris prononce Creusane. Voilà, certes, de quoi choisir.
CRASE, s. f. Berge, falaise, rive escarpée. Les crases de l'Arve, au-dessus de Champel.
CRASET, ETTE, s. Se dit d'une personne petite, maigre et chétive. Viens-y, craset, viens, que je te giffle. Mettez bien vite à la raison ce craset. Terme vaudois.
CRASSER, v. a. Encrasser. Crasser ses habits.
CRASSERIE, s. f. Ladrerie, mesquinerie, avarice sordide. Terme français populaire.
CRENELLE, s. f. Crécelle, moulinet de bois qui fait un bruit aigre. [P. G.]
CRENET, s. m. Oiseau dont J.-J. Rousseau parle dans l'Héloïse. Boiste et le Complément du dictionnaire de l'Académie disent: Crenel, et Mr Bescherelle a copié cette faute. Le terme véritable est «Courlieu.»
CREPETONS (À), loc. adv. À croupetons, c'est-à-dire: En s'accroupissant. Se mettre à crepetons. Terme jurassien. A Neuchâtel on dit: À crepotons; dans une partie de la Lorraine on dit: À cripotons. Voyez CROPETONS.
CRÉPISSAGE, s. m. Crépissure, crépi. Ce mur aurait grand besoin d'un crépissage. Terme suisse-roman et méridional.
CRESOLETTE, CREUSELIETTE, ou COURSELIETTE, s. f. Tire-lire, laquelle est quelquefois une botte en fer-blanc, et quelquefois un sac, que l'on présente à l'église en faisant la quête. Mettre à la cresolette. Dans le canton de Vaud on appelle crusille, la boîte ou tronc destiné aux aumônes dans le temple.
CREST ou CRÊT, s. m. Cime d'un coteau, mamelon, éminence de terre dans une plaine. Les crêts du Grand-Saconnex. Le Crêt de Jussy. Les Hauts-Crêts, dans la commune de Vandœuvres. Terme suisse-roman, savoisien et franc-comtois. R. crista, crête.
† CRÉTIQUE, s. fém. Critique, blâme.
CRÉTIQUEUR, s. m. Critiqueur.
CREUX (LE). Sorte de jeu d'enfant. Jouer au creux. On dit en français: Jouer à la fossette.
CREVAISON, s. f. Ne se dit que des animaux, et signifie: État de dépérissement, état de maladie mortelle. Les enfants disent d'un oiseau qui a la pépie et qui va mourir: Il a la pipi, la mimi, la crevaison. Dans le Berry on dit populairement d'une personne qui vient de mourir: Elle a fait sa crevaison; et dans le langage parisien, elle a fait sa crevation.
CRÈVEMENT DE CŒUR, s. m. Crève-cœur, grand déplaisir, grande mortification mêlée d'un certain dépit. Ce fut un crèvement de cœur pour notre Étienne d'aller aux Promotions sans y recevoir de prix.
CREVER, v. n. Nous croyons parler correctement, quand nous disons d'un chien, d'un chat, d'un bœuf, etc., qu'ils ont crevé, pour signifier qu'ils ont cessé de vivre. Il faut dire: Ils sont morts, ou, Ils ont péri. «Quarante vaches périrent dans les neiges du Bon-Homme. Le pauvre canari mourut de faim. Les moutons du fermier moururent de la clavelée.» On trouve dans le dictionnaire de l'Académie: «Le poison fait crever les rats;» mais cet exemple ne prouve rien contre ce qui vient d'être avancé. Voyez tous les dictionnaires.
CREVOTANT, ANTE, adj. Se dit des personnes et des choses et signifie: Malade, fort malade, près de finir. Un feu crevotant; une lampe crevotante. Je trouvai la pauvre mère Trapelle toute crevotante. Appliqué aux personnes, ce terme appartient au style badin ou au style trivial. Eh bien, l'ami Tronchet, comment va ce te santé depuis deux mois?—Hélas! c'est toujours le catarrhe, toujours la goutte, toujours l'estomac qui digère mal: je suis tout crevotant.
CREVOTER, v. n. Se dit des choses et des personnes, et signifie: Être près de finir, être sur le point de mourir. La chandelle vient de s'éteindre, et tu laisses ton lumignon crevoter!
CREZENET, s. m. Petite tomme ou fromage que les fruitiers se font dans les laiteries avec les égouttures de lait qui restent dans le couloir. [P. G.]
CRIBLETTE ou QUIBLETTE, s. f. Cresserelle, espèce de faucon.
CRIÉE, s. f. Crierie, gronderie. Faire une criée. Il nous faisait des criées à épouvanter les voisins.
CRIER, v. a. Réprimander en élevant la voix, gronder. Crier ses domestiques; crier ses enfants. J'ai été criée tout le jour. Terme méridional. Le verbe «Crier,» pris dans cette acception, est neutre, et l'on doit dire: «Crier après quelqu'un; il ne cesse de crier après ses enfants.» Dans le canton de Vaud, crier quelqu'un, signifie: L'appeler.
† CRINCAILLER, s. m. Quincaillier.
CRIQUET, s. m. Crécelle, moulinet de bois très-bruyant.
CRIQUET, ETTE, adj. Étroit, trop étroit, étriqué. Un bonnet criquet.
CROCHER, v. a. Agrafer, attacher avec une agrafe. Crochez-lui sa robe, crochez-moi mon manteau. Terme suisse-roman. Nous disons dans un sens analogue: Crocher un contrevent, c'est-à-dire: Le fixer au moyen d'un crochet.
CROCHET, s. m. (fig.) Croc. L'affaire est au crochet; le procès est au crochet; l'ouvrage est au crochet. Dites: L'affaire est au croc (elle est suspendue, interrompue); le procès est au croc, etc.
CROCHETER, v. a. Agrafer, attacher avec une agrafe. Terme méridional.
CROCHON, s. m. Grignon, entamure de pain, morceau de l'entamure du côté le plus cuit. Un joli crochon; un gros crochon; s'emparer du crochon. Terme suisse-roman et savoisien. En languedocien, on dit: Crouchon; en patois lorrain, croche; à Marseille, corchon.
CROCHONNER, v. a. Couper la croûte autour du pain. Nous appelons pain crochonné, un pain fait à cornes pour en multiplier les grignons ou crochons. Les Languedociens disent: Pain crouchonné.
CROCODILLE, s. m. (ll mouillés.) Écrivez et prononcez, avec un seul l, «Crocodile.»
CROIRE, v. a. Nous disons proverbialement et familièrement à une personne que nous voyons ajouter une foi aveugle à des récits invraisemblables ou absurdes: Croyez cela et buvez de l'eau (buvez de l'eau pour mieux digérer de semblables contes).
CROIRE DE. Je croyais d'arriver le premier. Il croyait de ne pas se tromper. Nous avions cru d'être fouillés à la douane. Retranchez le de et dites: Je croyais arriver le premier. Il croyait ne pas se tromper. Nous avions cru être fouillés à la douane.
CROIRE (S'EN), v. pron. S'en faire accroire, s'enorgueillir, être fier. Tu t'en crois bien, Pierre, avec ton chapeau neuf. Voyez comme ces gamins de huit ans s'en croient avec leur cigarette à la bouche.
CROISON, s. m. Pomme sauvage. Dans le Berry on dit: Croix.
CROIZONNIER, s. m. Pommier sauvage. Dans le Berry on dit: Croizier.
CROISSANT, s. m. Se dit des enfants et des adolescents, et signifie: Croissance, augmentation en grandeur. Avoir le croissant; souffrir du croissant.
CROPETONS (À), loc. adv. À croupetons, en s'accroupissant, à genoux repliés.
CROQUEMOLLE, s. f. Sorte d'amande. Voyez COQUEMOLLE.
CROSSE, s. f. Béquille. Marcher avec des crosses. Terme suisse-roman, savoisien et méridional. Proverbialement: Un boiteux ne peut se servir que de ses crosses; signifie: Nul ne peut employer que les ressources, grandes ou petites, qu'il possède.
CROTON, s. m. Cachot, prison obscure et enfoncée. Être mis au croton; passer la nuit au croton. Terme suisse-roman, savoisien et méridional. Ce mot vient du vieux mot français crote, lequel signifiait: Un creux, un caveau, une grotte. A Genève, ce qu'on appelle aujourd'hui «la Grotte aux Archives,» s'appelait autrefois la Crotte aux Archives. Dans le Berry, crot veut dire: Un creux, un trou, et crotter, v. a., signifie: Creuser, faire un trou. Enfin, dans le dialecte provençal, on appelle crotto un local souterrain pour tenir le vin.
CROTU, TUE, adj. Marqué de petite vérole, grêlé. Expression très usitée, et que J.-J. Rousseau a introduite dans sa Nouvelle Héloïse: «Veux-tu que je coure baiser un visage noir et crotu?» [IVe partie, lettre 8e.] Crot, dans le vieux français, signifie: Creux, fossette.
CROUILLE, adj. Voyez CROU-YE.
CROUSTILLEUX, EUSE, adj. En Suisse, nous donnons à cet adjectif une signification qu'il n'a point dans les dictionnaires; nous disons, par exemple, d'une affaire délicate, épineuse, embarrassante, qu'elle est croustilleuse. Voilà qui est difficile et croustilleux. «Croustilleux» signifie: Plaisant, leste, libre, graveleux, licencieux. «Anecdote croustilleuse; conte croustilleux.»
CROUSTILLON, s. m. Croustille, petite croûte de pain. Ces messieurs voudraient-ils boucher par un croustillon?
CROÛTE AU BEURRE, s. f. Tartine de beurre, tranche de pain recouverte de beurre. Nous disons dans le même sens: Croûte au miel, croûte à la drâchée, croûte aux confitures, croûte dorée. Terme suisse-roman.
CROÛTION, s. f. Morceau de pain mordu, rongé, et laissé sur la table après le repas; vieux reste de pain sec. Ne jetez pas ces croûtions; ayez soin de ces croûtions. Si Madame exige que je fasse de la soupe avec ces croûtions, ce n'est pas moi qui en mangerai. Le mot français «Croûton» n'est point l'équivalent de notre mot croûtion. Au sens figuré, nous disons quelquefois d'un chenapan: C'est un croûtion d'homme; et d'un mauvais dîné: C'est un croûtion de dîné.
CROU-YE ou CROUILLE, adj. Mauvais, grossier, gâté, en mauvais état. Se dit des personnes et des choses. Une crou-ye marchandise; un crou-ye habit; un crou-ye déjeuné; une crou-ye auberge. Michel Godineau est un crou-ye sujet, mais son fils est plus crou-ye encore. Terme suisse-roman. Crou-ye s'emploie aussi dans le sens de: Chétif, malade, malingre, souffreteux, cacochyme. Oui, Madelon, je suis bien crou-ye aujourd'hui. Notre cousin Godefroi n'est pas des plus vigoureux, mais il n'est pas des plus crou-yes.
CROU-YERIE, s. f. Objet de nulle valeur.
CRÛ, s. m. Crue, croissance. Faire son crû. Se dit des animaux et de l'homme. Voilà un beau poulain qui aura bientôt fait tout son crû. Terme vieux français.
CRUE, adj. fém. Écrue. Toile crue, toile qui n'a pas été blanchie. Soie crue, soie qui n'a pas été mise à l'eau bouillante. Terme dauphinois, etc.
CRULLION, s. m. (ll mouillés.) Fer pour attiser le feu, fourgon. [P. G.] Dans le canton de Vaud on dit: Crullion et crouillon.
CUARD, s. m. Terme de boucherie. Cimier, filet, pièce de bœuf charnue, prise sur le quartier de derrière.
CUCHET, s. m. Terme rural. Veillotte, petit tas de foin qu'on forme sur les prés. Mettre le foin en cuchets. Étendre les cuchets; s'ébattre sur les cuchets. Terme vaudois. Dans le vieux français, cuche veut dire: Tas de foin, meule de paille. En provençal, cucha, mettre les gerbes en tas.
CUEILLER ou CUEILLÈRE, s. f. Orthographe et prononciation vicieuses des mots «Cuiller» et «Cuillère,» qui sont tous deux français et se prononcent tous deux kuillère.
CUEILLIR, v. a. Beaucoup de personnes prononcent ku-llir (ll mouillés), au lieu de keu-llir. Plusieurs personnes aussi disent au futur: Je cueillirai, tu cueilliras, etc., au lieu de: Je cueillErai, tu cueillEras, etc. Cette forme, je cueillirai, appartient à l'ancienne langue française.
CUEILLIR, v. a. (fig.) Cueillir du linge, signifie: Ramasser du linge. Cueillir les thèmes des écoliers, signifie: Les recueillir, les rassembler.
CUEILLIR, v. a. (fig.) Gagner. Cueillir un mal. Cueillir la petite vérole. La coqueluche se cueille.
CUER ou COUER, s. m. (Faites sonner l'r.) Cuir, peau. Entre cuer et chair. Terme vieux français.
CUIRE, v. a. et n. Votre lait va cuire, Colette; votre lait cuit déjà. Dites: «Votre lait va bouillir; votre lait bout déjà.»
CUISON, s. f. Action de cuire ou de faire cuire. La cuison du pain, la cuison de la viande. La cuison que fait éprouver une plaie. Le mot français est «Cuisson.»
CUISSE-DAME, s. f. Cuisse-madame, sorte de poire.
CUIT, partic. masc. Beurre cuit. Accommoder avec du beurre cuit. Toupines de beurre cuit. On dit en français: «Beurre fondu.»
CUIT, CUITE, adj. Pourri. Du bois cuit.
CUITE, s. f. Terme de laiterie. Recuite, petit-lait recuit, dernière qualité de petit-lait, c'est-à-dire, celui qui reste après qu'on en a fait le séret. La cuite sert à engraisser les cochons. Terme vaudois.
CUITE, s. f. État d'ivresse. Il a sa cuite (il est soûl).
CULOT, s. m. (fig.) Être culot, terme du jeu de billard, signifie: Être inférieur à son adversaire, avoir moins de points que lui. Cette expression, qui est sans doute connue ailleurs, n'est pas consignée dans les dictionnaires.
CULOTTE, s. f. (fig.) Gronderie, mercuriale, réprimande. Donner une culotte; recevoir une culotte. Un tel a eu sa culotte.
CULOTTES, s. f. pl. Dans sa chute, ses culottes furent déchirées. Il avait mis ce jour-là ses culottes du dimanche. Dites: «Sa culotte,» et n'employez le pluriel que lorsque vous parlez de deux ou de plusieurs culottes.
CUPESSE, s. f. Culbute, saut que l'on fait en mettant la tête en bas et les jambes en l'air. Quand nos jeunes écoliers apprirent qu'ils avaient congé, ils firent des cupesses de joie. Terme suisse-roman et savoisien. En cupesse, locution adverbiale, signifie: Sens dessus dessous, à la culbute. Mettre en cupesse (bouleverser). On déménageait; tout était en cupesse dans la maison.
CUPESSER, v. n. Tomber, faire une chute légère, se renverser. Se dit des personnes et des choses. La table où il écrivait cupessa. En voulant monter sur l'échelle, je cupessai. Ce terme appartient au style le plus familier. Employé figurément, il signifie: Faire faillite. La maison X., Y. et Cie vient de cupesser. Quelquefois ce verbe s'emploie à l'actif. Philibert se mit en rage et cupessa tout.
CUPLAT ou CUL-PLAT, s. m. Chute sur le derrière, casse-cul. Faire un cuplat. Les patineurs novices sont exposés à de continuels cuplats.
CURAFIFI, s. m. Vidangeur, gadouard, maître des basses-œuvres, nettoyeur de latrines. Terme connu dans le canton de Vaud. En Dauphiné et en Provence, on appelle les gens de cette profession cure-privés, et en Languedoc, maîtres fifi. [Voyez Villa, Nouveaux Gasconismes corrigés, t. 1, p. 232.] R. Fi! Fi!
CURE. Ce mot ne s'emploie que dans l'expression faire cure, qui se dit dans certains jeux, quand on ne fait aucun point, ou qu'on perd tout ce qu'on met sur jeu. C'est l'équivalent de: Être à sec, mettre à sec. [P. G.]
CURER, v. a. Curer un poisson, le vider. Curer une volaille, l'effondrer, c'est-à-dire, en ôter la poche, le gésier et la tripaille. Curer des pommes, c'est: Les cerner avec la pointe d'un couteau. Expressions méridionales.
CUSIN, s. m. Cousin, insecte.
CUTTRER ou CUTURER et COUTURER, v. a. Terme d'agriculture. Houer, labourer à la houe. Cuttrer des pommes de terre. En vieux français, on disait: Culturer.
CUVET, s. m. Nous appelons char à cuvets, ce qu'on nomme en français: «Chariot à hèches.»
CYTISE, s. f. De la cytise en fleur. Ce mot est masculin.
D
Les campagnards ajoutent un d euphonique ou énergique dans une foule d'expressions très-familières. Ils disent, par exemple: Aller d'à quatre; mettre d'à coin; monter d'à reculons; faire une chose d'acachette (en cachette); tomber d'abouchon. Nous sommes de cousin avec Jean-Glaude. J'étais d'assis. Je vous ferai un mur bien soigné, me disait un maçon, je tiendrai les pierres bien d'égal. Voyez les mots ACACHONS, D'AVAU, DOBLIGÉ et DÔTER.
DÂ, s. m. Terme enfantin qui équivaut à: Merci, je te remercie. Dis dâ, ma petite; il faut dire dâ. Dâ, ma nainnain.
DADA, s. m. Nourricier, mari de la nourrice.
DADERIDOU, s. m. Dadais. Voyez le mot suivant.
DÂDOU, s. m. Dadais, nigaud, bélître. Grand dâdou, cesseras-tu une fois de faire crier cet enfant? Terme suisse-roman et savoisien.
DAGUER, v. n. Pester, enrager. Voyez comme il bisque! Voyez comme il dague! Terme trivial.
DAILLE, s. f. Faux, instrument pour faucher. Piquer une daille. Terme méridional et vieux français.
DAM, s. m. (Prononcez dan.) C'est ton dam, c'est bien ton dam, se dit à une personne qui semble avoir mérité le mécompte, le désagrément, la mésaventure qui lui arrive. Tu t'es coupée, Jenny, et c'est bien ton dam: on t'avait défendu de jamais toucher un canif. J'ai été trompé par Guichardin, et c'est bien mon dam: j'y avais été pris déjà deux fois. Ce terme, qui appartient au vieux français, est d'un emploi journalier chez nous. R. damnum.
DANDINE, s. f. Volée de coups, rossée. Administrer une dandine. Français populaire.
D'À PLOMB, loc. adv. Le soleil donnait d'à plomb; le soleil tombait d'à plomb sur nos têtes. Dites: «Donnait à plomb; tombait à plomb.»
DARBON ou ZARBON, s. m. Nos campagnards désignent par ce mot tantôt le mâle de la taupe, tantôt le campagnol ou rat des champs. Terme savoisien, dauphinois et provençal. Darbounîre, s. f. Taupinière. Edarbogni, v. a., signifie dans le patois vaudois: Étendre la terre qui a été soulevée par la taupe.
† DARDE ou DAIRDE, s. f. Dartre.
† DARNIER, adj., adv. et prépos. Voyez DERNIER.
DARTE, s. f. Dartre, maladie de peau. Darte rentrée; darte farineuse. Français populaire.
DAUBER, v. a. Duper, tromper, flouer. Pauvre nigaud, on t'a daubé et on te daubera encore. En français: «Dauber» signifie: 1o Battre à coups de poing; 2o Railler, injurier. [Acad.]
DAUDER, v. n. Mot patois. Donner de la corne, frapper de la corne. Éloignez-vous, cette vache daude.
DAUDINÉE, s. f. Rossée, volée de coups.
DAVANTAGE DE. Tu as eu davantage de peine, tu auras aussi davantage d'argent. Dans cette phrase et dans les analogues, employez l'adverbe «plus», et dites: Tu as eu plus de peine, tu auras aussi plus d'argent.
D'AVAU, adv. Là-bas, plus loin en descendant. Terme patois et vieux français. R. vau ou val.
DE, prép. Dans les phrases suivantes et phrases analogues, on doit retrancher la préposition de. Il m'en a fait de cadeau. Cela ne fait de rien. Tu ne risques de rien sur ce bateau. Reprends ton couteau, je n'en ai plus de besoin (expression, au reste, qui était encore française au milieu du dix-huitième siècle). A quoi bon de se tourmenter? A quoi bon de lire tant de journaux? Il fait bon de s'asseoir. Il fait bon de boire frais en été. Voyez FAIRE, no 5.
DE, prép. Les phrases suivantes offrent une syntaxe remarquable, quoiqu'elles appartiennent au langage populaire. Je n'ai rien dit qui ne soit de dire; je n'ai rien fait qui ne soit de faire, etc.; c'est-à-dire: Qui ne puisse se dire, qui ne puisse se faire.
DÉBAGAGER, v. n. Plier bagage, déménager brusquement, décamper. Ils débagagèrent de nuit et emportèrent tout le bataclan. Terme suisse-roman, savoisien et français populaire.
DÉBARRAS, s. m. Nous appelons chambre de débarras un petit local où l'on serre les meubles, les ustensiles, et les vêtements qui ne sont pas d'un usage ordinaire, ou qui causent quelque embarras. Nos chambres de débarras s'appellent en français: «Décharge, pièce de décharge.»
DÉBARRASSÉE, s. f. Débarras, délivrance de ce qui embarrassait. Les voilà partis! quelle débarrassée!
DÉBIGOCHÉ, ÉE, adj. Se dit des personnes et des choses, et signifie: 1o Disloqué, détraqué, gâté, endommagé; 2o Malingre, sans entrain, lâche, débiffé. Une poupée débigochée. Quand il veut pleuvoir, disait Mme N***, je me sens toute débigochée. Dans le patois languedocien, débigoussat signifie: Contrefait, tortu. [Voyez le Dictionnaire patois de M. l'abbé Gary. Castres, 1845.]
DÉBITE, s. f. Débit, vente. Cette marchandise n'a pas de débite. Terme vieux français.
DÉBITER, v. a. et n. Il se dit de certains oiseaux qui abandonnent pour toujours leur nid, quand on va les inquiéter pour voir leurs œufs ou leurs petits. C'est le propre des corbeaux, des geais, des pies-grièches, etc. [P. G.]
DÉBLOTTER, v. a. Réciter fort vite, débiter vivement. Déblotter un discours; déblotter des injures. Il nous déblotta en moins de rien toute son histoire. Terme suisse-roman. Déblotter signifie aussi: Manger avidement. Déblotter un pain; déblotter un poulet. La signification primitive de ce mot est: Ôter les jeunes pousses d'un arbrisseau; ôter la première enveloppe de certains fruits. La chèvre a déblotté toute la haie. Déblotte-moi ces branches de noisetier, etc. Expression familière à nos campagnards et à ceux du canton de Vaud. Quant à l'idée qui domine dans ces diverses significations et qui les lie entre elles, c'est évidemment l'idée de vitesse, de promptitude, de célérité.
DÉBLOTTURES, s. f. pl. Jeunes pousses qui viennent d'être ôtées d'un arbrisseau. Ramasser les déblottures. Une corbeille de déblottures.
DE BON, adv. Sérieusement, tout de bon, tout badinage à part. Jouer de bon. Se fâcher de bon. Parlez-vous de bon ou plaisantez-vous? Français populaire.
DÉBOQUER QUELQU'UN. Le déplacer, le chasser du poste qu'il occupait, le débusquer. En vieux français, bos ou bosc veulent dire: Bois, forêt. Les mots «Débusquer,» débosquer (vieux français), et déboquer, ont signifié originairement: «Faire sortir d'un bois.»
DÉBOUCHARDER, v. a. Laver, nettoyer le visage. Va te déboucharder, Gédéon, avant qu'on se mette à table. R. bouchard.
DÉBOULÉE, s. f. Sortie précipitée. Terme suisse-roman.
DÉBOULER, v. n. Déloger promptement, décamper, déguerpir. Drôles que vous êtes, déboulez d'ici. Français popul.
DÉBRANLER, v. n. Ne pas débranler d'un endroit, signifie: Ne pas le quitter. Ne pas débranler de l'ouvrage, signifie: Ne pas quitter le travail avant que la tâche donnée soit remplie. Il bûcha tout le jour sans débranler. Ils restèrent toute la nuit au cabaret sans débranler. Terme parisien populaire, etc.
DÉCESSER, v. n. Tu ne décesses de babiller. Elle ne décesse de se plaindre. La pluie n'a pas décessé de toute la nuit. Terme français populaire. Dites: Tu ne cesses de babiller; elle ne cesse de se plaindre; la pluie n'a pas cessé de toute la nuit.
DÉCHANTER, v. a. Désensorceler, ôter un mauvais sort, déguignonner.
DÉCHARGE, s. f. Dans notre langage, Demander sa décharge veut dire: Demander d'être déchargé d'une place, d'une fonction, d'un emploi; expression qui n'a rien de choquant.
DÉCHARGEOIR, s. m. Terme des campagnards. Grande cuve où l'on jette la vendange qui vient d'être cueillie.
DÉCHÂSSER, v. a. Ôter le charre. Voyez ce mot.
DÉCHAUX, adj. Aller déchaux, être déchaux, signifie: Aller sans chaussure, être sans chaussure. Le frère et la sœur allaient déchaux. Ce terme, qui appartient au vieux français, est encore fort usité chez nos campagnards et dans le nord de la France.
† DÉCHELOQUER, v. a. Disloquer. Une serrure décheloquée.
DÉCHICOTER, v. a. Déchiqueter, couper en morceaux. Déchicoter la carcasse d'un poulet. Français populaire.
DÉCIDER (SE), v. pron. Je me décidai de partir; elle se décida de rester, etc. Il faut dire, en employant la préposition à: Je me décidai À partir; elle se décida À rester.
DÉCOCHE, s. f. Ce terme n'est guère usité que dans l'expression suivante: Être dur à la décoche, c'est-à-dire: Être dur à la desserre, aimer trop l'argent, se faire tirer l'oreille pour boursiller.
DÉCOCHER, v. a. et n. (fig.) Payer, s'élargir, contribuer, boursiller. On te fera décocher; il faudra bien que chacun de vous décoche. À la fin des fins, ils ont décoché dix francs.
DÉCOMBRES, s. f. pl. Toutes ces décombres nous arrêtèrent. Ce mot est masculin.
DÉCOTTÉ, TÉE, participe. Ce terme n'est guère employé que dans l'expression suivante: Un lit décotté, c'est-à-dire, un lit dont les couvertures et le drap supérieur ne sont pas serrés avec le matelas. Voyez COTTER.
DÉCOTTER, v. a. et n. Terme de commerce. Arranger, rapprocher (fig.). Je mettrai encore vingt-cinq francs pour décotter, pour vous décotter.
DÉCOUVRIR UN LIT. Cette expression genevoise signifie: Faire la couverture d'un lit, préparer le lit avant que de se coucher. «Ô çà, écoutez, Mme Gray; rangez-moi cette chambre, découvrez-moi ce lit, j'ai envie de me coucher.» Cette phrase est de Clément, de Genève, dans ses Annales littéraires, t. II, p. 217. En Languedoc et en Gascogne, on dit: Faire la découverte d'un lit.
DÉCROCHER, v. a. Ma robe me serre, décroche-la-moi. Le verbe «Décrocher» n'a pas cette signification en français. Il faut dire: Dégrafer. «Dégrafer une robe; dégrafer un corsage.»
DÉCROÎT, s. m. Atrophie, aridure. La pauvre enfant avait le décroît à la jambe droite.
DÉDAIGNER (SE), v. pron. Dédaigner, répugner à. Votre nièce, Madame, se dédaigne d'aller avec nous.
DEDANS, prép. Dedans le buffet, dessous le lit, dessus la table, étaient des expressions correctes il y a deux cents ans; mais aujourd'hui ces mots ne sont plus des prépositions, et il faut dire: Dans le buffet, sous le lit, sur la table.
DÉDELÀ, adv. Cette expression, si usitée chez nous, signifie: Dans la chambre voisine, dans la pièce attenante. Il fait froid dans ce cabinet: allons dédelà. Ce fauteuil embarrasse dans cette chambre: portez-le dédelà. Je vous rejoins tout de suite: attendez-moi dédelà. Terme suisse-roman et savoisien. A Lyon, dès delà l'eau, veut dire: De l'autre côté du fleuve. En français, «De delà les monts» signifie: Au delà des monts. En Languedoc, la nuit de delà, le jour de delà, signifient: L'avant-dernière nuit, l'avant-dernier jour.
DÉDITE (UNE). Si vous cassez le bail, il y a une dédite de cent cinquante francs. Terme suisse-roman et savoisien. Le mot français est «dédit,» s. m.
DÉFAIRE, v. a. Défaire une pièce de drap. Ne défaites pas cette pièce de drap vert: c'est du drap bleu qu'il me faut. Le mot français est «Développer» ou «Déployer.» [Voy. A. Péter, Dictionnaire des Locutions vicieuses, deuxième édition.]
DÉFAIRE (SE), v. pron. Ôter une partie de ses vêtements de dessus. Tu as bien chaud, Théophile, ne te défais pas. Terme méridional.
DÉFAIT, AITE, partic. Se dit d'une personne débraillée, d'une personne dont les vêtements qui couvrent la tête, le cou, l'estomac, sont en désordre. Tu es toute défaite, Judith: va mettre ta coiffe, va te crocher, va arranger ton fichu.
DÉFAITE, s. f. Rupture d'un marché fait, d'un engagement contracté. Ce terme n'est employé, je crois, que dans cette phrase des écoliers et des gamins: Pache faite, trente sous pour la défaite; c'est-à-dire: Le marché est conclu: celui qui viendrait à le rompre payerait tant et tant.
DÉFATIGUER, v. a. Délasser, ôter la fatigue. Les bains de pieds défatiguent. Quand je serai défatigué, je repartirai. [P. G.] Expression remarquable, dont l'emploi est continuel parmi nous.
DÉFAUFILER, v. a. Défaire une faufilure. Terme méridional. Employé figurément, le participe défaufilé signifie: Détraqué, désorganisé, abattu, énervé. Je me sens toute défaufilée; je suis toute défaufilée aujourd'hui, et je n'ai pas le cœur au travail.
DÉFICELER, v. a. Ôter la ficelle. Déficeler un paquet, déficeler une boîte. Terme connu partout, et qu'on s'étonne de ne pas trouver dans les dictionnaires.
DÉFIER (EN). L'expression: Je lui en défie, n'est pas française. Il faut dire: Je l'en défie. Ils croient sans doute nous prendre pour dupes, mais je leur en défie. Français populaire.
DÉFINIR, v. n. Expirer, rendre l'âme, finir. J'ai cru qu'il allait définir entre mes bras. Terme vieux français.
DÉFINITION, s. f. Fin. Il faut faire une définition; c'est-à-dire: Il faut en finir. En définition, enfin.
DÉFORCENÉ, s. m. Crier comme un déforcené. Elle s'agitait comme une furieuse, comme une déforcenée. Dites: Forcené, forcenée.
† DÉFLUXION, s. f. Défluxion de poitrine. Dites: Fluxion de poitrine [P. G.] Le mot défluxion appartient au vieux français. [Voyez Roquefort, Glossaire roman.]
DÉFUNTER, v. n. Mourir. Il défunta vers minuit. Dans le nord de la France, on dit: Défunquer et défuncter. [Voyez le Glossaire picard de M. l'abbé Corblet.]
DÉGAGÉ, ÉE, adj. Leste. Voyez comme il court! Voyez comme il est dégagé! Terme méridional. «Dégagé» ne se dit que des choses: «Taille dégagée; air dégagé; allure dégagée.»
DÉGAGER (SE), v. pron. Se dépêcher. Dégage-toi, Ambroise, l'heure sonne. Dégageons-nous, Messieurs, il se fait tard. Français populaire.
† DÉGAL, s. m. Dégât. Aurait-on jamais émaginé un dégal semblable?
DÉGIGANDÉ, ÉE, adj. Homme dégigandé; femme dégigandée. On dit en français: «Dégingandé.»
DÉGLÉTIR, v. a. Dégluer, ôter la glu. Voyez AGLÉTIR.
DÉGONFLER (SE), v. pr. Épancher, dire tout ce qu'on a sur le cœur. Je lui ai enfin parlé nettement, et je me suis dégonflé.
DÉGORGER, v. a. (fig.) Restituer, rendre ce qu'on avait pris frauduleusement. Il m'a escroqué dix francs, mais il faudra bien qu'il les dégorge.
DÉGOÛTAMMENT, adv. D'une façon dégoûtante. Manger dégoûtamment. Terme que les Dictionnaires ne feraient pas mal d'accueillir.
DÉGREDELER, v. n. Dégringoler, descendre les degrés plus vite qu'on ne le voudrait, rouler en tombant dans un escalier. On ne voyait goutte, j'ai dégredelé au bas de la rampe.
DÉGREUBER, v. a. Nettoyer, laver. Dégreuber une table, dégreuber un buffet. Voyez GREUBE.
DÉGRUFFÉ, ÉE, s. et adj. Un garçon dégruffé est celui qui est vif, éveillé, espiègle, qui voit clair dans les affaires et qui sait facilement se tirer d'une position difficile. Expression curieuse, qui n'a pas d'équivalent exact en français.
DÉGUILLE, s. f. Non-succès, échec, affaire manquée. Dans la langue de nos Étudiants, déguille se dit (ou se disait) d'une mauvaise composition.
DÉGUILLEMANDRÉ, ÉE, adj. Déguenillé.
DÉGUILLER, v. actif. (Prononcez déghiller.) Abattre, faire tomber, renverser. Déguiller des noix. Déguiller des nids. Ils mirent une bouteille sur un piquet et jouèrent à qui la déguillerait. L'arbre était couvert de moineaux: nous lâchâmes ensemble nos deux coups, et nous en déguillâmes une vingtaine. S'il vous plaît, Monsieur, déguillez-moi mon volant. Voyez GUILLE, no 2.
DÉGUILLER, v. neutre. Tomber, au sens propre et au sens figuré. Notre Louis était depuis trois semaines le premier de sa classe: hier il a déguillé. Ne va pas grimper sur ce tas de pierres, tu déguilleras.
DEHORS, adv. Dîner dehors, signifie: Ne pas dîner chez soi, dîner en ville. Hier toute la famille dîna et soupa dehors. Nous disons dans le même sens: Veiller dehors, etc. Terme méridional.
DEHORS DE, prép. Je vous attendrai dehors de porte. Votre frère était dehors de chez lui, etc. Dites: «Hors de chez lui,» etc.
DÉJÀ, adv. Est inutile et vicieux dans les phrases suivantes: Comment s'appelle-t-il déjà? Pour ne pas m'estropier avec cet outil, comment faut-il faire déjà? Dis donc, femme: cette belle dame que tu as rencontrée hier, qui est-ce déjà?
DÉJUNER, v. n. Si tu n'as pas encore déjuné, déjunons ensemble. Écrivez et prononcez «Déjeuner.»
DÉLABRE, s. m. Délabrement, détérioration, mauvais état d'une chose. S'emploie surtout au sens figuré. Il n'y a point de surveillance, point d'ordre ni d'économie dans cette maison: tout y est en délabre.
† DÉLIBÉRER, v. a. Libérer, délivrer. Il faut avouer, Bastian, que ta défunte a bien fait de mourir, et que te voilà délibéré d'un fameux poids. Dans le vieux français, délibération signifiait: Délivrance.
† DÉLIGENCE, s. f. Diligence. La déligence de Lyon.
DÉLIGENT, ENTE, adj. Diligent.
DÉLIGENTER, v. n., et SE DÉLIGENTER, v. pron. Allons, allons, déligentez-vous. Ces trois termes appartiennent au français populaire.
DEMANDER, v. a. Combien vos musiciens ont-ils demandé pour le bal? Combien les guides de Chamouny demandent-ils pour chaque journée? Dans ces exemples et autres analogues, «Prendre» est le mot véritable. «Tel marchand prend tant de sa marchandise. Le chirurgien prit deux cents francs pour l'opération. Les bons maîtres de piano, à Paris, prennent vingt francs par cachet.»
DEMANDER SA DÉMISSION. Nous disons, et cette faute est générale dans la Suisse romane: Demander sa démission, pour: Donner sa démission. «Mr le pasteur C** ayant demandé sa démission pour cause de santé, etc.» [Journal de Genève, 1847.] «Füssli demanda et obtint sa démission de la manière la plus honorable.» [Société d'Utilité publique, 1838.] Observons que le fonctionnaire qui abandonne volontairement une place ne demande pas de s'en démettre: il annonce officiellement, il donne avis qu'il s'en démet.
DÉMANGONNER ou DÉMANGOUNER, v. a. Déranger, détraquer, gâter. Loquet démangouné, serrure démangounée. Dans le dialecte rouchi, angoner se dit des efforts que l'on fait pour ouvrir une porte. Pourrait-on établir un rapprochement entre ces deux mots, et l'un serait-il la racine de l'autre? Angon, en vieux français, signifiait: Gond.
DÉMATINER (SE), v. pron. Se lever plus matin que de coutume. Mes enfants, nous partons demain de très-bonne heure: il faudra bien cette fois que l'on se dématine. Jolie expression, qui est, parmi nous, d'un usage universel.
DÉMATOQUER, v. a. Déniaiser. SE DÉMATOQUER, v. pron. Se déniaiser, se dégourdir, perdre le ton et les manières gauches du village. On t'enverra en condition à Genève pour un peu te dématoquer. Les payses l'auront bien vite dématoquée. R. matoque. Voyez ce mot.
DÉMÉNAGER (SE), v. pron. Elle s'est déménagée hier. Dites: Elle a déménagé hier.
DÉMÉNAGEUR, s. m. Ouvrier qui aide aux déménagements ou qui les fait. Avoir les déménageurs. La journée des déménageurs est de cinq francs.
DÉMETTRE, v. neutre. Terme des campagnards. Se dit d'un tonneau, d'un cuvier, d'un ustensile qui laisse échapper l'eau par des fissures. Ta seille démet (ta seille coule). R. demitto.
DEMEURANCE, s. f. Demeure, habitation. Est-ce là votre demeurance? Ce terme, plus en usage à la campagne qu'à la ville, appartient au vieux français, et n'est pas inconnu dans diverses provinces de France. [Voyez le Vocabulaire du Berry, p. 36.]
DEMEURANTS (LES). Les survivants. N'est usité que dans ce souhait, par lequel on termine quelquefois les compliments de condoléance: Dieu conserve les demeurants! Terme vieux français.
DEMEURET, s. m. Petit local confortable.
DEMI-FEMME, s. f. Lavandière que l'on ne prend qu'à la demi-journée. Nous avons eu là une considérable lessive: sept femmes et une demi-femme!
DÉMILGANDRÉ, DRÉE, adj. Détraqué, dérangé. C'est probablement une corruption du mot déguillemandré, lequel a le même sens.
† DÉMINUER, v. n. Diminuer. La fièvre a déminué; on pourra aussi déminuer les visites du cérugien.
DEMI-POT, s. m. Chopine. Boire demi-pot. Terme consacré.
DEMIPOTER, v. n. Boire demi-pot, siroter, godailler. Ces deux ouvriers sont toujours demipotant.
DÉMISSION, s. f. Voyez DEMANDER.
DEMOISELLE, s. f. Fille d'un tel. Comment se porte votre demoiselle? Vos demoiselles seront-elles dimanche de la partie? Dans ces exemples et les analogues, il faut dire: Comment se porte votre fille? Vos filles (ou Mesdemoiselles vos filles) seront-elles de la partie? Cette remarque est empruntée aux meilleures autorités.
DÉMONE, s. f. Femme ou fille très-méchante. La fille à Nicolas est une pouine, une démone. Terme rouchi, etc.
DÉNIOTER, v. a. Dénioter quelqu'un, c'est: L'Ôter, l'arracher de sa niote, c'est-à-dire, de son trou, de son coin. On ne peut pas le dénioter de chez lui. R. niot, nid.
DENT DE L'ŒIL. Dent œillère.
DENTELLES, s. f. pl. Nous disons: Faire des dentelles, blanchir des dentelles, porter des dentelles; mettre des dentelles à un chapeau. Dans ces exemples et les analogues, il faut employer le singulier et dire: Faire de la dentelle, porter de la dentelle, etc. «Ma broderie et ma dentelle suffisent pour m'entretenir.» [J.-J. Rousseau.]
DÉNUTÉ, TÉE, adj. Se dit de quelqu'un qui est privé du nécessaire, de quelqu'un qui est dans un état de gêne complète. Il n'a pas sistance; il est dénuté de tout. Ce terme, connu en Lorraine et sans doute ailleurs, doit être plus ancien que le mot «Dénué.» R. denudatus.
DEPELOTONNER, v. a. Défaire un peloton.
DÉPENSEUR, DÉPENSEUSE, s. Dépensier, dépensière.
DÉPÉTRENÉ, NÉE, adj. Qui a la poitrine découverte d'une manière peu séante. Dans le Berry et en Dauphiné on dit: Dépoitriné; en provençal, despeitrina. Dans notre patois, le mot pétrena (a très-bref) signifie: Poitrine.
DÉPONDRE, v. a. et n. Signifie: 1o Enlever, décrocher. Dépondre les rideaux. L'estomac me dépond (j'ai grand faim); je me sens tout dépondu, tout détraqué; 2o Discontinuer. Il y avait un monde, un monde, à cet ensevelissement: depuis Plainpalais jusqu'à Bel-Air ça ne dépondait pas. Aux heures où le docteur Prévost recevait, les malades ne dépondaient pas, c'est-à-dire: Se succédaient sans interruption. Nous voici près de la ville, Mesdemoiselles, dépondons-nous; c'est-à-dire: Cessons de nous donner le bras. Expression des domestiques.
DÉPRESSÉ (ÊTRE). Se dit des personnes et signifie: Être moins pressé, avoir des occupations moins urgentes, avoir du répit dans son travail. Quand je serai dépressé, j'irai vous voir.
DEPUIS, prép. De. On a, depuis le village de Mornex, une vue magnifique. Depuis le Piton, on découvre le lac d'Annecy. Phrases barbares. Mais les suivantes sont correctes: «À son arrivée, je lui dictais de mon lit mon travail.» [J.-J. Rousseau, Confessions, livre VIII.] «Don Manuel nous écoutait de son cabinet.» [Le Sage, Le bachelier de Salamanque, IIIe part., chap. XIV.]
DEPUIS LORS, loc. adv. Il est beaucoup mieux de dire: «Dès lors,» ou «Depuis.» Il m'écrivit une fois en 1840: je suis resté depuis lors sans nouvelle. Cette expression, qui nous vient du Midi, se rencontre fréquemment dans J.-J. Rousseau, dans De Saussure et dans la plupart des écrivains suisses; mais on la chercherait vainement, je crois, dans Voltaire et dans les auteurs classiques français du dix-septième et du dix-huitième siècle.
DEPUIS MOI, DEPUIS TOI, DEPUIS VOUS. C'est-à-dire: Depuis mon départ, depuis ton départ, depuis votre départ. Depuis moi, qu'a-t-on fait? Depuis toi, on s'est mis à jouer aux cartes. Cette expression n'a l'autorité d'aucun dictionnaire; ce qui ne l'empêchera pas, peut-être, de faire son chemin et de s'établir.
† DÈRE, s. m. Dé, dé à coudre. Un dère en argent, un dère en os. Terme vaudois. La lettre r est ajoutée par euphonie.
DÉRATER (SE). Se dit des personnes, et signifie: Se former, prendre de l'usage et de l'assurance, perdre les manières gauches, roides et gênées des nouveaux débarqués. Depuis que le jeune Hermann est à Genève, il s'est considérablement dératé. Ce verbe, pris dans cette acception, ne se trouve pas dans les dictionnaires usuels.
† DERNIER ou DARNIER, prép. et adv. Derrière. Darnier l'église; darnier le Rhône. Où est la Jeanne?—Elle est restée darnier. Terme suisse-roman, franc-comtois et méridional.
DERNIER (EN), loc. adv. En dernier lieu, dernièrement. Dans quelle maison demeure ton oncle?—Il habitait en dernier la maison des Trois Perdrix.
DÉROCHER, v. neutre. Se dit des personnes et des choses, et signifie: Tomber, tomber en dégringolant, s'ébouler. Il dérocha dans les montées. Je dérochai de l'arbre. Cette pile énorme de pierres dérocha. Se dérocher, v. pron., est encore plus usité. Monte avec précaution sur cette échelle, et tâche de ne pas te dérocher. Terme suisse-roman, savoisien, dauphinois et franc-comtois.
DÉROCHER, v. actif. Renverser, abattre, démolir. Dérocher un mur, dérocher une paroi. «Certaines logettes de bois furent alors toutes desrochées.» [Bonivard.]
DERRIÈRES (LES), s. m. pl. Le derrière de la maison, l'endroit reculé, écarté. Nous habitions sur les derrières de la maison de l'Escarcelle. Au sens figuré: Vivre sur les derrières, se dit d'une personne qui néglige de s'informer de ce qui se passe, et reste absolument étrangère aux événements du jour.
DES, DU, DE LA. Ces trois mots sont mis pour «aux, au, à la,» dans les phrases suivantes: Hé! ici, la femme des cerises! Ici, l'homme de la greube! Ici, l'homme du raisson! Dites: «La femme aux cerises, l'homme à la greube, etc.»
DÉSABONNER (SE), v. pron. Cesser de s'abonner, interrompre son abonnement. Se désabonner à un journal; se désabonner à la Feuille d'Avis. Terme clair et utile, qui ne figure pas encore dans les dictionnaires. Nous disons aussi à l'actif: Désabonner quelqu'un. Vous me désabonnerez dès le mois prochain.
DÉSASSORTI, TIE, part. Un marchand désassorti, une modiste désassortie. Je ne veux pas me désassortir. Appliqué ainsi aux personnes, ce verbe n'est pas français; mais on dira fort bien: Une marchandise désassortie, de la porcelaine désassortie, des bas désassortis.
DESCAMPETTE, s. f. Escampette.
DESCENDRE, v. a. Abattre, faire tomber. Tu vois là haut cet écureuil?... Mire-le bien, et tâche de le descendre. Terme dauphinois et languedocien.
DESCENDRE LA GARDE. Au sens figuré, cette expression signifie: 1o Éprouver un échec de fortune ou de santé; 2o Mourir. La fièvre va en augmentant, et notre pauvre Mathieu descend la garde. Cette nuit, notre vieille hôtesse a descendu la garde. Terme parisien populaire.
DESCENTE DE GOSIER, s. f. Bon appétit, grand appétit. Dans le français populaire, descente de gosier, signifie: Mal de gorge. [Voyez le Dictionnaire du bas langage, t. I.]
DÈS-DELÀ, loc. adv. Voyez DÉDELÀ.
DÉSEMBÊTER (SE), v. pron. Expression ignoble qui signifie: Se distraire, chasser l'ennui. Que pourrait-on faire aujourd'hui pour un peu se désembêter?
DÉSENCOMBRER, v. a. Décombrer, ôter les décombres. Désencombrer une rue, désencombrer une cour. Terme méridional, etc.
DÉSINDICATION, s. f. Voyez le mot suivant.
† DÉSINDIQUER, v. a. Terme consacré jadis dans certaines élections, et, en particulier, dans l'élection des pasteurs. Il signifiait: Retirer une présentation, une indication. On avait indiqué comme candidat Mr N. N**, on l'a désindiqué l'instant d'après, sur la demande d'un de ses amis.
DÉSORDRE. Ce mot est employé adjectivement dans les phrases suivantes et phrases analogues: Cette maison a un air désordre. Cette pendule toujours arrêtée donne à cette chambre un air désordre.
DESPECTUEUX, EUSE, adj. Qui marque peu de respect, irrévérent. Geste despectueux, ton despectueux, paroles despectueuses. Excellent terme qui manque dans plusieurs dictionnaires. Le Complément du Dictionnaire de l'Académie ne l'emploie qu'en parlant des personnes. A Genève, nous le disons surtout des choses, et c'est là, peut-être, son meilleur emploi.
† DESPENSER, v. a. (Prononcez dessepenser.) Terme des campagnards. Mon pauvre Jacot, tu as despensé là une belle argent. Terme vieux français. On dit: «Dépenser.»
DÈS QUE, conj. Ne doit pas se prononcer daisse que. «Dès» rime avec près.
† DESSARGER, v. a. Décharger.
DESSOUS, prép. Voyez le mot DEDANS, page 140.
DESSOUSTER, v. a. Cesser de souster, cesser d'appuyer, cesser de soutenir. Terme employé surtout au jeu de cartes. Roi dessousté, Dame dessoustée. Expression connue dans l'évêché de Bâle, à Lyon et sans doute ailleurs, mais dont l'emploi semble se perdre journellement chez nous. En Languedoc, dessouster quelqu'un, c'est le supplanter. R. de sub stare?
DESSUIVRE, v. a. Copier quelqu'un pour le tourner en ridicule; imiter par dérision son accent ou ses manières, le contrefaire. Cesse tes moqueries et ne continue pas à me dessuivre.
DESSUR, prép. Sur. Dessur toi, dessur moi, dessur le pommier. Français populaire et vieux français.
DESSUS, adv. Ce lourdaud m'a marché dessus. Cette gronderie ne devait pas me tomber dessus. M'cieu, il y a lui qui me crache dessus. Il faut tourner autrement ces phrases et dire, par exemple: Ce lourdaud a marché sur ma robe. Cette gronderie ne devait pas tomber sur moi, etc.
DE SÛR, adv. Pour sûr, sûrement, certainement. S'il fait beau jeudi nous partons de sûr. Est-il vrai, Charles, que tu doives entrer au Collége?—Oui, j'y entre de sûr. Terme méridional.
DÉTABLER, v. n. Départager, décider une élection entre deux nombres égaux de suffrages. Autrefois, quand les juges allaient donner leur avis, ils s'asseyaient autour d'une table, et ils y restaient jusqu'à ce que la majorité se fût prononcée pour un des candidats. S'il y avait égalité dans les voix, le président donnait son vote, et par cela même faisait détabler le tribunal. Cette explication est de M. Guillebert, dans son Dictionnaire neuchâtelois.
DE TÊTE, loc. adv. Par cœur, de mémoire. Réciter de tête. Dire de tête. Ne sais-tu pas de tête la fable des Deux Pigeons? Terme dauphinois, etc. Nous disons dans un sens analogue: Faire un paysage de tête; faire un portrait de tête.
DÉTRACTÉ, ÉE, partic. Détraqué, désorganisé (au sens figuré). J'ai des tiraillements dans le dos, j'ai un bruit continuel dans les oreilles, j'ai un brûlement dans le cou: je suis toute détractée.
DÉTRAQUE, s. f. Désordre, laisser-aller, désorganisation. La détraque s'est mise dans cette maison, et tout y va par le plus bas.
† DETTE (UN). Acquitter son dette. Avec soixante francs je pourrais en finir avec deux ou trois vieux dettes. Ce mot est féminin.
DEUX, adj. Deuxième. Prendrais-tu encore une tasse de café, ma bonne?—Merci, ma chère, j'ai ma deux (j'ai pris ma deuxième tasse).
DEVANT, prép. Avant. Les campagnards disent: Se lever devant jour. Partir devant la nuit, etc. Ce sens de la préposition «Devant» appartient à l'ancien français.
DÉVARIÉ, ÉE, adj. Se dit des personnes et signifie: Dérangé, incommodé, détraqué, mal disposé. Je ne sais pas ce que j'ai, mais je me sens tout dévarié aujourd'hui. Ce mot, qui n'est dans aucun dictionnaire, appartient à la même famille que le mot français «Avarié.»
DEVENIR MORT. Cesser de vivre, être mort. Terme limousin, etc.
DEVERS, prép. Vers. J'irai chez toi devers le soir. On se reverra devers le tantôt. Les campagnards ne s'expriment pas autrement. C'est l'ancien langage français.
DÉVOUGNER, v. a. Ce verbe est l'opposé de vougner. Voyez ce mot.
DIABLE, s. m. Nous disons facétieusement de quelqu'un qui louche ou dont les yeux n'ont pas une direction régulière: Il regarde le diable sur le poirier, c'est-à-dire: Il a le regard aussi mal assuré que s'il eût aperçu tout à coup le diable sur un poirier.
DIABLE ET DEMI (UN). Expression triviale qui signifie: Beaucoup, infiniment. Il y avait autour de l'escamoteur un diable et demi de monde. Vous tardez bien à venir, vous autres: il y a un diable et demi de temps que je m'impatiente. Le dictionnaire de l'Académie dit dans le même sens: «En diable et demi.» «Il était fourbe en diable et demi,» est une phrase tirée de Le Sage, dans son roman de Gusman d'Alfarache, livre IV, ch. I.
DIAUDER, v. n. Folâtrer, sauter, s'ébattre, prendre ses ébats. Les enfants diaudaient autour de nous. On voyait les deux chevreaux diauder sous le grand tilleul.
† DIFFÉRENT, ENTE, adj. Indifférent, ente. Ne s'emploie que précédé d'une négation. Cela n'est pas différent, signifie: Cela est passable. Le temps n'est pas différent. Cette étoffe n'est pas différente. La récolte des blés ne sera pas différente.
DIGESSION, s. f. Faire digession. Avoir une mauvaise digession. Écrivez «Digestion,» et faites sonner le t après l's.
† DIMANCHE (UNE). On ira à Salève la première dimanche de juillet. Ce mot est masculin aujourd'hui; il était encore féminin au milieu du dix-septième siècle. L'historien Spon, dans son Histoire de Genève, dit: «La deuxième dimanche de mars.»
DIMANCHE, s. f. Argent de poche qu'on est dans l'usage de donner chaque dimanche aux enfants et aux adolescents. Sa dimanche lui a été retranchée. Notre garçon économise toutes ses petites dimanches. Ce mot est masculin.
DINDE (UN). Un dinde farci. Ils emplétèrent deux gros dindes pour leur Escalade. Faute très-répandue en Suisse, en Savoie et en France. Dites: Une dinde ou un dindon.
DÎNER AVEC. Nous dînâmes avec de la soupe et du bouilli. Il est plus correct et plus élégant de dire: Nous dînâmes DE soupe et DE bouilli.
DIOGUET, adj. et s. m. Nigaud, niais, dadais.
DIOT, s. m. (Prononcez dio, o bref.) Terre glaise. Des pétards de diot. Des mâpis de diot. Votre simolat a cuit trop longtemps: c'est du papet, c'est du diot. Dans le canton de Vaud, s'endioter veut dire: S'enfoncer dans quelque chose d'épais, s'empêtrer.
DIOTU, UE, adj. Épais, ferme. Une soupe diotue; du pain diotu.
DIRE, v. a. Demander. Dis à Joseph s'il peut venir me parler. Dites au fermier s'il pourrait nous fournir quelques artichauts. Locution méridionale.
DIRE, v. a. Se vanter, se donner du jabot. Ce n'est pas pour dire, mais je saurais en faire autant que toi. Expression française populaire.
† DIRE À QUELQU'UN. Ce meunier qui passe, comment lui dit-on? Cette femme que nous avons rencontrée hier, comment lui dit-on? Expression qui équivaut à: «Comment l'appelle-t-on? Quel est son nom?»
DISCREUSAGE, s. m. Terme d'art. Décreusage.
DISCREUSER, v. a. Décreuser.
DISPARAT (UN). Un disparat choquant. Ce mot est féminin, et il s'écrit avec un e final: Disparate. «Disparate choquante.»
DISPARUTION, s. f. Disparition.
DISSIPÉ, s. m. Un jeune dissipé. Selon les dictionnaires, ce mot n'est pas substantif.
DISTAC, s. m. Terme de tir. Prix supplémentaire donné par des amateurs. Mettre un distac, remporter un distac, faire plusieurs distacs.
DISTINCTÉMENT, adv. «J'ai reconnu distinctément ces ardoises.» [De Saussure, Voyage dans les Alpes, t. I, p. 504.] «Je ne voyais pas distinctément.» [Ibid., p. 288.] Écrivez et prononcez «Distinctement.»
DISTRAIRE, v. a. Ce verbe, et ceux qui viennent de «traire,» comme «soustraire» et «extraire,» sont d'une conjugaison difficile. Nous disons: Vous me distraisez; ces enfants me distraisaient, ils me distraisent; je n'aime pas qu'on me distraise. «Trop d'autres goûts me distraisent. L'exercice... me distraisant sur mon état.» [J.-J. Rousseau, Confessions, livres I et VI.] Il faut dire: Vous me distrayez, ils me distrayaient, ils me distraient, distrayant.
DIVISER, v. n. Deviser, causer, jaser. Le mot «Deviser» vient de devis, qui, en vieux français, signifiait: Discours, entretien familier, conversation.
DIX-HEURES (LES), s. m. pl. L'heure sèche, petit repas sec, petite collation qui se fait à dix heures du matin. Faire les dix-heures. On dit aussi au singulier: Faire le dix-heures; faire un dix-heures.
DIZEURER, v. n. Se dit quelquefois pour signifier: Faire le repas de dix heures.
† DOBLIGÉ, DOBLIGÉE, part. Obligé, forcé, contraint. L'incendie éclata dans le cabaret, et les buveurs furent dobligés de se sauver par la fenêtre. On dit aussi, sous forme de remerciement: Je vous suis bien dobligé.
DODO, s. m. Terme enfantin. Lit, couchette. Français populaire.
DOGUIN, DOGUINE, s. Terme d'écolier. Se dit de certains objets, et signifie: Gros, grosse. Quel doguin de mâpis! Venez tous voir le doguin de poisson que j'ai pris.
DOIGT, s. m. Nous disons proverbialement: Se mettre le doigt dans l'œil, ou, Se mettre du doigt dans l'œil, pour signifier: Faire une fausse spéculation, faire un faux calcul. En vendant sa campagne pour acheter des rentes de France, il s'est mis le doigt dans l'œil.
DÔLE (LA). Nom propre de montagne. Nous disons proverbialement d'une chose qu'on nous représente comme remarquable, prodigieuse, extraordinaire, et sur laquelle nous portons un jugement moins favorable: Ce n'est pas la Dôle. Traverser le lac à la nage?... Ce n'est pas la Dôle. Faire à pied quatorze lieues par jour?... Ce n'est pas la Dôle; c'est-à-dire: Ce n'est pas merveille. As-tu lu le nouveau poëme de Z. Z**?—Oui, je l'ai lu; ce n'est pas la Dôle.
DOMESTIQUE, s. m. Ne dites pas: Un domestique en homme; dites tout court: Un domestique.
DOMMAGER, s. m. Causer du dommage, gâter, prodiguer. Dommager du pain, signifie: Le perdre, le jeter sans profit pour personne, le gaspiller. Ne dommagez pas ces restes de viande: ils feront plaisir à un mendiant. Terme suisse-roman. Le Complément du dictionnaire de l'Académie donne le verbe dommager comme hors d'usage: c'est possible. A Genève il est d'un emploi journalier. On disait en vieux français: Damager. R. dam. [Voyez Roquefort, Glossaire roman.]
DONDAINE, s. f. Dondon, femme ou fille grasse et d'un solide embonpoint. Quelle dondaine! Quelle puissante dondaine! Terme lorrain, etc.
DONNE, s. f. Dans la commune de Meyrin et lieux avoisinants ce mot signifie: «Belle-mère.» Dans le canton de Vaud il signifie: mère, et dans le vieux français il se disait pour «Dame, femme noble.» R. latin, domina; italien, donna.
DON-NE, s. f. Ce terme, fort connu dans les communes réunies, se dit plus particulièrement d'une distribution de pain à tous les pauvres de la paroisse après un enterrement. Faire une don-ne. Terme vaudois, savoisien, dauphinois, languedocien et vieux français.
DONNER, v. neutre. Se dit principalement des vaches et signifie: Frapper de la corne. Prenez garde, Madame, notre vache donne. En Languedoc et en Dauphiné, donner, v. n., se dit des mules, et signifie: «Ruer.» Votre mule donne-t-elle?
DONNER, v. neutre. Nous disons: Ce vin donne à la tête. Les dictionnaires disent: «Ce vin porte à la tête,» ou, «Ce vin donne dans la tête.»
DONNER, v. neutre. Nous disons: L'odeur du musc donne sur les nerfs. Les dictionnaires disent: «Porte sur les nerfs.»
DONNER DU PIED CONTRE. Nous disons figurément: Un tel ne donne pas du pied contre cette proposition, contre ce projet, pour signifier: Un tel ne s'oppose pas à cette proposition, à ce projet.
DONNER LE TOUR. Faire un circuit, faire le tour. Qui est-ce qui frappe là-bas?—C'est moi, père.—Eh bien, donne le tour par la maison de Trimolet.
DONNER LE TOUR. Signifie, au sens figuré: Avoir de quoi suffire aux dépenses de l'année; gagner de quoi faire face à tous les besoins journaliers. Nous ne mettons rien de côté, nous autres, mais nous donnons le tour.
DONNER UN COURS. Mr N**, licencié en philosophie, donnera cet hiver un cours de dialectique. Tableau des cours qui seront donnés, l'hiver prochain, par les professeurs de l'Académie de Genève. Terme consacré chez nous, utile en beaucoup de cas, mais inconnu aux dictionnaires. On dit en France: Faire un cours, faire des cours.
DONNER (SE), v. pron. Votre ami Z** est un honnête homme, mais il se donne un peu trop à la boisson. Dites: Mais il s'adonne un peu trop à la boisson.
DONNER PEUR (SE). S'effrayer, prendre de l'épouvante. Se voyant seule dans un chemin écarté, Alexandrine se donna peur. Expression fort usitée.
DONT AUQUEL. Sorte d'adjectif des 2 genres qui signifie: «Bien né, bien élevé, riche, et qui a de bonnes manières.» Un jeune homme dont auquel; une jeune personne dont auquel. En français, cette expression se prend toujours en mauvaise part.
DORAN-NAVANT, adv. Écrivez et prononcez «Dorénavant.»
† D'ORE-S-EN-AVANT, adv. Dorénavant. Te voilà guéri de ton indigestion, Anselme; tâche de moins gaillaufrer d'ore-s-en-avant. Terme vieux français. R. hora.
DÔTER (SE), v. pron. Terme des campagnards. S'ôter. Dôtez-vous d'ici, mes enfants. Dôte-toi de là. Dans le Berry, d'ôter signifie: Ôter, enlever. En vieux français, tauter a le même sens.
DOUBLE, s. f. Terme de boucherie. Gras double.
DOUBLET, s. m. Terme de chasseur. Coup double. Pour son début, Alberti vient de faire un doublet; c'est-à-dire: Chacun des deux coups de son fusil a atteint le but.
DOUCE, s. f. Ne s'emploie que dans cette locution adverbiale: À la douce; c'est-à-dire: Doucement, couci-couci, ni bien ni mal, tolérablement. Comme ça va-t-il avec la santé, Monsieur Bégoz?—Ça va tout à la douce.
DRÂCHÉE, s. f. Résidu ou crasse du beurre fondu. Un morceau de drâchée; une figâce à la drâchée; un châchô à la drâchée. Terme suisse-roman. Dans le patois de l'Isère on dit: Drachi. En provençal, draco signifie: Marc de raisin. En rouchi, draque, en vieux français, drasche, et en français, drèche, signifient: Marc de l'orge qui a été employée pour faire de la bière. Ce mot drâchée est en usage quelquefois au sens figuré, et il se prend alors en mauvaise part.
DREMILLE ou DORMILLE, s. f. Loche franche, poisson.
DROIT, adv. Précisément, exactement. Venez droit à midi. Tu arriveras droit à l'heure convenue.
DROIT, DROITE, adj. Debout. La pauvre Emma avait un si grand sommeil qu'elle dormait toute droite. Le quart des assistants resta droit pendant tout le spectacle. Faute très-répandue.
DROIT (LE). Le droit d'une étoffe. Dites: «L'endroit.» L'endroit et l'envers.
DROIT FIL (À). Nous disons: Couper à droit fil, aller à droit fil, pour signifier: Couper une étoffe entre deux fils sans biaiser. Les dictionnaires disent: «Couper DE droit fil; aller DE droit fil.»
DROITIER, s. m. Cheval de droite.
DRÔLE, s. m. Le pauvre drôle était gisant et moribond. En français, «Drôle» (subst.), ne se prend qu'en mauvaise part. «Je t'apprendrai, drôle, à obéir promptement.»
DRUGE, s. f. Engrais, fumier. Ce mot appartient à notre patois et aux patois de Vaud et de Fribourg. R. dru.
DRUGEON, s. m. Femme ou fille forte, hardie, laborieuse. Notre Josette est un vrai drugeon. R. dru.
DU BONHEUR QUE... Voyez BONHEUR.
DU DEPUIS, adv. Nous avons campé ensemble il y a douze ans, et l'on ne s'est pas vu du depuis. Terme français populaire et vieux français. Dites: Depuis, ou dès lors.
DU MATIN. J'irai du matin. Venez du matin. On partira du matin. Dites: Dès le matin.
D'UN JOUR L'UN. Expression bizarre qui revient à celle-ci: «De deux jours l'un.» Il se baigne en Arve d'un jour l'un. Jérémie doit prendre une purge d'un jour l'un.
DU MOINS, adv. Je ne peux que du moins, signifie: Je suis forcé d'agir de la sorte; il faut que je fasse ainsi. J'ai souscrit à l'ouvrage de Mr N**: je ne pouvais que du moins. Nos polissons, à force de tourmenter la porte et de la sigougner, l'ont disloquée, et ça ne pouvait que du moins.
D'UN. C'est d'un joli! C'est d'un beau! Signifie: C'est si joli! C'est si beau! Ce Mr Z** est d'un bête! Ce travail est d'un long, d'un fatigant, d'un assommant! Français populaire.
DURÉE, s. f. Nous disons avec les Méridionaux: Une étoffe de durée, un drap de durée, pour signifier: Une étoffe de bon user, un drap de bon service.
DUVET, s. m. Couvre-pied d'édredon. J'avais trop chaud, je lançai à terre mon duvet. Le mot de «Duvet» est français, mais avec une signification différente.