← Retour

Nouveau Glossaire Genevois, tome 1/2

16px
100%

EAU, s. f. Nous disons: Crier à l'eau! Les cris d'à l'eau! à l'eau! se répétaient dans toutes les rues. On dit en France: «Crier au feu!»

ÉBALOURDIR, v. a. Abalourdir, étourdir, troubler. R. balourd, homme stupide.

ÉBARAGNER, v. a. Enlever, au moyen d'un ébaragnoir, les toiles d'araignée. Ébaragner un plafond, ébaragner un corridor.

ÉBARAGNOIR, s. m. Longue époussette, long balai à tête ronde, destiné à ôter les toiles d'araignée. R. aragne.

ÉBAU ou ÉBAUD, s. m. Terme des campagnards. Signifie: 1o Un feu clair, un feu flamboyant, un feu de joie dans les champs; 2o Un flambeau de poix. Ce mot est probablement l'origine du verbe «Ébaudir» (égayer, divertir, réjouir).

ÉBAUCHE (UN). Un petit ébauche. Ce mot est féminin.

ÉBÉNISTRE, s. m. Écrivez sans r, et prononcez «Ébéniste.» Ébénistre se dit aussi en Lorraine, et sans doute ailleurs.

ÉBERCHER, v. actif. Couteau éberché, assiette éberchée. Terme français populaire. Dites: «Ébrécher.»

ÉBERCHURE, s. f. Faire une éberchure à une tasse, à une assiette, à un couteau. On devrait dire en français: «Ébréchure,» mais ce mot utile ne se trouve pas dans les dictionnaires.

ÉBOÉLER, ÉBOILER, ou ÉBOUELLER, v. a. Éventrer, faire sortir les boyaux, arracher les entrailles. Terme vaudois et vieux français. R. boël, boyau.

† ÉBOLUTION, s. f. Ébullition, éruption passagère qui survient à la peau.

ÉBORNICLER, v. a. Éborgner. Le soleil nous éborniclait.

ÉBOURIFFLER, v. a. Cheveux ébourifflés. Cette grosse bise m'a ébourifflée. Le verbe français est «Ébouriffer.»

ÉBRAISER, v. a. Remuer la braise d'une chaufferette ou d'un brasier. Ce terme, usité aussi chez nos proches voisins, mérite d'être observé.

ÉBRIQUER, v. a. Briser, mettre en pièces, effondrer. Ébriquer une caisse. Écuelle ébriquée; pipe ébriquée. Terme suisse-roman et savoisien. R. brique. Voyez ce mot.

ÉCAGNER QUELQU'UN. L'écarter, le mettre de côté, le supplanter, le chasser.

ÉCALABRER, v. a. Ouvrir entièrement. La porte resta écalabrée. Portes et fenêtres étaient écalabrées. A Lausanne et à Neuchâtel on dit: Écalambrer. Dans le patois dauphinois, eicalambra, et dans le dialecte languedocien, escarlamba, signifient: Écarquiller les jambes. Tous ces termes, fort expressifs, n'ont point d'équivalents en français.

ÉCAMBOUILLI ou ESCAMBOUILLI, IE, adj. ou partic. Ébouilli, trop cuit, diminué par la cuisson. Bouillon écambouilli; sauce écambouillie; viande écambouillie.

ÉCARABILLER, v. a. Écarquiller. Tout en dormant, il avait les yeux écarabillés. Dans le dialecte provençal, escarabiha signifie: Éveillé, gai, de bonne humeur. Le dictionnaire de l'Académie (édition de 1760) enregistre encore le mot d'Escarbillard, et lui fait signifier: Éveillé, gai, enjoué.

ÉCARAFLER, v. a. Aplatir, écacher, écraser. Il s'est écaraflé le genou en tombant. En remuant cette pierre, je m'écaraflai le pouce.

ECCÉTÉRA ou ECCÉTRA. Expression qui a passé du latin dans le français. Écrivez et prononcez «et cétéra,» en faisant sonner le t du mot et.

ÉCHAFFOURÉE, s. f. Échauffourée.

ÉCHALAS, s. m. La syllabe finale est longue, comme dans les mots appās et trépās; mais les Genevois la prononcent aussi brève que la dernière syllabe des mots prélăt, plăt, éclăt, etc.

ÉCHANGE (UNE). Une échange avantageuse. Solécisme fort répandu. «Échange» est masculin, aussi bien que «Change.»

ÉCHAPPER, v. actif. Tu as échappé une occasion excellente. Dites: «Tu as laissé échapper, tu as manqué une occasion excellente.»

ÉCHARAVOÛTÉE, s. f. Rossée, étrillée. Ils se sont donné là une fameuse écharavoûtée. On dit dans le même sens: Ils se sont fameusement écharavoûtés. Terme énergique, mais trivial.

ÉCHARAVOÛTER, v. a. Mettre en désordre, embrouiller (au sens propre). Fil écharavoûté; cheveux écharavoûtés; femme écharavoûtée.

ÉCHARBOTTER, v. a. Mêler, embrouiller. Écheveau écharbotté; crinière écharbottée. Terme savoisien, dauphinois et vieux français. Dans le patois de Dijon, encharbôtai, et dans le patois franc-comtois, encharbouter, signifient: «Embarrasser.»

† ÉCHARPE, s. f. Une écharpe au doigt. Dites: «Écharde.»

ÉCHARPINER ou ÉCHARPIGNER, v. a. Se dit du chanvre qu'on ouvre, qu'on ébouriffe après qu'il a été battu, et avant qu'il passe dans les mains de ceux qui doivent le peigner. Figurément, écharpiné signifie: Échevelé, ébouriffé. Cheveux écharpinés; coiffure écharpinée. Terme vaudois, valaisan et savoisien. Dans le patois franc-comtois on dit: Encharpé. En languedocien et en provençal, escarpina signifie: Écheveler, tirer par les cheveux, écharper, déchirer. Dans ces mêmes dialectes, charpineux se dit d'un arbre hérissé de pointes. R. lat. carpere.

ÉCHART, ÉCHARTE, adj. Terme de couturière. Se dit de ce qui manque d'ampleur, de ce qui est étriqué. Robe écharte; manteau échart; rideau échart. Terme suisse-roman et franc-comtois. Dans le vieux français, échars, et en italien, scarso, signifient: Chiche, mesquin, avare.

ÉCHEMI, IE, adj. Terme culinaire. Se dit de certains mets qui manquent de suc et qui sont, par cela même, desséchés. Viande échemie, légume échemi. Un bouilli échemi est un bouilli maigre et comme desséché.

ÉCHEVETTE, s. f. Écheveau. Échevette de fil; échevette de soie; échevette embrouillée. Terme suisse-roman, savoisien, lyonnais, comtois, lorrain et vieux français.

ÉCHILLE, s. f. Esquille, écharde, éclat de bois. [P. G.]

ÉCHINANT, ANTE, adj. Très-fatigant, accablant, tuant. Travail échinant; occupation échinante. «Échinant,» en français, est un participe et non un adjectif; du moins, ce mot n'existe-t-il, sous cette dernière forme, dans aucun dictionnaire usuel.

† ÉCHIRER, v. a. Déchirer. Fais donc attention, Lise, tu me marches et tu vas m'échirer.

ÉCHIRURE, s. f. Déchirure.

ÉCHOPPLE, s. f. Terme d'art. Échoppe, pointe dont se servent plusieurs artistes, et surtout les graveurs.

ÉCHOPPLER, v. a. Échopper, travailler avec l'échoppe.

ÉCLAFFER, v. a. Écraser avec le pied un objet qui éclate et rend un bruit ou exprime un suc par le fait même de l'écrasement. Éclaffer une poire; éclaffer une grenouille; éclaffer un escargot. Il lui éclaffa le nez d'un coup de poing. Terme vaudois, neuchâtelois et franc-comtois. Dans le dialecte languedocien, esclafa. En vieux français, esclaffer veut dire: «Éclater» (s'esclaffer de rire); en limousin, escloffa, aplatir, ouvrir en pressant, comme on le fait pour une noix; en picard, éclifer, fendre, déchirer. Tous ces termes sont des onomatopées évidentes; mais la plus remarquable de toutes est notre mot patois écllafà (ll mouillés).

† ÉCLAIR (UNE). Ce mot est masculin.

ÉCLAIRCI (UN). Au premier éclairci nous partirons. Terme bordelais, etc. Dites: Éclaircie.

ÉCLAIREMENT, s. m. Éclairage. «Dans l'hiver de 1755 à 1756, un grand nombre de particuliers firent allumer la nuit des lanternes devant leurs maisons, pour éclairer la rue, et ils continuèrent cet éclairement pendant tout l'hiver.» [J. Picot, Histoire de Genève, t. III, p. 303.]

ÉCLAIRER, v. a. Allumer, faire brûler. Éclairer les quinquets; éclairer le feu. Terme méridional, etc.

ÉCLATER (S'), v. pron. Se gercer, se crevasser. Le froid fait éclater les mains (fait gercer les mains).

ÉCLATER (S'), v. pron. S'éclater de rire. Terme vieux français. On dit aujourd'hui: «Éclater de rire.»

ÉCLIFFE, s. f. Seringue en sureau avec laquelle les enfants se jettent de l'eau. J.-J. Rousseau, dans ses Confessions, livre Ier, dit: Équiffles. «A Bossey... nous faisions des cages, des flûtes, des volants, des tambours, des maisons, des équiffles, des arbalètes.» C'est le mot écliffe, avec une prononciation différente: la véritable est eykllieffa (ll mouillés et a presque muet).

ÉCLÔPÉ, PÉE, adj. et partic. Comme tu es éclôpé, Daniel! Prononciation genevoise du mot écloppé, dont l'o est bref, comme dans développé.

ÉCOLAI ou ÉCOULAI, s. m. Terme des campagnards. Mère-goutte, surmoût, vin qui coule du pressoir dans la cuve avant que le raisin soit pressé.

ÉCORCE NOIRE, s. f. Un plat d'écorces noires. Terme suisse-roman et savoisien. On dit en français: «Scorsonère.»

ÉCORCES, s. f. pl. Sécher des écorces; brûler des écorces. Le mot français est «Tannée.»

ÉCOT DE BOIS, s. m. Bûchette, ramille, menu bois que les pauvres gens vont ramasser dans les forêts, ou au bord des haies, ou près des ruisseaux. Sismondi n'a pas hésité d'adopter ce mot. «Quelques petits écots recueillis le long des chemins, etc.» [L'Irlande en 1834; article de la Bibliothèque Universelle, mai 1836.] Terme suisse-roman et jurassien. Montaigne dit: Escot; on le dit encore dans le patois limousin (esco de boï). Au sens figuré nous disons: Être maigre comme un écot; être sec comme un écot.

ÉCOTER, v. n. Ramasser des écots, c'est-à-dire, du menu bois. Où allez-vous, brave femme?—Pauvre Monsieur, je vais écoter le long d'Arve.

ÉCOUAIRU, UE, s. et adj. Petit, maigre, débile, chétif. Un écouairu comme toi, vouloir camper! Dis voir, Cabot, connaîtrais-tu par hasard la femme de Jean Lorrain, cette petite écouairue, qui tient une boutique brisée darnier le Rhône? Dans quelques provinces de France, écouer signifie: Couper la queue à un animal (écouer un chien), et c'est là peut-être l'origine de notre mot écouairu. Dans le patois vaudois, écouairu veut dire: «Écureuil.»

ÉCOUAIRÙLE, s. f. C'est un féminin du mot précédent.

ÉCOUENNE, s. f. Force, vigueur. Il y va de toutes ses écouennes, c'est-à-dire, de toute sa force. Tu n'as pas l'écouenne, tu ne peux pas, tu n'es pas assez fort.

ÉCOUENNER (S), v. pron. S'efforcer. Voyez COUANNE.

ÉCOULER, v. a. Terme de tricoteuse. Laisser couler, laisser tomber, laisser échapper. Écouler une maille; maille écoulée.

ÉCOVET ou ÉCOVÉ, s. m. Écouvillon, linge fixé à l'extrémité d'une perche et servant à nettoyer le four. Terme suisse-roman. En provençal, escoubo, en vieux français, escouve, et en français, «écouvette,» signifient: «Balai.»

ÉCRELET ou LÉCRELET, s. m. Sorte de nougat. Des écrelets de Bâle. Terme suisse-roman, formé du mot allemand Leckerei, friandise.

ÉCREMÉ, ÉE, adj. Étang écremé, rivière écremée. Étang, rivière dont les froids de l'hiver commencent à congeler la surface.

ÉCREMER, v. a. Écrémer du lait. Écrivez et prononcez «Écrémer,» avec un accent aigu sur les deux é.

ÉCRITOIRE (UN). Un petit écritoire. Ce mot est féminin.

ÉCRIVISSE, s. f. Pêcher aux écrivisses. Terme suisse-roman, savoisien et franc-comtois. Dans le vieux français on écrivait et on prononçait Escrivisse, et l'on ne dit pas autrement dans plusieurs villages de notre canton.

ÉCU, s. m. Écu changé, écu mangé. Ce proverbe, peu répandu à Genève, mais qui nous appartient réellement, signifie qu'une pièce d'argent, dès qu'elle est changée, est bientôt dépensée. Ce proverbe a été recueilli par deux dictionnaires modernes, savoir, le Complément du dictionnaire de l'Académie (au mot Manger), et le Dictionnaire national de M. Bescherelle.

ÉCUELLE, s. f. Écuelle de lait. Dites: Écuellée de lait.

ÉCUELLE, s. f. Nous disons figurément: Verser son écuelle, pour signifier: «Faire mal ses affaires.» Un tel a versé son écuelle; c'est-à-dire: Un tel a perdu, en tout ou en partie, ce qu'il possédait.

ÉCUELLE, s. f. Ricochet, bond que fait une pierre plate et légère jetée obliquement sur la surface de l'eau. Faire des écuelles.

ÉCUERNE ou ÉTIEURNE, s. des 2 genres. Idiot, hébaté, ahuri. J'avais beau vous appeler à mon secours, vous restiez là tous deux comme des écuernes. Terme savoisien.

ÉCUÉRU, UE, s. Voyez ÉCOUAIRU.

ÉCUISSETER ou ÉCUISSOTER, v. a. Signifie: Fendre, partager en deux. La foudre, en tombant sur cet arbre, l'a écuisseté. Au sens figuré: Fatiguer à l'excès, harasser. Une marche de six jours consécutifs nous avait écuissotés. [P. G.]

ÉCUIT, ÉCUITE, adj. Se dit de la peau des petits enfants, lorsqu'elle s'écorche ou se crevasse. Notre pauvre Lolotte est tout écuite. Terme suisse-roman. On dit à Lyon: Entrecuit.

ÉCUMOIRE (UN). Ce mot est féminin.

ÉDUQUER, v. a. Élever un enfant, l'instruire, le former. Suis-je assez misérable! s'écriait la Simonne; j'ai tout sacréfié pour faire éduquer mon Janot, et j'y ai pardu, avec ma peine, tous mes petits argents! Ce mot d'éduquer appartient au langage le plus négligé et le plus populaire. Cependant on peut fort bien dire d'un homme incivil et grossier: «Voyez ce mal éduqué.»

EFFARCLÉ, ÉE, adj. et partic. Se dit principalement des ustensiles en bois, et signifie: Brisé, mis en pièces. Seille effarclée; cuvier effarclé; bagnolet effarclé. En patois, farclle (ll mouillés) veut dire: «Cercle.»

EFFEUILLES (LES). L'opération d'effeuiller la vigne. Le temps des effeuilles. Les femmes sont aux effeuilles. Les dictionnaires disent: «L'effeuillaison» et «L'effeuillage.»

† EFFINI, NIE, ou ÉFINI, NIE, adj. Infini. Depuis un temps effini la voisine me rocandait ce crou-ye paravent.

ÉGANCE, s. f. Répartition de charges, distribution d'impositions entre divers copropriétaires. Ce terme est mentionné dans le Glossaire de l'ancien droit français, par MM. Dupin et Laboulaye.

ÉGANCER, v. a. Fixer les proportions, régler les parts d'une contribution, faire les égances. Expression consacrée.

ÉGANGUILLÉ, ÉE, adj. Se dit d'une personne dont les vêtements sont pleins de trous, sont en lambeaux, en loques. Ce petit drôle veut toujours grimper sur les arbres, et toujours il en redescend éganguillé. Voyez GANGUILLER.

ÉGATTER (S'), v. pron. S'ébattre, se divertir, courir la prétantaine. Voyez GATTES.

ÉGLEDON, s. m. Édredon.

ÉGRAVETER, v. a. Gratter la terre. Les poules égravetaient dans le jardin. R. gravier?

ÉGRÉGE, adj. m. Honorable. «Ordonné aux secrétaires de la Justice de ne point qualifier de Nobles ceux des Auditeurs desquels les pères n'auront été ni Syndics, ni Conseillers, mais simplement d'Égréges ou honorables.» [Fragments historiques de Grenus.] Ce terme, qui appartient à l'ancienne langue genevoise, manque dans les dictionnaires, et en particulier dans le Glossaire roman de Roquefort. «Égrégiat,» s. m., est dans Bescherelle. R. egregius.

ÉGRENÉ, ÉE, adj. Se dit des personnes et des choses, et signifie: Isolé, incomplet, éparpillé. Quelques soldats égrenés furent surpris et massacrés. Quand on commence à étudier une langue quelconque, des leçons égrenées sont d'un médiocre profit. La bibliothèque du bateau à vapeur ne nous offrit que quelques volumes égrenés de Buffon et de Voltaire. On lit dans le Journal de Genève, du 27 mai 1851: «Suffrages en faveur de la liste jaune, 1900; en faveur de la liste rouge, 1050; le reste se répartit en voix égrenées.» Cette expression utile n'a pas d'équivalent exact en français. «Égrené,» ou plutôt «égréné,» est français dans un autre sens.

ÉGRILLÉ, ÉE, adj. Desséché, éraillé par l'action du soleil. Un vernis égrillé; un bagnolet égrillé; une brande égrillée. Terme suisse-roman et jurassien. R. grillé, desséché.

ÉGROUGNER, v. a. Frapper rudement, meurtrir, abîmer de coups une personne ou une chose. Il prenait plaisir à égrougner la poupée de sa sœur. En tombant sur ces cailloux, elle s'égrougna le bras. Ils se battirent dans le cabaret et s'egrougnèrent. Terme trivial. En provençal, eigoourigna signifie: Charcuter, couper malproprement de la viande à table.

ÉGRUFFÉ, ÉE, adj. et s. Éveillé, vif, étourdi. On dit plus souvent: Dégruffé.

ÉJARRATER, v. a. et n. Se dit de certains animaux qui creusent la terre avec leurs pattes, comme les chiens, les lapins et les poules. Éjarrater signifie aussi, en parlant des personnes: Se démener avec les bras ou les jambes pour se débarrasser d'une chose dont le poids nous incommode. [P. G.]

ÉJAVETER (S'), v. pron. Se débattre, s'ébattre, remuer vivement les pieds et les mains. Etendez votre enfant sur le gazon et laissez-le s'éjaveter.

ÉLANCÉE, s. f. Élancement, impression que fait en quelque partie du corps une douleur subite et de peu de durée. Avoir des élancées; son abcès lui causait des élancées cruelles. Dans le français populaire on dit: Une lancée.

ÉLEVER (S'), v. pron. En parlant du temps. Se lever, se mettre au beau. Quand le temps s'élèvera, nous partirons. Dites: Quand le temps se lèvera.

ÉLÉXIR, s. m. Éléxir de longue vie. Dans le français populaire on dit: Élexir (e muet). L'expression véritable est «Élixir.»

ÉLOURDI, IE, partic. Alourdi, appesanti. Cette maudite voiture m'a tant secoué, que j'en suis tout élourdi. Terme vieux français.

† ÉLUMINER, v. a. Illuminer.

† ÉMAGINER, v. a. Imaginer. Peut-on s'émaginer rien de plus laid, de plus-z-hideux? T'émagines-tu bien la tarente que j'ai eue là! Dans le patois rouchi on dit: S'émagéner. Chez nous il n'est pas rare d'entendre: Magine-toi, maginez-vous, pour: «Imagine-toi, imaginez-vous.»

EMBARBOUILLER, v. a. Barbouiller, salir. Au réfléchi: S'embarbouiller. Le ciel s'embarbouille, le temps s'embarbouille; c'est-à-dire: Se dérange, se met à la pluie. Terme français populaire.

EMBARDOUFFLER, v. a. Salir, barbouiller. Terme vaudois, etc.

EMBARRAS, s. m. (fig.) Ce n'est pas l'embarras, est une locution adverbiale qui répond à: Au surplus, après tout. Ce n'est pas l'embarras, il pourrait bien y avoir de l'orage cette nuit. Ce n'est pas l'embarras, nos deux garçons peuvent bien faire toute la route à pied. Français populaire.

EMBAUMER, v. impers. Il embaume dans cette orangerie; il embaume dans ce salon. Locution méridionale. Dites: Cette orangerie embaume; ce salon embaume. [Acad.]

EMBEGUIGNÉ, ÉE. part. Embéguiné, ée.

EMBERLICOQUER, v. a. Voyez EMBRELICOQUER.

EMBIBER (S'), v. pron. S'imbiber. L'eau s'embibait dans la mollasse et la pourrissait.

EMBIJÔLER, v. a. Cajoler, caresser, endormir par des paroles flatteuses. Augmentatif du verbe «Enjôler.»

EMBIJÔLEUR, EMBIJÔLEUSE, s. Enjôleur, enjôleuse.

EMBIJÔNER, v. a. A la même signification qu'embijôler, dont il n'est qu'une corruption.

EMBLOUSER QUELQU'UN. Le mettre dedans, le duper, le friponner dans une affaire. [P. G.]

EMBLOUSER (S'), v. pron. Se fourvoyer dans une affaire, se mettre dedans, être dupe par sa faute. [P. G.]

EMBOIRE, v. neutre. Boire. Ce papier emboit. «S'emboire» est français, mais il ne se dit qu'en peinture. «Les couleurs de ce tableau s'emboivent,» c'est-à-dire: S'imbibent dans la toile. «Tableau embu.» [Acad.]

EMBOIRE, v. neutre. Boire. Faire emboire une étoffe, faire emboire du linge, signifie: Plissoter deux morceaux d'étoffe ou deux morceaux de linge inégaux, pour les égaliser. On dit en français: Faire boire une étoffe, faire boire du linge,» c'est-à-dire: Les tenir lâches en les cousant.

EMBOUTI, s. m. Sorte d'étoffe piquée. Une jupe d'embouti.

EMBOUYONNER, v. n. Tremper la lessive. Terme des campagnards. R. bouïe, lessive.

EMBRELICOCAGE, s. m. Confusion, brouillamini, quiproquo. Il y a là-dessous un embrelicocage auquel je ne comprends rien.

EMBRELICOQUER, v. a. Emberlucoquer, troubler, embarrasser. S'emploie surtout au réfléchi: S'embrelicoquer. R. brelue, berlue.

EMBRELIFICOTER (S'), v. pron. S'emberlucoquer, s'embrouiller. Terme suisse-roman et français populaire. Nous disons aussi: S'embrelificoquer et s'emberlificoquer: toutes expressions qui appartiennent au français populaire.

EMBRESAILLE, s. f. Sorte d'arbrisseau. Voy. AMBRESAILLE.

EMBRINGUER (S'), v. pron. Se mettre dans l'embarras, être dans l'embarras. Cette maison de commerce est, dit-on, un peu embringuée. R. En bringues.

EMBRONCHE, adj. Sombre, soucieux, inquiet, de mauvaise humeur. Un air embronche. Un visage embronche. Vous me semblez embronche, Monsieur Nicolas. Dans le vieux français on dit: Embronché, terme connu en Suisse, et recueilli par plusieurs dictionnaires modernes.

EMBROUILLAGE, s. m. Embrouillement, confusion, mic-mac. Terme méridional.

EMBROUILLAMINI, s. m. Brouillamini.

EMBROUILLE, s. f. Embrouillement, confusion, gâchis.

EMBROUILLER, v. a. Brouiller, mêler. Embrouiller du fil. Écheveau embrouillé; ficelle embrouillée. Ce sens du verbe «Embrouiller» manque dans les dictionnaires.

EMBUMANTER, v. a. Mettre de l'engrais, mettre du fumier.

ÉMINE, s. f. Mouture, salaire du meunier. Voyez le mot suivant.

ÉMINER, v. a. et n. Terme de meunier. Prendre une certaine quantité de farine ou de grains pour se payer quand la personne qui a donné à moudre n'a pas d'argent. [P. G.]

EMME, ÉME, ou EIME, s. m. Esprit, intelligence, jugement. Il n'a point d'eime. Terme jurassien, dauphinois et vieux français. R. anima?

ÉMOTTER, v. a. Émonder. Émotter un ormeau. C'est le mot patois émotà.

ÉMOURGER (S'), v. pron. S'animer, se réveiller, se donner de la peine. Courage, Adolphe, émourge-toi. C'est aujourd'hui qu'il faut s'émourger. A l'actif, émourger, mettre en train.

EMPAFFER (S'), v. pron. Signifie: 1o S'empiffrer, se gorger de nourriture; 2o Faire excès de vin ou de liqueurs. Terme français populaire.

EMPARE, s. f. Marge, champ. (fig.) Prendre de l'empare (prendre de la marge); avoir de l'empare (avoir de la marge). En évaluant à 25,000 francs nos frais d'établissement, nous avons de l'empare. En vieux français, emparer signifie: Prendre, saisir.

EMPARER, v. a. Soutenir le parti de quelqu'un. Emparer quelqu'un; emparer une gageure. En vieux français, emparer signifie: Protéger, fortifier; emparement, protection.

EMPÂTIÈRE, s. f. Huche, pétrin, pétrissoire. Dans notre patois, patîre a le même sens.

EMPATOUFFLER (S'), v. pron. Se couvrir, se remplir involontairement les mains ou le visage d'une matière gluante ou épaisse. S'empatouffler de miel; s'empatouffler de suif; s'empatouffler de beurre. L'enfant niait avoir visité l'armoire des provisions; mais son visage empatoufflé de confitures le trahissait. R. patte?

EMPÊCHER À QUELQU'UN DE. Dites: Empêcher quelqu'un de. Je lui empêcherai bien d'entrer. Empêche-leur de se battre. Notre plus belle vache a une maladie qui empêche au lait de sortir.

EMPÉGÉ, ÉE, adj. et part. Embarrassé, empêtré, pris, arrêté. Nous fûmes accostés et empégés par ton babillard de cousin. En provençal, empeiga signifie: Enduire de poix, coller. R. pége. Voyez ce mot.

EMPELOTONNER, v. a. Pelotonner.

EMPESTIFÉRÉ, ÉE, adj. et part. Une chambre empestiférée. Dites: Une chambre empuantie, empestée, puante.

EMPLÂTRE (UNE). Ce mot est masculin; mais il était encore féminin au dix-septième siècle, et il l'est encore dans plusieurs dialectes populaires de France.

EMPLÂTRE, s. m. (fig.) Coup bien appliqué, horion, soufflet. Donner un emplâtre. Si tu répliques un seul mot, tu as un emplâtre. Terme méridional.

EMPLÂTRER, v. a. (fig.) Choyer, dorloter, traiter avec une délicatesse outrée. Emplâtrer un enfant. Eugénie est emplâtrée par sa mère. Au réfléchi, s'emplâtrer signifie: Se dorloter, se choyer. «Emplâtre,» s. m., homme mou, femme sans vigueur, est français.

EMPLÂTRER (S'), v. pron. Se salir, se couvrir les mains de matières sales ou glutineuses. Je voulus prendre le coquemar et je m'emplâtrai. Terme méridional. Ce sens manque dans les dictionnaires.

EMPLÉTER, v. a. Faire emplette. Empléter une robe; empléter du sucre et du café. Terme suisse-roman et savoisien.

EMPLETTE, s. f. Nous disons: J'ai fait l'emplette d'une table. J'ai fait l'emplette d'un canapé, etc. On doit retrancher l'article et dire: J'ai fait emplette d'une table, j'ai fait emplette d'un canapé.

EMPOIGNÉE, s. f. Lutte, conflit. Ils se rencontrèrent et eurent ensemble une rude empoignée.

EMPOIS, s. f. Empois blanche; empois cuite, etc. Ce mot est masculin: Empois blanc, empois cuit.

EMPOISONNER, v. actif. Puer, communiquer une mauvaise odeur. Recule-toi, tu empoisonnes la pipe. Cette vieille mendiante empoisonnait l'eau-de-vie. Votre chambre empoisonne le brûle.

EMPOISONNER, v. a. (fig.) Infecter, infester. Votre prairie est empoisonnée de mauvaises herbes; ce champ est empoisonné de rats et de sauterelles. La France nous empoisonne de mauvais romans. Ces diverses significations du mot «Empoisonner» manquent dans les dictionnaires.

EMPOUTOUILLE, s. f. Terme des campagnards. Brouillamini, discours confus et embrouillé, bagout inintelligible. Quelle empoutouille tu nous fais là!

EMPOUTOUILLER, v. a. Embrouiller (au sens propre et au sens figuré). Échevette empoutouillée.

EMPRÔGER, v. n. Voyez AMPRÔGER.

EMPUANTER, v. a. Empuantir, infecter.

EN, prép. Pour. Une tailleuse en hommes. Dites: Une tailleuse pour hommes. Dans une comédie de Le Sage, intitulée: Les trois Commères (acte I, scène 9), on trouve cette phrase: «Je suis cordonnier POUR femmes.»

EN, prép. À (avec mouvement devant un nom de ville). Aller en Carouge, aller en Seyssel, etc. Expression de nos campagnards, fort usitée en Savoie, à Lyon et dans le Midi. Un guide de Chamouny me disait: Je pris ces deux Anglais à La Roche, je passai avec eux le Petit-Bornand, et je les conduisis jusqu'en Thônes. «Un tel fut conduit captif en Alger,» est une phrase que chacun de nous a rencontrée dans les vieux romans.

EN, prép. À la (avec mouvement). Aller en Diète. Ils quittèrent la campagne le 15 septembre et ils rentrèrent en ville. Phrases incorrectes.

EN, prép. Est retranché à tort dans l'expression suivante: Il ne fit ni un ni deux et lui appliqua un soufflet. Dites: Il n'EN fit ni un ni deux. [Acad.]

† EN, prép. Est inutile et vicieux dans les phrases suivantes: Cela ne fait en rien; cela ne signifie en rien.

EN AGIR. En agir bien, en agir mal, en agir librement, etc., ne sont pas des expressions avouées par les grammairiens. Il faut dire: Agir bien, agir mal, agir librement; ou: En user bien, en user mal, en user librement.

EN BAS, prép. En bas la Tour de Bois; en bas la rue Verdaine; en bas Coutance; en bas Chevelu. «En bas» n'est pas une préposition, c'est un adverbe. Pour être correct il faut dire: En bas DE la rue Verdaine, en bas DE Coutance, en bas DE Chevelu; ou mieux encore: Au bas de la rue Verdaine, au bas de Coutance, etc.

EN BONNE FOI, loc. adv. De bonne foi, sincèrement.

EN-ÇÀ, adv. Çà, ici. Joson, mon ami, viens en-çà, et salue toute la companie. Dites: Joson, mon ami, viens çà, viens ici.

ENCABOURNER (S'), v. pron. Se tenir enfermé, se tenir caché chez soi. Il reste tout le jour encabourné. Terme neuchâtelois et languedocien. Dans le dialecte vaudois on dit: S'encabiborner. R. cabourne. Voyez ce mot.

EN CAMPE. En course, en campagne. Être en campe, être sur pied, courir çà et là. Mettre en campe, mettre en campagne, envoyer à la découverte. Toute la gendarmerie est en campe.

ENCANTER, v. a. Acheter à l'encan.

ENCAVAGE, s. m. Encavement, action d'encaver.

ENCHEBROTTER ou ENCHEVROTTER, v. a. Bredouiller, parler dans un langage confus et embrouillé. Qu'est-ce que tu nous enchebrottes là? Qu'as-tu tant à enchebrotter? On dit aussi: Lanchebrotter.

ENCHENAILLER, v. a. Terme de charpentier, qui signifie: 1o Ajuster le tenon dans la mortaise; 2o Lier fortement.

ENCHEVALER, v. a. Ranger des colis les uns sur les autres, les mettre, pour ainsi dire, à cheval les uns au-dessus des autres.

ENCLINTE, adj. fém. Encline. Votre tante Judith a le visage bien échauffé; ne serait-elle point enclinte à la boisson?

† ENCOMPAGNER, v. a. Accompagner. Allez dire à la Mariette qu'elle nous encompagne.

ENCOQUER, v. a. Terme de pêcheur. Étourdir le poisson ou l'enivrer au moyen de la coque du Levant. Terme méridional.

ENCORE PASSE. Faire un tel voyage à pied!... Encore passe, si nous étions dans la belle saison. Dites: Passe encore, si, etc.

ENCOUBLE, s. f. Signifie: 1o Entraves, liens dont on embarrasse les pieds d'un cheval; 2o Obstacle, empêchement, embarras. Ces deux cousines, qui arrivent la veille de notre déménagement, sont une fière encouble. Terme provençal. R. couble, tresses de paille qui servent d'entraves aux pieds des chevaux.

ENCOUBLER, v. a. Gêner, embarrasser. Un paillasson troué m'encoubla. La jeune fille s'encoubla dans sa robe et tomba.

ENCOURAGER (S'), v. pron. S'encourager à l'ouvrage, signifie, dans notre dialecte: Travailler avec ardeur. Encourage-toi, Justine, si tu veux nous faire plaisir. «S'encourager» est un verbe réciproque.

† ENCRE, s. masc. De l'encre épais. Ce solécisme est une tradition du vieux français. Dites: «De l'encre épaisse.»

ENCRE À LA CHINE, s. f. Encre de Chine.

ENCROIRE (FAIRE). T'imagines-tu me faire encroire une semblable bêtise? Terme méridional. Dites: T'imagines-tu me faire accroire? etc.

EN CROIRE (S'). S'en faire accroire, être glorieux, se pavaner, faire le faraud. Voyez donc comme il s'en croit! Tu t'en crois, toi, parce que tu as un paletot neuf. Terme méridional.

ENCROTTER, v. a. Enfouir, enterrer. Encrotter un chien, encrotter un cheval. Terme suisse-roman, savoisien, berrichon, etc. Nos campagnards disent aussi: Encrotter un tison dans les cendres. En vieux français, crot signifie: «Creux.»

ENCUCHER, v. a. Terme rural. Envélioter, mettre le foin en véliotes. Voyez CUCHET.

EN DERNIER, loc. adv. Voyez DERNIER.

EN DESSUS DE, prép. Au-dessus de. Le village de Gingins est à une lieue en dessus de Nyon.

ENDOLORÉ, ÉE, adj. Terme vieux français. Dites: «Endolori, ie.»

ENDOSE, s. f. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Endosse.» Les dictionnaires disent: «Avoir l'endosse, tu en auras l'endosse.» Nous disons: Porter l'endose, tu en porteras l'endose.

ENDRUGER, v. a. Mettre de l'engrais dans un champ. Voyez DRUGE.

† EN EFFET DE, loc. adv. En fait de. En effet d'habit des dimanches, je n'ai que ma blouse neuve. En effet de linge, j'ai deux chemises et un vieux paire de bas. En effet de légume, parlez-moi des écorces noires. En effet de viande, parlez-moi d'une lièvre. Expression fort usitée.

EN ÉTÉ. Se mettre en été, signifie: Quitter les habillements d'hiver et se vêtir légèrement. Chez nous il n'est jamais prudent de se mettre en été avant le milieu du mois de mai.

ENFANTIAU, s. m. et adj. Celui qui fait des enfantillages. Faire l'enfantiau; être très-enfantiau. Dans le vieux français, enfanteau signifiait: Petit enfant.

ENFANTIOLE, s. f. et adj. C'est le féminin du mot enfantiau. À ton âge, Albertine, s'amuser de la sorte, c'est être bien enfantiole. Tu es une véritable enfantiole.

ENFANTISE, s. f. Enfantillage.

ENFARÉ, ÉE, adj. Enfariné, ée. Il est accouru, la bouche tout enfarée, m'apprendre... que les sauteurs viennent d'arriver.

ENFAUFILER, v. a. Se glisser dans. Enfaufiler un sentier. S'enfaufiler, v. pron. Se faufiler, s'introduire, se glisser.

ENFILÉE, s. f. Enfilade. On nous fit traverser une longue enfilée de chambres et de corridors.

EN FIN DE COMPTE, loc. adv. Au bout du compte, en résumé, enfin.

ENFLAMMATION, s. f. Inflammation.

ENFLAMMATOIRE, adj. Rhume enflammatoire. Dites: «Inflammatoire.»

† ENFLE, adj. Enflé. À la suite d'une tombure, son genou devint tout enfle. Français populaire.

ENFONCE, s. f. Enfoncement. Il demeure dans un certain recoin, dans une certaine longue, vilaine enfonce de la rue du Perron.

ENFOURNER (S'), v. pron. S'enfoncer, se fourrer. Quand la nuit on crie à l'eau! mon poltron s'enfourne dans son lit et laisse crier. Dans le dialecte languedocien, s'enfourna se dit du vent qui entre avec impétuosité et s'engouffre dans un lieu étroit. Ces deux sens du verbe s'enfourner manquent dans les dictionnaires.

ENGLAUDINER, v. a. Enjôler, endoctriner, duper. Par tes paroles mielleuses tu espères peut-être m'englaudiner, mais bernicle. Dans le Jura on dit: Englauder. R. Glaude ou Claude, nom propre, qui est quelquefois synonyme de «niais.»

† ENGOND, s. m. Gond. Poser les engonds; arracher les engonds.

ENGORGELER et ENGORGER, v. a. Faire entrer par force un aliment dans la gorge; ingurgiter. Il fallut lui desserrer les dents et lui engorger sa potion.

ENGRINGER, v. a. Chagriner, rendre triste, peiner. Terme suisse-roman. Dans le vieux français, engraigner a le même sens. R. gringe. Voyez ce mot.

ENGRENER (S'), v. pron. Se dit surtout des personnes, et signifie: S'engager dans une affaire, y participer. Se prend d'ordinaire en mauvaise part. Si tu t'engrènes une fois dans cette spéculation, je crains pour ta bourse. Terme recueilli par Boiste et par Chapsal. Nous disons aussi à l'actif: Engrener, dans le sens de «Commencer.» Engrener une affaire. Engrener des relations. La chose fut mal engrenée et elle échoua. Le dictionnaire de l'Académie et celui de Mr Bescherelle ne disent rien de satisfaisant.

ENGUEUSEUR, EUSE, s. Celui ou celle qui engueuse, qui endoctrine, qui trompe par de belles paroles. Terme familier, qui ne s'emploie guère qu'en plaisantant.

ENGUIGNACHÉ, CHÉE, adj. Qui a du guignon, qui est en guignon. Augmentatif d'enguignonné.

ENGUIGNÔCHER (S'), v. pron. S'habiller étrangement, s'accoutrer d'une manière qui apprête à rire. Ne se dit que des femmes.

ENGUIGNONNÉ, NÉE, adj. Qui a du guignon, qui est en guignon. Permettez-moi de quitter le jeu, je suis trop enguignonnée aujourd'hui. Terme parisien populaire.

EN HAUT ou EN HAUT DE, prép. En haut la Cité; en haut la Treille; en haut de Coutance. Dites: Au haut de la Cité, au haut de la Treille, etc.

ÉNIERLER (S') ou S'ÉNIARLER, v. pron. Se fatiguer à l'excès, s'éreinter. L'ancien Glossaire dérive le mot énierler de la préposition latine e, et de nerio, force, puissance. Le mot nerio ne se trouve pas dans les dictionnaires. Mais, sans recourir aux langues anciennes, les mots genevois populaires Nière, nierf, ou niarf, nous fournissent spontanément la véritable étymologie de ces deux termes.

ENJOUER, v. a. Mettre en joue, coucher en joue. Le garde-chasse enjoua notre braconnier. Ce mot n'est pas dans les dictionnaires.

EN LÀ, adv. En delà, plus loin. S'il vous plaît, Messieurs, tirez-vous en là, placez-vous tant soit peu en là. Aide-moi, Drion, à mettre ce placard plus en là. Terme languedocien, etc.

ENLESSIVER, v. n. Encuver le linge destiné à la lessive.

ENLIASSER, v. a. Mettre en liasse. Enliasser du linge, c'est: En faire une trousse, l'accoupler. Terme méridional.

ENLIER, v. a. et n. Agacer. Être enlié, signifie: 1o Avoir les dents agacées; 2o Avaler avec difficulté. [P. G.]

† EN MÊME DE. À même de, en position de, capable de. Tu n'es pas en même de me rattraper. Si M'sieu voulait m'avancer deux écus de cinq francs, je serais en même de les lui rendre dans trois mois. Terme lyonnais et méridional.

ENNIFLÉ, ÉE, adj. Enchiffrené, ée. [P. G.]

ENNIÔLER, v. a. Terme d'écolier. Je t'enniôle, c'est-à-dire: Je me moque de toi. Je vous enniôle tous, c'est-à-dire: Vous pouvez tous aller au d.....

ENNOSSER, v. a. Engouer, embarrasser le passage du gosier en mangeant ou en buvant trop vite. S'ennosser, s'engouer, perdre la respiration en buvant de travers, ou en mangeant trop vite. Il s'ennossa au point qu'il fut obligé de quitter la table. Dans le vieux français, énosser signifie: Boucher le gosier avec un os.

ENNUYANT, ANTE, s. Ennuyeux, euse. Tu es une ennuyante. Va-t'en, petite ennuyante, et laisse-nous tranquilles. Terme méridional. «Ennuyant» n'est pas un substantif; c'est un adjectif et un participe.

ENNUYER (S'), v. pron. S'ennuyer de quelqu'un ou de quelque chose, signifie: S'ennuyer de l'absence de quelqu'un; regretter la privation d'une chose dont on avait joui. Tu fais bien de revenir, Baptiste, car tout le monde s'ennuyait de toi. Mme N** s'ennuie de son appartement (elle regrette de l'avoir quitté). On dit dans le même sens, et cette expression est plus usitée que la précédente: S'ennuyer après quelqu'un; s'ennuyer après quelque chose. Je m'ennuie après ces deux aimables étrangers. Expression connue en Lorraine, et sans doute ailleurs.

† ÉNONDÉ, DÉE, part. Inondé, dée. La seille coulait, et la pauvre Marguerite en fut tout énondée. Cette averse nous a énondés.

ÉNOSSER, v. a. Voyez ENNOSSER.

EN OUTRE DE CELA, loc. adv. Outre cela.

EN PLACE DE, prép. Au lieu de. En place de vin, donnez-nous une cruche de bière. En place d'un mur, établissez une bonne haie. En place d'étudier, tu babilles. Français populaire.

† EN PREMIER, adv. Premièrement, d'abord. Nous irons en premier chez l'oncle, et ensuite chez le cousin. Français populaire.

ENRAIDI, IE, adj. et part. Voyez ENROIDI.

ENRAUFER ou ENRÔFER, v. a. Salir, couvrir d'ordures. En vieux français, roffée signifie: Gale, croûte de gale. [Voyez Roquefort, Glossaire de la langue romane.]

ENROIDI, IE, adj. et part. Roidi, devenu roide par le froid ou par une cause quelconque. Je me sens tout enroidi, tout enraidi; j'ai le cou enraidi. S'enroidir ou s'enraidir, v. pron. Se roidir. Mon bras et ma main s'enraidissent. Terme méridional.

ENROSSER, v. a. Flouer, attraper, mettre dedans. On t'a joliment enrossé avec ce cheval. Il s'est laissé enrosser d'un tas de rossignols (rebuts de magasin). Le croyez-vous assez enrossé avec sa vieille comtesse? R. rosse.

† ENROUCHÉ, ÉE, adj. Enroué, qui a de l'enrouement. Le froid l'a enrouché. Pauvre Suzon, te voilà donc bien enrouchée. R. rouche. Voyez ce mot.

ENROUURE, s. f. Enrouement, maladie du gosier. Une forte enrouure. Terme suisse-roman, dauphinois et languedocien.

† ENSAUVER (S'), v. pron. Se sauver, s'enfuir. Ensauve-toi, ensauve-toi! on te court après. Voilà l'hussier: ensauvez-vous!

ENSEIGNE, s. f. À bonne enseigne, c'est-à-dire: À juste titre, avec des sûretés. Si ton frère a pris cette résolution, ce n'est qu'à bonne enseigne. On dit en français: «À bonnes enseignes.»

ENSEVELIR et ENTERRER n'ont point le même sens. «Ensevelir,» c'est: Envelopper un corps mort dans le drap appelé linceul. «Enterrer,» c'est: Mettre en terre le corps mort. L'historien suisse, Ruchat, s'est donc exprimé peu correctement dans la phrase suivante: «Calvin mourut le 27 mai (1564), et fut enseveli tout simplement au cimetière commun de Plainpalais.» Il fallait dire: Enterré, ou Inhumé.

ENSEVELISSEMENT, s. m. Ne dites pas: Accompagner un ensevelissement. Regarder passer un ensevelissement. L'ensevelissement défila pendant plus d'une demi-heure. Dites: Accompagner un convoi, accompagner un enterrement, accompagner une pompe funèbre, etc.

† ENSOUVENIR (S'), v. pron. Se souvenir. Ensouviens-t'en, Gabriel, ensouviens-t'en bien: je t'attends demain à la Jonction.

ENSUITE, adv. D'ailleurs, de plus, au surplus. Devais-tu, André, te gendarmer de la sorte, quand ton père te réprimandait? Premièrement il en a le droit; ensuite tu es véritablement dans tes torts. Expression gasconne, etc.

ENSUITE (D'). L'année d'ensuite. Dites: L'année suivante, l'année d'après. [Acad.]

ENTAILLER (S'). Se couper, se faire une coupure, une incision dans la chair. S'entailler le doigt; s'entailler la main. Ce verbe, pris dans cette acception, manque dans les dictionnaires.

ENTE (LA). La ente d'un poirier; la ente d'un rosier. La ente a bien réussi. L'e initial de ce mot ne s'aspire pas. Il faut écrire et prononcer «L'ente.» L'ente a bien réussi, etc.

ENTE, s. f. Terme de couturière. Voyez ENTER, no 2.

ENTÉCHER, v. a. Mettre en tas. Se dit particulièrement des fourrages. Voyez TÈCHE.

ENTENDU (UN). Un plan concerté, un plan combiné, une collusion secrète. C'est un entendu entre eux (c'est une affaire arrangée et calculée entre eux). Terme méridional.

† ENTENTION, s. f. Attention. Faites entention, ma bonne Dame, vous pourriez glisser. Terme vieux français, que l'on trouve déjà dans le Roman de la Rose, ainsi que l'adjectif ententif (attentif).

ENTER, v. a. Greffer. Nous aspirons l'e initial de ce mot, comme s'il s'écrivait henter. C'est une faute aussi grossière que fréquente. Ne dites donc pas: Je soigne cet arbrisseau pour le enter quand le moment sera favorable; dites: «Pour l'enter.»

ENTER, v. a. Terme de couturière. Enter des bas, veut dire: Remonter des bas, les raccommoder en y ajoutant des bouts. Terme suisse-roman et méridional. Dans l'évêché de Bâle on dit: Renter.

ENTERREUR, s. m. Fossoyeur, celui qui creuse les fosses destinées aux morts. Terme dauphinois et languedocien. On dit à Marseille: Un enterre-mort.

ENTICHER (S'), v. pron. S'entêter, s'éprendre d'une personne. Il s'enticha d'une comédienne, et il l'épousa. Il est entiché de lui-même et il s'admire. L'Académie dit: «S'enticher d'une opinion, s'enticher d'un système;» mais elle ne dit pas: S'enticher d'une personne. Expression fort admissible.

ENTORSE, s. f. Nous disons: Se faire une entorse; il se fit une entorse au pied. Il faut dire: «Se donner une entorse.»

EN TOUT ET PARTOUT. Sorte d'adverbe, qui signifie: En total. À la fin de ce long voyage, il ne leur restait en tout et partout que trois francs.

ENTRAIN, s. m. Ardeur au travail. Étudier avec entrain. Travailler avec entrain. Je n'ai point d'entrain, je n'ai aucun entrain aujourd'hui. Ce substantif, si usité chez nous et si remarquable, n'existe pas en français.

ENTRE, prép. Ils n'avaient entre eux tous que sept francs à dépenser. Ce sens de la préposition entre n'est pas français. Il faut dire: «Ils n'avaient ensemble que sept francs à dépenser.»

ENTRECOT, s. m. (o bref.) Ruelle, ruelle formée par les boutiques ou échoppes qui bordent nos Rues basses. Traverser un entrecot; s'échapper par l'entrecot. On nous fit passer par un corridor étroit, ou, pour mieux dire, par un entrecot.

ENTRE DEUX. Nous disons: Être entre deux, pour signifier: Être indécis, être en balance, hésiter. Partirai-je? Resterai-je? Je suis là entre deux. Expression méridionale.

ENTREPOSER, v. a. Déposer. Entreposer sa canne, entreposer son ombrelle à l'entrée d'un lieu public. «Entreposer,» en français, n'a aucun autre sens que celui de: Déposer des marchandises dans un entrepôt.

ENTRER, v. actif. Mettre dedans ce qui était dehors. Entrer le bois au grenier; entrer les fauteuils dans le salon; entrer les vases dans la serre, etc. Entrer son chapeau (l'enfoncer dans sa tête). Elle s'est entré une écharde dans le doigt. Expressions incorrectes, ou qui, du moins, n'ont pas l'autorité des dictionnaires.

† ÉNUTILE, adj. Inutile. ÉNUTILEMENT, adv. Inutilement.

ENVERJURE, s. f. Envergure, que l'on prononce enverghure (comme figure). R. vergue.

ENVERS, s. m. Clou, furoncle. Il dormit sur l'herbe humide, et il lui sortit des envers par tout le corps. Terme suisse-roman.

EN VEUX-TU? EN VOILÀ. Cette locution adverbiale signifie: À foison, abondamment, en grande quantité. C'était un bal magnifique: il y avait des glaces en veux-tu? en voilà.

ENVIER QUELQU'UN. Envier les riches. Tu vas demain aux Treize Arbres, Catherine: ah! que je t'envie. On dit: «Envier une chose;» on ne dit pas: Envier quelqu'un.

ENVIRONS (AUX), prép. J'irai te voir aux environs de Noël. Quel âge a ton garçon, compère?—Il a aux environs de douze ans. Quelle heure est-il?—Il est aux environs de quatre heures. Dites: Près de Noël. Il est quatre heures environ, etc.

ÉPARE, s. f. Penture, bande de fer pour soutenir les portes et les fenêtres. Terme suisse-roman. A Lyon on dit: Empare.

ÉPARGNE, s. f. Binet, petit instrument qu'on adapte au chandelier pour brûler les bouts de chandelle. A Neuchâtel, en Dauphiné, en Languedoc et en Lorraine on dit: Une ménagère; en Picardie, un profit; en Limousin, une économie.

ÉPAULE, s. f. (fig.) Grappillon au haut d'une grappe et qui en dépend. Accepterais-tu ce raisin, Fanny?—C'est beaucoup trop; mais j'en prendrai avec plaisir une épaule. Expression très-juste.

ÉPAUTE, s. f. Épeautre, sorte de froment.

ÉPENALET, s. m. Tranche de lard coupée au dos d'un cochon. C'est un morceau estimé des paysans gourmets. [P. G.]

ÉPICACUANA ou ÉPÉCACUANA, s. m. Tablettes d'épicacuana. Écrivez et prononcez «Ipécacuana.»

ÉPIDERME. Épiderme délicate. Ce mot est masculin.

ÉPINARDS. Ce substantif est masculin; mais beaucoup de personnes le font féminin et disent: De bonnes épinards. Cette faute nous vient du patois, où le mot épenoches (épinards) est féminin.

ÉPINGLE D'ÉPOUSE, s. f. Camion. [Voyez le Vocabulaire français de Mr Pautex, 9e édition, p. 57.]

ÉPINGOLER, v. a. Épingler, déboucher la lumière d'une arme à feu avec une épinglette.

ÉPINGOLOIR, s. m. Épinglette.

ÉPINGUE, s. f. Prononciation vicieuse du mot «Épingle.»

ÉPINIACHER ou ÉPINASSER, v. a. Au sens propre ce mot signifie: Peigner les échappes ou tresses de chanvre; défaire les échappes et les mettre en quenouilles. Au sens figuré il signifie: Ébouriffer les cheveux, les mettre en désordre. Les trois quarts du temps vous rencontrez cette jeune personne tout épiniachée.

ÉPION, s. m. Espion. ÉPIONNER, v. a. Espionner.

ÉPISODE, s. fém. Au milieu du dernier siècle, le genre de ce mot n'était pas encore fixé; aujourd'hui il est masculin. «Un court épisode; un charmant épisode.»

ÉPIZOOTIE, s. f. L'Académie veut que l'on prononce épizo-o-tie, en donnant au t un son dur, comme dans rôtie.

ÉPOULAILLÉ, ÉE, part. Épouvanté, ée; effrayé, ée. Elle vint tout époulaillée me dire qu'elle croyait avoir vu un loup. Tu t'époulailles de rien, Dorothée. Dans notre patois, poulaille ou polaille signifie: «Poule.»

ÉPOUSE (L'). La femme d'un tel. Je vous présente mon épouse. Je vais monter en char avec mes deux garçons et mon épouse. Si Monsieur avait occasion d'une excellente courtepointière, je lui recommanderais mon épouse. Dans tous ces exemples il faut dire: «Ma femme.» Voyez l'article ÉPOUX.

ÉPOUSE, s. f. Nous disons d'une femme parée avec affectation ou avec un soin outré: Elle est parée comme une épouse. Il faut dire: Elle est parée comme une épousée; ou mieux: Comme une épousée de village. [Acad.]

ÉPOUSES DU MOIS DE MAI (LES). Jeunes villageoises qui, dans un costume aussi gracieux qu'elles le peuvent, vont, le premier dimanche du mois de mai, offrir des bouquets aux promeneurs et leur demander une étrenne.

ÉPOUSSETER QUELQU'UN. L'expulser, le chasser d'un lieu où il était importun. En français, «Épousseter» veut dire: Battre, châtier.

ÉPOUSSOIR, s. m. Époussette, sorte de grande brosse.

ÉPOUSTACHER ou ÉPOUSTATER, v. a. Chasser quelqu'un, le renvoyer avec humeur. Augmentatif d'épousseter. Voyez ce mot.

ÉPOUX, s. m. Ne signifie point: «Fiancé.» Épouse ne signifie point: «Fiancée.» «Époux» veut dire: Mari, dans le style noble; «Épouse» veut dire: Femme, dans le style poétique et oratoire, ou quand on parle de la femme d'un roi, d'un prince ou d'un seigneur.

ÉPUISETTE, s. f. Écope, sorte de pelle creuse pour ôter l'eau d'un bateau.

ÉQUIFFLE, s. f. Canonnière. Voyez ÉCLIFFE.

ÉQUIPAGE, s. m. Voiture, cabriolet, etc. Aller en équipage; mettre les chevaux à l'équipage; laver un équipage. En français on appelle «Équipage» la voiture et le cheval. La voiture seule ne s'appelle pas équipage.

ÉRAILLÉ, ÉE, adj. Visage éraillé, teint éraillé, peau éraillée. Ces divers sens du mot «Éraillé» manquent dans les dictionnaires; mais on y trouve: «Œil éraillé.»

ERCE, s. f. Gerce, larve de la teigne des pelleteries.

ÉREINTE, s. f. Outrance. À toute éreinte, à toute outrance. Il y allait à toute éreinte; il le battait à toute éreinte. Français populaire.

ÉREINTÉE, s. f. Volée de coups. Appliquer une éreintée. Recevoir une éreintée.

† ERGENT, s. m. Argent. Une cueillère en ergent.

ÉRINIÈRES, s. f. pl. Douleur de reins, lumbago, courbature. Avoir les érinières. On dit à Lyon: Les enreinières.

ERREUR, s. f. Écart, différence. Je demande six francs de ce beau dinde, et vous m'en offrez trois!... Il y a trop d'erreur.

† ERRIÈRE, adv. Arrière. Il fit trois pas en errière. Terme français populaire.

† ERTEUIL, s. m. Voyez ARTEUIL.

ÉRYSIPÈLE ou ÉRÉSIPÈLE (UNE). Ce mot est masculin. «Érésipèle ou Érysipèle dartreux.»

ÈS. Aux (à les). Nos paysans disent: La boîte ès lettres, pour: La boîte aux lettres. La soupe ès faviûles, pour: La soupe aux haricots. D'ei étà ès pommes (j'ai été aux pommes), etc. Ce vieux terme ne s'est conservé en français que dans trois ou quatre dénominations: Bachelier ès lettres, Docteur ès sciences, Maître ès arts, et dans quelques phrases de pratique. L'emploi de ce mot, chez nous, est continuel dans la bouche des campagnards.

ESCALIER, s. m. C'est une erreur de confondre les mots «Escalier» et «Degré.» Un escalier n'est pas un degré. Ne dites donc pas: Le clocher du temple de Saint-Pierre a cent cinquante-six escaliers. Les jeunes garçons aiment à sauter les escaliers quatre à quatre. Dans ces exemples et les analogues il faut se servir des mots «Degré» ou «Marche.» Descendre les degrés, sauter les degrés; monter les marches, descendre les marches, etc. «Un escalier,» en français, est ce que nous appelons vulgairement une montée, c'est-à-dire: La réunion de toutes les marches, de tous les degrés, depuis le rez-de-chaussée jusqu'à l'étage le plus élevé. On dira donc: Éclairer un escalier, monter un escalier, glisser dans l'escalier, tomber dans l'escalier, jouer dans l'escalier, etc.

ESCAMPETTE, s. f. Ce mot est français; mais, selon les dictionnaires, il ne s'emploie que dans cette locution: «Prendre la poudre d'escampette,» c'est-à-dire: S'enfuir. A Genève nous disons: Faire une escampette; faire des escampettes; je commence à m'inquiéter de ses fréquentes escampettes. Escamper, en vieux français, signifie: Décamper.

† ESCANDALE, s. m. Scandale.

ESCANDALISER, v. a. Scandaliser. Oui, Messieurs, elle m'a dit: Fayasse; elle m'a dit: Vieille cauque; et j'en suis encore tout émotionnée, tout escandalisée. Terme méridional et vieux français.

† ESCARAMOUCHE, s. f. Escarmouche.

† ESCARTER (S'). S'écarter. Escartez-vous, Messieurs, s'il vous plaît. Jâques, tu ne t'escarteras pas de là. Terme vieux français, conservé dans le langage des paysans.

ESCAVALANT (EN), ou EN ESCAVALON, loc. adv. En désordre, en déroute, sens dessus dessous. La chambre était en escavalon, en escavalant. Gaudichon revint soû (soûl) du cabaret, et mit toute sa maison en escavalant.

ESCIENT, s. m. Bon sens, raison, jugement, judiciaire. Avoir de l'escient; manquer d'escient; faire preuve d'escient. Les dents d'escient (dents de sagesse). Expressions d'un emploi journalier dans la Suisse romane. En français le mot «Escient» ne s'emploie que dans cette phrase: «À bon escient,» c'est-à-dire: Sciemment, avec connaissance de cause.

ESCLANDRE (UNE). Une grande esclandre, une fameuse esclandre. Ce mot est aujourd'hui masculin, après avoir été féminin jusqu'au milieu du dix-septième siècle. R. scandalum.

ESCORMANCHER (S'), v. pron. S'échiner à travailler, s'escrimer, se tourmenter, s'excéder. Terme suisse-roman.

ESCÔTE, s. f. Terme de batelier. Écoute, corde qui sert à diriger la voile. Tirer l'escôte. En vieux français: Escoute.

ESCUSE, s. f. Excuse. ESCUSER, v. a. Excuser.

ESPADRON, s. m. Espadon. ESPADRONNER, v. n. Espadonner.

ESPARGEOLER ou ASPARGEOLER, v. a. Asperger, jeter de l'eau avec un balai mouillé à cette intention.

† ESPÉTÂCLE, s. m. Spectacle. C'était un espétâcle à vous fendre l'âme. Terme méridional.

ESPICERIE, s. f. Épicerie. ESPICES, s. f. pl. Épices. ESPICIER, s. m. Épicier. Ces trois termes appartiennent au vieux français.

ESPINCHER, v. a. Épier, découvrir avec adresse, rechercher, poursuivre.

ESPLICATION, s. f. Explication. ESPLIQUER, v. a. Expliquer.

† ESQUELETTE (UNE). Un squelette.

ESSARTIR ou ESSERTER, v. n. Essarter, défricher en arrachant les bois et les épines. Du mot esserter sont venus les noms propres Essertines, Les Esserts et Belesserts, ou Bellexserd, ou Ballexserd, hameaux ou habitations voisines de Genève. R. essart, terre défrichée.

ESSEMER, v. n. Les deux ruches ont essemé le même jour. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Essaimer.»

ESSENCILLER, v. a. et n. (ll mouillés.) Terme de lessive. Faire égoutter le linge, l'étendre quand il vient d'être lavé et qu'il dégoutte encore. Mettez ce linge essenciller au soleil. Ne rentrez pas ces draps: ils sont à peine essencillés.

ESSERTER, v. a. Essarter, défricher. Voyez ESSARTIR.

ESSOURDELER, v. a. Assourdir. Finis, Charles, avec ton tambour: tu nous essourdelles. Il parlait si haut qu'il m'essourdelait. Terme suisse-roman. En Franche-Comté, essourder, en Lorraine, essourdir, ont le même sens.

ESSOURER (S'), v. pron. Sortir de chez soi pour prendre l'air. Il faut que l'on s'essoure un peu aujourd'hui. Ce n'est pas s'essourer que de se promener dans des rues humides et étroites. Nous disons aussi à l'actif: Essourer des couvertures, essourer des coussins, essourer un lit; c'est-à-dire: Les mettre à l'air. L'Académie dit: «Essorer du linge,» en ajoutant que ce terme est peu usité. Essourer et s'essourer sont fort usités dans le dialecte genevois.

† ESTATUE, s. f. Statue. Il restait là planté comme un idoine, comme une estatue. Terme méridional et vieux français.

ESTIME, s. f. Estimation. Acheter des meubles à l'estime. Terme méridional.

ESTOC, s. m. Esprit, imagination, sagacité, capacité. Avoir de l'estoc, signifie: Avoir de la tête, trouver facilement des ressources, se tirer d'affaire aisément. Le contraire est: Manquer d'estoc, être sans estoc. Terme picard et lorrain. En Dauphiné, cela ne vient pas de son estoc, signifie: Cela ne vient pas de lui. En vieux français, estoc avait le sens de: Race, extraction, lignée; et dans le dialecte de Valenciennes on appelle homme d'estoc «Un homme comme il faut.»

ESTOMAC (UNE). Estomac dérangée, estomac serrée. Ce mot est masculin, et il se prononce estoma.

ESTOMACHIQUE, adj. Stomachique.

† ESTRAIT, s. m. Estrait d'absinthe. Un verre d'estrait. Écrivez «Extrait,» et donnez à l'x le son qui lui est propre.

ESTRANGALA, s. f. Grand filet de pêche. Terme vaudois.

† ESTRÉMENT, adv. Extrêmement. Le temps n'est pas, pour dire, estrément mauvais. N'as-tu pas estrément soif, Carizot?

ESTRIFFE, s. f. Discussion, dispute, querelle, castille. Dans le vieux français ce mot était masculin et il s'écrivait estrif.

ESTRINGOLER, v. a. Étrangler. Que le d..... t'estringole! Terme vaudois, berrichon et rouchi. Le peuple de Paris dit: Espringoler. S'estringoler, v. pron., signifie: Se donner beaucoup de peine, se tourmenter, se fatiguer, s'échiner. Je suis là à m'estringoler toute seule, pendant que cette charoupe d'homme me regarde faire. Nous nous sommes toutes trois estringolées à cette lessive. R. stringo ou strangulo?

† ESTRORDINAIRE, adj. Orthographe et prononciation vicieuses du mot Extraordinaire.

ÉTABLISSEUR, s. m. Un établisseur d'horlogerie, est Celui qui fait confectionner, établir les montres, par opposition au marchand qui les vend.

ÉTALABOURDI, IE. Augmentatif d'élourdi. Voyez ce mot.

† ÉTALIE. Italie. ÉTALIEN. Italien.

ÉTARTIR (S'), v. pron. S'étendre par terre, tomber tout de son long. Il resta étarti et sans connaissance. R. stratus.

ÉTATS, s. m. pl. Être dans tous ses états, signifie: Être fort troublé, être fort agité, se désoler, ne pas se posséder. Nous disons dans le même sens: Se mettre dans tous ses états; se mettre dans des états affreux. Terme suisse-roman.

ÉTATS, s. m. pl. Prendre les états, se dit d'une domestique qui, ayant quitté le service, s'habille à la façon des dames. Félicie a pris les états.

† ÉTENAILLES, s. f. pl. Tenailles. Tends-me voir les étenailles. Terme méridional, etc.

ÉTENDRE, v. a. Étendre du fumier. Dites: «Épandre du fumier,» c'est-à-dire: Le jeter çà et là en plusieurs endroits, l'éparpiller.

ÉTIEURNE, s. des 2 genres. Voyez ÉCUERNE.

ÉTIRE, s. f. Sorte de gaffe ou grande perche ferrée pour conduire les barques. Aller à l'étire.

ÉTONNER (S'), v. pron. Je m'étonne si... Je m'étonne comment... Je m'étonne pourquoi... Je m'étonne où... Ces expressions signifient: Je voudrais bien savoir si... J'aimerais bien savoir comment... Il me tarde de savoir pourquoi... Je m'étonne si je recevrai ce soir une réponse à ma lettre. Je m'étonne si le mariage en question aura lieu. Je m'étonne s'il fera beau temps demain. Je m'étonne comment finira leur procès. Je m'étonne où l'on peut se procurer d'excellentes chaussures. Je m'étonne où est ma clef d'armoire. Je m'étonne pourquoi notre Ernest n'est pas invité à ce bal. Je m'étonne quand notre contingent reviendra, etc. Les grammairiens condamneront sans doute cette expression, et diront doctoralement qu'on s'étonne d'une chose qui est arrivée, mais non pas d'une chose incertaine et non avenue. Pour nous, passant condamnation là-dessus, nous ferons observer: 1o Que les expressions: Je m'étonne si, je m'étonne quand, je m'étonne pourquoi, sont universellement usitées dans la Suisse romane; 2o Qu'elles ont une rapidité, une concision et une originalité remarquables; 3o Qu'elles n'ont aucun équivalent meilleur en français.

ÉTOUFFÉE, s. f. Des haricots à l'étouffée. Terme vaudois, neuchâtelois, savoisien, etc. Dites: À l'étuvée.

ÉTOUFFER DE RIRE (S'), v. pron. Étouffer de rire. [Acad.]

ÉTOUILLER (S'), v. pron. Étendre les bras en bâillant, s'étirer. Terme des campagnards. [P. G.]

ÉTRAMER, v. a. Terme des campagnards. Serrer, renfermer, abriter, mettre à couvert. En vieux français, estran signifie: Couverture de paille, chaume. En Picardie, en Normandie, en Franche-Comté et en Lorraine, étrain a le même sens. R. stramen.

ÉTRANGER, v. actif. Surfaire. Étranger les Anglais, étranger les voyageurs. «Étranger,» v. a., est français, mais dans une autre acception.

ÉTRANGER, s. m. Pays étranger. Vivre dans l'étranger; s'établir dans l'étranger; il s'est marié dans l'étranger. Les dictionnaires disent: «À l'étranger.» Passer À l'étranger.

ÊTRE, v. auxil. Ce verbe est mal employé dans les phrases suivantes: Quatre et quatre sont huit; sept et sept sont quatorze. Dites: Quatre et quatre FONT huit; sept et sept FONT quatorze.

ÊTRE, v. auxil. C'est incroyable les belles vaches qu'il y avait à la foire de Nyon. C'est immense le nombre des curieux qui entourait l'escamoteur. Construction claire, simple, concise, mais qui ne soutiendrait pas l'examen grammatical.

ÉTRET, ÉTRETTE, adj. C'est ainsi que nos campagnards prononcent les mots «Étroit, Étroite»: prononciation qui était encore usitée en France au milieu du dix-huitième siècle. Le grammairien Féraud, qui vivait à cette époque, dit positivement: «On écrit Étroit, mais l'on prononce indifféremment étroit ou étret

ÉTRILLÉE, s. f. Rossée, volée de coups.

† ÉTROICEUR, s. f. Étroitesse. L'étroiceur d'une planche; l'étroiceur d'un passage, etc. Terme vieux français. Le dictionnaire de Cotgrave écrit: Estroisseur.

† ÉTROICIR, v. a. Étrécir. Étroicir un gilet, étroicir une manche d'habit, etc. Terme franc-comtois, bordelais et vieux français. Par une opposition bizarre, la langue française dit: «Étroit» et «Étrécir,» tandis que nos campagnards disent: Étrait et Étroicir.

ÉTROUBLES, s. f. pl. Éteules ou esteubles, chaume; ce qui reste sur la terre du tuyau des épis après la moisson. Tourner les étroubles. Terme connu dans le Berry. Figurément: Être dans les étroubles, signifie: 1o Être dans l'embarras, être perplexe, s'embrouiller dans un discours; 2o En parlant des choses: Avoir disparu, être égaré, être perdu. Ton canif, Joseph, a donc passé par les étroubles. En Normandie, étoubles, et en vieux français, estoubles, signifient: Chaume nouveau. L'ancien Glossaire pense que le mot étroubles est formé, par contraction, des deux mots eaux troubles. Étymologie inadmissible.

† EUX, pron. pers. Eux est mis pour «lui» dans la phrase suivante et phrases analogues, qui sont familières aux gamins. Dis-moi, enfant, où va ce petit garçon qui pleure?—M'sieu, il s'est donné un coup à la tête, et il se rentourne chez eusse (chez eux).

† ÉVALANCHE, s. f. Avalanche. ÉVALANCHER, v. n. S'ébouler.

ÉVEILLON, s. m. Soufflet, mornifle, coup qui réveille. Il lui flanqua un éveillon qui le fit taire. A Neuchâtel on dit: Un réveillon.

ÉVENTAIRE, s. m. Inventaire. On fit l'éventaire de la petite commode et du placard. Terme parisien populaire.

ÉVITATION, s. f. En évitation de frais. Terme consacré. Dites: Pour éviter des frais.

ÉVITER, v. a. Éviter une peine à quelqu'un, éviter un embarras à un ami, s'éviter un souci, ne sont pas des expressions correctes. Dans ces phrases et les analogues, il faut se servir du mot «Épargner.» Épargnez-moi ce travail; épargnez-lui cette course; épargne-toi cette peine; épargnons-leur cette confusion.

ÉVOUATER ou ÉVOUÉTER, v. a. Terme des campagnards. Grappiller.

EXCROC, s. m. Écrivez «escroc,» et prononcez escrô.

EXCROQUER, v. a. Escroquer.

EXCOFFIER, v. a. Escoffier, tuer, faire disparaître.

EXCUSE, s. f. Demander excuse. Je vous demande excuse. Demande-moi excuse, Louisa. Ces phrases ne sont pas correctes, quoique fort usitées en Suisse et ailleurs. Dites: Demander pardon; je vous demande pardon; ou dites: Faire des excuses; je vous demande de m'excuser; je vous prie de m'excuser.

EXERCICE, s. m. Nous disons: Prendre de l'exercice. On dit en français: «Faire de l'exercice.» «Vu son embonpoint, il faut qu'il fasse de l'exercice.» [Picard, Le Collatéral, IV, I.]

† EXERCICE (UNE). Le caporal Gandinaud est aux arrêts pour avoir manqué la première exercice. Ce mot est masculin.

EXPÉDIER (S'), v. pron. Se dépêcher, se hâter, accélérer. Expédions-nous, Messieurs, l'heure approche.

† EXPRÈS (PAR), adv. Exprès. Tu m'as rejiclé de la gouille, Urbain, et tu y as fait par exprès. Français populaire.

EXTERMINER, v. a. Battre à outrance. Il se jeta sur l'agresseur, et l'extermina de coups. «Exterminer» est français, mais dans des acceptions différentes.

EXTRAIT DE BAPTÊME, s. m. Extrait baptistaire.

EXTRAVAGUÉ, GUÉE, s. Extravagant, extravagante. Ne va pas couriater avec tes cousins, petite extravaguée.

F

FAÇON, s. f. Faites de façon à ce que l'affaire marche promptement. De façon à ce que... est une expression incorrecte. Il faut dire: De façon que, de manière que.

FAC-SIMIL, s. m. Prononciation et orthographe vicieuses du mot «fac-simile,» lequel se prononce «fac-similé

FAÏASSE ou FAYASSE, s. f. et adj. Femme qui se fait remarquer par une mise étrange, par un accoutrement bizarre et même choquant, et dont elle semble satisfaite. Quel air faïasse! Quelle tournure faïasse! Une vieille faïasse. Se mettre comme une faïasse; avoir l'air d'une faïasse. Dans le dialecte rouchi on dit: Fouïasse. Voyez FÂYE.

FAIBLER, v. n. Faiblir, céder. La poutre commençait à faibler; elle faiblait; elle a faiblé; elle faiblera. Terme très-connu des artisans.

† FAIGNIANT, s. et adj. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Fainéant.» C'est un faigniant; c'est une faigniante. Français populaire.

FAIGNIANTISE, s. f. Fainéantise.

FAILLI-FAILLETTE (À). Jouer à failli-faillette, jouer à coup faillant, jouer à coup failli.

FAIRE, v. a. Faire plusieurs maîtres, se dit des domestiques qui changent souvent de condition. Elle a fait six maîtres en deux ans. Nous disons pareillement: Faire plusieurs domestiques, pour: Changer plusieurs fois de domestiques: expressions qui appartiennent aux dialectes du Midi. En Dauphiné, et ailleurs sans doute, on dit dans le même sens: Cet enfant a fait plusieurs nourrices.

FAIRE, v. a. Il fait son homme d'importance; elle fait sa grande dame; ne fais pas ton rodomont. Dites avec les dictionnaires: Il fait l'homme d'importance; elle fait la grande dame; ne fais pas le rodomont.

FAIRE À UN JEU. Faire à colin-maillard; faire à barre; faire à passe-Jean, etc. Fautes suisses et méridionales. Les dictionnaires disent: Jouer à un jeu; jouer à colin-maillard, jouer aux barres, etc.

FAIRE BON DE. Il fait bon de connaître son monde; il fait bon de boire frais en été; il fait bon en hiver de travailler dans une chambre chaude. Dites: Il EST bon de connaître son monde; il EST agréable de boire frais en été; ou dites, en retranchant la préposition de: Il fait bon connaître son monde, il fait bon boire frais en été, etc.

FAIRE CHERCHER. Envoyer chercher, appeler. Qu'on fasse chercher le médecin; qu'on fasse chercher le notaire, etc. Dites: Qu'on appelle, qu'on envoie chercher le médecin, le notaire, le confesseur, etc. Germanisme qu'on retrouve en Lorraine et sans doute ailleurs.

FAIRE DANS. Ce marchand fait dans les draps; Francillon fait dans les spiritueux; Antoine fait dans les denrées coloniales. Dites: Ce marchand fait le commerce des draps; Francillon fait le commerce des spiritueux, etc.

FAIRE DEMANDER. Envoyer savoir. J'ai fait demander de vos nouvelles. A-t-on fait demander des nouvelles de mon beau-frère? Locution de la Suisse romane.

FAIRE LES CARTES. Mêler les cartes. En France, «faire les cartes» signifie: Donner. [Acad.]

FAIRE TENIR. Assujettir, consolider. Faire tenir une patère; faire tenir un contrevent, etc. Terme suisse-roman.

FAIRE (À). Affaire. Il s'aperçut bien vite qu'il avait à faire à un fripon. Écrivez en un seul mot: Affaire. «Avoir affaire à un fripon.»

FAIRE (À). Avoir à faire, avoir des affaires. Qu'on ne reçoive personne ce matin, car j'ai beaucoup à faire. Expression fort répandue, mais que le bon usage n'a pas consacrée. Il faut dire: J'ai beaucoup d'affaires, je suis occupé.

FAIRE (S'EN). Je croyais m'en tirer avec cent sous, je m'en suis fait pour quinze francs. Dites: J'ai dû y mettre quinze francs. Dans un seul dîner, il s'en firent chacun pour dix francs, c'est-à-dire: Un seul dîner coûta à chacun d'eux dix francs. Expression méridionale, etc.

FAISANT, ANTE, adj. Agissant, actif, qui met la main à tout. Je vous recommande notre Pernette, c'est une domestique très-fesante.

FAJOLE et FAJULE, s. f. Terme des campagnards. Haricot. On dit à Lyon: Fiageole; à Cambray, fageole; dans le Faucigny, fajoule et fajole; en vieux français, fasol. R. phaseolus. Voyez FAVIOLE.

FALET, adj. masc. Rouan. Se dit des chevaux dont le poil est mêlé de blanc, de gris et de bai.

† FALLOIR, v. impers. Il faudrait mieux (il vaudrait mieux). Il faudrait mieux se taire que de parler aussi sottement. Français populaire. Plus populairement encore, quelques-uns disent: Il fadrait; il fadrait mieux.

FALOT, s. m. Lanterne. Allumez votre falot, Isaline, et partons. En Français, on appelle «falot» une grande lanterne faite de toile, et que l'on porte d'ordinaire au bout d'un bâton.

FAMEUSEMENT, adv. Très, fort, extrêmement. Il resta fameusement capot. Nous eûmes tous fameusement peur. Français populaire.

FAMINER, v. n. Avoir grand faim. Ces pauvres enfants faminaient. Expression très-adoptable.

† FANTÔME (UNE). Une femme ridicule, folle, folache. Sa fantôme de cousine n'était pas faite pour nous attirer. La Louison est toujours mise comme une fantôme. Le peuple de Lyon donne aussi à ce mot le genre féminin. Il crut voir une fantôme.

FANTÔMERIE, s. f. Enfantillage, billevesée.

FAQUINER, v. n. Faire le faquin.

† FARÂ, s. f. Voyez FÉRA.

FARATTE, s. f. Se dit d'une femme indiscrète, épilogueuse, bavarde, tatillonne, marchandailleuse, barbouillonne enfin. N'ayez rien à faire avec la Michaude: c'est une faratte.

FARATTER, v. n. Faire la faratte. Voyez ce mot.

† FARBALA, s. m. Falbala. Une robe à grands farbalas. Terme lyonnais, rouchi, etc.

FARCE, adj. Bouffon, plaisant, facétieux. Un comédien farce, une actrice farce. Voilà qui est farce. Français populaire.

FARCELLE, s. f. Faisselle, sorte de plat criblé de trous pour égoutter les fromages. Terme vaudois. Dans notre patois on dit, suivant les localités: Farcela, faikala, facel-lă et făchó-lă. Dans le Jura on dit: Fachalle; dans le Berry, fachelle.

FARCEMENT, s. m. Terme culinaire. Farce, chou farci avec des épinards, des châtaignes et des raisins secs. A Lausanne et à Neuchâtel on dit: Farçon; en Languedoc et en Provence: farsun.

FARCEMENT, adv. Drôlement, plaisamment. L'affaire se termina farcement. Il joua ce rôle assez farcement.

FARÇONNETTES, s. f. pl. Laitues farcies.

FARET, s. m. Mèche d'une lampe ou d'une chandelle. Couper le faret. Terme vaudois, savoisien et dauphinois. Faret, au sens figuré, se dit d'une personne maigre, malade, et dont la vie semble près de s'éteindre. Un tel n'a plus que le faret. On le dit aussi d'une étoffe qui n'a que l'apparence. Cette étoffe n'a que le faret.

FARETTES, s. f. pl. Faire ses farettes, signifie: Réussir, faire bien ses affaires, faire ses orges.

FARFOUINER, v. a. Farfouiller. Farfouiner des livres; farfouiner une armoire.

FASCINE, s. f. Sorte de gros fagot destiné au foyer, falourde. Une centaine de belles fascines coûte environ vingt-sept francs. Terme suisse-roman et savoisien. A Bordeaux, on dit: Faissonnat; dans le patois de l'évêché de Bâle et dans le patois lorrain, faichin.

FASTES, s. f. pl. «Il travaille pour dérouler à ses concitoyens les fastes glorieuses de leurs annales.» [Journal de Genève, janvier 1833.] Ce mot est du genre masculin. «Fastes glorieux, fastes brillants.»

FATRASSER (SE), v. pr. S'accoutrer, s'affubler, se fagoter. En vieux français, fatrasser, v. n., a ce même sens. [Voyez Roquefort, Glossaire roman, t. I, p. 577.]

FAÜLAY, FAÜLET et FEULET, s. m. Terme des campagnards. Tourbillon, vent follet, qui fait tournoyer la poussière et autres corps légers, et les élève fort haut en colonne. Dans le Berry on dit: Foulot.

FAUTE, s. f. Besoin, nécessité naturelle. Avoir faute. Terme berrichon, etc. Chez les campagnards, avoir faute d'une chose, signifie: En avoir besoin. D'ei fauta d'eună robă (j'ai besoin d'une robe). Attache ce sac, Jean-Pierre.—Non, il n'y a pas faute.

FAUTIF, IVE, adj. Coupable. Ne persiste pas à nier, et avoue que tu es fautif.

FAUX, s. m. Avoir du faux, c'est: Vouloir paraître plus qu'on n'est, plus riche surtout, et d'un rang plus élevé. Les parvenus sont d'ordinaire pleins de faux. Notre jeune tailleuse était charmante avant son mariage: elle a pris dès lors beaucoup de faux. Avoir du faux et «être faux» sont deux choses très-différentes. On méprise et on fuit les gens qui sont faux. On rit de ceux qui ont du faux, on s'en amuse quelquefois: le plus souvent on les regarde en pitié.

FAUX CLAIR, s. m. Terme des tonneliers. Vin au bas, baissière, ripopée.

FAUX FIL, s. m. Passer un faux fil, faufiler.

† FAVETTE, s. f. Un nid de favettes. Terme vieux français. Dans le patois lorrain on dit: Fâvatte. En français: «Fauvette.»

FAVIOLE, s. f. Haricot. Faviole à bouquets. Terme suisse-roman et franc-comtois. En vieux français, favouille signifie: Petite fève. Au sens figuré, faviole ou favioule se disent d'un sot, d'un nigaud, d'un niais qui ajoute foi à toutes les sornettes, à tous les contes qui se débitent. Oh! la faviole, qui ne voit pas qu'on se moque de lui!

FAVIOLON, s. m. Graine de haricot.

FAYARD, s. m. (Prononcez faïard.) Hêtre. Du bois de fayard. Un moule de fayard. Terme suisse-roman, savoisien et méridional. Boiste et Gattel ont recueilli ce terme, en indiquant que c'est un provincialisme. A Neuchâtel on dit: Foyard; on le dit aussi dans l'évêché de Bâle, en Franche-Comté et dans le Berry.

FAYASSE, s. f. Voyez FAÏASSE.

FÂYE, s. f. Femme qui veut se singulariser par une mise bizarre, par un accoutrement choquant et ridicule, et dont elle semble tirer vanité. Pense-t-elle, cette vieille fâye, qu'on la remarque? Avouez, Rosine, que votre jeune maîtresse s'habille quelquefois comme une fâye. Il n'y a qu'une fâye qui puisse mettre autant de fleurs voyantes à son chapeau. En patois, fâye veut dire: Fée, sorcière.

FÂYES (LES), s. f. pl. Les brandons, les alouilles.

FELIN, s. m. Entrailles, fiel. Ils se mangeaient le felin; c'est-à-dire: Ils se querellaient vivement.

FELOGNE, s. f. Felougne, grande chélidoine, plante.

FÉMELIN, INE, adj. Frêle, délicat, qui a un tempérament de femme. Visage fémelin; voix fémeline. Votre neveu est trop fémelin pour devenir jamais un soldat. Terme vaudois, savoisien et vieux français.

FENALET, s. m. Sorte de pierre fort dure, excellente pour bâtir, et qui se tire des rochers de Meillerie. Un mur en fenalet.

FENDANT, adj. m. Un raisin fendant est celui qui se fend sous la dent, celui dont la gousse reste adhérente à la pulpe lorsqu'on le mange. L'opposé de raisin fendant est raisin rafeux.

FEND-L'AIR, s. m. Cheval qui fend l'air, coursier.

FENER, v. n. Faner, tourner et retourner l'herbe d'un pré fauché, pour la faire sécher. Les dames elles-mêmes fenaient à côté des ouvrières. Terme suisse-roman et français populaire. Féner, avec un accent sur l'e, se trouve dans quelques dictionnaires.

FENEUR, FENEUSE, s. Faneur, faneuse. On invita les feneuses à ce bal champêtre. Terme français populaire.

FENICULES, s. f. pl. Follicules de séné.

FENIÈRE, s. f. Fenil, grenier dans lequel on serre le foin. Terme méridional et vieux français.

FÉRÂ, s. f. Poisson qui est propre à notre lac. Une belle férâ pèse jusqu'à trois livres. On appelle férâ du travers, celle que l'on pêche sur le travers, c'est-à-dire, sur le banc de sable qui coupe le lac près de Genève, entre Cologny et Sécheron. De Saussure fait le mot férâ masculin. [Voyage dans les Alpes, t. 1er, p. 16.]

FÉRÂ, s. f. Au sens figuré ce mot signifie: «Le cœur.» Dis voir, Christophe, la vue de cette exécution (1850) ne t'a-t-elle pas diantrement remué la férâ? Nous disons proverbialement de deux personnes qui se querellent à outrance: Elles se mangent le foie et la férâ.

FERLATER, v. a. Du vin ferlaté. Terme méridional. A Paris le peuple dit: Farlaté. Le mot français est: «Frelaté.»

FERMATURE, s. f. Fermeture.

FERMENTE, s. f. Ferrure, garniture de fer. La fermente d'un buffet. Terme suisse-roman. En Dauphiné et en Languedoc on dit: Féramente.

FERMENTER, v. n. Le foin fermente. Dites: Le foin sue.

FERRATAILLE, s. f. Vieille ferraille, fer inutile et rouillé. Terme savoisien.

FERRON, s. m. Petit traîneau ferré, à l'usage des jeunes garçons, pour glisser sur la neige ou sur la glace. Aller en ferron. Tomber de ferron.

FERRONNEUR, s. m. Celui qui va en ferron.

FERTIER ou MARCHAND FERTIER, s. m. Ferronnier, marchand de fer. Terme vaudois et savoisien. On dit à Lyon: Ferratier.

FÊTE À DIEU, s. f. Fête-Dieu.

FEU (LE). Jouer au feu. Ce jeu d'enfant est appelé en France: «Jeu du moulin.»

FEU, s. m. Hêtre, fayard. Feu se dit au village de Veirier, à Monetier et lieux circonvoisins. En Languedoc on dit: Fâou; en vieux français, fau.

FEUILLE, s. f. Feuillet, deux pages d'un livre. Distrait dans ma lecture, je tournai deux feuilles à la fois.

FEVROTTER, v. n. Avoir la fièvre. Ce verbe n'est employé, je crois, que dans ce proverbe des campagnards: Se fevry ne fevrotte, mâr marmotte. «Si février ne tremble pas la fièvre,» c'est-à-dire: Si les rigueurs du froid ne tombent pas sur le mois de février, «c'est mars qui en souffre,» c'est-à-dire: Les rigueurs tombent sur le mois de mars. Voici le proverbe vaudois: Se févrai ne févrotte, mar vein ke to debliotte (mars vient qui déblotte et détruit tout). Voyez DÉBLOTTER, p. 137.

FIBRE (UN). Fibres délicats; fibres tendus; longs fibres. Solécisme fréquent, qui nous vient du vieux français, où ce mot était masculin. Au milieu du dix-huitième siècle, le grammairien Féraud faisait encore fibre masculin.

FICHAISE, s. f. Terme trivial. Chose de peu d'importance, bagatelle, vétille, niaiserie. La belle fichaise! Dire des fichaises. Français populaire.

FICHIMASSER, v. n. Terme trivial. Vétiller, s'amuser à des bagatelles. Français populaire.

FIDÉS, s. f. pl. Des fidés blanches, des fidés jaunes. Terme suisse-roman et savoisien. Le mot français est: «Vermicelle.» En gênois on dit: Fidei; en languedocien, fidêou. Le mot espagnol fideos veut dire: Corde de luth. R. latin, fides.

FIELLEUX, EUSE, adj. Atrabilaire, rancunier, haineux, froidement méchant, vindicatif. Un homme fielleux; un caractère fielleux. Terme fort expressif, qui manque dans l'Académie et même dans Boiste (6e édition). Mr Bescherelle lui donne un sens qu'il n'a pas chez nous.

FIERTE, adj. fém. Fière. Tu fais bien la fierte, Marion. Tu es fierte de ton joli bonnet à dentelle. Terme fort usité à Carouge et qui n'est pas inconnu dans les autres cantons de la Suisse romane.

FI ET FAIT ou FIEFFET, adj. masc. Un fieffet menteur; un fi et fait bandit. Écrivez «Fieffé,» et prononcez la dernière syllabe comme celle du mot étouffé.

FIÈVRE DES VEAUX, s. f. Tremblement, frisson après le repas. L'expression française est: «Fièvre DE veau. Avoir la fièvre DE veau.»

FIFRER, v. a. (fig.) Avaler, dévorer, dissiper. Il a fifré six verres de vin de suite. Ce jeune homme a fifré tout son bien. [P. G.] Quelques-uns disent: Fifer.

FIGÂCE, s. f. Galette, gâteau plat fait de fleur de farine. Figâce aux pommes, figâce aux prunes, etc. Dans le midi de la France on dit: Fougasse; en Bourgogne, fouace, terme recueilli par les dictionnaires.

FIGEAU, adj. masc. Penaud, consterné, pris, attrapé, dupé. Être figeau. On dit aussi: Fligeau.

FIGER (SE), v. pron. (fig.) Rester immobile d'étonnement, être stupéfait.

FIGUETTE, s. f. Fiole, flacon.

FIGURE, s. f. Se laver la figure. Avoir la figure mâchurée. Il reçut un coup de poing à la figure. Dans ces exemples et les analogues, employez le mot «Visage.» Se laver le visage; recevoir un coup au visage, etc.

FIGURER (SE). Il se figure de pouvoir réussir. Retranchez la préposition et dites: «Il se figure pouvoir réussir.»

FIL, s. m. Main, vrille. Les fils de la vigne; les fils des fraisiers. Terme dauphinois et languedocien.

FIL, s. m. (fig.) Le fil de la langue. On ne lui a, certes, pas coupé le fil de la langue. Le mot français est: «Filet.» Le filet de la langue.

FIL, s. m. Parler à fil. Se dit d'un babillard, et signifie: Avoir un flux de bouche, bavarder.

FILAGRAMME, s. m. Filigrane, ouvrage d'orfévrerie en filets à jour. Français populaire.

FILÉE, s. f. Longue file. Une filée de voitures; une filée de chambres. Sur ce propos il lui lâcha une filée de sottises. On voyait une filée considérable de promeneurs monter le Pas de l'Échelle.

FILER, v. a. (fig.) Nous disons proverbialement d'un homme dont la santé, ou les affaires, ou la réputation déclinent: Il file un mauvais coton. Tous les dictionnaires disent: «Il jette un mauvais coton.»

FILET DE CHEVAL, s. m. Le mot français est: Émouchette.

FILIÈRE, s. f. Terme de maçon. Brancard pour porter les pierres.

FILLASSE, s. f. (ll mouillés.) Signifie: 1o Une fille de mœurs irrégulières; 2o Une grande et grosse fille dégingandée et débraillée. Terme méridional.

FILLE DE CHAMBRE. On dit aujourd'hui: Femme de chambre.

FILLERET, s. m. (ll mouillés.) Dameret, damoiseau.

FILLEULE ou FILLOLE, s. f. (ll mouillés.) Terme de jardinier. Bouture, œilleton pris au pied des artichauts. Lever des filleules. Expression méridionale. Dans le canton de Vaud on dit: Filleuse; dans le Berry, et ailleurs sans doute, on dit: Fille (des filles d'artichaut).

FILLIOL, FILLIOLE, s. Filleul, filleule. Il nous montrait d'un air satisfait la page d'écriture de son filliol. Terme vieux français et français populaire. Dans le dialecte parisien on dit: Fillot.

FILOCHER, v. a. Faire de la filoche ou du filet. Un fichu filoché. Elle apprenait à son jeune garçon à filocher. Terme utile et bien fait.

FILS (LE). As-tu rencontré le fils Bazoche depuis son retour?... Et le fils Meytral, l'as-tu vu? Cette expression triviale doit se remplacer par celle-ci: As-tu rencontré Bazoche le fils? As-tu vu Meytral le fils? Mais on peut dire: La mère Bazoche, le père Meytral, etc.

† FINITION, s. f. Fin, dénouement, achèvement, conclusion. La finition du procès.

FISTE, s. f. Foi. Ne s'emploie que dans cette exclamation: Ma fiste! Par ma fiste! Terme provençal.

FIOU. Terme d'écolier, qui équivaut à: Fini, achevé, terminé. C'est fiou; voilà qui est fiou; fiou tâche et ouvrage!

FIOÛLER et FIULER, v. a. Fioler, boire à longs traits, siroter. Ils fioûlèrent toute la nuit. En un clin d'œil les quatre bouteilles furent fioûlées.

FIOÛLEUR, s. m. Fioleur, buveur intrépide.

FITRIPIS ou FITREPIS, s. m. pl. (s muet.) Chiffons, vieilles nippes. Un tas de fitripis; un tiroir plein de fitrepis.

FIXER QUELQU'UN. Le regarder fixement. Je t'ai longtemps fixée, Augustine, sans te reconnaître. Cette expression, blâmée de tous les grammairiens, a eu récemment pour avocat Mr Bescherelle aîné, dans son Dictionnaire National: ouvrage d'ailleurs très-remarquable, mais où la plupart des barbarismes de la langue ont trouvé asile et protection.

FLAIRER, v. n. Ce réséda flaire comme baume. Dites: Ce réséda fleure comme baume. Flairer est un verbe actif. («Flairer un bouquet.») Fleurer est un verbe neutre.

FLAÎRON, s. m. Enfant qui se fait soigner à l'excès, enfant gâté et pleurard. Le portrait du Flaîron a été tracé par Mr J.-F. Chaponnière, dans l'Album de la Suisse romane, t. Ier.

FLAÎRONNER, v. a. Gâter un enfant, le dorloter, le choyer. Juliette aime à se faire flaîronner.

FLAMBANT, ANTE, adj. (fig.) Brillant, éclatant, myrobolant. Un repas flambant; un discours flambant; un habit flambant; une toilette flambante. Expression heureuse, qui n'a pas d'équivalent exact dans la langue des dictionnaires.

FLAMBÉE, s. fém. Feu clair, vif et qui n'est fait que pour un instant. Allons! vite une flambée et nous partons. Cette petite flambée nous avait tout ragaillardis. Terme berrichon, normand, picard, etc.

† FLAMBOISE, s. f. Framboise. Confiture aux flamboises. Terme lyonnais et méridional. En rouchi on dit: Flambesse.

FLAMMER, v. n. Flamber, jeter ou donner de la flamme. Ce feu ne veut pas flammer. Terme suisse-roman, etc. Dans le Roman de la Rose, flammant signifie: Flamboyant.

FLÂNÉE, s. f. Rossée, fouettée à coups de verges.

FLÂNER, v. a. Donner, appliquer, sangler, flanquer. Flâner une volée. Elle lui flâna un soufflet. Se flâner, v. pron. se donner. Se flâner un verre de vin sur la conscience.

FLANQUER (SE), v. pron. Ne se dit qu'en mauvaise part, et signifie: Commencer à, se mettre à. Au lieu de répondre à ton professeur, tu te flanques à rire. Nos deux nigauds ne font ni un ni deux, ils se flanquent à table les premiers. «Flanquer,» terme français populaire, signifie: Lancer, jeter brusquement. «Flanquer un coup de poing. Se flanquer dans la boue.» [Acad.]

FLAPPE, adj. Signifie: 1o Flétri, fané, blet, pourri; 2o Flasque, mou, lâche. Une poire flappe, une rave flappe. Terme fort connu de nos campagnards et de ceux du canton de Vaud.

FLAPPET, ETTE, adj. Diminutif de flappe. Dans ces deux mots la lettre l étant mouillée, forme une onomatopée.

FLAQUE, adj. Mou, sans vigueur, sans ressort. Se dit des personnes et des choses. Flaque, dans le dialecte rouchi, signifie: Poltron. S'aflaqui, dans le patois languedocien, signifie: Devenir lâche, s'amollir.

FLÂR, s. m. Senteur, odeur, vapeur. Le flâr du rôti. Le flâr d'un estaminet. Il venait de cette allée un flâr empesté. En vieux français, flâreur, s. f., a le même sens.

FLASQUE, s. fém. Poire à poudre, sorte de bouteille pour mettre soit la grenaille, soit la poudre. Une flasque en peau. Une flasque en corne. Terme suisse-roman, savoisien, méridional et vieux français. On disait anciennement: Flascon pour «Flacon.»

FLATIBOLAGE, s. m. Action de flatiboler. Voyez ce mot.

FLATIBOLER, v. a. Flatter, cajoler, enjôler. Rusé que tu es, après nous avoir fait endêver toute la semaine, tu viens le samedi soir nous flatiboler. Expression charmante, connue dans le canton de Vaud, et peut-être ailleurs.

FLATIBOLEUR, s. m. Flatteur, cajoleur, enjôleur, patelin. Petit flatiboleur, je vois assez clairement où tu en veux venir.

FLAU, s. m. Prononciation vicieuse du mot Fléau (instrument à battre le blé), lequel mot forme deux syllabes. La prononciation flau se retrouve à Lyon, en Dauphiné, dans le Limousin, et ailleurs.

FLÉCHON, s. m. Petite flèche pour l'arbalète.

FLEGME (UNE). Une flegme épaisse. Ce mot est du genre masculin. «Un flegme épais.»

FLEUME ou FLEMME, s. m. Flegme, pituite, glaire. Rejeter des fleumes. Terme picard et vieux français. A Paris le peuple dit: Flume.

FLEUR DE PÊCHE, s. f. Fleur de pêcher. L'expression Eau de fleur d'orange se trouve dans le dictionnaire de l'Académie, t. II, p. 730, au mot «Sentir.»

FLEURIER, s. m. Drap de toile forte qu'on étend sous la table pendant le repas. Mettre le fleurier. Ôter le fleurier. Secouer le fleurier. Terme vaudois. A Chambéry on dit: Florier. Dans le Jura on appelle fleurier une pièce de grosse toile qu'on met sur la lessive pour contenir les cendres. Cette même toile s'appelle en Dauphiné et dans tout le Midi: Flourier; en français, «Charrier.»

† FLEUTRE, s. m. Chapeau de fleutre. Dites: «Feutre.»

FLIBUSTER, v. a. Tromper.

FLIGEAU ou FLIGEOT, adj. masc. Ne se dit que des personnes et signifie: 1o Dupé, trompé, floué; 2o Flambé, perdu. Il se retira tout fligeau. Je vois bien qu'ils m'ont mis dedans et que je suis fligeau. On dit aussi: Figeau.

FLON, s. m. Flan, tarte faite avec des œufs, du sucre et de la crème. Terme français populaire. Flan s'écrivait autrefois flaon, que les uns prononçaient flon, et les autres flan, comme nous prononçons ton et tan le mot «Taon.»

FLORIN, s. m. Nous disons proverbialement de quelqu'un qui a fait une mauvaise spéculation commerciale ou autre: Il a fait de son florin cinq sous. (Le florin de Genève, aboli depuis quelques années, valait quarante-six centimes.) L'expression française proverbiale est celle-ci: «Il a fait de cent sous quatre livres, et de quatre livres rien.» [Acad.]

FLOTTE, s. f. Écheveau. Flotte de fil; flotte de soie; flotte de chanvre. Terme vaudois et méridional.

FLÛTE, s. f. L'Académie dit: «Ce qui vient de la flûte s'en retourne au tambour.» Nous disons à Genève: Ce qui vient par la flûte s'en va par le tambour; et l'on trouve ce proverbe exprimé de la même manière dans le Dictionnaire des Proverbes de Le Roux [Lyon, 1735].

FOIE, s. m. Nous disons d'un homme bizarre, original, et qui ne fait rien comme les autres: Il a le foie blanc.

FOIN, s. m. Nous disons proverbialement: Année de foin, année de rien; ce qui veut dire que les années pluvieuses ne sont pas, dans notre pays, favorables à l'ensemble des récoltes.

FOIS (LA). La fois que tu es venu me voir; la fois que nous voyageâmes ensemble, etc. Ces phrases ne sont pas correctes. Il faut dire: «Le jour que tu es venu me voir,» ou il faut chercher une tournure différente.

FOIS (DES). Locution adverbiale qui signifie: 1o Quelquefois, de temps à autre; 2o D'aventure, par hasard. Je suis des fois obligé de me fâcher. Que me voulez-vous, brave femme?—Oh là, Madame, on m'envoye vers ces dames, pour si des fois elles avaient occasion de fil ou de chevillères. Français populaire.

FOLACHE, s. f. Femme bizarre, singulière, extravagante, femme qui a le timbre un peu fêlé. Laissons cette folache, et partons. Folache est aussi adjectif. Convenez que votre amie est tant soit peu folache.

FOLÂTRE (UN). Un homme qui a des singularités, des bizarreries choquantes. Ce folâtre ne va-t-il pas lui-même acheter son beurre et ses œufs au marché? En français, «Folâtre» a un autre sens.

FOLIU ou FOLLIU, s. m. (ll mouillés.) Le foliu est une réjouissance que font les petits bouviers ou bovairons le premier dimanche de mai. L'un se couvre le buste d'une enveloppe de feuillage garnie de fleurs et de rubans, et va avec quelques camarades faire la quête chez les particuliers, dont les uns donnent de l'argent, les autres du pain, ceux-ci du vin, ceux-là de la farine, des œufs ou des fruits. Ces jeunes gens s'amusent le reste de la journée à friper le produit de leur quête. [P. G.] En patois, foliu signifie: «Garni de feuilles.» On disait en vieux français: Foillu.

FONCÉ, ÉE, adj. Entièrement plein. Un cuvier foncé.

FOND, s. m. Nous disons: Un fond d'artichaut. Dans quelques provinces de France on dit: Un portefeuille d'artichaut. Les dictionnaires disent: «Un cul d'artichaut.»

FOND, s. m. Ampleur. Cette culotte manque de fond. Ce caleçon a trop de fond. Terme méridional, etc.

FOND, s. m. Terme de baigneur. Endroit où l'eau arrive au-dessus des épaules du baigneur. Prendre son fond. Avoir son fond. Nager plus loin que son fond.

FONDRAILLONS, s. m. pl. Fondrilles, effondrilles, résidu, dépôt, sédiment. Terme suisse-roman.

FONFONNER, v. a. Remplir à tel point une tasse, une écuelle, un pot plein, que le liquide s'en répand par les bords.

FORT, adv. La voiture allait très-fort. Dites: La voiture allait très-vite, très-rapidement.

FORT, adv. Je sais fort, signifie: Qu'en sais-je? Le sais-je moi-même? Comment le pourrais-je savoir? Sais-tu, Nicolette, si tu auras la permission de sortir dimanche?—Je sais fort: notre bourgeoise est si quinteuse. Cette expression, Je sais fort, marque le plus souvent un doute désagréable, et s'emploie quand on est de mauvaise humeur.

FORTUNE (LA BONNE). Se faire dire la bonne fortune, signifie: Se faire dire la bonne aventure.

FORTUNÉ, NÉE, adj. Beaucoup de personnes, dans tous les pays où l'on parle français, croient que l'adjectif fortuné signifie: Riche, opulent. Vous pouvez faire cette dépense, vous autres qui êtes fortunés. Si j'étais fortuné, je m'achèterais une campagne et j'y vivrais. Ce sens du mot fortuné n'est pas français. Ouvrez les dictionnaires, et vous verrez que «fortuné» signifie: Heureux, qui a du bonheur. On peut être fortuné et n'être pas riche.

FOSSOYEUR, s. m. Ouvrier qui fossoie. En français «fossoyeur» ne se dit que de celui qui creuse les fosses pour les morts.

FOU (DE). Nous disons: Un mal de tête de fou. Le nouveau roman de George Sand a obtenu un succès de fou. Ce petit volume nous a coûté un argent de fou, etc. Il faut dire: Un mal de tête fou; un succès fou; un argent fou, c'est-à-dire: Excessif, prodigieux. Cette faute, si fréquente à Genève, n'est signalée nulle part.

FOUDRES, s. m. pl. Faire les foudres. Se mettre dans une extrême colère, s'emporter jusqu'à la rage. Tu es bien agitée, Janneton?—On le serait à moins. J'ai eu le malheur de payer une tomme 20 centimes au lieu de 18, et voilà que notre maîtresse m'agonise et fait les foudres.

FOUETTE, s. f. Terme de pêcheur. Sorte de ligne. Pêcher à la fouette.

FOUETTE ou FOUATTE, s. f. Terme de tir. Sorte de baguette dont le cibarre (ou marqueur) se sert pour signaler et montrer les coups au fur et à mesure qu'ils se font.

FOUETTÉE (UNE). Mériter la fouettée. Donner, appliquer une fouettée à un enfant. Recevoir la fouettée. L'Académie dit: «Une fessée.»

FOUETTER, v. a. (fig.) Terme de tir. Se dit du marqueur ou cibarre, et signifie: Indiquer par un signe convenu que le coup du tireur n'a pas touché la cible. Un coup fouetté, est un coup perdu, un coup qui n'a pas touché la cible. Sur six coups, Walter en a eu quatre de fouettés.

FOUGNER, v. a. Fouiller. Les gabeloux négligèrent de nous fougner.

FOUINE, s. f. Coïncidence de rayons du soleil avec la pluie.

FOUINER, v. n. et act. Fouiller, fureter comme une fouine. Il va fouinant partout. Que fouines-tu là? Quand cesseras-tu de fouiner dans cette dépense? Terme valaisan, savoisien et limousin. Dans les dialectes de la France septentrionale, fouiner signifie: Fuir comme une fouine.

FOUINET ou FOUINEUR, s. m. Furet, fureteur. C'est un fouinet, qui fourre son nez où il n'a que faire.

FOUR, s. m. Nous disons: Faire au four. On dit en français: Cuire au four. Les boulangers ne font pas au four le jour de Noël. Expression suisse-romane et gasconne.

FOUR, s. m. Commander au four. Retenir place au four.

FOUR, s. m. Le proverbe: On ne peut pas être à la fois au four et au moulin, proverbe si connu chez nous, n'est pas dans les dictionnaires usuels; mais le vieux Dictionnaire français-anglais de Cotgrave en fait mention.

FOURCHU, CHUE, adj. Pied fourchu. Pied fourché, pied fendu.

FOURGOUNER, v. a. Fourgonner, remuer la braise, tisonner.

† FOURMI (UN). Une fourmi. Dans le Berry et ailleurs, les campagnards font aussi ce mot masculin.

FOURNEAU, s. m. Se chauffer à un fourneau. Plusieurs personnes préfèrent les fourneaux aux cheminées. Ce que nous appelons fourneau s'appelle en France «Poêle.» Le mot «Fourneau» est français dans un autre sens.

FOURRE, s. f. Fourreau, taie, têt. Une fourre d'oreiller. Une fourre de parapluie. La fourre du canapé. Terme suisse-roman. Dans le patois du Faucigny, fó-ră (fourre) signifie: Bogue, enveloppe épineuse de la châtaigne.

FOUSSOIR, s. m. Fossoir, houe.

FOUSSOYER, s. m. Fossoyer, labourer au hoyau.

FRACTION, s. f. Effraction. Un vol avec fraction. Terme languedocien.

FRAIDIEU, s. f. Nom que les bateliers du lac de Genève donnent au vent quand il fraîchit ou qu'il devient plus fort. [P. G.]

FRANC, CHE, adj. Être franc comme l'or. Il est franc comme l'or, se dit de quelqu'un d'honnête, de probe, de loyal. Expression languedocienne, etc.

FRANC DE COLLIER. Cheval franc de collier. Dites: Cheval franc DU collier. Au sens figuré: «Être franc DU collier,» signifie: Suivre toujours la ligne du devoir et de l'honneur. [Acad.]

FRANCHIPANE, s. f. Frangipane.

FRANCHIR, v. a. Affranchir, couper, tailler. Franchir l'extrémité d'une branche; franchir les racines d'un arbuste avant de le replanter. Terme des campagnards et des ouvriers.

FRANCILLON (UN). Un Français. Terme de dénigrement, créé vers la fin du dix-septième siècle, lorsque, à la révocation de l'Édit de Nantes, un très-grand nombre de familles françaises se réfugièrent dans notre ville et y exercèrent leur industrie, aux dépens et au grand déplaisir de quelques artisans nationaux. Une chanson composée à cette époque, et que nous avons sous les yeux, témoigne de cette mauvaise disposition des fabricants genevois.

FRAUDÉ, DÉE, part. Du vin fraudé; de l'eau-de-vie fraudée. Ce sens très-répandu du verbe «Frauder» n'est pas dans les dictionnaires. L'expression française est: «Frelater.» Vin frelaté. Eau-de-vie frelatée.

FREGALE, s. f. Rondin de bois à brûler.

FREGALON, s. m. Grosse bûche ronde.

FRELOQUE, s. f. Caprice, boutade, lubie. Il lui prit une freloque, et il nous planta là.

FRELORE, adj. Perdu. Voilà mon argent frelore. Me voilà frelore. R. allem. verloren.

FRENÉSIE, s. f. Écrivez et prononcez «Frénésie.»

FREPPE, s. f. Frette, lien de fer qui retient le moyeu de la roue.

FRÉQUENTATION, s. f. Cour honnête et avouée que reçoit une jeune ouvrière ou une domestique, et qui doit aboutir au mariage. Avoir une fréquentation. Expression consacrée.

FRÉQUENTER, v. n. Dans le langage des ouvrières et des domestiques, ce mot se prend en bonne part et signifie: Recevoir la cour d'un jeune homme, avoir un bon ami. Elle n'est pas encore mariée, elle fréquente.

FRÉSURE, s. f. Terme de boucherie. Fressure.

FRÊTE, s. f. Faîtage, crête. La frête d'un toit; la frête d'une montagne. «En suivant la frête de la montagne noire, etc.» [De Saussure, Voyage dans les Alpes, t. Ier, p. 500.] Terme suisse-roman et savoisien. Dans l'évêché de Bâle on dit: Le frête. Dans le dialecte rouchi, frête signifie: Élévation le long d'un fossé qui borde un champ.

FRICASSER, v. neutre. Avoir excessivement chaud. Touche voir mes mains, comme je fricasse. On fricasse dans cette chambre vers ce fourneau. Terme suisse-roman.

FRICASSER (SE)., v. pron. Se brûler involontairement une partie du corps. La pauvre Drion s'est toute fricassée en fondant son beurre.

FRIGOUSSE (LA). Le fricot, la bonne chère. Faire la frigousse. La femme N** entend bien la frigousse; c'est une bonne FRIGOUSSEUSE. Terme français populaire.

FRILIEUX, EUSE, adj. Frileux, qui est sensible au froid. Faute générale qui nous vient du vieux français, où ce mot s'écrivait Frilleux (ll mouillés).

FRINGALLE, s. f. Faim-valle, appétit dévorant. Avoir la fringalle. Terme français populaire.

FRISQUIN (LE). Le frusquin, le saint-frusquin, l'avoir d'une personne, le petit argent qu'elle a épargné. Il a gaspillé tout son frisquin, tout son saint-frisquin. Terme français populaire.

FRITIÈRE, s. f. Voyez FRUITIÈRE.

† FROID (LA). Endurer la froid. Solécisme très-répandu en Suisse et en France.

FROID (PRENDRE). Être surpris par le froid, avoir un refroidissement. Ôte-toi de cette fenêtre, tu prendras froid. Cette expression, si familière en Suisse, n'est pas inconnue en France, mais elle n'a l'autorité d'aucun dictionnaire usuel.

FROISSURE, s. f. Froissure de chevreau. Terme suisse-roman et savoisien. On dit en français: «Fressure.»

FROMENT ou FROUMAIN. Terme des campagnards. Bœuf dont le poil est d'un rouge tendre comme le froment. Zouli, Froment! sont des dénominations aussi usitées en Savoie et dans le Jura que chez nous.

FRONCER, v. neutre. Terme de modiste. Goder, faire des faux plis. Cette robe fronçait; cette manche fronce encore. «Froncer,» v. actif, est français.

FRONÇURE, s. f. Le mot véritable est: «Froncis.»

FROUILLE, s. f. Tricherie, fraude au jeu.

FROUILLER, v. n. Tromper au jeu, tricher. Si tu frouilles encore une fois, je ne joue plus. Terme suisse-roman.

FROUILLERIE, s. f. Tricherie, fraude au jeu.

FROUILLEUR ou FROUILLON, s. m. Tricheur.

FROÛLER (SE), v. pron. Se frôler, se frotter.

† FROUMILIÈRE, s. f. Détruire une froumilière. Dites: «Fourmilière.» Dans le Berry on dit: Froumi pour: «fourmi;» en vieux français, fromi; à Reims, freumi, et dans notre patois, fremi.

FRUIT, s. m. Manger un fruit. Mangeriez-vous un fruit? Cette locution n'est pas admise. L'Académie et les grammairiens veulent qu'on dise: Manger DU fruit, ou qu'on spécifie le fruit dont il est question. «Mangeriez-vous une pêche? Mangeriez-vous un abricot?»

FRUITE, s. f. Terme des campagnards. Cidre, vin de fruit. Faire la fruite.

FRUITIER, s. m. Fromager, celui qui fait le beurre et le fromage dans les fruitières. Terme suisse-roman et franc-comtois.

FRUITIÈRE, s. f. Fromagerie, laiterie, établissement où l'on fait le beurre et le fromage.

FUMERIE, s. f. Habitude de fumer du tabac, habitude de beaucoup fumer. Crois-moi, Gustave, renonce à la fumerie. La fumerie prend chaque jour plus d'extension.

FUMET, s. m. Fumeron. Prenez mon chauffe-pied, Fanchon, et ôtez-en le fumet. Terme vaudois, neuchâtelois et savoisien. On dit en Lorraine: Un fumant.

FUMETERRE (LE). Plante très-commune dans les champs. Ce mot est du genre féminin. «Une fumeterre.»

FUMIER, s. m. (fig.) Vieille chose, objet de rebut et qui embarrasse dans une maison. À notre prochain déménagement nous nous débarrasserons de tous nos fumiers.

FUR ET MESURE (AU). Travaillez sans crainte, on vous payera au fur et mesure. Il faut dire, selon les dictionnaires: «Au fur et à mesure,» ou bien: «À fur et mesure,» ou: «À fur et à mesure.»

FURON (LE). Le furet, amusement de société, qui consiste à se passer l'un à l'autre un objet, une clef, par exemple, avec assez de rapidité et d'adresse pour que cet objet échappe à la personne qui doit le saisir. Faire au furon. Jouer au furon. «Il a passé par ici, le furon du bois, Mesdames; il a passé par ici, le furon du bois joli.» Ces rimes se chantent pendant que le furon circule entre les joueurs. Le nom français de ce jeu est: «Jeu de la savatte.»

FUSÉ, SÉE, adj. Se dit surtout du bois qui est vieux et vermoulu. Poutre fusée. Sapin fusé. On appelle linge fusé, celui que l'humidité, ou le soleil, ou le laps du temps ont endommagé. Un rideau fusé.

FUSÉES, s. f. pl. (fig.) Faire des fusées. Vomir. Dans le langage parisien populaire on dit: Jeter des fusées. [Voyez le Dictionnaire du Bas langage, t. II.]

FUSER (SE), v. pron. Se dit des personnes, et signifie: Tomber en langueur, se consumer, dépérir. Depuis la mort de son enfant, cette jeune dame est inconsolable; elle ne dort plus, elle ne mange plus, elle se fuse. Ce verbe s'emploie aussi à l'actif: La jeune Éléonore a un esprit ardent et une imagination qui la fusent. Expressions remarquables, inconnues aux dictionnaires.

FUSTE, s. f. Sorte de tonneau. Terme suisse-roman et savoisien. En provençal fusto, et en vieux français fust, signifient: Pièce de bois de charpenterie. De ce mot fust s'est formé le vieux mot de fusterie, qui veut dire: Chantier, atelier de charpenterie. Une de nos principales places publiques s'appelle Place de la Fusterie.

FUSTIER, s. m. Marchand de planches, de chaux et de gypse. Terme vieux français. Dans le midi de la France, fustier signifie: «Charpentier.»

G

† GABINET, s. m. Un gabinet sur le devant. Un gabinet à six fenêtres, etc. Terme vieux français. On dit aujourd'hui: «Cabinet.»

GABIOLON, s. m. Cabinet borgne, petit gabion. [P. G.]

GABION, s. m. Bouge, cabinet qui sert de galetas. Loger dans un gabion. En languedocien, gabio veut dire: Une cage. En provençal, gabiolo signifie: Prison, maison de détention.

GÂCHE, s. f. Foin qui a crû dans un pré gâcheux.

GADIN, s. m. Layette; c'est-à-dire: Linge, langes, maillot et tout ce qui est à l'usage d'un enfant nouveau-né. Faire le gadin. Donner le gadin. Expression consacrée.

GADROUILLAGE, s. m. Action de gadrouiller, ou résultat de cette action. Faire un gadrouillage; faire des gadrouillages.

GADROUILLE, s. f. Mauvaise sauce, mauvaise boisson. Ce n'est pas de la soupe que vous nous donnez là: c'est une gadrouille, c'est de la gadrouille. Terme suisse-roman.

GADROUILLER, v. n. Se dit ordinairement des enfants, et signifie: Tripoter avec de l'eau, agiter sans précaution ou salement de l'eau avec les mains. Les deux petites filles trouvèrent la seille pleine, et se mirent à gadrouiller. Terme suisse-roman. Dans le dialecte rouchi on dit: Gadouiller; à Lyon, gabouiller.

GADROUILLON, ONNE, subst. Celui ou celle qui gadrouille.

GAFOUILLER, v. a. et n. Tacher avec de l'eau sale, salir. Se dit surtout des petits garçons et des petites filles. On t'avait mis ce matin un tablier propre, Elisabeth, et le voilà gafouillé. Au sens réfléchi, se gafouiller, signifie: Se salir en tripotant avec de l'eau malpropre; en provençal, gaffouya, barboter dans l'eau comme font les canards.

GAGE, s. m. Le gage d'une domestique, le gage d'un cocher. Augmenter le gage d'un commis. Pris dans cette acception, gage ne s'emploie qu'au pluriel: «Payer les gages, diminuer les gages.»

GAGER, s. m. Fripier.

GAGÈRE, s. f. La gagère fera l'estime des meubles. Terme vaudois et savoisien. On dit en français: «Fripière.»

GAGNER, v. a. Mr R** gagne d'être connu. Dites: Mr R** gagne À être connu. [Acad.]

GAGNER À SON AVANTAGE. À mesure que notre petite Alexandrine grandit, elle gagne beaucoup à son avantage. Gagne-t-on à son désavantage?

GAGUI, s. f. Femme ou fille éhontée, dont la mise annonce le désordre et la crapule. Une dégoûtante gagui. Terme vaudois et neuchâtelois. Dans le vieux français, gagui ou gaguie se disait d'une grosse femme, fraîche et enjouée.

GAI, GAIE, adj. Se dit figurément d'une chose qui est au large dans sa place, dans son lieu. Cette vis est trop gaie, trop libre, elle ne tient pas. Ma tabatière était trop gaie, elle s'est ouverte dans ma poche. Cette nourrice a le lait gai. Terme dauphinois, lorrain, etc., qui n'a point d'équivalent exact en français. Le dictionnaire de Trévoux [1721] avait relevé ce sens, qui a été abandonné à tort par la plupart des lexicographes subséquents. Laveaux l'a recueilli, mais il ne le donne que comme terme de marine: Un mât libre.

GAIEMENT, adv. (Au sens figuré.) Cette vis entre trop gaiement, c'est-à-dire: Elle est trop libre, elle ne serre pas assez.

GAILLEMÂFRER, v. a. Bâfrer, dissiper en excès de table.

GAILLEPAN, s. m. Mauvais drôle, chenapan, bandit, vagabond. En Normandie, on dit: Galapian; dans le Berry et en Picardie, gaillepat; dans le bas Limousin, golopian, etc.

GALAMAR, s. m. Écritoire. Voyez CALAMAR.

GALANCER (SE), v. pron. Terme des campagnards. Se balancer.

GALANDAGE, s. m. Cloison hourdée, cloison faite de bois et de gypse. Ce n'est pas un mur, c'est un simple galandage. Deux coups de hache ont suffi pour enfoncer le galandage. Terme lyonnais. En Franche-Comté on dit: Galandure. Dans le canton de Vaud, un galandage est une cloison en briques.

GALAVARDE, s. f. Petite fille qui aime à courir avec les garçons, ou qui en imite les manières. Faire la galavarde. Dans le midi de la France, galavard signifie: Goulu, goinfre, gouliafre; dans le vieux français il signifie: Gros réjoui, homme sans souci, vaurien.

GALAVARDER, v. n. Se dit des petites filles, et signifie: Garçonner, imiter les ébats des garçons, faire des jeux de garçons.

GALÈRE, s. f. Tombereau dont se servent les maçons et qu'ils traînent eux-mêmes. Tirer la galère; transporter du mortier dans la galère.

GALETAS, s. m. Ce mot ne signifie pas: Grenier; il signifie: 1o Logement pratiqué sous les combles; 2o Logement pauvre et mal en ordre. [Acad.]

GALIAUFRE, subst. des 2 genres. Gouliafre, goinfre, glouton. En vieux français, galiofe.

GALIAUFRER, v. n. S'empiffrer, bâfrer, manger avidement et malproprement.

GALIET, s. m. Caille-lait, sorte de plante.

GALIMAUFRÉE, s. f. Galimafrée, fricassée composée de restes de viandes.

GALOP, s. m. Algarade, forte réprimande. Donner un galop; recevoir un galop; il a eu son galop. Français populaire.

GAMBÉE, s. f. D'une gambée on le vit franchir le ruisseau. Nos campagnards disent: Une écambée. Faire une écambée. Dans le canton de Vaud, cambée; en Dauphiné, jambée. Le mot français est: «Enjambée.»

GAMBER, v. a. Gamber un fossé. Le mot français est: Enjamber. Nos campagnards disent: Écamber. Écamber une gouille. Dans le canton de Vaud, camber. En vieux français, gambe ou cambe se disaient pour: «Jambe.»

GAMBION, s. m. Celui qui est contrefait des jambes, celui qui boite en marchant; bancroche. On dit à Lyon: Gambille; dans le Jura, en Bourgogne et dans le Berry, gambi; en Picardie, gambète. Dans le dialecte provençal, bouès gambi signifie: «Bois tortu.»

GAMBIROLET, ETTE, s. et adj. Bancroche, qui a les jambes arquées. En languedocien on dit: Gambèrlié.

GANDIN, s. m. Tapage, grand tapage, scandale. Dis voir, Bosson, quel gandin il y a eu cette nuit dans la montée.

GANDOISES, s. f. pl. Fariboles, sornettes, gravelures, fleurettes. Dire des gandoises; conter des gandoises. Terme suisse-roman, savoisien et méridional.

GANDROUILLE, s. f. Personne malpropre; sale cuisinière. [P. G.]

GANGALER, v. n. Trimbaler, balancer dans ses bras. [P. G.]

GANGANER (SE), v. pron. Se suspendre, grimper pour atteindre à quelque chose. N'allez pas vous ganganer là-haut.

GANGUILLER, v. n. Pendre, être pendu, se pendre. Se dit des personnes et des choses. Il faudra couper ces branches qui ganguillent. Une affreuse pannosse ganguillait à la croisée. Ne te ganguille pas à cette échelle, Pauline, tu pourrais tomber.

GANGUILLES, s. f. pl. Guenilles ou lambeaux qui pendent. Une robe en ganguilles.

† GANIF, s. m. Canif. Tout en flânant darnier le Rhône, je trouva un beau ganif à six lames. Terme suisse-roman, savoisien, franc-comtois, dauphinois, bordelais, parisien populaire et vieux français.

GÂPÉE, s. f. Trotte, longue course. Faire une gâpée.

† GÂPER, v. n. Faire une longue trotte, arpenter beaucoup de terrain. Nos gamins se dépêchèrent de voler des noix et gâpèrent à travers champs. Terme trivial.

GÂPION ou GÂPIAN, s. m. Terme de dénigrement par lequel on désigne les Employés subalternes des douanes, de l'octroi et de la police. Il se prit de querelle avec les gâpions. Terme vaudois, savoisien, limousin, etc. En provençal et en languedocien: Gâbian.

GARAUDE, s. f. Mauvaise poupée, et, figurément, femme ou fille de mœurs relâchées. Terme vaudois. En vieux français, caraulde signifie: Vieille sorcière. Dans le patois de l'Isère, garaudié veut dire: Chenapan, maraud; dans le Berry, garaud, Celui qui ne marche pas d'aplomb.

GARAUDER, v. a. Manier sans soin ou brusquement, maltraiter. Garauder une poupée. Ne lui donnez pas cet enfant à garauder.

GARÇON, s. m. Le garçon à David s'est enrôlé. Notre garçon vient d'être placé dans la Fabrique. Dites: Le fils de David, etc.

GARDE-PAILLE, s. m. Paillasse. Garnir un garde-paille. Terme suisse-roman, savoisien, parisien populaire, etc.

† GARDE-ROBE (UN). Un petit garde-robe. Un mauvais garde-robe. Ce mot est féminin.

GARDE-ROBE, s. f. Armoire. Garde-robe en noyer, garde-robe en sapin; les tablats d'une garde-robe. En Suisse, en Savoie, à Lyon, en Languedoc, garde-robe se dit, comme chez nous, d'une armoire destinée à recevoir les habits, les hardes; mais ce sens n'est pas admis par le bon usage, ni par les dictionnaires. «Garde-robe» signifie: 1o Le cabinet destiné à renfermer des hardes; 2o Tous les habits, toutes les hardes à l'usage d'une personne; 3o Etc. Voyez les dictionnaires.

GARDE-VIGNE, s. m. Surveillant préposé aux vignes, durant l'époque des vendanges.

GARDIATEUR, s. m. Gardien, la personne qui est chargée de garder une saisie. [P. G.]

GARDIATURE, s. f. Garde, surveillance. [P. G.]

GARGATAINE et GARGATE, s. f. Gosier, gorge, cou. Couper la gargataine. Cette soupe m'a brûlé la gargataine. En vieux français, et dans le dialecte parisien populaire, on dit: Gargate. En languedocien, s'engargater veut dire: S'embarrasser le gosier en mangeant trop vite.

GARGORISER (SE), v. pron. Se gargariser. Nous disons aussi: Se gargoliser.

GARGORISME, s. m. Gargarisme.

GARGOTER, v. n. Se dit d'un liquide qui bout fortement. Ton bouillon gargote, Tiennette. Se dit, par analogie, du bruit que fait à la surface de l'eau le souffle d'une personne qui est sous l'eau. Le jeune garçon tomba du bateau, et déjà il gargotait, lorsque... etc. Terme méridional.

GARGOUILLE, s. f. Égout. Les gargouilles se trouvaient bouchées. «Gargouille» est français, mais dans une acception différente.

GARGOUILLER, v. n. Grouiller. Le ventre me gargouille. Les boyaux lui gargouillaient. Français populaire.

GARNEÇON, s. f. Terme de boucherie. Basse viande, réjouissance. Mon boucher croit-il bonnement que je me contenterai d'os et de garneçon? Dans le canton de Vaud et à Rumilly (Savoie), on dit: Garnison. Ce mot de garnison vient de garnir (compléter), et notre mot de garneçon n'est vraisemblablement qu'une corruption de ce terme.

GARNI EN. Une robe garnie en dentelle; une bague garnie en diamants, etc. Dans ces phrases et dans les phrases analogues, mettez la préposition «de,» et dites: Une robe garnie DE dentelle; une bague garnie DE diamants.

GARNIR, v. a. Garnir la salade. Expression méridionale.

GARNISSAIRE, s. m. Écrivez avec un seul s, «Garnisaire.»

GASEMATE, s. f. Écrivez et prononcez «Casemate.»

GASPILLER, v. a. Voler, filouter. Prends-y garde, Madeleine: on nous gaspille. Expression dauphinoise, lorraine, etc. Dans la langue des dictionnaires, «Gaspiller» signifie: 1o Gâter; 2o Prodiguer, dissiper.

GASTRIQUE, s. f. Gastrite. «Gastrique» est l'adjectif; «Gastrite» est le substantif.

GÂTER (SE), v. pron. Se dit du temps et signifie: Se déranger, devenir mauvais. Le ciel se gâte; le temps se gâte, nous aurons de l'eau. Expression fort répandue, mais qui n'est pas consignée dans les dictionnaires.

GATILLON, s. m. Détente d'un fusil, d'un pistolet, etc. Lâcher le gatillon.

GATOLION, s. m. Grumeau, caillot.

GATTANCE, s. f. Faire une gattance. Terme d'écolier. Faire l'école buissonnière, manquer la classe pour aller jouer.

GATTELION, s. m. Fleur et fruit de la bardane.

GATTER, v. n. Faire l'école buissonnière, manquer l'école pour aller jouer. La moitié des écoliers a gatté hier. Si tu gattes encore une fois, Jean-Louis, je te punis sans miséricorde. Terme consacré. Nous disons aussi à l'actif: Gatter l'école.

GATTES (LES). L'école buissonnière. Faire les gattes.

GAUDIR DE QUELQU'UN. Venir à bout de le dompter, se rendre maître de lui. J'ai beau être sévère avec tous ces jeunes garçons, je ne peux pas en gaudir. Le mot français correspondant, mais qui commence à vieillir, est chevir.

GAUFRE (UN). Des gaufres plats. Solécisme fréquent dans la Suisse romane. On doit dire: Une gaufre; une gaufre plate.

GAULÉE, s. f. Averse considérable.

GAULER (SE), v. pron. Se crotter, se salir. Se dit principalement de la crotte qui s'attache au bas des robes. Être gaulé signifie: Être crotté.

GAUME, s. m. Seau traversé par un long manche de bois, et servant à puiser de l'eau ou du lisier.

GAUPE, s. f. Dans le dialecte de nos villageois, ce mot ne se prend point en mauvaise part. Ainsi, pour eux, une belle gaupe est une grosse femme ou une grosse fille, fraîche et attrayante. Dans le canton de Vaud, gaupe se dit d'une femme grosse et robuste.

GAZETTE, s. f. Lire la gazette, se dit d'un cheval ou d'une autre bête de somme, que son maître laisse exposée à l'injure du temps, pendant que lui se tranquillise au cabaret. Le maître fioûle sa bouteille, la jument lit la gazette.

GAZOUILLON, s. m. Terme des campagnards. Margouillis. Se dit surtout du margouillis qui provient d'un mélange de neige fraîchement tombée et de pluie. Gazouillon et Margouillis sont des onomatopées.

GÉANE, s. f. Géante. La merveilleuse géane étonna toute l'assemblée. Français populaire.

GEL, s. m. Gelée. Le mot gel manque dans plusieurs dictionnaires et en particulier dans celui de l'Académie française. Le Complément de ce même dictionnaire, et le Dictionnaire national de Bescherelle [1846], disent que gel, dans le sens de «Gelée,» a vieilli. Nous pouvons affirmer que le mot gel, signifiant: «Gelée,» est d'un emploi habituel chez nous et chez nos proches voisins.

GELÉE AUX GROSEILLES, s. f. Dites: «Gelée DE groseilles.» Dites aussi: Gelée DE pomme, gelée DE framboise, etc.

GELER DE FROID. Geler. Faites-moi vite un grand feu, je gèle de froid. Français populaire.

GELER (SE), v. pron. Geler. Je me gèle ici à vous attendre. Faute très-répandue. «Se geler» n'est français qu'en parlant des choses. «Le mercure peut se geler. Le nez de Mme Z*** se gela au passage du grand Saint-Bernard.»

GEMOTTER, v. n. Signifie: 1o S'impatienter, pester; 2o Languir, être languissant. La pauvre drôlesse, abandonnée de tout le monde, était là à gemotter dans son lit. Ranimez donc ce feu qui ne fait que gemotter. Dans le patois vaudois, gemotta veut dire: Gémir, et dans le patois neuchâtelois, gemiller, s'impatienter. R. Gemo.

GENDRE, s. m. Se faire gendre, signifie, dans son sens le plus large: Se procurer, par un riche mariage, une position douce, confortable, oisive, à laquelle on ne serait jamais arrivé d'une autre manière. Dans un sens plus restreint, se faire gendre se dit facétieusement et dérisoirement d'un jeune homme du haut, qui, ayant une fortune exiguë, des habitudes un peu dispendieuses et un extérieur agréable, choisit pour femme une riche héritière dans la classe bourgeoise. Cette expression originale, se faire gendre, a été créée ou mise en circulation par un charmant article du journal de Mr Petit-Senn. [Voyez le Fantasque de 1835, no 81, p. 322, et la Revue suisse de 1850, livraison du mois de mai, p. 328.]

GENÈVRE, s. m. Des grains de genèvre. Ce terme nous vient du vieux français. Au commencement du dix-huitième siècle, on disait encore indifféremment genèvre et genièvre. «Genièvre» a prévalu.

GENILLÉ, s. m. Nous appelons goût de genillé, un mauvais goût que contractent les volailles qui ont été nourries dans un poulailler petit et malpropre. Geniller veut dire «Poulailler» dans le dialecte du Berry. Djeneuille, dans le patois vaudois, signifie: Poule. Par métathèse, c'est-à-dire par transposition de lettres, ces mots viennent du mot latin gallina, poule.

GENOU, s. m. Nous disons d'un couteau qui coupe mal: Il coupe comme les genoux d'une vieille femme, comme les genoux de ma grand'mère. Expression triviale, consignée dans le Dictionnaire du Bas langage, t. II, p. 10.

GERLE, s. f. Corbeille ronde et peu profonde, destinée à recevoir le légume qu'on porte au marché. En Dauphiné, gerle signifie: Jarre, grand vase de terre. En languedocien, une gerle est un baquet, un grand seau. Voyez JARLOT.

GÉROFLÉE, s. f. Géroflée blanche. Bouquet de géroflées. Terme français populaire. On doit dire: «Giroflée.»

GÉROLE, s. f. Chervis, racine potagère. Dans quelques provinces de France, on dit: Gyrole.

GESSION, s. f. On vient d'ôter à ce jeune dissipateur la gession de sa fortune. Terme parisien populaire, etc. On doit écrire «Gestion» et prononcer gess-tion.

GICLÉE ou JICLÉE, s. f. Signifie: 1o Jaillissement, liquide qui jaillit; 2o Éclaboussure, flaquée. En deux ou trois giclées, on se rendit maître du feu. Une giclée de mortier suffira contre ce mur. Dans le Jura, gicle, s. f., se dit d'une petite seringue de sureau, avec laquelle les polissons s'évertuent à arroser les passants. [Voyez Monnier, Vocabulaire du Jura.]

GICLER ou JICLER, v. n. et a. Signifie: 1o Jaillir, saillir, sortir impétueusement; 2o Faire jaillir, jeter de l'eau. Faire gicler de l'eau; faire gicler de la boue. Finis-donc, André, tu me gicles. Terme suisse-roman, savoisien, franc-comtois et lyonnais. En provençal et en languedocien: Jhiscla. Onomatopée remarquable. Dans le patois bourguignon, chicclai signifie: «Faire jaillir,» et chiccle se dit d'une «Canonnière» ou seringue de bois dont s'amusent les enfants pour jeter de l'eau. [Voyez les Noëls bourguignons de La Monnoye.]

GIFFLARD, DE, s. Joufflu, mouflard, qui a le visage bouffi et rebondi. Un gros gifflard. On disait en vieux français: Giffard, giffarde, terme formé de giffe ou giffle, joue.

GIFLÉE, s. f. Giffle, mornifle, taloche.

GIGASSE, s. f. Se dit d'une personne démesurément grande et un peu dégingandée.

GIGIER, s. m. Gésier, second ventricule de certains oiseaux. Ne jetez pas ces gigiers, ils serviront pour le bouillon. Terme généralement usité en Suisse et en France, mais que les dictionnaires n'ont pas recueilli. Nous disons aussi: Gisier.

GIGNER, v. a. Guigner, regarder du coin de l'œil.

GIGOT DE MOUTON, s. m. Dites simplement: «Gigot,» puisque «gigot» signifie: Cuisse de mouton séparée du corps de l'animal pour être mangée. [Acad.]

GIGUE, s. f. Se dit d'une personne dont la taille est grande et toute d'une venue. Vois-tu là-bas cette grande gigue, cette perche? En Normandie, une gigue est une jeune fille qui a de grandes jambes. En français, «Gigue» veut dire: Jambe; et «Giguer,» aller vite, courir, sauter, danser.

GILLOTIN, s. m. (ll mouillés.) Pantin, jeune garçon qui est toujours en mouvement, et qui cherche à divertir par ses perpétuelles pasquinades. Faire le gillotin.

GILLOTINER, v. n. Faire le gillotin.

GINGEOLET, ETTE, adj. Ginguet, court, étriqué. Habit gingeolet.

GINGUER ou JINGUER, v. n. Jouer, rire, sauter, folâtrer. Elle est toujours à ginguer. Terme limousin, normand et vieux français. En Picardie on dit: Jingler.

GIRADE, s. f. Girarde ou julienne, fleur.

GIRANIUM, s. m. Écrivez «Géranium» et prononcez géraniome. Prononcez aussi albome, peinsome et laudanome les mots Album, Pensum et Laudanum.

GIRAUD, nom propre. Nous disons proverbialement et facétieusement à une personne qui nous fait une demande inadmissible, à une personne qui porte très-haut ses prétentions et dont l'attente sera trompée: As-tu connu Giraud?... Eh bien, torche Miraud; ou plus laconiquement: As-tu connu Giraud? c'est-à-dire: Bernicle; à d'autres; adresse ta demande à un autre. Tu voudrais que je te prêtasse encore cinquante francs? As-tu connu Giraud? Quoi! ton vilain cousin se flatte d'épouser cette jeune et jolie Anna!... As-tu connu Giraud?

GISIER, s. m. Voyez GIGIER.

GISPINER, v. a. Expression adoucissante, pour signifier: Filouter, attraper, enlever habilement et sans scrupule, comme le font quelquefois des amis entre eux. Ce joli volume était à sa potte: il me l'a tout bonnement gispiné. En Lorraine on dit: Gaspiner ou gabsiner, et à Valenciennes, gobsiner.

GIVRÉ, ÉE, part. et adj. Couvert de givre. C'est givré; c'est tout givré. Il a beaucoup givré cette nuit. Terme des campagnards.

GLACE, s. f. Ne dites pas: «Manger une glace.» Dites: «Prendre une glace, prendre des glaces.»

GLACE, s. f. Être froid comme la glace; être uni comme la glace. Retranchez l'article et dites: Être froid comme glace; être uni comme glace.

GLACER UN PLAFOND. Terme de plâtrier. L'expression française est: Enduire un plafond.

GLAFFER ou GLLAFFER, v. a. (ll mouillés.) Terme des campagnards. Manger gloutonnement quelque chose qui croque sous la dent. On le dit des pourceaux et de ceux qui, de près ou de loin, leur ressemblent. Ce mot gllafer, quand on le prononce comme il faut, imite parfaitement la chose qu'il doit peindre.

GLAÎNE ou GLÈNE, s. f. Faire glaîne, terme d'écolier, signifie: Faire rafle, prendre à l'improviste les jouets, et surtout les mâpis des joueurs. Ce polisson, ce voleur s'approcha doucement du carré et nous fit glaîne. Voyez GLENNE, no 1.

GLAPPE, s. f. Signifie: 1o Terre glaise; 2o Pisé. [P. G.]

GLAIRE, s. m. Le glaire d'un œuf. «Glaire» est féminin.

GLÉNER ou GLAÎNER, v. a. et n. Glaner, ramasser les épis après la moisson. Terme français populaire et vieux français.

GLÉNEUR, GLÉNEUSE, s. Glaneur, glaneuse.

GLENNE, s. f. Glane, produit du glanage, glanure. Un bandit lui enleva toutes ses glennes. Terme français populaire et vieux français.

GLENNE, s. f. Sorte de renoncule des champs.

GLIN-GLIN, s. m. Terme enfantin. Le petit doigt. Il a bobo à son glin-glin. Cette expression, usitée aussi dans les cantons voisins, vient probablement des mots allemands klein, klein, qui signifient: Petit, petit.

GLISSE, s. f. Terme de pâtissier. Cressin, sorte de petit pain long, qui est fort léger à l'estomac.

GLISSE, s. f. Glissoire, chemin frayé sur la glace pour y glisser par divertissement. Faire une bonne glisse, faire une longue glisse. Gare, gare, sur la glisse! Terme suisse-roman et savoisien. On dit à Lyon: Une glissière; en Lorraine, un glissant; à Paris, une glissade.

GLISSER, v. neutre. La rue du Perron glisse souvent en hiver. Dites: La rue du Perron est souvent glissante en hiver; ou dites: On glisse souvent en hiver dans la rue du Perron.

GLISSER (SE), v. pron. Glisser, s'amuser à glisser. Les fossés sont gelés: allons nous y glisser tous ensemble. Il faut dire: «Allons y glisser tous ensemble.»

GLOPET, s. m. Sieste, méridienne. Voyez CLOPET.

GLU, s. masc. Du bon glu. Solécisme répandu aussi dans le reste de la Suisse romane, en Savoie, en Dauphiné, en Franche-Comté, en Lorraine et ailleurs.

GNIABLE, s. m. Sobriquet qu'on donne aux cordonniers.

GNIANIOU, s. m. Voyez NIANIOU.

GNIFFE-GNIAFFE, s. m. Ce terme fort expressif signifie: 1o Nigaud, niais, benêt; 2o Flasque, lâche, mou et sans ressort. En Picardie on dit: Gniouffe.

GOBE-LA LUNE, s. m. Gobe-mouche, niais, grand niais qui marche la tête levée comme s'il regardait la lune. Dans le patois du bas Limousin, gobo-luno se dit de celui qui s'occupe niaisement de bagatelles. [Voyez Béronie, Dictionnaire du patois du bas Limousin.]

GOBERGER (SE), v. pron. Faire grande chère, bâfrer, faire bombance, se régaler. Nos quatre amis allèrent à une auberge de Coppet, où ils demandèrent des feras et des volailles, dont ils se gobergèrent. Voyez donc comme ces enfants se gobergent et s'empiffrent de raisins et de noix! En français, «Se goberger» signifie: Prendre ses aises, se dorloter, se divertir.

GODAILLE, s. f. Débauche de bouche, bâfre, grande ribote. Faire une godaille. Ce fut une godaille complète, une godaille de mâlevie. Le dictionnaire de l'Académie ne fait pas mention de ce terme; et, selon les dictionnaires de Boiste, de Landais et de Bescherelle, godaille signifie: 1o Ivrognerie; 2o Mauvais vin. Ce n'est point là le sens que nous lui donnons à Genève; ce n'est pas non plus le sens qu'il a dans le langage français populaire. [Voyez le Dictionnaire du Bas langage, t. II, p. 17, et le Dictionnaire rouchi-français, aux mots godaïer et godalier.]

GODAILLER, v. n. Faire une grande ribote, une bâfre, une godaille. Dans les dictionnaires ce verbe a un autre sens.

GODAILLEUR, s. m. Riboteur, bambocheur, bâfreur. Un tas de godailleurs. Ce mot et les deux précédents sont probablement originaires du nord de la France, où le mot godale signifie: «Bière, petite bière.»

GODICHE, s. et adj. Plaisant, risible. Être godiche, être plaisamment bête. Tu es godiche, toi! Voilà qui est vraiment godiche. Terme parisien populaire recueilli par MM. Noël et Chapsal. Les autres dictionnaires donnent à ce mot le sens de: «Gauche, emprunté, maladroit.»

GODICHON, s. m. Diminutif de godiche.

GODRON, s. m. Goudron. GODRONNER, v. a. Goudronner. Les mots godron et godronner appartenaient encore à la langue des dictionnaires, il y a un siècle.

GOFFETTE, adj. fém. Nous appelons mains goffettes, des mains grassettes, des mains potelées.

GOGNE, s. f. Courage, cœur, hardiesse, capacité. Avoir la gogne, oser. Aurais-tu la gogne de sauter ce ruisseau? Non, tu n'en as pas la gogne; tu n'as point de gogne.

GOGNE, s. f. Rebut, lie, crasse, crapule. Se dit des personnes et des choses. Quelle gogne de bâton tu as là! Dis donc, Jacques, et ce bal d'hier! Quel bal! Quelle gogne! Qu'as tu donc appris sur le compte de Robillard?—J'ai appris que c'est une gogne.—Et sa famille?—Sa famille? C'est tout de la gogne. Tomber dans la gogne, veut dire: Tomber dans la crapule. Terme vaudois. Chez nos voisins du Jura, gone se dit d'une femme méprisable. [Voyez C. Monnier, Vocabulaire du Jura.]

GÔGNES, s. f. pl. Compliments, cérémonies. Faire des gôgnes.

GOGNEUX, EUSE, adj. et s. Crasseux, dégoûtant, repoussant, crapuleux. Se dit des personnes et des choses. Un chapeau gogneux. Une tournure gogneuse; un air gogneux. Tu te promenais hier avec deux individus bien gogneux. Dans le bas limousin, gognou, et en vieux français, gognon, signifient: Pourceau, cochon, et se disent de toute personne sale et malpropre. Gognounà, faire grossièrement et salement un ouvrage.

GOGUINETTE, s. f. Propos gaillard, parole un peu libre. Dire la goguinette. Dire une goguinette; dire des goguinettes. En Lorraine, goguenettes signifie: Propos joyeux. En vieux français, goguer, v. n., veut dire: «Plaisanter.»

GOISE ou GOËZE, s. f. Serpe, grosse serpe. En Franche-Comté on dit: Goisse et gouisse.

GOISET, GOAZET, ou GOINZET, s. m. Serpette. Se dit aussi d'un couteau et principalement d'un mauvais couteau.

GOLÉE, s. f. Gorgée. Avales-en une seule golée. J'ai bu deux petites golées de ton sirop, et j'en ai eu assez. En Picardie on dit: Goulée. «Goulée» est un mot français; mais il signifie: «Grande bouchée.»

GOLÉRON ou GOLAIRON, s. m. Ouverture, trou. Le goléron d'une nasse. Dans l'ancienne langue provençale, golairos signifiait: «Gosier.»

GOLET, s. m., et GOLETTE, s. f. Goulot, trou, orifice. Le golet d'une bouteille. Terme jurassien et savoisien. Dans notre patois ces mots ont une signification plus étendue.

GONFLE, s. f. Signifie: 1o Vessie des quadrupèdes; 2o Petite ampoule sur la peau, cloche, élevure; 3o Bulle de savon. Sa brûlure lui a fait lever des gonfles. Percer une gonfle. Se soutenir sur l'eau avec des gonfles. Terme suisse-roman et savoisien.

GONFLE, adj. Gonflé. Il a tant marché aujourd'hui, qu'il en a les pieds gonfles. Terme français populaire. A Lyon on écrit et on prononce confle.

GONGON, s. des 2 genres. Grognon, celui ou celle qui bougonne, qui grogne. Cette gongon finira-t-elle une fois de nous ennuyer? Le mari et la femme sont aussi gongons l'un que l'autre.

GONGONNER, v. a. Bougonner, marmonner, se fâcher, gronder. Notre vieux raufin ne s'arrête pas de gongonner. Il gongonne ses enfants, il gongonne sa servante, il gongonne tout le monde. Terme suisse-roman, savoisien et lyonnais.

GONVÉ, s. m. Une odeur de gonvé, est une odeur de renfermé, une odeur de linge sale et gras. Votre Baby Chailloux sentait terriblement le gonvé.

GONVER, v. a. et n. Couver. L'incendie éclata le matin; mais le feu avait gonvé toute la nuit. Ne crois-tu pas, femme, que notre Françoise gonve une maladie?—Je crois qu'elle gonve la rougeole. Ta seille, Madelon, est égrillée: il faut la faire gonver (c'est-à-dire: Gonfler dans l'eau). Terme connu dans le canton de Vaud. En Franche-Comté on dit: Gouver.

GONVIÈRE, s. f. Signifie: 1o Fondrière, creux plein de boue; 2o Tas de neige amoncelé par le vent.

GOTRET, s. m. Terme de boucherie. Ris de veau.

GOTTE, s. f. Mauvais ouvrage, mauvaise marchandise, chose de nulle valeur, et dont on ne fait aucun cas.

GOUAILLER, v. n. Crier. Voyez COUAILLER.

GOUGNAUD, AUDE, s. et adj. Se dit d'une personne ou d'une chose de rebut. Quel gougnaud de chapeau tu as là! Notre nouvelle voisine N** est une gougnaude; elle s'habille comme une gougnaude.

GOUGNAUDER, v. a. Manier maladroitement, gâter en maniant, déformer, froisser, chiffonner.

GOUGNAUDS ou GOUGNEAUX, s. m. pl. Vieux chiffons, mauvais linge, vieilles nippes, et, en général, objets vieux et sans valeur.

GOUILLARD, ARDE, s. et adj. Voyez GOULIARD.

GOUILLE, s. f. Petite mare, endroit où la boue séjourne, flaque. Marcher dans la gouille; tomber dans la gouille. Terme suisse-roman, savoisien, dauphinois et franc-comtois. Dans le bas Limousin on dit: Ga-oullio, et dans le Berry, gouillat.

GOUJATER, v. a. et n. Travailler comme un goujat. Prendre des manières de goujat. Un ouvrage goujaté est un ouvrage bousillé, un ouvrage fait vite et sans soin.

GOULIAFE, s. m. Glouton malpropre. A Paris on dit: Gouliafre; dans le vieux français et en Picardie, goulafre.

GOULIARD, ARDE, s. et adj. Gourmet, friand. Oh! la gouliarde, qui trempe son doigt dans le sirop! Ces petits gouliards eurent fripé en un clin d'œil tous les bonbons. Terme vaudois, savoisien et vieux français. Dans le Limousin, en Normandie et sans doute ailleurs, goulard signifie: Goulu, gourmand.

GOULIARDISE, s. f. Friandise. Comment, Élisa! du beurre et de la confiture sur ton pain? quelle gouliardise! Tu n'aimes que les gouliardises, Georgette, et tu vivrais de gouliardises. En vieux français on disait: Goulardise et gouillardise. R. gula.

GOURLLE, s. f. (ll mouillés.) Cep de vigne arraché. Dans le canton de Vaud on dit: Gourgne.

GOURMANDISE (UNE). Un plat de gourmandises. Si vous êtes sages, vous aurez chacun pour votre goûter une petite gourmandise. Cette expression, fort usitée en Suisse et en Savoie, n'est pas inconnue en France, quoique les dictionnaires ne l'aient pas relevée. «Je t'avais préparé les gourmandises que tu aimes,» dit feu Mr De Balzac, dans un de ses romans. L'expression française consacrée est: «Friandise.» Un plat de friandises.

GOURMANDS (POIS). Pois goulus, pois dont la cosse est tendre et se mange.

GOURME, s. m. Jeter son gourme. Ce mot est féminin.

GOÛTER SOUPATOIRE, s. m. Goûter qui tient lieu de souper.

GOUTTE AU NEZ, s. f. Expression méridionale, etc. Les dictionnaires disent: «Roupie.»

GOUTTIÈRE, s. f. Voie d'eau, fente, trou, ouverture à un toit par où l'eau de la pluie pénètre et coule en dedans. L'orage souleva les tuiles et occasionna une gouttière. Le plafond, qui était tout neuf, fut entièrement taché par les gouttières. Terme suisse-roman, méridional, etc. On appelle en français Gouttière: 1o Le chéneau qui reçoit et recueille les eaux de la pluie; 2o Le tuyau de descente.

GOYARDE, s. f. Serpe. Dans le Berry on dit: Goyard.

GRABEAU, s. m. Mercuriale, censure. Bon grabeau, mauvais grabeau. Faire le grabeau des étudiants. Être soumis au grabeau; recevoir son grabeau. On lit dans notre Constitution de 1814: «Les membres du Conseil d'État qui ne sont point sujets au grabeau, n'y assisteront pas.» Terme vaudois et neuchâtelois.

GRABELER, v. a. Faire le grabeau. «La Compagnie des Pasteurs élira chacun de ses membres; elle se grabellera elle-même.» [Constitution de 1814.] «Tous les Conseillers d'État qui ne sont ni Syndics, ni Lieutenant, ni Syndics sortant de charge, ni Trésorier, ni membres du Tribunal civil et de la Cour suprême, seront grabelés un à un à la balotte.» [Ibid.] Le mot grabeler, en vieux français, signifiait: Examiner, éplucher, débattre, choisir.

GRABOT, s. m. Voyez GRABEAU.

GRABOTER, v. a. Se dit quelquefois pour grabeler.

GRADUATION, s. f. Dans le langage académique on appelle Examen de graduation, un examen à la suite duquel l'étudiant reçoit le grade de bachelier, ou celui de licencié, ou celui de docteur.

GRAIFION, s. m. Voyez GREFFION.

GRAILET, s. m. Plat d'étain donné pour prix dans les tirs.

GRAILETTE ou GREULETTE, s. f. Sorte de terrine, sorte de casserole à trois pieds, laquelle sert à réchauffer les ragoûts.

GRAILLON, s. m. Ce mot est français; mais à Genève il se dit, entre autres: 1o D'un mets quelconque (viande, poisson, légume, lait, etc.) qui, réchauffé, a contracté une mauvaise odeur, un mauvais goût. Il se dit: 2o Des tabliers, torchons, mauvais linges, etc., dont la cuisinière s'est servie. En français: Goût de graillon, odeur de graillon, signifient: «Goût, odeur de viande ou de graisse brûlée.» [Acad.]

GRAIN DE SEL, s. m. Quand les jeunes enfants voient voltiger près d'eux un oiseau, et qu'ils demandent comment il faut s'y prendre pour l'attraper, on leur répond que l'infaillible moyen est de leur mettre un grain de sel sur la queue. De là a pris naissance notre expression figurée: Mettre un grain de sel sur la queue de quelqu'un; c'est-à-dire: «Faire d'inutiles efforts pour le capter et pour l'attirer dans le filet.»

GRAIN DE SUCRE, s. m. Morceau de sucre. Fais attention, Caroline, tu coupes les grains de sucre trop gros.

GRAINGE, adj. Voyez GRINGE.

GRAISSE, s. f. Réprimande, semonce sévère. Donner une graisse; recevoir une graisse. Tu as eu ta graisse. Terme français populaire.

GRAISSE DE CHAR, s. f. Vieux oing, cambouis.

GRAISSE-MOLLE, s. f. Saindoux, graisse de porc. En Dauphiné, en Provence et en Languedoc, on dit: Graisse blanche; à Bordeaux, graisse douce.

GRAMON, s. m. Gramen, chien-dent, plante dont les racines sont d'un grand usage pour les tisanes apéritives. Boire sur le gramon. En Dauphiné, on dit: Grame.

GRAND, adj. Les expressions suivantes: Ce n'est pas grand chose; j'ai eu grand peine; voici la grand route, etc., sont des expressions correctes, mais étranges, et qui nous viennent du vieux français. Au treizième siècle, grand ou grant était un adjectif des deux genres.

GRAND, s. f. Terme des campagnards. Grand'mère. Dis-moi, Colette, comment se porte ta grand? Pauvre Monsieur, cette bonne grand, nous l'avons perdue il y a huit jours.

GRANDE-MAISON (LA). Terme adoucissant, euphémisme pour dire: L'hôpital, la maison de charité. Jamais, non jamais, Monsieur le Directeur, je ne consentirai à entrer dans la Grande-maison.

GRANDET, ETTE, adj. Grandelet. Notre Stéphanie est déjà grandette. Terme excellent, employé dans tout le Midi et sans doute ailleurs.

GRAND-LOUIS ou GRAND-SIFFLET, s. m. Courlis ou courlieu cendré, oiseau aquatique.

GRANGER, s. m. Métayer, fermier partiaire, fermier qui partage le produit des champs avec le propriétaire. Ce terme, si connu dans la Suisse romane, en Savoie et en Franche-Comté, n'a été recueilli ni par le dictionnaire de l'Académie, ni par M. Poitevin, le plus récent des lexicographes, ni par Gattel, ni par M. Bescherelle; mais Boiste et N. Landais l'ont mentionné.

GRANGERIE, s. f. Grangeage. Mettre un domaine en grangerie, ou à grangerie, c'est: En confier l'exploitation à un granger. Voyez ce mot. Le mot grangerie, très-usité chez nous, n'a été enregistré que par un seul dictionnaire moderne, le Complément de l'Académie.

GRATON, s. m. Aspérité sur le papier, sur le terrain, etc. Sa boule rencontra un graton.

GRATTE-À-CUL, s. m. Gratte-cul, fruit de l'églantier.

GRATTE-BOISSEUSE ou GRATTE-BOESSEUSE, s. f. Polisseuse de boîtes de montres. Boesse ou gratte-boesse se disent d'une sorte d'outil de ciseleur.

GRATTE-LOTON, s. m. Sobriquet qu'on donne aux ouvriers horlogers. Voyez LOTON.

GRATTER, v. a. Gratter la rogne à quelqu'un, signifie: Le flatter pour en obtenir une faveur, le cajoler, le flagorner dans des vues intéressées. Il s'aperçut enfin que sa nièce lui grattait la rogne, et qu'elle en voulait, par-dessus tout, à l'héritage. Expression triviale. Dans le français populaire, on dit en ce même sens: «Gratter l'oreille,» ou «gratter l'épaule à quelqu'un.» [Voyez le Dictionnaire du Bas langage, t. II.]

GRATUISE, s. f. Râpe de fer-blanc, ustensile de cuisine. En Dauphiné et en Languedoc, on dit: Gratuse; dans le patois provençal, gratuè. En vieux français, gratuser signifie: Râper.

GRAVANCHE, s. f. Sorte de férâ. Voyez ce mot.

† GRAVATE, s. f. Cravate. Dis voir, femme, fadrait-il pas mettre une gravate à notre petit, qui a un commencement de rouche? Terme suisse-roman, savoisien, franc-comtois et méridional.

GRAVE, s. f. Grève, endroit au bord d'une rivière couvert de gravier. Terme dauphinois et vieux français.

GRAVELAGE, s. m. Action de graveler.

GRAVELER, v. a. Couvrir de gravier. Graveler les allées d'un jardin; graveler une promenade. Terme indispensable, et qu'on cherche vainement dans les dictionnaires. En Languedoc on dit: Agraver.

GRAVELLE, s. f. Maladie des moutons, clavelée.

GREBATTER, v. a. Rouler. Se grebatter, se rouler. Expressions très-familières aux campagnards.

GRÈBE (UNE). Sorte d'oiseau plongeur. Dites au masculin: Un grèbe. Grèbe cornu, grèbe huppé.

GRÈBION, s. m. Grèbe esclavon, grèbe oreillard.

GREBOLER, v. n. Grelotter, trembler de froid. Je le trouvai tout greulant, tout grebolant. En Savoie on dit: Grevoler; dans le patois dauphinois, gromolà.

GREDON ou GREUDON, s. m. Guenilles, vieilleries, objets de rebut.

GREGNOLU, UE, adj. Qui a beaucoup de nœuds. Bois gregnolu. Terme des campagnards.

GREIFION, s. m. Gros bigarreau. Une livre de greifions. Terme suisse-roman, savoisien et jurassien. En provençal, en piémontais et en vieux français, on dit: Graffion; dans le Languedoc, agrefion.

GREINGE, adj. Voyez GRINGE.

GRELON, s. m. Écrivez et prononcez «Grêlon.»

GREMILLETTE, s. f. (ll mouillés.) Lézard gris, lézard de murailles. [P. G.] Dans le patois de Rolle (canton de Vaud) on dit: Gremeillette.

GREMOLLION ou GREMAILLON, s. m. Grumeau, portion durcie d'un liquide. La soupe s'était mise en gremollions. Notre pauvre Estelle vomissait des gremollions de sang. Terme connu aussi chez nos voisins du canton de Vaud. Dans le Berry et en Lorraine on dit: Gremillion.

GRENÉ, ÉE, adj. Épi grené. Terme méridional et vieux français. Dites: «Épi grenu.» Le verbe «grener» est français.

GRENETTE, s. f. Ce mot signifiait jadis: Marché aux grains; et c'est le nom que porte encore aujourd'hui notre halle au blé. Terme vaudois, savoisien, etc.

GRENETTE, s. f. Semen contra, poudre contre les vers, barbotine.

GRENIER À LESSIVE, s. m. Séchoir, sécherie, étendage.

GRENOUILLE, s. f. (fig.) Sorte de petit instrument formé d'une tête de bouteille recouverte d'un morceau de parchemin traversé par du crin. En le faisant tourner comme une crécelle, il imite assez bien le cri des grenouilles, quand elles commencent à crier au printemps. [P. G.]

GRÈSE, adj. fém. Voyez GRÈZE.

GRÉSILLER, v. neutre. Croquer sous la dent, comme le pain lorsqu'il s'y est mêlé du sable ou du menu gravier. En Languedoc on dit: Gréziner.

GREUBE, s. f. Tuf, terre sèche et dure qui sert à écurer, à nettoyer les ustensiles de cuisine, les tablettes de sapin, etc. Patte à greube. Terme suisse-roman et savoisien. Le vendeur de greube s'appelle, dans notre patois: Le greubi.

GREUBIÈRE, s. f. Carrière d'où l'on tire la greube.

GREUBONS, s. m. pl. Peau croustillante qui reste quand on vient de fondre du lard. Un plat de greubons. A Neuchâtel et dans quelques parties du canton de Vaud, on dit: Grabon; dans l'allemand-suisse, Grieben.

GREUGER, v. a. Gruger, friper, dissiper en folles dépenses. Il avait hérité trois mille francs: c'est tout greugé. En vieux français, gréuge signifie: Perte, dommage.

GREULER, v. actif. Secouer un arbre pour en faire tomber les fruits. Greuler un cerisier, greuler un pommier. En Savoie on dit: Creuler; en Franche-Comté, crôler; en vieux français, crosler et crouller. Figurément et familièrement, creuler s'emploie dans le sens de: Questionner quelqu'un, lui arracher des nouvelles, le forcer, de façon ou d'autre, à dire ce qu'il sait et qu'il se soucie peu ou point de raconter. Nous l'avons tant pressé, nous l'avons tant greulé, qu'il a fini par nous débiter tout le journal. Voyez le mot suivant.

GREULER, v. neutre. Grelotter, trembler de froid ou de peur. Ce pauvre diable, blotti dans un fossé, greulait comme la feuille du tremble. Terme suisse-roman, qu'on retrouve tel quel dans le patois lorrain. Dans le Jura on dit: Grouller; en Bourgogne et en vieux français, gruler. Nous disons à l'actif: Greuler la fièvre, pour: Trembler la fièvre, avoir le tremblement qui résulte de la fièvre. Nos campagnards disent en ce même sens ou sens analogue: Greuler le marmot.

GREULETTE ou GREULAISON, s. f. Frisson, tremblement que donne la fièvre ou la peur. Avoir la greulette; avoir la greulaison. Cette dernière expression est surtout familière aux campagnards.

GREULETTE, s. f. Sorte de terrine appelée aussi: Grailette.

GRÉVÉ, VÉE, adj. et part. Un fonds grévé; un domaine grévé d'hypothèques. On doit écrire et prononcer «Grever,» sans accent sur l'e.

GREVURE, s. f. Blessure. Ce terme vieillit.

GRÈZE ou GRÈSE, adj. f. Soie grèze. Soie qui est tirée de dessus le coton. Terme lyonnais. Dites: «Soie grége.»

GRIBICHE, s. f. Signifie: 1o Femme ou fille maligne, méchante, pie-grièche; 2o Et plus souvent, Fille ou femme de mœurs dissolues. En Normandie, gribiche se dit d'une vieille femme méchante dont on fait peur aux enfants.

GRIE, s. f. Plâtre gris, gypse. Terme de nos campagnards et de ceux du canton de Vaud. Il existe à Bernex une ancienne carrière de grie, qui a fait donner le nom de grisse aux terrains environnants.

GRIFFÉE, s. f. Griffade, coup de griffe.

GRILLE, s. f. Cheville du pied. S'écorcher la grille. Terme suisse-roman, savoisien et franc-comtois.

GRILLER, v. a. Rôtir. Griller du café; griller des châtaignes; griller des glands. Terme savoisien. En français «Griller» signifie: Rôtir sur le gril. «J'avais couché mes pincettes sur la braise pour faire griller mon pain.» [Xav. De Maistre, Voyage autour de ma chambre, ch. VIII.]

GRILLET, s. m. (ll mouillés.) Sorte d'insecte. Le cri des grillets. Un trou de grillet. Terme suisse-roman, savoisien, lyonnais, franc-comtois et méridional. En Poitou et dans le Berry on dit: Grelet; en limousin et en vieux français, gril. Les dictionnaires et le bon usage veulent qu'on dise: «Grillon.» R. lat. gryllus.

GRILLOIRE, s. f. Sorte de petite casserole à manche, surmontée d'un couvercle, et qui sert à rôtir le café. Dans le canton de Vaud on dit: Un grilloir. Le grilloir à café.

GRILLOIRE, s. f. (fig.) Endroit où la chaleur est insupportable; endroit où l'on grille. Ce cabinet au midi est une grilloire pendant l'été.

GRILLOTTER, v. actif. Griller, frire.

GRIMPER, v. n. Dans notre langage énergique, faire grimper les murs à quelqu'un, signifie: L'impatienter outre mesure, le vexer, le dépiter à l'excès. Les dictionnaires disent en ce même sens: «Faire sauter quelqu'un au plancher, le faire sauter aux nues.» On dit en Languedoc: Faire monter quelqu'un au ciel sans échelle.

GRIMPION, s. m. Grimpereau, oiseau bien connu. Au sens figuré, nous appelons grimpion, grimpionne, celui ou celle qui cherche par des politesses, par des avances répétées, par des flatteries, à s'introduire, à se glisser dans une société plus élevée, plus haut placée que la sienne. De là ont pris naissance les phrases suivantes familières: C'est un grimpion; il fait le grimpion; elle fait la grimpionne. Ces jeunes époux veulent grimper. Les grimpions doivent éprouver quelquefois de fameux déboires.

GRIMPIONNER, v. n. Faire le grimpion, faire la grimpionne. Tu ne t'aperçois pas que cette jeune femme veut absolument grimpionner.

GRINGALET, ETTE, adj. Faible, chétif. Cheval gringalet; veau gringalet. Ton beau-frère est bien gringalet, etc. Le Complément du dictionnaire de l'Académie, et le dictionnaire de M. Bescherelle ne présentent ce mot que comme substantif, et ne l'emploient qu'en parlant de l'homme. Nous l'employons très-souvent comme adjectif, et nous lui donnons des sens fort étendus.

GRINGE, adj. Triste, ennuyé, chagrin, de mauvaise humeur, maussade, malingre. Rosalie est toute gringe aujourd'hui, et je crains qu'elle ne soit malade. Qu'avez-vous donc, Monsieur le notaire? Vous paraissez sombre et préoccupé?—En effet, je suis gringe. J'attendais mes enfants par le bateau à vapeur, et voilà le bateau qui arrive sans eux. Terme suisse-roman. Dans le patois de l'évêché de Bâle, on dit: Graigne; en Franche-Comté, grigne, et en Bourgogne, greigne; dans le Berry, grignaut; dans le patois rouchi, engraigné. Tous ces mots, qui sont fort usités, n'ont point de correspondants exacts en français. Dans le dialecte normand, grigner signifie: «Être maussade.» En Picardie, grigneux et grignard veulent dire: Pleurnicheur.

GRINGERIE, s. f. Mauvaise humeur, malingrerie. Après une pareille mésaventure, un peu de gringerie est bien permis.

GRIOTTE, s. f. En français, ce mot désigne une espèce de cerise grosse et noirâtre, plus douce que les autres. En Suisse, au contraire, nous appelons griotte une cerise acide.

GRIPPÉ, ÉE, adj. Atteint de la grippe. Toute la famille est grippée. Ce mot, si connu en Suisse et en France, n'est dans aucun dictionnaire usuel.

GRISAILLE, s. f. Ribotte, excès de table, excès de boisson. [P. G.]

GRISE, s. fém. Tour malin, malice, espièglerie. En faire des grises, en faire voir de grises, signifie: Jouer des tours, faire des malices, attraper, tourmenter. Voilà un bambin qui en fera voir de grises à son père et à sa mère. Vous m'en faites des grises, malins enfants que vous êtes. Locution dauphinoise, limousine, etc.

GRISPER et GRISPOUILLER, v. a. Crisper, agacer, impatienter. Cela me grispouille, c'est-à-dire: Cela me tarabuste.

GRISPILLE, s. f. Sorte de jeu ou d'amusement, appelé aussi tire-poils, et en français: La gribouillette. [P. G.] À la grispille, locution adverbiale, signifie: Au pillage. Tout était à la grispille dans cette maison.

GRISPILLER, v. a. Voler, filouter, friponner.

GRISSE ou GRITZE, s. m. Gruau d'avoine ou d'orge. Ce terme, usité dans toute la Suisse romane, est formé du mot allemand Grütze, qu'on prononce gritze, et qui a le même sens.

GROGNASSER, v. n. Grogner, se plaindre en grognant. Terme parisien populaire.

GROGNE, s. f. Mauvaise humeur, disposition à se plaindre. Avoir la grogne.

GROGNER QUELQU'UN. Le gronder, le réprimander avec humeur. Il grogne tout son monde; il ne cesse de nous grogner. «Grogner,» verbe neutre, est français. «Cette femme ne fait que grogner.»

GROGNONNE, adj. et s. féminin. Sa maladie l'a rendue un peu grognonne. Dites: «Grogneuse.»

GROLLE, s. f. Vieux soulier fort usé, savate. Mettre des grolles. Porter des grolles. Comment donc, Madame Bonnard? vous nous donnez là du pain qui est sec comme de la grolle. Terme vieux français et français populaire.

GRONDÉE, s. f. Gronderie, réprimande. Faire une grondée. Recevoir une grondée.

GROS, s. m. Le gros de l'hiver; le gros de l'été. Dites: «Le fort de l'hiver; le fort de l'été.»

GROS (LES). Les notables, les riches, les principaux de l'endroit. Nos gros se montrèrent, en toute occasion, humains et charitables.

GROS, s. m. Terme de calligraphie. Écrire en gros, c'est Écrire en gros caractères. Il faut dire: «Écrire la grosse.»

GROS, adj. De gros en gros, locution adverbiale. Il consentit à nous raconter de gros en gros cette singulière aventure. Il faut dire: «En gros.» Raconter en gros.

GROS-BLÉ, s. m. Nonnette, variété de froment. Le gros-blé s'appelle aussi en français: «Blé barbu» et «Blé poulard.»

GROS-FORT, s. m. Grande absinthe, plante.

† GROS MAL, s. m. Haut mal, épilepsie, mal caduc. Tomber du gros mal. Terme vaudois et savoisien. Dans le Limousin on dit: Le grand mal.

GROS NEIRET ou GROS NOIRET, s. m. Canard garrot.

GROSSET, ETTE, adj. Un peu gros. Un poulet grosset; une perdrix grossette.

GROUP, s. m. Angine du larynx. Écrivez et prononcez «Croup.»

GRUER, v. a. Faire gruer de l'avoine. Dites: «Monder.» Monder de l'avoine.

GRUGEUR, s. m. Celui qui gruge.

GRUMEAU, s. m. Terme de boucherie. La pièce du devant de la poitrine de l'animal entre les deux jambes. Grumeau de bœuf; grumeau de mouton. Terme méridional.

GRUMEAU, s. m. Cerneau, noix cassée. Terme de la Suisse romane.

GRUS, s. m. pl. Gruau, orge mondé, avoine mondée. De la soupe aux grus. Terme suisse-roman, savoisien et franc-comtois. En Champagne, gru signifie: Son de farine; et en vieux français, greu, farine d'avoine et de froment.

GRUS (DES). Terme de fromagerie. Du caillé, du séret mêlé de crême. «La Fanchon nous servit des grus et de la céracée.» [J.-J. Rousseau, Nouvelle Héloïse.]

GUENAPIN, s. m. Polisson, bandit, chenapan.

GUENICHE, s. f. Femme débraillée, sale et d'un aspect repoussant. Terme lorrain. En vieux français, «guenuche» ou guenoche veulent dire: Sorcière, enchanteresse. Dans l'évêché de Bâle, genache a le même sens.

GUENILLERIE, s. f. Guenille, rebut, objet de rebut. Se dit des personnes et des choses.

GUERRER, v. n. Terme enfantin, en usage surtout chez les campagnards. Cette petite folle d'Ernestine veut toujours guerrer avec nous, c'est-à-dire: Veut toujours être en guerre avec nous, guerroyer, batailler.

† GUETTE, s. f. Guêtre. De vieilles guettes. Français populaire.

GUETTON, s. m. Petite guêtre, guêtron. Une paire de guettons. Terme savoisien, rouchi, etc.

GUEULÉE, s. f. Cri éclatant, clameur perçante. Pousser des gueulées. Faire des gueulées. Ce n'étaient pas des chants, c'étaient des gueulées d'enfer. Ce mot est français, mais dans une acception différente.

GUEULER, v. a. Gueuler quelqu'un, l'appeler à voix forte. Tu ne m'entends donc pas, Colombier: il y a une demi-heure que je te gueule. «Gueuler,» v. n., est français.

GUEUSER, v. n. Faire une action de gueux, se conduire mal, faire une gueuserie. Priver cette petite fille de son bal, c'est gueuser, c'est coquiner, c'est être par trop sévère et méchant. En français, «Gueuser» signifie: Mendier.

GUEUSERIE, s. f. Tour malin, méchanceté, action coupable. Sevrer un enfant de quatre mois, c'est une gueuserie.

GUICHE, s. f. Jambe. Tirer la guiche, traîner la guiche. Après douze heures de marche, le sac au dos, on commence joliment à tirer la guiche.

GUIDE, s. f. Terme des campagnards. Digue. Élever des guides contre le torrent. Guide vient-il de «digue» par une transposition de lettres? Guide est-il au contraire le terme primitif et véritable? Une digue n'est autre chose, en effet, qu'une barrière établie pour guider les eaux. Voyez dans Gattel l'étymologie banale.

GUIGNACHE, s. f. Guignon, guignon achevé.

GUIGNAUCHE, s. f. Guenuche, femme de mauvaise façon, femme mal mise, fagotée, vêtue salement. Dans le canton de Vaud, guignauche ou guegnauche signifie: Sorcière.

GUIGNE-EN-L'AIR. Badaud, imbécile.

GUILLAME, s. m. Grand guillame, grand flandrin.

† GUILLE, s. f. Quille. Jouer aux guilles. Terme suisse-roman, franc-comtois et lorrain.

GUILLE, s. f. Terme des campagnards. Fine pointe, sommet, sommité. La guille d'un clocher, la guille d'un arbre, la guille d'une tour. Guillon, dans le canton de Vaud, a le même sens. A notre fête du Tir fédéral [1851], un Vaudois disait: J'ai vu planter le drapeau de la Confédération sur le fin guillon de la Tour de l'Isle. En Franche-Comté, la pointe du jour s'appelle: L'aube guillerole. [Vocabulaire jurassien de M. Monnier.] De cette racine guille, viennent indubitablement les mots genevois déguiller, aguiller, guille (à jouer), etc.

GUILLE, adj. À moitié ivre, gris. R. Guille, pointe. On dit en français: Avoir une pointe de vin.

GUILLEMETTE (EN), loc. adv. Être en guillemette, signifie: Être en pile, être l'un sur l'autre. Ces livres sont trop en guillemette, ils vont tomber.

GUILLERETTE, s. f. Être à la guillerette ou être en guillerette, se disent d'un objet mis dans une position d'où il risque de tomber. Guillet, dans notre patois, et guilleret, dans le patois vaudois, signifient: Sommet d'un arbre, d'un rocher, d'un bâtiment. Voyez GUILLE, no 2.

GUILLERI, s. m. Courir le guilleri. Terme dauphinois, etc. Les dictionnaires disent: «Courir le guilledou.»

GUILLETTE, s. f. (Prononcez ghillette.) Signifie: 1o Boulette de pâte dont on engraisse les dindes; 2o Fusée de poudre. Voyez GUILLE, no 2.

GUILLON, s. m. (Prononcez ghillon.) Fausset de tonneau, petite broche de bois servant à boucher le trou qu'on fait à un tonneau pour donner de l'air ou pour goûter le vin. Mettre un guillon. Ôter le guillon. Terme vaudois, savoisien et jurassien. A Lyon, on dit: Une guille; dans les environs de Dôle, une guillotte. Voyez GUILLE, no 2.

GUILLONNER, v. a. Mettre le guillon, mettre le fausset.

GUINCHE, adj. Louche, qui a la vue de travers. En provençal on dit: Guèchou. Dans le Berry, faire la guinche, signifie: Baisser la tête après une mauvaise action.

GUINCHER, v. a. et n. Signifie: 1o Lorgner du coin de l'œil, guigner; 2o Loucher, regarder de travers. Terme provençal.

GUINGOINE (DE), adv. De guingois, de travers, de biais, en biaisant. Il marche tout de guingoine. Son habit allait tout de guingoine. Nous disons aussi: De guingouarne et de guingouaine. En Picardie, on dit: De guingoin.

GUIZE, s. f. (Prononcez ghize.) Terme de forge. Gueuse, fonte de fer, fer coulé. «Un tuyau de gueuse.»

GY ou GI, s. m. Un tonneau de gy. Terme suisse, savoisien, franc-comtois, méridional et vieux français. On doit dire: «Gypse, ou plâtre.»

GYPER, v. a. Plâtrer, enduire de plâtre.

GYPERIE, s. f. Plâtrage, ouvrages en plâtre. La gyperie de cette seule chambre avait coûté six cents francs.

GYPIER, s. m. Plâtrier.

GYSSAGE, s. m. Plâtrage.

GYSSER, v. a. Appliquer du plâtre, enduire de plâtre, plâtrer. Gysser un plafond, gysser une paroi.

GYSSEUR, s. m. Ouvrier qui emploie le gypse, plafonneur. Dans le Valais on dit: Gypseur.

H

Chargement de la publicité...