Nouveau Glossaire Genevois, tome 2/2
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Title: Nouveau Glossaire Genevois, tome 2/2
Author: Jean Humbert
Release date: February 13, 2013 [eBook #42088]
Most recently updated: October 23, 2024
Language: French
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Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée. Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
Cette version électronique contient également «L'Explication des Abréviations et des signes employés dans l'Ouvrage», qui figure dans le Tome Premier du Nouveau Glossaire Genevois, mais qui n'a pas été reprise dans la version imprimée du Tome Second.
NOUVEAU
GLOSSAIRE GENEVOIS
GENÈVE.—IMPRIMERIE DE FERD. RAMBOZ & Cie.
NOUVEAU
GLOSSAIRE GENEVOIS
PAR
JEAN HUMBERT,
PROFESSEUR DE LANGUE ARABE A L'ACADÉMIE DE GENÈVE,
CORRESPONDANT DE L'INSTITUT DE FRANCE, MEMBRE DES ACADÉMIES
DE NANCY, BESANÇON, MARSEILLE, TURIN, ETC.
TOME SECOND.
GENÈVE
CHEZ JULLIEN FRÈRES, LIBRAIRES,
Place du Bourg-de-Four, 71.
1852
NOUVEAU
GLOSSAIRE GENEVOIS.
I
† ICI, adv. Ces jours-ici, ces temps-ici, cette semaine-ici. Faute fréquente, qui est une tradition du vieux français. On parlait encore de la sorte à la cour de Louis XIV, vers 1645. Dites: Ces jours-ci, ces temps-ci, cette semaine-ci.
ICI-DESSOUS, loc. adv. Dites: Ci-dessous. Dites de même: Ci-dessus; ci-après; ci-contre, et non pas: Ici-dessus; ici-après; ici-contre.
IDÉE, s. f. Très-petite quantité, tant soit peu. Tu as du tabac, donne m'en une idée. Mes nouveaux souliers sont une idée étroits. Nous eûmes pendant notre promenade une idée de pluie.
IDÉE (AVOIR). J'ai idée, j'ai bien idée que nous aurons beau temps demain matin. As-tu idée de faire cette course avec nous? Tous les gens de l'équipage ont péri: a-t-on idée d'une pareille catastrophe? Français populaire. Dites: Avoir l'idée. J'ai l'idée de. A-t-on l'idée de, etc.
IDÉE, s. f. Avoir de l'idée, signifie: Avoir de l'intelligence, avoir un esprit fécond en expédients et en ressources. Votre nouvelle domestique n'est pas très-active, mais elle a de l'idée. Expression qui nous est très-familière.
IDOINE, s. m. Idiot, hébété. Il demeurait là planté comme un idoine. Terme curieux, qui doit appartenir au vieux français, et sur lequel pourtant les vieux lexiques que j'ai pu consulter ne donnent aucun renseignement. Dans les dictionnaires usuels, «Idoine» a le sens banal du mot latin idoneus (propre à, capable de).
ILAI, s. m. Jeu d'écolier, où tous les joueurs, moins un ou deux, se cachent aussi bien qu'ils le peuvent, tandis que les autres cherchent à les découvrir et à les atteindre. Jouer à ilai. Ilai courant; ilai cachant; ilai à la ramasse.
† IMAGE (UN). Tu auras un bel image à Pâques. Solécisme répandu partout, et qui a son origine dans le vieux français.
IMPROMPTU, s. m. Prononcez ein-pronp-tu.
† INCAN ou INQUANT, s. m. Encan, vente publique à l'enchère. Terme suisse-roman, savoisien, lyonnais, dauphinois, languedocien et vieux français. R. in quantum.
† INCANTER ou INQUANTER, v. a. Acheter à l'encan. La Mélanie a incanté un ébaragnoir, un guindre, et deux ou trois autres raufferies. Terme vieux français.
INCENDIE (UNE). Ce mot est masculin. «Un grand incendie.»
INCLINAISON DE TÊTE, s. f. Je lui faisais inutilement plusieurs inclinaisons de tête. On doit dire: Inclination de tête.
INCOMBANCE, s. f. Charge, inconvénient, conséquence désagréable. Vous avez là une fâcheuse incombance. En piémontais, incombensa. Le verbe neutre incomber, écheoir, ne se trouve que dans le dictionnaire de M. Bescherelle.
INDEMNISER, v. a. Prononcez la syllabe dem comme vous prononcez le mot dame (indamniser). R. damnum.
INDEMNITÉ, s. f. Prononcez ein-dame-ni-té.
INDIGESSION, s. f. Avoir une indigession. «Cette faute est tellement répandue en France, dit le grammairien Charles Martin, que les acteurs mêmes, au théâtre, prononcent de la sorte, sans soupçonner la faute grossière où ils tombent.» Il faut écrire et prononcer: «Indigestion.»
INDIVIS, adj. m. Prononcez ein-di-vi.
† INDUCATION, s. f. Éducation. Je veux que notre garçon reçoive une excellente inducation.
† INDUQUER, v. a. Induquer un enfant, élever un enfant.
INGRAT, ATE, adj. Désagréable, peu attirant, et qui inspire peu de confiance. Ne se dit en ce sens que dans les expressions suivantes: Figure ingrate; visage ingrat; air ingrat; mine ingrate. Ce sens, qui manque dans les dictionnaires modernes, n'a point d'équivalent exact en français.
INGRÉDIEIN, s. m. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Ingrédient,» lequel rime avec expédient.
† INORME, adj. Énorme.
INSOLENTER, v. a. Injurier, insulter. Là-dessus, trois bandits nous bavardèrent et nous insolentèrent.
INSTITUT, s. m. Institution, pensionnat, maison d'éducation. Un institut de garçons; un institut de jeunes demoiselles; un chef d'institut. Le mot «Institut» n'a pas ce sens. Voyez les dictionnaires.
INTENTION (ÊTRE D'). Nos dames sont d'intention de faire une partie de char. Dites: «Nos dames ont l'intention de, ou: Sont dans l'intention de,» etc.
INTENTIONNÉ DE. Qui a l'intention de. «Mme de Sév.*** étant intentionnée de partir pour Vienne en Autriche, désirerait trouver une personne qui,» etc. [Feuille d'Avis, année 1846.]
INTÉRÊT, s. m. Nous disons, et on le dit dans le français populaire: Mettre de l'intérêt à une chose, pour: «Prendre de l'intérêt à une chose.» Tu ne mets point d'intérêt à tes leçons d'écriture, ni à tes leçons de musique. Dites: Tu ne prends point d'intérêt, etc.
INTERFEUILLER, v. a. Un volume interfeuillé. Il faut que j'interfeuille cette brochure. Dites: Un volume interfolié; il faut que j'interfolie cette brochure. L'infinitif de ce verbe s'écrit: «Interfolier.»
INTIMÉMENT, adv. Moi et Victorine nous sommes intimément liées. Écrivez «Intimement» sans accent sur l'e.
INTITULÉ, s. m. L'intitulé d'un livre, l'intitulé d'un ouvrage. Dites: Le titre d'un livre; le titre d'un ouvrage.
† INTRINSECTE, adj. Ta montre, Jaquinet, a une valeur intrinsecte de trente francs. Dites: Valeur intrinsèque.
INTRUE, adj. et s. f. Il faudra bien nous débarrasser promptement de cette intrue. Dites: «Intruse.» Une intruse; une femme intruse.
INVECTIVER, v. a. Invectiver quelqu'un. Dites: Invectiver contre quelqu'un.
INVENTORISER, v. a. Inventorier, dresser un inventaire. Inventoriser un mobilier. Terme suisse-roman et savoisien.
INVERSION VICIEUSE. Je n'ai personne vu, je n'ai personne entendu, sont des phrases mal construites, des phrases mal sonnantes, et qui, très-familières à nos voisins du canton de Vaud, commencent à se répandre chez nous.
† IRAGNE ou IRAIGNE, s. f. Araignée. Iragne appartient au vieux français, et se dit dans le Berry, en Languedoc et sans doute ailleurs. Voyez ARAGNE.
† IRRUPTION, s. f. Éruption (à la peau). Après cette fièvre, il lui sortit une forte irruption.
ISCARIOLE ou ESCARIOLE, s. f. Escarole, sorte de chicorée à fleur large.
ISERABLE, s. m. Du bois d'iserable. Terme vaudois, savoisien et dauphinois. Dans le patois bourguignon on dit: ôzeraule; dans le patois de la Franche-Comté, iseraule ou euzeraule. Le mot français est: «Érable.»
ITALIEN, s. m. Pâtissier. Aller chez l'Italien. Expression connue à Paris, et sans doute ailleurs. La plupart de nos pâtissiers sont originaires de la vallée de l'Engadine (canton des Grisons), vallée où l'on parle italien. En Normandie, les pâtissiers sont appelés Suisses.
IVRER, v. a. Terme de charpentier. Cheviller, lier les joints d'un plancher au moyen de chevilles qui s'emboîtent d'une planche dans une autre. [P. G.]
IVRER (S'), v. pron. S'enivrer. Sais-tu une chose?—Eh quoi?—C'est que la Fanchette s'ivre.—Elle s'ivre! Ce n'est pas croyable. Terme languedocien, berrichon, etc.
J
JABOT, s. m. (fig.) Se donner du jabot, signifie: Se pavaner, se glorifier, faire parade de son propre mérite. En voilà un qui ne se donne pas mal de jabot. Locution fréquente chez nous et chez nos proches voisins, mais qui ne se trouve pas dans les dictionnaires.
JACASSE, s. f. Babillarde, causeuse fieffée. Terme parisien populaire, normand, etc.
JACQUES DÉLOGE ou DES LOGES, nom propre d'homme. Prendre Jacques Des Loges est une expression facétieuse qui signifie: Déloger, détaler sans bruit, s'échapper à la sourdine. Je devais le trouver chez lui ce matin, et recevoir mon loyer: bernique! il avait pris Jacques Des Loges. L'expression française populaire est: Il a pris Jacques Déloge pour son procureur.
JAIRE ou JARRE, s. m. Terme de boucherie. Jaire de veau, jarre de veau. Dites: «Jarret de veau.»
JAMBETTE, s. f. Jambon de l'épaule.
JANOT, nom propre d'homme. Battre Janot, déraisonner, radoter. [P. G.]
JAQUETER, v. n. Jacasser, caqueter.
JARAVATTE, s. f. Langue, au sens propre. Mener sa jaravatte, faire aller sa jaravatte, signifient: Jaser, bavarder.
JARICLE, s. f. Babillage, loquacité, verbiage. [P. G.]
JARJET, s. m. Terme de tonnelier. Jable, rainure pratiquée aux douves d'un tonneau pour arrêter les pièces du fond.
JARLE ou GERLE, s. f. Sorte de corbeille ronde. Voyez GERLE et JERLE.
JARLOT, s. m. Cuvier ou grand baquet, destiné principalement à saler la viande de cochon. En Normandie on dit: Jalot; en vieux français, jale.
JARRETOU, s. m. et adj. Cagneux, qui a les genoux rapprochés et les pieds jetés en dehors. Dans la langue provençale, jarretier se dit des personnes et a le même sens.
JARRETOULE, s. fém. et adj. Cagneuse.
JASERON, s. m. Chaîne d'or à très-petits anneaux. En vieux français: Jaseran.
JASPINER, v. n. Disputer, taquiner, contredire. Terme rouchi, normand, etc. En français, «Jaspiner» signifie: Causer à tort et à travers.
JEAN-JEAN (UN). Un niais, un imbécile. En Normandie on dit: Un Janot.
JERLE, s. f., et JERLON, s. m. Cuve, petite cuve. Dans le Berry on dit: Jarlée.
JE T'EN MOQUE! Sorte de locution adverbiale, qui équivaut à: Point du tout, bernique. Nous comptions sur une lettre d'Alfred: mais je t'en moque! c'est un négligent. Benoît devait me payer ce matin: je t'en moque! Français populaire.
JETER (SE), v. pron. Se dit du bois et signifie: Se déjeter, se tourmenter, se courber, s'enfler, s'étendre. La fenêtre, faite d'un bois peu sec, s'était jetée. Terme français populaire.
JETON, s. m. Forcet, petite corde fort menue et fort pressée, que les cochers et les charretiers mettent au bout de leur fouet.
JICLER, v. a. Voyez GICLER.
JOINTE (UNE). Terme d'ouvrier. Le quart d'une journée de travail. Faire une jointe. La journée se compose de quatre jointes. Le charpentier ne viendra qu'après la première jointe.
JOLERIE, s. f. Poissonnaille, fretin, alevin. En languedocien, jol signifie: Petit poisson.
JOMBRER, v. n. Attendre, attendre avec ennui et avec impatience; nonchalanter; être privé d'une chose. Vous nous avez bien fait jombrer. Que jombres-tu là? Pourquoi jombres-tu ici au lieu d'aller travailler? Tu en jombreras de ces beaux abricots. Se dit aussi des choses. Quand vous aurez coupé ces branchages, laissez-les jombrer pour en ôter plus facilement les feuilles. Terme universellement connu dans les campagnes, et qui a des sens très-divers.
JONCHE, s. f. Arure, attelée de labour, espace de temps durant lequel on laboure sans dételer. Terme savoisien et dauphinois. En provençal on dit: Jhoûncho.
JORAN, s. m. Vent du nord-ouest. Voyez VENT.
JORDONNER, v. n. et a. L'expression: Une Madame Jordonne, une demoiselle Jordonne, une servante Jordonne, est dans quelques dictionnaires modernes. De cette expression s'est formé notre verbe jordonner. Qu'a-t-elle donc à jordonner? Que vient-elle nous jordonner? Est-ce à elle de jordonner ici? Excellent mot de la langue familière, et qui exprime une nuance précise et délicate, savoir le commandement exercé avec sottise et vanité, à tout propos et hors de propos. M. Bescherelle et M. Francis Wey appellent cette expression un affreux barbarisme. M. Victor Hugo, au contraire, l'emploie et l'apprécie.
JOT, s. m. Endroit du poulailler où se perchent les poules. Les poules sont sur le jot; les poules sont à jot. A Rennes on dit: Joc; en Champagne, en Languedoc et en vieux français, jouc. De ce mot jouc s'est formé le verbe «jucher.»
JOTTU, TUE, adj. Qui a de grosses joues, joufflu.
JOU (EN.) Mettre en jou, coucher quelqu'un en jou. Écrivez et prononcez «En joue.» Mettre en joue, coucher en joue.
JOUAILLER, s. m. Orthographe et prononciation vicieuses (ou plutôt vieillies) du mot «Joailler.»
JOUAILLON, s. m. Jouereau, celui qui ne joue pas bien à quelque jeu ou qui joue petit jeu. [P. G.]
JOUFFLARD, ARDE, adj. et s. Joufflu. Une grosse joufflarde.
JOUIN, s. m. Écrivez et prononcez «Juin.»
JOUISSERIE, s. f. Jouissance, plaisir. Notre voisin Z*** s'est donné la jouisserie d'aller voir la grande Exposition de Londres.
JOUR, s. m. Dans le langage populaire: Au jour d'aujourd'hui signifie: Dans les circonstances actuelles, par le temps qui court. Au jour d'aujourd'hui toutes les carrières sont difficiles. Expression redondante, fort critiquée des grammairiens, mais énergique et d'un emploi continuel.
JOUR, s. m. Nous disons: On voit jour, on y voit jour, pour dire: Il fait jour, on y voit clair. Ces expressions, qui n'ont rien de choquant, manquent dans les dictionnaires.
JOUR, s. m. Au lieu de dire: Vivre du jour au jour; gagner sa vie du jour au jour, il faut dire: Vivre au jour la journée; gagner sa vie au jour la journée; ou bien: Vivre au jour le jour; gagner sa vie au jour le jour. Mais cette dernière expression est moins bonne, quoique reçue dans le dictionnaire de l'Académie.
JOUR, s. m. Nous disons: Du jour au lendemain, pour dire: D'un jour à l'autre. En été le poisson se gâte du jour au lendemain. Cette expression n'est pas française.
JOUR, s. m. Voyez D'UN JOUR L'UN.
JOUR SUR SEMAINE, s. m. Dites: Jour ouvrable. Ne venez pas me voir le dimanche, venez les jours sur semaine. Les Parisiens ne s'expriment pas différemment, et ils opposent aussi la semaine au dimanche. Ils affichent, par exemple, que: «Dans tel ou tel omnibus on paie vingt centimes en semaine, et trente centimes le dimanche.» Un parisien me disait: «En semaine les bals des Champs-Élysées sont plus tranquilles que les dimanches et jours de fête.»
JOURS, s. m. pl. Nous distinguons l'habit des jours de l'habit des dimanches. Quand tu rentres, Alfred, aie soin de mettre ta veste des jours. Le peuple de Paris dit dans le même sens: Cet habit est pour à tous les jours, c'est-à-dire: Pour mettre tous les jours ouvrables.
JUSTE (À), adv. Être à juste de pain, signifie: En avoir tout juste la quantité strictement nécessaire. Si tu invites toute la famille, nous serons à juste de couverts d'argent.
L
LA, pron. pers. Les gens de la campagne, soit dans notre canton, soit en Savoie, emploient d'ordinaire ce pronom à la place du pronom «lui» (à elle). Je m'aperçois que la Claudine part déjà pour le marché: dites-la de m'attendre. Drion a pris une tisanne qui la fera du bien. Notre Mariette n'a rien dormi cette nuit: c'est ses dents qui la font mal. Voyez LES.
LA, LE, LES. Ces articles sont mal à propos substitués aux pronoms personnels «notre» et «nos» dans les phrases suivantes et phrases analogues: Sais-tu comment se porte la tante? As-tu des nouvelles de l'oncle? Crois-tu que nous dînerons dimanche chez la cousine? Expressions fort triviales, et peu dignes d'une bouche de laquelle sort habituellement un langage correct.
† LA, art. La Rosalie va au Conservatoire. L'Émélie nous jouera du piano, et la Jenny nous citera. La, article, ajouté ainsi devant un nom propre de femme, est de la dernière vulgarité.
LABOURAGE, s. m. Chevaux de labourage. Dites: Chevaux de labour.
LÂCHER QUELQU'UN. L'abandonner, le planter là. Nous causions tranquillement avec Alphonse; mais quand il vit venir cette pége de N***, il me lâcha et disparut. Expression parisienne, etc.
LADIÈRE, s. f. Terme de couturière. Sorte de chanteau. Madame veut-elle qu'on lui fasse des chemises à ladière ou des chemises à l'allemande?
LADIÈRE, s. f. Voyez LIADIÈRE.
LAGNER (SE), v. pron. Terme des campagnards. S'ennuyer de, faire avec dégoût. Cet enfant se lagne d'aller à l'école. Ça me lagne d'avoir demain un exercice au Plan-les-Ouates. R. vieux français, lanier, mou, lâche, paresseux.
LAIDERON (UN). Cette jeune fiancée que vous me vantez si fort n'est qu'un laideron. Dites: Une laideron.
LAIDERONNE (UNE). Auriez-vous jamais cru qu'une semblable laideronne trouverait un mari? Terme parisien populaire, etc. Dites: «Une laideron.»
LAIRE, s. f. Alouette. Chanter comme une laire, signifie: Chanter sans relâche, ne pas discontinuer son chant. En allemand, Lerche, en anglais, lark, veulent dire: «Alouette.»
LAISSER (S'EN). Ne pas faire une chose, s'en abstenir. Tu ne veux pas nous accompagner, Henri: eh bien! laisse-t'en, c'est-à-dire: Eh bien! demeure, fais à ta convenance. Vous refusez de scier ce bois pour cinquante sous: eh bien! laissez-vous-en, d'autres le scieront. Cette locution est dès longtemps critiquée par les grammairiens; mais le peuple, qui ne lit pas les grammairiens, continue de s'en servir, et il n'a pas excessivement tort.
LAIT DE SERPENT, s. m. Tithymale, plante.
LAIT DE SON, s. m. Laiteron, plante dont les lapins sont friands. Nos campagnards disent: Laiteçon.
LAITIER, s. m. Endroit de la fromagerie où l'on tient le lait.
LAMBINERIE, s. f. Lenteur, nonchalance. Finiras-tu avec tes lambineries? Terme français populaire.
LAMBINOCHER, v. n. Augmentatif de lambiner. Qu'as-tu tant à lambinocher? Expression très-bonne et très-usitée à Genève.
LAMBOURET ou LAMBORET, s. m. Nombril. Terme savoisien. En provençal, on dit: Embourigo, d'où nous avons fait, par addition de l'article, l'embourigo, et ensuite lambouret.
LA MÊME CHOSE. Locution adverbiale qui signifie: Également, de même, tout de même, d'ailleurs, néanmoins, comme, de même que. Il pleut, et la même chose je sortirai. Ne lui demandez pas ce service: la même chose il ne vous l'accorderait pas. Malgré qu'on ne se voye pas souvent, la même chose on s'aime. Comment se porte Madame votre sœur?—Toujours la même chose. Faute générale. La même chose n'est jamais ni adverbe, ni conjonction. Mais on s'exprimerait correctement si, à cette question: Comment se porte votre sœur? on répondait: C'est toujours la même chose, c'est-à-dire: «C'est toujours le même état de chose; c'est toujours le même état de santé.»
† LA MIEN, LA TIEN, LA SIEN. Ces expressions barbares sont souvent mises à la place des trois pronoms personnels féminins: «La mienne, la tienne, la sienne,» dans le langage le plus populaire. Rends-moi cette plume, c'est la mien.—Non, ce n'est pas la tien. Cette faute se retrouve en Savoie et dans quelques provinces du nord de la France.
LANCHEBROTAGE, s. m. Flux de paroles inutiles et mal articulées; discours hors de propos, confus et embrouillé.
LANCHEBROTER, v. actif. Parler beaucoup et peu intelligiblement, jargonner. Finalement que t'a-t-il dit?—Il ne m'a rien dit: Il m'a lanchebroté un tas de bêtises auxquelles je n'ai rien compris. Voyez ENCHEBROTER.
LANDINE, s. f. Lente. Voyez LANDE.
LANDRILLE, s. f. Voyez ANDRILLE.
LANGUIR DE, suivi de l'infinitif. Désirer, souhaiter ardemment. Je languis d'avoir achevé ce grand travail. Nous languissions tous de revoir notre beau lac. Te voilà, Édouard; je languissais de te rencontrer. Expression remarquable, connue en Suisse, en Savoie et dans le Midi.
LANGUIR QUE. Souhaiter ardemment que. Vous languissez bien que les vacances arrivent. En provençal on dit: Se languir, v. imp. Il me languissait de te voir, c'est-à-dire: Il me tardait de te voir.
LANI, s. m. Sac d'un tissu grossier. Un lani de riz. Terme savoisien et piémontais.
LANTERNE, s. f. Se dit d'une personne nonchalante, lambine, paresseuse, tant homme que femme. Notre associé, on peut le dire, est une lanterne, une lanterne magique. Terme parisien populaire, etc.
LANVOUI, s. m. Anvoie, orvet, serpent aveugle, anguille de haie. Les lanvouis ne sont pas venimeux. Ce terme a été formé du mot «Anvoie.» On a dit d'abord, avec l'article: L'anvoie; puis, faisant de l'article et du substantif un seul mot, on a dit: Lanvoie (une lanvoie); puis enfin, un lanvoui. R. anguis?
LAPAIS ou LAPAY, s. m. Grande oseille sauvage, patience, plante très-propre à purifier le sang. Tisane de lapais. En provençal on dit: Lapas, s. m.; en latin, lapathum.
LAPIDER QUELQU'UN, v. a. (fig.) Le fatiguer par des demandes réitérées, par des instances importunes. Finissez, enfants: vous me lapidez.
LARD (UN). Un cochon, un porc. Tuer un lard; saler un lard; élever des lards; engraisser des lards. Expression savoisienne et limousine, qui se retrouve en Sologne (département de Loir-et-Cher), et sans doute ailleurs.
LARGE, s. m. ou f. Mélèze, arbre bien connu. Bois de large; échalas de large. En vieux français: Larege. [Voyez Roquefort, Glossaire de la langue romane, t. II, p. 64.] R. lat. larix.
LARGE, s. m. Espace, place. Donner du large, signifie: Donner de l'espace. Mettez les trois enfants à une table à part, cela nous donnera du large. Expression très-connue, mais qui n'est pas dans les dictionnaires.
LARGEUR, s. f. Terme de couturière. Lé. Vous ajouterez une largeur à cette robe. Une demi-largeur (un demi-lé) suffira pour cette jupe.
LARMETTE, s. f. (fig.) Très-petite quantité. Une larmette de vin; une larmette d'eau de cerise. Employé au sens propre, le mot de larmette appartient au vieux français, et se trouve dans quelques dictionnaires.
LARRON, s. m. Terme des campagnards. Sorte de fourche de fer à deux cornes, destinée surtout à décharger les chariots de fumier.
LARRON, s. m. (fig.) Mouchon, filament enflammé de la mèche et qui fait couler le suif. Ôter un larron. Terme suisse-roman, signalé aussi dans le Dictionnaire du patois de Valenciennes.
LAVOIR, s. m. A Genève ce mot a deux sens, dont un n'est pas exact. Nous appelons lavoir l'endroit de la cuisine où on lave la vaisselle: ce sens est français. Nous appelons aussi lavoir, la pierre en forme de table, et légèrement creusée, sur laquelle on lave la vaisselle, et qui a un trou pour l'écoulement des eaux. Ce sens n'est-pas français; il faut dire: «Évier. Jeter des eaux par l'évier, par la pierre d'évier.» [Acad.]
LAVOIR, s. m. Nous disons figurément: Être dans le lavoir, pour: Être à même de réussir, être dans une position à faire son chemin. Expression fribourgeoise et savoisienne.
LAYETTE, s. f. Rayon, étagère. Ranger des livres sur une layette. Le mot de «Layette» est français; mais il n'a pas la signification qu'on lui donne chez nous.
LÉCHÉE (UNE). Très-petite quantité d'une chose qui se mange. Je te demande un morceau de ce pâté, et tu m'en donnes une léchée. «Lèche,» s. f., est français.
LÉCHEPOT, s. m. Se dit, par dérision, d'un homme qui va autour des marmites, tâtant les viandes et goûtant les sauces.
LÉCHEPOTER, v. a. Faire le léchepot. L'enfant se glissait dans la cuisine pour y léchepoter. Que viens-tu léchepoter ici, Janot?
LÉCHEPOTEUR, s. m. Voyez LÉCHEPOT, qui a le même sens.
LÉCRELET ou LÉKERLET, s. m. Voyez ÉCRELET.
LÉGAT, s. m. Terme des campagnards. Don laissé par testament. Faire un légat. Il a eu pour sa part un légat de deux mille francs. Terme savoisien, méridional et vieux français. R. legatum. Le mot français est «Legs,» qu'on doit prononcer lai, comme la dernière syllabe du mot délai.
LÉGREFASSE, s. f. Grande tonne, tonneau monté sur place. Terme suisse-roman. En allemand, Lägerfass a le même sens.
LEIZETTE, s. f. Petit lézard. Voyez LINZETTE.
LÉMENTE, s. f. C'est sous ce nom que les campagnards désignent la chouette effraie, strix flammea de Linné, laquelle aime à vivre dans nos habitations. Les autres espèces de chouettes, celles qui ne sont pas stationnaires, vivent dans les bois. R. lamenter.
LE MOINS DES MOINS. Le moins, au moins. Combien de temps durera ton voyage?—Six semaines pour le moins des moins. Expression curieuse, usitée sans doute ailleurs, mais que je n'ai vue consignée nulle part.
LENDE, s. f. Voyez LANDE.
LENT, s. m. Cette viande sent le lent. Le lard prend très-vite un goût de lent. On dit en français: Un goût de relent.
LENTILLÉ, ÉE, adj. Lentilleux, semé de taches. Visage lentillé; peau lentillée. Notre mot de lentillé a un sens plus étendu que le mot français correspondant. Nous disons qu'une robe est lentillée, lorsqu'elle est tachée de boue. Me voilà toute crottée et lentillée. En français, lentille signifie: Tache de rousseur.
LE PLUS SOUVENT. Expression railleuse et populaire, par laquelle on nie ou on infirme ce qu'une personne vient d'avancer. Eh bien, Pierroton, est-il vrai que ce fameux héritage dont tu nous parlais, te passera loin du nez?—Oui, mon cher, le plus souvent. Ne partez pas avant moi, Messieurs; vous avez promis de m'attendre.—Oui, oui, le plus souvent; c'est-à-dire: N'y compte pas; ne t'imagine pas qu'on t'attende. Dans le français populaire on dit en ce même sens: Plus souvent.
LES, pron. pers. Les paysans emploient sans cesse les (accusatif) pour «leur» (à eux). Les blés souffraient beaucoup: cette pluie les aura fait du bien. Si ces messieurs aiment les croûtes dorées, on les en fera manger. Vos deux bouèbes font bien du train, maître Antoine.—Je les ai pourtant bien dit de se taire; mais je vais les parler sur un autre ton. Voyez LA, t. II, p. 9.
LÉSINEUX, EUSE, adj. et subst. Être lésineux; devenir lésineux. Ce riche Oswald est un lésineux. Dites: «Lésineur, lésineuse.»
LESSIVE, s. f. Prononcez lé-ci-ve et non pas le-ci-ve.
LESSIVE, s. f. Ne dites pas: Avoir la lessive. Nous avons la lessive après-demain. Dites: Faire la lessive. Nous faisons la lessive après-demain.
LEUR, LUI, pron. pers. C'est parler mal que de dire avec les Méridionaux: Je leur suis parent, vous lui êtes cousin, etc.; il faut dire: Je suis leur parent, vous êtes son cousin.
LEURRE (UNE). Ce mot est aujourd'hui masculin; il était féminin dans l'ancien français. [Voyez le Dictionnaire français-anglais de Cotgrave.]
LEVAINS, s. m. pl. Mettre des levains aux pieds. Expression suisse et savoisienne. On dit en France: Sinapisme. Mettre des sinapismes.
LÉVE, s. f. Terme de chasse. Oiseau qui sert d'appeau.
LÉVE, s. f. Terme de certains jeux de cartes. Levée.
LÉVE, s. f. Terme des campagnards. Trouvaille, bénéfice. Faire une léve. S'emploie d'ordinaire ironiquement. Oh! la belle léve! C'est-à-dire: La belle chose! Le beau venez-y-voir! Le beau rien-du-tout!
LEVER LA TABLE. Desservir, dégarnir la table, ranger le couvert. Il faut lever la table, Josette; mais vous laisserez la nappe.
LEVER LE COUDE. Hausser le coude, boire beaucoup, faire excès de boissons enivrantes. Français populaire.
LE VOICI QU'IL... Dites: «Le voici qui. Le voici QUI vient. La voici QUI approche. Les voici QUI nous cherchent. Les voici QUI arrivent par le bateau.» Remarque importante et trop négligée.
LEVRAUT, s. m. Instrument à peser, peson, sorte de romaine. Terme suisse-roman et jurassien. En Savoie on dit: Levré ou levrai; en vieux français, lièvre. R. libra. Le Dictionnaire français-anglais de Cotgrave, lequel a enregistré une foule de provincialismes, n'a pas oublié levrault.
LIASSE DE CLEFS, s. f. Trousseau de clefs, trousse.
LIASSE DE LINGES, s. f. Trousse de linges.
LIASSE D'OGNONS. Glane. Liasse de porreaux, liasse de radis, liasse de raves, liasse de scorsonères, etc. Dites: Botte de porreaux, botte de radis, botte de raves, botte de scorsonères. En français, «Liasse» signifie: Paquet de papiers, amas de papiers liés ensemble.
LICHEFRITE, s. f. Lèchefrite, ustensile de cuisine.
† LIERRE (LA). Boire sur la lierre. Ce féminin est un reste du vieux français. Depuis le commencement du dix-septième siècle on dit: «Le lierre.»
† LIÈVRE (UNE). Ce solécisme nous vient du patois (nă lîvră) et du vieux français. Dans le canton de Vaud, en Savoie et en Franche-Comté, les campagnards disent aussi: Une lièvre. En provençal, lèbre (lièvre) est féminin. Une des vallées des Vosges s'appelle vallée de la Lièvre.
LIMACE, s. f. Se dit figurément d'une personne lente, molle et nonchalante. Je vois venir notre limace. Arriveras-tu enfin, limace que tu es?
LIMOGE, s. m. Coton filé rouge, dont on se sert pour marquer le linge, etc.
LIN, s. m. Nous disons proverbialement: Se faire au lin de quelqu'un, pour: Se faire à ses habitudes, à ses goûts, à ses manières; adopter ses sentiments et ses opinions. Ce terme nous vient des campagnards. Lin est un mot patois qui signifie: «Lien.»
LINCEUIL, s. m. Linceul, drap de toile, drap mortuaire. Linceuil appartient au vieux français.
LINGE, s. m. Nous disons proverbialement d'une personne très-pâle: Elle est blanche comme un linge. Expression inconnue aux dictionnaires.
LINGÈRE, s. f. Ouvrière en linge. En France on appelle «Lingère» celle qui fait le linge et qui le vend.
† LINZARD, s. m. Lézard. Regarde voir ce linzard, Jacques.—Ensauve-toi, nigaud, c'est une serpent. Le féminin est linzarde.
LIONS, s. m. pl. Terme des campagnards. Se dit d'un mélange de légumes secs, comme fèves, haricots, lentilles, pois, dont on fait une soupe, qui s'appelle soupe aux lions, parce que le bouillon en est bien lié et très-farineux. [P. G.]
† LIQUERNE, s. f. Lucarne.
LIQUETTE, s. f. Très-petit bateau à pointe carrée; batelet pour une seule personne. Dans le canton de Vaud on dit: Liquette, loquette et lequette; à Neuchâtel, loquette. Ces divers termes semblent formés du mot patois likà ou lekà, lequel signifie: «Glisser.»
LIQUEURISTE, s. m. Liquoriste.
LISERET, s. m. Poser un liseret; mettre un liseret. Terme de couturière. Écrivez et prononcez «Liseré.»
LISIER ou LISIÉ, s. m. Eau de fumier, eau grasse. Dans le canton de Vaud on dit: Lisier, lisé ou lusé.
† LISSIVE, s. f. Lessive. Mettre la lissive; tremper la lissive; couler la lissive. Terme suisse-roman, savoisien, franc-comtois et parisien populaire. R. lixivia. A la fin du seizième siècle on écrivait encore avec un x, lexive.
LISSU, s. m. Lessive, eau de cendres, eau détersive, rendue telle par la cendre ou par la soude. Du lissu sec. La couleuse, avant les chaudes, lave dans le lissu les ustensiles de cuisine les plus communs. Terme suisse-roman. En Savoie, à Lyon et en Dauphiné, on dit: Lissieu; en Provence, lissiou; en Franche-Comté et dans le Berry, lessu; à Bordeaux, lessif. R. lat. lix, licis.
LISTE, s. f. Bande mince de bois, règle de bois mince et étroite. Ajuster une liste. Terme suisse-roman, savoisien, méridional et vieux français.
LITEAU, s. m. Latte, morceau de bois refendu selon son fil, long, mince et étroit. Mettre des liteaux, clouer des liteaux. Les liteaux du plafond. Ce terme, peu usité en France, et qui ne figure point dans le dictionnaire de l'Académie, n'a pas, dans les dictionnaires qui l'ont recueilli, la signification genevoise.
LITELAGE, s. m. Lattis, ouvrage de lattes.
LITELER, v. a. Latter, poser des liteaux. Liteler une paroi; liteler un plafond. Paroi litelée. Dans le patois limousin on dit: Listela.
LOIN (ÊTRE). Être parti, s'être retiré. Les sauteurs de corde sont loin. Nos deux voyageurs étaient à peine loin que l'incendie éclata. Expression très-répandue.
† LOINTEUR, s. f. Éloignement, distance. J'avais marché sans le savoir sur le nid de ces guêpes, et elles me poursuivirent à une très-grande lointeur.
† LOIRIE, s. f. Hoirie, héritage, succession. Sur le conseil de Mr le notaire, nous avons accepté la loirie. Expression des campagnards.
LONG, s. m. S'étendre de tout son long. Les dictionnaires disent: «S'étendre tout de son long.»
LONGE, s. f. Une voiture à longe. Terme suisse-roman et savoisien. En France on dit: «Une voiture à flèche.»
† LONGE (À LA), loc. adv. A la longue. Un peu de patience, Monsieur, à la longe vous en viendrez à bout.
LONGEOLE, s. f. Terme de boucherie. Andouille. En patois: Landiùle. Au sens figuré, longeole se dit d'une femme ou d'une fille très-grande et très-maigre. Se dit aussi des choses. Quelle longeole de pipe tu as là. Nos jardiniers donnent plus particulièrement le nom de longeole à une sorte de longue pomme de terre.
LONG FEU. Au sens figuré, faire long feu en quelque endroit, signifie: Y demeurer longtemps, s'y arrêter, y séjourner. J'ai dû me rendre à l'invitation d'Ambroise, mais je n'y ai pas fait long feu.
† LOQUET, s. m. Hoquet. Avoir le loquet. Souffrir du loquet. Terme parisien populaire, etc. Loquet s'est formé de «hoquet,» par addition de l'article le en tête du mot.
LORGNE, s. m. Oiseau de notre lac, espèce de plongeon.
† LOTON, s. m. Laiton. Une montre en loton. On lit dans une Ordonnance du Petit Conseil sur les monteurs de boîtes, en l'an 1710: «Est défendu à tous maîtres de faire aucun mélange dans leurs ouvrages d'or avec du loton.» Terme suisse-roman, savoisien et piémontais.
† LOTTE (UNE). Une hotte. Il tomba, ayant sur le dos sa lotte pleine de terraille. Terme suisse-roman et savoisien. Après avoir dit: «La hotte,» en aspirant l'h, on a dit: L'hotte, sans aspiration; puis beaucoup de personnes s'imaginant que lotte était le substantif lui-même, elles y ont joint l'article, et nous avons eu l'expression la lotte.
LOUETTE, s. f. Luette, épiglotte. Avoir la louette basse. Terme français populaire.
LOUISE, s. f. Jeton de cuivre à l'usage des enfants dans certains jeux. Payer avec des louises. Au jeu de l'oie on marque d'ordinaire avec des louises.
LOUP, s. m. (fig.) Terme des campagnards. Écuyer, faux bourgeon qui croît au pied d'un cep.
LOURD, adv. Beaucoup, considérablement. Tu as là de bien beaux pistolets, mais ils doivent t'avoir coûté lourd.
LOURDEUR, s. f. Pesanteur. Elle se plaignit tout à coup d'une lourdeur dans la tête qui nous inquiéta. Ce sens du mot lourdeur n'est pas dans les dictionnaires.
LOURDISE, s. f. Lourderie, faute grossière contre le bon sens ou contre la bienséance. Faire lourdise sur lourdise. Les dictionnaires disent que ce mot a vieilli. On s'en sert habituellement chez nous.
LOURIOU, s. m. Loriot, oiseau.
LOUSTIQUE, adj. Gai, content, joyeux, gaillard. Les premiers jours de printemps nous rendent loustiques. Nous n'étions que six à ce repas, mais tous six en belle humeur et loustiques. Comment vous portez-vous, voisin?—Sans être tout à fait loustique, je suis déjà beaucoup mieux. Les dictionnaires français qui ont recueilli ce mot ne lui donnent pas cette signification, laquelle pourtant est la véritable. R. all. lustig.
LOVAT, s. m. Tique de marais, insecte qui s'attache aux oreilles des bœufs et des chiens. Nous disons aussi: Louvat et lovet.
LUC, s. m. Sizerin, sorte de linotte.
† LUCAIRNE, s. f. Voyez LUQUERNE.
LUCHERAN, s. m. Nom que les campagnards donnent à la chouette et au chat-huant. Dans le patois vaudois on dit: Lutzerou et lutzerein.
LUGE, s. f. Sorte de traîneau sans ferrure, en usage dans les montagnes qui nous avoisinent, et qui sert à transporter le blé, le foin, le bois, etc.
LUGER (SE), v. pron. Terme des enfants. Aller en luge, aller sur un grand ferron. Dans le patois vaudois on dit: Ludji ou liuzi; et dans le dialecte du Jura, se lutchi signifie: Glisser sur la glace.
† LUI LA. Tu crois que je lui la donne, cette belle paume: je lui la prête. Dites: Je LA lui donne, je LA lui prête. Prends ces dix sous, et tu lui les donneras. Dites: Tu LES lui donneras.
LUIRE, v. n. Briller, éclairer. Les yeux des chats et ceux des loups luisent dans la nuit. Expression méridionale, etc.
LUISET, s. m. Petite lucarne. On a dit anciennement: Huiset (diminutif de huis, porte); de là, l'huiset avec l'article, et le luiset.
LUMIGNON, s. m. Sorte de petit lampion, sorte de veilleuse. J'irai me coucher sitôt que vous aurez préparé le lumignon. Expression connue dans le Berry et sans doute ailleurs. En français, «Lumignon» signifie: Bout de la mèche d'une chandelle ou d'une bougie qui achève de brûler.
† LUMINON, s. m. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Lumignon.» Une boîte de luminons. Terme valaisan, savoisien, limousin, berrichon, etc.
LUNE, s. f. Lunaison, intervalle d'une lune à une autre. Il pleuvra toute cette lune. Faute générale dans le Midi.
LUNE, s. f. Terme d'écolier. Lorsque deux palets ou deux boules se trouvent à une égale distance du but, les joueurs disent: C'est lune. [Glossaire de Gaudy.]
LUPPE, s. f. Huppe, oiseau. Terme vaudois.
M
MÂCHE-MOLLE, s. f. Se dit d'une personne apathique, flasque, lâche au travail, et qui indique par ses allures cette disposition. Ce terme, que nous regardons comme très-expressif, est formé du verbe mâcher et de l'adverbe mollement. On dit aussi quelquefois: Mâche-mou, en parlant d'un homme.
MÂCHILLER, v. a. Mâchonner, mâcher avec difficulté ou avec négligence. Mâchiller du papier. Terme français populaire.
MÂCHILLON, s. m. Objet que l'on mâchille.
MÂCHILLIÈRE, adj. Dent mâchillière. Dites: «Mâchelière.»
MACHIN, s. m. MACHINE et MACHINANTE, s. f. Mots d'un grand secours dans la conversation familière, et qui suppléent à tous les noms quelconques d'objets ou de personnes qui ne se présentent pas promptement à la mémoire. Tends-moi ce machin. Donne-moi cette machinante, pour faire un trou à la cloison. Français populaire.
MÂCHURE, s. m. Nous appelons taches de mâchure, les taches que l'on se fait autour des marmites. On les appelle aussi mâchuron (du mâchuron). Terme connu chez nos proches voisins. Le verbe «Mâchurer,» v. a., est français.
MADOTE, s. f. Poire madote. Dites: Poire amadote: terme formé par corruption du mot Damoudot ou plutôt dame Oudet, «laquelle dame était du village de Demigni, entre Beaune et Châlons, et eut la première de ces fruits en ce pays-là.» [Voyez Lacombe, Dictionnaire du Vieux langage, t. Ier, p. 23.]
† MADOU, s. m. Amadou.
† MAGINER, v. a. Voyez ÉMAGINER.
MAGNIN, s. m. Drouineur, chaudronnier ambulant. Quand le temps est très-sombre et le ciel très-chargé, nous disons figurément et facétieusement: Il va pleuvoir des magnins. Magnin est un terme suisse, savoisien, franc-comtois et vieux français. En Bourgogne on dit: Maignier; en Berry, mignan; à Metz, magni; en Normandie, magnan. La première édition du dictionnaire de l'Académie française [1694] dit: Maignen. En vieux français, magnan signifie: «Chaudron.»
MÂGNU ou MAGNU, s. m. Lourdaud, homme épais de corps et d'esprit, butor. Un gros mâgnu. Voyez donc ce mâgnu qui m'a brisé ce miroir.
MAIGRIR, v. a. La maladie t'a maigri. Les chagrins vous ont beaucoup maigri. «Maigrir» est un verbe neutre. Il faut dire: «Amaigrir.» La maladie t'a amaigri.
MAIGROLET, ETTE, adj. Maigrelet. La femme est une grosse pitaude; le mari est écouairu et maigrolet.
MAIGRULE, s. f. Fille ou femme très-maigre.
MAILLER, v. neutre. Se dit de la viande qui a été cuite trop fraîche, et qui s'aplatit, s'étend, s'écrase sous la dent plutôt que de se couper. Ce veau est d'une bonne qualité: c'est dommage qu'il maille.
MAILLER, v. actif. Tordre, tortuer, fausser, froisser, marteler. Mailler une clef. Mailler une branche de chêne pour en faire une rioute (un lien). Tout en croyant plaisanter, il a fini par mailler le bras de sa sœur. Terme franc-comtois. R. malleus. «Mailler» est français dans des acceptions différentes.
MAILLOT, s. m. Maillet, mailloche, gros marteau de bois. On dit à Bordeaux: Mailloc.
MAIN, s. f. Nous disons figurément d'une personne ouverte et loyale: Elle a le cœur sur la main. L'Académie dit: «Elle a le cœur sur les lèvres.»
MAINS CHAUDES. Sorte de jeu. Jouer à mains chaudes. On dit en France: Jouer à pied de bœuf.
MAINS NOIRES. Nous disons, sous forme d'encouragement, à un ouvrier qui se rebute d'une occupation pénible: Les mains noires font manger le pain blanc, c'est-à-dire: Le travail procure l'aisance.
† MAIRERIE, s. f. L'hôtel de la mairerie. Français populaire et vieux français. On dit aujourd'hui: «Mairie.» Hôtel de la mairie.
MAIS, adv. Terme des campagnards. De nouveau, derechef, encore une fois, en sus. Voyez cette coffe qui a mais sali sa robe. Voilà beaucoup de niolles dans le Jura, il pleuvra mais. Oh! la maladroite, la voilà mais par terre. Ton ouvrage est mal fait, Joson, il faudra mais le recommencer. Ce sens n'est pas dans les dictionnaires.
MAL, adj. des 2 genres. Mauvais. Ce vin n'est pas mal. Ton thème de prix n'est pas mal. En vieux français, mal était adjectif. On disait, par exemple, male femme, pour: Méchante femme: male bouche, pour: Mauvaise bouche; male mort, pour: Mort funeste; male fortune, pour: Infortune; et nous disons encore à Genève: Male vie, pour: Mauvaise vie. Le mot «Malheur» n'est autre chose que la réunion des deux mots male heure, mauvaise heure. En provençal, mal an signifie: Mauvaise année.
MAL, s. m. Nous disons: Se faire mal, pour: Se blesser. Elle s'était fait mal au doigt. Il s'est fait mal au pied. Cette expression, fort connue en Suisse, en Savoie, en Provence et ailleurs, n'est pas mentionnée dans les dictionnaires.
MAL, s. m. Plaie, ulcère. L'enfant du pauvre Doguet est plein de mal. Français populaire.
MALADIE, s. f. L'expression faire une maladie, est si répandue, si claire et si commode, qu'elle mériterait presque d'être française. Ce qu'il y a de certain, c'est que cette phrase: «J'ai eu une maladie,» forme une cacophonie horrible, dont l'oreille délicate du peuple ne s'accommodera jamais. J.-J. Rousseau a dit: «Il est singulier que je n'ai jamais fait de grandes maladies à la campagne.» [Confessions, liv. VI.]
MALADIER, v. n. Être malade, languir, traîner. La pauvre Alix ne veut pas maladier longtemps. T. des campagnards.
MALADISTE, adj. Enfant maladiste; jeune fille maladiste. Dites: Maladif, maladive.
MALAGNOU ou MARAGNOU, s. m. Muscardin, petit mammifère rongeur, du genre des loirs.
MALAISE, adj. Ne dites pas: Je me sens tout malaise; dites: J'ai beaucoup de malaise, ou employez une expression équivalente. Voyez AISE.
MALAISÉE, s. f. Dans le langage le plus familier, faire danser à quelqu'un la malaisée signifie: Lui administrer une correction, le rosser, l'étriller.
† MALATRU, TRUE, substantif. Malotru, malotrue. Un malatru nous vint au rencontre et nous agonisa.
MALATRU, TRUE, adjectif. Se dit des choses et signifie: Usé, délabré, en mauvais état. Des malatrus souliers; un malatru chapeau. Voyez, mon bon Monsieur, l'état misérable où je suis; je n'ai que cette malatrue veste et ce crouye pantalon. Dans le vieux français, malotru ou plutôt malostru et malestruz, adjectifs, signifiaient: Chétif, misérable. R. malè structus. Dans le langage français actuel, «Malotru» n'est pas adjectif.
MALCOMMODE, adj. Incommode, peu commode. Voiture malcommode; fauteuil malcommode.
MALCOMPLAISANT, ANTE, adj. et s. Peu complaisant, qui manque de complaisance. Tu es une malcomplaisante, Fanny.—Malcomplaisante toi-même. Terme généralement connu et usité, mais que nul dictionnaire n'a encore admis.
MALCONTENT, ENTE, adj. Mécontent. L'Académie dit que le mot de malcontent a vieilli. Il est fort habituel chez nous.
MAL DU PAYS, s. m. Maladie du pays, nostalgie. Avoir le mal du pays; succomber au mal du pays. Terme suisse-roman et savoisien. C'est la traduction littérale du mot allemand: Heimweh.
MALEMPARÉE, s. f. Mauvaise tournure d'un événement, mauvaise tournure d'une affaire. Quand il a vu la malemparée, et que la querelle s'échauffait, il a prudemment levé le pied. Terme vaudois, savoisien, etc.
MAL EN TRAIN, adj. Peu en train, mal disposé, détraqué, sans courage au travail. Je me sentais tout mal en train. Voyez ENTRAIN, s. m.
MALET, s. m. Convulsions nerveuses des enfants au maillot. Le malet bleu; le malet blanc. Le rire du malet. Sirop pour le malet. Terme suisse-roman et savoisien.
MALEVIE, s. f. Ce mot signifie littéralement: Mauvaise vie, et se dit de certaines choses qui sont à la fois très-mauvaises et excessives dans leur genre. Ainsi, un vacarme de malevie, est: Un vacarme épouvantable. Une faim de malevie, est: Une faim dévorante. On dit de même: Une colère de malevie, un désordre de malevie, etc. On se sert aussi du mot de malevie pour éviter celui de «diable.» Cet enfant a la malevie pour faire tout ce qu'on lui défend. C'est bien la malevie si je ne viens pas à bout de ce travail. Faire ces tours d'escamotage, ce n'est pas la malevie. Terme suisse-roman.
MALHONNÊTE, substantif des 2 genres. Impoli, indiscret. Vous êtes un malhonnête, Monsieur: passez votre chemin. Voyez ces deux malhonnêtes, qui ne daignent pas nous saluer. «Malhonnête» n'est jamais substantif.
MALICE, s. f. Donner une malice, signifie, dans le langage des campagnards: Donner un sort, jeter un sort, ensorceler. Les paysans, non-seulement de notre canton, mais encore de toute l'Europe, croient qu'on peut ensorceler eux, leur bétail et leurs récoltes, au moyen de paroles, de drogues ou de plantes. [P. G.]
MALIN, LIGNE, adj. Difficile, en parlant des choses. Grimper au haut de cet arbre, voilà qui est malin! c'est-à-dire: Voilà une belle prouesse!... Français populaire.
MALINE, adj. et s. f. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Maligne.» La fièvre maline. Terme français populaire et vieux français. Nous disons de même: Consiner, manifique, companie, cliner les yeux, etc.
MALLE, s. f. Nous disons trivialement d'un homme ivre: Il a sa malle.
MALMÛR, ÛRE, adj. Qui n'est pas assez mûr. Fruit malmûr. Terme de la Suisse romane, etc.
MALOTTE, s. f. Motte de terre. En Savoie, malotte se dit non-seulement des mottes de terre, mais aussi des boules de neige que font les enfants.
MANCHE, s. f. Nous disons proverbialement d'un homme ferme, habile, résolu et qui sait ce qu'il se veut: Il ne se mouche pas de la manche. L'Académie dit: Il ne se mouche pas SUR la manche.
MANCHE, s. m. Queue. (fig.) Nous disons figurément: Tenir le manche de la poêle, pour signifier: Conduire une affaire, en avoir la direction principale. C'est Monsieur tel qui est le grand meneur; c'est lui qui tient le manche de la poêle. On dirait en français: C'est Monsieur tel qui tient la queue de la poêle.
MANCHE DE VESTE, s. f. Avoir les jambes en manche de veste, est une expression burlesque qui signifie: Avoir les jambes torses et contrefaites; être mal bâti; «avoir les jambes en faucille,» comme s'exprime le Dictionnaire du Bas langage, t. Ier, p. 378.
MANCHETTES, s. f. pl. Nous disons proverbialement d'un vêtement, d'un ajustement quelconque qui est trop beau pour la personne qui en est parée: Cela lui va comme des manchettes à un cochon.
MANDEMENT (LE). Habiter le Mandement. S'établir dans le Mandement. Les principaux villages du Mandement sont: Bourdigny, Peney, Satigny, Dardagny et Russin. Voici l'origine de ce terme. Au commencement du seizième siècle, l'évêque de Genève possédait à quelques lieues de sa résidence trois petits territoires ou mandements, savoir ceux de Thiez, de Jussy et de Peney, et chacun d'eux avait son châtelain qui administrait au nom du prélat. Le mandement de Thiez fut perdu après la Réformation. Ceux de Jussy et de Peney sont restés à la république; celui de Peney seul a conservé le nom de mandement. Ainsi l'expression de mandement signifie: District, juridiction, territoire confié par l'évêque à l'administration d'un châtelain ou d'un bailli. Aucun dictionnaire usuel, ni même le Glossaire roman de Roquefort, n'ont signalé cette signification, assez notable, du mot mandement. Le district d'Aigle (canton de Vaud), était anciennement divisé en quatre mandements. Dans le latin du moyen âge, on disait: Mandamentum.
MANGEOIRE, s. f. Auget de cage, petit bocal où l'on place la mangeaille d'un oiseau. «Mangeoire,» en français, ne se dit que de l'auge où mangent les chevaux. En languedocien, manjhadou a le sens de notre mot mangeoire.
MANGER, v. a. Nous disons proverbialement d'une personne fort riche: Elle mange l'or à la cuiller. On dit en français: «Elle remue l'argent à la pelle,» expression moins énergique peut-être que la nôtre.
MANGER, v. a. (fig.) Mordre, piquer, dévorer. Se dit de certains insectes qui s'attachent à la peau de l'homme et des animaux. La pauvre enfant était mangée des puces. Expression méridionale, etc.
MANGER, v. a. (fig.) Employer, faire perdre. Je renoncerai à cette excursion: elle me mangerait trop d'argent. La fête d'Interlaken fut brillante; mais elle nous mangea environ trois jours. Ce sens, un peu trivial, du verbe manger, n'est pas dans les dictionnaires.
MANGER UN ORDRE. Oublier un ordre, oublier une commission. Je lui avais prescrit de m'attendre au débarcadère, mais il a mangé l'ordre. Français populaire.
MANGER (SE), v. pron. Se ruiner en folles dépenses. C'est un homme qui se mange, et auquel il ne restera bientôt pas un écu.
MANGER (SE), v. réc. Se quereller. Les entendez-vous qui se mangent? Ils ne se rencontrent jamais sans se manger.
MANIANCE, s. f. Maniement, administration, jouissance. Ne s'emploie guère que dans cette expression: Avoir en maniance, c'est-à-dire: Manier, avoir le maniement de, administrer. Du moment que ce jeune homme eut toute sa fortune en maniance, il se dérangea. Terme vieux français, etc.
MANICLE, s. f. Gabegie, manigance, mystère, manœuvre secrète et artificieuse. Être dans la manicle, veut dire: Être dans le secret, être initié à l'intrigue. On dit dans le même sens: Connaître la manicle, savoir la manicle.
MANIÈRE (DE). Ne dites pas: De manière à ce que, dites: «De manière que,» ou: «De sorte que.» De manière à ce que est un barbarisme qui a passé insensiblement du langage populaire dans le style des romanciers et des feuilletonistes, et qui est aujourd'hui installé et achalandé. Dire que M. Bescherelle, si indulgent pour les néologismes, condamne absolument cette expression traînarde, c'est en faire, il me semble, une suffisante critique.
† MANIFIQUE, adj. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Magnifique,» dont l'articulation gn est mouillée. On nous servit une fricassée manifique. Cette faute, qui se fait en Lorraine et sans doute ailleurs, est une tradition du vieux français.
MANILLE, s. f. (ll mouillés.) Anse. La manille d'un pot. La manille lui est demeurée à la main. Terme suisse-roman, savoisien, languedocien et vieux français. En Dauphiné on dit: Maneille; à Lyon, manillon; en provençal, maneyo; en rouchi, manique. R. manus.
MANNE, s. f. Drogue purgative. On doit prononcer mâne.
† MANQUABLEMENT, adv. Immanquablement.
MANQUE À TOUCHE, s. m. (fig.) Manque à toucher, manque de tact, gaucherie. Faire un manque à touche. Son manque à touche le mit dans un embarras cruel. Au sens propre, les dictionnaires disent: «Un manque de touche,» ou: «Un manque à toucher;» mais l'expression manque à touche n'est jamais française.
MANQUER, v. n. Ils ont manqué être pris. Il a manqué tomber; elle a manqué s'estropier. Un cheval a manqué l'écraser. Tous les dictionnaires et la majorité des grammairiens veulent qu'on ajoute la préposition de, et qu'on dise: Il a manqué DE tomber. Elle a manqué DE s'estropier.
MANQUER (SE). Manquer, se tromper, faillir. Notre jeune écolier s'est manqué deux fois en récitant sa leçon. Suivez ce chemin, mes amis, vous ne pouvez pas vous manquer. Terme suisse-roman, savoisien et méridional.
MANQUER (SE). Manquer, être de moins. Quand le commissionnaire fut parti, et que je voulus reconnaître la somme, il s'y manquait dix francs.
MANTEAU, s. m. Le manteau d'un chat, le manteau d'un cheval, le manteau d'un chien. On dit en français: «La robe.»
MANTILLAGE, s. m. Linge de table, assortiment de linge de table. Un beau mantillage; un mantillage usé. En vieux français, mantil ou mantiz ont le même sens. Dans le canton de Vaud, en Savoie et à Besançon, manti signifie: «Nappe.» En latin, mantile veut dire: Essuie-mains, serviette.
MÂPELU, s. m. Malotru, bélître. Ce terme, qui nous vient du patois, signifie: «Mal pelé.» En vieux français, pelu ou pellu veut dire: Rempli de poils, sale, malpropre.
MÂPIS ou MÂPI, s. m. Bille, gobille, chique, petite boule de grès ou de marbre dont s'amusent les jeunes enfants. Jouer aux mâpis. Le jeu des mâpis. A Genève, ceux qui veulent mieux parler disent: Marbron.
MÂPU, s. m. Butor, lourdaud, malotru.
MARAGNOU, s. m. Muscardin. Voyez MALAGNOU.
MARAIN, s. m. Gravois, plâtras. Un tombereau de marain. Terme lyonnais, etc.
MARATAGE, s. m. Brocantage, troc.
MARATER, v. a. Brocanter, troquer, échanger. En provençal, barata a le même sens. En vieux français, barater signifie: Tromper, frauder.
MARATEUR, MARATEUSE, s. Brocanteur, brocanteuse.
MARBRON, s. m. Bille, gobille, mâpis. Jouer aux marbrons. Le jeu des marbrons.
MARC DE CAFÉ, MARC DE RAISIN, s. m. Le c final du mot marc ne se prononce pas, et la syllabe ar est très-brève.
MARCHANDEUR, MARCHANDEUSE, s. Celui ou celle qui dispute sur le prix d'une marchandise. Il est très-riche, et pourtant très-grand marchandeur.
MARCHER, v. a. Quand une Genevoise dit à quelqu'un: Vous me marchez, ou: Vous me marchez dessus, cela signifie: Vous marchez sur ma robe. L'expression: Vous me marchez, est un peu étrange, mais elle n'est pas particulière à notre ville. [Voyez les Glossaires méridionaux.]
MARCORET, s. m. Mercuriale, plante. Dans le canton de Vaud on dit: Mercoret.
MARGALLE, s. f. Sorte de petite cerise noire.
MARGOT, s. f. Femme ou fille inepte, sotte, stupide. S'emploie quelquefois adjectivement. Votre Marianne est plus margot que je ne sais quoi. En français, «Une margot» signifie: 1o Une bavarde; 2o Une éhontée.
MARGOTTE, s. f. Marcotte. Une margotte d'œillet; planter des margottes. Français populaire.
MARGOTTER, v. a. Marcotter.
MARGUERITES, s. f. pl. (fig.) Cheveux grisonnants.
MARIAGE, s. m. Au mariage et à la mort, le diable fait son effort. Proverbe genevois qui signifie qu'à chaque mariage et à chaque mort les caquets et les médisances vont grand train.
MARIAUDER ou MARIAUTER, v. a. Ne s'emploie guère que dans cette phrase: Mariauder un enfant, c'est-à-dire: Le manier, le porter sans précaution, le faire sauter brusquement. Ne lui donnez pas cette petite fille à mariauder.
MARIER, v. a. Se marier avec, épouser. Sais-tu que Jacques, le célibataire, va marier la fille à Truchet? Français populaire.
MARMANGER (SE), v. réc. Se quereller vivement, s'entre-manger. Nos deux voisines sont toujours à se marmanger. Terme peu noble, mais énergique.
MARMOTTEUR, MARMOTTEUSE, s. Celui ou celle qui a l'habitude de marmotter, de répliquer, de se plaindre sans raison. Tu es une marmotteuse, Jenny, et je te punirai.
MARMOTTINE, s. f. Terme de modiste. Marmotte, sorte de mouchoir qui enveloppe la tête.
MARMOUNER, v. n. Marmonner, marmotter, marronner.
MAROQUIN, s. m. (fig.) En vouloir au maroquin, signifie: Ambitionner, convoiter les hautes places de la République. Expression figurée qui se prend d'ordinaire en mauvaise part.
MARQUAINE ou MARQUÉE, s. f. Craie rouge ou blanche.
MARTEAU, s. m. Dent mâchelière, grosse dent. Souffrir d'un marteau; se faire tirer un marteau. Terme populaire, fort usité dans la Suisse française, en Savoie, à Lyon et en Franche-Comté, mais qui n'a été recueilli jusqu'à présent par aucun dictionnaire français.
MARTEAU, s. m. Capron, grosse fraise ronde que l'on cultive dans nos jardins. [P. G.]
MARTÉRISER, v. a. Martyriser. Elle se martérise pour gagner quelques pauvres sous. A Neuchâtel on dit: Marturiser.
MARTINATIER, s. m. Propriétaire ou directeur d'un martinet, c'est-à-dire, d'une usine.
MARTIN VIT, s. m. Sorte de jeu qu'on appelle en France: «Petit bonhomme vit encore.» Martin vit.—Vit-il toujours?—Toujours il vit.
MARTIROLET ou MARTIROLAT, s. m. Martelet, martinet de murailles, espèce d'hirondelle.
MARTYRE, s. m. (fig.) Nous disons, en retranchant l'article: Souffrir martyre. Son bavardage incessant nous faisait souffrir martyre. Les dictionnaires disent: «Souffrir LE martyre.»
MAS, s. m. Ce que nous appelons Mas de maisons s'appelle en français: «Île.» Et quand nous disons: Trente poses de vigne en un seul mas, les Français disent: «——en un même clos.» Dans le vieux français, mas signifiait: Territoire appartenant à un même seigneur.
MÂSILLES, s. f. pl. Voyez MÂZILLES.
MAT (prononcez matt), MATTE, adj. Se dit surtout du linge et signifie: «Qui a quelque humidité, qui est un peu mouillé.» Des serviettes mattes. Les draps restent mats, lorsque, après la lessive, ils n'ont pas été suffisamment exposés au soleil. Nous le disons aussi de la peau. La transpiration commence, et la peau devient un peu matte. En français, mat, adjectif, n'a aucun de ces deux sens. Dans le pays d'Enhaut (canton de Vaud), matzo signifie: «Humide.»
MATAFAN, s. m. Lourdaud, bélître. Matafan que tu es, feras-tu une fois en ta vie quelque chose de bien? Voyez MATE-FAIM.
MATAGASSE, s. f. Pie-grièche, et au figuré: Femme dont l'humeur est aigre et querelleuse. Dans le canton de Vaud on dit: Matagasse et montagasse; en Languedoc, amargasse; en Provence, darnagasse. R. agasse (pie).
MATE ou MATTE, s. f. Terme des campagnards. Tas, monceau. Une matte de foin. Voyez MATOLLE. En Languedoc, mate signifie: Une touffe, une fane.
MATE-FAIM, s. m. Terme culinaire. Sorte de crêpe fort nourrissante, et qui, par conséquent, mate la faim. Mate-faim aux pommes. Terme suisse-roman, savoisien et français populaire. En patois on dit: Matafan.
MATERAT, s. m. Bécassine sourde. Quelques-uns écrivent matras.
MATIN, s. m. C'est parler mal que de dire: J'irai grand matin; on se lèvera bon matin. Il faut dire: «J'irai DE grand matin; on se lèvera DE bon matin.» C'est parler mal aussi que de dire: Venez du matin; on partira du matin. [Voyez t. Ier, p. 159.]
MATINIER, IÈRE, adj. Matinal. Tu es bien matinier, Victor. «Matinier» est français, mais dans une acception un peu différente.
MATOQUE, s. f. et adj. Nigaude, sotte, bécasse. Tu es bien matoque, ma pauvre Thérèse, de croire tous les contes que ce jeune homme vient te faire. Oh! la matoque de fille, qui ne sait pas distinguer un lapin d'un lièvre! Terme connu en Suisse et en Savoie. Quelquefois matoque se dit en parlant des choses. Voyez cette matoque de cafetière, qui met une heure de temps à cuire! A Reims, mastoque signifie: Lourdaud, grossier.
MATRAS, s. m. Engrais, fumier, [P.G.] Terme usité aussi dans le Jura. [Voyez Monnier, Vocabulaire de la langue rustique du Jura.]
MATRASSER, v. a. Fumer un terrain, y épandre de l'engrais ou du fumier, [P. G.]
MAUVAIS, MAUVAISE, adj. Cet adjectif, pris dans le sens de «méchant,» se dit quelquefois des animaux, et surtout des bêtes à cornes. Prenez garde, Messieurs: cette vache est mauvaise, elle donne.
MAUVAISES RAISONS. Paroles offensantes, propos injurieux. Dire des mauvaises raisons. Je lui parlais avec douceur et sans me fâcher; mais lui, il s'est monté, et a fini par me dire un tas de mauvaises raisons. Expression dauphinoise, etc.
MAYÔLE, s. f. (Prononcez maïôle.) Exclamation ironique, terme de moquerie, usité surtout parmi les enfants. Oh! la mayôle, qui s'est laissé battre par une petite fille! Faites-lui tous mayôle! Ce mot vient par corruption de mariole, qui, dans plusieurs dialectes de France, signifie: Un homme dont on ne fait point de cas, un homme de rien, un témoin peu digne de foi. En vieux français, mariolet voulait dire: Enfant inepte, jeune homme inconséquent. [Voyez le Dictionnaire roman-wallon de Don François, et le Dictionnaire français-latin de Robert Estienne, 1605, in-4o.]
MÉCANIQUE (UN). Le mécanique de l'horloge s'est dérangé. «Le mécanique est palpable.» [Ch. Bonnet, Contemplation de la nature, XIe partie, ch. 27.] Ce mot est féminin.
MÉCREDI, s. m. Écrivez et prononcez «Mercredi.»
† MEDAILLE, s. f. Regarde, papa, j'ai la medaille. Écrivez et prononcez «MÉdaille.»
MÉDECINAL, ALE, adj. Écrivez «Médicinal.» Herbe médicinale, potion médicinale. [Acad.]
MÉDILLON, s. m. Sorte de rigole pavée. L'eau séjournait dans le médillon.
MEICLE, s. m. (Prononcez mey-clle, ll mouillés.) Terme rural qui signifie: Mélange, et plus particulièrement: 1o Un mélange de seigle et de blé, soit Méteil. Pain de meicle; farine de meicle; semer du meicle. 2o Un mélange de paille et de foin, que les campagnards font manger en hiver à leurs vaches et à leurs chevaux. En Languedoc on dit: Mescle. Le verbe provençal mescla signifie: Mêler, mélanger.»
MÉLÈZE (LA). La mélèze dure bien plus que le sapin. Ce mot est masculin. Le genre féminin appartient au vieux français, et s'est conservé en Savoie et sans doute ailleurs. Nos campagnards prononcent melèze.
MELIZE, s. f. Plante médicinale. Une infusion de melize. Terme savoisien et lyonnais. Écrivez et prononcez «Mélisse.»
MÊLON-MÊLETTE, adv. Pêle-mêle. En Picardie on dit: Melon-melette; dans le patois bourguignon et en Franche-Comté, maulin-maulo; en Normandie, mêli-mêlo.
MEMBRÉ, ÉE, adj. Un homme vigoureux et bien membré. Terme français populaire. Dites: Membru, c'est-à-dire: Qui a les membres gros et puissants.
MÉMORISATION, s. f. Voyez MÉMORISER.
MÉMORISER, v. n. Apprendre par cœur et retenir ce qu'on a appris. Les orateurs ont souvent une peine extrême à mémoriser. Le travail de la mémorisation est pour beaucoup de prédicateurs un travail ingrat et difficile. Termes excellents.
MÉNAGE, s. m. Nous disons: Se mettre à son ménage. Nous disons également: Se mettre dans son ménage. Aussitôt mariés, les futurs époux se mettront dans leur ménage; se mettront à leur ménage. Le dictionnaire de l'Académie dit: «Se mettre EN ménage.»
MÉNAGÈRE, s. f. Petit tablier de femme.
MENÉ, NÉE, adj. Se dit des choses, et signifie: «Usé.» Un habit mené; des serviettes menées.
MENER, v. a. (fig.) Dans le langage des campagnards: Un tel mène sa soixantième année, signifie: Un tel est dans sa soixantième année; il court sa soixantième année.
MENER SA LANGUE. Jaser, bavarder, médire.
MENER UNE CONDUITE. Ce jeune homme ne mène pas une conduite qui lui fasse honneur. On dit en français: Tenir une conduite. Mais il est correct de dire: Mener une vie. Ce jeune homme mène une vie dissipée.
MENIÈRES, s. f. pl. Lisières, bandes d'étoffe ou cordons attachés aux robes des petits enfants pour les soutenir quand ils s'essaient à marcher. Votre petit John marche-t-il?—Vous m'excuserez, Monsieur: il va encore avec les menières.
MENILLE, s. f. Jeu de cartes, espèce de brelan. Au sens figuré nous disons de quelqu'un qui est dupe dans une affaire: Il est menille.
MENTEUR, s. m. Le proverbe suivant: On attrape plus vite un menteur qu'un voleur, signifie: Que les mensonges se découvrent facilement. Ce dicton, très-répandu à Genève et chez nos voisins, ne se trouve dans aucun des dictionnaires que j'ai consultés.
MENTON À TAPETTE, s. m. Menton pointu et recourbé, menton DE galloche, et non pas menton à galloche, comme nous le disons ordinairement.
MENUSAILLE, s. f. Menuaille, petite monnaie. Il ne m'a payé qu'en menusaille. Dans la Franche-Comté on dit: Menuisaille.
MENUSERIE, s. f. Menuiserie. MENUSIER, s. m. Menuisier.
† MÉNUTIE, s. f. Minutie. MÉNUTIEUX. Minutieux.
MÉPHIBOSET, s. m. Petit homme mal bâti. «La chambre de Milice pourra dispenser du service les malades et les méphibosets.» [Troisième Visite de l'aristocrate; brochure genevoise anonyme, année 1791.] On dit quelquefois au féminin: Méphibosette. Une petite méphibosette.
MÉPRISER (SE), v. pron. Mépriser, dédaigner; se refuser par fierté à faire une chose. Oui, Monsieur le pasteur, je dois vous le dire: Ma fille se méprise de porter l'eau; elle se méprise même d'aller promener avec nous. Ton père est cordonnier, et tu te méprises de prendre cette profession?
MERANDE ou MERENDE, s. f. Terme des campagnards. Petit repas qui se fait à quatre heures de l'après-midi; goûter. Dans plusieurs de nos villages, ce repas s'appelle goûtairon. Le repas de onze heures ou midi s'appelle goûta; le repas du matin, din-na ou déna; le repas du soir, s'pă ou ch'pă. Le mot merande, connu dans toute la Suisse romane, en Chablais, en Faucigny et dans les trois quarts de la France, appartient au vieux français. R. lat. merenda.
MERCI DE. Merci de la peine; merci du compliment; merci de votre bon souvenir. Cette expression familière, très-usitée chez nous et probablement dans tous les pays où l'on parle français, n'est consignée nulle part. Les dictionnaires disent: «Merci,» sans ajouter de régime.
MERDAILLON, s. m. Terme injurieux, dont on qualifie quelquefois un bambin ridicule, un blanc-bec, un petit bonhomme qui veut se donner de grands airs. Terme français populaire.
MÈRE, s. f. Nous disons proverbialement: C'est tout ma mère m'a fait, pour signifier: C'est tout un; il n'y a aucune différence entre ces choses; c'est blanc bonnet, bonnet blanc. Prenez l'oncle, prenez le neveu: c'est tout ma mère m'a fait; c'est-à-dire: Ils ne valent pas mieux l'un que l'autre.
MÉRÉDI, s. m. Raifort sauvage. Ce terme, connu dans le canton de Vaud, vient de l'allemand Meerrettig, qui a le même sens que mérédi.
MÉRIDIEN (LE). Régler une pendule au méridien. Terme dauphinois et provençal. Dites: À la méridienne.
MERINGUÉ, ÉE, adj. Terme de pâtissier. Tôfet meringué; biscuit meringué; bâton meringué. «Meringue» est français.
MERISE, s. f. Ce que nous appelons à Genève merise, s'appelle en français: «Griotte.» La merise est une cerise sauvage. La merise douce est une «Guigne.»
MERISIER, s. m. Griottier, guignier.
MERVEILLES, s. f. pl. Rubans de pâte cuits dans le beurre. Un plat de merveilles. On nous servit à goûter des croûtes dorées et des merveilles.
MESAILLE, s. f. Terme des collégiens. Argent. Voyez MESUAILLE.
MÉSENTENDU, s. m. Malentendu, c'est-à-dire: Paroles ou actions prises dans un autre sens que celui où elles ont été dites ou faites. Éclaircir un mésentendu. «Par un mésentendu survenu dans ce voyage, le prince royal eut le malheur de tomber dans la disgrâce du roi son père. [Seigneux de Correvon, Mémoires sur Frédéric le Grand, t. Ier, p. 12.] Terme universellement connu et usité en Suisse, en Savoie et en France, mais non admis jusqu'à présent dans les dictionnaires.
MÉSENTENTE, s. f. Malentendu. Arrangeons-nous de manière qu'il n'y ait point de mésentente. On lit dans le Journal de Genève de 1848, no 84: «La proposition de Mr V** est adoptée. (Discussions, bruit, mouvements et mésentente prolongée.)» Je pense qu'ici mésentente signifie: Le fait de ne pas entendre.
MESONS, s. m. pl. Voyez MEZONS.
MESSELIER ou MESSALIER, s. m. Messier, garde champêtre temporaire. Terme vaudois et lyonnais. On disait en vieux français: Messilier et messeillier.
MÉTAN ou plutôt MEYTAN, s. m. En patois ce mot signifie: Milieu. Terme franc-comtois. Dans le patois bourguignon, dans le patois du Berry, à Reims, en Normandie et en vieux français on dit: Mitan. Dans le patois de l'évêché de Bâle on dit: Mitan et moïtan. Le dictionnaire de Monet [1636] donne comme synonymes les trois mots: Meilieu, milieu et mitan. En allemand, Mitte.
MÉTEGUETTE (À LA). Locution adverbiale qui signifie: Chichement. Tu m'en donnes à la méteguette. Tu me sers à la méteguette; c'est-à-dire: Tu me regrettes ce que tu me sers. Dans le canton de Vaud, meteguet se dit d'un homme minutieux, lambin, doucereux. Dans les Alpes le verbe metegà signifie: Assigner, dans une famille, à chacun sa portion du bien commun. R. mitigare?
MÉTIAFOU ou MATIAFOU, s. m. Demi-fou, cerveau timbré, original. En patois, matî-ă ou meytî-ă signifient: «Moitié.»
METTRE À COIN, v. a. Serrer, mettre de côté, tenir en réserve. Son mari lui a pris et a fioulé les quatorze écus qu'elle avait mis à coin.
METTRE DES DENTS. Nous disons d'un petit enfant: Il met ses dents. On dit en français: Les dents lui percent, ou: Les dents lui viennent, ou: Il fait ses dents. De ces trois expressions, les deux premières sont les plus correctes.
METTRE SUR QUELQU'UN. Terme d'encan. Enchérir. Il a mis trois francs sur moi, et je n'ai pas eu cette belle commode. Faisons un accord: je ne mettrai pas sur vous, ni vous sur moi. Expression neuchâteloise. [Voyez Guillebert, Vocabulaire du dialecte neuchâtelois, 2e édition, p. 295.]
METTRE (SE), v. pron. Se mettre d'une société; se mettre d'une confrérie. Il s'est mis du complot. Dites: Entrer dans une société; entrer dans une confrérie; entrer dans un complot.
METTRE (SE), v. pron. Se mettre dans les dettes. S'endetter. Expression très-adoptable et vraisemblablement très-répandue.
† MEUR, MEURE, adj. Mûr, mûre. Un fruit mal meur. Meur appartient au vieux français, et se dit encore vulgairement dans tout le nord de la France, en Savoie et dans la Suisse romane.
MEURAISON, s. f. Terme des campagnards. Maturité.
MEURE, s. f. Mûre, sorte de fruit. Une seille de meures. Cueillir des meures. Aux meures! Aux belles meures! est le cri de nos revendeuses à la fin du mois de juillet. Terme français populaire et vieux français.
MEURIER, s. m. Mûrier.
MEURON, s. m. Mûre sauvage, baie de ronce. Piquer des meurons. Terme vaudois, bressan et vieux français. A Rumilly (Savoie) on dit: Mûron; en Franche-Comté, mavuron.
† MIALER, v. n. Miauler. Le minon enfermé mialait. Terme parisien populaire, etc.
MIDI, suivi du pluriel. Midi ont sonné. Nous dînons à midi précises. Je vous attends vers les midi. Toutes ces phrases sont vicieuses, et il faut dire: Midi est sonné; nous dînons à midi précis; je vous attends vers midi.
MIE, s. f. Terme rural. Meule ou pile de foin ou de paille, de forme conique, qu'on fait en plein air dans le voisinage des maisons qui ne sont pas assez grandes pour contenir toute la récolte. [P. G.] En Franche-Comté, en Bourgogne et dans le nord de la France on dit: Moie. Chez nos campagnards, mouë signifie: «Monceau.»
† MIENNE (LE). Le mien. Rends-moi ce mâpis, c'est le mienne.—Le tienne! tu es-t-un menteur. Notre prononciation, dans ces mots mienne et tienne, est très-nasale, s'éloignant ainsi de la prononciation française et s'approchant beaucoup de la prononciation patoise (mein-nà).
MIES, s. f. pl. Mies de pain, miettes de pain.
MIEUX, adv. Plutôt. Finiras-tu de nous ennuyer, Jacot?—C'est bien mieux toi qui nous bassines.
MIEUX DE. Plus de. Il a hérité mieux de cent louis. La Josette a mieux de trente ans. Locution savoisienne, lyonnaise et méridionale.
MIEUX (LA). Le mieux. Au dernier bal, c'était notre Clémentine qui était la mieux, c'est-à dire: Qui était la plus jolie, qui était LE mieux.
MIEUX VALUE, s. f. Il nous fallut encore payer cent francs pour la mieux value. Dites: La plus value. Terme neuchâtelois, savoisien, franc-comtois, lorrain, etc. Value, en vieux français, signifie: «Valeur.»
MIFFE, s. f. Terme de boucherie. Rate. Je te prie, Isabeau, de ne plus te laisser donner de la miffe pour garneçon. Nos campagnards, et ceux du canton de Vaud, disent: La mefă, d'où ils ont formé le verbe em'fà, essouffler.
MIGNON, adj. Aller de son pied mignon, signifie chez nous: Aller à pied, voyager lestement et sans frais. L'Académie dit: «Aller de son pied gaillard.»
MI-LAINE, adj. Robe mi-laine, robe qui est moitié laine et moitié coton.
MILLE-PIEDS, s. m. Scolopendre, insecte.
MILLION, s. m. Terme de maçon. Brisures, éclats de cailloux.
MILLIONNER, v. a. Émier, émietter. S'emploie le plus souvent avec le pronom personnel, et signifie: S'émier, s'émietter, se briser, se séparer en petits morceaux comme le fromage persillé, ou comme certaines sucreries et pâtisseries. [P. G.]
† MIMERO, s. m. Numéro. En Picardie ont dit: Limero.
MIMEROTER, v. a. Numéroter.
MINAGE, s. m. Défoncement. Le minage d'une vigne. Faire un minage. Terme savoisien.
MINÇOLET, ETTE, adj. et s. Se dit des personnes et des choses, et signifie: Maigre, petit, chétif, mince. Une jeune fille minçolette. Tu me coupes là un morceau de pain qui est bien minçolet. Terme savoisien.
MINE, s. f. Visage. Se laver la mine. Regarde-toi au miroir, tu as la mine bien sale.
MINER UN TERRAIN. Terme d'agriculture. Défoncer un terrain, le fouiller à deux ou trois pieds de profondeur, en ôter les pierres, y mettre du fumier ou de la terre nouvelle.
MINON, s. m. Sorte de palatine, fourrure que les dames portent sur le cou en hiver. Français populaire.
MINON, s. m. Terme des campagnards. Chaton, fleur pendante et en forme de chenille, que portent certains arbres, comme le coudrier, le noyer, le chêne et le saule. [P. G.] A Genève nous appelons minons (s. m. pl.), cette poussière qui s'agglomère sous les lits, sous les armoires, sous les commodes, et qui y revêt la forme de chatons. Balayer les minons; enlever les minons; pannosser les minons.
MINUIT, suivi du pluriel. Sur les minuits. L'orage commença contre les minuits. Ce pluriel, quoique d'un fréquent usage, n'est pas correct. On doit dire: Sur LE minuit. On peut dire aussi: «L'orage commença vers minuit.»
MINUIT (LA). C'est ainsi qu'on parlait anciennement. Ce mot est aujourd'hui masculin; on dit: Le minuit et le midi.
MIOTISE, s. f. Thym, plante aromatique.
MIRER, v. a. (fig.) Viser, avoir en vue certaine fin. Il mire une riche et belle veuve. Je crois que tu mires ta cousine. Dans la comédie de Fanchon la Vielleuse, on lit cette phrase: «Il VISE la jeune personne.» [Acte Ier, scène 9.]
MIROLON ou MEROLON, s. m. Pinson des Ardennes, pinson de montagne.
MISE, s. f. Dans le langage des écoliers, Faire mise ou faire mise ensemble, signifient: Mettre en commun les enjeux, s'associer. N'est-ce pas, Isaac, on est ami, et on fera toujours mise ensemble?
MISER, v. a. Enchérir, mettre une enchère. Si tu viens demain à l'encan, tu auras soin de ne pas miser sur moi. Qu'as-tu misé au dernier encan? J'ai misé un placard, six tablats et deux escabelles. Terme suisse-roman et savoisien.
MISSER-JEAN, s. m. Poire de misser-Jean. On dit en français: Poire de messire-Jean.
MITE, s. f. Mitaine, miton long. Tricoter des mites. Terme suisse, savoisien, lyonnais, limousin, etc.
MITENANDRE, s. f. Cortége, suite, séquelle. Le mari, la femme, le beau-frère, et toute la mitenandre. Terme vaudois, formé des mots allemands mit einander, qui signifient: Ensemble, de compagnie.
MODÀ, v. n. Terme patois fort connu. S'en aller, quitter l'endroit où l'on est. No-z alin modà (nous allons partir.) Dans le Berry, Moder est verbe actif, et signifie: Lâcher les bestiaux, les mener paître; en languedocien mudà veut dire: Déménager, déloger.
MOGEON, s. m. Veau, veau d'un an. Terme suisse-roman et savoisien. Au figuré, mogeon se dit d'une fille ou d'une femme épaisse de corps et d'esprit. Votre Albertine est un peu mogeon, elle a l'air mogeon.
MOGLION, s. m. Voyez MOLION.
MOINDRE, adj. Malingre, faible, indisposé. La jeune Caroline est toute moindre aujourd'hui: elle garde la chambre.
MOINDROLET, ETTE, adj. Diminutif de moindre. Se dit surtout des personnes et signifie: Petit, maigre, chétif. L'enfant a une excellente nourrice, et pourtant il reste bien moindrolet.
MOINEAU, s. m. (fig.) Homme dont on fait peu de cas. Quel sot moineau que votre Mr Dubreuil!
MOINEAU SOLITAIRE, s. m. Merle de rocher.
MOINS, adv. Voyez DU MOINS, t. Ier, p. 159.
MOIRE, s. f. Voyez MOUARE.
MOIS D'AVRIL, s. m. Poisson d'avril. Donner un mois d'avril. Terme suisse-roman et savoisien.
MOIS DE MAI, s. m. Aubépine. A Bordeaux, dans le Berry et ailleurs, on dit: Du mai (du mai en fleurs).
MOISIR, v. n. (fig.) Faire trop lentement une chose, lambiner dans un message. Va-t'en faire cette commission, et tâche surtout de n'y pas moisir. Expression triviale.
MÔLAN, s. m., ou MÔLAN-NE, s. f. Vent d'est. Voyez VENT.
MOLETTE, s. f. Pierre à aiguiser des faucheurs. Terme suisse-roman et savoisien. R. mola.
MOLIÈRE, s. m. Terme des campagnards. Émouleur, rémouleur, gagne-petit, aiguiseur. Le terme patois est: Molaire ou moliàre, dont molière est une corruption, ou plutôt un raffinement. Dans le canton de Vaud on dit: Molâre, et à Chambéry, molaire. Dans notre patois le verbe molà signifie: Aiguiser.
MOLION, s. m. Salamandre, reptile amphibie.
MOLLACHE, subst. et adj. féminin. Personne flasque, molle, lâche au travail, dénuée de toute énergie. On dit en français, dans un sens analogue: Mollasse. «Un individu lourd et mollasse.» [Voyez Bescherelle, Dict. National.]
MOLLASSE, s. f. Sorte de grès tendre. Un parpaing de mollasse; un escalier de mollasse. Terme suisse-roman, savoisien et dauphinois.
MOLLE, s. f. Avoir la molle, signifie: N'avoir pas le cœur au travail, être plus disposé à flâner qu'à s'occuper. J'ai la molle; la molle me gagne; la molle me tient.
MÔMASSE, s. f. et adj. Augmentatif de môme.
MÔME, s. f. et adj. Fille ou femme inepte, sotte, stupide. Je ne sais pas ce que j'ai; mais je suis toute môme aujourd'hui. Dans le patois vaudois on dit: Moum[(a].
MÔMICHON, s. m. Nigaud. Mômichon que tu es! Avoir peur d'une levrette, d'une petite levrette.
MÔMIER, MÔMIÈRE, subst. Dénomination inconvenante par laquelle on désigne quelquefois les membres de l'Église dissidente. C'est un mômier. Il donne dans la mômerie. Il s'emmôme; il s'est emmômé.
MÔMIÈRE, s. f. Cabas, sorte de panier en tresses de paille, plat sur sa hauteur et terminé par deux anses.
MONETIER. Village près de Genève, dans le mont Salève. Ce nom peut s'écrire indifféremment: Monetier, Mounetier, Moneti et Mouneti, la terminaison i (pour ier) appartenant au patois. De Saussure écrit Monetier. Dans l'origine de la langue française, monstier, montier, moustier et moutier, ont signifié: 1o Couvent; 2o Église cathédrale; 3o Paroisse. R. monasterium.
MONPÈR! Sorte d'exclamation fort usitée en Suisse et en Savoie. Monpèr, que c'est beau! Monpèr, que tu es patet! Monpèr, que vous arrivez tard! Cette expression n'est autre chose que les deux mots mon père! mal prononcés, et substitués, par convenance, à l'exclamation. «Mon Dieu!»
MONSIEUR DE TROP. Se dit d'une personne surnuméraire, et par cela même embarrassante. Mme N**, qui avait six filles, vient d'accoucher d'un garçon: cet enfant ne sera certes pas Mr De Trop. On dit dans le même sens: Mlle De Trop.
MONTAGNE (LA). Le Salève, la montagne par excellence (pour les Genevois). Dis donc, Bernard: que fait-on jeudi matin?—Ne sais-tu pas? On va déjeuner à la Montagne, et l'on revient avant midi par la Croisette.
MONTAGNES (LES). Nos horlogers désignent par ce nom les villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds, situées toutes deux dans les montagnes du canton de Neuchâtel. S'établir aux Montagnes. Travailler pour les Montagnes. La fabrique de Genève soutient avec les Montagnes une concurrence journalière et difficile.
MONTANT, s. m. Encouragement, stimulant, courage, cœur. Donner du montant. Avoir du montant. Notre Samuel était découragé; ce petit succès lui redonnera du montant.
MONTÉE (LA). La maison. Est-ce dans cette montée que loge Mr le docteur N**? Connaissez-vous Mr le dizenier Z**?—Si je le connais! Il reste dans notre montée. «Montée,» en français, signifie entre autres: 1o Petit escalier dans une maison de pauvres gens; 2o Chaque marche d'un escalier. [Acad.]
MONTER SUR... Nous disons: Monter sur une échelle; on doit dire: «Monter À une échelle.»
MONTEUR DE BOIS, s. m. Scieur de bois.
MONTICULE (UNE). Ce mot est masculin. Il est formé du mot latin monticulus, qui est masculin.
MONTURE, s. m. Mauvaise plaisanterie, tour malin, malice concertée entre des camarades contre un d'entre eux. Faire une monture. Préparer une monture. La monture a échoué. Terme de bonne fabrique, et qui n'a pas d'équivalent exact en français.
MOQUE, s. f. Chose de peu d'importance, bagatelle. S'emploie d'ordinaire avec la négation. Ce n'est pas de la moque, ce n'est pas peu de chose. Terme neuchâtelois et vieux français.
MOQUER (SE), v. pron. Proverbialement: Donner à plus riche que soi, le diable s'en moque, signifie: Que les largesses faites à des riches, étant rarement désintéressées, le diable ne peut ni ne doit en tenir compte. On donne souvent une tout autre signification à ce proverbe.
MORAINE ou MORÈNE, s. f. Falaise, terres escarpées au bord d'un torrent, d'un fleuve, d'une rivière. Les moraines de Champel; les moraines de Pinchat; les moraines de Cartigny; les moraines du bois de La Bâtie. Dans les Alpes de Savoie on appelle moraine une enceinte de pierres au pied des glaciers.
MORBIER, s. m. Pendule ou horloge à poids, qui se fabriquait anciennement au village de Morbier, département du Jura.
MORFER, v. a. Bâfrer, manger avec avidité. Dans le vieux français, on disait: Morfier; et l'on trouve dans Rabelais morfiailler, en ce même sens.
MORGILLER, v. a. Mordre par petites entamures, mordiller. Morgiller son pain.
MORIGINER, v. a. Morigéner. Son père l'a convenablement moriginé. Terme suisse-roman, savoisien, français populaire et vieux français.
MORSILLER, v. a. Mordre légèrement et à plusieurs reprises, mordiller. Morsiller une pomme. Terme savoisien et lyonnais.
MORTAISE, s. f. (fig.) Avoir sa mortaise, signifie: «Être ivre.» Le cocher avait sa mortaise. Expression triviale.
MORT-À-PÊCHE, s. f. (Prononcez mor-ta-pêche.) Crin de Florence, crin d'empile, crin très-fort sur lequel on monte l'hameçon.
MORTUAIRE, s. m. Acte de décès, extrait mortuaire. Il devait se procurer le mortuaire de son grand-oncle. Ce mot, très-usité chez nous, mais inconnu aux dictionnaires, se trouve dans le Glossaire de l'ancien Droit français, de MM. Dupin et Laboulaye.
MOTET, s. m. Visage. Un vilain motet.
MOUCHE, s. f. De la mouche de chandelle. Dites: De la mouchure de chandelle. A Lyon, à Nancy et sans doute ailleurs, on dit: Du mouchon; en Dauphiné, du mouc.
MOUCHET, s. m. Signifie: 1o Houppe, bouffette, freluche, floccon, assemblage de plusieurs filets de soie, d'or, d'argent, de laine, liés ensemble par un bouton en forme de gland à sa partie supérieure. Les mouchets d'une bourse; les mouchets d'une canne. Nos bonnets de nuit sont ordinairement surmontés d'un mouchet. Voltaire a dit: «Un chapeau de pourpre... auquel pendaient quinze houppes d'or.» [Lois de Minos, note 96e.] Nous aurions dit à Genève: Quinze mouchets. Mouchet signifie: 2o Touffe, bouquet. Un mouchet d'arbres; un mouchet de cerises; un mouchet de noisettes (un trochet de noisettes). 3o Mouchet se dit pour: Groupe, peloton. Un mouchet d'abeilles; un mouchet de curieux. Les émeutiers étaient par mouchets sur la grande place. Terme suisse-roman et savoisien. En Normandie, mouchet a le sens de «Monceau.» [Voyez le Dictionnaire du patois normand, par MM. Duméril.]
MOUCHETTE (LA). Les mouchettes.
MOUCHILLON, s. m. Moucheron. Être inquiété par les mouchillons. En vieux français, on disait: Mouscaillon.
MOUCLAR, s. m. Hameçon. Des mouclars rouillés. Dans le canton de Vaud on dit: Moclar; en provençal, mousclaou; dans le Jura, bouclard, (selon le dictionnaire de M. Monnier).
MOUFFE, s. m. Moufle, gros gant. Une paire de mouffes. Terme lorrain, parisien populaire, etc.
MOUGNE, s. f. Faire la mougne, signifie: Faire la moue, être de mauvaise humeur, bouder. A Chambéry, on dit: Faire la mogne. En provençal, mougno veut dire: Moue, grimace.
MOUGNON, s. m. Moignon. En provençal, mougnoun. Dans le reste de la France, mognon.
MOUGONNER, v. n. Bougonner, murmurer, gronder entre les dents.
MOUILLE, s. f. Mouillure, humidité. Ne laissez pas cet enfant dans la mouille. Terme suisse-roman, savoisien, franc-comtois, etc. Nous disons dans le même sens: Mouillon. Laisser un enfant dans le mouillon.
MOUILLES, s. f. pl. Nous appelons ainsi des sources qui ne font que suinter dans les prairies, et qui, fournissant à l'herbe de ces prairies une température plus élevée pendant l'hiver, y produisent une herbe précoce et excellente, très-propre à refaire les vaches qui ont vêlé, etc. [P. G.]
MOULE, s. m. Mesure de capacité pour le bois: c'est un carré dont le côté a cinq pieds quatre pouces. Terme suisse-roman et lyonnais.
MOULER, v. n. Caponner, se comporter lâchement, saigner du nez. D'entrée il faisait le rodomont, et quand il a fallu se battre, il a moulé. En provençal, moulà signifie: Mollir.
MOULETON, s. m. Molleton, étoffe de laine moelleuse. «Une camisole de molleton; un gilet doublé de molleton.» [Acad.]
MOULU, LUE, part. Émoulu. Notre Théodore est tout frais moulu de l'Académie, c'est-à-dire: Est tout nouvellement sorti de l'Académie. Terme méridional, etc.
MOURGET, s. m. Vent soufflant de Morges pour les habitants du Chablais.
MOURMÉ, MÉE, adj. Stupide, abruti.
En Normandie, mourmaud signifie: Songe-creux, morose.
† MOURVE, s. f. Morve.
MOURVEUX, EUSE, adj. et subst. Morveux. Voyez cette mourveuse, de quel ton elle réplique à sa mère!
MOUSET ou MUSET, s. m. Petite souris des champs, à courte queue, à museau fort pointu, et que les chats ne mangent pas, quoiqu'ils lui donnent volontiers la chasse. Terme suisse-roman et savoisien. Le nom français est Musette ou Musaraigne. Le dictionnaire de Bescherelle donne une fausse définition de ce mot.
MOUSTACHES, s. f. pl. Il relevait ses moustaches; il essuyait ses moustaches; il admirait ses moustaches. Dans ces exemples et dans les exemples analogues, il est infiniment plus correct d'employer le singulier et de dire: Il relevait SA moustache; il essuyait SA moustache; il admirait SA moustache. La phrase suivante est tirée de Gil-Blas, livre II, ch. V: «Un nez fort épaté lui tombait sur une moustache rousse.» L'exemple suivant est tiré de J.-J. Rousseau: «Fantasque fut enfin mariée à un roi voisin qu'elle préféra, parce qu'il portait la plus longue moustache. [La reine Fantasque.] Tous les dictionnaires s'accordent en ce point, mais il faut avouer que beaucoup de bons écrivains, surtout parmi les modernes, ont fait usage du pluriel.
MOUSTACHON, s. m. Celui qui porte moustache et qui, par cela même, fait l'homme d'importance et le fier-à-bras. Tu te crois un fameux moustachon, et tu n'as que seize ans!
MOÛT, s. m. Nous disons proverbialement d'un potage ou d'un mets quelconque mal assaisonné: Cela n'a ni goût ni moût, et cette locution est aussi employée figurément. Il nous racontait ses voyages longuement et platement, cela n'avait ni goût ni moût, c'est-à-dire: Ni goût ni piquant.
MOUTAÎLE ou MOUTELLE, s. f. Motelle, sorte de poisson.
MOUTELÉ, LÉE, adj. Tacheté, étoilé. Ce terme, qui appartient à la langue de nos campagnards, ne s'emploie guère qu'en parlant des bestiaux. Une vache moutelée; un bœuf moutelé. Terme suisse-roman et savoisien.
MOYENNÉ, NÉE, adjectif. Riche, aisé. Le cadet est plus moyenné que son frère. Terme signalé dans le Dictionnaire rouchi-français de Hécart, 3me édition.
MULÂTRE, adj. Métis. Un canari mulâtre.
MULE, s. f. Sorte d'engelure. Avoir la mule aux talons. En français ce mot ne s'emploie qu'au pluriel. «Avoir les mules au talon.» [Acad.]
MULE, s. f. Faire mule, terme du jeu de cartes, signifie: Faire capot. [P. G.]
MURGUET ou MEURGUET, s. m. Muguet, fleur. Cueillir des murguets. Un bouquet de murguets.
MUSAILLE, s. f. Quantité de petite monnaie, menuaille.
MUSCADET (UN). Dites: Une muscadelle. Espèce de poire qui sent un peu le musc.
MUSCATE, s. f. et adj. Noix muscate; rose muscate. La muscate dominait trop dans ce ragoût. Dites: «Muscade.»
MUSILIÈRE, s. f. Muselière.
MYRTRE, s. m. Myrte, arbrisseau. Une branche de myrtre. Terme suisse-roman, limousin, lorrain, etc.
N
NACRE (DU). Ce mot est féminin.
NAGEOTTER, v. n. Nager un peu, nager avec difficulté. Mon chien a les pattes fort courtes, et il ne peut que nageotter.
NAGER, v. n. Nous disons proverbialement d'une personne qui est dans l'abondance, d'une personne qui est riche, ou qui est en voie de le devenir: Elle nage en pleine eau. L'Académie dit: «Elle nage en grande eau;» et c'est ainsi que s'exprime Le Sage dans son roman de Guzman d'Alfarache: «Quand j'ai nagé en grande eau, j'ai toujours eu le malheur de m'y noyer.» [Livre VI, chap. VIII.]
NAILLER, v. a. Terme des campagnards. Casser les noix et les trier. Nous irons ce soir nailler les noix chez M. l'adjoint. [P. G.]
NAIMBOT, BOTE, subst. Nabot, nabote. Celui ou celle qui est d'une taille ridiculement petite. Un petit naimbot, une pauvre naimbote. Terme vieux français. On dit en Savoie: Nambot.
NAINNAIN, s. f. Terme enfantin. Nourrice.
NAISER (SE), v. pron. Se moisir. On le dit principalement du linge. Un linge naisé est celui qui a souffert de l'humidité et qui en a contracté des taches; ces taches s'appellent taches de naisé. Terme suisse-roman. En Dauphiné, en Franche-Comté, chez nous et sans doute ailleurs, naiser le chanvre c'est: Le faire rouir.
NÂNE, s. f. Nourrice. L'enfant pleure; appelez la nâne. Notre Lili ne veut pas quitter sa nâne.
NANQUINET, s. m. Dites: Nanquinette, s. f.
† NANSE, s. f. Nasse, instrument d'osier ou de fil de fer servant à prendre du poisson. Tendre des nanses; lever les nanses. Terme suisse-roman, savoisien et vieux français.
NANT, s. m. Ravin boisé au fond duquel coule un petit ruisseau. Le nant de Frontenay; le nant de Jargonand; le nant d'Avenchet; le nant de Roulave. Dans le Faucigny (Savoie), un nant est Un torrent; et on le dit particulièrement de certains torrents impétueux qui descendent du Mont-Blanc ou des montagnes voisines; tels sont: le Nant-Noir, le Bon-Nant, le Nant-Bourant. Le dictionnaire de Bescherelle traduit le mot de nant par celui de: Cascade; c'est une grande erreur. Dans le vieux français, nant signifiait: «Vallée,» s'il faut en croire le Dictionnaire du Vieux langage, de Lacombe.
NANT DE BRAILLE, s. m. Usure; usurier. Faire le nant de Braille. Être nant de braille. Cette expression, purement locale, vient d'un nant, près de Coppet, où se commettaient jadis des vols et des assassinats. [Glossaire de Gaudy.]
NANZOU, s. m. Mallemolle, espèce de mousseline ou de toile de coton blanche, claire et très-fine, qui est apportée des Indes orientales.
NAPPAGE, s. m. Linge de table, c'est-à-dire: Nappes et serviettes. Nappage uni; nappage damassé. Terme suisse-roman, lorrain, etc.
NARCISSE (UNE). Une belle narcisse. Ce mot est masculin.
NATOURI, s. m. Batelier. Ce terme vieillit.
NAVETTE, s. f. Petite brioche sucrée.
NAYER, v. a. et SE NAYER, v. pron. Ancienne orthographe et ancienne prononciation des mots «Noyer» et «Se noyer.»
NE, part. négat. Tu as payé ce châle plus qu'il vaut. Dites: Plus qu'il NE vaut.
NÈFE ou NEIFE, s. f. Nèfle, fruit du néflier. Une grosse nèfe; une nèfe molle. Terme parisien populaire, etc.
NEIGEOTTER, v. n. Diminutif de «Neiger.» Le temps devient froid et sombre, il neigeotte, c'est-à-dire: Il neige un peu.
NEIZÉ, ÉE, adj. Voyez NAIZÉ.
NÉNET, s. m. Terme enfantin. Sein. Se dit en Savoie, dans le Limousin et ailleurs.
NERTIF, adj. m. Musclé. Un lurron nertif.
NETTAYER, v. a. Nettayer des meubles; nettayer un appartement. Ancienne orthographe et ancienne prononciation du mot «Nettoyer.» Dites: Je nettoie; je nettoierai, etc.
NETTAYEUR, s. m. Ne viens pas me rendre visite demain, Adeline, j'ai les nettayeurs. Dites: «J'ai les frotteurs.»
NEUF (À), locut. adv. L'expression genevoise: S'habiller à neuf, appartient au français populaire. Il faut dire: «S'habiller DE neuf.» [Acad.]
NEURET, nom propre d'homme. Nous appelons feinte à Neuret, ou feinte à la Neuret, une feinte grossière et qui saute aux yeux, une grosse bourde, une craque, telle qu'en pourrait faire le plus effronté gascon. Tu crois m'en imposer? Va, va, c'est une feinte à Neuret; tu fais la feinte à Neuret. Cette locution proverbiale, très-connue dans la rue du Rhône et dans les rues avoisinantes, tire son origine de feu Neuret, grand chasseur et grand hâbleur.
NEZ, s. m. (fig.) Nous disons d'une plaisanterie plate et insignifiante, qu'elle n'a point de nez, c'est-à-dire: point d'esprit, point de piquant. Faire des malices à cette pauvre revendeuse, cela n'a véritablement point de nez. Expression savoisienne et méridionale.
NEZ, s. m. Nous disons: À son nez et barbe, pour dire: En sa présence, en face de lui. Elle osa tenir ce langage énergique et franc à son nez et barbe. L'Académie dit: «À son nez et À SA barbe.»
NEZ, s. m. Nous disons proverbialement et dérisoirement à une personne qui se flatte d'un succès qu'elle n'a aucune chance d'obtenir: Tâte voir si le nez te branle.
NEZ DE BOIS. Trouver nez de bois, signifie: Trouver la porte fermée quand on va chez quelqu'un; trouver visage de bois. Nous disons dans le même sens: Avoir nez de bois.
NIÂCE, s. f. Terme enfantin, qui signifie: Caresse, et qui ne s'emploie que dans cette expression: Faire niâce, c'est-à-dire: Caresser. Fais niâce au minon, Antoinette; fais niâce à ce joli chat.
NIÂCER, v. a. Caresser, faire niâce.
NIAFFE ou GNIAFFE, s. m. Savetier. Terme de dénigrement, connu à Paris, en Normandie et sans doute ailleurs. A Chambéry on dit: Niaffre.
NIAFFE ou GNIAFFE, adj. Se dit des personnes et signifie: Flasque, sans énergie, sans courage. Je me sens tout niaffe aujourd'hui. Expression triviale.
NIÂNIOU, s. m. et adj. Niais, dadais, nigaud, personnage dont la démarche et le maintien annoncent déjà la bêtise. Va-t'en, niâniou; va-t'en, bobet, qui ne sais pas seulement relever des quilles. Prenez-y garde, Messieurs: avec son air niâniou il n'est pas aussi bête que vous le pensez. Terme suisse et savoisien. Dans le Berry, Nioniot; en Normandie, niot. A Genève on dit quelquefois dans le même sens: Niânion.
† NIARGUE, s. f. Terme de dépit, de raillerie ou de mépris. Faire la niargue à quelqu'un, c'est le braver avec dédain, lui faire nargue.
NIARGUER, v. a. Faire nargue. Tu me niargues, André, parce que tu es avec ton grand frère, mais tu verras demain.
NIAU ou NIÔ, s. m. Nichet, œuf qu'on met dans un nid pour que les poules y aillent pondre. Dans les dialectes populaires de France on dit: Niai, nieu, niot et niaou.
NIAUQUE, s. f. Voyez NIÔQUE.
† NIERFE ou NIARFE, s. m. Nerf.
† NIFLER, v. a. Flairer, sentir. Nifler un ragoût. Nifle voir cette rose. Terme savoisien et méridional, recueilli par Cotgrave, qui lui donne le sens de «Renifler.» Dans le patois limousin, niflo, s. f., veut dire: La narine. Au figuré, nifler est synonyme de: Fureter.
NIFFLET, s. m. Nigaud, benêt. Oh! le niflet, qui a peur d'une chèvre.
NIFLE-TANTÔT, s. m. Dadais, nigaud, niais.
NIGODÊME, s. m. Se dit d'un homme simple et borné. Il faut écrire et prononcer: Nicodème.
NIGUEDOUILLE ou NIGUEDANDOUILLE, s. m. Idiot, hébêté, sot, niais, dadais, homme simple et innocent. Niguedouille n'est qu'une légère altération de «Niquedouille,» qu'on trouve dans quelques dictionnaires français.
NILLE, s. f. Articulation, jointure, phalange. En glissant, il s'écorcha la nille du pied. Terme suisse-roman et savoisien.
NILLE, s. f. Terme de boucherie. Nille d'aloyau.
NILLON, s. m. Pain de noix.
NINA, s. f. Ce terme ne s'emploie que dans cette expression populaire: Avoir sa nina, c'est-à-dire: Être ivre.
NINE, s. f. et adj. Naine. Une petite nine; un rose nine. On parlait ainsi en France il y a deux cents ans.
† NINOTTE, s. f. Ninotte royale, ninotte de vignes. La chasse aux ninottes. Le changement de l en n est continuel. Ainsi, dans le langage parisien populaire, on dit: Nentille pour lentille; caneçon pour caleçon; falbana pour falbala; et à Genève nos grand'mamans ne disent-elles pas indifféremment une chaftane et une chaftal? D'autre part le l est souvent mis pour le n. Exemple: Calonnier pour canonnier.
NIOLLE, s. f. Nuage. Les niolles qui s'élèvent lentement et en fuseaux contre les flancs du Jura annoncent la pluie. Terme suisse-roman, savoisien, dauphinois, franc-comtois, etc. En provençal: Nioulo. En français, Nielle signifie: Brouillard, petite pluie froide.
NIOLLE, s. f. Nielle, plante à fleur rouge, laquelle croît dans les blés.
NIOMET, s. m. Niais, benêt. En Normandie, Nio.
NION-NION, s. m. Dadais, hébêté. Faire le nion-nion.
NIÔQUASSE, s. f. Augmentatif du mot niôque.
NIÔQUERIE, s. f. Nigauderie, bêtise.
NIOSET, ETTE, s. et adj. Sot, niais, nigaud. Ce mot de nioset ne serait-il point une corruption du mot Dioset, qui, en patois, est le nom propre Joseph, lequel nom s'emploie souvent comme synonyme de Homme simple et borné?
NIOTTE, s. f. Cache, cachette, réduit. Je trouvai une excellente niotte, et j'y cachai le boursicaut. Ils découvrirent la niotte et enlevèrent le sac.
NI PEU NI TROP, loc. adv. Beaucoup, considérablement. Toute l'école vient d'être punie ni peu ni trop. La pluie nous a surpris à une demi-lieue de la ville, et nous avons été rincés ni peu ni trop.
NIQUER, v. a. Terme d'écolier. Tout gagner, mettre à sec. Être niqué, être flambé, avoir tout perdu, [P. G.]
NIQUET, s. m. Nigaud. En Normandie, niquet signifie: Simple et un peu niais.
NITON. Ne dites pas: Les pierres du Niton, mais: «Les pierres DE Niton,» parce que le nom de Niton est une altération de celui de «Neptune.» Ce sont deux énormes pierres qui se voient à Genève, dans le lac, en face et tout près des Eaux-Vives. [P. G.]
NI VU NI CONNU. Expression elliptique et familière, qui revient à celles-ci: C'est fini; n'en parlons plus; qu'il n'en soit plus question.
NOCE, s. f. Terme enfantin, qui signifie: Petit morceau, petit carré de pain sur lequel on place un peu de tomme ou un peu de chocolat, ou quelque petite sucrerie. Faire des noces. Si vous êtes sages, mes enfants, vous aurez des noces après votre goûter.
† NOËL, s. f. À la Noël. Faute fréquente en Suisse, en Savoie et en France. Dites: A Noël, aux fêtes de Noël.
NŒUD-COURANT, s. m. Nœud coulant, nœud qui se serre ou se desserre sans se dénouer. Le chat fut pris dans le nœud-courant. Terme savoisien et méridional.
NOGAT, s. m. Nougat, gâteau d'amandes au miel ou au caramel. Terme méridional. «Nougat» vient du mot languedocien nougue, sorte de grosse noix dont on faisait originairement ce gâteau. R. nux.
NOGET, s. m. Nigaud, dadais. En Normandie: Nigeon.
NOIR, s. m. (fig.) Avoir du noir, signifie: Broyer du noir, se livrer à des réflexions tristes, à des pensées sombres et mélancoliques. Nous disons dans le même sens: Être dans ses noirs. Hier il était dans ses noirs, le voilà loustique aujourd'hui.
NOIX, s. f. Nous disons figurément et proverbialement à une personne qui fait un plan baroque, une combinaison saugrenue et inexécutable: Vous avez rangé tout cela comme des noix sur un bâton.
NONANTE, adj. numéral. Quatre-vingt-dix. Nous étions à cette assemblée nonante et quelques. L'Académie indique ce mot de nonante comme vieilli, et Boiste l'appelle inusité. Il est d'un usage universel en Suisse, en Savoie et dans le midi de la France. «Il est fâcheux, dit M. Bescherelle, qu'on ait laissé vieillir le mot nonante, et qu'on lui ait substitué un terme aussi barbare et aussi irrégulier que «quatre-vingt-dix.» [Dictionnaire National.]
NONNET, s. m. Homme simple et même un peu nigaud.
NON-NETTE, s. f. C'est ainsi que nous prononçons le mot «Nonnette,» terme peu répandu en France, mais enregistré dans le dictionnaire de Bescherelle et dans le Complément de l'Académie. En Valais on dit: Nanette.
NÔNÔ, s. m. Terme enfantin. Couchette, berceau. Faire nônô, dormir. Aller nônô, aller dormir. Nônô, Fanfan, etc., est un refrain de chanson sur un air ou une note très-capables d'endormir l'enfant le plus éveillé. Terme vaudois, savoisien et provençal. Dans le Limousin on dit: Faire na-na.
NON PAS, loc. adv. Au contraire. Eh bien, André, le concert a été, dit-on, bien mauvais?—Il a été délicieux, non pas.
NON-PLUS (LE). Ne s'emploie que dans cette expression: Être au non-plus, c'est-à-dire: Être dans une position fort critique, être dans une perplexité cruelle, être à quia, être aux abois.
† NOUËL. Noël. À la Nouël prochaine. Cette expression des campagnards est un reste de l'ancien français, et le savant Ménage préférait ce terme (Nouël) à celui de Noël.
NOUER, v. a. (fig.) Joindre. Nous disons figurément et familièrement: Nouer les deux bouts, pour signifier: Avoir de quoi suffire à toutes les dépenses de l'année. Locution méridionale. L'Académie dit: «Joindre les deux bouts.»
NOURME, s. f. Vieux conte, litanie, vieille histoire qui n'a pas le sens commun. Dans l'ancien patois genevois, nourma signifiait: Règle. À voutra nourma, à votre volonté.
NOURRISSAGE, s. m. Les dictionnaires français définissent ce mot: «Soin et manière d'élever les bestiaux.» A Genève, nourrissage signifie: Le temps pendant lequel la mère ou la nourrice allaitent l'enfant. Mme N** s'est mieux portée pendant son nourrissage que jamais auparavant. Nourrissage à la bouteille. Nourrissage au biberon. Le dernier mois du nourrissage se paie double. Expressions utiles, connues à Lyon et sans doute ailleurs.
NOUVEAU (UN), Ce mot signifie: 1o Une nouvelle, c'est-à-dire: Le premier avis qu'on donne d'un événement tout récent; 2o Une chose inaccoutumée, une nouveauté. Eh bien! Messieurs, nous apportez-vous quelque nouveau? Je m'ennuie loin de Genève; écrivez-moi tous les nouveaux que vous pourrez. Quel nouveau de vous voir à cette heure-ci chez nous? Terme suisse-roman et savoisien. Dans le patois rouchi: Un nouviau. En français, on dira fort bien: «Y a-t-il du nouveau? Voici du nouveau.» Mais un nouveau est une expression très-incorrecte et inconnue aux dictionnaires.
NOUVEAU (À), adv. De nouveau, derechef, une seconde fois. La muraille était à peine finie, qu'il fallut l'abattre et l'établir à nouveau. Cet habit n'est pas acceptable, vous le ferez à nouveau. Selon l'Académie et selon tous les dictionnaires, à nouveau est un terme de banque, un terme de commerce, qui signifie: Sur un nouveau compte. «Créditer à nouveau; débiter à nouveau; porter à nouveau.»
NOYAUX (DES), (fig.) De l'argent. Terme connu aussi en Savoie.
NOYER (SE), v. pron. Nous disons proverbialement de quelqu'un qui se laisse effrayer par le moindre obstacle, ou par la moindre difficulté: Il se noie dans un verre d'eau. L'Académie dit: «Il se noie dans un crachat.»
NUIT, s. f. Les expressions: Se mettre de nuit, ou: Se mettre à la nuit, veulent dire: «S'anuiter,» s'exposer à être surpris en route par la nuit. [P. G.]
NUIT, s. f. La nuit tous les chats sont gris. Dites avec le dictionnaire de l'Académie: «La nuit TOUS CHATS sont gris.» Et, avant de faire usage d'un proverbe quelconque, ayez soin de le connaître parfaitement.
† NUMERO, s. m. J'hasarda cinq francs, et j'attrapa un excellent numero. Écrivez et prononcez «Numéro,» avec un accent sur l'é.
O
OBÉISSANCES, s. f. pl. La formule suivante de salutation: Je vous présente mes obéissances, n'est pas française. Il faut dire au singulier: Je vous présente mon obéissance.
† OBELONS, s. m. pl. Houblons. Cueillir des obelons. Manger des obelons en salade. Terme savoisien et vieux français.
OBLIGEANCE, s. f. Ce mot signifie: Penchant à obliger, disposition à obliger. Ainsi nous parlons incorrectement quand nous disons: Ayez l'obligeance de me prêter un parapluie. Auriez-vous l'extrême obligeance de m'accompagner ce soir? Mr N** a eu l'obligeance de me promettre des billets de concert. Mais on sera exact en disant: «Votre ami Gustave est un homme d'une grande obligeance; il met dans ses procédés, et dans toute sa manière de faire, une excessive obligeance; on ne saurait porter plus loin l'obligeance et le dévouement.» Remarque un peu délicate et subtile.
OBSERVATION, s. f. Nous disons: Je vous ferai une observation, c'est que..... Permettez-moi une observation. J'ai voulu faire quelques observations à notre jeune avocat, mais il les a mal prises. Il faut dire: Je vous ferai faire une observation, une réflexion, c'est que..... Permettez que je vous fasse remarquer, etc. On ne dit pas non plus: Je vous observerai que..... Il faut dire: Je vous ferai observer que.....
OCCASION, s. f. Nous disons: Auriez-vous occasion d'excellente toile? Si vous aviez occasion de café, je sais un bon coup à faire. Quand vous aurez occasion de maculature, adressez-vous à moi, ou à mon ami Z. Z**. Cette expression, qui n'a point d'équivalent exact en français, est un anglicisme. Occasion, en anglais, signifie: «Besoin.» Mais on dira fort bien: Marchandise d'occasion; livres d'occasion; acheter un piano d'occasion.
OCHON, s. m. Hoche, entaillure, coup. Se donner un ochon; se faire un ochon; recevoir un ochon.
OCHONNER, v. a. Faire des hoches, entailler. S'OCHONNER, v. pron. Se meurtrir. En gravissant la moraine du bois de La Bâtie, notre gamin s'est tout ochonné.
ŒILLETON, s. m. Mignonnette, mignardise, petit œillet dont on garnit les plates-bandes. Dédoubler des œilletons. «Œilleton,» en français, signifie: Rejeton d'œillet, marcotte d'œillet.
ŒUF DE FOURMI, s. m. Dites: Ver de fourmi, nymphe de fourmi. Les œufs de ces insectes sont beaucoup plus petits et presque imperceptibles; ce sont les vers qui en sortent et qui passent ensuite à l'état de nymphes, que nous donnons aux rossignols et à quelques autres oiseaux. [Glossaire de Gaudy.]
ŒULE, s. f. Ou plutôt œulă et oûlă, sont des termes patois qui signifient: «Marmite.» Dans le patois du canton de Vaud on dit: Aulă et eulă; dans le patois de l'Isère, olla; en provençal, oulo; en latin, olla.
ŒUVES ou UVES, s. f. pl. Laite, laitance. Les œuves d'une carpe, les œuves d'une lotte, etc. Dans beaucoup de poissons les œuves sont une nourriture très-estimée. Ce mot a été recueilli par Cotgrave, dans son Dictionnaire français-anglais. Terme vaudois et savoisien. Nous disons aussi: Lait. Voyez ce mot, tome II, p. 11.
OFFRE (UN). Un offre gracieux; un offre avantageux. Ce mot était autrefois des deux genres; il est actuellement féminin. Il faut dire: Une offre gracieuse, une offre généreuse, etc.
OFFRIR À..., suivi de l'infinitif. Offrir de. On lit journellement dans nos Petites Affiches: On offre à vendre une bibliothèque; on offre à vendre un canapé et six chaises, etc. Dites: «On offre de vendre;» ou, ce qui revient au même: «On offre à acheter.»
OGNE, s. f. Terme d'écolier. Coup porté par un mâpis sur les articulations des doigts. Être condamné aux ognes; recevoir les ognes.
OGNON, s. m. Tape, coup, contusion. Recevoir un ognon; se donner un ognon; se faire un ognon.
OGNON, s. m. Nous disons d'une personne excessivement propre: Elle est propre comme un ognon.
OH ALORS! Exclamation de surprise. Sais-tu l'aventure de la ménagerie?—Non.—Eh bien! Écoute. Quand les spectateurs y pensaient le moins, le singe, dans un accès de gaîté, s'est jeté sur une belle dame, lui a enlevé son chapeau de velours et s'en est coiffé.—Oh alors! voilà qui est plaisant.
OH! VOILÀ, locution adverbiale qui marque le doute. Combien de temps seras-tu absente, Suzon?—Oh! voilà, un mois ou deux. Aimes-tu ton état de tailleuse, Lisette?—Oh! voilà, on gagne peu, mais l'ouvrage ne manque jamais. Es-tu fatigué de ta course de montagne, Émile?—Oh! voilà, je serai bien aise de me reposer. Cette expression est d'un emploi universel chez nous.
OISEAU, s. m. Fête ou réjouissance, appelée aussi «Papegai.» L'Académie et tous les dictionnaires disent: «Tirer l'oiseau.» On dit à Genève: Tirer à l'oiseau.
† OLIFE, s. f. Olive. Du bon huile d'olife. Dans le patois rouchi on dit: Olife et oulife; en vieux français, olif. [Voyez Roquefort, Supplément au Glossaire roman.]
OLIVE, s. f. Primevère des prés, primevère à fleur jaune. Une plante d'olives; un bouquet d'olives.
OMBRÉE, ÉE, adj. Une promenade ombrée est: Une promenade où l'on est à l'ombre; une promenade où les arbres procurent de l'ombre. Parc ombré; prairie ombrée; sentier ombré. Ce sens du mot «ombré» aurait bien droit, peut-être, de figurer dans les dictionnaires. «Ombragé» n'est pas synonyme d'ombré. «Ombreux» s'en approcherait davantage.
OMBRE-CHEVALIER, s. m. Sorte de poisson particulière à notre lac.
OMBRETTE, s. f. Ombrelle, petit parasol. Terme français populaire et vieux français.
† OMNIBUS, s. f. La grande omnibus. Ce mot est masculin.
OMNIBUS, s. m. Petite dose d'eau-de-vie et de sirop mêlés ensemble dans un verre qu'on remplit d'eau chaude, et qu'on sert chez les débitants de boissons. [P. G.]
OMNIBUSSIER, s. m. Conducteur d'omnibus.
ON, pron. pers. indéfini. Ce pronom tient la place de «nous» ou de «je» dans le langage des gamins. Jacques! Jacques! On va au bois des Frères: en es-tu? On dérochera des nids et l'on avantera des gaules. On a un jardin, nous, avec des poules et un lard. On est sage, nous: on va ramasser du bois pour la grand'mère.
† ONCORE, adv. Encore. Pas oncore.
ONDE, s. f. Se dit de l'eau qui bout. Cuire à grandes ondes, signifie: «Cuire à gros bouillons.» Il faudra deux ondes à cette tisane. Il suffit d'une onde à ces petites herbes. Terme méridional, etc.
ONGLE (UNE). Tu as les ongles bien longues, Alexis. Ce mot est masculin.
ONGLÉES, s. f. pl. Engourdissement douloureux au bout des doigts, causé par un grand froid. Avoir les onglées. Dites: «Avoir l'onglée.»
† OPÉNIÂTRE, adj. et s. Opiniâtre. S'OPÉNIÂTRER, v. pron. S'opiniâtrer.
OPIÂTRE, s. m. Opiat, confection.
ORA, s. f. Air, vent qui souffle. Terme patois, connu en Savoie et en Dauphiné. Dans le canton de Vaud on dit: Aurra, eura et oura. En latin, aura.
† ORAGAN, s. m. Ouragan. Les affreux ravages d'un oragan. Terme savoisien et lyonnais.
ORANGE, s. f. Eau de fleur d'orange. Voyez l'expression: FLEUR DE PÊCHE, t. Ier, p. 211.
ORBET, s. m. Bouton à la paupière, orgelet.
ORDON, s. m. Terme des campagnards. Portion de tâche. Un petit ordon; un grand ordon. Mener l'ordon, signifie: Être à la tête des faucheurs; être à la tête des vendangeurs. Cette expression, qui appartient au vieux français, est fort connue en Savoie, dans le Dauphiné, dans le Berry, à Reims et ailleurs.
ORGANE, s. fém. Une belle organe. Ce mot est masculin. Un bel organe; un organe flatteur; un organe musical.
ORGE D'ULM, s. m. Orge mondé; orge perlé.
ORIGINE (À L'), loc. adv. Dans l'origine, originairement. «À l'origine ce vaste pays (le Brésil) fut peu estimé des Portugais.» [Brédow, Histoire universelle, t. II, p. 116.]
ORIOL, s. m. Loriot, oiseau. En Languedoc: Loriol; à Chambéry, louriot.
ORTEUIL, s. m. Le gros orteuil. Écrivez et prononcez «Orteil.» Le gros orteil; le petit orteil.
† ORTHOGRAPHE, s. m. Un mauvais orthographe. J'ai fait huit mois de Septième, et je n'ai jamais pu attraper un bon orthographe. Ce mot est féminin.
ORTHOGRAPHER, v. a. Orthographier.
ORTHOPÉDISTE, s. m. Ne signifie pas: Redresseur de pieds. Il signifie, d'après l'étymologie grecque: Médecin qui corrige ou qui prévient dans les enfants les difformités du corps. «Orthopédiste» est formé des mots orthos, droit, et païss, païdoss, enfant.
ORVAT, s. m. Plante fort commune, appelée en français: Orvale. Ce que nous nommons orvat des prés, s'appelle: Sauge des prés.
OS, s. m. Se donner un coup là où les Allemands n'ont point d'os, signifie: Se donner un coup à ce nerf du coude que les médecins appellent «Nerf cubital.»
OSSAILLES, s. f. pl. Os de porc. On se régala d'une platelée d'ossailles. Terme savoisien.
OSTRUCTION, s. f. Terme de médecine. Obstruction. Avoir des ostructions au foie. Cette faute nous vient probablement du Midi, où l'on retranche le b dans une quantité de mots, et où l'on dit: par exemple: Oscurité, ostacle, ostination, ostiné.
OT. Dans tous les mots qui se terminent par ot, comme pot, marmot, cachot, sabot, haricot, fagot, huguenot, nous prononçons l'o très-bref, et c'est aussi la prononciation des Méridionaux. Les Parisiens, au contraire, le prononcent long, Pōt, marmōt, cachōt, sabōt, haricōt, tripōt, huguenōt, etc., et c'est la prononciation reçue dans les dictionnaires.
ÔTU-BÔTU, adv. Voyez AUTU-BÔTU, t. Ier, p. 29. Ce mot est aussi substantif. Faisons de toutes ces marchandises un ôtu-bôtu. Terme vaudois et jurassien.
OUÂBLIĂ, s. f. Terme patois. Clématite commune, nommée aussi «Herbe aux gueux» et «Viorne des pauvres.» Certains mendiants roués écrasent les feuilles de cette plante pour se faire des excoriations qui ont l'apparence d'ulcères, afin d'exciter la pitié des personnes auxquelles ils demandent l'aumône, et qui ne sont pas au fait de cette manœuvre. [P. G.]
OUA-OUA, s. f. Terme enfantin. Chien. Regarde le joli oua-oua; caresse un peu ce oua-oua.
OUBLI, s. m. Pain à cacheter. Oubli noir, oubli vert. Boîte d'oublis. Terme suisse-roman et savoisien.
OUBLIEUR, adj. m. Oublieux.
† OÙ CE QU'IL EST? Où est-il? Où ce qu'il demeure? Où demeure-t-il? Où ce qu'il va? D'où ce que tu viens? Français populaire.
OUÏE (L'). Ne dites pas: Avoir l'ouïe fin, avoir l'ouïe délicat, etc. Ce mot est féminin. Ouïe fine, ouïe délicate.
OUÏE, s. f. Nous disons et nous écrivons: À l'ouïe de ces paroles; à l'ouïe de cette déclaration des juges; à l'ouïe d'un semblable aveu, etc. Cette expression, qui manque à la langue française, est à la fois claire et concise, et il y a plus d'un siècle qu'elle est entrée dans le domaine du style réfugié. «A l'ouïe d'un nom aussi respectable que celui de la vertu, il me semble,» etc. [Lenfant, Premier Sermon.] «A l'ouïe de ces mêmes sons,» etc. [Ch. Bonnet, Contemplation de la nature, XIIme partie, ch. 28.] «A l'ouïe de ce qui venait de se passer à Lausanne,» etc. [Mr ***, Le 14 Février, p. 40, 41.]
OURIOU et mieux HOURIOU, s. m. Petit enfant. Expression de la conversation la plus familière. Et les ourious, voisin, comment sont-ils? En Bourgogne, hairai, et en vieux français hoir et hoiret, ont le même sens.
OURIOU, s. m. Loriot, oiseau. On dit aussi: Oriol.
OURLE, s. f. Terme de couturière. Ourlet, repli que l'on fait au bord d'une étoffe. Ourle ronde; ourle plate. En vieux français: Orle.
OURLES, s. f. pl. Oreillons, inflammation des glandes voisines de l'oreille. Prendre les ourles; avoir les ourles. Terme suisse-roman, savoisien et dauphinois.
OURTIE, s. f. Ortie.
OURTILLIÈRE, adj. Nous appelons fièvre ourtillière ce que les gens de l'art appellent en France: Fièvre ortiée, fièvre urticaire.
OU SINON, conjonct. Sinon. Obéis à l'instant, ou sinon... gare! Français populaire.
OUSTE. Le mois d'ouste; à la fin d'ouste, etc. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «août,» lequel se prononce outt selon le dictionnaire de l'Académie, et oû selon d'excellents grammairiens. Dans le vieux français, on disait: Awouste. R. augustus.
OUTA, s. f. Terme des campagnards. Cuisine. Dans le canton de Vaud on dit: Outo, otto et otau. Dans le Valais, outto, s. f., signifie: Auberge, cabaret. En vieux français, ost et ostau, logis, maison, hôtel. R. hospitium.
† OUVRAGE (UNE). Ton ouvrage est-elle finie, Joséphine? Tu as fait là vraiment une belle ouvrage! Ce solécisme, qui est une tradition du vieux français, se fait à Paris et sans doute ailleurs.
OVAILLE ou OVALE, s. f. Accident arrivé par une force majeure; désastre qu'on ne pouvait prévoir. Ce terme n'est employé que dans l'expression suivante: Cas d'ovaille. «Les dégâts causés à un fermier par une grêle, par une gelée, par un ouragan, par une inondation, par une invasion ennemie, sont autant de cas d'ovailles.» Terme vaudois. Le tremblement de terre qui détruisit, en 1584, le village d'Yvorne, (canton de Vaud), s'appelle: La grande ovaille. A Neuchâtel et en Franche-Comté on dit: Orvale.
P
PACHE, s. f. Accord, transaction, marché. Bonne pache; mauvaise pache. La pache est faite. Terme suisse-roman, savoisien, méridional et vieux français. Dans le vieux français, pache était masculin. R. pactum.
PACOT, s. m. Boue épaisse, gâchis. S'enfoncer dans le pacot. Terme suisse-roman et savoisien.
PACOTER, v. a. et n. S'enfoncer dans le pacot. Nous pacotions dans ce chemin. SE PACOTER, v. pron. Se salir de boue, entrer dans le pacot.
PACOTEUX, EUSE, adj. Plein de pacot. Sentier pacoteux; route pacoteuse.
PAFFE, adj. Signifie: 1o Gorgé de nourriture; 2o Ivre, plein de vin. Ils s'en revinrent tellement paffes, qu'ils avaient peine à se soutenir. Terme trivial. Dans le dialecte rouchi, s'empaffer signifie: Se bourrer d'aliments; et dans le dialecte lorrain, ce même verbe signifie: Boire avec excès de l'eau-de-vie ou d'autres liqueurs.
PAGNON, s. m. Gros morceau de pain. Terme suisse-roman et savoisien. En vieux français: Paignon. R. panis.
PAGNOT, s. m. Nigaud, dadais. Un vrai pagnot; un franc pagnot. Dans le vieux français, pagnote signifiait: Homme de rien, chenapan, lâche, poltron; et ce terme, subsiste encore dans le patois du Dauphiné (pagnota).
PAGNOTERIE, s. f. Sottise, bêtise, stupidité. Dans le vieux français, pagnoterie signifiait: Lâcheté, action lâche.
PAILLASSON, s. m. Banneton, panier à pâte, sorte de jatte de paille où l'on met la pâte pour donner la forme au pain. Terme savoisien et méridional.
PAILLER, v. a. Pailler une chaise, pailler un tabouret, c'est: Les garnir de paille. On dit en français: Empailler.
PAILLEUR DE CHAISES, s. m. Empailleur de chaises.
PAIN, s. m. Nous disons figurément de quelqu'un qui peut vivre sans travailler: Il a du pain sur la planche. On dit en français: «Il a du pain cuit; il a son pain cuit.» [Acad.]
PAIN CUIT. Ce qu'on appelle en français «Panade,» s'appelle à Genève: Soupe au pain cuit. Terme savoisien, marseillais, etc.
PAIN DE LOUP, s. m. Baie ou fruit de la viorne.
PAIR, s. m. Nous disons: Jouer à pair ou impair; on dit en français: «Jouer à pair ou non.»
† PAIRE (UN). Un paire de bas, un vieux paire de grolles. Il n'y a qu'un paire de jours que je le rencontra en rue. Ce solécisme, très-fréquent en Savoie et dans le Midi, appartient au vieux français.
PAIR ET COMPAGNON. Nous disons de deux hommes qui, étant d'une condition fort différente, vivent néanmoins dans une grande intimité: Ils sont pairs et compagnons; ils vivent comme pairs et compagnons. L'Académie dit: «Ils vivent DE pair À compagnon.»
PÂLET, ETTE, adj. Pâlot, un peu pâle. Notre Louisa était pâlette ce matin.
PALETTE, s. f. Abécédaire, petit livre destiné à l'enseignement de l'alphabet. Terme suisse-roman et savoisien.
PALOURD, OURDE, s. Terme de mépris. Balourd, pataud, homme grossier.
PAN, s. m. Mesure de longueur. Au sens figuré: Cela fait le pan, signifie: Cela solde, cela balance. La mesure appelée pan est encore connue dans le Midi.
PAN, s. m. Terme d'écolier. Brin de paille pour mesurer une petite distance.
PANACHE (UNE). Ce mot est masculin. «Panache ondoyant.»
PANCHER D'EAU. Faire de l'eau.
PANER, v. a. Terme des campagnards. Torcher, essuyer. Voyez plus bas, PANNER.
PANET, PANÉ ou PANAIS, s. m. Sorte de millet dont certains petits oiseaux sont friands. Terme suisse-roman et savoisien. On dit en français: Panic ou Panis.
PANETIER, s. f. Vannier, faiseur de paniers, [P. G.]
PANFU, UE, s. Terme des campagnards. Ce mot n'est autre chose que le mot français «Pansu,» la lettre s se changeant fréquemment en f, dans le patois, comme nous l'avons remarqué plus haut, tome Ier, p. 61. Panfu se dit d'un homme qui a une grosse panse. Nous disons aussi: Panflu.
PANIER, s. m. Figurément et proverbialement, nous disons d'un homme très-maladroit: Il est lourd comme un panier.
PANIÈRE, s. f. Sorte de grande corbeille à anses. Ce terme, très-répandu en France, et principalement à Lyon et dans le Midi, manque dans les dictionnaires. Nous appelons aussi panière un grand cabas, un grand panier couvert.
PANIÉRÉE, s. f. Panerée, le contenu d'un panier extrêmement rempli. En provençal: Panieirado.
PANOSSE, s. f. Torchon, vieux morceau de linge servant dans les cuisines à frotter et à nettoyer les meubles et ustensiles sales. Terme suisse-roman. En provençal: Panoucho. Dans le vieux français, panoseux signifiait: Couvert de haillons. R. pannus, drap, linge, chiffon.
PANOSSER, v. a. Laver avec une panosse. N'écurez pas ce plancher, Jeannette, mais contentez-vous de le panosser.
PANTALON, s. m. Râle d'eau, oiseau.
PANTET, s. m. Signifie: 1o Un pan de chemise, un bout de chemise qui pend; 2o La chemise elle-même. Être en pantet, être en chemise, avoir une simple chemise. On criait: Au feu! à l'eau! Les voisins y coururent en pantet. Terme suisse, savoisien et franc-comtois.
PANTOMINE, s. f. Écrivez et prononcez «Pantomime.»
† PA-ONNE, s. f. Se dit d'une femme qui s'attife ou qui fait la glorieuse. A-t-on rien vu de pareil à cette Jenny? Elle se met comme une guignauche à la maison, et comme une pa-onne dès qu'elle sort. Le féminin de «Paon» est bien «Paonne,» mais ce mot doit se prononcer panne.
PAPACOLON, s. m. Joubarbe, plante grasse et toujours verte, dont l'espèce la plus commune croît ordinairement sur les toits et sur les murs.
PAPEROCHES, s. f. pl. Paperasses.
PAPET CORDET, s. m. Soupe à la courge. Dans le vieux français, coorde ou cohorde signifiait: Gourde, citrouille. En latin, cucurbita, dont on a fait d'abord coucourde. [Voyez Robert Estienne, Dictionnaire français-latin, édition de 1605.] Nos campagnards appellent une courge, nă courdă ou kœurdă.
PAPETTE, s. f. Voyez PAPET, qui a le même sens.
PAPIER CASSÉ, adj. m. Nous appelons papier cassé ce qu'on appelle, en français: Papier brouillard, papier qu'on emploie à sécher l'encre d'une écriture fraîche. Une compresse de papier cassé. Terme parisien populaire.
PAPIER DE POSTE, s. m. Papier à lettres. Une rame de papier de poste. Terme neuchâtelois, etc.
PAPIERS, s. m. pl. J'ai lu dans les papiers. Dites: J'ai lu dans les Papiers publics, c'est-à-dire: Dans les journaux, dans les feuilles publiques, dans les gazettes.
PAPILLOTES, s. f. pl. Figurément: Avoir les yeux en papillotes, signifie: Ne pas les avoir bien ouverts en se réveillant.
PAQUET, s. m. Fagot, faisceau de menu bois. J'aime mieux brûler des paquets que des fascines. Un cent de paquets coûte de huit à douze francs.
PAQUET, s. m. Nous disons: Donner à quelqu'un son paquet, pour: Le congédier, le renvoyer. Les dictionnaires ne mentionnent pas cette expression, mais bien la suivante: «Recevoir son paquet,» c'est-à-dire: Être congédié.
PAQUETIER, IÈRE, s. et adj. Cancanier, faiseur de paquets, tripotier, médisant. N'ayez plus rien de commun avec ce paquetier. Terme savoisien.
PAQUIS, s. m. Terme des campagnards. Troisième coupe du foin.
PAR, prépos. Il vendit brique par brique (brique à brique) tout son mobilier. Vous arracherez ces herbes brin par brin (brin à brin). Dictez-moi votre nom de famille lettre par lettre (lettre à lettre).
PAR, prépos. Il y a deux ans jour par jour (jour pour jour) que Mr N** est mort. Vous me copierez ce manuscrit page par page (page pour page), etc. Mais on dira fort bien: Écrivez jour par jour toutes vos dépenses, etc.
PARAFE (UNE). Une belle parafe. Ce mot est masculin.
† PARAÎTRE (SE), v. pron. Paraître, être aperçu, s'apercevoir. Pour raccommoder les manches et le collet, vous prendrez dans le pan de l'habit: cela ne veut pas se paraître.
PARAPEL, s. m. Parapet. Français populaire.
PARBOUILLIR, v. a. Faire bien bouillir. Des épinards parbouillis. Terme vieux français.
PAR CONTRE, adv. Si le vin est cher cette année, par contre il est bon. Le petit Ernest a une figure peu attrayante, mais il a par contre une belle santé. Le paysan gagne peu, mais par contre il ne hasarde guère. Dans ces exemples, et dans les exemples analogues, dites: En revanche, en récompense.
PAR-CONTRE (LE). L'équivalent. Recevoir le par-contre. Terme suisse-roman et savoisien.
PAR-DESSUS, adv. Nous disons d'un homme adroit, rusé, et qui se tire toujours d'affaire dans les circonstances les plus critiques: Il les sait toutes et une par-dessus. Expression qui se prend d'ordinaire en mauvaise part.
PÂRE, s. f. Croûte, pelure du fromage et de la tomme. Ôter la pâre, manger la pâre; donner la pâre aux poulets. Terme suisse-roman et savoisien. Voyez PÂRER.
† PAR ENSEMBLE, adv. En commun, en société. On achètera ces deux lards par ensemble. Terme vieux français.
† PAR ENSUITE, adv. Ensuite. Terme vieux français.
PAREPLUIE, s. m. Parapluie.
PARESOL, s. m. Parasol.
PAREVENT, s. m. Paravent.
† PAR HASARD, loc. adv. En revanche, en compensation, du moins. Il n'a pas grand'chose, lui; mais sa femme, par hasard, a beaucoup de terrain. Comment donc, ce drôle de Joigne vous a répondu si insolemment!—Oui, Monsieur, mais je l'ai remouché par hasard, c'est-à-dire: Mais à mon tour je l'ai arrangé. Que vous est-il donc arrivé, Monsieur Pattey?—Il m'est arrivé que je me suis mis quatre vessicatoires, sans l'ordonnance du médecin; mais j'en ai souffert, par hasard, et l'on ne m'y reprendra pas. Expression fréquente chez les campagnards.
PARIURE, s. f. Pari, gageure. J'en ferais bien la pariure. Terme français populaire.
PARLENTIN, subst. et adj. Grand parleur, babillard, bavard. Comment as-tu la patience d'écouter ce parlentin? Le féminin parlentine, d'autres disent parlenteuse, est peu usité.
PARLER LE RHUME. Expression consacrée chez nous et qui signifie: Parler avec un son de voix qui dénote un rhume.
PARLER MAL et MAL PARLER, sont deux expressions différentes. «Parler mal,» c'est: Manquer aux principes de la grammaire. «Mal parler,» c'est: Dire des paroles offensantes, médire. [Acad.] Mais nos grands écrivains n'ont pas observé scrupuleusement cette distinction, et les exemples à l'appui ne manqueraient pas.
PARMI, adv. Au milieu, dans le milieu, dans l'intérieur. Ce foin paraît sec, mais il est encore mouillé parmi. Cette paille est mouillée parmi. Cette expression, qui nous vient du vieux français, est fréquente dans la bouche des campagnards.
PARMI, prép. S'emploie souvent en sous-entendant son complément. Vos moutons sont chétifs; il y en a pourtant d'assez bons parmi. Expression inconnue aux dictionnaires et blâmée par les grammairiens.
PAROI, s. f. Paroi litelée; paroi gyssée; paroi en carrons. Le mot paroi est français, mais vieux et inusité dans le sens qui lui est donné chez nous. Le terme véritable est: «Cloison.»
PAROLI, s. m. Babil facile, élocution abondante. Ce jeune homme n'a que du paroli. En provençal, parouli signifie: Langage flatteur et séduisant; dans le vieux français: Paroler, discourir.
† PAR PEU QUE, locut. conj. Pour peu que. Par peu que tu lambines, tu arriveras trop tard. Par peu que tu sois diligent, tu pourras nous rattraper. Faute fréquente, mais qui passe inaperçue, à cause de la ressemblance des sons par peu et pour peu.
PARPILLOLE, s. f. Monnaie genevoise du seizième siècle, valant les trois quarts d'un sou, soit neuf deniers. Elle s'appelait aussi parpayole.
PARPILLON, s. m. Terme des campagnards. Papillon. Fais voir à ces Monsieurs ton beau parpillon. En Franche-Comté, en Auvergne, en Languedoc et en Gascogne, on dit: Parpillot; en provençal, parpaihoun; en Dauphiné, parpaillou.
PARTERET, s. m. Couperet, hachette, sorte de couteau de boucherie fort large, lequel sert à couper la viande. A Rumilly (Savoie), on dit: Partelet; en Dauphiné, partou. R. vieux français, parter, diviser, partager.
PARTICIPER, v. a. Communiquer, faire part de, informer de. Participer une nouvelle, participer un événement. Mr N** a négligé de nous participer le mariage de sa fille.
† PARTICULIARITÉ, s. f. Que dis-tu de ce bon rencontre, Christophe? N'est-ce pas une particuliarité? Terme vieux français. Écrivez et prononcez «Particularité.»
PARTIE, s. f. Ne dites pas: Faire une partie aux boules, faire une partie aux quilles, etc. Dites: Faire une partie DE boules, faire une partie DE quilles, une partie DE billard.
PARTI-MEYTI. Locution moitié patoise, moitié barbare, qui revient à: «Partageons,» et qui se dit ordinairement après une trouvaille faite en commun. Partir ou parter, en vieux français, signifie: «Partager,» et meyti ou meytîa, en patois, veulent dire: «Moitié.»
PARTI ROULANT, s. m. Se dit d'un jeune homme qui est mûr pour le mariage, riche ou en position de le devenir. Mr N** est un parti roulant. Il y avait à ce bal trois ou quatre partis roulants. Cette expression, qui appartient à la conversation familière, n'est pas inconnue en Savoie et dans le canton de Vaud. Je demandais à une bonne paysanne du Chablais quel âge à peu près devait avoir un riche célibataire pour être appelé parti roulant: «Tant plus vieux, tant meilleur,» me répondit-elle.
† PAS, adv. interrogatif. N'est-ce pas? C'est après-demain la foire à Gaillard, pas? Dis-donc, Moïse, les raisins sont mûrs, on ira à la picôte, pas? Terme des gamins.
PAS MOINS, conj. Cependant, néanmoins. Elle avait dit et répété: «Je n'irai plus au bal,» et pas moins elle y retourne. Terme français populaire.
PAS PLUS, loc. adv. Non certes, point du tout, aucunement. Votre cousin a-t-il réussi dans sa requête?—Pas plus. On dit que vous pensez à vous marier, Mamzelle Gothon.—Moi, Monsieur, pas plus: et qui est-ce qui me voudrait?
PAS RIEN QUE, est une expression incorrecte dans les phrases suivantes: Il n'y a pas rien que lui qui souffre. Il n'y aura pas rien que vous deux de punis, etc. Dites: Il n'est pas le seul qui souffre. Il y en aura d'autres que vous deux de punis.
PASSAGER, ÈRE, adj. Passant, passante; fréquenté, fréquentée. Chemin passager, rue passagère. Terme français populaire.
PASSÉE, s. f. Terme de vigneron. Le temps de la floraison des vignes. Il faut beaucoup de chaleur pour que la passée se fasse bien. [Glossaire de Gaudy.]
PASSÉE, subst. f. Tournée, passage de quelqu'un. Première passée, deuxième passée du facteur de la poste aux lettres. As-tu soin, Octavie, de cueillir mes graines de capucines?—J'ai déjà fait ce matin deux passées.
PASSE-GENT, s. m. Nos jeunes garçons appellent ainsi un jeu qui consiste à sauter, de distance en distance, les uns par-dessus les autres. Jouer à passe-gent. Terme languedocien. En français, ce jeu s'appelle Coupe-tête.
PASSER AU BLEU, v. a. (fig.) Tuer, faire mourir. Quelle nouvelle a-t-on de notre lieutenant?—Il a été passé au bleu. Français populaire.
PASSE-ROSE (UN). Un beau passe-rose. Ce mot est féminin.
PASSET ou PASSEY, s. m. Échalas. La plupart des dialectes populaires de France, de Suisse et de Savoie ont ce terme, plus ou moins modifié. Dans le vieux français on disait: Pesseau; en grec, passalos, et en latin, paxillus.
PASSIONNER, v. a. Ce verbe n'est pas français, dans le sens de: Aimer avec passion. Ne dites donc pas: Cette dame passionne les romans. La jeunesse passionne les voyages. Nous passionnons tous la paix et la liberté.
PASSIORET, s. m. Petit passage, ouverture pratiquée dans une haie pour les piétons. Terme savoisien. Dans le dialecte du Berry, passière veut dire: «Chemin.»
PASSON, s. m. Terme des campagnards. Échelon. En Champagne, passet veut dire: Petit marche-pied.
PATACHE ou PATASSE, adj. et subst. Lambin, lambine.
PATACHER ou PATASSER, v. n. Lambiner.
PATACHERIE et PATASSERIE, s. f. Lenteur extrême, nonchalance.
PATAPOUF, s. m. Homme corpulent et lourd. Un gros patapouf. Terme savoisien, picard, rouchi, etc.
† PATARAFE, s. f. Mettre sa patarafe. Terme français populaire. L'expression véritable est: Mettre son parafe.
† PATARAFER (SE). Faire son parafe.
PATENAILLE, s. f. Pastenade, carotte jaune. Plucher des patenailles. Salade aux patenailles. Terme vaudois, valaisan et jurassien, usité aussi dans le Chablais et le Faucigny. A Rumilly (Savoie), on dit: Parsenaille; en vieux français, pastenaille. R. lat. pastinaca.
PATENOCHAGE, s. m. ou PATENOCHERIE, s. f. Lambinerie.
PATENOCHE, s. f. Lambin, lambine; nonchalant, nonchalante.
PATENOCHER, v. n. Lambiner.
PÂTÈRE (UN). Un pâtère à vis. Assujettir un pâtère. Dites: «Une patère» (a bref). Sorte de crochet qui sert dans l'ameublement à différents usages. R. lat. patera, coupe.
PATET, ÈTE, subst. et adj. Lambin, qui fait tout lentement et mollement. Un écolier patet; une servante patète. Il est si patet qu'il vous ferait grimper les murs. Terme suisse-roman, savoisien, lyonnais et méridional. Dans le Midi, patet signifie plutôt: Vétilleur, chipotier, tatillon, scrupuleux à l'excès, difficile à contenter. A Genève, patet se dit aussi des choses. Un travail patet est celui qui exige des soins très-minutieux. Une bouilloire patète est celle qui met beaucoup de temps à cuire.
PATETAGE, s. m. Lambinerie, acte d'un lambin.
PATETER, v. n. Lambiner, s'occuper longuement de minuties.
PATÈTERIE, s. f. Lambinerie, barguignage, tatillonnage. Cesse tes patèteries, Joseph, et viens nous aider à scier le bois.
PATIENCE, s. f. Sorte de petite pâtisserie ronde, de la grandeur d'une pièce de cent sous et de la nature des massepains. Un cornet de patiences.
PATIN, s. m. Braie, linge dont on enveloppe les petits enfants, et par-dessus lequel on met le lange. Faire sécher des patins. Terme suisse-roman et savoisien.
PATIÔCAGE, s. m. Lambinerie.
PATIÔQUER, v. n. Lambiner. Augmentatif du verbe pateter.
PATI-PATA. Onomatopée par laquelle on exprime les redites et le bavardage étourdissant d'une personne qui babille sans cesse.
PATOCHON, s. m. Lambin.
PATOUFLE, s. m. Lourdaud. Un gros patoufle. Terme savoisien. En rouchi: Patouf. Dans le patois du bas Limousin, patouflé signifie: Joufflu; en provençal, patufeou veut dire: Dadais, benêt.
† PATRACLE, s. f. Patraque.
PATRACLER, v. n. Travailler avec mollesse et lenteur; ne pas avancer dans son ouvrage. [P. G.]
PATRIGOT, s. m. Patrouillis, margouillis, boue liquide. Se mettre dans le patrigot. Terme suisse-roman et savoisien. Patrigot s'emploie aussi figurément et signifie: Tracas, embarras dont on ne pourra sortir que difficilement; affaire épineuse et désagréable. Le voilà depuis six mois, et par sa faute, dans un fameux patrigot. En provençal, patrigo et patricot signifient: 1o Mic-mac, manigance, pratique secrète; 2o Tracasserie, embarras.
PATRIGOTER, v. n. Patauger, marcher ou s'enfoncer dans la boue épaisse, dans le patrigot.
PATRIMONIAL, s. m. Doyen d'un cercle, doyen d'une confrérie. Mr N**, patrimonial du cercle des Anonymes, vient de mourir. Le mot patrimonial est français, mais dans une acception différente.
PATTE ou PATE, s. f. Chiffon, morceau de vieux linge, lambeau de linge usé et qui n'est bon qu'à faire du papier. Il mit sur sa coupure des toiles d'araignée en guise de patte. Ici on loue la Feuille d'Avis et on achète les pattes. Proverbialement, Avoir son béguin de patte, signifie: Être mort, être ployé, être dans le linceul. Terme suisse, savoisien, franc-comtois et méridional. En Lorraine, patte signifie: Étoupes de chanvre. A Lausanne, à Neuchâtel, à Lyon, à Besançon, le pattier est Celui qui ramasse les chiffons dans les rues. En français on appelle pattière, La femme qui trie les chiffons à papier. Nous appelons patte aux aises ou patte des aises, La lavette, c'est-à-dire: le bout de torchon qui sert à laver la vaisselle. Nous appelons patte soufrée, Une mèche soufrée; patte à bleu ou patte au bleu, Le sachet pour l'indigo.
PATTE À COU, loc. adv. Porter quelqu'un à patte à cou, signifie: Porter à dos une personne qui se tient à notre cou avec ses bras, ou ses pattes. Cette expression est surtout familière aux campagnards. A Genève nous disons: A cocochet. [P. G.]
PATTE MOUILLÉE, s. f. Se dit d'une personne flasque, molle, lâche au travail et sans énergie. Je ne peux rien faire de votre apprenti: c'est un paresseux, c'est une patte mouillée. Terme suisse, savoisien et lyonnais. On dit en français, dans le même sens: «Un linge mouillé.»
PAUFER, s. m. (Prononcez le r.) Levier en fer, avant-pieu. On plante les saules au paufer. Terme suisse. En Savoie: Paufer et pafer; dans le Dauphiné et le Languedoc, palfer. En vieux français, pau signifie: Pieu. Quelquefois, par exagération, nos dames appellent paufer, Une grosse aiguille.
PAUME, s. f. Balle, sorte de pelote ronde servant à divers jeux. Lancer une paume. Renvoyer la paume. Terme méridional. En français, «Paume» se dit du jeu lui-même et non de la balle.
PAUME DE NEIGE, s. f. Pelote de neige, boule de neige. Jeter des paumes de neige. Se battre à coups de paumes de neige. Terme suisse. Paumer les passants, c'est: Leur lancer des paumes de neige.
PAUNER ou PÔNER, v. a. Payer sa quote-part, acquitter sa dette; contribuer. On saura bien le faire pôner comme les autres. En vieux français, poner signifie: Poser, mettre, déposer. R. pono.
PAUVRE, s. m. Nous disons proverbialement: Rire comme des pauvres, pour: Rire de bon cœur, rire à ventre déboutonné. La soirée fut divertissante: nous y avons ri comme des pauvres. En Bretagne, Être gai comme des peillotoux, signifie: Être gai comme des déguenillés.
PAUVRE (UNE). Une mendiante. Ne renvoyez pas cette pauvre. Les dictionnaires disent: «Une pauvresse,» expression inconnue chez nous, et probablement ailleurs.
PAVANE, subst. fém. Farce. Regarde ces déguisés, Joson! quelle pavane! S'emploie aussi adjectivement. Que cette chanson est pavane! c'est-à-dire: Qu'elle est plaisante; qu'elle est bouffonne!
† PAVIR, v. a. Paver.
† PAVISSEUR, s. m. Paveur. Terme savoisien.
PAYER, v. a. (fig.) Il me la payera! Vous me la payerez tous! Il faut qu'on me la paye! Dites, avec le masculin: «Il me LE payera! Vous me LE payerez! Il faut qu'on me LE paye!» c'est-à-dire: J'aurai ma revanche.
PAYER UN GAGE. Terme de certains jeux. Dites: Donner un gage. Ma lourdise fut grande à tous ces jeux, et l'on me fit payer quatre gages. Expression méridionale. Le gage n'est pas un payement, c'est une garantie du payement: on ne paye que quand on retire le gage.
PEAU DE SOURIS, s. f. Se mettre en peau de souris pour quelqu'un, signifie: Se dévouer à lui corps et biens; embrasser ses intérêts chaleureusement et quoi qu'il en puisse coûter.
PEBLACHE, adj. des 2 genres. Terme des campagnards. Sec et mou. Se dit d'un légume de la famille des crucifères, qui n'a plus sa fraîcheur primitive; qui s'est durci en perdant sa saveur. Un ravonet peblache. Des raves peblaches. On dit aussi: Bllache (ll mouillés).
PÊCHERONGE, s. f. Pavie, sorte de pêche.
PÊCHE SANGUINE. Voyez SANGUINE
PÊCHIER, s. m. Pêcher, arbre qui porte la pêche. Des pêchiers en plein vent. Terme français populaire et vieux français.
PÉCLET, s. m. Loquet d'une porte. Trouvant la porte fermée, nous commençâmes à sigougner le péclet. Terme suisse et savoisien. En Franche-Comté on dit: Pècle.
PÉCLET, s. m. Montre, petite horloge de poche. Terme badin.
PÉCLOTIER, s. m. Horloger. Terme badin ou dérisoire. Un pauvre péclotier; un mauvais péclotier.
PECOU ou PÉKEU, s. m. Terme des campagnards. Le pédoncule, la queue d'un fruit. Le pecou d'une poire; le pecou d'une cerise, etc. Mot provençal et vieux français. On dit à Lyon: Picou, et en Languedoc, pecoul.
PÉCUGNE, s. f. Pécune, argent comptant.
PÈGE ou PÈGUE, s. f. Poix, matière résineuse. Ces mots pège et pègue appartiennent aux dialectes du Midi et au vieux français. Nous disons figurément d'une personne dont les conversations ou les visites fatiguent par leur longueur: C'est une pège. Quelle scie! quelle pège que ce Dorival! Pège s'emploie aussi adjectivement. T'aperçois-tu que le papa N** devient un peu pège?
PÉGEUX, EUSE, subst. Lambin, traînard.
PÉGUER, v. n. Enrager, pester. Regardez tous comme il bisque! Regardez comme il pègue! Terme trivial.
PEIGNE, s. m. Nous disons proverbialement: Être sot comme un peigne, pour: Être ébahi, être stupéfait. Il persistait à nier; mais quand on lui montra sa signature, il demeura sot comme un peigne.
PEIGNER (SE), v. récip. Se battre. Nous disons figurément et proverbialement: Voilà où les chats se peignent, pour: Voilà où est la difficulté, voilà où est l'obstacle.
PEIGNETTE, s. f. Peigne fin.
PEILLE, PEILLOT, PEILLON, et PEILLOU, s. m. Brou, écale, coque, couverture extérieure des noix, des noisettes et des amandes. Terme vaudois et savoisien. Dans le canton de Vaud, piller des noix signifie: Écaler des noix; et noix pillettes veut dire: Noix débarrassées de leur enveloppe. En Lorraine, piller des pois, piller des fèves, signifie: Les écosser.
PÈLE, s. m. Nom que les enfants des environs de Genève donnent à une noix ou à un noyau de pêche, qu'ils façonnent et polissent avec du grès, et dont ils se servent pour jouer à la droite, aux noix ou aux noyaux de pêche. [P. G.]
PÈLERINE, s. f. Biscuit long et mince, très-léger, qu'on appelle à Paris: Biscuit à la cuiller. Saucer des pèlerines dans du sirop. Terme savoisien.
PELLE, s. f. Rame, aviron. Aller à la pelle, signifie: Ramer, naviguer à l'aide des rames. En français, «Pelle d'aviron» se dit quelquefois de la partie plate de l'aviron, laquelle entre dans l'eau quand on rame.
PELLE, s. f. Bêche. Labourer à la pelle, c'est: Labourer à la bêche. Le Complément du dictionnaire de l'Académie dit: «Pelle-bêche, espèce de bêche.»
P'ENCORE, loc. adv. Pas encore. [P. G.]
PENDEAU, s. m. Trochet, bouquet, glane, botte. Un pendeau de cerises s'appelle en français: Un trochet de cerises. Un pendeau de poires s'appelle: Une glane de poires. Ce terme de pendeau est connu à Moudon (canton de Vaud), à Neuchâtel et sans doute ailleurs.
PENDILLON, s. m. Morceau d'étoffe, ruban qui pendille et annonce le désordre ou le manque de goût.
PENIN, s. m. Salaire, argent qui est le produit d'un travail.
PENNE, s. f. Panne, graisse du ventre d'un porc. Une penne de lard. Terme suisse et savoisien.
PENOT, OTTE, adj. (o bref.) Penaud, penaude. A cette rencontre imprévue, elle demeura penotte et interdite.
PENSER DE. Projeter, avoir l'intention de, avoir dans l'idée de. Penses-tu de sortir dimanche, s'il fait beau?—Sans doute, je pense de t'accompagner à la Bellotte. Dites: Je pense à t'accompagner. [Acad.]
PENSER (SE). Penser, croire, s'imaginer. Quand on a frappé à la porte, nous nous sommes bien pensé que c'était toi. En voyant les hirondelles voler si bas, je m'étais bien pensé qu'il pleuvrait. Cette locution, fort répandue en Suisse, en Savoie, en Franche-Comté, en Dauphiné et dans tout le Midi, appartient au vieux français. Ce n'est donc point une locution qui soit particulière à notre patois, comme le dit M. Sainte-Beuve, dans la Biographie de Töpffer.
PENSION, s. f. L'expression: Prendre pension, si connue, si usitée chez nous, ne se trouve dans aucun dictionnaire, ni dans aucun Glossaire. Vous voilà donc, Monsieur, pour quelque temps à Genève: où prendrez-vous pension? c'est-à-dire: Où prendrez-vous vos repas?
PENTE, s. f. (fig.) Se donner une pente de quelque chose, signifie: En prendre autant que l'on peut, en user largement et à cœur joie. Se donner une pente de travail; se donner une pente de petit blanc; se donner une pente de bals masqués, une pente de concerts, etc. Expression qui appartient au style le plus familier.
PENTECÔTE, s. f. Nous disons comme les Gascons: La fête de Pentecôte; le jour de Pentecôte, etc.; et je trouve dans SENEBIER la phrase suivante: «Les décisions du Synode de Lausanne sur les fêtes de Noël, de l'Ascension et de Pentecôte.» [Histoire littéraire de Genève, t. Ier, p. 186.] Il faut dire, en ajoutant l'article: La fête de LA Pentecôte, le jour de LA Pentecôte; les sermons de LA Pentecôte.
PÉPINÉRISTE, s. m. Un pépinériste achalandé. Terme français populaire. On doit écrire et prononcer Pépiniériste.
PERCE-NEIGE (UN). Sorte de plante qui fleurit en plein hiver. Ce mot est féminin. «Une perce-neige.»
PERCER, v. a. Nous disons d'un petit enfant à qui les premières dents viennent: Il a percé ses premières dents. L'expression française est: Les premières dents ont percé à cet enfant; les premières dents sont venues à cet enfant.
PERCET, s. m. Foret, vrille, perçoir, percerette. On dit en Valais: Perceret.
PERCHETTE, s. f. Sorte de menu poisson, petite perche.
PERCLUE, adj. f. Cette pauvre femme était perclue de froid, perclue de douleurs. Terme français populaire. L'adjectif «perclus» fait au féminin «percluse» et non pas perclue.
PERDRE, v. n. Quand nous disons d'une jeune fille, d'une jeune dame: Elle perd, elle a perdu, elle commence à perdre, cela signifie que: Sa beauté, sa fraîcheur, son éclat diminuent, ont diminué, commencent à diminuer. Ce sens du verbe «Perdre,» si usité chez nous, n'est pas dans les dictionnaires.
PERDRIGONE, adj. f. Une prune perdrigone. Dites: Une prune de perdrigon, ou: Un perdrigon. Un perdrigon blanc, un perdrigon violet. Dans le Languedoc, le Limousin et le Dauphiné, on dit: Une perdigone; à Marseille, une prune pardigone.
PERD-TEMPS, s. m. Se dit de tout objet qui invite à muser et à perdre le temps. Un chien, un oiseau, un chat, une pipe, deviennent quelquefois un perd-temps, un agréable perd-temps.
PÉRIN ou PÉRAIN, s. m. Canepin, pessonure, rognures de peau blanche et fine, pour effacer les traits au fusain.
PERNETTE, s. f. Petit scarabée, d'un beau rouge moucheté de noir. C'est la définition qu'en donne Töpffer lui-même dans le Presbytère.
PÉRORER, v. a. Pérorer une assemblée. Il nous pérora de son mieux, mais il ne parvint pas à nous convaincre. «Pérorer» est un verbe neutre. «Voyez comme il pérore! Écoutez-le pérorer.»
PERRUQUE, s. f. (fig.) Remontrance, mercuriale. On lui a donné sa perruque.
PERRUTIER, s. m. Orthographe et prononciation vicieuses du mot «Perruquier.»
PERSÉCUTER DE, suivi de l'infinitif. Je le persécute de partir; il me persécute de le suivre, etc. Ce régime du verbe «persécuter» est inconnu aux dictionnaires: ce qui ne veut pas dire qu'il soit vicieux.
PESATU, s. m. Terme rural. Blé, seigle et vesces (pesettes) que l'on sème pêle-mêle et que l'on récolte à la fois sans faire de triage. Farine de pesatu; pain de pesatu. [P. G.]
PERTANTAINE, s. f. Courir la pertantaine. Dites: Courir la pretantaine.
PÉTALE (UNE). Ce mot est masculin: «Un pétale,» c'est-à-dire: Chacune des pièces qui composent la corolle d'une fleur.
PETARD, s. m. (fig.) Nous appelons front de petard, le front d'un homme qui ne rougit plus, le front d'un homme éhonté. Insensible à ce reproche, il continua de se défendre avec un front de petard, c'est-à-dire: Avec une audace et une effronterie achevées. Expression fort triviale, mais fort répandue.
PETARD, s. m. (fig.) Horion, mornifle. Donner un petard; flanquer un petard; appliquer un petard.
PETARD, s. m. Canonnière, tube de sureau dont on ôte la moelle, et dont les enfants se servent pour chasser, par le moyen d'un piston, de petits tampons de papier mâché. Terme méridional.
PÉTAVIN, s. m. Espèce de framboise noire, qui croît dans les lieux humides et surtout le long des rivières. Selon le Vocabulaire dauphinois de Mr Champollion aîné, peitavin signifie: Osier.
PETÉE, s. f. Foule, quantité. Une petée de monde; une petée de curieux. Vite, vite, tire ton cerceau: tu as une petée de perchettes.
PETER, v. n. Faire peter son fouet. Dites: Faire claquer son fouet.
PETER, v. n. Nous disons d'un vin dur et acide: C'est un vin à faire peter les chèvres. Les dictionnaires disent plus décemment: «C'est un vin à faire danser les chèvres.»
PETEUX, s. m. Lâche, poltron, pleutre, couard, peteur. Dans le plus fort de la dispute, il s'alla cacher comme un peteux. Terme français populaire.
PÉTIAFFE, adj. des 2 genres. Sans force, sans vigueur, faible, bon à rien. Je suis encore tout pétiaffe, et je puis à peine me soutenir. Se dit aussi d'un fruit pourri: Une pomme pétiaffe.
PETIOLET, ETTE, adj. Très-petit, très-chétif.
PETIOT, OTE, adj. Petit, très-petit, exigu. Tu me donnes là un morceau de pain bien petiot. Terme vieux français. Petiot est aussi substantif. Où sont vos petiots? (où sont vos jeunes enfants?) Montrez-nous donc vos braves petiots? Petiou se dit quelquefois pour: Petiot.
PETIT (LE). Terme du jeu de boules. Le but, le cochonnet. Lancer le petit; s'approcher du petit; baucher le petit. Terme méridional, etc.
PETIT, s. m. Jeune enfant, jeune fils d'un tel. Vos petits sont-ils en bonne santé?—Notre petit a la rougeole. Petit, dans ce sens, n'est pas français. Le féminin petite pourrait mieux se dire.
PETIT-BOIS, s. m. Menu bois.
PETIT-LOUIS, s. m. Courlis ou courlieu, oiseau aquatique.
PETIT-PEU (UN). Très-peu, tant soit peu.
PETOLLE, s. f. Crotte, fiente de certains animaux, comme chèvres, brebis, lapins, souris. En vieux français: Petelle; en provençal, peto.
PETON, s. m. Terme enfantin. Le pied d'un petit enfant. Elle a bobo à son peton. Dans le canton de Vaud on dit: Piéton ou pioton.
PÈTRÀ ou PEITRÀ, s. m. Manant, rustre, pacant, butor, grossier personnage. Terme normand, breton, etc.
PÈTRE ou PEITRE, s. m. Gésier, estomac. Le pètre d'une poule; le pètre d'une dinde. Terme suisse et savoisien. On le dit quelquefois, mais trivialement, en parlant des personnes. Nos individus ne quittèrent la table qu'ayant le pètre bien garni. Pètre se dit aussi d'un gros goître.
PÉTREUX, s. m. Goîtreux.
PÉTRISSOIRE, s. f. Pétrin, huche, coffre à pétrir le pain. Terme suisse, savoisien, franc-comtois, etc. Quelques dictionnaires modernes disent au masculin: «Un pétrissoir.»
PÉTRONER (SE), ou SE PÉTROGNER, v. pron. Se dit d'un enfant qui, dans les bras de sa nourrice ou de sa mère, a l'air de se dorloter, et témoigne son contentement par un certain bruit du gosier.
PETTE, s. f. Bagatelle, chose de nulle valeur. Pour toutes vos peines, vos courses, vos écritures, vos correspondances, la famille du défunt vous a envoyé deux couverts d'argent: la belle pette! Voilà vraiment une belle pette! Ils ont fait là une belle pette! Ce terme, très-familier et même trivial, se retrouve dans le patois rouchi, où il signifie: Peu de chose, rien. [Voyez le Dictionnaire rouchi-français de Hécart, 3me édition.] Voyez aussi le mot peto, dans le Dictionnaire provençal de M. J.-F. Avril.
PEU (UN), s. m. N'est pas français dans le sens de: Un peu de temps. Il y a un peu que je n'ai vu ton frère. Il y a un peu que la diligence est partie.
PEU (UN). Prête-moi un peu ton couteau. Donne-moi un peu cette échelle, etc. Dans cette phrase et les phrases analogues, un peu est inutile et vicieux.
PEUGET, s. m. Suc ou jus qui se forme dans le tuyau et le fond d'une pipe par la salive et la vapeur du tabac.
PEUR, s. f. À moi la peur si..... Espèce d'affirmation qui revient à la suivante: Je veux être pendu si..... Tu veux donc toujours me désobéir, Janot; mais à moi la peur si je ne t'enferme pas dimanche prochain. Puisque Du Rosier refuse obstinément de me payer, à moi la peur si je ne lui envoie pas une assignation.
PEUR, s. f. Qu'as-tu peur? Qu'avez-vous peur? Expressions fort usitées chez nous et ailleurs. Pour parler grammaticalement il faut dire: De quoi as-tu peur? De quoi avez-vous peur?
PHIBOSETTE, s. f. Fille ou femme démesurément petite et contrefaite. Voyez MÉPHIBOSET.
PIÂLER, v. n. Piailler, piauler.
PIAILLARD, ARDE, adj. et s. Piailleur, criard. Français populaire.
PIAILLÉE, s. f. Piaillerie, criaillerie. Faire des piaillées. Finissez donc vos piaillées.
PIANOTTER, v. n. Terme dérisoire. Jouer du piano.
PIAPEU, s. m. Renoncule des champs. Terme connu aussi dans le canton de Vaud. Le dictionnaire de Mr Bescherelle dit: «Piapan.»
† PIASTRE (UN). Une piastre. Aimer le piastre, aimer l'argent. Goûts piastreux, goûts excessifs de s'enrichir. Homme piastreux, homme riche.
PIAUTE, s. f. Voyez PIÔTE.
PIC, s. m. Terme français, qui signifie: Pivert. Nous disons proverbialement d'une personne maigre et sèche: Elle est maigre comme un pic. Cette expression est sans doute moins usitée ailleurs que chez nous, puisqu'elle n'est pas consignée dans les dictionnaires.
PICAILLONNER, v. n. Liarder, lésiner, faire des économies mesquines, mettre avaricieusement sou sur sou. Son plus grand bonheur est de picaillonner. Le picaillon était une petite monnaie en usage dans le Piémont et la Savoie, et qui valait un centime. Nous disons encore d'une chose de nulle valeur: Cela ne vaut pas un picaillon; je n'en donnerais pas un picaillon.
PICAILLONNEUR, s. m. Liardeur, avare.
PICÂTA ou PECÂTA. Terme injurieux dont les paysans savoisiens se servent pour désigner les habitants de Genève et particulièrement les protestants. On explique très-diversement l'origine de cette dénomination. Dans le Berry, peccata signifie: «Baudet.»
PICAIRNE, s. f. Voyez PIQUERNE.
PICATALON, s. m. Fourmi. Un nid de picatalons.
PICHE, s. f. Chopine, petite mesure du pays. En français, «Pichet» est une sorte de vase à vin.
PICHENETTE, s. f. Coup, taloche. Flanquer une pichenette.
PICHOLETTE, s. f. Chopine, petite mesure du pays. Une picholette de vin. Boire picholette. Payer picholette. Terme vaudois et savoisien.
PICOLON, s. m. Petit point. Indienne à petits picolons. Terme vaudois. Dîner au picolon de midi, signifie: Dîner au coup de midi, à midi sonnant. Nous disons qu'une montre fend le picolon, lorsqu'elle marche avec une parfaite régularité. Je puis vous donner l'heure exacte, car ma montre fend le picolon.
PICOT, s. m. Sorte d'épingle longue et à grosse tête. En français, «Picot» signifie: Petite pointe qui demeure sur le bois quand ce bois n'a pas été coupé net.
PICÔTE, s. f. Picorée, maraude. Aller à la picôte des raisins, à la picôte des noix. Terme consacré parmi les jeunes garçons.
PIDANCE, s. f. Pitance. Le pain et la pidance. Terme français populaire. Voyez S'APIDANCER.
PIDE, s. f. Semonce, réprimande. Donner une pide. Recevoir une pide. Tu as eu ta pide, et cela te venait. Terme vaudois.
PIDE, s. f. Terme de certains jeux. Mesure, action de mesurer. Je veux de la pide (je veux mesurer).
PIDER, v. n. Mesurer la distance d'un palet à un autre, la distance d'une boule à une autre, etc. Tu t'imagines tenir, mais je pense le contraire, et j'en veux de la pide, je veux pider. Terme vaudois et savoisien. R. lat. pes, pedis.
PIDER, v. n. Abuter, c'est-à-dire: Jeter au but, tirer au but pour savoir qui jouera le premier. À qui est-ce à pider? Commence, Daniel, et ne pidons pas.
PIDER, v. a. Terme des collégiens. Voler, dérober, filouter. Quel est celui de vous qui m'a pidé mon agate?
PIED, s. m. Braie, drapeau, pièce de toile dont on enveloppe les petits enfants, et par-dessus laquelle on met les langes. Sécher un pied; changer un pied. Terme vaudois et savoisien. En Dauphiné, Donner les pieds à un enfant, signifie: Lui donner sa première robe.
PIED, s. m. Tenir pied, est un terme du jeu de boules qui signifie: Piéter, c'est-à-dire: Tenir le pied à l'endroit qui a été marqué pour cela.
PIED POTENT, s. m. Jeu d'écolier.
PIEDS, s. m. pl. Nous disons figurément de quelqu'un qui, par des spéculations ambitieuses ou sottes, a perdu la position aisée où il se trouvait: Il s'est mis aux pieds ce qu'il avait aux mains.
PIEDS, s. m. pl. Ne pas mettre deux pieds dans un soulier, est une expression figurée qui signifie: Agir promptement, mettre à l'exécution d'un message toute la diligence possible. Va nous louer un cabriolet, et surtout ne mets pas deux pieds dans un soulier.
PIEDS AU CHAUD. Tenir à quelqu'un les pieds au chaud. Se dit d'une personne qui en soigne une autre dans des vues intéressées. On dira, par exemple, d'un neveu qui a de grands égards pour un oncle célibataire: Voyez comme il le cajole et le prévient; voyez comme il lui tient les pieds au chaud.
PIEDS BLANCS, s. m. pl. Il a les quatre pieds blancs. Se dit de quelqu'un qui a ses entrées libres et ses coudées franches dans une maison.
PIERRE À BERNARD ou PIERRE À BERNADE. Se dit d'une distribution d'argent ou de bonbons que les riches paysans, le jour de leurs noces, font aux enfants de la commune. L'ancien Glossaire fait erreur quand il dit que cet usage a cessé dans notre canton. [P. G.]
PIERRE À FEU, s. f. Pierre à fusil, pierre à briquet. Les capsules auront bientôt remplacé partout les pierres à feu. Terme suisse et savoisien.
PIERRES, s. f. pl. Nous disons figurément d'une personne qui est au comble du malheur: Elle est malheureuse comme les pierres. Expression proverbiale connue en Picardie, et sans doute ailleurs. Les dictionnaires français disent: «Être malheureux comme un chien qui se noie.»
PIF-POUF, s. m. Homme gros, ventru et de petite taille. En français, «Piffre» signifie: Gros, replet.
PIGEONNIÈRE, s. f. Pigeonnier, colombier.
PIGNOCHER, v. n. Peindre à petits coups, peindre sans hardiesse. Dans les dictionnaires, «Pignocher» signifie: Manger négligemment, manger sans appétit et du bout des dents.
PIGNOCHEUR, s. m. Tatillon, patet.
PIGNOLET, s. m. Nom que les campagnards donnent à la plante appelée en français: «Thym.» Brouter le pignolet. Terme vaudois.
PILE, s. f. Volée de coups, étrillée. Donner une pile à quelqu'un, le rosser. Terme connu dans le Berry, en Savoie et ailleurs.
PILON, s. m. Mortier. Pilon de fonte, pilon de marbre. L'escamoteur mit la montre dans le pilon et la brisa. Terme suisse et savoisien. En français, «le Pilon» est l'instrument avec lequel on pile dans le mortier.
PILVINETTE, s. f. Épine-vinette, sorte d'arbrisseau. Tablettes à la pilvinette. Dans le français populaire on dit: Pinevinette.
† PIMPILVINETTE, s. f. Épine-vinette.
† PIMPINIÈRE, s. f. Pépinière. PIMPINIÉRISTE, s. m. Pépiniériste.
PINCE, s. f. Terme de couturière. Troussis, pli fait à une robe, à une jupe pour la raccourcir.
PINÇOTTER, v. n. Terme de nos anciennes fabriques d'indienne. Travailler au pinceau.
PINÇOTTEUSE, s. f. Ouvrière qui, dans nos anciennes fabriques d'indienne, mettait les couleurs.
PINIOUF ou PIGNOUF, s. m. Dénomination dérisoire. Soldat du centre dans la réserve.
PINTE, s. f. Cabaret, taverne, gargote, bouchon. Hanter les pintes. S'attabler dans une pinte. Terme suisse-roman. En français, «Pinte» est le nom d'une mesure pour le vin, et «Pinter» signifie: Faire débauche de vin.» [Acad.]
PIOCHAT, s. m. Sittelle torche-pot, oiseau.
PIOGRE ou PIOGUE. Envoyer quelqu'un à Piogre, c'est: L'envoyer promener bien loin, l'envoyer se faire pendre, l'envoyer au di.... Si tu répliques encore, petit drôle, je t'envoie à Piogre, je t'envoie à Piogre ferrer les chats. Ce mot de Piogre est peut-être une altération du mot piautre; car dans le français populaire, Envoyer au piautre, c'est: Envoyer au di.... Peut-être aussi Piogre est-il le nom d'une ville imaginaire, censée fort éloignée de nous. En Languedoc on dit dans ce dernier sens: Envoyer quelqu'un à Pampeligoust: c'est le nom languedocien de la ville de Pampelune.
PION, PIONNE, adj. Être pion, être ivre.
PIONS, s. m. pl. Nom d'un jeu que les petits garçons jouent assis à terre avec neuf petits cailloux, qu'ils font sauter alternativement en l'air pour les recevoir dans la main. On ne peut se faire une idée exacte de ce jeu qu'en le voyant jouer aux enfants. [P. G.]
PIORNE, s. f. Voyez PIOURNE.
† PIOTON, s. m. Piéton. Trottoir pour les piotons.
PIOTONNER, v. n. Piétiner, remuer les pieds avec vivacité. Se dit des enfants qui s'essaient à marcher. Dans le français populaire on dit: Piétonner.
PIÔTU, UE, adj. et subst. Boiteux, clopinel.
PIOU-PIOU, s. m. Dénomination badine par laquelle on désigne un soldat du centre dans le contingent. On appelle piou, dans le dialecte du Berry, le plus petit poulet d'une couvée. [Vocabulaire du Berry, p. 85.]
PIOURNE ou PIORNE, s. f. Femme ennuyeuse, qui se plaint et qui gronde habituellement. Oh! la sotte piourne! Tais-toi, piourne! Terme vaudois.
PIOURNER et PIORNER, v. n. Se plaindre continuellement. Terme vaudois.
PIPER, v. n. et act. S'emploie surtout avec la négation: Ne pas piper, ne pas piper mot, et signifie: Ne pas souffler mot, ne pas répondre. On l'a fortement réprimandé et il n'a pas pipé mot. Terme français populaire.
PIPETTE, s. f. Pipe de tabac, petite et mauvaise pipe. Terme languedocien. A Genève, pipette ne s'emploie que dans cette locution: Cela ne vaut pas pipette, c'est-à-dire: Cela ne vaut rien, cela ne vaut absolument rien. En français on dit: Cela ne vaut pas une pipe de tabac.
PIPI, s. f. Pépie, petite peau blanche qui vient sur la langue des oiseaux et qui les empêche de boire. Avoir la pipi: ôter la pipi.
PIQUÉE, s. fém. Douleur vive et de courte durée. Une piquée de mal de ventre.
PIQUE-PRUNES, s. m. Garçon tailleur. Dénomination badine ou dérisoire.
PIQUER, v. a. Picoter. Piquer des raisins. Cueillez des grappes, mes amis, je vous le permets; mais ne piquez pas. Terme savoisien, gascon, etc.
PIQUER, v. a. Se dit des oiseaux, et signifie: Manger. Nos deux chardonnerets commencent à piquer seuls. Expression languedocienne, etc.
PIQUER UNE FAUX. Terme des campagnards. Rebattre une faux, l'aiguiser. Piquer, dans le sens d'affiler, est une expression méridionale.
PIQUE-RAVES, s. m. Tarier, oiseau.
PIQUERNEUX, EUSE, adj. Chassieux. Des yeux piquerneux.
PIRE, adv. Dans le langage populaire, pire a souvent le sens de «plus» et de «mieux.» Les deux cousines se chérissent: elles sont pires que des sœurs. Mon domestique fait tout dans la maison: il est pire qu'une servante.
PIRE, adv. Comment va la santé, Guillaume?—Ça va de mal en pire. Dites: «De mal en PIS.» Pis est un adverbe qui signifie: «Plus mal.» (Mettre les choses au pis.) «Pire» est un adjectif, qui signifie: «Plus mauvais, plus méchant.» «Mon vin n'est pas bon, j'en conviens: mais le vôtre est pire.»
PISSE, s. f. Urine.
PITATEMENT, s. m. Course au galop, etc. Voyez PITATER.
PITATER, v. n. Courir au galop, prendre le galop. Les jeunes garçons se plaisent à pitater dans la neige. Je les voyais pitater dans les sables limoneux de l'Arve.
PITAUD, AUDE, s. et adj. Pataud, pesant, épais, patu. Un gros pitaud; une grosse pitaude. Quel pitaud d'enfant vous avez là! Dans le vieux français, pitaud signifiait: Rustre, paysan. [Voyez le Dictionnaire de Richelet.]
PITON, s. m. Fouloir de vendange. [P. G.]
PITONNER, v. a. Fouler aux pieds. Pitonner la vendange. Pitonner un duvet, comme font les chats avant de s'y endormir. Dans notre patois, pitenà signifie: Piler, et piton, s. m., signifie: Pilon. A Lyon, pitrogner veut dire: Écraser et broyer d'une manière malpropre.
PIULER, v. n. Voyez PIOULER.
PIVOINE, s. m. Sorte de fleur. Un beau pivoine. Ce mot est féminin.
PLACARD, s. m. Armoire. Remuer un placard; transporter un placard. On appelle en français placard, une armoire pratiquée dans un mur. En Suisse, en Savoie et dans le Midi, on désigne par ce terme toute espèce d'armoire.
PLACARD, s. m. Grosse tache sur un plancher, sur une table, sur un vêtement. Un placard d'huile; un placard de suif; un placard de graisse.
PLACE, s. f. Condition. Aller en place, dans le langage des domestiques, signifie: Aller en condition, aller servir. Entrer en place, signifie: Entrer en condition. L'Henriette part demain pour entrer en place.
PLAINDRE, v. n. Gémir, pousser des gémissements, geindre. La pauvre Colette n'a pas cessé de plaindre toute la nuit; elle plaignait même en dormant; elle plaignait à nous fendre l'âme. Expression suisse, savoisienne et méridionale, qui se retrouve dans l'ancien français, et qui n'a point d'équivalent exact dans la langue des dictionnaires.
PLAIN-PIED, s. m. Rez-de-chaussée. Habiter un plain-pied. Loger au plain-pied. Expression universellement répandue dans notre Suisse et en Savoie. Le mot de «Plain-pied» est français, mais il signifie autre chose. Voyez les dictionnaires.
PLAINT (UN). Gémissement d'un malade. Faire des plaints; pousser des plaints. C'étaient des plaints déchirants. Terme vaudois, neuchâtelois, savoisien, limousin, etc. En vieux français, plaint veut dire: Complainte.
PLAISIR, s. m. Se faire plaisir d'une chose, signifie: S'en donner le plaisir et en user largement; en jouir tout à l'aise. Voici une corbeille de cerises, mes enfants: faites-vous-en plaisir. Cette expression familière, très-usitée et très-originale, ne se trouve pas, que je sache, dans les dictionnaires. Ah! Marguerite, comme je t'envie ton joli châle jaune.—Ce châle jaune? tu peux facilement t'en faire plaisir: il ne coûte que 8 francs. J'ai trouvé ton aiguille de bas, Rosine.—Eh bien, fais-t'en plaisir, c'est-à-dire: Garde-la, et qu'elle te serve longtemps.
PLAN ou PLANT, s. m. Laisser quelqu'un en plant, signifie: Le faire attendre fort longtemps, l'abandonner, le laisser dans l'embarras, le planter là. Ils me laissèrent en plant sur la route, c'est-à-dire: Ils me laissèrent sur la route comme si j'étais un plant et comme s'ils voulaient que j'y prisse racine. On dit dans le même sens: Rester en plant, être en plant, mettre en plant. Terme parisien populaire. Aucun dictionnaire n'a recueilli cette expression, qui a bien son mérite.
PLAN, s. m. Gage. Mettre un habit en plan, le mettre en gage. Expression connue aussi à Paris et sans doute ailleurs.
PLANCHER, v. a. Planchéier, garnir de planches le plancher inférieur d'un appartement. Il vaudrait mieux plancher cette cuisine que de la carronner. Terme français populaire. On disait en vieux français: Planchier ou planchéer. [Voyez Glossaire roman de Roquefort.]
PLANELLE, s. f. Sorte de brique, sorte de carron. La plupart de nos cuisines sont carronnées (carrelées) avec des planelles.
PLANTAPORET, s. m. Dénomination badine, par laquelle on désigne les habitants de la commune de Plainpalais, et principalement les jardiniers. Plantaporet est un mot patois qui signifie: Plante-porreaux, planteur de porreaux.
PLANTER UN CLOU. Enfoncer un clou, le faire entrer.
PLANTEUR D'ÉCHAPPEMENTS, s. m. Ce terme, de la fabrique d'horlogerie, n'a pas d'équivalent dans la langue des dictionnaires.
PLANTON, s. m. Terme de jardinier. Jeune plant de fleur ou de légume. Planton de salade; planton de chou; planton de viollier. Plate-bande garnie de plantons. On dit en Dauphiné: Plantun.
PLAQUE, s. f. Tache à la peau. Son éruption a entièrement cessé, mais il lui reste quelques plaques aux joues et au front.
PLAQUE, s. f. Palet en cuivre ou en fer. Jouer aux plaques. Sa plaque touchait le but.
PLAQUER, v. neutre. S'appliquer exactement contre. Il est bien fait, ton habit: il plaque bien. Faites bien plaquer ce miroir contre le mur. Ta bretelle ne plaque pas bien sur ton dos.
PLAT, s. m. (fig.) Cancan, commérage, bavardage, médisance. Faire des plats. On vous a dit cela et puis encore cela.—Oui, sans doute.—Eh bien! ce sont autant de plats, autant de mensonges.
PLATAISE, s. f. Platitude, bêtise, sottise. Dire des plataises. N'écoutons plus ces plataises. J.-J. Rousseau a dit dans le même sens: Platise, expression qui a été recueillie par quelques dictionnaires.
PLAT DE LIT (À). Être à plat de lit, être malade au lit. Comment, Dubreuil, tu viens me voir sans ton frère!—Parbleu, mon frère, il est depuis deux jours à plat de lit. Cette expression remarquable, et qui est d'un constant usage à Genève, n'a pas été négligée par J.-J. Rousseau. «Il n'y avait que l'excuse d'être à plat de lit qui pût me dispenser de courir à son premier mot.» Nous disons quelquefois: Être au plat du lit.
PLATE, s. f. Poisson de notre lac, sorte de féra. Selon De Saussure, «la plate vit dans le golfe de Thonon, et se pêche rarement ailleurs.» [Voyage dans les Alpes, t. Ier, p. 16.]
PLATEAU, s. m. Madrier, planche fort épaisse. Terme savoisien, franc-comtois et méridional. Dans le canton de Vaud et à Neuchâtel on dit: Éplateau.
PLATELÉE, s. f. Platée, plat de nourriture chargé abondamment. Une platelée de raves; une platelée de boudins. Terme vieux français.
PLÂTRE, s. m. Nous disons figurément: Faire plâtre de quelqu'un, pour signifier: Le turlupiner, le houspiller malicieusement, en faire le badeau de la compagnie. On a tellement fait plâtre de ce pauvre Delolme, qu'à la fin il s'est fâché tout rouge. Les dictionnaires disent: «Battre quelqu'un comme plâtre,» pour signifier: Le battre à outrance.
PLÂTRIR, v. a. Plâtrer, enduire de plâtre.
PLÂTRISSAGE, s. m. Plâtrage, action d'enduire de plâtre.
PLEIN, prépos. de quantité. Nous disons de quelqu'un ou de quelque chose qui nous a beaucoup ennuyés, fatigués, vexés: J'en ai plein le dos. L'Académie dit: «Je le porte sur mon dos;» mais elle l'applique seulement aux personnes.
PLEURER, v. actif. Pleurer la nourriture à quelqu'un, signifie: La lui reprocher, la lui plaindre. Le riche Mr Colnet est si avare, qu'il pleure le pain à ses domestiques, et qu'il se pleure la vie à lui-même. Léonard vient de faire un magnifique héritage, que personne sans doute ne lui pleurera. Les dictionnaires ne donnent point de complément indirect au verbe «Pleurer.»
PLEURNICHAGE, s. m. Pleurnicherie, larmes feintes, pleurs répandus sans véritable chagrin. Tes pleurnichages sont bien inutiles, tu seras puni.
PLIANT (UN). Un lit de sangles. L'auberge était pleine, et tous les lits occupés: il fallut dresser quatre pliants. Terme suisse, franc-comtois, marseillais, etc.
PLIÉ, PLIÉE, partic. (fig.) Mort, morte. Voyez PLOYÉ.
PLIOGE, PLIOZE, ou PLIODZE, s. f. Terme patois fort connu. Pluie. Vaika la plliodze (ll mouillés), voici la pluie. En vieux français: Ploge.
PLOMBETTE, s. f. Terme d'architecture. Plomb.
PLONGEON, s. m. Terme de nageur. Action de plonger, immersion. Faire un plongeon. Il fit deux ou trois plongeons et sortit de l'eau. Terme suisse, savoisien et méridional. L'expression française est: «Faire LE plongeon,» c'est-à-dire: Imiter l'oiseau appelé Plongeon.
PLONGER (SE), v. pron. Terme de nageur. Aimes-tu te plonger, Alexis?—Oui.—Eh bien! allons nous plonger à cette barque. Se plonger n'est pas français. Dites: Plonger, v. neutre. «Aimes-tu plonger? Allons plonger. Lequel de vous vient plonger?»
PLOT, s. m. Billot, tronçon de bois, bloc de bois, tronc de sciage. Couper de la viande sur un plot. Faute de chaises, nous nous reposâmes sur deux plots. Terme suisse, savoisien, franc-comtois, berrichon, provençal, etc. Nous disons au figuré: Dormir comme un plot, pour: «Dormir d'un profond sommeil, dormir comme un sabot.» [Acad.]
PLOT, s. m. Tronc pour les aumônes. La clef du plot. Ce terme a vieilli. Plot est aussi un terme de tir: L'arme sera sans coche sur le plot, et sans double détente. [Glossaire de Gaudy.]
PLUCHER, v. a. Éplucher. Plucher du légume; plucher des haricots; plucher de la salade. Cet enfant est toujours à se plucher le nez. En vieux français: Pluchoter.
PLUCHURES, s. f. pl. Épluchures, pelures. On dit aussi: Pluchons et pluches.
PLUMACHE, s. f. Plumes d'ornement, plumet, panache. Un chapeau à plumaches. Terme suisse, savoisien, bressan, provençal, etc.
PLUME, s. f. Mettre la plume à la main signifie: Se mettre à écrire, commencer à écrire. Les dictionnaires disent: «Mettre la main à la plume.»
PLUMER, v. a. (fig.) Ronger, manger, dévorer. Les chenilles plumaient les branches de ce bel arbre.
PLURÉSIE, s. f. Pleurésie. Gagner une plurésie. Terme suisse-roman, savoisien et français populaire.
PLUS, adv. Est mis pour: «Plus de,» dans les phrases suivantes et phrases analogues: J'en ai plus peur qu'envie. Votre mari, Madame Philibert, va, dit-on, passer en Amérique.—A vous dire le vrai, Monsieur, j'en ai plus peur qu'envie. Dites: J'en ai plus DE peur que D'envie.
† PLUS BON. Meilleur. Prends ce poire, Vincent; il est bien plus bon que l'autre.
† PLUS PIRE. Pire. Tu trouves ce vin mauvais; tu en bois du plus pire chez ta grand'mère. Français populaire.
PLUVIGNER ou PLUVINER, v. neutre. Pleuvoir un peu. Voyez PLEUVIGNER.
POCHÉ, ÉE, adj. Fruits pochés. Fruits que l'on a portés dans la poche pendant quelque temps. On dit en français: «Pocheté.»
POCHE-L'ŒIL, s. m. Terme des collégiens et des gamins. Coup violent sur l'œil, et qui le fait enfler et bleuir. Recevoir un poche-l'œil.
POCHON, s. m. Cuillère à potage, cuillère profonde et à long manche, dont on se sert à table pour prendre le potage dans la soupière. Pochon d'argent, pochon d'étain. Terme suisse et franc-comtois.
POCHURE, s. f. Coup marqué au visage, meurtrissure au visage avec enflure. Pochure à l'œil; pochure au front. Recevoir une pochure; se faire une pochure. «Pocher» et «se pocher» sont français.
POINT AU CÔTÉ, s. m. Point de côté, mal, douleur que l'on ressent au côté. Au figuré, point au côté (point de côté), se dit: 1o D'une personne qui nous est à charge; 2o D'une affaire embarrassante ou pénible. Français populaire.
POINTET, s. m. Petite flèche qu'on met sur une arbalète pour tirer contre un but. [P. G.]
POINTILLEUR, EUSE, adj. Pointilleux, euse. [P. G.]
POINTU, UE, adj. (fig.) Malin, satirique, caustique, mordant. As-tu remarqué son air pointu? Elle nous répondit d'un ton bien sec et bien pointu: Cela ne vous regarde pas, Messieurs. Expression languedocienne. En vieux français, le mot guille signifie: «Pointe» et «ruse, malice.»
POINTU, s. m. Lâche, insolent.
POIRE (UN). Un bon poire; des poires blets. Aux poires! Aux beaux poires! Ce solécisme nous vient du patois, où ce mot est masculin (on peret).
POIRE-À-BON-DIEU, s. f. Alize, fruit ou baie de l'aubépine. On dit aussi: Poire-de-bon-Dieu et poire-au-bon-Dieu. Terme savoisien.
POIRE CHARLON, s. f. Poire gros-romain.
POIRE-ROME, s. f. Poire de bon chrétien.
POIRE SIRE-JEAN, s. f. Poire de Messire-Jean.
POIS EN GRAINS, s. m. pl. Petits pois.
POIS GOURMANDS, s. m. pl. Voyez GOURMANDS.
† POISON (LA). Boire de la poison; prendre de la poison. Ce mot a été féminin jusque vers la fin du dix-septième siècle. C'est une poison, se dit d'une femme très-méchante. Français populaire.
POITE, s. f. Méchante femme.
POLAILLE, s. f. Terme des campagnards. Poule. Une belle polaille. Une polaille grasse et dodue. En français, «Poulaille» signifie: Volaille.
POLAILLON, s. m. Sobriquet que l'on donne populairement à un homme qui s'occupe des soins du ménage ou de choses trop minutieuses. Fanchette, ton Monsieur est un polaillon. On dit en français: «Un tâte-pouls.»
POLATAILLE, s. f. Oiseaux d'une basse-cour, volaille.
POLICE (LA), ou LA POLISSE. Les polissons, les enfants qui courent les rues pour y faire des espiègleries. Il faudra pourtant une fois mettre à la raison toute cette police. N'est-il pas vrai qu'étant gamins nous faisions la police ensemble? Terme parisien populaire, etc.
† POLIE, s. f. Poulie. Ajuster une polie. Français populaire.
POLIR, v. a. Dépenser en folles dépenses. Il a su en quatre années polir une fortune de 150,000 francs.
POLITESSE (UNE). A Genève, faire une politesse à quelqu'un, veut dire: Lui offrir une collation, un dîner, un thé; l'inviter à une soirée dansante, à une partie de montagne, etc. Expression consacrée.
† POLMON, s. m. Poumon. Un ragoût de polmons. En vieux français on dit: Poulmon; en Languedoc, palmon; en Franche-Comté et à Paris, pomon; à Chambéry et dans la Bresse, pormon.
POMMEAU, s. m. Terme injurieux, qui équivaut à: Homme pesant, homme ennuyeux, homme sciant.
POMMEAU, s. m. Nous disons: Une canne à pommeau d'argent; une canne à pommeau d'or. Il faut dire: Une canne à pomme d'argent, une canne à pomme d'or. Mais on dit très-bien: Le pommeau d'une épée, le pommeau d'une selle.
POMMEAU, s. m. C'est ainsi qu'on désigne souvent un petit messager dans une fabrique ou dans un comptoir.
POMME EN CAGE, s. f. Pomme enveloppée de pâte et cuite au four.
POMME RAINETTE, s. f. Rainette, ou pomme DE rainette.
POMMIER D'AMOUR, s. m. Tomate, sorte d'arbrisseau, dont le fruit s'appelle: Pomme d'amour.
POMPE À FEU, s. f. Ne signifie point en français: «Pompe à incendie.» Une pompe à feu est une machine hydraulique mise en jeu par la vapeur. Ne dites donc pas: Les pompes à feu arrivèrent quand le bâtiment était déjà consumé. Faute fréquente en Suisse et en Savoie.
POMPER, v. n. Ce mot se dit d'un poêle ou d'une cheminée où le feu est allumé, et il signifie: Attirer l'air. Tu as bien de la fumée dans ta chambre, Édouard.—En effet, c'est que mon poêle ne pompe pas assez.
POMPON, s. m. À nous le coq, à nous le pompon. Expression un peu vulgaire qui signifie: A nous le fion, à nous la supériorité. Voyez COQ.
PONT, s. m. Terme de maçon et de plâtrier. Dresser un pont; enlever un pont. Choisissez pour votre pont des planches solides. En France on dit: Échafaudage. Dresser un échafaudage.
PONTENAGE, s. m. Payer les droits de pontenage. Terme suisse, savoisien et vieux français. On dit actuellement: Pontonage.
PONTET, s. m. Chantier, pièce de bois sur laquelle on pose les tonneaux dans une cave. Établir des pontets. Terme suisse-roman.
PORPU, UE, adj. Charnu, garni de chair. Au sens figuré, nous disons d'une chose excellente, d'une chose très-belle en son genre: C'est du chenu et du porpu, c'est-à-dire: C'est du très-beau, c'est du très-bon.
PORTAIL ou PORTAL, s. m. Grille. Portail en fer; portail en bois. Ouvrir les portails. Terme méridional. En français, «Portail» se dit de la façade ou de la principale porte d'une église.
PORTÉE, s. f. Distance convenable. Mettez-vous à portée (à la portée) afin de pouvoir entendre. Ne lâche pas encore ton coup de fusil: tu n'es pas à portée (à la portée). Mettez ce fumier à portée, c'est-à-dire: Mettez-le près de l'endroit où il doit être employé. Les canons n'étaient pas à portée. Selon les dictionnaires, «Être à portée» se dit des personnes et signifie: Être dans une situation convenable pour faire quelque chose.
PORTER PERTE. Nuire, être nuisible, tourner à préjudice. Ce nouveau magasin nous portera perte. Si tu renvoies Marguerite, elle cherchera à nous porter perte. Expression consacrée.
PORTEUR, s. m. Terme de vigneron. Cource, bout de sarment d'environ demi-pouce de longueur, qu'on laisse au sommet d'un cep de vigne pour rapporter des raisins. [P. G.]
PORTILLON, s. m. Petite porte basse dans la fermeture d'une boutique.
PORTION, s. f. (Prononcez por-cion.) Potion, remède liquide qu'on boit. Prends ta portion, mon valet, tu auras du bonbon ensuite. Terme français populaire.
PORTRAIT EN TROIS QUARTS. Dites: Portrait DE trois quarts. Dites aussi: Se faire peindre DE trois quarts, et non: Se faire peindre en trois quarts.
† PORVISION, s. f. Provision. Vous faites votre petit marché, Madame Dulignage?—Vous le voyez, Monsieur: je fais une petite porvision de raves et de patenailles.
POSE ou PAUSE, s. f. Mesure agraire, qui équivaut à 400 toises de Genève, c'est-à-dire, à un peu moins d'un arpent. Notre plaine de Plainpalais a trente poses; la plaine du Pré-l'Évêque en a trois et un tiers. Terme vaudois et jurassien.
POSÉE, s. f. Écriture moyenne. Écrire en posée. Passer de la posée à la fine.
POSER, v. a. Quitter. Poser son habit, poser son chapeau. Si Monsieur voulait poser son manteau, les chevilles sont là.
POSER LE DEUIL. Quitter le deuil. A Genève, une veuve ne pose qu'après quatre ans le deuil de son mari.
POSER LES SCELLÉS. Apposer les scellés, mettre les scellés.
POSSÉDÉE (UNE). Nous disons d'une femme qui se démène et qui jette des cris perçants: Elle s'agite comme une possédée; elle crie comme une possédée. Ce féminin, qui manque dans les dictionnaires, est fort admissible.
† POTACHE, s. f. Potasse.
POT À EAU, s. m. Pot à l'eau; c'est-à-dire: Pot destiné à recevoir de l'eau.
POT À LAIT, s. m. Pot AU lait.
POTET, s. m. Terme des campagnards. Petit pot. En vieux français: Poutet.
POTRINGUE, s. f. Médecine, breuvage purgatif, drogue. Se dit aussi de toute mauvaise boisson. Votre cidre a un goût de potringue; c'est une vraie potringue. Le docteur voulait me purger: je l'ai dispensé de sa potringue. Être toujours en potringues, signifie: Être toujours dans les remèdes. Terme suisse, savoisien et méridional.
POTRINGUER, v. a. Droguer, médicamenter. Dis voir, Michel, on dit comme ça que tu te laisses potringuer par ta cauque (par ta femme); pour moi, je ne me potringue jamais, et je n'en suis pas plus malade pour tout ça.
POTTES, s. f. pl. Lèvres. S'essuyer les pottes; se lécher les pottes. Je vois bien, gouillard, que tu as touché à mes confitures: il t'en reste encore par les pottes. Terme suisse, savoisien, méridional, lorrain, etc. Ce ragoût est à sa potte, signifie: Ce ragoût lui plaît. La soupe était à sa potte, et il s'en est piffré.
POTTE, s. f. Moue, mine refrognée, grimace. Faire la potte, c'est faire la moue, bouder, témoigner de la mauvaise humeur par son silence et par son air. On dit à un enfant qui pleurniche: Tu fais là une bien vilaine potte; va donc te cacher avec ta potte.
POTTU, UE, adj. Qui fait la moue, qui a mauvaise grâce, qui rechigne. Terme vaudois et savoisien.
POU, s. m. Chercher les poux parmi la paille, est une locution proverbiale qui signifie: Vétiller, s'attacher à des minuties, chercher noise à propos de rien. On dit à Paris, dans le langage populaire: Chercher des poux à la tête de quelqu'un. Expression plus triviale que la nôtre, mais qui a le même sens.
POUARE, POUAIRE ou POUAI, s. m. Sale, malpropre, sagouin, porc. Fi donc, le pouaire!... Va-t'en, pouaire, te ronger les ongles ailleurs. Terme vaudois, savoisien, jurassien et provençal. En vieux français, pouerc signifie: Pourceau. Dans le français populaire, pouacre signifie: Homme mal propre, et «pouah!» est une interjection qui indique le dégoût.
POU DE SERPENT, s. m. Insecte à corps très-long, qui fréquente surtout les cours d'eau, et qui s'appelle en français: «Une demoiselle.» [P. G.]
POUFFE ou POUF, s. m. Faire du pouffe, signifie: Déployer de l'ostentation, s'étaler, tirer vanité de son costume. On dit en français: «Faire pouf.»
POUGNE ou POGNE, s. f. Poignet, force du poignet. Avoir de la pougne; avoir une bonne pougne. Dans le français populaire on dit: Poigne ou pogne.
POUINE, s. f. et adj. Femme ou fille malicieuse, taquine, espiègle, pie-grièche, chipie. Elle fait la pouine. Elle est jolie, mais pouine. C'est une méchante pouine. Terme suisse.
POUINET, ETTE, adj. et subst. Se dit des personnes et des choses. Un ton pouinet est un ton tranchant, aigre, malin, pointu. Air pouinet, mine pouinette.
POULAINE ou POULINE, s. f. Pouliche, cavale nouvellement née. Terme vaudois, savoisien, etc.
POULAINTE ou POULINTE, s. f. Farine de maïs, gaudes. Soupe à la poulainte. En provençal: Poulento; en Valais et en Italie, polenta.
POULET, s. m. Robinet, clef d'un robinet. Tourner le poulet. Terme vaudois et neuchâtelois. Le mot allemand Hahn signifie tout à la fois un coq et un robinet, et c'est de là probablement qu'est venue notre expression: Poulet.
POUPONNER (SE), v. pron. Se pomponner, s'ajuster avec un soin minutieux, mettre à sa toilette du temps et de la recherche. On ne le rencontre jamais que pouponné, musqué et tiré à quatre épingles. A Lyon et dans le Midi, se pouponner signifie: Se choyer, se traiter délicatement et comme un poupon.
POUR BON, loc. adv. Tout de bon. Ne jouons plus pour semblant, jouons pour bon; jouons pour de bon. Français populaire.
POUR ÇA, loc. adv. Assurément, certainement. Moi, t'accompagner par cette pluie battante! Ah! pour ça, non.—Pour ça, oui, tu m'accompagneras. Ne s'emploie que suivi de oui ou de non.
POUR DIRE, loc. adv. À vrai dire, à dire vrai, pour m'exprimer exactement. Notre petite Caroline n'est pas menteuse, pour dire, mais elle pourrait être plus franche.
POURE, adj. m. POURA, adj. f. Terme patois qui signifie: pauvre. Poûră fénă, vă-z-ive don bein fan (pauvre femme, vous avez donc bien faim). Terme vaudois, savoisien, berrichon, normand et vieux français. En anglais: Poor.
POURPE, s. f. Pulpe. Voyez PORPE.
POUR QUANT À, loc. adv. Quant à. Partez, vous autres, par le bateau: pour quant à moi, je prendrai la diligence. Terme savoisien et lyonnais.
POURREAU, s. m. Soupe aux pourreaux. Terme suisse, savoisien, lyonnais, etc. On dit en français: «Porreau» ou «Poireau.»
† POUR TANT QU'À, loc. adv. Quant à. Jouez aux boules vous deux; pour tant qu'à moi, je préfère de jouer aux guilles. Expression très-répandue.
POUSSÉE, subst. fém. Se dit des arbres et des plantes et signifie: Pousse. La poussée des acacias est chaque année d'environ six pieds. Terme suisse, savoisien, dauphinois, lorrain, etc.
POUSSÉE, subst. fém. Éruption à la peau. Terme connu de tous ceux qui fréquentent les établissements d'eau thermales. Il n'est pas prudent, dit-on, d'interrompre les bains quand une fois la poussée a commencé.
POUSSER (SE), v. pron. S'éloigner, se retirer, se reculer. Pousse-toi, John, tu me gênes. Poussez-vous un peu, Messieurs, et faites place aux dames.
POUSSETTE, s. f. Lycopode, plante dont les capsules sont remplies d'une poussière abondante qui prend feu comme la résine.
POUSSIÉRÉ, ÉE, adj. Chemin poussiéré. Dites: Poussiéreux, ou plutôt dites: Poudreux. Chemin poudreux.
POUTET, s. m. Mâle de la fouine. Noir comme un poutet; noir comme le poutet. Terme savoisien.
POUTET, s. m. Enfant joufflu, pottu et d'une figure désagréable. Quel poutet! J'ai bien vu des poutets dans ma vie, mais jamais de pareils à celui-ci. Terme fort connu de nos campagnards.
POUTRAISON, s. f. Charpente d'un édifice. La poutraison qui était fort vieille, a consenti. Terme neuchâtelois, etc.
† POUTRE (UN). Un gros poutre. Aide-nous à mettre ce poutre en place. Dites: «Une poutre.»
PRAILLE, s. f. Prairies, pâturages. La praille de Carouge; la praille de Lancy; la praille de Chêne-Thônex. Dans le patois du canton de Vaud, prahia signifie: Pièce de terre avec un fenil. En vieux français: Praillet, petit pré, prairie. Du mot de praille nous avons formé celui d'emprailler, qui veut dire: Gazonner, semer du gazon, mettre en prairie.
PRÊCHER, v. n. Prêcher à un converti. Dites: «Prêcher un converti.»
PRÉCIPITÉE (À LA), loc. adv. Précipitamment, en toute hâte. Partir à la précipitée. Les choses qu'on fait à la précipitée sont rarement bien faites. Expression savoisienne et dauphinoise, digne de prendre place dans les dictionnaires.
PRÉCO, s. m. (Prononcez prœcau.) Celui qui est le principal personnage dans un petit endroit, celui qu'on y écoute le plus et y exerce le plus d'influence. Le préco du village; le préco de la paroisse; le préco du cercle. Terme savoisien. En français, ce personnage s'appelle figurément et familièrement: «Le coq.» Le coq du village; un coq de paroisse, etc.
PRÉFÉRER, suivi de l'infinitif. Je préfère partir. Elle préféra ne pas nous suivre, etc. Dites, avec les dictionnaires et les meilleurs auteurs: Je préfère DE partir; elle préféra DE ne pas nous suivre. «J'eusse préféré D'être jeté aux crocodiles.» [Chateaubriand, Atala, les Chasseurs.]
PREMIÈRE CHOSE (LA), loc. adv. En premier lieu, d'abord. Tu iras la première chose à la boucherie, et ensuite chez la gagère de Longemalle.
PREMIÈRE MAIN (DE), J'ai eu ce meuble et ces beaux draps de première main. Il achète ses vins de première main. Dites avec l'article: «De LA première main.»
PREMIÈRE VUE (À), loc. adv. Dites, en employant l'article: À la première vue. «Elle déchiffrait les plus difficiles musiques à LA première vue.» «Je les reconnus tous deux à LA première vue.»
PRENDRE, v. n. L'idée lui a pris de voyager. Si l'idée te prend de m'écrire, tant mieux. Quand l'idée vous en prendra, venez me voir. Dans ces diverses phrases et dans les semblables, dites: L'idée lui est venue de voyager. Si l'idée te vient de m'écrire, tant mieux, etc.
PRENDRE, v. a. Nous disons: Un tel a pris la fièvre; il a pris un mal de dents, un gros rhume, une extinction de voix, etc. Nous disons de même: Prendre froid; prendre la coqueluche; prendre des convulsions; prendre un catarrhe: toutes expressions qui ne sont pas françaises. Les dictionnaires disent: La fièvre l'a pris; il lui a pris un mal de dents; il a gagné un rhume, etc., etc.
PRENDRE FEU. Employé impersonnellement. Il a pris feu à la maison de l'Escarcelle; il a pris feu au Molard, etc. Dites avec les dictionnaires français: Le feu a pris à telle et telle maison, à tel et tel quartier, etc.
PRENDRE MAL. Se trouver mal, tomber en faiblesse, s'évanouir. Mme N*** prit mal à l'église, et fut transportée chez elle.
PRENDRE PEUR. Prendre de l'épouvante, s'effrayer. Georgette a pris peur. Si tu prenais peur, appelle-moi. Dites: La peur LE prit. Si la peur LE prenait, etc. [Dictionnaire de Poitevin, p. 787.]
† PRENDRE (S'EN). S'y prendre. Il faudra s'en prendre de bien bonne heure, si l'on veut trouver ce soir des places au Cirque olympique. Notre Joseph ne sait pas s'en prendre; il est encore bien emprunté et bien maladroit. Cette opération, pour dire, n'est pas difficile; tout dépend de la manière qu'on s'en prend.
PRÈS, employé adjectivement, est un barbarisme. Ne dites donc pas: Un tel est mon plus près parent; un tel est leur plus près cousin; nous étions leurs plus près voisins. Substituez, dans ces phrases, l'adjectif «proche» à l'adverbe près, et dites: «Un tel est mon plus proche parent,» etc.
PRESSER, v. a. Pressurer, mettre sous le pressoir. Presser la vendange; presser les raisins; presser les poires et les pommes pour en faire du cidre.
PRESSER, v. neutre. Nous disons à un ouvrier: Faites-moi promptement cette table et ce canapé, car ils me pressent, c'est-à-dire: Car je suis pressé de les avoir. Nous disons de même: Ces cravates pressent, ces robes pressent, ces souliers pressent. Il faut dire: Ces cravates sont pressées, ces robes, ces souliers sont pressés, etc.; ou: Nous sommes pressés de les avoir.
PRESSON, s. m. Barre de fer, levier. Terme savoisien et lyonnais.
PRESSURE, s. f. Présure, acide pour faire cailler le lait. Plus on garde la pressure, meilleure elle est. Terme français populaire et vieux français. A Genève on dit aussi: Presure.
PRÊTER, v. a. À table, on entend souvent dire: Prêtez-moi la carafe; prêtez-moi la salière; veuillez me prêter l'huilier, etc. Cette locution est un gasconisme, qu'il faut remplacer par l'expression toute simple: Donnez-moi la carafe; donnez-moi la salière; veuillez me passer l'huilier.
PRÊTER À RIRE. Apprêter à rire. La jeune Adélaïde avait une toilette qui prêtait un peu à rire. Terme suisse, savoisien, etc. Mais on dira fort bien: Prêter au ridicule, prêter à la critique, etc.
† PRÉVENIR, v. n. Provenir.
PRIÉ À. Nous disons: Être prié à un enterrement; être prié à une cérémonie; être prié à une fête. Il faut dire: Être prié D'un enterrement; être prié D'une fête, etc.
PRIER QUE. Je prie que l'on se taise. Le président agitait la sonnette et priait qu'on l'écoutât. Dites: Je demande que l'on se taise. Le président demandait qu'on l'écoutât.
PRIEUR, s. m. Nous appelons prieur ou prieur d'enterrement, celui des porteurs que la famille du défunt charge d'aller prier au convoi les parents et les amis du défunt.
PRIEUSE, s. f. Nous appelons prieuse, la femme dont l'emploi est, dans les enterrements protestants, de marcher à la tête du cortége. A côté d'elle marchent, vêtus de noir, les deux porteurs d'escabelle.
PRIMBÊCHE, s. f. Pimbêche. C'est une primbêche. Quelle primbêche! Les campagnards ne s'expriment pas autrement.
PRIMÒ D'ABORD, loc. adv. L'un de ces deux mots est inutile à côté de l'autre, puisque d'abord, en français, a le même sens que primò en latin. Dans le langage parisien populaire on dit: Premièrement d'abord; ce qui ne vaut pas mieux.
PRIN, adv. Dans le langage des campagnards, Parler prin signifie: Parler du bout des lèvres et avec affectation. Voyez donc cette primbêche: quels airs elle se donne, et comme elle s'étudie à parler prin!
PRIN ou PRIN BOIS, s. m. Menu bois, brins de fagot. Pour mettre ce feu en train, il nous faudrait du prin bois. Terme suisse, savoisien, lyonnais, franc-comtois, etc. Prin ou prim (primus), appartiennent au vieux français, et signifient: 1o Premier; 2o Menu, fin, mince, délié. Nos campagnards appellent primes graines, Les graines qu'on sème au printemps; ils appellent prin terrain, Un terrain léger, etc. Dans le patois du canton de Vaud: Prin bec, blanc bec; primes bêtes, menu bétail.
PRIN-FORT, s. m. La petite absinthe. Terme vaudois et savoisien.
PRIS, PRISE, adj. Entrepris, embarrassé, endolori, perclus. Avoir la tête prise; avoir la gorge prise; être pris des deux bras, etc. Terme méridional.
PROCURE, s. f. Procuration. Ils envoyèrent les deux procures au notaire. Terme vieux français, conservé chez nos proches voisins.
PROFITAGE, s. m. Faire un profitage (un profit).
PROFITER DE, suivi d'un infinitif. Je profite de venir te voir pendant que mes marmots dorment. Nous profiterons de faire notre voyage pendant les vacances de l'Académie. Tu dois profiter d'aller au théâtre pendant qu'on joue le Domino noir. Cette expression, qui me semble claire, commode et concise, n'est dans aucun dictionnaire français.
PROMENER, v. actif. (fig.) Il m'a promené deux ans avant que de me payer. Les dictionnaires disent: Il m'a traîné deux ans.
† PROMONTIONS, s. f. pl. Promotions, distribution solennelle des prix aux écoliers du collége dans la cathédrale de Saint-Pierre. Le jour des Promontions; la fête des Promontions.
PROPREMENT, adv. Entièrement, à fond. Hier soir, Jean Couzineau s'est soûlé proprement. Français populaire.
PROPRÎTAIRE, s. m. Propriétaire.
PROPRÎTÉ, s. f. Propriété.
PROVIGNURE, s. f. Provin, rejeton d'un cep de vigne provigné. Terme vaudois et savoisien.
PRUNEAU, s. m. Nous appelons pruneau une espèce de grosse prune très-allongée. Cueillir des pruneaux; abattre des pruneaux; sécher des pruneaux. En français, «Pruneau» signifie: «Prune sèche.» L'espèce de prune que nous appelons pruneau, se nomme «Île verte.»
PRUNEAULIER ou PRUNEAUDIER, s. m. Arbre qui porte les pruneaux. Voyez l'article précédent.
PSAUME (UN). Il faut dire: Des psaumes, ou: Un psautier, quand on parle du recueil des cantiques de David. Les phrases suivantes sont donc, à ce point de vue, incorrectes. Tu te placeras auprès de moi, Betsi, et nous chanterons sur le même psaume. Fais donc relier ton psaume. Achète-toi un psaume plus sortable que celui-là. Dites: Fais relier tes psaumes. Achète-toi des psaumes plus sortables, etc.
PUCER, v. a. Épucer, ôter les puces.
PUIQUE. Prononciation vicieuse de la conjonction «puisque,» dont le s doit se faire entendre. Les grammaires sont toutes d'accord sur ce point.
PUISERANDE, s. f. Danaïde, roue à augets établie dans le Rhône, près de Genève: elles sont au nombre de deux, et servent aux irrigations de plusieurs jardins potagers. Ce mot de puiserande nous vient du Midi. Dans le Languedoc, pouzarangue signifie: «Puits à roue.» Nous appelons aussi puiserande, des puits à roue établis à une très-petite distance de l'Arve, et dont un cheval est la force motrice. [Voyez Villa, Nouveaux Gasconismes corrigés, t. II, p. 164.]
PUNAIS, AISE, adj. En français, ce mot ne se dit que des personnes. A Genève on l'emploie surtout en parlant des choses, et comme synonyme de désagréable, incommode, et qui affecte péniblement. Nous disons: Un vent punais, un air punais, un froid punais, un temps punais, etc. Rue punaise est le nom que portait, il y a quelques années, la rue appelée aujourd'hui «Traversière.»
PURE, s. f. Le moment de la plus grande abondance d'un légume, d'un fruit, d'un poisson. La pure des abricots, la pure des cerises, des melons, des féras, etc. J'attends la pure des framboises pour faire mes confitures. Quelques-uns écrivent l'apure. Voyez APURE.
† PURÉZIE, s. f. Pleurésie. La purézie se déclara et il fallut en venir à une saigne. Terme savoisien, lyonnais et bas limousin. En Languedoc et en Franche-Comté on dit: Un purézi.
PURGE, s. f. Purgation, purgatif. Prendre une purge. Ce terme, fort usité en Suisse, en Savoie et en France, appartient au vieux français.
PURPURALE, adj. fém. Fièvre purpurale. Dites: Fièvre puerpérale. R. lat. puerpera.
PUSSIN ou PUCIN, s. m. Poussin, poulet nouvellement éclos. La poule et ses pussins. Terme suisse, lorrain, vieux français, etc.
PUSSINE, s. f. Jeune poule, poulette. Ce joli mot «pussine» manque à la langue française, puisque «Poulette» ne s'emploie guère qu'au sens figuré. Dans le patois vaudois on dit: Pudjena ou puzene.
PUTRIFIER, v. a. Putréfier, faire pourrir.