Nouveau Glossaire Genevois, tome 2/2
Dans le patois vaudois, touerpin ou touarpeun, s. m., se dit d'une personne qui a le pied bot ou tordu, ou dont la démarche est gênée.
TOUSSILLER ou TOUSSOTER, v. n. Diminutif de «Tousser.» Tousser légèrement, avoir un peu de toux.
† TOUSSIR, v. n. Mon pauvre Joson a toussi depuis hier à soir jusqu'à ce matin. Terme français populaire et vieux français. Dans notre patois on dit: T'ci, et dans le patois de l'Isère, tussi.
TOUT, adj. Ne dites pas: Une fois pour tout; dites: Une fois pour toutes, c'est-à-dire: Une fois pour toutes les fois subséquentes. Fais bien attention, Albin: je te le dis une fois pour tout, et je ne le répéterai plus. Français populaire.
TOUT, adj. masc. Dans le tout commencement de son mariage, Alexis avait eu quelques égards pour sa femme. As-tu dansé hier à ce bal?—Un peu au commencement, au tout commencement. Cette expression, si fréquente chez nous, n'a point d'équivalent en français.
TOUT DE MÊME, loc. adv. Oui, d'accord, à la bonne heure, volontiers. Eh bien, Messieurs, faisons-nous la partie de billard?—Tout de même.
TOUT DE MÊME, loc. adv. Nonobstant cela, d'ailleurs. Je ne vous conseille pas d'aller au théâtre ce soir: tout de même il est déjà tard. Renoncez à ce grand voyage: tout de même la mauvaise saison n'est pas loin. Français populaire.
TOUT PREMIER (LE). Mes enfants, vous êtes des indiscrets, et toi, Mathurin, le tout premier. À quelle place es-tu dans ton école, Philippine?—Je suis la toute première. Dites: Et toi, Mathurin, tout le premier: Je suis la première. [Voyez le dictionnaire de l'Académie, au mot PREMIER.]
TOUT NOUVEAU, etc. Pour exprimer que les esprits légers et inconstants s'enthousiasment d'abord de tout ce qui est nouveau, mais s'en dégoûtent non moins vite, nous disons proverbialement: Tout nouveau, tout beau, ou tout est beau. En français on dit: Au nouveau, tout est beau.
TRAFI, s. m. Prononciation vicieuse du mot trafic, dont le c doit se faire entendre.
TRAGAL, s. m. Sorte de filet, appelé aussi monte.
TRAGIVERSER ou TRÉGIVERSER, v. n. Tergiverser.
TRÂGUE, s. m. Aide-maçon, porte-mortier.
TRÂGUER, v. a. Porter, traîner, trôler. Se trâguer d'une promenade à une autre. Qu'as-tu fait hier, Lamboteau, qu'on ne t'a pas vu au sarcle?—Ma fiste, hier c'était Pâques, et j'ai fait comme les autres: j'ai trâgué ma cauque et mes ourious. Terme suisse. En allemand on dit: Tragen.
TRAÎNARD, ARDE, adj. Accent traînard, voix traînarde. Dites: Accent traînant, voix traînante.
TRAÎNASSER, v. a. Augmentatif de traîner; transporter sans soin et malproprement. Tu as une belle poupée toute neuve, et tu la traînasses partout. Se traînasser signifie: 1o Se salir en se traînant par terre; 2o Se trimbaler, flâner. En français, Traînasser, v. n., veut dire: Traîner en longueur. Ce mariage a bien traînassé.
TRAÎNE, s. f. État de santé languissant, indisposition qui se prolonge, maladie lente, abattement de force après un gros rhume. Notre Thérèse n'a pas ce qui s'appelle une maladie: elle a une traîne. Depuis cette mauvaise traîne, je n'ai jamais pu me rétablir comme il faut. Terme vaudois.
TRAÎNE-GAÎNE, s. f. Tout ce qui embarrasse la marche et qu'il faut traîner après soi. Ce qui m'ennuie à la promenade, c'est cette traîne-gaîne d'enfants. Dans le Jura, traîner la gaîne signifie: Porter les livrées de la misère. Dans le français populaire, traîne-gaîner, v. n., battre le pavé avec l'épée au côté.
TRAIN-TRAIN, s. m. Le train-train des affaires, c'est: Le cours ordinaire des affaires, la manière la plus ordinaire de les conduire. On dit de même: Le train-train de la maison; le train-train du bureau; le train-train du commerce. A Gap on dit: Le trintran. L'expression française est: Le trantran. Le trantran des affaires, etc.
TRAIT, s. m. Traite, étendue de chemin que l'on fait d'un lieu à un autre sans s'arrêter. Nous allâmes tout d'un trait de Genève à Bonneville. Terme méridional.
TRAITER POUR. Les médecins le traitaient pour un engorgement au foie: c'était un anévrisme du cœur. Dites: Les médecins le traitaient D'UN engorgement au foie, c'était, etc.
TRAÎTRISE, s. f. L'action de trahir, trahison. Terme franc-comtois, méridional, etc.
TRALAISON, s. f. Travée, travaison, rang de solives. Terme vaudois.
TRÂLÉE, s. f. Ribambelle, séquelle, quantité. Une trâlée de gamins. Une trâlée de mendiants. Une trâlée d'injures. Il nous lâcha une trâlée de sottises. Terme vaudois et fribourgeois.
TRANCANER, v. a. Transvaser inutilement un liquide, et par là le perdre ou le gâter. Laisse-moi ce vin dans cette bouteille et ne le trancane pas tant. Que trancanes-tu là? Se trancaner, v. pron. Se trimbaler, aller sans but et par flânerie d'un lieu à un autre.
TRANCHER, v. n. Tourner, se cailler. Cette crême est tranchée. La sauce a tranché. Les tonnerres font trancher le lait. Terme suisse, savoisien, berrichon, etc.
TRANCIZION, s. f. Orthographe et prononciation vicieuse du mot «Transition,» lequel se prononce tran-zi-cion.
TRANSPERCER, v. a. Mouiller d'outre en outre, mouiller jusqu'aux os, percer entièrement. Cette pluie battante nous a transpercés. Dans le nord de la France on dit: Trapercer.
TRANSVASAGE, s. m. Soutirage, remuage. Le transvasage du vin blanc se fait chez nous au mois de mars. Terme suisse, lorrain, etc. Transvaser est français.
TRANZI, ZIE, part. Prononciation vicieuse du mot «Transi» (transi de froid), que l'on prononce tran-cy, comme Nancy.
TRAPE, adj. Trapu, court et gros, courtaud. En Dauphiné et en Languedoc on dit: Trapet; à Lyon, trapot.
TRAS ou TRÀ, s. m. Terme des campagnards. Solive, poutre, grosse pièce de bois. Placer un tras; changer un tras; remuer un tras. Terme vaudois, fribourgeois, savoisien et lyonnais. Dans le patois de l'Isère: Trau; dans le patois lorrain, trais; en vieux français, trabe. R. lat. trabs.
TRAVAILLER QUELQU'UN. Se prend en mauvaise part et signifie: Solliciter quelqu'un, chercher à le gagner, à le capter, à le retourner. Travailler un juge. Le sieur N**, proche parent du président de la Cour, l'avait longtemps travaillé. Expression énergique, inconnue aux dictionnaires, mais usitée en Dauphiné, en Lorraine et sans doute ailleurs.
TRAVAILLER DE. Il travaille d'horlogerie. Elle travaille de couturière. Notre cousine travaille de lingère. Mr Mathieu travaille de gypier, etc. Dites: Il travaille en horlogerie; elle travaille en couture; notre cousine travaille en linge, en broderie, etc.
TRAVAILLER SUR. Travailler sur l'or; travailler sur le diamant, etc. Dites: Travailler en or, travailler en diamant, etc.
TRAVERS (LE). Se dit des étoffes et signifie: L'envers. Le travers de ce drap est aussi beau que le droit. Voilà le droit, voilà le travers. Dites: Voilà l'endroit, voilà l'envers.
TRAVERSE, s. f., ou VENT DE TRAVERSE, s. m. Le vent d'ouest.
TRAVERSER UN PONT. Dites: Passer un pont. Le cheval s'abattit en traversant le pont de Carouge (en passant le pont de Carouge).
TREDAINE ou TRIDAINE, s. f. Tiretaine, drap grossier. Un habit de tredaine. Terme vaudois, jurassien, etc.
TREDON ou TREDAN, s. m. Bruit de désordre, tapage, tumulte. Entendez-vous ce tredon? C'est un tredon à essourdeler. Terme suisse. Selon Ch. Nodier, trudon signifie: Tambour. [Dictionnaire des onomatopées, 2e édition, p. 278.]
TREGUIGNE ou TIRE-GOUINE, s. f. Viande dure et filandreuse, viande de très-mauvaise qualité. Au sens figuré, treguigne est l'équivalent des mots canaille, crapule, objet de rebut, chose de néant. On dit aussi: Tregougne.
† TREMBLE, s. m. Tremblement, frisson. Quand je pense à cet horrible espectacle, le tremble me prend. Sa maladie commença par un grand tremble.
TREMBLER, v. a. Secouer, hocher. Trembler un arbre, c'est: Le secouer pour en faire tomber les fruits. On leur abandonna deux pommiers qu'ils tremblèrent à outrance.
TREMPE, adj. Trempé, extrêmement mouillé. Elle arriva toute trempe de sueur. Français populaire.
TREMPE, s. f. Volée de coups, rossée. Donner une trempe. Recevoir une trempe.
TREMPÉE, s. f. Terme des campagnards. Pluie abondante, pluie de durée qui trempe la terre. Il a fait une bonne trempée. Terme lorrain, etc.
TREMPOTTE, s. f. Mouillette, pain trempé dans du vin pur. Faire la trempotte. Terme jurassien. Dans diverses provinces de France on dit: Faire la trempette; ailleurs, faire la trempinette, faire la trempusse.
TRENTE-SIX. Vous en avez trente-six, veut dire: Vous en avez menti. Il en a trente-six, il en a menti.
TRÉPER, v. a. Terme des campagnards. Marcher sur. Tu me trèpes (tu marches sur ma robe). Dans le patois limousin: Trepa lo terro, piétiner la terre, etc. En Lorraine, tripler signifie: Fouler aux pieds. En vieux français on disait: Triper et trepper. R. lat. tripudio.
TRÈS, adv. C'est mal parler que de dire: J'ai très-faim; j'ai très-soif; j'ai très-sommeil; j'ai eu très-peur; tu as très-raison; elle a très-mal au pied. Ce pauvre Nicolin aurait très-besoin d'un chapeau. Je te prête mon joli parapluie, mais tu en auras très-soin. Vos petites friandises ont fait très-plaisir. Tu as très-tort de désobéir, Ferdinand. C'est très-dommage de chapler ce morceau d'étoffe, etc. L'adverbe très ne doit pas modifier un substantif. Les phrases suivantes sont donc aussi incorrectes: Ce jeune homme fait très-l'aimable; il fait très-le gentil et sa sœur fait très-la savante.
TRESSAUT, s. m. Tressaillement. À ce coup de canon, je fis un tressaut. «Je redoublai de sommeil, après avoir été secoué par un énorme tressaut.» [Töpffer, Le Presbytère, p. 36.] En vieux français, tressault signifie: Action de sauter, action d'enjamber. Tressauter est dans quelques dictionnaires.
TRIAILLE, s. f. Triage. Faire une triaille. Ce n'est que de la triaille (ce n'est que du rebut). Terme méridional.
TRICOTER, v. a. Bâtonner, rosser. Terme vieux français. «Tricot,» gros bâton, est français.
TRIÉGE, s. m. Toile ouvrée. Triége uni, triége façonné. Terme suisse, savoisien et franc-comtois.
TRIÉGÉ, GÉE, adj. Ouvré, ouvrée. Serviette triégée.
TRIFOUILLER, v. a. Farfouiller.
TRIMAILLEMENT, s. m. Mouvement, trémoussement. Dans le français populaire, «Trimer» signifie: Marcher vite et avec fatigue.
TRINCANAGE, s. m. Voyez TRANCANAGE.
TRINCANER, v. n. Voyez TRANCANER.
TRINGUE, s. f. Tringle. Tringue de rideau. Pourrais-tu m'avanter cette tringue? Terme lyonnais et vieux français.
TRINGUETTE, s. f. Pour boire, petite gratification. La tringuette du cocher. A Neuchâtel on dit.: Le tringuelt; en allemand, Trinkgeld.
TRINQUEBALLER, v. a. Augmentatif de «trimballer,» qui signifie: Traîner, mener, porter partout. Terme français populaire. Dans le canton de Vaud on dit: Tringuemaller.
TRIÔLE, s. f. Répétition d'un air de musique plaintif et ennuyeux, ritournelle fatigante. Ne continue pas cette triôle. Dis-donc, quinquerneur, tu nous impatientes avec ta triôle. Terme suisse. Au figuré, nous appelons triôle, une personne ennuyeuse, et qui rabâche toujours les mêmes choses.
TRIÔLER, v. a. Répéter plaintivement la même chose, importuner par des demandes réitérées. Va-t'en, Alexis, tu me triôles. Que triôles-tu là depuis trois quarts d'heure? Dans le canton de Vaud on dit: Triouler. R. triolet, petite poésie de huit vers dont le premier se répète deux fois.
TRIPOT, s. m. Nous donnons à ce mot un sens qu'il n'a pas en français. Tripotage, manigance, micmac, menée sourde, cancan. Faire des tripots. Se mêler dans un tripot. N'êtes-vous pas dégoûté de leurs tripots? Bescherelle, qui seul fait mention de ce mot, pris dans ce sens, le donne comme peu usité. Il est fort connu chez nous.
TRIPOTEUR, EUSE, subst. Tripotier, tripotière, celui ou celle qui se mêle de tripotages. Terme suisse et savoisien.
TRIURES, s. f. pl. Épluchures.
TRIVOUGNER, v. a. Tirailler quelqu'un ou quelque chose; secouer, ébranler en secouant. Dans le patois vaudois on dit: Trevougni ou tservougni.
TROC. De troc ou de broc. En français: De bric et de broc. [Bescherelle.] Il mène ma vache en champ, et elle se nourrit de troc et de broc.
TROCHER, v. n. Se dit du blé et signifie: Taller, donner trop de tiges. Les blés ont troché. Terme vaudois et fribourgeois. Dans le Jura on dit: Trucher.
TROIS-QUARTS, s. m. Ancienne petite monnaie genevoise, valant trois centimes ou à peu près. Les trois-quarts ont cessé d'être frappés l'an 1610.
TROIS-VINGTS. Nom de nombre. Soixante. Quand j'avais mes trois-vingts, disait un vieillard de Veirier, je labourais encore à la pelle, et je conduisais la charrue. Terme vaudois et vieux français.
TROMPETEUR, s. m. Celui qui s'amuse à sonner de la trompette. Les petits garçons parfois sont d'ennuyeux trompeteurs.
TRONCHE DE NOËL, s. f. Bûche de Noël, souche de Noël. Faire caquer la tronche, signifie: Frapper sur la bûche pour en faire tomber les dragées ou autres friandises que les parents y ont introduites dans le but d'amuser leurs enfants. Le mot de tronche est connu en Suisse, en Franche-Comté et sans doute ailleurs. R. lat. truncus.
TRONC DE CHOU, s. m. Trognon de chou, trou de chou, tige du chou dont on a ôté les feuilles. Dans le Jura on dit: Trôt de chou.
TROP À BONNE HEURE. Dites: De trop bonne heure, et non pas: Trop de bonne heure.
TROTTÉE, s. f. Trotte, course, traite, espace d'un lieu à un autre. Nous fîmes sans nous arrêter une trottée de sept lieues.
TROU, s. m. Trouée, ouverture dans l'épaisseur d'une haie. Terme gascon.
TROUILLÉ, LÉE, adj. Se dit principalement des fruits, et signifie: Patrouillé, gâté, mal manié, écrasé, mouillé, qui a perdu toute sa fraîcheur. Des raisins trouillés. En Normandie et dans le Berry, trouiller, v. a., signifie: Salir. En vieux français, ce verbe signifiait: Chiffonner en pressant. Dans le patois limousin, troulia, chiffonner. Notre mot patois trolli (ll mouillés), veut dire: Pressurer.
TROUILLON, s. m. Femme sale et mal vêtue. En patois on dit: Trouye, et dans le français populaire, trouille.
TROUPE, s. f. Grande quantité, ribambelle. Une troupe de sottises, une troupe d'injures. Tu nous débites là une troupe de bêtises. Français populaire. C'est aussi une faute de dire: Une troupe de monde; il faut dire: Une troupe de gens.
TROUPELÉE, s. f. Grande troupe, ribambelle, potée. Une troupelée de badauds. Une troupelée d'enfants. Dans le patois limousin, troupel, et en vieux français, troupelet, signifient: Troupeau, petit troupeau.
TROUSSEPET, s. m. Petit enfant chétif, mais intelligent, agréable et gentil. Dans le français populaire, trousse-pette se dit par mépris en parlant d'une petite fille. En Normandie, troussepin se dit d'un enfant espiègle.
TROUVE, s. f. Trouvaille. Faire une trouve. Quelle fameuse trouve tu as fait là! Terme français populaire.
TRUIASSE ou TRUYASSE, s. f. Femme très-malpropre, femme dégoûtante et repoussante par la saleté et le désordre de ses vêtements. Augmentatif du mot «Truie.»
TRUIE, s. f. Nous disons proverbialement d'une chose qui se détériore considérablement: Elle s'en va en chair de truie. Si la pluie continue de la sorte, toute notre récolte s'en ira en chair de truie. Allusion à la viande des truies portières, laquelle fait beaucoup de déchet.
TRUIERIE, s. f. Vilenie, saleté, ordure, obscénité. Dire des truieries. Balayez-nous ces truieries. Pousser à cet excès la lésine, c'est une truierie. Terme vaudois.
TRUQUER, v. n. Cosser. Se dit des bêtes à cornes et surtout des béliers qui heurtent de la tête les uns contre les autres.
TUBÔTU, s. m. et adv. Acheter du bois, acheter du foin au tubôtu. Faisons de ces diverses marchandises un tubôtu. Terme fribourgeois, etc. Voyez AUTU-BÔTU.
TUFELLE, s. f. Terme des campagnards. Pomme de terre. Planter les tufelles; arracher les tufelles. En Languedoc on dit: Tufère ou tufène, terme formé du mot trufe ou trufle, par lequel on désigna d'abord les pommes de terre dans tout le midi de la France.
TUILE COURBE. Dites: Tuile creuse, tuile faîtière, ou tuile en gouttière.
TUILIÈRE, s. f. Tuilerie, lieu où l'on fait la tuile. La tuilière d'Hermance; la tuilière de Châtelaine; la tuilière Colliard, près de Carouge. Terme suisse, savoisien et méridional.
TUILON, s. m. Tuileau, morceau de tuile cassée. Terme lorrain.
TUNE, s. f. Ribote, gala, débauche de table. Faire une tune. Terme vaudois.
TURBENTINE, s. f. Térébenthine. Huile de turbentine. Terme vieux français. En Dauphiné et en Languedoc plusieurs disent: Tourmentine.
TURLUBERLU ou TURLUBRELU, s. m. Hurluberlu, étourdi, évaporé, écervelé. Quel tapageur que votre neveu! quel étourneau! quel turlubrelu! Terme vaudois, neuchâtelois, lyonnais, bordelais, etc. Voyez HURLUBRELU.
TUTAYEMENT, s. m. Tutoiement, action de dire tu et toi en s'adressant à quelqu'un. Voyez le mot suivant.
TUTAYER, v. a. User des mots tu, te et toi en parlant à quelqu'un. Beaucoup d'amis et de très-bons amis ne se tutayent pas. Dans le dix-septième siècle et dans la première moitié du dix-huitième, on écrivait «tutoyer» et on prononçait tutayer. [Voyez le dictionnaire de l'Académie française, Ire édit., 1694.] Aujourd'hui on écrit et on prononce «tutoyer,» je tutoie, elle tutoyait.
U
ULCÈRE, s. f. Une ulcère. Ce mot est masculin.
UN, UNE, adj. Un est mis abusivement pour «deux» dans l'exemple suivant et dans les exemples analogues: De ces quatre frères il n'y en a pas un qui se ressemble. Dites: Il n'y en a pas deux qui se ressemblent.
UN (LE). Le premier. Quel jour sommes-nous?—Nous sommes le un. Quand partez-vous?—Je pars le un.
UNE, adj. num., suivi du pluriel. Une heure ont sonné, est une de nos plus étranges fautes.
UNIFORME, s. m. Nous disons: Un habit d'uniforme; endosser l'habit d'uniforme, etc. On doit dire: Un habit uniforme, ou: Un uniforme. Endosser l'uniforme; prendre l'habit uniforme.
UN TANT SOIT PEU, s. m. Tu as beaucoup de tabac, donne-m'en un tant soit peu. Dites, en retranchant l'adjectif un: Donne-m'en tant soit peu.
USAGE, s. m. Service, user, s. m. Prenez sans crainte cette étoffe; prenez hardiment ce drap: ils vous feront beaucoup d'usage; ils vous seront d'un bon usage; ils deviendront même plus beaux par l'usage. Dites, avec le dictionnaire de l'Académie: Ils seront de bon user; ils seront de bon service; ils deviendront plus beaux par l'user.
USE, adj. Usé. Un pantalon use; une redingotte use. Terme connu dans le Berry, et sans doute ailleurs. Employé figurément, ce mot signifie: Décrépit. Le voisin N** est mort à l'âge de trente-huit ans, et il était déjà tout use. Expression triviale.
USE, s. f. Terme de charron. Esse, cheville en forme de S.
USER, v. n. Nous disons proverbialement: Qui refuse n'use. On doit dire: Qui refuse muse; ce qui signifie: Que celui qui refuse une offre a tort, et perd souvent une occasion qu'il ne retrouvera plus.
UTENSILE, s. m. Ustensile. La pauvre Gothon a vendu jusqu'à son dernier utensile. Terme méridional et vieux français. R. lat. utensile.
UVES, s. f. pl. Voyez ŒUVES, p. 66.
V
VACHE, s. f. Nous disons proverbialement et injurieusement, en parlant d'une personne peu recommandable et qui est revenue d'une maladie grave: Il mourrait plutôt la vache d'un pauvre homme. En Languedoc on dit: Il mourrait plutôt l'âne d'un pauvre homme. Dans le français populaire: Il mourrait plutôt un chien de berger. [Voyez le Dictionnaire du Bas langage, t. Ier, p. 198.]
VACHE, s. f. Vaquette, pied de veau, plante qui fleurit dans les haies pendant les mois d'avril et de mai.
VACHE, s. f. Se dit figurément d'une personne qui est à la fois très-corpulente, très-molle et très-apathique. Terme bas et grossier.
VACHE, s. f. Noyau d'abricot taché de blanc. Terme d'écolier.
VACHERIN, s. m. Sorte de fromage à la crême, lequel se fabrique surtout dans le Chablais. «Les vacherins que vous m'envoyez, seront distribués en votre nom.» [J.-J. Rousseau, Lettre écrite de Motiers-Travers à Mr D'Ivernois.]
VACILLER, v. n. (ll mouillés.) On doit prononcer va-cil-ler.
VACILLEMENT, s. m., n'est pas français; on dit: Vacillation, et l'on prononce va-cil-la-tion.
VAILLANT, ANTE, adj. Se dit des domestiques et des ouvriers, et signifie: Actif, diligent, ardent à l'ouvrage, laborieux. Notre Suzette est une fille sage et vaillante. Terme méridional, vieux français, etc.
VADER, v. n. S'esquiver, s'évader, partir à la sourdine.
VAILLE QUI VAILLE, loc. adv. Vaille que vaille, à tout hasard, quelle que soit la valeur de la chose. Acceptez sa promesse, vaille qui vaille. Contentez-vous d'une signature, vaille qui vaille. Dites: Vaille que vaille.
VALÉRIENNE, s. f. Valériane, plante médicinale.
VALET, s. m. Terme d'amitié qu'on donne quelquefois aux petits garçons. Ne pleure pas, tu es mon valet. Viens, mon valet, viens, que je t'embrasse.
VALEUR, s. f. Appoint. Les bordereaux sont ordinairement ainsi conçus: Écus, 60.—Valeur, 3 fr. 50 c. Dites: Appoint.
VALSER, v. n. S'esquiver, s'évader, se sauver, prendre la poudre d'escampette. Français populaire.
VANNER, v. n. Décamper, s'esquiver, filer, s'échapper. Terme français populaire.
VANTADOUR, s. m. Fanfaron, vantard. Faire le vantadour. Terme neuchâtelois.
VANTAU, s. m. Contrevent extérieur. Ouvrir les vantaux; fermer les vantaux; arrêter, fixer les vantaux. Terme vaudois, neuchâtelois, dauphinois et vieux français. Ce mot, recueilli par Gattel (grammairien dauphinois), et copié par Boiste, a été repoussé par Mr Bescherelle, dont le dictionnaire est cependant un lieu de refuge, ouvert à tous les genres de barbarismes. En français, «Vantail,» dont le pluriel est «Vantaux,» signifie: Battant d'une porte, battant d'une fenêtre.
VARIEMENT DE CŒUR, s. m. Défaillance. Voyez le mot suivant.
VARIER, v. n. Avoir des vertiges, défaillir. Le cœur lui varie. Le cœur me variait, c'est-à-dire: J'avais des vertiges. Expression principalement familière aux campagnards.
VARIER, v. n. Corruption de avarier. Parmi les arbres ou arbrisseaux plantés en hiver, il y en a qui varient à la sève du printemps, c'est-à-dire: Qui se détériorent ou périssent.
VASE, s. m. Tonneau, fuste.
VASE, s. m. Ce mot s'emploie chez nous en parlant d'une église, d'une galerie, d'une bibliothèque, et autres grandes pièces d'un bâtiment considérées en dedans. Notre temple de Saint-Pierre est un beau vase. La voix de ce prédicateur remplit aisément les plus grands vases. Dans ces deux exemples, et dans les analogues, dites: Vaisseau. «L'église de Notre-Dame de Cambray est un très-beau vaisseau.» [Pellisson.]
VEAU, s. m. Nous disons d'une vache qui a mis bas: Elle a fait le veau. Dans le Berry on dit: Elle a fait veau. Il faut dire: Elle a vêlé. «Faire le veau» se dit d'une personne qui s'étend nonchalamment.
VEILLER, v. n. Terme consacré pour dire: Passer la veillée, passer la soirée ou l'après-soupée chez un voisin, chez un ami, chez un parent. Femme, où veilles-tu ce soir (où vas-tu à la veillée ce soir)?—Je veille chez ma belle-sœur. Demain on veillera tous chez le grand-papa. Terme languedocien.
VEILLER (SE), v. pron. Veiller, surveiller, observer. Claudine, veille-toi ce rôdeur, veille-te-le bien.
VEINE, s. f. Les veines de dessus la main devenant ordinairement fortes et saillantes par le travail manuel, on dit proverbialement: Qui voit ses veines, voit ses peines. Ce dicton s'étend encore aux personnes dont la main est amaigrie par l'âge ou par la maladie.
VENDAGE, s. m. Sorte de cabaret, où l'on vend le vin en détail, mais où l'on ne donne pas à manger. Établir un vendage. Nous ferons une halte au premier vendage. Terme vaudois et neuchâtelois. En vieux français, vendage signifie: Vente, débit.
VENDANGETTE, s. f. Sorte de grive, grive musicienne.
VENDANGEUSE, s. f. Petite fleur blanche, qui fleurit vers le temps de la vendange.
VENDÔME (FAIRE). Vendre ses hardes, ses effets. Il a été obligé de faire vendôme de tout son butin. [G. G.]
VENDRE, v. a. Ce terme des écoliers, dans leurs divers amusements sur la neige et la glace, signifie: Atteindre, culbuter, faire pirouetter. Gare! gare! tu es vendu. Ne me vends pas, Antoine; s'il te plaît, ne me vends pas!
VENDRE VIN, v. a. Débiter du vin. Terme suisse, berrichon, etc.
VENGERON, s. m. Sorte de poisson. Voyez VANGERON.
† VENIMEUX, EUSE, adj. Malsain, parlant des personnes. Un enfant venimeux, dans le langage très-populaire, est un enfant dont le sang est vicié.
VENIR, v. n. Devenir. Depuis ces bonnes pluies, la campagne est venue bien verte. Je crois, ma chère, que je viens sourde. Terme français populaire.
VENIR (SE), v. réfl. Cet enfant a une excellente nourrice: il se vient bien (il vient bien), c'est-à-dire: Il prospère, il grossit, il prend un air de santé. Notre Émélie, qui était toute moindrolette, il y a deux mois, se vient très-joliment aujourd'hui.
† VENIR (S'EN), v. pron. Ce verbe est français. On dit: Venez-vous-en; t'en viens-tu? etc. Mais on ne dit pas, au parfait indéfini: Elle s'est en venue; ni: Je me suis en venu; elle s'en est en venue; tâchez voir que Jean-Pierre s'en en vienne. On dit: Elle s'en est venue; tâchez que Jean-Pierre s'en vienne, etc.
VENIULE, s. f. Venelle, passage étroit, sentier. Il s'est échappé par la veniule; il a pris une mauvaise veniule; il a manqué la veniule. Au sens figuré: Être dans la veniule, enfiler la veniule, signifie: Être dans la bonne voie; trouver le moyen de réussir.
VENT, s. m. Les vents qui règnent dans le bassin de Genève et sur le lac Léman sont au nombre de huit, savoir: 1o Le Môlan ou la Môlanne (vent d'est), ainsi appelé parce qu'il vient du côté de la montagne du Môle: vent paisible et qui n'est presque jamais orageux. 2o Le Bornand (vent du sud-est), ainsi nommé parce qu'il vient du côté des montagnes du Grand et du Petit-Bornand, en traversant les Bornes et le mont Salève. Il souffle ordinairement par rafales et excite de grands orages. 3o Le Creuseilland (vent du sud), ainsi appelé parce qu'il vient du côté de Creuseille et du mont de Sion. C'est le vent proprement dit. Il souffle le plus souvent par bouffées, et occasionne quelquefois de grands orages. Quand il amène la pluie, elle dure assez longtemps. 4o Le Michailland (vent du sud-ouest), ainsi nommé parce qu'il vient du côté de la Michaille, petit pays situé sur la rive droite de la Valserine, à l'ouest du fort de l'Écluse. Quand il souffle en été, c'est une espèce de sirocco; et s'il règne durant quelques jours aux approches des moissons, il fait venter les blés, qui dépérissent et ne produisent que des grains avortés ou retraits. 5o Le Bourguignon (vent d'ouest), ainsi appelé parce qu'il vient de la Bourgogne, du côté de Chézery et de Lélex. Il traverse le mont Jura, et s'abat quelquefois avec furie sur les villages du pays de Gex situés au pied de cette montagne. 6o Le Joran (vent du nord-est), qui vient du côté de la partie du Jura qui avoisine la ville de Gex. Il souffle ordinairement par bouffées et excite souvent de grands orages. 7o La Bise (vent du nord). Elle amène d'ordinaire le beau temps. Si elle est accompagnée de pluie, on la nomme Vouaret, dans certaines localités. 8o Le Séchard (vent du nord-est), ainsi nommé à cause de sa qualité desséchante. Il nous arrive par le lac et amène presque toujours le beau temps. Quand il règne, le ciel est serein ou peu chargé de nuages. Le peuple du bassin de Genève l'appelle aussi, dans son langage expressif: La Dame de Lausanne, Notre Dame de Lausanne. [P. G.]
VENT (LE). C'est ainsi que nous désignons d'un seul mot le Vent du midi. Le vent s'élève, nous aurons de l'eau. Le vent n'est pas comme les vieilles femmes, il ne court pas pour rien, c'est-à-dire: Qu'en dernier résultat il amène un changement de temps et la pluie.
VENT BLANC, s. m. C'est le nom que nous donnons au vent du midi, quand il souffle sans couvrir le ciel de nuages. Terme neuchâtelois.
VENTER, v. n. Nous disons d'une chandelle allumée qu'elle vente, lorsque la flamme en est agitée par le vent et que le suif se fond plus vite. Nous le disons aussi des rideaux. Les rideaux ventent lorsqu'ils sont mis en mouvement par l'action de l'air.
VENTER, v. n. Se dit des blés, et signifie: Être attaqué de la maladie appelée nielle ou carie. Les blés ventent lorsque, étant à peu près mûrs, ils sont surpris par des rosées froides et fortes, sur lesquelles tombe dès le matin un soleil très-chaud.
VENTRAILLE, s. f. Tripaille, intestins des animaux. Terme languedocien, vieux français, etc.
VENTRE, s. m. On dit dérisoirement d'un prodigue à qui il ne reste plus rien: À présent qu'il a tout dépensé, il est obligé de se frotter le ventre avec un carron (une brique). Figurément, Se frotter le ventre avec un carron (voyez CARRON), signifie: Se passer de manger. On dit à Paris dans le même sens: Se serrer le ventre. [Dictionnaire des locutions vicieuses.] Nous disons figurément dans le même sens: Danser devant le buffet.
VENTRE, s. m. Nous disons à un enfant, qui étant servi abondamment d'un mets, ayant son assiette bien garnie ou sa poche pleine, se plaint encore de n'avoir pas assez: Tu as les yeux plus grands que le ventre. Dites: Que la panse.
VERDAÎRULE ou VERDERULE, s. f. Verdule, verdelet, bruant.
VERGILLON, s. m. Petite verge, petite baguette. Se dit surtout de cette baguette de noisetier que les pêcheurs ajoutent à l'extrémité du roseau qui leur sert de ligne. Terme vaudois. En vieux français, verjon.
VERGNE, s. m. Verne, aune, sorte d'arbre qui croît au bord des eaux. Terme vieux français. Nos campagnards lui donnent le genre féminin.
VERNET, s. m. Verney, lieu planté de vernes ou aunes. La campagne des Vernets. L'hospice des Vernets.
VERSÉE, s. f. Signifie: 1o Une rasade, un plein verre; 2o Une averse. Je te demande un peu de vin et tu me flanques une versée.
VERSER, v. a. Répandre. Lequel de vous, mes enfants, a versé cette encre? Tu veux te servir toi-même, Ernestine, et tu verses la sauce sur la nappe. Français populaire.
VERSER, v. a. Nous disons figurément d'un marchand, d'un commerçant qui, par sa faute, a fait de mauvaises affaires et s'est ruiné: Il a versé son écuelle.
VERSER, v. n. Se répandre par les bords. Viens vite, Jeannette, ton lait verse; ta cassette va verser. Expression méridionale.
VERSI VERSÀ, loc. adv. Vice versâ, qu'on prononce vicé-versâ; termes latins qui signifient: «Réciproquement.»
VERT, s. m. Faire le vert et le sec, signifie: Se donner toutes les peines du monde pour réussir dans une affaire. L'Académie et les Dictionnaires de proverbes disent: «Employer le vert et le sec.»
VESSICATOIRE, s. m. Écrivez «Vésicatoire» et prononcez vé-zi-ca-toire.
VESTE, adj. À demi ivre, gris. Il est veste.
VESTE, s. f. Nous disons de quelqu'un qui a trop bu: Il a sa veste, la plus belle veste du monde, laissons-le dormir. Il a pris une veste. On dit aussi: SE VESTER, pour: Se griser.
VICAILLE, s. f. Victuaille, provisions de bouche. Il y a assez de vicaille dans leur maison.
VICOTER, v. n. Vivoter, vivre petitement, subsister pauvrement et avec peine. Avec ces quarante francs, ils purent vicoter deux mois. Terme lyonnais, etc. En vieux français, Vicquer signifie: Vivre, être en vie.
VICREUSE (LA). C'est le nom de divers petits chemins dans notre canton. Vicreuse ou Vie-creuse veut dire: Voie creuse, chemin creux. En patois, vî-a ou vî signifie: Chemin. R. lat. via.
VIDÉE, s. f. Action de vider ou de se vider. S'emploie au sens propre et au sens figuré. Ils sont tous partis! voilà une fameuse vidée!
VIDEUSE (UNE). Terme de la fabrique d'horlogerie, ouvrière qui découpe le coq de la montre.
VIDOLET, s. m. Terme des campagnards. Sentier particulier. Le vidolet de Sierne. Dans le patois de l'Isère et en vieux français on dit: Violet.
VIEILLE, s. f. Vielle; instrument de musique fort connu. Jouer de la vieille. Terme français populaire.
VIEILLOPET, ETTE, adj. et subst. Vieillot, vieillote, qui commence à avoir l'air vieux: Une petite vieillopette.
VIEULIET ou VIEULIER, s. m. Violier, giroflée. Un vieuliet double. Terme savoisien, lyonnais et méridional.
VIEUX FER. Être au vieux fer, est une expression figurée qui s'emploie en parlant des personnes et qui signifie: N'être plus bon à rien. Mettre au vieux fer, veut dire: Rebuter, dédaigner. Ils ne veulent plus rien de moi, et ils me laissent de côté! Ils s'imaginent donc que je suis déjà au vieux fer.
VIEUX JOIN, s. m. Vieux oing, vieille graisse de porc fondue, dont on se sert pour frotter les voitures. «Oing» est le mot latin unctum.
VIGOUREUSE, s. f. Sorte de poire. Voyez VIRGOUREUSE.
VINOCHE, s. f. Mauvais vin, piquette, vin. Retire-toi, Bastian, retire-toi bien vite, tu pues la vinoche.
VIOLETTES, s. f. Être aux violettes est une expression figurée et facétieuse qui signifie: Être pensionnaire de l'Hôpital et placé comme tel chez des campagnards. On dit dans le même sens: Être aux avant-postes.
VIOLONNER, v. n. Jouer du violon. Se dit de celui qui fatigue ses alentours en râclant ou en étudiant.
VIOLONNER, v. a. Répéter toujours la même chose, rabâcher, fatiguer par d'ennuyeuses redites. Terme vaudois.
VIOLONNEUR, s. m. Mauvais joueur de violon, râcleur. La peste soit du violonneur! Terme languedocien, etc.
VION-NET, s. m. Terme des campagnards. Petit sentier public. Vous accourcirez en prenant ce vion-net.
VIRABOQUET, VIREBOQUET, ou VIREBREQUET, s. m. Jouet d'enfant. Noyau d'abricot percé, dans lequel on enfile un petit bâton planté dans une pomme de terre et qu'on fait tourner au moyen d'une ficelle ou d'un fil ajusté au noyau.
VIRABOUQUIN, VIREBOUQUIN ou VIREBREQUIN, s. m. Vilebrequin, outil d'artisan qui sert à trouer, à percer du bois, de la pierre, et autres corps durs. On dit à Lyon: Virebroquin.
VIRE-DE-PIED, s. m. Croc en jambe.
VIRE-DE-PIED, s. m. Mesure d'un travers de pied. La largeur de sa chambre était de sept pieds et un vire-de-pied. On dit aussi: Revire-de-pied.
VIRER CASAQUE. Tourner casaque, changer de parti.
VIRER L'ŒIL. Tourner de l'œil, mourir. Regarde cette pauvre truite, comme elle vire l'œil. Expression limousine.
VIRET, s. m. Sorte de miton chaud.
VIRET, s. m. Escalier en limaçon. Dans le patois vaudois, vira, s. f. signifie: Vis de pressoir.
VIREVOÛTE, s. f. Tours et détours, circuits, sinuosités. Les virevoûtes d'un couvent; les virevoûtes d'un bois. Terme vaudois et languedocien. Les mots «virevolte et virevouste» ont la même origine que notre mot de virevoûte, mais ils n'ont pas le même sens. Virer signifie: Tourner, et volte, vouste et voûte sont une corruption du mot latin vultus, visage, face.
VIROLET, s. m. Remous, tournant dans une eau courante. Prends garde à ce virolet; ne va pas nager près de ce virolet. Terme vaudois et savoisien.
VIROLET, s. m. Toton, jeu d'écolier.
VIROLET, s. m. Tourniole, panaris qui fait le tour de l'ongle. R. virer.
VIROTTER, v. n. Se prend d'ordinaire en mauvaise part, et signifie: Tourner et virer autour de quelqu'un. As-tu assez virotté? Si tu virottes encore dans cette chambre, je te renvoie.
VIS (UN). Mettre un vis. Dites: Mettre une vis. Ce mot est féminin.
VISAGÈRE, s. f. Le masque d'une poupée. Mettre une visagère; casser une visagère; changer de visagère. Terme suisse et savoisien. Dans l'évêché de Bâle on dit: Visagière. En vieux français, visagière signifie: Visière d'un casque.
VIS-À-VIS, prép. Envers. Il eut des torts graves vis-à-vis de son tuteur. Il se conduisit très-mal vis-à-vis de sa grand'mère. Cette faute choquante n'en sera bientôt plus une, tant elle s'est propagée, et tant l'usage qu'en font plusieurs écrivains l'a sanctionnée. Introduite en France par J.-J. Rousseau, cette expression fut dès l'origine attaquée vivement par Voltaire. Mais le philosophe de Genève, plus lu et plus goûté que le philosophe de Fernex, triompha de son opposant, et le barbarisme trône aujourd'hui.
VISICATOIRE, s. m. Vésicatoire. R. vesica.
VISIÈRE, s. f. Nous disons figurément, en parlant de quelqu'un avec qui nous avons cessé toute relation, tout commerce d'amitié: J'ai rompu en visière avec lui. En français on dit: Je lui ai rompu en visière; et cela signifie: Je l'ai contredit en face et brusquement.
VISITANT, s. m. Visiteur.
VIS OUVERTS (À). À huis ouverts, c'est-à-dire: Avec les portes ouvertes, les portes restant ouvertes. Le mariage civil se fait toujours à vis ouverts. Vis (prononcez visse) est une corruption du vieux mot huis (porte), d'où l'on a fait le mot «huissier.» R. ostium.
† VISSE-VERSÀ, loc. adv. Écrivez «Vice versâ» et prononcez vicé-versâ.
VITAILLE, s. f. Terme des campagnards, provision de bouche, vivres, victuaille. Terme vieux français.
[Voyez Roquefort, Glossaire de la langue romane, t. II, p. 723.] En languedocien on dit: Bitaille.
† VITRE (UN). Une vitre. Femme, fais donc remettre ce vitre. Solécisme franc-comtois, etc.
VIVE, s. f. Alevin, milcanton, réunion de diverses espèces de très-petits poissons. «Il est défendu de pêcher et de vendre du fretin connu sous le nom de vive.» [Règlement de police de 1837.]
VOCATION, s. f. Ce mot ne signifie point, comme plusieurs le croient: État de vie, carrière, profession. Il faut donc éviter les expressions suivantes: Prendre une vocation; choisir une vocation; embrasser une vocation; quitter une vocation; changer de vocation, etc. «Vocation» signifie: Appel, mouvement intérieur, disposition naturelle qui nous porte à tel ou tel genre de vie. On dira donc fort bien: Les jeunes gens n'ont pas toujours la facilité de suivre leur vocation, c'est-à-dire: De suivre l'instinct, le penchant, le goût qui les pousse vers telle ou telle carrière. Notre cousin Salomon n'avait aucune vocation pour la carrière des armes; il a été cependant forcé de servir. «Vocation» est le mot exact dans ces deux exemples.
VOGUE, s. f. Fête patronale, fête de la commune. Les bals de la vogue; les plaisirs bruyants d'une vogue. Terme savoisien, dauphinois et provençal.
VOILÀ, prép. Es-tu contente de ton nouveau cordonnier?—Voilà, c'est-à-dire: Je n'en suis ni contente ni mécontente.
VOIR ou VOIRE, adv. Attends voir, écoute voir, regarde voir, signifient: Attends un peu, écoute un peu, regarde un peu. Dis voir, Pierrot, va-t-on à Divonne dimanche? Ce terme, qui est si connu dans tous les pays où l'on parle français, vient du mot latin verè (vraiment), et joue le rôle que jouent en allemand les mots einmal, ein wenig. On trouve dans les Contes de La Fontaine le vers suivant:
Voire! écoutez le reste de la fête.
Ce qui revient à: Écoute voire.
VOIR (SE), v. pron. impersonnel. Paraître. Il se voit bien que tu es en colère. Il se voit bien que le beau temps ne durera pas. Expression dauphinoise, etc.
VOITURÉE, s. f. Toutes les personnes qui remplissent une voiture. Nous allâmes au pont de la Caille: la voiturée se composait de quatorze amis. Expression fort acceptable.
VOL, s. m. Un vol d'étourneaux; un vol d'hirondelles, etc. Terme méridional. En français on dit: Volée. «On voit des volées de deux ou trois cents pintades.» [Buffon.]
VOL, s. m. Prendre quelqu'un au vol. Dites: Prendre quelqu'un à la volée, c'est-à-dire: Choisir promptement et habilement l'instant fugitif où on peut le voir et lui parler.
VOLAILLE, s. f. C'est le nom qu'on donne en français à tout oiseau qu'on nourrit dans une basse-cour. La phrase suivante est donc tout au moins un peu bizarre. Ce n'est pas un poulet que je vous offre, Messieurs, c'est une volaille.
VOLANT, s. m. Faucille de nos moissonneurs. Aiguiser un volant; emmancher un volant. Terme vaudois, jurassien et berrichon. Dans le patois de l'évêché de Bâle on dit: Voulain; en bas-limousin, voulan; en Dauphiné, volame. Dans le vieux français, voulain et voulant se disaient d'une espèce de serpe. [Voyez Roquefort, Glossaire, t. II, p. 731.]
VOLANT, adj. Nous disons que des oiseaux sont tout volants, lorsqu'ils sont drus comme père et mère. [P. G.]
VOLE, s. f. Mettre un oiseau à la vole, signifie: Le mettre au vol; lui faire prendre son vol.
VOLET, s. m. Les mots de volet et de contrevent ne sont pas synonymes. «Les Volets sont en dedans et s'appliquent sur le châssis des fenêtres, les Contrevents sont en dehors.» [Voy. Pautex, Recueil de mots français, p. 41.]
VOLETTE (À LA), loc. adv. Faire une chose à la volette, signifie: La faire trop vite et avec peu de soin, la faire à la volée et en courant. On dit aussi: Prendre une chose à la volette, saisir une chose à la volette.
VOLEUR, s. m. Filament enflammé de la mèche d'une chandelle, lequel fait couler le suif. Ne voyez-vous pas ce voleur à la chandelle? Ôtez donc ce voleur. Terme connu dans quelques provinces de France, dans la Flandre française, etc. [Dictionnaire roman-wallon, p. 209.]
VOLONTIERS, adv. Ordinairement. La Victorine a volontiers mal aux dents le soir. J'ai volontiers la migraine à la suite d'une grande émotion. Phrases dont chacun peut apprécier le ridicule.
VOUABLE, s. f. Clématite des haies, herbe aux gueux, sorte de plante grimpante qui fleurit au mois de juillet. Terme vaudois, neuchâtelois, franc-comtois, etc.
VOUAFFE, s. f. Au sens propre, boue liquide, bouillon trop clair, sauce mal liée. Leur soupe n'était que de la vouaffe.
VOUAFFER, v. n. S'enfoncer dans un liquide épais. La pluie survint, on vouaffa dans le patrigot. Ce mot et le précédent sont des onomatopées dignes de remarque.
VOUAI, s. m. Terme des campagnards. Sorte d'épervier.
VOUARAI ou VOUARET, s. m. Bise noire et pluvieuse.
VOUÂRE, s. f. Terme des campagnards. Mars, larve de hanneton, et le hanneton lui-même. Terme vaudois et savoisien.
VOUAREUX, EUSE, adj. Qui a la morve au nez. Un enfant vouareux.
VOUARGNE, s. m. Terme suisse-roman qui signifie: Sapin blanc. L'ancien Glossaire appelle Vouarme, le Sapin femelle.
VOUÈPE, s. f. Femme maligne, femme méchante. En patois, vouèpe signifie: Guêpe. R. lat. vespa.
VOUÉPETTE, s. f. Diminutif de vouèpe. Voyez ce mot.
VOUGNER, v. n. Se dit de deux boules ou de deux palets qui se touchent. Voyez QUIQUE.
VOUGNER, v. actif. Remuer, fracasser en remuant. S'il vous plaît, Madame, ne vougnez pas tant mes œufs.
VOULOIR, v. a. Nous mettons il veut devant un infinitif, pour marquer le futur. Il veut pleuvoir; il veut faire beau; il veut neiger; il veut geler cette nuit, etc. Cette façon de parler est un germanisme.
VOUI. Mauvaise prononciation de: Oui.
VOULOIR, v. a. Nous employons les expressions: Si vous voulez, si tu veux, dans le sens de: «Médiocrement, honnêtement.» Y avait-il du monde à l'enterrement de Mr N**?—Il y en avait si vous voulez. Expression méridionale.
VOULOIR, v. a. Nous disons d'un homme indécis, d'un homme inconstant dans ses résolutions: Il ne sait pas ce qu'il se veut. L'Académie dit: Il ne sait pas ce qu'il veut.
VOULOIR, v. a. La conjugaison de ce verbe offre une grande difficulté dont peu de personnes se doutent. Au présent du subjonctif nous disons: Je ne partirai pas lundi, à moins que vous ne veuilliez partir avec moi. J'accepte votre magnifique melon, pourvu que vous veuilliez le manger avec moi et chez moi, etc. Il faut dire: «Que vous vouliez.» Voyez toutes les grammaires.
VOUSAYER ou VOUSOYER, v. a. Dire vous à quelqu'un, ne pas le tutoyer. Plusieurs maris vousayent leurs femmes. Quelques enfants vousayent leurs pères. Terme connu en France, mais que les dictionnaires, sans aucune raison plausible, n'ont pas accueilli. On disait en vieux français: Vosoyer.
VRAI (DE), adv. Vrai, au vrai, vraiment, véritablement. Parles-tu de vrai? Dis-tu tout cela de vrai? Me donnes-tu cette agate de vrai? Voici de vrai comment toute la chose s'est passée. Français populaire.
VUIDE, adj. Le grammairien Oudin, au commencement du dix-septième siècle, donnait sur ce mot la règle suivante: «Écrivez «vuide» et prononcez vide.» Actuellement on écrit et l'on prononce «vide.» Tonneau vide, estomac vide, bourse vide.
X
X. Dans les mots Deux, Eux et Ceux, le x est muet. C'est donc à tort que beaucoup de personnes prononcent deusse, eusse, ceusse, et disent, par exemple: Tous ceusse qui m'aiment; tous ceusse devant qui je parle; c'est eusse que j'accuse, etc.
Y
† Y, pronom personnel. À lui. Je l'y avais recommandé de prendre bien garde. Je l'y ferai ta commission, etc. Faute fort ancienne et fort répandue.
† Y, pronom relatif et démonstratif. Le, cela. Donne-m'y, Vincent.—Y voilà, prends-y tout. Les campagnards disent proverbialement: Qui tout y veut, tout y perd, c'est-à-dire: Que trop d'avidité perd l'homme.
Y, adv. relat. Est superflu dans les phrases suivantes: Il y a plu toute la nuit; il y a neigé sur le Jura; il y a gelé dans quelques bas-fonds. Il y aurait mieux valu se taire.
† Y AVOIR. Dans le langage populaire, Il y a lui, il y a elle, il y a eux, signifient: C'est lui, c'est elle, ce sont eux. M'sieu, il y a lui qui me crache contre. Mamzelle, il y a l'Andrienne qui m'empêche de tricoter.
YEUX, s. m. pl. Beaucoup de personnes, d'ailleurs instruites, disent: Des maux de z-yeux, un mal de z-yeux, une faiblesse de z-yeux. Il faut dire: Des maux d'yeux, un mal d'yeux, etc. Ne donnez donc pas le signalement d'une personne de la manière suivante: Cheveux châtains, front grands, bouche moyenne, z-yeux gris. Ce z-yeux gris, pour: Yeux gris, est une prononciation très-vicieuse.
Z
ZÈRE, s. m. Zéro. Quatre fois cinq font vingt: pose zère et retiens deux. Terme vaudois.
ZIZÉ, s. m. Terme enfantin, qui veut dire: Oiseau. Regarde ce joli zizé; ne fais pas peur à ces zizés. Le mot isé, en patois, a le même sens.
ZON-NÉE, s. f. Retentissement. Le canon faisait des zon-nées terribles.
ZON-NER, v. n. Résonner. Faire zon-ner une ronfle; faire zon-ner une pierre. Les oreilles me zon-nent (les oreilles me tintent). Dans le patois des Vosges, zonna, et en arabe, zanne ou zanna, signifient: Bourdonner. Onomatopées évidentes.
FIN.
LISTE ALPHABÉTIQUE
DES
MOTS QUE L'ON POURRAIT CROIRE GENEVOIS,
MAIS QUI APPARTIENNENT À LA LANGUE FRANÇAISE FAMILIÈRE ET SONT
ENREGISTRÉS DANS LES DICTIONNAIRES[1].
A
- Abalourdir, v. a.
- Abîmer (gâter), (fig.)
- Abord (tout d'——).
- Acciper, v. a.
- Acenser, v. a.
- s'Acoquiner, v. pr.
- Actionner, v. a.
- Affistoler, v. a.
- Agripper, v. a.
- Ahuri, adj.
- Ailes (d'un chapeau), s. f.
- Alarmiste, s. m.
- Allant, adj. (qui aime à aller).
- Allemand, s. m. (querelle d'Allemand).
- Allonger (un soufflet), v. a.
- Amodier, v. a.
- s'Amouracher, v. pr.
- Amphigouri, s. m.
- Amusette, s. f.
- Anicroche, s. f.
- s'Anonchalir[2].
- Antiquaille, s. f.
- Appointir et appointer, v. a. (rendre pointu).
- Approchant, adv. (à peu près).
- Arbenne, s. f. (oiseau).
- Archi-bête, s. f.
- Argousin, s. m.
- Aria, s. m.
- Arranger quelqu'un (le maltraiter).
- Asticoter, v. a.
- Astiquer, v. a.
- Attifer, v. a.
- s'Attabler, v. a.
- Attrape-lourdaud, s. m.
- Attraper un rhume.
- s'Avachir, v. pr.
- à l'Avance, adv.[3]
- à l'Aveuglette, adv.
- Avoir de quoi (être aisé ou riche).
B
- Babiole, s. f.
- Bâcler, v. a.
- Badiner quelqu'un.
- Bâfre, s. f.
- Bâfrer, v. n.
- Bâfreur, s. m.
- Bagout, s. m.
- Bagarre, s. f.
- Baguenauder, v. n.
- Baliverne, s. f.
- Baliverner, v. n.
- Bambocher, v. n.
- Bambocheur, s. m.
- Bande noire, s. f.
- Ban de vendanges, s. m.
- Baptiser le vin.
- Baragouin, s. m.
- Baragouinage, s. m.
- Baragouiner, v. a.
- Baragouineur, s. m.
- Barbiche, s. f.
- Barbifier, v. a.
- Barquée, s. f.
- Bataclan, s. m.
- Bâtarde, s. f. (sorte d'écriture).
- Batifoler, v. n.
- Battant (tout —— neuf).
- Bavardise, s. f.
- Bécasse, s. f. (fig.)
- Bedaine, s. f.
- Bégueule, s. f.
- Béguin, s. m.
- Béjaune, s. m.
- Bergère, s. f. (oiseau).
- Berlue, s. f.
- Bernique ou bernicles, adv.
- Bestiasse, s. f.
- Bestiole, s. f.
- Bichonner, v. a.
- Bicoque, s. f.
- Bidet, s. m.
- Bigarreau, s. m.
- Binocle, s. m.
- Bisbille, s. f.
- Biscornu, adj.
- Biscotin, s. m.
- Bisquer, v. n.
- Blague, s. f. (vanterie).
- Blaguer, v. n.
- Blagueur, s. m.
- Blanc-bec, s. m.
- Blet, ette, adj.
- Bleuir, v. a.
- se Blouser, v. pr.
- Bois carré, s. m.
- Bois gentil, s. m.
- Bombance, s. f.
- Bonde, s. f.
- Bon-homme, s. m. (fleur).
- Boniface, s. m.
- Boucan, s. m. (tapage).
- Boucaner, v. n. et a.
- Boucaneur, s. m.
- Bouche-trou, s. m.
- Bouchon, s. m. (cabaret).
- Bouffer, v. a.
- Bouffeur, s. m.
- Bougon, s. m.
- Bougonner, v. n.
- Bouillon-pointu, s. m.
- Bourde, s. f.
- Bourgeois, s. m. (patron).
- se Bourrer, v. pr. (s'empiffrer).
- Bourrique, s. f.
- Bourse-à-pasteur, s. f.
- Boursicaut, s. m.
- Boursiller, v. n.
- Bousin, s. m.
- Bousiner, v. n.
- Bout d'homme, s. m.
- Boute-en-train, s. m.
- Boutiquier, s. m.
- Boutonné, adj. (fig.)
- Braillée, s. f.
- Brailler, v. n.
- Brandevin, s. m.
- Braque, s. m. (fig.)
- Bredi-breda, adv.
- Breloque, s. f.
- Bretauder, v. a.
- Bric-à-brac, s. m.
- de Bric et de broc, adv.
- Brifer, v. a.
- Brimborion, s. m.
- Bringue, s. f.
- en Bringues, adv.
- Brioche, s. f. (pâtisserie).
- Brioche, s. f. (maladresse).
- Briscambille, s. f.
- Brise-tout, s. m.
- Brocanter, v. n.
- Brocanteur, s. m.
- Brocantage, s. m.
- Broches, s. f. pl. (aiguilles).
- Brossée, s. f.
- Brosser, v. a. (rosser).
- Brouille, s. f.
- Brouillon, onne, s. et adj.
- Brucelles, s. f. pl.
- Bûche, s. f. (fig.)
- se Bûcher, v. pr.
- Bûchette, s. f.
- Butin, s. m. (richesse, affaires).
- Buvable, adj.
- Buvard, s. m.
- Buvotter, v. n.
C
- Cacade, s. f.
- Cache, s. f.
- Cache-cache, s. m. (jeu).
- Cache-nez, s. m.
- Cachottier, s. et adj.
- Cagneux, adj.
- Cahin-caha, adv.
- Calfeutrer, v. n.
- à Califourchon, adv.
- Câlin, s. et adj.
- Calotte, s. f. (taloche).
- Calotter, v. a.
- Cambuse, s. f.
- Camper un soufflet.
- Campos, s. m. (congé).
- Cancan, s. m.
- Cancaner, v. n.
- Cancanier, adj. et s.
- Capilotade, s. f.
- Capon, s. m.
- Caponner, v. n.
- Caqueter, v. n.
- Carnier, s. m.
- Carotte, s. f. (fig.)
- Carotter, v. a. (duper).
- Carriole, s. f.
- Casaquin, s. m.
- Cascaret, s. m.
- Cassement de tête, s. m.
- Cassine, s. f.
- Castille, s. f.
- Causant, sante.
- Causeuse, s. f. (canapé).
- Cavalier, s. m. (danseur).
- Chacune, s. f.
- Chafouin, s. m.
- Chalumer, v. a.
- se Chamailler, v. réc.
- Chansonnet, s. m. (sansonnet).
- Chapitrer, v. a.
- Chapon, s. m. (bouture de cep).
- Chatte-mitte, s. f.
- Chauche-vieille, s. f.
- Chaudelait, s. m. (pâtisserie).
- Chauffe-lit, s. m.
- Chauffe-pieds, s. m.
- Chavirer, v. n.
- Chenapan, s. m.
- Cheptel, s. m.
- Chicard, adj.
- Chicot de dent, s. m.
- Chien, enne, adj. (parlant des choses).
- Chiffonner, v. a. (chagriner).
- Chiffonnier, s. m., ou Chiffonnière, s. f. (meuble).
- Chinois, s. m. (fig.)
- Chiper, v. a.
- Chipie, s. f.
- Chiquer, v. a. (manger).
- Chope, s. f.
- Chou, s. m. (terme d'amitié).
- Chou, s. m. (pâtisserie).
- Chou-chou, s. m.
- Ciron, s. m.
- Clignement d'yeux, s. m.
- Clique, s. f.
- à Cloche-pied, adv.
- Clocher, v. n.
- Clopin-clopant, adv.
- Clopiner, v. a.
- Cocasse, adj.
- Cochon, s. m. (avare).
- Cochonnaille, s. f.
- Cochonner, v. a. (salir).
- Coco, s. m. (individu).
- Cocotte, s. f. (maladie des yeux).
- Coffrer, v. a.
- Coiffé, adj. (fig.)
- Colin-tampon, s. m.
- Colle, s. f. (menterie).
- Collier, s. m. (un grand, ou un gros ——).
- Commérer, v. n.
- Comme cela, adv.
- Comme quoi, adv.
- Communier (un).
- Conduite (faire la).
- Confisqué, ée, part. (dont la santé est désespérée).
- Conscience, s. f. (estomac).
- Consentir, v. n. (plier).
- Contre-pied, s. m.
- Contusionner, v. a.
- Coq, s. m. (fig.)
- Coquecigrue, s. f.
- Coquemar, s. m.
- Coquinet, s. m.
- Coquiner, v. n. (gueuser).
- Corbillon, s. m.
- Corner une chose.
- Cossu, adj.
- Coteline, adj.
- Coucou (faire ——).
- Coulé, part. (ruiné).
- Coup d'air, s. m.
- Couper la fièvre.
- Couper le sifflet (fig.)
- Couper le visage.
- Courante, s. f. (dévoiement).
- Courir, v. a. (il court sa 20e année).
- Courterolle, s. f.
- Court-pendu, s. f. (poire).
- Couturé, adj.
- Couvre-chef, s. m.
- Couvre-plat, s. m.
- Crâne, s. et adj. (audacieux).
- Crânement, adv.
- Crapaud, s. m. (fig.)
- Craque, s. f. (mensonge).
- Craqueur, s. m.
- Crasseux, adj. (fig.)
- Crémier, s. m.
- Critiqueur, s. m.
- Crochet, s. m. (agrafe).
- Croque-mort, s. m.
- Croquer le marmot.
- Crosser, v. a. (traiter durement).
- Croûtes de lait, s. f.
- Croûton, s. m. (mauvais peintre).
- Cruche, s. f. (fig.)
- Crucherie, s. f.
- Cruchon, s. m.
- Cueillette, s. f.
- Cuir, s. m. (fig.)
- Cuisinière, s. f. (ustensile).
- Cuisse de noix, s. f.
- Cuistre, s. m.
- Cuit, adj. (perdu, ruiné).
- Cul de plomb, s. m.
- Culot, s. m.
- Culotte-de-Suisse, s. fém. (poire).
- se Culotter, v. pr.
- Cul-rouge, s. m. (oiseau).
- Cumulard, s. m.
D
- Dandin, s. m.
- Dandiner, v. n.
- Daube, s. f.
- Débagouler, v. n. et a.
- à la Débandade, adv.
- Débarbouiller, v. a.
- Débine, s. f.
- Débours, s. m. pl.
- Débraillé, adj.
- Décommander, v. a.
- en Définitive, ou en Définitif, adv.
- Défriser, v. a. (fig.)
- Dégaîne, s. f.
- Dégauchir, v. a. (fig.)
- Dégelée, s. f.
- Dégobiller, v. a.
- Dégoiser, v. a. et n.
- Dégommer, v. a. (fig.)
- Dégourdie (eau).
- Dégringolade, s. f.
- Degringolando, adv.
- Dégringoler, v. n.
- Dégriser, v. a. (fig.)
- Démonétiser, v. a. (fig.)
- Démonter, v. a. (fig.)
- Dépense, s. f. (office).
- Dépersuader, v. a.
- Dépêtrer, v. a.
- Déraidir, v. a.
- se Désassocier, v. pron.
- Désenfiler, v. a.
- Deshabillé, s. m.
- Dessouler, v. a.
- Détacheur, s. m.
- Devanture, s. f.
- Dia (terme des charretiers).
- Disputailler, v. n.
- se Disputer, v. réc.
- se Divorcer, v. réc.[4]
- se Dodiner, v. pr.
- Dodo, s. m. (lit).
- Dodo (faire, aller à ——).
- Doléance, s. f.
- Dondon, s. f.
- Donnant, adj.
- Donner, v. n. (suppurer).
- Donneur de bonjour, s. m.
- Donzelle, s. f.
- Double, s. f.
- Doucet, adj.
- Doucettement, adv.
- Douillet, adj.
- Drapeaux, s. m. pl. (langes).
- Draper, v. a. (fig.)
- Drelin! drelin!
- Drille, s. m.
- Drôlerie, s. f. (bagatelle).
E
- Ébaubi, adj.
- Écarquiller, v. a.
- Écervelé, adj. et subst.
- Écharde, s. f.
- Ecobuage, s. m.
- Ecobuer, v. a.
- Écurage, s. m.
- Écureuse, s. f.
- Effaré, adj.
- Effondrer, v. a.
- s'Égosiller, v. pr.
- Égraffigner, v. a.
- Égrillard, adj. et subst.
- s'Embâter, v. pr.
- Embarras (faire de l'——).
- Embêtement, s. m.
- Embêter, v. a.
- Emboquer, v. a.
- Embouché (mal ——).
- Émérillonné, adj.
- Émeutier, s. m.
- Émigrant, s. m.
- Emmancher, v. a. (fig.)
- Emmêler, v. a.
- Émotionner, v. a.
- Émoustiller, v. a.
- Emparenté, adj.
- Empaumer, v. a.
- Empesé, adj.
- s'Empêtrer, v. pr.
- Emprunté, adj. (embarrassé).
- En çà, adv. (jusqu'à présent).
- Encager, v. a.
- Encoche, s. f.
- Encocher, v. n. (faire une encoche).
- s'Encroûter, v. pr.
- Endêver, v. n.
- s'Endimancher, v. pr.
- Enfagoter, v. a.
- Englober, v. a.
- Engoncé, adj.
- Entregent, s. m.
- Entrelarder, v. a.
- Éponger, v. a.
- Éreinter, v. a.
- Esbrouffe, s. f.
- Escoffier, v. a. (tuer, etc.)
- Escogriffe, s. m.
- s'Esquicher, v. pr.
- Essade, s. f.
- Estafier, s. m.
- Étagère, s. f.
- Éterpe, s. f.
- Étisie, s. f.
- Excaver, v. a.
- Expertiser, v. a.
F
- Façonnier, adj.
- Fadet, adj.
- Fait exprès, s. m.
- Falot, adj.
- Fanfreluche, s. f.
- Faquin, s. m. (élégant).
- Faquinerie, s. f. (élégance).
- Faraud, s. m.
- Farfouiller, v. a.
- Farinière, s. f.
- Fatiguer, v. neutre.
- Fatrasser, v. n.
- Femmelette, s. f.
- Fenasse, s. f.
- Fendage, s. m.
- Fendant (faire le ——), s. m.
- se Fendiller, v. pr.
- Festoyer, v. a.
- Feuillu, adj.
- Ficelé, ée, adj. (fig.)
- Fier-à-bras, s. m.
- Fignoler, v. n.
- Fignoleur, s. m.
- Finasser, v. n.
- Finasserie, s. f.
- Finasseur, euse, s.
- Finassier, ière, s.
- à la Fin des fins, loc. adv.
- Fin fond, s. m.
- Finissage, s. m.
- Finisseur, s. m.
- Fion, s. m.
- Flageoler, v. n.
- Flambé, part. (fig.)
- Flandrin, s. m.
- Flotte, s. f. (écheveau).
- Flouer, v. a.
- Flûter, v. a. (boire).
- Folichon, s. m.
- Fondrilles, s. f. pl.
- Fouillis, s. m.
- Fourgonner, v. n.
- Frais (me voilà ——), adj.
- à la bonne Franquette, loc. adv.
- Frésillon, s. m.
- Fricasser, v. a.
- Fricot, s. m.
- Fricoter, v. n.
- Frime, s. f.
- Frimousse, s. f.
- Friper, v. a.
- Frison, s. m.
- Frottée, s. f. (rossée).
- s'y Frotter, v. pron. (fig.)
- Fumer, v. n. (avoir du dépit).
G
- Gabegie, s. f.
- Gabelou, s. m.
- Gâcher, v. a.
- Gâchis, s. m.
- Gagner une maladie.
- Gaillard, s. et adj.
- Galette, s. f. (bourre de soie).
- Galvauder, v. a.
- Gamache, s. f.
- Gamin, s. m.
- Ganache, s. f
- Garçonnaille, s. f.
- Garçonnet, s. m.
- Garçonnière, s. f.
- Garde-feu, s. m.
- Gargote, s. f.
- Garnement, s. m.
- Gâte-enfant, s. m.
- Gâte-métier, s. m.
- Gâterie, s. f.
- Gaudriole, s. f.
- Gauler, v. a.
- Gaupe, s. f.
- se Gendarmer, v. pr.
- Genette, s. f.
- Gérofle, s. f. (girofle).
- Giboulée, s. f.
- Gifle, s. f.
- Gifler, v. a.
- Gigogne, nom prop. (fig.)
- Gigotter, v. n.
- Girardine, s. f.
- Gniaf, s. m. (Dict. Besch.)
- Gniole, s. f. (coup).
- Go (tout de ——), loc. adv.
- Gobe-mouches, s. m.
- Gober, v. a. (croire légèrement).
- Godelureau, s. m.
- à Gogo, loc. adv.
- Goguenard, arde, s.
- Goguenarder, v. n.
- Goguettes, s. f. pl.
- Goinfre, s. m.
- Goinfrer, v. n.
- Gosse, s. f.
- Gosser, v. n.
- Gourde, s. f. (menterie).
- Gourdin, s. m.
- Gourer, v. a.
- Goutte de sang, s. f. (fleur).
- Gouttelette, s. f.
- Grabuge, s. m.
- Grafigner, v. a.
- Graisser la patte, v. a. (fig.)
- Grappillon, s. m.
- Grappiller, v. n.
- Grappin, s. m.
- Grassouillet, adj.
- Gredinerie, s. f.
- Grelu, adj.
- Grenouiller, v. n.
- Grève (faire ——), s. f.
- Gribouillage, s. m.
- Gribouiller, v. a.
- Griffer, v. a.
- Grignotter, v. n.
- Grigou, s. m.
- Grimacier, adj. et s.
- Grimaud, s. m.
- Grippe-sou, s. m.
- Gris, e, adj. (ivre).
- Grisard, s. m.
- Grognard, de, adj. et s.
- Grognerie, s. f.
- Grognonner, v. n.
- Grommeler, v. n.
- Gros, adv. (beaucoup).
- Grouiller, v. n.
- Gruer, v. a.
- Gruger, v. a.
- Guéridon, s. m.
- Guêpière, s. f.
- Gueulard, s. m.
- Gueule-de-loup, s. f. (plante).
- Gueuleton, s. m.
- Gueusard, s. m.
- Guigner, v. a.
- Guignon, s. m.
- Guignonant, adj.
- Guilleret, adj.
- Guinguette, s. f.
H
- Historier, v. a.
- Hypothéqué, adj. (fig.)
I
- Illico, adv.
- Impressionner, v. a.
- Inquilin, s. m.
J
- Jaboter, v. n.
- Jacasser, v. n.
- Jaquette, s. f. (pie).
- Jaquette, s. f. (habillement).
- Jardinage, s. m. (légume).
- Jargonner, v. n. et a.
- Jaunet, s. m. (pièce d'or).
- Jean farine, s. m.
- Juron, s. m.
- Juguler, v. a.
L
- Lanterner, v. n.
- Lanternier, s. m.
- Lapin, s. m. (fig.)
- Lardère, s. f. (oiseau).
- Laurelle, s. f. (plante).
- Lèche, s. f.
- à Lèche-doigts, loc. adv.
- Lendore, s. m. et f.
- Lévite, s. f.
- Locher, v. n.
- Longuet, adj.
- Loque, s. f.
- Loqueter, v. n.
- Loti, participe.
- Louper, v. n.
- Lubie, s. f.
- Lune, s. f. (caprice).
- Luron, onne, s.
M
- Mâchoire, s. f. (fig.)
- Magot, s. m. (argent caché).
- Magot, s. m. (homme laid ou gauche).
- Mailloche, s. f.
- Maisonnée, s. f.
- Mal-appris, adj. et s. m.
- Malpeigné, s. m.
- Mangeaille, s. f.
- Mange-tout, s. m.
- Manigance, s. f.
- Manigancer, v. a.
- Maquignonnage, s. m.
- Marchandailler, v. n.
- Margouillis, s. m.
- Margot, s. f.
- Margot, s. f. (pie).
- Marie-Graillon, s. f.
- Marmaille, s. f.
- Marmot, s. m.
- Marmotter, v. n.
- Marmouset, s. m.
- Maroufle, s. m.
- Marronner, v. n.
- Martel, s. m.
- Massacrant, te, adj.
- Mâtiner, v. a.
- Matou, s. m. (butor).
- Mazette, s. f.
- Mécaniser, v. a.
- Mèche, s. f. (moyen).
- Mêmement, adv.
- Micmac, s. m.
- Mignoter, v. a.
- Mijaurée, s. f.
- Mijoter, v. a.
- Mille-canton, s. m.
- Milliasse, s. f.
- Minable, adj.
- Mioche, s. m. et f.
- Mirliflore, s. m.
- Mirobolant et myrobolant, adj.
- Miton-mitaine (onguent ——), adj.
- Mitonner, v. a.
- Mitron, s. m.
- Molester, v. a.
- Montage, s. m.
- Mordicus, adv.
- Mornifle, s. f.
- Morveux, s. (impertinent)
- Mouille-bouche, s. f. (poire ——).
- Moutardier, s. m.
- Moutons, s. m. pl. (vagues).
- Mufle, s. m.
- Mule, s. f.
- Muscadin, s. m. (mirliflore).
- Muser, v. n.
N
- Nasillard, adj.
- Nicaise, s. m.
- Nippé (bien ——), adj.
- Nique (faire la ——), s. f.
- Niveler, v. n. (muser).
- Niquedouille, s. m.
- Nivèlerie, s. f. (badauderie).
- Noiraud, s. m.
- Noise, s. f.
- Nonnette, s. f.
- Nuit blanche.
O
- Œufs à la neige, s. m. pl.
- Oignon, s. m. (durillon).
- Ognon (il y a de l'—), s. m. Il y a quelque chose de caché là-dessous.
- Olivettes, s. m. pl.
- Ombre-chevalier, s. m.
- Ostrogoth, s. m. (fig.)
P
- Pacant, s. m. (manant).
- Paillasson, s. m.
- Pain d'oiseau, s. m. (plante).
- Palisser, v. a.
- Panier percé, s. m. (fig.)
- Papier mâché, s. m. (fig.)
- Paquet, s. m. (grosse femme).
- Paresser, v. n.
- Par exemple! (exclamation).
- Particulier, adj. (bizarre).
- Particulière, s. f. (une ——).
- Pataraffe, s. f.
- Patatras, s. m.
- Pataud, s. m.
- Pâté, s. m. (un gros ——), (fig.)
- Patraque, s. f. (prop. et fig.)
- Patrouiller, v. a. et n.
- Pays, payse, s.
- Pécore, s. f.
- Pédon, s. m.
- Peignée, s. f. (fig.)
- se Peigner, v. réc. (fig.)
- Peinturlurer, v. a.
- Pelotte (faire sa ——), (fig.)
- Pelotter quelqu'un, v. a.
- Pendaison, s. f.
- Pendiller, v. n.
- Péquin, s. m.
- Perlimpinpin, s. f. (poudre de ——). (Dict. de Bescherelle.)
- Péronnelle, s. f.
- Pesette, s. f. (vesce).
- Pesage, s. m.
- Pesse, s. f. (sapin).
- Pétaudière, s. f.
- Petiot, ote, adj. et s.
- Pétitionner, v. n.
- Peton, s. m.
- Pétrin, s. m. (fig.) (embarras).
- Piaillerie, s. f.
- Piailleur, s. m.
- Piauler, v. n.
- se Picoter, v. réc. (fig.)
- Picoterie, s. f.
- Pieds de mouche, s. m. pl. (écriture).
- Pie-grièche, s. f.
- Pierrot, s. m. (moineau).
- Piètre, adj.
- Piffre, esse, s.
- se Piffrer, v. pr.
- Pince-maille, s. m.
- Pinçon, s. m. (marque qui reste sur la peau lorsqu'on a été pincé).
- Piocher, v. n. (fig), (travailler).
- Pioler, v. n.
- Pipi, s. m.
- Pique, s. f. (brouillerie).
- Pique-assiette, s. m.
- Pique-mouches, s. m. (oiseau).
- Pique-nique, s. m.
- Pissenlit, s. m. (plante).
- Pissenlit, s. m. (enfant).
- Pivoine, s. m. (plante et oiseau).
- Planche (faire ——).
- Plancher des vaches, s. m.
- Plantain, s. m.
- Plante, s. f. (fig)
- Planton, s. m (soldat de ——).
- Plastron, s. m. (fig.)
- Plate-couture (à plate ——).
- Platise, s. f.
- Plein (ses poches, sa cave).
- tout Plein.
- tout Plein de, adv. (beaucoup)
- Pleurard, s. m.
- Pleurnicher, v. n.
- Pleutre, s. m.
- Pliant, s. m. (lit).
- Plissage, s. m.
- Plumé, adj. (fig.)
- Plumeau, s. m.
- Poche, s. f. (grande cuiller à long manche).
- Poché (œil ——), adj.
- Pocher, v. a.
- Pointer, v. n. (poindre), (en parlant des herbes et bourgeons qui commencent à paraître).
- Polissage, s. m.
- Pommé, adj. (fig.)
- Pommelé (ciel ——), adj.
- Pommier, s. m. (ustensile).
- Pomper, v. a. et n. (fig.), (boire).
- se Pomponner, v. pr.
- Populacier, adj.
- Porte-respect, s. m.
- Potée, s. f. (fig.)
- Poule mouillée, s. f. (fig.)
- Poulette, s. f.
- Pourboire, s. m.
- Pour sûr, adv.
- Précautionneux, adj. et subst.
- Priser, v. n. (du tabac).
- Priseur, s. m.
- Procureur de meunier, s. m. (oiseau).
- Puant, ante, subst. (fig.)
Q
- Quasi, adv.
- Quasiment, adv.
- Quatre de chiffre, s. m.
- Queue, s. f. (faire la ——), (fig.)
- à la Queue leu leu
- à Quia, loc. adv.
- Quibus, s. m. (avoir du ——).
- Quignon, s. m.
R
- Rabougri, adj. part.
- Rabrouer, v. a.
- Racaille, s. f.
- se Raccrocher à, v. pr. (fig.)
- Rachever, v. a.
- Raclée, s. f. (rossée).
- Raffoler, v. n.
- Rafle (faire ——), s. f.
- Rafler, v. a.
- Rager, v. n.
- Rageur, subst.
- Ragot, gote, subst.
- Rainette, s. f. (grenouille).
- Ramages, s. m. pl. (à grands ——).
- Rancuneux, adj. (Dict. de Bescherelle.)
- Rasibus de, prép.
- Rata, s. m.
- Ratatiné, née, part.
- Ratatouille, s. f.
- Raté, tée (affaire ——), part.
- Rater, v. a. et n.
- Râtelée, s. f.
- Ravigoter, v. a.
- Ravioles, s. m. pl. (Dict. de Bescherelle.)
- Ravonailles, s. f.
- Rebéquer, v. n.
- se Rebéquer, v. pron.
- Rebiffer, v. n. et a.
- se Rebiffer, v. pr.
- se Reblanchir, v. pr.
- Rèche, adj.
- Réciproquer, v. n. (Mme de Sévigné.)
- Récompenser le temps.
- se Recoquiller, v. pr.
- Récurage, s. m.
- Récurer, v. a.
- Regain, s. m.
- Regardant, adj.
- Régenter, v. a.
- Regimber, v. n.
- Relancer quelqu'un.
- Reluquer, v. a.
- Rembarrer, v. a.
- Rembourrer, v. a. (rembarrer).
- Remonter, v. a.
- Remoucher, v. a. (fig.)
- Remue-ménage, s. m.
- Renarder, v. n.
- Rendoubler, v. a.
- Renfermé, s. m. (odeur de ——).
- Rengaîner un compliment.
- Renifler, v. n.
- Renitent, ente, s. et adj.
- Renseigner, v. a. (donner des renseignements).
- se Renseigner, v. réfl. (prendre des renseignements).
- Renvoi, s. m. (rapport).
- Ressemelage, s. m.
- Retaper un chapeau.
- Retors, adj. (fig.)
- Revaloir, v. a.
- Rêvasser, v. a.
- Revenant-bon, s. m.
- en Revendre à.
- Revoilà, adv.
- Rhabillage, s. m. (raccommodage).
- Rhabilleur, s. m. (terme technique).
- Ribambelle, s. f.
- Ribotte, s. f.
- Ridicule, s. m. (sac).
- Ridiculité, s. f. (la, une).
- Rincé, part. (battu, grondé, ou fortement mouillé).
- Rincée, s. f. (rossée).
- Rincer, v. a. (battre, mouiller, réprimander).
- se Rincer, v. réc. (se battre, se gronder).
- Rogner, v. a.
- Rognonner, v. n.
- Rossignolet, s. m.
- Rotin, s. m.
- Rougeaud, adj. et s.
- Roulée, s. f. (fig.)
- Roupiller, v. n.
- Rubrique, s. f.
- Rudoyer, v. a.
S
- S, s. f. (faire les ——).
- Sabouler, v. a.
- Sabrer, v. a. (fig.)
- Sac (mettre au ——).
- Sac (donner le —— et les quilles).
- Sac (l'affaire est dans le ——).
- Sac à vin, s. m. (ivrogne).
- Saccage, s. m. (amas confus).
- Sagouin, s. m.
- Sainfoin, s. m.
- Sainte-Nitouche, s. f.
- Salé, adj. (très-cher).
- Salmigondis, s. m.
- Sapajou, s. m. (fig.)
- faire la Sauce à quelqu'un, v. a. (le réprimander).
- Saucer, v. n. (réprimander).
- Saucé (mouillé, réprimandé).
- Saugrenu, adj.
- au Saut du lit.
- Sauteur, s. m. (fig.) (homme sans consistance).
- Savon, s. m. (réprimande).
- Scie, s. f. (fig.), parlant d'une chose ennuyeuse.
- Scier le dos, et Scier, v. a. (fig.)
- Semaine des trois jeudis.
- Sempiternelle, adj. fém. (une vieille ——).
- Seriner, v. a. (fig.)
- Seringue, s. f.
- Si fait, adv.
- Sifflasson, s. m. (oiseau).
- Siroter, v. n.
- Soleil, s. m. (fleur).
- Songe-creux, s. m.
- Sornettes, s. f. pl.
- Souffre-douleur, s. m.
- à la Sourdine, adv.
- Soûlard, s. m.
- Soûler, v. a.
- Soupatoire, adj.
- un Soupçon (très-peu).
- Souvente fois, adv.
- Suçoter, v. a.
- pour Sûr.
T
- Tabagie, s. f.
- Tablature, s. f.
- Taloche, s. f.
- Tambourineur, s. m.
- Tant et plus, adv.
- Tantinet, s. m.
- Tapageur, euse, s.
- Taper, v. a.
- Tapin, s. m. (tambour).
- Tapisserie, s. f. (fig.) (faire ——).
- Tâte-vin, s. m.
- Tâtillon, onne, s.
- Tâtillonner, v. n.
- Taudion, s. m.
- Taudis, s. m.
- Taupier, s. m.
- Tempêter, v. n.
- Tête carrée, s. f. (fig.)
- Tignasse, s. f.
- Timbré, adj. (fig.) (un peu fou).
- Tintamarre, s. m.
- Tintouin, s. m.
- à Tire-larigot, adv.
- Tirer, v. a. (traire).
- Tombée de la nuit, s. f.
- Toqué, adj. (un peu fou, qui a le cerveau dérangé).
- Toquet, s. m.
- Torchon, s. m. (femme sale).
- Tortiller, v. n.
- Tortu, adj.
- Toupet, s. m. (audace).
- Tourniquet, s. m.
- Tourtelette, s. f. (Dict. Besch.)
- Traille, s. f.
- Train, s. m. (bruit, tapage).
- Tranchoir, s. m.
- Transiter, v. a. et n.
- se Transiter, v. pron.
- Trappon, s. m.
- Trapu, adj. et s.
- Tremblement (tout le ——).
- Trembler la fièvre.
- se Trémousser, v. pr.
- Trempée, s. f. (rossée). (Dict. de Bescherelle.)
- Tressauter, v. n.
- Tricher, v. a.
- Tricot, s. m. (gourdin).
- Tricot, s. m. (tricotage).
- Trimballer, v. a.
- Trimer, v. n.
- Tripier, pière, s.
- Tripot, s. m. (tripotage).
- Tripoter, v. a. (embrouiller).
- Tripoter, v. n.
- Trique, s. f.
- Trogne, s. f.
- Trognon, s. m.
- Tronche, s. f.
- Trotiner, v. n.
- Troupier, s. m.
- Troussé, adj. (mort).
- Truc, s. m. (avoir le ——).
- Tuerie, s. f.
- Turlupinade, s. f.
- Turlupiner, v. a.
V
- Va-et-vient, s. m.
- Va-nu-pieds, s. m.
- Venelle, s. f.
- Venette, s. f.
- Venez-y-voir, s. m.
- Venir à rien.
- Ventaison, s. f. (maladie du froment).
- Vergogne, s. f.
- Vert-galant, s. m.
- Vertigo, s. m.
- Vétille, s. f.
- Vie, s. f. (crierie).
- Vie (faire la ——).
- Victuaille, s. f.
- Vieillerie, s. f.
- Villace, s. f.
- Violon, s. m. (prison).
- Virer, v. n. et a.
- Viser, v. a. (atteindre, etc.) Terme des écoliers.
- Vive-la-joie, s. m.
- Vivoter, v. n.
- Voix de rogomme, s. f.
- se Voiler (parlant du bois).
- Volée, s. f. (rossée).
- Volerie, s. f.
- Vousayer et vousoyer, v. a. (Dict. de Bescherelle.)
Z
- Zéro en chiffres.
- le Zist et le Zeste.
NB. Cette nomenclature pouvait être facilement doublée et triplée.
L'INCENDIE.
BAMBOCHADE EN LANGAGE GENEVOIS.
Ah! te voilà, Carisot; eh bien! as-tu été au feu, cette nuit?—Au feu? Est-ce qu'on a crié à l'eau cette nuit? Je ne me suis aperçu de rien, moi, j'ai dormi comme un plot jusqu'à ce matin à huit heures.—Ah! Dieu me damne! il faut être sourd comme un toupin, pour ne s'être aparçu de rien avec un pareil brouhar qui z'y a eu toute la nuit. Moi qui ai le sommeil léger comme une rate, je me lève aux premiers cris d'à l'eau, tout en pantet; j'ouvre la fenêtre et je demande: Où est-ce? où est-ce?—En n'haut la Tour de Boë! qu'on me répond.
Ah! mon Dieu! que je me dis, si c'était chez Goncet le remueur, ou bien chez la Jossau, la vendeuse de biscômes, qui demeure à côté; ces pauvres diables n'auraient pas besoin de ça, y sont assez minables tous les deusse!
Je ne me donne pas le temps de m'habiller. J'enfile un crouye broustou avec ma roupe par-dessus, et je cours en grolles avec ma seille à la main.
Ce n'était pas en n'haut la Tour de Boë, c'était en n'haut de Bêmont, à un certain sacré endroit étroit qui va tout de guingoine comme l'allée du Cul du Chien. Y n'y avait pas une seringue d'arrivée. Quand je vis qu'y sentait le brûle à crever et qu'on voyait la fumée qui sortait par les vantaux d'un certain carcagnou de chambre à plain-pied, je dis: Ah! mon Dieu! voilà un feu qui a gonvé toute la nuit: y aura bien du mal!
Y avait par-là trois ou quatre piournes de femmes tout époulaillées qui faisaient des brâillées de mâlevie, et une troupelée de fichus charoupes qui restaient là plantés comme des idoines tout ébalourdis à regarder la fumée. Je leur dis: Sacribleu! y ne s'agit pas de rester là à patenocher en attendant les seringues; puisqu'on a loqueté à la porte, et qu'on ne répond pas, y faut la mettre en bringue.
Moi qui ai une bonne pougne, je vous chigougne le péclet vigoureusement et fiche la porte en dedans. Quand j'eus avancé quelques pas, la fumée et la flamme étaient si fortes qu'y fallut me rentourner en darnier, avec le col de mon habit et mes cheveux tout suclés.
Heureusement que ces fichus patenoches de pompiers arrivèrent avec la seringue de Chantepoulet. On fit la chaîne avec les siaux et les seilles jusqu'au bourneau du bas de la Cité; et après quelques bonnes jiclées, on fut maître du feu.
M'sieu, quand on entre dans ce croton de chambre, on trouve une femme étendue par terre d'à bouchon, toute brûlée et la moitié du corps en greubons. C'était la chose la plus z'hideuse, la plus z'hideuse qu'on puisse voir. On croyait d'abord que c'était une certaine gourgandine de Lyon qui était venue demeurer dans le quartier; mais on vit ensuite que c'était cette vieille redasse de Pignolet, qui tenait là un bouzin depuis quelque temps. Y paraît qu'on y avait fait la tamponne le soir, et qu'ayant trop fioulé au lieu de se coucher, elle s'était endormie sur son covet en faisant le cafornet, et puis que le feu avait pris à ses z'hardes et à son lit.
J'ai eu là une fière tarente, je t'en réponds; mais enfin, à part une gonfle à la main et un peu de rouche pour avoir gardé mes habits tout trempes, je m'en suis tiré saink-et-sauf.
Pourtant, quand je suis rentré à la maison, y faut bien y dire, j'avais le cœur diablement savaté d'avoir vu ce cadavre tout en greubons. Ma femme me disait: Y faut te faire une saigne, y faut te mettre les sangsuies..... Hé! voui! c'est bien moi qui vais me potringuer pour une peur. Je me suis flâné un verre de riquiqui sur la conscience, et puis n.. i ni, c'est fini, ni vu ni connu. Adieu, Carisot; adieu, mon ami; Je m'en vais au sarcle faire l'heure sèche avec Mottu, qui paye les séchots. Adieu, à revoire.
LES REMUEURS.
(La scène se passe dans une auberge.)
DIALOGUE SUR LA RESTAURATION DE 1814,
ENTRE
LAMBOTEAU ET DELESDERNIER.
Lamboteau. Ah! te voilà, Deladernier, y a longtemps que je t'ai pas vu. Qu'est-ce que tu as? Tu as l'air tout moindre.
Delesdernier. Je ne sais pas; depuis tout ce gandin de cet hivaire, je vais tout crevotant, j'ai une peine de mâlevie à me rapicoler..... Ah! si les mâzilles allaient encore, ce ne serait rien, mais ces sacrés kaiserliques n'ont pas laissé sistance à la maison.
Lamboteau. Voui! Plains-toi, un pauvre gratte-loton, comme moi, qui en ai eu une tapassée le premier soire, et à qui on en flâne deusse ensuite tous les quinze jours. Dieu me damne! quelle avaloire! Ma femme leur fesait à dîner une puissante galimaufrée de polmons et de froissures et un jaire de veau, avec une bonne platelée de tufèles bien diotues; c'était plus vite en bas la gargataine qu'on y avait vu, et puis des tinquets de fromage et de tomme, la pare et tout, et puis la soupe le matin, et puis le riquiqui..... Non, on ne fait pas une idée de la vicaille qui s'est galiaufrée chez nous depuis trois mois.
Delesdernier. Moi, les miennes ne bouffaient pas autrement, mais c'étaient bien les plus fiares gouillards!.... Tu sais bien ce lard que nous avions tué par ensemble avec Bosson et Livache; j'avais encore un couple de longeôles avecque deux jambettes à la cheminée, superbes, y n'y en reste ni riffle ni raffle!.... Mais ce que je regrette le plus encore, c'est une demi-douzaine de bouteilles de sarvagnin de la comète, que j'avais mises à coin pour me rabaubiner un peu l'estomaque, que ces sacrés bouchards m'ont fioulées; et puis à présent qu'on a besoin de se refaire de quèque chose, y faut qu'on boive de la tatouille du cabaret. Mais c'est qu'y sont gouillards et cochons tout à la fois..... Allons! mouche avec les doigts comme des capucins; et puis des clâmauds par terre qu'y vous acrasent avec le pied..... Dieu me damne! s'y n'y avait pas des fois de quoi dégobiller!... et puis une odeur de gonvé sur eusse. Quant ils ont eu déboulé, j'ai vite ébaragné et écalabré par leur chambre; eh bien! quoique ça, y a pué encore le bocan pendant huit jours dans toute la maison. Mais enfin, Dieu marci! nous voilà, une bonne fois pour toutes, débarrassés de ces sacrées sangsuies.
Lamboteau. Voui, c'est des sangsuies, c'est vrai, mais y faut bien y dire aussi, quante l'on n'a une maladie, y faut une purge ou une saigne, et je crois que c'était une maladie qui comptait que ces gabelous et ces rats de cave.
Delesdernier. Et la conscription!... Non, tiens, quante je pense qu'y aurait fallu que mon Jaquet tire cette année! un enfant châcholé et flaironné par sa mère comme cetui-là!... y n'y aurait pas fallu trois semaines de sarvice pour le flanquer à plat de lit, au ranco dans une hopitale. Non pas à présent que toute cette sacrée parade est finie, comme il est assez dégruffé, je m'en vais vous le pousser farme dans la chiffre, pour sarcher ensuite à le placer dans quèque bon commarce d'espiceries ou de crincaillerie.
Lamboteau. Dis voir, et tous ces nants de braille, comme y vont être figeau de tout ça?
Delesdernier. Et toute cette cassibraille de gratte-papier qui vont être d'obligés de vanner.
Lamboteau. Et cette damnable pardition de loto qui ne pompera plus nos ag-nettes.
Delesdernier. Et le câfé qu'on va avoir bientôt aussi bon marché que les faviolons..... Ma sacré gouillarde de femme ne viendra plus me triôler, et me tirer de sous les ongles la moitié du çan mienne pour pouvoir se flâner ses deux écuelles dessus la conscience tous les jours que le bon Dieu a criés.
Lamboteau. Et dis voir, as-tu entendu sonner cette retraite hier à soire? Dieu me damne! si au premier coup de cloche je ne me suis pas tout sentu remuer la farâ.
Delesdernier. Et moi, quante j'ai revu en n'haut des affiches la clef de la cave avec notre moitié de poulet, si je n'étais pas pour faire des cupesses au beau milieu de la rue.
Lamboteau. Crois-tu, toi, qu'on mangera les greffions des pronmontions avec plaisir cette année, quante l'on reverra Monsieur le Premier redonner les prix à tous nos ourious comme du temps du bon glu.
Delesdernier. As-tu vu nos brecaillons avec leur nouvel uniforme comme ça vous a le fion! Je les ai rencontrés sur les ponts de Neuve comme y se renvenaient de l'exarcice. Y sont encore mieux retapés, au moins, que nos anciens volontaires avec leur queue à ras le cochon et leurs petits chapeaux de biscôme. Et ce sacré crottu de Favre, ce n'est pas le plus crouye de tousse au moins, quante y a son habit bien aboutonné, avecque sa gravate noire et poudré à blanc. C'est qu'y n'est ni jartou ni gambion cetui-là, quante même c'est un ancien Genevois, et j'en ai bien vu quèque z'eunes qui le reluchaient et joliment, en passant sous la Corraterie.
Lamboteau. C'est bien à présent qu'on peut dire avec le père Ch....: Lustucru, mon cher compère? ou bien: No le veyains revegni ce temps pleysans tant allégre.
Delesdernier. Ah! je t'en réponds. Y en a bien encore quèque z'uns de ces fichus avenaires qui ont toujours à gongonner et à raufer sur tout, quoi qu'on fasse, qui regrettent encore qu'on ait déguillé Bonaparte, et qui vous disent encore comme ça: Voui, vous êtes frais avec votre ritournelle. A présent que vos gros sont remontés sur leur bête, vous allez les voir fiars comme des boques, qui vont sarcher à acraser la bourgeoisie plus que jamais. Moi je dis que non. Les gros et les petits ont eu leur pide chacun, on est las de se marmanger et de ronger le fêlin. Y n'y a plus ni nâtifs, ni grimauds, ni habitants, ni corniauds, ni englués, ni emmardés; y n'y a plus que des bons Genevois (saufre pourtant ceusse qui ont mis la main au copon, au moins), et je parie, moi, qu'à la première tampoune qu'on fera pour la paix, nous verrons encore Des Arts ou Gourgasse danser avecque les péclotiers autour du bourneau de Saint-Jarvais.
À çà! Adieu, Lamboteau, adieu, m' n'ami, je m'en vais au sarcle faire un conchon avec Mottu et Jaquin qui m'attendent. Adieu, à revoire.
M......, docteur.
EXPLICATION
DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGNES EMPLOYÉS DANS L'OUVRAGE.
| † | Expression ou prononciation très-vulgaire. |
| [Acad.] | Dictionnaire de l'Académie française. |
| adj. | Adjectif. |
| adv. | Adverbe, adverbial, adverbialement. |
| [Ch.] | Mr Chaponnière. |
| conj. | Conjonction. |
| dém. | Démonstratif. |
| (fig.) | Au sens figuré. |
| [G. G.] | Glossaire de Gaudy. |
| indéf. | Indéfini. |
| invar. | Invariable. |
| interj. | Interjection. |
| loc. | Locution. |
| part. | Participe. |
| [P. G.] | Mr Pierre Gaud. |
| pl. | Pluriel. |
| prép. | Préposition. |
| pron. | Pronom. |
| R. | Racine. |
| rel. | Relatif. |
| s. | Substantif. |
| s. m. | Substantif masculin. |
| s. f. | Substantif féminin. |
| v. | Verbe. |
| v. a. | Verbe actif. |
| v. n. | Verbe neutre. |
| v. pron. | Verbe pronominal. |
| v. récip. | Verbe réciproque. |
| v. réfl. | Verbe réfléchi. |
NOTES:
[1] Les mots imprimés en caractères italiques ne figurent pas dans le dictionnaire de l'Académie française (édition de 1835): on les trouvera dans Boiste, Gattel, le Complément du dictionnaire de l'Académie, N. Landais, ou Bescherelle, etc.
[2] Ce terme figure à tort dans ce Glossaire, t. Ier, p. 19.
[3] Mauvaise expression, accueillie par Boiste et par Mr Bescherelle; répudiée par l'Académie, par Lavaux, par Gattel, par N. Landais, et par le plus récent des lexicographes, Mr Poitevin.
[4] Mauvaise expression recueillie par Mr Bescherelle.