Nouveau Glossaire Genevois, tome 2/2
Q
QUAND, conj. En même temps que, aussitôt que. J'y serai quand toi, c'est-à-dire: J'y serai aussitôt que toi. Tu partiras quand nous. Vous sortirez quand les autres, c'est-à-dire: Vous sortirez quand les autres sortiront. Ce tour elliptique appartient au vieux français. Le dictionnaire de l'Académie dit: «Il est parti quand et quand nous,» pour signifier: Il est parti en même temps que nous.
QUAND QUE..., loc. conj. À quelque moment que. Quand que tu viennes, tu me feras plaisir. Oui, viens, viens, quand que ce soit.
QUANTE, adv. Prononciation vicieuse de l'adverbe «quand.» Quante l'occasion se présente, saisissez-la. Français populaire. Prononcez Kan.
QUANTIÈME, s. m. Le quantième avons-nous? Le quantième tenons-nous? Le quantième du mois sommes-nous? Ces trois expressions sont vicieuses, et l'on doit y substituer les suivantes: Quel quantième avons-nous? Quel est le quantième du mois?
QUARANTAIN, s. m. Un bouquet de quarantains. Terme savoisien, rouchi, etc. Le mot français est: Quarantaine.
QUART, s. m. Nous disons, en supprimant l'article «Un»: Il est deux heures et quart; il est midi et quart; il est trois heures et quart. Les dictionnaires et le bon usage veulent qu'on dise: Il est deux heures et UN quart; il est midi et UN quart. Ou bien, en retranchant la conjonction et: Il est deux heures UN quart; il est midi UN quart, etc. Dites de même: Cet objet pèse trois livres et UN quart; ou: Cet objet pèse trois livres UN quart.
QUART, s. m. Nous disons d'un objet qui n'a aucune valeur: Il ne vaut pas six quarts; il ne vaut pas deux quarts. Le quart était une de nos monnaies valant un centime environ. Il y avait des pièces de six quarts, des pièces de trois quarts, et des pièces de deux quarts.
QUART, s. m. Mesure de capacité pour les grains, laquelle équivaut à un quart de coupe, soit deux décalitres ou à peu près. Un quart de blé; un quart d'avoine.
QUARTE ou CARTE, s. f. Mesure de capacité pour les grains, laquelle équivaut à un seizième de la coupe. Voyez ce mot. A la page quatre-vingtième du tome Ier, il est dit, par erreur, un sixième (de la coupe) au lieu de: «Un seizième.» Voyez CARTE.
QUARTERON, s. m. Mesure de capacité pour les liquides, laquelle équivaut à un vingt-quatrième du setier, soit deux pots, soit deux litres et un quart.
QUARTERON, s. m. Un quarteron de paille équivaut à huit quintaux de paille, soit vingt-cinq grosses gerbes, chacune d'environ sept pieds de tour.
QUE, dans les phrases suivantes, est une particule d'impatience et de dépit. Sonne que te sonne! Crie que te crie! Pleure que te pleure! Phrases elliptiques et originales, qui équivalent à: Peste de celui qui ne fait que sonner! La peste soit du bambin qui crie! La peste soit de l'enfant qui pleure!
† QUE, sorte de conjonction. Si ce n'est, excepté. Tous ont menti que mon garçon. Tous ont payé que toi. On peut tout racheter que la mort, est un proverbe de nos campagnards.
† QUE. Dont. Dis-voir, Tronchet, comment appelles-tu cette femme d'ici vis-à-vis que son mari est tailleur? (dont le mari est tailleur). Connais-tu Prosper?—Quel Prosper?—Eh! pardine, Prosper Flammel, que sa femme est tant méchante (dont la femme est si méchante). Quel chemin faut-il prendre pour accourcir?—C'est tout simple: le chemin qu'on va au vieux pont (par lequel on va au vieux pont). Expression savoisienne, etc.
QUEBER, v. a. Terme d'écolier. Voyez CHEBER.
QUEL. Quelque. J'irai te voir après-demain quel temps qu'il fasse. Dites: Quelque temps qu'il fasse. À quel moment que tu viennes (à quelque moment que tu viennes), tu me trouveras. Viens à quelle heure que ce soit (à quelque heure que ce soit.) Faute répandue même parmi des personnes qui se piquent de bien parler.
QUEL, QUELLE. À quelle heure dînerons-nous, Antoine?—À quelle heure tu voudras. Dites: À l'heure que tu voudras. À quelle place nous asseyerons-nous?—À quelle place tu voudras. Dites: À la place que tu voudras.
QUELQUES, s. m. plur. Nous étions à ce concert quarante et quelques. Le nombre des morts, dans cet horrible incendie, s'éleva à soixante et quelques. Cette expression, très-usitée chez nous, et qui n'a rien de choquant, ne se trouve pas dans les dictionnaires.
† QUE NON PAS. Il nous vaut mieux suivre la grand'route que non pas nous perdre. Dites: «Que de nous perdre.» C'est plus sage à nous de patienter que non pas recourir à un procès. Dites: «Que de recourir à un procès.»
QUET, adj. masc. Terme d'écolier. Ruiné, qui a tout perdu au jeu. Je ne joue plus, je suis quet.
QUEUE, s. f. Nous disons figurément: Il n'y a pas la queue d'un chat, pour signifier: Il n'y a personne. Le temps fut si mauvais, si désastreux, qu'il n'y eut pas la queue d'un chat à la soirée du casino. Les dictionnaires disent: «Il n'y eut pas un chat.»
QUEUE CUITE. Dans notre langage populaire: Avoir la queue cuite, signifie: Être penaud, être tout honteux, tout mortifié. Il s'en retourna la queue cuite.
QUI, pron. rel. Que. Faites ce qui bon vous semblera. Dites: Faites ce QUE bon vous semblera.
† QUIBLE, s. m. Passer au quible. Dites: Crible.
† QUIBLER, v. a. Cribler.
† QUIBLURE, s. f. Criblure.
† QUINAR, s. m. Quinar en bois. Dites: Quina. Quina en bois.
QUINARRODON, s. m. Cynorrhodon, fruit de l'églantier.
QUINCONCHE, s. m. Planter des arbres en quinconche. Terme vieux français. On dit actuellement: «Quinconce.»
QUINE, s. fém. Dites: Un quine, combinaison de cinq numéros pris ensemble à la loterie.
QUINER, v. a. Terme d'écolier. Tout gagner, mettre à sec son adversaire.
, s. f. Femme malingre, souffrante et qui se plaint toujours.
QUINQUERNAGE, s. m. Rabâchage, répétition fatigante. Veux-tu donc continuer toute la semaine avec ces quinquernages?
QUINQUERNE, s. f. Vielle, instrument de musique. Les sons monotones d'une quinquerne. Au sens figuré, quinquerne, adjectif et substantif, se dit d'une personne ennuyeuse et qui ne fait que rabâcher. La sotte quinquerne que votre dame Du Terrail! Tu es bien quinquerne aujourd'hui, ma petite Rosalie. Terme vaudois et savoisien. En Valais, quinquerne se dit d'une femme vaine et coquette. Dans le dialecte rouchi, quinch'terneux se dit d'un ménétrier qui fait danser dans les guinguettes. En vieux français, quiterne, guiterne et guinterne signifiaient: Guitare.
QUINQUERNER, v. a. et neutre. Rabâcher, fatiguer par d'insipides redites, gronder, sermonner. Qu'as-tu tant à nous quinquerner? Elle quinquerne son mari toute la sainte journée.
QUINQUERNEUR, s. m. Rabâcheur, celui qui fatigue en répétant ou en demandant toujours la même chose.
QUINQUET, adj. masc. Se dit d'un homme faible de corps et malingre. Il est tout quinquet. Voyez QUINQUE.
QUINQUET, s. m. (fig.) Œil. Prends donc garde, Félix, tu vas me crever le quinquet. Terme badin.
QUINSON, s. m. Pinson. Un nid de quinsons. Élever des quinsons. Terme vaudois, savoisien et méridional. En Franche-Comté on dit: Quinzon, et dans notre patois, quichon.
QUINZE, adj. num. Nous disons de deux faits, de deux événements, tout à fait semblables: Cela revient tout à quinze. On dirait en français: C'est tout un; c'est blanc bonnet, bonnet blanc; c'est absolument la même chose. Partir aujourd'hui, partir demain, cela revient tout à quinze.
QUIQUAGEON, s. m. Maisonnette, habitation chétive, réduit. Terme dérisoire et badin.
QUIQUE, s. f. (Prononcez kike.) Jeu d'enfant, lequel se joue de la manière suivante. On place, derrière un morceau de tuile ou de pierre, de la monnaie, des boutons ou des clous. On prend un palet qu'on tire contre un but pour savoir qui jouera le premier. Celui dont le palet est le plus près du but fait une raie et lance de là son palet contre le morceau de tuile ou de pierre, afin d'amener l'enjeu le plus près possible de son palet. Chaque joueur en fait autant à tour de rôle. Une fois que le petit (ou cochonnet) est renversé, chaque mise ou partie de mise échoit au palet qui s'en approche le plus. Si par hasard le palet d'un joueur s'arrête sur ou contre le petit, et le touche, on dit qu'il vougne; c'est un mauvais coup pour tous les joueurs, lesquels ne peuvent rien gagner tant qu'il n'a pas été dévougné, c'est-à-dire, tant que le petit n'a pas été remué par un palet rejoué de nouveau. [P. G.]
QUIQUERIKI, s. m. Chant du coq, ou plutôt, sons par lesquels nous imitons ce chant. Terme savoisien. En certaines provinces de France on dit: Coquerico; dans d'autres, coquélicot; ailleurs, cacalaka et quiquelikika. Il en est du chant du coq comme des cloches, auxquelles on fait dire tout ce qu'on veut.
QUITTE, adj. Nous disons: Jouer à quitte ou double. Les dictionnaires disent: Jouer à quitte ou À double.
QUITTE AVEC. Me voilà enfin quitte avec toi. On n'est jamais quitte avec son pays. Dites: Me voilà quitte ENVERS toi: on n'est jamais quitte ENVERS son pays.
QUOIQUE ÇA, loc. adv. Malgré cela, néanmoins, pourtant. Elle le trompe ouvertement, et quoique ça il l'aime toujours. Français populaire.
R
R. Cette lettre joue un grand rôle dans le langage de nos campagnards: ils l'introduisent entre deux voyelles pour éviter les cacophonies. Ainsi, au lieu de dire: À un coin, à une heure, à un village, etc., le paysan dira: À r'un coin, à r'une heure, à r'un village; d'ici à r'un moment. La petite chambre est à r'Auguste. Quel est le prix de vos cerises, brave homme?—Oh là, Monsieur, j'en ai à r'un sou la livre et à deux sous. L'introduction de ce r euphonique est fréquente aussi dans le langage populaire de la ville.
RABATTRE, v. a. Rebattre, répéter jusqu'à satiété. Que viens-tu encore nous rabattre? N'as-tu pas assez rabattu tes ennuyeuses anecdotes et tes vieux contes?
RABISTOLER, v. a. Raccommoder. Voyez RAPISTOLER.
RABISTOQUER, v. a. Rapiécer, rapiéceter, raccommoder tant bien que mal. Rabistoquer des grolles; rabistoquer un broustou.
RABLET ou RABLIET, s. m. Râble, racloir à long manche.
RABOBINER, v. a. Raccommoder tant bien que mal, rajuster. Rabobiner une casaque. Terme vaudois et vieux français. S'emploie souvent au sens figuré. Un verre de vin a suffi pour le rabobiner et le remonter. Se rabobiner veut dire: Se rétablir, revenir en santé.
RABOTTE, s. f. Pomme enveloppée de pâte, et que l'on cuit au four. Terme connu à Reims, et sans doute ailleurs. En vieux français, rabote signifie: Boule. Nos rabottes ont, en effet, la forme d'une boule.
RABOTU, UE, adj. Raboteux. Chemin rabotu.
RABOUCLER, v. a. Boucler. Raboucler un soulier.
RABOUTONNER, v. a. Boutonner.
RACAUQUER, v. a. Attraper, recevoir dans la main une chose jetée en l'air. Jette-moi ta paume: je la racauquerai. Terme de la Suisse romane. A Rumilly (Savoie) on dit: Recauquer.
RACCORDER, v. a. Raccorder un piano, raccorder un violon, etc. Dites: Accorder.
RÂCHE, s. f. Teigne, gale plate et sèche, qui vient à la tête et dont on guérit difficilement. Mr Bescherelle, en enregistrant ce mot dans son dictionnaire, dit qu'il est inusité. Mr Bescherelle devait dire que ce terme appartient au vieux français, et qu'il est encore usité en Suisse, en Savoie, en Bourgogne, dans le Berry et dans quelques autres provinces de France.
RÂCHE, s. f. Cuscute ou barbe de moine, plante parasite. Terme vaudois, méridional, etc.
RACHE-PIED (DE), loc. adv. D'arrache-pied, sans interruption, sans discontinuité, sans relâche. Travailler de rache-pied. Terme français populaire.
RACINAGE, s. m. Terme collectif par lequel on désigne les raves, les carottes, les scorsonères, les navets, les betteraves, etc.
RÂCLE, s. m. Instrument propre à racler, racloir, râble. Le proverbe suivant: Le râcle se moque de l'écovet, se dit de deux personnes également ridicules et qui se moquent l'une de l'autre. Les dictionnaires français disent: «La pelle se moque du fourgon.»
RÂCLE ou RÂCLE-CHEMINÉE, s. m. Ramoneur. Terme jurassien, savoisien, méridional, etc.
RACLER, v. a. Racler des scorsonères, racler des radis, racler des navets, ne sont pas des expressions françaises; il faut dire: Râtisser.
RACLER, v. a. Racler un poisson. Dites: Écailler un poisson, c'est-à-dire: Lui enlever l'écaille avec un outil tranchant.
RACLER, v. a. Toucher légèrement, frotter contre. J'ai raclé la muraille en passant.
RÂCLER, v. n. Grasseyer, parler gras et d'une manière traînante.
RACLETTE (À LA), loc. adv. À la rigueur, tout juste. L'examen de mathématiques fut médiocre et l'étudiant ne fut admis qu'à la raclette. Dans le canton de Vaud, raclette, s. f. (en français, «Racloire,» s. f.), se dit de la planchette qui sert à racler le dessus d'une mesure de blé pour la rendre rase, au lieu d'être comble.
RACLON, s. m. Se dit de certains objets en mauvais état et usés. Ainsi, un raclon de fusil, un raclon de couteau, un raclon de canif, sont: Un mauvais fusil, un mauvais couteau, un mauvais canif.
RACÔQUER, v. a. Voyez RACAUQUER.
RACOQUILLER, v. a. Recoquiller, retrousser en forme de coquille.
RAFATAILLE, s. f. Vieilleries, objets usés ou de nulle valeur, restes d'un choix qu'on a fait. Un tas de rafatailles.
Terme suisse et méridional. S'emploie figurément comme synonyme de canaille, racaille, rebut.
RAFFE, s. f. Diarrhée, cours de ventre.
RAFFER, v. n. Avoir la diarrhée.
RAFFEUX, adj. masc. Nous appelons raisin raffeux, celui dont la gousse se détache lorsqu'on le mange. On appelle en Anjou, raffard, une sorte de mauvais raisin.
RAFFISTOLER, v. a. Raccommoder, rapiéceter, remettre en état. Raffistoler un manteau; raffistoler un chariot. Terme parisien populaire, etc. Dans le vieux français, affistoler signifie: Parer, orner, embellir, endimancher.
RAFLÉE, s. f. Rafle. Les voleurs firent une complète raflée; c'est-à-dire: Emportèrent tout sans rien laisser. Terme français populaire.
RAFOUILLER, v. a. Fouiller, farfouiller.
RAFOUR, s. m. Four à chaux. Établir un rafour; allumer le rafour. Terme vaudois, savoisien, dauphinois, bressan, franc-comtois et vieux français.
† RAFROIDIR, v. a. Refroidir. Le temps s'est rafroidi. Laissons rafroidir la soupe. Français populaire et vieux français.
RAGÂCHE ou RAGASSE, adj. Taquin, tenace, avare. En italien: Ragazzo.
RAGON, s. m. Salade romaine printanière. Les habitants de la ville appellent ragon la «Petite laitue verte.»
RAGOTANT, ANTE, adj. Ragoûtant, appétissant.
RAISIN, s. m. Nous disons: Cueillir un raisin, manger un raisin, offrir un raisin. Cette locution gasconne n'est autorisée par aucun grammairien, ni aucun dictionnaire. «Un raisin» ne se dit qu'en parlant de toute une espèce (le muscat est un bon raisin). Dans les exemples ci-dessus, il faut dire: Cueillir une grappe de raisin, ou: Cueillir du raisin; manger du raisin; offrir du raisin, ou des raisins, etc.
RAISINS DE MARS, s. m. pl. Groseilles rouges.
RAISINÉE, s. f. Un pot de raisinée. La raisinée est sujette à se moisir. Terme suisse et savoisien. Le mot français est: «Raisiné.» Du raisiné.
RAISON, s. f. Se faire une raison, signifie: Accueillir des idées raisonnables, adopter des mesures sages et prudentes. Tu as eu là une grande épreuve, mon cher Antoine; mais ne t'abandonne pas au découragement, et sache te faire une raison. Terme français populaire.
RAISONNER À. Répliquer à. Tu veux nous raisonner, bambin! Raisonner à ton père et à ta mère!... tu verras. Le verbe «Raisonner» a bien le sens de répliquer, mais il ne prend pas de régime. On peut dire à un enfant qui ergote: Ne raisonne pas; cesse de raisonner. Mais il n'est pas correct de lui dire: Ne me raisonne pas.
RAISONNER QUELQU'UN. Le faire raisonner, chercher à l'amener à une sage détermination. Il vaut souvent mieux raisonner un enfant que de le gronder. On disait en vieux français: Arraisonner quelqu'un. Se raisonner, v. pron., veut dire: Accueillir des idées raisonnables; soumettre son esprit à la raison. Tu ne sais pas te raisonner, Julie; tu te désoles pour un rien.
RAISONS, s. f. pl. Altercation, contestation, démêlés, difficultés, paroles vives. Avoir des raisons avec quelqu'un. Ils ont eu des raisons ensemble. Je me garderai bien d'avoir des raisons avec lui. Expression connue en France, mais qui n'a pas été, jusqu'à présent, admise dans les dictionnaires.
RAISSON, s. m. Sciure de bois. Une seille de raisson. Terme vaudois et savoisien. En Franche-Comté on dit: Rasson; dans l'évêché de Bâle, rasun: termes formés du vieux mot resse; en patois rasse, qui signifie: Une scie.
RAISSONNET, s. m. Sciure de bois. Au raissonnet! au bon raissonnet! est le cri des paysans qui viennent nous vendre de la sciure de bois.
RAJOUTER, v. a. Ajouter de nouveau. Cette salade n'a pas assez d'huile: rajoutez-en. Terme français populaire.
RAMASSÉE, s. f. Volée de coups, rossée. Une bonne ramassée le contraignit enfin à se taire. Terme vaudois. Dans le vieux français, donner la ramasse, signifiait: Donner le fouet. Dans le français populaire, ramasser veut dire: Maltraiter de coups.
RAMASSER UN MAL. Gagner un mal, gagner une maladie. La phthisie est, dit-on, une maladie qui se ramasse.
RAMELÉE, s. f. Ribambelle, grand nombre, quantité. Une ramelée de badauds. Terme vaudois.
RAMONÉE, s. f. Forte réprimande. Faisons les gattes, François: on en sera quitte tous deux pour une ramonée. Terme dauphinois, etc.
RAMONER, v. a. (fig.) Gronder, tancer. Dans le dialecte rouchi, ramoner signifie: Rosser.
RAMPON, s. m. Mâche, herbe potagère. Salade au rampon. Terme suisse-roman et savoisien.
RAMURE, s. f. Toiture, couverture d'un édifice.
RAMURES, s. f. pl. Terme de jardinier. Rames, menues branches d'arbres qui servent à soutenir les pois et les haricots. Mettre des ramures.
RANCHE, s. f. Rangée, ligne. Une longue ranche. Terme lyonnais.
RANCHÉE, s. f. Rangée, ligne, rang, suite de plusieurs choses mises sur une même ligne. Une ranchée de livres; une ranchée d'arbres, etc.
RANG ou RANG DE BOIS, s. m. Bûche ronde, rondin. Une douzaine de rangs. Des têtes de rang. A Genève on vend le fayard (le hêtre) soit au moule, soit par rangs.
RANGER, v. a. Tranquillisez-vous, nous rangerons bien votre affaire. Va te ranger, Émile, et nous sortirons; mais aie soin de bien ranger ta cravate et tes cheveux. On peut dire: Ranger une chambre, ranger une armoire, ranger des livres; mais dans les exemples ci-dessus, ranger est une expression incorrecte; il faut dire: «Arranger.»
RANGUILLE. Jeu d'écolier, qui consiste à placer une pierre, une boule ou une tuile sur un piquet ou sur une butte quelconque, et à tâcher de les abattre à coups de pierre.
RANGUILLER, v. a. Terme du jeu de quilles. Relever et replacer les quilles abattues. Terme vaudois.
RANGUILLEUR, s. m. Celui qui ranguille.
RANQUEMELER, v. n. Râler, être poussif, respirer avec bruit et peine. On dit aussi: Roncemeler.
RAPATIN, s. m. Sittelle, genre d'oiseaux grimpeurs.
RÂPELU ou RAPÉLU, s. m. Se dit d'un homme qui est vêtu d'habits vieux et râpés, et qui a l'air excessivement misérable.
RAPERCHER, v. a. Chercher avec une sorte de soin, trouver, déterrer, raccrocher. Rapercher des bouquins. Où as-tu donc raperché cette vieille hallebarde? Tu as perdu là, par ta faute, une excellente pratique: il faut essayer de la rapercher. Se rapercher, v. pron., signifie: Se rattraper, recouvrer ce qu'on avait perdu.
RAPETISSIR, v. a. Rapetisser.
RAPETOUILLER, v. a. Raccommoder.
RÂPI, s. m. Râpé de copeaux, c'est-à-dire: Certaine quantité de copeaux (belues) qu'on met dans un tonneau pour éclaircir le vin. Boire sur le râpi, signifie: Boire du vin éclairci par les copeaux. Au sens figuré, Être sur le râpi, veut dire: Être harrassé, être rendu, être sans force et sans courage, baisser, décliner.
RAPIAMUS. Terme latin qui signifie: Enlevons, prenons tout. Faire rapiamus, signifie: Enlever tout. Terme normand, etc.
RAPICOLER, v. a. Ravigoter, ranimer. Repicoler a le même sens.
RAPIDE, adj. Roide, escarpé, qui a beaucoup de pente. Chemin rapide; montée rapide; côte rapide.
RÂPIN, s. m. Avare, ladre, homme dur à la détente. Je te plains d'avoir pour maître de maison un pareil râpin. Terme vaudois. Dans le dialecte normand (arrondissement de Bayeux), un râpin est un homme qui enlève tout ce qu'il peut dans les champs. R. rapio.
RAPLATIR, v. a. Rendre plus plat, rendre plus uni, amincir. Terme français populaire.
RAPPELER (S'EN), v. pron. Dites: Se LE rappeler. T'en rappelles-tu, Toinette?—Non, Madame.—Eh bien, moi, je m'en rappelle: et voici la troisième fois que tu sors de nuit sans ma permission.
RAPPELER DE. Rappeler d'un jugement, rappeler d'un arrêt, rappeler d'une sentence, ne sont pas des expressions correctes. Il faut dire: Appeler d'un jugement; appeler d'un arrêt, appeler d'une sentence.
RAPPONDRE, v. a. Joindre, rejoindre deux choses séparées. Rappondre une ficelle. Fil rappondu. On rappond une sauce, en y ajoutant du bouillon ou de l'eau. Terme suisse-roman, savoisien et jurassien.
RAPPORT, s. m. Dans notre langage populaire, par rapport que, signifie: Parce que, par la raison que. Fanchette n'est pas allée te voir dans ta maladie, par rapport que toi le premier tu l'avais depuis longtemps négligée. Français populaire.
RAPPORT À. Par rapport à, ayant égard à, en considération de, à cause de. Rapport à nos deux cousins, j'ai voulu changer l'heure du goûter. Rapport à vous, je prêterai la somme en question. Français populaire.
RAPPORTAPET, s. m. Terme d'écolier. Rapporteur, celui qui rapporte, celui qui dénonce les étourderies de ses camarades. Défiez-vous de lui, ce n'est qu'un rapportapet. Dans le canton de Vaud: Un redipet.
RAPPROPRIER, v. a. Approprier, nettoyer. Rapproprier une chambre. Au réfléchi, se rapproprier, veut dire: Se faire propre, se reblanchir, faire sa toilette. Terme français populaire.
RAPSODAGE, s. m. Mauvais raccommodage, rhabillage. Vous deviez me raccommoder ce gilet, et je n'y vois qu'un rapsodage. Le verbe «rapsoder,» raccommoder grossièrement, se trouve dans quelques dictionnaires modernes.
RARIFIER, v. a. Raréfier.
RARRANGER, v. a. Arranger de nouveau, rajuster.
RARRIVER, v. n. Tu ne fais que jeter des pierres, Alexis; mais si cela te rarrive, gare! Vous avez fait les gattes, petits drôles: que cela vous rarrive et vous verrez. Je suis sorti hier sans ma bourse; cela ne me rarrivera pas. Ce terme fort commode n'est pas dans les dictionnaires.
RAS, adv. Couper les cheveux ras, tondre un chien ras, etc., ne sont pas des expressions françaises, quoique fort usitées en France, en Savoie et chez nous. Il faut dire: Raser les cheveux; raser un chien; raser une moustache, etc. Couper à ras, tondre à ras, couper à ras terre, couper à ras de terre, sont également des expressions vicieuses. Ne dites donc pas: Les hirondelles volaient à ras terre; ni: Elles volaient ras terre; ni: Elles volaient à ras la terre. Dites: Elles volaient en rasant la terre; ou: Elles volaient rez terre. «Rez,» en effet, est une préposition qui signifie: Tout auprès, tout contre, tout joignant, rien entre deux. Abattre une maison REZ terre; couper un arbre REZ terre, etc.
RASSIS, participe du verbe rasseoir, ne fait pas au féminin rassie, comme beaucoup de personnes le croient. Il ne faut pas dire: Cette femme est rassie, c'est-à-dire: Calme, posée, réfléchie; il faut dire: Cette femme est rassise. «La jeune Éveline, qui n'a pas encore dix-huit ans, est déjà une personne rassise, prudente et circonspecte.»
RASSUJETTI, IE, subst. Jeune homme ou jeune fille qui, ayant fini son apprentissage, travaille encore avec un maître ou une maîtresse pour se perfectionner.
RAT, s. m. Nous disons proverbialement: Être trempé comme un rat, pour signifier: Être tout trempé. L'Académie dit: «Être mouillé comme un canard.»
RATAPIOLE, s. f. Ribote du lendemain. Faire la ratapiole.
RATAQUO, s. f. Voyez RATE, no 5.
RATASSER, v. a. Signifie: 1o Fouiller, chercher; 2o Chicaner, taquiner, rabâcher, repasser.
RATE, s. f. Souris. Un nid de rates. Prendre des rates. Avoir un sommeil de rate. Le Complément du dictionnaire de l'Académie, en enregistrant ce mot, dit qu'il est peu usité. J'ose assurer qu'il est d'un usage journalier en Suisse, en Savoie, en Franche-Comté, dans les Vosges et dans tout le Midi. Nous disons figurément et facétieusement: Avoir les rates au ventre, pour signifier: Avoir grand'faim, avoir le ventre qui grouille de faim.
RATE, s. f. Rat, marque blanche, que les écoliers et les gamins font malicieusement sur les habits des passants, au moyen d'un morceau d'étoffe frotté de craie et taillé en forme de rat.
RATE, s. f. Dent de petit enfant, quenottes. Montre-nous tes petites rates, Fanny. Laisse-toi arracher cette rate qui branle, et nous la mettrons sous le chenet. Terme vaudois, franc-comtois, limousin, etc. En Languedoc et en Provence on dit: Ratète et ratounette.
RATE (FAIRE). Rater, faire faux feu. Son fusil avait fait rate deux fois de suite. Ce mot est une onomatopée.
RATE ou RATAQUO, s. f. Réflexion du soleil sur un miroir ou sur un corps quelconque réverbérant. Faire la rate aux passants. Ces petits polissons nous aveuglaient avec leur rate, avec leur rataquo. Les vitres de ta fenêtre me font la rate.
RÂTE, s. f. Un mal de râte. Souffrir de la râte. Prononciation vicieuse du mot «Rate,» dont l'a est bref.
RÂTEAU, s. m. Grille, fermeture, et principalement d'une porte de ville. Fermer le râteau; ouvrir le râteau; enfoncer le râteau.
RÂTELET DE MOUTON, s. m. Terme de boucherie. Carré de mouton, haut côté. Terme suisse et savoisien.
RÂTELIER, s. m. Terme d'économie domestique. Dressoir, espèce de buffet sans porte, à plusieurs rayons.
† RATENIR, v. a. Retenir. Ratiens-moi, David, je tombe! Tâche de te ratenir à ce poutre. Terme vaudois, etc.
RATER, v. n. Se dit des chats, et signifie: Prendre les rats, poursuivre les rats. Notre chat rate bien. Les chasseurs le disent aussi des chiens qui s'amusent à poursuivre les rats, au lieu de s'attacher au gibier.
RATIONNER, v. a. Faire la part, donner la ration, mettre à la ration. Ces garçons ont un si terrible appétit, qu'il faudra véritablement les rationner.
RATIN, s. m. Odeur des rats. Sentir le ratin.
RÂTISSOIR (UN). Instrument de fer pour râtisser les allées des jardins. Râtissoir usé, râtissoir démanché. Ce mot est féminin. Une râtissoire usée, une râtissoire démanchée.
RATOULIVE ou RATOLIVE, s. f. Chauve-souris. Ce mot ratoulive est une contraction des mots rate-volive, qui signifient: Rate volante, souris qui vole. A Rumilly (Savoie) et en Valais on dit: rate-volière; dans le patois vaudois, ratta volaire; à Lyon, rate-volage; dans le Jura, ratevolate; dans les Vosges, volant-rette.
RAUFE, s. f. Rotengle, poisson du genre de la tanche.
RAUFÉE, s. f. Algarade, grognerie, gronderie. Faire une raufée. Recevoir une raufée.
RAUFER, v. a. Gronder, grogner. Raufer ses domestiques; raufer ses enfants. Son mari ne cesse de la raufer. Terme suisse-roman. En allemand, raufen signifie: 1o Tirer par les cheveux; 2o Chamailler.
RAUFERIE, s. f. Gronderie, grognerie.
RAUFERIES, s. f. pl. Vieux chiffons, vieilles hardes, objets sales et inutiles.
RAUFIN, FINE, subst. Grognard, celui ou celle qui gronde par habitude ou par caractère.
RAVANTER, v. a. Aveindre, avanter de nouveau. Tâche de me ravanter mon cerf-volant.
RAVAUDAGE, s. m. Action de ravauder, de marchander.
RAVAUDER, v. n. Marchandailler, mésoffrir, offrir d'une marchandise beaucoup moins qu'elle ne vaut.
RAVAUDERIE, s. f. Bagatelle, brimborion. As-tu payé ton tailleur?—Je ne lui dois plus qu'une ravauderie. Ta mère a-t-elle acheté quelque chose à cette vente publique?—Oui, quelques ravauderies.
RAVAUDEUR, DEUSE, subst. Celui ou celle qui marchandaille, qui aime à marchander, et qui déprécie la marchandise. Allez, ma mie: je vois bien que vous n'êtes qu'une ravaudeuse, et que vous ne voulez rien m'acheter. Terme suisse et franc-comtois.
RAVE, s. f. (fig.) Objet de nulle valeur, chose de rien. Se dit des personnes et des choses. Deux francs à votre fils pour ses étrennes! La belle rave! Vous mariez votre Tiennette à Jean Des Verres? La belle rave de mari que vous lui donnez là! On dit de même: Le beau fusil de rave! La belle campagne de rave! etc.
RAVE. Employé adverbialement, ce mot est synonyme de: Néant, rien du tout, non, point du tout. Tu ne veux pas ces pommes pour ton goûter?... Eh bien, rave, c'est-à-dire: Eh bien, tu t'en passeras, tu n'auras rien autre. Terme vaudois. On dit quelquefois dans le même sens: Une rave. Père, mère, prête-moi les tenailles.—Une rave, c'est-à-dire: Tu ne les auras pas.
RAVE, s. f. Nous disons proverbialement: Remettre à quelqu'un ses raves dans le sac, pour: Lui rétorquer ses arguments, lui prouver son erreur ou son ignorance, le réduire à se taire.
RAVÉ, ÉE, adj. Terme des campagnards. Cassant, qui se casse facilement. Une branche ravée, est une branche pourrie, et que le moindre effort, le moindre ébranlement pourrait casser.
RAVOIR (S'EN). Revenir de sa surprise, se remettre d'un grand étonnement. Vous me racontez là une chose si curieuse et si extraordinaire, que je ne puis m'en ravoir. En français, «se ravoir» signifie: Se calmer, reprendre ses forces.
RAVONNET, s. m. Radis, sorte de petite rave. Une liasse de ravonnets. Terme suisse-roman.
RAYER, v. a. Rayer un écolier, signifie: Lui rayer son papier, le lui régler. Viens ici, Fanny, je te rayerai, afin que tu écrives droit. Notre petit Eugène écrit déjà sans se rayer. Dites: Sans régler son papier.
REBÂCHER, v. a. Rabâcher, répéter souvent et inutilement la même chose.
REBÂCHEUR, CHEUSE. Rabâcheur, rabâcheuse.
REBARBARATIF, IVE, adj. Rébarbatif, rude, rebutant, repoussant. Visage rebarbaratif, figure rebarbarative. Terme français populaire.
REBATTE, s. f. Meule d'un pressoir à huile ou à fruit. Terme savoisien. En patois, rebatta signifie: Rouler, et rebat, rouleau.
REBATTE, s. f. Ressac, action des vagues battant contre un mur ou un rocher, et retournant violemment vers le large. Dans le vieux français, rebattre avait le sens de: Répercuter, réverbérer, et rebattement signifiait: Répercussion.
REBÉQUER ou REBECQUER, v. n. Se dit des aliments et signifie: Être antipathique, dégoûter, soulever le cœur. Les choux me rebecquent. Le fromage rebecque à beaucoup de personnes.
REBIOLON, s. m. Seconde pousse des choux, seconde pousse de la vigne. Terme suisse-roman.
REBLOCHON, REBLOSSON ou REBLAICHON, s. m. Sorte de fromage de Savoie.
REBOUILLER ou RABOUILLER, v. a. Remuer, ravauder, farfouiller. Rebouiller un tiroir, rebouiller un pupitre. Il a l'estomac rebouillé. Terme vaudois, fribourgeois, berrichon, etc. Nos campagnards appellent rabouillé-beuze, le bouzier, sorte d'insecte volant qui vit de préférence dans la bouze (en patois, la beuze).
REBOURRÉE, s. f. Accueil dur, rebuffade. Faire une rebourrée. Recevoir une rebourrée.
REBOURRER, v. a. Rebourrer quelqu'un, c'est: L'accueillir avec des paroles dures, le maltraiter en paroles, le rembarrer.
RECAFFÉE ou REKIAFFÉE, s. f. Gros éclat de rire, éclat de rire très-bruyant, forcé et commun. Faire des recaffées. De ce groupe de bonnes d'enfants et de domestiques sortaient, par intervalles, d'énormes recaffées. Riez, si cela vous plaît, mesdemoiselles, mais ne faites pas des recaffées.
RECAFFER, v. n. Faire de gros éclats de rire.
RECAPER (SE), v. pron. Terme des campagnards. Se dit des femmes et signifie: Se recoiffer, se requinquer. L'opposé de ce verbe est (en patois), se décapà. R. cape, manteau, etc.
RECHANGE (À), loc. adv. À tour de rôle, tour à tour. Va à pied, je monterai sur le mulet, et nous ferons à rechange.
RECHANGER (SE), v. récipr. Se relayer, se relever l'un l'autre. Pour monter jusqu'à la cime du Jura, Mme N** prit quatre porteurs qui se rechangeaient. Terme franc-comtois, etc.
RECHAT, s. m. Terme des campagnards. Repas donné aux ouvriers à la fin d'un travail fait en commun. Dans le canton de Vaud on dit: Ressat. Faire le ressat.
RECHIGNÉE, s. f. Rechignement, action de rechigner. Faire une rechignée. Voyez RECHIEN.
RECHINCHÉE, s. f. Prise de tabac.
RECHUTER, v. n. Avoir une rechute, faire une rechute, retomber, être attaqué de nouveau d'une maladie dont on paraissait guéri. Tu le croyais au-dessus, mais il a rechuté. S'il rechute encore, c'est fait de lui. Terme suisse-roman et méridional.
RECORDAIN, s. m. Terme des campagnards. Deuxième regain. En latin, cordum ou fenum cordum veut dire: Regain.
RECOU, s. m. Terme patois. Regain, deuxième coupe du foin.
RECOUVERT, ERTE, partic. Recouvré, récupéré. La maison de commerce N** a recouvert, en trois ans, les sommes qu'elle avait perdues. Dites: Elle a recouvré. Dites aussi: Un tel a recouvré son crédit. Mme Z** pourra recouvrer une partie de l'héritage.
RECRÉER, v. a. Réjouir, divertir. Cette promenade vous a-t-elle un peu recréé? Écrivez et prononcez avec trois accents: «Récréé.» Le verbe «Recréer» (re sans accent) est français, mais avec une autre signification.
RÉCRÉPIR UN MUR. Dites: Crépir un mur. Voltaire, en se servant du mot récrépir, dans le passage suivant, le souligne. «M. le curé, vous savez que j'ai récrépi à mes dépens l'église du Tilloi.» [Lettre à M. de l'Écluse, dans les Facéties.] «Recrépir» est français, dans le sens de: «Crépir de nouveau.»
RÉCRÉPISSAGE, s. m. Crépissure, crépi. Dans notre pays les récrépissages faits avant le milieu de mai ne sont pas solides.
† RECTAL, adv. Recta, ponctuellement, avec régularité. Valentin est un homme qui paie rectal.
† RECTALEMENT, adv. Recta, ponctuellement.
RECUITE, s. f. Masse de lait caillé qu'on tire du petit-lait bouilli.
RÉCURAGE, s. m. Second écurage.
REDASSE, s. f. Draine, espèce de grive plus grosse deux fois que l'ordinaire, et la moins délicate de toutes. Au figuré redasse se dit injurieusement d'une femme maigre et sèche. Cette redasse, cette vieille redasse n'a-t-elle pas encore des prétentions! Terme vaudois. En provençal, radasso signifie: 1o Une rossinante; 2o Une vieille et mauvaise bête de somme.
REDIT, s. m. Ne s'emploie guère que dans cette expression: Les dits et les redits, c'est-à-dire: Les cancans. Avec ces dits et ces redits, on ne manquera pas de brouiller toute la famille. Terme bordelais, etc.
REDONDER, v. n. Ressauter, rebondir. Regarde cette paume, Albin, comme elle redonde! Le verbe redonder se trouve dans les dictionnaires, mais avec une signification différente.
REDOUX, s. m. Dégel, retour d'une température plus douce après quelques jours de gelée. Le baromètre descend, nous allons avoir du redoux, c'est-à-dire: Il va dégeler. Terme vaudois et savoisien.
RÉDUIRE, v. a. Serrer, resserrer, enfermer en lieu convenable, ôter de devant les yeux. Réduire la vaisselle; réduire le relavage; réduire des vêtements; réduire des outils. Le mauvais temps peut arriver quand il voudra, ma récolte est toute réduite. Nous étions tous réduits avant minuit, c'est-à-dire: Avant minuit nous étions tous rentrés dans nos maisons. Terme consacré en Suisse et en Savoie. R. reducere, remettre en place, replacer. En Languedoc, au lieu de réduire, on dit: Conduire. Conduisez ce pain. Conduisez cette bouteille et ces verres.
REFAIRE, v. a. Nous disons figurément et proverbialement d'une chose qu'on nous présente comme avantageuse, mais qui en effet ne l'est pas: Cela ne me refait pas la taille. On dit en français: Cela ne me rend pas la jambe mieux faite. [Acad.]
REFAIT, FAITE, part. Nous disons ironiquement, à l'occasion d'un mécompte, d'un contre-temps, d'un désagrément qui nous arrive: Me voilà bien refait! c'est-à-dire: Me voilà bien avancé! Me voilà mis dans de beaux draps! Te voilà bien refait, Théodore, de chicaner ton petit frère: il t'a égratigné et tu saignes. Terme languedocien, etc.
REFALLOIR, v. imp. Falloir de nouveau. Tu as acheté trop peu d'étoffe; il t'en refaut une demi-aune. Notre provision de fascines touche à sa fin: il en refaudra un demi-cent.
REFENTE, s. f. Un mur de refente. Terme français populaire. Dites: Un mur de refend.
REFIER (SE), v. pron. Se fier, compter sur. Il se refie trop sur sa mémoire. Ne vous refiez pas sur cet homme.
RÉFLÉCHIR, v. actif. Ce verbe est neutre. Ne dites donc pas: J'ai réfléchi une chose. Dites: J'ai réfléchi À une chose; j'ai réfléchi À un moyen de tout arranger, etc.
REFONFONNER ou REFONFOUNER, v. n. Reprendre dans la cafetière, dans le pot, dans la marmite, etc. Gouillarde que tu es! Après avoir bu tes deux écuelles, tu refonfounes encore. On donne aussi à ce verbe le sens de: Mettre de l'eau sur le marc de café, dans une bouteille de vin, etc.
REFRÂCHAIS, s. m. Terme d'agriculture. Refroissis, récolte faite sur des jachères. Terre que l'on fait porter une troisième année.
RÉFROIDIR, v. a. La prononciation de réfroidir, avec accent sur l'é, est habituelle chez nous. Il faut écrire et prononcer: «Refroidir.»
REFROUGNÉ, ÉE, adj. Mine refrougnée; visage refrougné. Le mot français est: Refrogné. Visage refrogné.
REGAILLARDIR, v. a. Ragaillardir, remettra en bonne humeur, remettre en gaîté. Cette bonne nouvelle les avait tous regaillardis. Français populaire et vieux français.
RÉGALE, s. fém. Régal, régalade, festin, gala. Faire une régale; faire une superbe régale. Ce terme appartient à l'ancienne langue française; mais il était alors du genre masculin (un régale). Voyez la 1re édition du dictionnaire de l'Académie [1698].
REGAUFFRÉE, s. f. Gronderie, paroles de dépit, rebuffade. Faire une regauffrée à quelqu'un; recevoir une regauffrée. Dans le canton de Vaud, on dit: Regauffée.
RÉGLET, s. m. Terme de calligraphie. Transparent. Écrire avec un réglet. Se passer de réglet. Terme méridional.
RÉGITRE, s. m. Écrivez sans accent sur l'e, «Regître» ou «Registre.»
RÉGLEUSE, s. f. Terme de la fabrique d'horlogerie. Ouvrière dont la profession est de régler les montres. À Genève, une habile régleuse peut gagner jusqu'à huit francs par jour.
REGLISSE, s. f. Écrivez et prononcez: «Réglisse.» De la réglisse. La réglisse est adoucissante.
REGORGE (À), loc. adv. Excessivement, à satiété, jusqu'au rassasiement. Manger à regorge. Avoir des écus à regorge.
REGRETTER, v. a. Dans notre langage: Regretter une chose à quelqu'un, signifie: La lui envier, être fâché, être triste de voir qu'il en est le possesseur. Chacun lui regrette cette aubaine. Ne regrettez pas cette jeune et jolie femme à ce vieux barbon, c'est une pouine, une diablesse. Expression méridionale.
REGROLLAGE, s. m. Raccommodage de vieux souliers.
REGROLLER, v. a. Raccommoder grossièrement de vieux souliers. Grolle, dans notre langage, signifie: «Savate.»
† REGUINGOTTE, s. f. Redingote. J'acheta cette reguingotte à l'encan. Terme dauphinois, rouchi, etc.
† RÉGULIARITÉ, s. f. Régularité. Le mot réguliarité appartient au vieux français, et on l'emploie encore dans diverses provinces du nord de la France.
REINE, s. f. Nous appelons la reine du bal celle des danseuses dont la beauté ou la grâce y est le plus remarquée. En France, la reine du bal, c'est la personne pour qui se donne le bal.
REJICLÉE, s. f. Éclaboussure, rejaillissement. En Dauphiné et en Languedoc, on dit: Un rejiscle.
REJICLER, v. a. et n. Éclabousser, faire rejaillir. L'eau lui rejicla dessus. Fais donc attention, Gaspard: ne vois-tu pas que tu me rejicles? Terme suisse-roman, savoisien et méridional.
RELÂCHER LE VENTRE. Lâcher le ventre.
RELATIONNÉ, ÉE, adj. Se dit de celui ou de celle qui a des relations. L'établissement que vient de fonder Mr Z** ne peut manquer de réussir, car c'est un jeune homme actif, intelligent et bien relationné.
RELAVAGE, s. m. Lavage de la vaisselle après le repas.
RELAVER, v. a. Laver la vaisselle après le repas. Terme vaudois, neuchâtelois, lorrain, wallon, etc.
RELAVURES, s. f. pl. Lavure, eau grasse qui provient du lavage de la vaisselle.
RELEVER, v. a. Terme de lingère. Reprendre. Relever une maille à un bas. Expression dauphinoise, etc.
RELEVER, v. a. Saisir, prendre en contravention. Le garde champêtre de la commune a relevé un chasseur qui foulait du blé noir. À la campagne les enfants se font souvent relever par les gardes. [P. G.]
RELEVER (S'EN), v. pron. En relever, se rétablir, en parlant d'un malade. On ne croit pas que notre cousine s'en relève. Dites: On ne croit pas que notre cousine EN relève.
RELIQUAT, s. m. On prononce relika.
RELOIN, adv. Ne s'emploie que dans cette expression très-familière: Il est loin et reloin, c'est-à-dire: Il est parti, il est depuis longtemps parti.
RELUCHER, v. a. Reluquer, lorgner attentivement et du coin de l'œil. Relucher de belles pêches, relucher de beaux raisins. Dans notre langage, relucher une demoiselle, c'est: La regarder avec un tendre intérêt, et chercher à attirer son attention.
REMAGNONS, s. m. pl. Reste d'aliment, vieux reste de fricot. Terme vaudois. Dans notre patois, remagni veut dire: Rester. R. lat. remanêre.
REMAIGRIR, v. n. Ton beau-père avait repris un peu d'embonpoint, mais le voilà qui remaigrit. Dites: «Ramaigrit.» L'infinitif est: «Ramaigrir.»
REMARQUER À QUELQU'UN. Dites: Faire remarquer à quelqu'un, lui faire observer. Je vous remarquerai que, est un barbarisme.
REMBOURS, s. m. Remboursement. Terme suisse, parisien populaire et vieux français.
REMERCIER POUR. Remercier de. Remerciez votre oncle pour toute la peine qu'il s'est donnée.
REMÉMORIER (SE), v. pron. Se remémorer. Tâche de te remémorier une partie de ce beau discours. Français populaire.
REMOLLION, s. m. (ll mouillés.) Terme de lessiveuse, se dit essentiellement du linge de couleur et des vêtements de laine qui ne se coulent pas au lissu. Madame a-t-elle préparé les remollions? Y a-t-il beaucoup de remollions? Le remollion n'est pas encore compté. R. remouiller.
REMOLLION, s. m. (ll mouillés.) Réveillon, lendemain de noces; petit repas que l'on fait après un autre plus grand.
REMONTANT (UN). Un stimulant, une chose qui ranime et fortifie soit le corps, soit l'esprit. Pour beaucoup d'estomacs, un verre de bon vin est un remontant. L'arrivée de son père tirera notre jeune écolier de son apathie, et lui donnera un peu de remontant.
REMONTER, v. a. Ravigoter, raviver, redonner des forces, remettre en meilleur état. Un petit verre de curaçao les a tous réjouis et remontés. Ce petit legs a remonté cette pauvre famille. Cinq cents francs remonteraient bien votre fermier. Terme méridional, etc. Les dictionnaires disent: «Remonter le courage, remonter l'imagination,» et rien de plus. A Genève, ce verbe remonter a des significations plus étendues.
REMOUCHÉE, s. f. Remontrance sévère, algarade. Faire une remouchée. En provençal: Remouchinado.
REMOUCHER, v. a. (fig.) Gourmander, rabattre le caquet, réprimander sévèrement, rembarrer. Il voulait élever la voix, mais son bourgeois l'a remouché. Terme neuchâtelois, etc. En lorrain, moucher quelqu'un signifie: Le battre, l'étriller; et dans le patois du bas Limousin, moutsa, s. m., veut dire: Un soufflet, une mornifle.
REMUER, v. n. Déménager, changer d'appartement. Quand remuez-vous, voisin?—Je remue après Pâques. Terme suisse-roman, savoisien et lyonnais. Dans le Limousin, à Bordeaux et en d'autres endroits du midi de la France, on dit: Se remuer. C'est demain qu'il se remue (c'est demain qu'il déménage). En vieux français, remuer, v. n., signifiait: Changer.
REMUEUR, s. m. Déménageur. Les remueurs sont payés quatre à cinq francs par jour. Tous les Genevois connaissent le joli conte des Remueurs, de Gaudy.
RENAILLER, v. n. Renarder, vomir après une orgie.
RENARDS, s. m. pl. (fig.) Vomissements d'un homme ivre. Faire les renards, vomir après une orgie. Dans le français populaire, on dit en ce même sens: Écorcher le renard.
RENASQUER, v. n. Regimber, refuser, récalcitrer, renâcler, faire quelque chose en rechignant. Tu as beau renasquer, mon pauvre Alfred, il faudra bien que tu en passes par là. Terme vieux français, admis dans la 1re édition du dictionnaire de l'Académie [1694], mais rejetée depuis.
† RENCONTRE (UN). Tu n'as payé ce bois de lit que trois francs; c'est un bon rencontre. Dis-voir, Guillaume, tu me viendras ce tantôt au rencontre. Ce mot, qui est aujourd'hui du genre féminin, était autrefois des deux genres.
RENCONTRER (SE), v. pron. Être, se trouver, se rendre dans quelque endroit. M'étant rencontré là par hasard, je prêtai main-forte au gendarme. Tâche de te rencontrer sur la Treille à midi précis. Il se rencontra tout à point un honnête paysan qui nous hébergea. Expression vaudoise et méridionale.
RENDEMENT, s. m. Rendement de compte. Reddition de compte. [P. G.]
RENETTE, s. f. Écrivez et prononcez: Rainette ou Reinette. Pomme rainette ou pomme reinette. En vieux français, raine signifie: «Grenouille.» Or les pommes rainettes sont tachetées comme les grenouilles.
RENEVIER, IÈRE, adj. Terme des campagnards. Économe, ménager, qui tient en réserve. Comment donc! à Pâques il vous offrait encore des raisins!—Oui, sans doute, parce qu'il est renevier, lui, et qu'il conserve quand les autres prodiguent. Dans le patois vaudois, Renevei veut dire: Prêteur sur gages, usurier, accapareur. Chez nous ce terme ne se prend qu'en bonne part, mais il est peu répandu. Dans le patois dauphinois, renevie signifie: Regrattier, revendeur.
† RENFORCIR, v. a. Enforcir, renforcer, donner des forces. Les bains d'Arve ont renforci notre garçon. Terme parisien populaire et vieux français.
RENFROGNÉ, ÉE, adj. Visage renfrogné. Dites: Refrogné.
RENITENT, ENTE, adj. et subst. Mutin, récalcitrant. Faire le renitent. Punir les renitents. Gare aux renitents! Expression remarquable, fort usitée à Genève, mais inconnue en France, quoique recueillie par Boiste, etc. Dans le dialecte des environs de Valenciennes, renicter signifie: Trouver des difficultés où il n'y en a pas. R. lat. reniti.
RENONCE, s. f. Rassasiement, dégoût. Boire à renonce. On menait une vie de chanoine; on avait du vin à renonce, c'est-à-dire: On en avait à gogo et jusqu'à n'en plus vouloir.
RENONCER, v. a. Se dégoûter de, prendre en dégoût. Notre André est un brave garçon qui ne renonce jamais le travail. Expression des campagnards.
RENOTER, v. n. Redire sans cesse, répéter fastidieusement, rabâcher. C'est la dixième fois que tu me renotes la même chose. Ces deux écoliers me renotent toujours que l'étude du grec les ennuie.
RENOUVELER, v. n. Se renouveler, en parlant de la lune. La lune renouvelle demain.
RENRHUMER, v. a. Enrhumer de nouveau. J'ai quitté mon gilet de flanelle, et me voilà renrhumé.
RENTER, v. a. Renter des bas. Dites: Remonter des bas.
† RENTOURNER (SE), v. pron. S'en retourner. Ne pleure plus, mon vâlet, et rentourne-t'en chez vous.—Ma mama ne veut pas que je m'en rentourne seul. Barbarisme vaudois, lyonnais, etc.
RENTRER, v. a. Rentrer une couture. Terme français populaire. Dites: Rentraire une couture.
† RENVENIR (S'EN), v. pron. S'en revenir. Lequel de vous veut s'en renvenir avec moi? Renviens-t'en, Michel. Barbarisme lyonnais, etc.
RENVERSER, v. n. Verser, parlant d'une voiture. Nous heurtâmes contre le boute-roue, et le chariot renversa. Terme français populaire.
REPAILLER, v. n. Rempailler, garnir d'une nouvelle paille. Voilà des chaises mal repaillées.
REPAILLEUSE, s. f. Rempailleuse.
REPAS DU LOUP, s. m. Terme des campagnards. Repas donné le troisième jour de la noce aux personnes avec lesquelles on est moins en relation.
REPATRIER, v. a. Rapatrier, réconcilier des personnes brouillées. Terme méridional, etc.
REPÊCHER (SE), v. pron. Se rattraper, retrouver son gain, prendre sa revanche.
† REPENTU, UE, part. Elle s'est bien vite repentue d'avoir menti. Barbarisme qui appartient au français populaire. On doit dire: Repenti, repentie.
REPETASSER, v. a. Rapetasser, raccommoder grossièrement de vieilles hardes. Terme méridional.
REPICOLER ou RAPICOLER, v. a. Ravigoter, ranimer, rendre les forces, remettre en vigueur, refaire. Notre pauvre petite Linotte était crevotante, un peu de vin l'a repicolée. Depuis que j'ai pris ce bouillon bien chaud et bien succulent, je me sens repicolé. Terme suisse et savoisien. Dans le patois du Jura, et dans le dialecte provençal, revicouler et reviscoula ont le même sens.
REPIPER, v. a. Répliquer, répondre. Quand je lui ai dit son fait, il n'a rien repipé, il n'a pas repipé mot.
REPIT, s. m. Avoir du repit; donner du repit. Écrivez et prononcez «Répit,» avec un accent sur l'é.
REPLAT, s. m. Plateau, terrain plat sur une élévation. Nous ferons une halte au premier replat. Terme suisse. Dans le dialecte du Berry, replat signifie: Terrain déprimé.
REPLIQUER, v. a. Garde-toi de repliquer. Si tu repliques, je te punis. Prononciation habituelle chez nous. Ce mot s'écrit avec un accent sur l'é: «Répliquer.» Ne réplique pas.
REPLUMER (SE), v. pron. Se remplumer. S'emploie surtout figurément et signifie: 1o Revenir en santé; 2o Rétablir ses affaires, regagner de l'argent.
REPOCHONNER, v. n. Reprendre avec la cuiller à pot. Repochonner la soupe. [G. G.]
REPRIN, s. m. Recoupe, son de première qualité. Terme suisse, savoisien et méridional.
REPRISE, s. f. Terme d'horticulture. Joubarbe des jardins.
REPROCHER, v. n. Donner des rapports, occasionner de ces vapeurs acides et désagréables qui s'élèvent de l'estomac dans la bouche. Les choux et les radis lui reprochent. Terme français populaire.
REQUÊT, s. m. Terme des campagnards. Se dit d'un repas ou gala donné à des femmes par une nouvelle mariée le lendemain de ses noces.
REQUINQUILLER, v. a. Ranimer, ragaillardir. Allons, allons, une goutte de rikiki, ça requinquille. Employé comme verbe pronominal, se requinquiller signifie: Se requinquer, se parer, faire sa toilette. Qu'y a-t-il de nouveau, Magdelon, que tu es si requinquillée et si belle? Terme vaudois et méridional.
RESILLER, v. n. (ll mouillés.) Se dit du vin et signifie: Tourner, devenir aigre.
RÉSILLER, v. a. (ll mouillés.) Orthographe vicieuse du mot résilier. Résiller un bail, résiller une vente. Cette mauvaise orthographe conduit à des fautes plus graves: Nous disons au présent de l'indicatif: Je résille, au lieu de dire: Je résilie. Nous disons au futur: Je résillerai, au lieu de dire: Je résilierai. Nous disons au subjonctif: Que je résille; permettez que je résille ma location, au lieu de dire: Que je résilie. Permettez que je résilie ma location.
† RÉSIPÈLE, s. f. Érésipèle.
RESSAUTER, v. n. Signifie: 1o Tressaillir; 2o Rebondir; 3o Rejaillir. Ressauter de peur. Je dormais profondément lorsqu'un cri d'à l'eau! me fit ressauter dans mon lit. Sa paume élastique ressautait jusqu'à la hauteur du deuxième étage. Prends garde, Édouard, tu me fais ressauter de l'eau. Terme français populaire.
† RESSEMBLER QUELQU'UN. L'aînée (des deux sœurs) ressemble son père, et la cadette ressemble sa mère. Cette expression appartient au français populaire et au vieux français. On doit dire: L'aînée ressemble à son père et la cadette à sa mère.
RESSEMBLER, v. n. Ne dites pas: Voilà un portrait qui ressemble, dites avec un régime indirect: Voilà un portrait qui ressemble à Mr un tel, à Mme une telle; ou: Voilà un portrait qui est ressemblant.
RESTER, v. n. Nos amis restent bien à venir. Dites: Tardent bien à venir.
RESTER, v. n. Demeurer, loger. Dans quelle rue restez-vous, Monsieur Michaux?—Je reste actuellement à la rue de Toutes-Ames. Français populaire.
RESTER, v. n. Employer, mettre. Les maçons restèrent deux ans et demi à élever ce bâtiment colossal. Expression méridionale.
RESTER DEVOIR. Devoir encore, redevoir. Tu me restes devoir vingt-cinq francs. Expression méridionale.
RESTOUPAGE, s. m. Action de restouper. Ces deux termes, fort usités en Suisse, mais peu connus en France, ne se trouvent que dans le dictionnaire de Bescherelle, qui leur donne un sens plus restreint. Gattel, en citant le mot restoupage, dit qu'il est usité en Flandre! Dans le dialecte rouchi, restouper signifie: Remplir un trou, combler un trou. Et le dictionnaire de l'Académie [édition de 1694], dit: Estouper, boucher un trou avec de l'estoupe (ou étoupe).
RESTOUPER, v. a. Terme de couturière. Raccommoder, reprendre, rentraire, rejoindre les parties qui sont rompues. Restouper des bas. Gilet restoupé.
RESTOUPEUSE, s. f. Couturière qui restoupe.
RESTOUPURE, s. f. Reprise qu'on fait à une étoffe, à un tissu, à de la dentelle, etc.
RETACONNER, v. a. Rapiécer, rapiéceter, raccommoder grossièrement. Un habit tout retaconné; retaconner des bottes; retaconner un manteau. Terme suisse et savoisien. Dans le dialecte picard, et en vieux français, rataconer a le même sens. Ces deux termes viennent de l'ancien mot tacon, lequel signifie: Pièce, morceau, et spécialement morceau de cuir. A Genève, la place nommée aujourd'hui Taconnerie était autrefois un marché aux cuirs.
RETAMER ou RÉTAMER, v. a. Remettre l'étamure. Retamer une casserole; rétamer un pochon. Terme français populaire.
RETARDER (SE), v. pron. Être retardé. Notre petite Amélie commençait à marcher, mais le froid est survenu, et elle s'est retardée. Quand le dîner se retarde, nos Messieurs me font devenir folle. La garde était arrêtée pour le 1er de septembre, mais notre maîtresse s'est beaucoup retardée.
RÉTENDRE, v. a. Vous m'apportez là du linge qui est à peine sec: allez le rétendre. Rétendre, écrit avec un é, est un barbarisme. Pour être correct, on doit écrire et prononcer «Retendre.»
RETENIR, v. a. Réparer un objet qui est peu gâté, peu endommagé. Retenir un habit; retenir des bas. Après la lessive, la maîtresse fait retenir tout le linge. Une journée suffira aux couvreurs pour retenir tous les toits du bâtiment.
RETORDU, UE, subst. Mot populaire du bassin de Genève et d'ailleurs, qui s'emploie pour: Retors, matois, renard. Exemple: Méfiez-vous de cet homme, de cette femme, parce que c'est un retordu, une retordue.
RETOUR, s. m. Ce que nous appelons voiture de retour, s'appelle en France: Voiture de renvoi. Nos voyageurs trouvèrent à point nommé une voiture de retour pour se rendre à Berne. Terme méridional.
RETOURNER, v. a. Terme mercantile. Renvoyer. Retourner une marchandise. Le colis était avarié, et on le retourna à l'expéditeur. Terme français populaire.
RETRANCHER À. Retrancher de. Retrancher un couplet à une chanson. Retranche un paragraphe à ton discours. Dites: Retranche un paragraphe de ton discours, etc.
† REVANCHE (UN). Prendre son revanche. «Revanche» est français, mais ce mot est féminin.
REVANGER, v. a. Revancher, prendre la défense d'une personne attaquée. Sois tranquille, je saurai bien te revanger. Terme français populaire et vieux français.
RÈVE ou RAIVE, adj. Terme des campagnards. Se dit du bois qui commence à pourrir sur l'arbre et qui se casse très-facilement. Ne grimpe pas jusqu'à cette branche: elle est raive.
RÉVEILLON, s. m. Lendemain d'une fête. «Réveillon» est un mot français, mais il a un autre sens.
REVENDRE QUELQU'UN. (fig.) Lui en revendre, le surpasser, être plus fin que lui.
REVENETTE, s. f. Terme d'écolier. Ricochet, bricole. Dis donc, Louis, la revenette n'en est pas.—Si fait bien, la revenette en est.
REVENEZ-Y, s. m. C'est du revenez-y. Expression familière que l'on emploie en parlant d'un aliment quelconque qui plaît au goût, et auquel on aime à revenir. Ces confitures ont un goût de revenez-y. Votre vin n'est pas du revenez-y, c'est-à-dire: Votre vin ne rappelle pas son buveur. Ce terme n'est pas inconnu en France, puisqu'il figure dans le Dictionnaire du Bas langage, t. II, p. 309.
REVENEZ-Y, s. m. Ce substantif composé, qui ne se trouve pas dans les dictionnaires français, s'emploie à Genève et ailleurs dans le sens de récidive. Exemple: Il m'a joué un tour, mais je l'attends au revenez-y.
REVENGE. Voyez REVANGE.
REVENIR, v. n. Redevenir. Cette étoffe revient à la mode. Quelle bonne figure tu as, Joubert! En vérité, tu reviens jeune. Français populaire.
REVENIR QUELQU'UN. Lui faire reprendre ses esprits. Elle tomba en défaillance, et il fallut la revenir avec du vinaigre. Terme dauphinois, etc.
REVENIR (EN). Abandonner l'opinion dont on était, pour se ranger à l'avis d'un autre. Ludovico est un opiniâtre achevé, et quand il a décidé une chose, il n'en revient pas. Dites: Il NE revient pas. [Acad.] «Que la Cour ait raison ou qu'elle ait tort, elle NE revient pas.» [Marmontel, Bélisaire, ch. VI.]
REVENUE, s. f. Retour. L'allée et la revenue. Terme vieux français, qu'on trouve déjà dans le Roman de la Rose.
RÊVER APRÈS. Deux nuits de suite, Monsieur Isaac, j'ai rêvé après vous. Dites: J'ai rêvé de vous, ou (ce qui est moins correct sans être fautif): J'ai rêvé à vous.
REVERBÈRE, s. m. Écrivez et prononcez «Réverbère.»
REVERCHON, s. m. Envie, petits filets qui se détachent de la peau autour des ongles. [G. G.]
REVERCHON, s. m. La partie du drap de lit qu'on retrousse près de la tête, par-dessus la couverture. Se dit surtout quand on parle des couchettes d'enfant.
REVERS, s. m. Le revers d'une étoffe; le revers du drap, etc. Dites: L'envers, c'est-à-dire: Le côté d'une étoffe, le côté du drap qui ne doit pas être exposé à la vue.
REVIRE, s. m. Ce mot de revire se joint à main et à pied, pour exprimer une mesure naturelle prise de la largeur de l'une et de l'autre. Ainsi revire-main signifie: Largeur de la main; revire-pied signifie: Largeur du pied. Depuis cette boule jusqu'au but, il y a un pied et un revire-pied.
REVIRÉE, s. f. Mornifle, soufflet, volée de coups. Donner une revirée. Terme vaudois. S'en donner deux tours et la revirée, signifie: À outrance, le plus possible. On dit de deux personnes qui se sont violemment battues, qu'elles s'en sont donné deux tours et la revirée. Jacques, as-tu bien dansé hier?—Ah! je t'en réponds; on s'en est donné deux tours et la revirée.
REVIRE-MARION, s. m. Mornifle, soufflet violent qui fait virer sur elle-même la personne qui le reçoit. Il voulut se mêler de la dispute, et il y attrapa pour sa part un revire-marion soigné. Terme vaudois.
RÉVISER, v. a. Réviser une loi; réviser la Constitution, etc. Écrivez et prononcez «Reviser;» mais écrivez et prononcez «Révision.»
REVOLIN, s. m. Quinte, caprice, changement subit de volonté, de projet ou d'humeur. Il lui a pris un revolin, et il a congédié les trois domestiques et le cocher. Terme vaudois. Au sens propre, revolin signifie: Coup de vent subit. Nos campagnards disent: Revolet. On ne sait quel revolet lui a pris. R. volo.
REVOIR (À), loc. adv. Au revoir. À revoir, Messieurs, à revoir, Mesdames. Terme français populaire.
REVOYANCE, s. f. Terme très-familier, et qui n'est guère usité que dans cette expression: À la revoyance, c'est-à-dire: Au revoir. Adieu, Jeannot; adieu, Rambosson; adieu, jusqu'à la prochaine revoyance. Les Champenois disent: À la revoyure. [Vocabulaire du Bas langage rémois, par Mr E. Saubinet.]
REZASSER, v. a. Que viens-tu nous rabâcher et nous rezasser? Écrivez «Ressasser,» et prononcez la première syllabe comme celle du mot ressortir. R. sas.
RHABITUER (SE), v. pron. S'habituer de nouveau. Mot utile, que les dictionnaires modernes n'ont pas relevé, mais qui est sans doute fort connu.
† RHUMATISME MÂLE. Douleur de rhumatisme mâle. Dites: Douleur rhumatismale.
† RHUMATISSE, s. m. Rhumatisme. La Drouillon a un rhumatisse au cœur. Par une faute analogue, on dit, à Reims: Un catéchisse, pour: Un catéchisme.
RIBAMBÉE, s. f. Grande troupe, ribambelle. Une ribambée de monde. Oh! quelle ribambée!
RIBANDELLE, s. f. Ribambelle.
RICHE, adj. (fig.) Se dit du temps, c'est-à-dire, de la disposition de l'air. Un riche temps est celui qui hâte et favorise la végétation, celui qui est propre à combler les vœux du laboureur et à l'enrichir. Si après ces huit jours nous avions une pluie de quarante-huit heures, ce serait un riche temps. Cette signification particulière de l'adjectif «riche» n'est pas dans les dictionnaires.
RIC-RAC, adv. Payer ric-rac, c'est: Payer avec une exactitude rigoureuse, payer jusqu'au dernier sou. Mr N** ne fait jamais de dettes: il paie tout ric-rac. Terme français populaire. Nous disons dans le même sens: Ric-et-rac. Le terme français est: Ric-à-ric. Nous le ferons payer ric-à-ric. [Acad.]
RIDICULE, adj. Ce mot appliqué aux personnes signifie: Sévère, difficile, dur à la desserre. Un maître d'école ridicule. Un propriétaire ridicule est celui qui se refuse aux réparations les plus urgentes. Nos campagnards disent: Rédicul. On le dit aussi en Savoie, dans le Jura, en Champagne et sans doute ailleurs. Refuser à un locataire de lui ôter la fumée, de lui cimenter les vitres, ou de mettre des seuils aux portes, c'est être ridicule. Cette expression est connue en Savoie et dans plusieurs provinces de France. Appliqué aux choses, ridicule signifie: Difficultueux, scabreux, pénible, peu satisfaisant. Chemin ridicule; sentier ridicule; saison ridicule. Mais ce sens est moins usité à Genève que chez nos voisins de Savoie et du Jura.
RIEN, adv. Point, pas, pas beaucoup, nullement. Vous m'apportez là un poulet qui n'est rien gros. Ton frère n'est rien complaisant. Vous n'avez rien d'appétit, cousin? Et avec l'interrogation: N'est-ce rien toi qui a pris mon parapluie? «La session du Grand Conseil est prorogée au 5 janvier: ne serait-ce rien que les deux projets de loi à présenter ne peuvent soutenir l'examen?» [L'Ami du Pays, numéro du 9 décembre 1847.] Terme français populaire et vieux français.
RIEN, adv. La construction des phrases suivantes n'est pas correcte: Je ne veux rien qu'on me dise. Je ne veux rien qu'on achète sans ma permission, etc. Dites: Je veux qu'on ne me dise rien; je veux qu'on n'achète rien sans ma permission.
RIEN DU TOUT, s. m. Homme méprisable, homme de rien. Lui! lui! c'est un rien du tout, c'est de la drâchée.
RIFFLE RAFFLE, s. f. Ils ont tout volé, il n'est resté ni riffle ni raffle.
RIFFLER, v. a. Effleurer, raser, toucher à peine, passer près. La pierre lui riffla le front; la balle lui avait rifflé la jambe. Terme suisse, savoisien, rouchi, etc. En vieux français, riffler a le sens d'égratigner, écorcher. A Reims, ériflure signifie: Légère écorchure, et s'érifler, s'écorcher légèrement.
RIFFLETTE (À LA), loc. adv. En effleurant, en rasant. Lancer sur l'eau des pierres à la rifflette.
RINCÉE, s. f. Averse, pluie subite et forte. Recevoir une rincée. En montant le Pas de l'Échelle, nous eûmes une bonne rincée.
RINCÉE, s. f. Réprimande sévère. Recevoir une rincée, être fort grondé. Ce sens du mot rincée n'est pas dans les dictionnaires.
RINCER DU LINGE. Aiguayer du linge. À ce moment-là, trois femmes rinçaient du linge au bateau. Expression fort répandue en France, mais blâmée des grammairiens, qui veulent que rincer ne se dise que des verres, tasses, cruches et vases semblables, et de la bouche.
RINGOLET, ETTE, adj. Propret, avenant, bien vêtu. Se dit surtout des personnes qui n'ont pas l'habitude de soigner leur mise. Vous voilà bien ringolet aujourd'hui, Monsieur Maillard. Terme suisse.
RINGUER, v. a. Battre, rosser. Se ringuer, v. réc. Se battre. Dans le canton de Vaud, ringuer, et en allemand, ringen, signifient: Lutter.
RIOLE ou RIOLLE, s. f. Liseron des champs, plante.
RIÔLE, s. f. Rabâchage, grognerie. C'est toujours la même riôle, toujours la même chanson.
RIÔLER, RIOULER ou RIULER, v. n. Gronder, rabâcher, ron-ner, pleurnicher. Pendant tout le goûter les enfants et le chien rioulaient à qui mieux mieux. Terme connu surtout des campagnards.
RIOUTE ou RIOTTE, s. f. Débauche de vin. Faire la rioute. Terme vaudois et fribourgeois.
RIOÛTE ou RIÛTE, s. f. Branche flexible et tordue dont on lie les gerbes et les fagots. Terme suisse-roman et savoisien. On dit proverbialement: Il faut mailler la rioûte pendant qu'elle est verte, pour dire: Il faut corriger un enfant pendant qu'il est jeune. Selon plusieurs dictionnaires, le mot français est: Rouette. A Limoges et en Languedoc: Reorte; dans le Jura et en vieux français, riorte. R. retortus.
RIPES (LES). Dénomination attachée à certaines localités désertes, sauvages. Les ripes de Dardagny. Aux environs de Lons-le-Saunier (département du Jura), les ripes de Saint-Laurent, les ripes d'Artenas, etc.
RIQUIQUI, s. m. Eau-de-vie, liqueur spiritueuse. Boire le riquiqui. Terme bas-limousin, dauphinois, etc. En provençal on dit: Requiqui. Dans le dialecte rouchi on appelle riquiqui, ce que nous appelons: Gloria.
RISETTE, s. f. La racine du riz. Balai de risette; brosse de risette.
RISOLE ou REZOLE, s. f. Rissole, pâtisserie.
RISOLET, ETTE, adj. et subst. Celui ou celle qui rit aisément et pour des motifs frivoles. Allons, petite risolette, c'est assez se moquer. Votre fils aîné serait le meilleur écolier de ma classe, s'il n'était pas un peu risolet. Terme suisse et savoisien. En Languedoc: Rizoulié.
† RIZU, partic. Ri. No-zein preu rizu (nous avons assez ri). Barbarisme usité chez les paysans de notre canton et du canton de Vaud.
RITE ou RITTE, s. f. Filasse, filaments que l'on tire de l'écorce du chanvre ou de celle du lin. Quenouille de rite. Toile de rite. Filer la rite. Terme suisse, savoisien, jurassien et dauphinois.
RIVER LES CLOUS À QUELQU'UN. Lui répondre adroitement et vivement, lui parler ferme et de manière qu'il n'ait rien à répliquer. En français on dit, avec le singulier: «River le clou à quelqu'un.»
ROBER ou ROBÀ, v. a. Terme des campagnards. Dérober, voler, filouter. On m'a robà mon bouey s'ta ney (on m'a volé mon bois cette nuit). Terme qu'on retrouve dans le vieux français et dans le patois vaudois.
ROCANDER ou ROGANDER, v. a. Demander avec indiscrétion, en revenant sans cesse à la charge. Votre dame Pérollet rocande soi-disant pour une famille pauvre, mais on sait bien que c'est pour elle. Va-t'en petit fainéant, et travaille au lieu de rocander. Terme suisse. Dans le canton de Vaud on dit aussi: Roukan-ner.
ROCANDEUR, EUSE, subst. Celui ou celle qui rocande. Les jours de marché nos maisons sont envahies par des rocandeuses venues des villages voisins. La demoiselle N** est en effet pauvre, mais c'est une rocandeuse. Dans le canton de Vaud on dit: Roukan, roukan-ne.
RÔDAILLER et RÔDASSER, v. n. Augmentatif de «rôder.» Veille-toi cet homme en blouse, qui ne fait que rôdasser par les Pâquis depuis dix jours. Terme remarquable. Dans le patois rouchi on dit: Rôdailler.
RÔDER (SE). Tu es là à te rôder, à te trancanner sans but d'un quai à un autre. Rôder est un verbe neutre. On doit donc dire: Je rôde, et non: Je me rôde, comme nous le disons fréquemment.
RÔDINER, v. n. Rôder.
ROGÂTION, s. m. Rogaton, vieux reste de pain, de viande ou d'autres aliments. Ce mendiant portait une besace pleine de rogâtions. Terme vaudois et savoisien.
ROGNE, s. f. Querelle, mauvaise chicane. Chercher rogne à quelqu'un, signifie: Lui chercher noise. Terme suisse. En Languedoc: Chercher rougne.
ROGNE, s. f. Nous disons figurément et proverbialement: Gratter la rogne à quelqu'un, dans le sens de: Le flatter, l'aduler bassement, lui faire une cour servile et intéressée. Ne me parle pas de ce Jean Renard: c'est un personnage qui veut absolument parvenir, et qui gratte la rogne aux hommes de tous les partis. Cette locution est fort triviale, voire même dégoûtante, mais énergique et fort connue.
ROGNEUX, EUSE, adj. (fig.) Crasseux, crapuleux. Se dit d'une personne qui a l'air minable, et dont les habitudes ne relèvent pas l'extérieur. On le dit aussi des choses. Une créance rogneuse, une créance mauvaise ou fort douteuse. Terme bordelais. Selon le dictionnaire de Bescherelle, rogneux signifie: Chétif, mesquin.
ROME, s. f. L'œillet d'Inde. En latin, tagetes.
RONCEMELER ou RONCHEMELER, v. n. Respirer avec oppression et bruit, râler. Pendant deux jours nous l'entendîmes roncemeler. Expression très-usitée. Dans le canton de Vaud on dit: Ranquemeler. R. ranco. Voyez ce mot.
ROND, s. m. Ronde, danse en rond, branle circulaire. Danser un rond. Terme vaudois.
ROND, s. m. Terme enfantin. Jeton rond. On payera avec des ronds.
RONDION, s. m. Able ou ablette; poisson du genre cyprin.
RONDION, IONE, adj. et subst. Se dit des personnes et signifie: Rondelet, qui est tout rond de graisse. Expression badine ou railleuse.
RONDO, adv. Rondement, facilement, sans nul obstacle, à souhait. Notre affaire marche rondo. Terme vaudois.
RONFLE, s. f. Sabot, toupie d'Allemagne, sorte de toupie creuse que l'on fait tourner avec une ficelle ajustée dans une clef et qui ronfle en tournant. Faire zon-ner une ronfle. En provençal: Rounfloun.
RONGEMENT, s. m. (fig.) Regret, tourment, remords. Un rongement d'esprit. Ce souvenir fatal était pour lui un rongement perpétuel. Terme vaudois.
RONGILLER, v. a. Ronger à demi, ronger légèrement et à plusieurs reprises. Rongiller une pomme; rongiller des fruits mal mûrs.
RONGILLON, s. m. Reste de fruit rongé. Tu m'as promis une poire, et tu me donnes un rongillon! Garde tes rongillons. Terme vaudois.
RON-NACHER, v. n. et a. Grogner, murmurer, ron-ner.
RON-NÉE, s. f. Action de grogner, de gronder, de ron-ner. Faire une ron-née; faire des ron-nées.
RON-NER, v. n. et act. Se dit: 1o Du grognement de certains animaux et en particulier du chien et du porc. N'approchez pas de Sultan, il vous ron-nera. 2o Appliqué aux personnes, ron-ner signifie: Gronder toujours et sans raison, murmurer, grommeler, rognonner. Bonjour, Pernette: que fait votre monsieur?—Oh là, Monsieur, notre monsieur ron-ne; il est en train de ron-ner, et je crains bien qu'il ne ron-ne toute la sainte journée. Terme vaudois et neuchâtelois.
RON-NEUR, s. m. Celui qui gronde souvent et sans raison, celui qui a l'habitude de ron-ner. Dans le patois de Fribourg, ron-neri signifie: Grondeur, grogneur, et se dit surtout des enfants.
ROQUETAILLE, s. f. Race de roquets. Terme de mépris créé dans le dix-septième siècle, et passé d'usage dans le dix-huitième. Ce ramassis d'étrangers n'était que de la roquetaille, c'est-à-dire: N'était qu'une race de roquets, d'hommes faibles, débiles, sans moyens intellectuels, et, avec tout cela, insolents. Les deux vers suivants sont tirés d'une chanson patoise, fort injurieuse, composée à la fin du dix-septième siècle, quelques années après l'arrivée à Genève des réfugiés français:
c'est-à-dire: «La nation genevoise se composait jadis de vrais citoyens; mais aujourd'hui elle n'est plus qu'une race de roquets.» Tous ceux qui connaissent l'histoire de cette époque, savent qu'alors nos chefs d'ateliers, nos négociants, nos ouvriers furent très-jaloux de ces réfugiés français, qui, actifs et industrieux pour la plupart, leur faisaient une concurrence redoutable.
ROSE-MOUSSE. Rose mousseuse.
ROSSÉE, s. f. Étrivières, volée de coups. Donner une rossée; recevoir une rossée. Terme dauphinois, etc.
ROSSIGNOL, s. m. Marchandise qui n'est plus de vente, marchandise de rebut. Dis voir, on prétend que N*** va vendre en liquidation son magasin.—Son magasin! dis plutôt ses rossignols, car il n'a rien autre.
ROTE, s. f. Rue, plante médicinale. Terme vaudois.
ROTER, v. n. Terme d'agriculture. Suer. Ce foin n'a pas encore roté. Il faut laisser roter le blé avant de le battre. Voisine, avez-vous fait votre provision de châtaignes?—Non, j'attends qu'elles aient roté.
ROTER, v. n. Terme de cuisine. Signifie: Crever, v. n. Faire roter du riz, c'est: Le faire crever dans l'eau.
ROUCHE, s. m. Enrouement. Vous êtes bien enrhumé, Philibert.—C'est mieux qu'un rhume, Monsieur, c'est un rouche, un mauvais rouche. Terme suisse et savoisien. R. raucus.
ROUET, s. m. En parlant d'un chat qui file, nous disons qu'il fait le rouet, qu'il fait son rouet; expressions justes, puisque en effet le chat, lorsqu'il est content, et qu'il se dorlote à son aise, produit un certain râlement, un certain bruit continu de la gorge au nez, assez semblable au bruit du rouet quand on file.
ROUGEMAND, ANDE, adj. Rougeaud. Une figure rougemande. [G. G.]
ROUGEOTTE, s. f. Cette petite rougeotte lui avait donné dans l'œil. Dites: Rougeaude. Petite rougeaude.
ROUGE-POULET, s. m. Nous disons proverbialement d'une chose ennuyeuse qu'on nous rabâche, et dont on nous bat fastidieusement les oreilles: C'est la chanson du rouge-poulet. Finis donc, Alexis, avec ta chanson de rouge-poulet: c'est assez quinquerné et triôlé. Le rouge-poulet, c'est le coq, dont le chant ne se modifie jamais.
ROUILLE (LE). Ôter le rouille; enlever le rouille. Ce solécisme appartient au français populaire et au vieux français. «Rouille» est féminin.
ROULER QUELQU'UN. Le leurrer, le mystifier, l'attraper, le duper, le mettre dedans. Terme français populaire.
ROUPE, s. f. Houppelande, carrick, sorte de vêtement large, qui se met par-dessus l'habit. Roupe à trois cols. Terme savoisien. Dans le vieux français, roupille signifie: Petit manteau. [Voyez Roquefort, Glossaire de la langue romane.]
ROUSSES, s. f. pl. Rousseurs, taches de rousseur, lentilles. Les pleurs de la vigne ôtent les rousses. Terme suisse.
ROUSSELETTE, adj. fém. Le fruit que nous appelons poire rousselette, s'appelle en français: Poire de rousselet, ou: Rousselet. Un gros rousselet; un petit rousselet; une livre de poires de rousselet.
RUBAN DE QUEUE, s. m. (fig.) Longue route en ligne droite et qui s'étend aussi loin que la vue peut porter.
RUBLONS, s. m. pl. Terme de fripier. Riblons, vieux fer, petits morceaux de fer à refondre, hors de service. Une livre de rublons se vendait autrefois six quarts.
RUBRIQUEUR, s. m. Rubricaire, homme qui sait bien les rubriques du bréviaire.
RUCLON, s. m. Raclon, fumier des rues, boue, immondices ramassées dans les rues ou sur les routes pour servir d'engrais. Un chariot de ruclon.
RUCLONNER, v. a. Étendre du ruclon. Ruclonner un pré.
RUCLONNER, v. neutre. Se dit des chiens, et signifie: Fouiller les ruclons pour y trouver des restes de viande et d'os en putréfaction. Mettez à Azor sa muselière, pour qu'il ne s'arrête pas à ruclonner.
RUDE, adj. Grand, considérable, fameux. Nous avons eu hier une rude peur. Français populaire.
RUDE, adv. Rudement, beaucoup, considérable, très, fort. Il faudra rude de gravier pour graveler cette promenade. On a bien mangé et on a bu rude. Et ton bourgeois, Jean-Pierre, qu'en fais-tu?—Mon bourgeois? Ce que je peux en dire, c'est que c'est un rude bon maître.
RUE (EN). Dans la rue. On se rencontra en rue et l'on se causa. Fais vite tes commissions, Georgine, et ne t'arrête pas en rue. Expression gasconne. On trouve cependant la phrase suivante dans le dictionnaire de l'Académie (t. II, p. 684): L'événement se passa en pleine rue.
RUETTE, s. f. Ruelle, petite rue. La ruette de Saint-Germain. Terme français populaire et vieux français.
RUPER (SE), v. pron. Se dit des gens galeux ou pouilleux, et signifie: Se gratter avec violence, avec rage. Se ruper se dit aussi des chiens, mais sans qu'il s'y attache aucune idée dégoûtante.
RUSSIN, s. m. Voyez HUILE DE RUSSIN.
S
SABOULÉE, s. f. Signifie: 1o Volée de coups, rossée; 2o Forte gronderie. Donner une saboulée; recevoir une saboulée. Terme français populaire. On dit à Valenciennes: Une saboule. Mais aucun de ces mots ne figure dans les dictionnaires.
SAC DE MISÈRE, s. m. Sac où nos dames serrent toutes sortes de chiffons qui peuvent être utilement employés à des raccommodages.
SAC D'OUVRAGE, s. m. Sac à ouvrage.
SACHE (UNE). Sorte de grand sac qui a la forme d'un carré long. Une sache de riz; une sache de charbon; une sache de fenasse. Terme savoisien et méridional. Dans le français populaire, sache signifie: Sachée, c'est-à-dire: Ce que peut contenir un sac.
SÂCRE, s. m. Nous disons d'un homme qui travaille outre mesure: Il travaille comme un sâcre. Expression suisse. En français on dit: Il travaille comme un galérien. Nous disons aussi: Crier comme un sâcre, courir comme un sâcre, jurer comme un sâcre; c'est-à-dire: Crier, courir, jurer comme un perdu. Sur l'origine de cette expression les conjectures ne manquent pas; mais elles ne présentent rien de satisfaisant.
† SACRÉFIER, v. a. Sacrifier. On se sacréfie pour ses enfants, n'est-il pas vrai, Marion? et ils ne font rien pour nous.
SACREMENTATIONS, s. f. pl. Faire des sacrementations, signifie: Faire des jurements, faire des imprécations, blasphémer. Ce mot vient de l'allemand et il aurait dû y rester.
SACRÉPAN, s. m. Sacripan.
SAGATERIE, s. f. Boucherie pour la basse viande. Terme vaudois. En Provence et en Languedoc, sagata signifie: Tuer des animaux pour s'en nourrir.
SAGATIER, s. m. Boucher pour la basse viande. En provençal on dit: Sagataire.
† SAIGNE (UNE). Une saignée. Une forte saigne. Le cérugien voulait m'adménistrer une seconde saigne: mais brenique. Terme savoisien. Dans le patois vaudois on dit: Un sagne.
SAIGNE-NEZ, s. m. Plante appelée en français: Mille-feuilles.
† SAINK-ET-SAUF, adj. masc. Prononciation vicieuse de l'adjectif «Sain et sauf.» Le son du k est ajouté pour l'euphonie.
SAINT-FRISQUIN, s. m. Saint-frusquin, ce qu'un homme a d'argent et de nippes. Un tel a mangé tout son saint-frisquin. Terme vieux français. En Languedoc on dit: San-fresquin; en limousin, saint-flusquin.
SAINT-LAMBIN, s. m. Nonchalant, paresseux, traînard. Qui est-ce qui m'a bâti ce saint-lambin? Arriveras-tu, saint-lambin? Quel saint-lambin!
SAISON, s. f. Saison tardive n'est pas oisive, est un des jolis proverbes de nos campagnards. Ce proverbe signifie que: Les printemps tardifs sont les meilleurs dans un climat où les retours du froid sont si habituels et si funestes.
SALADE À. Salade de. Une salade aux racines jaunes; salade à la chicorée; salade aux pommes de terre. Dites: Une salade de chicorée, une salade de pommes de terre, etc.
SALADE, s. f. (fig.) Réprimande, mercuriale. Donner une salade. Il a reçu une salade conditionnée. Terme parisien populaire.
SÂLE, adj. Malpropre. Du linge sâle; des doigts sâles. Tu es un négligent, tu es un sâle. Prononciation vicieuse très-répandue dans la Suisse française. Écrivez et prononcez «sale» (a bref), comme vous prononcez scandale.
SALÉE, s. f. Sorte de galette aux œufs.
SALICHON, s. m. Petit salaud, petit saligaud. En français on dit d'une jeune fille malpropre: C'est une salisson.
SALIÈRES, s. f. pl. (fig.) Dénomination dérisoire donnée à nos milices du centre, par allusion à la forme de leurs gibernes. Être dans les salières.
SALIGNON, s. m. Briquette, motte de tan, motte à brûler. Les salignons servent surtout à entretenir le feu. Terme vaudois.
SALIGOT, OTTE, adj. et subst. (o bref.) Voyez cette saligotte, dans quel état elle se met! Écrivez et prononcez «Saligaud, saligaude.»
SALIGOTAGE, s. m. Action de saligoter. Quel saligotage fais-tu là? Terme français populaire.
SALIGOTER, v. a. Salir, tacher. Une robe saligotée. Mes petits amis, ne gadrouillez plus, vous vous saligotez.
SALONGLÉE, s. f. Volée de coups, rossée, raclée.
SALONGLER, v. a. Rosser, rouer de coups.
SALOPIAUD, AUDE, subst. Petit salaud, petite salaude. On dit en Champagne: Salopier.
SANDARAQUE (LE). Ce mot est féminin.
SANG, s. m. Signe, tache brune sur la peau. Avoir des sangs. En limousin: Sen.
SANG, s. m. Nous prononçons encore sanke, comme on le prononçait au treizième siècle et au quatorzième. Des larmes de sanke. On doit prononcer san devant une consonne, et sank devant une voyelle.
SANG, s. m. Nous disons de quelqu'un qui s'inquiète, se tourmente, s'agite sans motif suffisant: Il se fait du mauvais sang. Les dictionnaires disent, en supprimant le pronom personnel: «Il fait du mauvais sang,» ou: «Il fait de mauvais sang.»
† SANGEMENT, s. m. Changement.
† SANGER, v. a. Changer. Tu es bien trempe, Mariette, faut t'aller sanger: oui, sange-toi. Expression signalée dans le Glossaire du Berry, p. 98.
SANGSUER, v. a. Importuner, fatiguer, obséder, vexer. Mais, John, cesseras-tu enfin de nous sangsuer? Ce n'est pas en nous sangsuant que tu obtiendras quelque chose. Dans le français populaire on dit: Sangsurer, ou: Sansurer.
† SANGSUIE, s. f. Sangsue. La femme des sangsuies. Mettre des sangsuies.
† SANGUINAIRE, adj. Tempérament sanguinaire. Dites: Sanguin.
SANGUINE, adj. Nous appelons pêche sanguine, une sorte de pêche violette.
SANS ACOUP ou À COUP, locut. adv. Les ouvriers monteurs de boîtes ont augmenté le prix de la main-d'œuvre sans acoup, c'est-à-dire: Sans secousse ou heurt, sans causer de contre-coup qui ait arrêté les affaires.
SANS POINT DE, locut. prépositive. Il voyageait sans point d'argent. Dites: Sans argent. Il se tira de cette horrible échauffourée sans point de mal. Il marchait au supplice sans point de peur. Français populaire et vieux français.
SARCENETTE, s. f. Lustrine, sorte d'étoffe.
† SARCHER, v. a. Chercher. Va-t'en voir me sarcher mon bonnet, sur le darnier tablat en n'haut du placard. Terme vieux français. [Voyez Roquefort, Glossaire, t. II.]
SARCLORET, s. m. Voyez SERCLORET.
SARPE, s. f. Terme des campagnards. Sorte de hache, qui sert surtout à tailler les arbres et à faire des fagots. Terme fort usité, qu'on trouve déjà dans le vieux français, et duquel s'est formé le mot de Serpe.
† SARPENT (UNE). Un serpent. Dans le patois de l'Isère: Sarpin.
SARVAGNIN, s. m. Voyez SALVAGNIN.
SAÜ ou SAÏU, s. m. Terme des campagnards. Sureau, sorte d'arbrisseau. Du bois de saü; moëlle de saü. En Savoie: Savu; dans le canton de Vaud, sau, sahu ou suau; en rouchi, séu; en Franche-Comté, saivu; dans le patois de l'Isère et en Normandie, seu; dans le Jura, sou; en wallon, saou; dans le département du Tarn, sagut; en Gascogne, sahuc; en vieux français, sahu, séhu, seu.
SAUCE, s. f. Nous disons figurément, d'une personne qui a commis une faute: Elle a fait la faute, qu'elle en boive la sauce, pour dire: Qu'elle en subisse les fâcheuses conséquences.
SAUCE, s. f. Sauce de rôti. Dites: Jus de rôti. Nous disons proverbialement: La sauce vaut mieux que le rôti; l'accessoire vaut mieux que le principal. Les dictionnaires français disent: La sauce vaut mieux que le poisson.
SAULE, s. m. Nos paysans font ce mot féminin. Arve entraînait cette saule que j'ai pu enfin accrocher. Il est pareillement féminin dans le canton de Vaud, en Savoie, en Lorraine, et sans doute ailleurs. R. lat. salix, s. f.
SAUMACHE, adj. et subst. Saumâtre. Vous nous donnez de l'eau qui a un goût saumache, un goût de saumache. [G. G.]
SAUME, s. f. Ânesse. Louer une saume. Galoper sur une saume. Terme savoisien, lyonnais et dauphinois. Dans le patois vaudois: Chouma; dans le dialecte provençal et dans le patois du bas Limousin, saoumo. Saume se trouve dans le dictionnaire de Cotgrave, édition de 1650.
SAUTÉE, s. f. Saut. Ne s'emploie guère que dans l'expression suivante, qui appartient au langage le plus familier: Faire une sautée chez quelqu'un, c'est-à-dire: Y aller très-vite et ne pas s'y arrêter.
SAUTÉE, s. f. Forte réprimande. Faire une sautée à quelqu'un, veut dire: Le tancer vertement.
SAUTIER, s. m. Chef des huissiers. Le sautier loge à l'hôtel de ville et a l'intendance de tout le matériel du bâtiment. Bonivard, dans son livre de L'ancienne et la nouvelle Police, dit que «le Sautier est le maître du guet et l'huissier du Conseil.» Terme neuchâtelois. Il est probable que ce mot s'écrivait anciennement sceautier, et que ce fonctionnaire tenait les sceaux du Conseil.
SAUVAGE, s. m. Sauvagin. Se dit soit du goût, soit de l'odeur de quelques oiseaux de mer ou d'étang. Notre salmis sentait le sauvage. Terme vaudois, neuchâtelois, parisien populaire, lorrain, etc.; à Bordeaux on dit: Sentir le sauvageon; en Languedoc, le sauvageun. Dans le vieux français, salvagine signifiait: «Bête fauve.»
SAUVE, adj. Sauvé, qui a échappé à un péril. Benoît était hier dans le plus grand danger: on l'a saigné à propos, et le voilà sauve. Terme suisse, etc.
SAUVER DE (SE), v. pron. Tu te sauves de moi, Robert?—Et pour quelle raison me sauverais-je de toi, je ne t'ai rien fait? Cette expression, si usitée, se sauver de quelqu'un, c'est-à-dire: Lui échapper par la fuite, manque dans les dictionnaires, quoiqu'elle mérite assurément d'être observée; car l'expression française «fuir quelqu'un» n'est pas l'équivalent de se sauver de quelqu'un, ou, du moins, «fuir quelqu'un» appartient au style relevé, et se sauver de quelqu'un appartient au style familier ou style de la conversation.
SAVATER, v. a. Saveter, déranger, incommoder, gâter, faire un ouvrage malproprement et en dépit du bon sens. Ce vin m'a savaté le cœur; il m'a savaté l'estomac. Vous m'avez savaté cet ouvrage. Il se dit spécialement du linge taché par les cendres de la lessive. Notre linge est bien savaté. En Lorraine on dit d'un mauvais ouvrage: C'est de la savate.
SAVATURE, s. f. Saleté causée par les cendres qui ont filtré avec le lissu dans le linge. Ces draps sont pleins de savature.
SAVIGNON, s. m. Cornouiller sanguin, arbre d'un bois très-dur.
SAVOIR, v. a. Nous disons proverbialement, pour nous excuser d'ignorer une chose survenue à notre insu: Qui ne sait rien ne sait guère.
SAVOIR, v. a. Nous disons d'une personne fort habile, et surtout d'une personne subtile et qui trouve des ressources dans les conjonctures les plus épineuses: Elle les sait toutes et une par-dessus.
SAVOIR À DIRE. Faire savoir, informer, marquer, mander, instruire. Si tu te décides à ce voyage, tu me le sauras à dire. Expression suisse, lyonnaise et méridionale.
SAVONNADE, s. f. Savonnage, blanchissage par le savon. Ce n'est pas une lessive, c'est une savonnade. Terme savoisien et méridional.
SAVONNETTE, s. f. Terme d'horlogerie. Une montre à savonnette, ou simplement une savonnette, est une montre dont la boîte a un fond et un couvercle en métal.
SAVOURÉE, s. f. Savorée ou sarriette, plante.
SAVOYET ou SAVOUIET, s. m. Raisin rouge de qualité inférieure, lequel croît dans nos environs et qui rend beaucoup. [G. G.]
SCHLAGUER, v. a. Battre, rosser, donner la schlague. Il fit l'insolent et fut schlagué. En allemand: Schlagen. Les mots Schlague et Schlagueur se trouvent dans quelques dictionnaires modernes.
SCIE, s. f. (fig.) Rabâchage, ritournelle fatigante, répétition sotte et fastidieuse. Faire des scies.
SCIE, s. f. Scierie, moulin à scie, moulin où l'on scie les planches. Nous disons quelquefois: Scie à eau. Terme suisse, savoisien et méridional.
SCORSONÈRES, s. m. De bons scorsonères. Ce mot est féminin.
SE, pron. pers. Les campagnards substituent le pronom se aux pronoms nous et vous dans les verbes pronominaux, et réciproquement: ils disent, par exemple: Vous s'ennuyez chez nous, Messieurs. Adieu, Nicolas; nous se reverrons dimanche. Laissez ces paumes de neige, enfants, vous s'attraperez les yeux. Vous se manquerez, Madame (vous vous manquerez, Madame), en passant par cette route. Expression savoisienne, jurassienne, dauphinoise, etc.
SÉCHARD, s. m. Vent du nord-est.
SECHER, v. a. Écrivez et prononcez, avec un accent aigu, «Sécher;» et ne dites pas: Secher des pruneaux; secher des z'haricots. Voilà le beau temps, femme; on pourra secher notre lissive. Faute fréquente.
SEC ET SONNANT, s. m. Nous disons d'une personne riche: Elle a du sec et du sonnant, c'est-à-dire: Des écus.
SÉCHOT, s. m. Se dit d'une personne très-maigre et très-sèche. Pourrait-on être plus raide et séchot que cette demoiselle N**!
SÉCHOT, s. m. Chabot, gobio à tête énorme, poisson qui se blottit sous les pierres des eaux claires et courantes. Terme vaudois. A Neuchâtel on appelle ce poisson: Chassot; à Yverdon, tête-à-maillot; en Languedoc, âne; dans d'autres provinces de France, meunier.
SÉCHOTER, v. n. Prendre des séchots. Terme vaudois. Dans les mois de janvier, de février et de mars, pendant que le Rhône est fort bas, nos jeunes garçons séchotent.
SÉCHOTIER, s. m. Harle, oiseau aquatique.
SECONDE MAIN (DE). Des livres de seconde main. Dites: Des livres de la seconde main.
SECOUÉE, s. f. Secousse. Un vomitif, le vomitif Leroy, par exemple, lui donnerait une secouée salutaire. Les fruits tombèrent de l'arbre à la première secouée. Limousin, etc.
SECOUÉE, s. f. Expression adoucie pour dire: Gifle, danse. C'est un drôle, donne-lui une bonne secouée.
SECOUER, v. a. Battre, gifler. Il l'a fièrement secoué.
SECOUPE, s. f. Soucoupe. Apportez-nous une jatte, deux tasses et deux secoupes. Terme français populaire. En Lorraine on dit: Sucoupe.
SECRETAIRE, s. m. Nous prononçons tantôt secretaire et tantôt sécretaire. La prononciation véritable est: «SecrÉtaire.»
SEICHE, s. f. Sorte de flux et de reflux particulier à notre lac et à celui de Constance. «On voit quelquefois, dit De Saussure, notre lac s'élever tout à coup de 4 ou 5 pieds, s'abaisser ensuite avec la même rapidité, et continuer ces alternatives pendant quelques heures. Ce phénomène, peu sensible sur les bords du lac qui correspondent à sa plus grande largeur, l'est davantage aux extrémités, mais surtout aux environs de Genève, où le lac est le plus étroit.» [Voyage dans les Alpes, t. I, p. 12.]
SEIGLE (LA). Sorte de blé. Les campagnards font habituellement ce mot féminin, parce qu'en patois il est féminin (la sey-la, ou la chăla).
SEILLE, s. f. Sorte de seau en bois, à oreilles, et de forme ronde, avec lequel on porte l'eau et le lait. Prends vite ta seille, Jaqueline: on crie à l'eau! La seille se porte sur la tête avec un coussinet que nous appelons torche. Terme vaudois. M. Bescherelle, en citant ce mot, dit qu'il s'employait «anciennement» dans le sens de: Vase, seau de bois. M. Bescherelle pouvait ajouter que toute la Suisse romane et les trois quarts de la France connaissent ce terme et en font un usage journalier.
SEILLÉE, s. f. Plein une seille.
SEILLOT, s. m. (o bref.) Petite seille, baquet. En 1535, le droit de bourgeoisie s'achetait pour quatre écus d'or et un seillot de cuir. Les dictionnaires de Boiste et de Bescherelle écrivent: «seilleau,» qui est la vraie orthographe; mais ils se trompent quand ils ajoutent que c'est un terme de mer: comme si l'on ne faisait usage de seilleaux qu'à bord des navires. On s'en sert en Suisse, en Savoie et en diverses provinces de France. Dans la Bresse et à Mâcon, on écrit: Seillet; dans le canton de Vaud et en Languedoc, seillon; à Lille, siellot, etc.
SELLE, s. f. Ne dites pas: Aller sur selle, mais: Aller à la selle, aller à la garde-robe.
SEMATURE, s. f. Ce qu'on peut semer dans une certaine étendue de terrain. Trois coupes de semature. Le mot français «contenance» ne rend pas exactement l'expression genevoise.
SEMBLANT, s. m. Ne dites pas: Il a fait cela pour semblant; il se fâchait pour semblant; ils se sont querellés, mais pour semblant. Dites: Il a fait cela pour rire; il se fâchait par manière de plaisanter, etc. Dans notre langage, pour semblant signifie aussi: Une petite quantité, un tantinet, fort peu. Madame boit-elle du vin?—Oui, j'en bois, mais pour semblant; donnez-m'en pour semblant. Dis-moi, Lisette, ne tombe-t-il pas une grosse pluie?—Non, Madame, il pleut pour semblant.
SEMBLER, v. a. Ressembler à. Il semble son père; elle semble sa mère. Terme dauphinois, etc.
SEMBLER À. Ressembler à. Tu sembles beaucoup à ton frère. On dit que je semble à mon oncle. Vieux français.
SEMBLER DE, v. imp. Il me semble de le voir; il me semble d'avoir lu quelque part, etc. Retranchez la préposition de, et dites avec tous les dictionnaires: Il me semble le voir, il me semble avoir lu.
SEMELLE (LA). Jeu d'écolier, qui a du rapport avec le jeu que nous appelons passe-gent.
SEMENCES, s. f. pl. Semailles. Le temps des semences. Expression franc-comtoise et méridionale. Semence se dit des grains que l'on sème.
SEMENTS, s. m. pl. Semences, grains que l'on sème. De bons sements; du blé de sement; une coupe de sement. Terme suisse. Vous avez eu l'an dernier de bien belles pommes de terre dans ce petit champ.—Oui, Monsieur, et j'en aurai de plus belles encore cette année-ci: j'ai changé de sements.
SEMOUTER ou CHEMOUTER, v. a. Terme rural, fouler, presser en foulant. Semouter le raisin; semouter le gazon. Ne semoute pas ces petites salades. Terme vaudois.
SÉNIFIER, v. a. Voyez SÉGNIFIER.
SENS DEVANT DIMANCHE. Euphémisme, pour: Sens devant derrière. Qu'est-ce qui te fait rire, Jeannette?—Ah! c'est que Monsieur a mis sa robe de chambre sens devant dimanche. Français populaire. [Voyez Dictionnaire du Bas langage.]
† SENSIBLEMENT, adv. Insensiblement.
SENTIE (LA). Le moment où la mère sent pour la première fois tressaillir l'enfant qu'elle porte dans son sein. Mme N** fut toujours malade, ou du moins très-incommodée jusqu'à la sentie.
SENTIR (SE), v. pron. Se souffrir. Je ne pouvais me sentir dans cette ville de Constance, c'est-à-dire: Le temps me durait, je me déplaisais dans cette ville de Constance. Expression méridionale.
† SENTU, TUE, part. Senti, sentie. Dis-donc, Alexis, l'as-tu sentu ce coup de poing sur l'œil? Ce barbarisme appartient au vieux français et au français populaire.
SEOIR (SE). Les dictionnaires, en enregistrant ce verbe, ajoutent qu'il est vieux. Il est, en effet, fort ancien dans la langue française, mais il est encore vivace et journellement usité à Genève. Madame voudrait-elle prendre la peine de se seoir? Henriette, fais seoir ces dames. Je suis pressée, ma chère, et n'ai pas le temps de me seoir. Mais nous ne l'employons qu'à l'infinitif.
SEPTANTE, nom de nombre. Soixante et dix. Septante poses de terrain. Une compagnie de septante grenadiers. Je lui prêtai septante francs. Ce terme, d'un usage universel dans la Suisse française et dans le midi de la France, appartient au vieux français. Soixante et dix est un terme incommode dans la numération, et tous les grammairiens français s'accordent à désirer que septante lui soit substitué.
SEPT-EN-GUEULE, s. m. Sorte de très-petites poires, dont sept entreraient à la fois dans la bouche. Les sept-en-gueule sont les plus précoces, mais peut-être les moins bonnes, de toutes les poires de nos environs.
SÉRAC ou SERAC, s. m. Voyez SÉRET.
SERACE ou SÉRACE, s. f. Voyez SÉRACÉE.
SÉRACÉE, s. f. Caillebotte, lait caillé dont on a séparé le petit lait, et qui fait masse. «La Fanchon me servit des grus, de la céracée, des gauffres, des écrelets.» [J.-J. Rousseau, Nouv. Héloïse, IVe partie.] Terme vaudois et neuchâtelois. En quelques endroits du canton de Vaud on dit: Du seracé.
SÉRAILLE, s. f. Se dit des armes à feu et signifie: Long feu, faux feu. Faire séraille. Le lièvre était presque à bout portant, mais le fusil fit séraille. Terme vaudois.
SERBACANE, s. f. Sarbacane.
SERCLER, v. a. Sarcler, ôter les mauvaises herbes, au moyen d'un instrument tranchant appelé Sarcloir. Sarcler un bosquet; sarcler les allées d'un jardin. Terme français populaire et vieux français.
SÉRET, s. m. Fromage très-maigre qu'on obtient après le fromage gras, en faisant cailler le petit lait. On le mange frais en le trempant dans de la crème. Terme suisse et jurassien.
† SERINGUE, s. f. Pompe à incendie. Les seringues arrivèrent trop tard. On entendait le roulement sinistre des seringues pendant la nuit. Ce mot de seringue se trouve fréquemment employé, en ce sens, dans nos anciennes archives. Le dictionnaire de Furetière dit «qu'on s'est longtemps servi, dans les incendies, de grosses seringues pour élever l'eau en l'air.»
SERINGUER, v. a. (fig.) Ennuyer. Va-t'en et laisse-nous: tu nous seringues.
SERMENT, s. m. Sarment, bois que pousse un cep de vigne. Des fagots de serments. Un feu de serments. Brûler des serments. Terme suisse, savoisien, lyonnais, limousin, dauphinois, gascon, lorrain, parisien populaire et vieux français.
SERMENT, s. m. Plusieurs personnes disent: J'en fais de serment; j'en ferais de serment, etc. Pour être correct, il faut supprimer le de, et dire: J'en fais serment; j'en ferais serment.
† SERPENT (UNE). Un serpent. Cette vieille Arnoux est une mauvaise langue, une poison, une serpent. Ce solécisme, très-commun en Suisse, appartient au vieux français.
SERREMENT D'ESTOMAC. Dites: Serrement de cœur. À la vue de cette douloureuse opération, je fus saisi d'un serrement d'estomac. Terme languedocien.
SERRETTE, s. f. Serre-tête, sorte de bonnet de nuit.
SERTISSEUR, s. m. Terme de joaillier. Celui qui sertit ou enchâsse les pierres précieuses dans un chaton.
SERVANT, s. m. Esprit follet, lutin qui, dans les chaumières, dans les chalets et dans les vieux bâtiments, fait du bruit et des espiégleries. Terme vaudois et fribourgeois.
SERVANTE, s. f. Chevrette, instrument de cuisine que l'on suspend à la crémaillère, et qui sert à soutenir la cassette (le poêlon) sur le feu. Cette dénomination une fois donnée à un ustensile d'un ordre très-inférieur, nos cuisinières ne peuvent tolérer qu'on les appelle servantes. Je trouve les lignes suivantes dans une brochure publiée le 1er juillet 1794: c'est une dame qui parle. «Les servantes, disais-je une fois à la mienne, ne doivent-elles pas ménager le bien des maîtres?—Qu'appelez-vous servante, Madame? Les servantes sont à la crémaillère.» [Plaidoyer pour le corps des servantes.]
SERVANTE, s. f. Nous disons proverbialement de quelqu'un qui, par zèle ou par un autre motif, fait plus qu'on ne lui demande: Il fait comme la servante à Pilate (proverbe languedocien). Le dictionnaire de l'Académie dit: Il est comme le valet du diable: il fait plus qu'on ne lui commande.
SERVICE (UN). Un couvert, c'est-à-dire: L'assiette, le verre, le couteau, la cuiller, la fourchette et la serviette. Mettez un service pour Monsieur. Nous appelons plus particulièrement service, la cuiller et la fourchette réunies. Eh quoi! Madelon, vous me donnez une assiette et un verre, et vous oubliez le service! C'est dans ce sens que nous disons: Un service d'étain; un service en métal d'Alger; Benoît a eu pour présent de noces six services d'argent. Terme suisse, savoisien et méridional.
SETIER, s. m. Mesure de capacité pour les liquides. Un setier renferme vingt-quatre quarterons, soit environ 60 bouteilles ordinaires, soit 54 litres 144 centilitres.
SEUJET (LE). Nom d'une de nos rues, située au bord du Rhône, et où sont établis plusieurs ateliers de teinture et de dégraissage. L'origine de ce nom est vraisemblablement le mot languedocien: Sugé, ou sujier, qui signifie: Teinturier.
SI, adv. Extrêmement. Si, adverbe, ne peut se placer immédiatement devant un substantif. Il est donc incorrect de dire: J'ai si peur; j'ai si faim; elle avait si froid; ils avaient si honte; elle a si envie d'être mariée; c'est si dommage de détruire ces beaux peupliers! Français populaire.
SI, adv. Tellement, tant. J'ai si affaire aujourd'hui que je ne sais par où commencer.
SIAU, s. m. Seau. Siau en bois; siau en cuir. Un siau d'eau. Terme usité dans une partie de la Suisse et de la Savoie, en Dauphiné, dans le Limousin, en Franche-Comté, en Lorraine, en Champagne, en Bretagne et à Paris. On dit: Séau à Marseille, à Bordeaux, à Chambéry, et sans doute ailleurs.
SI AU CAS ou SI EN CAS, loc. conjonct. Au cas que, si. Si en cas tu sors, Marguerite, laisse la clef chez notre voisine. Si au cas Duperrut venait m'assigner, je saurais bien me défendre.
SI BIEN, loc. adv. Oui, assurément, sans doute. Tu ne te baignes pas aujourd'hui, Samuel?—Si bien. Terme provençal, etc.
SICLARD, ARDE, adj. Criard, perçant. Une voix siclarde; un timbre siclard.
SICLÉE, s. f. Cri aigu, cri perçant. Se dit surtout du cri des enfants, du cri des jeunes garçons et de celui des jeunes filles. Faire des siclées; pousser des siclées.
SICLER, v. n. Pousser des cris aigus, crier avec éclat. Amusez-vous, mes amis, sans crier et sans sicler. En languedocien: Sisclà.
SICLES, s. m. pl. Cris aigus des enfants. Faire des sicles. Leurs sicles nous déchiraient le tympan. Nos quatre mots de sicle, siclée, sicler et siclard sont des onomatopées remarquables.
SIENNES, pron. poss. plur. Un tel a bien les siennes, signifie: Un tel a bien ses mésaventures, ses chagrins, ses malheurs. Après avoir perdu sa fortune, Hector perd sa fille aînée: il faut avouer qu'il a bien les siennes.
SIFFLER (EN), v. a. N'est employé que dans cette expression: Je t'en siffle, par laquelle on donne à entendre que l'espérance de quelqu'un sera déçue. Lui! te prêter son cheval!... Je t'en siffle, bernique. Nous disons dans le même sens: Je t'en moque.
SIFFLET, s. m. Sifflement, vent coulis. Il venait un sifflet par la porte, et j'y attrapai un coup de froid.
SIFFLET, s. m. Instrument pour siffler. Avec de l'argent on a des sifflets à Saint-Claude (ville du département du Jura, renommée pour ses ouvrages en buis), proverbe dont le sens est: Qu'avec de l'argent on se procure tout ce qu'on veut; qu'avec de l'argent tout est possible.
SIGNER (SE), v. pron. Apposer sa signature, signer. Où faut-il que je me signe?—Signe-toi après tes deux oncles. «Calvin se signa souvent dans ses lettres, Charles de Heppeville, ou Happeville. Calvin se signait peut-être ainsi pour,» etc. [Senebier, Histoire littéraire de Genève, t. I, p. 246.] Expression suisse et méridionale. Se signer est français dans le sens de: Faire le signe de la croix.
† SIGNIFIER À, EN et DE. Cela ne signifie à rien; cela ne signifie en rien; cela ne signifie de rien. Trois barbarismes qui ont également cours à Genève, mais dont le deuxième est le plus fréquent. Il faut dire, sans préposition: Cela ne signifie rien.
SIGOUGNÉE, s. f. Tiraillement, ébranlement violent, secousse brutale. Après trois ou quatre fortes sigougnées, la porte fut jetée bas.
SIGOUGNER, v. a. Tirailler, agiter vivement, secouer brutalement. Sigougner un pieu pour l'arracher; sigougner une porte pour l'ouvrir; sigougner un loquet; sigougner quelqu'un. Il m'empoigna et me sigougna le bras jusqu'à m'estropier. Terme énergique, et qui n'a pas de synonyme en français. Les Languedociens disent: Segougnà; en provençal, sagagna.
SIMAGRIE, s. f. Simagrée. Allons au fait, et laissons toutes ces simagries.
SIMOLAT, s. m. Semoule, farine en grains. Soupe au simolat. Terme valaisan et savoisien. En piémontais on dit: Semola.
† SINGULIARITÉ, s. f. Écrivez et prononcez «Singularité.» Singuliarité appartient au vieux français, et se dit encore dans quelques provinces du nord de la France.
SIROP MAGISTRAT, s. m. Sirop magistral.
SISSON, s. m. Terme enfantin. Chien, petit chien. Viens, Alfred, viens caresser le sisson.
SISTANCE, s. f. Ce qui est nécessaire à l'homme pour vivre et se sustenter. Ne s'emploie qu'avec la négation. N'avoir pas sistance, signifie: Être dénué de tout. Ce pauvre Guignolet n'a pas sistance au monde. Ce mot de sistance se prend quelquefois dans un sens plus spécial, et signifie: Nourriture, aliment. Ma bonne dame, donnez-moi un morceau de pain, il n'est pas entré sistance dans mon corps aujourd'hui. Terme savoisien. Dans le dialecte rouchi on dit: Sustance. Se dit aussi des choses. Quand les cendres ont donné toute leur sistance, on les ôte, etc.
SI TELLEMENT, si fort, tellement. L'affaire est si tellement embrouillée, que les avocats mêmes n'y voient goutte. Français populaire.
SOBRÉCOT, s. m. Subrécot, le surplus de l'écot, ce qu'il en coûte au delà de ce qu'on s'était proposé de dépenser.
† SOCIALISTE, s. m. Socialisme.
SOCIÉTÉ (LA). Le monde. Nous disons: Aller en société; se plaire en société; s'ennuyer en société. Où étiez-vous hier au soir, Monsieur Artus?—J'étais en société. On dit en français: Aller dans le monde; se plaire dans le monde; s'ennuyer dans le monde, etc. On peut dire aussi: Aller dans la société; se plaire dans la société; s'ennuyer dans la société.
SOCÎTÉ, s. f. Prononciation vicieuse du mot: Société.
† SOFRE, prép. Sauf. Sofre votre respect, permettez que... La Josette fut obligée de vendre tout son bataclan, sofre un lit et un placard.
SOI-DISANT, loc. adv. Dit-il, dit-elle. Ce terme (soi-disant) est mal employé dans les phrases suivantes et les analogues. Il m'emprunta d'excellents livres, soi-disant pour les lire, et il les vendit. On lui a fait soi-disant une injustice criante. Quand l'enfant manque le collége, les parents l'excusent auprès du régent par un soi-disant mal de tête. Mais «soi-disant» est bien placé dans les exemples qui suivent: On m'adressa à un soi-disant chirurgien qui n'était, à vrai dire, qu'un frater. Je me trouvai près d'une dame soi-disant polonaise et qui était de Chambéry. «Soi-disant» demande toujours à être suivi d'un complément, lequel sert de qualification au pronom personnel qu'il renferme.
SOIGNER UNE CHOSE. Soigner un parapluie. Soigner des hardes. Soigne ton manteau, Jules, soigne tes gants et ton chapeau. «Soigner» n'a point ce sens en français. Il faut employer le mot «serrer.» Serrer un habit, serrer un chapeau, etc.
SOLET, LETTE, adj. Seulet, lette. Elle s'en retournait toute solette. Terme vaudois.
SOLI, s. m. Fenil, grenier à foin. Terme vaudois et fribourgeois. Dans le Jura on dit: Soulier ou solier; dans les Vosges, slo; dans le Limousin, soulié; en vieux français, solier. R. solarium.
SOLICISME, s. m. Solécisme.
SOLIDE, adj. Se dit du temps qu'il fait, et signifie: Assuré, qui est de durée. Crois-tu ce beau temps solide?
SOLIDER, v. a. Consolider, affermir. Solider une palissade, solider une table. Terme franc-comtois.
SON, pr. pers. Ne dites pas: Il fait son entendu; il fait son homme d'importance, etc., dites: Il fait l'entendu, il fait l'homme d'importance. Ne dites pas non plus: Il fait son embarras, dites: Il fait de l'embarras, beaucoup d'embarras.
SON DE BIÈRE, s. m. Drague, c'est-à-dire: Orge ou tout autre grain cuit, qui a servi à faire de la bière.
SONNÉE, s. f. Se dit d'un fort coup de cloche. Faire une sonnée signifie: Donner un fort coup de cloche. Peut-on faire de pareilles sonnées à la porte d'un malade! Terme languedocien.
SONNETTE, s. f. On ne dit pas: Mettre une sonnette, on dit: Poser une sonnette.
SOPHIE. N'est usité que dans cette locution: Il fait sa sophie, c'est-à-dire: Il fait la demoiselle sage.
SORCILÉGE, s. m. Sortilége. R. sortilegium.
SORT, s. m. Malheur, guignon, sort fâcheux. Ai-je du sort! Faut-il avoir du sort! Il faut convenir que vous avez trop de sort.
SORTE, s. f. Bonne qualité, bon acabit. Être de sorte signifie: Être sortable, être convenable, convenir à l'état et à la condition des personnes. Pour le bal de la vogue, cette robe et ce châle ne sont pas de sorte. Voilà, certes, un feu qui est de sorte. Il faut choisir à votre Bénigne un mari qui soit de sorte. Expression très-répandue chez nos campagnards.
† SORTIR DE PORTE. Sortir de la ville. Où allez-vous, Henriette? Sortez-vous de porte?
SOT, SOTTE, adj. et subst. Qui n'est pas sage, qui fait l'espiègle, le désobéissant, le paresseux. Se dit des enfants et des jeunes adolescents. Tu veux donc toujours faire le sot, Guillaume. Tu es bien sotte, Fanny, de ne pas prêter tes joujoux à ton petit frère. Terme suisse, savoisien, marseillais, etc.
SOTTIFIER, v. a. Désappointer, attrister, rendre sot, rendre penaud. Ce départ subit nous sottifia. Un refus si désobligeant et si inattendu sottifia toute la famille.
SOUCARE, s. m. Voyez SOUQUART.
† SOUCI, s. m. Froncer le souci. Après son érésipèle, les soucis lui sont tombés. Terme français populaire. Écrivez «Sourcil» et prononcez sourci.
SOUCILLER (SE), v. pron. Se faire des soucis, se créer des soucis. Un peu de courage, mère, il ne faut pas te souciller pour si peu de chose.
SOUCILLEUX, EUSE, adj. Soucieux. Qui a du souci, qui marque du souci. Un front soucilleux; un air soucilleux; Vous paraissez bien soucilleux, Monsieur Auguste.
SOUFFLER À. Souffler à un écolier qui récite sa leçon; souffler à un acteur. Il faut dire: Souffler un écolier; souffler un acteur.
SOUHATER ou SOITER, v. a. Écrivez et prononcez «souhaiter,» comme «allaiter,» et ne dites pas: Je vous soite le bonsoir; on vous soite le bonjour.
SOUILLATON, s. m. Les campagnards désignent par ce mot un homme qui est habituellement entre deux vins, ne quittant un cabaret que pour aller boire dans un autre.
SOÛLER, v. a. (fig.) Ennuyer à l'excès, assommer. Elle me soûle avec ses visites répétées et ses conversations sans fin. Expression fort triviale.
SOÛLIAUD, s. m. Soulaud, ivrogne, sac-à-vin. C'est un soûliaud, un vilain soûliaud qui boit tout ce qu'il gagne. Terme vaudois.
SOÛLIAUD ou SOÛLIOT, s. m. Terme enfantin. Petite poupée de sureau qui, lors même qu'on la renverse, retombe toujours sur ses pieds.
SOÛLION, s. m. Ivrogne, homme qui ne dessoûle pas. Terme vaudois. A Neuchâtel et dans le Jura on dit: Un soûlon. L'Académie écrit: «Souillon,» et donne à ce terme un sens différent.
SOUMISSION RESPECTUEUSE. Acte extra-judiciaire bien connu. La véritable expression est: «Sommation respectueuse.» Mlle N** vient de faire la troisième sommation respectueuse. [Acad.] Soumission respectueuse est un barbarisme, mais ce barbarisme ne nous est pas particulier. Je le trouve signalé entre autres dans le Vocabulaire du Bas langage rémois, p. 87.
SOUPE, s. f. Nous disons proverbialement d'une personne qui dort longtemps et profondément: Elle dort comme une soupe. On dit en français: Dormir comme une souche; dormir comme un sabot.
SOUPOUDRER, v. a. Saupoudrer. Ce gâteau aurait eu besoin d'être soupoudré de sucre. Français populaire. R. sau, vieux mot français qui veut dire: Sel.
SOURBE, s. f. Sorbe, fruit.
SOURD-ET-MUET (UN). Dites: Un sourd-muet. L'institut des sourds-muets.
SOURDIAUD, DIAUDE, subst. Sourdaud. Celui ou celle qui n'entend qu'avec peine.
SOURDITÉ, s. f. Une complète sourdité. Terme français populaire. Dites: Surdité.
SOUS, prép. Sauf, avec. Sous le respect que je vous dois, Monsieur le juge, je vous dirai que... Sous votre respect, Madame, j'ai eu la fièvre pendant quinze jours. Terme français populaire.
SOUS-MAIN (UN). Terme de calligraphie. Papier que celui qui écrit met sous sa main par mesure de propreté.
SOUS-TASSE ou SOUTASSE, s. f. Soucoupe, le dessous d'une tasse. Terme vaudois, neuchâtelois, rouchi, wallon, etc.
SOUSTER, v. a. Terme de certains jeux de cartes. Garder, accompagner. Son roi de trèfle était bien sousté. On dit encore: Souste. Terme suisse et lyonnais. Peut-être faut-il rapprocher ce mot de SOÛTE. R. lat. subtus stare ou substare.
SOUSTRAIRE, v. a. On entend journellement dire: Nous soustraisons, pour: Nous soustrayons; tu soustraisais, pour: Tu soustrayais; en soustraisant, pour: En soustrayant, etc. Ce verbe se conjugue comme «Traire.» «On admire la promptitude avec laquelle les fourmis SOUSTRAISENT leurs nourrissons au danger.» [Ch. Bonnet, Contemplation de la Nature, XIme partie, ch. XXII.]
SOÛTE, s. f. Abri. Voyez SIOÛTE.
SOUTENIR, v. a. (fig.) Soutenir des relations avec quelqu'un n'est pas une expression correcte, du moins ne se trouve-t-elle pas dans les dictionnaires. Il faut dire: Avoir des relations avec quelqu'un, ou trouver une expression équivalente.
SOUVENT, adv. Promptement, vite. Depuis deux heures de temps que Lise est partie pour le marché, je ne la vois pas souvent revenir, c'est-à-dire: Je ne vois pas qu'elle se presse de revenir. Terme parisien populaire.
SPECTABLE, adj. Titre honorifique dont on qualifiait jadis les ministres du culte réformé.
† SQUELETTE (UNE). Un squelette.
SUCLER, v. a. Roussir par le feu, griller, brûler légèrement. En s'approchant trop de la bougie, elle se sucla les cheveux. Notre pauvre minon, qui dormait sur le foyer, s'est complétement suclé la queue. En languedocien et en provençal, on dit: Usclà.
SUCRER (SE), v. pron. Sucrer son café, son thé, son chocolat. S'il vous plaît, Mesdames, sucrez-vous. Tout le monde est-il sucré? Français populaire.
SUCRIÈRE, s. f. Sucrier.
SUGGESSION, s. f. Écrivez et prononcez «Suggestion» (sug-ges-tion), en donnant à la lettre t le son qui lui est propre.
SUPPORTER, v. a. (fig.) Ce vin ne supporte pas l'eau. Dites: Ce vin ne porte pas l'eau.
SUPPOSER, v. a. Nous disons souvent: À supposer que, pour: Supposé que. À supposer que l'hiver soit rigoureux; À supposer que l'Europe demeure en paix, etc. Les dictionnaires ni le bon usage n'autorisent cette expression.
† SUR, prép. Quel âge a votre fils, Monsieur Jacot?—Oh là, Monsieur, il est sur ses vingt-cinq ans.—Et vous-même, s'il vous plaît?—Je suis sur ma septantième année.
SUR, prép. Lire sur le journal; lire sur l'almanach; lire sur l'affiche, etc. Dites: Lire dans le journal, lire dans l'almanach, lire dans l'affiche. Qui t'a raconté ce naufrage?—Qui? Personne. Je l'ai lu sur le Constitutionnel. Faute universelle.
SUR, prép. Je prends la chose sur ma responsabilité. Dites: Sous ma responsabilité.
SÛR, adv. Sûrement, pour sûr, certainement, sans aucun doute. Vous nous promettez de venir chez nous demain.—N'ayez nulle crainte, j'irai sûr, très-sûr. Vous partez dimanche, Monsieur Dubois.—Oui, sûr, bien sûr. Expression gasconne et belge.
SURFIN, FINE, adj. Superfin. Étoffe surfine, teinture surfine. Fabrication de liqueurs surfines, au Grand-Lancy, chez Baron-D**.
SURLOUER, v. a. Surlouer une chambre, surlouer un appartement. Terme valaisan, savoisien, parisien populaire, etc. Dites: Sous-louer.
SUROT, s. m. (o bref.) Cueillir du surăt. Infusion de surăt. Petard de surăt. Prononciation suisse du mot «Sureau,» lequel rime avec bureau.
SUSPENTE ou SOUSSEPENTE, s. f. Les suspentes d'un cabriolet. Établir une suspente dans une cuisine. Terme savoisien, franc-comtois, wallon, etc. A Paris et à Reims on dit: Supente. Le terme exact est: Soupente.
† SYNAPISSE, s. m. Synapisme.
T
TABELLE, s. f. Registre, agenda, tableau des devoirs, occupations, charges, incombances d'une société, d'un corps, d'une corporation. Rédiger la tabelle. Consulter la tabelle. Inscrire sur la tabelle. Afficher la tabelle. Terme vaudois.
TABLÂR ou TABLÂT, s. m. Tablette, rayon, planche posée pour mettre quelque chose dessus. Ajuster des tablâts. Écurer des tablâts. S'aguiller sur un tablât. Terme suisse et savoisien.
TABLE, s. f. Nous disons: La soupe est sur la table, pour signifier que le dîner est servi. On doit dire sans article: La soupe est sur table, ou chercher une meilleure expression.
TABLE, adj. Dans une votation, lorsque les voix sont mi-parties (c'est-à-dire également partagées), cela s'appelle: Être table. Les juges étaient tables, et le président fut appelé à détabler. Terme neuchâtelois. [Voyez Guillebert, Glossaire neuchâtelois, 2e édition, p. 243.]
TABLÉE, s. f. Réunion nombreuse de convives (autour d'une table.) Une belle tablée; une joyeuse tablée. Terme suisse et vieux français.
TABLETTE À LA BISE, s. f. Pastille de menthe.
TABOUSSE, s. f. Babillarde.
TABOUSSER, v. n. Babiller. Terme vaudois.
TACHE, s. f. Petit clou de fer à tête ronde que l'on met sous les souliers et les sabots. Terme suisse et méridional. Dans le patois limousin, on appelle tatso toute espèce de clou qui a un pouce et demi de longueur, et au delà.
† TÂCHE, s. m. As-tu fait ton tâche, Bastien? Quand ton tâche sera fini, tu t'amuseras. Ce mot est féminin.
TÂCHER, v. n. Terme des jeunes écolières. Rivaliser de diligence; disputer à qui aura le plus vite fait, dans un temps donné, un certain ouvrage. Mesdemoiselles, voulons-nous tâcher? Tâchons toutes ensemble.
TÂCHER À. Viser à, tâcher d'atteindre une personne ou une chose avec un projectile quelconque. Tu me tâchais, Henri, avec ta paume de neige?—À toi? Pas plus; je tâchais à cette bourguignôte qui passe.
TÂCHER MOYEN. Faire en sorte, tâcher, s'efforcer. Tâche moyen que l'on se promène ensemble dimanche. À çà, Jérôme, tu tâcheras moyen de me rembourser un peu promptement. Terme vaudois et méridional.
TÂCHER QUE. Il faut tâcher que votre maître soit content. Le verbe tâcher ne se construit pas avec que. Dites: Il faut tâcher de contenter votre maître.
TACONNET ou TACOUNET, s. m. Pas d'âne, plante médicinale qui croît principalement dans les terrains improductifs. Terre de tacounet, laisse à qui elle est. Terme vaudois, etc.
TAILLARDER, v. a. Taillader, entailler, couper.
TAILLER À LA RUINE, ou EN RUINE. Terme d'agriculture. Se dit ordinairement d'une vigne dont on surcharge la taille de manière à lui faire produire beaucoup de fruit, sans s'inquiéter si on l'épuise. Ce procédé est mis en pratique l'année ou les années qui précèdent l'arrachement. Au figuré, tailler à la ruine, se dit de ceux qui sacrifient l'avenir pour faire face au présent.
TAILLERIN, s. m. Petit morceau de pâte pour la soupe, vermicelle plat. Terme vieux français.
TAILLEUSE, s. f. Couturière. [Voyez Pautex, Recueil de mots, ch. XXII.]
TAILLON, s. m. Grosse tranche, morceau, gros morceau coupé. Un taillon de lard; un taillon de fromage. Ne coupe donc pas ce pain par taillons. Terme méridional et vieux français.
TALAR, s. m. Pelisse, robe fourrée.
TALMOUSSE, s. f. Sorte de pâtisserie, nouvellement introduite chez nous, et qui nous vient de Paris. Le véritable terme est «Talmouse,» avec un seul s.
TAMAGE, s. m. Voyez TAMER.
TAMBOUR, s. m. Sorte de poêle portatif en fer-blanc, à couvercle et de forme ronde. Un tambour et sa bassine. Vous sécherez ces linges dans le tambour.
TAMBOUR D'ONZE HEURES, s. m. (fig.) Rabâchage, répétition ennuyeuse, litanie.
TAMBOURNER, v. n. Tambouriner. Venez tous: on ira tambourner au bastion. Se dit surtout des enfants lorsqu'ils battent de petits tambours qui leur servent de jouet. Terme suisse, jurassien, etc.
† TAMBOURNIER, s. m. Tambour, celui qui bat la caisse. Terme savoisien, jurassien et languedocien.
TAMER, v. a. Étamer. Voilà le magnin qui passe; donnez-lui les deux pochons à tamer. Terme vaudois.
TAMPONNE ou TAMPOUNE, s. f. Débauche de table, tapage, grande ribotte avec chants, cris et claquements de mains. Faire la tamponne. Français populaire.
TAMPONNER, v. n. Faire la tamponne, faire une débauche bachique, se livrer bruyamment à tous les plaisirs de la table. Terme méridional.
TANNÉE, s. f. Rossée, frottée, volée de coups. Donner une tannée; appliquer une tannée; recevoir une tannée.
TANNER, v. a. (Prononcez â long.) Battre, rosser, abîmer de coups. Hier au soir ils se sont tannés et giflés à outrance. Terme suisse. Le verbe tanner, pris dans cette acception, ne se trouve dans aucun dictionnaire ni dans aucun glossaire français.
TANT, adv. Si, tellement. Ne lisez pas ce roman, il est tant plat. Ces poires sont tant bonnes. La Fanchette est tant bête. Cette faute nous vient du vieux français.
TANT, adv. Aussi. Va vite! cours! cours tant fort que tu pourras. «Je déployai toutes les voiles et laissai le bateau aller tant vite qu'il voulut.» [Bonivard à Chillon, p. 60.]
TANT, adv. est superflu dans les exemples suivants: Tant plus on sera, tant plus on s'amusera. Tant plus on a d'égards pour Isaac, tant plus il grogne et rechigne. Cette expression appartient au vieux français.
TANT, s. m. On lui a promis le tant pour cent. Vous lui payerez un tant pour mille. Ils auront un tant sur les bénéfices. Tant n'est jamais substantif. Il faut dire, en retranchant l'article: On lui a promis tant pour cent. Vous lui payerez tant pour mille, etc.
TANT MOINS QUE. Le moins que. Il est si apathique qu'il travaille tant moins qu'il peut. Ne fréquente pas les cafés, Eugène, vas-y au contraire tant moins que tu pourras. TANT PLUS QUE est aussi un barbarisme. Combien faut-il scier de ces rondins?—Sciez-en tant plus que vous pourrez. Dites: Le plus que vous pourrez.
TANTÔT, s. m. Après-midi. Le tantôt, l'après-midi. Adieu, Des Thiollaz, on se verra ce tantôt. Vas-tu souvent à ton cercle, Colombier?—Pardine, j'y vais chaque tantôt. Depuis plusieurs jours il pleut tous les tantôts. Cette expression, qui nous vient du vieux français, n'est point particulière à notre dialecte. Le mot «tantôt» est un adverbe. Voyez les dictionnaires.
† TANT PIRE, loc. adv. Tant pis. S'il n'est pas content de ce que je lui offre, tant pire pour lui. Nous aurons de la pluie, Benjamin.—Eh bien! tant pire; partons la même chose. Parisien populaire, etc.
TANT QU'À MOI. Quant à moi. Tant qu'à nous, quant à nous. Tant qu'à eux, quant à eux. Je ne t'ai jamais vu ivre, Chapalay.—Tant qu'à çà, Monsieur, je ne bois jamais plus de demi-pot. Parisien populaire.
TANT QU'À. Jusqu'à. Tant qu'à Genève, tant qu'à Bonneville, etc., signifient: Jusqu'à Genève, jusqu'à Bonneville. Sans nous apercevoir de la fatigue, nous allâmes tant qu'à Rumilly. Les gens de la campagne ne s'expriment pas autrement.
TAPAGE, s. m. Grande quantité. Un tapage de monde; un tapage de vieux bouquins. Dans sa colère, il nous lâcha un tapage de sottises. Français populaire.
TAPAGER, v. n. Faire du tapage. Finissez, mes enfants: c'est bien assez tapagé. Terme marseillais, etc.
TAPASSÉE, s. f. Pluie, averse forte, mais de courte durée. Une tapassée de pluie. Recevoir une tapassée. Cette tapassée nous inonda. Terme suisse et savoisien. La signification primitive du mot tapassée est: Grande abondance d'une chose, grande quantité. Une tapassée d'individus; une tapassée de pommes. D'un seul coup de pierre il déguilla une tapassée de noix.
TAPÉE, s. f. Grande quantité, grande abondance, multitude. Une tapée de monde. Une tapée de marchandises. Une tapée de soupe. Terme français populaire.
TAPÉE, s. f. Coups, gifle. Recevoir une tapée. Nos gamins se donnèrent une bonne tapée. Terme dauphinois, etc.
TAPER DE L'ŒIL. Dormir. Français populaire.
TAPER (SE), v. pron. Se heurter. Elle se tapa contre la cheminée et tomba. Taper et se taper sont français, mais dans une acception un peu différente.
TAPET, s. m. Traquet, oiseau du genre des becfigues.
TAPET, s. m. Langue. Faire cheminer son tapet, signifie: Babiller, bavarder.
TAPETTE, s. f. Battoir de lessive, palette à manche pour battre le linge mouillé. Au sens figuré, tapette se dit de la langue d'une personne babillarde. Mener sa tapette. Tenir sa tapette au chaud. Il se dit aussi de la personne elle-même: Cette jeune fille est une tapette.
TAPIN, s. m. Tape, taloche, coup de la main. Recevoir un tapin; appliquer un tapin. Terme français populaire.
TAPIN, s. m. Tambour, celui qui bat la caisse. Un petit tapin. Voilà les tapins qui s'exercent.
TAPISSEUR, s. m. Tapissier.
TAPISSIER, s. m. Colleur, ouvrier qui colle du papier peint sur les murs d'un appartement. En français: Un tapissier est Celui qui travaille en toutes sortes de meubles de tapisserie et d'étoffe.
TAQUINEUR, EUSE, s. et adj. Taquin, taquine.
TARABUSQUER, v. a. Tarabuster, inquiéter, importuner, contrarier. Voilà une nouvelle qui me tarabusque. Terme connu à Reims et sans doute ailleurs.
TARAMARA, s. m. Vacarme, brouhaha, bruit confus.
TARANTE ou TARENTE, s. f. Terreur panique. Tu as eu là, Gaspard, une fameuse tarente. En jouant sur ce mot, nous disons quelquefois d'un poltron: C'est le duc de Tarente. Voici notre duc de Tarente.
TARARA. Faire tarara signifie: Faire grande envie, faire venir l'eau à la bouche. En voyant ce salmis, ça me faisait tarara.
TARD (À), adv. Venir à tard, arriver à tard, sont des expressions vicieuses. Il faut dire: Venir tard, arriver tard, ou: Venir sur le tard, arriver sur le tard.
TARRE POUR BARRE. Nous disons familièrement de quelqu'un qui s'embrouille dans un discours, ou qui, par inadvertance et par distraction, dit une chose pour une autre: Il dit tarre pour barre; il répond tarre pour barre; il entend tarre pour barre. Expression très-usitée.
TARTIFLE ou TARTUFLE, s. f. Termes par lesquels, aux frontières de notre canton, dans le Faucigny, on désigne les pommes de terre. Planter les tartifles, buter les tartifles. Terme usité aussi en Languedoc. [Voyez le Dictionnaire gascon de Villa, t. II.] En français, tartifle est le nom vulgaire du topinambour.
TARTRE (LA). La tartre des dents. Ce mot est masculin.
TASSON, s. m. Taisson, blaireau. Proverbialement: Suer comme un tasson. Terme suisse-roman, etc.
TATA, s. f. Dans le langage des enfants signifie: Tante. Dis adieu à la tata; touche la main à la bonne tata. Terme usité en Bretagne et sans doute ailleurs.
TATA, s. m. Nous disons d'une personne que nous voyons, contre son ordinaire, bien vêtue et pimpante: Elle s'est mise sur son tata. Le voilà aujourd'hui sur son tata. Expression connue dans la Suisse romane.
TÂTE, s. f. Petite bonde faite avec la gouge dans un fromage pour le goûter. Terme jurassien et méridional.
TÂTENITOUCHE, subst. des 2 genres. Sournois, bon apôtre, sainte nitouche.
TÂTE-POLAILLE, TÂTE-À-POLAILLE, ou TÂTE-À-C.. DE POLAILLE, s. m. Se dit d'un homme qui s'occupe minutieusement des détails du ménage, et qui demeure au coin du feu pour veiller le pot. Dans le dialecte picard, tâte mes glaines (tâte mes poules) a le même sens.
TATOUILLE, s. f. Piquette, mauvais vin, ripopée. Boire de la tatouille. Terme français populaire.
TATTE ou TETTE, s. f. Terrain en friche, terre vacante, plaine inculte, lande, steppe. Les tattes de Saint-Georges. Les tattes d'Aire-la-ville.
TAUCHES, s. m. pl. Voyez TÔCHES.
TAULÉE ou TÔLÉE, s. f. Quantité, grand nombre. Une tôlée de chiens; une tôlée de cochons de lait.
TAUPIER, s. m. Se dit familièrement et dérisoirement d'un soldat du corps des mineurs.
TAUQUÉE ou TÔQUÉE, s. f. Gifle, danse.
TAUQUER ou TÔQUER, v. a. Battre, frapper, donner une danse. Jean est rentré soûl chez lui et s'est mis à tôquer sa femme et ses enfants.
TAVAN, s. m. Taon, insecte malfaisant très-connu. La piqûre du tavan. Le dard du tavan. Terme vaudois, savoisien, dauphinois et vieux français. Dans le Languedoc et dans le canton de Neuchâtel on dit: Taban. En latin, tabanus.
TAVELER, v. a. Terme des campagnards. Signifie: Donner au beurre une forme et le marquer d'une empreinte. Taveler le beurre. L'instrument qu'on emploie à cet usage s'appelle: Tavé.
TAVILLON, s. m. Bardeau, petite planchette de bois dont on recouvre certaines habitations. Terme vaudois et fribourgeois. Dans le Jura, dans la Franche-Comté et le Chablais on dit: Tavillon et tavaillon.
TAVILLONNER, v. a. Garnir le toit de bardeaux, de tavillons.
TAVILLONNEUR, s. m. Celui qui fabrique les tavillons et qui en garnit les toits. A Carouge (canton de Genève), on lit sur une enseigne de la rue Caroline: B***, couvreur-tavillonneur.
TEICHE ou TÈCHE, s. f. Tas de foin, meule de foin. Construire une teiche; élever une teiche. Terme suisse. Se dit aussi d'un grand tas ou amas. As-tu fait ta provision de fascines?—Oui, j'en ai une fameuse teiche. Quelle teiche de bois! En espagnol: Techo, toit d'où l'eau dégoutte. En Languedoc, técher veut dire: Dégoutter, couler goutte à goutte.
TEL, TELLE, adj. Expression dont on se sert quand on ne veut pas nommer les personnes. Mr tel a demandé de tes nouvelles. Dites: Mr un tel. Tu inviteras Mme telle. Dites: Mme une telle. Que m'importe ce que Mr un tel pense de moi! Au pluriel on doit dire: MM. tels, Mmes telles et telles.
TEL ET QUEL, adj. composé. Intact, sans changement, dans le même état. Je vous rends votre sac d'argent, je vous renvoie votre groupe tel et quel. Voici vos livres tels et quels. Supprimez la conjonction et, et dites: Voici votre argent tel quel. Voici vos livres tels quels.
† TEMPLE (LA). Il se heurta à la temple. Terme vieux français. Dites: La tempe.
TEMPS, s. m. Une heure de temps, deux heures de temps, etc., sont des expressions très-correctes, mais qui appartiennent au langage familier. Quand vous les trouvez censurées par les grammairiens, soyez certains que ces grammairiens-là n'ont pas lu bien attentivement les auteurs classiques; Voltaire, par exemple, s'en est servi fréquemment.
TEMPS, s. m. Qui gagne du temps, gagne tout. Proverbe remarquable et plein de sens, qui manque dans les dictionnaires.
TEMPS, s. m. Dans le langage des campagnards, avoir du temps, signifie: Avoir un mauvais temps, avoir de la pluie ou de l'orage. Les hirondelles volent bas: nous aurons du temps. Terme vaudois. A Neuchâtel et dans le Jura on dit en ce même sens: Il fera du temps.
TEMPS, s. m. Disposition de l'air. Le temps s'essuie, signifie: La pluie va cesser; la pluie semble vouloir cesser.
TEMPS, s. m. Conjoncture favorable, commodité, facilité. Prenez ce sentier, Mesdames, vous aurez meilleur temps, c'est-à-dire: Votre route en sera plus courte et plus facile. Expression suisse.
TEMPS (LE). Nous disons d'une personne extrêmement fière, qu'elle est haute comme le temps. Mais que signifie le mot de temps dans cette phrase? Peut-être s'agit-il des régions supérieures de l'atmosphère.
TENDRE, v. a. (fig.) Faire passer, donner. Tendez-moi la bouteille; tendez-nous le sel; tendez-lui les tenailles.
TENDS-TU? Abréviation de «Entends-tu?» Tu viens demain pêcher avec nous, Robert, et de bonne heure, tends-tu? Tu as promis de venir nous réveiller: n'y manque pas, tends-tu?
TENIR, v. a. (fig.) Avoir. Quel quantième du mois tenons-nous?—Nous tenons le vingt. Dites: Quel quantième du mois avons-nous?—Nous avons le vingt.
TENIR, v. a. Terme de négoce. Dans notre langage, tenir une marchandise, signifie: L'avoir à la disposition des chalands, l'avoir à vendre, la vendre. Tenez-vous des brignoles, Monsieur Philippe? Tenez-vous du simolat et des fidés? Terme méridional.
TENIR DE. Il tient de bise, veut dire: La bise souffle. Il tient de vent, signifie: Le vent souffle.
TENIR PIED. Terme du jeu de boule, du jeu de quilles, etc. Piéter, c'est-à-dire: Tenir le pied à l'endroit qui a été marqué pour cela. Expression suisse et savoisienne.
TENTATIF, IVE, adj. Tentant, tentante, qui tente. Votre proposition est tentative, et je l'accepte. Vous avez là des raisins fort tentatifs. Terme français populaire. Pour être correct, il faut dire: Une proposition tentante; des raisins tentants, etc.; ou, si l'on trouve trop dur à l'oreille ce mot tentant, on peut facilement prendre un autre tour.
TENTE, s. f. Banne, grosse toile que les marchands mettent aux auvents de leurs magasins pour se garantir du soleil. Un coup de vent emporta la tente. Terme méridional.
TENUE, s. f. Direction, conduite. La tenue d'une école; la tenue d'une classe. La tenue de classe a été d'un mois pour chaque concurrent. Nous disons dans ce même sens: Tenir la classe; tenir l'école. Mon collègue, Mr N**, tiendra la classe à ma place pendant deux jours. Ces termes utiles et consacrés chez nous n'ont pas encore trouvé place dans les dictionnaires.
TENUE DE LIVRES, s. f. La tenue de livres est une étude plus importante que difficile. Pour parler correctement, il faut dire: La tenue des livres.
TEPPE, s. f. Plaine inculte, terrain en friche. Défricher une teppe. Terme bressan, etc.
† TÉR'BENTINE, s. f. Tér'bentine commune; tér'bentine falsifiée. Écrivez et prononcez «Térébenthine.»
TERGETTE, s. f. Pousser la tergette; fermer une porte à la tergette. Terme français populaire. Écrivez et prononcez «Targette.»
TERRAILLE, s. f. Poterie de terre. Une marchande de terraille. Une fabrique de terraille. Terme suisse, savoisien, méridional et vieux français. Une de nos rues s'appelle le Terraillet. Terrailler voulait dire: Potier de terre. [Voyez Roquefort, Glossaire de la langue romane, t. II, p. 616.]
TERRASSIERS, s. m. Potier de terre. Le chemin des Terrassiers, dans la commune de Plainpalais, tire son nom des potiers de terre qui y étaient établis autrefois, et qui s'y sont maintenus jusque vers l'année 1827. Terme savoisien et méridional. En Bourgogne, dans le Berry et chez nos campagnards, terrasse ou tarasse signifie: Terrine, plat de terre, vase de terre, greulette. Voyez ce mot.
TERRASSIÈRE, s. f. Poterie, fabrique de pots de terre.
TERREAU, s. m. Dans la langue des campagnards ce mot signifie: Fossé. En vieux français on disait: Terrail.
TERRE JAUNE. L'expression terre jaune, employée non-seulement par les campagnards, mais aussi par les gens de la ville, vient de ce que dans les plans de délimitation qui ont été faits après le traité de Turin, on a teint de jaune la bande limitrophe sur laquelle nos voisins ne doivent pas établir de lignes de douanes.
TERTASSE, s. f. C'est le nom que beaucoup de personnes donnent, depuis quelques années, à l'une de nos rues montantes. Son vrai nom est Tartasse. On le trouve tel dans la chanson de l'Escalade et dans les registres latins du seizième siècle (Tartassia ou Tartasia).
TESTICOTER, v. a. et n. Asticoter, contester, tracasser quelqu'un sur de petites choses. Si ma marchandise vous convient, prenez-là, Mamzelle, sinon, pourquoi testicotez-vous? Terme neuchâtelois, lyonnais, limousin, rouchi, etc. A Paris: Tassicoter; en vieux français, tastigoter.
TESTICOTEUR, s. m. Chipotier, taquin, vétilleur.
TÊTARD, ARDE, s. et adj. Têtu, opiniâtre.
TÊTE, s. f. Le proverbe suivant s'adresse aux personnes oublieuses, étourdies: Quand on n'a pas bonne tête, il faut avoir bonne jambe; proverbe facile à comprendre, et qui est parmi nous d'un usage universel.
TÊTE-À-MAILLOCHE, s. f. Têtard, grenouille non développée.
TÊTE CARRÉE. Se dit ordinairement d'une personne opiniâtre, obstinée, têtue, inébranlable dans ses volontés. Selon l'Académie, «Tête carrée» se dit d'un homme qui a beaucoup de justesse et de solidité dans le jugement.
TÉTERASSE, s. f. Sorte de bouteille en verre, qui est d'un emploi utile dans le nourrissage.
TÊTIÈRE, s. f. Chevet. La têtière du lit. Terme parisien populaire.
THÉRIACLE, s. m. Sorte d'opiat. Une prise de thériacle. Du thériacle de Venise. Terme français populaire et vieux français. On doit dire: De la thériaque; une prise de thériaque.
† THÉTIÈRE, s. f. Une thétière de porcelaine; une thétière d'argent. Terme français populaire et vieux français. On dit aujourd'hui: Théière.
TIENS-TOI BIEN, s. m. Sorte de jeu, où plusieurs enfants sautent l'un après l'autre sur un d'entre eux, lequel se tient courbé en forme de cheval. Jouer à tiens-toi bien. On dit à Paris: Jouer au cheval fondu.
TIAFFE, s. f. Voyez TIOFFE.
TIETTE, s. f. Tiette! tiette! est le cri par lequel nous appelons les poules. Tiette est pour tiotte; et tiotte est un abrégé de petiote (petite). En Languedoc on dit: Tite! tite! pour: Petite! petite! Dans nos villages on dit: Tîhită ou tîtă.
TIGNACHE, s. f. Tignasse, mauvaise perruque.
TIGNON, s. m. Quignon, gros morceau. Un tignon de fromage.
TILLOL, s. m. Arbre. Écrivez et prononcez «Tilleul.» Les campagnards disent: Tillot (o bref). Terme jurassien, berrichon, vieux français, etc.
TINQUET, s. m. Gros morceau de quelque chose qui peut se manger à la main. Un tinquet de pain; un tinquet de châchaud; un tinquet de saucisse. A Neuchâtel on dit: Un tanquin.
TIOFFU, UE, adj. et subst. Se dit des personnes et signifie: Lourd, lourdaud, épais.
TIOLE, s. f. Nous disons de quelqu'un qui est ivre: Il a sa tiole; expression qui nous vient des campagnards. Tiole ou tieule, en patois, signifie: Tuile. En vieux français: Tieule.
TIOQUAND, ANDE, subst. Nom propre des habitants du pays de Gex, puis dénomination injurieuse pour dire: Un gros paysan, un homme grossier dans ses manières. C'est un tioquand.
TIOQUE, s. f. Se dit d'une personne sotte et maladroite. Que tu es tioque, ma pauvre Thérèse! Tu as le talent de casser tout ce qui te passe par les mains.
TIOQUER (SE), v. pron. Se choquer, se heurter; donner ou frapper contre. L'enfant se tioqua la tête contre un mur. Ces deux personnes se sont tioquées dans l'obscurité. Voyez TÔQUER.
TIOULÉE, s. f. Larmes abondantes.
TIOULER, v. n. Fondre en larmes.
TIOU-TIOU, s. m. Chevalier aboyeur, sorte de bécassine.
TIPE-TAPE (À), locut. adv. Beaucoup, abondamment, à foison; en veux-tu, en voilà.
TIPONNER, v. a. Tirailler, chiffonner, manier une chose comme ferait celui qui pétrit la pâte, pitonner.
TIRAGE, s. m. Tir, place où l'on s'exerce à tirer des armes à feu. Un tirage spacieux. Terme suisse.
TIRAILLE, s. f. La tiraille est un jeu d'écoliers, dans lequel, rangés en deux camps plus ou moins nombreux, ils se tiraillent violemment à l'envi, tâchant d'amener à eux, et de retenir prisonniers, leurs adversaires. Faire à la tiraille.
TIRANT, s. m. Courant d'air. La fenêtre entr'ouverte formait un tirant. C'est le tirant de la porte qui fait ce bruit. Terme vaudois.
TIRANT, s. m. Tiroir. Le tirant de la table. Terme vaudois.
TIRANTE, s. f. Se dit d'une femme qui est dure à la desserre, qui tire tout à elle, qui accapare et ne fait que des marchés à son avantage. Vous êtes bien tirante, ma bonne dame: si tout le monde marchandait comme vous, où en serait-on?
TIRE, s. f. File, rangée, suite, longue suite. Une tire de hutains. Voilà une bonne pluie, Monsieur Colas.—C'est vrai, Monsieur: mais il nous en faudrait deux jours de tire, c'est-à-dire: Deux jours de suite.
TIRE, s. f. Écrire à tire de plume, c'est écrire aussi vite que la plume peut aller. Pourrais-tu écrire à tire de plume le discours entier du prédicateur? On dirait en français: Pourrais-tu écrire à trait de plume?
TIRÉE, s. f. Tire, traite, certaine quantité de chemin que l'on fait sans se reposer. Nos petits voyageurs firent cinq lieues tout d'une tirée. De Genève à Douvaine il y a une forte tirée.
TIRÉE D'OREILLES, s. f. Il a eu sa tirée d'oreilles, sa bonne tirée d'oreilles, c'est-à-dire: On lui a tiré vigoureusement les oreilles.
TIRE-GOUINE, s. f. Mauvaise viande. On dit aussi: Treguigne.
TIRE-LÂCHE. Faire à tire-lâche, tirer et lâcher tour à tour. Sorte de jeu ou d'exercice gymnastique entre jeunes garçons.
TIRE-LIGNU, s. m. Sobriquet des cordonniers. Voyez LIGNU.
TIRE-POILS, s. m. Gribouillette, sorte de divertissement d'enfants. Faire à tire-poils, c'est jeter des bonbons, des dragées, de l'argent, au milieu d'une troupe d'enfants, qui cherchent à s'en saisir, et qui ont le droit de prendre aux cheveux ceux qui en sont détenteurs. Terme savoisien et méridional.
TIRER, v. a. Tirer son chapeau (se découvrir), est une expression vicieuse, quoique très-usitée en Suisse, en Savoie et même en France. Sois poli, Janot, et tire ton chapeau à ces messieurs. Je lui tirai poliment mon chapeau, mais il ne daigna pas me rendre le salut. Pour être correct, il faut dire: Ôter son chapeau. Je lui ôtai mon chapeau. Nous faisons une faute semblable quand nous disons: Tirer son habit, tirer sa veste. Il faut dire: Ôter son habit, ôter sa veste.
TIRER, v. a. Aller, poursuivre. Filez, petits drôles, et tirez bien vite votre chemin.
TIRER À L'ARC. Cette expression n'est pas française. On doit dire: Tirer de l'arc, tirer de l'arbalète.
TIRER AU PISTOLET. Les dictionnaires disent: Tirer le pistolet. Les expressions tirer au fusil, tirer à la carabine, tirer au canon, ne se trouvent non plus dans aucun dictionnaire français.
TIRER LES YEUX. Se dit d'un grand éclat de lumière, et signifie: Éblouir, blesser, offenser les yeux. La réverbération nous tirait les yeux. Finis avec cette rataco, tu me tires les yeux. Se tirer les yeux, signifie: Se faire mal aux yeux en travaillant sans clarté suffisante. Il fait presque nuit, ne lis pas davantage, tu vas te tirer les yeux.
TIRER (SE), v. pron. S'ôter, se retirer. Tire-toi de là, Michel. Jeunes gens, tirez-vous d'ici. Terme méridional, etc.
TIREVOUGNER ou TRIVOUGNER, v. a. Secouer, tirailler. Dans le dialecte fribourgeois, A tire vougne, adverbe, signifie: Avec difficulté, péniblement.
TIRE-ZYEUX, s. m. C'est le nom que les campagnards donnent à l'insecte que nous appelons en français: Demoiselle.
TOBIE (UN). Un niais, un nigaud, un idoine, un hébêté. Tobie que tu es! Oh! le tobie! Oh! le gros tobie! Terme berrichon, etc.
TOCANTE, s. f. Montre, petite horloge de poche.
TÔCHER, v. n. Terme d'écolier. Arriver au but, atteindre les tôches, être aux tôches, toucher. Tôché! tôché! On a tous tôché!
TÔFET, s. m. Sorte de petite pâtisserie. Un plat de magdelaines et de tôfets. Terme jurassien, etc. R. tôt fait, vite fait. Dans le dialecte rouchi, toto fet est le nom d'une sorte de friture.
TOIL, s. m. Toit. Monter sur le toil; réparer le toil. Ce terme appartient au langage le plus négligé.
TOILE, s. f. (fig.) Avoir la toile sur les yeux, signifie: Être agonisant, être à l'article de la mort. Expression bordelaise, etc.
TOISÉ, ÉE, adj. (fig.) Mort, fini, fait. L'oncle Pierre vit-il encore?—Ah! il y a longtemps qu'il est toisé. Après une telle faillite, c'est un homme toisé. Quant à sa fortune, n'en parlons pas, elle est toisée (mangée, dévorée). Eh bien! c'est entendu, c'est une affaire toisée.
TOJOTTE ou TEUJOTTE, s. f. Mauvaise taverne, cabaret borgne, cabaret mal approvisionné. Terme vaudois.
TÔLÉE, s. f. Voyez TAULÉE.
TOMBÉE, s. f. Surcroît de convives, affluence de convives qui n'étaient pas attendus. Eh bien! femme, que dis-tu de cette tombée d'hier? Heureusement qu'on avait des œufs et du jambon. Tombée se dit aussi des acheteurs qui arrivent en grand nombre à une foire ou à un marché. Terme méridional.
TOMBÉE (UNE). La plus petite quantité possible d'une chose liquide, un soupçon, un rien. Vous offrirai-je du vin, Caroline?—J'en prendrai une tombée, une apparence. Une tombée de vinaigre ne va pas mal dans les pommes de terre au lait.
TOMBER, v. n. (fig.) Sitôt qu'il l'eut aperçue, il en tomba amoureux, c'est-à-dire: Il en devint amoureux.
TOMBER, v. n. Arriver, parlant des personnes. De la rue Verdaine on tombe dans celle de Rive. Cette expression n'est pas correcte. Tomber ne se dit que de la rue elle-même ou du chemin. Ainsi l'on dira: La rue du Terraillet tombe dans les Rues-basses. Le chemin Vert tombe dans la route de Malagnou, etc.
† TOMBURE, s. f. Chute. Une mauvaise tombure. Qu'as-tu au front, Gautier?—Ce n'est rien, c'est la marque d'une ancienne tombure. En provençal on dit: Toumbaduro.
TOMME, s. f. Petit fromage blanc fait avec du lait de chèvre. Nous déjeûnâmes tout uniment de pain et de tomme. La tomme est moins pesante à l'estomac que le fromage. Un poulet d'horloger, c'est une tomme. Terme suisse, savoisien et jurassien, dauphinois, limousin, provençal et languedocien. Faire la tomme, se dit des enfants à la mamelle, lorsqu'ils vomissent leur lait.
TON, s. m. Nous disons proverbialement: C'est le ton qui fait la chanson. Les dictionnaires français disent: C'est le ton qui fait la musique.
TON, s. m. (fig.) Vanité, manières hautaines, goûts de dépense et de faste. Avoir du ton. Prendre du ton. La jeune Octavie est fort simple; sa mère au contraire a beaucoup de ton. Dès que cette famille a été dans une sorte d'aisance, elle a pris du ton. «Prendre un ton» est français, et signifie: Prendre des airs de supériorité.
TONNERRE, s. m. Nous disons: Il fait du tonnerre; il a fait un gros tonnerre; nous aurons des tonnerres. On le dit ainsi en Suisse, en Savoie, dans le Midi et sans doute ailleurs. Mais les dictionnaires se taisent sur ces locutions qu'ils remplacent par les suivantes: Le tonnerre gronde; il a fait un coup de tonnerre; il tonnera.
TOPER, v. n. Taper, donner un coup. Allons, c'est conclu! tope là!
TÔPER DANS ou DEDANS. Donner dans. Es-tu bête, Jean-Pierre! Il t'a poussé une bourde et tu as tôpé dedans.
TÔPER (SE), v. pron. Se heurter. Se tôper, v. récip. Se battre. Ils se rencontrèrent à la nuit tombante et se tôpèrent.
TOPETTE, s. f. Petite fiole, petite bouteille en verre blanc. Une topette de sirop. Une topette de ratafia. Terme français populaire.
TOQUE, s. f. Terme du jeu de mâpis. Petite butte, petite élévation. Jouer à la toque. Une bonne toque.
TÔQUÉE, s. f. Rossée, distribution de coups. Recevoir une tôquée. Donner une tôquée. Voyez TAUQUÉE.
TÔQUER, v. a. Frapper. Se dit des personnes et de certains animaux, des bœufs, par exemple, des vaches, des béliers et des moutons. Retirez-vous, mes enfants, cette vache tôque; elle pourrait vous tôquer. Voyez ces moutons, comme ils se tôquent. La nuit était sombre, je me tôquai contre le mur. Nos campagnards de la rive droite disent: Tiôquer. En vieux français, toquer signifie: Heurter, frapper. Terme normand. Voyez TAUQUER.
TORCHE, s. f. Coussinet, bourrelet, tortillon, linge tortillé en rond, que les femmes se mettent sur la tête quand elles portent un vase, une corbeille, une seille, etc. Terme suisse, savoisien et franc-comtois.
TORCHE, s. f. Terme culinaire. Hachis auquel on donne la forme d'une torche. Voyez ce mot. Nous appelons aussi torche une sorte de pain rond.
TORCHÉE, s. f. Rossée, gifle, volée de coups. Terme vaudois. Torcher est français, dans le sens de «Battre.»
TORCHE-MIRAUD. Voyez GIRAUD, t. I, p. 231.
TORCHER, v. a. Pour exprimer qu'un homme n'aura pas ce qu'il désire, nous disons figurément et proverbialement: Il peut bien en torcher son couteau. Les dictionnaires disent: «Il n'a qu'à s'en torcher le bec.»
TORCHETTE, s. f. Petit torchon. Nous disons d'une assiette bien amassée, ou d'un plat où l'on n'a rien laissé, qu'il est net comme torchette, comme si la torchette y avait passé. Puis adverbialement, net comme torchette, veut dire: Sans faute, sans hésiter, rondement. Tu crois qu'il badine? Détrompe-toi, il le fera net comme torchette.
TORCHON DE PAILLE, s. m. Le terme français est: Bouchon de paille.
TORCHONNER, v. a. Frotter avec un torchon. Terme vaudois et neuchâtelois.
TORCHONNER, v. a. Chiffonner, faire maladroitement ou par accident des plis à sa robe. Ne torchonne pas cette cravate. Voyez la petite sotte, comme elle s'est torchonnée.
TORDRE L'OREILLE, (fig.) Tordre l'oreille à un enfant, signifie: «Sevrer un enfant.» C'est aujourd'hui qu'on tord l'oreille à notre petite Lili. Cette expression, qui appartient au langage le plus familier, fait peut-être allusion au déplaisir, au chagrin extrême qu'éprouve le petit enfant lorsqu'on le sépare de sa nourrice.
TORNIOLE, s. f. Taloche, étrillée. Flanquer une torniole. Il ne se vante pas de la torniole qu'il a reçue. Terme berrichon, etc.
TORTILLER (SE). Se dit quelquefois des personnes et signifie: Marcher avec un mouvement, avec un balancement trop marqué des hanches, affecter une démarche vive, dégagée et gracieuse. Cette jeune ouvrière se donne des airs, elle se tortille en marchant.
TORTOLION, s. m. Craquelin, sorte de pâtisserie en forme de collier. Dans le Dauphiné on dit: Tourtillon. En français, «Tortillon» signifie: Linge tortillé.
TÔTU-BÔTU (UN). Un bloc. Faisons de toutes ces marchandises un tôtu-bôtu. Voyez AUTU-BÔTU, t. I, p. 29.
TOUILLER, v. n. Être rassasié, ne pouvoir plus avaler. Ne s'emploie qu'à l'infinitif.
TOUILLON, s. m. Femme malpropre, femme repoussante par la saleté et le désordre de ses vêtements. Un vieux touillon. Terme vieux français. Dans le Jura on dit: Tolion. Dans le patois picard, touillon signifie: Torchon. A Reims, touiller, v. a., salir.
TOUNIAUD (UN). Nous disons d'une personne qui est habituellement salement vêtue: C'est un touniaud. Votre écureuse est un vrai touniaud. Dans le canton de Vaud, touni veut dire: Idiot, hébété, bélître. En Normandie, tounieux ou touonious signifient: Fainéant, vagabond. [Voyez le Dictionnaire normand de MM. Duméril, p. 207.]
TOUPIN, s. m. Cruche, jarre, pot de terre. Ce mot n'est plus guère employé, à Genève, que dans cette expression figurée: Être sourd comme un toupin, c'est-à-dire: Être sourd comme un pot, être excessivement sourd. Terme suisse et méridional. Dans le Jura on dit: Tepin; en Savoie, topin; dans l'Anjou, tupin. Chez nos campagnards, toupin ou tepin est le nom de la cloche des vaches.
TOUPINAMBOU, s. m. Sorte de plante. Écrivez et prononcez «Topinambour.»
TOUPINE, s. f. Cruche, jarre, grande terrine avec ou sans anse. Une toupine de beurre cuit; une toupine de graisse molle. La toupine glissa de dessus la table et fut ébriquée. Terme suisse et savoisien. En Languedoc, toupine se dit d'un pot à faire nicher les moineaux. Nous disons figurément et très-populairement d'une personne morte depuis un certain temps, qu'elle fait des toupines, c'est-à-dire: Que sa cendre, confondue avec la terre, est redevenue argile. En Languedoc, faire terre signifie: Mourir. [Voyez Villa, Nouveaux Gasconismes corrigés, t. II, p. 379.]
TOUPINER, v. n. Thésauriser, entasser des écus dans une toupine.
TOUR, s. m. Nous disons: Celle nouvelle m'a donné le tour, pour: Cette nouvelle m'a troublé, m'a bouleversé, m'a tourné le sang. La vue de ce cadavre livide m'a donné le tour.
TOUR, s. m. Nous disons: Donner le tour, pour: Faire le tour. Par où dois-je passer pour arriver facilement à ton logis?—Il te faut donner le tour par la cathédrale.
TOUR, s. m. Faire le tour, donner le tour, signifient: Suffire à la dépense de l'année, joindre les deux bouts. Eh bien, Jacques, les affaires vont-elles mieux?—Oui, un peu mieux; avec beaucoup d'économie j'ai pu faire le tour.
TOUR, s. m. S'en donner deux tours, ou s'en donner deux tours et la revirée, signifie: S'en donner à outrance, se divertir à fond, se livrer à ce qu'on fait complétement et sans arrière-pensée. Voyez REVIRÉE.
TOURMENTE, s. f. (fig.) Le dernier degré de l'ivresse.
TOURMENTE-CHRÉTIEN, s. m. Celui qui obsède, importune, tourmente quelqu'un. Laisse-moi tranquille, tu n'es qu'un tourmente-chrétien. On retrouve la même forme dans: Un tourmente-enfants, un gâte-enfants.
TOURNE (LA). La retourne. Terme du jeu de cartes. Quelle est la tourne?—Il tourne pique. Français populaire.
TOURNELLE, s. f. Petite tour, tourelle. Un château à quatre tournelles. Terme franc-comtois, berrichon, etc.
TOURNEMENT DE TÊTE, s. m. Tournoiement de tête, vertige. Être sujet aux tournements de tête. «C'est ainsi que l'on peut s'accoutumer à voir sans crainte et sans tournement de tête, les abîmes les plus profonds.» [De Saussure, Voyages dans les Alpes, t. Ier, p. 366.] Terme suisse, savoisien et méridional. J.-J. Rousseau a dit correctement: «Les lieux escarpés me font tourner la tête, et j'aime beaucoup ce tournoiement.» [Confessions, livre IV.]
TOURNER, v. a. Terme de certains jeux de cartes. Que tourne-t-il? Dites: De quoi tourne-t-il?—Il tourne cœur, il tourne carreau.
TOURNER, v. a. Tourner les moutons, tourner les vaches, etc. Les ramener du lieu où ils ne doivent pas paître à celui qui leur est destiné et d'où ils s'étaient écartés. On dit en patois: V'ri; et dans le patois limousin, vira (virer, tourner).
TOURNER, v. n. Au lieu de: La langue lui a tourné, on dit en français: La langue lui a fourché, la langue lui a manqué, c'est-à-dire: Il a prononcé par méprise un mot pour un autre.
TOURNER UN HABIT. Est une expression gasconne et incorrecte. Ne dites donc pas: Habit tourné, pantalon tourné, redingotte tournée. Dites: Habit retourné, pantalon retourné, etc.
TOURNER (SE), v. pron. S'altérer, changer en mal, se cailler, tourner. Notre lait s'est tourné. Ce vin se tournera si l'on n'y prend garde. Nous disons aussi, par exagération, d'une personne qui a éprouvé une forte émotion, un saisissement violent et pénible: Son sang s'est tourné. Il faut dire: Le sang lui a tourné, c'est-à-dire: Il s'est fait dans son corps une révolution subite.
TOURNER (SE), v. pron. Nous disons figurément de quelqu'un qui est perplexe, embarrassé dans une affaire et qui ne sait quel parti prendre: Il ne sait de quel côté se tourner. On doit dire: Il ne sait de quel côté tourner.
† TOURNER (S'EN), v. pron. S'en retourner. Tourne-t'en, Gaspard: on serait en peine chez toi. Voici la nuit, tournons-nous-en. Expression languedocienne.
TOURNICOTER ou TOURNILLER, v. n. Tournailler, tourner fréquemment, rôder, virer, faire cent tours et détours. As-tu assez tournillé, assez viré, et t'asseyeras-tu enfin? Le dictionnaire de Bescherelle et le Complément de l'Académie disent que tourniller est peu usité en France. A Genève il est fort connu.
TOURPIN-TOURPINANT, loc. adv. Clopin-clopant. Aller tourpin-tourpinant, signifie: Manquer d'aplomb dans sa démarche, chanceler.