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Post-scriptum de ma vie

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De la Vie et de la Mort

Qu'est la mort pour l'homme?

Est-ce seulement la fin de quelque chose? Est-ce la fin de tout?

Deux questions que le penseur se pose sans cesse ; car de leur solution dépendent les autres questions morales.

Si la mort est la fin de tout, il en faudra tirer cette conclusion : Il y a de la lumière dans le monde matériel, il n'y en a pas dans le monde moral. Le soleil, en se levant chaque matin, nous dit : Je suis un symbole ; je suis la figure d'un autre soleil qui, de même que j'éclaire aujourd'hui vos visages, éclairera un jour vos âmes. — Eh bien, le soleil ment! il faut accepter comme vraie cette chose horrible devant laquelle l'antiquité a reculé : solem falsum.


L'homme est une créature profondément distincte de la brute, en ceci que la brute est toujours et fatalement innocente, tandis que l'homme peut faire le mal et le bien. La brute est passive, l'homme est libre.

Qu'est-ce qui le fait libre? C'est l'âme.

Donc l'âme est.

Tous ces mots : amour, loyauté, pudeur, dévouement, foi, devoir, conscience, probité, honneur, vertu, ne sont plus des mots, ce sont les faits propres à l'âme ; ce sont les facultés qui résultent de sa liberté. Aux facultés rayonnantes répondent les facultés ténébreuses : haine, vice, lâcheté, turpitude, égoïsme, méchanceté, mensonge, cruauté, crime. Entre le mal et le bien, l'homme peut choisir ; il est libre.

Or, qui dit libre, dit responsable.

Responsable en cette vie? Évidemment non ; car rien de plus démontré que la prospérité possible et fréquente des méchants et l'infortune imméritée des bons pendant leur passage sur la terre. Combien d'hommes justes n'ont eu que misère et angoisse jusqu'à leur dernier jour! combien d'hommes criminels ont vécu jusqu'à la plus extrême vieillesse dans la jouissance paisible et sereine de tous les biens de ce monde, y compris la considération et le respect de tous.

L'homme alors est-il responsable après la vie? Évidemment oui, puisqu'il ne l'est pas dans la vie.

Donc quelque chose de lui survit pour subir cette responsabilité : l'âme.

La liberté de l'âme implique son immortalité.

Donc la mort n'est pas la fin de tout. Elle n'est que la fin d'une chose et le commencement d'une autre. A la mort, l'homme finit, l'âme commence.


J'en atteste quiconque a regardé le visage mort d'un être aimé avec cette anxiété étrange qu'est l'espérance mêlée au désespoir ; je vous atteste, vous tous qui avez traversé cette heure funèbre, la dernière de la joie, la première du deuil, n'est-ce pas qu'on sent bien qu'il y a encore là quelqu'un? que tout n'est pas fini? que quelque chose est possible encore?

On sent autour de cette tête le frémissement des ailes qui viennent de se déployer. Une palpitation confuse et inouïe flotte dans l'air autour de ce cœur qui ne bat plus. Cette bouche ouverte semble appeler ce qui vient de s'en aller, et on dirait qu'elle laisse tomber des paroles obscures dans le monde invisible.

Cette stupeur, ce n'est pas le contact du néant, c'est la secousse que donne le choc de cette vie contre l'autre.


Je suis une âme. Je sens bien que ce que je rendrai à la tombe, ce n'est pas moi. Ce qui est moi ira ailleurs.

Terre, tu n'es pas mon abîme!


Plus j'y songe, plus cette vérité m'apparaît : l'homme n'est autre chose qu'un captif.

Le prisonnier escalade péniblement les murs de son cachot, grimpe de saillie en saillie, met le pied partout où une pierre manque, et monte jusqu'au soupirail. Là, il regarde, il distingue au loin la campagne, la forêt, les blés, les collines, les maisons, les villes, les êtres vivants, les routes où il a déjà marché et où il marchera sans doute encore ; il aspire l'air libre, il voit la lumière.

De même l'homme.

L'astronomie, la chimie, la géologie, la mesure des temps, la mesure des soleils, toutes ces découvertes, toutes ces échappées sur l'extérieur, toutes ces surprises faites à l'éternité, cette constatation de l'infini qui existe, qui est là, dehors, éblouissant l'intelligence de son rayonnement prodigieux, toutes ces choses dont il semble que nous n'ayons pas le sens, art, science, poésie, rêverie, calcul, algèbre, c'est le regard à travers les barreaux de la prison.

Le prisonnier ne doute pas de retrouver, le jour où les portes s'ouvriront, les champs, les bois, les plaines, la terre où est sa vraie vie, la liberté. Il voit tout cela, il sait bien que cela est là.

Comment l'homme peut-il douter de retrouver l'éternité à sa sortie!


Certains penseurs repoussent ces questions : — Aurons-nous un corps dans l'autre vie? mangera-t-on? dormira-t-on? — Ces questions n'ont rien qui me répugne. Pourquoi n'aurait-on pas un corps, corps subtil et éthéré, dont notre corps humain ne serait qu'une ébauche grossière? — Mangera-t-on? pourquoi ne vivrait-on pas, par exemple, de la vie des fleurs, qui n'ont pas d'heures pour manger, mais qui acquièrent et perdent sans cesse, double travail qui constitue la vie? — Dormira-t-on? notre existence, composée d'heures de connaissance coupées par des heures de sommeil, n'est qu'une ombre informe de cette existence supérieure où la rêverie reposerait de la pensée, où l'extase reposerait de la contemplation.

Qui empêche de se figurer cette vie céleste?


L'âme a soif de l'absolu, mais c'est là une soif de l'âme qui ne doit pas être une soif de l'homme. L'homme dans le temps et dans l'espace, c'est-à-dire vivant de cette vie momentanée qui n'est que le fantôme de la vie, l'homme appartient au relatif. Qui dit limite, dit rapport et proportion. Contentons-nous donc du relatif, puisque nous sommes limités. Ne cherchons pas l'absolu ici-bas. Nous le trouverons ailleurs. L'absolu n'est pas de ce monde. Il est trop lourd pour cette terre ; il la ferait sortir de son orbite si jamais il venait à peser sur elle.


Il y a deux lois, la loi des globes et la loi de l'espace. La loi des globes, c'est la mort ; la limite exige la destruction. La loi de l'espace, c'est l'éternité, l'infini permet l'expansion.

Entre les deux mondes, entre les deux lois, il y a un pont, la transformation.

Échapper à la gravitation, c'est échapper à la limite ; échapper à la limite, c'est échapper à la mort.

L'ambition du vivant des globes doit donc être de devenir un vivant de l'espace.


L'homme est une frontière. Être double, il marque la limite des deux mondes. En deçà de lui est la création matérielle ; au delà de lui le mystère.

Naître, c'est entrer dans le monde visible ; mourir, c'est entrer dans le monde invisible.

Oh! de ces deux mondes, lequel est l'ombre? lequel est la lumière?

Chose étrange à dire, le monde lumineux, c'est le monde invisible ; le monde lumineux, c'est celui que nous ne voyons pas. Nos yeux de chair ne voient que la nuit.

Oui, la matière, c'est la nuit.

Fixons du moins les yeux de l'âme sur cet immense mystère qui nous attend.

L'homme est sur le bord d'un abîme. Vous tremblez pour le somnambule qui se promène sans le savoir sur la crête d'un toit ; et vous ne tremblez pas pour l'homme qui marche, en pensant à autre chose, le long de la mort!

Malheur à qui vit l'œil ouvert sur le monde matériel et le dos tourné au monde inconnu!


La mort est un changement de vêtements.

Ame! vous étiez vêtue d'ombre, vous allez être vêtue de lumière!

Catholiques, vous voudriez emporter votre corps dans l'autre vie! C'est comme si vous souhaitiez aller dans une fête avec un vieil habit taché.


Une montagne des Andes résume en zones distinctes, sur sa pente de quelques lieues, tous les climats de la terre, depuis le tropique jusqu'au pôle ; de même une nation comme la France résume dans son histoire, comme sur un versant immense, échelon par échelon, couche par couche, nuance par nuance, tous les âges de la vie de l'humanité, depuis Teutatès qui est le sauvagisme jusqu'à Voltaire qui est la civilisation.

Qu'y a-t-il au-dessus du pôle? qu'y a-t-il au-dessus du sommet? le ciel.

Qu'y a-t-il au-dessus de la civilisation? L'harmonie.

Le bleu. La mort.

C'est dans le tombeau que l'homme fait le dernier progrès.


A mesure que l'homme avance dans la vie, il arrive à une sorte de possession des idées et des objets qui n'est autre chose qu'une profonde habitude de vivre. Il devient à lui-même sa propre tradition ; il s'attache étroitement par la mémoire à ce qu'il a vu, à ce qu'il a fait, à ce qu'il a senti, à ce qu'il a souffert, aux temps où il était enfant, aux temps où il était jeune, aux temps où il était homme, à ses jeux, à ses amours, à ses travaux ; il se tourne avec charme vers tout ce qui compose son unité, vers les illusions, vers les affections, vers les passions, vers les joies, vers les douleurs surtout. Chaque jour qu'il a traversé est un chaînon, et pour lui, homme, vivre, c'est être toute la chaîne. Il sent qu'il y a en lui de l'indivisible. Être, c'est être la somme de tout ce qu'il a été, voilà ce qu'il comprend par-dessus tout. Prenez-le, et faites-lui une offre quelconque de vie nouvelle et de jeunesse, à la condition de ne plus connaître ce qu'il a connu et de ne plus aimer ce qu'il a aimé, il préférera mourir. Il est plus facile de renoncer à l'avenir qu'au passé.

Être, pour la créature intelligente, c'est comparer perpétuellement ce qu'on a été avec ce qu'on est.

De là, la puissance indomptable du moi.

L'homme ne comprend et n'accepte l'immortalité qu'à la condition de se souvenir.


Si la vie n'est pas indéfinie, distincte et adhérente, emmaillée dans une sorte de chaîne sans fin qui traverse sans se rompre le phénomène mort, relie l'être à l'être et crée l'unité dans le multiple ; si cette persistance du moi à travers les milieux inconnus de l'existence n'est pas, il n'y a point de solidarité, et le premier des principes démocratiques s'évanouit.

La brièveté du moi supprime tout lien, extérieur, supérieur, antérieur et ultérieur.

Matérialisme, c'est, logiquement et fatalement, égoïsme.


Sur chaque globe il y a un être qui le déborde et qui est son point de jonction, son trait d'union, son pont avec les autres sphères. L'homme est cet être sur la terre.

A la mort, l'homme devient sidéral.


La mort, c'est la revanche de l'âme.

La vie, c'est la puissance qu'a le corps de maintenir l'âme sur la terre par l'alourdissement ; la mort, c'est la puissance qu'a l'âme d'enlever le corps hors de la terre par l'élimination. Dans la vie terrestre, l'âme perd ce qui rayonne ; dans la vie extra-terrestre, le corps perd ce qui pèse.


S'il n'y avait pas une autre vie, Dieu ne serait pas un honnête homme.


La mort, désolation du cœur, est le triomphe de l'âme.

Notre vie rêve l'utopie, notre mort obtient l'idéal.

La mort n'est pas injuste. Elle est une continuation.

Habituons-nous à regarder sans épouvante ce mystérieux prolongement de l'homme dans l'éternité. Tâchons de l'apercevoir le plus loin que nous pouvons dans le sépulcre.

Penchons-nous au bord de la vie et contemplons cette obscurité sacrée. Nous en serons meilleurs. La mort est sainte, et elle est saine. Tout ce qu'on peut en voir est de bon conseil.

Mon regard plonge le plus possible dans cette ombre, où je vois, à une profondeur qui serait effrayante si elle n'était sublime, blanchir l'immense point du jour éternel.


Où sont les abîmes? où sont les escarpements? Pourquoi nous contentons-nous des aspects plats de cette terre et de cette vie? Il doit y avoir quelque part des trous effrayants, déchirures de l'infini, avec d'énormes étoiles au fond, et des lueurs inouïes.


La contemplation nous révèle l'infini ; la méditation nous révèle l'éternité.

La notion de l'infini nous arrive du monde extérieur ; la notion de l'éternité se dégage pour nous du monde intérieur.

Or, infini et éternel ce sont là les deux aspects de Dieu.

Pour voir Dieu sous le premier aspect, nous regardons dans la création. Pour le voir sous le deuxième aspect, nous regardons dans notre âme.


Dieu est éternel. L'âme est immortelle.

Ne confondez pas l'éternité avec l'immortalité. Expliquez-vous ce que c'est que l'immortalité.

La création est une ascension perpétuelle, de la brute vers l'homme, de l'homme vers Dieu. Dépouiller de plus en plus la matière, revêtir de plus en plus l'esprit, telle est la loi. A chaque fois qu'on meurt, on gagne plus de vie.

Les âmes passent d'une sphère à l'autre, deviennent de plus en plus lumière, se rapprochent sans cesse de Dieu.

Quoi! les âmes se rapprochent de Dieu sans cesse, toujours, par une série non interrompue de transformations, d'un mouvement perpétuel et continu? Mais alors il viendra un jour, une heure, où à force de se rapprocher de Dieu, elles l'atteindront et se fondront en lui ; alors elles perdront leur moi, en d'autres termes, elles mourront.

Écoutez :

Le jour où l'asymptote rencontrera l'hyperbole, l'âme rencontrera Dieu.

Le point de jonction est dans l'infini.

Se rapprocher toujours, n'atteindre jamais, c'est la loi de l'asymptote, c'est la loi de l'âme.

C'est cette ascension sans fin, c'est cette perpétuelle poursuite de Dieu, qui pour l'âme est son immortalité.


Il n'est pas un être humain marchant sous la lumière du soleil que ne trouve et n'atteigne son rayon.

Dans l'immensité de la création infinie, il n'est pas un être humain auquel n'aboutisse un rayon de Dieu.

Par ce rayon toute âme partielle est en communication directe avec l'âme centrale.

De là l'efficacité de cette invocation, la prière.


Un homme dort. Il fait un rêve. Il rêve qu'il est bête fauve, lion, loup, et il lui arrive toutes les aventures des bois. A son réveil, il se retrouve. Le rêve s'est évanoui. Il est après ce qu'il était avant. Il est homme et non lion.

Le lendemain il fait un autre rêve. Il est oiseau ou serpent. Il s'éveille et se retrouve homme.

Ainsi de la vie. Ainsi de toutes les vies terrestres que nous pourrons être condamnés à traverser. Les vies planétaires sont des sommeils. Les vies peuvent n'avoir aucun lien entre elles, pas plus que les rêves de nos nuits.

Le moi qui persiste après le réveil, c'est le moi antérieur et extérieur au rêve. Le moi qui persiste après la mort, c'est le moi antérieur et extérieur à la vie.

Le dormeur qui s'éveille se retrouve homme. Le vivant qui meurt se retrouve esprit.


Une idée m'a traversé l'esprit. Serait-ce une lueur?

Deux hommes parlent de la vie future. L'un l'affirme, l'autre la nie. L'un dit : — La mort n'est pas ; mon moi persistera : je sens en moi l'immortalité ; je m'appelle âme. L'autre dit : — Il n'y a rien après la mort ; mon moi sera mangé des vers ; je mourrai tout entier ; je ne sens pas en moi de lendemain ; je m'appelle cendre. — Au nom de quoi parlent ces deux hommes? Au nom du sens intime. L'affirmation de l'un et la négation de l'autre n'ont d'autre source que l'intuition. Le sens intime, l'innéité même, la grande voix sacrée, qui chuchote mystérieusement à l'oreille de toute âme. Dans le cas présent, cette voix se contredit ; à l'oreille de l'un elle dit : immortalité ; à l'oreille de l'autre, elle dit : néant ; elle révèle à la première conscience le contraire de ce qu'elle déclare à la seconde. Serait-il possible que ces hommes disent vrai tous les deux?

Dante vient d'écrire deux vers. Pendant qu'il songe accoudé, le premier vers dit au second : Sais-tu, frère? nous sommes immortels! je sens en moi la durée éternelle ; nous venons d'éclore pour la gloire ; j'ai la conscience que je traverserai les siècles. — Le deuxième répond : Quel rêve! je sens que je ne traverserai pas un jour ; j'ai en moi la mort ; je ne suis pas.

En ce moment, Dante sort de sa rêverie, prend sa plume, relit ses deux vers, et efface le second.

Tous les deux avaient raison.

Y aurait-il des ébauches d'âme qui se sentent ébauches, des embryons de moi destinés à la refonte, des êtres essayés, qui disparaîtront dans le néant et qui en ont conscience?

Y aurait-il des hommes que Dieu rature?


Quoi! vous affirmez carrément que ce que vous ne voyez pas n'est pas! Ainsi, l'œil humain, voilà la certitude ; ainsi, hors de la chambre optique qui clignote sous le crâne de l'homme, rien n'est prouvé! La logique est la très humble servante de la prunelle! Défense à l'intuition de concevoir ou d'admettre quoi que ce soit qui n'est pas déclaré par les sens! A ce compte, un sourd-muet aveugle et paralytique qui ébaucherait dans ses ténèbres ce bégaiement : Rien n'existe! aurait raison!

De votre infirmité vous faites le vide ; vous prenez votre limite pour la limite de la création ; vous appliquez votre brièveté à l'univers!

Mais cette création invisible, qui vous dit qu'un jour vous ne la verrez pas?

Si vous aviez un autre organisme, est-ce que vous n'auriez pas d'autres perceptions? Si vous aviez seulement un sens de plus, croyez-vous qu'un nouvel aspect de la vie universelle ne vous serait pas révélé? Les organismes inconnus des existences ultérieures vous attendent et pourront vous faire toucher l'impalpable et voir l'incompréhensible.

Il y a une chose qui vous arrive tous les jours ; vous ne direz pas que vous n'êtes point familier avec ce fait-là. Vous avez dormi, c'est le matin, vous ouvrez les yeux, vos contrevents fermés laissent pénétrer une clarté crépusculaire dans votre alcôve, vous ne voyez rien autour de vous que vos quatre murs et l'atmosphère vide. Tout à coup un rayon du soleil levant passe aux fentes du volet, et vous apercevez un monde. Vous distinguez, dans cette blancheur subitement survenue, des myriades d'objets en suspension, allant et venant, tournoyant, montant, descendant, entrant dans la lueur, plongeant dans l'obscurité, et dont vous ne soupçonniez pas l'existence ; vous voyez l'immensité des grains de poussière ; cet air que vous croyiez vide était peuplé. Voilà de l'invisible devenu visible.

Un jour, vous vous réveillerez dans un autre lit, vous vivrez de cette grande vie qu'on appelle la mort, vous regarderez, et vous verrez l'ombre ; et tout à coup le soleil levant de l'infini apparaîtra splendide au-dessus de l'horizon, et un rayon de lumière, de la vraie lumière, traversera de part en part à perte de vue les profondeurs ; alors vous serez stupéfait, vous verrez dans cette bande de clarté, tout à la fois, brusquement, pêle-mêle, ensemble, volant, tourbillonnant, fuyant, planant, des millions d'êtres inconnus, les uns célestes, les autres infernaux, ces invisibles que vous niez aujourd'hui, et vous sentirez des ailes s'ouvrir à vos épaules, et vous serez un de ces êtres vous-même.

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