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Rapport sur un voyage botanique en Algérie, de Philippeville à Biskra et dans les Monts Aurès, entrepris en 1853 sous le patronage du Ministère de la guerre

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Les bois des montagnes qui limitent au nord la vallée de l’Oued Essora, en face d’Aïn-Turck, ne possèdent pas de Cèdres, à cause de leur peu d’élévation ; les arbres qui y dominent sont les mêmes que ceux de la partie inférieure du Djebel Cheliah. Le Fraxinus dimorpha avec l’Anthyllis erinacea et le Calycotome spinosa y forme de nombreux buissons.

Liste des plantes observées dans les bois des montagnes qui limitent au nord la vallée de l’Oued Essora, en face d’Aïn-Turck.
  • Alyssum Atlanticum Desf.
  • Helianthemum rubellum Presl.
  • Polygala rosea Desf.
  • Malope stipulacea Cav.
  • Argyrolobium Linnæanum Walp.
  • Calycotome spinosa Link.
  • Anthyllis erinacea L.
  • Coronilla minima L.
  • Eryngium triquetrum Vahl.
  • Asperula hirsuta Desf.
  • Atractylis cæspitosa Desf.
  • Centaurea alba L.
  • Hyoseris radiata L.
  • Catananche cærulea L.
  • *— montana Coss. et DR.
  • Urospermum Dalechampii Desf.
  • Helminthia aculeata DC.
  • *Fraxinus dimorpha Coss. et DR.
  • Convolvulus Cantabrica L.
  • Thymus ciliatus Benth. var.
  • Teucrium Polium L.
  • Globularia Alypum L.
  • Daphne Gnidium L.
  • Quercus Ilex L.
  • — — var. Ballota.
  • Juniperus Oxycedrus L.
  • Ornithogalum umbellatum L.
  • Asphodelus ramosus L.
  • Carex Halleriana Asso.
  • — glauca Scop. var. serrulata.
  • Avena pratensis L.
  • Ampelodesmos tenax Link.

Nous suivons le cours de l’Oued Essora ; la vallée (environ 1,200 mètres d’altitude) offre quelques cultures, et nous y remarquons quelques Mûriers et des vignes presque sauvages qui s’enlacent dans les arbres. — Dans les bois dominant à l’est le Teniat-Touchent, nous voyons des arbres verts à forme pyramidale, que de loin nous croyons appartenir à une espèce nouvelle pour nous ; mais, en nous en rapprochant, nous pouvons constater que ces arbres, dont la forme insolite excitait notre attention, sont des Pinus Halepensis, qui, en raison de circonstances locales, n’ont pas leur port habituel. A l’ombre de ces arbres, nous trouvons le Ruscus aculeatus et les Euphorbia Nicæensis et verrucosa var. leiocarpa.

TRAJET DU DJEBEL CHELIAH A BATNA.

Au sortir du col de Teniat-Touchent, nous entrons dans la plaine d’Yabous où nous retrouvons un grand nombre d’espèces de la région des hauts-plateaux. — Le Djebel Amrous, qui borne la plaine au sud, est couvert de bois, dans lesquels dominent les Fraxinus dimorpha, Pistacia Atlantica et Juniperus Oxycedrus. — En ravin argileux, assez profond et à berges très accidentées, nous présente les mêmes arbres et de nombreux buissons de Calycotome spinosa ; l’Othonna cheirifolia y est d’une extrême abondance ; ce ravin nous conduit à un autre étage de la plaine ; cette nouvelle plaine est jonchée de ruines romaines, et nous n’y voyons d’autres cultures que quelques champs d’Orge brûlés par le soleil ; l’aspect général du pays nous rappelle les solitudes des hauts-plateaux de la province d’Oran. Un grand nombre de plantes vivaces n’ont pas encore fleuri (13 juin) ; mais la plupart des plantes annuelles ont déjà disparu. — Le sol, au voisinage de l’un des principaux affluents de l’Oued Taga, devient plus fertile ; de nombreux douars sont établis sur ce point, où l’on nous dresse notre tente auprès de ruines romaines qui couvrent un large espace ; les endroits frais présentent des pâturages et d’assez belles moissons. Un ravin profondément encaissé, et creusé par un cours d’eau qui se jette dans l’Oued Taga, nous offre, dans les rochers de ses berges escarpées, de nombreux pieds de Pistacia Atlantica et de Fraxinus dimorpha, et des touffes de Jasminum fruticans ; sur les alluvions déposées par les eaux, nous retrouvons le Brassica dimorpha que nous avons déjà recueilli sur les montagnes de Em-Medinah, et nous observons les espèces suivantes : Pulicaria Arabica, Velezia rigida, Ruta montana, Phelipæa Schultzii, Polycarpon Bivonæ, Cerastium Atlanticum, Sinapis pubescens, Othonna cheirifolia, Medicago secundiflora, etc. — Un colombier naturel s’est établi dans des cavités de la partie la plus escarpée du ravin, et de nombreuses volées de pigeons viennent y chercher un refuge.

En nous dirigeant vers le cours principal de l’Oued Taga, continuation de l’Oued Firez, nous observons dans des ravins argilo-schisteux de nombreuses touffes de Retama sphærocarpa, Anthyllis Numidica et Centaurea Parlatoris ; là nous retrouvons aussi en abondance le Brassica dimorpha, dont les alluvions de l’affluent de l’Oued Taga ne nous avaient offert que quelques individus. — Plus loin, des coteaux argileux, à croupes arrondies et creusées de nombreuses ravines, sont parsemés de touffes de Lygeum Spartum, Deverra scoparia, Asphodelus ramosus et Atractylis cæspitosa, entre lesquelles croissent les espèces suivantes : Erysimum strictum var. micranthum, Gypsophila compressa, Ruta montana, Hedysarum pallidum, Sedum altissimum, Eryngium dichotomum, Crucianella patula, Santolina squarrosa, Androsace maxima, Wangenheimia Lima, etc. Au pied de ces coteaux, dans les terres en friche de champs récemment cultivés, nous voyons réunies la plupart des espèces, qui, dans la région des hauts-plateaux, sont propres aux terrains remués.

Liste des plantes observées dans les champs et les terrains en friche aux environs de l’Oued Taga.

Aux environs de l’Oued Taga, de maigres moissons couvrent la plus grande partie du sol, et de toutes parts les indigènes sont occupés à la récolte (13 juin). — Après avoir traversé le lit de l’Oued Taga, nous nous hâtons d’arriver à Timegad.

Les ruines de Timegad (l’ancienne Tamugada), moins bien conservées que celles de Lambèse, n’en présentent pas moins un vif intérêt pour l’archéologue. Un arc de triomphe encore debout, l’enceinte d’un vaste édifice, un cirque, de nombreuses inscriptions, des débris de toute sorte, indiquent, par l’étendue qu’ils occupent, toute l’importance de la cité romaine, dont l’emplacement n’est plus aujourd’hui qu’une plaine inculte. Nous n’avons guère observé, dans les ruines où les Arabes établissent souvent leurs douars, que des espèces rudérales : Peganum Harmala, Torilis nodosa, Borrago officinalis, Atriplex Halimus, Chenopodium Vulvaria et opulifolium, Urtica pilulifera, etc.

Sur les bords de l’Oued Soutetz (environ 940 mètres d’altitude), quelques rares pieds de Tamarix Gallica nous offrent un ombrage que nous sommes heureux de trouver après avoir traversé les vastes plaines déboisées dont nous venons de parler. — Jusqu’au marabout de Sidi-Mansar, nous parcourons une plaine bornée au sud par des montagnes peu élevées, à peine boisées, et où dominent surtout les Juniperus Phœnicea et Oxycedrus ; dans l’un des nombreux ravins qui aboutissent à l’Oued Soutetz, nous retrouvons le Centaurea microcarpa et le Nasturtium coronopifolium, que nous n’avions pas revus depuis que nous avons quitté la région saharienne. La végétation de la plaine offre, du reste, les mêmes caractères que celle de la vallée de Lambèse dont elle n’est que la continuation ; le Retama sphærocarpa y devient d’une extrême abondance. — Nous franchissons la porte de l’ancienne Marcouna, dont la route longe les ruines jusqu’à Lambèse, où, après notre long séjour sous la tente, nous sommes heureux de retrouver la civilisation européenne.



CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET RÉSUMÉ.

La contrée que nous avons parcourue est comprise entre les 3° 21′ et 4° 34′ de longitude orientale de Paris et les 36° 53′ et 34° 40′ de latitude septentrionale.

Cette contrée, depuis Philippeville jusqu’à Biskra, peut être partagée en quatre régions naturelles, aussi distinctes au point de vue de la géographie botanique qu’à celui de la géographie physique :

1o Région méditerranéenne. — Cette région, limitée au nord par la Méditerranée, ne nous paraît pas s’étendre au sud beaucoup au delà de Constantine. Les environs de cette ville présentent une végétation assez distincte de celle du littoral, des hauts-plateaux et de la montagne, pour que nous ayons dû y voir l’analogue de la région méditerranéenne intérieure que nous avons admise dans la province d’Oran, où elle occupe une zone beaucoup plus étendue. L’ensemble de la région peut donc être subdivisé en deux régions secondaires : l’une méditerranéenne littorale, l’autre méditerranéenne intérieure.

2o Région des hauts-plateaux. — Cette région, dont la limite au nord n’est guère déterminée que par l’altitude (700 à 1,000 mètres environ), comprend les plaines larges et élevées situées au sud de Constantine, et s’étend jusqu’à la chaîne de montagnes qui, vers El-Kantara, la séparent de la région saharienne.

3o Région montagneuse. — Cette région est représentée surtout par les montagnes élevées des environs de Batna, par celles de la chaîne de l’Aurès et par les vallées qui en dépendent.

4o Région saharienne ou désertique. — Cette région, caractérisée essentiellement par la culture en grand du Dattier, expression d’un concours de circonstances toutes spéciales, commence au sud de la grande chaîne de l’Atlas, et paraît s’étendre jusqu’à la limite septentrionale des pluies estivales ; elle serait ainsi comprise environ entre les 35e et 15e degrés de latitude boréale. La région saharienne n’est représentée dans ce rapport que par les plantes observées aux environs de Biskra, et quelques autres recueillies entre Biskra et Tuggurt.

Dans le voyage qui fait l’objet de notre travail, nous avons, autant que possible, recueilli dans chaque région, et sur un grand nombre de points, toutes les espèces, même les plus vulgaires. Nous avons ajouté aux résultats de nos observations les indications puisées dans les matériaux que nous avions à notre disposition, toutes les fois que cela était nécessaire.

Le nombre total des espèces et des principales variétés dont les stations sont consignées dans nos listes est de 1,432.

Pour donner une idée exacte de la répartition des espèces dans les régions que nous avons indiquées plus haut, et de leur distribution géographique générale, nous avons dressé un tableau qui présente à la fois le nombre des espèces propres à chaque région, celui des espèces communes à plusieurs régions, et les principales affinités de géographie botanique. Dans ce tableau, les affinités géographiques des plantes d’Algérie sont exprimées en tête des colonnes de la manière suivante :

Eur. (Europe). Plantes se retrouvant dans une grande partie de l’Europe.

Méd. (Région méditerranéenne). Plantes communes à la plupart des contrées du bassin méditerranéen.

Méd. occ. (Région méditerranéenne occidentale). Plantes appartenant à la partie occidentale du bassin méditerranéen.

Esp., Port. (Espagne, Portugal). Plantes propres à la péninsule ibérique.

Esp., Or. (Espagne, Orient). Plantes existant à la fois en Espagne et en Orient, sans avoir été observées sur des points intermédiaires.

It. (Italie). Plantes qui n’ont encore été observées qu’en Italie, en comprenant sous cette dénomination non-seulement l’Italie proprement dite, mais encore la Sicile, Malte, la Corse et la Sardaigne. Les plantes qui ne sont point spéciales à l’Italie sont, d’après leurs affinités géographiques, classées sous les titres de Méd. occ. ou Méd. or.

Méd. or. (Région méditerranéenne orientale). Plantes se trouvant dans la partie orientale de la région méditerranéenne de l’Europe.

Or. (Orient). Plantes se trouvant en Asie, excepté celles qui doivent être rattachées au groupe suivant.

Or. dés. (Région désertique de l’Orient). Espèces se trouvant dans les déserts de l’Égypte, de l’Arabie, de la Palestine et de la Perse méridionale.

Spéc. (Plantes spéciales). Plantes qui n’ont encore été observées qu’en Algérie ou dans les États voisins Maroc et Tunis.

Tableau général de la distribution par régions des plantes que nous avons observées dans la province de Constantine et de leurs principales affinités de géographie botanique.
NOMS DES RÉGIONS. EUR. MÉD. MÉD. OCC. ESP. PORT. ITAL. MÉD. OR. OR. OR. DÉS. ESP. OR. PL. SPÉC. SOMME des ESP.
Litt. 36 85 25 6 15 1 2 20 190
Litt. Const.[36] 7 11 2 1 2 1 24
Litt. Const. Plat. 4 6 1 11
Litt. Const. Mont. 3 2 1 6
Litt. Const. Sah. 2 3 1 6
Litt. Const. Plat. Mont. 11 14 3 1 1 31
Litt. Const. Plat. Sah. 4 10 1 1 16
Litt. Const. Mont. Sah. 1 1 2
Litt. Const. Plat. Mont. Sah. 13 17 2 1 1 34
Litt. Plat. 4 5 3 2 14
Litt. Plat. Mont. 11 5 3 1 20
Litt. Plat. Sah. 4 8 1 13
Litt. Plat. Mont. Sah. 12 7 1 1 1 22
Litt. Mont. 5 9 3 1 2 2 22
Litt. Mont. Sah. 2 2 4
Litt. Sah. 6 11 2 19
Const. 5 20 3 2 2 7 39
Const. Plat. 1 9 1 1 4 16
Const. Mont. 3 5 1 2 1 2 3 17
Const. Sah. 2 5 7
Const. Plat. Mont. 11 15 5 4 4 1 2 9 51
Const. Plat. Sah. 1 5 2 1 9
Const. Mont. Sah. 1 2 3
Const. Plat. Mont. Sah. 10 17 3 2 1 2 3 38
Plat. 22 18 5 7 2 3 2 1 1 12 73
Plat. Mont. 28 28 12 13 1 1 2 16 101
Plat. Sah. 13 29 4 6 2 4 1 4 10 73
Plat. Mont. Sah. 9 20 4 5 1 1 6 11 57
Mont. 105 46 24 17 5 9 7 8 36 257
Mont. Sah. 3 3 3 9
Sah. 16 45 12 8 6 6 85 21 45 244
Total des espèces pour l’ensemble de la province 355 463 124 77 37 24 25 89 47 187 1428

Ce tableau, bien qu’il n’indique les affinités géographiques de la végétation de la province de Constantine qu’avec l’Europe, les diverses parties du bassin méditerranéen et l’Orient, comprend cependant la presque totalité des espèces que nous avons mentionnées, puisque quatre espèces seulement n’ont pu, en raison de leur patrie, y être portées ; ce sont les Ononis angustissima et Phagnalon purpurascens, qui n’avaient encore été signalés qu’aux îles Canaries, le Digitaria commutata, qui n’avait encore été observé qu’au Cap de Bonne-Espérance, aux îles Canaries et à celles du Cap-vert, et le Pappophorum scabrum, plante du Cap de Bonne-Espérance. — Il est évident que, en raison des limites dans lesquelles nous avons nécessairement dû circonscrire notre tableau, il ne peut comprendre toutes les contrées où se rencontrent les espèces à dispersion très large, les moins importantes du reste au point de vue de la géographie botanique.

Les affinités de l’ensemble de la végétation de la province de Constantine avec l’Europe et le bassin méditerranéen, déjà démontrées par l’examen du tableau, seront rendues plus évidentes encore par les sommes suivantes, résumant quelques-unes des données du tableau principal : si l’on fait la somme des espèces appartenant aux diverses parties du bassin méditerranéen, on voit que cette somme est de 725 espèces, et en y ajoutant les 355 espèces de l’Europe, on arrive au total de 1,080 espèces, tandis que les autres éléments de la végétation ne sont représentés que par le total de 348 espèces.

On a vu plus haut que le total des espèces mentionnées est de 1,428 ; mais nous devons faire remarquer qu’une espèce qui se trouve à la fois dans plusieurs régions, joue dans ces diverses régions le même rôle qu’un nombre égal d’espèces qui seraient propres à chacune de ces régions en particulier. Le tableau suivant, résumant pour chaque région ses principales affinités géographiques, permettra, par leurs sommes, de donner d’une manière plus exacte encore, les proportions relatives des éléments constitutifs de l’ensemble de la végétation.

Tableau résumant pour chaque région ses principales affinités de géographie botanique.
AFFINITÉS DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. MÉD. LITT. MÉD. INT. H.-PLAT. MONT. SAHAR. SOMMES.
Végétation européenne 125 79 158 228 99 689





2061
Région méditerranéenne 196 142 213 193 185 929
Région méditerr. occident. 49 25 50 62 33 219
Espagne, Portugal 11 13 40 46 23 133
Italie, Sicile 20 12 10 15 1 58
Région méditerr. orientale 1 2 7 13 10 33
Orient. 3 3 11 12 12 41



492
Orient désertique 2 2 86 90
Espagne, Orient 5 18 20 33 76
Plantes spéciales 27 29 70 85 74 285
Somme des espèces observées dans chaque région. 434 310 579 674 556 2553

On voit par ce tableau que l’élément européen et méditerranéen de la végétation est représenté par 2,061, tandis que la somme des autres éléments n’est représentée que par 492. En d’autres termes, les affinités de la végétation de la province de Constantine sont, pour plus des quatre cinquièmes, avec l’Europe ou les diverses contrées du bassin méditerranéen.

Tableau des principales familles indiquant le nombre des espèces par régions.
FAMILLES. MÉD. LITT. MÉD. INT. H.-PLAT. MONT. SAHAR. NOMBRE des ESPÈCES.
Renonculacées 11 7 16 16 10 32
Papavéracées 4 4 7 5 6 7
Fumariacées 2 4 5 6 1 9
Crucifères 14 15 41 46 48 90
Cistinées 6 4 10 12 6 23
Résédacées 2 2 5 2 7 11
Frankéniacées 1 4 4
Caryophyllées 14 9 19 23 16 49
Linées 4 1 2 1 1 7
Malvacées 5 4 5 2 7 10
Hypéricinées 3 1 2 1 4
Géraniacées 4 5 8 10 10 20
Zygophyllées 5 5
Rutacées 3 2 3 6
Rhamnées 2 3 6 2 7
Térébinthacées 1 1 3 2 4
Légumineuses 69 48 58 68 53 164
Rosacées 7 3 3 26 1 28
Lythrariées 4 2 1 1 4
Tamariscinées 1 3 9 9
Paronychiées 3 3 12 13 14 21
Crassulacées 2 3 3 8 9
Ficoïdées 1 1 5 6
Ombellifères 21 16 27 37 19 72
Rubiacées 9 3 13 19 7 25
Valérianées 3 4 5 7 12
Dipsacées 2 2 2 4 1 6
Composées (Cynarocéphales) 21 19 37 33 30 71
— (Corymbifères) 32 13 21 28 39 79
— (Chicoracées) 21 14 29 37 30 66
Campanulacées 2 2 5 1 8
Primulacées 3 2 4 5 3 8
Oléacées 4 1 3 3 6
Asclépiadées 3 3
Gentianées 5 1 2 1 5
Convolvulacées 3 6 4 4 3 9
Borraginées 8 8 17 14 16 33
Solanées 2 3 3 4 9
Scrophularinées 11 8 8 22 10 38
Orobanchées 1 8 2 6 12
Labiées 10 10 26 31 13 50
Plumbaginées 2 1 4 2 8 14
Plantaginées 4 4 6 5 9 10
Salsolacées 1 4 13 4 23 26
Polygonées 6 3 6 5 8 14
Daphnoïdées 1 1 3 5 2 6
Euphorbiacées 11 5 7 3 12 22
Urticées 2 4 2 2 4 7
Cupulifères 1 1 2 4
Conifères 1 4 8 2 11
Orchidées 1 1 5 6
Iridées 4 2 2 3 1 5
Liliacées 9 11 12 14 7 27
Joncées 2 2 7 4 3 12
Cypéracées 7 1 9 7 10 19
Graminées 44 37 65 64 62 143
Fougères 1 2 3 2 8

RÉGION MÉDITERRANÉENNE.

La région méditerranéenne est, comme nous l’avons déjà dit, limitée au nord par la Méditerranée, et ne nous paraît pas s’étendre au sud beaucoup au delà de Constantine, où sa limite méridionale n’est guère déterminée que par l’altitude (700 à 1,000 mètres environ) et l’aspect particulier des plaines déboisées qui indiquent le commencement de la région des hauts-plateaux.

De Philippeville à la limite de la région, l’inclinaison générale du sol est régulière et continue ; elle ne devient très prononcée qu’aux environs de Constantine, qui est à plus de 600 mètres d’altitude. Le pays est coupé, même sur le littoral, de chaînes ou de groupes de montagnes ; les plus élevées de ces montagnes sont celles de la Kabylie et celles des environs de Constantine. Les cours d’eau sont assez nombreux, et leur volume est en général assez considérable.

Les bois, qui sur le littoral couvrent de larges espaces, disparaissent vers Constantine. Nous avons donné dans la première partie de ce travail assez de détails sur la composition de ces bois pour n’avoir pas à y revenir ici. Nous rappellerons seulement qu’ils sont en général formés d’espèces réellement arborescentes, et non pas de broussailles parsemées d’arbres comme dans la plus grande partie de la région méditerranéenne de la province d’Oran. Leurs principales essences sont : le Frêne (Fraxinus australis) ; l’Orme (Ulmus campestris) ; le Chêne-vert (Quercus Ilex) ; le Chêne-Liége (Quercus Suber), qui est assez généralement répandu pour être l’objet d’une exploitation importante ; l’Olivier (Olea Europæa), qui sur quelques points forme presque à lui seul de véritables bois. Outre ces arbres, qui peuvent également se trouver par pieds isolés, nous devons mentionner : l’Azerolier (Cratægus Azarolus), qui, aux environs de Philippeville, acquiert un développement exceptionnel ; le Peuplier blanc (Populus alba) qui est très généralement répandu dans les endroits humides et aux bords des eaux ; le Tamarix Africana qui forme un bois assez étendu vers l’embouchure du Safsaf ; le Micocoulier (Celtis Australis), le Caroubier (Ceratonia Siliqua) et le Pistacia Atlantica, qui se trouvent dans les bosquets de la vallée du Rummel intérieur.

Les broussailles, dont nous avons indiqué la composition dans la relation du voyage, sont beaucoup moins répandues que dans la partie correspondante de la province d’Oran, et elles ne se rencontrent guère que sur les pentes de quelques coteaux. Nous devons faire remarquer l’extrême rareté du Palmier-nain (Chamærops humilis), qui, sur un si grand nombre de points du littoral des provinces d’Oran et d’Alger, envahit le sol, d’où le colon ne peut le faire disparaître que par des défrichements souvent dispendieux.

La végétation de la région méditerranéenne dans son ensemble rappelle celle des points correspondants du littoral européen, et sa vigueur luxuriante est un indice de l’extrême fertilité du pays. Les céréales peuvent acquérir un magnifique développement non-seulement dans les vallées et dans les endroits irrigables, mais encore sur les pentes où l’irrigation ne peut être pratiquée. D’abondants pâturages couvrent la plupart des terrains incultes, et sont déjà par eux-mêmes une source de richesse, en attendant que le défrichement vienne les convertir en magnifiques moissons. Les tubercules de l’Asphodèle (Asphodelus ramosus) et les bulbes de la Scille (Scilla maritima), plantes si abondantes dans tous ces pâturages, fourniront longtemps encore à l’industrie européenne la matière première pour la distillation de l’alcool. La profondeur de la couche végétale est indiquée partout par l’excessive fréquence du Cynara Cardunculus.

Région méditerranéenne littorale. — Le climat tout méditerranéen de la région littorale est nettement indiqué par les caractères généraux de la végétation spontanée[37] et des cultures. — L’Agave (Agave Americana) et le Figuier-de-Barbarie (Opuntia Ficus-Indica), si répandus aux environs d’Oran, n’occupent ici que des espaces circonscrits. La saison des pluies et la saison de sécheresse sont moins nettement tranchées. Le développement des plantes est moins précoce que dans la province d’Oran en raison de la différence de latitude et des influences qui se produisent selon la longitude.

Nous ne croyons pas devoir donner ici le tableau des espèces caractéristiques de la végétation, car il suffit de consulter nos notes sur les environs de Philippeville et sur le trajet de Philippeville à Constantine pour se faire une idée de la richesse botanique et agricole de la région.

Le nombre total des espèces et des principales variétés observées dans la région littorale est de 434.

Sous le rapport de leur durée elles peuvent être partagées en deux groupes, le nombre des espèces annuelles ou bisannuelles étant d’environ 242 et celui des espèces vivaces de 192. — Parmi les espèces vivaces, 43 sont ligneuses ; on ne peut guère compter que 7 arbres croissant spontanément dans la région : Cratægus Azarolus, Tamarix Africana, Olea Europæa, Fraxinus australis, Ulmus campestris, Quercus Suber, Populus alba. La relation de notre voyage donne des renseignements suffisants sur les arbres introduits dans la région.

Si l’on considère les plantes de la région littorale au point de vue de leur classification en familles naturelles, on trouve que le nombre des Dicotylédones est de 359, et celui des Monocotylédones de 75. — Les familles principales rangées, d’après leur importance relative dans la région, donnent le tableau suivant :

Espèces. Espèces.
1 Composées 74 14 Rosacées 7
2 Légumineuses 69 15 Cypéracées 7
3 Graminées 44 16 Cistinées 6
4 Ombellifères 21 17 Polygonées 6
5 Crucifères 14 18 Malvacées 5
6 Caryophyllées 14 19 Gentianées 5
7 Renonculacées 11 20 Papavéracées 4
8 Scrophularinées 11 21 Linées 4
9 Euphorbiacées 11 22 Géraniacées 4
10 Labiées 10 23 Lythrariées 4
11 Rubiacées 9 24 Oléacées 4
12 Liliacées 9 25 Plantaginées 4
13 Borraginées 8 26 Iridées 4

Les résultats fournis par la comparaison de la région littorale, au point de vue de la géographie botanique, avec les autres contrées du bassin méditerranéen étant consignés dans un tableau synoptique[38] nous ne croyons pas devoir les reproduire ici ; nous nous bornerons à exposer quelques données complémentaires des indications portées au tableau.

Si l’on fait la somme des espèces appartenant aux diverses parties du bassin méditerranéen, on voit que cette somme est de 277 ; en y ajoutant les 125 espèces de l’Europe on obtient le total de 402, tandis que les autres éléments de la végétation ne sont représentés que par 32 espèces. — Sur les 27 espèces spéciales, 20 n’ont pas été observées dans les autres régions.

De l’examen de la statistique botanique comparée de la région littorale il résulte qu’elle offre les plus grandes analogies avec le littoral européen, et que nous y retrouvons la confirmation de la loi que nous avons formulée, d’après laquelle les influences selon la longitude sont dominantes sur le littoral algérien. — Il est à peine besoin d’ajouter que les cultures ne doivent pas différer sensiblement de celles des parties analogues du littoral européen.

Région méditerranéenne intérieure[39]. — Le climat plus européen de Constantine se dénote par l’aspect de la végétation et des cultures ; l’Oranger et le Néflier-du-Japon (Eriobotrya Japonica) ne mûrissent plus leurs fruits dans la vallée du Rummel supérieur, et la culture de l’Olivier y réclame des soins spéciaux. Le développement de la végétation est plus tardif que dans la région littorale par suite de la différence d’altitude.

Nous ne donnons pas ici le tableau des espèces caractéristiques de la végétation, car il suffit de consulter nos notes sur les environs de Constantine pour se faire une idée de la nature de la végétation et des ressources agricoles de la région.

Le nombre total des espèces et des principales variétés vues par nous dans la région méditerranéenne intérieure est de 310.

Sous le rapport de leur durée elles peuvent être partagées en deux groupes, le nombre des espèces annuelles ou bisannuelles étant d’environ 173 et celui des espèces vivaces de 137. — Parmi les espèces vivaces, 21 sont ligneuses ou frutescentes ; on ne peut guère compter que 4 arbres croissant spontanément dans cette région, dont l’un des caractères est l’absence de bois ; ces 4 arbres sont les : Pistacia Atlantica, Ceratonia Siliqua, Olea Europæa et Celtis australis. La relation de notre voyage donne des renseignements suffisants sur les arbres introduits dans la région.

Si l’on considère les plantes de la région méditerranéenne intérieure au point de vue de leur classification en familles naturelles, on trouve que le nombre des Dicotylédones est de 252, et celui des Monocotylédones de 58. — Les familles principales, rangées d’après leur importance relative dans la région, donnent le tableau suivant :

Espèces. Espèces.
1 Légumineuses 48 12 Convolvulacées 6
2 Composées 46 13 Géraniacées 5
3 Graminées 37 14 Euphorbiacées 5
4 Ombellifères 16 15 Papavéracées 4
5 Crucifères 15 16 Fumariacées 4
6 Liliacées 11 17 Cistinées 4
7 Labiées 10 18 Malvacées 4
8 Caryophyllées 9 10 Valérianées 4
9 Borraginées 8 20 Plantaginées 4
10 Scrophularinées 8 21 Salsolacées 4
11 Renonculacées 7 22 Urticées 4

Sur les 310 espèces de la région, 180 n’ont pas été vues par nous dans la région littorale. — Sur les 29 espèces spéciales, 7 n’ont pas été observées dans les autres régions, 2 seulement ont été trouvées dans la région littorale.

Si l’on fait la somme des espèces appartenant aux diverses parties du bassin méditerranéen, on voit que cette somme est de 194 ; si l’on y ajoute les 79 espèces d’Europe, on obtient le total de 273, tandis que les autres éléments de la végétation sont représentés par 37.

L’examen de la statistique botanique comparée de la région méditerranéenne intérieure démontre que cette région est suffisamment distincte de la région littorale, au moins comme région secondaire, et qu’elle offre encore les plus grandes analogies avec la végétation méditerranéenne de l’Europe ; les influences qui se produisent selon la latitude sont déjà révélées par la présence de 5 espèces qui se trouvent à la fois en Espagne et en Orient. — Les cultures sont à peu près les mêmes que celles de la région littorale, mais notablement moins méridionales à cause de l’altitude.

RÉGION DES HAUTS-PLATEAUX.

La région des hauts-plateaux[40], ainsi que nous l’avons dit plus haut, n’a pas au nord de limite tranchée ; cette limite n’est guère déterminée que par l’altitude et l’aspect particulier des vastes plaines qui constituent la région. Au sud au contraire elle est limitée de la manière la plus naturelle par la chaîne de montagnes qui s’étend de l’est à l’ouest comme une immense muraille pour la séparer du Sahara. Les hauts-plateaux dans la province de Constantine ne sont, à vrai dire, qu’une dépendance de la région montagneuse ; leurs vastes plaines dépourvues de bois d’une altitude de 700 à 1,100 mètres, n’en sont guère que le premier étage. Ces plaines, par leur étendue, le nivellement de leur surface, leur uniformité, offrent cependant un type assez tranché pour que nous ayons cru devoir les regarder comme constituant une région spéciale ; cette manière de voir est du reste complétement justifiée par les analogies de la végétation de la contrée qui nous occupe avec celle des hauts-plateaux des provinces d’Alger et d’Oran. — Les cours d’eau peu nombreux dans la région des hauts-plateaux, et en général d’un volume peu considérable, vont se jeter dans les lacs salés et à sec en été (Chott ou Sebka) qui ne sont pas rares dans le pays, ou se perdent dans la région saharienne. — Les chotts, bien qu’on y rencontre déjà quelques-unes des plantes des grands chotts de l’ouest, en raison de leur altitude et de leur étendue relativement faible, n’impriment pas à la végétation un caractère aussi spécial que dans la province de l’Ouest.

La région des hauts-plateaux ne possède pas de véritables bois ; la végétation arborescente n’y est représentée que par quelques arbres de la région montagneuse inférieure qui s’y rencontrent généralement par pieds isolés, tels sont : les Genévriers (Juniperus Oxycedrus et Phœnicea), le Pin-d’Alep (Pinus Halepensis), le Chêne-vert (Quercus Ilex) et une nouvelle espèce de Frêne (Fraxinus dimorpha) ; çà et là dans la plaine, dans les ravins, sur les coteaux et à la base des montagnes on voit le Pistacia Atlantica, dont la limite d’altitude paraît être à peu près celle des hauts-plateaux et qui ne forme des massifs que d’une manière exceptionnelle ; au voisinage des chotts et au bord des eaux croissent des Tamarix (T. Africana, Gallica et bounopœa).

Les broussailles sont rares dans la région, et elles sont surtout formées par le Zizyphus Lotus et le Retama sphærocarpa qui se présentent généralement sous la forme de buissons orbiculaires espacés.

De larges surfaces dans les terrains incultes sont couvertes de plantes vivaces ou frutescentes parmi lesquelles nous devons mentionner les : Artemisia Herba-alba, Santolina squarrosa, Asphodelus ramosus, Othonna cheirifolia, Cynara Cardunculus, etc. L’Alfa (Stipa tenacissima) et les autres espèces de Stipa qui, dans l’Ouest, sont si abondantes, sont au contraire assez rares dans les plaines des hauts-plateaux de l’est. — Les dépressions du sol et les endroits les moins arides offrent des pâturages assez riches où domine souvent la Luzerne (Medicago sativa).

Les cultures ne tiennent encore que peu de place ; le Blé et l’Orge ne sont généralement semés par les indigènes que dans les endroits frais ou arrosés. — C’est surtout dans les terrains meubles, dans les moissons et dans les champs récemment cultivés que se trouvent les espèces caractéristiques de la région.

Nous ne donnons pas ici le tableau de ces espèces caractéristiques de la végétation, car il suffit de consulter nos notes sur le trajet de Constantine à Batna, sur les environs de Batna (voir la liste des plantes observées dans les plaines de Batna et de Lambèse) et sur le trajet de Batna à El-Kantara pour se faire une idée de la nature de la végétation et des ressources agricoles de la région.

Le nombre total des espèces et des principales variétés est de 579.

Sous le rapport de leur durée elles peuvent être partagées en deux groupes à peu près égaux, le nombre des espèces annuelles ou bisannuelles étant de 299, et celui des espèces vivaces de 280. Parmi les espèces vivaces, 49 sont ligneuses ou frutescentes ; on ne peut guère, ainsi que nous l’avons dit plus haut, compter que 5 arbres croissant spontanément dans cette région, dont l’un des caractères est d’être dépourvue de bois. — La relation de notre voyage donne des renseignements suffisants sur les arbres introduits dans la région.

Si l’on considère les plantes de la région des hauts-plateaux au point de vue de leur classification en familles naturelles, on trouve que le nombre des Dicotylédones est de 473 et celui des Monocotylédones de 106. — Les familles principales rangées, d’après leur importance relative dans la région, donnent le tableau suivant :

Espèces. Espèces.
1 Composées 87 17 Scrophularinées 8
2 Graminées 65 18 Orobanchées 8
3 Légumineuses 58 19 Papavéracées 7
4 Crucifères 41 20 Euphorbiacées 7
5 Ombellifères 27 21 Joncées 7
6 Labiées 26 22 Plantaginées 6
7 Caryophyllées 19 23 Polygonées 6
8 Borraginées 17 24 Fumariacées 5
9 Renonculacées 16 25 Résédacées 5
10 Rubiacées 13 26 Malvacées 5
11 Salsolacées 13 27 Valérianées 5
12 Paronychiées 12 28 Primulacées 4
13 Liliacées 12 29 Convolvulacées 4
14 Cistinées 10 30 Plumbaginées 4
15 Cypéracées 9 31 Conifères 4
16 Géraniacées 8

Sur les 579 espèces de la région, 418 n’ont pas été vues par nous dans la région littorale, 373 n’ont pas été observées dans la région méditerranéenne intérieure. — Sur les 70 espèces spéciales, 12 seulement nous paraissent propres à la région ; 4 lui sont communes avec la région littorale et 18 avec la région méditerranéenne intérieure.

Si l’on fait la somme des espèces appartenant aux diverses parties du bassin méditerranéen, on voit que cette somme est de 320 ; si l’on y ajoute les 158 espèces d’Europe, on obtient le total de 478, tandis que les autres éléments de la végétation sont représentés par 101.

L’examen de la statistique botanique comparée de la région des hauts-plateaux, démontre que cette région est très distincte de la région littorale, tandis que sa végétation participe à la fois aux caractères des régions méditerranéenne intérieure, montagneuse et saharienne. Les flores européenne et méditerranéenne y sont représentées par les quatre cinquièmes des espèces ; les influences qui se produisent selon la latitude sont démontrées par l’accroissement notable du nombre des espèces espagnoles et orientales et par la présence de 18 espèces qui se trouvent à la fois en Espagne et en Orient ; les nombres des espèces vivaces et annuelles sont déjà presque égaux. — Les cultures de l’ensemble de la région des hauts-plateaux, sont presque exclusivement celles de l’Europe tempérée[41] ; toutefois dans le voisinage de la région saharienne elles pourraient être plus méridionales.

RÉGION MONTAGNEUSE.

La région montagneuse[42], ainsi que nous l’avons dit plus haut, est représentée dans ce rapport surtout par les montagnes des environs de Batna, par celles d’une grande partie de la chaîne de l’Aurès, ainsi que par les vallées qui en dépendent. — Ces montagnes présentent des massifs d’une altitude déjà considérable, dont les principaux sont : aux environs de Batna, le Djebel Tougour (2,086 mètres), et dans la chaîne de l’Aurès, le Djebel Mahmel (2,306 mètres), et le Djebel Cheliah (2,312 mètres) ; le sommet de cette dernière montagne, d’après les évaluations les plus probables, est le point le plus élevé de l’Algérie. Les versants dirigés vers le sud sont généralement escarpés, peu boisés ou complétement dépourvus de bois, ceux du nord, à pentes ordinairement moins rapides, sont au contraire pour la plupart couverts de forêts qui, par la beauté des arbres qui les constituent, peuvent être comparés à celles de l’Europe centrale. Le sol des montagnes est généralement sec et ne présente quelque humidité que dans les parties argilo-schisteuses qu’on rencontre surtout à leur base ; dans ces parties plus fraîches, se trouvent souvent réunies un grand nombre des plantes caractéristiques de la région ; la sécheresse générale du sol paraît tenir à la nature même des roches qui sont surtout des calcaires et des grès difficilement désagrégeables. — La neige, qui en hiver couvre la plus grande partie des montagnes, ne persiste pas habituellement, même sur les plus hautes sommités, au delà du mois de mai ; ce n’est que dans de vastes excavations des pentes septentrionales (Djebel Mahmel) où la neige s’accumule qu’elle peut persister. — La partie supérieure des montagnes est dépourvue de sources ou n’en présente habituellement que de trop peu abondantes pour donner naissance à de véritables ruisseaux ; les ravins sont pour la plupart à sec pendant une grande partie de l’année ; les vallées au contraire sont souvent arrosées par des cours d’eau assez considérables pour fertiliser par des dérivations des cultures étendues.

La région montagneuse peut être partagée en trois zones principales :

1o Zone inférieure. Cette zone est caractérisée par l’Olivier (Olea Europæa), le Micocoulier (Celtis australis), et par une végétation et des cultures méditerranéennes ; sa limite d’altitude étant d’environ 1,000 mètres, elle n’est guère représentée dans le pays que nous avons parcouru que par la partie inférieure de la vallée de l’Oued Abdi, car partout ailleurs elle est presque entièrement exclue par l’altitude même des hauts-plateaux.

2o Zone moyenne. Cette zone est caractérisée par les bois de Chênes-verts (Quercus Ilex et var. Ballota) ; l’Olivier n’y existe plus qu’à l’état de buisson. La limite supérieure de la zone est environ à l’altitude de 1,600 mètres.

3o Zone supérieure. — Cette zone est caractérisée surtout par les forêts de Cèdres ; sa partie supérieure souvent déboisée, rappelle les caractères de la végétation alpestre par la présence de plantes vivaces disposées en touffes compactes.

Nous avons donné dans la relation du voyage assez de détails sur la composition des diverses forêts de la région montagneuse pour ne pas devoir y insister ici. — Le nombre des principales espèces arborescentes est de 15 environ ; ce sont, en les classant d’après leur ordre approximatif d’altitude : l’Olivier (Olea Europæa), le Micocoulier (Celtis australis), le Pistacia Atlantica, les Genévriers (Juniperus Phœnicea et Oxycedrus), le Pin d’Alep (Pinus Halepensis), l’Orme (Ulmus campestris), l’Amandier (Amygdalus communis), une espèce nouvelle de Frêne (Fraxinus dimorpha), les Chênes-verts (Quercus Ilex et var. Ballota), le Juniperus thurifera, le Houx (Ilex Aquifolium), l’Érable de Montpellier (Acer Monspessulanum), le Cèdre (Cedrus Libani var. Atlantica), et l’If (Taxus baccata). — A la zone inférieure appartiennent l’Olea europæa, le Celtis australis, le Pistacia Atlantica qui s’avance un peu au delà de la limite inférieure de la zone moyenne, et le Juniperus Phœnicea, que l’on retrouve également dans cette dernière zone. — A la zone moyenne appartiennent le Juniperus Oxycedrus et le Pinus Halepensis, qui peuvent exister également dans la zone inférieure, et exceptionnellement dans la zone supérieure ; l’Ulmus campestris, qui croît aussi dans les montagnes basses et les vallées du littoral ; l’Amygdalus communis, que dans la province de l’ouest nous avons observé à une altitude beaucoup plus faible ; le Fraxinus dimorpha, qui peut descendre jusque dans la région des hauts-plateaux, et qui empiète aussi quelquefois sur la zone supérieure, où il ne se présente plus que sous forme de buisson ; l’Acer Monspessulanum, qui croît également dans la zone supérieure, où, sur les hautes sommités, il est réduit à l’état de buisson rabougri ; et le Quercus Ilex, caractéristique de la zone dans la contrée que nous avons parcourue. — A la zone supérieure appartiennent le Juniperus thurifera, dont l’altitude nous paraît comprise entre 1,600 et 1,800 mètres ; le Taxus baccata, dont l’altitude inférieure nous a paru être de 1,800 mètres, et qui atteint la limite de la partie boisée ; et le Cedrus Libani var. Atlantica, qui caractérise essentiellement la zone. — L’Ilex Aquifolium que nous n’avons pas observé dans notre voyage, mais qui nous a été indiqué comme formant un bois d’une certaine étendue dans les montagnes au nord-ouest de Batna, paraît intermédiaire entre les zones moyenne et supérieure ; dans le Djurdjura nous l’avons trouvé en assez grande abondance à la limite des deux zones. — Le Pyrus longipes, qui n’est représenté que par un petit nombre d’individus dans les bois des environs de Batna, paraît devoir être rapporté à la zone moyenne. — Le Lonicera arborea, dont il n’a été observé qu’un seul pied au Djebel Tougour, s’y rencontre à une altitude d’environ 1,800 mètres. — Le Chêne-Zéan (Quercus Mirbeckii DR.) a été observé dans les montagnes de l’Aurès par M. le capitaine Payen, mais nous ne l’y avons pas rencontré ; il est commun, au contraire, dans le massif de l’Atlas près de Blidah, dans l’Ouarensenis, dans le Djurdjura et aux environs de Bône.

Le Cèdre (Cedrus Libani Barrel. ; Pinus Cedrus L.), qui, dans la province de Constantine, forme presque exclusivement la végétation forestière de la zone montagneuse supérieure, occupe une surface de plusieurs milliers d’hectares. Il existe également sur d’autres points de l’Algérie : on le rencontre dans la chaîne du Djurdjura, mais, dans ces montagnes plus abruptes, il n’y a que quelques pentes favorables à son développement ; une forêt de Cèdres d’une certaine étendue couvre la partie supérieure de la montagne d’Aïn-Telazit au-dessus de Blidah ; c’est surtout dans la magnifique forêt de Teniet-el-Haad que le Cèdre atteint les dimensions les plus considérables. — Cet arbre, qui, d’après les faits historiques, paraît avoir couvert les sommités du Liban, n’y est plus, au dire de tous les voyageurs, représenté que par un petit nombre d’individus de grande dimension, généralement mutilés et quelques centaines de jeunes pieds ; dans la chaîne du Taurus, il forme des massifs importants. Nous réunissons dans nos indications de géographie botanique le Cèdre d’Algérie et le Cèdre du Liban, que nous considérons comme appartenant à une même espèce. Le Cèdre d’Algérie (Cedrus Atlantica Manetti ; Pinus Atlantica Endl.) ne diffère, en effet, du Cèdre du Liban (Cedrus Libani Barrel., Loud. ; Pinus Cedrus L., Endl.) que par les feuilles ordinairement plus courtes. Quant à la forme et au volume des cônes, ils ne fournissent aucun caractère distinctif ; pour nous, le Cèdre d’Algérie ne serait donc qu’une variété du Cèdre du Liban, dont nous avons reçu des échantillons authentiques du Liban et du Taurus ; notre manière de voir est confirmée par l’opinion de MM. Antoine et Kotschy, qui rapportent également comme variété au Cèdre du Liban le Cèdre d’Algérie, nous avons vu des échantillons de cette variété recueillis dans le Taurus par MM. Kotschy et Balansa. — Le Cèdre d’Algérie se présente sous deux formes : l’une, la plus répandue, est caractérisée par des feuilles plus courtes, généralement arquées et presque conniventes, et surtout par leur teinte glauque-argentée (Cedrus argentea V. Renou Ann. forest. III, 2, pl. 2) ; l’autre, est caractérisée par les feuilles un peu plus longues, généralement droites, divergentes et vertes (Cedrus Libani V. Renou, loc. cit., pl. 1). L’étude des Cèdres dans les diverses forêts de l’Algérie nous a amené à ne considérer les C. Libani et argentea V. Renou, que comme des modifications ou sous-variétés dues à des circonstances locales : en effet, généralement, les jeunes arbres et les individus abrités offrent des feuilles vertes et droites, tandis qu’elles sont au contraire glauques et conniventes chez les arbres adultes et exposés à l’influence des vents et de la chaleur ; nous devons ajouter que quelquefois nous avons trouvé les deux sortes de feuilles réunies sur un même pied. Sous l’influence des conditions locales que nous venons de signaler, le Cèdre se présente sous deux aspects très différents : pendant sa jeunesse ou dans les ravins, il affecte souvent la forme pyramidale, tandis que sur les versants il se couronne plus communément, et s’étale en parasol. Le Pinus Halepensis, qui s’est également offert à nous sous ces deux états, démontre encore le peu d’importance qu’il faut y attacher.

Dans la relation de notre voyage, nous avons donné sur la composition des broussailles et des pâturages, ainsi que sur les cultures de la région, des détails qui nous dispensent d’y revenir ici.

Nous n’indiquerons pas les espèces caractéristiques de la région, car il suffit de consulter nos notes sur les montagnes de Batna, de Lambèse, de la vallée de l’Oued Abdi, et en particulier sur les Djebel Tougour, Itche-Ali, Mahmel et Cheliah, qui ont été étudiés d’une manière spéciale, pour se faire une idée de la nature de la végétation et des ressources forestières et agricoles de la région (voir spécialement les listes des plantes observées dans les bois de Lambèse, aux Djebel Tougour, Mahmel et Cheliah).

Le nombre total des espèces et des principales variétés est de 674.

Sous le rapport de leur durée, elles peuvent être partagées en deux groupes, dont l’inégalité est en sens inverse de celle qui se présente dans les autres régions ; en effet, le nombre des espèces annuelles ou bisannuelles n’est que de 238, tandis que celui des espèces vivaces est au contraire de 436. — Parmi les espèces vivaces, 85 sont frutescentes ou ligneuses ; le nombre des espèces réellement arborescentes est de 17 ; les détails que nous avons donnés plus haut sur leur distribution dans la région où les forêts tiennent une si large place nous dispensent d’en répéter ici l’énumération. — La relation de notre voyage fournit des renseignements suffisants sur les arbres introduits dans la région (voir la partie de cette relation concernant les jardins et les vergers de la partie inférieure de l’Oued Abdi et les cultures des environs de Batna et de Lambèse).

Si l’on considère les plantes de la région montagneuse au point de vue de leur classification en familles naturelles, on trouve que le nombre des Dicotylédones est de 569, et celui des Monocotylédones de 105. — Les familles principales rangées d’après leur importance relative dans la région, donnent le tableau suivant :

Espèces. Espèces.
1 Composées 98 18 Conifères 8
2 Légumineuses 68 19 Valérianées 7
3 Graminées 64 20 Cypéracées 7
4 Crucifères 46 21 Fumariacées 6
5 Ombellifères 37 22 Rhamnées 6
6 Labiées 31 23 Papavéracées 5
7 Rosacées 26 24 Campanulacées 5
8 Caryophyllées 23 25 Primulacées 5
9 Scrophularinées 22 26 Plantaginées 5
10 Rubiacées 19 27 Polygonées 5
11 Renonculacées 16 28 Daphnoïdées 5
12 Borraginées 14 29 Orchidées 5
13 Liliacées 14 30 Dipsacées 4
14 Paronychiées 13 31 Convolvulacées 4
15 Cistinées 12 32 Salsolacées 4
16 Géraniacées 10 33 Joncées 4
17 Crassulacées 8

Sur les 674 espèces de la région, 533 n’ont pas été vues par nous dans la région littorale, 492 n’ont pas été observées dans la région méditerranéenne intérieure, 320 n’ont pas été rencontrées sur les hauts-plateaux. — Sur les 85 espèces spéciales, 36 sont propres à la région, 4 seulement lui sont communes avec la région littorale, 16 avec la région méditerranéenne intérieure, et 41 avec la région des hauts-plateaux.

Si l’on fait la somme des espèces appartenant aux diverses parties du bassin méditerranéen, on voit que cette somme est de 329 ; si l’on y ajoute les 228 espèces d’Europe, on obtient le total de 557, tandis que les autres éléments de la végétation sont représentes par 117.

L’examen de la statistique botanique comparée de la région montagneuse démontre que cette région, tout en présentant d’étroites affinités avec les hauts-plateaux, en est suffisamment distincte par le nombre des espèces qui lui sont propres, et par la végétation forestière qui y est très largement représentée, tandis que les hauts-plateaux sont presque dépourvus d’arbres. — Le nombre des espèces européennes est plus considérable dans la région montagneuse que dans aucune des autres régions ; celui des espèces méditerranéennes y est au contraire relativement moindre. Les affinités avec le centre de l’Europe sont encore attestées par la prédominance du nombre des espèces vivaces sur celui des espèces annuelles. — Les influences qui se produisent selon la latitude sont démontrées par la présence de 46 espèces espagnoles, celle de 25 espèces orientales, et de 20 espèces qui se trouvent à la fois en Espagne et en Orient. — Les cultures de cette région prise dans son ensemble sont nécessairement celles de l’Europe centrale ; mais la région montagneuse inférieure, participant au caractère des régions voisines, présente au moins en partie les ressources agricoles de ces régions elles-mêmes.

RÉGION SAHARIENNE.

La région saharienne[43] est, comme nous l’avons déjà dit, limitée à El-Kantara de la manière la plus naturelle par la chaîne de montagnes qui s’étend de l’est à l’ouest comme une immense muraille, la sépare de la région des hauts-plateaux et n’en permet l’accès que par l’étroite brèche creusée par l’Oued El-Kantara. A peu de distance au-dessus du défilé dominent encore les plantes des hauts-plateaux et l’ensemble de la végétation présente l’aspect uniforme qui caractérise cette dernière région ; à l’autre extrémité du défilé s’étendent les plaines sahariennes, dont l’aridité forme un contraste saisissant avec la riche végétation de l’oasis. La magnificence des dattiers attire seule les regards et fait bientôt oublier la monotonie des hauts-plateaux que l’on vient de quitter. L’influence désertique se révèle immédiatement, et à El-Kantara, malgré l’altitude (534 mètres), se trouvent un grand nombre de plantes sahariennes. La moisson est déjà faite, alors que dans les plaines des hauts-plateaux les plus voisines, et situées presque à la même altitude, les céréales sont loin d’être arrivées à maturité. Plus à l’est, dans les vallées de l’Aurès qui débouchent dans le Sahara, la limite de la région est moins brusquement tranchée ; le vent du sud s’engouffrant dans ces vallées y exerce sa puissante influence qui n’est atténuée que d’une manière insensible par la distance et les contours des vallées elles-mêmes ; la végétation suit les mêmes dégradations et, sur des points déjà éloignés, existent des oasis et se retrouvent un grand nombre des plantes caractéristiques du Sahara.

Nous avons déjà indiqué plus haut la limite probable de la région saharienne au sud, mais le Sahara est trop imparfaitement connu pour que nous puissions rien préciser à cet égard. Nous ne pouvons pas davantage exposer les caractères physiques de la région ; les environs de Biskra constitués surtout par des plaines argilo-calcaires, généralement salées, où le sable n’est qu’un accident, situées au pied de montagnes élevées, possédant des cours d’eau relativement abondants et des sources assez nombreuses, sont évidemment loin de pouvoir représenter l’ensemble du Sahara, où la plupart des conditions sont toutes différentes. Aussi croyons-nous devoir renvoyer aux renseignements généraux donnés dans la relation de notre voyage, sur les environs de Biskra.

Nous n’énumérerons pas ici les espèces caractéristiques de la région, car il suffit de consulter la partie de notre travail qui concerne la région saharienne pour se faire une idée de la nature de la végétation et des ressources de la région au point de vue de la culture (voir spécialement la liste des plantes observées aux environs et au sud de Biskra, et nos Notes sur la culture du Dattier et les cultures des oasis des Ziban).

Le nombre total des espèces et des principales variétés est de 560. Sous le rapport de leur durée elles peuvent être partagées en deux groupes, le nombre des espèces annuelles ou bisannuelles étant environ de 322, et celui des espèces vivaces de 238. Parmi les espèces vivaces 70 environ sont frutescentes ou ligneuses ; la végétation arborescente spontanée, ainsi que nous l’avons dit dans la relation du voyage, n’est guère représentée que par les diverses espèces et variétés de Tamarix ; ces arbres peuvent atteindre d’assez grandes dimensions, et ils constituent à Saada une véritable forêt. Le Pistacia Atlantica, qui n’est pas rare dans la vallée de l’Oued Abdi, à la limite de la région saharienne et de la région montagneuse inférieure, n’existe pas aux environs de Biskra, quoique sur d’autres points du Sahara il forme de véritables massifs. Bien que le Dattier, l’arbre par excellence du désert, ait été évidemment introduit par l’homme dans la région saharienne, nous ne pouvons omettre de le mentionner ici. — Dans la relation de notre voyage nous nous sommes bornés à donner l’énumération des arbres introduits dans la région (consulter pour plus de détails nos Notes sur les cultures des oasis des Ziban).

Si l’on considère les plantes de la région saharienne au point de vue de leur classification en familles naturelles, on trouve que le nombre des Dicotylédones est de 467, et celui des Monocotylédones de 93. — Les familles principales, rangées d’après leur importance relative dans la région, donnent le tableau suivant :

Espèces. Espèces.
1 Composées 99 17 Plantaginées 9
2 Graminées 62 18 Plumbaginées 8
3 Légumineuses 53 19 Polygonées 8
4 Crucifères 48 20 Résédacées 7
5 Salsolacées 23 21 Malvacées 7
6 Ombellifères 19 22 Rubiacées 7
7 Caryophyllées 16 23 Liliacées 7
8 Borraginées 16 24 Papavéracées 6
9 Paronychiées 14 25 Cistinées 6
10 Labiées 13 26 Orobanchées 6
11 Euphorbiacées 12 27 Zygophyllées 5
12 Renonculacées 10 28 Ficoïdées 5
13 Géraniacées 10 29 Frankéniacées 4
14 Scrophularinées 10 30 Solanées 4
15 Cypéracées 10 31 Urticées 4
16 Tamariscinées 9

Sur les 560 espèces de la région, 4, en raison de leur patrie, n’ont pu figurer dans le tableau où nous avons groupé les principales affinités géographiques. Sur les 556 autres espèces, 440 n’ont pas été vues par nous dans la région littorale ; 441 n’ont pas été observées dans la région méditerranéenne intérieure ; 294 n’ont pas été rencontrées sur les hauts-plateaux, et 387 manquent dans la région montagneuse. Sur les 74 espèces spéciales, 45 sont propres à la région, 1 seulement lui est commune avec la région littorale, 5 seulement avec la région méditerranéenne intérieure, 26 avec la région des hauts-plateaux et 18 avec la région montagneuse.

Si l’on fait la somme des espèces appartenant aux diverses parties du bassin méditerranéen, on voit que cette somme est de 285 ; si l’on y ajoute les 99 espèces d’Europe, on obtient le total de 384, tandis que les autres éléments de la végétation sont représentés par 205.

En faisant abstraction des plantes, qui, dans la région saharienne, ne se rencontrent que dans les cultures et les endroits arrosés des oasis, le nombre des espèces est réduit à 416, et ce chiffre est évidemment encore trop fort, car aux environs de Biskra les eaux ont amené dans la plaine saharienne des espèces étrangères à la région, et les alluvions des cours d’eau présentent également un assez grand nombre d’espèces des régions montagneuse et des hauts-plateaux. En opérant la réduction que nous venons d’indiquer, le nombre des espèces d’Europe n’est plus que de 37 au lieu de 99 et la somme des espèces appartenant aux diverses parties du bassin méditerranéen n’est plus que de 170 au lieu de 285, les autres éléments de la végétation restant au contraire représentés par les mêmes nombres.

Pour compléter les données fournies par nos tableaux, nous devons ajouter que 211 espèces sont communes aux environs de Biskra et aux environs de Gabès, partie méridionale et littorale du désert de la régence de Tunis ; sur les 74 espèces spéciales des environs de Biskra 50 se retrouvent aussi à Gabès. — Si l’on compare de même la végétation des îles Canaries à celle du désert de Biskra, on voit que 55 espèces existent à la fois dans les deux pays, et que 3 espèces qui n’avaient encore été signalées qu’aux Canaries appartiennent également à notre région saharienne.

La région saharienne est non-seulement la plus nettement tranchée sous le rapport de la géographie botanique, mais elle est encore caractérisée par l’importance qu’y acquièrent certaines familles (Frankéniacées, Zygophyllées, Tamariscinées, Ficoïdées, Asclépiadées, Plumbaginées, Salsolacées, etc.) au point de vue du nombre des espèces, ou de l’abondance des individus ; et il est à remarquer que ces familles ne sont pas ou sont à peine représentées dans les autres régions. — L’examen de la statistique botanique comparée de la région saharienne démontre que les plantes d’Europe et celles du bassin méditerranéen y jouent un rôle beaucoup moins important que dans les autres régions ; ses analogies avec l’Italie sont complétement nulles. Les affinités dominantes du Sahara sont avec l’Orient désertique représenté par l’Égypte, une partie de la Palestine, l’Arabie, et une partie de la Perse méridionale. — Le nombre des espèces qui se retrouvent à la fois en Espagne et en Orient y est relativement considérable. C’est surtout pour la région saharienne que nous trouvons la confirmation de la loi que nous avons déjà énoncée, d’après laquelle les influences selon la latitude sont dominantes dans l’intérieur ; cette loi, pour rendre notre pensée d’une manière plus saisissante, peut encore être exprimée de la manière suivante : sous le rapport de la géographie botanique, en Algérie, s’éloigner du littoral dans le sens du méridien, c’est moins se rapprocher du tropique que de l’Orient. La comparaison de la région saharienne de la province de Constantine avec celles de la province d’Alger et d’Oran, d’après les faits qui nous sont déjà connus, confirmerait notre manière de voir ; mais cette comparaison, pour laquelle il n’existe encore que des documents insuffisants, trouvera mieux sa place dans un autre travail pour lequel nous espérons être à même de recueillir des données plus complètes. — Ainsi que nous l’avons déjà dit ailleurs (Notes sur la culture du Dattier dans les oasis des Ziban), la culture en grand du Dattier est l’expression d’un concours de conditions physiques et climatologiques qui dominent dans toute la vaste zone presque privée de pluies, s’étendant de l’Océan jusque vers la vallée de l’Indus, et qui impriment à cette zone un caractère spécial révélé par l’uniformité de la végétation. La présence simultanée sur la côte orientale de l’Espagne et dans les déserts de l’Orient d’un certain nombre d’espèces qui, en Europe, manquent dans les points intermédiaires, est une nouvelle preuve de l’importance des influences désertiques auxquelles la culture du Dattier est subordonnée. — De l’ensemble des considérations que nous venons d’exposer, il nous paraît résulter, de la manière la plus manifeste, que les cultures du Sahara algérien doivent être celles du sud-est de l’Espagne, et surtout celles des régions comprises dans la zone désertique ; quant aux cultures tropicales, elles ne constitueront jamais, selon nous, qu’une exception, même dans les localités qui semblent devoir leur être le plus favorables, et elles seront peut-être plutôt un objet de curiosité qu’une source réelle de richesse pour notre belle colonie.


Carte D’UN VOYAGE BOTANIQUE EN ALGÉRIE entrepris en 1853 sous le patronage du Ministère de la Guerre d’après la CARTE DE LA SUBDIVISION DE BATNA.

Dressée par M. Rousseau, Capitaine au 2e Régiment de la Légion étrangère.

NOTES :

[1]Depuis le voyage qui fait l’objet du présent rapport, nous avons, en 1854, grâce à la bienveillante protection du Ministère de la Guerre, exploré les montagnes de l’Ouarsenis, de Teniet-el-Haad, du petit Atlas, et surtout les montagnes les plus élevées de la partie occidentale de la chaîne du Djurdjura, à la suite de l’expédition dirigée par M. le Gouverneur général, et sous l’appui d’un détachement de troupes indigènes commandé par M. le capitaine Beauprêtre. — Pour pouvoir compléter le rapport que nous avons déjà publié sur la province d’Oran en l’étendant à la région saharienne, ainsi que pour étudier la végétation de la province d’Alger dans ses diverses régions naturelles, et en faire l’objet d’un travail parallèle à celui que nous publions sur la province de Constantine, il nous reste à explorer, dans les provinces de l’Ouest et du Centre, les points extrêmes de l’occupation française, la région des hauts-plateaux de la province d’Alger, ainsi que les montagnes situées à la limite du Sahara. Un quatrième voyage que nous nous proposons d’entreprendre cette année nous mettra à même de réaliser le projet que nous indiquons, et de recueillir en même temps des documents qui nous permettront de donner à la publication de la Flore d’Algérie une nouvelle impulsion. En effet, par ces explorations, les diverses régions naturelles de chaque province se trouvant suffisamment connues, nous serons à même de publier un Catalogue raisonné de la Flore d’Algérie, catalogue indispensable pour diriger les recherches des botanistes qui s’occupent de l’exploration du pays, et qui ne sera pas moins utile aux auteurs eux-mêmes de la Flore d’Algérie en servant de cadre à la rédaction d’un ouvrage aussi étendu.

[2]Toutes les plantes que nous avons recueillies dans nos voyages, et qui ne se trouvent pas encore au Muséum dans l’herbier spécial d’Algérie, dont M. Ad. Brongniart a bien voulu nous confier le classement, seront ajoutées par nous à cette importante et riche collection.

[3]Voyez, dans le présent rapport les articles sur les cultures des environs de Philippeville, de Constantine, de Batna, et de la vallée de l’Oued Abdi, ainsi que les considérations agricoles, tirées de la géographie botanique, et consignées dans le résumé. — Voyez également, dans le Bulletin de la Société Botanique de France, t. II, p. 36 et 599, les notes sur la culture du Dattier, et les autres cultures des oasis des Ziban, par MM. E. Cosson et P. Jamin.

[4]Voyez l’article déjà cité : Notes sur la culture du Dattier.

[5]Rapport sur un voyage botanique en Algérie d’Oran au Chott El-Chergui (Ann. sc. nat., 3e sér., XIX, 83, et 4e sér., I, 220).

[6]Le nom des espèces qui n’ont encore été observées qu’en Algérie ou dans les deux États voisins, Maroc et Tunis, est précédé du signe *.

[7]La vallée de Bou-Merzoug, d’après les Annales de la Colonisation algérienne, contiendrait plus de 20,000 hectares, qui, pour être mis en culture, n’auraient besoin que de quelques travaux de dessèchement.

[8]La végétation arborescente n’est guère représentée, dans la partie de la vallée du haut Rummel voisine de la ville, que par le Laurier-Rose qui couvre les bords des ruisseaux, et qui fournit à la ville son principal combustible, en attendant que la viabilité des routes mette à bas prix à sa disposition les richesses forestières de la région montagneuse.

[9]Nous avons groupé dans cette liste les plantes qui croissent, à diverses localités, dans les décombres et les lieux vagues qui avoisinent la ville.

[10]On a dû remarquer qu’un assez grand nombre d’espèces se trouvent, sur le versant occidental de la montagne de Sidi-Mecid, à la fois dans les pâturages et dans les moissons. Ce fait s’explique facilement par le mode de culture des Arabes : les mêmes terrains ne sont cultivés par eux que d’une manière intermittente et incomplétement défrichés ; généralement ils respectent les touffes de broussailles et de plantes vivaces qu’ils contournent par le sillon de la charrue ; ces touffes forment ensuite des espèces d’îlots au milieu des champs. De cette culture encore toute primitive, il résulte nécessairement que les plantes des terrains cultivés peuvent se retrouver dans les pâturages, et celles des terrains incultes dans les moissons.

[11]Les abréviations ab. et tr. ab. indiquent que la plante est abondante ou très abondante à la localité.

[12]Nous avons, dans cette liste, fait suivre de la lettre M. le nom des plantes qui se rencontrent surtout dans les moissons.

[13]Nous avons, dans cette liste, désigné le Djebel Itche-Ali par l’abréviation Itch. et les bois des environs de Lambèse par L.

[14]Dans les listes, le nom des espèces qui n’ont encore été observées qu’en Algérie ou dans les deux États voisins, Maroc et Tunis, est précédé du signe (*). — La rareté ou la vulgarité des espèces est indiquée, quand il y a lieu, par les abréviations C., R., etc., auxquelles nous avons attribué leur valeur habituelle. — Les abréviations ab. et tr. ab. indiquent que la plante est abondante ou très abondante à la localité citée.

Les abréviations dont nous nous sommes servi pour désigner la distribution géographique générale des espèces sont celles qui sont généralement adoptées : Æg. = Égypte. Am. Amérique. Arab. = Arabie. As. = Asie. Austr. = austral. méridional. Bal. = îles Baléares. Bor. = boréal, septentrional. B. sp. = Cap de Bonne Espérance. Can. = Iles Canaries. Cauc. = Caucase. Centr. = central. Cors. = Ile de Corse. Cret. = Ile de Crète. Cypr. = Ile de Chypre. Cyr. = Cyrenaïque. Dalm. = Dalmatie. Eur. — Europe, indique que l’espèce est répandue dans presque toute l’Europe. Gall. = France. Georg. = Géorgie. Gorg. = Iles du Cap vert. Graec. = Grèce. Hisp. = Espagne. It. = Italie. Lus. = Portugal. Lib. = Mont Liban. Mad. = Ile de Madère. Mar. = Maroc. Med. = Méditerranée, indique que la plante est commune à plusieurs points du bassin méditerranéen tant à l’ouest qu’à l’est. Med. occ. = partie occidentale du bassin méditerranéen. Med. or. = partie orientale du bassin méditerranéen. Melit. = Ile de Malte. Mesop. = Mésopotamie. Natur. = naturalisé. Occ. = occidental. Or. = orient. or. = oriental. Palæst. = Palestine. Pers. = Perse. Ross. = Russie. Rumel. = Roumélie. Sard. = Ile de Sardaigne. Sib. = Sibérie. Sic. = Sicile. Spont. = spontané. Syr. = Syrie. Tauri. = Crimée. Ting. = Tanger. Trip. = Régence de Tripoli. Tun. = Régence de Tunis.

[15]Le Pêcher nous avait été indiqué, par quelques habitants, comme croissant dans les montagnes de Batna ; mais il est probable que cette indication est erronée, et n’est due qu’à une confusion avec le Prunus prostrata, qui, en raison de la forme des feuilles et de la couleur des fleurs, peut facilement être pris pour le Pêcher par des observateurs non exercés. Une erreur du même genre avait été commise pour le Prunus insititia, que l’on considérait comme le type sauvage de l’Abricotier.

[16]Pour plus de brièveté, nous avons dans cette liste désigné le versant oriental par la lettre E., et le versant septentrional par la lettre N. ; les abréviations inf., moy., sup., placées à la suite de ces lettres indiquent que la plante croît dans la partie inférieure, moyenne ou supérieure de ces versants. — Par l’abréviation Pât. inf., nous avons désigne les pâturages de la région montagneuse inférieure, à la base orientale du Djebel Tougour, au voisinage de la maison des gardes environ de 1200-1300 mètres d’altitude. — Par l’abréviation Pât. moy., nous avons désigné les pâturages de la région montagneuse moyenne s’étendant de la base nord du Djebel Tougour à la base Djebel Bordjem, environ à 1600 mètres d’altitude. — Par l’abréviation Roch., nous avons désigné la bande de rochers, à environ 1800 mètres d’altitude, étendue de l’est à l’ouest, et coupant les versants est et nord. — Par l’abréviation Somm., nous avons désigne la partie culminante de la montagne au-dessus de 2000 mètres d’altitude. — Par l’abréviation Bordj., nous avons désigné le versant méridional du Djebel Bordjem dont la végétation ne diffère pas sensiblement de celle du Djebel Tougour.

[17]Voyez la liste des plantes observées dans les bois des environs de Lambèse.

[18]Ces plantes européennes, de même que les espèces cultivées qui réclament un terrain meuble, trouvent le principal obstacle à leur développement dans l’efflorescence saline qui couvre le sol à sa surface et se durcit dès qu’il commence à perdre son humidité. Pour obvier dans la culture à cet inconvénient, il est utile, comme M. Jamin nous l’a fait observer, de répandre du fumier sur le sol après qu’il a reçu les façons convenables ; on pourrait obtenir un résultat plus complet en superposant au fumier des débris herbacés, des fragments de roseaux ou de feuilles de Dattier qui concourraient efficacement à s’opposer à la dessiccation du terrain. Dans un grand nombre de cas, ce dernier procédé serait même peut-être suffisant.

[19]Une grande partie des renseignements que nous publions sur Biskra et ses environs sont dus à MM. Balansa et P. Jamin, qui ont bien voulu, en outre, nous fournir tous les éléments de l’article sur Saada et ses environs, localité que les circonstances ne nous ont pas permis de visiter.

[20]Voyez dans le Bulletin de la Société Botanique de France, II, 38, le tableau officiel des principales oasis des Ziban, et du nombre des arbres qui les composent, qui nous a été communiqué par M. le capitaine Seroka, chef du bureau arabe de Biskra.

[21]Voyez les Notes sur la culture du Dattier dans les oasis des Ziban, que nous avons publiées conjointement avec M. P. Jamin, Bulletin de la Société Botanique de France, II, 36.

[22]Voyez les Notes sur les cultures des oasis des Ziban, que nous avons publiées conjointement avec M. P. Jamin, Bulletin de la Société Botanique de France, II, 599.

[23]Les végétaux dont le nom est précédé du signe (†), dans cette liste et dans les suivantes, sont ceux dont l’acclimatation n’est pas encore assurée ou n’a donné jusqu’ici que des résultats peu favorables.

[24]Nous devons à M. P. Jamin les renseignements que nous publions sur les sources intermittentes qui avoisinent la fontaine d’Aïn-Oumach.

[25]Voyez, pour l’analyse des eaux de la Fontaine-chaude, Guyon, Voyage aux Ziban, p. 265.

[26]Guyon, Voyage aux Ziban, p. 180. — Jules Duval, Tableau de l’Algérie, p. 278.

[27]Pour plus de brièveté, nous avons dans cette liste désigné les stations des espèces par les abréviations suivantes : All., alluvion, c’est-à-dire terrains déposés par les eaux ou qui sont inondés pendant la saison des pluies. — Cot., coteaux ou ondulations du sol très arides, ne présentant généralement qu’un très petit nombre de plantes annuelles, et des touffes espacées de plantes vivaces. — Dépr., dépressions du sol, ordinairement argileuses et souvent salées, où l’eau séjourne pendant plus ou moins longtemps dans la saison des pluies. — Hum., lieux humides, bords des eaux. — Pl., plaine, désignation générale dans laquelle nous avons compris les terrains plats argilo-calcaires et souvent salés, qui constituent la plus grande partie du Sahara aux environs de Biskra. — Rav., ravins, ordinairement profonds, creusés par les ruisseaux, et à sec pendant la plus grande partie de l’année. — Roch., rochers. — Sabl., sables. — Sal., terrains salés.

[28]Nous avons, dans cette liste, désigné par All. les alluvions de l’Oued Abdi ; par Roch. sup. les rochers de la portion de la montagne qui domine le village ; par Roch. les rochers du versant de la même montagne qui regarde la vallée de l’Oued Abdi.

[29]Dans cette liste, nous avons désigné par Plat. les plateaux entre Beni-Souik et Ménah ; — par Rav. le ravin de l’Oued Bouzina ; — par M. la vallée de Ménah proprement dite, à environ 900 mètres d’altitude ; les plantes dont le nom est suivi de cette indication ont été, pour la plupart, observées soit dans les cultures, soit au bord des eaux ; — par Cot. les coteaux de la vallée.

[30]Dans cette liste, nous avons désigné par Cot. la partie pierreuse et déboisée du coteau au-dessus du village de Chir ; — par Vall. la portion de la vallée entre Chir et Haïdous.

[31]Nous avons dans cette liste, pour plus de brièveté, désigné par M., le Djebel Mahmel, et par G., le Djebel Groumbt-el-Dib ; les lettres n. et s., placées à la suite des lettres qui représentent le nom de ces montagnes indiquent qu’il s’agit de leurs versants nord ou sud ; somm., placé de la même manière, indique leur sommet ; — Tl. désigne le village de Télet ; Ch. inf. et Ch. sup. désignent les champs qui sont sur la pente sud au-dessous ou au-dessus de Télet ; Tl. sup. désigne les parties incultes du versant méridional au-dessus de Télet, comprises environ entre 1500 et 2000 mètres d’altitude ; — Plat. indique le plateau situé à environ 2000 mètres d’altitude à la base méridionale des Djebel Mahmel et Groumbt-el-Dib ; — Fedj. représente Fedj-Geurza, c’est-à-dire la partie supérieure de la vallée de l’Oued Abdi, où ce cours d’eau prend sa source ; l’abréviation cot., placée à la suite de Fedj., indique les coteaux boisés qui limitent au nord la vallée de Fedj-Geurza et se continuent avec la pente sud du Djebel Mahmel.

[32]Voir Guyon, Voyage aux Ziban, p. 144.

[33]Nous désignons dans cette liste par Ch. les champs cultivés ; — par Pât. les terrains en friche et les pâturages de la vallée de l’Oued Essora, au-dessous d’Aïn-Turck, c’est-à-dire d’une portion de cette vallée, à environ 1,200 mètres d’altitude.

[34]Le Pinus Halepensis est surtout exposé à cette dernière cause de dépérissement, car son écorce, employée surtout pour la tannerie et la préparation des outres, est un objet de commerce important avec les tribus sahariennes.

[35]Le versant nord se divise naturellement en partie boisée et en partie déboisée, la partie boisée vers Aïn-Turck, s’étend de la vallée de l’Essora jusqu’à environ 250 mètres du sommet, c’est-à-dire d’environ 1200 jusqu’à 2150 mètres d’altitude. — Nous avons désigné le versant nord par N. ; — F. inf. indique la partie inférieure de la forêt qui s’étend depuis l’Oued Essora jusqu’à l’altitude d’Aïn-Turck, c’est-à-dire une zone comprise entre 1200 et 1500 mètres d’altitude ; — F. moy. indique la zone moyenne de la forêt comprise entre 1500 et 1800 mètres d’altitude ; — F. sup. indique la partie supérieure de la forêt comprise environ entre 1800 et 2150 mètres d’altitude ; — par l’abréviation Turck., nous avons désigné les environs d’Aïn-Turck ; — Pât. sup. désigne les pâturages du pic principal ; — Somm. indique le sommet de la montagne ; — S. désigne la partie supérieure de la pente sud, que nous n’avons explorée qu’à quelques centaines de mètres au-dessous du sommet ; — Pât. désigne les pâturages des pics secondaires du Cheliah.

[36]Dans ce tableau, nous avons, pour plus de brièveté, désigné par Const. la région méditerranéenne intérieure.

[37]Nous devons à MM. Durieu de Maisonneuve, Balansa et Choulette de précieux renseignements sur la végétation de la région littorale.

[38]Consulter pour la région littorale, comme pour les suivantes, le Tableau résumant pour chaque région ses principales affinités de Géographie botanique.

[39]Nous devons à M. Durieu de Maisonneuve de nombreux renseignements sur la végétation de la région méditerranéenne intérieure. — M. de Marsilly a bien voulu nous communiquer les résultats de ses herborisations aux environs de Constantine.

[40]MM. Balansa et du Colombier ont contribué à l’exploration de la région des hauts-plateaux aux environs de Batna.

[41]Les observations météorologiques recueillies à Batna, sous la direction de M. le général Desvaux, viennent confirmer les données de la statistique botanique, en démontrant que le climat de la région des hauts-plateaux de la province de Constantine présente de grandes analogies avec celui des pays tempérés. Nous nous bornerons à donner ici la moyenne des températures observées à Batna en 1853.

Températures moyennes observées à Batna en 1853.

1853. — MOIS. NOMBRE des observat. MOYENNE DES TEMPÉRATURES. MAXIMUM du mois. MINIMUM du mois.
8 h. matin. Midi. 5 h. soir.
° ° ° ° °
Janvier 31 3,71 8,60 8,76 12 0
Février 28 2,95 7,86 7,62 14 1
Mars 31 3,00 10,45 10,65 15 0
Avril 30 9,33 15,83 15,77 22 4
Mai 31 13,87 20,20 21,30 30 6
Juin 15 15,60 23,26 24,20 29 13
Juillet 31 23,68 30,70 33,35 37,30 18
Août 31 24,42 29,61 32,40 36 21
Septembre 30 19,38 24,10 25,48 33 13
Octobre 31 14,81 19,23 19,71 25 9
Novembre 30 8,23 12,73 15,42 20 2
Décembre 31 5,52 8,92 8,95 14 3
° °
Année 350 37,30 0
° ° °
Moyennes de l’année 11,95 17,45 18,29

Nous devons ajouter comme corollaire à ce tableau qu’à Batna, en 1853, il a plu tous les mois de l’année, et que les mois où la pluie a été la plus fréquente ont été mai, octobre, novembre et décembre ; il a neigé en janvier, février, mars, novembre et décembre ; la dernière neige est tombée dans la plaine le 27 mars, et la première le 28 novembre.

[42]MM. Balansa et du Colombier nous ont fourni d’utiles documents sur la végétation de la région montagneuse. — Mon ami M. T. Royer, ancien capitaine du génie, et M. Thoman ont bien voulu faire tous les calculs pour la détermination des altitudes d’après nos observations barométriques ; toutes ces altitudes ont été calculées en prenant pour base les moyennes des observations recueillies par nous à Philippeville et à Batna.

[43]Les explorateurs qui ont le plus contribué à faire connaître la végétation de la région saharienne sont MM. Balansa, Guyon, Hénon, P. Jamin et Reboud.

Note du transcripteur :

  • Page 31, " Ononix Natrix " a été remplacé par " Ononis "
  • Page 33, " — annua Wickstr. " a été remplacé par " Wikstr. "
  • Page 38, " Cerastium Atlantium " a été remplacé par " Atlanticum "
  • Page 62, " Kalbfussia Salzmanni Schulz. Bip. " a été remplacé par " Schultz. "
  • Page 69, " qui apparait dans " a été remplacé par " apparaît "
  • Page 89, " Clamydophora pubescens " a été remplacé par " Chlamydophora "
  • Page 90, " Dæmia cordata " a été remplacé par " Dœmia "
  • Page 101, " [Sinapis]— arvenis " a été remplacé par " arvensis "
  • Page 141, " Monocotydélones " a été remplacé par " Monocotylédones "
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