← Retour

Souvenirs de mon dernier voyage à Paris (1795)

16px
100%
Un Corse a des Français dévoré l'héritage!

Élite des héros au combat moissonnés,

Martyrs avec la gloire à l'échafaud traînés,

Vous tombiez satisfaits dans une autre espérance!

Meister était l'ami de Necker, de Mme de Staël, qui étaient restés fidèles à leur idéal politique de libre discussion; mais il se séparait d'eux sur ce point, et ne demandait que l'ordre et le repos, après les longs troubles dont il avait souffert.

V.
PARIS EN 1804

J'avais eu de la peine à reconnaître en 1801 le Paris que j'avais tâché de décrire dans mon voyage de 1795. Les changements survenus les trois dernières années ne sont pas à beaucoup près aussi frappants.

Le cortège chargé d'annoncer à la capitale de l'empire le plus grand événement historique de ses fastes depuis Charlemagne [147] n'a pas attiré, je crois, plus de curieux que dans notre petite ville l'annonce d'une foire ou d'un nouveau spectacle. Il est vrai que cette mémorable proclamation s'est faite d'une manière assez inattendue, et sans beaucoup de préparatifs. Sur la place du Palais de Justice où il y eut un peu plus de monde rassemblé qu'ailleurs, c'est-à-dire quarante à cinquante personnes, un mauvais plaisant, après la publication du décret, s'avisa de dire aux voisins dont il était entouré: Vous l'avez entendu, messieurs. Eh bien! Personne ne dit mot? Une fois, deux fois, trois fois, personne n'en veut plus: adjugé!

Cette grande indifférence du peuple de Paris dans cette occasion est au fond beaucoup plus concevable qu'elle ne le paraît d'abord. Toute la nouvelle solennité n'apporte à ses yeux aucun changement réel à l'ordre de choses établi. Il n'a vu ni changement de pouvoir, ni changement de personne.

Napoléon Ier, empereur des Français, n'en aura pas plus de puissance que Napoléon, premier Consul.

Du repos et de la sécurité, voilà plus que jamais la devise et le vœu le plus constant des trois quarts et demi des habitants de l'empire français.

Parmi tous les partis très multipliés qu'enfanta la Révolution, il en est deux qui sont et qui seront encore longtemps d'une opiniâtreté désespérée: ce sont les républicains de système, et les royalistes purs. Mais les premiers, quoique avec plus de ressources et d'audace que les autres, sont en si petit nombre qu'on doit les regarder plutôt comme l'état-major d'un parti que comme un parti réel. Les royalistes purs sont plus nombreux, mais plus faibles.

VI.
PARIS EN 1815
LETTRES DE MADAME DE VANDEUL

La fille de Diderot, Mme de Vandeul, a vécu jusqu'aux premiers temps du règne de Charles X. Quelques semaines avant sa mort, on la voit faire de beaux rêves à propos de ce nouveau roi; elle est pleine d'une espérance qui fait sourire: «Le règne de Charles X promet le bonheur, écrivait-elle le 9 octobre 1824; j'aime à me bercer de l'espérance que mes enfants et petits-enfants ne verront aucun trouble, et que ce prince jouira de la félicité que doit donner à un monarque celle de la nation qu'il gouverne.»

Grâce à la longue correspondance, pleine de confiante intimité, que Mme de Vandeul a soutenue avec Henri Meister [148], qui avait été l'ami de son père, on peut suivre les vicissitudes de son existence à travers les longues années de l'âge mûr et de la vieillesse; on y observe avec intérêt ce qu'était devenu, dans l'âme d'une fille très attachée à la mémoire de son père, et dans un esprit pacifique, rassis, l'héritage intellectuel d'un philosophe exubérant. Elle avait su au moins garder l'équilibre, tandis que tout à côté, tel autre qui, comme elle, était l'enfant d'un des coryphées philosophiques du XVIIIe siècle, l'avait décidément perdu. Stapfer écrivait à Meister le 10 juin 1822: «Chez Mme de Vandeul, toujours parfaite de bonté pour ses amis et d'équité pour leur déraison, on trouve M. d'Holbach, qui ne trouve pas le Roi assez royaliste, ni les Jésuites assez actifs.»

Les lettres que nous publions aujourd'hui ont été écrites par Mme de Vandeul au neveu de Meister, Jean-Gaspard Hess, de Zurich, qui vivait à Genève en homme de lettres, et qui a traduit en français quelques ouvrages allemands: Marie Stuart, de Schiller, et l'Histoire universelle, de Jean de Muller.

Au commencement de l'année 1815, Hess avait fait à Paris un séjour chez Mme de Vandeul, qui avait aimablement accueilli le neveu de son vieil ami.

Dans les mois qui suivirent, elle se plut à s'entretenir avec lui des événements qui bouleversaient l'Europe, et dont le contre-coup troublait sa vie paisible. On a dans ces lettres un coin du tableau de l'invasion de 1815; il est vu par une fenêtre étroite, mais avec un coup d'œil rapide et juste. La fille et le petit-fils de Diderot ont leur vie dérangée, et presque bousculée par l'ennemi; et les arrière-petits-fils du philosophe, dans l'insouciance de leur âge enfantin, demeurent «gais et heureux» au milieu du brouhaha.

Le gendre de Diderot, M. de Vandeul, était à cette date mort depuis quelque temps, laissant à son fils des forges, établies dans le pays de montagnes où l'Aube prend sa source, près de Langres. C'est là que la famille de Vandeul possédait des propriétés où les troupes ennemies avaient passé.

La première de ces lettres a été écrite six semaines avant la bataille de Waterloo; la seconde, six semaines après.

I.

Paris, rue Saint-Lazare, no 57, 5 mai 1815.

Je vous remercie, Monsieur, de votre bon souvenir; vous êtes parti dans une si mauvaise saison, que j'eusse eu de l'inquiétude si je n'eusse su par votre oncle votre arrivée chez vous.

C'était une vraie joie pour moi de voir le neveu d'un ami de mon père, dont je ne cesserai jamais de regretter l'aimable et douce société. C'est perte irréparable et qu'on ne remplace jamais, qu'un ami d'un grand nombre d'années.

Je ne cesse de penser au temps où je le voyais fixé à Paris. J'étais alors plus heureuse, et ce n'était que par la lecture de l'histoire que je me doutais qu'il eût existé des révolutions dans le monde. J'étais loin de soupçonner que toute ma destinée serait bouleversée par celle qui m'a séparée de presque tous ceux auxquels je portais autant d'attachement, que leur amitié pour moi répandait sur ma vie de charme et d'agrément.

Je suis trop vieille, trop faible, mes facultés morales sont trop usées, pour n'être pas accablée des idées de guerre, et des fléaux que la plus juste peut entraîner. Le repos du jour n'existe plus, quand on ne peut calculer sur celui du lendemain.

Vous savez que je ne vis point dans le monde; je ne puis donc rien savoir d'exact sur les affaires politiques. Mais ce n'est pas la paix que je vois dans les journaux.

Je n'ose aller à la campagne; et depuis que j'ai vu des troupes étrangères au milieu de Paris, il me reste une terreur qui me rend tout séjour triste. Je m'en irais dans mes montagnes si, l'année dernière, je n'eusse pas été dévastée par ceux que vous avez laissés passer [149].

A votre âge, on voit un long avenir, et l'on peut jouir des illusions et des charmes de l'espérance; au mien, il ne faudrait que pouvoir cheminer, doucement et paisiblement, vers le dernier asile de repos.

Il faut que vous ayez l'indulgence de vous accommoder de la bonne et franche amitié. Recevez l'expression de ce sentiment, et de l'estime que vous m'avez inspirée, sans que j'ajoute autre compliment, ou formule de politesse.

Diderot de Vandeul.

II.

Paris, 1er août 1815.

Hélas! Monsieur, il est dans ma destinée de n'échapper depuis trente ans à aucune des époques cruelles de cette terrible et éternelle Révolution. A peine nous aviez-vous quittés, que l'on a fait autour de Paris les plus grands travaux de fortification: cela me remplissait d'effroi.

Je n'essaierai pas de vous peindre la terreur que me faisait éprouver le canon, si près de moi qu'il semblait être dans ma rue, et l'épouvante dont j'étais saisie en pensant à une bataille décisive que l'on attendait chaque matin. Vainqueurs ou vaincus, je voyais Paris perdu, livré à un pillage inévitable; et pour qui a supporté cette idée et les images qu'elle offrait à ma pensée, tout était supportable.

Figurez-vous que j'entendais sans cesse, dans le petit cabinet que j'habite, les tambours et les cris des troupes qui ne cessaient d'arriver par milliers pour la défense de Paris; tous les faubourgs armés et fédérés. On ne saurait trop louer et bénir la garde nationale, pour avoir préservé les habitants de cette immense ville des maux divers qu'ils pouvaient éprouver.

Aussi ne pensais-je absolument à rien: ce genre de terreur, de fièvre violente, absorbait toute autre idée. Mais il en est de ces secousses comme des incendies: hors des flammes, on regarde le lendemain autour de la contrée dévastée, et une tristesse douloureuse vous montre tous les maux qu'il reste à souffrir.

Les souverains n'ont, à mon sens, ni plus de foi, de loyauté et de générosité, que le commun des humains; car après avoir dit et répété de mille manières qu'ils n'en voulaient qu'à l'homme (Napoléon), et non à la nation, on devait présumer qu'en effet ils ne se plairaient pas à épuiser, à abîmer, à tâcher d'anéantir toutes les ressources, tous les moyens de bonheur de ce royaume; qu'ils le ménageraient pour le souverain qu'ils ont ramené, et qui doit être désolé en voyant toutes ses provinces la proie de cette inondation. Je croyais qu'aussitôt que l'on serait sûr de la chute de Buonaparte, on ferait rebrousser chemin à ces innombrables colonnes, et qu'on serait satisfait des maux causés par leur arrivée.

Tous les environs de Paris, où l'on s'est battu plusieurs jours, sont abîmés; partout où l'on a pu piller, briser, détruire, on n'y a fait faute. On ne peut se figurer la fureur des Prussiens, encouragés par un chef qui ne veut que la destruction de la France, et que les sollicitations mêmes du Roi n'ont pu arrêter sur rien. Paris est couvert de quatre nations. Les Anglais n'ont commis aucun excès. J'ai quatre militaires dans un hôtel garni; mon fils en a autant, faute de place dans nos logements.

Il n'y a que peu de jours que j'ai reçu des nouvelles de mon pauvre pays: là, comme dans beaucoup de villes, ce n'est pas pour Buonaparte que l'on se bat; c'est tout bonnement contre les troupes étrangères. Beaucoup de pays ne supportent pas de rendre les villes à d'autres qu'au Roi.

On a capitulé à Langres, pour conserver le matériel de guerre. Tout revenu est encore anéanti pour nous, par les réquisitions qui ont tout emporté. Ce qui est effroyable, c'est qu'ils font des demandes et forcent à des contributions en argent, qu'il est impossible de fournir; alors ils pillent, ils prennent tout.

Je tremble que la disette n'arrive à la suite de tant de maux, car tout se dévore pour la nourriture des armées, et je ne vois pas comment grains, bestiaux, enfin toute espèce de denrées, ne s'épuiseront pas. Rien ne peut se régulariser; les municipalités ne savent auquel entendre. Il y a peu de jours, quarante-cinq Prussiens arrivèrent le soir, dans le petit gîte d'un de nos amis, absent avec sa famille; ils battirent la servante, forcèrent cave et armoires; dans une nuit, ils firent un dégât considérable, ayant emporté linge, nippes, etc.

La semaine passée, mon fils me quitta en hâte, ayant avis que quatre Autrichiens étaient avec leurs chevaux dans sa cour, et voulaient coucher dans le logis; il eut bien de la peine, avec argent et discours, de les mener en hôtel garni. Ils arrivent sans billets ni ordre, et se fourrent partout.

Pendant que je vous écris ceci, on vient de me signifier qu'on allait établir des chevaux dans mon écurie: cela est commode à un étranger qui n'a pas assez (de place) dans la maison qu'il a vis-à-vis (de chez moi).

Encore, si l'on voyait un terme prochain, dans le lointain une lueur du bonheur! Puisse le ciel mettre un terme à tous les maux de cette malheureuse France!

Mourir en repos, et, en fermant les yeux, espérer pour mon fils, pour ses enfants, un sort paisible: je ne puis avoir autre désir. J'ai peu de besoins, nulle fantaisie; je ne souffre réellement que pour la destinée de mon fils; il n'a jamais connu le malaise, les embarras, les tourments de la vie, jusqu'à l'âge de trente-huit ans, époque de la mort de son père. Nous n'avions pas ce qu'on appelle à Paris de la fortune, mais une aisance raisonnable; nulle affaire de spéculation, pas un sou en portefeuille; le tout en fermes et forges.

Revenus, fonds, tout se détruit, se fond chaque jour; depuis le 18 janvier 1813 [150], nous n'avons éprouvé qu'angoisses et tourments de toute couleur; sans compter la tristesse que répand sur ma vie le peu d'amis que j'ai conservé.

Comme il faut que les humains s'amusent au sein des orages, j'entends, pendant que je vous écris, les bombes du feu d'artifice de ma rue; une musique guerrière chez le prince d'Orange, qui habite la maison de l'oncle de Buonaparte, à côté de moi. Les spectacles n'ont cessé qu'un seul jour; les boulevards sont couverts de monde; à la vérité, je pense que les étrangers composent partout la foule.

Je reçois une lettre d'un coin de la Normandie: c'est un ami qui est écrasé de Prussiens qui font trembler sa petite ville, et qui veulent quinze cent mille francs, dans un lieu où toutes les fortunes réunies n'en donneraient pas deux.

Quatre-vingt mille Autrichiens viennent de passer en Champagne, à côté de la forge de mon fils, où ils n'ont rien laissé en vivres; ils se promènent dans toutes les provinces.

Mon fils est fatigué; Eugénie (belle-fille de Mme de Vandeul) est dans l'âge où, n'ayant pas souffert dans le passé, on n'est pas effrayé de l'avenir; et je ne me plais pas à rembrunir son âme. Les trois enfants sont bien portants, gais, heureux.

Vous allez bénir le ciel de la fin de ce papier; que ce griffonnage vous prouve au moins ma confiance dans votre indulgence et votre amitié.

Diderot de Vandeul.

250

NOTES:

[1] En tête des Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister (Paris, lib. Hachette, 1903) nous avons publié sur notre auteur une notice étendue, et nous y renvoyons le lecteur qui voudrait être renseigné plus abondamment que nous ne pouvons le faire ici.

[2] M. d'Haussonville a fait un intéressant tableau de ce groupe d'élite: Le salon de Mme Necker. Paris, 1882.

[3] On sait que la Correspondance littéraire de Grimm et Meister a eu trois éditions, chacune de seize volumes. La dernière, qui est très supérieure aux autres, a été publiée par M. Maurice Tourneux: Paris, lib. Garnier, 1877-1882.

[4] Mme Necker a fait compliment sur cet ouvrage à l'auteur, dans une lettre qui a été publiée: Mélanges extraits des manuscrits de Mme Necker. Paris, 1798, II, 175.

[5] La première édition, publiée à Paris, n'avait qu'un seul volume de 168 pages in-18. La seconde édition (Souvenirs de mes voyages en Angleterre, Zurich, 1795, in-12; tome Ier, xij et 204 pages; tome II, 300 pages) dut avoir quelque succès; car elle fut réimprimée: Zurich et Paris, an IV, 1795, in-8; tome Ier, 159 pages; tome II, 219 pages.

[6] L'un de nous a donné une édition de son livre: Lettres sur les Anglais et les Français (1725) publiées avec une notice sur l'auteur, par Eugène Ritter. Berne et Paris, 1897, xx et 294 pages.

[7] Les États, empires et principautés du monde, 1613. Le livre de ce cosmographe trop oublié a eu un grand et long succès; il peut encore être feuilleté avec agrément, et consulté avec profit. Il a compté plus de quinze éditions: celle de 1637 a cinq volumes in-folio, et celle de 1660 en a six. Pierre Davity était le Reclus de son époque; il valait bien le nôtre.

[8] Amitiés, amours et amourettes. Livre II, lettres 35 et 36.

[9] C'est ce qui faisait dire un jour à M. Walpole: «Il n'y a qu'à noyer la moitié de l'Europe, pour assurer le bonheur de l'autre.» (Note de Meister.)

[10] Littéralement: ce qui est juste.

[11] C'est dans la salle du Manège que l'Assemblée constituante, l'Assemblée législative et la Convention ont successivement siégé, depuis l'automne de 1789 jusqu'au printemps de 1793.

[12] M. Ephraïm, de Berlin, alors chargé d'affaires de la cour de Prusse à Paris. (Note de Meister.)

[13] Newspapers, journaux.

[14] Dans une lettre datée de Coppet, 29 septembre 1795, Necker remercie Meister de l'envoi d'un exemplaire de cet ouvrage.

[15] «Le triomphe de la Convention a été aussi complet que son courage a été sublime. Les hommes de sang sont écrasés.... On veut l'ordre, la paix et la République; et on les aura.» Lettre de Benjamin Constant à sa tante, 6 prairial an III (25 mai 1795).

[16] Elle écrivait de Lausanne à Meister, le 1er mai: «Je pars pour Paris le 10.»—Elle resta dans cette ville jusqu'au 20 décembre.

[17] Quelques jours après, le 16 septembre, Benjamin Constant écrivait à son oncle: «J'ai les meilleures espérances sur les destinées de la République. Vous aurez vu que l'on rappelle les hommes qui se sont montrés les vrais amis de la liberté. Vous aurez pris part à la justice rendue à Montesquiou.»

[18] Deux jours auparavant, le mercredi 11, ils dînaient ensemble chez M. de Staël.

[19] L'archiduc Charles venait de remporter quelques succès en Allemagne.

[20] La querelle n'était pas finie: quinze jours après cette lettre, avait lieu le coup d'État du 18 fructidor.

[21] Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister. Paris, lib. Hachette, 1903, pages 55 à 66.

[22] A Lille, le 6 juillet, s'étaient ouvertes des négociations avec l'Angleterre, en vue de la paix. Elles furent rompues au mois de septembre.

[23] Celles qui avaient réuni au territoire de la République quelques pays situés sur ses frontières.

[24] Barthélemy et Carnot, qui étaient membres du Directoire, furent proscrits tous les deux quelques semaines après, lors du coup d'État du 18 fructidor (4 septembre 1797).

[25] Meine letzte Reise nach Paris. [Zurich.] Orell, Füssli und Comp., 1798, in-12, 2 feuillets, 216 pages, et un feuillet pour la table.

[26] Cf. Lettres de Mme de Staël à H. Meister, pages 32 et 128.

[27] Rimembranza dell'ultimo mio viaggio a Parigi, ossia carteggio di M. Carnot à M. Mallet-Dupan. Berna, 1797, 119 p. in-8.—Le nom de Berne est sans doute une indication fausse, faite en vue de dépister ceux qui auraient voulu savoir où et par qui la traduction avait été faite.

[28] Le registre de l'Académie de Genève le mentionne à son entrée dans l'auditoire de Belles-lettres (mai 1740) et dans l'auditoire de Philosophie (mai 1742).

[29] Horace, Satires, I, x, 14-15.

[30] Le traducteur italien a ici en vue un paragraphe qui est au milieu de la première lettre: «Je ne dissimulerai point encore....»

[31] Causeries du lundi, t. V, 8 mars 1852, et t. IX, 14 novembre 1853.

[32] Une fois décidé à écrire sous forme de lettres le récit de son voyage, Meister avait choisi M. Féronce de Rothenkreuz,—ou, comme on disait habituellement, M. de Féronce,—premier ministre du duc de Brunswick, pour être le correspondant idéal auquel il pensait en écrivant.

Le nom de M. de Féronce revient souvent dans les lettres de Benjamin Constant, au temps de son séjour à la cour de Brunswick.

[33] Jésus-Christ,—on ne le considère ici que sous des rapports purement historiques,—Jésus-Christ, Socrate, Confucius, n'ont point fait de révolution; et les deux premiers ne périrent peut-être si malheureusement, que parce qu'ils ne voulurent pas en faire.—Rousseau, l'un des grands oracles de la Révolution française, a dit qu'il ne connaissait point de révolution qui ne fût trop achetée par l'effusion du sang d'un seul homme. (Note de Meister.)

[34] Connaissez-vous une prédiction plus claire du vandalisme, que celle-ci?

«Je ne veux point entrer dans des détails odieux pour les États et pour les particuliers, et je me contenterai de dire que l'esprit philosophique qui rend les hommes si raisonnables et, pour ainsi dire, si conséquents, fera bientôt d'une grande partie de l'Europe ce qu'en firent autrefois les Goths et les Vandales: supposé qu'il continue à faire les mêmes progrès qu'il a faits depuis soixante-dix ans. Je vois les arts nécessaires négligés, les préjugés les plus utiles à la conservation de la société, s'abolir, et les raisonnements spéculatifs préférés à la pratique. Nous nous conduisons sans égards pour l'expérience, le meilleur maître qu'ait le genre humain, et nous avons l'imprudence d'agir comme si nous étions la première génération qui eût su raisonner.»

(Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, par l'abbé du Bos, 2e partie, section 33; édition de 1740.)

A propos de prédiction, en est-il une plus remarquable encore que celle-ci, sur les succès du robespierrisme?

Quivi una bestia uscir della foresta....

(Orlando furioso, chant 26, stances 31 et suivantes.) (Note de Meister.)

[35] Deux de ces trois constitutions sont celles de 1791 et de 1793. Nous ne savons pas si pour arriver au chiffre de trois, il faut compter l'ancien régime, ou bien l'état de fait qui s'était établi quand on eut ajourné l'application de la Constitution du 24 juin 1793.

[36] Rien ne contribua davantage au succès de cette entreprise, que la presque impossibilité d'y croire. Ne fallait-il pas avoir et l'esprit et le cœur étrangement faits, pour oser prévoir tous les crimes d'un parti, tout l'aveuglement, toute l'ineptie des autres; l'extrême avilissement de tous; une banqueroute effrontée, sous le prétexte de rétablir les finances; des extorsions sans exemple, sous le prétexte de soulager le peuple du poids des impôts; un despotisme inouï, sous le prétexte de fonder pour la première fois la véritable liberté; le triomphe du vandalisme, au milieu d'un siècle de lumières; celui de la cruauté la plus inouïe, au milieu des mœurs les plus douces; celui de la lâcheté la plus révoltante sur le peuple naturellement le plus brave et le plus généreux? Ah! qui voudrait se féliciter d'avoir été prophète à ce prix! (Note de Meister.)

[37] Comment nier que c'est à la philosophie qu'appartiennent tous les honneurs de la Révolution? Les hommes qui l'ont préparée, les hommes qui l'ont faite, les hommes qui l'ont conduite, ne s'appelaient-ils pas philosophes, depuis Rousseau jusqu'à Robespierre, depuis Condorcet jusqu'à Marat? Et de quel droit en effet leur refuser ce titre? Robespierre lui-même, ce monstre altéré de larmes et de sang, ne s'était-il pas fait connaître dans la première législature par un rapport très philosophique, très philanthropique, sur l'abolition de la peine de mort? Il est plus évident encore que c'est sous la bannière des principes philosophiques, que la Révolution s'est montrée, qu'elle a combattu, qu'elle a triomphé. Ses efforts ont eu constamment pour objet la destruction de tous les préjugés politiques et religieux. C'est dans la destruction même de ces préjugés, qu'elle a prétendu trouver ses armes, ses moyens, ses plus puissantes ressources. Voilà ce qui la distingue essentiellement de toutes les révolutions connues. Mais on me dira: «Comment osez-vous attribuer à la philosophie ce long amas de forfaits et de malheurs?»—Avec autant de raison qu'en eut Lucrèce pour s'écrier:

Tantum religio potuit suadere malorum!

Rousseau veut bien convenir (Émile, livre premier, in medio) que la médecine ne ferait jamais de mal, si elle pouvait venir à notre secours sans le médecin. A la bonne heure! Convenons de même que la philosophie et la religion n'auraient jamais fait que du bien, si elles avaient pu venir à notre secours sans les philosophes et sans les prêtres. Mais tant qu'ils viendront ensemble, il y aura beaucoup à craindre. Quelque devise que porte le drapeau sous lequel on fait marcher le pauvre genre humain, ce sont toujours ses propres passions, ou celles de ses chefs, qui le guident et l'entraînent. Je m'obstine donc à dire qu'après les crimes et les malheurs de la Révolution, faite au nom de la philosophie et par les philosophes, il est trop prouvé que désormais les prêtres et les philosophes n'auront plus rien à se reprocher. (Note de Meister.)

C'est à la philosophie qu'il faut faire honneur de tout ce qui s'est passé à la Révolution. C'est ainsi que nous comprenons la première phrase de cette note, qui paraît au premier abord un peu étrange.

[38] M. de Gribeauval avait été longtemps, et jusqu'à sa mort en 1789, placé à la tête de l'artillerie française, qu'il avait mise sur un excellent pied.

[39] Bourglibre est le nom dont, au temps de la Révolution, on avait affublé Saint-Louis, la première localité alsacienne qu'on rencontre en partant de Bâle.

Gros-Kems, au bord du Rhin, est à douze kilomètres au nord de Saint-Louis. Le petit Kems est sur la rive badoise du fleuve.

[40] Pour donner une idée de l'énorme multitude d'hommes sacrifiés dans cette malheureuse guerre, je ne rapporterai qu'un fait. Un bon républicain, chargé pendant quinze mois des approvisionnements de l'armée de la Vendée, m'a protesté que, sur 200,000 hommes qu'il avait vus se précipiter dans ce gouffre, il n'en était pas ressorti plus de 10,000. (Note de Meister.)

[41] La journée dramatique du 1er prairial an III, où Boissy d'Anglas montra tant de courage, est celle dont la postérité a gardé la mémoire; tandis qu'un contemporain a pu attacher plus d'importance au 4 prairial, jour du combat décisif où les terroristes furent écrasés.

[42] Virgile, Géorgiques, I, 463-464.

[43] On est surpris, au premier abord, en lisant que le pauvre est plus libre, aux yeux de Meister, que l'homme des classes moyennes.

Mais le fait est qu'il échappe plus facilement à sa famille, à ses amis, à son entourage, qui le perdent de vue quand il passe dans un autre pays, ou seulement dans une autre ville; tandis que l'homme des classes moyennes est toujours suivi par l'œil des siens et ne peut échapper à leurs jugements, ni se soustraire facilement à l'influence de leurs opinions.

[44] A Nancy, j'ai vu plus de trois mille personnes, sur le marché, solliciter vainement quelques livres de farine, et la force armée réduite à la cruelle nécessité de dissiper cette foule affamée, à coups de crosse. Il n'y avait pas, dans l'auberge où nous étions, un seul morceau de pain; je courus moi-même cinq ou six boutiques de boulangers et de pâtissiers, que je trouvai parfaitement dégarnies; ce n'est que dans la dernière qu'on m'offrit, par grâce, une douzaine de vieux petits biscuits de Savoie, que je payai quinze francs. (Note de Meister.)

[45] Le maximum avait été aboli par une loi du 4 nivôse an III (24 décembre 1794).

[46] L'impérieuse nécessité des circonstances a déjà forcé le gouvernement actuel à rétablir, avec plus ou moins de sévérité, la loi des réquisitions en nature. Et, malgré toutes les sublimes rêveries de nos systèmes de philanthropie moderne, il faudra bien revenir, tôt ou tard, au régime de Colbert sur l'approvisionnement des marchés publics, ou bien à quelque autre loi prohibitive du même genre, si l'on ne veut pas qu'une partie de la France laisse périr l'autre de faim et de misère. (Note de Meister.)

[47] La Fontaine, livre VI, fable 8: le Vieillard et l'âne.

[48] Lucain, la Pharsale, V, 343.

[49] Meister attribue aux doux ce qui est promis aux pauvres en esprit (Évangile selon saint Mathieu, v, 3, 5) et il oublie ce qui est dit quelques pages plus loin (XI, 12), dans le même Évangile, que les violents ravissent le royaume des cieux.

[50] Essais, livre III, 9e chapitre: De la vanité.

[51] Lucrèce, De natura rerum, II, 1, 2.

[52] A mon retour en Suisse, j'arrivai vers les dix heures dans une petite auberge, entre Belfort et Bâle; j'y trouvai, dans la seule chambre où l'on pouvait se tenir, une demi-douzaine de paysans autour d'une table, à côté de celle où l'on nous fit souper; ils étaient fortement occupés d'une partie de brelan. Obligé de repartir vers les cinq heures, je retrouvai mes joueurs encore à la même place; les écus continuaient de rouler sur la table, et la dernière poule que je vis gagner était de plus de trente louis; ce n'est pas sans doute une poule de ce genre que Henri IV souhaitait à tous les paysans de son royaume; celle-ci, du moins, n'excita que beaucoup d'emportement et d'humeur, mais elle ne termina point encore la partie. (Note de Meister.)

[53] La dépense de tous les employés du gouvernement, jusqu'aux derniers sous-ordres, est excessive. En revenant, j'ai fait le voyage de Paris à Bâle, par la diligence; et pour le dire en passant, quoique j'eusse près de trois quintaux de bagage, il ne m'en a coûté que trois écus neufs, espèces, tout compris, excepté la nourriture. Il m'est souvent arrivé de voir des charretiers du gouvernement se faire servir de la volaille, du gibier, de la pâtisserie, tandis que sur la table des voyageurs, il n'y avait qu'un vieux gigot de mouton et quelques méchants entremets. (Note de Meister.)

[54] Sophocle, Œdipe à Colone.

[55] Le faubourg Saint-Laurent occupait l'emplacement qui aujourd'hui environne la gare de l'Est. L'église Saint-Laurent existe encore dans ce quartier.

[56] Sic. En réalité, Paris était divisé, depuis 1790, en quarante-huit sections, remplacées, en l'an IV, par douze municipalités.

[57] Meister, à plus d'une reprise, a indiqué la valeur des assignats en monnaie métallique; et chaque fois, il leur donne une valeur différente.

D'après ce qu'on lit ci-dessus, quatre francs en assignats valent à peine un sou en métal. A ce qu'il dit un peu plus loin (page 87), un sou en métal vaudrait moins de deux francs en assignats; tandis que dans la note de la page 84, un sou en métal vaut plus de cinq francs en assignats.—Mais chacune de ces évaluations a pu être exacte à un certain moment.

[58] Sous le coup d'une sentence portant saisie de biens.

[59] Il y a beaucoup d'artistes, d'artisans et d'ouvriers, dont les salaires n'ont pas été portés, en tout, au quart, pas même au dixième du prix qu'on leur payait ci-devant. Un perruquier, à qui l'on donnait autrefois 12 fr. par mois, en espèces, se contente aujourd'hui de 50 fr. en assignats; c'est moins de 10 sous. Tel livre, qui vous aurait coûté 12 à 15 livres, vous le payez 2 à 300 livres. Mais tous ces prix varient d'un jour, d'une heure, d'un moment à l'autre. En général, les marchés les plus chers se faisaient encore à beaucoup meilleur compte alors, en assignats qu'en numéraire. Il m'est arrivé souvent de marchander un objet d'abord en numéraire, et de l'obtenir ensuite en assignats pour la moitié, le tiers du prix: le papier évalué au cours du change. L'honnête marchand, trompé lui-même par l'imposante vanité des nouveaux signes, ne craint pas de vous demander un petit écu d'une bagatelle, dont sa pudeur rougirait d'exiger 300 livres; tant ont de pouvoir et de durée l'empire des mots et celui de l'habitude! tant en impose encore à la misère actuelle l'aristocratie des chiffres, la prodigalité fastueuse du nouveau signe numérique! (Note de Meister.)

[60] Les biens patrimoniaux sont vendus presque au même prix que ci-devant; ceux du clergé, beaucoup moins; ceux des émigrés ne le sont peut-être pas aux deux tiers de leur valeur réelle. Ce n'est pas seulement les revenants que l'on craint, ce sont les haines, le mépris, et les tracasseries du voisinage. Ce que l'on redoute peut-être encore plus, ce sont les justes indemnités que pourrait réclamer la nation, si cruellement lésée par les bas prix des premières ventes. Il y a tel domaine que les départements révolutionnaires ont fait céder à leurs créatures pour moins que rien, au-dessous du produit de la première coupe de bois, des ravages de toute espèce qu'y ont exercés ces nouveaux acquéreurs. Aussi distingue-t-on beaucoup les biens nationaux de première origine de ceux qui ont déjà subi le sort de plusieurs ventes; ces derniers sont en plus grand nombre que les autres, surtout si l'on excepte les forêts et les vastes domaines des grands propriétaires, dont la division offre des difficultés de plus d'un genre. Cette circonstance est d'autant plus remarquable, qu'elle ne contribue pas peu à ralentir la vente des propriétés nationales. Une bonne partie des biens déjà vendus continuant toujours d'être à vendre, la concurrence reste presque toujours la même. (Note de Meister.)

[61] Si festinare videor, ignosce.... quod in ea civitate, in qua omnia quasi ab occupantibus aguntur, quæ legitimum tempus expectant, non matura, sed sera sunt.

Lettres de Pline le jeune, IV, 15.

[62] Alexandre-Joseph-Pierre, vicomte de Ségur (1756-1805).

[63] Dans son message du 14 décembre 1795, le Directoire vient d'avouer que les subsistances de Paris exigent en ce moment plus de 370 millions par décade. Avant la Révolution, non seulement les subsistances de la capitale ne coûtaient rien au gouvernement, mais il en retirait un revenu annuel de 77 à 78 millions. C'est en en donnant le relevé, que M. Necker remarque que le roi de France tirait plus de revenu de sa capitale, que les trois royaumes de Sardaigne, de Suède et de Danemark ne paient de tributs à leurs souverains. Que les temps sont changés! (Note de Meister.)

[64] Les terroristes, que l'on avait fait sortir à l'approche de la crise à laquelle on s'attendait, et qui éclata si malheureusement les 12 et 13 vendémiaire. (Note de Meister.)

[65] La première fois que j'entrai dans un café, un de ces messieurs venait d'en sortir. Eh bien! dit un de mes voisins à l'autre, l'homme qui sort a fait périr pour sa part vingt-deux personnes de ma connaissance.—Vous venez pourtant de lui faire assez d'accueil.—Hélas! oui, c'est un monstre; mais il me rendit dans ce temps un service essentiel.—En ce cas, c'est tout simple.

Quelle impression pensez-vous que ce petit dialogue fit sur l'âme de votre pauvre Suisse? (Note de Meister.)

[66] Je crains bien que l'origine de la mode des perruques ne tienne à des circonstances fort tristes; d'abord, au défaut très commun de secours domestiques pour se coiffer; ensuite, au parti que quelques spéculateurs cupides auront imaginé de tirer de la quantité de cheveux coupés sous le règne de Robespierre, soit forcément par la guillotine, soit volontairement dans les prisons, pour éviter d'être dévoré de vermine. (Note de Meister.)

[67] C'est à leur côté que j'ai plus d'une fois entendu des femmes de la dernière classe du peuple crier avec rage: Les gueux! on a fait mourir tous les bons, pour laisser vivre un tas de scélérats, qui nous font mourir de peine et de misère. (Note de Meister.)

[68] Depuis le 1er janvier 1793, jusqu'au 27 prairial an III, c'est-à-dire dans l'espace de quinze mois, il a été prononcé à Paris 5,994 divorces, dont 2,124 demandés par les hommes, et 3,870 par les femmes. Il n'y en a eu que 559 prononcés du consentement mutuel. (Note de Meister.)

Le 27 prairial an III correspond au 15 juin 1795: Meister a fait une erreur en parlant de quinze mois.

[69] Il est piquant d'opposer à ce témoignage d'un contemporain si bien informé, les éloquentes paroles du comte Molé, dans le discours par lequel il accueillait à l'Académie française l'auteur de Stello, Alfred de Vigny. En lui parlant des «scènes terribles des prisons et des échafauds», il disait: «Les victimes ont été héroïques.... Je les ai connues, ces victimes, et il ne m'a manqué qu'une ou deux années pour prendre rang parmi elles, à côté de mon père. C'est en leur nom, comme au nom de leurs enfants, que je viens repousser de toutes les forces de mon âme et de mes souvenirs tout mélange impie de leur mémoire infortunée à de frivoles scènes de coquetterie et d'amour....»

[70] La liberté de la presse, défendue par La Harpe contre Chénier. A Paris, chez Migneret, imprimeur, l'an III, 22 pages. Cette brochure a été écrite «contre un décret, manifestement surpris à la Convention, à la suite d'un rapport de Marie-Joseph Chénier» (rapport lu le 12 floréal an III).

«Après avoir parlé, dit La Harpe, des redoutables émigrés, le rapporteur s'écrie: Sachons les punir, ou descendons de cette tribune, et comme Brutus, poignardons-nous!—Que Chénier descende de la tribune, il n'y a pas de mal; pour ce qui est de se poignarder, il n'y a pas de quoi.»

A vrai dire, La Harpe a résumé en deux lignes tout un paragraphe grandiloquent, et changé les termes du discours de Chénier, qui, au lieu de poignardons-nous, avait dit: et comme Brutus à Philippes, mourons en invoquant le ciel!....

[71] Le drame de Mélanie ne put être publiquement représenté qu'en 1791; mais à son apparition, plus de vingt ans auparavant, il avait été souvent lu dans les salons, et joué sur les théâtres particuliers; et quand il fut imprimé, en 1770, Voltaire écrivait à La Harpe:

«Dieu et les hommes vous sauront gré, mon cher confrère, d'avoir mis en drame l'aventure de cette pauvre novice qui, en se mettant une corde au cou, apprit aux pères et aux mères à ne jamais forcer leurs filles à prendre un malheureux voile....

«Je suis très malade; mais j'ai oublié mes maux en vous lisant. Voilà le vrai style, clair, naturel, harmonieux; point d'ornement recherché; tous les vers frappés et sentencieux, naissant du fond du sujet; grande simplicité, grand intérêt. On ne peut quitter la pièce dès qu'on en a lu quatre vers, et les yeux se mouillent à mesure qu'ils lisent. Il faut jouer cette pièce dans tous les couvents, puisqu'on ne la jouera pas sur le théâtre....»

Quant à la tragédie de Philoctète, elle avait été représentée en 1783.

[72] D'après un premier recensement (séance de la Convention des 16 et 17 janvier 1793), les votes de mort n'avaient que cinq voix de majorité. Mais dès la séance suivante (18 janvier), à la suite des explications données par différents membres sur la portée de leur vote, la majorité se trouva élevée à 43 voix.

[73] Membre de l'Assemblée législative, et de la Convention où il vota la mort de Louis XVI; nommé en 1798 évêque constitutionnel du Finistère, il fut tué par les chouans le 17 novembre 1800.

[74] Sic. Lisez: 1791.

[75] Il n'y a pas longtemps qu'on a fait dans le sein même du Corps législatif l'aveu le plus sincère de cet extrême désordre; voyez le rapport de Parisot au Conseil des Cinq-Cents du 22 nivôse an V.

Sur le nombre des pièces remises à la trésorerie nationale, et qui est de 40 milliards, il y en a 20 milliards qu'on peut regarder comme acquits vérifiés ou comptables; mais le surplus, ainsi 20 milliards, présente de grandes, d'innombrables difficultés. Elles proviennent soit de l'impéritie, soit de la négligence, soit de l'infidélité d'un grand nombre d'ordonnateurs et de préposés comptables. Ici, c'est un comptable qui, parce qu'il ne sait pas écrire, prétend ne pas devoir de compte; là, c'est un comptable qui n'a que des pièces informes, insignifiantes; il s'excuse sur son impéritie en matière de comptabilité, et s'appuyant sur la bonne foi qu'il allègue, prétend qu'on lui doit allouer toute sa dépense. Ici, c'est un caissier dont les assignats ou les mandats ont été mangés par les rats, ou perdus par le froissement dans une voiture publique, etc. (Note de Meister.)

[76] Horace, Odes, livre III, ode 4.

[77] Francis d'Ivernois (1757-1842), citoyen genevois, et fils d'un des correspondants de Jean-Jacques Rousseau, avait publié à Londres, en mai 1795, des Réflexions sur la guerre (IV et 160 pages in-8) en réponse aux Réflexions sur la paix de Mme de Staël.

Le second chapitre de la brochure de d'Ivernois est intitulé: Des ressources financières de la République française, dont toute la puissance, même militaire, consiste exclusivement aujourd'hui dans les assignats. Marche rapide du discrédit progressif de ceux-ci. Terme prochain et inévitable de leur complète annihilation.

[78] Chambre de justice, ainsi appelée parce qu'elle était toute tendue de drap noir, et éclairée par des flambeaux. L'ancien régime, à plusieurs reprises, avait eu recours à cette mesure.

On peut citer notamment l'édit de novembre 1661, portant création d'une Chambre de justice, avec pouvoir de faire la recherche et punition des abus et malversations en fait de finances; et l'édit de mars 1716, portant établissement d'une Chambre de justice, avec pouvoir de connaître des crimes, délits et abus qui avaient été commis dans les finances de l'État.

[79] Avec le talent de l'observation, un jugement sain et juste est la principale qualité de Meister. Il ne faut voir dans cette idée: qu'on eût sauvé la monarchie en créant un musée,—qu'un nouvel exemple de la vérité du proverbe: Il n'est si bon cheval qui ne bronche.

[80] On n'apprécierait pas assez le plaisir que fit au public la création du Musée du Louvre, si l'on ne se rappelait un mot de l'abbé Du Bos, qui suffit à caractériser l'état de choses antérieur: «Les beaux tableaux sont presque tous renfermés, à Paris, dans des lieux où le public n'a pas un libre accès.» Réflexions critiques sur la poésie et la peinture, II, 29.

[81] Fanny Boze était fille de Joseph Boze, le «peintre monarchique» (1744-1826). Elle est morte en 1855.

[82] Pauline Auzou, née Desmarquet de la Chapelle, 1755-1835.—Marie-Geneviève Boulliar, 1772-1819.—Marie-Gabrielle Capet, née à Lyon en 1761, † à Paris en 1818.—Mme Doucet-Suriny, née Glaesner, de Lyon, femme d'un banquier emprisonné pendant la Terreur.—Félicité Laborey a exposé au Salon de 1795.—Marie-Adélaïde Durieux, née Landragin, a exposé aux Salons, de 1793 à 1798.—Marie-Guillelmine Benoist, née Laville-Leroux, 1768-1804, a exposé sous ces deux noms. C'est à elle que Demoustier a dédié ses Lettres à Émilie sur la mythologie.—La citoyenne Mirys, probablement femme du peintre Sébastien Mirys, a exposé des miniatures et des gouaches au Salon de 1795.—La «citoyenne dite Adèle Romany» (sic) a exposé au même Salon des portraits, entre autres celui de Vestris.—La citoyenne Tornesy y a exposé un portrait de femme, et la citoyenne Aglaé Blondin un tableau de genre.

Nous devons tous ces renseignements à M. Maurice Tourneux.

[83] Cette citation de César est formée de trois ou quatre passages que Meister a rapprochés arbitrairement: De bello gallico, VII, 22; IV, 5; VII, 42.—Il n'y a rien qui soit de Tacite.

[84] Tragédie de C.-J. Trouvé, représentée sur le théâtre Feydeau par les acteurs du Théâtre-Français, le 28 mars 1795.

[85] Le Tribunal révolutionnaire ou l'an II, drame historique en cinq actes et en prose, par Ducancel. Reçue au théâtre Feydeau en 1796, et retirée à la veille de la représentation dans la crainte de troubles, cette pièce n'a été imprimée que longtemps après, dans les Esquisses dramatiques du gouvernement révolutionnaire de France, aux années 1793, 1794 et 1795. Paris, 1830, in-8. Cf. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de Paris, t. III, no 18, 104.

[86] On ne connaît sous ce titre qu'un opéra-comique, paroles de Forgeot, musique de Méhul, représenté en 1795, et qui n'a pas été imprimé.

[87] Voyez, dans Quintilien (Institut., I, 12), le prix qu'attachaient les Grecs et les Romains aux effets d'une musique guerrière. Après avoir parlé du grand usage qu'on faisait de la musique dans les armées lacédémoniennes, il ajoute: «Les trompettes et les cors qui sont dans nos légions, servent-ils à autre chose? N'est-il pas permis de croire que c'est au talent de faire usage des instruments de guerre, lequel nous possédons supérieurement aux autres nations, qu'est due en partie la réputation de la milice romaine?» (Note de Meister.)

[88] Meister fait allusion au dire de Voltaire, d'après lequel «Grégoire, surnommé le Grand, brûla tous les auteurs latins qu'il put trouver.» Examen important de milord Bolingbroke, chap. XXXVI, en note.

[89] La police des spectacles sera toujours en France un objet embarrassant pour le gouvernement. Vous avez su l'étrange sévérité du décret par lequel, non seulement l'on défendait d'y chanter ce qu'on craignait de voir applaudir, mais on prescrivait encore d'y chanter ce que le public paraissait las d'entendre. Le parterre est encore aujourd'hui, comme il le fut sous l'ancien régime, le seul soupirail par lequel s'échappe souvent la voix de l'opinion, quand tous les autres lui sont fermés. Au théâtre de la République, le plus démocrate de tous, j'ai frémi de voir déchirer par quelques terroristes un homme au balcon, qui s'était avisé d'applaudir d'une manière trop marquée ces deux vers de Britannicus:

J'ai cent fois, dans le cours de ma gloire passée,

Tenté leur patience, et ne l'ai point lassée...

Sans quelques femmes qui demandèrent grâce pour lui, je ne sais quel eût été son sort. (Note de Meister.)

[90] La première représentation de cet opéra de Beaumarchais avait eu lieu le 8 juin 1787.

[91] Les premières représentations de ces tragédies ont eu lieu au Théâtre français: le 4 novembre 1789, Charles IX; le 9 février 1792, Caïus Gracchus; le 9 février 1793, Fénelon ou les religieuses de Cambrai.

[92] On appelait sectionnaires ceux qui partageaient le vœu des sections de Paris. A l'exception d'une seule, toutes avaient rejeté le décret, presque à l'unanimité. (Note de Meister.)

[93] Je ne crois pas qu'il y ait vingt membres de la Convention qui soient rentrés paisiblement dans leur pays; ceux qui n'ont pu se faire réélire ont tâché d'être placés d'une autre manière, ou dans la capitale, ou dans l'étranger; ils ont intrigué pour être employés dans le ministère, dans les bureaux, comme huissiers, comme messagers d'État; faute d'un poste plus honorable, plusieurs auraient préféré de n'être que balayeurs de la salle plutôt que de retourner dans leur département. On a remarqué que d'ardents républicains n'avaient pu parvenir à se faire réélire que dans les assemblées primaires les plus voisines des chouans. Les hommes distingués par leurs sentiments de modération et de probité ont été réélus en même temps dans quinze, vingt assemblées différentes; et c'est toujours à la nomination du département dans lequel ils étaient domiciliés, qu'ils ont donné, comme de raison, la préférence. (Note de Meister.)

Il est parlé dans cette note de messagers d'État. Le Directoire en avait quatre, chargés de porter aux deux Corps législatifs les lettres et les mémoires du Directoire; ils avaient entrée dans le lieu des séances des Conseils; ils marchaient précédés de deux huissiers (Constitution de l'an III, art. 170).

[94] Le jardin de l'infante est entre le Louvre et le quai, en face du pont des Arts. Son nom rappelle l'Infante, fille du roi d'Espagne, fiancée à Louis XV. Elle fut renvoyée dans son pays (1725) après trois années de séjour en France; elle se maria en 1729 à un prince de la maison de Bragance, et devint reine de Portugal en 1750; elle est la sextaïeule du roi Manuel.

[95] Quoique M. de Besenval ait failli d'être une des premières victimes de la Révolution, le service qu'elle lui doit n'en fut pas moins important. Il est impossible de connaître la situation de Paris à l'époque du 14 juillet 1789, et de douter sérieusement de tous les moyens qu'on avait encore ce jour-là même, de s'assurer de cette ville à force armée et sans beaucoup d'effusion de sang; mais il n'y avait plus un moment à perdre. M. de Besenval se vit entre deux partis, et suivant ses vieilles habitudes, il crut peut-être, en bon courtisan, devoir ménager l'un et l'autre, éviter du moins de se prononcer de manière à n'en pouvoir revenir. On ne peut sauver sa conduite militaire que par la versatilité de ses principes politiques, ou par l'ineptie et la pusillanimité des ordres qu'il avait reçus. On prétend qu'il doit avoir dit plus d'une fois à ses amis: Je voyais bien ce qu'ordonnait la circonstance et l'honneur de mon poste; mais je savais aussi que si, pour maintenir une résolution vigoureuse, il avait fallu faire quelque sacrifice, éprouver le plus léger revers, je n'aurais été ni soutenu ni même avoué. (Note de Meister.)

[96] C'est à lui, dit-on, que l'on doit en grande partie les dispositions les plus sages de la nouvelle Constitution. (Note de Meister.)

[97] Thibaudeau, membre de la Convention, membre du Sénat du second Empire, mort en 1854, à quatre-vingt-huit ans.

Doulcet de Pontécoulant, membre de la Convention, préfet au temps du Consulat, comte de l'Empire, pair de France sous la Restauration et sous Louis-Philippe, mort en 1853, à quatre-vingt-huit ans.

[98] Ode sur le 200e anniversaire de la Saint-Barthélemy.

[99] Si l'on avait chicané Meister sur ce qu'il y a d'incorrect dans cette expression, il aurait pu citer Leibnitz qui, dans une de ses lettres à Bossuet (janvier 1692), qualifie Louis XIV: «le plus grand, ou pour parler avec M. Pellisson, le plus roi entre les rois.»

[100] Ces trois ou quatre constitutions sont: celle de 1791, œuvre de l'Assemblée constituante; elle sombra au 10 août;—la Constitution du 24 juin 1793, qui resta sur le papier, comme Meister le dit plus loin;—l'état de fait qui s'établit à sa place: l'omnipotence des partis qui furent successivement dominants à la Convention;—enfin la Constitution du 5 fructidor an III.

[101] En écrivant: à son avantage, Meister avait dans l'esprit: à l'avantage d'Athènes, ou bien: à l'avantage du peuple athénien.

Un éditeur plus courageux que nous aurait effacé cette négligence, et aurait imprimé: à leur avantage.

[102] D'après la Constitution de l'an III, l'élection des Conseils se faisait à deux degrés. Pour avoir droit de vote dans les assemblées primaires, il suffisait de payer une contribution directe, foncière ou personnelle. Mais pour être nommé électeur du second degré, il fallait être propriétaire, ou usufruitier, locataire, fermier, métayer, d'un bien évalué à un revenu égal à la valeur locale de 100, 150 ou 200 journées de travail, selon les localités.

[103] C'est à cela que l'article 68 de la Constitution de l'an III fixait l'indemnité annuelle allouée aux membres du Corps législatif.

[104] Le grand ascendant qu'eut d'abord l'abbé Sieyès dans les États généraux, il le dut uniquement à la réputation que lui avaient acquise ses premiers écrits. Il a fort peu de moyens, et fort peu de talent pour parler en public. Il n'a pas assez de souplesse dans l'esprit, ni d'audace dans le caractère, pour réussir par l'intrigue. Sa force est dans la puissance de sa dialectique, dans la profonde pénétration de ses vues, dans l'opiniâtre intrépidité de ses plans. Je n'ai jamais vu personne analyser une idée, établir un principe, développer une longue série de raisonnements, avec une logique plus ferme et plus serrée. Il m'est arrivé souvent de l'écouter, sous ce rapport, avec un extrême plaisir, même lorsqu'il soutenait une opinion tout à fait contraire à mes sentiments; et cependant sa manière de parler est dénuée d'ailleurs de tout autre prestige; elle n'a ni mouvement, ni grâce, ni chaleur. Sombre, méfiant, bilieux, il ne saurait supporter la plus légère contradiction; elle l'irrite ou le décourage, et lorsqu'on ne permet pas à son esprit de dominer, il se renferme avec dédain dans le silence et dans l'inaction. Il ne sait pas plus transiger avec les idées des autres qu'avec leurs passions, et par cette seule raison, il n'a pu, malgré ses avantages, malgré le crédit de sa renommée, devenir le chef d'aucun parti. Quand il en aurait eu d'ailleurs les moyens, on peut douter s'il en eût eu le courage. C'est dans un mouvement de dépit qu'il essaya de fonder le club de 1789; la peur le lui fit bientôt abandonner, pour rentrer dans la Société des Jacobins. Ce même sentiment l'a fait balancer assez longtemps entre le parti de Brissot et celui de Robespierre. Faible et timide, lorsqu'il est question d'agir, il n'est pourtant aucune conséquence de ses principes, aucun résultat de ses projets qui paraisse étonner sa pensée, encore moins effrayer sa sensibilité; en faudrait-il d'autres preuves que ces mots terribles et trop connus?—La Révolution ne sera finie que lorsqu'une rue droite sera tirée de la rue Saint-Honoré à la rue du Bac.—Il faut que les propriétés restent, mais que les propriétaires changent.—On prétend que la noblesse est détruite, et il existe encore des nobles!—Le même homme qui parlait ainsi au commencement de juin 1792 disait déjà, vers la fin de l'année 1788: Posons les jalons de la République.

Mais le même homme a dit aussi, lorsqu'on osa porter les premières atteintes au droit de propriété: Ils veulent être libres, et ils ne savent pas être justes.

S'il est quelqu'un qui puisse se vanter d'avoir prévu jusqu'où la Révolution conduirait la France, cet honneur appartient sans doute à l'abbé Sieyès. Quoiqu'il ait eu plus ou moins de part à tout, comme tout ne s'est pas fait par lui, ni précisément comme sa logique l'avait arrangé, l'avait conçu, je doute s'il est un homme en France, parmi les plus violents aristocrates même, qui, dans son intérieur, soit plus mécontent de tout que l'abbé Sieyès. (Note de Meister.)

[105] Peut-être serait-il difficile cependant d'imaginer deux règnes de suite plus propres à préparer une révolution républicaine, que ceux de Louis XV et de Louis XVI. Et ce ne fut pas seulement par les fautes de leur conduite politique, par le désordre de leurs finances, par l'ineptie et la versatilité de leurs ministres, que ces deux princes contribuèrent si puissamment à démonarchiser la France; c'est encore par le genre particulier de leurs mœurs, de leur esprit, de leurs habitudes, en un mot par leur caractère personnel. Ils désaccoutumèrent la nation du joug qu'elle portait si volontiers, ils la désaccoutumèrent, pour ainsi dire, d'avoir un Roi. Car enfin quelque qualité, quelque vertu même qu'on daigne leur supposer, il faudra toujours convenir qu'on ne pouvait pas être moins Roi qu'ils ne le furent l'un et l'autre. (Note de Meister.)

[106] Cela me rappelle toujours le mot si naïf de ce valet balourd, dans les Deux Amis de Beaumarchais: La belle chose que l'égalité! c'est seulement dommage que nous ne puissions pas tous être un peu plus égaux les uns que les autres. (Note de Meister.)

Meister a cité de mémoire; voici le vrai texte: Je voudrais que chacun ne fût pas plus égaux l'un que l'autre. Les maîtres seraient bien attrapés!.... Oui, et mes gages, qui est-ce qui me les payerait?

[107] Depuis le temps que dure la Révolution, il aurait pu se former sans doute une génération nouvelle toute révolutionnaire, la jeunesse de l'âge de dix à quinze ans, de quinze à vingt, de vingt à vingt-cinq. Mais il faut observer que, vu le mode des réquisitions, c'est aussi dans ces premières classes de la vie, que la guerre a moissonné le plus d'individus. Il ne faut pas oublier non plus que dans l'intérieur, l'esprit de faction, les haines et les vengeances personnelles n'ont pas immolé peut-être beaucoup moins de nouveaux révolutionnaires que d'anciens royalistes. La Révolution, comme Saturne, n'a-t-elle pas commencé par dévorer ses propres enfants? Il faut aussi compter qu'il est rentré, sous toute sorte de prétextes, beaucoup d'émigrés, qui, tout mécontents qu'ils sont de l'accueil qu'ils ont reçu dans l'étranger, n'en aiment pas mieux le nouvel ordre de choses dans leur vieille patrie. (Note de Meister.)

[108] L'auteur de la brochure intitulée: De la force actuelle du gouvernement de France, ouvrage rempli de vues hardies, d'idées ingénieuses, mais où l'on regrette de trouver tant d'indifférence ou d'oubli pour les victimes de la Révolution, et tant de patience et d'égards pour leurs bourreaux. Dans le magnifique tableau qu'il fait de la puissance des terroristes, il semble nous avoir voulu peindre la liberté française, comme on nous a représenté Bacchus allant à la conquête de l'Inde, dans un char attelé de tigres et de panthères, précédé de bacchantes ivres et furieuses. (Note de Meister.)

[109] Ces succès sont bien faits pour éblouir. Mais je suis toujours un peu surpris de voir des philosophes, dans leurs discussions politiques, arguer avec tant de complaisance de ces succès en faveur du nouveau système. Les conquêtes d'Alexandre, d'Attila, de Gengiskan, prouvent-elles donc que leur empire fut le plus beau de tous les gouvernements; les conquêtes de Mahomet et de Soliman, que l'islamisme est la meilleure de toutes les religions? (Note de Meister.)

[110] C'est un officier du génie. Il fut à la vérité du comité des Dix, du temps de Robespierre, mais on assure que, durant cette funeste époque, il ne se mêla que de la conduite de la guerre; et les événements prouvent assez avec quelle prudence et quel bonheur! (Note de Meister.)

[111] La Bruyère: De la société et de la conversation, 78.

[112] Dans Émile, vers la fin du quatrième livre. Ici comme ailleurs, Meister a cité de mémoire et légèrement modifié le texte de son auteur, que nous avons rétabli, comme nous avons fait un peu plus haut pour celui de La Bruyère.

[113] Essais, livre III, chap. IX. De la vanité.

[114] La Gouvernante (1747). Acte Ier, sc. II.—Nous n'avons pas su retrouver, dans les Œuvres de Gentil Bernard, le vers qui est cité un peu plus loin.

[115] L'abbé de Boufflers (?).

[116] Ce mot très connu, et de tout temps attribué à Mme Geoffrin, aurait été dit par elle, suivant Dufort de Cheverny (Mémoires, t. I, p. 180), au chevalier de Coigny qui débutait alors dans le monde.

[117] On ne parle sûrement pas très bien sans avoir beaucoup de tact. Mais cette faculté manque presque toujours plus ou moins aux grands parleurs, même à ceux à qui l'on ne saurait refuser infiniment d'esprit et de talent. Plus on a le tact sensible et délicat, plus on trouvera de difficultés à parler avec abondance et même avec méthode, sans avoir eu le temps de s'y préparer. La crainte de blesser, celle de déplaire, celle de n'être pas entendu, de ne l'être pas au moins assez promptement, suffisent pour distraire un homme trop accoutumé à s'observer soi-même et les autres. Tous ces obstacles disparaissent également devant l'homme entraîné par une passion quelconque, et devant l'homme léger, insouciant, sans intérêt pour les autres, ou fortement préoccupé de lui-même et de son propre mérite. (Note de Meister.)

[118] Discours sur l'homme, VI.

[119] Duval d'Éprémesnil, dans la séance royale du 19 novembre 1787.

[120] Quel admirable enchaînement des passions, des événements, des circonstances! Ce n'est qu'avec le crédit établi par l'économie et les sages dispositions de M. Necker, que M. de Calonne a pu se procurer les ressources qui ont rendu son ministère si facile, si brillant et si désastreux. C'est l'énormité même des besoins produits du désordre et des faux calculs des administrations précédentes, qui vient d'ouvrir les yeux du souverain et de la nation, et qui, par l'impulsion générale et pour ainsi dire soudaine donnée à tous les esprits, a mis entre les mains du ministre actuel les moyens de fonder la prospérité publique sur les bases d'un plan d'ordre et de constitution auquel toute la sagesse des Sully, des Colbert, abandonnée à ses propres forces, n'aurait pu se flatter d'atteindre que par une succession de mesures lentes, isolées, et par là même toujours d'un effet plus ou moins incertain. Qui aurait imaginé que deux ministres tels que M. Necker et M. de Calonne fussent si bien faits l'un pour l'autre, et tous les deux peut-être pour le bonheur de la France! (Note de Meister.)

[121] Il en existe deux monuments que le temps et l'envie ne pourront détruire: c'est son rapport au Conseil le 27 décembre 1788, c'est son discours sur l'ouverture des États généraux de 1789. Les principes en ont été consacrés de la manière la plus touchante par le sublime discours du Roi à l'Assemblée nationale, au mois de février de cette année.—C'est évidemment en 1790, que Meister a ajouté cette note au texte daté du 12 juin 1789.

[122] Ce morceau a été écrit après 1815.

[123] Nous n'avons pu retrouver le nom que Mme Le Jay porta en secondes noces.

[124] Le choix de ce local était assez singulier. Au rez-de-chaussée de la maison était le fameux café de Foi, que fréquentaient habituellement des curieux de toute classe, des agents de police et des agents subalternes du parti révolutionnaire. Après le 14 juillet, on y voyait arriver presque tous les soirs des gens fort mal vêtus qui heurtaient doucement aux croisées, disant du ton le plus emphatique: «La nation veut savoir ce qui se passe.»—Au premier étage était alors le plus ancien des clubs, où j'avais entendu pour la première fois M. de Lally-Tolendal. Il y vint plaider avec beaucoup d'éloquence contre le conseiller d'Éprémesnil, qui avait intrigué pour l'en faire exclure. La majorité de cette réunion passait pour être passablement démocrate. Au second, le club des échecs réunissait plusieurs vieux aristocrates et quelques zélés parlementaires. Quel bizarre assemblage des intérêts et des partis les plus discordants! (Note de Meister.)

[125] Ce prince avait été fort désappointé des espérances qu'il avait conçues d'obtenir la main de Madame pour son fils. Il avait été vivement blessé de la manière dont la reine s'était prononcée à ce sujet. Il fut trop facile aux personnes qui l'entouraient de nourrir, d'exciter ce ressentiment et de le faire servir à l'accomplissement de leurs projets.

Mme de Genlis assure que ce mariage avait été assuré très positivement, et que le contrat devait être signé peu de jours avant que la Révolution eût éclaté. Je n'en ai pas moins tout lieu de persister à croire que ce mariage n'avait été nullement approuvé par la reine, et qu'elle s'était expliquée à cette occasion sur le duc d'Orléans d'une manière trop franche pour ne pas lui faire craindre que la négociation ne serait rompue d'une manière ou d'une autre. (Note de Meister.)

[126] Je possède encore un manuscrit de lui, contenant plusieurs détails curieux sur la prise de la Bastille. (Note de Meister.)

Le texte original de cette relation, après avoir été traduit deux fois en allemand (1793 et 1865), a été publié en français pur Jules Flammermont sous ce titre: La Journée du 14 juillet 1789 (Paris, 1892, in-8), aux frais de la Société de l'histoire de la Révolution française. L'introduction est beaucoup plus importante que le document qu'elle précède.

[127] Voltaire, Œdipe, acte II, scène IV.

[128] C'était, vu les circonstances où elle fut prise, la mesure la plus propre à favoriser tous les vœux et toutes les espérances de l'anarchie et de la rébellion. (Note de Meister.)

[129] Les torts qu'on s'est permis de reprocher à la conduite politique de M. de La Fayette dans l'ancien monde, n'altèrent aucun des titres de gloire qu'il s'était acquis dans le nouveau. La hardiesse avec laquelle, si jeune encore, il conçut le projet de son entreprise, la persévérance avec laquelle il sut la poursuivre, font infiniment d'honneur à son caractère. Et par l'ardeur dont on vit son exemple enflammer un grand nombre de ses jeunes compatriotes en faveur de l'indépendance américaine, il lui rendit sans doute un service éminent. Toute sa conduite, durant la guerre d'Amérique, fut aussi sage que noble et généreuse. Là son rôle ne se trouva point au-dessus des forces de sa tête et de son courage. Mais....

Tel brille au second rang, qui s'éclipse au premier.

(Note de Meister.)

[130] Ni les mémoires, ni les pamphlets du temps ne font allusion à cette intrigue, mais A. Bardoux, dans son livre sur La jeunesse de La Fayette, a rappelé qu'à son retour d'Amérique, le jeune héros fit la conquête de Mme de Simiane, née de Damas, conquête aussi difficile, au dire du vieux duc de Laval, que «celle des principes de 1789».

[131] A Tubingue, où je passai quelques jours avec lui, en 1798. (Note de Meister.)

[132] «Ha! ha! que de gens, criaient-ils avec les accents d'une gaîté féroce, que de gens qui mangent aujourd'hui de bon appétit, ne chieront pas demain!» (Note de Meister.)

[133] M. Féronce de Rothenkreuz.

[134] C'est par lui que j'appris les premiers massacres de la Conciergerie dont il venait d'être témoin. En m'en faisant le déplorable récit, lui-même sanglotait d'angoisse et de pitié. Cependant il se sent entraîné de nouveau vers cet horrible spectacle. Et, quelques heures après, à son retour, il me fait frémir du sang-froid avec lequel il m'en raconte la suite, dont il avait recueilli les épouvantables circonstances sans autre émotion que celle de la plus vive curiosité. Il est donc vrai que des âmes mêmes qui ne semblaient pas tout à fait insensibles, peuvent céder bien promptement à l'ascendant trop contagieux des impressions les plus déchirantes et les plus féroces.

Je rencontrai dans la même matinée une femme du peuple, mais fort bien mise, qui criait en passant à l'une de ses voisines d'un air fort tranquille: «Hé! ne voulez-vous pas venir avec moi voir comme on met là-bas nos aristocrates à la crapaudine?» (Note de Meister.)

[135] J'y trouvai M. de Talleyrand, fort inquiet de s'y voir retenu depuis deux jours par des vents contraires. Il n'avait pu s'échapper de Paris qu'à la faveur d'un passeport obtenu par la protection des bonnes grâces de Mme Danton. (Note de Meister.)

[136] Ce manifeste avait été rédigé par M. de Limon, ci-devant attaché à la cour d'Orléans,—et le Ciel sait dans quelles vues. (Note de Meister.)

[137] On trouvera des renseignements sur ce complot dans l'ouvrage de Bächtold, Johann Caspar Schweizer. Berlin, 1884.

[138] Les mots qu'il vient d'exécuter ne s'accordent pas bien avec l'annotation: «Écrit en 1799», que Meister a mise en 1818 au titre de ce morceau. Il semble qu'il ait été rédigé à un moment plus rapproché du 18 fructidor (4 septembre 1797).

[139] Rien de comparable, dit-on, à la rage avec laquelle ces deux hommes, liés longtemps par les mêmes intérêts, par les mêmes opinions, par les mêmes crimes, se détestèrent. S'il eût été possible de les rapprocher l'un de l'autre, le 18 fructidor n'eût pas eu lieu peut-être, ou n'aurait pas eu du moins les mêmes suites. Oh! combien l'on s'aime, ou l'on se hait, lorsqu'on s'est assez éprouvé pour savoir tout ce dont on est capable!

Barras est un jacobin aristocrate, il n'a jamais pour maîtresses que des femmes de l'ancien régime; dans ce moment, Mme de Contades, fille du marquis de Bouillé. Il est violent en gros, mais doux en détail. La liste des proscrits faite par lui ne comprenait tout au plus que dix-neuf à vingt personnes; elle fut augmentée par la haine et par la peur des autres, lorsque, revenus de leur première frayeur, ils osèrent s'emparer à leur tour de l'entreprise dont ils avaient consenti d'abord à laisser la conduite au courage seul de Barras, dirigé lui-même par les conseils de Benjamin Constant et de l'abbé Sieyès. Quand l'éloquence de ce dernier avait épuisé vainement tous les moyens de persuasion, il se livrait à son humeur et finissait toujours par dire: «Eh bien! si l'on ne fait pas cela, vous serez pendus, je serai pendu, nous serons tous pendus!» Et ce résultat rapide ne manquait jamais de produire son effet.

Reubel, ancien constituant, ci-devant avocat de Colmar, homme révolutionnaire, disciple aveugle de la doctrine de Sieyès, plus opiniâtre que son maître, n'est, dit-on, guère moins timide dans l'action, mais de la fermeté la plus inflexible dans la poursuite de ses idées et de ses projets.

La Reveillère-Lépeaux, fanatique froid, portant la haine du christianisme jusqu'au ridicule, puérilement ambitieux de l'honneur de fonder une religion nouvelle, voudrait être le grand prophète des théophilanthropes; du reste, assez bon homme, bon père et bon époux.

Merlin est un tyran légiste. Toute sa morale et toute sa politique est contenue, dit-on, dans ce mot du comte Almaviva: Un bon arrêt bien juste me vengera de tous ces coquins-là. (Note de Meister.)

[140] C'est le fils d'une marchande fruitière. On l'avait déjà demandé quelques mois auparavant, pour épouvanter Paris. Il fut tellement furieux de ne pas se voir mieux récompensé des services qu'il venait de rendre aux triumvirs, il s'emporta si haut contre leur ingratitude, que peu de jours avant de lui donner le commandement de l'armée d'Allemagne, on fut sur le point de le faire arrêter. (Note de Meister.)

[141] On sait positivement que l'ordre présenté à Siméon, président du Conseil, n'était signé que d'Augereau. (Note de Meister.)

[142] Depuis l'établissement des tribunaux spéciaux, on a réformé cette embarrassante et pénible escorte; dans les routes où l'on croit encore en avoir besoin, les conducteurs peuvent requérir la protection des gendarmes à cheval. (Note de Meister.)

[143] Le Bourgeois gentilhomme, acte II, sc. 8: Le maître tailleur: Tenez, voilà le plus bel habit de la cour, et le mieux assorti.— M. Jourdain: Qu'est-ce que c'est que ceci? Vous avez mis les fleurs en en-bas.—Le maître tailleur: Toutes les personnes de qualité les portent de la sorte.—M. Jourdain: Les personnes de qualité portent les fleurs en en-bas?—Le maître tailleur: Oui, Monsieur.

[144] Un membre du Tribunat, du Corps législatif.

[145] C'est une espèce de sac à ouvrage dans lequel on met une partie de ce qu'on portait dans ses poches, entre autres son mouchoir. (Note de Meister.)

[146] La première fois que je dînai avec l'excellent M. Barthélemy, je le trouvai placé justement à côté de l'un des hommes qui avaient eu le plus de part à l'affreux décret du 18 fructidor. Il est pourtant un peu dur, me dit-il tout bas, de dîner à côté de ses bourreaux. Cependant nous n'en fîmes pas moins un très bon dîner. (Note de Meister.)

Barthélemy, le neveu de l'auteur d'Anacharsis, avait été ambassadeur en Suisse, et c'est alors qu'il était entré en relations avec Meister. Nommé plus tard membre du Directoire, il avait été proscrit au 18 fructidor, et déporté à la Guyane, où il faillit périr.

[147] Proclamation de l'Empire, 15 prairial an XII (lundi 4 juin 1804).

[148] Nous en avons donné quelques extraits dans les Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister, Paris, lib. Hachette, pages 55 à 66, et 190.

[149] Les Suisses avaient laissé les troupes autrichiennes franchir le Rhin sur le pont de Bâle, dans le mois de décembre 1813, filer le long du Jura, et entrer en France par Genève.

[150] C'est la date, sans doute, de la mort du vieux M. de Vandeul, le gendre de Diderot.

INDEX DES NOMS CITÉS

  • Alembert (d'), 2, 172.
  • Angivilliers (d'), 117.
  • Anspach (d'), 15.
  • Archenholz, 214.
  • Aristophane, 127.
  • Artaud, 196.
  • Artois (comte d'), 197.
  • Atala, 237.
  • Audibert, 211.
  • Audrein, 105.
  • Augereau, 229, 230.
  • Aulard, 36.
  • Auzou (Mme), 120.
  • Avaux (Mme d'), 98.
  • Éphraïm, 11.
  • Féronce de Rothenkreuz, 33, 39, 43, 210, 213.
  • Fesch (cardinal), 248.
  • Flammermont, 201.
  • Foi, 196.
  • Fontenay (de), 94.
  • Fontenelle, 176.
  • Forgeret, 128.
  • François Ier, 106, 169.
  • Galiani, 179.
  • Gatti, 177.
  • Genlis (Mme de), 197.
  • Geoffrin (Mme), 170, 172, 179.
  • Gérard, 120.
  • Gessner, 88.
  • Girodet, 120.
  • Gleim, 210.
  • Gordon, 11.
  • Grégoire (saint), 130.
  • Grétry, 199.
  • Gribeauval (de), 48.
  • Grimm (Melchior), 2, 3.
  • Guiard (Mlle), 120.
  • Guillotin, 200.
  • Haussonville (d'), 2.
  • Hautefort (Mme d'), 98.
  • Hess, 21, 183, 244.
  • Holbach (d'), 27, 244.
  • Horace, 34, 116.
  • Ivernois (d'), 116.
  • Jésus-Christ, 44.
  • Jussieu (de), 90.
  • Kalitchef (de), 239.
  • Mably (de), 187.
  • Madame (fille de Louis XVI), 197.
  • Mallet-du-Pan, 32, 33.
  • Mandat, 145.
  • Marat, 47, 96.
  • Marie-Antoinette, 11, 197.
  • Maury, 199.
  • Mazarin, 115, 189.
  • Méhul, 128.
  • Meissner, 36.
  • Merlin, 227.
  • Mirabeau, 102, 195, 197, 199, 206, 207.
  • Mirys (Mme), 120.
  • Molé (le comédien), 133.
  • Molé (le comte), 98.
  • Molière, 127.
  • Monciel (de), 215.
  • Montaigne, 69, 174.
  • Montansier (Mlle), 133.
  • Montesquiou (l'abbé de), 102.
  • Montesquiou (le général de), 17, 18, 19.
  • Moreau, 228.
  • Muralt (de), 4.
  • Pange (de), 45.
  • Parisot, 111.
  • Payne, 15, 116.
  • Pellisson, 149.
  • Pétiet, 218.
  • Pétion, 208.
  • Piccini, 199.
  • Pichegru, 220.
  • Pitra, 20 et suiv., 199 et suiv.
  • Pitt, 185.
  • Pline (le jeune), 85.
  • Portalis, 218.
  • Potter, 118.
  • Quintilien, 128.
  • Walpole, 6.
  • Westermann, 145.
  • Wieland, 3.
  • Wouwerman, 118.
  • Ziegenbein, 32.

TABLE DES MATIÈRES

Introduction.
I. Henri Meister. Les années de début 1
II. Premier voyage en Angleterre 5
III. Second séjour à Londres 12
IV. Voyage à Paris en 1795 16
V. Lettres adressées à Meister au sujet de son livre 21
VI. Les traductions du livre de Meister 30
Souvenirs de mon dernier voyage a Paris.
  Avertissement 41
  Lettre première 43
  Lettre II. 55
  Lettre III. 66
  Lettre IV. 77
  Lettre V. 90
  Lettre VI. 100
  Lettre VII. 109
  Lettre VIII. 122
  Lettre IX. 135
  Lettre X. 149
  Lettre XI.
Des sociétés de Paris avant la Révolution
163
Appendices.
  Avertissement 183
I. Les prodromes de la Révolution française 184
II. Mes souvenirs personnels du commencement de la Révolution 194
III. Le 18 fructidor 217
IV. Paris au printemps de 1801 233
V. Paris en 1804 241
VI. Paris en 1815. Lettre de Mme de Vandeul 243
  Index des noms cités 251

BESANÇON.—IMPRIMERIE JACQUIN.

Chargement de la publicité...