Traité élémentaire de chimie, tome 1: Présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes; avec Figures
CHAPITRE XVII.
Suite des réflexions sur les bases salifiables, & sur la formation des Sels neutres.
Telles sont les bases salifiables, c'est-à-dire, susceptibles de se combiner avec les acides, & de former des sels neutres. Mais il faut observer que les alkalis & les terres entrent purement & simplement dans la composition des sels neutres, sans aucun intermède qui serve à les unir; tandis qu'au contraire les métaux ne peuvent se combiner avec les acides, qu'autant qu'ils ont été préalablement plus ou moins oxygénés. On peut donc rigoureusement dire que les métaux ne sont point dissolubles dans les acides, mais seulement les oxides métalliques. Ainsi lorsqu'on met une substance métallique dans un acide, la première condition pour qu'elle puisse s'y dissoudre, est qu'elle puisse s'y oxider, & elle ne le peut qu'en enlevant de l'oxygène, ou à l'acide, ou à l'eau, dont cet acide est étendu: c'est-à-dire, en d'autres termes qu'une substance métallique ne peut se dissoudre dans un acide, qu'autant que l'oxygène qui entre, soit dans la composition de l'eau, soit dans celle de l'acide, a plus d'affinité avec le métal, qu'il n'en a avec l'hydrogène ou la base acidifiable; ou, ce qui revient encore au même, qu'il n'y a de dissolution métallique, qu'autant qu'il y a décomposition de l'eau ou de l'acide.
C'est de cette observation simple, qui a échappé, même à l'illustre Bergman, que dépend l'explication des principaux phénomènes des dissolutions métalliques. Le premier de tous & le plus frappant est l'effervescence, ou, pour parler d'une manière moins équivoque, le dégagement de gaz qui a lieu pendant la dissolution. Ce gaz dans les dissolutions par l'acide nitrique est du gaz nitreux; dans les dissolutions par l'acide sulfurique, il est ou du gaz acide sulfureux, ou du gaz hydrogène, suivant que c'est aux dépens de l'acide sulfurique ou de l'eau que le métal s'est oxidé.
Il est sensible que l'acide nitrique & l'eau étant composés l'un & l'autre de substances qui séparément ne peuvent exister que dans l'état de gaz, du moins à la température dans laquelle nous vivons, aussitôt qu'on leur enlève l'oxygène, le principe qui lui étoit uni doit entrer sur le champ en expansion, il doit prendre la forme gazeuse, & c'est ce passage rapide de l'état liquide à l'état gazeux qui constitue l'effervescence. Il en est de même de l'acide sulfurique; les métaux, en général, sur-tout par la voie humide, n'enlèvent point à cet acide la totalité de l'oxygène; ils ne le réduisent point en soufre, mais en acide sulfureux qui ne peut également exister que dans l'état de gaz au degré de température & de pression dans lequel nous vivons. Cet acide doit donc se dégager sous la forme de gaz, & c'est encore à ce dégagement qu'est due l'effervescence.
Un second phénomène est que toutes les substances métalliques se dissolvent sans effervescence dans les acides quand elles ont été oxidées avant la dissolution: il est clair qu'alors le métal n'ayant plus à s'oxider, il ne tend plus à décomposer ni l'acide ni l'eau; il ne doit donc plus y avoir d'effervescence, puisque l'effet qui le produisoit n'a plus lieu.
Un troisième phénomène est que tous les métaux se dissolvent sans effervescence dans l'acide muriatique oxygéné: ce qui se passe dans cette opération mérite quelques réflexions particulières. Le métal dans ce cas enlève à l'acide muriatique oxygéné son excès d'oxygène; il se forme d'une part un oxide métallique, & de l'autre de l'acide muriatique ordinaire. S'il n'y a pas d'effervescence dans ces sortes de dissolutions, ce n'est pas qu'il ne soit de l'essence de l'acide muriatique d'exister sous la forme de gaz au degré de température dans lequel nous vivons, mais ce gaz trouve dans l'acide muriatique oxygéné plus d'eau qu'il n'en faut pour être retenu & pour demeurer sous forme liquide; il ne se dégage donc pas comme l'acide sulfureux, & après s'être combiné avec l'eau dans le premier instant, il se combine paisiblement ensuite avec l'oxide métallique qu'il dissout.
Un quatrième phénomène est que les métaux qui ont peu d'affinité pour l'oxygène, & qui n'exercent pas sur ce principe une action assez forte pour décomposer, soit l'acide, soit l'eau, sont absolument indissolubles: c'est par cette raison que l'argent, le mercure, le plomb, ne sont pas dissolubles dans l'acide muriatique, lorsqu'on les présente à cet acide dans leur état métallique; mais si on les oxide auparavant, de quelque manière que ce soit, ils deviennent aussitôt très-dissolubles, & la dissolution se fait sans effervescence.
L'oxygène est donc le moyen d'union entre les métaux & les acides; & cette circonstance qui a lieu pour tous les métaux comme pour tous les acides, pourroit porter à croire que toutes les substances qui ont une grande affinité avec les acides contiennent de l'oxygène. Il est donc assez probable que les quatre terres salifiables que nous avons désignées ci-dessus contiennent de l'oxygène, & que c'est par ce latus qu'elles s'unissent aux acides. Cette considération sembleroit appuyer ce que j'ai précédemment avancé à l'article des terres, que ces substances pourroient bien n'être autre chose que des métaux oxidés avec lesquels l'oxygène a plus d'affinité qu'il n'en a avec le charbon, & qui par cette circonstance sont irréductibles. Au reste ce n'est ici qu'une conjecture que des expériences ultérieures pourront seules ou confirmer ou détruire.
Les acides connus jusqu'ici sont les suivans; nous allons en les désignant, indiquer le nom du radical ou base acidifiable dont ils sont composés.
| Noms des acides. | Nom de la base acidifiable ou radical de chaque acide, avec des observations. | ||||
| 1 | Sulfureux. | Soufre. | |||
| 2 | Sulfurique. | ||||
| 3 | Phosphoreux. | Phosphore. | |||
| 4 | Phosphorique. | ||||
| 5 | Muriatique. | Radical muriatique. | |||
| 6 | Muriatique oxygéné. | ||||
| 7 | Nitreux. | Azote. | |||
| 8 | Nitrique. | ||||
| 9 | Nitrique oxigéné. | ||||
| 10 | Carbonique. | Carbone. | |||
| 11 | Acéteux. | Tous ces acides paroissent être formés de la réunion d'une base acidifiable double, le carbone & l'hydrogène, & ne différer entr'eux que par la différence de proportion de ces deux bases & de l'oxigène qui les acidifie; on n'a au surplus encore aucune suite d'expériences bien faites à cet égard. | |||
| 12 | Acétique. | ||||
| 13 | Oxalique. | ||||
| 14 | Tartareux. | ||||
| 15 | Pyro-tartareux. | ||||
| 16 | Citrique. | ||||
| 17 | Malique. | ||||
| 18 | Pyro-ligneux. | ||||
| 19 | Pyro-muqueux. | ||||
| 20 | Gallique. | On n'a encore que des connoissances très-imparfaites sur la nature des radicaux de ces acides; on sait seulement que le carbone & l'hydrogène en sont les principales parties, & que l'acide prussique contient de l'azote. | |||
| 21 | Prussique. | ||||
| 22 | Benzoïque. | ||||
| 23 | Succinique. | ||||
| 24 | Camphorique. | ||||
| 25 | Lactique. | ||||
| 26 | Saccho-lactique. | ||||
| 27 | Bombique. | Ces acides & tous ceux qu'on obtient en oxigénant les matières animales, paroissent avoir pour base acidifiable le carbone, l'hydrogène, le phosphore & l'azote. | |||
| 28 | Formique. | ||||
| 29 | Sébacique. | ||||
| 30 | Boracique. | Le radical boracique | La nature de ces deux radicaux est entièrement inconnue. | ||
| 31 | Fluorique. | Le radical fluorique | |||
| 32 | Antimonique. | Antimoine. | |||
| 33 | Argentique. | Argent. | |||
| 34 | Arsenique. | Arsenic. | |||
| 35 | Bismuthique. | Bismuth. | |||
| 36 | Cobaltique. | Cobalt. | |||
| 37 | Cuprique. | Cuivre. | |||
| 38 | Stamnique. | Etain. | |||
| 39 | Ferrique. | Fer. | |||
| 40 | Manganique. | Manganèse. | |||
| 41 | Hydrargirique. | Mercure. | |||
| 42 | Molybdique. | Molybdène. | |||
| 43 | Nickelique. | Nickel. | |||
| 44 | Aurique. | Or. | |||
| 45 | Platinique. | Platine. | |||
| 46 | Plombique. | Plomb. | |||
| 47 | Tungstique. | Tungstène. | |||
| 48 | Zincique. | Zinc. | |||
On voit que le nombre des acides est de 48 en y comprenant les 17 acides métalliques qui sont encore peu connus, mais sur lesquels M. Berthollet va donner incessamment un travail important. On ne peut pas encore se flatter sans doute de les avoir tous découverts; mais il est probable, d'un autre côté, qu'un examen plus approfondi fera connoître que plusieurs des acides végétaux regardés comme différens, rentrent les uns dans les autres. Au reste, on ne peut présenter ici le tableau de la Chimie que dans l'état où elle est, & tout ce qu'on peut faire c'est de donner des principes pour nommer, en conformité du même systême, les corps qui pourront être découverts dans la suite.
Le nombre des bases salifiables, c'est-à-dire, susceptibles d'être converties en sels neutres par les acides, est de vingt-quatre, savoir:
- Trois alkalis.
- Quatre terres.
- Et dix-sept substances métalliques.
La totalité des sels neutres qu'on peut concevoir dans l'état actuel de nos connoissances est donc de 1152; mais c'est en supposant que les acides métalliques soient susceptibles de dissoudre d'autres métaux; & cette dissolubilité des métaux, oxygénés les uns par les autres, est une science neuve qui n'a point encore été entamée: c'est de cette partie de la science que dépendent toutes les combinaisons vitreuses métalliques. Il est d'ailleurs probable que toutes les combinaisons salines qu'on peut concevoir, ne sont pas possibles, ce qui doit réduire considérablement le nombre des sels que la nature & l'art peuvent former. Mais quand on ne supposeroit que cinq à six cens espèces de sels possibles, il est évident que si on vouloit donner à toutes des dénominations arbitraires à la manière des anciens, si on les désignoit, ou par le nom des premiers auteurs qui les ont découverts, ou par le nom des substances dont ils ont été tirés, il en résulteroit une confusion que la mémoire la plus heureuse ne pourroit pas débrouiller. Cette méthode pouvoit être tolérable dans le premier âge de la Chimie; elle pouvoit l'être encore il y a vingt ans, parce qu'alors on ne connoissoit pas au-delà de trente espèces de sels: mais aujourd'hui que le nombre en augmente tous les jours, que chaque acide qu'on découvre enrichit souvent la Chimie de 24 sels nouveaux, quelquefois de 48 en raison des deux degrés d'oxygénation de l'acide; il faut nécessairement une méthode, & cette méthode est donnée par l'analogie: c'est celle que nous avons suivie dans la nomenclature des acides; & comme la marche de la nature est une, elle s'appliquera naturellement à la nomenclature des sels neutres.
Lorsque nous avons nommé les différentes espèces d'acides, nous avons distingué dans ces substances la base acidifiable particulière à chacun d'eux, & le principe acidifiant, l'oxygène qui est commun à tous. Nous avons exprimé la propriété commune à tous par le nom générique d'acide, & nous avons ensuite différencié les acides par le nom de la base acidifiable particulière à chacun. C'est ainsi que nous avons donné au soufre, au phosphore, au carbone oxygénés le nom d'acide sulfurique, d'acide phosphorique, d'acide carbonique: enfin nous avons cru devoir indiquer les différens degrés de saturation d'oxygène par une terminaison différente du même mot. Ainsi nous avons distingué l'acide sulfureux de l'acide sulfurique, l'acide phosphoreux de l'acide phosphorique.
Ces principes appliqués à la nomenclature des sels neutres, nous ont obligés de donner un nom commun à tous les sels dans la combinaison desquels entre le même acide, & de les différencier ensuite par le nom de la base salifiable. Ainsi nous avons désigné tous les sels qui ont l'acide sulfurique pour acide, par le nom de sulfates; tous ceux qui ont l'acide phosphorique pour acide, par le nom de phosphates, & ainsi des autres. Nous distinguerons donc sulfate de potasse, sulfate de soude, sulfate d'ammoniaque, sulfate de chaux, sulfate de fer, &c. & comme nous connoissons vingt-quatre bases, tant alkalines que terreuses & métalliques, nous aurons vingt-quatre espèces de sulfates, autant de phosphates, & de même pour tous les autres acides. Mais comme le soufre est susceptible de deux degrés d'oxygénation, qu'une première dose d'oxygène constitue l'acide sulfureux, & une seconde l'acide sulfurique; comme les sels neutres que forment ces deux acides avec les différentes bases ne sont pas les mêmes, & qu'ils ont des propriétés fort différentes, il a fallu les distinguer encore par une terminaison particulière: nous avons en conséquence désigné par le nom de sulfites, de phosphites, &c. les sels neutres formés par l'acide le moins oxygéné. Ainsi le soufre oxygéné sera susceptible de former 48 sels neutres, savoir vingt-quatre sulfates & vingt-quatre sulfites, & ainsi des autres substances susceptibles de deux degrés d'oxygénation.
Il seroit excessivement ennuyeux pour les lecteurs de suivre ces dénominations dans tous leurs détails; il suffit d'avoir exposé clairement la méthode de nommer: quand on l'aura saisie, on pourra l'appliquer sans effort à toutes les combinaisons possibles; & le nom de la substance combustible & acidifiable connu, on se rappellera toujours aisément le nom de l'acide qu'elle est susceptible de former, & celui de tous les sels neutres qui doivent en dériver.
Je m'en tiendrai donc à ces notions élémentaires; mais, pour satisfaire en même tems ceux qui pourroient avoir besoin de plus grands détails, j'ajouterai dans une seconde partie des Tableaux qui présenteront une récapitulation générale, non-seulement de tous les sels neutres, mais en général de toutes les combinaisons chimiques. J'y joindrai quelques courtes explications sur la manière la plus simple & la plus sûre de se procurer les différentes espèces d'acides, & sur les propriétés générales des sels neutres qui en résultent.
Je ne me dissimule pas qu'il auroit été nécessaire pour compléter cet Ouvrage, d'y joindre des observations particulières sur chaque espèce de sel, sur sa dissolubilité dans l'eau & dans l'esprit-de-vin, sur la proportion d'acide & de base qui entre dans sa composition, sur sa quantité d'eau de cristallisation, sur les différens degrés de saturation dont il est susceptible, enfin sur le degré de force avec laquelle l'acide tient à sa base. Ce travail immense a été commencé par M. Bergman, M. de Morveau, M. Kirwan & quelques autres célèbres Chimistes; mais il n'est encore que médiocrement avancé, & les bases sur lesquelles il repose ne sont pas même encore d'une exactitude rigoureuse. Des détails aussi nombreux n'auroient pas pu convenir à un Ouvrage élémentaire, & le tems de rassembler les matériaux & de compléter les expériences auroit retardé de plusieurs années la publication de cet Ouvrage. C'est un vaste champ ouvert au zèle & à l'activité des jeunes Chimistes; mais qu'il me soit permis de recommander, en terminant ici ma tâche, à ceux qui auront le courage de l'entreprendre, de s'attacher plutôt à faire bien qu'à faire beaucoup; à s'assurer d'abord par des expériences précises & multipliées de la composition des acides, avant de s'occuper de celle des sels neutres. Tout édifice destiné à braver les outrages du tems, doit être établi sur des fondemens solides; & dans l'état où est parvenue la Chimie, c'est en retarder la marche que d'établir ses progrès sur des expériences qui ne sont ni assez exactes, ni assez rigoureuses.
SECONDE PARTIE.
De la Combinaison des Acides avec les bases salifiables, & de la Formation des Sels neutres.
AVERTISSEMENT.
Si j'avois voulu suivre strictement le plan que je m'étois formé dans la distribution des différentes parties de cet Ouvrage, je me serois borné dans les Tableaux qui composeront cette seconde Partie, & dans les explications qui les accompagnent, à donner de courtes définitions des différens acides que l'on connoît, une description abrégée des procédés par lesquels on les obtient, & j'y aurois joint une simple nomenclature des sels neutres qui résultent de leurs combinaisons avec différentes bases. Mais j'ai reconnu que, sans ajouter beaucoup au volume de cet Ouvrage, je pourrois en augmenter beaucoup l'utilité, en présentant sous la même forme le tableau des substances simples, de celles qui entrent dans la composition des acides & des oxides, & leurs combinaisons.
Cette addition n'augmente que de dix le nombre des Tableaux strictement nécessaires pour la nomenclature de tous les sels neutres. J'y présente 1o. les substances simples, ou du moins celles que l'état actuel de nos connoissances nous oblige à regarder comme telles.
2o. Les radicaux oxidables & acidifiables doubles & triples, qui se combinent avec l'oxygène, à la manière des substances simples.
3o. Les combinaisons de l'oxygène avec les substances simples métalliques & non métalliques.
4o. Les combinaisons de l'oxygène avec les radicaux composés.
5o. Les combinaisons de l'azote avec les substances simples.
6o. Les combinaisons de l'hydrogène avec les substances simples.
7o. Les combinaisons du soufre avec les substances simples.
8o. Les combinaisons du phosphore avec les substances simples.
9o. Les combinaisons du carbone avec les substances simples.
10o. Les combinaisons de quelques autres radicaux avec les substances simples.
Ces dix Tableaux & les Observations qui les accompagnent, forment une espèce de récapitulation des quinze premiers Chapitres de cet Ouvrage. Les Tableaux qui sont à la suite & qui présentent l'ensemble de toutes les combinaisons salines, ont plus particulièrement rapport aux Chapitres XIV & XV.
On s'appercevra facilement que j'ai beaucoup profité dans ce travail de ce que M. de Morveau a publié dans le premier volume de l'Encyclopédie par ordre de matières; & en effet il m'auroit été difficile de puiser dans de meilleures sources, sur-tout d'après la difficulté de consulter les ouvrages étrangers dans leur langue originale. Je ne le citerai qu'une seule fois, au commencement de cette seconde Partie, pour ne pas être obligé de le citer à chaque article.
J'ai placé à la suite de chaque Tableau & vis-à-vis autant qu'il a été possible les explications qui y sont relatives.
Tableau des Substances simples.
| Noms nouveaux. | Noms anciens correspondans. | ||||
| Lumière. | Lumière. | ||||
| Substances simples qui appartiennent aux trois règnes & qu'on peut regarder comme les élémens des corps. | Calorique. | Chaleur. | |||
| Principe de la chaleur. | |||||
| Fluide igné. | |||||
| Feu. | |||||
| Matière du feu & de la chaleur. | |||||
| Oxygène. | Air déphlogistiqué. | ||||
| Air empiréal. | |||||
| Air vital. | |||||
| Base de l'air vital. | |||||
| Azote. | Gaz phlogistiqué. | ||||
| Mofete. | |||||
| Base de la mofete. | |||||
| Hydrogène. | Gaz inflammable. | ||||
| Base du gaz inflammable. | |||||
| Substances simples non métalliques oxidables & acidifiables. | Soufre. | Soufre. | |||
| Phosphore. | Phosphore. | ||||
| Carbone. | Charbon pur. | ||||
| Radical muriatique. | Inconnu. | ||||
| Radical fluorique. | Inconnu. | ||||
| Radical boracique. | Inconnu. | ||||
| Substances simples métalliques oxidables & acidifiables. | Antimoine. | Antimoine. | |||
| Argent. | Argent. | ||||
| Arsenic. | Arsenic. | ||||
| Bismuth. | Bismuth. | ||||
| Cobalt. | Cobalt. | ||||
| Cuivre. | Cuivre. | ||||
| Etain. | Etain. | ||||
| Fer. | Fer. | ||||
| Manganèse. | Manganèse. | ||||
| Mercure. | Mercure. | ||||
| Molybdène. | Molybdène. | ||||
| Nickel. | Nickel. | ||||
| Or. | Or. | ||||
| Platine. | Platine. | ||||
| Plomb. | Plomb. | ||||
| Tungstène. | Tungstène. | ||||
| Zinc. | Zinc. | ||||
| Substances simples salifiables terreuses. | Chaux. | Terre calcaire, chaux. | |||
| Magnésie. | Magnésie, base du sel d'Epsom. | ||||
| Baryte. | Barote, terre pesante. | ||||
| Alumine. | Argile, terre de l'alun, base de l'alun. | ||||
| Silice. | Terre siliceuse, terre vitrifiable. | ||||
OBSERVATIONS
Sur le Tableau des Substances simples, ou du moins de celles que l'état actuel de nos connoissances nous oblige à considérer comme telles.
La Chimie en soumettant à des expériences les différens corps de la nature, a pour objet de les décomposer & de se mettre en état d'examiner séparément les différentes substances qui entrent dans leur combinaison. Cette science a fait de nos jours des progrès très-rapides. Il sera facile de s'en convaincre si l'on consulte les différens auteurs qui ont écrit sur l'ensemble de la Chimie: on verra que dans les premiers tems on regardoit l'huile & le sel comme les principes des corps; que l'expérience & l'observation ayant amené de nouvelles connoissances, on s'apperçut ensuite que les sels n'étoient point des corps simples, qu'ils étoient composés d'un acide & d'une base, & que c'étoit de cette réunion que résultoit leur état de neutralité. Les découvertes modernes ont encore reculé de plusieurs degrés les bornes de l'analyse[7], elles nous ont éclairés sur la formation des acides, & nous ont fait voir qu'ils étoient formés par la combinaison d'un principe acidifiant commun à tous, l'oxygène, & d'un radical particulier pour chacun, qui les différencie & qui les constitue plutôt tel acide que tel autre. J'ai été encore plus loin dans cet ouvrage, puisque j'ai fait voir, comme M. Hassenfratz, au surplus l'avoit déjà annoncé, que les radicaux des acides eux-mêmes ne sont pas toujours des substances simples, même dans le sens que nous attachons à ce mot; qu'ils sont ainsi que le principe huileux, un composé d'hydrogène & de carbone. Enfin M. Berthollet a prouvé que les bases des sels n'étoient pas plus simples que les acides eux-mêmes, & que l'ammoniaque étoit un composé d'azote & d'hydrogène.
La Chimie marche donc vers son but & vers sa perfection, en divisant, subdivisant, & resubdivisant encore, & nous ignorons quel sera le terme de ses succès. Nous ne pouvons donc pas assurer que ce que nous regardons comme simple aujourd'hui le soit en effet: tout ce que nous pouvons dire, c'est que telle substance est le terme actuel auquel arrive l'analyse chimique, & qu'elle ne peut plus se subdiviser au-delà dans l'état actuel de nos connoissances.
Il est à présumer que les terres cesseront bientôt d'être comptées au nombre des substances simples; elles sont les seules de toute cette classe qui n'aient point de tendance à s'unir à l'oxygène, & je suis bien porté à croire que cette indifférence pour l'oxygène, s'il m'est permis de me servir de cette expression, tient à ce qu'elles en sont déjà saturées. Les terres, dans cette manière de voir, feroient des substances simples, peut-être des oxides métalliques oxygénées jusqu'à un certain point. Ce n'est au surplus qu'une simple conjecture que je présente ici. J'espère que le lecteur voudra bien ne pas confondre ce que je donne pour des vérités de fait & d'expérience avec ce qui n'est encore qu'hypothétique.
Je n'ai point fait entrer dans ce tableau les alkalis fixes, tels que la potasse & la soude, parce que ces substances sont évidemment composées, quoiqu'on ignore cependant encore la nature des principes qui entrent dans leur combinaison.
Tableau des Radicaux ou bases oxidables & acidifiables, composés, qui entrent dans les combinaisons à la manière des substances simples.
| Noms des Radicaux. | Observations. | |||
| Radicaux oxidables ou acidifiables composés, du règne minéral. | Radical nitro-muriatique, ou radical de l'eau régale. | C'est la base de l'eau régale des anciens Chimistes, célèbre par la propriété qu'elle a de dissoudre l'or. | ||
| Radicaux hydro-carboneux, ou carbone-hydreux du règne végétal, susceptibles d'être oxidés & acidifiés. | Radical tartareux. | Les anciens Chimistes ne connoissoient point la composition des acides, & ne se doutant pas qu'ils fussent formés de la réunion d'un radical particulier à chacun d'eux & d'un principe acidifiant commun à tous, ils n'ont pu donner aucun nom à des substances dont ils n'avoient aucune idée: nous nous sommes donc trouvés dans la nécessité de créer une Nomenclature pour cet objet; mais nous avons prévenu en même tems que cette Nomenclature seroit susceptible de modification, à mesure que la nature des radicaux composés seroit mieux connue. Voyez ce que j'ai dit à cet égard, chapitre XI. | ||
| Radical malique. | ||||
| Radical citrique. | ||||
| Radical pyro-ligneux. | ||||
| Radical pyro-muqueux. | ||||
| Radical pyro-tartareux. | ||||
| Radical oxalique. | ||||
| Radical acéteux. | ||||
| Radical succinique. | ||||
| Radical benzoïque. | ||||
| Radical camphorique. | ||||
| Radical gallique. | ||||
| Radicaux hydro-carboneux ou carbone-hydreux du règne animal dans la composition desquels entre presque toujours l'azote & souvent le phosphore & qui sont susceptibles d'être oxidés & acidifiés. XI. | Radical lactique. | |||
| Radical saccholactique. | ||||
| Radical formique. | ||||
| Radical bombique. | ||||
| Radical sébacique. | ||||
| Radical lithique. | ||||
| Radical prussique. | ||||
Les radicaux du règne végétal donnent par un premier degré d'oxigénation des oxides végétaux; tels que le sucre, l'amidon, la gomme ou le muqueux. Les radicaux animaux donnent des oxides animaux, tels que la limphe, &c. &c.
OBSERVATIONS
Sur le Tableau des Radicaux ou bases oxydables & acidifiables, composés de la réunion de plusieurs substances simples.
Les radicaux du règne végétal & du règne animal que présente ce tableau, & qui tous sont susceptibles d'être oxidés & acidifiés, n'ayant point encore été analysés avec précision, il est impossible de les assujétir encore à une nomenclature régulière. Des expériences dont quelques-unes me sont propres, & dont d'autres ont été faites par M. Hassenfratz, m'ont seulement appris qu'en général, presque tous les acides végétaux, tels que l'acide tartareux, l'acide oxalique, l'acide citrique, l'acide malique, l'acide acéteux, l'acide pyro-tartarique, l'acide pyro-mucique, ont pour radical l'hydrogène & le carbone, mais réunis de manière à ne former qu'une seule & même base; que tous ces acides ne diffèrent entr'eux que par la différence de proportion de ces deux substances, & par le degré d'oxygénation. Nous savons de plus, principalement par les expériences de M. Berthollet, que les radicaux du règne animal, & quelques-uns même du règne végétal sont plus composés, & qu'indépendamment de l'hydrogène & du carbone, ils contiennent encore souvent de l'azote, & quelquefois du phosphore; mais il n'existe point encore de calculs exacts sur les quantités. Nous nous sommes donc trouvés forcés de donner, à la manière des anciens, à ces différens radicaux des noms dérivés de celui de la substance dont ils ont été tirés. Sans doute, un jour & à mesure que nos connoissances acquerront plus de certitude & d'étendue, tous ces noms disparoîtront, & ils ne subsisteront plus que comme un témoignage de l'état dans lequel la science chimique nous a été transmise: ils feront place à ceux des radicaux hydro-carboneux & hydro-carbonique, carbone-hydreux & carbone-hydrique, comme je l'ai expliqué dans le chapitre XI, & le choix de ces noms sera déterminé par la proportion des deux bases dont ils sont composés.
On apperçoit aisément que les huiles étant composées d'hydrogène & de carbone, elles sont de véritables radicaux carbone-hydreux ou hydro-carboneux, & en effet, il suffit d'oxygéner des huiles pour les convertir d'abord en oxides, & ensuite en acides végétaux, suivant le degré d'oxygénation. On ne peut pas cependant assurer d'une manière positive que les huiles entrent toutes entières dans la composition des oxides & des acides végétaux; il est possible qu'elles perdent auparavant une portion de leur hydrogène ou de leur carbone, & que ce qui reste de l'une & de l'autre de ces substances ne soit plus dans la proportion nécessaire pour constituer des huiles. C'est sur quoi nous avons encore besoin d'être éclairés par l'expérience.
Nous ne connoissons, à proprement parler, dans le règne minéral d'autre radical composé que le radical nitro-muriatique. Il est formé par la réunion de l'azote avec le radical muriatique. Les autres acides composés ont été beaucoup moins étudiés, & ne présentent pas d'ailleurs des phénomènes aussi frappans.
OBSERVATIONS
Sur les combinaisons de la Lumière & du Calorique avec les différentes substances.
Je n'ai point formé de Tableau pour les combinaisons de la lumière & du calorique avec les substances simples ou composées; parce que nous n'avons point encore des idées suffisamment arrêtées sur ces sortes de combinaisons. Nous savons, en général, que tous les corps de la nature sont plongés dans le calorique, qu'ils en sont environnés, pénétrés de toutes parts, & qu'il remplit tous les intervalles que laissent entr'elles leurs molécules: que dans certains cas le calorique se fixe dans les corps, de manière même à constituer leurs parties solides; mais que le plus souvent il en écarte les molécules, il exerce sur elles une force répulsive, & que c'est de son action ou de son accumulation plus ou moins grande que dépend le passage des corps de l'état solide à l'état liquide, de l'état liquide à l'état aériforme. Enfin nous avons appelé du nom générique de gaz toutes les substances portées à l'état aériforme par une addition suffisante de calorique; en sorte que si nous voulons désigner l'acide muriatique, l'acide carbonique, l'hydrogène, l'eau, l'alkool dans l'état aériforme, nous leur donnons le nom de gaz acide muriatique, gaz acide carbonique, gaz hydrogène, gaz aqueux, gaz alkool.
A l'égard de la lumière, ses combinaisons & sa manière d'agir sur les corps sont encore moins connues. Il paroît seulement, d'après les expériences de M. Berthollet, qu'elle a une grande affinité avec l'oxygène, qu'elle est susceptible de se combiner avec lui, & qu'elle contribue avec le calorique à le constituer dans l'état de gaz. Les expériences qui ont été faites sur la végétation, donnent aussi lieu de croire que la lumière se combine avec quelques parties des plantes, & que c'est à cette combinaison qu'est due la couleur verte des feuilles & la diversité de couleurs des fleurs. Il est au moins certain que les plantes qui croissent dans l'obscurité sont étiolées, qu'elles sont absolument blanches, qu'elles sont dans un état de langueur & de souffrance, & qu'elles ont besoin pour reprendre leur vigueur naturelle & pour se colorer, de l'influence immédiate de la lumière.
On observe quelque chose de semblable sur les animaux eux-mêmes; les hommes, les femmes, les enfans s'étiolent jusqu'à un certain point dans les travaux sédentaires des manufactures, dans les logemens resserrés, dans les rues étroites des villes. Ils se développent au contraire, ils acquièrent plus de force & plus de vie dans la plupart des occupations champêtres & dans les travaux qui se font en plein air.
L'organisation, le sentiment, le mouvement spontané, la vie, n'existent qu'à la surface de la terre & dans les lieux exposés à la lumière. On diroit que la fable du flambeau de Prométhée étoit l'expression d'une vérité philosophique qui n'avoit point échappé aux anciens. Sans la lumière la nature étoit sans vie, elle étoit morte & inanimée: un Dieu bienfaisant, en apportant la lumière, a répandu sur la surface de la terre l'organisation, le sentiment & la pensée.
Mais ce n'est point ici le lieu d'entrer dans aucuns détails sur les corps organisés; c'est à dessein que j'ai évité de m'en occuper dans cet Ouvrage, & c'est ce qui m'a empêché de parler des phénomènes de la respiration, de la sanguification & de la chaleur animale. Je reviendrai un jour sur ces objets.
Tableau des Combinaisons binaires de l'oxygène avec les substances métalliques & non métalliques oxidables & acidifiables.
| Premier degré d'oxigénation. | ||||
| Noms nouveaux. | Noms anciens. | |||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples non métalliques, telles que: | Le calorique. | Le gaz oxygène. | Air vital ou déphlogistiqué. | |
| L'hydrogène. | On ne connoît qu'un degré de combinaison de l'oxygène & de l'hydrogène, & cette combinaison forme de l'eau. | |||
| L'azote. | Oxide nitreux ou base du gaz nitreux. | Gaz nitreux. | ||
| Le carbone. | Oxide de carbone. | Inconnu. | ||
| Le soufre. | Oxide de soufre. | Soufre mou. | ||
| Le phosphore. | Oxide de phosphore. | Résidu de la combustion du phosphore. | ||
| Le radical muriatique. | Oxide muriatique. | Inconnu. | ||
| Le radical fluorique. | Oxide fluorique. | Inconnu. | ||
| Le radical boracique. | Oxide boracique. | Inconnu. | ||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples métalliques, telles que: | L'antimoine. | Oxide gris d'antimoine. | Chaux grise d'antimoine. | |
| L'argent. | Oxide d'argent. | Chaux d'argent. | ||
| L'arsenic. | Oxide gris d'arsenic. | Chaux grise d'arsenic. | ||
| Le bismuth. | Oxide gris de bismuth. | Chaux grise de bismuth. | ||
| Le cobalt. | Oxide gris de cobalt. | Chaux grise de cobalt. | ||
| Le cuivre. | Oxide rouge brun de cuivre. | Chaux rouge brune de cuivre. | ||
| L'étain. | Oxide gris d'étain. | Chaux grise d'étain. | ||
| Le fer. | Oxide noir de fer. | Ethiops martial. | ||
| Le manganèse. | Oxide noir de manganèse. | Chaux noire de manganèse. | ||
| Le mercure. | Oxide noir de mercure. | Ethiops minéral. | ||
| Le molybdène. | Oxide de molybdène. | Chaux de molybdène. | ||
| Le nickel. | Oxide de nickel. | Chaux de nickel. | ||
| L'or. | Oxide jaune d'or. | Chaux jaune d'or. | ||
| Le platine. | Oxide jaune de platine. | Chaux jaune de platine. | ||
| Le plomb. | Oxide gris de plomb. | Chaux grise de plomb. | ||
| Le tungstène. | Oxide de tungstène. | Chaux de tungstène. | ||
| Le zinc. | Oxide gris de zinc. | Chaux grise de zinc. | ||
| Second degré d'oxigénation. | ||||
| Noms nouveaux. | Noms anciens. | |||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples non métalliques, telles que: | Le calorique. | |||
| L'hydrogène. | ||||
| L'azote. | Acide nitreux. | Acide nitreux fumant. | ||
| Le carbone. | Acide carboneux. | Inconnu. | ||
| Le soufre. | Acide sulfureux. | Acide sulfureux. | ||
| Le phosphore. | Acide phosphoreux. | Acide volatil du phosphore. | ||
| Le radical muriatique. | Acide muriateux. | Inconnu. | ||
| Le radical fluorique. | Acide fluoreux. | Inconnu. | ||
| Le radical boracique. | Acide boraceux. | Inconnu. | ||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples métalliques, telles que: | L'antimoine. | Oxide blanc d'antimoine. | Chaux blanche d'antimoine, Antimoine diaphorétique. |
|
| L'argent. | . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'arsenic. | Oxide blanc d'arsenic. | Chaux blanche d'arsenic. | ||
| Le bismuth. | Oxide blanc de bismuth. | Chaux blanche de bismuth. | ||
| Le cobalt. | . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le cuivre. | Oxide vert & bleu de cuivre. | Chaux verte & bleue de cuivre. | ||
| L'étain. | Oxide blanc d'étain. | Chaux blanche d'étain ou potée d'étain. | ||
| Le fer. | Oxide jaune & rouge de fer. | Ocre & rouille. | ||
| Le manganèse. | Oxide blanc de manganèse. | Chaux blanche de manganèse. | ||
| Le mercure. | Oxide jaune & rouge de mercure. | Turbith minéral, précipité rouge, précipité per se. | ||
| Le molybdène. | . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le nickel. | . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'or. | Oxide rouge d'or. | Chaux rouge d'or. Précipité pourpre de Cassius. |
||
| Le platine. | . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le plomb. | Oxide jaune & rouge de plomb. | Massicot & minium. | ||
| Le tungstène. | . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le zinc. | Oxide blanc de zinc. | Chaux blanche de zinc, Pompholix. | ||
| Troisième degré d'oxigénation. | ||||
| Noms nouveaux. | Noms anciens. | |||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples non métalliques, telles que: | Le calorique. | |||
| L'hydrogène. | ||||
| L'azote. | Acide nitrique. | Acide nitreux non fumant. | ||
| Le carbone. | Acide carbonique | Air fixe. | ||
| Le soufre. | Acide sulfurique. | Acide vitriolique. | ||
| Le phosphore. | Acide phosphorique. | Acide phosphorique. | ||
| Le radical muriatique. | Acide muriatique. | Acide marin. | ||
| Le radical fluorique. | Acide fluorique. | Inconnu des anciens. | ||
| Le radical boracique. | Acide boracique. | Sel sédatif de Homberg. | ||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples métalliques, telles que: | L'antimoine. | Acide antimonique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | |
| L'argent. | Acide argentique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'arsenic. | Acide arsenique. | Acide arsenical. | ||
| Le bismuth. | Acide bismutique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le cobalt. | Acide cobaltique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le cuivre. | Acide cuprique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'étain. | Acide stamnique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le fer. | Acide ferrique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le manganèse. | Acide manganique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le mercure. | Acide mercurique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le molybdène. | Acide molybdique. | Acide de la molybdène. | ||
| Le nickel. | Acide nickelique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'or. | Acide aurique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le platine. | Acide platinique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le plomb. | Oxide plombique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le tungstène. | Acide tungstique. | Acide de la tungstène. | ||
| Le zinc. | Acide zincique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Quatrième degré d'oxigénation. | ||||
| Noms nouveaux. | Noms anciens. | |||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples non métalliques, telles que: | Le calorique. | |||
| L'hydrogène. | ||||
| L'azote. | Acide nitrique oxigéné. | Inconnu. | ||
| Le carbone. | Acide carbonique oxigéné. | Inconnu. | ||
| Le soufre. | Acide sulfurique oxigéné. | Inconnu. | ||
| Le phosphore. | Acide phosphorique oxigéné. | Inconnu. | ||
| Le radical muriatique. | Acide muriatique oxigéné. | Acide marin déphlogistiqué. | ||
| Le radical fluorique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le radical boracique. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Combinaisons de l'oxygène avec les substances simples métalliques, telles que: | L'antimoine. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | |
| L'argent. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'arsenic. | Acide arsenic oxigéné. | Inconnu. | ||
| Le bismuth. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le cobalt. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le cuivre. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'étain. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le fer. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le manganèse. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le mercure. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le molybdène. | Acide molybdique oxygéné. | Inconnu. | ||
| Le nickel. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| L'or. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le platine. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le plomb. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
| Le tungstène. | Acide tungstique oxygéné. | Inconnu. | ||
| Le zinc. | . . . . . . . . . . . . . . . . . | . . . . . . . . . . . . . . . . | ||
OBSERVATIONS
Sur les combinaisons binaires de l'Oxygène avec les substances simples métalliques & non métalliques.
L'Oxygène est une des substances les plus abondamment répandues dans la nature, puisqu'elle forme près du tiers en poids de notre atmosphère, & par conséquent du fluide élastique que nous respirons. C'est dans ce réservoir immense que vivent & croissent les animaux & les végétaux, & c'est également de lui que nous tirons principalement tout l'oxygène que nous employons dans nos expériences. L'attraction réciproque qui s'exerce entre ce principe & les différentes substances est telle, qu'il est impossible de l'obtenir seul & dégagé de toute combinaison. Dans notre atmosphère, il est uni au calorique qui le tient en état de gaz, & il est mêlé avec environ deux tiers en poids de gaz azote.
Il faut, pour qu'un corps s'oxygène, réunir un certain nombre de conditions: la première est que les molécules constituantes de ce corps n'exercent pas sur elles-mêmes une attraction plus forte que celle qu'elles exercent sur l'oxygène; car il est évident qu'alors il ne peut plus y avoir de combinaison. L'art dans ce cas peut venir au secours de la nature, & l'on peut diminuer presqu'à volonté l'attraction des molécules des corps, en les échauffant, c'est-à-dire, en y introduisant du calorique.
Echauffer un corps, c'est écarter les unes des autres les molécules qui le constituent; & comme l'attraction de ces molécules diminue suivant une certaine loi relative à la distance, il se trouve nécessairement un instant où les molécules exercent une plus forte attraction sur l'oxygène, qu'elles n'en exercent sur elles-mêmes; c'est alors que l'oxygénation a lieu.
On conçoit que le degré de chaleur auquel commence ce phénomène, doit être différent pour chaque substance. Ainsi, pour oxygéner la plupart des corps & en général presque toutes les substances simples, il ne s'agit que de les exposer à l'action de l'air de l'atmosphère, & de les élever à une température convenable. Cette température pour le plomb, le mercure, l'étain, n'est pas fort supérieure à celle dans laquelle nous vivons. Il faut au contraire un degré de chaleur assez grand pour oxygéner le fer, le cuivre, &c. du moins par la voie sèche & lorsque l'oxygénation n'est point aidée par l'action de l'humidité. Quelquefois l'oxygénation se fait avec une extrême rapidité, & alors elle est accompagnée de chaleur, de lumière & même de flamme; telle est la combustion du phosphore dans l'air de l'atmosphère, & celle du fer dans le gaz oxygène. Celle du soufre est moins rapide: enfin celle du plomb, de l'étain & de la plupart des métaux, se fait beaucoup plus lentement & sans que le dégagement du calorique, & sur-tout de la lumière, soit sensible.
Il est des substances qui ont une telle affinité pour l'oxygène, & qui ont la propriété de s'oxygéner à une température si basse, que nous ne les voyons que dans l'état d'oxygénation. Tel est l'acide muriatique que l'art, ni peut-être la nature, n'ont encore pu décomposer, & qui ne se présente à nous que dans l'état d'acide. Il est probable qu'il y a beaucoup d'autres substances du règne minéral qui, comme l'acide muriatique, sont nécessairement oxygénées au degré de chaleur dans lequel nous vivons; & c'est sans doute parce qu'elles sont déjà saturées d'oxygène, qu'elles n'exercent plus aucune action sur ce principe.
L'exposition des substances simples à l'air, élevées à un certain degré de température, n'est pas le seul moyen de les oxygéner. Au lieu de leur présenter l'oxygène uni au calorique, on peut leur présenter cette substance unie à un métal avec lequel elle ait peu d'affinité. L'oxide rouge de mercure est un des plus propres à remplir cet objet, sur-tout à l'égard des corps qui ne sont point attaqués par le mercure. L'oxygène dans cet oxide tient très-peu au métal, & même il n'y tient plus au degré de chaleur qui commence à faire rougir le verre. En conséquence on oxygène avec beaucoup de facilité tous les corps qui en sont susceptibles, en les mêlant avec de l'oxide rouge de mercure, & en les élevant à un degré de chaleur médiocre.
L'oxide noir de manganèse, l'oxide rouge de plomb, les oxides d'argent, & en général presque tous les oxides métalliques peuvent remplir jusqu'à un certain point le même objet, en choisissant de préférence ceux dans lesquels l'oxygène a le moins d'adhérence. Toutes les réductions ou revivifications métalliques ne sont même que des opérations de ce genre: elles ne sont autre chose que des oxygénations du charbon par un oxide métallique quelconque. Le charbon combiné avec l'oxygène & avec du calorique, s'échappe sous forme de gaz acide carbonique, & le métal reste pur & revivifié.
On peut encore oxygéner toutes les substances combustibles en les combinant, soit avec du nitrate de potasse ou de soude, soit avec du muriate oxygéné de potasse. A un certain degré de chaleur, l'oxygène quitte le nitrate & le muriate, pour se combiner avec le corps combustible: mais ces sortes d'oxygénation ne doivent être tentées qu'avec des précautions extrêmes & sur de très-petites quantités. L'oxygène entre dans la combinaison des nitrates & sur-tout des muriates oxygénés, avec une quantité de calorique presqu'égale à celle qui est nécessaire pour le constituer gaz oxygène. Cette immense quantité de calorique devient subitement libre au moment de sa combinaison avec les corps combustibles; & il en résulte des détonations terribles auxquelles rien ne résiste.
Enfin on peut oxygéner par la voie humide une partie des corps combustibles, & transformer en acides la plupart des oxides des trois règnes. On se sert principalement à cet effet de l'acide nitrique, auquel l'oxygène tient peu & qui le cède facilement à un grand nombre de corps, à l'aide d'une douce chaleur. On peut également employer l'acide muriatique oxygéné pour quelques-unes de ces opérations, mais non pas pour toutes.
J'appelle binaires les combinaisons des substances simples avec l'oxygène, parce qu'elles ne sont formées que de la réunion de deux substances. Je nommerai combinaisons ternaires celles composées de trois substances simples, & combinaisons quaternaires celles composées de quatre substances.
Tableau des combinaisons de l'Oxygène avec les radicaux composés.
| Noms des radicaux. | Noms des acides qui en résultent. | ||||
| Nomenclature nouvelle. | Nomenclature ancienne. | ||||
| Combinaisons de l'oxigène avec les radicaux composés du règne minéral, tels que: | Le radical nitro-muriatique. | L'acide nitro-muriatique. | L'eau régale. | ||
| Combinaisons de l'oxigène avec les radicaux carbone-hydreux & hydro-carboneux du règne végétal tels que le radical: * | tartarique. | L'acide tartareux. | inconnu des anciens. | ||
| malique. | L'acide malique. | inconnu des anciens. | |||
| citrique. | L'acide citrique. | L'acide du citron. | |||
| pyro-lignique. | L'acide pyro-ligneux. | L'acide empyreumatique du bois. | |||
| pyro-mucique. | L'acide pyro-muqueux. | L'acide empyreumatique du sucre. | |||
| pyro-tartarique. | L'acide pyro-tartareux. | L'acide empyreumatique du tartre. | |||
| oxalique. | L'acide oxalique. | Le sel d'oseille. | |||
| acétique. | L'acide acéteux ou acétique. | Le vinaigre, l'acide du vinaigre. | |||
| Le vinaigre radical. | |||||
| succinique. | L'acide succinique. | Le sel volatil de succin. | |||
| benzoïque. | L'acide benzoïque. | Les fleurs de benjoin. | |||
| camphorique. | L'acide camphorique. | inconnu des anciens. | |||
| gallique. | L'acide gallique. | Le principe astringent des végétaux. | |||
| Combinaisons de l'oxigène avec les radicaux carbone-hydreux & hydro-carboneux du règne animal, auxquels se joint presque toujours l'azote & souvent le phosphore, tels que le radical: ** | lactique. | L'acide lactique. | L'acide du petit lait aigri. | ||
| saccho-lactique. | L'acide saccho-lactique. | inconnu des anciens. | |||
| formique. | L'acide formique. | L'acide des fourmis. | |||
| bombique. | L'acide bombique. | inconnu des anciens. | |||
| sébacique. | L'acide sébacique. | inconnu des anciens. | |||
| lithique. | L'acide lithique. | Le calcul de la vessie. | |||
| prussique. | L'acide prussique. | La matière colorante du bleu de Prusse. | |||
* Ces radicaux, par un premier degré d'oxigénation, donnent le sucre, l'amidon, le muqueux, & en général tous les oxides végétaux.
** Ces radicaux, par un premier degré d'oxigénation, donnent la limphe animale, différentes humeurs, & en général tous les oxides animaux.
OBSERVATIONS
Sur les combinaisons de l'Oxigène avec les Radicaux composés.
Depuis que j'ai publié dans les Mémoires de l'Académ. année 1776, pag. 671, & 1778, page 535, une nouvelle théorie sur la nature & sur la formation des acides; & que j'en ai conclu que le nombre de ces substances devoit être beaucoup plus grand qu'on ne l'avoit pensé jusqu'alors, une nouvelle carrière s'est ouverte en Chimie: au lieu de cinq ou six acides qu'on connoissoit, on en a découvert successivement jusqu'à trente, & le nombre des sels neutres s'est accru dans la même proportion. Ce qui nous reste à étudier maintenant, est la nature des bases acidifiables & le degré d'oxygénation dont elles sont susceptibles. J'ai déjà fait observer que dans le règne minéral, presque tous les radicaux oxidables & acidifiables étoient simples; que dans le règne végétal au contraire, & sur-tout dans le règne animal, il n'en existoit presque pas qui ne fussent composés au moins de deux substances, d'hydrogène & de carbone; que souvent l'azote & le phosphore s'y réunissoient, & qu'il en résultoit des radicaux à quatre bases.
Les oxides & acides animaux & végétaux peuvent, d'après ces observations, différer entr'eux, 1o. par le nombre des principes acidifians qui constituent leur base; 2o. par la différente proportion de ces principes; 3o. par le différent degré d'oxygénation; ce qui suffit & au-delà pour expliquer le grand nombre de variétés que nous présente la nature. Il n'est pas étonnant, d'après cela, qu'on puisse convertir presque tous les acides végétaux les uns dans les autres; il ne s'agit, pour y parvenir, que de changer la proportion du carbone & de l'hydrogène, ou de les oxygéner plus ou moins. C'est ce qu'a fait M. Crell dans des expériences très-ingénieuses, qui ont été confirmées & étendues depuis par M. Hassenfratz. Il en résulte que le carbone & l'hydrogène donnent par un premier degré d'oxygénation de l'acide tartareux, par un second de l'acide oxalique, par un troisième de l'acide acéteux ou acétique. Il paroîtroit seulement que le carbone entre dans une proportion un peu moindre dans la combinaison des acides acéteux & acétique. L'acide citrique & l'acide malique diffèrent très-peu des précédens.
Doit-on conclure de ces réflexions, que les huiles soient la base, qu'elles soient le radical des acides végétaux & animaux? J'ai déjà exposé mes doutes à cet égard. Premièrement, quoique les huiles paroissent n'être uniquement composées que d'hydrogène & de carbone, nous ne savons pas si la proportion qu'elles en contiennent est précisément celle nécessaire pour constituer les radicaux des acides. Secondement, puisque les acides végétaux & animaux ne sont pas seulement composés d'hydrogène, & de carbone, mais que l'oxygène entre également dans leur combinaison, il n'y a pas de raison de conclure qu'ils contiennent plutôt de l'huile que de l'acide carbonique & de l'eau. Ils contiennent bien, il est vrai, les matériaux propres à chacune de ces combinaisons; mais ces combinaisons ne sont point réalisées à la température habituelle dont nous jouissons, & les trois principes sont dans un état d'équilibre, qu'un degré de chaleur un peu supérieur à celui de l'eau bouillante suffit pour troubler. On peut consulter ce que j'ai dit à cet égard, page 132 & suivantes de cet Ouvrage.
Tableau des combinaisons binaires de l'Azote avec les substances simples.
| Substances simples. | Résultat des combinaisons. | |||||
| Nomenclature nouvelle. | Nomenclature anc. | |||||
| Combinaisons de l'azote avec: | Le calorique. | Le gaz azote. | Air phlogistiqué, mofète. | |||
| L'hydrogène. | L'ammoniaque. | Alkali volatil. | ||||
| L'oxigène. | Oxide nitreux. | Base du gaz nitreux. | ||||
| Acide nitreux. | Acide nitreux fumant. | |||||
| Acide nitrique. | Acide nitreux blanc. | |||||
| Le Carbone. | Azoture de carbone. Combinaison inconnue. On sait seulement que le carbone est susceptible de se dissoudre dans l'azote, & il en résulte un gaz azotique carboné. |
Inconnue. | ||||
| Le phosphore. | Azoture de phosphore. Combinaison inconnue. |
Inconnue. | ||||
| Le soufre. | Azoture de soufre. Combinaison inconnue. On sait seulement que le soufre est susceptible de se dissoudre dans le gaz azotique, & il en résulte un gaz azotique sulfuré. |
Inconnue. | ||||
| Les radicaux composés. | L'azote se combine avec le carbone & l'hydrogène, & quelquefois avec le phosphore, pour former des radicaux composés, qui sont susceptibles, comme on l'a vu plus haut, de s'oxider & de s'acidifier. Ce principe entre généralement dans tous les radicaux du règne animal. | Inconnues. | ||||
| Les substances métalliques. | Ces combinaisons sont absolument inconnues. Si elles sont découvertes un jour, on les nommera azotures métalliques. | Inconnues. | ||||
| La chaux. | Toutes ces combinaisons sont entièrement inconnues. Si un jour elles sont reconnues possibles, elles seront nommées azotures de chaux, azotures magnésiènes, &c. | |||||
| La magnésie. | ||||||
| La baryte. | ||||||
| L'alumine. | ||||||
| La potasse. | ||||||
| La soude. | ||||||
OBSERVATIONS
Sur l'Azote & sur ses combinaisons avec les substances simples.
L'Azote est un des principes les plus abondamment répandus dans la nature. Combiné avec le calorique, il forme le gaz azote ou la mofète, qui entre environ pour les deux tiers dans le poids de l'air de l'atmosphère. Il demeure constamment dans l'état de gaz au degré de pression & de température dans lequel nous vivons; aucun degré de compression ni de froid n'ont encore pu le réduire à l'état liquide ou solide.
Ce principe est aussi un des élémens qui constitue essentiellement les matières animales: il y est combiné avec le carbone & l'hydrogène, quelquefois avec le phosphore, & le tout est lié par une certaine portion d'oxygène qui les met ou à l'état d'oxide, ou à celui d'acide, suivant le degré d'oxygénation. La nature des matières animales peut donc varier comme celles des matières végétales, de trois manières, 1o. par le nombre des substances qui entrent dans la combinaison du radical, 2o. par leur proportion, 3o. par le degré d'oxygénation.
L'azote combiné avec l'oxygène forme les oxides & acides nitreux & nitrique; combiné avec l'hydrogène, il forme l'ammoniaque: ses autres combinaisons avec les substances simples sont peu connues. Nous leur donnerons le nom d'azotures, pour conserver l'identité de terminaison en ure que nous avons affectée à toutes les substances non-oxygénées. Il est assez probable que toutes les substances alkalines appartiennent à ce genre de combinaisons.
Il y a plusieurs manières d'obtenir le gaz azote: la première, de le tirer de l'air commun en absorbant par le sulfure de potasse ou de chaux dissous dans l'eau, le gaz oxygène qu'il contient. Il faut douze ou quinze jours pour que l'absorption soit complette; en supposant même qu'on agite & qu'on renouvelle les surfaces, & qu'on rompe la pellicule qui s'y forme.
La seconde, de le tirer des matières animales en les dissolvant dans de l'acide nitrique affoibli & presqu'à froid. L'azote, dans cette opération, se dégage sous forme de gaz, & on le reçoit sous des cloches remplies d'eau dans l'appareil pneumato-chimique: mêlé avec un tiers en poids de gaz oxygène, il reforme de l'air atmosphérique.
Une troisième manière d'obtenir le gaz azote, est de le retirer du nitre par la détonation, soit avec le charbon, soit avec quelques autres corps combustibles. Dans le premier cas, le gaz azote se dégage mêlé avec du gaz acide carbonique, qu'on absorbe ensuite par de l'alkali caustique ou de l'eau de chaux, & le gaz azote reste pur.
Enfin un quatrième moyen d'obtenir le gaz azote, est de le tirer de la combinaison de l'ammoniaque avec les oxides métalliques. L'hydrogène de l'ammoniaque se combine avec l'oxygène de l'oxide; il se forme de l'eau, comme l'a observé M. de Fourcroy: en même tems l'azote devenu libre, se dégage sous la forme de gaz.
Il n'y a pas long-tems que les combinaisons de l'azote sont connues en Chimie. M. Cavendish est le premier qui l'ait observé dans le gaz & dans l'acide nitreux. M. Berthollet l'a ensuite découvert dans l'ammoniaque & dans l'acide prussique. Tout jusqu'ici porte à croire que cette substance est un être simple & élémentaire; rien ne prouve au moins qu'elle ait encore été décomposée, & ce motif suffit pour justifier la place que nous lui avons assignée.
Tableau des combinaisons binaires de l'Hydrogène avec les substances simples.
| Noms des Substances simples. | Résultat des combinaisons. | |||||
| Nomenclature nouvelle. | Observations. | |||||
| Combinaisons de l'hydrogène avec: | Le calorique. | Gaz hydrogène. | Cette combinaison de l'oxygène & du carbone comprend les huiles fixes & volatiles, & forme le radical d'une partie des oxides & des acides végétaux & animaux; lorsqu'elle a lieu dans l'état de gaz, il en résulte du gaz hydrogène carboné. | |||
| L'azote. | Ammoniaque ou alkali volatil. | |||||
| L'oxigène. | Eau. | |||||
| Le soufre. | Combinaison inconnue. * | |||||
| Le phosphore. | ||||||
| Le carbone | Radical hydro-carboneux ou carbone-hydreux. | |||||
| L'antimoine. | Hydrure d'antimoine. | Aucunes de ces combinaisons ne sont connues, & il y a toute apparence qu'elles ne peuvent exister à la température dans laquelle nous vivons, à cause de la grande affinité de l'hydrogène pour le calorique. | ||||
| L'argent. | Hydrure d'argent. | |||||
| L'arsenic. | Hydrure d'arsenic. | |||||
| Le bismuth. | Hydrure de bismuth. | |||||
| Le cobalt. | Hydrure de cobalt. | |||||
| Le cuivre. | Hydrure de cuivre. | |||||
| L'étain. | Hydrure d'étain. | |||||
| Le fer. | Hydrure de fer. | |||||
| Le manganèse. | Hydrure de manganèse. | |||||
| Le mercure. | Hydrure de mercure. | |||||
| Le molybdène. | Hydrure de molybdène. | |||||
| Le nickel. | Hydrure de nickel. | |||||
| L'or. | Hydrure d'or. | |||||
| Le platine. | Hydrure de platine. | |||||
| Le plomb. | Hydrure de plomb. | |||||
| Le tungstène. | Hydrure de tungstène. | |||||
| Le zinc. | Hydrure de zinc. | |||||
| La potasse. | Hydrure de potasse. | |||||
| La soude. | Hydrure de soude. | |||||
| L'ammoniaque. | Hydrure d'ammoniaque. | |||||
| La chaux. | Hydrure de chaux. | |||||
| La magnésie. | Hydrure de magnésie. | |||||
| La baryte. | Hydrure de baryte. | |||||
| L'alumine. | Hydrure d'alumine. | |||||
* Ces combinaisons ont lieu dans l'état de gaz & il en résulte du gaz hydrogène sulfuré & phosphoré.
OBSERVATIONS
Sur l'Hydrogène, & sur le tableau de ses combinaisons.
L'hydrogène, comme l'exprime sa dénomination, est un des principes de l'eau; il entre pour quinze centièmes dans sa composition: l'oxygène en forme les quatre-vingt-cinq autres centièmes. Cette substance dont ses propriétés & même l'existence ne sont connues que depuis très-peu de tems, est un des principes des plus abondamment répandus dans la nature: c'est un de ceux qui jouent le principal rôle dans le règne végétal & dans le règne animal.
L'affinité de l'hydrogène pour le calorique est telle qu'il reste constamment dans l'état de gaz au degré de chaleur & de pression dans lequel nous vivons. Il nous est donc impossible de connoître ce principe dans un état concret & dépouillé de toute combinaison.
Pour obtenir l'hydrogène ou plutôt le gaz hydrogène, il ne faut que présenter à l'eau une substance pour laquelle l'oxygène ait plus d'affinité qu'il n'en a avec l'hydrogène. Aussitôt l'hydrogène devient libre, il se combine avec le calorique & forme le gaz hydrogène. C'est le fer qu'on a coutume d'employer pour opérer cette séparation, & il faut pour cela qu'il soit élevé à un degré de chaleur capable de le faire rougir. Le fer s'oxide dans cette opération, & devient semblable à la mine de fer de l'île d'Elbe. Dans cet état il est beaucoup moins attirable à l'aimant, & il se dissout sans effervescence dans les acides.
Le carbone, lorsqu'il est rouge & embrâsé, a également la propriété de décomposer l'eau & d'enlever l'oxygène à l'hydrogène: mais alors il se forme de l'acide carbonique qui se mêle avec le gaz hydrogène; on l'en sépare facilement, parce que l'acide carbonique est absorbable par l'eau & par les alkalis, tandis que l'hydrogène ne l'est pas. On peut encore obtenir du gaz hydrogène en faisant dissoudre du fer ou du zinc dans de l'acide sulfurique étendu d'eau. Ces deux métaux qui ne décomposent que très-difficilement & très-lentement l'eau lorsqu'ils sont seuls, la décomposent au contraire avec beaucoup de facilité lorsqu'ils sont aidés par la présence de l'acide sulfurique. L'hydrogène s'unit au calorique dans cette opération, aussitôt qu'il est dégagé, & on l'obtient dans l'état de gaz hydrogène.
Quelques Chimistes d'un ordre très-distingué se persuadent que l'hydrogène est le phlogistique de Stalh, & comme ce célèbre Chimiste admettoit du phlogistique dans les métaux, dans le soufre, dans le charbon, &c. ils sont obligés de supposer qu'il existe également, de l'hydrogène fixé & combiné dans toutes ces substances: ils le supposent, mais ils ne le prouvent pas, & quand ils le prouveroient, ils ne seroient pas beaucoup plus avancés, puisque ce dégagement du gaz hydrogène n'explique en aucune manière les phénomènes de la calcination & de la combustion. Il faudroit toujours en revenir à l'examen de cette question; le calorique & la lumière qui se dégagent pendant les différentes espèces de combustion, sont-ils fournis par le corps qui brûle ou par le gaz oxygène qui se fixe dans toutes les opérations? & certainement la supposition de l'hydrogène dans les différens corps combustibles ne jette aucune lumière sur cette question. C'est au surplus à ceux qui supposent à prouver; & toute doctrine qui expliquera aussi bien & aussi naturellement que la leur, sans supposition, aura au moins l'avantage de la simplicité.
On peut voir ce que nous avons publié sur cette grande question, M. de Morveau, M. Bertholet, M. de Fourcroy & moi, dans la traduction de l'essai de M. Kirwan sur le phlogistique.
Tableau des combinaisons binaires du Soufre non oxygéné avec les substances simples.
| Noms des Substances simples. | Résultat des combinaisons. | |||||
| Nomenclature nouvelle. | Noms anciens correspondans avec la nouvelle Nomenclature. | |||||
| Combinaisons du soufre avec: | Le calorique. | Gaz du soufre. | ||||
| L'oxigène. | Oxide de soufre. | Soufre mou. | ||||
| Acide sulfureux. | Acide sulfureux. | |||||
| Acide sulfurique. | Acide vitriolique. | |||||
| L'hydrogène. | Sulfure d'hydrogène. | Combinaisons inconnues. | ||||
| L'azote. | Sulfure d'azote ou azote sulfuré. | |||||
| Le phosphore. | Sulfure de phosphore. | |||||
| Le carbone. | Sulfure de carbone. | |||||
| L'antimoine. | Sulfure d'antimoine. | Antimoine crud. | ||||
| L'argent. | Sulfure d'argent. | |||||
| L'arsenic. | Sulfure d'arsenic. | Orpiment, réalgar. | ||||
| Le bismuth. | Sulfure de bismuth. | |||||
| Le cobalt. | Sulfure de cobalt. | |||||
| Le cuivre. | Sulfure de cuivre. | Pyrite de cuivre. | ||||
| L'étain. | Sulfure d'étain. | |||||
| Le fer. | Sulfure de fer. | Pyrite de fer. | ||||
| Le manganèse. | Sulfure de manganèse. | |||||
| Le mercure. | Sulfure de mercure. | Ethiops minéral, cinnabre. | ||||
| Le molybdène. | Sulfure de molybdène. | |||||
| Le nickel. | Sulfure de nickel. | |||||
| L'or. | Sulfure d'or. | |||||
| Le platine. | Sulfure de platine. | |||||
| Le plomb. | Sulfure de plomb. | Galène. | ||||
| Le tungstène. | Sulfure de tungstène. | |||||
| Le zinc. | Sulfure de zinc. | Blende. | ||||
| La potasse. | Sulfure de potasse. | Foie de soufre à base d'alkali fixe végétal. | ||||
| La soude. | Sulfure de soude. | Foie de soufre à base d'alkali fixe minéral. | ||||
| L'ammoniaque. | Sulfure d'ammoniaque. | Foie de soufre volatil, liqueur fumante de Boyle. | ||||
| La chaux. | Sulfure de chaux. | Foie de soufre à base calcaire. | ||||
| La magnésie. | Sulfure de magnésie. | Foie de soufre à base de magnésie. | ||||
| La baryte. | Sulfure de baryte. | Foie de soufre à base de terre pesante. | ||||
| L'alumine. | Sulfure d'alumine. | Combinaison inconnue. | ||||
OBSERVATIONS
Sur le Soufre & sur le tableau de ses combinaisons avec les substances simples.
Le soufre est une des substances combustibles qui a le plus de tendance à la combinaison. Il est naturellement dans l'état concret à la température habituelle dans laquelle nous vivons, & ne se liquéfie qu'à une chaleur supérieure de plusieurs degrés à celle de l'eau bouillante.
La nature nous présente le soufre tout formé, & à-peu-près porté au dernier degré de pureté dont il est susceptible dans le produit des volcans; elle nous le présente encore, & beaucoup plus souvent dans l'état d'acide sulfurique, c'est-à-dire combiné avec l'oxygène, & c'est dans cet état qu'il se trouve dans les argiles, dans les gypses, &c. Pour ramener à l'état de soufre l'acide sulfurique de ces substances, il faut lui enlever l'oxygène, & on y parvient en le combinant à une chaleur rouge avec du carbone. Il se forme de l'acide carbonique qui se dégage dans l'état de gaz, & il reste un sulfure qu'on décompose par un acide: l'acide s'unit à la base & le soufre se précipite.
Tableau des combinaisons binaires du Phosphore non oxygéné avec les substances simples.
| Noms des Substances simples. | Résultat des combinaisons. | |||||
| Nomenclature nouvelle. | Observations. | |||||
| Combinaisons du phosphore avec: | Le calorique. | Gaz du phosphore. | ||||
| L'oxigène. | Oxide de phosphore. | |||||
| Acide phosphoreux. | ||||||
| Acide phosphorique. | ||||||
| L'hydrogène. | Phosphure d'hydrogène. | |||||
| L'azote. | Phosphure d'azote. | |||||
| Le soufre. | Phosphure de soufre. | |||||
| Le carbone. | Phosphure de carbone. | |||||
| L'antimoine. | Phosphure d'antimoine. | De toutes ces combinaisons, on ne connoît encore que le phosphure de fer, auquel on a donné le nom très-impropre de sidérite; encore est-il incertain si le phosphore est oxigéné ou non oxigéné dans cette combinaison. | ||||
| L'argent. | Phosphure d'argent. | |||||
| L'arsenic. | Phosphure d'arsenic. | |||||
| Le bismuth. | Phosphure de bismuth. | |||||
| Le cobalt. | Phosphure de cobalt. | |||||
| Le cuivre. | Phosphure de cuivre. | |||||
| L'étain. | Phosphure d'étain. | |||||
| Le fer. | Phosphure de fer. | |||||
| Le manganèse. | Phosphure de manganèse. | |||||
| Le mercure. | Phosphure de mercure. | |||||
| Le molybdène. | Phosphure de molybdène. | |||||
| Le nickel. | Phosphure de nickel. | |||||
| L'or. | Phosphure d'or. | |||||
| Le platine. | Phosphure de platine. | |||||
| Le plomb. | Phosphure de plomb. | |||||
| Le tungstène. | Phosphure de tungstène. | |||||
| Le zinc. | Phosphure de zinc. | |||||
| La potasse. | Phosphure de potasse. | Ces combinaisons ne sont point encore connues. Il y a apparence qu'elles sont impossibles, d'après les expériences de M. Gengembre. | ||||
| La soude. | Phosphure de soude. | |||||
| L'ammoniaque. | Phosphure d'ammoniaque. | |||||
| La chaux. | Phosphure de chaux. | |||||
| La baryte. | Phosphure de baryte. | |||||
| La magnésie. | Phosphure de magnésie. | |||||
| L'alumine. | Phosphure d'alumine. | |||||
OBSERVATIONS
Sur le Phosphore & sur le Tableau de ses combinaisons avec les substances simples.
Le phosphore est une substance combustible simple, dont l'existence avoit échappé aux recherches des anciens Chimistes. C'est en 1667 que la découverte en fut faite par Brandt, qui fit mystère de son procédé: bientôt après Kunckel découvrit le secret de Brandt; il le publia, & le nom de phosphore de Kunckel qui lui a été conservé jusqu'à nos jours, prouve que la reconnoissance publique se porte sur celui qui publie, plutôt que sur celui qui découvre, quand il fait mystère de sa découverte. C'est de l'urine seule qu'on tiroit alors le phosphore: quoique la méthode de le préparer eût été décrite dans plusieurs ouvrages, & notamment par M. Homberg, dans les mémoires de l'Académie des Sciences, année 1692, l'Angleterre a été long-tems en possession d'en fournir seule aux savans de toute l'Europe. Ce fut en 1737 qu'il fut fait pour la première fois en France, au Jardin Royal des Plantes, en présence des commissaires de l'Académie des Sciences. Maintenant on le tire d'une manière plus commode, & sur-tout plus économique, des os des animaux, qui sont un véritable phosphate calcaire. Le procédé le plus simple consiste, d'après MM. Gahn, Schéele, Rouelle, &c. à calciner des os d'animaux adultes, jusqu'à ce qu'ils soient presque blancs. On les pile & on les passe au tamis de soie; on verse ensuite dessus de l'acide sulfurique étendu d'eau, mais en quantité moindre qu'il n'en faut pour dissoudre la totalité des os. Cet acide s'unit à la terre des os pour former du sulfate de chaux: en même tems l'acide phosphorique est dégagé & reste libre dans la liqueur. On décante alors, on lave le résidu, & on réunit l'eau du lavage à la liqueur décantée; on fait évaporer, afin de séparer du sulfate de chaux qui se cristallise en filets soyeux, & on finit par obtenir l'acide phosphorique sous forme d'un verre blanc & transparent qui, réduit en poudre & mêlé avec un tiers de son poids de charbon, donne de bon phosphore. L'acide phosphorique qu'on obtient par ce procédé, n'est jamais aussi pur que celui retiré du phosphore, soit par la combustion, soit par l'acide nitrique; il ne doit donc point être employé pour des expériences de recherches.
Le phosphore se rencontre dans presque toutes les substances animales, & dans quelques plantes qui ont, d'après l'analyse chimique, un caractère animal. Il y est ordinairement combiné avec le carbone, l'azote & l'hydrogène, & il en résulte des radicaux très-composés. Ces radicaux sont communément portés à l'état d'oxide par une portion d'oxygène. La découverte que M. Hassenfratz a faite de cette substance dans le charbon de bois, feroit soupçonner qu'il est plus commun qu'on ne pense dans le règne végétal: ce qu'il y a de certain, c'est que des familles entières de plantes en fournissent quand on les traite convenablement. Je range le phosphore au rang des corps combustibles simples, parce qu'aucune expérience ne donne lieu de croire qu'on puisse le décomposer. Il s'allume à 32 degrés du thermomètre.
Tableau des combinaisons binaires du Carbone non oxygéné avec les substances simples.
| Noms des Substances simples. | Résultat des combinaisons. | |||||
| Nomenclature nouvelle. | Observations. | |||||
| Combinaisons du carbone avec: | L'oxigène. | Oxide de carbone. | Inconnu. | |||
| Acide carbonique. | Air fixe des anglois, acide crayeux de M. Bucquet & de M. de Fourcroy. | |||||
| Le soufre. | Carbure de soufre. | Combinaisons inconnues. | ||||
| Le phosphore. | Carbure de phosphore. | |||||
| L'azote. | Carbure d'azote. | |||||
| L'hydrogène. | Radical carbone-hydreux. | |||||
| Huiles fixes & volatiles. | ||||||
| L'antimoine. | Carbure d'antimoine. | De toutes ces combinaisons, on ne connoît que les carbures de fer & de zinc, auxquels on a donné le nom de Plombagine; les autres n'ont encore été ni faites ni observées. | ||||
| L'argent. | Carbure d'argent. | |||||
| L'arsenic. | Carbure d'arsenic. | |||||
| Le bismuth. | Carbure de bismuth. | |||||
| Le cobalt. | Carbure de cobalt. | |||||
| Le cuivre. | Carbure de cuivre | |||||
| L'étain. | Carbure d'étain. | |||||
| Le fer. | Carbure de fer | |||||
| Le manganèse. | Carbure de manganèse. | |||||
| Le mercure. | Carbure de mercure. | |||||
| Le molybdène. | Carbure de molybdène. | |||||
| Le nickel. | Carbure de nickel. | |||||
| L'or. | Carbure d'or. | |||||
| Le platine. | Carbure de platine. | |||||
| Le plomb. | Carbure de plomb. | |||||
| Le tungstène. | Carbure de tungstène. | |||||
| Le zinc. | Carbure de zinc. | |||||
| La potasse. | Carbure de potasse. | Combinaisons inconnues. | ||||
| La soude. | Carbure de soude. | |||||
| L'ammoniaque. | Carbure d'ammoniaque. | |||||
| La chaux. | Carbure de chaux. | Combinaisons inconnues. | ||||
| La magnésie. | Carbure de magnésie. | |||||
| La baryte. | Carbure de baryte. | |||||
| L'alumine. | Carbure d'alumine. | |||||
OBSERVATIONS
Sur le Carbone & sur le Tableau de ses combinaisons.
Comme aucune expérience ne nous a indiqué jusqu'ici la possibilité de décomposer le carbone, nous ne pouvons quant à présent le considérer que comme une substance simple. Il paroît prouvé par les expériences modernes, qu'il est tout formé dans les végétaux, & j'ai déjà fait observer qu'il y étoit combiné avec l'hydrogène, quelquefois avec l'azote & avec le phosphore, pour former des radicaux composés; enfin que ces radicaux étoient ensuite portés à l'état d'oxides ou d'acides, suivant la proportion d'oxygène qui y étoit ajoutée.
Pour obtenir le carbone contenu dans les matières végétales ou animales, il ne faut que les faire chauffer à un degré de feu d'abord médiocre & ensuite très-fort, afin de décomposer les dernières portions d'eau que le charbon retient obstinément. Dans les opérations chimiques on se sert ordinairement de cornues de grès ou de porcelaine, dans lesquelles on introduit le bois ou autres matières combustibles, & on pousse à grand feu dans un bon fourneau de reverbère: la chaleur volatilise, ou, ce qui est la même chose, convertit en gaz toutes les substances qui en sont susceptibles, & le carbone, comme le plus fixe, reste combiné avec un peu de terre & quelques sels fixes.
Dans les arts la carbonisation du bois se fait par un procédé moins coûteux: on dispose le bois en tas, on le recouvre de terre, de manière qu'il n'y ait de communication avec l'air que ce qu'il en faut pour faire brûler le bois & pour en chasser l'huile & l'eau; on étouffe ensuite le feu, en bouchant les trous qu'on avoit ménagés à la terre du fourneau.
Il y a deux manières d'analyser le carbone, sa combustion par le moyen de l'air ou plutôt du gaz oxygène, & son oxygénation par l'acide nitrique. On le convertit dans les deux cas en acide carbonique, & il laisse de la chaux, de la potasse & quelques sels neutres. Les Chimistes se sont peu occupés de ce genre d'analyse, & il n'est pas même rigoureusement démontré que la potasse existe dans le charbon avant la combustion.
OBSERVATIONS
Sur les Radicaux muriatique, fluorique & boracique, & sur leurs combinaisons.
On n'a point formé de Tableau pour présenter le résultat des combinaisons de ces substances, soit entr'elles, soit avec les autres corps combustibles; parce qu'elles sont toutes absolument inconnues. On sait seulement que ces radicaux s'oxygènent; qu'ils forment les acides muriatique, fluorique & boracique, & qu'alors ils sont susceptibles d'entrer dans un grand nombre de combinaisons: mais la Chimie n'a pas encore pu parvenir à les désoxygéner, s'il est permis de se servir de cette expression, & à les obtenir dans leur état de simplicité. Il faudroit, pour y parvenir, trouver un corps pour lequel l'oxygène eût plus d'affinité qu'il n'en a avec les radicaux muriatique, fluorique & boracique, ou bien se servir de doubles affinités. On peut voir dans les Observations relatives aux acides muriatique, fluorique & boracique, ce que nous savons de l'origine de leurs radicaux.
OBSERVATIONS
Sur la combinaison des Métaux les uns avec les autres.
Ce seroit ici le lieu, pour terminer ce qui concerne les substances simples, de présenter des Tableaux de la combinaison de tous les métaux les uns avec les autres; mais comme ces Tableaux seroient très-volumineux & ne présenteroient rien que d'incomplet, à moins de recherches qui n'ont point encore été faites, je les ai supprimés. Il me suffira de dire que toutes ces combinaisons portent le nom d'alliages, & qu'on doit nommer le premier le métal qui entre en plus grande abondance dans la composition métallique. Ainsi, alliage d'or & d'argent, ou or allié d'argent, annonce une combinaison où l'or est le métal dominant.
Les alliages métalliques ont, comme toutes les autres combinaisons, leur degré de saturation: il paroîtroit même, d'après les expériences de M. de la Briche, qu'ils en ont deux très-distincts.
Tableau des combinaisons de l'Azote ou Radical nitrique porté à l'état d'acide nitreux par la combinaison d'une suffisante quantité d'oxygène, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leurs affinités avec cet acide.
| Noms des bases. | Noms des sels neutres. | ||||
| Nomenclature nouvelle. | Observations. | ||||
| Combinaisons de l'acide nitreux avec: | La baryte. | Nitrite de baryte. | Il n'y a qu'un très-petit nombre d'années que ces sels ont été découverts, & ils n'avoient point encore été nommés. | ||
| La potasse. | Nitrite de potasse. | ||||
| La soude. | Nitrite de soude. | ||||
| La chaux. | Nitrite de chaux. | ||||
| La magnésie. | Nitrite de magnésie. | ||||
| L'ammoniaque. | Nitrite d'ammoniaque. | ||||
| L'alumine. | Nitrite d'alumine. | ||||
| L'oxide de zinc. | Nitrite de zinc. | Comme les métaux se dissolvent dans les acides nitreux & nitrique, à différens degrés d'oxigénation, il doit en résulter des sels, où l'acide est réellement dans des états différens; ceux où le métal est le moins oxigéné seront appelés nitrites; ceux où il l'est davantage seront nommés nitrates: mais la limite de cette distinction n'est pas très aisée à saisir. Les anciens ne connoissoient aucuns de ces sels. | |||
| L'oxide de fer. | Nitrite de fer. | ||||
| L'oxide de manganèse. | Nitrite de manganèse. | ||||
| L'oxide de cobalt. | Nitrite de cobalt. | ||||
| L'oxide de nickel. | Nitrite de nickel. | ||||
| L'oxide de plomb. | Nitrite de plomb. | ||||
| L'oxide d'étain. | Nitrite d'étain. | ||||
| L'oxide de cuivre. | Nitrite de cuivre. | ||||
| L'oxide de bismuth. | Nitrite de bismuth. | ||||
| L'oxide d'antimoine. | Nitrite d'antimoine. | ||||
| L'oxide d'arsenic. | Nitrite d'arsenic. | ||||
| L'oxide de mercure. | Nitrite de mercure. | ||||
| L'oxide d'argent. * | Nitrite d'argent. | ||||
| L'oxide d'or. * | Nitrite d'or. | ||||
| L'oxide de platine. * | Nitrite de platine. | ||||
* Il y a grande apparence qu'il n'existe pas de nitrite d'argent, d'or & de platine, mais seulement des nitrates de ces métaux.
Tableau des combinaisons de l'Azote complettement saturé d'oxygène, & portée à l'état d'acide nitrique, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.
| Noms des bases. | Noms des sels neutres. | |||||
| Nomenclature nouvelle. | Nomenclature ancienne. | |||||
| Combinaisons de l'acide nitrique avec: | La baryte. | Nitrate de baryte. | Nitre à base de terre pesante. | |||
| La potasse. | Nitrate de potasse, salpêtre. | Nitre, nitre à base d'alkali végétal, salpêtre. | ||||
| La soude. | Nitrate de soude. | Nitre quadrangulaire. | ||||
| Nitre à base d'alkali minéral. | ||||||
| La chaux. | Nitrate de chaux. | Nitre calcaire, nitre à base terreuse. | ||||
| Eau mère de nitre ou de salpêtre. | ||||||
| La magnésie. | Nitrate de magnésie. | Nitre à base de magnésie. | ||||
| L'ammoniaque. | Nitrate d'ammoniaque. | Nitre ammoniacal. | ||||
| L'alumine. | Nitrate d'alumine. | Alun nitreux, nitre argileux, nitre à base de terre d'alun. | ||||
| L'oxide de zinc. | Nitrate de zinc. | Nitre de zinc. | ||||
| L'oxide de fer. | Nitrate de fer. | Nitre de fer, nitre martial. | ||||
| L'oxide de manganèse. | Nitrate de manganèse. | Nitre de manganèse. | ||||
| L'oxide de cobalt. | Nitrate de cobalt. | Nitre de cobalt. | ||||
| L'oxide de nickel. | Nitrate de nickel. | Nitre de nickel. | ||||
| L'oxide de plomb. | Nitrate de plomb. | Nitre de plomb, nitre de saturne. | ||||
| L'oxide d'étain. | Nitrate d'étain. | Nitre d'étain. | ||||
| L'oxide de cuivre. | Nitrate de cuivre. | Nitre de cuivre, nitre de Vénus. | ||||
| L'oxide de bismuth. | Nitrate de bismuth. | Nitre de bismuth. | ||||
| L'oxide d'antimoine. | Nitrate d'antimoine. | Nitre d'antimoine. | ||||
| L'oxide d'arsenic. | Nitrate d'arsenic. | Nitre d'arsenic. | ||||
| Nitre arsenical. | ||||||
| L'oxide de mercure. | Nitrate de mercure. | Nitre mercuriel. | ||||
| Nitre de mercure. | ||||||
| L'oxide d'argent. | Nitrate d'argent. | Nitre d'argent. | ||||
| Nitre de lune, pierre infernale. | ||||||
| L'oxide d'or. | Nitrate d'or. | Nitre d'or. | ||||
| L'oxide de platine. | Nitrate de platine. | Nitre de platine. | ||||
OBSERVATIONS
Sur les Acides nitreux & nitrique, & sur le Tableau de leurs combinaisons.
L'Acide nitreux & l'acide nitrique se tirent d'un sel connu dans les arts sous le nom de salpêtre. On extrait ce sel par lixiviation des décombres des vieux bâtimens & de la terre des caves, des écuries, des granges, & en général des lieux habités. L'acide nitrique est le plus souvent uni dans ces terres à la chaux & à la magnésie, quelquefois à la potasse & plus rarement à l'alumine. Comme tous ces sels, à l'exception de celui à base de potasse, attirent l'humidité de l'air, & qu'ils seroient d'une conservation difficile dans les arts, on profite de la plus grande affinité qu'a la potasse avec l'acide nitrique, & de la propriété qu'elle a de précipiter la chaux, la magnésie & l'alumine, pour ramener ainsi dans le travail du salpêtrier & dans le rafinage qui se fait ensuite dans les magasins du Roi, tous les sels nitriques à l'état de nitrate de potasse ou de salpêtre. Pour obtenir l'acide nitreux de ce sel, on met dans une cornue tubulée trois parties de salpêtre très-pur, & une d'acide sulfurique concentré: on y adapte un ballon à deux pointes, auquel on joint l'appareil de Woulfe, c'est-à-dire, des flacons à plusieurs gouleaux à moitié remplis d'eau & réunis par des tubes de verre. On voit cet appareil représenté pl. IV, fig. 1. On lutte exactement toutes les jointures, & on donne un feu gradué: il passe de l'acide nitreux en vapeurs rouges, c'est-à-dire, surchargé de gaz nitreux, ou autrement dit, qui n'est point oxygéné autant qu'il le peut être. Une partie de cet acide se condense dans le ballon, dans l'état d'une liqueur d'un jaune rouge très-foncé; le surplus se combine avec l'eau des bouteilles. Il se dégage en même-tems une grande quantité de gaz oxygène, par la raison qu'à une température un peu élevée l'oxygène a plus d'affinité avec le calorique qu'avec l'oxide nitreux, tandis que le contraire arrive à la température habituelle dans laquelle nous vivons. C'est parce qu'une partie d'oxygène a quitté ainsi l'acide nitrique, qu'il se trouve converti en acide nitreux. On peut ramener cet acide de l'état nitreux à l'état nitrique, en le faisant chauffer à une chaleur douce; le gaz nitreux qui étoit en excès s'échappe, & il reste de l'acide nitrique: mais on n'obtient par cette voie qu'un acide nitrique très-étendu d'eau, & il y a d'ailleurs une perte considérable.
On se procure de l'acide nitrique beaucoup plus concentré & avec infiniment moins de perte, en mêlant ensemble du salpêtre & de l'argile bien seche, & en les poussant au feu dans une cornue de grès. L'argile se combine avec la potasse pour laquelle elle a beaucoup d'affinité: en même-tems il passe de l'acide nitrique très-légèrement fumant, & qui ne contient qu'une très-petite portion de gaz nitreux. On l'en débarrasse aisément, en faisant chauffer foiblement l'acide dans une cornue: on obtient une petite portion d'acide nitreux dans le récipient, & il reste de l'acide nitrique dans la cornue.
On a vu dans le corps de cet Ouvrage, que l'azote étoit le radical nitrique: si à vingt parties & demie en poids d'azote, on ajoute quarante-trois parties & demie d'oxygène, cette proportion constituera l'oxide ou le gaz nitreux; si on ajoute à cette première combinaison 36 autres parties d'oxygène, on aura de l'acide nitrique. L'intermédiaire entre la première & la dernière de ces proportions, donne différentes espèces d'acides nitreux, c'est-à-dire, de l'acide nitrique plus ou moins imprégné de gaz nitreux. J'ai déterminé ces proportions par voie de décomposition, & je ne puis pas assurer qu'elles soient rigoureusement exactes; mais elles ne peuvent pas s'écarter beaucoup de la vérité. M. Cavendish, qui a prouvé le premier & par voie de composition, que l'azote est le radical nitrique, a donné des proportions un peu différentes & dans lesquelles l'azote entre pour une plus forte proportion: mais il est probable en même tems que c'est de l'acide nitreux qu'il a formé, & non de l'acide nitrique; & cette circonstance suffit pour expliquer jusqu'à un certain point la différence des résultats.
Pour obtenir l'acide nitrique très-pur, il faut employer du nitre dépouillé de tout mêlange de corps étrangers. Si, après la distillation, on soupçonne qu'il y reste quelques vestiges d'acide sulfurique, on y verse quelques gouttes de dissolution de nitrate barytique, l'acide sulfurique s'unit avec la baryte, & forme un sel neutre insoluble qui se précipite. On en sépare avec autant de facilité les dernières portions d'acide muriatique qui pouvoient y être contenues, en y versant quelques gouttes de nitrate d'argent; l'acide muriatique contenu dans l'acide nitrique, s'unit à l'argent avec lequel il a plus d'affinité, & se précipite sous forme de muriate d'argent qui est presqu'insoluble. Ces deux précipitations faites, on distille jusqu'à ce qu'il ait passé environ les sept huitièmes de l'acide, & on est sûr alors de l'avoir parfaitement pur.
L'acide nitrique est un de ceux qui a le plus de tendance à la combinaison, & dont en même tems la décomposition est le plus facile. Il n'est presque point de substance simple, si on en excepte l'or, l'argent & le platine, qui ne lui enlève plus ou moins d'oxygène; quelques-unes même le décomposent en entier. Il a été fort anciennement connu des Chimistes, & ses combinaisons ont été plus étudiées que celles d'aucun autre. MM. Macquer & Baumé ont nommé nitres tous les sels qui ont l'acide nitrique pour acide. Nous avons dérivé leur nom de la même origine; mais nous en avons changé la terminaison, & nous les avons appelés nitrates ou nitrites, suivant qu'ils ont l'acide nitrique ou l'acide nitreux pour acide & d'après la loi générale dont nous avons expliqué les motifs, chapitre XVI. C'est également par une suite des principes généraux dont nous avons rendu compte, que nous avons spécifié chaque sel par le nom de sa base.
Tableau des combinaisons de l'Acide sulfurique ou Soufre oxygéné avec les bases salifiables dans l'ordre de leur affinité avec cet acide par la voie humide.
| Nomenclature nouvelle. | ||||
| Nos. | Noms des bases. | Sels neutres qui en résultent. | ||
| Combinaisons de l'acide sulfurique avec: | 1 | La baryte. | Sulfate de baryte. | |
| 2 | La potasse. | Sulfate de potasse. | ||
| 3 | La soude. | Sulfate de soude. | ||
| 4 | La chaux. | Sulfate de chaux. | ||
| 5 | La magnésie. | Sulfate de magnésie. | ||
| 6 | L'ammoniaque. | Sulfate d'ammoniaque. | ||
| 7 | L'alumine. | Sulfate d'alumine ou alun. | ||
| 8 | L'oxide de zinc. | Sulfate de zinc. | ||
| 9 | L'oxide de fer. | Sulfate de fer. | ||
| 10 | L'oxide de manganèse. | Sulfate de manganèse. | ||
| 11 | L'oxide de cobalt. | Sulfate de cobalt. | ||
| 12 | L'oxide de nickel. | Sulfate de nickel. | ||
| 13 | L'oxide de plomb. | Sulfate de plomb. | ||
| 14 | L'oxide d'étain. | Sulfate d'étain. | ||
| 15 | L'oxide de cuivre. | Sulfate de cuivre. | ||
| 16 | L'oxide de bismuth. | Sulfate de bismuth. | ||
| 17 | L'oxide d'antimoine. | Sulfate d'antimoine. | ||
| 18 | L'oxide d'arsenic. | Sulfate d'arsenic. | ||
| 19 | L'oxide de mercure. | Sulfate de mercure. | ||
| 20 | L'oxide d'argent. | Sulfate d'argent. | ||
| 21 | L'oxide d'or. | Sulfate d'or. | ||
| 22 | L'oxide de platine. | Sulfate de platine. | ||
| Nomenclature ancienne. | |||||
| Nos. | Noms des bases. | Sels neutres qui en résultent. | |||
| Combinaisons de l'acide vitriolique avec: | 1 | La terre pesante. | Vitriol de terre pesante, spath pesant. | ||
| 2 | L'alkali fixe végétal. | Tartre vitriolé, sel de duobus, arcanum duplicatum. | |||
| 3 | L'alkali fixe minéral. | Sel de Glauber. | |||
| 4 | La terre calcaire. | Sélénite, gypse, vitriol calcaire. | |||
| 5 | La magnésie. | Vitriol de magnésie, sel d'Epsom, sel de Sedlitz. | |||
| 6 | L'alkali volatil. | Sel ammoniacal secret de Glauber. | |||
| 7 | La terre de l'alun. | Alun. | |||
| 8 | La chaux de zinc. | Vitriol blanc, vitriol de Goslard. | |||
| Couperose blanche, vitriol de zinc. | |||||
| 9 | La chaux de fer. | Couperose verte, vitriol martial, vitriol de fer. | |||
| 10 | La chaux de manganèse. | Vitriol de manganèse. | |||
| 11 | La chaux de cobalt. | Vitriol de cobalt. | |||
| 12 | La chaux de nickel. | Vitriol de nickel. | |||
| 13 | La chaux de plomb. | Vitriol de plomb. | |||
| 14 | La chaux d'étain. | Vitriol d'étain. | |||
| 15 | La chaux de cuivre. | Vitriol de cuivre, couperose bleue. | |||
| 16 | La chaux de bismuth. | Vitriol de bismuth. | |||
| 17 | La chaux d'antimoine. | Vitriol d'antimoine. | |||
| 18 | La chaux d'arsenic. | Vitriol d'arsenic. | |||
| 19 | La chaux de mercure. | Vitriol de mercure. | |||
| 20 | La chaux d'argent. | Vitriol d'argent. | |||
| 21 | La chaux d'or. | Vitriol d'or. | |||
| 22 | La chaux de platine. | Vitriol de platine. | |||
OBSERVATIONS
Sur l'Acide sulfurique & sur le Tableau de ses combinaisons.
On a long-tems retiré l'acide sulfurique par distillation du sulfate de fer ou vitriol de mars, dans lequel cet acide est uni au fer. Cette distillation a été décrite par Basile Valentin, qui écrivoit dans le quinzième siècle. On préfère aujourd'hui de le tirer du soufre par la combustion, parce qu'il est beaucoup meilleur marché que celui qu'on peut extraire des différens sels sulfuriques. Pour faciliter la combustion du soufre & son oxygénation, on y mêle un peu de salpêtre ou nitrate de potasse en poudre. Ce dernier est décomposé, & fournit au soufre une portion de son oxygène, qui facilite sa conversion en acide. Malgré l'addition de salpêtre, on ne peut continuer la combustion du soufre dans des vaisseaux fermés, quelque grands qu'ils soient, que pendant un tems déterminé. La combustion cesse par deux raisons; 1o. parce que le gaz oxygène se trouve épuisé, & que l'air dans lequel se fait la combustion se trouve presque réduit à l'état de gaz azotique; 2o. parce que l'acide lui-même qui reste long-tems en vapeurs, met obstacle à la combustion. Dans les travaux en grand des arts, on brûle le mêlange de soufre & de salpêtre dans de grandes chambres dont les parois sont recouvertes de feuilles de plomb: on laisse un peu d'eau au fond pour faciliter la condensation des vapeurs. On se débarrasse ensuite de cette eau, en introduisant l'acide sulfurique qu'on a obtenu dans de grandes cornues: on distille à un degré de chaleur modéré; il passe une eau légèrement acide, & il reste dans la cornue de l'acide sulfurique concentré. Dans cet état il est diaphane, sans odeur, & il pèse à peu près le double de l'eau. On prolongeroit la combustion du soufre, & on accéléreroit la fabrication de l'acide sulfurique, si on introduisoit dans les grandes chambres doublées de plomb où se fait cette opération, le vent de plusieurs soufflets qu'on dirigeroit sur la flamme. On feroit évacuer le gaz azotique par de longs canaux ou espèces de serpentins dans lesquels il seroit en contact avec de l'eau, afin de le dépouiller de tout le gaz acide sulfureux ou acide sulfurique qu'il pourroit contenir.
Suivant une première expérience de M. Berthollet, 69 parties de soufre en brûlant absorbent 31 parties d'oxygène, pour former 100 parties d'acide sulfurique. Suivant une seconde expérience faite par une autre méthode, 72 parties de soufre en absorbent 28 d'oxygène, pour former la même quantité de 100 parties d'acide sulfurique sec.
Cet acide ne dissout, comme tous les autres, les métaux qu'autant qu'ils ont été préalablement oxidés; mais la plupart sont susceptibles de décomposer une portion de l'acide, & de lui enlever assez d'oxygène pour devenir dissolubles dans le surplus: c'est ce qui arrive à l'argent, au mercure & même au fer & au zinc, quand on les fait dissoudre dans de l'acide sulfurique concentré & bouillant. Ces métaux s'oxident & se dissolvent, mais ils n'enlèvent pas assez d'oxygène à l'acide pour le réduire en soufre; ils le réduisent seulement à l'état d'acide sulfureux, & il se dégage alors sous la forme de gaz acide sulfureux. Lorsqu'on met de l'argent, du mercure ou quelque métal autre que le fer & le zinc dans de l'acide sulfurique étendu d'eau, comme ils n'ont pas assez d'affinité avec l'oxygène pour l'enlever, ni au soufre, ni à l'acide sulfureux, ni à l'hydrogène, ils sont absolument insolubles dans cet acide. Il n'en est pas de même du zinc & du fer: ces deux métaux, aidés par la présence de l'acide, décomposent l'eau; ils s'oxident à ses dépens, & deviennent alors dissolubles dans l'acide, quoiqu'il ne soit ni concentré ni bouillant.
Tableau des combinaisons de l'Acide sulfureux avec les bases salifiables dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.
| Nomenclature nouvelle. | |||
| Noms des bases. | Noms des sel neutres. | ||
| Combinaisons de l'acide sulfureux avec: | La baryte. | Sulfite de baryte. | |
| La potasse. | Sulfite de potasse. | ||
| La soude. | Sulfite de soude. | ||
| La chaux. | Sulfite de chaux. | ||
| La magnésie. | Sulfite de magnésie. | ||
| L'ammoniaque. | Sulfite d'ammoniaque. | ||
| L'alumine. | Sulfite d'alumine. | ||
| L'oxide de zinc. | Sulfite de zinc. | ||
| L'oxide de fer. | Sulfite de fer. | ||
| L'oxide de manganèse. | Sulfite de manganèse. | ||
| L'oxide de cobalt. | Sulfite de cobalt. | ||
| L'oxide de nickel. | Sulfite de nickel. | ||
| L'oxide de plomb. | Sulfite de plomb. | ||
| L'oxide d'étain. | Sulfite d'étain. | ||
| L'oxide de cuivre. | Sulfite de cuivre. | ||
| L'oxide de bismuth. | Sulfite de bismuth. | ||
| L'oxide d'antimoine. | Sulfite d'antimoine. | ||
| L'oxide d'arsenic. | Sulfite d'arsenic. | ||
| L'oxide de mercure. | Sulfite de mercure. | ||
| L'oxide d'argent. | Sulfite d'argent. | ||
| L'oxide d'or. | Sulfite d'or. | ||
| L'oxide de platine. | Sulfite de platine. | ||
Nota. Les anciens n'ont connu à proprement parler de ces sels que le sulfite de potasse, qui, jusqu'à ces derniers tems, a conservé le nom de sel sulfureux de Stalh. Avant la nouvelle nomenclature que nous avons proposée, on désignoit les sels sulfureux comme il suit: Sel sulfureux de Stalh à base d'alkali fixe végétal, sel sulfureux de Stalh à base d'alkali fixe minéral, sel sulfureux de Stalh à base de terre calcaire.
On a suivi dans ce tableau l'ordre des affinités indiqué par M. Bergman pour l'acide sulfurique, parce qu'en effet à l'égard des alkalis & des terres, l'ordre est le même pour l'acide sulfureux; mais il n'est pas certain qu'il en soit de même pour les oxides métalliques.
OBSERVATIONS
Sur l'Acide sulfureux, & sur le Tableau de ses combinaisons.
L'Acide sulfureux est formé, comme l'acide sulfurique, de la combinaison du soufre avec l'oxygène, mais avec une moindre proportion de ce dernier. On peut l'obtenir de différentes manières, 1o. en faisant brûler du soufre lentement, 2o. en distillant de l'acide sulfurique sur de l'argent, de l'antimoine, du plomb, du mercure ou du charbon: une portion d'oxygène s'unit au métal, & l'acide passe dans l'état d'acide sulfureux. Cet acide existe naturellement dans l'état de gaz au degré de température & de pression dans lequel nous vivons; mais il paroît, d'après des expériences de M. Clouet, qu'à un très-grand degré de refroidissement, il se condense & devient liquide: l'eau absorbe beaucoup plus de ce gaz acide qu'elle n'absorbe de gaz acide carbonique; mais elle en absorbe beaucoup moins que de gaz acide muriatique.
C'est une vérité bien établie, & que je n'ai peut-être que trop répétée, que les métaux en général ne peuvent se dissoudre dans les acides, qu'autant qu'ils peuvent s'y oxider: or l'acide sulfureux étant déjà dépouillé d'une grande partie de l'oxygène nécessaire pour le constituer acide sulfurique, il est plutôt disposé à en reprendre qu'à en fournir à la plupart des métaux, & c'est pour cela qu'il ne peut les dissoudre, à moins qu'ils n'aient été préalablement oxidés. Par une suite du même principe, les oxides métalliques se dissolvent dans l'acide sulfureux sans effervescence & même avec beaucoup de facilité. Cet acide a même, comme l'acide muriatique, la propriété de dissoudre des oxides métalliques qui sont trop oxygénés, & qui seroient par cela même indissolubles dans l'acide sulfurique; il forme alors avec eux de véritables sulfates. On pourroit donc soupçonner qu'il n'existe que des sulfates métalliques & non des sulfites, si les phénomènes qui ont lieu dans la dissolution du fer, du mercure, & de quelques autres métaux, ne nous apprenoient que ces substances métalliques sont susceptibles de s'oxider plus ou moins en se dissolvant dans les acides. D'après cette observation le sel dans lequel le métal sera le moins oxidé devra porter le nom de sulfite, & celui dans lequel le métal sera le plus oxidé devra porter le nom de sulfate. On ignore encore si cette distinction, nécessaire pour le fer & pour le mercure, est applicable à tous les autres sulfates métalliques.
Tableau des combinaisons du Phosphore qui a reçu un premier degré d'oxygénation, & qui a été porté à l'état d'Acide phosphoreux, avec les bases salifiables dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.
| Nomenclature nouvelle. | |||
| Noms des bases. | Noms des sels neutres. | ||
| Combinaisons de l'acide phosphoreux avec: | La chaux. | Phosphite de chaux. | |
| La baryte. | Phosphite de baryte. | ||
| La magnésie. | Phosphite de magnésie. | ||
| La potasse. | Phosphite de potasse. | ||
| La soude. | Phosphite de soude. | ||
| L'ammoniaque. | Phosphite d'ammoniaque. | ||
| L'alumine. | Phosphite d'alumine. | ||
| L'oxide de zinc. | Phosphite de zinc. * | ||
| L'oxide de fer. | Phosphite de fer. | ||
| L'oxide de manganèse. | Phosphite de manganèse. | ||
| L'oxide de cobalt. | Phosphite de cobalt. | ||
| L'oxide de nickel. | Phosphite de nickel. | ||
| L'oxide de plomb. | Phosphite de plomb. | ||
| L'oxide d'étain. | Phosphite d'étain. | ||
| L'oxide de cuivre. | Phosphite de cuivre. | ||
| L'oxide de bismuth. | Phosphite de bismuth. | ||
| L'oxide d'antimoine. | Phosphite d'antimoine. | ||
| L'oxide d'arsenic. | Phosphite d'arsenic. | ||
| L'oxide de mercure. | Phosphite de mercure. | ||
| L'oxide d'argent. | Phosphite d'argent. | ||
| L'oxide d'or. | Phosphite d'or. | ||
| L'oxide de platine. | Phosphite de platine. | ||
* L'existence des phosphites métalliques n'est pas encore absolument certaine, elle suppose que les métaux sont susceptibles de se dissoudre dans l'acide phosphorique, à différens degrés d'oxygénation, ce qui n'est pas encore prouvé.
Aucuns de ces sels n'avoient été nommés.
Tableau des combinaisons du Phosphore saturé d'oxygène, ou Acide phosphorique avec les substances salifiables dans l'ordre de leur affinité avec cet acide *.
| Nomenclature nouvelle. | |||
| Noms des bases. | Noms des sel neutres. | ||
| Combinaisons de l'acide phosphorique avec: | La chaux. | Phosphate de chaux. | |
| La baryte. | Phosphate de baryte. | ||
| La magnésie. | Phosphate de magnésie. | ||
| La potasse. | Phosphate de potasse. | ||
| La soude. | Phosphate de soude. | ||
| L'ammoniaque. | Phosphate d'ammoniaque. | ||
| L'alumine. | Phosphate d'alumine. | ||
| L'oxide de zinc. | Phosphate de zinc. | ||
| L'oxide de fer. | Phosphate de fer. | ||
| L'oxide de manganèse. | Phosphate de manganèse. | ||
| L'oxide de cobalt. | Phosphate de cobalt. | ||
| L'oxide de nickel. | Phosphate de nickel. | ||
| L'oxide de plomb. | Phosphate de plomb. | ||
| L'oxide d'étain. | Phosphate d'étain. | ||
| L'oxide de cuivre. | Phosphate de cuivre. | ||
| L'oxide de bismuth. | Phosphate de bismuth. | ||
| L'oxide d'antimoine. | Phosphate d'antimoine. | ||
| L'oxide d'arsenic. | Phosphate d'arsenic. | ||
| L'oxide de mercure. | Phosphate de mercure. | ||
| L'oxide d'argent. | Phosphate d'argent. | ||
| L'oxide d'or. | Phosphate d'or. | ||
| L'oxide de platine. | Phosphate de platine. | ||
* La plupart de ces sels ne sont connus que depuis très-peu de tems, & n'avoient point encore été nommés.
OBSERVATIONS
Sur les Acides phosphoreux & phosphorique, & sur les Tableaux de leurs combinaisons.
On a vu, à l'article Phosphore, un précis historique de la découverte de cette singulière substance, & quelques observations sur la manière dont il existe dans les végétaux & dans les animaux.
Le moyen le plus sûr pour obtenir l'acide phosphorique pur & exempt de tout mélange, est de prendre du phosphore en nature, & de le faire brûler sous des cloches de verre, dont on a humecté l'intérieur en y promenant de l'eau distillée. Il absorbe dans cette opération 2 fois 1/2 son poids d'oxygène. On peut obtenir cet acide concret en faisant cette même combustion sur du mercure au lieu de la faire sur de l'eau: il se présente alors dans l'état de floccons blancs qui attirent l'humidité de l'air avec une prodigieuse activité. Pour avoir ce même acide dans l'état d'acide phosphoreux, c'est-à-dire, moins oxygéné, il faut abandonner le phosphore à une combustion extrêmement lente, & le laisser tomber en quelque façon en déliquium à l'air dans un entonnoir placé sur un flacon de cristal. Au bout de quelques jours on trouve le phosphore oxygéné; l'acide phosphoreux, à mesure qu'il s'est formé, s'est emparé d'une portion d'humidité de l'air, & a coulé dans le flacon. L'acide phosphoreux se convertit au surplus aisément en acide phosphorique par une simple exposition à l'air long-tems continuée. Comme le phosphore a une assez grande affinité avec l'oxygène pour l'enlever à l'acide nitrique & à l'acide muriatique oxygéné, il en résulte encore un moyen simple & peu dispendieux d'obtenir l'acide phosphorique. Lorsqu'on veut opérer par l'acide nitrique, on prend une cornue tubulée bouchée avec un bouchon de cristal; on l'emplit à moitié d'acide nitrique concentré, on fait chauffer légèrement, puis on introduit par la tubulure de petits morceaux de phosphore. Ils se dissolvent avec effervescence; en même tems le gaz nitreux s'échappe sous la forme de vapeurs rutilantes. On continue ainsi d'ajouter du phosphore jusqu'à ce qu'il refuse de se dissoudre. On pousse alors le feu un peu plus fort pour chasser les dernières portions d'acide nitrique, & on trouve l'acide phosphorique dans la cornue, en partie sous forme concrète, & en partie sous forme liquide.
Tableau des combinaisons du Radical carbonique oxygéné, ou Acide carbonique avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide *.
| Noms des bases. | Noms des sels neutres. | |||
| Nomenclature nouvelle. | Nomenclature ancienne. | |||
| Combinaisons de l'acide carbonique avec: | Carbonate | |||
| La baryte. | de baryte. | Terre pesante aérée ou effervescente. | ||
| La chaux. | de chaux. | Terre calcaire, spath calcaire, craie. | ||
| La potasse. | de potasse. | Alkali fixe végétal effervescent, méphite de potasse. | ||
| La soude. | de soude. | Alkali fixe minéral effervescent, méphite de soude. | ||
| La magnésie. | de magnésie. | Magnésie effervescente, base du sel d'Epsom effervescente, méphite de magnésie. | ||
| L'ammoniaque. | d'ammoniaque. | Alkali volatil effervescent, méphite d'ammoniaque. | ||
| L'alumine. | d'alumine. | Méphite argileux, terre d'alun aérée. | ||
| L'oxide de zinc. | de zinc. | Zinc spathique, méphite de zinc. | ||
| L'oxide de fer. | de fer. | Fer spathique, méphite de fer. | ||
| L'oxide de manganèse. | de manganèse. | Méphite de manganèse. | ||
| L'oxide de cobalt. | de cobalt. | Méphite de cobalt. | ||
| L'oxide de nickel. | de nickel. | Méphite de nickel. | ||
| L'oxide de plomb. | de plomb. | Plomb spathique ou méphite de plomb. | ||
| L'oxide d'étain. | d'étain. | Méphite d'étain. | ||
| L'oxide de cuivre. | de cuivre. | Méphite de cuivre. | ||
| L'oxide de bismuth. | de bismuth. | Méphite de bismuth. | ||
| L'oxide d'antimoine. | d'antimoine. | Méphite d'antimoine. | ||
| L'oxide d'arsenic. | d'arsenic. | Méphite d'arsenic. | ||
| L'oxide de mercure. | de mercure. | Méphite de mercure. | ||
| L'oxide d'argent. | d'argent. | Méphite d'argent. | ||
| L'oxide d'or. | d'or. | Méphite d'or. | ||
| L'oxide de platine. | de platine. | Méphite de platine. | ||
* Ces sels n'étant connus & définis que depuis quelques années, il n'existe pas, à proprement parler, pour eux de nomenclature ancienne. On a cru cependant devoir les désigner ici sous les noms que M. de Morveau leur a donnés dans son premier volume de l'Encyclopédie. M. Bergman désignoit les bases saturées de cet acide par l'épithète aérée; ainsi, la terre calcaire aérée exprimoit la terre calcaire saturée d'acide carbonique. M. de Fourcroy avoit donné le nom d'acide crayeux à l'acide carbonique, & le nom de craie à tous les sels qui résultent de la combinaison de cet acide avec les bases salifiables.
OBSERVATIONS
Sur l'Acide carbonique & sur le Tableau de ses combinaisons.
De tous les acides que nous connoissons, l'acide carbonique est peut-être celui qui est le plus abondamment répandu dans la nature. Il est tout formé dans les craies, dans les marbres, dans toutes les pierres calcaires, & il y est neutralisé principalement par une terre particulière connue sous le nom de chaux. Pour le dégager de ces substances, il ne faut que verser dessus de l'acide sulfurique, ou tout autre acide qui ait plus d'affinité avec la chaux que n'en a l'acide carbonique: il se fait une vive effervescence, laquelle n'est produite que par le dégagement de cet acide, qui prend la forme de gaz dès qu'il est libre. Ce gaz n'est susceptible de se condenser par aucun des degrés de refroidissement & de pression auxquels il a été exposé jusqu'ici: il ne s'unit avec l'eau qu'à peu près à volume égal, & il en résulte un acide extrêmement foible.
On peut encore obtenir l'acide carbonique assez pur, en le dégageant de la matière sucrée en fermentation; mais alors il tient une petite portion d'alkool en dissolution.
Le carbone est le radical de l'acide carbonique. On peut en conséquence former artificiellement cet acide, en brûlant du charbon dans du gaz oxygène, ou bien en combinant de la poudre de charbon avec un oxide métallique dans de justes proportions. L'oxygène de l'oxide se combine avec le charbon, forme du gaz acide carbonique, & le métal devenu libre reparoît sous sa forme métallique.
C'est à M. Black que nous devons les premières connoissances qu'on ait eues sur cet acide. La propriété qu'il a de n'exister que sous forme de gaz au degré de température & de pression dans lequel nous vivons, l'avoit soustrait aux recherches des anciens Chimistes.
Si on pouvoit parvenir à décomposer cet acide par des moyens peu dispendieux, on auroit fait une découverte bien précieuse pour l'humanité, puisqu'on pourroit obtenir libres les masses immenses de carbone que contiennent les terres calcaires, les marbres, &c. On ne le peut pas par des affinités simples, puisque le corps qu'il faudroit employer pour décomposer l'acide carbonique, devroit être au moins aussi combustible que le charbon même, & qu'alors on ne feroit que changer un combustible contre un autre: mais il n'est pas impossible d'y parvenir par des affinités doubles; & ce qui porte à le croire, c'est que la nature résout complètement ce problême, & avec des matériaux qui ne lui coûtent rien dans l'acte de la végétation.
Tableau des combinaisons du Radical muriatique oxygéné, ou Acide muriatique avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.
| Noms des bases. | Noms des sels neutres. | |||||
| Nomenclature nouvelle. | Nomenclature ancienne. | |||||
| Combinaisons de l'acide muriatique avec: | Muriate | |||||
| La baryte. | de baryte. | Sel marin à base de terre pesante. | ||||
| La potasse. | de potasse. | Sel fébrifuge de Sylvius. | ||||
| Sel marin à base d'alkali fixe végétal. | ||||||
| La soude. | de soude. | Sel marin. | ||||
| La chaux. | de chaux. | Sel marin à base terreuse. | ||||
| Huile de chaux. | ||||||
| La magnésie. | de magnésie. | Sel d'Epsom marin, sel marin à base de sel d'Epsom ou de magnésie. | ||||
| L'ammoniaque. | d'ammoniaque. | Sel ammoniac. | ||||
| L'alumine. | d'alumine. | Alun marin, sel marin à base de terre d'alun. | ||||
| L'oxide de zinc. | de zinc. | Sel marin de zinc. | ||||
| L'oxide de fer. | de fer. | Sel de fer, sel marin martial. | ||||
| L'oxide de manganèse. | de manganèse. | Sel marin de manganèse. | ||||
| L'oxide de cobalt. | de cobalt. | Sel marin de cobalt. | ||||
| L'oxide de nickel. | de nickel. | Sel marin de nickel. | ||||
| L'oxide de plomb. | de plomb. | Plomb corné. | ||||
| L'oxide d'étain. | d'étain fumant. | Liqueur fumante de Libavius. | ||||
| d'étain solide. | Beurre d'étain solide. | |||||
| L'oxide de cuivre. | de cuivre. | Sel marin de cuivre. | ||||
| L'oxide de bismuth. | de bismuth. | Sel marin de bismuth. | ||||
| L'oxide d'antimoine. | d'antimoine. | Sel marin d'antimoine. | ||||
| L'oxide d'arsenic. | d'arsenic. | Sel marin d'arsenic. | ||||
| L'oxide de mercure | de mercure doux. | Mercure sublimé doux, aquila alba. | ||||
| de mercure corrosif. | Mercure sublimé corrosif. | |||||
| L'oxide d'argent. | d'argent. | Argent corné. | ||||
| L'oxide d'or. | d'or. | Sel marin d'or. | ||||
| L'oxide de platine. | de platine. | Sel marin de platine. | ||||
Tableau des combinaisons de l'Acide muriatique oxigéné avec les différentes bases salifiables avec lesquelles il est susceptible de s'unir.
| Noms des bases. | Noms des sels neutres. | ||||
| Nomenclature nouvelle. | Nomenclature ancienne. | ||||
| Combinaisons de l'acide muriatique oxigéné avec: | La baryte. | Muriate oxygéné de baryte. | Cet ordre de sels qui étoit absolument inconnu aux anciens, a été découvert en 1786 par M. Berthollet. | ||
| La potasse. | Muriate oxygéné de potasse. | ||||
| La soude. | Muriate oxygéné de soude. | ||||
| La chaux. | Muriate oxygéné de chaux. | ||||
| La magnésie. | Muriate oxygéné de magnésie. | ||||
| L'alumine. | Muriate oxygéné d'alumine. | ||||
| L'oxide de zinc. | Muriate oxygéné de zinc. | ||||
| L'oxide de fer. | Muriate oxygéné de fer. | ||||
| L'oxide de manganèse. | Muriate oxygéné de manganèse. | ||||
| L'oxide de cobalt. | Muriate oxygéné de cobalt. | ||||
| L'oxide de nickel. | Muriate oxygéné de nickel. | ||||
| L'oxide de plomb. | Muriate oxygéné de plomb. | ||||
| L'oxide d'étain. | Muriate oxygéné d'étain. | ||||
| L'oxide de cuivre. | Muriate oxygéné de cuivre. | ||||
| L'oxide de bismuth. | Muriate oxygéné de bismuth. | ||||
| L'oxide d'antimoine. | Muriate oxygéné d'antimoine. | ||||
| L'oxide d'arsenic. | Muriate oxygéné d'arsenic. | ||||
| L'oxide de mercure. | Muriate oxygéné de mercure. | ||||
| L'oxide d'argent. | Muriate oxygéné d'argent. | ||||
| L'oxide d'or. | Muriate oxygéné d'or. | ||||
| L'oxide de platine. | Muriate oxygéné de platine. | ||||
OBSERVATIONS
Sur l'Acide muriatique & sur le Tableau de ses combinaisons.
L'Acide muriatique est répandu très-abondamment dans le règne minéral: il y est uni avec différentes bases, principalement avec la soude, la chaux & la magnésie. C'est avec ces trois bases qu'on le rencontre dans l'eau de la mer & dans celle de plusieurs lacs: il est plus communément uni avec la soude dans les mines de sel gemme. Cet acide ne paroît pas avoir été décomposé jusqu'à ce jour dans aucune expérience chimique; en sorte que nous n'avons nulle idée de la nature de son radical: ce n'est même que par analogie que nous concluons qu'il contient le principe acidifiant ou oxygène. M. Berthollet avoit soupçonné que ce radical pouvoit être de nature métallique; mais comme il paroît que l'acide muriatique se forme journellement dans les lieux habités, par la combinaison de miasmes & de fluides aériformes, il faudroit supposer qu'il existe un gaz métallique dans l'atmosphère; ce qui n'est pas sans doute impossible, mais ce qu'on ne peut admettre, au moins que d'après des preuves.
L'acide muriatique ne tient que médiocrement aux bases avec lesquelles il est uni: l'acide sulfurique l'en chasse, & c'est principalement par l'intermède de cet acide que les Chimistes ont coutume de se le procurer. On pourroit employer d'autres acides pour remplir ce même objet, par exemple, l'acide nitrique, mais cet acide étant volatil, il auroit l'inconvénient de se mêler avec l'acide muriatique dans la distillation. Il faut dans cette opération employer environ une partie d'acide sulfurique concentré, & deux de sel marin. On se sert d'une cornue tubulée dans laquelle on introduit d'abord le sel; on y adapte un récipient également tubulé, à la suite duquel on ajoute deux ou trois bouteilles remplies d'eau, & qui sont jointes par des tubes, à la manière de M. Woulfe. La figure 1, planche IV, représente cet appareil. On lutte bien toutes les jointures, après quoi on introduit l'acide sulfurique dans la cornue par la tubulure, & on la referme aussitôt avec son bouchon de cristal. C'est une propriété de l'acide muriatique, de ne pouvoir exister que dans l'état de gaz, à la température & au degré de pression dans lequel nous vivons: il seroit donc impossible de le coercer, si on ne lui présentoit de l'eau avec laquelle il a une grande affinité. Il s'unit dans une très-grande proportion à celle contenue dans les bouteilles adaptées au ballon; & lorsqu'elles en sont saturées, il en résulte ce que les anciens appeloient esprit de sel fumant, & ce que nous appelons aujourd'hui acide muriatique.
Celui qu'on obtient par ce procédé, n'est pas saturé d'oxygène autant qu'il le peut être, il est susceptible d'en prendre une nouvelle dose, si on le distille sur des oxides métalliques, tels que l'oxide de manganèse, l'oxide de plomb ou celui de mercure: l'acide qui se forme alors, & que nous nommons acide muriatique oxygéné, ne peut exister comme le précédent, lorsqu'il est libre, que dans l'état gazeux; il n'est plus susceptible d'être absorbé par l'eau en aussi grande quantité. Si on en imprègne ce fluide au-delà d'une certaine proportion, l'acide se précipite au fond du vase sous forme concrète. L'acide muriatique oxygéné est susceptible comme l'a démontré M. Berthollet, de se combiner avec un grand nombre de bases salifiables; les sels qu'il forme sont susceptibles de détoner avec le carbone & avec plusieurs substances métalliques: ces détonations sont d'autant plus dangereuses, que l'oxygène entre dans la composition du muriate oxygéné avec une très-grande quantité de calorique qui donne lieu par son expansion à des explosions très-dangereuses.