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Traité élémentaire de chimie, tome 1: Présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes; avec Figures

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Tableau des combinaisons de l'Acide nitro-muriatique avec les bases salifiables, rangées par ordre alphabétique, attendu que les affinités de cet acide ne sont point assez connues.

Nomenclature nouvelle.
  Noms des bases. Noms des sel neutres.
Combinaisons de l'acide nitro-muriatique avec: L'alumine. Nitro-muriate d'alumine.
L'ammoniaque. Nitro-muriate d'ammoniaque.
L'antimoine. Nitro-muriate d'antimoine.
L'argent. Nitro-muriate d'argent.
L'arsenic. Nitro-muriate d'arsenic.
La baryte. Nitro-muriate de baryte.
Le bismuth. Nitro-muriate de bismuth.
La chaux. Nitro-muriate de chaux.
Le cobalt. Nitro-muriate de cobalt.
Le cuivre. Nitro-muriate de cuivre.
L'étain. Nitro-muriate d'étain.
Le fer. Nitro-muriate de fer.
La magnésie. Nitro-muriate de magnésie.
Le manganèse. Nitro-muriate de manganèse.
Le mercure. Nitro-muriate de mercure.
Le molybdène. Nitro-muriate de molybdène.
Le nickel. Nitro-muriate de nickel.
L'or. Nitro-muriate d'or.
Le platine. Nitro-muriate de platine.
Le plomb. Nitro-muriate de plomb.
La potasse. Nitro-muriate de potasse.
La soude. Nitro-muriate de soude.
Le tungstène. Nitro-muriate de tungstène.
Le zinc. Nitro-muriate de zinc.

Nota. La plupart de ces combinaisons, sur-tout celles de l'acide nitro-muriatique avec les terres & les alkalis ont été peu examinées, on ignore s'il se forme un sel mixte, ou si les deux acides se séparent pour former deux sels distincts.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide nitro-muriatique & sur le Tableau de ses combinaisons.

L'Acide nitro-muriatique, anciennement appelé eau régale, est formé par un mêlange d'acide nitrique & d'acide muriatique. Les radicaux de ces deux acides s'unissent ensemble dans cette combinaison, & il en résulte un acide à deux bases, qui a des propriétés particulières qui n'appartiennent à aucun des deux séparément, notamment celle de dissoudre l'or & le platine.

Dans les dissolutions nitro-muriatiques, comme dans toutes les autres, les métaux commencent par s'oxider avant de se dissoudre; ils s'emparent d'une portion de l'oxygène de l'acide, il se dégage en même-tems un gaz nitro-muriatique d'une espèce particulière, qui n'a encore été bien décrit par personne. Son odeur est très-désagréable, & il est aussi funeste qu'aucun autre aux animaux qui le respirent; il attaque les instrumens de fer & les rouille; l'eau en absorbe une assez grande quantité, & prend quelques caractères d'acidité. J'ai eu occasion de faire ces observations, lorsque j'ai traité le platine & que je l'ai fait dissoudre très-en grand dans l'acide nitro-muriatique.

J'avois d'abord soupçonné que dans le mélange de l'acide nitrique & de l'acide muriatique, ce dernier s'emparoit d'une partie de l'oxygène de l'acide nitrique, & qu'alors porté à l'état d'acide muriatique oxygéné, il devenoit susceptible de dissoudre l'or; mais plusieurs faits se refusent à cette explication. S'il en étoit ainsi, en faisant chauffer de l'acide nitro-muriatique, il s'en dégageroit du gaz nitreux; & cependant on n'en obtient pas sensiblement. Je reviens donc à considérer l'acide nitro-muriatique comme un acide à deux bases, & j'adopte entièrement à cet égard les idées de M. Berthollet.

Tableau des combinaisons du Radical fluorique oxigéné, ou Acide fluorique avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle. Nomenclat. ancienne.
Combinaisons de l'acide fluorique avec: La chaux. Fluate de chaux. Toutes ces combinaisons ont été inconnues aux anciens Chimistes.
La baryte. Fluate de baryte.
La magnésie. Fluate de magnésie.
La potasse. Fluate de potasse.
La soude. Fluate de soude.
L'ammoniaque. Fluate d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Fluate de zinc.
L'oxide de manganèse. Fluate de manganèse.
L'oxide de fer. Fluate de fer.
L'oxide de plomb. Fluate de plomb.
L'oxide d'étain. Fluate d'étain.
L'oxide de cobalt. Fluate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Fluate de cuivre.
L'oxide de nickel. Fluate de nickel.
L'oxide d'arsenic. Fluate d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Fluate de bismuth.
L'oxide de mercure. Fluate de mercure.
L'oxide d'argent. Fluate d'argent.
L'oxide d'or. Fluate d'or.
L'oxide de platine.
Et par la voie sèche.
Fluate de platine.
L'alumine. Fluate d'alumine.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide fluorique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

La nature nous offre l'acide fluorique tout formé dans le spath fluor, spath phosphorique ou fluate de chaux: il y est combiné avec la terre calcaire, & forme un sel insoluble.

Pour obtenir l'acide fluorique seul & dégagé de toute combinaison, on met du spath fluor ou fluate de chaux dans une cornue de plomb; on verse dessus de l'acide sulfurique, & on adapte à la cornue un récipient également de plomb, à moitié rempli d'eau. On donne une chaleur douce, & l'acide fluorique est absorbé par l'eau du récipient, à mesure qu'il se dégage. Comme cet acide est naturellement sous forme de gaz au degré de chaleur & de pression dans lequel nous vivons, on peut le recueillir dans cet état dans l'appareil pneumato-chimique au mercure, comme on y reçoit le gaz acide marin, le gaz acide sulfureux, le gaz acide carbonique.

On est obligé de se servir pour cette opération de vaisseaux métalliques, parce que l'acide fluorique dissout le verre & la terre siliceuse; il communique même de la volatilité à ces deux substances, & il les enlève avec lui dans l'état de gaz.

C'est à M. Margraff que nous devons la première connoissance de cet acide; mais il ne l'a jamais obtenu que combiné avec une quantité considérable de silice: il ignoroit d'ailleurs que ce fût un acide particulier & sui generis.

M. le duc de Liancourt, dans un Mémoire imprimé sous le nom de M. Boulanger, a étendu beaucoup plus loin nos connoissances sur les propriétés de l'acide fluorique; enfin M. Schéele semble avoir mis la dernière main à ce travail.

Il ne reste plus aujourd'hui qu'à déterminer quelle est la nature du radical fluorique; mais comme il ne paroît pas qu'on soit encore parvenu à décomposer l'acide, on ne peut avoir aucun apperçu de la nature du radical. S'il y avoit quelques expériences à tenter à cet égard, ce ne pourroit être que par la voie des doubles affinités qu'on pourroit espérer quelque succès.

Tableau des combinaisons du Radical boracique oxigéné, avec les différentes bases salifiables auxquelles il est susceptible de s'unir dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

Nomenclature nouvelle.
  Noms des bases. Noms des sel neutres.
Combinaisons de l'acide boracique avec: La chaux. Borate de chaux.
La baryte. Borate de baryte.
La magnésie. Borate de magnésie.
La potasse. Borate de potasse.
La soude. Borate de soude, ou borax.
L'ammoniaque. Borate d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Borate de zinc.
L'oxide de fer. Borate de fer.
L'oxide de plomb. Borate de plomb.
L'oxide d'étain. Borate d'étain.
L'oxide de cobalt. Borate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Borate de cuivre.
L'oxide de nickel. Borate de nickel.
L'oxide de mercure. Borate de mercure.
L'alumine. Borate d'alumine.

Nota. La plupart de ces combinaisons n'ont été ni nommées, ni connues par les anciens; ils donnoient à l'acide boracique le nom de sel sédatif, & ils donnoient le nom de borax à base d'alkali fixe végétal, borax à base d'alkali fixe minéral, borax à base de terre calcaire, aux combinaisons du sel sédatif avec la potasse, la soude & la chaux.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide boracique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

On donne le nom de boracique à un acide concret qu'on retire du borax, sel qui nous vient de l'Inde par le commerce. Quoique le borax ait été employé très-anciennement dans les arts, on n'a que des notions très-incertaines sur son origine, sur la manière de l'extraire & de le purifier. On a lieu de soupçonner que c'est un sel natif, qui se trouve naturellement dans les terres de quelques contrées de l'Inde & dans l'eau des lacs: tout le commerce de ce sel se fait par les Hollandois; ils ont été long-tems seuls en possession de le purifier; mais MM. l'Eguillier, dans une fabrique qu'ils ont élevée à Paris, sont parvenus à rivaliser avec eux: le procédé de cette purification, au surplus, est encore un mystère. L'analyse chimique nous a appris que le borax étoit un sel neutre avec excès de base; que cette base étoit la soude, & qu'elle étoit en partie neutralisée par un acide particulier, qui a été long-tems appelé sel sédatif de Homberg, & que nous avons désigné sous le nom d'acide boracique. On le rencontre quelquefois libre dans l'eau des lacs; celle du lac Cherchiaio en Italie en contient 94 grains & demi par pinte.

Pour séparer l'acide boracique & l'obtenir libre, on commence par dissoudre le borax dans l'eau bouillante; on filtre la liqueur très-chaude & on y verse de l'acide sulfurique, ou un autre acide quelconque qui ait plus d'affinité avec la soude que n'en a l'acide boracique. Ce dernier se sépare aussitôt, & on l'obtient sous forme cristalline par refroidissement.

On a cru long-tems que l'acide boracique étoit un produit de l'opération par laquelle on l'obtenoit: on se persuadoit en conséquence qu'il étoit différent, suivant l'acide qu'on avoit employé pour le séparer d'avec la soude. Aujourd'hui il est bien reconnu que l'acide boracique est toujours identiquement le même, de quelque manière qu'il ait été dégagé, pourvu toutefois qu'il ait été bien dépouillé de tout acide étranger par le lavage, & qu'on l'ait purifié par une ou deux cristallisations successives.

L'acide boracique est soluble dans l'eau & dans l'alkool. Il a la propriété de communiquer à la flamme de ce dernier dans lequel on l'a dissous, une couleur verte, & cette circonstance avoit fait croire qu'il contenoit du cuivre: mais aucune expérience décisive n'a confirmé ce résultat; il y a apparence que si le borax contient quelquefois du cuivre, il lui est accidentel.

Cet acide se combine avec les substances salifiables, par la voie humide & par la voie sèche. Il ne dissout pas directement les métaux par la voie humide, mais on peut parvenir à opérer la combinaison par double affinité.

Le Tableau ci-dessus présente les différentes substances avec lesquelles l'acide boracique peut s'unir dans l'ordre des affinités qui s'observent par la voie humide; il exige un changement notable, lorsqu'on opère par la voie sèche: alors l'alumine qui est placée la dernière, doit être placée immédiatement après la soude.

Le radical boracique est entièrement inconnu; l'oxygène y tient tellement, qu'il n'a pas encore été possible de l'en séparer par aucun moyen. Ce n'est même que par analogie qu'on peut conclure que l'oxygène fait partie de sa combinaison, comme de celle de tous les acides.

Tableau des combinaisons de l'Arsenic oxygéné, ou Acide arsenique avec les bases salifiables dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres. Observation.
Combinaisons de l'acide arsenique avec: La chaux. Arseniate de chaux. Ce genre de sels étoit absolument inconnu aux anciens. M. Macquer, qui a découvert en 1746 la combinaison de l'acide arsenique avec la potasse & la soude, les avoit nommés sels neutres arsenicaux.
La baryte. Arseniate de baryte.
La magnésie. Arseniate de magnésie.
La potasse. Arseniate de potasse.
La soude. Arseniate de soude.
L'ammoniaque. Arseniate d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Arseniate de zinc.
L'oxide de manganèse. Arseniate de manganèse.
L'oxide de fer. Arseniate de fer.
L'oxide de plomb. Arseniate de plomb.
L'oxide d'étain. Arseniate d'étain.
L'oxide de cobalt. Arseniate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Arseniate de cuivre.
L'oxide de nickel. Arseniate de nickel.
L'oxyde de bismuth. Arseniate de bismuth.
L'oxide de mercure. Arseniate de mercure.
L'oxide d'antimoine. Arseniate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Arseniate d'argent.
L'oxide d'or. Arseniate d'or.
L'oxide de platine. Arseniate de platine.
L'alumine. Arseniate d'alumine.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide arsenique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Dans un Mémoire imprimé dans le recueil de l'Académie, année 1746, M. Macquer a fait voir qu'en poussant au feu un mêlange d'oxide blanc d'arsenic & de nitre, on obtenoit un sel neutre, qu'il a nommé sel neutre arsenical. On ignoroit entièrement, à l'époque où M. Macquer a publié ce Mémoire, la cause de ce singulier phénomène, & comment une substance métallique pouvoit jouer le rôle d'un acide. Des expériences plus modernes nous ont appris que l'arsenic s'oxygénoit dans cette opération; qu'il enlevoit l'oxygène à l'acide nitrique, & qu'à l'aide de ce principe il se convertissoit en un véritable acide, qui se combinoit ensuite avec la potasse. On connoît aujourd'hui d'autres moyens, non-seulement d'oxygéner l'arsenic, mais encore d'obtenir l'acide arsenique libre & dégagé de toute combinaison. Le plus simple est de dissoudre l'oxide blanc d'arsenic dans trois fois son poids d'acide muriatique: on ajoute dans cette dissolution, pendant qu'elle est encore bouillante, une quantité d'acide nitrique double du poids de l'arsenic, & on évapore jusqu'à siccité. L'acide nitrique se décompose dans cette opération; son oxygène s'unit à l'oxide d'arsenic pour l'acidifier; le radical nitrique se dissipe sous forme de gaz nitreux. A l'égard de l'acide muriatique, il se convertit en gaz muriatique, & on peut le retenir par voie de distillation. On s'assure qu'il ne reste plus d'acide étranger, en calcinant l'acide concret jusqu'à ce qu'il commence à rougir: ce qui reste ainsi dans le creuset est de l'acide arsenique pur.

Il y a plusieurs autres manières d'oxygéner l'arsenic & de le convertir en un acide. Le procédé que Schéele a employé & que M. de Morveau a répété avec un grand succès dans le laboratoire de Dijon, consiste à distiller de l'acide muriatique oxygéné sur de la manganèse. Cet acide s'oxygène, comme je l'ai dit ailleurs, & passe sous la forme d'acide muriatique sur-oxygéné. On le reçoit dans un récipient dans lequel on a mis de l'oxide blanc d'arsenic recouvert d'un peu d'eau distillée. L'arsenic blanc décompose l'acide muriatique oxygéné, il lui enlève l'oxygène surabondant; d'une part, il se convertit en acide arsenique, & de l'autre l'acide muriatique oxygéné redevient acide muriatique ordinaire. On sépare ces deux acides en distillant à une chaleur douce, qu'on augmente cependant sur la fin: l'acide muriatique passe & l'acide arsenique reste sous forme blanche & concrète. Dans cet état il est beaucoup moins volatil que l'oxide blanc d'arsenic.

Très-souvent l'acide arsenique tient en dissolution une portion d'oxide blanc d'arsenic qui n'a pas été suffisamment oxygéné. On n'est point exposé à cet inconvénient, quand on a opéré par l'acide nitrique, & qu'on en ajoute de nouveau, jusqu'à ce qu'il ne passât plus de gaz nitreux.

D'après ces différentes observations, je définirai l'acide arsenique, un acide métallique blanc, concret fixe au degré de feu qui le fait rougir, formé par la combinaison de l'arsenic avec l'oxygène, qui se dissout dans l'eau, & qui est susceptible de se combiner avec un grand nombre de bases salifiables.

Tableau des combinaisons du Molybdène oxygéné, ou Acide molybdique avec les bases salifiables, par ordre alphabétique *.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide molybdique avec: L'alumine. Molybdate d'alumine.
L'ammoniaque. Molybdate d'ammoniaque.
L'oxide d'antimoine. Molybdate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Molybdate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Molybdate d'arsenic.
La baryte. Molybdate de baryte.
L'oxide de bismuth. Molybdate de bismuth.
La chaux. Molybdate de chaux.
L'oxide de cobalt. Molybdate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Molybdate de cuivre.
L'oxide d'étain. Molybdate d'étain.
L'oxide de fer. Molybdate de fer.
La magnésie. Molybdate de magnésie.
L'oxide de manganèse. Molybdate de manganèse.
L'oxide de mercure. Molybdate de mercure.
L'oxide de nickel. Molybdate de nickel.
L'oxide d'or. Molybdate d'or.
L'oxide de platine. Molybdate de platine.
L'oxide de plomb. Molybdate de plomb.
La potasse. Molybdate de potasse.
La soude. Molybdate de soude.
Le zinc. Molybdate de zinc.

* On a suivi dans le tableau l'ordre alphabétique, parce que l'on ne connoît pas bien les affinités de cet acide avec les différentes bases. C'est à M. Schéele qu'on doit la découverte de cet acide, comme de beaucoup d'autres.

Nota. Toute cette classe de sels a été nouvellement découverte, & n'avoit point encore été nommée.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide molybdique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Le molybdène est une substance métallique particulière, qui est susceptible de s'oxygéner au point de se transformer en un véritable acide concret. Pour y parvenir, on introduit dans une cornue une partie de mine de molybdène, telle que la nature nous la présente, & qui est un véritable sulfure de molybdène; on y ajoute cinq ou six parties d'un acide nitrique affoibli d'un quart d'eau environ, & on distille. L'oxygène de l'acide nitrique se porte sur le molybdène & sur le soufre; il transforme l'un en un oxide métallique, & l'autre en acide sulfurique. On repasse de nouvel acide nitrique dans la même proportion & jusqu'à quatre ou cinq fois; & quand il n'y a plus de vapeurs rouges, le molybdène est oxygéné autant qu'il le peut être, du moins par ce moyen, & on le trouve au fond de la cornue sous forme blanche, pulvérulente, comme de la craie. Cet acide est peu soluble, & on peut, sans risquer d'en perdre beaucoup, le laver avec de l'eau chaude. Cette précaution est nécessaire pour le débarrasser des dernières portions d'acide sulfurique, qui pourroient y adhérer.

Tableau des combinaisons du Tungstène oxygéné, ou Acide tungstique avec les bases salifiables.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide tungstique avec: La chaux. Tungstate de chaux.
La baryte. Tungstate de baryte.
La magnésie. Tungstate de magnésie.
La potasse. Tungstate de potasse.
La soude. Tungstate de soude.
L'ammoniaque Tungstate d'ammoniaque.
L'alumine. Tungstate d'alumine.
L'oxide d'antimoine. Tungstate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Tungstate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Tungstate d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Tungstate de bismuth.
L'oxide de cobalt. Tungstate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Tungstate de cuivre.
L'oxide d'étain. Tungstate d'étain.
L'oxide de fer. Tungstate de fer.
L'oxide de manganèse. Tungstate de manganèse.
L'oxide de mercure. Tungstate de mercure.
L'oxide de molybdène. Tungstate de molybdène.
L'oxide de nickel. Tungstate de nickel.
L'oxide d'or. Tungstate d'or.
L'oxide de platine. Tungstate de platine.
L'oxide de plomb. Tungstate de plomb.
L'oxide de zinc. Tungstate de zinc.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide tungstique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

On donne le nom de tungstène à un métal particulier dont la mine a été souvent confondue avec celles d'étain; dont la cristallisation a du rapport avec celle des grenats; dont la pesanteur spécifique excède 6000, celle de l'eau étant supposée 1000; enfin qui varie du blanc perlé au rougeâtre & au jaune. On le trouve en plusieurs endroits de la Saxe & en Bohême.

Le volfram est aussi une véritable mine de tungstène, qui se rencontre fréquemment dans les mines de Cornouailles.

Le métal qui porte le nom de tungstène, est dans l'état d'oxide dans ces deux espèces de mines. Il paroîtroit même qu'il est porté, dans la mine de tungstène, au-delà de l'état d'oxide; qu'il y fait fonction d'acide: il y est uni à la chaux.

Pour obtenir cet acide libre, on mêle une partie de mine de tungstène avec quatre parties de carbonate de potasse, & on fait fondre le mêlange dans un creuset. Lorsque la matière est refroidie, on la met en poudre & on verse dessus douze parties d'eau bouillante; puis on ajoute de l'acide nitrique qui s'unit à la potasse avec laquelle il a plus d'affinité, & en dégage l'acide tungstique: cet acide se précipite aussitôt sous forme concrète. On peut y repasser de l'acide nitrique qu'on évapore à siccité, & continuer ainsi jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus de vapeurs rouges; on est assuré pour lors qu'il est complètement oxygéné. Si on veut obtenir l'acide tungstique pur, il faut opérer la fusion de la mine avec le carbonate de potasse dans un creuset de platine; autrement la terre du creuset se mêleroit avec les produits, & altéreroit la pureté de l'acide.

Les affinités de l'acide tungstique avec les oxides métalliques ne sont point déterminées, & c'est pour cette raison qu'on les a rangées par ordre alphabétique; à l'égard des autres substances salifiables, on les a rangées dans l'ordre de leur affinité avec l'acide tungstique. Toute cette classe de sels n'avoit été ni connue ni nommée par les anciens.

Tableau des combinaisons du Radical tartareux oxygéné, ou Acide tartareux avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
Combinaisons de l'acide tartareux avec: La chaux. Tartrite de chaux.
La baryte. Tartrite de baryte.
La magnésie. Tartrite de magnésie.
La potasse. Tartrite de potasse.
La soude. Tartrite de soude.
L'ammoniaque. Tartrite d'ammoniaque.
L'alumine. Tartrite d'alumine.
L'oxide de zinc. Tartrite de zinc.
L'oxide de fer. Tartrite de fer.
L'oxide de manganèse. Tartrite de manganèse.
L'oxide de cobalt. Tartrite de cobalt.
L'oxide de nickel. Tartrite de nickel.
L'oxide de plomb. Tartrite de plomb.
L'oxide d'étain. Tartrite d'étain.
L'oxide de cuivre. Tartrite de cuivre.
L'oxide de bismuth. Tartrite de bismuth.
L'oxide d'antimoine. Tartrite d'antimoine.
L'oxide d'arsenic. Tartrite d'arsenic.
L'oxide d'argent. Tartrite d'argent.
L'oxide de mercure. Tartrite de mercure.
L'oxide d'or. Tartrite d'or.
L'oxide de platine. Tartrite de platine.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide tartareux, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Tout le monde connoît le tartre qui s'attache autour des tonneaux dans lesquels la fermentation du vin s'est achevée. Ce sel est composé d'un acide particulier sui generis, combiné avec la potasse, mais de manière que l'acide est dans un excès considérable.

C'est encore M. Schéele qui a enseigné aux Chimistes le moyen d'obtenir l'acide tartareux pur. Il a observé d'abord que cet acide avoit plus d'affinité avec la chaux qu'avec la potasse; il prescrit en conséquence de commencer par dissoudre du tartre purifié dans de l'eau bouillante, & d'y ajouter de la chaux jusqu'à ce que tout l'acide soit saturé. Le tartrite de chaux qui se forme, est un sel presqu'insoluble qui tombe au fond de la liqueur, sur-tout quand elle est refroidie; on l'en sépare par décantation, on le lave avec de l'eau froide & on le sèche; après quoi on verse dessus de l'acide sulfurique étendu de 8 à 9 fois son poids d'eau, on fait digérer pendant douze heures, à une chaleur douce, en observant de remuer de tems en tems: l'acide sulfurique s'empare de la chaux, forme du sulfate de chaux, & l'acide tartareux se trouve libre. Il se dégage pendant cette digestion une petite quantité de gaz qui n'a pas été examiné. Au bout de douze heures on décante la liqueur, on lave le sulfate de chaux avec de l'eau froide pour emporter les portions d'acide tartareux dont il est imprégné; on réunit tous les lavages à la première liqueur, on filtre, on évapore & on obtient l'acide tartareux concret. Deux livres de tartre purifié, donnent environ onze onces d'acide. La quantité d'acide sulfurique nécessaire pour cette quantité de tartre, est de 8 à 10 onces d'acide concentré qu'on étend, comme je viens de le dire, de 8 à 9 parties d'eau.

Comme le radical combustible est en excès dans cet acide, nous lui avons conservé la terminaison en eux, & nous avons nommé tartrites le résultat de sa combinaison avec les substances salifiables.

La base de l'acide tartareux est le radical carbone-hydreux ou hydro-carboneux, & il paroît qu'il y est moins oxygéné que dans l'acide oxalique. Les expériences de M. Hassenfratz paroissent prouver que l'azote entre aussi dans la combinaison de ce radical, même en assez grande quantité. En oxygénant l'acide tartareux, on le convertit en acide oxalique, en acide malique & en acide acéteux: mais il est probable que la proportion de l'hydrogène & du carbone change dans ces conversions, & que la différence du degré d'oxygénation n'est pas la seule cause qui constitue la différence de ces acides.

L'acide tartareux, en se combinant avec les alkalis fixes, est susceptible de deux degrés de saturation: le premier constitue un sel avec excès d'acide, nommé très-improprement crême de tartre, & que nous avons nommé tartrite acidule de potasse. La même combinaison donne par un second degré de saturation un sel parfaitement neutre, que nous nommons simplement tartrite de potasse, & qui est connu en pharmacie sous le nom de sel végétal. Le même acide combiné avec la soude jusqu'à saturation, donne un tartrite de soude connu sous le nom de sel de seignette, ou de sel polycreste de la Rochelle.

Tableau des combinaisons du Radical malique oxygéné, ou Acide malique avec les bases salifiables par ordre alphabétique.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
Combinaisons de l'acide malique avec: L'alumine. Malate d'alumine.
L'ammoniaque. Malate d'ammoniaque.
L'oxide d'antimoine. Malate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Malate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Malate d'arsenic.
La baryte. Malate de baryte.
L'oxide de bismuth. Malate de bismuth.
La chaux. Malate de chaux.
L'oxide de cobalt. Malate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Malate de cuivre.
L'oxide d'étain. Malate d'étain.
L'oxide de fer. Malate de fer.
La magnésie. Malate de magnésie.
L'oxide de manganèse. Malate de manganèse.
L'oxide de mercure. Malate de mercure.
L'oxide de nickel. Malate de nickel.
L'oxide d'or. Malate d'or.
L'oxide de platine. Malate de platine.
L'oxide de plomb. Malate de plomb.
La potasse. Malate de potasse.
La soude. Malate de soude.
L'oxide de zinc. Malate de zinc.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide malique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

L'Acide malique se trouve tout formé dans le jus des pommes acides, mûres ou non mûres, & d'un grand nombre d'autres fruits. Pour l'obtenir, on commence par saturer le jus de pommes avec de la potasse ou de la soude. On verse ensuite sur la liqueur saturée, de l'acétite de plomb dissoute dans l'eau. Il se fait un échange de bases; l'acide malique se combine avec le plomb, & se précipite. On lave bien ce précipité, ou plutôt ce sel qui est à-peu-près insoluble; après quoi on y verse de l'acide sulfurique affoibli qui chasse l'acide malique, s'empare du plomb, forme avec lui un sulfate qui est de même très-peu soluble & qu'on sépare par filtration; il reste l'acide malique libre & en liqueur. Cet acide se trouve mêlé avec l'acide citrique & avec l'acide tartareux dans un grand nombre de fruits: il tient à-peu-près le milieu entre l'acide oxalique & l'acide acéteux; & c'est ce qui a porté M. Hermbstadt à lui donner le nom de vinaigre imparfait. Il est plus oxygéné que l'acide oxalique, mais il l'est moins que l'acide acéteux. Il differe aussi de ce dernier par la nature de son radical, qui contient un peu plus de carbone & un peu moins d'hydrogène. On peut le former artificiellement, en traitant du sucre avec de l'acide nitrique. Si on s'est servi d'un acide étendu d'eau, il ne se forme point de cristaux d'acide oxalique; mais la liqueur contient réellement deux acides, savoir l'acide oxalique, l'acide malique, & probablement même un peu d'acide tartareux. Pour s'en assurer, il ne s'agit que de verser de l'eau de chaux sur la liqueur; il se forme du tartrite & de l'oxalate de chaux, qui se déposent au fond comme insolubles; il se forme en même tems du malate de chaux qui reste en dissolution. Pour avoir l'acide pur & libre, on décompose le malate de chaux par l'acétite de plomb, & on enlève le plomb à l'acide malique par l'acide sulfurique, de la même manière que quand on opère directement sur le jus des pommes.

Tableau des combinaisons du Radical citrique oxygéné, ou Acide citrique avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide *.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres. Observation.
Combinaisons de l'acide citrique avec: La baryte. Citrate de baryte. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens chimistes.
La chaux. Citrate de chaux.
La magnésie. Citrate de magnésie.
La potasse. Citrate de potasse.
La soude. Citrate de soude.
L'ammoniaque. Citrate d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Citrate de zinc.
L'oxide de manganèse. Citrate de manganèse.
L'oxide de fer. Citrate de fer.
L'oxide de plomb. Citrate de plomb.
L'oxide de cobalt. Citrate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Citrate de cuivre.
L'oxide d'arsenic. Citrate d'arsenic.
L'oxide de mercure. Citrate de mercure.
L'oxide d'antimoine. Citrate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Citrate d'argent.
L'oxide d'or. Citrate d'or.
L'oxide de platine. Citrate de platine.
L'alumine. Citrate d'alumine.

* Les affinités de cet acide ont été déterminées par M. Bergman & par M. de Breney, de l'Académie de Dijon.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide citrique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

On donne le nom de citrique à l'acide en liqueur qu'on retire par expression du citron; on le rencontre dans plusieurs autres fruits mêlé avec l'acide malique. Pour l'obtenir pur & concentré, on lui laisse déposer sa partie muqueuse par un long repos dans un lieu frais, tel que la cave, ensuite on le concentre par un froid de 4 ou 5 degrés au-dessous de zéro du thermomètre de Réaumur: l'eau se gèle & l'acide reste en liqueur. On peut ainsi le réduire à un huitième de son volume. Un trop grand degré de froid nuiroit au succès de l'opération, parce que l'acide se trouveroit engagé dans la glace, & qu'on auroit de la peine à l'en séparer. Cette préparation de l'acide citrique est de M. Georgius. On peut l'obtenir d'une manière plus simple encore, en saturant du jus de citron avec de la chaux. Il se forme un citrate calcaire qui est indissoluble dans l'eau; on lave ce sel, & on verse dessus de l'acide sulfurique, qui s'empare de la chaux & qui forme du sulfate de chaux, sel presque insoluble. L'acide citrique reste libre dans la liqueur.

Tableau des combinaisons du Radical pyro-ligneux oxygéné, ou Acide pyro-ligneux avec des bases salifiables dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide pyro-ligneux avec: La chaux. Pyro-lignite de chaux.
La baryte. Pyro-lignite de baryte.
La potasse. Pyro-lignite de potasse.
La soude. Pyro-lignite de soude.
La magnésie. Pyro-lignite de magnésie.
L'ammoniaque. Pyro-lignite d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Pyro-lignite de zinc.
L'oxide de manganèse. Pyro-lignite de manganèse.
L'oxide de fer. Pyro-lignite de fer.
L'oxide de plomb. Pyro-lignite de plomb.
L'oxide d'étain. Pyro-lignite d'étain.
L'oxide de cobalt. Pyro-lignite de cobalt.
L'oxide de cuivre. Pyro-lignite de cuivre.
L'oxide de nickel. Pyro-lignite de nickel.
L'oxide d'arsenic. Pyro-lignite d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Pyro-lignite de bismuth.
L'oxide de mercure. Pyro-lignite de mercure.
L'oxide d'antimoine. Pyro-lignite d'antimoine.
L'oxide d'argent. Pyro-lignite d'argent.
L'oxide d'or. Pyro-lignite d'or.
L'oxide de platine. Pyro-lignite de platine.
L'alumine. Pyro-lignite d'alumine.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide pyro-ligneux, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Les anciens Chimistes avoient observé que la plupart des bois, & sur-tout ceux qui sont lourds & compactes, donnoient par la distillation à feu nud un esprit acide d'une nature particulière; mais personne, avant M. Goettling, ne s'étoit occupé d'en rechercher la nature. Le travail qu'il a donné sur ce sujet, se trouve dans le Journal de Crell, année 1779. L'acide pyro-ligneux qu'on obtient par la distillation du bois à feu nud, est de couleur brune; il est très-chargé d'huile & de charbon; pour l'obtenir plus pur, on le rectifie par une seconde distillation. Il paroît qu'il est à peu près le même, de quelque bois qu'il ait été tiré. M. de Morveau & M. Eloi Boursier de Clervaux se sont attachés à déterminer les affinités de cet acide avec les différentes bases salifiables; & c'est dans l'ordre qu'ils leur ont assigné, qu'on les présente ici. Le radical de cet acide est principalement formé d'hydrogène & de carbone.

Tableau des combinaisons du Radical pyro-tartareux oxygéné, ou Acide pyro-tartareux avec les différentes bases salifiables dans l'ordre de leur affinité avec cet acide *.

  Noms des bases. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide pyro-tartareux avec: La potasse. Pyro-tartrite de potasse.
La soude. Pyro-tartrite de soude.
La baryte . Pyro-tartrite de baryte.
La chaux. Pyro-tartrite de chaux.
La magnésie. Pyro-tartrite de magnésie.
L'ammoniaque. Pyro-tartrite d'ammoniaque.
L'alumine. Pyro-tartrite d'alumine.
L'oxide de zinc. Pyro-tartrite de zinc.
L'oxide de manganèse. Pyro-tartrite de manganèse.
L'oxide de fer. Pyro-tartrite de fer.
L'oxide de plomb. Pyro-tartrite de plomb.
L'oxide d'étain. Pyro-tartrite d'étain.
L'oxide de cobalt. Pyro-tartrite de cobalt.
L'oxide de cuivre. Pyro-tartrite de cuivre.
L'oxide de nickel. Pyro-tartrite de nickel.
L'oxide d'arsenic. Pyro-tartrite d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Pyro-tartrite de bismuth.
L'oxide de mercure. Pyro-tartrite de mercure.
L'oxide d'antimoine. Pyro-tartrite d'antimoine.
L'oxide d'argent. Pyro-tartrite d'argent.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens Chimistes.

* On ne connoît pas encore les affinités de cet acide: mais comme il a beaucoup de rapport avec l'acide pyro-muqueux, on les a supposées les mêmes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide pyro-tartareux, & sur le Tableau de ses combinaisons.

On donne le nom de pyro-tartareux à un acide empyreumatique peu concentré qu'on retire du tartre purifié par voie de distillation. Pour l'obtenir, on remplit à moitié de tartrite acidule de potasse ou tartre en poudre, une cornue de verre; on y adapte un récipient tubulé auquel on ajoute un tube qui s'engage sous une cloche dans l'appareil pneumato-chimique. En graduant le feu, on obtient une liqueur acide empyreumatique mêlée avec de l'huile: on sépare ces deux produits au moyen d'un entonnoir, & c'est la liqueur acide qu'on a nommée acide pyro-tartareux. Il se dégage dans cette distillation une prodigieuse quantité de gaz acide carbonique. L'acide pyro-tartareux qu'on obtient, n'est pas parfaitement pur; il contient toujours de l'huile qu'il seroit à souhaiter qu'on en pût séparer. Quelques auteurs ont conseillé de le rectifier; mais les Académiciens de Dijon ont constaté que cette opération étoit dangereuse, & qu'il y avoit explosion.

Tableau des combinaisons du Radical pyro-muqueux oxygéné, ou Acide pyro-muqueux avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide pyro-muqueux avec: La potasse. Pyro-mucite de potasse.
La soude. Pyro-mucite de soude.
La baryte. Pyro-mucite de baryte.
La chaux. Pyro-mucite de chaux.
La magnésie. Pyro-mucite de magnésie.
L'ammoniaque. Pyro-mucite d'ammoniaque.
L'alumine. Pyro-mucite d'alumine.
L'oxide de zinc. Pyro-mucite de zinc.
L'oxide de manganèse. Pyro-mucite de manganèse.
L'oxide de fer. Pyro-mucite de fer.
L'oxide de plomb. Pyro-mucite de plomb.
L'oxide d'étain. Pyro-mucite d'étain.
L'oxide de cobalt. Pyro-mucite de cobalt.
L'oxide de cuivre. Pyro-mucite de cuivre.
L'oxide de nickel. Pyro-mucite de nickel.
L'oxide d'arsenic. Pyro-mucite d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Pyro-mucite de bismuth.
L'oxide d'antimoine. Pyro-mucite d'antimoine.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide pyro-muqueux, & sur le Tableau de ses combinaisons.

On retire l'acide pyro-muqueux du sucre & de tous les corps sucrés par la distillation à feu nud. Comme ces substances se boursouflent considérablement au feu, on doit laisser vuides les sept huitièmes de la cornue. Cet acide est d'un jaune qui tire sur le rouge: on l'obtient moins coloré en le rectifiant par une seconde distillation. Il est principalement composé d'eau & d'une petite portion d'huile légèrement oxygénée. Quand il en tombe sur les mains, il les tache en jaune, & ces taches ne s'en vont qu'avec l'épiderme. La manière la plus simple de le concentrer, est de l'exposer à la gelée ou bien à un froid artificiel: si on l'oxygène par l'acide nitrique, on le convertit en partie en acide oxalique & en acide malique.

C'est mal à-propos qu'on a prétendu qu'il se dégage beaucoup de gaz pendant la distillation de cet acide; il n'en passe presque point quand la distillation est conduite lentement & par un degré de feu modéré.

Tableau des combinaisons du Radical oxalique oxygéné, ou Acide oxalique avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide oxalique avec: La chaux. Oxalate de chaux.
La baryte. Oxalate de baryte.
La magnésie. Oxalate de magnésie.
La potasse. Oxalate de potasse.
La soude. Oxalate de soude.
L'ammoniaque. Oxalate d'ammoniaque.
L'alumine. Oxalate d'alumine.
L'oxide de zinc. Oxalate de zinc.
L'oxide de fer. Oxalate de fer.
L'oxide de manganèse. Oxalate de manganèse.
L'oxide de cobalt. Oxalate de cobalt.
L'oxide de nickel. Oxalate de nickel.
L'oxide de plomb. Oxalate de plomb.
L'oxide de cuivre. Oxalate de cuivre.
L'oxide de bismuth. Oxalate de bismuth.
L'oxide d'antimoine. Oxalate d'antimoine.
L'oxide d'arsenic. Oxalate d'arsenic.
L'oxide de mercure. Oxalate de mercure.
L'oxide d'argent. Oxalate d'argent.
L'oxide d'or. Oxalate d'or.
L'oxide de platine. Oxalate de platine.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide oxalique, & sur le Tableau de les combinaisons.

L'Acide oxalique se prépare principalement en Suisse & en Allemagne; il se tire du suc de l'oseille qu'on exprime, & dans lequel ses cristaux se forment par un long repos. Dans cet état il est en partie saturé par de l'alkali fixe végétal ou potasse; en sorte que c'est, à proprement parler, un sel neutre avec un grand excès d'acide. Quand on veut obtenir l'acide pur, il faut le former artificiellement, & on y parvient en oxygénant le sucre, qui paroît être le véritable radical oxalique. On verse en conséquence sur une partie de sucre six à huit parties d'acide nitrique, & on fait chauffer à une chaleur douce; il se produit une vive effervescence, & il se dégage une grande abondance de gaz nitreux; après quoi en laissant reposer la liqueur, il s'y forme des cristaux qui sont de l'acide oxalique très-pur. On les sèche sur un papier gris pour en séparer les dernières portions d'acide nitrique dont il pourroit être imbibé; & pour être encore plus sûr de la pureté de l'acide, on le dissout dans de l'eau distillée & on le fait cristalliser une seconde fois.

L'acide oxalique n'est pas le seul qu'on puisse obtenir du sucre en l'oxygénant. La même liqueur qui a donné des cristaux d'acide oxalique, par refroidissement contient en outre l'acide malique, qui est un peu plus oxigéné. Enfin, en oxygénant encore davantage le sucre, on le convertit en acide acéteux ou vinaigre.

L'acide oxalique uni à une petite quantité de soude ou de potasse, a, comme l'acide tartareux, la propriété d'entrer tout entier dans un grand nombre de combinaisons, sans se décomposer: il en résulte des sels à deux bases, qu'il a bien fallu nommer. Nous avons appelé le sel d'oseille oxalate acidule de potasse.

Il y a plus d'un siècle que l'acide oxalique est connu des Chimistes. M. Duclos en a fait mention dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1688. Il a été décrit avec assez de soin par Boerhaave: mais M. Schéele est le premier qui ait reconnu qu'il contenoit de la potasse toute formée, & qui ait démontré son identité avec l'acide qu'on forme par l'oxygénation du sucre.

Tableau des combinaisons du Radical acéteux oxygéné, par un premier degré d'oxigénation avec les bases salifiables, suivant l'ordre de leur affinité avec cet acide.

Nomenclature nouvelle.
  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide acéteux avec: La baryte. Acétite de baryte.
La potasse. Acétite de potasse.
La soude. Acétite de soude.
La chaux. Acétite de chaux.
La magnésie. Acétite de magnésie.
L'ammoniaque. Acétite d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Acétite de zinc.
L'oxide de manganèse. Acétite de manganèse.
L'oxide de fer. Acétite de fer.
L'oxide de plomb. Acétite de plomb.
L'oxide d'étain. Acétite d'étain.
L'oxide de cobalt. Acétite de cobalt.
L'oxide de cuivre. Acétite de cuivre.
L'oxide de nickel. Acétite de nickel.
L'oxide d'arsenic. Acétite d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Acétite de bismuth.
L'oxide de mercure. Acétite de mercure.
L'oxide d'antimoine. Acétite d'antimoine.
L'oxide d'argent. Acétite d'argent.
L'oxide d'or. Acétite d'or.
L'oxide de platine. Acétite de platine.
L'alumine. Acétite d'alumine.
Nomenclature ancienne.
  Noms des bases. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide du vinaigre avec: La terre pesante. Inconnue des anciens. La découverte en est due à M. de Morveau qui l'a nommée acète barotique.
L'alkali fixe végétal. Terre foliée de tartre très-secrète de Muller, arcane de tartre de Basile Valentin, & de Paracelse, Magistère purgatif de tartre de Schroëder, sel essentiel de vin de Zwelfer, tartre régénéré de Tachénius, sel diurétique de Sylvius, de Wilson.
L'alkali fixe minéral. Terre foliée à base d'alkali minéral, terre foliée minérale, terre foliée cristallisable, sel acéteux minéral.
La terre calcaire. Sel de craie, sel de corail, sel d'yeux d'écrevisses; Hartman en a fait mention.
La base du sel d'epsom. Inconnue des anciens; M. Wenzel est le premier qui en ait parlé.
L'alkali volatil. Esprit de Mendérérus ou de Menderet, sel acéteux ammoniacal.
La chaux de zinc. Cette combinaison a été connue de Glauber, Schwedemberg, Respour, Pott, de M. de Lassone, & de M. Wenzel, mais ils ne l'ont pas désignée par un nom particulier.
La chaux de manganèse. Inconnue des anciens.
La chaux de fer. Vinaigre martial. Cette combinaison a été décrite par Scheffer, par MM. Monnet, Wenzel & le Duc d'Ayen.
La chaux de plomb. Sucre de Saturne, vinaigre de Saturne, sel de Saturne.
La chaux d'étain. Cette combinaison a été connue de MM. Lémery, Margraff, Monnet, Weslendorf & Wenzel, mais ils ne lui ont pas donné de nom.
La chaux de cobalt. Encre de simpathie de M. Cadet.
La chaux de cuivre. Verd de gris, cristaux de verdet, cristaux de Vénus, verdet, verdet distillé.
La chaux de nickel. Inconnue des anciens.
La chaux d'arsenic. Liqueur fumante, arsenico-acéteuse, ou phosphore liquide de M. Cadet.
La chaux de bismuth. Sucre de bismuth de M. Geoffroi. Cette combinaison a été connue de MM. Gellert, Pott, Weslendorf, Bergman & de Morveau.
La chaux de mercure. Terre foliée mercurielle. M. Gebaver a fait mention en 1748, de cette combinaison; elle a été décrite par MM. Hellot, Margraff, Baumé, Navier, Monnet, Wenzel: c'est le fameux reméde anti-vénérien de Keyser.
La chaux d'antimoine.  
La chaux d'argent. Inconnue des anciens, décrite par MM. Margraff, Monnet & Wenzel.
La chaux d'or. Cette combinaison est peu connue, Schroëder & Juncker en ont fait mention.
La chaux de platine. Cette combinaison est inconnue.
L'alumine. Le vinaigre ne dissout, comme s'en est assuré M. Wenzel, que très-peu d'alumine.

* Les anciens Chimistes n'ont guère connu de ces sels que l'acétite de potasse, celui de soude, celui d'ammoniaque, celui de cuivre & celui de plomb; la découverte de l'acétite d'arsenic est due à M. Cadet, (voyez tome III des Savans Etrangers.) On doit principalement à M. Wenzel, aux Académiciens de Dijon, à M. de Lassonne & à M. Proust, la connoissance que nous avons des propriétés des autres acétites. Il seroit possible que le radical acéteux, outre l'hydrogène & le carbone, contînt encore un peu d'azote. Il y a lieu de le soupçonner d'après la propriété qu'a l'acétite de potasse de donner de l'ammoniaque par la distillation, à moins cependant que l'azote qui concoure à la formation de cette ammoniaque, ne soit dû à la décomposition de la potasse elle-même.

OBSERVATIONS

Sur le Radical acéteux oxygéné par un premier degré d'oxygénation, ou Acide acéteux, & sur ses combinaisons avec les bases salifiables.

Le radical acéteux est composé de la réunion du carbone & de l'hydrogène portés à l'état d'acide par l'addition de l'oxygène. Cet acide est par conséquent composé des mêmes principes que l'acide tartareux, que l'acide oxalique, que l'acide citrique, que l'acide malique, &c. mais la proportion des principes est différente pour chacun de ces acides, & il paroît que l'acide acéteux est le plus oxygéné de tous. J'ai quelques raisons de croire qu'il contient aussi un peu d'azote, & que ce principe qui n'existe pas dans les autres acides végétaux que je viens de nommer, si ce n'est peut-être dans l'acide tartareux, est une des causes qui le différencie. Pour produire l'acide acéteux ou vinaigre, on expose le vin à une température douce, en y ajoutant un ferment, qui consiste principalement dans la lie qui s'est précédemment séparée d'autre vinaigre pendant sa fabrication, ou dans d'autres matières de même nature. La partie spiritueuse du vin (le carbone & l'hydrogène) s'oxygènent dans cette opération, c'est par cette raison qu'elle ne peut se faire qu'à l'air libre, & qu'elle est toujours accompagnée d'une diminution du volume de l'air. Il faut en conséquence, pour faire de bon vinaigre, que le tonneau dans lequel on opère ne soit qu'à moitié plein. L'acide qui se forme ainsi est très-volatil; il est étendu d'une très-grande quantité d'eau & mêlé de beaucoup de substances étrangères. Pour l'avoir pur on le distille à une chaleur douce, dans des vaisseaux de grès ou de verre: mais ce qui paroît avoir échappé aux Chimistes, c'est que l'acide acéteux change de nature dans cette opération; l'acide qui passe dans la distillation, n'est pas exactement de même nature que celui qui reste dans l'alambic; ce dernier paroîtroit être plus oxygéné.

La distillation ne suffit pas pour débarrasser l'acide acéteux du phlegme étranger qui s'y trouve mêlé; le meilleur moyen de le concentrer sans en altérer la nature, consiste à l'exposer à un froid de quatre ou six degrés au-dessous de la congellation: la partie aqueuse gèle, & l'acide reste liquide. Il paroît que l'acide acéteux libre de toute combinaison, est naturellement dans l'état de gaz, au degré de température & de pression dans lequel nous vivons, & que nous ne pouvons le retenir qu'en le combinant avec une grande quantité d'eau.

Il est d'autres procédés plus chimiques pour obtenir l'acide acéteux: ils consistent à oxygéner l'acide du tartre, l'acide oxalique ou l'acide malique par l'acide nitrique; mais il y a lieu de croire que la proportion des bases qui composent le radical, change dans cette opération. Au surplus M. Hassenfratz est occupé dans ce moment à répéter les expériences d'après lesquelles on a prétendu établir la possibilité de ces conversions.

La combinaison de l'acide acéteux avec les différentes bases salifiables, se fait avec assez de facilité; mais la plupart des sels qui en résultent ne sont pas cristallisables; à la différence des sels formés par l'acide tartareux & l'acide oxalique, qui sont en général peu solubles. Le tartrite & l'oxalate de chaux ne le sont pas même sensiblement. Les malates tiennent un espèce de milieu entre les oxalates & les acétates pour la solubilité, comme l'acide qui les forme en tient un pour le degré d'oxigénation.

Il faut, comme pour tous les autres acides, que les métaux soient oxygénés, pour pouvoir être dissous dans l'acide acéteux.

Tableau des combinaisons du Radical acéteux oxygéné par un second degré d'oxygénation, ou Acide acétique, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres. Observation.
Combinaisons de l'acide acétique avec: La baryte. Acétate de baryte. Tous ces sels étoient inconnus des anciens, & même aujourd'hui, les Chimistes qui sont les plus au courant des découvertes modernes, ne peuvent pas prononcer avec certitude, si la plupart des sels acéteux doivent être rangés dans la classe des acétites ou des acétates.
La potasse. Acétate de potasse.
La soude. Acétate de soude.
La chaux. Acétate de chaux.
La magnésie. Acétate de magnésie.
L'ammoniaque. Acétate d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Acétate de zinc.
L'oxide de manganèse. Acétate de manganèse.
L'oxide de fer. Acétate de fer.
L'oxide de plomb. Acétate de plomb.
L'oxide d'étain. Acétate d'étain.
L'oxide de cobalt. Acétate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Acétate de cuivre.
L'oxide de nickel. Acétate de nickel.
L'oxide d'arsenic. Acétate d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Acétate de bismuth.
L'oxide de mercure. Acétate de mercure.
L'oxide d'antimoine. Acétate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Acétate d'argent.
L'oxide d'or. Acétate d'or.
L'oxide de platine. Acétate de platine.
L'alumine. Acétate d'alumine.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide acétique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Nous avons donné au vinaigre radical le nom d'acide acétique, parce que nous avons supposé qu'il étoit plus chargé d'oxygène que le vinaigre ou acide acéteux. Dans cette supposition, le vinaigre radical ou acide acétique seroit le dernier degré d'oxygénation que puisse prendre le radical hydro-carboneux; mais quelque probable que soit cette conséquence, elle demande à être confirmée par des expériences plus décisives. Quoi qu'il en soit, pour préparer le vinaigre radical, on prend de l'acétite de potasse, qui est une combinaison d'acide acéteux & de potasse, ou de l'acétite de cuivre, qui est une combinaison du même acide avec du cuivre; on verse dessus un tiers de son poids d'acide sulfurique concentré, & par la distillation on obtient un vinaigre très-concentré, qu'on nomme vinaigre radical ou acide acétique. Mais, comme je viens de l'indiquer, il n'est point encore rigoureusement démontré que cet acide soit plus oxygéné que l'acide acéteux ordinaire, ni même qu'il n'en differe pas par la différence de proportion des principes du radical.

Tableau des combinaisons du Radical succinique oxygéné, ou Acide succinique, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide succinique avec: La baryte. Succinate de baryte.
La chaux. Succinate de chaux.
La potasse. Succinate de potasse.
La soude. Succinate de soude.
L'ammoniaque. Succinate d'ammoniaque.
La magnésie. Succinate de magnésie.
L'alumine. Succinate d'alumine.
L'oxide de zinc. Succinate de zinc.
L'oxide de fer. Succinate de fer.
L'oxide de manganèse. Succinate de manganèse.
L'oxide de cobalt. Succinate de cobalt.
L'oxide de nickel. Succinate de nickel.
L'oxide de plomb. Succinate de plomb.
L'oxide d'étain. Succinate d'étain.
L'oxide de cuivre. Succinate de cuivre.
L'oxide de bismuth. Succinate de bismuth.
L'oxide d'antimoine. Succinate d'antimoine.
L'oxide d'arsenic. Succinate d'arsenic.
L'oxide de mercure. Succinate de mercure.
L'oxide d'argent. Succinate d'argent.
L'oxide d'or. Succinate d'or.
L'oxide de platine. Succinate de platine.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide succinique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

L'Acide succinique se retire du succin, karabé ou ambre jaune, par distillation. Il suffit de mettre cette substance dans une cornue, & de donner une chaleur douce; l'acide succinique se sublime sous forme concrète dans le col de la cornue. Il faut éviter de pousser trop loin la distillation, pour ne pas faire passer l'huile. L'opération finie, on met le sel égoutter sur du papier gris; après quoi on le purifie par des dissolutions & cristallisations répétées.

Cet acide exige 24 parties d'eau froide pour être tenu en dissolution, mais il est beaucoup plus dissoluble dans l'eau chaude; il n'altère que foiblement les teintures bleues végétales, & il n'a pas dans un degré très-éminent les qualités d'acide. M. de Morveau est le premier des Chimistes qui ait essayé de déterminer ses différentes affinités, & c'est d'après lui qu'elles sont indiquées dans le Tableau joint à ces observations.

Tableau des combinaisons du Radical benzoïque oxygéné, ou Acide benzoïque, avec les différentes bases salifiables, rangées par ordre alphabétique.

  Noms des bases. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide benzoïque avec: L'alumine. Benzoate d'alumine.
L'ammoniaque. Benzoate d'ammoniaque.
La baryte. Benzoate de baryte.
La chaux. Benzoate de chaux.
La magnésie. Benzoate de magnésie.
La potasse. Benzoate de potasse.
La soude. Benzoate de soude.
L'oxide d'antimoine. Benzoate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Benzoate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Benzoate d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Benzoate de bismuth.
L'oxide de cobalt. Benzoate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Benzoate de cuivre.
L'oxide d'étain. Benzoate d'étain.
L'oxide de fer. Benzoate de fer.
L'oxide de manganèse. Benzoate de manganèse.
L'oxide de mercure. Benzoate de mercure.
L'oxide de molybdène. Benzoate de molybdène.
L'oxide de nickel. Benzoate de nickel.
L'oxide de plomb. Benzoate de plomb.
L'oxide de tungstène. Benzoate de tungstène.
L'oxide de zinc. Benzoate de zinc.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens Chimistes, & même encore aujourd'hui, on n'a rien de satisfaisant encore sur les propriétés de l'acide benzoïque & sur ses affinités.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide benzoïque, & sur le Tableau de ses combinaisons avec les bases salifiables.

Cet acide a été connu des anciens Chimistes, sous le nom de fleurs de benjoin; on l'obtenoit par voie de sublimation. Depuis, M. Geoffroy a découvert qu'on pouvoit, également l'extraire par la voie humide: enfin M. Schéele, d'après un grand nombre d'expériences qu'il a faites sur le benjoin, s'est arrêté au procédé qui suit. On prend de bonne eau de chaux, dans laquelle même il est avantageux de laisser de la chaux en excès; on la fait digérer portion par portion sur du benjoin réduit en poudre fine, en remuant continuellement le mêlange. Après une demi-heure de digestion, on décante & on remet de nouvelle eau de chaux, & ainsi plusieurs fois, jusqu'à ce qu'on s'apperçoive que l'eau de chaux ne se neutralise plus. On rassemble toutes les liqueurs, on les rapproche par évaporation; & quand elles sont réduites autant qu'elles le peuvent être sans cristalliser, on laisse refroidir: on verse de l'acide muriatique goutte à goutte, jusqu'à ce qu'il ne se fasse plus de précipité. La substance qu'on obtient par ce procédé, est l'acide benzoïque concret.

Tableau des combinaisons du Radical camphorique oxygéné, ou Acide camphorique, avec les bases salifiables, par ordre alphabétique.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide camphorique avec: L'alumine. Camphorate d'alumine.
L'ammoniaque. Camphorate d'ammoniaque.
L'oxide d'antimoine. Camphorate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Camphorate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Camphorate d'arsenic.
La baryte. Camphorate de baryte.
L'oxide de bismuth. Camphorate de bismuth.
La chaux. Camphorate de chaux.
L'oxide de cobalt. Camphorate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Camphorate de cuivre.
L'oxide d'étain. Camphorate d'étain.
L'oxide de fer. Camphorate de fer.
La magnésie. Camphorate de magnésie.
L'oxide de manganèse. Camphorate de manganèse.
L'oxide de mercure. Camphorate de mercure.
L'oxide de nickel. Camphorate de nickel.
L'oxide d'or. Camphorate d'or.
L'oxide de platine. Camphorate de platine.
L'oxide de plomb. Camphorate de plomb.
La potasse. Camphorate de potasse.
La soude. Camphorate de soude.
L'oxide de zinc. Camphorate de zinc.

Nota. Toutes ces combinaisons étoient inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide camphorique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Le camphre est une espèce d'huile essentielle concrète, qu'on retire par sublimation d'un laurier qui croît à la Chine & au Japon. M. Kosegarten a distillé jusqu'à huit fois de l'acide nitrique sur du camphre, & il est parvenu ainsi à l'oxygéner & à le convertir en un acide très-analogue à l'acide oxalique. Il en differe cependant à quelques égards, & c'est ce qui nous a déterminé à lui conserver, jusqu'à nouvel ordre, un nom particulier.

Le camphre étant un radical carbone-hydreux ou hydro-carboneux, il n'est pas étonnant qu'en l'oxygénant il forme de l'acide oxalique, de l'acide malique & plusieurs autres acides végétaux. Les expériences rapportées par M. Kosegarten, ne démentent pas cette conjecture, & la plus grande partie des phénomènes qu'il a observés dans la combinaison de cet acide avec les bases salifiables s'observent de même dans les combinaisons de l'acide oxalique ou de l'acide malique; je serois donc assez porté à regarder l'acide camphorique comme un mêlange d'acide oxalique & d'acide malique.

Tableau des combinaisons du Radical gallique oxygéné, ou Acide gallique, avec les bases salifiables rangées par ordre alphabétique.

Noms des bases. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
L'alumine. Gallate d'alumine.
L'ammoniaque. Gallate d'ammoniaque.
L'oxide d'antimoine. Gallate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Gallate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Gallate d'arsenic.
La baryte. Gallate de baryte.
L'oxide de bismuth. Gallate de bismuth.
La chaux. Gallate de chaux.
L'oxide de cobalt. Gallate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Gallate de cuivre.
L'oxide d'étain. Gallate d'étain.
L'oxide de fer. Gallate de fer.
La magnésie. Gallate de magnésie.
L'oxide de manganèse. Gallate de manganèse.
L'oxide de mercure. Gallate de mercure.
L'oxide de nickel. Gallate de nickel.
L'oxide d'or. Gallate d'or.
L'oxide de platine. Gallate de platine.
L'oxide de plomb. Gallate de plomb.
La potasse. Gallate de potasse.
La soude. Gallate de soude.
L'oxide de zinc. Gallate de zinc.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide gallique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

L'acide gallique ou principe astringent se tire de la noix de galle, soit par la simple infusion ou décoction dans l'eau, soit par une distillation à un feu très-doux. Ce n'est que depuis un très petit nombre d'années qu'on a donné une attention plus particulière à cette substance. MM. les Commissaires de l'Académie de Dijon en ont suivi toutes les combinaisons & ont donné le travail le plus complet qu'on eût fait jusqu'alors. Quoique les propriétés acides de ce principe ne soient pas très-marquées, il rougit la teinture de tournesol, il décompose les sulfures, il s'unit à tous les métaux, quand ils ont été préalablement dissous par un autre acide, & il les précipite sous différentes couleurs. Le fer, par cette combinaison, donne un précipité d'un bleu ou d'un violet foncé. Cet acide, si toutefois il mérite ce nom, se trouve dans un grand nombre de végétaux, tels que le chêne, le saule, l'iris des marais, le fraisier, le nimphea, le quinquina, l'écorce & la fleur de grenade, & dans beaucoup de bois & d'écorces. On ignore absolument quel est son radical.

Tableau des combinaisons du Radical lactique oxygéné, ou Acide lactique, avec les bases salifiables, par ordre alphabétique.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
Combinaisons de l'acide lactique avec: L'alumine. Lactate d'alumine.
L'ammoniaque. Lactate d'ammoniaque.
L'oxide d'antimoine. Lactate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Lactate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Lactate d'arsenic.
La baryte. Lactate de baryte.
L'oxide de bismuth. Lactate de bismuth.
La chaux. Lactate de chaux.
L'oxide de cobalt. Lactate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Lactate de cuivre.
L'oxide d'étain. Lactate d'étain.
L'oxide de fer. Lactate de fer.
L'oxide de manganèse. Lactate de manganèse.
L'oxide de mercure. Lactate de mercure.
L'oxide de nickel. Lactate de nickel.
L'oxide d'or. Lactate d'or.
L'oxide de platine. Lactate de platine.
L'oxide de plomb. Lactate de plomb.
La potasse. Lactate de potasse.
La soude. Lactate de soude.
L'oxide de zinc. Lactate de zinc.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide lactique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

M. Schéele est celui auquel nous devons les seules connoissances exactes que nous ayons sur l'acide lactique. Cet acide se rencontre dans le petit lait, & il y est uni à un peu de terre. Pour l'obtenir on fait réduire par évaporation du petit lait au huitième de son volume; on filtre pour bien séparer toute la partie caseuse; on ajoute de la chaux, qui s'empare de l'acide dont il est question & qu'on en dégage ensuite par l'addition de l'acide oxalique: on sait en effet que ce dernier acide forme avec la chaux un sel insoluble. Après que l'oxalate de chaux a été séparé par décantation, on évapore la liqueur jusqu'à consistance de miel; on ajoute de l'esprit-de-vin qui dissout l'acide, & on filtre pour en séparer le sucre de lait & les autres substances étrangères. Il ne reste plus ensuite, pour avoir l'acide lactique seul, que de chasser l'esprit-de-vin par évaporation ou par distillation.

Cet acide s'unit avec presque toutes les bases salifiables, & forme avec elles des sels incristallisables. Il paroît se rapprocher, à beaucoup d'égards, de l'acide acéteux.

Tableau des combinaisons du Radical saccholactique oxygéné, ou Acide saccholactique, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
Combinaisons de l'acide saccholactique avec: La chaux. Saccholate de chaux.
La baryte. Saccholate de baryte.
La magnésie. Saccholate de magnésie.
La potasse. Saccholate de potasse.
La soude. Saccholate de soude.
L'ammoniaque. Saccholate d'ammoniaque.
L'alumine. Saccholate d'alumine.
L'oxide de zinc. Saccholate de zinc.
L'oxide de manganèse. Saccholate de manganèse.
L'oxide de fer. Saccholate de fer.
L'oxide de plomb. Saccholate de plomb.
L'oxide d'étain. Saccholate d'étain.
L'oxide de cobalt. Saccholate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Saccholate de cuivre.
L'oxide de nickel. Saccholate de nickel.
L'oxide d'arsenic. Saccholate d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Saccholate de bismuth.
L'oxide de mercure. Saccholate de mercure.
L'oxide d'antimoine. Saccholate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Saccholate d'argent.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues des anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide saccholactique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

On peut extraire du petit lait par évaporation, une espèce de sucre qui a beaucoup de rapports avec celui des cannes à sucre, & qui est très-anciennement connu dans la pharmacie.

Ce sucre est susceptible, comme le sucre ordinaire, de s'oxygéner par différens moyens, & principalement par sa combinaison avec l'acide nitrique: on repasse à cet effet plusieurs fois de nouvel acide; on concentre ensuite la liqueur par évaporation; on met à cristalliser & on obtient de l'acide oxalique: en même tems il se sépare une poudre blanche très-fine, qui est susceptible de se combiner avec les alkalis, avec l'ammoniaque, avec les terres, même avec quelques métaux. C'est à cet acide concret découvert par Schéele, qu'on a donné le nom d'acide saccho-lactique. Son action sur les métaux est peu connue; on sait seulement qu'il forme avec eux des sels très-peu solubles. L'ordre des affinités qu'on a suivi dans le Tableau, est celui indiqué par M. Bergman.

Tableau des combinaisons du Radical formique oxigéné, ou Acide formique, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
Combinaisons de l'acide formique avec: La baryte. Formiate de baryte.
La potasse. Formiate de potasse.
La soude. Formiate de soude.
La chaux. Formiate de chaux.
La magnésie. Formiate de magnésie.
L'ammoniaque. Formiate d'ammoniaque.
L'oxide de zinc. Formiate de zinc.
L'oxide de manganèse. Formiate de manganèse.
L'oxide de fer. Formiate de fer.
L'oxide de plomb. Formiate de plomb.
L'oxide d'étain. Formiate d'étain.
L'oxide de cobalt. Formiate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Formiate de cuivre.
L'oxide de nickel. Formiate de nickel.
L'oxide de bismuth. Formiate de bismuth.
L'oxide d'argent. Formiate d'argent.
L'alumine. Formiate d'alumine.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues des anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide formique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

L'Acide formique a été connu dès le siècle dernier. Samuel Ficher est le premier qui l'ait obtenu en distillant des fourmis. M. Margraff a suivi ce même objet dans un Mémoire qu'il a publié en 1749, & MM. Ardwisson & OEhrn, dans une dissertation qu'ils ont publiée à Léipsic en 1777.

L'acide formique se tire d'une grosse espèce de fourmi rousse, formica rufa, qui habite les bois & qui y forme de grandes fourmillières. Si c'est par distillation qu'on veut opérer, on introduit les fourmis dans une cornue de verre ou dans une cucurbite garnie de son chapiteau; on distille à une chaleur douce, & on trouve l'acide formique dans le récipient: on en tire environ moitié du poids des fourmis.

Lorsqu'on veut procéder par voie de lixiviation, on lave les fourmis à l'eau froide, on les étend sur un linge, & on y passe de l'eau bouillante, qui se charge de la partie acide; on peut même exprimer légèrement ces insectes dans le linge, & l'acide en est plus fort. Pour l'obtenir pur & concentré, on le rectifie & on en sépare le phlegme par la gelée.

Tableau des combinaisons du Radical bombique oxygéné, ou Acide bombique, avec les substances salifiables, par ordre alphabétique.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
Combinaisons de l'acide bombique avec: L'alumine. Bombiate d'alumine.
L'ammoniaque. Bombiate d'ammoniaque.
L'oxide d'antimoine. Bombiate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Bombiate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Bombiate d'arsenic.
La baryte. Bombiate de baryte.
L'oxide de bismuth. Bombiate de bismuth.
La chaux. Bombiate de chaux.
L'oxide de cobalt. Bombiate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Bombiate de cuivre.
L'oxide d'étain. Bombiate d'étain.
L'oxide de fer. Bombiate de fer.
L'oxide de manganèse. Bombiate de manganèse.
La magnésie. Bombiate de magnésie.
L'oxide de mercure. Bombiate de mercure.
L'oxide de nickel. Bombiate de nickel.
L'oxide d'or. Bombiate d'or.
L'oxide de platine. Bombiate de platine.
L'oxide de plomb. Bombiate de plomb.
La potasse. Bombiate de potasse.
La soude. Bombiate de soude.
L'oxide de zinc. Bombiate de zinc.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide bombique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Lorsque le ver à soie se change en crisalide, ses humeurs paroissent prendre un caractère d'acidité. Il laisse même échapper au moment où il se transforme en papillon, une liqueur rousse très-acide, qui rougit le papier bleu, & qui a fixé l'attention de M. Chaussier, membre de l'Académie de Dijon. Après plusieurs tentatives pour obtenir cet acide pur, voici le procédé auquel il a cru devoir s'arrêter. On fait infuser des crisalides de vers à soie dans de l'alcohol: ce dissolvant se charge de l'acide, sans attaquer les parties muqueuses ou gommeuses; & en faisant évaporer l'esprit-de-vin, on a l'acide bombique assez pur. On n'a pas encore déterminé avec précision les propriétés & les affinités de cet acide. Il y a apparence que la famille des insectes en fourniroit beaucoup d'analogues. Son radical, ainsi que celui de tous les acides du règne animal, paroît être composé de carbone, d'hydrogène, d'azote & peut-être de phosphore.

Tableau des combinaisons du Radical sébacique oxygéné, ou Acide sébacique, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Nomenclature nouvelle.
Combinaisons de l'acide sébacique avec: La baryte. Sébate de baryte.
La potasse. Sébate de potasse.
La soude. Sébate de soude.
La chaux. Sébate de chaux.
La magnésie. Sébate de magnésie.
L'ammoniaque. Sébate d'ammoniaque.
L'alumine. Sébate d'alumine.
L'oxide de zinc. Sébate de zinc.
L'oxide de manganèse. Sébate de manganèse.
L'oxide de fer. Sébate de fer.
L'oxide de plomb. Sébate de plomb.
L'oxide d'étain. Sébate d'étain.
L'oxide de cobalt. Sébate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Sébate de cuivre.
L'oxide de nickel. Sébate de nickel.
L'oxide d'arsenic. Sébate d'arsenic.
L'oxide de bismuth. Sébate de bismuth.
L'oxide de mercure. Sébate de mercure.
L'oxide d'antimoine. Sébate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Sébate d'argent.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues aux anciens Chimistes.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide sébacique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Pour obtenir l'acide sébacique, on prend du suif qu'on fait fondre dans un poëlon de fer; on y jette de la chaux vive pulvérisée, & on remue continuellement. La vapeur qui s'élève du mêlange est très-piquante, & on doit tenir les vaisseaux élevés afin d'éviter de la respirer. Sur la fin on hausse le feu. L'acide sébacique dans cette opération se porte sur la chaux & forme du sébate calcaire, espèce de sel peu soluble: pour le séparer des parties grasses dont il est empâté, on fait bouillir à grande eau la masse; le sébate calcaire se dissout, le suif se fond & surnage. On sépare ensuite le sel en faisant évaporer l'eau, on le calcine à une chaleur modérée; on redissout, on fait cristalliser de nouveau & on parvient à l'avoir pur.

Pour obtenir l'acide libre, on verse de l'acide sulfurique sur le sébate de chaux ainsi purifié, & on distille; l'acide sébacique passe clair dans le récipient.

Tableau des combinaisons du Radical lithique oxygéné, ou Acide lithique, avec les bases salifiables, rangées par ordre alphabétique.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide lithique avec: L'alumine. Lithiate d'alumine.
L'ammoniaque. Lithiate d'ammoniaque.
L'oxide d'antimoine. Lithiate d'antimoine.
L'oxide d'argent. Lithiate d'argent.
L'oxide d'arsenic. Lithiate d'arsenic.
La baryte. Lithiate de baryte.
L'oxide de bismuth. Lithiate de bismuth.
La chaux. Lithiate de chaux.
L'oxide de cobalt. Lithiate de cobalt.
L'oxide de cuivre. Lithiate de cuivre.
L'oxide d'étain. Lithiate d'étain.
L'oxide de fer. Lithiate de fer.
La magnésie. Lithiate de magnésie.
L'oxide de manganèse. Lithiate de manganèse.
L'oxide de mercure. Lithiate de mercure.
L'oxide de nickel. Lithiate de nickel.
L'oxide d'or. Lithiate d'or.
L'oxide de platine. Lithiate de platine.
L'oxide de plomb. Lithiate de plomb.
La potasse. Lithiate de potasse.
La soude. Lithiate de soude.
L'oxide de zinc. Lithiate de zinc.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues aux anciens.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide lithique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Le calcul de la vessie, d'après les dernières expériences de Bergman & de Schéele, paroîtroit être une espèce de sel concret à base terreuse, légèrement acide, qui demande une grande quantité d'eau pour être dissous. Mille grains d'eau bouillante en dissolvent à peine trois grains, & la majeure partie recristallise par le refroidissement. C'est cet acide concret auquel M. de Morveau a donné le nom d'acide lithiasique, & que nous nommons acide lithique. La nature & les propriétés de cet acide sont encore peu connues. Il y a quelqu'apparence que c'est un sel acidule déjà combiné à une base, & plusieurs raisons me portent à croire que c'est un phosphate acidule de chaux. Si cette présomption se confirme, il faudra le rayer de la classe des acides particuliers.

Tableau des combinaisons du Radical prussique oxygéné, ou Acide prussique, avec les bases salifiables, dans l'ordre de leur affinité avec cet acide.

  Noms des bases salifiables. Noms des sels neutres.
Combinaisons de l'acide prussique avec: La potasse. Prussiate de potasse.
La soude. Prussiate de soude.
L'ammoniaque. Prussiate d'ammoniaque.
La chaux. Prussiate de chaux.
La baryte. Prussiate de baryte.
La magnésie. Prussiate de magnésie.
L'oxide de zinc. Prussiate de zinc.
L'oxide de fer. Prussiate de fer.
L'oxide de manganèse. Prussiate de manganèse.
L'oxide de cobalt. Prussiate de cobalt.
L'oxide de nickel. Prussiate de nickel.
L'oxide de plomb. Prussiate de plomb.
L'oxide d'étain. Prussiate d'étain.
L'oxide de cuivre. Prussiate de cuivre.
L'oxide de bismuth. Prussiate de bismuth.
L'oxide d'antimoine. Prussiate d'antimoine.
L'oxide d'arsenic. Prussiate d'arsenic.
L'oxide d'argent. Prussiate d'argent.
L'oxide de mercure. Prussiate de mercure.
L'oxide d'or. Prussiate d'or.
L'oxide de platine. Prussiate de platine.

Nota. Toutes ces combinaisons ont été inconnues aux anciens.

OBSERVATIONS

Sur l'Acide prussique, & sur le Tableau de ses combinaisons.

Je ne m'étendrai point ici sur les propriétés de l'acide prussique, ni sur les procédés qu'on emploie pour l'obtenir pur & dégagé de toute combinaison. Les expériences qui ont été faites à cet égard, me paroissent laisser encore quelques nuages sur la vraie nature de cet acide. Il me suffira de dire qu'il se combine avec le fer, & qu'il lui donne la couleur bleue; qu'il est également susceptible de s'unir avec presque tous les métaux, mais que les alkalis, l'ammoniaque & la chaux le leur enlèvent en vertu de leur plus grande force d'affinité. On ne connoît point le radical de l'acide prussique; mais les expériences de M. Schéele & sur-tout celles de M. Berthollet, donnent lieu de croire qu'il est composé de carbone & d'azote; c'est donc un acide à base double: quant à l'acide phosphorique qui s'y rencontre, il paroît, d'après les expériences de M. Hassenfratz, qu'il y est accidentel.

Quoique l'acide prussique s'unisse avec les métaux, avec les alkalis & avec les terres, à la manière des acides, il n'a cependant qu'une partie des propriétés qu'on a coutume d'attribuer aux acides. Il seroit donc possible que ce fût improprement qu'on l'eût rangé dans cette classe. Mais, comme je l'ai déjà fait observer, il me paroît difficile de prendre une opinion déterminée sur la nature de cette substance, jusqu'à ce que la matière ait été éclaircie par de nouvelles expériences.

Fin du Tome premier.


NOTES

~~~~~

[1] Partie 2, Chapitre I.

[2] Je donnerai ailleurs la définition de la liqueur qu'on nomme éther, & j'en déveloperai les propriétés. Je me contenterai de dire dans ce moment, qu'on désigne par ce nom une liqueur inflammable très-volatile, d'une pesanteur spécifique beaucoup moindre que l'eau, & même que l'esprit-de-vin.

[3] Mém. Académ. 1780, page 335.

[4] On trouvera dans la dernière partie de cet Ouvrage, le détail des procédés qu'on emploie pour séparer les différentes espèces de gaz & pour les peser.

[A]Ajout dans l'errata du tome 2:

«On a critiqué même avec assez d'amertume cette expression hydrogène, parce qu'on a prétendu qu'elle signifioit fils de l'eau, & non pas qui engendre l'eau. Mais qu'importe, si l'expression est également juste dans les deux sens? les expériences rapportées dans ce Chapitre, prouvent que l'eau, en se décomposant, donne naissance à l'hydrogène, & sur-tout l'hydrogène donne naissance à l'eau en se combinant avec l'oxigène. On peut donc dire également que l'eau engendre l'hydrogène, & que l'hydrogène engendre l'eau.»

[5] Voyez la description de cet appareil dans la troisième partie de cet Ouvrage.

[B]Ajout dans l'errata du tome 2:

Nota. On conçoit que je suppose ici des végétaux réduits à l'état de dessication parfaite, & qu'à l'égard de l'huile, je n'entends pas parler des végétaux qui en fournissent, soit par expression à froid, soit par une chaleur qui n'excede pas celle de l'eau bouillante. Il n'est ici question que de l'huile empyreumatique qu'on obtient par la distillation à feu nud, à un degré de feu supérieur à l'eau bouillante. C'est cette huile seule que j'annonce être un produit de l'opération. On peut voir ce que j'ai publié à cet égard dans le volume de l'Académie, année 1786.

[6] On regardera peut-être comme un défaut de la méthode que j'ai adoptée, de m'avoir contraint à rejetter les alkalis de la classe des sels, & je conviens que c'est un reproche qu'on peut lui faire; mais cet inconvénient se trouve compensé par de si grands avantages, que je n'ai pas cru qu'il dût m'arrêter.

[7] Voyez Mémoires de l'Académie, année 1776, page 671, & 1778, page 535.


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