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Œuvres complètes de Guy de Maupassant - volume 01

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Amour sacré de la patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs,
Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs!

On fuyait plus vite, la neige étant plus dure; et jusqu'à Dieppe, pendant les longues heures mornes du voyage, à travers les cahots du chemin, par la nuit tombante, puis dans l'obscurité profonde de la voiture, il continua, avec une obstination féroce, son sifflement vengeur et monotone, contraignant les esprits las et exaspérés à suivre le chant d'un bout à l'autre, à se rappeler chaque parole qu'ils appliquaient sur chaque mesure.

Et Boule de Suif pleurait toujours; et parfois un sanglot, qu'elle n'avait pu retenir, passait, entre deux couplets, dans les ténèbres.

NOTES.

Boule de Suif a paru pour la première fois en 1880, dans les Soirées de Médan, avec l'Attaque du Moulin de Zola, Sac au dos de Huysmans, la Saignée d'Henry Céard, l'Affaire du Grand 7 de Léon Hennique, et Après la Bataille de Paul Alexis. Boule de Suif a réellement existé et s'appelait de son vrai nom Adrienne Legay.


LES SOIRÉES DE MÉDAN.


COMMENT CE LIVRE A ÉTÉ FAIT.

A M. le Directeur du Gaulois.

Votre journal fut le premier à annoncer les Soirées de Médan, et vous me demandez aujourd'hui quelques détails particuliers sur les origines de ce volume. Il vous paraîtrait intéressant de savoir ce que nous avons prétendu faire, si nous avons voulu affirmer une idée d'école et lancer un manifeste.

Je réponds à ces quelques questions.

Nous n'avons pas la prétention d'être une école. Nous sommes simplement quelques amis, qu'une admiration commune a fait se rencontrer chez Zola, et qu'ensuite une affinité de tempéraments, des sentiments très semblables sur toutes choses, une même tendance philosophique ont liés de plus en plus.

Quant à moi, qui ne suis encore rien comme littérateur, comment pourrais-je avoir la prétention d'appartenir à une école? J'admire indistinctement tout ce qui me paraît supérieur, à tous les siècles et dans tous les genres.

Cependant, il s'est fait évidemment en nous une réaction inconsciente, fatale, contre l'esprit romantique, par cette seule raison que les générations littéraires se suivent et ne se ressemblent pas.

Mais, du reste, ce qui nous choque dans le romantisme, d'où sont sorties d'impérissables œuvres d'art, c'est uniquement son résultat philosophique. Nous nous plaignons de ce que l'œuvre de Hugo ait détruit en partie l'œuvre de Voltaire et de Diderot. Par la sentimentalité ronflante des romantiques, par leur méconnaissance dogmatique du droit et de la logique, le vieux bon sens, la vieille sagesse de Montaigne et de Rabelais ont presque disparu de notre pays. Ils ont substitué l'idée de pardon à l'idée de justice, semant chez nous une sensiblerie miséricordieuse et sentimentale qui a remplacé la raison.

C'est grâce à eux que les salles de théâtre, pleines de messieurs véreux et de filles, ne peuvent tolérer sur la scène un simple fripon. C'est la morale romantique des foules qui force souvent les tribunaux à acquitter des particuliers et des drôlesses attendrissants, mais sans excuse.

J'ai pour les grands maîtres de cette école (puisqu'il s'agit d'école) une admiration sans limites, jointe souvent à une révolte de ma raison; car je trouve que Schopenhauer et Herbert Spencer ont sur la vie beaucoup d'idées plus droites que l'illustre auteur des Misérables.—Voilà la seule critique que j'oserais faire, et il ne s'agit pas ici de littérature.—Littérairement, ce qui nous paraît haïssable, ce sont les vieilles orgues de Barbarie larmoyantes, dont Jean-Jacques Rousseau a inventé le mécanisme et dont une suite de romanciers, arrêtés, je l'espère, à M. Feuillet, s'est obstinée à tourner la manivelle, répétant invariablement les mêmes airs langoureux et faux.

Quant aux querelles sur les mots: réalisme et idéalisme, je ne les comprends pas.

Une loi philosophique inflexible nous apprend que nous ne pouvons rien imaginer en dehors de ce qui tombe sous nos sens; et la preuve de cette impuissance, c'est la stupidité des conceptions dites idéales, des paradis inventés par toutes les religions. Nous avons donc ce seul objectif: l'Être et la Vie, qu'il faut savoir comprendre et interpréter en artiste. Si on n'en donne pas l'expression à la fois exacte et artistiquement supérieure, c'est qu'on n'a pas assez de talent.

Quand un monsieur, qualifié de réaliste, a le souci d'écrire le mieux possible, est sans cesse poursuivi par des préoccupations d'art, c'est, à mon sens, un idéaliste. Quant à celui qui affiche la prétention de faire la vie plus belle que nature, comme si on pouvait l'imaginer autre qu'elle n'est, de mettre du ciel dans ses livres, et qui écrit en «romancier pour les dames», ce n'est, à mon avis du moins, qu'un charlatan ou un imbécile.—J'adore les contes de fées et j'ajoute que ces sortes de conceptions doivent être plus vraisemblables, dans leur domaine particulier, que n'importe quel roman de mœurs de la vie contemporaine.

Voici maintenant quelques notes sur notre volume.

Nous nous trouvions réunis, l'été, chez Zola, dans sa propriété de Médan.

Pendant les longues digestions des longs repas (car nous sommes tous gourmands et gourmets, et Zola mange à lui seul comme trois romanciers ordinaires), nous causions. Il nous racontait ses futurs romans, ses idées littéraires, ses opinions sur toutes choses. Quelquefois il prenait un fusil, qu'il manœuvrait en myope, et, tout en parlant, il tirait sur des touffes d'herbe que nous lui affirmions être des oiseaux, s'étonnant considérablement quand il ne retrouvait aucun cadavre.

Certains jours on pêchait à la ligne. Hennique alors se distinguait, au grand désespoir de Zola, qui n'attrapait que des savetiers.

Moi, je restais étendu dans la barque la Nana, ou bien je me baignais pendant des heures, tandis que Paul Alexis rôdait avec des idées grivoises, que Huysmans fumait des cigarettes, et que Céard s'embêtait, trouvant stupide la campagne.

Ainsi se passaient les après-midi; mais, comme les nuits étaient magnifiques, chaudes, pleines d'odeurs de feuilles, nous allions chaque soir nous promener dans la grande île en face.

Je passais tout le monde dans la Nana.

Or, par une nuit de pleine lune, nous parlions de Mérimée, dont les dames disaient: «Quel charmant conteur!» Huysmans prononça à peu près ces paroles: «Un conteur est un monsieur qui, ne sachant pas écrire, débite prétentieusement des balivernes.»

On en vint à parcourir tous les conteurs célèbres et à vanter les raconteurs de vive voix, dont le plus merveilleux, à notre connaissance, est le grand Russe Tourgueneff, ce maître presque français; Paul Alexis prétendait qu'un conte écrit est très difficile à faire. Céard, un sceptique, regardant la lune, murmura: «Voici un beau décor romantique, on devrait l'utiliser...» Huysmans ajouta: «... en racontant des histoires de sentiment.» Mais Zola trouva que c'était une idée, qu'il fallait se dire des histoires. L'invention nous fit rire, et on convint, pour augmenter la difficulté; que le cadre choisi par le premier serait conservé par les autres, qui y placeraient des aventures différentes.

On alla s'asseoir, et, dans le grand repos des champs assoupis, sous la lumière éclatante de la lune, Zola nous dit cette terrible page de l'histoire sinistre des guerres, qui s'appelle l'Attaque du Moulin.

Quand il eut fini, chacun s'écria: «Il faut écrire cela bien vite.» Lui se mit à rire: «C'est fait.»

Ce fut mon tour le lendemain.

Huysmans, le jour suivant, nous amusa beaucoup avec le récit des misères d'un mobile sans enthousiasme.

Céard, nous redisant le siège de Paris, avec des explications nouvelles, déroula une histoire pleine de philosophie, toujours vraisemblable sinon vraie, mais toujours réelle depuis le vieux poème d'Homère. Car si la femme inspire éternellement des sottises aux hommes, les guerriers, qu'elle favorise plus spécialement de son intérêt, en souffrent nécessairement plus que d'autres.

Hennique nous démontra encore une fois que les hommes, souvent intelligents et raisonnables, pris isolément, deviennent infailliblement des brutes quand ils sont en nombre.—C'est ce qu'on pourrait appeler: l'ivresse des foules.—Je ne sais rien de plus drôle et de plus horrible en même temps que le siège de cette maison publique et le massacre des pauvres filles.

Mais Paul Alexis nous fit attendre quatre jours, ne trouvant pas de sujet. Il voulait nous raconter des histoires de Prussiens souillant des cadavres. Notre exaspération le fit taire, et il finit par imaginer l'amusante anecdote d'une grande dame allant ramasser son mari mort sur un champ de bataille et se laissant «attendrir» par un pauvre soldat blessé.—Et ce soldat était un prêtre.

Zola trouva ces récits curieux et nous proposa d'en faire un livre.

Voilà, Monsieur le directeur, quelques notes, vite griffonnées, mais contenant, je pense, tous les détails qui peuvent vous intéresser.

Veuillez agréer, avec mes remerciements pour votre bienveillance, l'assurance de mes sentiments les plus dévoués.

Guy de Maupassant.

Cet article est celui que Maupassant publia dans le Gaulois pour faire «démarrer la critique». A la fin de ce volume nous citons quelques lignes des principaux articles qu'il provoqua.


APPENDICE.

Nous donnons ici, à titre purement documentaire, et pour que le lecteur puisse se rendre compte de la venue de son talent, les quatre premières nouvelles publiées par Maupassant. On retrouvera dans la Main d'Écorché l'idée première de la Main (Contes du Jour et de la Nuit), et dans le Mariage du Lieutenant Laré celle des Idées du Colonel (Yvette).


LA MAIN D'ÉCORCHÉ.

Il y a huit mois environ, un de mes amis, Louis R., avait réuni, un soir, quelques camarades de collège; nous buvions du punch et nous fumions en causant littérature, peinture, et en racontant, de temps à autre, quelques joyeusetés, ainsi que cela se pratique dans les réunions de jeunes gens. Tout à coup la porte s'ouvre toute grande et un de mes bons amis d'enfance entre comme un ouragan. «Devinez d'où je viens», s'écrie-t-il aussitôt. «Je parie pour Mabille», répond l'un; «Non, tu es trop gai, tu viens d'emprunter de l'argent, d'enterrer ton oncle, ou de mettre ta montre chez ma tante», répond un autre; «Tu viens de te griser, riposte un troisième, et comme tu as senti le punch chez Louis, tu es monté pour recommencer.»—«Vous n'y êtes point, je viens de P..... en Normandie, où j'ai été passer huit jours et d'où je rapporte un grand criminel de mes amis que je vous demande la permission de vous présenter.» A ces mots, il tira de sa poche une main d'écorché; cette main était affreuse, noire, sèche, très longue et comme crispée, les muscles, d'une force extraordinaire, étaient retenus à l'intérieur et à l'extérieur par une lanière de peau parcheminée, les ongles jaunes, étroits, étaient restés au bout des doigts; tout cela sentait le scélérat d'une lieue. «Figurez-vous, dit mon ami, qu'on vendait l'autre jour les défroques d'un vieux sorcier bien connu dans toute la contrée; il allait au sabbat tous les samedis sur un manche à balai, pratiquait la magie blanche et noire, donnait aux vaches du lait bleu et leur faisait porter la queue comme celle du compagnon de saint Antoine. Toujours est-il que ce vieux gredin avait une grande affection pour cette main, qui, disait-il, était celle d'un célèbre criminel supplicié en 1736, pour avoir jeté, la tête la première, dans un puits sa femme légitime, en quoi faisant je trouve qu'il n'avait pas tort, puis pendu au clocher de l'église le curé qui l'avait marié. Après ce double exploit, il était allé courir le monde et dans sa carrière aussi courte que bien remplie, il avait détroussé douze voyageurs, enfumé une vingtaine de moines dans un couvent et fait un sérail d'un monastère de religieuses.»—«Mais que vas-tu faire de cette horreur?» nous écriâmes-nous.—«Eh parbleu, j'en ferai mon bouton de sonnette pour effrayer mes créanciers.»—«Mon ami, dit Henri Smith, un grand Anglais très flegmatique, je crois que cette main est tout simplement de la viande indienne conservée par un procédé nouveau, je te conseille d'en faire du bouillon.»—«Ne raillez pas, Messieurs, reprit avec le plus grand sang-froid un étudiant en médecine aux trois quarts gris, et toi, Pierre, si j'ai un conseil à te donner, fais enterrer chrétiennement ce débris humain, de crainte que son propriétaire ne vienne te le redemander; et puis, elle a peut-être pris de mauvaises habitudes, cette main, car tu sais le proverbe: «Qui a tué tuera.»—«Et qui a bu boira», reprit l'amphitryon; là-dessus il versa à l'étudiant un grand verre de punch, l'autre l'avala d'un seul trait et tomba ivre mort sous la table. Cette sortie fut accueillie par des rires formidables, et Pierre élevant son verre et saluant la main: «Je bois, dit-il, à la prochaine visite de ton maître», puis on parla d'autre chose et chacun rentra chez soi.

Le lendemain, comme je passais devant sa porte, j'entrai chez lui, il était environ 2 heures, je le trouvai lisant et fumant. «Eh bien, comment vas-tu?» lui dis-je.—«Très bien», me répondit-il.—«Et ta main?»—«Ma main, tu as dû la voir à ma sonnette où je l'ai mise hier soir en rentrant, mais à ce propos figure-toi qu'un imbécile quelconque, sans doute pour me faire une mauvaise farce, est venu carillonner à ma porte vers minuit; j'ai demandé qui était là, mais comme personne ne me répondait, je me suis recouché et rendormi.»

En ce moment, on sonna, c'était le propriétaire, personnage grossier et fort impertinent. Il entra sans saluer. «Monsieur, dit-il à mon ami, je vous prie d'enlever immédiatement la charogne que vous avez pendue à votre cordon de sonnette, sans quoi je me verrai forcé de vous donner congé.»—«Monsieur, reprit Pierre avec beaucoup de gravité, vous insultez une main qui ne le mérite pas, sachez qu'elle a appartenu à un homme fort bien élevé.» Le propriétaire tourna les talons et sortit comme il était entré. Pierre le suivit, décrocha sa main et l'attacha à la sonnette pendue dans son alcôve.—Cela vaut mieux, dit-il, cette main, comme le «Frère, il faut mourir» des Trappistes, me donnera des pensées sérieuses tous les soirs en m'endormant. Au bout d'une heure, je le quittai et je rentrai à mon domicile.

Je dormis mal la nuit suivante, j'étais agité, nerveux; plusieurs fois je me réveillai en sursaut, un moment même je me figurai qu'un homme s'était introduit chez moi et je me levai pour regarder dans mes armoires et sous mon lit; enfin, vers 6 heures du matin, comme je commençais à m'assoupir, un coup violent frappé à ma porte, me fit sauter du lit; c'était le domestique de mon ami, à peine vêtu, pâle et tremblant. «Ah Monsieur! s'écria-t-il en sanglotant, mon pauvre maître qu'on a assassiné.» Je m'habillai à la hâte et je courus chez Pierre. La maison était pleine de monde, on discutait, on s'agitait, c'était un mouvement incessant, chacun pérorait, racontait et commentait l'événement de toutes les façons. Je parvins à grand'peine jusqu'à la chambre, la porte était gardée, je me nommai, on me laissa entrer. Quatre agents de la police étaient debout au milieu, un carnet à la main, ils examinaient, se parlaient bas de temps en temps et écrivaient; deux docteurs causaient près du lit sur lequel Pierre était étendu sans connaissance. Il n'était pas mort, mais il avait un aspect effrayant. Ses yeux démesurément ouverts, ses prunelles dilatées semblaient regarder fixement avec une indicible épouvante une chose horrible et inconnue, ses doigts étaient crispés, son corps, à partir du menton, était recouvert d'un drap que je soulevai. Il portait au cou les marques de cinq doigts qui s'étaient profondément enfoncés dans la chair, quelques gouttes de sang maculaient sa chemise. En ce moment une chose me frappa, je regardai par hasard la sonnette de son alcôve, la main d'écorché n'y était plus. Les médecins l'avaient sans doute enlevée pour ne point impressionner les personnes qui entreraient dans la chambre du blessé, car cette main était vraiment affreuse. Je ne m'informai point de ce qu'elle était devenue.

Je coupe maintenant, dans un journal du lendemain, le récit du crime avec tous les détails que la police a pu se procurer. Voici ce qu'on y lisait:

«Un attentat horrible a été commis hier sur la personne d'un jeune homme, M. Pierre B....., étudiant en droit, qui appartient à une des meilleures familles de Normandie. Ce jeune homme était rentré chez lui vers 10 heures du soir, il renvoya son domestique, le sieur Bonvin, en lui disant qu'il était fatigué et qu'il allait se mettre au lit. Vers minuit, cet homme fut réveillé tout à coup par la sonnette de son maître qu'on agitait avec fureur. Il eut peur, alluma une lumière et attendit; la sonnette se tut environ une minute, puis reprit avec une telle force que le domestique, éperdu de terreur, se précipita hors de sa chambre et alla réveiller le concierge, ce dernier courut avertir la police et, au bout d'un quart d'heure environ, ces derniers enfonçaient la porte.

«Un spectacle horrible s'offrit à leurs yeux, les meubles étaient renversés, tout indiquait qu'une lutte terrible avait eu lieu entre la victime et le malfaiteur. Au milieu de la chambre, sur le dos, les membres raides, la face livide et les yeux effroyablement dilatés, le jeune Pierre B..... gisait sans mouvement; il portait au cou les empreintes profondes de cinq doigts. Le rapport du docteur Bourdeau, appelé immédiatement, dit que l'agresseur devait être doué d'une force prodigieuse et avoir une main extraordinairement maigre et nerveuse, car les doigts qui ont laissé dans le cou comme cinq trous de balle s'étaient presque rejoints à travers les chairs. Rien ne fait soupçonner le mobile du crime, ni quel peut en être l'auteur.»

On lisait le lendemain dans le même journal:

«M. Pierre B....., la victime de l'effroyable attentat que nous racontions hier, a repris connaissance après deux heures de soins assidus donnés par M. le docteur Bourdeau. Sa vie n'est pas en danger, mais on craint fortement pour sa raison; on n'a aucune trace du coupable.»

En effet mon pauvre ami était fou; pendant sept mois, j'allai le voir tous les jours à l'hospice, mais il ne recouvra pas une lueur de raison. Dans son délire, il lui échappait des paroles étranges et, comme tous les fous, il avait une idée fixe, et se croyait toujours poursuivi par un spectre. Un jour, on vint me chercher en toute hâte en me disant qu'il allait plus mal, je le trouvai à l'agonie. Pendant deux heures, il resta fort calme, puis tout à coup, se dressant sur son lit malgré nos efforts, il s'écria en agitant les bras et comme en proie à une épouvantable terreur: «Prends-la! prends-la! Il m'étrangle, au secours, au secours!» Il fit deux fois le tour de la chambre en hurlant, puis il tomba mort, la face contre terre.

Comme il était orphelin, je fus chargé de conduire son corps au petit village de P..... en Normandie, où ses parents étaient enterrés. C'est de ce même village qu'il venait, le soir où il nous avait trouvés buvant du punch chez Louis R. et où il nous avait présenté sa main d'écorché. Son corps fut enfermé dans un cercueil de plomb, et quatre jours après, je me promenais tristement avec le vieux curé qui lui avait donné ses premières leçons, dans le petit cimetière où l'on creusait sa tombe. Il faisait un temps magnifique, le ciel tout bleu ruisselait de lumière; les oiseaux chantaient dans les ronces du talus, où, bien des fois, enfants tous deux, nous étions venus manger des mûres. Il me semblait encore le voir se faufiler le long de la haie et se glisser par le petit trou que je connaissais bien, là-bas, tout au bout du terrain où l'on enterre les pauvres, puis nous revenions à la maison, les joues et les lèvres noires du jus des fruits que nous avions mangés; et je regardai les ronces, elles étaient couvertes de mûres, machinalement j'en pris une, et je la portai à ma bouche; le curé avait ouvert son bréviaire et marmottait tout bas ses oremus, et j'entendais au bout de l'allée la bêche des fossoyeurs qui creusaient la tombe. Tout à coup, ils nous appelèrent, le curé ferma son livre et nous allâmes voir ce qu'ils voulaient. Ils avaient trouvé un cercueil. D'un coup de pioche, ils firent sauter le couvercle et nous aperçûmes un squelette démesurément long, couché sur le dos, qui de son œil creux semblait encore nous regarder et nous défier; j'éprouvai un malaise, je ne sais pourquoi, j'eus presque peur. «Tiens! s'écria un des hommes, regardez donc, le gredin a un poignet coupé, voilà sa main.» Et il ramassa à côté du corps une grande main desséchée qu'il nous présenta. «Dis donc, fit l'autre en riant, on dirait qu'il te regarde et qu'il va te sauter à la gorge pour que tu lui rendes sa main.»—«Allons mes amis, dit le curé, laissez les morts en paix et refermez ce cercueil, nous creuserons autre part la tombe de ce pauvre Monsieur Pierre.»

Le lendemain tout était fini et je reprenais la route de Paris après avoir laissé 50 francs au vieux curé pour dire des messes pour le repos de l'âme de celui dont nous avions ainsi troublé la sépulture.

Signé: Joseph Prunier.

Almanach de Pont-à-Mousson, 1875.


LE DONNEUR D'EAU BÉNITE.

Il habitait autrefois une petite maison, près d'une grande route, à l'entrée d'un village. Il s'était établi charron après avoir épousé la fille d'un fermier du pays, et comme ils travaillaient beaucoup tous les deux, ils amassèrent une petite fortune. Seulement ils n'avaient pas d'enfants, ce qui les chagrinait énormément. Enfin un fils leur vint; ils l'appelèrent Jean, et ils le caressaient l'un après l'autre, l'enveloppant de leur amour, le chérissant tellement qu'ils ne pouvaient rester une heure sans le regarder.

Comme il avait cinq ans, des saltimbanques passèrent dans le pays et établirent une baraque sur la place de la Mairie.

Jean, qui les avait vus, s'échappa de la maison, et son père, après l'avoir cherché bien longtemps, le retrouva au milieu des chèvres savantes et des chiens faiseurs de tours, qui poussait de grands éclats de rire sur les genoux d'un vieux paillasse.

Trois jours après, à l'heure du dîner, au moment de se mettre à table, le charron et sa femme s'aperçurent que leur fils n'était plus dans la maison. Ils le cherchèrent dans leur jardin, et comme ils ne le trouvaient pas, le père sur le bord de la route, cria de toute sa force: «Jean!»—La nuit venait; l'horizon s'emplissait d'une vapeur brune qui reculait les objets dans un lointain sombre et effrayant. Trois grands sapins, tout près de là, semblaient pleurer. Aucune voix ne répondit; mais il y avait dans l'air comme des gémissements indistincts. Le père écouta longtemps, croyant toujours entendre quelque chose, tantôt à droite, tantôt à gauche, et la tête perdue, il s'enfonçait dans la nuit en appelant sans cesse: «Jean! Jean!»

Il courut ainsi jusqu'au jour, emplissant les ténèbres de ses cris, épouvantant les bêtes rôdeuses, ravagé par une angoisse terrible et se croyant fou par moments. Sa femme, assise sur la pierre de sa porte, sanglota jusqu'au matin.

On ne retrouva pas leur fils.

Alors ils vieillirent rapidement dans une tristesse inconsolable.

Enfin ils vendirent leur maison et ils partirent pour chercher eux-mêmes.

Ils questionnèrent les bergers sur les côtes, les marchands qui passaient, les paysans dans les villages et les autorités des villes. Mais il y avait longtemps que leur fils était perdu; personne ne savait rien; lui-même avait sans doute oublié son nom maintenant et celui de son pays; et ils pleuraient, n'espérant plus.

Bientôt ils n'eurent plus d'argent; alors ils se louèrent à la journée dans les fermes et dans les hôtelleries, accomplissant les besognes les plus humbles, vivant des restes des autres, couchant à la dure et souffrant du froid. Mais comme ils devenaient très faibles à force de fatigues, on n'en voulut plus pour travailler, et ils furent obligés de mendier sur les routes. Ils accostaient les voyageurs avec des figures tristes et des voix suppliantes; imploraient un morceau de pain des moissonneurs qui dînent autour d'un arbre, à midi, dans la plaine; et ils mangeaient silencieusement, assis sur le bord des fossés.

Un hôtelier, auquel ils racontaient leur malheur, leur dit un jour:

—J'ai connu aussi quelqu'un qui avait perdu sa fille; c'est à Paris qu'il l'a retrouvée.

Ils se mirent tout de suite en route pour Paris.

Lorsqu'ils entrèrent dans la grande ville, ils furent effrayés par son immensité et par les multitudes qui passaient.

Ils comprirent cependant qu'il devait être au milieu de tous ces hommes, mais ils ne savaient comment s'y prendre pour le chercher. Puis ils craignaient de ne pas le reconnaître, car il y avait alors quinze ans qu'ils ne l'avaient vu.

Ils visitèrent toutes les places, toutes les rues, s'arrêtant à tous les attroupements qu'ils voyaient, espérant une rencontre providentielle, quelque prodigieux hasard, une pitié de la destinée.

Souvent ils marchaient à l'aventure devant eux, l'un contre l'autre, ayant l'air si tristes et si pauvres qu'on leur faisait l'aumône sans qu'ils l'eussent demandée.

Chaque dimanche ils passaient leur journée à la porte des églises, regardant entrer et sortir les foules et cherchant sur les figures une ressemblance lointaine. Plusieurs fois ils crurent le reconnaître, mais toujours ils s'étaient trompés.

Il y avait, au seuil d'une des églises où ils revenaient le plus souvent, un vieux donneur d'eau bénite qui était devenu leur ami. Son histoire était aussi fort triste, et la commisération qu'ils avaient pour lui fit naître entre eux une grande amitié. Ils finirent par habiter ensemble tous les trois dans un pauvre taudis, tout en haut d'une grande maison, située très loin, auprès des champs; et le charron quelquefois remplaçait à l'église son nouvel ami, lorsque celui-ci se trouvait malade. Un hiver vint, qui fut très dur. Le pauvre porteur de goupillon mourut, et le curé de la paroisse désigna pour le remplacer le charron dont il avait appris les malheurs.

Alors il vint chaque matin s'asseoir au même endroit, sur la même chaise, usant continuellement du frottement de son dos la vieille colonne de pierre contre laquelle il s'appuyait. Il regardait fixement tous les hommes qu'il voyait entrer, et il attendait les dimanches avec autant d'impatience qu'un collégien, parce que l'église, ce jour-là, était sans cesse pleine de monde.

Il devint très vieux, s'affaiblissant encore sous l'humidité des voûtes; et son espoir s'émiettait tous les jours.

Il connaissait à présent tous ceux qui venaient aux offices; il savait leurs heures, leurs habitudes; distinguait leurs pas sur les dalles.

Son existence était tellement rétrécie que l'entrée d'un étranger dans l'église était pour lui un grand événement. Un jour deux dames vinrent. L'une était vieille et l'autre jeune. C'était la mère et la fille probablement. Derrière elles un homme se présenta qui les suivit. Il les salua à la sortie, et, après leur avoir offert de l'eau bénite, il prit le bras de la plus vieille.

—Ce doit être le fiancé de la jeune, pensa le charron.

Et il chercha jusqu'au soir dans ses souvenirs où il avait pu voir autrefois un jeune homme qui ressemblât à celui-là. Mais celui qu'il se rappelait devait être à présent un vieillard, car il lui semblait l'avoir connu là-bas, dans sa jeunesse.

Ce même homme revint souvent accompagner les deux dames, et cette ressemblance vague, éloignée et familière qu'il ne pouvait retrouver importunait tellement le vieux donneur d'eau bénite, qu'il fit venir sa femme avec lui pour aider sa mémoire affaiblie.

Un soir, comme le jour baissait, les étrangers entrèrent tous les trois. Lorsqu'ils furent passés:

—Eh bien! le connais-tu? dit le mari.

La femme inquiète cherchait à se rappeler aussi. Tout à coup elle dit tout bas:

—Oui... oui... mais il est plus noir, plus grand, plus fort et habillé comme un monsieur; pourtant, père, vois-tu, c'est ta figure quand tu étais jeune.

Le vieux fit un soubresaut.

C'était vrai; il lui ressemblait, et il ressemblait aussi à son frère qui était mort, et à son père qu'il avait connu jeune encore. Ils étaient tellement émus qu'ils ne trouvaient rien à se dire. Les trois personnes redescendaient, allaient sortir. L'homme touchait le goupillon du doigt. Alors le vieux, dont la main tremblait tellement qu'elle faisait par terre une pluie d'eau bénite, s'écria: Jean?

L'homme s'arrêta, le regardant.

Il reprit plus bas:

—Jean?

Les deux femmes l'examinaient sans comprendre.

Alors il dit pour la troisième fois en sanglotant:

—Jean?

L'homme se pencha tout près de sa figure, et illuminé par un souvenir d'enfance, il répondit:

—Papa Pierre, maman Jeanne!

Il avait tout oublié, l'autre nom de son père et celui de son pays; mais il se rappelait toujours ces deux mots qu'il avait tant répétés: papa Pierre, maman Jeanne!

Il tomba, la figure sur les genoux du vieux, et il pleurait, et il embrassait l'un après l'autre son père et sa mère, qui suffoquaient d'une joie démesurée.

Les deux dames pleuraient aussi, comprenant qu'un grand bonheur était arrivé.

Alors ils allèrent tous chez le jeune homme et il leur raconta son histoire.

Les saltimbanques l'avaient enlevé. Pendant trois ans il parcourut avec eux bien des pays. Puis la troupe s'était dispersée, et une vieille dame, un jour, dans un château, avait donné de l'argent pour le garder, parce qu'elle l'avait trouvé gentil. Comme il était intelligent, on le mit à l'école, puis au collège, et la vieille dame n'ayant pas d'enfants lui avait laissé sa fortune. Lui aussi avait cherché ses parents; mais comme il ne se rappelait que ces deux noms: «papa Pierre, maman Jeanne», il n'avait pu les retrouver. Maintenant, il allait se marier, et il présenta sa fiancée qui était très bonne et très jolie.

Quand les deux vieux eurent dit à leur tour leurs chagrins et leurs fatigues, ils l'embrassèrent encore une fois; et ils veillèrent fort tard ce soir-là, n'osant pas se coucher, de crainte que le bonheur qui les fuyait depuis si longtemps ne les abandonnât de nouveau pendant leur sommeil.

Mais ils avaient usé la ténacité du malheur, car ils furent heureux jusqu'à leur mort.

Guy de Valmont.

La Mosaïque, 1876.


«COCO, COCO, COCO FRAIS!»

J'avais entendu raconter la mort de mon oncle Ollivier.

Je savais qu'au moment où il allait expirer doucement, tranquillement, dans l'ombre de sa grande chambre dont on avait fermé les volets à cause d'un terrible soleil de juillet; au milieu du silence étouffant de cette brûlante après-midi d'été, on entendit dans la rue une petite sonnette argentine. Puis, une voix claire traversa l'alourdissante chaleur: «Coco frais, rafraîchissez-vous, mesdames, coco, coco, qui veut du coco?» Mon oncle fit un mouvement, quelque chose comme l'effleurement d'un sourire remua sa lèvre, une gaieté dernière brilla dans son œil qui, bientôt après, s'éteignit pour toujours.

J'assistais à l'ouverture du testament. Mon cousin Jacques héritait naturellement des biens de son père; au mien, comme souvenir, étaient légués quelques meubles. La dernière clause me concernait. La voici: «A mon neveu Pierre, je laisse un manuscrit de quelques feuillets qu'on trouvera dans le tiroir gauche de mon secrétaire; plus 500 francs pour acheter son fusil de chasse, et 100 francs qu'il voudra bien remettre de ma part au premier marchand de coco qu'il rencontrera!...»

Ce fut une stupéfaction générale. Le manuscrit qui me fut remis m'expliqua ce legs surprenant.

Je le copie textuellement:

«L'homme a toujours vécu sous le joug des superstitions. On croyait autrefois qu'une étoile s'allumait en même temps que naissait un enfant; qu'elle suivait les vicissitudes de sa vie, marquant les bonheurs par son éclat, les misères par son obscurcissement. On croit à l'influence des comètes, des années bissextiles, des vendredis, du nombre treize. On s'imagine que certaines gens jettent des sorts, le mauvais œil. On dit: «Sa rencontre m'a toujours porté malheur.» Tout cela est vrai. J'y crois.—Je m'explique: Je ne crois pas à l'influence occulte des choses ou des êtres; mais je crois au hasard bien ordonné. Il est certain que le hasard a fait s'accomplir des événements importants pendant que des comètes visitaient notre ciel; qu'il en a placé dans les années bissextiles; que certains malheurs remarqués sont tombés le vendredi, ou bien ont coïncidé avec le nombre treize; que la vue de certaines personnes a concordé avec le retour de certains faits, etc. De là naissent les superstitions. Elles se forment d'une observation incomplète, superficielle, qui voit la cause dans la coïncidence et ne cherche pas au delà.

«Or mon étoile à moi, ma comète, mon vendredi, mon nombre treize, mon jeteur de sorts, c'est bien certainement un marchand de coco.

«Le jour de ma naissance, m'a-t-on dit, il y en eut un qui cria toute la journée sous nos fenêtres.

«A huit ans, comme j'allais me promener avec ma bonne aux Champs-Élysées, et que nous traversions la grande avenue, un de ces industriels agita soudain sa sonnette derrière mon dos. Ma bonne regardait au loin un régiment qui passait; je me retournai pour voir le marchand de coco. Une voiture à deux chevaux, luisante et rapide comme un éclair, arrivait sur nous. Le cocher cria. Ma bonne n'entendit pas; moi non plus. Je me sentis renversé, roulé, meurtri..., et je me trouvai, je ne sais comment, dans les bras du marchand de coco qui, pour me réconforter, me mit la bouche sous un de ses robinets, l'ouvrit et m'aspergea... ce qui me remit tout à fait.

«Ma bonne eut le nez cassé. Et si elle continua à regarder les régiments, les régiments ne la regardèrent plus.

«A seize ans, je venais d'acheter mon premier fusil, et, la veille de l'ouverture de la chasse, je me dirigeais vers le bureau de la diligence, en donnant le bras à ma vieille mère qui allait fort lentement à cause de ses rhumatismes. Tout à coup, derrière nous, j'entendis crier: «Coco, coco, coco frais!» La voix se rapprocha, nous suivit, nous poursuivit. Il me semblait qu'elle s'adressait à moi, que c'était une personnalité, une insulte. Je crois qu'on me regardait en riant; et l'homme criait toujours: «Coco frais!» comme s'il se fût moqué de mon fusil brillant, de ma carnassière neuve, de mon costume de chasse tout frais en velours marron.

«Dans la voiture je l'entendais encore.

«Le lendemain, je n'abattis aucun gibier, mais je tuai un chien courant que je pris pour un lièvre; une jeune poule que je crus être une perdrix. Un petit oiseau se posa sur une haie; je tirai, il s'envola; mais un beuglement terrible me cloua sur place. Il dura jusqu'à la nuit... Hélas! mon père dut payer la vache d'un pauvre fermier.

«A vingt-cinq ans, je vis, un matin, un vieux marchand de coco, très ridé, très courbé, qui marchait à peine, appuyé sur son bâton et comme écrasé par sa fontaine. Il me parut être une sorte de divinité, comme le patriarche, l'ancêtre, le grand chef de tous les marchands de coco du monde. Je bus un verre de coco et je le payai vingt sous. Une voix profonde qui semblait plutôt sortir de la boîte en fer-blanc que de l'homme qui la portait, gémit: «Cela vous portera bonheur, mon cher monsieur».

«Ce jour-là je fis la connaissance de ma femme qui me rendit toujours heureux.

«Enfin, voici comment un marchand de coco m'empêcha d'être préfet.

«Une révolution venait d'avoir lieu. Je fus pris du besoin de devenir un homme public. J'étais riche, estimé, je connaissais un ministre; je demandai une audience en indiquant le but de ma visite. Elle me fut accordée de la façon la plus aimable.

«Au jour dit (c'était en été, il faisait une chaleur terrible), je mis un pantalon clair, des gants clairs, des bottines de drap clair aux bouts de cuir verni. Les rues étaient brûlantes. On enfonçait dans les trottoirs qui fondaient; et de gros tonneaux d'arrosage faisaient un cloaque des chaussées. De place en place des balayeurs faisaient un tas de cette boue chaude et pour ainsi dire factice, et la poussaient dans les égouts. Je ne pensais qu'à mon audience et j'allais vite, quand je rencontrai un de ces flots vaseux; je pris mon élan, une..., deux... Un cri aigu, terrible, me perça les oreilles: «Coco, coco, coco, qui veut du coco?» Je fis un mouvement involontaire des gens surpris; je glissai... Ce fut une chose lamentable, atroce..., j'étais assis dans cette fange..., mon pantalon était devenu foncé, ma chemise blanche tachetée de boue; mon chapeau nageait à côté de moi. La voix furieuse, enrouée à force de crier, hurlait toujours: «Coco, coco!» Et devant moi, vingt personnes, que secouait un rire formidable, faisaient d'horribles grimaces en me regardant.

«Je rentrai chez moi en courant. Je me changeai. L'heure de l'audience était passée.»

Le manuscrit se terminait ainsi:

«Fais-toi l'ami d'un marchand de coco, mon petit Pierre. Quant à moi, je m'en irai content de ce monde, si j'en entends crier un, au moment de mourir.»

Le lendemain, je rencontrai aux Champs-Élysées un vieux, très vieux porteur de fontaine qui paraissait fort misérable. Je lui donnai les cent francs de mon oncle. Il tressaillit stupéfait, puis me dit: «Grand merci, mon petit homme, cela vous portera bonheur.»

Guy de Valmont.

La Mosaïque, 1876.


LE MARIAGE DU LIEUTENANT LARÉ.

Dès le début de la campagne, le lieutenant Laré prit aux Prussiens deux canons. Son général lui dit: «Merci, lieutenant», et lui donna la croix d'honneur.

Comme il était aussi prudent que brave, subtil, inventif, plein de ruses et de ressources, on lui confia une centaine d'hommes, et il organisa un service d'éclaireurs qui, dans les retraites, sauva plusieurs fois l'armée.

Mais comme une mer débordée, l'invasion entrait par toute la frontière. C'étaient de grands flots d'hommes qui arrivaient les uns après les autres, jetant autour d'eux une écume de maraudeurs. La brigade du général Carrel, séparée de sa division, reculait sans cesse, se battant chaque jour, mais se maintenait presque intacte, grâce à la vigilance et à la célérité du lieutenant Laré, qui semblait être partout en même temps, déjouait toutes les ruses de l'ennemi, trompait ses prévisions, égarait ses uhlans, tuait ses avant-gardes.

Un matin, le général le fit appeler.

—Lieutenant, dit-il, voici une dépêche du général de Lacère qui est perdu si nous n'arrivons pas à son secours demain au lever du soleil. Il est à Blainville, à huit lieues d'ici. Vous partirez à la nuit tombante avec trois cents hommes que vous échelonnerez tout le long du chemin. Je vous suivrai deux heures après. Étudiez la route avec soin; j'ai peur de rencontrer une division ennemie.

Il gelait fortement depuis huit jours. A deux heures, la neige commença de tomber; le soir, la terre en était couverte, et d'épais tourbillons blancs voilaient les objets les plus proches.

A six heures le détachement se mit en route.

Deux hommes marchaient en éclaireurs, seuls, à trois cents mètres en avant. Puis venait un peloton de dix hommes que le lieutenant commandait lui-même. Le reste s'avançait ensuite sur deux longues colonnes. A trois cents mètres sur les flancs de la petite troupe, à droite et à gauche, quelques soldats allaient deux par deux.

La neige, qui tombait toujours, les poudrait de blanc dans l'ombre; elle ne fondait pas sur leurs vêtements, de sorte que, la nuit étant obscure, ils tachaient à peine la pâleur uniforme de la campagne.

On faisait halte de temps en temps. Alors on n'entendait plus que cet innommable froissement de la neige qui tombe, plutôt sensation que bruit, murmure sinistre et vague. Un ordre se communiquait à voix basse, et, quand la troupe se remettait en route, elle laissait derrière elle une espèce de fantôme blanc debout dans la neige. Il s'effaçait peu à peu et finissait par disparaître. C'étaient les échelons vivants qui devaient guider l'armée.

Les éclaireurs ralentirent leur marche. Quelque chose se dressait devant eux.

—Prenez à droite, dit le lieutenant, c'est le bois de Ronfi; le château se trouve plus à gauche.

Bientôt le mot: «Halte!» circula. Le détachement s'arrêta et attendit le lieutenant qui, accompagné de dix hommes seulement, poussait une reconnaissance jusqu'au château.

Ils avançaient, rampant sous les arbres. Soudain tous demeurèrent immobiles. Un calme effrayant plana sur eux. Puis tout près, une petite voix claire, musicale et jeune traversa le silence du bois. Elle disait:

—Père, nous allons nous perdre dans la neige. Nous n'arriverons jamais à Blainville.

Une voix plus forte répondit:

—Ne crains rien, fillette, je connais le pays comme ma poche.

Le lieutenant dit quelques mots, et quatre hommes s'éloignèrent sans bruit, pareils à des ombres.

Soudain un cri de femme, aigu, monta dans la nuit. Deux prisonniers furent amenés: un vieillard et une enfant. Le lieutenant les interrogea, toujours à voix basse.

—Votre nom?

—Pierre Bernard.

—Votre profession?

—Sommelier du comte de Ronfi.

—C'est votre fille?

—Oui.

—Que fait-elle?

—Elle est lingère au château.

—Où allez-vous?

—Nous nous sauvons.

—Pourquoi?

—Douze ulhans ont passé ce soir. Ils ont fusillé trois gardes et pendu le jardinier; moi, j'ai eu peur pour la petite.

—Où allez-vous?

—A Blainville.

—Pourquoi?

—Parce qu'il y a là une armée française.

—Vous connaissez le chemin?

—Parfaitement.

—Très bien; suivez-nous.

On rejoignit la colonne, et la marche à travers champs recommença. Silencieux, le vieillard se tenait aux côtés du lieutenant. Sa fille marchait près de lui. Tout à coup elle s'arrêta.

—Père, dit-elle, je suis si fatiguée que je n'irai pas plus loin.

Et elle s'assit. Elle tremblait de froid et paraissait prête à mourir. Son père voulut la porter. Il était trop vieux et trop faible.

—Mon lieutenant, dit-il en sanglotant, nous gênerions votre marche. La France avant tout. Laissez-nous.

L'officier avait donné un ordre. Quelques hommes étaient partis. Ils revinrent avec des branches coupées. Alors, en une minute, une litière fut faite. Le détachement tout entier les avait rejoints.

—Il y a là une femme qui meurt de froid, dit le lieutenant; qui veut donner son manteau pour la couvrir?

Deux cents manteaux furent détachés.

—Qui veut la porter maintenant?

Tous les bras s'offrirent. La jeune fille fut enveloppée dans ces chaudes capotes de soldat, couchée doucement sur la litière, puis quatre épaules robustes l'enlevèrent; et, comme une reine d'Orient portée par ses esclaves, elle fut placée au milieu du détachement, qui reprit sa marche plus fort, plus courageux, plus allègre, réchauffé par la présence d'une femme, cette souveraine inspiratrice qui a fait accomplir tant de progrès au vieux sang français.

Au bout d'une heure, on s'arrêta de nouveau et tout le monde se coucha dans la neige. Là-bas, au milieu de la plaine, une grande ombre noire courait. C'était comme un monstre fantastique qui s'allongeait ainsi qu'un serpent, puis, soudain, se ramassait en boule, prenait des élans vertigineux, s'arrêtait, repartait sans cesse. Des ordres murmurés circulaient parmi les hommes et, de temps en temps, un petit bruit sec et métallique claquait. La forme errante se rapprocha brusquement, et l'on vit venir au grand trot, l'un derrière l'autre, douze uhlans perdus dans la nuit. Une lueur terrible leur montra soudain deux cents hommes couchés devant eux. Une détonation rapide se perdit dans le silence de la neige, et tous les douze, avec leurs douze chevaux tombèrent.

On attendit longtemps. Puis on se remit en marche. Le vieillard qu'on avait trouvé servait de guide.

Enfin une voix très lointaine cria: Qui vive!

Une autre plus proche répondit un mot d'ordre.

On attendit encore; des pourparlers s'engageaient. La neige avait cessé de tomber. Un vent froid balayait les nuages, et derrière eux, plus haut, d'innombrables étoiles scintillaient. Elles pâlirent et le ciel devint rose à l'Orient.

Un officier d'état-major vint recevoir le détachement. Mais comme il demandait qui l'on portait sur cette litière, elle s'agita; deux petites mains écartèrent les grosses capotes bleues, et rose comme l'aurore, avec des yeux plus clairs que n'étaient les étoiles disparues, et un sourire illuminant comme le jour qui se levait, une mignonne figure répondit:

—C'est moi, monsieur.

Les soldats, fous de joie, battirent des mains et portèrent la jeune fille en triomphe jusqu'au milieu du camp qui prenait les armes. Bientôt après le général Carrel arrivait. A neuf heures les Prussiens attaquaient. Ils battirent en retraite à midi.

Le soir, comme le lieutenant Laré, rompu de fatigue, s'endormait sur une botte de paille, on vint le chercher de la part du général. Il le trouva sous sa tente, causant avec le vieillard qu'il avait rencontré dans la nuit. Aussitôt qu'il fut entré, le général le prit par la main et s'adressant à l'inconnu:

—Mon cher comte, dit-il, voici le jeune homme dont vous me parliez tout à l'heure; un de mes meilleurs officiers.

Il sourit, baissa la voix et reprit:

—Le meilleur.

Puis, se tournant vers le lieutenant abasourdi, il présenta «le comte de Ronfi-Quédissac».

Le vieillard lui prit les deux mains:

—Mon cher lieutenant, dit-il, vous avez sauvé la vie de ma fille, je n'ai qu'un moyen de vous remercier....., vous viendrez dans quelques mois me dire..... si elle vous plaît.....

Un an après, jour pour jour, dans l'église Saint-Thomas-d'Aquin, le capitaine Laré épousait Mlle Louise-Hortense-Geneviève de Ronfi-Quédissac.

Elle apportait six cent mille francs de dot et était, disait-on, la plus jolie mariée qu'on eût encore vue cette année-là.

La Mosaïque, 1877.


VARIANTES
D'APRÈS
LE MANUSCRIT DE BOULE DE SUIF.

Page 3, ligne 7, allure traînée, éparpillée, sans...

Page 3, ligne 13, tranquilles, gênés d'un sabre ou d'un fusil...

Page 4, ligne 3, division hachés dans...

Page 4, ligne 5, fantassins mélangés; et...

Page 5, ligne 4, Sous un fourré,...

Page 5, ligne 9, disparu. Dans quelle fosse d'aisances avez-vous plongé, ô fusils à tabatière. Les derniers...

Page 5, ligne 18, pied, escorté de deux...

Page 6, ligne 1, étaient fermées...

Page 6, ligne 21, et inhabitées...

Page 6, ligne 25, le «monstrueux droit de la guerre».

Page 6, ligne 26, chambres closes...

Page 8, ligne 24, même avait repris son aspect ordinaire. Les rues semblaient vivantes comme au temps des Français; rien en apparence n'était changé que l'uniforme des soldats. Du reste...

Page 9, ligne 15, Les Prussiens...

Page 9, ligne 24, ramenaient chaque jour du...

Page 10, ligne 2, fleuve étaient pleine de ces...

Page 10, ligne 6, gloire. C'était le dévouement des pauvres à leurs misérables foyers qui travaillaient chaque nuit dans l'ombre.

Page 10, ligne 10, envahisseurs, tout en faisant peser sur la ville le joug de leur discipline.

Page 16, ligne 3, commerce, à laquelle il donnait son...

Page 16, ligne 19, époux, toute petite, toute...

Page 16, ligne 21, d'un œil...

Page 18, ligne 7, L'autre toute chétive...

Page 19, ligne 18, tendue, un gros bedon qui...

Page 33, ligne 1, voix dure d'un...

Page 33, ligne 20, si menu...

Page 37, ligne 19, en buvaient. Les...

Page 37, ligne 27, avait pris elle-même la...

Page 41, ligne 12, Suif, dont le ventre et les tetons se mêlaient sous...

Page 41, ligne 20, Suif paraissait...

Page 42, ligne 1, Elle semblait...

Page 63, ligne 22, était détourné, habile...


OPINION DE LA PRESSE
SUR
LES SOIRÉES DE MÉDAN.

«Nous nous attendons à toutes les attaques, à la mauvaise foi et à l'ignorance dont la critique courante nous a déjà donné tant de preuves.»

Préface des Soirées de Médan.

Le Figaro, 19 avril 1880 (Albert Wolff).

«Le récit est curieux; on est un soir d'été sous les grands arbres, l'un a pris son bain, l'autre a flâné dans la campagne avec des idées grivoises, voyez-vous cela! Tous sont étendus sur le dos contemplant les étoiles qui brillent là-haut. On parle de Mérimée: c'est un imbécile, s'écrie un petit naturaliste. L'autre bâille et affirme que la campagne l'embête. Voilà ce qu'ils pensent et voilà comment ils écrivent; et c'est cette petite bande de jeunes présomptueux, qui dans une préface d'une rare insolence, jette le gant à la critique. Cette rouerie est cousue de fil blanc; le fond de leur pensée est: Tâchons de nous faire éreinter, cela fera vendre le volume.

«Les Soirées de Médan ne valent pas une seule ligne de critique. Sauf la nouvelle de Zola, qui ouvre le volume, c'est de la dernière médiocrité.»

Le Temps, 7 mai 1880 (Le Reboullet).

«Que penser après cela du défi qu'une demi-douzaine de jeunes gens groupés à l'ombre de M. Émile Zola viennent de jeter à la critique. Mais qu'importent la préface et le défi? Si ces nouvelles avaient quelque originalité, si elles tranchaient par un trait, fût-il grossier, sur la banalité des productions contemporaines, il y aurait plaisir et profit à s'y arrêter. Par malheur, l'ambition s'arrête précisément au préambule; en dépit du panache dont il est coiffé, le livre est des plus ordinaires. Les jeunes gens qui se réclament de M. Zola ont hérité de sa suffisance, mais non de son talent.»

Événement, 19 avril 1880 (Léon Chapron).

«Où la pathologie perdrait son latin, en supposant que cette vieille dame ait jamais su le latin, c'est dans le cas de MM. les naturalistes. Ces gens-là, parmi lesquels il est des gens de valeur, sont littéralement enfiévrés de vanité. Ils viennent de publier un volume: Les Soirées de Médan. Une vingtaine de lignes s'étalent en manière de préface. Cette préface est purement et simplement une grossièreté. Remarquez que je n'en suis pas autrement surpris... Outre que cette préface est assez mal bâtie, elle est d'une inconsciente bêtise, qui doit ravir les amateurs de la vieille gaieté française... Eh bien, pathologie ou non, nous voudrions bien qu'on ne trouvât plus d'éternelles excuses pour les assassins, les nymphomanes, les joueurs et—surtout—pour les naturalistes.»

Le Voltaire, 20 avril 1880 (Édouard Rod).

«... M. Guy de Maupassant, dont la nouvelle est placée immédiatement après celle de Zola, s'est fait connaître autrefois dans la République des Lettres par des poésies d'allure franche et forte. Le sujet choisi par lui—le voyage pendant la guerre d'une société d'honnêtes gens en compagnie d'une courtisane—est peut-être le plus original du volume. Mais ce qui frappe dans les détails, c'est la bonne humeur inaltérable du conteur. Il n'a aucune amertume... La bêtise et la lâcheté humaines, loin de l'irriter l'intéressent, peut-être même l'amusent. Il n'a pas cherché à peindre une grande douleur ni une grande passion, il a simplement raconté une histoire assez ridicule et un peu odieuse, en homme habile à découvrir et à débrouiller les intrigues de la vie courante. Son indifférence est celle d'un tempérament bien équilibré, d'un homme sans aucune sentimentalité qui, étant fort, ne souffre point de la vie, ne la trouve ni belle ni laide et la prend comme elle est.

«L'union de ces jeunes écrivains montre la force; sans aucun doute elle inquiétera les adversaires passionnés du naturalisme, ceux qui font de l'esprit au lieu de comprendre, qui rient au lieu d'étudier. Ceux qui, au contraire, s'intéressent au mouvement moderne salueront avec plaisir leur œuvre collective toute pleine de promesses et déjà de réalisations.»

Gil Blas, 1er juillet 1883 (Théodore de Banville).

«A Guy de Maupassant.—Vous êtes devenu célèbre tout de suite, parce que d'instinct vous avez deviné que la condition unique de l'art, c'est de donner aux délicats et à la foule ce dont ils ont également soif: la sincérité. Être sincère, tout est là; il n'y a pas d'autre règle, il n'y a pas d'autre poétique, et tous les fatras qui disent le contraire en ont menti. Oh! quelle fut la charmante et réconfortante et heureuse surprise des lecteurs, lorsqu'on vous vit arriver exempt de toute affectation et de tout mensonge, ne cherchant pas du tout à donner aux gens des vessies pour des lanternes, ou à leur faire voir en plein midi trente-six chandelles. On ne se lassera pas de relire cette Boule de Suif où vous avez montré la laideur de l'Égoïsme humain, sans vous laisser séduire par les sirènes de l'antithèse et sans être tenté de faire de votre héroïne une figure sublime.»


Correspondance de Gustave Flaubert (1869-1880).

A Guy de Maupassant.

«... Mais il me tarde de vous dire que je considère «Boule de Suif» comme un chef-d'œuvre. Oui! jeune homme! Ni plus, ni moins, cela est d'un maître. C'est bien original de conception, entièrement bien compris et d'un excellent style. Le paysage et les personnages se voient et la psychologie est forte. Bref, je suis ravi, deux ou trois fois j'ai ri tout haut (sic).

«Le scandale de Mme Brainne me donne le vertige! Je rêve!...

«Je vous ai mis sur un petit morceau de papier mes remarques de pion. Tenez-en compte, je les crois bonnes.

«Ce petit conte restera, soyez-en sûr! Quelles belles binettes que celles de vos bourgeois! Pas un n'est raté. Cornudet est immense et vrai! La religieuse couturée de petite vérole, parfaite, et le comte «ma chère enfant», et la fin! La pauvre fille qui pleure pendant que l'autre chante la Marseillaise, sublime. J'ai envie de te bécotter pendant un quart d'heure! Non! vraiment, je suis content! je me suis amusé et j'admire.

«Eh bien, précisément parce que c'est raide de fond et embêtant pour les bourgeois, j'enlèverais deux choses, qui ne sont pas mauvaises du tout, mais qui peuvent faire crier les imbéciles, parce qu'elles ont l'air de dire: «Moi je m'en f...»: 1o dans quelle fosse, etc., ce jeune homme jette de la fange à nos armes; et 2o le mot tetons. Après quoi le goût le plus bégueule n'aurait rien à vous reprocher.

«Elle est charmante, votre fille! Si vous pouviez atténuer son ventre au commencement, vous me feriez plaisir.»

E. Fasquelle, éd.


TABLE DES MATIÈRES.

  Pages.
Avis de l'éditeur. V
Biographie. IX
Guy de Maupassant, par Pol Neveux. XIII
Correspondance (inédit.) XCI
Boule de Suif. 3
Les Soirées de Médan (inédit). 81
APPENDICE.
La Main d'écorché (inédit). 91
Le Donneur d'eau bénite (inédit). 101
«Coco, Coco, Coco frais!» (inédit). 109
Le Mariage du lieutenant Laré (inédit). 115

Variantes. 123
Opinion de la Presse. 125

NOTES

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[1] Voir cet article à la page 81.

[2] Lettre inédite.

[3] Lettre inédite.

[4] Joseph Bédier, Les Fabliaux. Paris, Em. Bouillon, 1895, in-8o.

[5] Lettre inédite.

[6] Lettre inédite.

[7] Lettre à Mlle Marie Bashkirtseff.

[8] Lettre inédite.

[9] Lettre inédite.

[10] Lettre inédite.

[11] Lettre inédite.

[12] Lettre inédite.

[13] Lettre inédite.

[14] Lettre inédite.

[15] Ibid.

[16] Lettre inédite.

[17] Ibid.

[18] Lettre inédite.

[19] Lettre inédite.

[20] Lettre inédite.

[21] Lettre inédite.

[22] Lettre inédite.

[23] Ibid.

[24] Lumbroso, Souvenirs sur Maupassant.

[25] Lettres inédites.

[26] Princesse de Béthune. Cette pièce fait partie des essais littéraires de jeunesse que nous ne publions pas.

[27] Héraclius est une longue nouvelle dont nous avons lu le manuscrit; elle fait partie des essais de jeunesse que nous ne publions pas.

[28] A l'obligeance de Mme Lecomte du Nouy, nous devons communication de la plupart des lettres que nous publions.

[29] M. Maurice Vaucaire avait adressé à Maupassant quelques vers en lui demandant des conseils.

[30] Le Figaro avait publié la préface de Pierre et Jean, après avoir supprimé quelques phrases, sans avoir l'autorisation de l'auteur.

[31] Fort comme la Mort.

[32] L'Angelus ne fut jamais achevé.

[33] Les six premiers feuillets seulement de cette pièce furent écrits; nous les avons trouvés dans les papiers personnels de l'auteur.

Au lecteur

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