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Œuvres complètes de Guy de Maupassant - volume 25

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VARIANTES
D’APRÈS LE MANUSCRIT ORIGINAL.

Page 2, ligne 9, pas banal et ne point prodiguer tes visites.

Page 4, ligne 15, cavalier, il possédait deux chevaux de selle célèbres et cités, c’était...

Page 4, ligne 26, taille moyenne plutôt...

Page 4, ligne 29, joliment frisés sur les tempes, il...

Page 6, ligne 16, était plus fière...

Page 11, ligne 20, bouleversée de dégoût, de honte et d’affolement, quand...

Page 11, ligne 29, d’un violonneux

Page 12, ligne 11, avait aperçu et décrit...

Page 16, ligne 7, Marantin. La présence constante...

Page 16, ligne 14, commun, ridicule, ennuyeux...

Page 17, ligne 3, microbiologistes. Il croyait être sur le point de pouvoir déclarer que le règne végétal n’existe pas, les graines n’ayant pas la vie en elles-mêmes et par elles-mêmes étant obligées pour germer et croître d’absorber, aussitôt confiées à la terre, le microbe unique chargé de les féconder. Parmi les milliards de milliards d’invisibles qui pullulent dans les faibles profondeurs du sol, celui que la nature a destiné à vivifier chaque graine se précipite sur elle aussitôt qu’elle est semée ou tombée. Il y pénètre aussitôt, s’y multiplie infiniment, la fait grandir, pousser, se développer, verdir, fleurir, devenir une plante ou un arbre. Il n’y aurait donc au monde que le règne animal. M. de Maltry...

Page 17, ligne 13, blanc, comme une fleur chevelue de sa cosse, de la cosse élégante et correcte d’une plante de salon. Quant à...

Page 18, ligne 20, amis». Après avoir affirmé pendant des années qu’il ne ferait jamais partie de l’Académie française, il s’était présenté et avait été élu. Depuis lors il ne pardonnait cette défaillance de principe ni à lui-même ni à ses collègues de l’Institut. Il avait baptisé cet endroit sa Ratière parce que c’était, disait-il, une cage de Ratés, où on se laissait prendre au trébuchet, comme un Rat. Ame...

Page 19, ligne 29, trop replète peut-être.

Page 20, ligne 25, fois. D’après le manuscrit le chapitre I finit ici et le chapitre II commence par:

Le lundi suivant, André Mariolle fit sa visite de digestion à Mme Michèle de Burne. C’était son jour, le jour où elle recevait tout le monde; il y avait dans le salon, dans le premier salon, celui du public ordinaire, plusieurs dames toutes connues dans la société qui brille et fait du bruit.

Mariolle avait gardé de son premier dîner chez cette femme un souvenir confus.

Lamarthe, nerveux, etc. Puis le chapitre III commence par: C’était une grande pièce (chap. II du volume).

Page 22, ligne 10, cheveux noirs.

Page 22, ligne 28, Succès. Jusqu’au moment de son départ, il demeura sous cette impression qui le rendit muet et depuis ce jour il en avait gardé une sorte de malaise atténuant son désir de rentrer dans cette maison, où on semblait, avant tout, rechercher, cueillir et soigner les célébrités.

Avant la semaine finie pourtant, il se décida, et tombant au milieu d’une réception mondaine, il pensa: «Vraiment ce milieu n’est pas fait pour moi.»

Une duchesse et deux princes de la haute banque occupaient Mme de Burne, qui causait, comme causent toutes les femmes, avec un air souriant, bienveillant, captivée par les choses banales qui étaient dites.

Elle accueillit Mariolle d’un sourire gentil, le fit asseoir d’un geste gracieux, puis reprit la conversation qui tournait autour d’un mariage annoncé et d’un divorce prévu, quittant l’un pour revenir à l’autre, elle se fixa enfin sur le divorce qui semblait présenter plus d’intérêt. Les causes probables en furent supposées, chuchotées, commentées. Mariolle regardait Mme de Burne, un peu différente au grand jour, moins lumineuse, mais plus délicate peut-être. Son nez fin...

Page 23, ligne 13, peau, sous un reflet de la fenêtre prenaient des nuances de velours blond, tandis que ses cheveux semblaient vraiment colorer le soleil d’automne, qui teinte et brûle les feuilles mortes.

Les deux israélites se levèrent ensemble pour s’en aller; la duchesse presque aussitôt les suivit; dès que toutes les trois furent parties, la jeune femme, qui les avait reconduites à sa porte, revint, épanouie, comme un prisonnier libre.

«Enfin, dit-elle, nous pouvons peut-être faire connaissance. Mais il ne faut pas venir le lundi. On ne me trouve presque jamais seule. Essayez de me surprendre un jour quelconque, entre cinq et sept. Je rentre souvent à cette heure-là. Maintenant allons du côté des amis», et elle passa dans le second salon, l’intime et vaste salon de la musique et des causeries, mais avant de s’asseoir, elle s’arrêta regardant autour d’elle avec l’air de méditer, puis soudain:

—Je me demande où je vais vous installer, car chacun a sa place ici.

Sur le flanc droit du long piano à queue, dans la courbe creusée en son corps d’érable, une jardinière ronde entourée de trois sièges occupait un de ces bouts d’appartement inutilisés où il semble qu’on ne s’arrête jamais.

—Tenez, reprit-elle, aidez-moi à tirer ce meuble jusque-là. Vous voisinerez avec Lamarthe à qui appartient la fin du piano et le petit canapé de velours.

Mariolle en riant aida à déplacer le fauteuil et les deux chaises et à reculer la corbeille de fleurs, qui forma aussitôt le décor et le fond d’un de ces coins à tête à tête, que les femmes du monde disposent avec adresse de place en place dans leur grand salon.

—Maintenant vous êtes chez vous, dit-elle, asseyons-nous. Ils s’assirent et se regardèrent. Ils se regardèrent en gens qui se voient presque pour la première fois, mais qui se connaissent déjà beaucoup par toutes les conversations de leurs amis.

Et tout de suite ils...

Page 28, ligne 13, là-dessus, tout comme M. Herbert Spencer. Ne vous effrayez pas de ce nom, j’ai commencé par vous intimider pour vous ouvrir les oreilles. Je crois...

Page 31, ligne 16, thé. Ils la déposèrent entre les fenêtres et se retirèrent sans bruit pareils à des automates, laissant dans le grand salon, que le soir assombrissait peu à peu, le léger ronron de l’eau commençant à chanter et la lueur tremblotante et bleue de la petite flamme d’alcool qui la chauffait.

Mariolle soudain se sentit traversé par un frisson de satisfaction profonde, par une de ces joies instantanées qui nous travaillent, venues on ne sait d’où, pressentiments du bonheur introuvable ou simple contentement de l’être physique satisfait de tout ce qui l’entoure. «Tiens, se dit-il, je me plairai beaucoup dans cette maison.»

Comme il ouvrait la bouche pour se remettre à parler, un son presque imperceptible, pareil à un tintement de cristal étouffé sous des tentures, passa dans l’air et Mme de Burne eut aussitôt un tressaillement visible d’ennui.

—Oh mon Dieu, dit-elle, voilà qu’on vient nous déranger.

Il fut atterré comme d’un accident, comme s’il comptait rester là jusqu’au soir, seul avec elle, d’autant plus qu’elle paraissait elle-même désolée de cette visite; mais dès que sur la porte du salon apparut Lamarthe souriant, elle prit brusquement un air de contentement extrême; toute sa figure fut illuminée, et la façon dont elle lui tendit la main semblait dire: «Que je suis contente de vous voir, que vous avez bien fait de venir.»

Mariolle se sentit le cœur un peu crispé. Toute naturelle que fût cette mimique mondaine, elle irrita l’orgueil obscur dont il souffrait. «Je ne serai jamais rien pour ces femmes-là», se dit-il. Mais comme il esquissait un mouvement de départ, elle le retint avec tant d’empressement et de démonstration d’intérêt qu’il se rassit, conquis de nouveau. Vous prendrez...

Page 31, ligne 25, table où murmurait l’eau bouillante, près de la haute fenêtre voilée de dentelles blanches. Alors...

Page 32, ligne 9, qui promet.» Quand elle les eut servis, elle se rassit auprès d’eux, et ils se remirent à causer avec beaucoup d’entrain, avec ce contentement de ce qu’on dit qui fait trouver spirituel tout ce qu’on entend.

Le timbre, sonnant deux fois coup sur coup, les interrompit de nouveau et une jeune femme, Mme de Frémines, entra, suivie de Massival.

Alors Mariolle et Lamarthe se retirèrent ensemble.

Dans la rue: «Où allez-vous? demanda le romancier.

—Chez moi, nulle part. Je rentrerai à l’heure du dîner.

—Voulez-vous venir visiter ensemble l’atelier du sculpteur Prédolé. Il est plein de merveilles.

—Oui. Allons. A pied, n’est-ce pas.

—A pied. Il fait si beau.» Ils se prirent le bras...

Page 35, ligne 17, conduirai à l’atelier de Prédolé, car je vous jure qu’il en vaut la peine. (Fin du chapitre II du manuscrit.)

Page 42, ligne 20, toutes les sollicitudes des femmes ordinaires, de l’envie d’être mère et du besoin d’aimer, de toutes les préoccupations...

Page 44, ligne 14, expressifs ou trop passionnés elle...

Page 47, ligne 13, puissance. Ce fut une légère fatigue de courbature dans son cou tendu un peu de côté qui la fit partir enfin, elle se dit adieu par un dernier sourire et traversant le cabinet, alla s’asseoir à son bureau.

Page 52, fin du chapitre III du manuscrit.

Page 54, ligne 3, ces joueuses qui...

Page 56, ligne 19, déroutant. Il se demandait souvent: «Pourquoi est-ce que je me mets à chérir ainsi cette femme», et quand il cherchait au fond de lui les racines de cette tendresse, il y trouvait d’abord une envie inexplicable de la voir sans cesse, mais une envie qui ne s’apaisait ni jour ni nuit, qui le tiraillait, le harcelait, était devenue un besoin physique irrésistible et lancinant de ses yeux, de son cœur, de tout son corps. Il ne pouvait plus se passer d’elle. Où qu’il fût, quoi qu’il fît, il sentait cette attirance, il entendait cet appel et il cherchait des routes détournées pour la rejoindre sans être dévoilé. Il devenait vraiment la proie secrète de ce joli être et il croyait reconnaître à cet invincible désir de sa présence la caractéristique du début d’un puissant amour. Mais pourquoi...

Page 58, ligne 18, satisfaits. Lamarthe, le plus raisonneur, prétendait avec conviction qu’elle aurait eu pour Massival un faible véritable, sans l’idée de cette femme, inconnue, vulgaire et légitimée, qu’il rejoignait tous les soirs à la table conjugale, au lit commun et qui avait porté dans son ventre trois enfants de lui.

Massival, visiblement, était rongé par un regret et disait de leur «belle amie» plus de mal que les autres, bien qu’il en parlât moins, symptôme d’un cœur plus atteint. Non elle n’avait...

Page 60, ligne 12, Il y trouva son père et le gros Fresnel. M. de Pradon fumait des cigarettes, Fresnel, comme toujours, regardait la jeune femme et ne trouvait pas grand’chose à lui dire. Quand elle...

Page 60, ligne 23, plaisez beaucoup. Fresnel, qui exécrait toujours les derniers venus, comme un vieux toutou favori qui regarde entrer la jeune bête achetée la veille par sa maîtresse, eut sur la langue, par une méchanceté instinctive, et pressentant en ce rival nouveau la même souffrance qu’en son cœur, devinant qu’il était aussi un jaloux, il demanda:

Vous n’écrivez donc plus, M. Mariolle? J’ai lu de vous de charmants récits de voyage. Il est bien dommage que vous vous en teniez là.

Mariolle répondit modestement:

—Je n’ai écrit en effet que pour des voyageurs. Si je m’étais senti du talent, j’aurais continué; malheureusement je n’en ai pas.

Madame de Burne protesta.

Pardon, vous en avez.

Mais non, madame.

Mais si, monsieur, et du très fin.

Elle le regardait bien en face.

Il demanda l’interrogeant des yeux:

Qu’est-ce qui peut bien vous plaire dans ce que j’écris?

Elle répondit hardiment:

C’est qu’on vous y croit sincère.

Baissant la voix il murmura:

Et je le suis.

Fresnel, comprenant qu’il avait fait fausse route, demanda s’il était vrai que Massival eût consenti à donner des leçons ou plutôt des conseils réguliers à Mme de Bratiane pour perfectionner sa voix.

Un peu irritée par ce détail qu’elle savait vrai, Mme de Burne eut sur l’Italienne, sur son air commun, sur la lourdeur de sa taille, des phrases perfides. Tous souriaient, même son père, très galant pour sa fille et qui dit:

Parbleu, elle n’est pas aussi jolie que toi, mais elle a des yeux, des dents et des cheveux comme on n’en voit pas souvent, et une voix vraiment d’exception.

Papa taisez-vous, vous me faites douter de votre goût.

N’en doute pas, puisque je te trouve mieux que toutes les femmes de Paris.

Il avait l’air de le dire en père, et de le penser en homme, car elle avait mis dans leur rapport et dans leur affection une nuance de l’hommage d’amour qu’elle se rendait à elle-même, et qu’elle exigeait de tous.

L’arrivée de Mariolle agaçait visiblement Fresnel, qui ne pouvait s’habituer à la présence de quelqu’un chez elle qu’après des mois d’irritation. Quand sa mauvaise humeur devenait trop forte, quand il la voyait trop bien disposée pour l’un d’eux, il aimait mieux céder la place, s’en aller et guetter les heures où il la rencontrerait seule. Il les connaissait, les ayant épiées à la façon du braconnier, qui sait les remises et les repos du gibier. Il sentit que Mariolle, ce jour-là, plaisait, et se levant:

Allons, dit-il, adieu Madame Miche, je m’en vais.

Son père et quelques amis l’appelaient parfois ainsi.

Elle se mit à rire, le devinant:

Tiens, il n’est pas content, eh bien, allez bouder, vieux grognon.

Après le départ de Fresnel, Mariolle espérait que le père...

Page 104, ligne 27, redescendit. Il était près de 6 heures la visite ayant duré fort longtemps. On...

Page 105, ligne 22, montagne, de cette énorme veine de granit poussée sur les sables, sous le flux des marées. Mais...

Page 106, ligne 3, faim. Ce fut elle qui l’annonça la première avec un sourire plaisant. Son père reprit: Moi je suis à moitié mort, et cela m’est fort agréable, je suis mort d’appétit que je vais satisfaire. Ils avaient tous dans les yeux la saine bonne humeur des gens affamés par l’air marin. On resta longtemps...

Page 116, ligne 2, exercice, ce qui me fait du bien, en...

Page 124, ligne 14, coups légers furent...

Page 127, ligne 26, première. D’autres suivirent celle-là à peu près semblables, régulièrement espacées. André Mariolle...

Page 138, ligne 5, instants comme pour s’assurer que l’instrument tournait bien toujours de la même façon. Presque...

Page 138, ligne 19, femme dans la force...

Page 139, ligne 4, menaces de tonnerre qu’on devine dans les ciels d’orage.

Page 143, ligne 23, connais, plus je les approche, plus je les aime, moins...

Page 153, ligne 15, successeur de M. de Burne...

Page 155, ligne 18, moment où elle allait sortir de table après déjeuner pour...

Page 157, ligne 2, d’asservissements et de soins galants si...

Page 192, ligne 24, robe. Une robe qu’elle portait pour la première fois. C’était...

Page 194, ligne 25, coquettes, sans lutte, cherchant à plaire et non pas à vaincre, n’ayant...

Page 195, ligne 7, nouveau, un peu plus longtemps qu’à l’arrivée, plus charmées encore, en se retrouvant qu’en se quittant, et Mme de Burne...

Page 199, ligne 28, visage adoré, contre...

Page 200, ligne 12, que dans cette petite tête pour laquelle il se serait fait tuer avec bonheur, il y...

Page 203, ligne 11, d’elle. Oui, il y a des femmes qui se sauvent nu-pieds ouvrant et fermant les portes comme des voleurs à côté du mari qui dort, pour aller, durant quelques instants, étreindre un homme sur leur cœur, et lui dire tout bas, dans l’oreille, avec des lèvres passionnées, le petit mot qu’elle n’avait jamais prononcé pour lui. Elle était partie...

Page 209, ligne 8, ainsi toutes ces femmes-là, pensa-t-il avec fureur, finiront par s’aimer entre elles. Massival...

Page 212, ligne 14, avec stupeur.

Page 217, ligne 16, amicale d’homme séduit par...

Page 240, ligne 13, pas revenue en...

Page 292, ligne 17, entrevue il ne l’avait pas embrassée, il avait eu peur à Montigny du regard des femmes, en revenant du regard du cocher, mais elle... elle... assurément elle n’y avait même point pensé. Sous la fraîcheur des arbres, il sentait en ses veines courir une intolérable brûlure et l’idée qu’il allait retrouver chez lui la petite Élisabeth lui fut agréable soudain, comme l’espoir d’un peu d’eau à l’étape du soir quand on traverse un désert. Elle l’aimait, celle-là, de tout son cœur, de toute son âme, de tout son corps. Ne pouvait-elle lui donner ainsi que les sources rencontrées des apaisements passagers? Et puis l’esprit de l’homme est rusé. Comme il sait tromper les autres, il sait se tromper lui-même. Un affamé qui trouve par hasard du pain blanc ne peut-il pas s’imaginer qu’il savoure la plus délicate nourriture; quand on est repu, qu’importe ce qu’on a mangé puisqu’on a rêvé. Mais lorsqu’il rentra dans sa maison...

Page 294, ligne 12, pressentiment, le fit aller vers l’asile de Dieu. Avait-elle deviné? oui peut-être. Le temple...

Page 296, ligne 10, peu, comprenant et flairant qu’il ne la trompait pas, convaincue enfin, séduite, réjouie déjà, elle retenait ses belles promesses, car l’idée de devenir une dame à son tour mêlait de la reconnaissance et de l’orgueil à son attachement pour lui. Alors oubliant presque l’apparition de cette étrangère qui lui avait apporté tant de chagrin tantôt, devinant même obscurément dans son flair parisien et sa confiance aveugle et jeune qu’elle devait peut-être à cette visite la fortune nouvelle de sa vie, elle jeta ses bras sur le cou d’André en demandant de sa voix caline:

Et vous m’aimerez comme ici?

Il répondit hardiment:

—Je t’aimerai comme ici. (Fin.)

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