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Anselme Adorne, Sire de Corthuy, Pèlerin De Terre-Sainte: Sa Famille, Sa Vie, Ses Voyages Et Son Temps

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Siége de Nancy. — Le comte de Campo Basso. — Ambassade écossaise. — Singulière prédiction. — Elle est confirmée par l'événement. — Le mauvais valet de chambre. — Réflexions. — Les états des provinces s'assemblent. — Les métiers de Gand. — Troubles à Bruges. — Le sire de Corthuy capitaine de la duchesse de Bourgogne. — Les trois chroniques.

Accablé de honte et de douleur, Charles, s'attachant néanmoins avec une fatale persistance à ses entreprises, semblait jeter le défi à la destinée. Avec une poignée de soldats mal armés, mal payés, découragés, malades, il poursuivait le siége de Nancy. Une sombre figure marchait à ses côtés, semblable à un esprit de ténèbres, qui ne devait le quitter qu'après l'avoir précipité dans l'abîme: c'était le comte de Campo Basso.

Sur ces entrefaites arrivait à Bruges une ambassade écossaise chargée d'exposer au duc de Bourgogne les doléances du commerce au sujet de certaines mesures que ce prince avait prises. Plusieurs des personnages les plus distingués de la ville s'empressèrent de fêter ces étrangers, et l'on pense bien que le sire de Corthuy ne fut point des derniers. On pourrait placer chez lui le lieu d'une scène singulière rapportée par Buchanan, si le récit même de cet auteur plus élégant que fidèle, n'était vraisemblablement une fable. Voici ce qu'il raconte: Dans un repas donné aux envoyés écossais, un certain docteur en médecine, nommé André, qui se piquait d'astrologie, les prenant à l'écart, leur dit mystérieusement: «Ne vous pressez pas de vous rendre au camp du duc de Bourgogne: dans trois jours vous apprendrez sa mort.» En effet, on sut bientôt qu'à la suite d'une bagarre plutôt que d'un combat, Charles avait été enveloppé et massacré le 5 janvier 1477.

Commines vit depuis, à Milan, un anneau où était gravée une pierre à fusil et que le duc avait coutume de porter à son pourpoint: «Celuy qui le lui ôta,» dit l'historien, «fut mauvais valet de chambre.»

On douta de la mort du Téméraire; le peuple ne voulait point croire que de cet homme puissant qui avait agité la terre, il n'y restait plus qu'un cadavre nu, la face prise dans la glace d'un fossé. C'est ainsi qu'on le retrouva au bout de quelques jours.

L'épée qu'il avait portée, après Philippe le Bon, avait rivalisé avec le sceptre des Valois, soumis la Hollande et la Frise, le Luxembourg, la Gueldre, cruellement réprimé les Liégeois, dompté les communes soulevées, conduit et contenu les grands; maintenant elle tombait, brisée, aux mains d'une jeune orpheline aux prises avec les armes et les intrigues de Louis XI: c'était une révolution.

Le 24 janvier, la duchesse, conjointement avec la veuve du Téméraire, annonçait le tragique événement aux populations, en même temps que l'intention d'aviser, de concert avec les princes de son sang, ses conseillers et les «gens des Trois États des pays de par deçà,» qui dans peu allaient s'assembler, à alléger les charges des sujets, à les traiter avec douceur et justice, et à résister aux entreprises des ennemis[99]. Il est triste de le dire: quand on est fort, on est peu disposé à céder; quand on a cessé de l'être, les concessions trahissent la faiblesse et ne désarment guère ceux qui les obtiennent.

Les princes alliés à la maison de Bourgogne, les principaux seigneurs, la noblesse, les états généraux de provinces, parmi lesquelles la Flandre, le Brabant, la Hollande, le Hainaut, formaient chacune le centre d'autant de groupes particuliers, se réunissent autour de Marie, dans les murs de Gand, siége, en ce moment, du gouvernement et centre de l'action nationale. Le sire de Corthuy ne tarda pas à s'y rendre, et pendant quelque temps il put y observer, comme à leur source, des événements qui ne devaient influer que trop sur sa destinée.

Commines a injustement ravalé les hommes, étrangers jusque-là aux affaires, qui dans cette crise furent amenés à y prendre part. Si pourtant l'on se représente clairement la situation au dehors et au dedans, un ennemi aussi peu scrupuleux que puissant, poussé par la haine et la vengeance plus encore que par la politique, le pouvoir ébranlé et chancelant, les États de Bourgogne composés de deux parties presque étrangères l'une à l'autre, les provinces dites de par deçà récemment ou faiblement unies entre elles, chacune formant un État jaloux de ses droits et repoussant toute influence étrangère à son territoire; chez les grands, des vues, des intérêts divers; des institutions que d'autres pays enviaient, mais qui donnaient à la multitude une action directe et, dans des moments semblables, presque souveraine; la réaction d'autant plus violente, que la compression avait été plus forte; si, disons nous, l'on se fait une idée vive et nette d'un tel état de choses, on comprendra sans peine qu'il eût presque fallu un prodige pour qu'il n'en sortit rien que de juste, de sage et de régulier.

L'habitude d'obéir survit quelque temps au pouvoir; les conséquences de la situation ne devaient se développer que successivement. Bientôt pourtant un observateur attentif, dont le nom n'est point connu, écrivait silencieusement, dans des notes qui sont parvenues jusqu'à nous, que «le commun peuple était maître.» Ces mots, nous ne les transcrivons point avec un sentiment de dédain: Lazare[100] était du commun peuple; mais Lazare ne gouvernait pas. L'infortuné! il eût trouvé des flatteurs.

Les métiers de Gand s'arment et se font remettre en possession de tous leurs priviléges. A ce signal, les Brugeois demandent une lecture solennelle de ceux de leur ville. Le premier bourgmestre s'y oppose avec plus de fierté que de prudence; le peuple s'assemble en tumulte. A la vue du flot qui déborde et gronde, Nieuwenhove se trouble et court à Gand avertir la duchesse de se qui se passait.

Quelques jours après, on voyait entrer à Bruges, par la porte de Sainte-Croix, une petite troupe de cavaliers. Anselme Adorne en faisait partie, aussi bien que le sire de la Gruthuse, Jean, son fils, seigneur de Spiere ou des Pierres, et Jean Breydel. La duchesse, afin de rétablir l'ordre dans cette ville, l'avait placée sous le commandement des quatre capitaines que nous venons de nommer. Le reste se composait de leur suite et de leur escorte.

Avant de faire connaître ce qu'ils firent et quelles en furent les suites, nous devons dire quelque chose des sources où nous avons principalement puisé:

On trouve la relation des troubles de Bruges, à l'époque de l'avénement de Marie de Bourgogne, dans la Chronique de Flandre d'Antoine de Roovere, qui fait partie de l'ouvrage publié à Anvers en 1531, par Guillaume Vorsterman, sous le titre de: die exellente Cronike van Vlaenderen, ainsi que dans la Chronique de Despars, terminée en 1562, et celle qui a été publiée à Bruges en 1727, par André Wyts.

De ces trois ouvrages, le premier retrace le plus directement les impressions du moment et les souvenirs contemporains; mais souvent il rend ceux-ci d'une manière un peu confuse, et ils ont besoin d'être débrouillés et éclaircis. L'auteur, qui était déjà mort quand on imprimait son récit, fut musicien et homme de lettres, ou, suivant l'expression du temps, rhétoricien. Vorsterman vante beaucoup ses talents. De Roovere n'en donne pourtant pas de grandes preuves par ses acrostiches qu'il appelle des incarnations, ni par la forme de son récit: ses paragraphes commencent, d'ordinaire, par le mot item, ainsi que les articles d'un compte ou d'un inventaire; mais personne n'est plus au fait que lui de ce qui se passe dans les rues et sur le marché de Bruges, et les détails qu'il donne sont précieux pour l'intelligence des faits et leur appréciation.

Nicolas Despars ou d'Espars, gentilhomme et Poorter de Bruges, bachelier en droit, est déjà plus éloigné des événements; il a pris soin pourtant de comparer ensemble toutes les chroniques de Flandre, soit imprimées, soit inédites, écrites en latin, en français ou en flamand, et les résume avec gravité et droiture.

André Wyts, imprimeur de la ville, a dédié au comté de Lalaing, commissaire impérial en Flandre, et aux Magistrats de Bruges un travail signé seulement des lettres N. D. et F. R., qui comprend l'analyse de tous les priviléges de la province, des villes et châtellenies, et le récit de ce qui s'est passé en Flandre de 1346 à 1482, tiré, selon que l'annonce le titre, des écrivains les plus dignes de foi, de manuscrits et mémoires inédits, notamment d'écrits contemporains des événements, rédigés en langue flamande. On peut supposer que l'ouvrage de Despars a été mis à contribution dans cette compilation, et lorsqu'elle s'en écarte, ce n'est souvent que pour tomber dans quelque méprise.

Despars et les auteurs de la chronique éditée par Wyts résument, acceptent ou rejettent, suivant l'opinion qu'ils se forment. Celle de Despars, surtout, n'est point à dédaigner sans doute; mais De Roovere raconte, quant au gouvernement de Marie de Bourgogne, ce dont il a pu être témoin lui-même, ou, du moins, ce dont la mémoire était encore fraîche au moment où il écrivait.

C'est surtout en comparant et en pesant les témoignages de ces auteurs que nous avons pu nous rendre un compte exact des faits dont on va lire le récit[101].

IV

Les capitaines de la duchesse.

Objet de la mission des capitaines. — L'avenir de Bruges. — Le sire de la Gruthuse. — Jean de Bruges. — Jean Breydel et son escorte. — Transaction. — La Gruthuse au balcon de l'hôtel de ville. — Arrestation d'Hugonet et d'Humbercourt. — Exécutions à Gand. — Troubles à Bruges. — On demande la mise en jugement des anciens magistrats. — Caractère de la justice communale dans les temps de troubles. — Les partis et leurs accusations.

La mission qui était confiée au sire de Corthuy, conjointement avec les autres personnages que nous venons de nommer, n'était pas moins flatteuse que délicate; elle témoignait, à la fois, de l'estime que la cour avait pour lui et de celle qu'il inspirait à ses concitoyens, car il s'agissait de rétablir parmi eux l'ordre et le calme, non par des mesures de rigueur auxquelles on ne pouvait même songer, mais par la conciliation et par l'ascendant de la sagesse et de la considération personnelle.

Parvenue au sommet de ses prospérités, dont il ne reste plus qu'un souvenir et la misère qu'elles laissent trop souvent après elles, Bruges rencontrait une pente fatale et devait rapidement la descendre. Il semblait que la nature et les événements conspirassent ensemble sa ruine. Le Zwyn[102] commençait à se fermer peu à peu à la navigation. Les agitations politiques éloignèrent le commerce effrayé, et lorsqu'il consentit à revenir, les avenues se fermaient devant lui. Survint ensuite la réforme religieuse qui remua de nouveau le peuple et troubla jusqu'à la paix des tombeaux. La peste, enfin, se chargea de mettre la population de niveau avec sa fortune réduite. Jamais Bruges ne se releva.

Il n'était donné de l'arrêter dans cette voie, dont on ne découvrait pas même les abîmes, ni au sire de Corthuy, ni aux autres délégués de la duchesse. C'est beaucoup, quelquefois, de pourvoir aux besoins les plus pressants du moment, et telle était la véritable tâche des capitaines. La chronique publiée par André Wyts confond, ici, deux qualités fort différentes désignées également par ce titre. Anselme Adorne n'était point, en ce moment, capitaine de quartier (Hoofdman), non plus que les trois autres. C'étaient des officiers de la maison de Bourgogne, qui devaient se partager les importantes fonctions de commandant ou gouverneur.

La Gruthuse les avait déjà remplies à Bruges, ainsi que nous l'avons vu plus haut, et avait beaucoup contribué à maintenir cette ville dans l'obéissance, lors du soulèvement des Gantois contre Philippe le Bon.

Proprement, c'était un Van der Aa, de la famille des seigneurs de Grimberghe; il devait à des alliances le nom de Bruges et les titres de sire de la Gruthuse et de prince de Steenhuse. Édouard IV l'avait créé comte de Wincester. Il était marié à une dame de la maison de Borsèle, fille du comte de Grand-Pré et d'une princesse d'Écosse. Sa naissance et les services signalés qu'il avait rendus aux ducs de Bourgogne lui avaient valu l'ordre de la Toison d'or, ainsi que la lieutenance générale de Hollande, Zélande et Frise, que lui enlevaient les circonstances présentes; ses qualités étaient dignes de son rang, son caractère humain et affable: esprit sage et modéré, il savait s'accommoder aux temps.

Son fils est connu principalement pour sa participation à quelques opérations militaires. Après la mort de la duchesse, ayant pris parti, aussi bien que la Gruthuse lui-même, contre Maximilien, il passa en France quand ce prince l'eut emporté et fut gouverneur de la Picardie et chevalier de Saint-Michel.

Breydel, au contraire, s'attacha à la cause du duc d'Autriche et paya son zèle de sa tête. Nous avons parlé de ses exploits contre les infidèles; il avait actuellement sous ses ordres des hommes d'armes étrangers qu'il s'était attachés dans ses guerres lointaines, ou qui formaient la force armée mise à la disposition des capitaines.

Ce n'était pourtant ni cet appareil guerrier, ni leur valeur personnelle qui eussent pu suffire à contenir une population de deux cent mille âmes, dans un moment où le pouvoir était sans force et l'État en péril. Les capitaines s'appliquèrent à calmer les esprits. Le soir même de leur arrivée, la Gruthuse et ses compagnons eurent une conférence avec les doyens; il s'agissait de s'entendre sur les conditions auxquelles les métiers consentiraient à déposer les armes. Ceux-ci exigeaient l'abolition des nouveaux impôts, l'annulation des contre-lettres qu'on gardait au château de Lille, ainsi que des conditions imposées par Philippe le Bon, en 1437, enfin le rétablissement de tous les priviléges. Celui de mettre en jugement les magistrats et même les officiers de la duchesse qui exerçaient à Bruges leurs fonctions, fut le point le plus contesté: c'était, en effet, une arme bien dangereuse. On finit, cependant, par tout accorder, et le sire de la Gruthuse s'employa vivement auprès de la cour pour qu'elle ratifiât ces concessions.

Le 7 mars, un beau drap d'or couvrait le balcon de l'hôtel de ville; la Gruthuse, revêtu des insignes de la Toison d'or, y parut entre quatre religieux, savants en théologie; là, après avoir fait donner lecture des actes dont on se plaignait, il les déchira de sa main, aux acclamations de la foule qui jurait de vivre et de mourir avec la jeune duchesse.

Tous les priviléges de la ville furent ensuite soumis à l'inspection des chefs de la bourgeoisie, ainsi que des doyens. «De tout ceci,» ajoute la chronique, «il revint au sire de la Gruthuse beaucoup d'honneur et d'affection parmi le peuple.»

On voit ici la Gruthuse sur le premier plan et les trois autres capitaines rester dans l'ombre; peut-être Breydel n'était-il même que son lieutenant, et Jean de Bruges ne pouvait, à côté de son père, jouer qu'un rôle secondaire. Le sire de Corthuy aurait eu ainsi, seul entre les trois, une position indépendante; on ne saurait douter qu'il n'inspirât à la duchesse et à son conseil une confiance particulière, ce qui devait donner beaucoup de poids à son intervention. S'il paraît moins en évidence que la Gruthuse, tout n'en porte pas moins à croire qu'il le seconda loyalement. Il voyait avec joie le calme rétabli par leurs soins communs: ce fut encore un beau jour dans sa vie publique et peut-être le dernier. Bien souvent, il vient un temps où la destinée change de cours: tout allait au-devant de nous, tout s'éloigne ou s'assombrit. C'est moins un malheur, peut-être, qu'un signal et un bienveillant avertissement. Quand tout ce qui nous a ébloui, entraîné, charmé, ne nous offre plus que mécomptes et amertume; quand les nœuds qui nous lient à la vie se détachent l'un après l'autre, que toutes les clartés de la terre pâlissent ou s'éteignent, n'est-ce pas pour qu'on la quitte sans regret et que, d'avance, l'on regarde plus haut?

La situation politique, à Bruges, comme dans le reste de la Flandre, avait toujours pour pivot ce qui se passait à Gand. Un drame lugubre s'y préparait: Hugonet et Humbercourt avaient à porter le poids de leur faveur passée et, plus encore, de celle qu'ils conservaient en secret. Malgré leurs dispositions favorables, Louis XI ne les trouvait pas assez souples et voulait tout brouiller; par des indiscrétions calculées, il les compromet adroitement. Le duc de Clèves leur devient hostile, en apprenant qu'ils voulaient le mariage du dauphin avec la duchesse dont il ambitionnait la main pour son propre fils. Le peuple de Gand avait peu besoin qu'on l'excitât contre ces étrangers; il les fait jeter en prison. Les métiers s'arment de nouveau et font arrêter encore plusieurs personnages dont quelques-uns sont immédiatement mis à la question et exécutés.

C'est, dans le pays, un mouvement général. On voit accourir à Bruges les gens du Franc qui lacèrent ou livrent aux flammes les actes par lesquels ce territoire avait été érigé en quatrième Membre et traînent leurs magistrats devant le bailli pour qu'il les fasse conduire au Steen[103]. Peu après, les Brugeois font subir le même sort à quelques habitants, et prétendent qu'on y joigne encore tous ceux qui avaient rempli dans les dernières années les fonctions de bourgmestre ou de trésorier de la ville, afin qu'ils eussent à rendre compte de leur gestion.

Le baron de Corthuy, qui venait de remplir une mission toute de conciliation et de popularité, était du nombre des magistrats que cette mesure aurait atteints; les libertés qu'il avait concouru à rendre à ses concitoyens, se tournaient ainsi contre lui. Ce n'est pas qu'il y eût eu quelque chose d'effrayant pour lui à rendre compte de son administration devant des juges impartiaux et indépendants; mais rien de redoutable, dans les moments d'émotion populaire, comme cette juridiction communale que nous allons voir à l'œuvre. C'était la justice criminelle du temps, avec tous ses vices et l'intervention de la multitude, avec tous ses entraînements; point d'appel ni de sursis, la torture ou sa menace, aucune des garanties qui de nos jours protégent les biens, l'honneur et la vie du dernier des citoyens.

Lorsqu'on parcourt d'ailleurs les chroniques du temps, on aperçoit des partis en jeu, et l'on sait assez quelles sont leur équité et leur modération. Selon les différentes phases de la politique, on voit ceux qui partageaient la Flandre se poursuivre tour à tour des plus déplorables accusations. Qui voudra croire que Jean de Nieuwenhove[104], brave et renommé capitaine, l'un des héros de Guinegate, où il fut armé chevalier, ait détourné à son profit les fonds destinés à la solde des troupes; que Martin Lem ait machiné la mort de Barbesan; que le fond de la politique de la Gruthuse ait été de dégager ses revenus en spéculant sur les variations du tarif des monnaies? Tout cela fut dit, accepté, par un parti ou par l'autre, et la postérité le rejette avec mépris.

Le baron de Corthuy pouvait être aussi en butte à la haine d'un parti et en devait subir les conséquences. Les choses toutefois, à Bruges, n'en étaient pas encore tout à fait là; le coup fut amorti: on détourna la fureur populaire sur le bourgmestre fugitif qu'elle ne pouvait atteindre. Une prime fut promise à qui le livrerait.

La famille et les amis d'Anselme respiraient en voyant l'orage s'éloigner d'une tête vénérée; mais il devait éclater bientôt avec plus de furie.

V

Marie de Bourgogne.

Tâche pénible. — La gloire des nations. — Supplice d'Hugonet et d'Humbercourt. — Nobles larmes. — Adolphe de Gueldre et le duc de Clèves. — Entrée de la duchesse à Bruges. — Troubles. — Pillage. — L'échevin justifié et emprisonné. — Cris de mort. — Ambassade de l'empereur Frédéric III. — Renouvellement des magistrats. — Une plaisanterie de Louis XI. — Les Gantois entrent en campagne. — Revue des milices brugeoises. — Les seize. — Digression. — Les deux déserteurs.

Ce n'est pas, nous l'avouons, sans avoir hésité quelque temps que nous poursuivons notre tâche: elle nous oblige à retracer avec détail des scènes pénibles d'agitation et de désordre; mais tous les peuples, toutes les formes de gouvernement, tous les états de la société ont leur part d'erreurs et de fautes, et nous ne pensons pas que l'historien ait charge de les couvrir d'un voile, ou, comme on l'a vu ailleurs, d'un vernis séduisant. La gloire d'une nation dépend moins du soin qu'on prendrait de pallier et de colorer ce qui a pu s'y passer de moins digne d'éloge, que des grands hommes qu'elle a produits et des grandes choses qu'elle a faites. Aucun pays n'efface sous ce double rapport les provinces belges, et la Flandre a sa belle et noble part dans de tels souvenirs. Nous pouvons donc être tranquilles, et nous reprenons notre récit.

Assez d'autres sans nous ont exposé et discuté les griefs auxquels les deux anciens conseillers de la maison de Bourgogne, détenus dans la prison de Gand, étaient en butte; ce dont nous nous préoccupons surtout, c'est de la relation que nous apercevons entre cette affaire et l'ensemble de la situation.

L'histoire offre certains moments où toute une suite d'événements est comme suspendue à la vie d'un homme, à l'existence d'un enfant, à un siége qui se poursuit, à un procès qui se juge. Ainsi en était-il de celui-ci. Hugonet et Humbercourt, l'homme d'État et le capitaine, devant le tribunal auquel la duchesse avait été contrainte de livrer leur sort, c'était le règne de Charles qu'un arrêt allait frapper, et tout ce qui avait tenu à ce règne en devait sentir le contre-coup. La procédure semblait trop lente; le peuple s'agite; enfin l'arrêt est prononcé: les deux proscrits montent l'un après l'autre sur le même échafaud, dont on prit soin de changer la décoration, selon l'état et le rang de chacun.

Plus touchée de leur danger que ne le sont souvent les grands du malheur de ceux qui les servent, Marie avait tenté d'arracher ces victimes à la mort. Elle avait le doux éclat de la jeunesse, la majesté du rang; son deuil triste et récent, ses supplications, ses larmes, leur impuissance, rendent cet incident l'un des plus émouvants de nos annales.

Avec Hugonet et Humbercourt, elle défendait la mémoire de son père. Adolphe de Gueldre s'était saisi autrefois du sien, «à un soir, comme il se voulait aller coucher, et l'avait amené à cinq lieues d'Allemagne, à pied, sans chausse, par un temps très-froid, et le mit au fond d'une tour, où il n'y avait de clarté que par une bien petite lucarne.» Ce fils dont quelques circonstances semblent pourtant atténuer les torts, sans pouvoir l'absoudre, était l'un des prétendants à la main de l'héritière de Bourgogne et cherchait un point d'appui dans le peuple qu'il séduisait par des qualités brillantes.

Pour son parti, la mort d'Hugonet et d'Humbercourt était un triomphe. Le duc de Clèves y avait concouru en donnant les mains à la condamnation de tous deux. Voulant écarter un obstacle, il avait servi un rival et précipité le cours des événements qu'il se flattait de maîtriser. Il tente alors de rendre à la captivité Adolphe, l'idole de la multitude, qui s'était inscrit parmi les orfèvres. Vain et débile essai! Le duc de Clèves, chef du conseil, placé au sommet des pouvoirs, échoue contre les priviléges d'un métier et la faveur du peuple; il s'éloigne humilié et vaincu. Sa défaite devait donner au mouvement une impulsion nouvelle. Sans comparer les causes, ni les événements, on songe involontairement aux Girondins préparant la domination de leurs implacables adversaires.

Sur ces entrefaites, la duchesse de Bourgogne se rend à Bruges pour en jurer les priviléges. On la reçoit avec les honneurs dus à son rang. Archers et arbalétriers, à pied, à cheval, défilaient en bon ordre, le casque en tête, avec des casaques tailladées qui laissaient dessous briller leur armure. Les métiers portaient des flambeaux. Les maisons étaient ornées de draperies blanches, de drap d'or, de riches tapis. Des jeunes filles, couronnées de roses, vinrent offrir à Marie un chapeau des mêmes fleurs qu'elles lui présentèrent sur un plateau de cristal. On voyait, sur des théâtres, Moïse sauvé des eaux, le roi Priam et la reine Panthésilée, la jeune et belle Ara recevant la bénédiction de son père. Une inscription qui accompagnait la dernière représentation, renfermait cette allusion qui, en ce moment surtout, dut toucher la princesse: Nec fidem suam unquam mutavit ab eo[105].

Mais tandis qu'elle s'avançait dans une litière couverte de velours noir, au milieu des démonstrations de respect et de joie, un bruit se répandait, parmi la foule, que, par des sacrifices pour la défense commune, les magistrats du Franc avaient obtenu que ce territoire demeurât séparé de la ville. Le soir même, les métiers s'assemblent; plusieurs échevins sont arrêtés; la maison du bourgmestre est livrée au pillage, arme trop ordinaire de nos discordes.

L'un des échevins demanda à se justifier: il monta dans une chaire, sur la place, et donna des explications si claires et si précises, qu'il ne restait aucun doute sur son innocence. On ne l'en reconduisit pas moins en prison, car il ne fallait point fâcher le peuple: mais les agitateurs n'étaient pas satisfaits: ils voulaient du sang. Pour qu'il ne fut point versé, les doyens, disaient-ils, s'étaient fait compter cent couronnes. «Tue! tue!» s'écrient quelques voix. Tout était perdu sans le sang-froid du doyen des maréchaux: «A vos bannières!» crie t-il à son tour d'une voix retentissante: on se range; on endosse le harnais; chacun brandit ses armes. Pour produire ce tumulte, il avait suffi de trois ou quatre misérables.

C'est au milieu de ce désordre qu'arrivèrent à Bruges les ambassadeurs qui venaient demander la main de Marie pour Maximilien d'Autriche, fils de l'empereur Frédéric III. Pendant que se traitait cette grande affaire européenne autant que flamande, la duchesse put voir, des croisées d'une hôtellerie où elle se transporta, les métiers rangés, en armes, sur la place, les gens du Franc et des villes subalternes se joignant à eux, et une députation de Gand qui venait offrir aux Brugeois le concours de cette alliée puissante et redoutable.

Il fallait céder: aux concessions accueillies naguère avec tant d'enthousiasme, Marie en ajouta de nouvelles et les confirma toutes par ses serments.

Quoique les magistrats n'eussent pas fini leur temps d'exercice, ils devaient être renouvelés au début d'un nouveau règne, et ils le furent selon les priviléges qui venaient d'être accordés. Les sires de Gaesbeck, Van der Gracht et d'Utkerque (Charles de Halewyn), tous trois chevaliers, et le seigneur de Dadizeele, grand bailli de Gand, procédèrent à cette opération, de concert avec les chefs de la bourgeoisie et des métiers. On prit cinq échevins et autant de conseillers parmi les Poorters, un échevin et un conseiller dans chacun des huit autres Membres, c'est-à-dire des huit groupes que formaient les métiers. Les échevins élurent ensuite le premier bourgmestre, et le conseil, le bourgmestre de la commune.

Cette combinaison offrait l'avantage de ne laisser aucun des éléments de la cité devenir étranger à la chose publique. Le gouvernement avait une action par le choix des commissaires. La grande part, toutefois, était dévolue aux métiers, et, en fait, la multitude avait la plus forte, par sa masse, son ardeur, sa présence sur la place publique, ses armes qui la faisaient craindre, et dont on avait grand besoin.

Les États de Marie étaient envahis. Louis XI, tout en y fomentant des divisions, prenait des villes, les serrant vivement, payant bien la défection et effrayant la fidélité par des supplices. C'est ainsi qu'après avoir fait servir un bon souper aux députés qu'Arras envoyait à la duchesse, il leur fit couper la tête. Celle de l'un d'eux, qui était du parlement, fut exposée, avec un beau chaperon fourré, sur le marché d'Hesdin, «là où il préside,» ajoutait, en goguenardant, le roi qui aimait à raconter cette plaisante histoire.

Les Gantois entrent en campagne, sous la bannière que la jeune duchesse, pour leur complaire, avait remise de ses mains à Adolphe de Gueldre. Bruges, à son tour, se prépare à la guerre. Un corps soldé, ayant chaperon rouge et casaque pareille, à la croix de Bourgogne, sort des portes. Les milices accourent sur le marché pour y passer la revue; mais une fatale pensée naît ou est semée dans leurs rangs. Elles déclarent qu'elles ne partiront point, que l'on n'ait mis en jugement tous les bourgmestres et trésoriers de la ville, de 1472 à 1475: ainsi, quatre premiers bourgmestres, autant de bourgmestres de la commune, et huit trésoriers, en tout seize anciens magistrats. La date de leurs fonctions suffisait aux poursuites; on saurait bien, après, distinguer les innocents des coupables.

Le principe de cette mise en prévention, en bloc, était si absolu, qu'il enveloppait à la fois les hommes dont les opinions s'accordaient le moins. A côté de Van Overtveldt, conseiller du dernier duc, de Jean de Raenst, seigneur de Saint-Georges, de Barbesan, comme eux du parti de la cour, on trouvait, parmi les seize, l'un des chefs du parti contraire, Jean de Nieuwenhove, dont il vient d'être parlé. Il y avait encore Martin Lem et Pierre Metteneye, dont la conduite politique marque bien les vicissitudes du temps et l'incertitude qui régnait dans les esprits.

Ce fut à une époque postérieure à celle qui nous occupe en ce moment; mais ces détails sont curieux et caractéristiques. Martin Lem fut encore plusieurs fois premier bourgmestre; il se montrait entouré d'une escorte, en sorte que le peuple, en le voyant passer, s'écriait: «Voilà le petit comtin de Flandre!» ou bien: «Vive le comte Martin sans Terre!» Maître d'hôtel de Maximilien, il lui donne un magnifique banquet en sa maison de Richebourg. Bientôt les Trois Membres, en lutte avec ce prince, confèrent à Lem les fonctions de bailli; mais après, démissionné par eux, il va terminer ses jours dans l'exil. Pour Metteneye, il était fils du chevalier du même nom, dont nous avons parlé, et fut lui-même seigneur de Marque, Marquillies, Poelvoorde, pannetier des ducs de Bourgogne et capitaine du château d'Audenaerde. Lorsque Maximilien se trouvait à Bruges, déjà presque à demi captif, ce gentilhomme fut nommé écoutète. Charles de Halewyn était grand bailli: tous deux étaient agréables au peuple; mais réduits, à mesure que les événements se déroulaient, à prêter leur ministère à des actes qui les compromettaient et leur répugnaient, ils annoncent une sortie contre l'ennemi, se font ouvrir une porte, piquent des deux, et on les attend encore.

Tels étaient quelques-uns des compagnons d'infortune de notre voyageur. Les différences que nous venons de noter en établissaient, pour eux, dans le péril. Leur mise en jugement était, au surplus, demandée, maintenant, sans distinction et d'une façon qui ne permettait plus les hésitations ni les délais.

VI

Le Steen.

Caractère d'Anselme Adorne. — Vices de la procédure. — Les seize sont conduits en prison. — Barbesan mis à la torture. — On dresse l'échafaud sans attendre le jugement. — Vues secrètes des échevins. — Leurs délais. — Les milices ne quittent pas la place. — On cherche les échevins qui se cachent. — Condamnation et mort de Barbesan. — Position dangereuse du sire de Corthuy.

Bien qu'on se livrât depuis quelque temps à un examen des comptes de la ville pour s'assurer s'ils ne donnaient pas matière à reprendre, la procédure, dans son ensemble, embrassant tous ceux qui avaient rempli certaines fonctions pendant une certaine époque, ne dérivait pas de griefs positifs et personnels, mais d'une suspicion vague, entretenue par l'effervescence populaire et qui la nourrissait. Rien ne démontre si, dans des cas spéciaux, la suspicion était fondée, ou dans quelle mesure. On n'a pour se guider que des inductions, et il faut examiner attentivement les circonstances soit générales, comme celles du temps, la disposition des esprits, la régularité de l'instruction, l'indépendance des juges, soit particulières, comme la moralité de l'accusé.

Quant à Anselme Adorne, du moins, le lecteur a pu se faire de lui une idée assez exacte. Du sang-froid, du courage, une piété sincère, une vie pure, en un temps où la licence se cachait peu, un caractère loyal et modéré, un ensemble de qualités qui le faisaient chérir et vénérer de sa famille et lui attiraient la considération, l'affection même de ceux qui avaient avec lui quelques rapports: tout cela se fait apercevoir dans ce que nous avons eu à raconter de lui. En le voyant enveloppé, sans qu'aucune accusation eût été formulée au préalable contre lui, dans des poursuites dont la marche fera ressortir de plus en plus leur caractère injuste et violent, nous n'aurons pas de peine à former notre opinion en ce qui le concerne.

Au moment où les milices s'assemblaient, il se préparait peut-être également à prendre part à la guerre. Il se trouvait pourtant encore à la Maison de Jérusalem, au milieu de ses enfants. Un de ses fils n'avait alors que seize ans; les filles étaient en dessous de cet âge: ces jeunes têtes entourant le foyer auprès duquel il s'asseyait lui même, le front déjà semé de quelques frimas, formaient la couronne de son âge vieillissant.

Ce cercle aimé, il faut le quitter; il faut se dégager de ces chères étreintes! Les suppôts du bailli ont frappé à la porte qui s'ouvrit autrefois pour la duchesse Isabelle, Charles de Bourgogne et Marie Stuart. Anselme suit les agents de la justice; il est conduit au Steen, lugubre séjour dont la Gruthuse devait, quelques années après, habiter à son tour les tristes réduits. Ce fut sur l'ordre de Maximilien. Maintenant, c'était le peuple qui commandait, ou plutôt cette partie active et ardente du peuple qui entraînait le reste.

On tire d'abord de prison l'un des seize, qu'une vieille chronique flamande désigne seulement par ces mots: un riche: c'était Barbesan. On le tortura cruellement, et tandis que l'affaire s'instruisait de la sorte, on entendait retentir les marteaux des charpentiers qui dressaient pour lui l'échafaud en face du Beffroi. Une déposition assez suspecte vint accabler le malheureux; il convint, lui même, dans les tourments, de tout ce qu'on voulut. C'était l'ordinaire; mais ce qu'il importe de remarquer, c'est la conduite des échevins qui formaient le tribunal appelé à le juger. Quoique choisis récemment sous la pression des événements, ils n'avaient prêté la main à ces cruels préliminaires que pour satisfaire le peuple; aussi ne se pressaient-ils point de prononcer l'arrêt, espérant que ce qui s'était fait déjà suffirait pour déterminer les milices à s'éloigner. Les métiers pourtant demeuraient sur la place, rangés sous leurs enseignes, et la nuit même ne put les séparer: on voulait voir jouer la hache; on s'étonnait que l'exécution n'eût point lieu.

Quelle position que celle de cet homme, de ce père, attendu par le bourreau, brisé par la torture, qu'on ne voulait point condamner, mais qu'on n'osait absoudre! Excepté dans les rangs tumultueux de la foule, la crainte glaçait les cœurs. Quelques-uns des principaux de la ville étaient menacés d'un sort pareil à celui de Barbesan. L'honnête bourgeoisie, incertaine, intimidée, se renfermait prudemment, ou n'osait manifester sa pensée. Les plus habiles acceptaient les faits, quels qu'ils fussent. Plusieurs composaient leur visage et réglaient leurs paroles suivant les gens qu'ils rencontraient.

La Gruthuse n'hésita point à compromettre sa popularité pour tenter de sauver un infortuné; escorté d'ecclésiastiques, ainsi que nous l'avons vu paraître au balcon de l'hôtel de ville, il vient supplier le peuple d'épargner cette victime. Les marchands étrangers exerçaient une haute influence par le rang de quelques-uns d'entre eux, leurs richesses, la part qu'ils avaient à la merveilleuse prospérité de Bruges; la neutralité de leur position les appelait assez souvent à l'office de médiateurs: à leur tour, ils viennent intercéder en faveur de l'accusé. Bientôt un plus touchant spectacle s'offre aux regards: on voit s'avancer, craintives et tout en larmes, deux douces petites innocentes: c'étaient ses filles. S'agenouillant l'une près de l'autre, devant le peuple: «Grâce pour sa vie!» disent-elles d'une voix enfantine, entrecoupée de sanglots; «prenez tout son bien: qu'il ne nous reste rien sur la terre; si notre bon père vit, nous serons bien contentes!» Un tel silence régnait, depuis qu'on les avait vues paraître, que cette prière fut entendue de tous: les pleurs coulaient; un murmure favorable, mais faible, commençait à circuler: soudain des voix rudes le dominent et l'étouffent. «Justice!» crient celles-ci; «il nous faut justice, nous ne nous payons point de paroles.»

On ne voyait pas cependant procéder au supplice, et le jour s'avançait, quand ce cri sort de la foule: «Amis! voulez-vous que tout aille bien, demeurons unis et suivez-moi!» On applaudit. L'homme qui avait dit ces mots prend à la main une bannière et s'élance vers l'hôtel de ville; tous se précipitent sur ses pas, emportant les enseignes des métiers, et, avec une telle furie, qu'ils se culbutaient les uns les autres. Ils s'étaient munis de coulevrines toutes chargées et prêtes à faire feu.

Quand ils furent arrivés à l'hôtel de ville, les échevins avaient disparu: on les cherche; on fouille jusqu'aux cloîtres, pour trouver ces juges contumaces. «Le peuple n'en veut point à leur vie,» proclame-t-on; «mais il faut justice sur l'heure, ou l'on va voir de grands désastres.» N'osant résister plus longtemps, ils sortent de leurs cachettes; ils s'assemblent: le jugement attendu tombe de leur bouche, et la tête de Barbesan a bondi sur l'échafaud.

Il était huit heures du soir, et l'on était au milieu du mois de mai, en sorte que cette scène lugubre se terminait vers la tombée de la nuit. Bientôt, dans le demi-jour du crépuscule brillent des torches que portait une double file de religieux; ils conduisirent le cadavre à Saint-Jacques, où il fut inhumé.

C'était devant ces juges, ce peuple, dans ces fatales circonstances, qu'Anselme Adorne aurait à comparaître. La prison où il attendait son sort était un reste d'un ancien palais des comtes de Flandre; elle était proche de l'hôtel de ville, où la foule était accourue pour y chercher les échevins. Le bruit, les cris de mort étaient venus frapper l'oreille du chevalier. Il avait pu saisir de loin le murmure confus du flot vivant qui inondait la place et, peut-être, quelque sourd retentissement du coup fatal.

Sa conscience, du moins, était tranquille. Le banal et odieux soupçon d'avoir fait tort aux finances de la ville, qui excitait surtout la colère du peuple, ne pouvait l'atteindre; en qualité de bourgmestre de la commune, il n'avait pas même eu maniement de deniers: c'est Despars qui en fait la remarque. Mais il avait eu part à la faveur de Charles; Humbercourt et le chancelier prisaient sa personne et ses services. Qu'attendre d'une multitude ivre de sa puissance et sourdement excitée, de juges effrayés qui s'étaient cachés pour ne point condamner Barbesan et l'avaient ensuite livré au bourreau?

VII

Le jugement.

Le peuple va chercher le banc de torture. — Interrogatoire de Van Overtveldt. — Le seigneur de Saint-Georges et le baron de Corthuy sont conduits aux Halles. — Aspect du tribunal. — Intervention inattendue. — Messes solennelles. — Jugement de Van Overtveldt et de de Baenst. — Ce qui est résolu pour Anselme Adorne. — Caractère de cette décision. — Motifs de consolation du chevalier. — Les autres détenus mis à composition. — Les milices sortent sous la conduite de Ghistelles et de Metteneye.—Prise du château de Chin. — Mort d'Adolphe de Gueldre.—Le camp brugeois. — Nous sommes trahis! — Réflexions.

Cette tête jetée à la fureur populaire l'avait-elle du moins assouvie? Hélas! il n'en était rien. Le jour suivant, qui était un dimanche, s'annonçait sous des auspices sombres et menaçants. Dès le matin, la foule court, avec d'effrayantes clameurs, chercher les instruments de torture et les porte aux Halles: il y aurait ainsi moins de chemin de la question au supplice! Il fallait, disait-on, expédier encore quelques-uns des détenus.

Le conseiller van Overtveldt subit d'abord un long et sévère interrogatoire qui prit la plus grande partie de la journée. Sur le soir, on vint prendre au Steen le seigneur de Saint-Georges, chevalier, de la puissante maison des de Baenst; mais rien ne paraît avoir fait une sensation plus profonde sur les spectateurs que de voir conduire avec lui, devant le tribunal, messire Anselme Adorne, sire de Corthuy en Écosse, ainsi qu'on appelait, avec une sorte d'emphase, notre voyageur.

Il fallait traverser la place, où l'on ne distinguait déjà plus qu'imparfaitement les objets: au centre, l'échafaud se dressait sombre et morne; tout autour, c'était une masse ondoyante, un fourmillement confus; çà et là le fer d'une pique étincelant dans l'ombre; au fond, les Halles se dessinant sur les dernières clartés du ciel que cherchent volontiers les regards en de tels moments. Vers la tour du Beffroi, on remarquait, dans cette masse obscure, quelques vides lumineux.

C'étaient les croisées de la salle où siégeaient les juges. Des lampes et des torches y promenaient leurs lueurs sur les voûtes noircies, faisaient reluire les ferrures du chevalet, des tenailles, et illuminaient le visage pâle des échevins. Près de ceux-ci on remarquait les Hoofdmannen et les doyens, placés là comme pour les surveiller et répondre au peuple de leur docilité.

L'heure, le lieu, ces apprêts, cet auditoire, le sang qui fumait encore: tout, il le faut avouer, était fait pour étonner les courages. Van Overtveldt et de Baents, jugeant toute défense vaine, firent, comme naguère Barbesan, on ne sait quels aveux. Le baron de Corthuy n'en avait point à faire; calme, ainsi qu'à Rama, il attendait que la vérité se fit jour. Mais où était le généreux Fakhr-eddin pour la faire éclater et l'arracher lui-même au péril?

La Gruthuse eût sans doute essayé de jouer ce noble rôle, si l'impuissance de son intervention n'avait déjà trop paru. Le secours devait venir encore cette fois du côté où on l'attendait le moins. En voyant des hommes de ce rang en une telle détresse, leur vie même ne tenant plus qu'à un fil, les doyens se sentirent émus; des larmes coulent de leurs yeux. «Non!» s'écrient-ils, «vous ne périrez point! Dieu aidant, nous fléchirons ces barbares gens de métiers.» Au milieu de scènes auxquelles tous les pays ont servi, parfois, de théâtre, on aime à rencontrer, dans les chefs du peuple, travaillés peut-être eux-mêmes par les ressentiments, les préventions qui l'agitaient, cette sensibilité courageuse. C'est là que se montre vraiment le caractère de la nation: vous diriez de ces murs antiques qu'aux lieux bouleversés par un volcan, on retrouve sous la lave.

La nuit étant déjà fort avancée, le prononcé fut remis au jour qui allait bientôt paraître. Les honnêtes doyens ne perdirent pas un instant pour se répandre parmi le peuple, conférer avec les principaux des métiers, tout tenter, en un mot, pour apaiser la multitude. Ce qu'il y avait, dans Bruges, de plus respectable secondait leurs efforts, ou en attendait avec anxiété le résultat. Il semblait que la ville fût menacée de quelque grande catastrophe. On eut recours au pouvoir et à l'appareil de la religion: dès le matin, les cloches et le carillon retentissent dans les airs; l'orgue ébranle les voûtes des églises; les chants sacrés s'élèvent vers le ciel, afin d'obtenir de sa clémence qu'il éclairât les juges et fit descendre la paix sur les esprits troublés.

Tant d'efforts et de vœux ne devaient pas demeurer inutiles: le tribunal, voyant les choses ainsi disposées, s'enhardit jusqu'à laisser la vie aux trois accusés, mais pour Van Overtveldt et de Baenst, à des conditions presque aussi dures que la mort: la confiscation générale, la réclusion perpétuelle dans un couvent, enfin, l'amende honorable, dans le plus humiliant appareil; «grande et lourde pénitence,» dit l'eccellente Cronike, «pour de si hauts et si puissants seigneurs!»

Ainsi avaient paru les magistrats de Gand devant Charles de Bourgogne, à son orgueilleux triomphe; les rôles maintenant étaient changés: «le commun peuple était maître» et réclamait les mêmes hommages. Il fallait que les dignités communales eussent bien de quoi tenter l'ambition, pour que des hommes considérables s'exposassent, en les acceptant, à donner de semblables spectacles. Paul Van Overtveldt et Jean de Baenst n'avaient point mérité cet indigne traitement. Rien, du moins, n'autorise à l'affirmer. On n'aperçoit clairement qu'une chose: c'est que les juges n'étaient point libres. Ils voulaient frapper les esprits et contenter une foule menaçante. Excepté la triste cérémonie, rançon d'un sang qui avait été près de couler, l'arrêt n'était guère destiné à être exécuté: c'était un de ces jugements que les événements dictent ou effacent, dans leur mobilité.

Si l'on inclinait, néanmoins, à douter que Van Overtveldt et de Baenst fussent tout à fait à l'abri des reproches, il faudrait avouer que ce serait sans preuve, et le doute même doit profiter aux accusés. Quant au sire de Corthuy, ce n'est point un doute qui parle en sa faveur: les griefs contre lui étaient sans portée, rien n'était venu les confirmer; ses fonctions n'y donnaient point de prise, sa vie le défendait, et il avait fallu un de ces revirements qu'amènent les révolutions, pour que du rôle de pacificateur il descendit soudain à celui de prévenu. Lui, du moins, obtiendra-t-il la réparation d'une justice éclatante? La réponse s'offre malheureusement d'elle-même. C'était le samedi que les juges, tremblant pour leur propre vie, avaient signé, malgré eux, un arrêt de mort; le dimanche, sans l'humanité et le courage des doyens, d'autres victimes eussent été frappées, et l'on n'était encore qu'au lundi! Le tribunal se tira d'embarras par une formule évasive[106], constatant implicitement que rien n'était acquis au procès à charge du noble accusé; mais par une inconséquence que les circonstances n'expliquent que trop, il lui fermait néanmoins, à tout hasard, l'accès aux dignités communales; ostracisme politique que les circonstances prononçaient assez et qui devait durer autant qu'elles. Quelques-uns veulent, mais les témoignages varient et le fait est douteux, que pour obtenir du peuple, qui était le véritable juge, la sanction de cet acquittement timide et déguisé, Anselme dut se présenter, en robe de deuil, devant lui.

Quoiqu'il en soit de cette circonstance qui importe peu dans une telle procédure, l'arrêt eût été trop doux pour un coupable; l'innocence en était accablée. Plus le baron de Corthuy trouvait dans son âme de droiture, d'intégrité, d'attachement à son pays et à sa ville natale, plus il se sentait abreuvé d'amertume. Heureusement, il lui restait des consolations puissantes. C'est un beau spectacle, a dit un sage, que celui de l'homme de bien aux prises avec l'adversité. Anselme avait lu Sénèque: pourtant il n'y songeait guère en ce moment; mais peut-être, lorsqu'il quittait la place, ses regards, à l'angle d'une rue, derrière une lampe fumeuse, rencontrèrent-ils un de ces tableaux où quelque artiste populaire avait figuré un captif, le front saignant des épines tressées autour de sa tête, les épaules couvertes d'un manteau dérisoire, avec cette inscription au-dessous de l'œuvre: Voilà l'homme! En écartant ces symboles, a-t-on songé à ceux qui souffrent?

La hache n'avait frappé, à Bruges, qu'une victime; néanmoins la rigueur affectée des derniers arrêts et le rang de ceux qu'ils atteignaient, avaient fait une vive impression: les milices consentirent au départ. Parmi les autres détenus, plusieurs furent mis à composition, avec interdiction des fonctions communales; mais, l'émotion passée, ce fut lettre morte: ceux qu'on accusait d'avoir été les instigateurs des poursuites, et le bourgmestre qui présidait les échevins lorsque cette affaire avait été portée devant ceux-ci, furent, à leur tour, inquiétés et rançonnés. C'était une autre réaction en sens contraire, qui eut également son temps. Le malheureux Barbesan n'en était pas moins frappé et attendait au tribunal suprême ses accusateurs et ses juges.

Les Brugeois allèrent se joindre aux Gantois, sous la conduite d'un noble et brave chevalier, Jacques de Ghistelles, qui devait aussi, un jour, monter à l'échafaud, sur le marché de Bruges, et de Pierre Metteneye, qui venait d'être compris dans la procédure. L'un portait l'étendard de Flandre, l'autre celui de la ville. La prise du château de Chin signala d abord l'expédition; on se préparait à assiéger Tournay, où Louis XI avait jeté des forces, quand tout à coup l'ennemi sort des portes. Adolphe de Gueldre, enveloppé et dédaignant de fuir, meurt en combattant. Privés de leur commandant, les Gantois se retirent. Ceux de Bruges restent seuls: sourds aux conseils de leurs chefs, ils négligeaient toutes les précautions. Le désordre était dans leur camp qui avait l'air d'une foire. Quelques-uns y avaient fait venir chacun leur femme et, ajoute le chroniqueur, leurs matelas. Il y avait plusieurs d'entre eux qui tiraient une solde de 12 gros. On les entendait chanter en choquant leurs verres:

Douze gros et casaque neuve:
Dieu nous préserve de la paix!

Au milieu de ces passe-temps, la cavalerie française, les chargeant à l'improviste, en fit un grand carnage. Le bailli de Bruges, Jacques de Halewyn, et le capitaine des chaperons rouges furent faits prisonniers, avec beaucoup de gens de métiers et de menu peuple. Le reste, laissant bannières, artillerie, tentes et bagages, revint en désordre, au cri de: Nous sommes trahis!

On rassembla à Bruges de nouvelles forces; mais Ghistelles refusa de les commander, jurant par sa chevalerie qu'il n'entrerait plus en campagne avec des soldats si mal disciplinés.

On souffre d'avoir à raconter ces faits qui s'enchaînent à ceux dont nous nous occupons plus spécialement: tumultes, pillages, jugements sans liberté, guerre sans gloire; tristes tableaux, effets d'une même cause! Il ne manquait certes, en Flandre, ni talents, ni valeur, ni patriotisme; il manquait cette force mystérieuse qui enfante l'ordre et l'unité. Les mêmes hommes que nous venons de voir paraître dans ces déplorables scènes allaient se montrer des héros.

VIII

Blangy.

Harangue de Maximilien. — Il arme des chevaliers. — Les Pater et les Avé. — Bataille perdue et regagnée. — La Gruthuse prisonnier. — Retour de Jean Adorne. — Mort de Galéas. — Prosper Adorno remonte sur le trône ducal. — Il se sauve à la nage. — Caractère de Maximilien. — Mort de Marie et fin de la maison de Bourgogne. — Régence contestée. — Les colonnes d'or renversées. — Adieux suprêmes.

Deux ans s'étaient écoulés, et l'honneur des armes flamandes s'était déjà relevé par plus d'une glorieuse revanche. Marie de Bourgogne avait épousé le jeune duc d'Autriche. En déjouant les ambitions, ce mariage avait calmé, pour un temps, les partis: le pays s'unissait avec enthousiasme sous les mêmes étendards.

A la tête de 22,000 hommes, Maximilien vint mettre le siége devant Terouane. Une armée ennemie s'avance pour dégager la place. Les Flamands prennent position sur les hauteurs de Guinegate, près de Vieuxville et de Blangy.

Le soleil d'août, qui montait glorieusement à l'horizon, brillait sur la longue ligne de casques et de piques de nos milices. «Le noble duc Maximilien,» raconte une chronique flamande, «range tout son monde en bonne ordonnance et adresse aux soldats quelques mots faits pour enflammer leur courage. «Flamands, renommés dans l'histoire,» leur dit-il, «soyez braves et sans peur, comme de fidèles enfants; je vous serai bon et loyal seigneur, tant que je vivrai.» Alors il descend de cheval et arme plusieurs chevaliers[107]; puis il ordonne que chaque combattant, mettant les deux genoux en terre, dise cinq Pater et cinq Avé: cela fait, il remonte à cheval et recommande aux Flamands de marcher les rangs serrés et les piques en avant.

«La victoire parut un moment près de leur échapper; mais enfin elle leur demeura. Le principal honneur en revint aux piquiers flamands, et Maximilien lui-même recueillit, dans cette journée, beaucoup de gloire.

«Après la bataille, lorsque ces braves se furent un peu réconfortés en prenant quelques rafraîchissements, le duc revint gaîment auprès d'eux, les remerciant avec une vive effusion de reconnaissance. Il les pria de s'agenouiller de nouveau et de dire encore cinq Pater et cinq Avé en l'honneur de Dieu qui leur avait donné la victoire. Tous le firent de grand cœur, et lui-même avec eux.» Nous aimons ces naïfs détails qui sont peut-être au-dessous de la majesté de l'histoire, mais qui peignent les temps et en révèlent l'esprit.

La Gruthuse avait été fait prisonnier dans l'action. Le sire de Corthuy, que nous avons vu remplir avec lui les fonctions de capitaine, combattait-il à ses côtés et partagea-t-il son sort? Toujours est-il qu'il était absent de Bruges lorsque son fils aîné y arriva, de retour d'Italie, le 21 avril 1480.

Jean alla loger chez son frère Arnout, et ne rentra à la maison paternelle que quelques mois après, sans doute parce qu'alors Anselme y était revenu.

Les moyens de communication et de publicité étaient encore bien imparfaits. Le baron de Corthuy savait probablement cependant que son parent italien, si plein, à Milan, de prévenances pour lui, avait été arrêté, par ordre de Galéas, et enfermé au château de Crémone. Anselme se réjouit en apprenant qu'après que le duc fut tombé sous les poignards des conjurés, le comte de Renda avait non-seulement été remis en liberté, mais que la régente l'avait placé à la tête du gouvernement de Gênes. Lorsque ensuite Jean Adorne raconta encore à son père comment Prosper, devenu de nouveau suspect à la cour de Milan et cédant aux instances du roi de Naples, avait repris le titre ducal; comment, mal servi par la sévérité qu'il déploya lui-même contre ses ennemis, trahi par l'épée vénale d'Obietto Fieschi, faiblement secondé par Ferdinand, il s'était vu réduit à gagner, à la nage, une galère aragonaise, Anselme dut se rappeler la devise des Adorno et des grandeurs humaines: Tout passe[108]!

Ces étranges vicissitudes, ces péripéties rapides, furent entre le père et le fils un fréquent sujet d'entretien; mais les affaires de leur propre pays attiraient encore, à plus juste titre, leur attention.

La situation de la Flandre ne répondait pas aux brillantes espérances que Maximilien avait données à son début. Ce n'est point qu'il manquât de qualités dignes d'un prince et faites pour le relever. D'illustre race, jeune, de bonne mine, brave, ami des lettres, qu'il cultivait lui-même, et des sciences, qui lui durent beaucoup en Allemagne, il avait, dans l'esprit et l'imagination, du poëte et du chevalier, mais trop peu de suite dans les idées et jamais d'argent dans ses coffres. Les Trois Membres se montraient mal disposés à les remplir; la guerre avec Louis XI, quelquefois interrompue par des trêves, ou reprise avec des chances diverses, fatiguait la Flandre. Deux partis s'y disputaient la prépondérance: l'un, qui avait pris le dessus après la mort de Charles le Hardi et défendait les concessions obtenues ou arrachées alors, avait son siége principal à Gand; l'autre, qui voulait fortifier l'autorité du prince, dominait à Bruges. Les rivalités allaient au point que Jean de Dadizeele, grand bailli de Gand, que nous avons également nommé plus haut, fut lâchement assassiné, à l'instigation de Josse de Lalain.

On est heureux de vivre en un temps où les passions sont mieux contenues et où règnent les lois, l'ordre et la justice. Il faut en convenir pourtant, la courte période dont nous parlons ici ne pouvait faire regretter aux hommes paisibles la domination tumultueuse et sanglante des métiers. Ces jours allaient revenir.

La duchesse Marie portait, dans les exercices de corps, quelque chose de l'ardeur que son père déployait à la guerre. L'hiver, elle glissait sur la glace. En tout temps, elle lançait impétueusement son cheval, peu soucieuse du péril ou des obstacles. Un jour qu'elle chassait au faucon, sa monture se renverse sur elle; une blessure qu'elle cache s'envenime: elle meurt à l'âge de 25 ans, le 28 mars 1482[109].

Ainsi finissait, un siècle après la journée de Rosebecque, la puissante maison de Bourgogne, et une suite de combats entre les princes de cette race et les grandes communes avait comme jalonné l'intervalle. Chose étrange! au sortir de ces luttes entre deux causes qui employaient, l'une et l'autre, les armes et les supplices, le nom de Bourgogne conserva dans nos contrées un caractère de grandeur imposante qui lui faisait une sorte de popularité.

L'étendard symbolique de cette maison semblait un drapeau national; nous l'avons vue, nous-même, plus d'une fois se déployer dans les réunions et les jeux des villageois, dépositaires des traditions qui s'effacent et dont ils ne pourraient expliquer l'origine. Quand la dernière trace de ces impressions aura disparu avec la dernière de ces vieilles bannières, l'histoire, tout en notant l'altière ambition et les représailles cruelles de nos princes de la dynastie de Valois, n'en constatera pas moins que c'est autour de la croix de Bourgogne que les provinces belges formèrent, au quinzième siècle, leur brillante constellation.

Par le mariage de Marie avec Maximilien, l'œuvre des ducs de Bourgogne passait à la maison d'Autriche, dont le nom, à côté de celui d'un Philippe II, rappelle pour les armes, les arts et la paix, ceux de Charles-Quint, d'Albert et d'Isabelle et de Marie-Thérèse. Malheureusement, Maximilien n'avait pas montré assez de sagesse et de modération pour que son autorité fût acceptée sans lutte pendant la minorité de son fils. La Flandre eut la paix avec la France, mais elle eut à la fois, dans son propre sein, la guerre étrangère et la guerre civile. Il n'est point dans nos annales de plus triste époque: la licence des corps armés et l'effervescence de la multitude, les vengeances répondant aux vengeances, de toutes parts, les ravages, les divisions, les supplices, laissent au moins douter si la régence incontestée de Maximilien eût pu être plus funeste. Bruges reçut le coup fatal, et après les convulsions de l'agonie, tomba épuisée et pantelante sur les tronçons de ses colonnes d'or.

Le sire de Corthuy ne fut pas témoin de ces maux que Jean son fils, dans les notes qu'il a laissées, appelle tantôt un châtiment du ciel, tantôt des inventions de l'enfer[110]. Le père était retourné en Écosse, où nous allons bientôt le suivre. Quand il embrassa ses enfants au départ, quelque secret avertissement ne vint-il point obscurcir son front? Ne le vit-on pas jeter sur tout ce qui l'environnait un plus long regard que de coutume, comme si c'était pour la dernière fois et qu'il voulût, du moins, emporter cette chère empreinte dans sa pensée? De telles préoccupations, on le verra bientôt, n'eussent été que trop naturelles.

IX

La dernière traversée.

Jacques III à 25 ans. — Favoris et artistes. — L'architecte Cochran et le musicien Rogiers. — Le duc d'Albany et le comte de Mar. — Mort du second. — Préparatifs de guerre. — Honteux traité du duc d'Albany. — Jacques convoque ses vassaux. — Conspiration de Lauder. — Bell-the-Cat. — Massacre des favoris du roi. — Il est détenu au château d'Édinbourg. — Glocester envahit l'Écosse. — Albany lieutenant-général. — Sa condamnation. — Arrivée du sire de Corthuy. — Conduite équivoque du comte de Huntley. — Fatal dénoûment. — Conclusion.

Lorsque Anselme Adorne avait paru, pour la première fois, à la cour d'Édimbourg, il n'y venait point chercher fortune. Sa position dans son pays et la perspective qui s'y offrait à lui, pouvaient suffire à son ambition. S'il rencontra en Écosse des honneurs et des dignités, c'était une marque de royale gratitude pour l'hospitalité que trouvait chez lui une Stuart.

Nous ne l'avons vu faire, dans ce royaume, que de courtes apparitions, l'une avant, l'autre après son voyage d'Orient, et les dates, à cet égard, sont précises; nous l'apercevons, ensuite, en route vers la Perse; puis nous le retrouvons en Flandre, revêtu de fonctions publiques, et enveloppé, quelque temps après, dans les poursuites dirigées contre d'anciens magistrats; enfin, nous avons tout lieu de croire qu'il se rencontra avec son fils à la Maison de Jérusalem, depuis le retour de celui-ci. Il n'est donc pas à supposer qu'il eût pris jusqu'ici une part active au maniement des affaires, en Écosse. Le moment était pourtant arrivé où il allait devenir victime de la direction qu'elles avaient reçue pendant sa longue absence, ou de l'état voisin de l'anarchie dans lequel cette contrée se trouvait plongée.

Pour un roi d'Écosse et pour un roi mineur, Jacques III avait eu d'abord, à tout prendre, un règne paisible, aux débuts duquel l'Écosse devait même Roxbourg, Berwick et la possession incontestée des Orcades et des îles Shetland; mais lorsqu'il eut atteint l'âge de 25 ans, qui lui donnait la plénitude de son autorité, diverses causes concoururent à la miner et amenèrent, enfin, de plus déplorables événements.

Rien n'était pourtant changé aux rouages principaux du gouvernement: lord Evandale conservait les fonctions de chancelier; les évêques, à qui leur influence et leurs lumières donnaient une grande part aux affaires, continuaient à être consultés; mais le roi, au lieu de dominer les grands, comme son père et son aïeul, par une indomptable énergie, ou de les captiver et de les entraîner, comme son fils sut le faire après lui, les laissa se retirer dans leurs donjons et leurs forteresses, où ils vivaient plus en souverains qu'en sujets, et admit dans sa familiarité, outre quelques gentilshommes à qui, pour faire souche de grandes maisons, il manqua un protecteur plus heureux, Cochran, architecte éminent, Rogiers, qui fonda en Écosse une école renommée de musiciens, et d'autres artistes moins connus. Ces habitués du palais ne pouvaient manquer d'obtenir du crédit et souvent d'en abuser[111].

La conduite du roi était surtout peu sage dans un pays où l'on n'estimait que les armes: elle poussa jusqu'à la fureur l'irritation des grands, qui se voyaient dédaignés; les deux frères du roi, plus mâles et plus résolus que lui, devinrent le point de ralliement de tous les mécontents.

Tous deux furent arrêtés. Le duc d'Albany s'évada; le comte de Mar, accusé d'avoir conféré avec de prétendues magiciennes sur les moyens d'abréger les jours du roi, périt durant sa captivité. Selon les historiens hostiles à Jacques, ce fut par son ordre; d'autres, qui regardent cette mort comme accidentelle, s'appuient, en particulier, sur ce qu'elle ne lui fut point reprochée par ceux qui tramaient sa perte.

L'influence de Cochran ne fit que grandir. L'administration des domaines confisqués sur le comte de Mar passa entre les mains de cet homme ambitieux et habile; Jacques lui donna même la direction de son artillerie. Les Écossais, pour la plupart, s'y entendaient mal, et l'on vit, jusqu'en Italie, où l'art militaire était plus avancé, un illustre architecte diriger la défense de Florence[112].

C'était, du moins, pour la tranquillité intérieure du royaume, une circonstance heureuse, que la paix avec les Anglais: elle avait même été cimentée par des arrangements matrimoniaux, depuis que Louis XI avait traité avec Édouard IV et qu'ils étaient convenus, entre eux, du mariage du dauphin avec la fille du roi d'Angleterre; mais Louis ayant rompu ses engagements, pour un autre projet qui n'eut pas plus de résultat, celui d'une union entre l'héritier de la couronne de France et Marguerite, fille de Maximilien d'Autriche et de Marie de Bourgogne, et voulant occuper Édouard chez lui, afin qu'il ne tentât rien contre la France, pousse Jacques à armer contre l'Angleterre. Ce roi fidèle à une politique qui fut presque toujours celle des monarques de sa race, cède à ces conseils intéressés qui allaient lui devenir bien funestes.

Entre Édouard, menacé d'une invasion et qui en méditait une lui même, Albany[113] ambitieux et fugitif, des grands irrités et fatigués du repos, il s'ouvrit de ténébreuses négociations. Le duc s'engage à faire hommage au roi d'Angleterre de la couronne qu'il voulait arracher à son frère et promet, pour prix du concours des ennemis de son pays, de leur abandonner des places importantes et de riches territoires. En signant ce honteux traité[114], il prenait d'avance le titre de roi, dont il se montrait bien peu digne, quoique le traitement qu'il avait éprouvé, ainsi que le comte de Mar, offre quelque atténuation de sa conduite.

Jacques III convoque les milices féodales, sous la bannière de leurs chefs. C'était réunir bien des mécontents et rapprocher des conspirateurs. La cherté des denrées, une monnaie de bas aloi, dont l'émission était attribuée aux avis de Cochran, les richesses que celui-ci devait à la libéralité du roi, la pompe qu'il affectait, son orgueil, exaspéraient les esprits. Plusieurs seigneurs, notamment le comte de Huntley, dont nous n'aurons que trop occasion de parler encore, le comte de Lennox et le comte d'Angus, surnommé depuis Bell the Cat, parce qu'il s'était écrié que ce serait lui qui attacherait le grelot, s'unissent dans l'église de Lauder, par une conjuration nocturne, assez semblable aux contrats sanglants qui préparèrent les meurtres de David Riccio, secrétaire de Marie Stuart, et de Darnley, époux de cette reine. Ils s'emparent de Cochran, pénètrent en armes auprès du roi, se saisissent de tous ceux qui se trouvent autour de lui et les font égorger à l'exception du jeune Ramsay, créé depuis comte de Bothwell, qui avait couru se réfugier dans les bras de Jacques. Après cette exécution sauvage, ils renferment le roi lui-même dans le château d'Édimbourg[115] et laissent l'armée se débander, ouvrant ainsi leur pays aux Anglais, conduits par Glocester, et au duc d'Albany qui s'empare du pouvoir, sans oser cependant porter la main sur la couronne, objet de ses convoitises.

Jacques conservait des partisans, et l'histoire d'Écosse, plus qu'aucune autre, offre de singuliers retours. Le pouvoir des rois y avait, à la fois, une incroyable faiblesse et une immense portée; disposant des fiefs et des principaux offices, ils élevaient ou ruinaient, en un moment, les familles, excitaient la crainte et l'ambition, trouvaient des parlements dociles au plus fort; mais venait-on à s'emparer par un coup de main de la personne du souverain, ou à former contre lui une ligue redoutable, il n'était plus qu'un instrument passif, ou un ennemi public, jusqu'à ce qu'une nouvelle péripétie lui rendît la liberté ou la prépondérance.

Après le départ de Glocester, une réconciliation apparente rapprocha le roi captif et son frère qui ne se trouvait point assez affermi. Jacques sortit de prison, mais non de la tutelle du duc d'Albany. Celui-ci, comblé d'éloges, qu'il dictait lui-même, pour la générosité de sa conduite, se fit donner le titre de lieutenant général du royaume, le comté de Mar et d'autres domaines. Tout en feignant d'armer contre les Anglais, il se ligue de nouveau, en secret, avec eux. Soit, alors, qu'il craignît quelque tentative du parti royaliste, ou qu'il voulût en finir, il accuse hautement son frère de conspirer pour l'empoisonner, cherche à mettre la main sur lui, manque ce coup, et dans une assemblée du parlement, tenue à la fin de l'année 1482, il est dépouillé de son office. Ses principaux partisans, le sont également de leurs fonctions et de leurs dignités.

Lorsqu'Albany avait pris en main le pouvoir, lord Evandale avait perdu la place de chancelier; le duc d'Argyle et d'autres seigneurs s'étaient réfugiés précipitamment dans leurs terres. Il se peut que, dans cette commotion, les intérêts du sire de Corthuy eussent été compromis. La tournure que prenaient les affaires, en Flandre, n'était point faite pour l'y retenir; instruit de la détresse où se trouvait Jacques III, qui l'avait fait chevalier et comblé de témoignages de haute bienveillance, il dut naturellement se joindre à ceux qui aspiraient à tirer ce malheureux prince d'une position si triste et à rétablir son autorité.

Tels furent, sans doute, les motifs qui déterminèrent Anselme à se rendre en Écosse, au milieu de tant de misères, de complots, de dangers. Lorsque Jacques eut recouvré le pouvoir, ceux qui, teints du sang de ses conseillers, l'avaient tenu captif lui-même, ne pouvaient guère revenir à lui franchement, ni savoir beaucoup de gré à ses plus dévoués serviteurs. La faveur du roi et la qualité d'étranger étaient, pour le sire de Corthuy, un double titre à leurs ombrages.

Parmi les acteurs principaux du sombre drame de Lauder, qui depuis s'étaient rapprochés, au moins extérieurement, du souverain, si cruellement traité dans ses favoris, nous retrouvons le comte de Huntley (Alexandre de Seton Gordon). Le roi lui confia les fonctions de justicier dans le nord de l'Écosse. Plus tard, on le vit se ranger sous la bannière royale, lors de la rébellion qui mit fin au règne et à la vie de Jacques, intervenir entre les partis comme conciliateur, commander à l'avant-garde et se replier, avec précipitation et en désordre, enfin, lorsque l'insurrection eut triomphé, garder son rang et son influence, comme s'il eût été du nombre des vainqueurs.

Quelle qu'en fût plus particulièrement la cause, le comte paraît n'avoir pas vu de bon œil la présence du sire de Corthuy à la cour. De tels sentiments étaient bien redoutables en Écosse, de la part d'un homme puissant qui avait montré déjà qu'il ne reculait pas devant les moyens les plus violents. Tout à coup, une sinistre nouvelle parvient à Bruges. On apprend que, le 25 janvier 1483 (1482 vieux style), Anselme Adorne avait été «fort traîtreusement conduit de vie à trépas par Sander Gardin;» c'est ainsi que le nom d'Alexandre Gordon est défiguré dans nos chroniques. Elles ajoutent «qu'en sa vie il avait bien dépêché trente personnes par de semblables moyens et qu'il finit néanmoins tranquillement dans son lit, ce qui crie vengeance au ciel.» Ces dernières paroles, qu'elles fissent allusion au massacre de Lauder, antérieur seulement d'une demi-année, ou à d'autres faits moins connus, attestent, par leur vivacité, les regrets douloureux et indignés qu'excita une mort si cruelle, dont les détails demeurent couverts d'un voile mystérieux et lugubre; seulement, quand on examine avec attention, sur le mausolée du sire de Corthuy, la figure qui le représente, on y aperçoit vers le sein droit une large ouverture, souvenir, sans doute, de l'empreinte qu'un poignard ou une dague avait laissée sur la poitrine du chevalier brugeois.

Il expirait à un âge encore peu avancé[116], loin de ses enfants et «de la si douce province de Flandre.» Ses restes, du moins, y furent rapportés; on les déposa auprès de ceux de Marguerite dans l'église de Jérusalem. C'est là que, attendant un jugement plus imposant que ceux des hommes[117], le pieux voyageur se repose des fatigues, des traverses, des joies, des amertumes de sa vie agitée.

FIN.

NOTES:

[1] M. Van Praet, alors conservateur de la Bibliothèque de la rue Richelieu, à Paris.

[2] L'exemplaire qui nous a été confié par le savant Van Praet, et qu'il qualifiait d'unique, portait à la première page, le titre suivant:

Anselmi Adurni
Equitis hierosolymitani, ordinis scotici et cyprii
Jacobi III Scotorum Regis et Caroli Burgundiæ ducis
Consiliarii, Baronis in Corthuy et Tiletine, domini
in Ronsele et Ghentbrugge,
Itinerarium hierosolymitanum et sinaicum
1470
Joannes Adurnus V. Illustris F. conscripsit
et Jacobo III Scotorum Regi dedicavit.

Après l'épitre dédicatoire et la table, on lit un second titre ainsi conçu:

«Iter hierosolymitanum et Montis Sinay Anselmi Adurni, institutum anno nostræ salutis septuagesimo supra millesimum quadringentesimum, scriptore Joanne Adurno, Anselmi filio, itineris comite.»

[3] «Avevano fetore di principato.»—Litta, Famiglie celebri.

[4] Lettres de l'empereur Maximilien de 1511 et 1512. Selon un vieux manuscrit, Opice épousa Agnès de Axpoele, fille d'un des chevaliers qui partagèrent la captivité du comte.

[5] Rewaert ou Ruwart, gouverneur ou protecteur.

[6] En 1071.

[7] En 1479.

[8] Il y en avait aussi du Hainaut. Froissart nomme, parmi ceux-ci, trois cousins: messire Henri d'Antoin, le sire d'Hanrech ou Havret et Jehan, sire de Ligne, qui fut armé chevalier, dans l'expédition, par le sire d'Autoin. La première enceinte de la place fut emportée d'assaut, et le roi de Tunis s'obligea à délivrer les esclaves chrétiens, à payer les frais de la guerre et à mettre un frein au brigandage de ses sujets. (V. Froissart et Folieta, historien génois.)

[9] Doges.

[10] Il est fâcheux que, précisément, celle qui représente Anselme Adorne se trouve maintenant cachée.

[11] On se rappelle l'exclamation de Rousseau: «Pleurs cruels! que de sang vous fîtes répandre!»

[12] Il a été remplacé par un bâtiment qui fait aujourd'hui partie de l'hôtel du gouvernement provincial.

[13] Anséates.

[14] Maison sur la place.

[15] Les de Baenst étaient surtout richement possessionnés en Zélande. On trouve ces deux noms dans la liste, publiée par M. Gachart, des seigneurs flamands qui assistaient à l'abdication de Charles-Quint, et que nous allons transcrire; c'étaient:

Lamoral d'Egmont, prince de Gavre, comte d'Egmont, chevalier de l'ordre.
Maximilien de Bourgogne, seigneur de Beveren, id.
Charles, comte de Lalaing, seigneur d'Escornaix, id.
Pierre, seigneur de Werchin, sénéchal de Hainaut, seigneur de Herzelles, id.
Philippe de Montmorency, comte de Hornes, seigneur de Nevele.
Maximilien de Melun, vicomte de Gand.
Charles, seigneur de Trazegnies et de Tamise, chevalier.
Maximilien Vilain, écuyer, seigneur de Rassenghien.
Louis de Ghistelles, chevalier, seigneur de la Motte.
Philippe de Liedekerke, chevalier, seigneur d'Eversbeke.
Jacques de Claeroult, chevalier, seigneur de Puttem.
Jacques de Thiennes, écuyer, seigneur de Castre.
Thomas de Thiennes, écuyer, seigneur de Rumbeke.
Charles Hannart, chevalier, seigneur de Liedekerke.
Joseph de Baenst, chevalier, seigneur de Melissant.
Jérôme Adournes, chevalier, seigneur de Nieuwenhove.
François de Halewin, chevalier, seigneur de Zweveghem.
Jacques de Lalaing, écuyer, seigneur de la Monillerie et de Sandtberg.
Josse, seigneur de Courtewille et de Vorst, écuyer.
Ferry de Gros, écuyer, seigneur de Beaudemers.
François Massier, écuyer, seigneur de Bussche.
Charles Uutenhove, écuyer, seigneur de Sequedin.
Pierre, seigneur du Bois, écuyer.
Jacques de Eyeghem, écuyer, seigneur de Hembisze.

[16] Chastelain ne fait pas mention de cette joute, mais elle est d'écrite par Despars dont il n'y a aucun motif de suspecter le témoignage.

[17] Orl. fur., canto XV.

«Le prix de sa valeur, il ne le garde pas pour soi; il en fait jouir sa patrie; il la fait mettre en liberté, quand bien d'autres, à sa place, l'eussent asservie. Qu'à ce nom d'André Doria, quiconque, de libre, voulut rendre son pays esclave, rougisse et n'ose plus lever les yeux.»

[18] Les trois autres étaient les Bette, marquis de Lede, les Triest et les Borlut, nom célèbre par la part que prit l'un d'eux à la bataille des Éperons.

[19] Orbis romanus.

[20] 1453.

[21] 1461.

[22] 1468.

[23] Et non passe d'armes; ces expressions ont une signification toute différente.

[24] En 1460.

[25] Il est singulier que cette remarque n'ait point été faite par Ch. Tytler qui a publié l'acte dont il s'agit.

[26] History of Scotland from 1423 until 1542, by William Drummond. London, 1655.

Rerum Scoticarum historia, auct. Georgio Buchanano. Amsterodami, 1643.

Histoire d'Écosse, par Robertson, traduite de l'anglais. Londres, 1772.

History of Scotland, by Patrick Fraser Tytler, Third Ed. Edinburg, 1845, 3d vol.

Tales of a Grand father by sir Walter Scott. Paris, 1828.

Anselmi Adorni Itinerarium M. S.

De ce dernier ouvrage il résulte que les exilés avaient déjà passé deux ans à Bruges à une époque qu'il faut placer entre le 4 avril et le 4 octobre 1471.

[27] Die eccellente cronike van Vlaenderen appelle Marie de Bourgogne Mer joncfrauwe van Bourgoengien.

[28] 'E ben ragion......
Ch'a te lo scettro in terra, o se ti piace,
L'alto imperio de' Mari a te conceda.
(Gerusalemme lib. C. 1o.)

[29] Curiam etiam Dmno Anselmo præsentavit. Cette expression, d'une latinité barbare, n'offre pas un sens bien facile à saisir.

[30] Saint Augustin, dans ses Confessions.

[31] Ipse dum vivam, et post dura fata sepultus,
Serviet officio, spiritus ipse tuo.

[32] On verra plus bas un Fregoso qualifié de noble génois. Les Adorno étaient seigneurs de divers domaines, comtes de Renda, etc.; l'un d'eux était déjà dignitaire de l'ordre de St-Jean du temps du doge Gabriel. Ces familles étaient nobles, mais, à un point de vue politique; elles formaient une classe distincte et dominante.

Dans un acte de Louis XII, notre voyageur est appelé Anseaulme de Adornes. En italien, on disait souvent Adorni au lieu d'Adorno. En Flandre, ce nom s'écrivait Adournes. Nous avons suivi l'usage moderne en employant les noms d'Adorno, Adorne.

[33] Toute la rue Lomellini était anciennement formée du palais de la maison d'Adorno (Litta).

[34] Ut multarum rerum periculum, quo prudentiores sunt homines, sumeret. (Dédicace de l'Itinéraire.)

[35] Il est à la rigueur possible que nos extraits offrent à cet égard une lacune qui n'existerait pas dans le manuscrit.

[36] Voici leur Itinéraire:

Santo Cascino (Cascina).
Castel Florentio (Florentino).
Ettage.
Pungebuns (Poggio Bonzi).
Sienne.
Buon Convento.
San Quirico.
Recours (Ricorsi).
Paglia.
Aquapendente.
San Lorenzo.
Borchero (Bolsena).
Montflascon (Montefiascone).
Rousellon (Ronciglione).
Sutri.
Monterosi.
Tourbacha (Baccano).

[37] Roma, caput fidei, mundi quæ regna subegit,
Nunc nostræ summus religionis honos.

[38] On dit maintenant embrasser. Nous n'avons jamais pu comprendre qu'on embrassât une main ou un pied; ce sont là de fausses délicatesses qui n'ont pas une source bien pure.

[39] Res Gestæ Pontificum Romæ, 1677, t. III, p. 41.

Nous ne faisons qu'indiquer ces questions dont la discussion nous conduirait trop loin.

[40] Communément appelés Almoades.

[41] Ou plutôt Othman.

[42] Voyage à Tripoli, par Maccarthy; Paris, 1819.

[43] M. Guy, Voyage littéraire en Grèce, Paris 1783, t. Ier, p. 79.

[44] Sancte, au lieu de sante; ce mot est ainsi écrit dans le manuscrit.

[45] La monnaie de cuivre se prenait au poids.

[46] Sous la dynastie fatimite, le calife et le vizir faisaient chacun la prière et les génuflexions. (Relations de l'Égypte, par Abdallatif. Paris, 1810, aux notes.)

[47] Usong, 1stes Buch, 31. «Usong selbst fand etwas prägtiges in dem Befehle den ein Mensch gab das ein Reich fruchtbar werden sollte.»

[48] Birket-el-Hadji, première station de la caravane de la Mecque, selon Burckardt.

[49] Conducteurs de chameaux.

[50] Caffar.

[51] Exode, cap. X, v. 23, 24, 25.

[52] Voyage dans le Levant.

[53] Voyage en Russie, en Tartarie et en Turquie.

[54] Exod., cap. XV, v. 27.

[55] T. III, p. 180.

[56] Voyez de Géramb, p. 190, 191.

[57] De Géramb, t. III, p. 207 et suiv.

[58] Ibid. p. 215.

[59] Bersabée.

[60] Le père de Géramb.

[61] Voyez Bergeron, Histoire des Tartans, le P. de Géramb et les Saints Lieux de Mgr Mislin.

[62] Il s'agit du site montagneux où est situé le monastère de Saint-Saba.

[63] En voici la teneur:

»Dimanci li testimonij Acordo fato tra abasso mucaro con perigrini cuinque à sapere con Misser Anselmo Adurno, et suo filo Joanni et altri tri sui: et con dou fratri, el qual abasso promete a li predicti de verguer con loro con li sui muli et a sue fre perstamente da Hierusalem in Rama et de Rama fin Damasco. Et che li peregrini et fratri supradicti siano tegnuti a pagar in tuto al dicto Abasso li peregrini a 7 ducati per testa et fratri 6-1/2 ducati per testa et tute les spese che se ferano per la via in capharasi et in altri simile sia al conto del dicto abasso.»

[64] Voyez d'Herbelot, Bibliothèque orientale.

[65] Raïneh (Arena).

[66] En 1254.

[67] Il s'agit probablement d'une des cavernes d'Arbela. Mgr Mislin place la rencontre de David et de Saül dans la caverne d'Obdullam ou Adullam près d'Hébron.

[68] Guy avait dû la couronne à sa femme Sibille, issue de Foulques d'Anjou, qui, lui-même, tenait ses droits de son mariage avec la fille de Baudouin du Bourg, époux d'une nièce de Godefroi de Bouillon.

[69] Vertot raconte cette expédition faite, en commun, par Béranger grand maître de Rhodes, et le roi de Chypre. (Hist. de l'ordre de Malte, t. II, liv. 5.)

[70] Le compagnon de Philippe de Mérode.

[71] Eu égard aux usages d'Orient et relativement à celles d'autres villes de ces contrées.

[72] Voyez le Mithridates d'Adelung et Vater, 2tes Th. S. 792.

[73] Selon Strabon, Brindes (Βρεντεσιον Βρεντεσιον existait déjà et avait des princes particuliers lorsque Phalante conduisit une colonie lacédémonienne sur la côte où cette ville est située.

[74] La terre de Leeuwerghem a appartenu à la famille de Laloo qui l'a portée dans celle de Lannoy.

[75] 3e Partie, chap. 1er.

[76] C'est l'impression que la vue de Bénévent produit sur les voyageurs. Voyez Travels in Europe by Maria Starke, Paris, 1822, p. 253.

[77] Ancienne villa de Lucullus.

[78] Sans doute Capo di Monte.

[79] L'empire chinois, par M. Hue, ancien missionnaire apostolique, 2me édit., Paris, 1854, t. 1, p. 390.

[80] L'usage était alors de franciser les noms étrangers: l'Itinéraire dit: Jean de Bentevelze ou Bentivolio.

[81] «Le premier duc de cette maison, l'illustre Borso, honneur de son temps, qui règne en paix et conquiert ainsi plus de gloire que tous ceux qui ont porté le ravage sur le territoire étranger.»

[82] Jacopo va e ubbidisci a quello che vuole la terra e non cercar più oltre.

[83] Hadji-Mehemet.

[84] C'est à tort qu'on place sa mort en 1462; il résulte de l'Itinéraire qu'elle vivait encore en 1471.

[85] Kingmaker, surnom de Warwick.

[86] Anséates.

[87] Chevauchée.

[88] Lettres de l'empereur Maximilien et du jeune Charles-Quint, de 1511 et 1512.

[89] Elle a été publiée par M. Le Glay.

[90] Nous possédons un recueil manuscrit des épitaphes anciennes de Bruges, où nous avons fait, en vain, des recherches pour y trouver, soit les noms de Boyd ou d'Arran, soit leur traduction latine. Il se publie aussi un recueil des épitaphes d'Anvers, où ces noms ne paraissent pas, que nous sachions.

[91] Fils du frère de Jacques III et par conséquent neveu de la princesse.

[92] M. Gaillard nomme seulement cinq fils et quatre filles. L'une d'elles, Marie, épousa Josse de Baenst, chevalier, seigneur de Gapinghe; une seconde, Élisabeth, fut mariée à Wulfart de Lichtervelde; une troisième fut fille d'honneur de la douairière de Glocester, mais nous ne savons trop quelle est la princesse qu'on a voulu désigner ainsi.

[93] Charles VIII.

[94] Hist. de Fl. par M. Kervyn de Lettenhove, t. V, p. 47.

[95] Une nièce, voir ci-après.

[96] Gachard, Documents inédits concernant l'hist. de la Belgique t. I, p. 216, 249, 259, 267.

[97] Le monogramme dont il signait ses œuvres a été pris pour un H, tandis que de bons juges y voient un M.

[98] Son premier mariage contracté lorsqu'elle n'avait que 13 ans avait été stérile; demeurée veuve dans l'année, c'est à peine si elle avait été femme, quand elle donna sa main, dans l'église de Jérusalem, à un gentilhomme génois nomme Don André della Costa.

[99] Bulletins de la commission d'histoire de l'Académie royale de Belgique, t. VII, 1er Bulletin, p. 64.

[100] Dans la saisissante parabole du mauvais riche.

[101] Nous avons tenté des recherches à la Bibliothèque et aux Archives de Bruges, mais sans résultat.

[102] Petit golfe qui amenait les vaisseaux au port de l'Écluse.

[103] Prison.

[104] Il était frère d'Agnès de Nieuwenhove, mariée à Arnout Adorne et fils, ainsi qu'elle, de Nicolas de Nieuwenhove. Le bourgmestre s'appelait aussi Jean, mais il était fils de Michel.

[105] Jamais elle ne détacha, de lui, sa foi.

[106] «Si l'on venait à trouver qu'il eût en façon quelconque tiré induement avantage du bien de la ville, il serait tenu à réparer le tort au quadruple.»

[107] Selon Despars, ce fut après la bataille.

[108] La devise des Adorno n'était pas la même que celle de la branche flamande; c'était: «Omnia prætereunt.»

[109] La même année, mourut Marguerite d'Anjou, et l'année d'après, Louis XI et Édouard IV.

[110]... Propter seditionem, heu! iniquam, quæ in patria erat ob peccata nostra, ibi Gandavum ubi erat statuum congregatio, ut inceptis seditionibus et diabolicis inventionibus finis salubris imponeretur.»

Jean Adorne n'était point personnellement en cause dans cette commotion, et il avait des parents et des amis dans les deux partis: il exprime l'opinion des hommes paisibles qui voyaient avec douleur les malheurs de leur ville et de leur pays.

[111] Nous devons beaucoup, pour les faits résumés dans ce chapitre, à M. Tyller (History of Scotland), que nous avons pourtant eu soin de comparer avec divers autres historiens de l'Écosse.

[112] Michel Ange.

[113] Nous conservons partout le mot original sans le traduire, parce qu'en le remplaçant par celui d'Albanie, comme l'a fait le traducteur de Robertson, on donne lieu à une certaine confusion que nous avons voulu éviter.

[114] 10 juin 1482.

[115] 22 juillet 1482.

[116] 58 ans.

[117] Expectans judicium, expression d'anciennes épitaphes.

TABLE DES MATIÈRES.

Pages.

Introduction 5

PREMIÈRE PARTIE.

I
ITALIE ET FLANDRE.

Les Adorne à Gênes et à Bruges. — Antoniotto. — Obizzo et Guy de Dampierre. — Bataille des Éperons. — L'étendard déchiré. — Les comtes ou marquis de Flandre, princes par la clémence de Dieu. — Baudouin de Fer et Baudouin à la Hache. — Les États et les Trois Membres. — Les Poorters. — Les Métiers. 13

II
LES ARTEVELDE.

Les tisserands. — Les deux colonnes d'or de Bruges. — Édouard III. — La loi salique et la laine anglaise. — Jacques van Artevelde. — Louis de Male. — Les Chaperons-Blancs. — Philippe van Artevelde. — Beverhout. — Massacre des Brugeois.—La cour du Ruart. — Rosebecque. — Les trois Gantois. — Flandre au Lion! — Pierre Adorne, capitaine des Brugeois. — Le bourgmestre et le doge.—Naissance d'Anselme.19

III
JÉRUSALEM.

L'hospice et l'église. — Le Saint-Sépulcre à Bruges. — Le double voyage d'Orient. — Eugène IV. — Le luxe des vieux temps. — L'éducation des faits. — Siége de Calais. — Politique de Philippe le Bon.27

IV
PHILIPPE LE BON ET LES BRUGEOIS.

Retour de Calais. — Irritation des milices brugeoises. — Elles enfoncent les portes de l'Ecluse. — Massacre de l'Écoutète. — Les larmes de Charles le Téméraire et celles d'Alexandre. — L'homme d'État précoce. — Les assemblées du peuple. — Mort des Varssenaere. — Danger de Jacques Adorne. — Jacques et Pierre Adorne bourgmestres. — Éloge de Bruges. — Entrée de Philippe le Bon.—Début d'Anselme. 31

V
UN TOURNOI DE L'OURS BLANC.

La duchesse Isabelle et le comte de Charolois. — Les dames brugeoises dans leurs atours. — Le forestier armé chevalier sur le champ de bataille. — Que diable est-ce ceci? — La Vesprée. — Louis de la Gruthuse. — Metteneye. — Jean Breydel. — Adam de Haveskerque. — Le tournoi. — Anselme gagne le cor. — Marguerite. — Le court roman. — Anselme Adorne forestier. — Les acclamations et les cris de mort. 37

VI
LE BON CHEVALIER.

Banquet de l'hôtel de ville. — La lance conquise. — Isabelle de Portugal et le comte de Charolois à la maison de Jérusalem. — Combat. — Le sire de Ravesteyn. — Joute de l'étang de Male. — Prouesses et portrait de Jacques de Lalain, le bon chevalier. — Corneille de Bourgogne. — Le casque enlevé. — Nouveau succès. — L'écu du forestier. — Naissance de Jean Adorne. — Le parrain. — André Doria, prince de Melfi. — L'Arioste. — Les vingt-huit alberghi de Gênes. — L'hospitalité. 45

VII
CHARLES LE HARDI.

Gand et Constantinople. — Daniel Sersanders. — Mort de Corneille de Bourgogne et de Jacques de Lalain. — Le boucher Sneyssone. — Bataille de Gavre. — Mahomet II. — La croisade. — Pie II. — Louis XI et Charles le Téméraire. — Ligue du Bien public. — Bataille de Montlhéry. — Les deux chartreux. — Dernier voyage de Pierre Adorne. — Position d'Anselme à la cour. — Mariage du duc de Bourgogne et de Marguerite d'York. — La duchesse de Norfolk. — Les entremets mouvants. — Le pas d'armes de l'arbre d'or. — Portrait et costume de Charles de Bourgogne. — L'étrangère. 51

DEUXIÈME PARTIE.

I
MARIE STUART, COMTESSE D'ARRAN.

L'Écosse au XVme siècle. — Meurtre de Jacques Ier. — Exécution de Douglas et de son frère. — Alain Stuart et Thomas Boyd. — Un comte de Douglas poignardé par Jacques II. — Le roi tué devant Roxbourg. — Marie de Gueldre. — Minorité de Jacques III. — Kennedy, évêque de St-André. — Ligue entre les Boyd et d'autres seigneurs. — Lord Boyd, grand justicier, s'empare de la personne du roi. — Thomas Boyd et Marie Stuart. — L'île d'Arran érigée en comté. — Ambassade en Danemark. — Les Boyd cités au parlement. — Alexandre Boyd décapité. — Lord Boyd, le comte et la comtesse d'Arran se réfugient à Bruges. 61

II
JACQUES III.

Arrivée à Édimbourg. — Portrait de Jacques III. — Anselme créé baron de Corthuy, chevalier de St-André et conseiller du roi d'Écosse. — Le chancelier Evandale. — Négociation sans résultat possible. — Le roi veut séparer sa sœur du comte d'Arran. — Résistance de la princesse. 69

III
LE DÉPART.

Nouvelles missions. — La consécration de la chevalerie. — Le Tasse et Alphonse d'Est. — Les compagnons de voyage. — Les adieux. — Les Visconti. — François Sforce. — La cognée du paysan. — Gabriel Adorno doge et vicaire impérial. — Usurpation violente de Dominique de Campo Fregoso. — Brillant gouvernement d'Antoniotto Adorno. — George, Raphaël et Barnabé Adorno, doges de Gênes. — Prosper Adorno et Paul Fregoso. — Attaque de René d'Anjou. — Gênes se soumet au duc de Milan. 75

IV
LA LOMDARDIE.

Le comte de Renda. — Clémence Malaspina. — Galéas. — La cour de Milan. — Chasse au léopard. — Milan la Peuplée. — Les armuriers. — Il Duomo. — Le Lazareth. — I Promessi Sposi. — Le château. — Isgéric et Thomas de Portinari. — Le Père de la Patrie. — Pavie. — L'étudiant. — Les forts détachés. — La statue de Théodoric. — La châsse de saint Augustin. — La tour de Boëtius. — Le pont de marbre. — La Chartreuse. — Voghera. 81

V
GÊNES-LA-SUPERBE.

Tortone. — Souvenir de Frédéric Barberousse. — Le château de Blaise d'Assereto. — L'épée d'Alphonse le Magnanime — Bruges et Gênes. — Les montagnards de l'Apennin. — Saint Pierre d'Arena. — Les maisons de campagne. — Jacques Doria. — Fêtes et banquets. — Dîner de famille. — Les belles Vénitiennes. — Aspect de Gênes et de Damas. — Les môles. — Pourquoi Gênes est surnommée la Superbe. — Caractère des Génois. — Les trois classes d'habitants. — Causes de la supériorité de la marine génoise. — Une négociation délicate. — Les galères à vapeur. 89

VI
DE GÊNES A ROME.

La rivière du Levant. — Tableau de cette côte. — La maison du Bracco. — Les châtaigniers. — Ferramula. — Vins exquis. — La Spezzia. — Passage de la Magra. — Sarsana. — Antoniotto Adorno et Louis de Campo Fregoso. — Pise. — Les ponts de Bruges. — Il Duomo. — Images des villes sujettes. — Le baptistère. — La tour penchée. — Il Campo Santo. — Rome. 99

VII
PAUL II.

Rome ancienne et Rome moderne. — Charles-Quint et les Barberini. — L'audience du pape. — Pierre des Barbi. — Ligue contre les Turcs. — Borso d'Est. — Office du jeudi saint. — Les sept églises. — Le banquet. — Le cardinal de St-Marc. — Cortége du jour de Pâques. — Le sire de Corthuy délégué pour porter le dais. — Les grandeurs déchues et les ruines. — Les despotes de Morée. — La reine de Bosnie. — Alexandre Sforce. — Le sénateur de Rome. — Anselme Scott. — Messe pontificale. — Viva Papa Paolo! — Deuxième audience. — Départ. 105

VIII
CORSE ET SARDAIGNE.

La barque de Martino. — St-Pierre-in-Gradus. — L'agrafe et l'étoile. — Porto Venere. — Le mal de mer. — Les provisions de voyage. — Relâche forcée. — Conserves et dragées. — La caraque d'Ingisberto. — Les Corses. — Jean de Rocca. — Bonifacio. — Le roi d'Aragon et la chaîne du port. — Jacques Benesia. — La Sardaigne. — Algeri. — Les belles juives. — Les doubles prunelles. — Les forbans. — Aristagno. L'île de Semolo. — Le cap de Carthage. — La Goulette. — Télégraphie moresque. 113

TROISIÈME PARTIE.

I
HUTMEN OU OTHMAN II.

Le Fondaco des Génois. — Conteurs et bateleurs. — L'arsenal. — El Almoxarife major. — L'empire arabe. — Mahomet. — Les Ommiades et les Abassides. — Les Fatimites. — Les Morabeth et les Mohaweddin. — Almanzor. — Abdul-Hedi et les Arabes. — La Casbah. — L'audience du roi maure. — Portrait d'Othman ou Hutmen. — Maison moresque. 125

II
TUNIS.

Bazars. — Mosquées. — Les restes de sainte Oliva. — Le faubourg appelé Rabat. — La garde chrétienne. — La ville des tombeaux. — Ce qui rend les femmes belles. — Le manchot, écrivain public. — Le sauf-conduit. — Carthage. — Dangers de la pêche. — Visite au camp arabe. — Fêtes du Baïram. — Peste et brigands. 131

III
LES TURCS.

Trois religions sur un vaisseau. — Susa. — Les regards dangereux. — Monastir. — Un miracle des Morabeth. — La barque changée en rocher. — La flotte de saint Louis. — La Sicile. — Jugement sur les habitants. — Palerme. — Le palais. — Vêpres Siciliennes. — Bourrasque. — Le sancte parole. — Malte. — La Morée. — Siége de Négrepont. — Les Turcs sont plus près qu'on ne pense. — Les janissaires. — L'île de Candie. — Les faucons. — Encore une tempête. — Dangers que courent les voyageurs. 139

IV
ALEXANDRIE.

Entrée périlleuse. — Tristes réjouissances. — La visite du bord et les messagers ailés. — Sala-ed-din et Malek-el-Adel. — Le consul génois Pierre de Persi. — Les anges et la tortue. — Aspect extérieur de la ville. — Ravages du roi de Chypre. — Citernes. — Aiguilles dites de Cléopâtre. — Colonne de Dioclétien. — Les trois turbans. — Caravane de 20,000 chameaux. — La pomme du paradis terrestre. — Disette. — Audience de l'émir. — Les Flamands rongés jusqu'à la moelle. 149

V
LE NIL.

L'escorte. — Les jardins du Soudan. — Rosette. — Fouah. — Combat de bateliers. — Aventure de nuit. — Rencontre. — Piété filiale de Jean Adorne. — Excellence de l'eau du Nil. — Les Mameluks préfèrent le vin. — Beautés des rives du fleuve. — Navigation pénible. — Attaque des Arabes. — Les guides officieux. — Cani-Bey. — Les poissons gras. 156

VI
LE CAIRE.

Les truchemans. — Zam-Beg. — La femme de Cani-Bey. — Le dîner maigre. — Visite à Naldarchos. — Ses inquiétudes au sujet des progrès des Turcs. — Les habitants du Caire. — 20,000 morts par jour en temps de peste. — Maisons des principaux de la ville. — Chameaux, ânes et mulets. — Girafes. — Lions domestiques. — Éclairage. — Le palais. — Les pyramides. — Matarieh. — Le baume. — Le sycomore. 163

VII
LES MAMELUKS.

Les Soudans. — Le Calife du Caire. — Caiet-Bey. — Insolence des Mameluks. — Leur caractère. — L'île de Rondah. — Le Mékias. — Portrait du Soudan. — Son cortége. — Costume des Mameluks. — Signes de distinction parmi eux. — Gondole magnifique du Soudan. — Flottille de 1,200 barques. — Génuflexions. — Collation. — Signal de couper la digue. 171

QUATRIÈME PARTIE.

I
LA CARAVANE.

Question de vie et de mort. — Abdallah. — Laurendio. —  de Birket-el-Hadji. — Le mont Goubbé. — La mer Rouge. — Bateaux de bambou. — La fontaine de Moïse. — Campement de l'émir d'El Tor. — Les voyageurs se joignent à son cortége. — Les Bédouins. — Proclamations de l'émir. — Image vénérée par les musulmans. 181

II
LE MONT SINAI.

Délicieuse vallée. — Les Gerboas. — Opinion des Arabes sur la manière de tuer le gibier. — Montagne écroulée. — Inscriptions latines. — Montée périlleuse. — Adorne sauvé par son fils. — Monastère de la Transfiguration. — Église. — Châsse de sainte Catherine. — Chapelle latine. — Puits de Moïse. — Jardins des religieux. — Monts de Moïse et de Sainte-Catherine. — Roche remarquable. — Traité entre les Caloyers et les Arabes. — Exigences de ceux-ci. — Souvenir de Laurendio. 187

III
LES ARABES.

Le guide brigand. — mdash; La tribu des Ben-Ety. — La précaution singulière. — Prétentions des moucres. — Les bons Arabes. — Ils attaquent les voyageurs. — Gazara. — Le patriarche. — Beau site de Berseber. — La Terre-Sainte. — Sa fertilité. — Mauvais gîte. — Hébron. — Départ de Laurendio. — Jérusalem. — Les croisades. — Godefroy de Bouillon. — Le Tasse. 195

IV
JÉRUSALEM.

Monastère de Sion. — La peste. — Le temple de Salomon. — La mosquée d'Omar, vue du mont des Oliviers. — L'église du Saint-Sépulcre. — Les gardiens du saint tombeau. — Fête de l'Exaltation de la Croix. — Office des diverses sectes. — Le jardin des Olives. — La vallée de Josaphat. — Les grottes de Saint-Saba. — Les montagnes de Judée. — Jérico. — Le Jourdain. — La mer Morte. 203

V
L'ÉMIR FAKHR-EDDIN.

Le guide Hélie et le muletier Abas. — Ramla. — Tumulte. — Les corsaires. — L'émir généreux. — Interrogatoire. — Sage réponse du sire de Corthuy. — Nazareth. — La foire de Jefferkin. — Ce qu'on y vendait. — Les sauvages de Bruges. — La mer de Galilée. — Saphet et les Templiers. — Le puits de la Samaritaine. — Caverne de Mouchic. — Hospitalité des Turcomans. — Tombeaux antiques de Sibiate. — Arrivée à Damas. 211

VI
L'EMBARQUEMENT.

M. de Lamartine. — Aspect de Damas. — Jardins. — Bassins. — Bazars. — Mosquées. — Le père Griffon d'Ypres. — Les Maronites. — Leur patriarche, franciscain. — La montagne Noire. — Beyrouth. — L'émir. — La caution. — Honorable scrupule. — Le départ. 219

VII
JACQUES DE LUSIGNAN.

L'île de Chypre. — Les Génois et les Vénitiens. — Richard Cœur de Lion. — Guy de Lusignan. — La reine Charlotte. — Portrait du roi Jacques. — Anselme, chevalier du Glaive. — Ducs, comtes et barons in partibus. — Nicosie. — Port Salin. — Récolte du sel. — Le couvent des Chats. — Zuallart, compagnon de Philippe de Mérode. — Golfe de Satalie. — Un corsaire donne la chasse au chevalier brugeois. 223

VIII
LES CHEVALIERS DE SAINT-JEAN.

L'île de Rhodes. — Les Hospitaliers. — Guillaume et Foulques de Villaret. — Jean-Baptiste Orsini. — Fausse alerte. — L'ambassade persane. — Description de la ville de Rhodes. — Les prêtres grecs. — Festin donné par le grand maître. — Cercle de cinquante chevaliers. 229

CINQUIÈME PARTIE.

I
LA GRÈCE.

L'Archipel. — Le captif simien. — Le château de Saint-Pierre et ses gardiens. — Chio. — Le mastic. — Les Giustiniani et les Adorno. — Méthélin. — L'alun. — Trahison du commandant. — Modon. — Toits couverts de tuiles. — Le faux converti. — L'Albanie. — Scander-Beg. — L'Esclavonie. — Le héros hongrois. — Encore des tempêtes. — Le port de Brindes. 237

II
NAPLES.

Alphonse V et Ferdinand. — Herman Van La Loo. — Manfredonia. — Mainfroi et Conradin. — Le mont Gargano. — Grotte servant de chœur. — Point de vue. — Le prince de Salerne. — Aspect de Bénévent. — Naples. — Beauté des Napolitaines. — Le Vico Capuano et le Lido. — Château-Neuf, château de l'Œuf et Castello Capuano. — Velitri. — La cloche. — Le droit de pétition chez les Turcs. — Le roi des Gueux. — Retour à Rome. — Les voyages d'autrefois et ceux d'aujourd'hui. 245

III
FLORENCE ET FERRARE.

Le camérier du pape. — L'archevêque d'Arles. — Les imprimeurs allemands. — Goûts littéraires du sire de Corthuy. — Université de Sienne. — Florence-la-Belle. — Divers palais. — La liberté et les Médicis. — Bologne. — Jean de Bentivoglio. — Ferrare l'Aimable. — Les Ferraraises à la fenêtre. — La maison d'Este. — Le palais de Scimonoglio et celui de Belfiore. — Benvenuto Cellini. — Son remède contre le mauvais air. 253

IV.
VENISE.

Les murs de Padoue. — Venise. — Place et église de Saint-Marc. — La Piazzetta. — Le comte de Carmagnola. — Le palais de la République. — Le sire de Corthuy assiste aux séances du sénat. — Fondation et progrès de Venise. — Henri Dandolo et Marino Faliero. — Le meilleur gouvernement. — Les deux Foscari. — Inquisiteurs d'État. — La Prophétie. — Hospices pour les marins. — Azimamet. — Le carnaval. — La chartreuse de Montello. 261

V
LE RHIN.

Le Tyrol. — Mariaen. — Hélénora Stuart. — Mols. — Entretien de Sigismond d'Autriche avec le sire de Corthuy. — Bâle. — Strasbourg. — La cathédrale. — Le chevalier Harartbach. — Les reitres. — Les portes de Worms. — Le cours du Rhin. — Cologne. — Aix-la-Chapelle. — L'anneau magique. — Maestricht. — Anvers. — Accueil que font les Brugeois à Anselme Adorne. 269

VI
ÉDOUARD IV, A BRUGES.

Avénement et chute d'Édouard. — Warwick, le faiseur de rois. — La Gruthuse accueille Édouard fugitif. — Naissance d'un fils de la comtesse d'Arran. — L'Angleterre et l'Écosse à Bruges. — Le duc de Bourgogne cité en parlement. — Il assiége Amiens. — Trêve. — Anselme Adorne conseiller et chambellan du duc. — Édouard remonte sur le trône. — Le grand prieur de Saint-André. — Départ de la princesse. 277

VII
LA SÉPARATION.

Marie Stuart s'embarque au port de Calais. — Lord Boyd meurt à Alnwick. — Adieux du comte d'Arran et de Marie. — Le château de Kilmarnoc. — Annulation du mariage de Thomas Boyd avec la princesse. — Présentation à la cour. — Le donjon de Corthuy. — La dédicace de l'Itinéraire. — Fin de l'histoire de Thomas Boyd et de Marie Stuart. 283

VIII
L'AMBASSADE DE PERSE.

Mort de Marguerite. — Puissance du duc de Bourgogne. — Ses vues ambitieuses. — Sa participation aux affaires d'Orient. — Hassan al Thouil ou Ussum Cassan. — Le Mouton Blanc et le Mouton Noir. — L'empereur de Trébisonde. — Hassan épouse Despoïna Comnène. — Ambassades vénitiennes. — Le patriarche d'Antioche. — Le sire de Corthuy part pour la Perse. — Hassan reçoit les ambassadeurs du duc de Bourgogne, de Venise et du grand-duc de Moscovie. — Ses succès et ses revers. — Prise de Caffa par les Turcs. — Anselme Adorne est rappelé. 289

SIXIÈME PARTIE.

I
JEAN ADORNE.

Mort de Paul II. — Barbe rasée. — Les chansons de Robinette. — L'hospice de Saint-Julien. — Patric Graham, primat d'Écosse. — Jean Adorne est attaché à l'ambassade du cardinal Hugonet. — Mission à Naples. — Le bâtard de Bourgogne. — Tournoi. — Siége de Neus. — Traité de Péquigny. — Les états généraux de 1475. — Commissaires au renouvellement des Magistrats de Bruges. — Le sire de Corthuy est nommé bourgmestre. 301

II
UNE GRAND'MÈRE.

Nouveaux impôts. — Mécontentement du peuple. — Conquête de la Lorraine. — L'ombre du connétable. — Défaite du duc à Granson. — Fortune lui tourne le dos. — Bataille de Morat. — Hemlink ou Memlink. — Mariage d'Arnout Adorne. — Agnès Adorne. — Renouvellement des Magistrats. 309

III
MORT DE CHARLES LE TÉMÉRAIRE.

Siége de Nancy. — Le comte de Campo Basso. — Ambassade écossaise. — Singulière prédiction. — Elle est confirmée par l'événement. — Le mauvais valet de chambre. — Réflexions. — Les états des provinces s'assemblent. — Les métiers de Gand. — Troubles à Bruges. — Le sire de Corthuy capitaine de la duchesse de Bourgogne. — Les trois chroniques. 315

IV
LES CAPITAINES DE LA DUCHESSE.

Objet de la mission des capitaines. — L'avenir de Bruges. — Le sire de la Gruthuse. — Jean de Bruges. — Jean Breydel et son escorte. — Transaction. — La Gruthuse au balcon de l'hôtel de ville. — Arrestation d'Hugonet et d'Humbercourt. — Exécutions à Gand. — Troubles à Bruges. — On demande la mise en jugement des anciens magistrats. — Caractère de la justice communale dans les temps de troubles. — Les partis et leurs accusations. 323

V
MARIE DE BOURGOGNE.

Tâche pénible. — La gloire des nations. — Supplice d'Hugonet et d'Humbercourt. — Nobles larmes. — Adolphe de Gueldre et le duc de Clèves. — Entrée de la duchesse à Bruges. — Troubles. — Pillage. — L'échevin justifié et emprisonné. — Cris de mort. — Ambassade de l'empereur Frédéric III. — Renouvellement des magistrats. — Une plaisanterie de Louis XI. — Les Gantois entrent en campagne. — Revue des milices brugeoises. — Les seize. — Digression. — Les deux déserteurs. 331

VI
LE STEEN

Caractère d'Anselme Adorne. — Vices de la procédure. — Les seize sont conduits en prison. — Barbesan mis à la torture. — On dresse l'échafaud sans attendre le jugement. — Vues secrètes des échevins. Leurs délais. — Les milices ne quittent pas la place. — On cherche les échevins qui se cachent. — Condamnation et mort de Barbesan. — Position dangereuse du sire de Corthuy. 339

VII
LE JUGEMENT.

Le peuple va chercher le banc de torture. — Interrogatoire de Van Overtveldt. — Le seigneur de Saint-Georges et le baron de Corthuy sont conduits aux Halles. — Aspect du tribunal. — Intervention inattendue. — Messes solennelles. — Jugement de Van Overtveldt et de Baenst. — Ce qui est résolu pour Anselme Adorne. — Caractère de cette décision. — Motifs de consolation du chevalier. — Les autres détenus mis à composition. — Les milices sortent sous la conduite de Ghistelles et de Metteneye. — Prise du château de Chin. — Mort d'Adolphe de Gueldre. — Le camp brugeois. — Nous sommes trahis! — Réflexions. 345

VIII
BLANGY.

Harangue de Maximilien. — Il arme des chevaliers. — Les Pater et les Avé. — Bataille perdue et regagnée. — La Gruthuse prisonnier. — Retour de Jean Adorne. — Mort de Galéas. — Prosper Adorno remonte sur le trône ducal. — Il se sauve à la nage. — Caractère de Maximilien — Mort de Marie et fin de la maison de Bourgogne. — Régence contestée. — Les colonnes d'or renversées. — Adieux suprêmes. 353

IX
LA DERNIÈRE TRAVERSÉE.

Jacques III à 25 ans. — Favoris et artistes. — L'architecte Cochran et le musicien Rogiers. — Le duc d'Albany et le comte de Mar. — Mort du second. — Préparatifs de guerre. — Honteux traité du duc d'Albany. — Jacques convoque ses vassaux. — Conspiration de Lauder. — Bell-the-Cat. — Massacre des favoris du roi. — Il est détenu au château d'Édinbourg. — Glocester envahit l'Écosse. — Albany lieutenant-général. — Sa condamnation. — Arrivée du sire de Corthuy. — Conduite équivoque du comte de Huntley. — Fatal dénoûment. — Conclusion. 361

FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.

ERRATA.

Page 46, ligne 15, au lieu de: cinq cavaliers qui portaient, chacun, leurs couleurs sur leur écu

LISEZ: ses couleurs.

Page 168, lignes 19 et 30, au lieu de: bananiers

LISEZ: baumiers.

Page 343, ligne 13, au lieu de: pour trouver ces juges contumax

LISEZ: contumaces.

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