← Retour

Cinq-Mars; ou, Une conjuration sous Louis XIII (Tome 1 of 2)

16px
100%

Le Roy m’a dit qu’il croit que M. le Grand eût été capable de se faire huguenot. J’y ai adjousté qu’il se fût fait Turc pour régner et oster à Sa Majesté ce que Dieu luy a si légitimement donné. Sur quoi le Roy m’a dit:

—Je le crois...

Sa Majesté m’a dit ce matin que Treville avoit entretenu M. le Marquis sur l’arrivée de M. le Grand à Montpellier, et qu’en entrant dans la citadelle il avoit dit:

—Ah! Faut-il mourir à vingt-deux ans! Faut-il conspirer contre la patrie d’aussi bonne heure! Ce qu’elle avoit très-bien reçeu.

M. des Noyers à Son Éminence.

Paris, le 1er juillet.

Sa Majesté est échauffée plus que jamais contre M. le Grand, car elle a seu que, durant sa maladie, ce misérable, que M. le premier-président nomme fort bien le perfide public, avait dit du Roy:

—Il traînera encore!


Rien n’est oublié pour irriter Louis XIII, quoiqu’il nous soit difficile de sentir le sel du bon mot du premier-président.

Le même homme (des Noyers) écrit encore le 1er juillet 1642, de Pierrelatte:

Sa Majesté continue dans de très grandes démonstrations d’amour pour Monseigneur, et dans une exécration non pareille pour ce malheureux perfide public.

Ainsi le bulletin de la colère royale est envoyé au Cardinal heure par heure, et l’on a soin que la fièvre ne cesse pas. Les parents des deux jeunes gens veulent supplier, on les arrête. M. de Chavigny écrit le 3 juillet 1642:

L’abbé d’Effiat et l’abbé de Thou venoient trouver le Roy, à ce qu’on nous avoit assuré. Sa Majesté a trouvé bon qu’on envoyast au-devant d’eux pour leur recommander de se retirer.


La correspondance est pressante. Le lendemain (4 juillet 1642), le Cardinal écrit de Tarascon:

Les énigmes les plus obscures commencent à s’expliquer: le perfide public, confessant au lieu où il est, qu’il a eu de mauvais desseins contre la personne de M. le Cardinal, mais qu’il n’en a point eu que le Roy n’y ait consenti; le mal est que la liberté qu’il a eue jusques à présent de se promener deux fois le jour, fait que ce discours commence d’être bien espandu en cette province, ce qui peut faire beaucoup de mauvais effets.

Une crainte mortelle agite le Cardinal qu’on ne vienne à savoir que le Roi a été de la conjuration: il rend la prison plus sévère. Il ajoute:

Ceton, lieutenant des gardes écossaises, âgé de soixante-six ans, a laissé promener M. le Grand deux fois le jour. Il n’y a que trois jours qu’il en usoit encore ainsi, ce qui me feroit croire que les premiers ordres ont été perdus.

M. de Bouillon n’a demandé qu’un médecin et deux valets de chambre; le perfide public a six personnes qui doivent être retranchées. Autrement, il est impossible qu’il ne fasse sçavoir tout ce qu’il voudra; jamais prince n’en eut davantage.

Vous parlerez adroitement de ce que dessus, sans me mettre en jeu aucunement.

Comme il attend avec impatience un bon commissaire, il dit:

J’attends M. de Chazé, que nous essayerons par M. de Thou.—Faites-le hâter par le Rhône, car le temps nous presse, et il est nécessaire que je sois icy pour l’aider à ses interrogations, que je lui donnerai toutes digérées.

Comme il faut envenimer la plaie du cœur royal, il n’oublie pas un trait qui puisse porter:

Il est bon que le fidèle marquis de Mortemar dise au Roy comme le perfide public disait que Fontrailles avoit dit un bon mot sur ses maladies, sçavoir, est:

Il n’est pas encore assez mal.

Pour montrer comme le perfide et ses principaux confidents estoient mal intentionnez vers le Roy.


On voit que nulle légèreté de propos, nulle étourderie du jeune favori, vraie ou supposée, n’est omise par le rusé politique. Chavigny répond sur-le-champ et dans les mêmes termes:

Le fidèle marquis n’a pu encore prendre son temps pour dire ce que M. le Cardinal a mandé: ce sera pour demain; nous verrons ce que le Roy en dira.

Puis, le lendemain, le même Chavigny écrit à la hâte:

Mortemar a dit tout au long au Roy le mot de M. le Grand. Le Roy n’a pas manqué, aussitôt ouy ce discours, de le rapporter à Chavigny.

C’est-à-dire à lui-même: Il persifle ainsi Louis XIII sur sa docilité!

Et je crois qu’il en fait de même à M. des Noyers.

Le Roy m’a commandé expressément de le faire sçavoir à Son Eminence, et lui dire qu’il croyoit M. le Grand assez détestable pour avoir eu une si horrible pensée, et qu’il se souvient qu’il avoit à Lyon plus de cinquante gentilshommes qui dépendoient de luy.

On n’a rien oublié pour entretenir Sa Majesté en belle humeur. Le Roy a répété plusieurs fois que M. le Grand estoit le plus grand menteur du monde. Ainsi on peut espérer que l’amitié est bien usée dans le cœur de Louis XIII.

Le 6 juillet 1642 (que l’on remarque cette rapidité), les deux créatures du Cardinal-Duc, Chavigny et des Noyers lui disaient le résultat de leurs insinuations:

Nous supplions très humblement Monseigneur de se mettre l’esprit en repos, et croire qu’il ne fut jamais si puissant auprès du Roy qu’il est, que sa présence opérera tout ce qu’elle voudra.

Le même jour, le Cardinal-Duc écrit au Roi très humblement et sur le ton d’une victime et d’un prêtre candide que le Roi défend.


Son Éminence au Roy.

Ayant sçeu, dit-il, la nouvelle descouverte qu’il a pleu au Roy faire du mauvais dessein qu’avoit M. le Grand contre moy, contre un Cardinal, qui depuis vingt-cinq ans a, par la permission de Dieu, assez heureusement servi son maistre; plus la malice de ce malheureux est grande, plus la bonté de Sa Majesté paroist. Du septiesme juillet 1642.

Et le 7, il fait venir M. de Thou dans sa chambre, l’envoyant chercher dans la prison de Tarascon. J’ai sous les yeux ce curieux interrogatoire, et le donne tel qu’il a été conservé mot pour mot. Il n’est pas superflu de faire remarquer le ton de politesse exquise des deux personnages, dont aucun n’oublie le rang et le caractère de l’autre, et qui semblent toujours avoir dans la pensée leur vieil adage: Un gentilhomme en vaut un autre.

Interrogatoire et réponse de M. de Thou à Monseigneur le Cardinal-Duc, qui l’envoya querir en la prison du chasteau de Tarascon. (Journal de M. le cardinal de Richelieu, qu’il a fait durant le grand orage de la cour, en l’année 1642, et tiré des Mémoires qu’il a escrits de sa main M. DC. XLVIII.)

M. le Cardinal. Monsieur, je vous prie de m’excuser de vous avoir donné la peine de venir icy.

M. de Thou. Monseigneur, je la reçois avec honneur et faveur.

Après, il lui fit donner une chaise près de son lit.

M. le Cardinal. Monsieur, je vous prie de me dire l’origine des choses qui se sont passées cy-devant.

M. de Thou. Monseigneur, il n’y a personne qui le puisse mieux sçavoir que Votre Eminence.

M. le Cardinal. Je n’ai point d’intelligence en Espagne pour le sçavoir.

M. de Thou. Le Roy en ayant donné l’ordre, Monseigneur, cela n’a peu estre sans vous l’avoir fait connoistre.

M. le Cardinal. Avez-vous escrit à Rome et en Espagne?

M. de Thou. Ouy, Monseigneur, par le commandement du Roy.

M. le Cardinal. Estes-vous secrétaire d’Etat pour l’avoir fait?

M. de Thou. Non, Monseigneur; mais le Roy me l’avait commandé, je n’ai peu faillir de le faire.

M. le Cardinal. Avez-vous quelque pouvoir de cela?

M. de Thou. Ouy, Monseigneur, la parole du Roy, et un commandement de le faire par escrit.

M. le Cardinal. Si est-ce que M. de Cinq-Mars n’en a rien dit?

M. de Thou. Il a eu tort, Monseigneur, de ne l’avoir dit; car il a receu le commandement aussi bien que moi.

M. le Cardinal. Où sont ces commandements?

M. de Thou. Ils sont en bonnes mains, pour les produire quand il en sera besoin.

Mais c’est là ce qu’il faut éviter. Le Cardinal ne veut pas savoir que le Roi a donné des ordres contre lui. Il demande à Paris des commissaires, un surtout qu’il désigne, M. de Lamon, pour aider M. de Chazé à de nouveaux interrogatoires dirigés contre ce de Thou si imposant, si ferme, si grave, si loyal et si redoutable par sa vertu.

Tandis que ce jeune magistrat parle ainsi, Gaston d’Orléans, Monsieur, le frère du Roi, envoie sa confession et se met à genoux, en ces termes:

Gaston, fils de France, frère unique du Roy, estant touché d’un véritable repentir d’avoir encore manqué à la fidélité que je dois au Roy mon seigneur, et désirant me rendre digne de la grâce et du pardon, j’avoue sincèrement toutes les choses dont je suis coupable.

Suivent les accusations contre M. le Grand, sur qui il rejette noblement toute l’affaire.

Puis une seconde confession accompagne la première, touchant l’autre péché:

Monsieur, frère du Roy, à Son Éminence.

D’Aigueperce, le 7 juillet.

Gaston, etc. Ne pouvant assez exprimer à mon cousin le Cardinal de Richelieu quelle est mon extrême douleur d’avoir pris des liaisons et correspondances avec ses ennemis... je proteste devant Dieu, et prie M. le Cardinal de croire que je n’ai pas eu plus grande connoissance de ce qui peut regarder sa personne, et que, pour mourir, je n’aurois jamais presté ny l’oreille ny le cœur à la moindre proposition qui eust esté contre elle, etc., etc.

La politesse de la frayeur ne peut aller plus loin et plus bas assurément.

Mais le maître n’est pas content encore de ces mensonges et de ces humiliations.

Il envoie ses ordres sur ce qui doit être dit par Monsieur, s’il veut qu’on lui permette de rester dans le royaume et qu’on lui donne de quoi vivre.

On confrontera Monsieur et M. de Cinq-Mars.

Instructions de Son Éminence.

Quand on amènera M. le Grand au lieu où sera la personne de Monsieur, Monsieur lui doit dire:

«Monsieur le Grand, quoyque nous soyons de différente qualité, nous nous trouvons en mesme peine, mais il faut que nous ayons recours à mesme remède. Je confesse notre faute et supplie le Roy de la pardonner.»

Ou M. le Grand prendra le mesme chemin et demeurera d’accord de ce qu’aura dit Monsieur, ou il voudra faire l’innocent; en quel cas Monsieur lui dira:

«Vous m’avez parlé en tel lieu, vous m’avez dit cela, vous vinstes à Saint-Germain me trouvez en mon escurie avec M. de Bouillon (tel et moy, tels et tels)»... Ensuite Monsieur dira le reste de l’histoire.

Il fera de même lorsqu’on luy amènera M. de Bouillon.

Il se contentera de la promesse de rester dans le royaume, sans jamais prétendre charge ny emploi.

Je dis ceci, après avoir bien philosophé sur cette affaire, qui peut estre celle de la plus grande importance qui soit jamais arrivée en ce royaume de cette nature.

Mais Monsieur fait beaucoup de difficulté de se laisser confronter aux accusés; il craint de manquer d’assurance devant eux. Le Roi n’ose l’exiger de son frère; il faut trouver un biais; le chancelier Séguier le trouve et l’envoie bien vite:

J’ai proposé au Roy de mander MM. Talon, conseiller d’Estat et advocat général, Le Bret et du Bignon, qui ont tous grande connoissance de matières criminelles, pour conférer avec moy sur toutes les propositions que je lui ferai.

Leur advis est que l’on peut dispenser Monsieur d’être présent à la lecture de sa déclaration aux accusés.

Cet advis est appuyé d’exemples et de raisons; quant aux exemples, nous avons la procédure faite de La Mole et de Coconas, accusés de lèze-majesté. En ce procès, les déclarations du Roy de Navarre et du duc d’Alençon furent receues et leues aux accusés sans confrontation, encore qu’ils l’eussent demandée.

... Une déposition d’un témoin avec des présomptions infaillibles servent de preuve et de conviction contre un accusé en crime de lèze-majesté: ce qui n’est pas aux autres crimes.


On voit que le chancelier y met fort bonne volonté.

Suit l’avis donné par Jacques Talon et Hierosme Bignon et Omer Talon, décidant «qu’aucun fils de France n’a esté ouy dans aucun procès, et que leur déclaration sert de preuve sans confrontation.»

Le chancelier reçoit la déclaration de Monsieur, en compagnie des juges, sieurs de Laubardemont, Marca, de Paris, Champigny, Miraumesnil, de Chazé et de Sève, dans laquelle le duc d’Orléans avoue: avoir donné deux blancs signés à Fontrailles pour traiter avec le roi d’Espagne, à l’instigation de M. le Grand; il le présente comme ayant séduit aussi M. de Bouillon.

Après ces écrits, le Cardinal est armé de toutes pièces, et, sûr du succès, il peut partir. Il se rend à Paris; et, tandis que l’on juge à Lyon Cinq-Mars et de Thou qu’il abandonne, il va remettre la main sur le Roi et faire grâce à Monsieur moyennant sa nullité politique, et à M. de Bouillon en échange de la place de Sedan.

Le rapport du procès est très curieux à lire et trop volumineux pour être copié ici; il se trouve à la suite des interrogatoires. Le rapporteur charge ainsi M. de Cinq-Mars après avoir passé légèrement sur Monsieur et le duc de Bouillon:

Quant à M. le Grand, il est chargé non-seulement d’estre complice de cette conjuration, mais ensuite d’en estre auteur et promoteur.

M. le Grand empoisonne l’esprit de Monsieur par des craintes imaginaires et supposées par lui. Voilà un crime.

Pour se garantir de ses terreurs, il le porte à faire un parti dans l’Estat. En voilà deux.

Il le porte à s’unir à l’Espagne. C’en est un troisième.

Il le porte à ruiner M. le Cardinal, et le faire chasser des affaires. C’en est un quatrième.

Il le porte à faire la guerre en France pendant le siége de Perpignan, pour interrompre le cours du bonheur de cet Estat. C’en est un cinquième.

Il dresse lui-même le traité d’Espagne. C’en est un sixième.

Il produit Fontrailles à Monsieur pour estre envoyé pour le traité, et envoyé à M. le comte d’Aubijoux. Ces suites peuvent être estimées un septième crime, ou au moins l’accomplissement de tous les autres.

Tous sont crimes de lèze-majesté, celuy qui touche la personne des ministres des princes estant réputé, par les lois anciennes et constitutions des empereurs, de pareil poids que ceux qui touchent leurs propres personnes.

Un ministre sert bien son prince et son Estat, on l’oste à tous les deux, c’est tout de mesme que qui priveroit le premier d’un bras et le second d’une partie de sa puissance.

Je livre ces arguments aux réflexions des jurisconsultes. Ils penseront peut-être qu’il y eût eu quelque réponse à faire si l’on eût regardé comme possible de répondre à ces absurdités d’un pouvoir sans contrôle. Le grand fait du traité d’Espagne suffisait, et je ne transcris ce que le rapporteur ajoute que pour montrer l’acharnement qui lui était prescrit contre l’ennemi, le rival de faveur du premier ministre[8].

Si M. de Cinq-Mars eût été moins ardent, moins hautain et plus habile, il ne devait pas se mettre dans son tort en traitant avec l’étranger. Il pouvait renverser le Cardinal à moins de frais et sans s’attacher au front l’écriteau d’allié de l’étranger, toujours détesté des nations monarchiques ou républicaines, celui du connétable de Bourbon et de Coriolan. Mais il avait vingt-deux ans et n’avait pas la tête tout entière aux grandes affaires. Il agissait trop vite, hâté par la passion, contre un homme d’expérience qui savait attendre avec froideur et mettre son ennemi dans son tort.

Sur l’interrogatoire secret.

(Extrait des registres.)

M. de Cinq-Mars advoua à M. le Chancelier que la plus forte passion qui l’avoit emporté à ce qu’il avoit fait estoit de mettre hors des affaires M. le Cardinal, contre lequel il avoit une adversion qu’il ne pouvoit vaincre ny modérer.

Il disoit que six choses lui avoient donné cette adversion.

1. La première, qu’après le siége d’Arras, à la fin duquel il s’estoit trouvé, M. le Cardinal avoit parlé de luy comme d’une personne qui n’avoit pas tesmoigné beaucoup de cœur.

2. Qu’après l’alliance de M. le marquis de Sourdis et de son frère, le Cardinal avoit dit que M. de Sourdis avoit faict honneur à sa maison.

3. Qu’ayant souhaité d’estre fait Duc et Pair, M. le Cardinal en avoit destourné le Roy.

4. Qu’il s’estoit senti obligé de prendre la protection de M. l’archevesque de Bordeaux, lequel il avoit cru qu’on vouloit perdre.

5. Que luy parlant de la princesse Marie, il dit que sa mère vouloit faire le mariage de luy avec elle; Son Eminence dict que sa mère, Mme d’Effiat, estoit une folle, et que si la princesse Marie avoit cette pensée, qu’elle estoit plus folle encore. Qu’ayant été proposée pour femme de Monsieur, il auroit bien de la vanité et de la présomption de la prétendre; que c’estoit ridicule.

6. Que le Cardinal avoit trouvé étrange que le Roy l’eust admis au conseil, et l’en avoit faict sortir.

TABLE


Réflexions sur la vérité dans l’art 1
Chapitre I. — Les adieux 19
Chapitre II. — La rue 63
Chapitre III. — Le bon prêtre 85
Chapitre IV. — Le procès 110
Chapitre V. — Le martyre 131
Chapitre VI. — Le songe 152
Chapitre VII. — Le cabinet 171
Chapitre VIII. — L’entrevue 218
Chapitre IX. — Le siège 245
Chapitre X. — Les récompenses 271
Chapitre XI. — Les méprises 297
Chapitre XII. — La veillée 319
Chapitre XIII. — L’Espagnol 353
Notes et documents historiques 375

Évreux, imprimerie de Ch. Hérissey

Notes de bas de page

[1] Treize éditions réelles de formats divers et des traductions dans toutes les langues peuvent en être la preuve.

(Note de l’Éditeur.)

[2] De nos jours un général russe n’a-t-il pas renié l’incendie de Moscou, que nous avons fait tout romain, et qui demeurera tel? Un général français n’a-t-il pas nié le mot du champ de bataille de Waterloo qui l’immortalisera? Et si le respect d’un évènement sacré ne me retenait, je rappellerais qu’un prêtre a cru devoir désavouer publiquement un mot sublime qui restera comme le plus beau qui ait été prononcé sur un échafaud: Fils de saint Louis, montez au ciel! Lorsque je connus tout dernièrement son auteur véritable, je m’affligeai tout d’abord de la perte de mon illusion, mais bientôt je fus consolé par une idée qui honore l’humanité à mes yeux. Il me semble que la France a consacré ce mot, parce qu’elle a éprouvé le besoin de se réconcilier avec elle-même, de s’étourdir sur son énorme égarement, et de croire qu’alors il se trouva un honnête homme qui osa parler haut.

[3] Il y resta douze ans.

[4] La France et l’armée étaient divisées en Royalistes et Cardinalistes.

[5] Mars 1826. — 2 vol. in-18.

[6] Juin 1826. — 4 vol. in-12.

[7] Chapitre XXIV, intitulé Le Travail.

[8] Il y a peu de mots aussi involontairement et cruellement comiques que celui-ci répété si souvent: Il le porte à, etc. Monsieur se trouve ainsi présenté comme un écolier au-dessous de l’âge de raison et irresponsable, que son gouverneur porte à quelques petites erreurs. Gouverneur de vingt-deux ans, élève de trente-quatre. Sanglante facétie!

— Note de transcription détaillée —

Cette version électronique comporte les corrections suivantes:

  • p. 20, ajout d’une virgule après «qu’entourent des bosquets»;
  • p. 47, «fraicheur» corrigé en «fraîcheur» («sa fraîcheur était éblouissante»);
  • p. 98, «chatains» corrigé en «châtains» («vos beaux cheveux châtains»);
  • p. 113, «agitaient» corrigé en «agitait» («une foule ignoble de femmes et d’hommes de la lie du peuple s’agitait»);
  • p. 122, ajout d’un guillemet fermant après «celle du Seigneur?...»;
  • p. 139, «nazillardes» corrigé en «nasillardes» («des voix fortes et nasillardes»);
  • p. 163, «diadême» corrigé en «diadème» («j’ai un diadème»);
  • p. 215, «.» corrigé en «:» («il dit avec un rire amer:»);
  • p. 223, ajout d’une virgule manquante après «et» dans «et, du plus loin qu’ils le voyaient venir»;
  • p. 236, suppression d’une virgule parasite dans «l’éternité s’approche pour moi»;
  • p. 274, ajout du mot manquant «côté.» dans «le capitaine de ses gardes était à son côté.»;
  • p. 284, «qui» corrigé en «que» («et que pourront imiter les diplomates»);
  • p. 298, ajout d’un point-virgule manquant après «le cheval gris»;
  • p. 328, ajout d’un tiret manquant dans «Est-ce pour la gloire»;
  • p. 331, «que» ajouté dans «comment veux-tu que je le sache,»;
  • p. 348, «manteau» corrigé en «marteau» («Mon sceptre est un marteau de fer,»);
  • p. 352, ajout d’une virgule manquante après «des mains de sa victime,»;
  • p. 378, ajout d’une virgule manquante après «aux plus pures,»;
  • p. 382, «ajouta t-il» corrigé en «ajouta-t-il»;
  • p. 384, «de-couvrir» corrigé en «descouvrir» («il faut descouvrir les auteurs»);
  • p. 403, ajout d’un guillemet manquant devant «Monsieur le Grand, quoyque».

Les variations dans l’orthographe n’ont pas été corrigées. On trouve par exemple «siége» et «siège», «évènement» et «événement», ou encore «Reine mère», «Reine-Mère», «reine-mère» et «Reine-mère».

En page 35, «il fut saluer» a le sens de «il alla saluer».

En page 359, la phrase

Que vous importe, pourvu qu’il y tombe martyr, s’il le faut?

est incomplète dans cette édition. Il faut lire:

Que vous importe, pourvu qu’il prie au pied des autels que vous adorez, pourvu qu’il y tombe martyr s’il le faut?

Chargement de la publicité...