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Clavecin
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BALLADE DU PAUVRE BOUGRE
Ici sui com l’osière francheOu com l’oisiau sur la branche :En été chante,En hyver plore et me gaimanteEt me défeuil aussi com l’enteAu premier gel.Rutebœuf.
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans,
Dans son taudis qu’on est triste à quarante !
Contre mon poële au cœur agonisant
Je viens blottir ma chair lasse et dolente :
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans !
Dehors il neige à grand foison et vente,
Et bat mon cœur à l’unisson du temps ;
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans,
Dans son taudis qu’on est triste à quarante !
Mon fils aîné sous la neige sifflante
Trotte en soufflant dans ses doigts et toussant ;
Mon plus jeunet que la fièvre tourmente
Dans son lit froid délire et se lamente :
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans !
Et toi ma femme, oh si douce et vaillante,
Malade aussi, tu vas nous consolant :
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans,
Dans son taudis qu’on est triste à quarante !
O Toi de qui sont les gueux en attente,
Seigneur Jésus, Seigneur des pauvres gens,
De Toi jadis était notre âme absente,
Jeunesse est vaine et de tout ignorante :
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans !
Mais l’âge arrive, on pleure et se lamente,
On Te recherche, hélas ! il n’est plus temps ;
Dans un grenier qu’on est bien à vingt ans,
Dans son taudis qu’on est triste à quarante !
Envoi
— Seigneur Jésus, dans la nue foudroyante
Quand Tu viendras au renouveau des temps,
Qu’à nos erreurs soit Ta bonté clémente,
Tant avons-nous souffert en Ton attente :
Prends en pitié tous Tes pauvres enfants !
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