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Curiosités historiques sur Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Mme de Maintenon, Mme de Pompadour, Mme du Barry, etc.

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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

NOTE Nº 1.

DÉPENSES DE CONSTRUCTION DE LA MACHINE DE MARLY,

Extraites des registres des bâtiments du roi, déposés aux Archives de l'Empire.

————

ANNÉE 1681.

ORDONNANCES.

Au sieur de Ville, gentilhomme liégeois, pour payement
des fers corroyés qu'il a fait venir de Liége, pour servir à
la machine du moulin de Palfour.

2,845l.3s.»d.

Aux ouvriers.

97719 »   

ORDRES.

26 mars.—Au même, pour id.

2,8453»

Aux ouvriers.

97719»

22 juin.—A George d'Espa, taillandier
liégeois, pour une manivelle
qu'il a livrée pour la machine, id.

490 » »

Aux ouvriers.

455 10 »

A Lambotte, charpentier liégeois,
pour l'entretennement de la
machine. Pour trois
mois

360 » »

A Valland, pour clous

32 1 »
Total. 5,160l. 13s. 2d.

Marly 1681.

28 octobre 1681.—A Raoul de Pierre,
dit Laporte, charpentier, sur la
machine de la rivière de Seine.

2,000l. »s. »d.

OUVRAGES DES ILES DE CROISSY.

ORDONNANCES DU 22 JUIN 1681.

11 octobre.—A Renkin-Sualem, pour
son travail et soins à la construction
de la machine, pendant un
mois.

150 » »

A Paul Sualem, autre charpentier
liégeois, pour son travail
pendant.

150 » »

ORDRES DU 22 JUIN AU 11 JANVIER 1682.

Aubert, charpentier;—Lebœuf, Gonnot, Guyot,
Simon, Feuillastre, Boursault, Dupuis, Houet, Morin,
terrassiers.

Des charpentiers liégeois.
Laporte, charpentier.
Morel, id.

A Rankin-Sualem, charpentier liégois, pour un mois
de son travail.

150l. »s. »d.

Despas, forgeron liégeois.
Sommes.

210,575 13 »

Année 1682.

Pour les grandes pompes sur la rivière de Seine, pour l'élévation et conduite des eaux à Versailles.

ORDRES

A Laporte, charpentier;—Clerget, Berlin, Ogier, Leroy, Boileau, terrassiers;—Paul Sualem, charpentier liégeois, Rankin-Sualem, id.;—Toussaint Michel, menuisier liégeois;—Lafontaine, maçon;—Morel, serrurier;—Pauli, maître de forges liégeois;—Arnault, pour loyer de la maison de la chaussée, occupée par les menuisiers et par le modèle de la machine;—Menoiet, marchand de fer et charbon de terre;—Caron, arpenteur;—Dupont, terrassier;—Lemaire, fondeur;—Lahaye, plombier, Despas, id.;—Devienne, maçon;—Noiret, marchand;—Duvivier, maçon;—Allan, pour charbon;—Devolman, garde de la prévôté de l'hôtel;—de Ville, ingénieur;—Montagne, serrurier;—Miche, menuisier,—Robert, terrassier;—Berger, de Spa, pour fers corroyés;—Lesieur, charpentier;—Frades, de Vienne;—Cuvier, marchand de bois;—Piat, charpentier;—Corbey, cordier;—Baffront, maçon;—Bourienne, terrassier;—Duval, serrurier;—Godefroy, chirurgien, pour pansements de blessés;—au sieur Desvongoins, pour tuyaux;—Pays, pour peaux de vaches;—Langlois, pour ficelles;—Rousseau, charron;—Lecerf, plâtrier;—Aimond, marchand;—Jean Siane, charpentier liégeois;—Hardel, paveur,—Goutier, maçon;—Martin, maçon,—Remy, pour les conduites de grès;—et aux divers ouvriers de la machine.

Sommes. 515,815l. 17s. 1d.

On trouve particulièrement dans ce chapitre:

A Paul Sualem, charpentier liégeois,
pour son travail d'un
mois.

150 » »

A Renkin-Sualem, id. id.

150 » »

A Siane, id. id.

150 » »

A Toussaint Michel, menuisier
liégeois, id.

67 10 »

1er mars.—Au sieur Pauli, maître
de forges de Liége, sur les corps
de pompe de fer fondu qu'il fait
pour la machine.—A-compte.

1,000 » »
(Il y a ainsi plusieurs à-compte.)

12 avril.—A Clerget, maçon, pour
payement de 4,920 l. pour ses
travaux.

420 » »

5 juillet.—A Allen, pour son payement
de goudrons et poix noires,
qu'il a livrés.

761 10 »

12 juillet.—Au sieur de Ville, ingénieur,
sur les fers et autres
ustensiles qu'il fait venir de
Liége, pour la machine.

900 » »
(Il y a ainsi plusieurs à-compte.)

26 juillet.—A Robert, pour payement
de 1,426 l. 13 s. 9 d., pour
la maçonnerie de remplissage de
la digue qui joint une petite île
à l'île de Chatou.

276l. 13s. 9d.

26 juillet.—A Devienne, pour
payement de 1,998 l. 15 s. pour
la fouille et transport de terre
du réservoir, près le premier repos
de la machine.

198 15 »

9 août.—A Menoist, pour payement
de 2,649 l. 5 s. 2 d., pour
fourniture de gros fers et charbon
pour ladite machine.

269 5 2

23 août.—A Martin Nicolle, pour
payement de deux grands bateaux
qu'il a livrés pour servir
aux ouvrages de la machine.

257 » »

6 septembre.—A Berlin, pour
payement de 2,808 l. 10 s. pour
les moellons qu'il a fournis.

408 10 »

6 septembre.—A Raffront, pour
payement de 1,354 l., pour moellons
qu'il a fournis à la machine.

104 » »

Id.—A Allen, pour payement de
1,859 l. 5 s., pour le charbon de
terre et autres fournitures qu'il
a faites.

959 15 »

Id.—A Menoist, pour payement
de 1,879 l. 15 s. 10 d., pour
fourniture de gros fers.

879 15 10

13 septembre.—A Berlin, pour
payement de 1,404 l. de moellons.

604l. »s. »d.

11 octobre.—A Devienne, pour
payement de 11,455 l. 3 s. 7 d.,
pour ouvrages de remplissage et
pavé de la digue.

855 3 7

18 octobre.—A Raffront, pour
payement de 1,976 l. de moellons.

761 » 5

Id.—A Frades et Devienne, pour
payement de 8,249 l. 14 s. 4 d.,
pour moellons.

449 14 4

Id.—A Noiret, pour payement de
8,874 l. 2 s. 9 d., pour divers
ouvrages de fer.

874 2 9

Id.—A Frades et Devienne, pour
complément de 11,455 l. 3 s.
7 d., pour remplissage de la digue,
près l'île de Chatou.

300 » »

1er novembre.—A Eux, pour payement
de 3,040 l. 11 s., pour
moellons.

640 11 »

6 décembre.—A Eux, pour payement
de 5,197 l. 10 s., pour
12,300—3/4 de moellons.

1,797 10 »

Id.—A Charruel, couvreur, pour
payement de 422 l. 3 s., pour
la couverture de la nouvelle forge.

122 12 3

Id.—A Mathelin, pour payement
de 153 l., pour transport de terre.

53 » »

13 décembre.—A Frades et Devienne,
pour payement de 300 l.,
pour voitures de glaise.

100l. »s. »d.

20 décembre.—A Eux, pour payement
de 2,499 l., pour moellons
fournis.

999 » »

27 décembre.—A Lamontagne,
pour payement de 938 l. 14 s.,
pour plates-bandes.

438 14 »

Id.—A Menoist, pour payement de
1,998 l. 5 s., pour fers.

398 5 »
En outre:

Octobre 1682.—A Boudet, sur les
tuyaux de fer de fonte, qu'il doit
livrer pour la machine de la rivière
de Seine.

17,300 » »

Au sieur Desvaugoins, sur les
tuyaux pour la nouvelle machine
de la rivière de Seine.

92,200 » »

Au sieur Lebreton, sur les
tuyaux pour la nouvelle machine
de la rivière de Seine.

2,000 » »

A Lahaye, id.

5,500 » »

A Coulon, id.

1,000 » »

Année 1683.

ORDRES DU 10 JANVIER 1683 AU 2 JANVIER 1684.

A Laporte, Aubert, charpentiers;—Raffront, maçon;—Frades, maçon;—Devienne, maçon;—Noiret, serrurier;—Menoist, serrurier;—Allan, marchand de charbon;—Grey-Spa;—de Ville, ingénieur;—Hardel, terrassier;—Bourienne, id.;—Gondaut, charron;—Devaux, voiturier;—Martin, terrassier;—Caron, arpenteur;—Lejongleur, pour les eaux;—Arnault, pour loyer;—veuve Raffront, id.;—Duvivier, Decoste, maçons;—Benoist, terrassier;—Montoque, id.;—Marchand, paveur;—Mathelin, terrassier;—Langlois, cordier;—Berlin, paveur;—Delaunay, Richard, terrassiers;—Lahaye, plombier;—Morel, serrurier;—Louchard, cordier;—Rousseau, charron;—Langlois, cordier;—Remy, fontainier;—Paul et Rankin-Sualem, charpentiers;—Sianne, id.;—Miché, menuisier;—Mathieu, plombier;—Desyaugoins, fabricant de tuyaux,—Godefroy, briquetier;—Masson, serrurier;—Laharpe, plombier;—Esmery, id.;—Boileau, marchand de fer;—Pernolle, id.;—Bourbonnais, pour un soufflet de forges;—Nicolle, terrassier;—Levasseur, id.;—Charruel, couvreur;—Delbert, plombier;—Bachelart, voilurier;—Duval, serrurier;—Simon, maçon;—Malin et Vaillant, marchands de fer;—Crosnier, terrassier;—Lambotte, mécanicien;—Viart, terrassier;—Noël, serrurier;—veuve Lavier, menuisier;—Vivret, marchande de toiles;—Namurois, serrurier;—Pays, corroyeur;—Baumont, terrassier;—Racine, id.;—Belier, id.;—Renault, serrurier;—Lapoterie, marchand de fer;—Sauvage, id.;—Gervais, serrurier;—Guessard, id.;—Ansaume, maçon;—Desjardins, tailleur;—Chenet, chirurgien;—Lucas, plombier;—Duremar, serrurier.

Sommes. 858,228l. 15s. 6d.

A Frades et Devienne, pour payement
de 2,025 l., pour le transport
des sables provenant de
l'atterrissement qui s'est fait
au-dessous de la machine dans la
rivière de Seine.

75l. »s. »d.

A Menoist, pour payement de 948 l.
13 s., pour fers par lui fournis.

348 13 »

A Allen, pour payement de 1,308 l.
4 s., pour fournitures de charbon
de terre.

808 8 »

A Hardel, pour payement de 895 l.
8 s. 4 d., pour pavage qu'il a fait
au rétablissement du grand chemin.

95 8 4

A Haffront, pour payement de 5,109l.
5 s. 10 d., pour maçonnerie au
deuxième puisard.

359 5 10

A Noiret, pour payement de 7,674 l.
1 s. 6 d., pour fournitures de fers
de pieux.

474 1 6

A Marchand, pour payement de
3,229 l. de pavés.

729 » »

A Frades et Devienne, pour payement
de 1,747 l. 17 s. 6 d., pour
moellons et libage.

947 17 6

A Montagne, pour payement de
1,369 l. 4 s. 4 d., pour ouvrages
de fer.

469 4 4

A Frades et Devienne, pour payement
de 2,892 l. pour transports
de terre.

72l. »s. »d.

Aux soldats suisses, qui ont fait des
fascines et travaillé.

123 13 6

A Bourienne, pour payement de
2,736 l. 14 d., pour fouilles au
deuxième puisard.

86 14 6

A Marchand, pour payement de
3,229 l. 8 s., pour pavés.

500 » »

A Noiret, pour payement de 1,604 l.
6 s. 6 d., pour fouilles.

304 6 6

A Charuel, pour payement de 439 l.
7 s. 6 d., pour couverture.

39 7 6

A Boileau, pour payement de 6,911 l.
16 s. 8 d., pour gros fer du
Nivernois.

411 16 8

A Nicole, pour payement de 1,578 l.
3 s. 4 d., pour fouilles au canal.

78 3 4

A Mathelin, pour payement de
10,453 l. 18 s. 10 d., pour
transport de terre.

453 18 10

A Frades et Devienne, pour payement
de 3,344 l. 5 s., pour moellons.

1,044 5 »

A Martin, pour payement de 4,642 l.
7 s. 9 d., pour tranchées au bord
du nouveau canal.

342 7 9

A Richard, pour payement de 2,684 l.
7 s. 9 d., pour cuivres.

184 7 9

A Frades et Devienne, pour payement
de 2,430 l. 45 s., pour moellons.

830l. 15s. »d.

A Duremar, pour payement de 7331l
5 s. 6 d., pour appuis de fer.

133 5 6

A Berlin, pour payement de 500 l.,
pour démolition.

200 » »

A Frades et Devienne, pour payement
de 2,089 l. 10 s., pour moellons.

689 10 »

A Pays, corroyeur, pour payement
de 360 l., pour cuirs de vache.

210 » »

A Berlin, pour payement de 819 l.,
pour 1,900 1/2 de moellons.

419 » »

A Spa, pour payement de fers corroyés
fournis par lui, montant à
27,742 l. 14 s. 11 d.

142 14 11

A Raffront, pour payement de 700 l.,
pour l'atterrissement qui s'est fait
par derrière les coursières de la
machine.

50 » »

A Lacoste, pour payement de 5,506 l.
10 s., à quoi montent 1,217 toises
1/2 de tuyaux de 8 pouces, relevés
et posés a la conduite du Chesnay,
459 toises 1/2 id. de 8 pouces,
à celle depuis les Moulins de Louveciennes
jusqu'au regard du chemin
de Versailles, à 50 s. la toise,
et 328 toises 1/2 d'un pied, id. à
14 l. la toise, et 600 l. de gratification
à cause de sa diligence.

656 10 »

A Renault, pour payement de 1,516 l. 12 s. 9 d., pour serrurerie.

572l. 16s. 9d.

A Bourbonnais, pour payement de
938 l. 17 s., pour serrurerie.

50 17 »

A Spa, pour payement de 3,140 l. 11 s., pour serrurerie, pour
l'entretien des mouvements de
la machine.

1,140 11 »

A André Pernelle, pour, payement
de 1,053 l. 10 s., pour serrurerie.

153 10 »

A Desjardins, tailleur d'habits, pour
vingt et un juste-au-corps de toile,
pour les charpentiers de la machine.

31 10 »

A Thevenet, chirurgien, pour avoir
pansé les ouvriers blessés de la
machine, depuis le mois de juillet
jusqu'au mois d'octobre.

90 » »

Le sieur de Ville fait venir beaucoup de fers et de
mécaniques de Liége.

Lejongleur fait les aqueducs pour conduire l'eau de
la machine de la rivière de Seine.

Année 1684.

Recette:

De M. Etienne Jehannot, sieur de Bartillat, garde du trésor royal, la somme de 6,000 l. pour délivrer au sieur de Ville, gentilhomme liégeois, par gratification, en considération de ses soins pour la construction de la machine de la rivière de Seine, pour la présente année.

Parfaits payements.

16 janvier 1684.—Au sieur Desvaugoins, 20,000 l. pour
avec 64,366 l. 16 s. 9 d. contenus en l'ordre de parfait
payement du 28 mars 1683, pour 2,529 toises
1 pied 1/4 de tuyaux de fer de fonte de 8, 6 et 4 pouces
1/2 de diamètre; 43,400 l. qui lui ont été ordonnancées
à-compte depuis le 21 février jusques et compris
le 3 octobre 1683, et 4,833 l. 3 s. 3 d. qui lui
sont retenus pour la garantie pendant une année, faire
le parfait payement de 132,600 l., à quoi montent
5,099 toises 1 pied de conduites de fer de fonte qu'il a
fournies pour la machine de la rivière de Seine, en
1682 et 1683.

20,000l. »s. »d.

23 janvier 1684.—A Lacoste, 1,254 l. 14 s., pour fournitures
de cuirs, vis et mastic, pour la
machine de la rivière de Seine, et déposage et reposage de plusieurs
conduites de tuyaux en 1683.

1,254 14 »

23 juillet 1684.—A Lejongleur, 1,400 l. pour avec 5,600 l. qu'il
a reçues faisant le parfait payement
de 7,000 l. à quoi ont été
fixés les ouvrages du regard de
pierre de taille qu'il a faits proche
Marly, pour recevoir les eaux de
la machine.

1,400 » »

Fonds libellés.

14 décembre 1684.—Au sieur
de Ville, 6,000 l. par gratification
en considération de ses soins
pour la construction de la machine
de la rivière de Seine.

6,000l. »s. »d.

OUVRAGES DE LA MACHINE DE LA RIVIÈRE DE SEINE.

Maçonnerie.
1684.—DU 9 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.

Donné à Martin Caumont et Anseaume,
Raffront, Decotte, Simon,
Bertin, Jean Couturier de
la Chaussée, Denis Gérard,
Drouilly, Mouffle, Frades, Saint-Allard,
de la Rue, Lejongleur,
Lecerf, Lefébure.

Somme. 141,832 18 »

Remarques.

De Cotte, entrepreneur, construit la tour.
Charpenterie.
DU 9 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.

A Laporte et Aubert, Langlois,
Paillard, Charles Fournet.

Somme. 117.005 5 »
Couverture.
DU 26 MARS AU 19 NOVEMBRE.

A Dimanche-Charruel.

Somme. 4,070 12 6
Menuiserie.
LE 23 JUILLET.

A Milot, menuisier, à-compte de
ce qu'il a fait au grand puisard
de la machine de la chaussée.

200l. » »
Ouvrages de fer.
DU 9 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.

A Namurois, Noiret, Morel, Noël, Renault, Dezenstres, Bourbonnais,
Ladoireau, Gervais, Delbert,
Spa, Martin, Vaillant,
Thomas Delaunay, Claude Montagne,
Pernelle, Marlin, Massot,
Boileau, Fordin, Boutté, Duval,
Cucu, Pilon.

Somme. 150,096 13 11
Ouvrages de cuivre.
DU 16 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.

Au sieur Lerond, bourgmestre de
Liége, Delbert, Noiret.

Somme. 30,874 4 8
Remarques.

Le sieur Lerond, bourgmestre de
Liége, reçoit 3,000 l. à-compte
pour deux cents corps de pompes,
qu'il fait pour la machine de la
rivière de Seine.

Pavé.
DU 26 MARS AU 24 DÉCEMBRE.

A Georges Marchand, Lecerf, Lefébure,
Petit-Jean.

Somme.11,952l. 10s. »
Plomberie.
DU 9 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.

A Lucas, Laharpe.

Somme.38,269 14 »
Fouilles de terre.
DU 16 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.

A Jean Crosnier de Luciennes, Debecq
et Beaumont, Martelin,
Jean-Baptiste Crosnier, Bachelart,
Racine, Deber, Lefébure,
Aubé, Rufron, Michel, Gautier,
Audiger, Bertin, Cherly, Léger.

Somme.24,375 11 1
Ouvrages extraordinaires.
DU 9 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.
Somme.22,0909 9
Ouvriers à journées.
DU 9 JANVIER AU 24 DÉCEMBRE.
Somme.19,1535 7
Année 1685.
Parfaits payements d'ouvrages de maçonnerie et terrasses.

7 janvier.—A Guillaume Poullier,
943 l. 5 s., pour payement de
2,243 l. 5 s. pour maçonnerie
aux murs qui portent les tuyaux
où passent les eaux provenant de
la machine.

943l. 5s. »
Gratifications.

20 mai.—A Rennequin-Sualem,
charpentier liégeois, en considération
de ses voyages extraordinaires.

300 » »
Machine de Marly.
DU 31 DÉCEMBRE 1684 AU 26 AOÛT 1685.

A de Cotte, entrepreneur, à-compte
de la maçonnerie qu'il fait à la
tour de la machine de la rivière
de Seine.

17,500 » »
Clôture de la machine.
DU 17 JUIN AU 21 OCTOBRE 1685.

A Michel Crosnier, pour payement
de pierres, pour la construction
d'un puits derrière le réservoir,
à mi-côte.

870 10 »
Maçonnerie et couverture.
DU 28 JANVIER AU 16 DÉCEMBBE 1685.

A Jean de la Rue, maçon, à-compte
des ouvrages du magasin et aux
murs de terrasse des rigoles,
près les grands chevalets, et des
couvertures de tuiles aux forges.

21,050l. » »
Massifs de maçonnerie derrière les murailles du réservoir à mi-côte.

A Duvivier, pour payement.

2,536 13 4
Moellons pour la digue de l'île Bautier et la grande digue.
DU 21 JANVIER AU 9 DÉCEMBRE 1685.

A François Berlin, carrier; Jacques
Raffront, id.;—Antoine Hémont,
id.;—Gaspard Hémont,
id.;—J. Frades,—J. Darneville.

Somme.15,8371 »
Parfaits payements de la maçonnerie et moellons pour la machine.

21 janvier.—A Lerouge, carrier,
pour payement de moellons,
pour l'île de la Chaussée.

104 3 4

A Étienne Potier, id.

137 10 »

28 janvier.—A Lecerf, pour payement du quai sur l'île Gautier.

93 15 »

A Ballet, pour payement de
pierres dures de Nanterre,
pour la grande digue.

194 » »

A Binet, id.

58 » »

25 février.—A Lerouge, pour
payement de moellons, pour l'île
Gautier.

101l. 5s. »

11 mars.—A G. Raffront, pour
payement de chaux, pour le mur
proche la tour.

56 168

A Rousselet, pour payement
de moellons au quai de l'île
la Loge.

27 » »

1er avril.—A Lejongleur, pour
payement de 4,745 l., pour
tuyaux de grès aux aqueducs des
eaux de Prunay, près la machine.

1,345 » »

8 avril.—A Lecerf, pour payement
de moellons, à l'île Gautier.

408 10 »

A Roussel, id.

27 » »

23 avril.—A Leau, terrassier,
pour aplanissement près la tour.

63 » »

6 mai.—A Laroue et Crosnier,
pour payement de moellons.

134 » »

27 mai.—A Duvivier, pour payement
de 16,386 l. 10 s., pour
ouvrages de maçonnerie.

1,986 10 »

15 juillet.—A Laroue, pour payement
de chaux.

351 15 »

29 juillet.—A Jean, pour payement
de moellons.

40 » »

7 octobre.—A Périgord, pour
payement de moellons.

4710 »

A Jean, id.

42 10 »

A Laroue, pour payement de
chaux.

245 l. » »

A Julien, id.

30210 »

A Potier, pour payement de
moellons.

4476

18 novembre.—A Lebaille, pour
payement de pavé tiré dans les
rigoles du côté des Graissets.

25 » »

A Lecerf, Lefébure, Lejongleur,
Hémont, Roussel,
pour payement de maçonnerie.

2,0845 »
Terrasses.
DU 7 JANVIER AU 25 NOVEMBRE 1685.

A Gautier, pour les terres enlevées
le long du réservoir, à mi-côte.

67792
Rigoles et parterre sur la terrasse du pavillon.

23 avril.—A Jean Léger, pour
payement de ses ouvrages.

74915 »
Terrasses.
DU 7 JANVIER AU 11 NOVEMBRE.

A Cherfils,—Audiger,—Levau,
—Gosset,—Horin,—Morille,
—Hémont, terrassiers.

Somme.11,287 » 11
Chevilles et coyaux pour les roues de la machine.

16 juillet.—A P. Sauvage et Leclerc.

24818 »
Nettoyement, maçonnerie et moellons.
DU 15 JUILLET AU 16 DÉCEMBRE.

A Michel, de la Rue, Hémont

10,960 l. 14 s. 2 d.
Charpenterie.
DU 31 DÉCEMBRE 1684 AU 16 DÉCEMBRE 1685.

A Raoul de Pierre, dit Laporte, et
Jacques Aubert, charpentiers,
pour les bois employés dans divers
endroits de la machine

8,860 » »

A Mallet, Roussel, charpentiers, pour id.

8,31411 10
Couverture.
DU 14 JANVIER AU 2 DÉCEMBRE 1685.

A la veuve Dimanche Charruel

10,390 7 »
Menuiserie.
DU 12 AOÛT AU 16 DÉCEMBRE.

A Dubois, Bourdon, Massa.

Somme.3,220 » »
Serrurerie.
DU 31 DÉCEMBRE 1684 AU 21 OCTOBRE 1685.

A Fordrin,—Boutet,—Rouillé,
—Landry,—Renault,—Corvieux,
—Noël,—Morel,—Montagne,—Cucu,
Maslin et Vaillant,—Menoist,—Dezeustres,
—Boileau,—Noiret,—Georges de Spa,
—Longuet,—Darche,—Michel.

Somme.146,2236 11
Ouvrages de cuivre.
DU 15 JANVIER AU 2 DÉCEMBRE 1685.

A Nicolas de Nainville;—Jean Lefond,
bourgmestre de Liége;—Mathieu
Delbert,—Joseph
Royer;—François Namurois.

Somme.73,142l. 6s. 10d.
Plomberie.
DU 14 JANVIER AU 2 DÉCEMBRE 1685.

A Jacques Lucas

32,191 117
Ouvrages de goudron.
DU 31 DÉCEMBRE 1684 AU 16 DÉCEMBRE 1685.

A Michel Deschamps,—Vinant
Allen,—Nicolas de Gomas,—Philippe
Hormoire,—Calfatiers,—pour
payement des ouvrages
de goudron qu'ils font aux grands
chevalets de la machine de la
rivière de Seine

36,076 10 »
Cuirs de vache.
DU 7 JANVIER AU 2 DÉCEMBRE 1685.

A Proust et Julien Pays, pour cuirs
de vache venus de Liége

2,675 » 6
Loyers de maisons.

7 janvier.—A Thomas Chevalier,
successeur d'Arnault, 125 l.,
pour le loyer de sa maison occupée
par l'ancien logement du
sieur de Ville: une forge, une
écurie, le modèle et le logement
de Rennequin pendant le quartier
d'octobre 1684

125l. » s. » d.

A Gilles Raffront, 150 l., pour
le loyer de sa maison, occupée
par le magasin et
deux forges de la machine,
pendant les quartiers de juillet
et d'octobre 1684

150 » »

A Nicolas Malherbe, 22 1.
10 s., pour le loyer de sa
maison, occupée par Jean Beltier piqueur à la machine,
pendant le quartier
d'octobre 1681

22 10 »

8 avril.—A Chevalier, pour le
loyer de sa maison, pendant le
quartier de janvier 1685

125 » »

A la dame Duchannoy, 36 l.,
pour le loyer de son pressoir,
occupé par les chevaux
du sieur de Ville, à la machine,
pendant une année

36 » »

26 avril.—A Raffront, 75 l, pour
le loyer de janvier

75 » »

15 juillet.—A Chevalier, pour le
quartier d'avril

125 » »

A Raffront, id.

75 » »

A Malherbe, id.

22 10 »

18 novembre.—A Chevalier, pour
le quartier de juillet

125l. » s. » d.
Ouvrages extraordinaires de la machine de la rivière de Seine.
DU 31 DÉCEMBRE 1684 AU 16 DÉCEMBRE 1685.

A Duchemin, charron;—J. Crosnier;—Pierre
Brady;—J. Leclerc;—P.
Potier;—E. Langlois;—Alexis
Mercier;—M. Lecerf;—Henri
Lenormand, batelier;—V.
Frades;—N. Maillot;—C.
Lefébure;—Sauvage;—Boucault;—Massa,
menuisier;—Cotillon;—Saintard;—Marchand;—C.
Caron, arpenteur;—Chambon;—Gaumont;
Ricy;—Paul Sualem,—Boursin;—Proust;
—Fosset;—Grandhomme,
chirurgien;—Tournay;—Paillard;—Thévenet,
chirurgien,—Pinault;—Bara.

Somme.7,245 18 6

A remarquer:

Pierre Brady mène dans une voiture
un modèle de manivelle de
Paris à Maubeuge et de Maubeuge
à Chimay.

Pavés
et moellons dans le îles,
proche la machine et
à la machine.
DU 25 MARS AU 9 DÉCEMBRE 1685.

A Sylvain Mercier,—Léonard Lamoureux,—Ant.
Gargot,—Fr.
Legrand,—G. Marchand,—Fr.
Vatel.

Somme.10,056 l. 14 s. 2 d.
Ouvriers à journées.
DU 31 DÉCEMBRE 1684 AU 16 DÉCEMBRE 1685.

Aux ouvriers qui ont travaillé à la
construction et entretien de la
machine de la rivière de Seine.

29,235 9 3
Clôture de la machine.
DU 11 MARS AU 16 DÉCEMBRE 1685.

A J. Fay, pour les ouvrages de
clôture

22,900 » »
Réservoir de Louveciennes.
DU 11 MARS AU 16 DÉCEMBRE 1685.

A Jean Bailly et Louis Rocher, pour
ouvrages de maçonnerie

180,000 » »
Vitrerie dans les puisards et aux magasins de la machine.
DU 20 MAI AU 16 DÉCEMBRE 1685.

A Cl. Cossette

300 » »
Menuiserie à la cour de la machine.

1er juillet.—A Michel Dubois

300 » »
Grosse peinture.

21 octobre.—A J.-B. Fauconnier,
pour ouvrages de peinture aux
portes et croisées des magasins
et puisards

160 l. » s. » d.
Cordages pour les équipages des puisards.

4 novembre.—A E. Langlois,
cordier

150 » »
Bois de provision pour les magasins de la machine.

18 novembre.—A Ragalus, marchand

300 » »
Année 1686.

Recettes:

17 janvier.—Du sieur de Bartillat, garde du trésor
royal, 6,000 l., pour délivrer au sieur de Ville, gentilhomme
liégeois, pour gratification en considération
de ses soins pour la construction de la machine de la
rivière de Seine pendant l'année 1685.

6,000l. » »

6 février.—Du sieur de Bartillat, 7,723l. 7 s. 9 d.,
pour employer au remboursement des terres, vignes
et autres héritages appartenant à divers particuliers
occupés par l'aqueduc qui conduit les eaux des sources
de la Celle et de Bougival au premier puisard de la
machine de la rivière de Seine, en la largeur d'une
perche sur toute la longueur pour le fond.

8 février.—Du sieur de Bartillat, 120,533 l. 6 s., pour
employer au remboursement du prix principal et non-jouissances
des terres, prés, bois et vignes appartenant
à divers particuliers, lesquels sont occupés par
la grande pièce d'eau que Sa Majesté a ordonné être
faite l'année dernière dans les hauteurs de Louveciennes;—par
les deux rigoles faites dans lesdites
hauteurs qui conduisaient les eaux dans les étangs des
Graissets;—par les quatre étangs des Graissets;—par
les bois plantés dans les plaines du Trou-d'Enfer
et dans les hauteurs de Rocquencourt;—par l'avenue
qui conduit de Versailles à Saint-Germain depuis Rocquencourt
jusqu'à l'étang de Béchevet;—et par l'espace
qui est entre ladite avenue et les murs du Grand-Parc;—par
les terres occupées par la grande pépinière
qui est au-dessus de Rocquencourt:—par les rigoles
qui conduisaient les eaux des hauteurs de Rocquencourt
dans les étangs des Graissets;—par l'aqueduc
qui conduit les eaux de la machine au réservoir du
Chesnay;—et par une partie de l'aqueduc nouvellement
fait pour conduire les eaux de la machine dans
le réservoir de la butte de Montbauron, jusqu'à l'endroit
du puits de l'angle qui est au-dessus du Chesnay;—et
encore pour l'indemnité du droit de dimes et les
non-jouissances qui étaient dues aux sieurs de Luciennes,
comme gros décimateurs dans la paroisse sur
cinq cents arpents de terre labourable et vignes qui
sont occupés par les travaux que Sa Majesté a fait faire
dans les hauteurs de Marly, de Luciennes, et dans
l'enceinte de la machine.

12 juillet.—Du sieur de Bartillat, pour délivrer au sieur
de Ville, par gratification, en considération des soins
qu'il a pris pour la construction de la machine de la
rivière de Seine

100,000 l. » »

Dépenses.

Fonds libellés.

27 janvier 1686.—Au sieur de
Ville, gentilhomme liégeois, par
gratification, en considération de
ses soins pour la construction de
la machine de la rivière de Seine
pendant l'année dernière

6,000l. » »

17 février.—A divers particuliers
pour le remboursement des terres,
vignes et autres héritages
à eux appartenant, occupés par
l'aqueduc qui conduit les eaux
des sources de la Celle et Bougival
au premier puisard de la
machine de la rivière de Seine

7,723 79

A divers particuliers, pour
remboursement du prix
principal et non-jouissances
des héritages occupés par
les quatre étangs des Graissets
et autres travaux faits
sur les hauteurs de Luciennes

120,533 6»

28 juillet.—Au sieur de Ville, par
gratification, en considération des
soins qu'il a pris pour la construction
de la machine de la rivière
de Seine

100,000»»

27 octobre.—A Noël, serrurier,
à-compte des tréteaux de fer pour
les conduites de tuyaux dans
l'aqueduc sous la tour de la machine

800l. » »

A Lahaye, plombier, à-compte
des tuyaux de 6 pouces posés
dans le deuxième puisard
de la machine au haut
de la montagne de Luciennes

2,400»»

Au sieur Mezeret, greffier de
l'écritoire, à-compte du travail
aux toisés d'ouvrage de
la machine de Marly

400»»

A Morel, serrurier, sur les fers
d'équipages aux pompes du
deuxième puisard de la machine

300»»

1er décembre.—A Menoist, marchand
de fer, à-compte des chevrons
de fer de la machine

800»»

A Aubert, charpentier, à-compte
des pieux qu'il a
fait battre pour contre-garder
les îles, et à la chute
de la grande digue de la
machine

3,100»»

A la veuve Lemaire, fondeur,
pour payement de deux robinets
pour la conduite des
eaux de la machine

237l. 16 s. »

A Bertin, pour moellons à la
machine

600»»

A Mathieu, fondeur,à-compte
des tambours, tuyaux coudés
et passières de cuivre,
fournis pour les mouvements
de la machine

600»»

Au sieur Desvaugoins, sur les
tuyaux de la machine

1,000»»
Payements d'ouvrages de maçonnerie et terrasses.

A Aubrat, entrepreneur, pour payement
d'un bout d'aqueduc qui
sert de communication du puits
de l'Angle aux grands aqueducs
venant des Graissets

390»»

A lui,—pour payement de 1,597 l.
10 s. à quoi montent le gravoillage
pour poser le ciment aux
aqueducs venant du regard au-dessus
des étants des Graissets

17 10»
Aqueduc pour la communication des deux proche le puits de l'Angle.

Du 29 septembre au 22 décembre.—A
Lafosse, sur l'aqueduc pour
la décharge des eaux de la machine
de la Chaussée

950»»
Gages payés par ordonnance.
DU 6 JANVIER 1686 AU 18 JANVIER 1687.

A Rennequin-Sualem, charpentier
liégeois, employé à la machine.

1,800 l. » »

A Miché, menuisier liégeois, employé
à la machine.

720»»

A Monget, qui a soin d'apporter la
hauteur des eaux de la machine.

900»»
MACHINE DE MARLY.
Maçonnerie.
DU 3 MARS AU 8 DÉCEMBRE 1686.

A J. Delarive,—à J.
Fay,—à J. Frades,—à Ant. Hémon,
—Bailly-Lamoureux,—Pottier.

Somme.21,902 176
Terrasses.

A J. Chapeau,—Depautre,—Cherfils.

Somme.7,32710»
Charpenterie.

A Raoul de Pierre et J. Aubert,—Laporte,—Claude
Garde,—Nicolas Roussel.

Somme.23,75716»
Couverture.

A Étienne Yvon.

1,100»»
Menuiserie.

A Nicolas Dubois,—Elisabeth Breton,—Gilles
Massa.

Somme.6,691 l. 2 s. 8 d.
Ouvrages de fer.

A J. B. Boileau,—Cormieux,—J. Rouillé,—F.
Michel,—d'Arche,—Guerreau,—Noël.

Somme.8,732 3 9
Manivelles.

A J. Proust,—G. Longuet,—J. Longuet,—C.
Jean,—A. Fordrin
et Boulet,—F. Pasquier,—P.
Noiret,—Menoist,—Th.
Cucu,—Morel,—V. Morel,—Renault.

Somme.132,0246»
Ouvrages de cuivre.

A J. Royer,—Dezeustres.

Somme.27,500»»
Plomberie.

A J. Lucas.

3,000»»
Ouvrages de goudron.

A M. Deschamps.

2,050»»
Braye.

A Clerx.

3492»
Chandelle.

A Haulmoire.

1,189 l. 1 s. 6 d.
Corps de pompe d'Aulne.

A Cimery.

112 76
Cuirs de vaches.

A J. Pays.

576»»
Loyers de maisons.

A Th. Chevalier,—Malherbe,—Raffront.

169 10»
Pavé.

A Georges,—Legrand.

4,360 1»
Ouvrages extraordinaires.

A divers ouvriers.

4,886 88

Ouvriers à journées.

19,71912»
Vitrerie.

A Cl. Cosset.

79 16 6
Grosses peintures.

A J.-B. Fauconnier.

210»»
Potin.

A Noiret.

7,922»»
Cordages.

A E. Langlois.

292 10»
Année 1687.

RECETTES.

De M. Gédéon Dumetz, garde du Trésor royal, 9,000 l.,
pour délivrer au sieur de Ville, savoir: 6,000 l. par gratification,
en considération des soins qu'il a pris de la
machine de la rivière de Seine pendant l'année dernière
1686, et 3,000 l. de pension extraordinaire que Sa Majesté
lui a accordées pendant les derniers mois de la
même année.

DÉPENSES.
Dépenses extraordinaires de Versailles.
DU 5 JANVIER AU 21 DÉCEMBRE 1687.

Au sieur de Ville, gentilhomme liégeois, pour achat et
frais de voiture de cinquante-un lauriers de Flandre,
pour Versailles.

1,274l. 10 s. »
Fonds libellés.
DU 9 JANVIER 1687 AU 19 JANVIER 1688.

Au sieur de Ville, 6,000 l., en considération
des soins qu'il a pris
de la machine de la rivière de
Seine pendant l'année 1686, et
3,000 l. de pension extraordinaire
pendant les six derniers mois de
la même année.

9,000l.»s. »
MACHINE DE MARLY.
Maçonnerie.

A Larue,—J. Fay,—J. Bailly,—Le
Boisselier.

121,960»»
Terrasses.

A Bourienne,—de Pautre,—Cherfils,—J.
Frades,—Hémont.

Somme.5,184l. 16 s. 3 d.
Charpenterie.

A Raoul de Pierre (dit Laporte),—J.
Aubert.

21,997 14»
Couverture.

A E. Yvon.

511 10 7
Menuiserie.

A M. Dubois,—Berton,—Nivet.

1,507145
Serrurerie.

A J. Rouillé.

3926»
Charbon.

A P. Dailly.

15410»
Fers d'équipages.

A F. Noël,—Longuet.

1,833 9»
Clous et cuirs forts.

A J. Proust.

2,836 19»
Manivelles.

A Longuet,—Gordrin.

2,34716»
Ouvrages de fer.

A M. Deseustres,—Noiret,—Menoist.

3,450»»
Entretien de la serrurerie de la machine.

A Renault,—Morel.

14,784l. 12 s. »
Ouvrages de cuivre.

A J. Royer.

28,630191
Plomberie.

A J. Lucas.

6,600»»
Goudronages.

A M. Deschamps,—Levasseur,
calfatiers.

2,576 17 4
Chandelles et pots à brûler.

A Haulmoir.

750»»
Vitrerie.

A Cossette.

1191»
Pavé.

A Renoult.

500»»
Peinture.

A Fauconnier.

120»»
Diverses dépenses.

A divers fournisseurs.

1,45421

Remis au sieur Lebegue, sur les réparations de la machine.

12,021»»
Cordages.

A Langlois, cordier.

310 10»
Ouvriers à journées.

A divers ouvriers.

17,4981»
Gages.

Au sieur Cochu, employé au toisé
des terres à la machine.

3,600 l. » »

Au sieur Rennequin-Sualem, employé
à la machine.

1,800»»

A Mauger, qui a soin d'apporter la
hauteur des eaux.

900»»

Au sieur de la Maison-Blanche, employé
au magasin de la machine.

900»»
Gratifications.

9 janvier.—A Gilles Lambotte et
Rennequin-Sualem, qui ont travaillé
aux pompes et à la machine
à cheval de Saint-Cyr.

115»»

9 janvier.—Au sieur Proust, courrier
de la poste à Liége, en considération
des soins qu'il a pris
des envois faits pour la machine
de Seine.

150»»
Année 1688.

Recettes.

De M. Étienne Jehannot, sieur de Bartillat, 12,000 l.
pour délivrer air sieur de Ville, savoir: 6,000 l. par
gratification en considération des soins qu'il a pris de
la machine de la rivière de Seine pendant l'année
1687, et 6,000 l. de pension extraordinaire que Sa Majesté
lui a accordées pendant la même année.

Fonds libellés.

25 janvier.—Au sieur de Ville, savoir: par gratification
en considération des soins qu'il a pris de la machine
de la rivière de Seine, et de pension extraordinaire que
Sa Majesté lui a accordée.

12,000l. » »

A la veuve Nicolas de Bise, pour
payement de la dépense du
changement et transport du
moulin à vent situé vis-a-vis
des piles du grand aqueduc
de la machine, et rétablissement
d'icelui a un autre endroit
des environs de Marly.

3,074 10»
Il résulte de ce relevé des dépenses
de la machine, qu'en
1681 et 1682 elles s'élevèrent à
923,55812  7  
  En 1683970,8281  11  
  En 1684713,7762  7  
  En 1685678,1835  6  
  En 1686415,18313  »  
  En 1687248,9577  9  
  En 16883,07410  »  
Total     3,953,561l.13s.4d.

NOTE Nº 2.

Il existe dans le cabinet de M. Dufrayer, directeur actuel de la machine, à qui nous devons l'établissement du nouvel instrument hydraulique de la Seine, un plan magnifique de l'ancienne machine de Marly.

Nous transcrivons ici le titre et la légende qui l'accompagnent. Ce titre est orné d'un très-bel encadrement et surmonté d'un portrait de Louis XIV, le voici:

VEUE DE LA MACHINE DE MARLY

qui élève l'eau de la rivière de Seine et de plusieurs sources, 535 pieds par des mouvements continuez, 530 toises de longueur pendant 700 toises de chemin.

Cette machine sert à embellir les maisons royales de Versailles, de Trianon, de Marly, et peut servir à Saint-Germain en Laye.

Elle a été construite par ordre du Roy, sur les projets et par la direction de M. le baron de Ville.

LÉGENDE.

Rivière neuve faite pour la navigation.
Ouvrages construits pour garantir les îles contre la rivière.
Iles.
Digues sèches pour entretenir les niveaux de la rivière et préserver les îles.
Grande digue qui barre l'ancien cours de la rivière.
Coffre pour renvoyer la chute de la rivière dans son ancien cours, et amortir l'impétuosité de la chute de la rivière du bas de la digue.
Digue sèche faite au travers des îles pour arrêter les grandes inondations et barrer un ancien bras de la rivière.
Épaulement contre les glaces, qui sert de soutien à la machine.
Éperon contre les glaces.
10ºCanal devant la machine où passaient anciennement les bateaux.
11ºCanal au-dessous de la machine.
12ºGrilles contre les glaces.
13ºPont des grilles.
14ºPont des vannes.
15ºToit qui couvre les équipages des vannes.
16ºHuit balanciers en bascule, qui élèvent l'eau de la rivière par le moyen chacun de huit corps de pompes, de sept pouces de diamètre et de cinq pieds de jeu.
17ºConduites posées crainte du feu, lesquelles arrosent toute la machine.
18ºVingt gros balanciers, ou varlets, qui tiennent aux manivelles, pour donner les mouvements aux chaînes.
19ºQuatorze roues de trente-sept pieds de diamètre.
20ºTreize rangées de balanciers, qui portent les mouvements des roues dans les puisards supérieurs et alternatifs.
21ºSept rangées de balanciers, qui portent les mouvements des manivelles aux puisards d'amy-côte et aux puisards des sources.
22ºEstacade pour guider les glaces sur la grande digue.
23ºMaison du contrôleur et magasin.
24ºChemin de Saint-Germain.
25ºLa forge d'en bas, d'amy-côte, avec les supérieures, la fonderie et le magasin.
26ºLes puisards d'amy-côte, et celui alternatif.
27ºPuisards des sources.
28ºRéservoir des sources.
29ºRéservoir d'amy-côte.
30ºPuisard supérieur, où il y a treize équipages qui font aller quatre-vingt-deux corps de pompes sur la tour.
31ºConduites qui portent l'eau sur la tour.
32ºRéservoir du baron de Ville.
33ºLa tour où sont portées les eaux de la machine.
34ºAqueduc qui conduit les eaux dans les réservoirs.
35ºPavillon, basse-cour et jardin de M. le baron de Ville.
36ºLes trois portes de la machine.
37ºRéservoir de Luciennes.
38ºRéservoir du Trou-d'Enfer.
39ºLes trois réservoirs de Marly.
40ºChemin de Versailles a Marly.
41ºChâteau de Marly.
42ºChapelle de Marly.
43ºLes douze pavillons de Marly.
44ºL'église de Marly, dite Saint-Vigor.
45ºLe Chenil.
46ºLes jardins de Marly.
47ºLe grand parc de Marly.
48ºLa maison et jardin de M. de Cavois.
49ºL'église et le village de Luciennes.

Cette machine a été inventée et exécutée par M. le baron de Ville, dessinée par Liévin Creuil, en 1688, gravée en 1708, et finie en 1716, par Pierre Giffart, graveur du roy. Elle se vend a Paris, chez ledit Giffart, rue Saint-Jacques, à l'Image Sainte-Thérèse, avec privilège du roy.

NOTE Nº 3.

Extrait du journal de Dangeau.

Tome Ier.—Mardi, 13 juin 1684.

Le roi et monseigneur allèrent a Marly, qu'on trouva fort avancé; ensuite on passa aux regards de M. de Ville, pour voir arriver les eaux.

Tome Ier.—Vendredi, 10 août 1685.

Le roi alla se promener à cheval à la machine de M. de Ville.

Extrait de la Gazette de France de 1682, page 358.

De Versailles, le 26 juin 1682.

Ces jours passez, le roy alla voir les travaux que le sieur de Ville, gentilhomme et échevin de Liége, fait faire sur la Seine afin d'élever l'eau de cette rivière quatre cent soixante-dix pieds de haut pour estre conduite ici, et la première épreuve en fut faite en présence de Sa Majesté avec beaucoup de succez.

NOTE Nº 4.

Vauban, chargé par le roi de visiter la machine de Marly, donne une instruction pour établir une estacade biaise devant la machine afin de diriger les glaces sur la grande digue, et pour refaire certaines parties des digues.

Cette instruction est signée de lui, et datée du 27 février 1684. Il y parle de de Ville comme chef de la machine.

Le devis, pour faire cette estacade, est signé par Pierre Delaporte, entrepreneur, et par le marquis de Louvois.

Ces deux pièces font partie des archives de la machine de Marly.

Nous devons la communication de ces pièces, et de toutes celles qui proviennent des archives de la machine, à l'obligeance de M. Dufrayer, directeur actuel, qui nous a permis de visiter un à un tous les cartons renfermés dans ces archives.

NOTE Nº 5.

Procès-verbal et état général des terrains situés dans les îles appartenant à divers particuliers et dont le roy a fait l'acquisition pour l'élargissement de la rivière neuve.

L'an mil six cent quatre-vingt-un, onzième jour de mai et jours suivants, je, Claude Caron, arpenteur ordinaire du roy, et la maîtrise des eaux et forêts de Saint-Germain en Laye, demeurant a Paris, rue de Jouy, paroisse Saint-Paul, de présent a Louveciennes, commis par Sa Majesté pour faire ces mesurages et arpentages, plans figurés et cartes des bois et terres dans l'étendue des environs de Versailles, dont Sa Majesté acquiert la propriété, me suis transporté suivant l'ordre de messire Jean-Baptiste Colbert, chevalier, etc., conseiller du roy, ordinaire, etc., sur la terre de Croissy, dans les îles côtoyantes le bras de la rivière de Seine, en présence de M. Lambert, architecte et contrôleur des bâtiments de Sa Majesté, qui m'avait montré et désigné les piquets qu'il avait fait planter pour élargir iceluy, pour faire un canal navigable à cause de la machine qui se devait construire dans la rivière pour élever l'eau au château de Versailles, afin de connaître a la suite ce qui aurait été pris par la fouille qui en sera faite par ledit élargissement, en conséquence de quoi j'ai mesuré, arpenté et levé le plan, tant dudit bras de Seine que des îles, prés et terres adjacentes, dont j'ai fait une carte et figures pour servir en temps et lieu.

Et le vingtième jour d'octobre et jours suivants, je me suis d'abord transporté aux susdits endroits (le canal étant entièrement fini et navigable), pour faire l'arpentage final de ce qui a été pris par ledit élargissement d'iceluy et ce qui est occupé par les terres et vidanges qui en proviennent et par le chemin fait pour le tirage des bateaux, tant sur la terre de la seigneurie de Croissy que dans les îles appartenant a plusieurs particuliers dont le roy acquiert la propriété afin de les en dédommager.

Et le douzième jour de janvier 1682 et jours suivants, je me suis pareillement transporté, suivant l'ordre de mondit seigneur, à la machine qui a été faite depuis ledit temps pour élever l'eau au château de Versailles, où étant, j'avais trouvé M. de Ville, ingénieur de ladite machine, avec ledit sieur Lambert, qui m'avaient montré et désigné les endroits où devaient passer les mouvements d'icelle, puisards et conduites des eaux jusques aux étangs des Gressets, comme aussi les rigoles et conduites des eaux de Bougival, Louveciennes et Prunay, qui descendent au premier puisard pour être enlevé avec l'eau de ladite rivière, afin de faire aussi l'arpentage des terres et vignes qui pouvaient être occupées, et considérer ces choses en l'état qu'elles pouvaient être, afin d'en faire au juste l'estimation, pour parvenir au remboursement que Sa Majesté en doit aussi faire; et auparavant de procéder, j'avais fait publier aux prônes des paroisses, afin d'avertir les particuliers a qui appartiennent lesdits héritages de venir montrer les limites et séparations d'icelles terres, tenants et aboutissants, et au défaut de plusieurs qui ne seraient comparus, j'aurais eu recours aux anciens habitants des lieux qui m'auraient fait la démonstration d'iceux, en même temps j'ai fait marquer les séparations desdites terres et ensuite mesurer et arpenter suivant la désignation qui en a été faite.

Et le quinzième jour de février 1683, je me suis d'abord transporté avec ledit sieur de Ville dans les îles de la rivière de Seine et les terres adjacentes de la machine, pour marquer l'étendue qu'il désirait être prise pour Sa Majesté étant occupée et partagée par l'augmentation des chevalets, puisards, réservoirs, aqueducs, conduites de tuyaux, bâtiments et autres travaux faits et iceux. Après avoir le tout considéré, j'aurais fait planter des piquets aux endroits marqués par ledit sieur de Ville, afin de faire l'arpentage et mesurage desdites terres, comme celles ci-devant, ce que j'aurais exécuté et aurais, après ledit mesurage, fait faire des fossés pour marquer la séparation des terres dont Sa Majesté acquiert la propriété dans celles qui restent aux particuliers suivant l'ordre dudit sieur de Ville, dont six pieds au delà dudit fossé appartenant pareillement à Sadite Majesté, qui ont été laissés pour servir de chemin et passage; de toutes et chacune desdites terres et autres héritages ci-devant déclarés, j'ai fait plan, et figures, le tout coté et par chiffres comme au présent procès-verbal, dont la teneur et déclaration en suit.

Suit le détail des différentes terres et leur contenance.

Extrait des archives de la machine de Marly.

NOTE Nº 6.

Pentes des rivières de Seine depuis 100 toises au-dessus de la pointe de Bezons jusques à la machine, dont toutes les pentes et les longueurs sont prises a l'égard desdites 100 toises.

Toises. Pieds. Pouces. Lignes.
100, pointe de Bezons»2»
130, milieu de l'ancienne digue de la pointe A»56
Id.ancienne rivière,—A»1»
200, milieu de la digue de Bezons.» 7»
Id.ancienne rivière»16
300, nouvelle»96
400, id.»116
500, id.1»4
600, id.112
700, id.12»
770, digue de la Morue15»
Id.ancienne rivière»4»
800, nouvelle158
900, id.166
1,000, id.18»
1,200, pointe de la petite île de Carrière194
1,400, petite porte des jardins de Carrière1108
1,600, nouvelle2»»
1,800, id.212
2,000, nouvelles perches pour le poisson224
2,200, nouvelle.23»
2,350, le dessus du pont de Chatou.236
2,400, milieu de la digue de Chatou.243
Id.ancienne rivière.1106
2,600, nouvelle.276
2,800, id.31»
3,100, milieu de la digue de Croissy.389
Id.ancienne rivière.21»
3,200, nouvelle.4»6
3,400, id.493
3,600, id.546
3,800, id.599
3,900, digue de la Chaussée.511»
Id.ancienne rivière.24»
4,000, nouvelle.61»
4,250, nouvelle vis-à-vis la machine.64»
Id.ancienne au-dessus de la machine.26»
Id.ancienne sous la machine.689
 Pointe de Bezons.»23
 Ancienne digue de la pointe, nouvelle rivière.»86
 Ancienne rivière.»»»
 Digue de Bezons, nouv. riv.»109
 Ancienne rivière.»»3
 Digue de la Morue, nouv. r.182
 Ancienne rivière.»»3
 Digue de Chatou, nouv. riv.1114
 Ancienne rivière.184
 Digue de Croissy, nouv. riv.412
 Ancienne rivière.218
 Digue de la Chaussée, n. r.622
 Ancienne rivière.226
 Nouvelle rivière vis-à-vis la machine.610»
 Ancienne rivière au-dessus de la machine.274
 Ancienne rivière au-dessous de la machine.714

Pentes des rivières de Seine, depuis 100 toises au-dessus de la pointe de Bezons, jusqu'à la machine, toutes lesdites pentes et les longueurs étant prises à l'égard desdites 100 toises.—La digue n'étant pas fermée.

Longueurs. Pieds. Pouces. Lignes.
100, pointe de Bezons, anc. riv.» 2»
Id. id. nouv. r. »2»
130, ancienne digue de la pointe, ancienne rivière.»1»
Id. ancienne digue de la pointe, nouvelle rivière.»5»
200, digue de Bezons, anc. riv.»16
Id. id. nouv. r.»7»
770, digue de la Morue, anc. riv.»4»
Id. id. nouv. r.15»
2,400, digue de Chatou, anc. riv.1106
Id. id. nouv. r.243
3,100, digue de Croissy, anc. riv.27»
Id. id. nouv. r.389
3,900, digue de la Chaussée; a. r.24»
Id. id. n. r.511»
4,250, Ancienne rivière au-dessus de la machine.26»
  Nouvelle rivière vis-à-vis la machine.64»
  Ancienne rivière au-dessous de la machine.689

Les divers devis pour les digues sont de l'année 1681, et signés de Colbert.

Extrait des archives de la machine de Marly.

NOTE Nº 7.

Les renseignements suivants ont été pris dans les archives de la machine de Marly:

1º La tour en pierre et l'aqueduc de Louveciennes ont été construits en 1684, sur les plans et sous la direction de Mansart. Les devis de ces constructions, signés de lui, sont aux archives de la machine.

2º Dans un rapport de M. Lucas, contrôleur de la machine, adressé en janvier 1784 à M. le comte d'Angeviller, on trouve l'observation suivante sur la cause qui fit élever la tour:

«Le point capital de l'établissement de la grande tour a été d'y monter l'eau de la rivière, afin de dominer tous les endroits où cette eau communique.»

3º Dans une note sur les contrôleurs, qui paraît aussi avoir été écrite par M. Lucas, on lit:

«M. Delespine père, contrôleur de la machine, l'a été environ quarante-quatre ans; il est entré au département de la machine en 1707, sous le règne de Louis XIV, et sous le gouvernement du chevalier Arnold de Ville, qui n'est mort qu'en 1722. Il était gouverneur (M. de Ville) depuis le commencement de la machine, et a été le seul qu'il y ait eu dans ce département.»

Et plus loin:

«Après M. Lambert, qui a été le premier contrôleur, c'est M. Cochu qui l'a remplacé. Il était ingénieur des fortifications que l'on faisait dans ce temps a Maubeuge, et c'est le chevalier de Ville qui l'a tiré de cet endroit pour le faire venir à la machine.»

4º En 1792, M. Gondouin, contrôleur, adresse à M. Laporte, intendant de la liste civile, un rapport dans lequel il fait l'historique suivant des officiers de la machine:

«Lors de la construction de la machine, en 1680, le sieur de Ville, mécanicien et inventeur de la machine, en fut nommé le gouverneur, avec 18 à 20,000 livres, et le logement du pavillon de Luciennes, occupé aujourd'hui par madame du Barry. Les sieurs Lambert, Petit et Cochu, successivement contrôleurs, jusqu'en 1683, eurent 4,000 livres d'appointements, et 1,000 livres de gratification. Le sieur Delespine père eut le même traitement jusqu'en 1742, où il fit recevoir son fils adjoint à sa place, et demanda que sur les 4,000 livres de traitement il en fût donné 1,000 livres a son fils. A la mort de M. Delespine père, le fils lui succéda jusqu'en 1749, et il n'eut plus pour appointements que 3,000 livres et 1,000 livres de gratification. Le sieur Tarbé succéda au sieur Delespine fils en 1749, avec les mêmes appointements jusqu'en 1754, où il obtint de commuer en pension sa gratification de 1,000 livres. Le sieur Lucas succéda au sieur Tarbé en 1768, et n'eut plus que 3,000 livres, sans aucune espèce de gratification, ce qui est mon traitement actuel.»

5º Les personnes qui attribuent à Rennequin l'invention de la machine donnent comme une preuve les faveurs du gouvernement envers sa famille; et ils racontent qu'une demoiselle Lambotte, presque centenaire, et petite-nièce de Rennequin, était logée aux bâtiments de la machine, et jouissait d'une pension prise sur les fonds affectés à l'entretien de l'établissement. On va voir par la lettre ci-après quelles étaient ces faveurs du gouvernement.

Lettre du sieur Lucas, contrôleur de la machine, à M. le comte d'Angeviller:

«Monsieur le comte,

»J'ai l'honneur de vous informer du décès de mademoiselle Marie-Benoist Lambotte, fille d'un ancien inspecteur de ce département, qui jouissait d'un petit logement dans les mansardes au-dessus de celui de l'inspecteur actuel, et d'une pension de 400 livres sur le trésor royal.

»Je suis, etc.»

C'était là une faveur que l'on accordait a toutes les femmes des employés de la machine morts en exercice.

NOTE Nº 8.

Renseignements sur de Ville et Rennequin, puisés dans divers ouvrages:

1º Curiosités de Paris, de Versailles, Marly, Vincennes, Saint-Cloud et ses environs, par Claude Saugrain; Paris, 1716.

Cette machine (de Marly) étonnante a été inventée par le chevalier de Ville, et n'a sûrement jamais eu de pareille dans le monde.

2º Nouvelle description des châteaux et parcs de Versailles et de Marly, par Piganiol de la Force; Paris, 1764.

La grosseur de ce volume, dit Piganiol, suffirait à peine pour en décrire la construction (de la machine), les mouvements et les effets. Peu de gens sont d'ailleurs capables de les comprendre, puisque M. de Ville assure qu'il n'a presque trouvé que feu M. le maréchal de Vauban qui, en voyant ce merveilleux ouvrage, en ait connu la plupart des effets.

3º Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, par l'abbé Expilly; Amsterdam, 1766.

Cette machine a été inventée par le chevalier de Ville.

4º État de la France.—Janvier 1708.

La machine de Marly, qui fournit d'eau de la rivière de Seine les châteaux de Marly, de Versailles et de Trianon.

M. le baron de Ville a le gouvernement et la direction de cette machine, lequel a d'appointements et de pension 12,000 livres.

Entretien de la ferrure des pistons et de la serrurerie des bâtiments, le sieur Lempérier.

Entretien des ouvrages de cuivre, le sieur Lemoine.

Entretien des couvertures des maisons dépendantes de la machine, le sieur Charuel.

Entretien des cuirs forts pour les pompes, le sieur Nolant.

Entretien de la maçonnerie, du moellon et cailloux des digues, le sieur Loison.

Entretien des vitres, le sieur Cosset.

Entretien du pavé des puisards, le sieur Regnout.

Un contrôleur, M. Delespine.

Un garde-magasin, le sieur Creté.

Un charpentier liégeois, le sieur Rennequin.

Les fêtes et dimanches, les Récollets viennent dire la messe à cette machine pour les ouvriers.

NOTE Nº 9.

L'ARRIVÉE DE LA SEINE AU CHATEAU DE MARLY.

Poëme, par M. Cassan, Mercure galant, année 1699.

L'auteur décrit d'abord le cours de la Seine avant son arrivée au château de Marly.—Au moment où le fleuve se resserre par suite des travaux d'endiguement, il décrit ainsi la machine:

Mais enfin son penchant lui faisant violence,
L'entraîne dans ce lieu, malgré sa résistance,
Et fait voir à la nymphe, au delà du tournant,
Le formidable objet d'un travail surprenant.
Comme on voit en hiver la forêt des Ardennes,
Quand la bise a fait choir le feuillage des chênes,
Et chassé les voleurs de tous les défilés,
Présenter ses vieux troncs qui paraissent brûlés;
Ainsi se voit de loin la machine effroyable,
Ouvrage de nos jours, qui paraît incroyable,
Avec tout l'attirail de son corps hérissé
De rouage et de ponts, l'un sur l'autre exhaussé,
Dont les bras, s'étendant vers le haut de la côte,
Meuvent les balanciers comme on voit une flotte,
Que la vague entretient dans le balancement,
Incliner tous ses mâts à chaque mouvement.
Quoi! dit-elle en voyant la machine étonnante,
Serai-je donc contrainte à poursuivre ma pente,
Et me faire rouer parmi tous les ressorts
Que je vois remuer par de si grands efforts!
Non, non, dit-elle alors, la nymphe de la Seine
Se mêlera plutôt avec l'eau qui l'entraîne,
Et, par son changement, saura bien éviter
Les outrages cruels qu'elle voit apprêter.
Ainsi dit, à l'instant elle se rend liquide;
Son corps va se mêler avec l'onde rapide,
Et, dans le fil de l'eau, tâche de s'allonger,
Croyant par ce moyen éviter le danger.
Mais en vain, car aux ponts cent pompes aspirantes
L'enlèvent de son lit à reprises fréquentes,
Et la livrent ensuite aux pistons refoulants,
Qui font pour l'enlever des efforts violents.
Alors par ces efforts elle sent qu'elle monte
Vers le haut du coteau dans des tuyaux de fonte,
Qui vont la revomir au prochain réservoir,
Où cent autres tuyaux viennent la recevoir.
Là, les pistons changeant leur manière ordinaire,
Pressent de bas en haut par un effet contraire.
Elle reçoit le jour pour la seconde fois,
Et reprend en ce lieu l'usage de la voix,
Pour se plaindre en passant du chevalier de Ville
Qu'elle voit sur sa gauche avec son air tranquille.
Qui t'oblige, dit-elle, avec ton art maudit,
A venir malgré moi m'enlever de mon lit?
A ces mots les pistons lui coupant la parole,
Le clapet la retient, s'ouvrant à tour de rôle,
Et la fait parvenir, après tant de détours,
Sur le haut du regard pour lui donner son cours.
De là sur l'aqueduc, sa pente naturelle
Lui fait prendre bientôt une route nouvelle.
Enfin elle descend par des tuyaux de fer
Dans un long réservoir appelé Trou d'Enfer.

Après cette description, le poëte la fait arriver dans les jardins de Marly, où, brillant d'un nouvel éclat, elle concourt à l'ornement des jardins du grand roi.

Ces vers sont reproduits dans le Mercure de France d'avril 1739.

NOTE Nº 10.

En 1681, Charles II d'Angleterre, sachant combien Louis XIV désirait avoir de l'eau à Versailles, lui envoya sir Samuel Morland, célèbre mécanicien anglais. Ce sir Morland fut d'abord employé par Cromwell à des missions diplomatiques. Après le rétablissement de Charles II sur le trône, il fut tout à fait dans les bonnes grâces du roi, qui le créa baronnet, gentilhomme de la chambre privée, et le nomma maître des mécaniques du roi. Il venait d'inventer une machine qui élevait l'eau de la Tamise jusqu'à la plus haute corniche du château de Windsor, quand Charles II, croyant faire plaisir au roi de France, lui envoya cet ingénieur. En 1683, Morland fut reçu par Louis XIV, dans son château de Saint-Germain, où il lui expliqua ses inventions. Il chercha à démontrer au roi qu'à l'aide d'une mécanique beaucoup plus simple et bien moins dispendieuse que la machine de Marly, il obtiendrait un résultat bien plus satisfaisant, puisqu'il avait la prétention de faire arriver d'un seul jet l'eau de la Seine sur les hauteurs de Louveciennes. Il paraît que ses démonstrations ne convainquirent pas le roi, puisque l'on n'en continua pas moins les travaux de la machine. Il fit un essai de son invention au château du président de Maisons; cet essai n'eut point un résultat favorable; il en explique la raison dans un ouvrage qu'il publia en 1685, intitulé:

Élévation des eaux pour toutes sortes de machines, réduites à la mesure, au poids, à la balance, par le moyen d'un nouveau piston et corps de pompe, et d'un nouveau mouvement cyclo-elliptique, en rejetant l'usage de toute sorte de manivelles ordinaires.—Paris, Michallet, 1685, in-4º.

Après avoir décrit sa nouvelle invention, il parle ainsi des explications qu'il fit devant Louis XIV:

«C'est par le moyen de cette nouvelle manière de piston, corps de pompe, et mouvement cyclo-elliptique, que l'on peut aisément, et en peu de temps, fabriquer une petite machine et la réduire à la mesure, au poids et à la balance, conformément aux démonstrations oculaires et convaincantes que j'ai eu l'honneur de montrer au roi, à Saint-Germain, en l'année 1683. Et cette machine, dont la construction ne montera pas à une grande somme, ni son entretien annuel à dix pistoles, peut pousser, par la force d'un cheval, tout le produit d'eau de la fontaine de la ville d'Avrée, jusqu'au haut du château de Versailles, d'ici à cent années, tout au long du grand chemin, dans un tuyau de plomb d'environ sept lignes de diamètre intérieur, et d'environ trois lignes et demie ou quatre d'épaisseur.»

Et plus loin, en parlant de l'essai qu'il fit au château de Maisons, il dit:

«Que si j'avais eu douze grandes roues pareilles, posées dans un bâtiment d'un moulin, semblable à celui de Maisons, la où la rivière de Seine aurait eu une pente de huit ou neuf pieds, j'aurais fait lever plus de deux mille pouces d'eau à la hauteur perpendiculaire de quatre cents pieds, par des machines qui auraient duré plus d'un siècle, sans avoir coûté cinq cents pistoles par année pour les entretenir.»

On voit ici une critique indirecte de la machine de Marly, dont l'entretien annuel était fort coûteux.

NOTE Nº 11.

Nous devons a l'obligeance de M. Parent de Rosan communication d'un travail manuscrit de M. Stanislas Bormans, archiviste de Liége, sur cette question controversée de l'auteur de la machine, d'où il résulte les faits suivants relatifs à de Ville.

De Ville, né le 15 mai 1653, était fils de Reynaud de Ville, bourgmestre de Ville. Il passa la plus grande partie de sa jeunesse chez les comtes de Marchin, seigneurs de Modave. C'est dans ce domaine qu'il fit exécuter, avec Rennequin, la machine dont la célébrité engagea Colbert à le faire venir à Versailles. Après la construction de la machine, il en fut nommé gouverneur, et, Louis XIV lui ayant fait construire une habitation, il resta en France. Mais il avait toujours les yeux tournés vers son pays, et, a la mort du dernier comte de Marchin, il acheta la terre des Modaves, dont il devint ainsi le seigneur, et y mourut le 22 février 1722.

M. Bormans a retrouvé dans l'église de Modave sa pierre tumulaire, portant l'inscription suivante:

Ci gist noble et illustre seigneur, Arnould de Ville, baron libre du Saint-Empire romain, seigneur des Modaves, etc., né le 15 mai 1653,—mort le 22 février 1722.

Il a retrouvé aussi son testament, dans lequel est ainsi consignée l'une de ses volontés:

J'ordonne que tous les ouvrages que j'ai composés, concernant les constructions de la machine de Marly, soient imprimés suivant mes desseins (sic) en grand.

Le dernier des comtes de Marchin, Ferdinand, vint en France à l'âge de dix-sept ans, après la mort de son père. Capitaine-lieutenant des gendarmes de Flandres, en 1673, on le voit s'élever de grade en grade jusqu'à celui de maréchal de France, qui lui fut conféré en 1703. Il est très-probable que, tenant déjà un rang distingué à la cour de France, il fit savoir à Colbert, qui recherchait partout les moyens de faire venir de l'eau à Versailles, l'établissement de la machine hydraulique exécutée dans son domaine de Modave, par de Ville et Rennequin. Il mourut sans postérité, à la suite d'une blessure qu'il reçut dans un combat près de Turin, le 7 septembre 1706. Ce fut à cette époque et par suite de l'extinction des comtes de Marchin, que le chevalier de Ville se rendit propriétaire du domaine des Modaves, et que probablement il reçut le titre de baron du Saint-Empire romain, attaché à quelques-unes des terres de ce domaine, achetées par le père du dernier comte de Marchin. Quoique devenu seigneur des Modaves, il n'en conserva pas moins le titre de gouverneur de la machine de Marly jusqu'à sa mort, arrivée le 22 février 1722.

NOTE Nº 12.

FAMILLE DE VILLE.

Anne-Léon de Montmorency, premier du nom, chef des noms et armes de sa maison, baron de Fosseux, seigneur de Courtalain, Bois-Ruffin, le Plessis, d'Arroue, etc., né en 1705, appelé le baron de Montmorency, successivement capitaine-lieutenant de la compagnie des gendarmes d'Anjou en février 1735, brigadier de cavalerie le 20 février 1743, capitaine-lieutenant des gendarmes de la reine en décembre 1744; maréchal de camp le 1er mai 1745; menin de feu M. le Dauphin en 1746; lieutenant général des armées du roi le 10 mai 1748; nommé chevalier de ses ordres le 2 février 1749; reçu le 25 mai suivant, et chevalier d'honneur de Madame Adélaïde, en octobre 1750, fille de feu Louis XV, a été nommé, le 21 octobre 1771, commandant en chef du pays d'Aunis.—Il a épousé: 1º le 11 décembre 1730, Anne-Marie Barbe de Ville, morte en couche le 13 août 1731, fille et unique héritière de feu Arnold de Ville, chevalier, baron libre du Saint-Empire romain, etc., gouverneur et directeur de la machine de Marly, dont il était l'inventeur, et d'Anne-Barbe de Courcelles; et 2º le 23 octobre 1752, Marie-Madeleine-Gabrielle de Charette de Montebert, d'une ancienne noblesse de Bretagne, veuve, en premières noces, de Louis de Serent, marquis de Kerfily, et en secondes, de Henri-François, baron d'Avaugour, comte de Vertus, etc.

Extrait du Dictionnaire de la noblesse, par de la Chesnaye-Desbois, tom. X, p. 411.

Ajoutez à l'article de Anne-Léon de Montmorency: Il épousa, le 11 décembre 1730, Anne-Barbe de Ville, morte à Paris le 13 août 1731, dans sa dix-neuvième année, fille d'Armand, baron de Ville, et d'Anne-Barbe de Courcelles, dont il eut [*] N. de Montmorency, né au mois d'août 1731.

Extrait de l'Histoire généalogique de France, par le P. Anselme, tom. IX, p. 417.

[*] Ce fils fut Anne-Léon de Montmorency, deuxième du nom, appelé le marquis de Fosseux, né le 11 août 1731; par son mariage en secondes noces avec Charlotte-Anne-Françoise de Montmorency-Luxembourg, le 21 septembre 1767, il a pris le titre de duc de Montmorency, que lui apportait sa femme.

Dictionnaire de la noblesse de la Chesnaye-Desbois, tom. IX, p. 411.

MORTS DANS LE MOIS D'AOUT 1731.

Le 13 de ce mois, dame Anne-Marie-Barbe de Ville, épouse de Anne-Léon de Montmorency, chef du nom et armes de la maison, premier baron chrétien en France, enseigne des gendarmes de Berry, seigneur de Courtalin, Bois-Ruffen, le Plessis-d'Arouë, le Poilay, le Vernay, les deux Modaves, de Biemrcé, de Banderesse, de Fermée, Termoyne, etc., mourut âgée de dix-huit ans sept mois.

Mercure de France, août 1731, p. 2044.

On lit dans les mémoires du duc de Luynes, à la date du mardi 2 mai 1739:

«Madame de Châteaurenaud a un frère qu'on appelle le baron de Montmorency, qui est celui qui avait épousé mademoiselle de Ville (M. de Ville était chargé de l'entretien de la machine de Marly et en était regardé comme l'auteur). M. le baron de Montmorency est veuf depuis quelques années.»

NOTE Nº 13.

Acte de baptême de Rennequin, ou mieux Renier Sualem, extrait des registres d'état civil tenus par les anciens curés de Jemeppe, province de Liége:

«29ª januarii 1645, baptisatus Renerus filius Renardi Sualem, et Catharinæ David, susc. Leonardo Alard et Anna Simon.»

Acte de décès de Rennequin, extrait des registres de l'état civil de la commune de Bougival, département de Seine-et-Oise:

«L'an de grâce mil sept cent huit, le lundy trentième de juillet, a esté inhumé dans l'église de Notre-Dame de Bougival le corps de deffunt René Soüalem, autrement dit Rennequin, premier ingénieur du roy à la machine et constructeur de la machine, mort d'hier à onze heures et demie du matin, âgé de soixante-quatre ans et demi, en présence de M. Levesque, curé, M. Lherminot, brodeur du roy, de M. Prévotel, vicaire de cette paroisse, qui ont signé: Lherminot, Levesque, Prévotel, Ricard.»

ÉPITAPHE GRAVÉE SUR LA TOMBE DE RENNEQUIN.
D. O. M.

«Cy-gissent honorables personnes sieur Rennequin Sualem, seul inventeur de la machine de Marly, décédé le 29 juillet 1708, âgé de soixante-quatre ans, et dame Marie Nouelle, son épouse, décédée le 4 mai 1714, âgée de quatre-vingt-quatre ans, laquelle, pour satisfaire à la dernière volonté dudit deffunct sieur Rennequin, son mari, a fondé à perpétuité en cette église de Bougival une messe basse tous les premiers lundys de chaque mois de l'année, un service complet le 29 juillet de chaque année, jour du déceds dudit deffunct, et vingt libéras pour être dits sur leurs sepulturs, scavoir les quatre grandes festes de l'année, les quatre principalles festes de la sainte Vierge, et les douze autres tous les premiers dimanches de chaque mois de l'année, à l'issue des vespres; à quoi les sieurs curé et marguilliers de l'œuvre et fabrique de ladite paroisse se sont obligés faire dire et célébrer mesme fournir les pain, vin, luminaire et ornements nécessaires, et ce, moyennant certaine sôme que ladite dame leur a payée, ainssy qu'il est plus au long porté par le contract passé devant Dupuis et Gervais, notaires au Châtelet de Paris, le 2 août 1710.

»Priez Dieu pour leurs âmes.»

VII


DÉTAILS INÉDITS

SUR LA MORT DE LOUIS XIV.

1715.

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Le lundi 26 août 1715, le roi Louis XIV venait de subir une opération douloureuse. Couché sur son lit de mort, il voulut dire un dernier adieu au jeune Dauphin, son successeur. A midi, madame de Ventadour, gouvernante du prince, l'amena dans la chambre du roi, qui, après l'avoir embrassé et fait placer sur son lit, lui adressa quelques conseils dans lesquels ce monarque, en faisant l'aveu solennel de ses fautes, montra plus peut-être la grandeur de son caractère que dans aucune autre circonstance de sa vie.

Les paroles prononcées par Louis XIV dans cette occasion furent entendues d'un grand nombre de courtisans. La plupart les répétèrent plus ou moins fidèlement: de là les nombreuses versions qui en ont été données, où, tout en conservant les idées principales, les divers historiens du grand roi ont ajouté ou retranché suivant le besoin de leurs éloges ou de leurs critiques.

La première donnée au public parut dans les premiers jours d'octobre 1715, un mois environ après la mort de Louis XIV. Elle se trouve dans un écrit intitulé: Journal historique de tout ce qui s'est passé depuis les premiers jours de la maladie de Louis XIV, jusqu'au jour de son service à Saint-Denis, par le sieur Lefebvre. Voici comment l'auteur s'exprime: «Sa Majesté fit venir le Dauphin dans sa chambre, où il entra avec madame la duchesse de Ventadour, sa gouvernante, et après l'avoir embrassé, elle lui dit:—Mignon, vous allez estre un grand roy; mais tout vostre bonheur dépendra d'estre soumis à Dieu, et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre. C'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ay donné sur cela: j'ay entrepris la guerre trop légèrement, et l'ay soutenue par vanité; ne m'imitez pas! mais soyez un prince pacifique, et que vostre principale application soit de soulager vos sujets. Profitez de la bonne éducation que madame de Ventadour vous donne, obéissez-luy, et suivez les bons sentiments qu'elle vous inspire.»

Cette version est-elle la bonne? Certainement elle renferme au fond ce qu'a dit Louis XIV; mais a-t-il dû s'exprimer dans ces termes? Sans doute il se repentait de ses guerres trop nombreuses et des maux qu'elles avaient attirés sur ses peuples, et il recommandait à son petit-fils de ne pas l'imiter en cela; mais on ne peut croire qu'il ait été jusqu'à se servir de ces expressions: «Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ay donné sur cela,» et qu'il ait encore ajouté, comme s'il ne se fût pas assez humilié: «J'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ay soutenue par vanité.» Non, Louis XIV ne pouvait ni penser, ni dire que ce fût par vanité qu'il eût soutenu ses guerres! Il avait vu, dans ses dernières années, le royaume à deux doigts de sa perte par suite de la guerre, et il recommandait à son successeur de l'éviter autant que possible pour le bonheur de ses sujets, voilà tout.

A peu près à la même époque, Saint-Simon, ce courtisan frondeur, rapportait aussi à sa manière les paroles de Louis XIV: «Mon enfant, vous allez être un grand roi; ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments ni dans celui que j'ai eu pour la guerre; tâchez, au contraire, d'avoir la paix avec vos voisins. Rendez à Dieu ce que vous lui devez; reconnaissez les obligations que vous lui avez; faites-le honorer par vos sujets. Suivez toujours les bons conseils; tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis assez malheureux pour n'avoir pu faire. N'oubliez point la reconnaissance que vous devez à madame de Ventadour.»

Si le fond des pensées est le même que dans la version précédente, la forme en est complétement changée. Puis Saint-Simon, déprédateur constant des constructions de Louis XIV, et en particulier de Versailles, n'étant pas fâché, pour excuser ses amères critiques, de supposer qu'à ses derniers moments ce prince pensait comme lui, ne craint pas de le faire s'accuser d'une faute de plus en mettant dans sa bouche cette phrase évidemment inventée par lui: «Ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments.» Il ajoute encore cette autre phrase que l'on ne trouve pas dans les paroles rapportées par Lefebvre, en parlant de Dieu: «Faites-le honorer par vos sujets.»

En 1742, Bruzen de la Martinière, dans la continuation de l'Histoire de Louis XIV, commencée par Larrey, adopte la version de Saint-Simon, sauf la phrase: «Ne m'imitez pas dans le goût que j'ai eu pour les bâtiments,» qu'il supprime.

Reboulet, dans son Histoire de Louis XIV, publiée en 1744, copie d'un bout à l'autre le Journal historique de Lefebvre.

Enfin, le père Daniel, en 1756, revient à la version de Saint-Simon, corrigée par la Martinière.

Puis vient Voltaire! Voltaire historiographe de France, Voltaire écrivant le Siècle de Louis XIV, devait avoir une autre importance que ceux qui jusqu'alors avaient rapporté ces paroles. Il en sentait toute la gravité; il puisait aux sources les plus authentiques, et ce qu'il allait dire devait être la vérité. Aussi, voyez s'il est possible de douter de son récit! «Son successeur, dit-il, a toujours conservé écrites, au chevet de son lit, les paroles remarquables que ce monarque lui dit, en le tenant sur son lit entre ses bras: ces paroles ne sont point telles qu'elles sont rapportées dans toutes les histoires; les voici fidèlement copiées:—«Vous allez être bientôt roi d'un grand royaume. Ce que je vous recommande plus fortement est de n'oublier jamais les obligations que vous avez à Dieu. Souvenez-vous que vous lui devez tout ce que vous êtes. Tâchez de conserver la paix avec vos voisins. J'ai trop aimé la guerre; ne m'imitez pas en cela, non plus que dans les trop grandes dépenses que j'ai faites. Prenez conseil en toutes choses, et cherchez à connaître le meilleur pour le suivre toujours. Soulagez vos peuples le plus tôt que vous pourrez, et faites ce que j'ai eu le malheur de ne pouvoir faire moi-même, etc.»

Voltaire avait raison, Louis XV a toujours conservé, écrites au chevet de son lit, les dernières paroles de Louis XIV; mais Voltaire ne disait plus vrai lorsqu'il ajoutait qu'il les donnait «fidèlement copiées;» car si rien n'est omis de ce qui y était écrit, tout est transposé, arrangé pour l'effet de la phrase, et n'a plus cet abandon qui donne tant de vérité à ces paroles que Louis XV pouvait lire tous les jours. Il y a mieux, si Voltaire, tout en arrangeant, n'a cependant rien retranché, il a au contraire ajouté. Ainsi, nous retrouvons encore ici la fameuse phrase de Saint-Simon sur les dépenses. C'est que Voltaire, comme Saint-Simon, critiquait les dépenses de Louis XIV[101], et que, comme lui, il tenait, par le repentir du prince, à montrer combien il avait raison.

Jusqu'à ce jour, cependant, la version donnée par Voltaire était considérée comme la bonne, et presque tous ceux qui écrivirent sur Louis XIV depuis lui, ne firent que la copier.

Le hasard nous fit trouver la minute d'après laquelle fut faite la copie placée dans la chambre à coucher du roi Louis XV; nous allons la transcrire, et l'on pourra juger ainsi quelles altérations on lui a fait subir.

Lorsque Louis XIV fit venir le jeune Dauphin et prononça les paroles, que nous allons rapporter, l'un des secrétaires écrivait dans la chambre même tout ce que disait ce prince. Madame de Ventadour, gouvernante du Dauphin, frappée de la grandeur de cette scène, et persuadée que ces conseils du grand roi pouvaient avoir une heureuse influence sur la jeune imagination de son élève, voulut, en les plaçant constamment sous ses yeux, les graver dans sa mémoire. Elle envoya donc la minute qui lui fut remise par le secrétaire à Charles Gilbert, maître à écrire du Dauphin, et l'un des calligraphes les plus distingués de cette époque, avec ordre d'en faire immédiatement une copie sur vélin pour la placer au chevet du lit du jeune prince. Voici ces paroles telles qu'elles sont sur le manuscrit:

«Mon cher enfant, vous allez estre le plus grand roy du monde. N'oubliez jamais les obligations que vous avez à Dieu. Ne m'imitez pas dans les guerres, taschez de maintenir tousjours la paix avec vos voisins, de soulager vostre peuple autant que vous pourrez, ce que j'ay eu le malheur de ne pouvoir faire par les nécessitez de l'Estat. Suivez tousjours les bons conseils, et songez bien que c'est à Dieu à qui vous devez tout ce que vous estes[102]. Je vous donne le père Letellier pour confesseur, suivez ses advis et ressouvenez-vous toujours des obligations que vous avez à madame de Ventadour[103]

Gilbert se mit aussitôt à la besogne. Une copie textuelle sur vélin, ornée de majuscules dorées, fut faite en quelques jours. Mais tandis qu'il s'empressait de se conformer aux désirs de la gouvernante, la mort, encore plus prompte, venait frapper le monarque. Louis XIV mort, tout changeait dans l'État. Le père Letellier, qui était resté auprès du roi jusqu'à son dernier moment, fut envoyé en exil par le régent. L'on ne pouvait donc laisser sous les yeux du jeune souverain la recommandation de son bisaïeul, de conserver ce jésuite pour son confesseur.

Gilbert reçut alors l'ordre de faire une autre copie et de supprimer la phrase ayant rapport au confesseur, et c'est cette copie qui fut placée dans la chambre à coucher de Louis XV.

La minute envoyée à Gilbert, la première copie sur vélin qu'il en avait faite, et deux autres aussi sur vélin avec la correction, furent précieusement conservées par lui et transmises à son petit-fils, P.-Ch. Gilbert, qui lui succéda dans sa charge de maître à écrire du Dauphin. Celui-ci la garda jusqu'à l'époque de sa mort, arrivée vers 1789, et c'est alors qu'elles passèrent entre les mains de son neveu, F. Dumesnil de Saint-Cyr, dernier maître à écrire du Dauphin (Louis XVII). C'est à la mort de M. de Saint-Cyr, survenue à Versailles en 1845, que l'une de ses héritières, mademoiselle Ducroset, nous montra ce curieux document historique au milieu des précieux manuscrits renfermés dans le cabinet de son oncle, et c'est entre les mains de cette demoiselle qu'il se trouve aujourd'hui.

Les faits que nous venons de raconter ne laissent aucun doute sur l'authenticité de ce document, et fixent d'une manière positive la nature des paroles prononcées par Louis XIV mourant à l'héritier de sa couronne.

VIII

RELEVÉ DES DÉPENSES

DE MADAME DE POMPADOUR


DEPUIS LA PREMIÈRE ANNÉE DE SA FAVEUR
JUSQU'A SA MORT.

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On sait que Jeanne-Antoinette Poisson, mariée fort jeune au sous-fermier général Lenormand d'Étiolles, ne tarda pas à devenir la maîtresse de Louis XV. La mère de madame d'Étiolles, ambitieuse et intrigante, avait toujours rêvé pour sa fille le rôle honorable auquel elle venait de parvenir. Elle lui fit, en conséquence, donner une éducation brillante, et lui inspira surtout le goût des arts. Ce fut en 1745 qu'elle fut reconnue maîtresse en titre du roi et créée par lettres patentes marquise de Pompadour.

C'est de cette année 1745 que date le manuscrit dont nous allons nous occuper. C'est un petit in-quarto sur papier gros et gris. Écrit en petit caractère et sans orthographe, il paraît être de la main de quelque employé de la maison de la marquise, et a été composé sur des notes dont un grand nombre ont été écrites par madame de Pompadour elle-même, ainsi qu'il est facile de le voir quand le copiste, ne se donnant pas la peine de changer ce qu'il a sous les yeux, parle à la première personne, comme dans cet article: J'avais en vaisselle d'argent pour, etc., et dans cet autre: Gages de mes domestiques, etc.—Il est recouvert d'une feuille de papier jaune sur laquelle est écrit: Énorme dépense. La première feuille porte ce titre: État des dépenses faites pendant le règne de madame la marquise de Pompadour, à commencer le 9 septembre 1745 jusqu'au 15 d'avril 1764.—C'est le jour où elle est morte.

La première partie du manuscrit est consacrée aux dépenses des bâtiments. Madame de Pompadour aimait beaucoup les constructions. Non-seulement elle fit réparer à grands frais plusieurs propriétés qu'elle avait achetées, mais encore elle fit élever un assez grand nombre de maisons. Son jeune frère, Poisson, connu sous le nom de marquis de Marigny, qui fut directeur gérant des bâtiments du roi, la seconda dans ses vues. Il dirigea particulièrement la construction du charmant château de Bellevue, qui a depuis appartenu à Mesdames de France, et dont il ne reste plus de traces aujourd'hui.—Ce chapitre est intitulé: État des sommes payées par ordre du roi par le sieur de Montmartel sur les travaux et bâtiments de Crécy, Bellevue et autres endroits, suivant les mandements visés par les sieurs de l'Assurance, d'Isle, et Maurenzel.

Crécy et Aunay.—Crécy était un fort joli château, faisant aujourd'hui partie du département d'Eure-et-Loir. Madame de Pompadour en fit l'acquisition, en 1748, pour la somme de 650,000 l. Elle acheta en même temps, 140,000 l., la terre d'Aunay, qui touche à Crécy. Les travaux qu'elle y fit faire, pendant les années 1748, 1749, 1750, 1751, 1752, 1753, 1754, s'élevèrent à la somme de 3,288,403 l. 16 s. 6 d.

La Celle est une charmante propriété, à la porte de Versailles. Madame de Pompadour l'acheta 260,000 l., en 1749. Les sommes payées pour l'embellissement du château, pendant les années 1749 et 1751, s'élevèrent à 68,114 l. 15 s. 4 d.

En 1749, Louis XV lui donna une portion du terrain du petit parc de Versailles, sur lequel elle fit construire une jolie habitation qu'elle appela son Ermitage. La construction de l'Ermitage lui coûta 283,013 l. 1 s. 5 d.

Madame de Pompadour ne s'arrêtait pas dans son goût de construction qu'elle sut faire partager à Louis XV. Elle venait de créer un charmant bijou dans sa propriété de l'Ermitage, elle voulut construire un véritable château, avec son parc et ses jardins. Il existait sur la côte qui domine la Seine, entre Sèvres et Meudon, des terres qui appartenaient au roi; Louis XV les lui donna, et, grâce au goût de Marigny, l'on vit s'élever l'une des plus jolies habitations princières des environs de Paris. Bellevue, nom que méritait bien cette charmante maison, fut construite en 1750. Elle revint à 2,526,927 l. 10 s. 11 d.

Outre ces propriétés, madame de Pompadour avait encore des habitations particulières dans les principales résidences royales. A Versailles, à Compiègne, à Fontainebleau et à Paris.

A Versailles, le roi lui donna, en 1752, le terrain sur lequel se trouvait, sous Louis XIV, la Pompe ou Tour d'Eau, détruite en 1686. Elle y fit construire un hôtel qui lui revint à 210,844 l. 14 s. 10 d. C'est aujourd'hui l'Hôtel des Réservoirs ou restaurant Duboux. On avait fait établir contre le mur du réservoir de l'Opéra un corridor qui permettait d'aller du château dans cet hôtel. Madame Duhausset en parle dans un endroit de ses Mémoires: «J'avais, dit-elle, un très-joli appartement à l'hôtel, où j'allais presque toujours à couvert, etc.»

Dans son hôtel de Compiègne, elle dépensa, en 1751, 1752 et 1753, 30,242 l. 7 s. 8 d.

A Fontainebleau, elle fit construire, en 1753, à l'imitation de celui de Versailles, un ermitage qui lui revint à 216,382 l. 18 s. 8 d. Elle acheta à Paris l'hôtel d'Évreux, qu'elle paya 730,000 l., et y dépensa, en 1754, 95,169 l. 6 s.

On trouve encore, au chapitre des dépenses des bâtiments, diverses sommes pour des institutions religieuses. Ainsi l'on voit, pour le couvent des ursulines de Poissy, dont sa tante du côté maternel madame Sainte-Perpétue était l'abbesse, une somme de 4,908 l. 15 s. 10 d., et pour les dames de l'Assomption de Paris, une autre somme de 32,069 l. 14 s. Enfin l'on voit le marquisat de Pompadour y figurer pour 28,000 l., dépensées en 1753.—Dans ce chapitre des bâtiments se trouvent les noms de tous les entrepreneurs et artistes qui ont été employés soit à construire, soit à embellir ces diverses maisons. Les artistes qui ont travaillé au château de Crécy et à Aunay sont: Rousseau, Verbeck et Pigalle, sculpteurs; à la Celle, Rousseau, sculpteur; à l'Ermitage, près Versailles, Rousseau et "Verbeck, sculpteurs, et Rysbrack, peintre de fleurs; à son hôtel de Versailles, Rousseau et Verbeck, sculpteurs, et Rysbrack, peintre; à Bellevue, Coustou, Rousseau, Maurisan, la veuve Chevalier, Verbeck, sculpteurs; Nelson, Gavau, Brunelly, Oudry, peintres; Janson, la veuve Cropel, dessinateurs; Martiniere, émailleur à l'hôtel d'Évreux, à Paris, Verbeck, sculpteur; à l'Ermitage de Fontainebleau, Verbeck.

A la suite du chapitre des dépenses de bâtiments vient un journal commencé le 9 septembre 1745, et terminé en mars 1764, dans lequel est inscrit, mois par mois, ce que recevait madame de Pompadour pour ses dépenses ordinaires. L'on y voit que, pendant ces dix-neuf années, les recettes, pour ses dépenses ordinaires, ont été de 1,767,678 l. 8 s. 9 d., et les dépenses de 977,207 l. 11 s. 6 d. Ce journal peut donner lieu à quelques curieuses observations. Madame de Pompadour touchait une pension qui lui était payée tous les mois, sans compter les sommes qu'elle recevait du roi comme cadeau, toujours pour sa dépense ordinaire. Cette pension était, la première année, de 2,400 l. par mois; en 1746, 1747, 1748 et 1749, les sommes données s'élèvent souvent jusqu'à 30,000 l. dans un mois; puis, dans les années suivantes, pendant lesquelles la passion du roi pour sa maîtresse s'était beaucoup affaiblie, l'on voit la pension se régulariser et se réduire presque constamment à 4,000 l. par mois. On remarque encore que, pendant les premières années, madame de Pompadour reçoit du roi des étrennes, qui disparaissent aussi dans les années suivantes: ainsi, en 1747, année du plus fort de la passion de Louis XV, elle reçoit 50,000 l. d'étrennes; en 1749, elle n'en reçoit plus que 24,000 l., et depuis 1750, on ne les voit plus figurer dans les comptes.

Les sommes qu'elle recevait du roi étant moins fortes et ses dépenses habituelles étant toujours fort considérables, il fallait trouver d'autres ressources. C'est dans le jeu et dans la vente de ses bijoux que madame de Pompadour trouve le moyen d'équilibrer les recettes avec les dépenses. Ainsi on la voit gagner au jeu à Marly, le 15 mai 1752, 9,120 l., et le 31 du même mois, 28,000 l.—En 1760, elle vend des bracelets de perles 12,960 l.—En 1761, elle vend encore des bijoux pour 9,000 l.; en 1762, sa vente de bijoux et le gain du jeu lui rapportent 20,489 l.

Ce journal est terminé par une récapitulation, dans laquelle les recettes et leur emploi sont comparés année par année, et qui montre, comme je l'ai indiqué en donnant le chiffre des recettes et des dépenses, que madame de Pompadour savait très-bien dépenser tous les ans ce qui lui était donné, et ne faisait aucune économie.

A la suite de ce journal se trouve une sorte de dénombrement des richesses de madame de Pompadour et des dépenses autres que celles des bâtiments. C'est particulièrement à cette partie que s'applique la remarque faite plus haut, sur la manière dont l'auteur du manuscrit fait souvent parler madame de Pompadour elle-même. Tous les articles de cette partie sont curieux et méritent d'être cités:

État de mes effets en général.

Livres.
1.J'avais en vaisselle d'argent, pour537,600
2.Plus, en vaisselle d'or ou en collifichets150,000
3.Elle a dépensé pour ses menus plaisirs et en se satisfaisant1,338,867
4.Pour sa bouche, pendant les dix-neuf années de son règne3,504,800
5.Pour les voyages du roi, extraordinaires, comédies, opéras, faits et donnés en différentes maisons4,005,900
6.Gages pour mes domestiques, dix-neuf années1,168,886
7.Pensions que j'ai toujours faites, jusqu'à ma mort (sic)229,236
8.Ma cassette, contenant quatre-vingt-dix-huit boîtes d'or, évaluées l'une dans l'autre à 3,000 livres294,000
9.Une autre cassette contenant tous mes diamants1,783,000
10.Une superbe collection de pierres gravées chez moi par le sieur le Guay, donnée au roi, estimée400,000

Madame de Pompadour, qui dessinait fort bien, grava elle-même une suite de soixante-trois estampes, d'après ces pierres. Ces gravures ont été publiées et forment un petit in-folio, fort rare, dont il n'avait été tiré qu'un très-petit nombre d'exemplaires pour faire des présents: en 1782, il en parut une autre édition in-quarto, qui est moins recherchée. Ce fut à l'occasion de son talent pour le dessin que Voltaire, l'ayant un jour surprise dessinant une tête, improvisa ce madrigal:

Pompadour, ton crayon divin
Devrait dessiner ton visage;
Jamais une plus belle main
N'aurait fait un plus bel ouvrage.
Livres.
11.En différents morceaux de vieux laque111,945
12.En porcelaine ancienne150,000
13.Achat de pierres fines pour compléter la collection60,000
14.Linge pour draps et table, pour Crécy600,452
15.Plus, pour mes autres maisons400,325
16.Ma garde-robe, tout compris350,235
17.Ma batterie de cuisine pour toutes mes maisons66,172
18.Ma bibliothèque, y compris nombre de manuscrits[104]12,500
19.Donné aux dames qui m'ont toujours accompagnée, pour présent, en variant les effets460,000
20.Donné aux pauvres pendant tout mon règne150,000
21.En générosités aux concierges, en robes, vestes, étoffes, ainsi qu'au cabinet du roi100,000
22.Pour les affaires de mon père, M. de Machault les régla à la somme de400,000

Le père de madame de Pompadour, François Poisson, avait eu dans l'administration des vivres un emploi fructueux. Accusé de gestion infidèle, il fut forcé de se soustraire aux poursuites du gouvernement. On voit, par cet article, que dans sa fortune elle n'oublia point de faire payer les dettes de son père. Jusqu'ici tous les biographes avaient bien dit que l'affaire de François Poisson avait été oubliée, grâce au crédit de sa fille; mais ce qu'on ignorait, c'est que c'était en satisfaisant ses créanciers:

Livres.
23.En tableaux et autres fantaisies60,000
24.La dépense de la bougie, pendant dix-neuf ans660,000
25.La dépense des fallots et chandelles150,000
26.En belles juments, voitures, chaises à porteurs,
chevaux de selle, quoi qu'en ait dit le Gazetier d'Utrecht, en tout
1,800,000

Nous ne savons ce qu'a pu dire le Gazetier d'Utrecht à l'occasion des chevaux de madame de Pompadour, car nous avons inutilement cherché ce qui pouvait avoir trait à cette question dans la collection de cette gazette que possède la bibliothèque de Versailles. Ce qu'il y a de certain, c'est que madame de Pompadour aimait beaucoup les chevaux; qu'elle fit acheter de fort beaux étalons dans plusieurs pays, et les réunit dans sa terre de Pompadour, où elle fonda le superbe haras qui existe aujourd'hui, et qu'en 1763 M. de Choiseul fit transformer en haras royal:

Livres.
27. Fourrages, fourniture de mes chevaux pendant dix-neuf années 1,300,000
(Cette somme montre que madame
de Pompadour devait avoir, en effet,
un assez grand nombre de chevaux.)
28. Pour toute ma livrée, dans toutes mes maisons 250,000
29. Pour achat de Crécy 650,000
30. Achat de la Celle 260,000
31. Achat d'Aunay 140,000
32. Achat de la baronnie de Tréon 80,000
(Tréon est auprès de la terre de Crécy.)
33. Achat de Magenville 25,000
34. Achat de Saint-Remy 24,000
35. Achat d'Ovillé, à moitié chemin d'Orléans 11,000
36. Achat de l'hôtel d'Évreux, à Paris650,000
37. Achat du terrain à côté dudit hôtel80,000
38. Dépensé à Champs, pendant l'espace de trois ans200,000
(Champs est un village du département
de Seine-et-Marne, dans lequel
se trouvait une fort jolie habitation.)
39. Dépensé à Saint-Ouen pendant l'espace
de cinq ans, sans faire les réparations
constatées par la maison de Gesvres.
500,000

Saint-Ouen ne paraît pas avoir appartenu à madame de Pompadour, mais elle en avait la jouissance; et, comme on le voit par cet article, elle y fit faire des embellissements qu'elle paya de ses propres fonds.

Dans cette nomenclature des richesses de madame de Pompadour, l'auteur du manuscrit ne dit rien du château de Ménars, qui appartenait aussi à la marquise; on trouve seulement dans le journal de ses dépenses, en marge de l'année 1760: Achat de Ménars. Cette propriété paraît avoir été payée par elle sur ses revenus annuels et par petites sommes, car on trouve indiquées dans les années 1760, 1761, 1762, 1763, un assez grand nombre de sommes, sous le titre: Gratification pour Ménars.

Enfin, cette partie se termine par un dernier article, intitulé:

40.Médailles d'or et d'argent.400,000 liv.

Puis, à la suite, l'auteur ajoute quelques réflexions assez curieuses:

«D'après toutes ces dépenses énormes, dit-il, voici un fait que personne ne voudra croire, qui est qu'à sa mort l'on n'ait trouvé à cette femme que 37 louis d'or dans sa table à écrire, qu'elle avait destinés pour les pauvres.»

«Autre fait incroyable, ajoute-t-il, lâché par Collin[105], c'est que pendant sa maladie il fut obligé d'emprunter 70,000 l. pour faire face à la dépense. Ce fait détruit entièrement l'imposture, qui est qu'on a prétendu qu'elle avait dans toutes les banques de l'Europe, et elle se trouve devoir après sa mort la somme de 1,700,000 l.»

Vient ensuite l'énumération de tous les gens attachés à madame de Pompadour, tant à Versailles que dans toutes ses maisons particulières, avec leurs appointements. On remarque parmi tous ces noms:

 Livres.
Nesme, premier intendant.8,000
Collin, chargé des domestiques, et lui servant de secrétaire.6,000
Le médecin Quesnay, entretenu de tout.3,000
La Duhausset, femme de chambre.150
La Couraget,       id.150
La Neveu,           id.150

On sait que madame Duhausset a écrit des Mémoires qui donnent des détails fort curieux sur la vie intime de madame de Pompadour. L'une des deux autres femmes de chambre était femme de condition, mais elle prit un nom emprunté, que madame Duhausset elle-même ne connut jamais bien. Celle-ci seule ne changea point de nom, quoique au service de la maîtresse du roi.

L'on y voit aussi figurer deux nègres, à raison de 1,800 l.

Puis une série de gens attachés à la cuisine, à la garde-robe; la livrée et les employés des différentes maisons, concierges, portiers, jardiniers, etc., et trois aumôniers: un à Versailles, un à Fontainebleau et un à Compiègne.

Après l'énumération des gens attachés à son service, se trouve l'état des pensions que faisait madame de Pompadour. On voit avec plaisir dans ce chapitre qu'une partie des sommes considérables qu'elle touchait était employée en bonnes œuvres.

La première pension sur cette liste et la plus curieuse est celle faite à madame Lebon pour lui avoir prédit à l'âge de neuf ans qu'elle serait un jour la maîtresse de Louis XV, 600 l. Cette prédiction, dont ne parlent pas les biographes, et dont, on le voit, madame de Pompadour s'est toujours souvenue, a dû avoir une grande influence sur sa destinée, et a été probablement l'une des causes qui poussa sa mère à chercher par tous les moyens à mettre Louis XV en rapport avec la jeune et jolie madame d'Étiolles. La reconnaissance que madame de Pompadour conserva pour madame Lebon fut sans doute la raison qui lui fit toujours avoir un faible pour les sorcières et les sorciers. Madame Duhausset raconte dans ses Mémoires une histoire qui le prouve bien:

«Un an ou quinze mois avant la disgrâce de l'abbé de Bernis, dit-elle, Madame[106] étant à Fontainebleau, elle se mit devant un petit secrétaire pour écrire; il y avait au-dessus un portrait du roi. En fermant le secrétaire, après avoir écrit, le portrait tomba et frappa assez fortement sa tête. Les personnes qui en furent témoins s'alarmèrent, et on envoya chercher M. Quesnay. Il se fit expliquer la chose, et ordonna des calmants et une saignée. Comme elle venait d'être faite, entre madame de Brancas, qui vit du trouble, du mouvement, et Madame sur sa chaise longue. Elle demanda ce que c'était, et on le lui dit. Après avoir témoigné à Madame ses regrets et l'avoir rassurée, elle lui dit: «Je demande en grâce à Madame et au roi, qui venait d'entrer, d'envoyer aussitôt un courrier à M. l'abbé de Bernis, et que madame la marquise veuille bien lui écrire une lettre dans laquelle, sans autre détail, elle lui demandera de lui marquer ce que lui a dit sa sorcière, et qu'il ne craigne pas de l'inquiéter.» La chose fut faite, et ensuite madame de Brancas dit que la Bontemps lui avait prédit dans du marc de café, où elle voyait tout, que la tête de sa meilleure amie était menacée, mais qu'il n'en arriverait rien de fâcheux. Le lendemain, l'abbé écrivit que madame Bontemps lui avait dit aussi: «Vous étiez presque noir en venant au monde,» et que cela était vrai, et qu'on a attribué cette couleur, qui avait duré quelque temps, à un tableau qui était devant le lit de sa mère, et qu'elle regardait souvent ce tableau, qui représentait Cléopâtre se tuant au moyen d'une piqûre d'aspic, que lui apportait un Maure dans des fleurs. Il dit encore qu'elle lui avait dit: «Vous avez bien de l'argent avec vous, mais il ne vous appartient pas;» qu'effectivement il avait deux cents louis pour remettre au duc de la Vallière. Enfin il marquait que, regardant dans la tasse, elle avait dit: «Je vois une de vos amies, la meilleure, une grande dame, menacée d'un accident.» Qu'il devait avouer, malgré sa philosophie, qu'il avait pâli; qu'elle s'en était aperçue, avait regardé de nouveau, et avait dit: «Sa tête sera un peu menacée, mais il n'y paraîtra pas une demi-heure après.» Il n'y avait pas moyen de douter du fait, et il parut fort étonnant au roi, qui fit prendre des informations sur la sorcière, mais que Madame empêcha d'être poursuivie par la police. Elle protégea aussi le fameux comte de Saint-Germain, qui prétendait avoir plus de deux mille ans, blanchissait les diamants, faisait grossir les perles, était enfin un véritable sorcier, et que, malgré tout ce charlatanisme, le roi voyait chez madame de Pompadour par amour pour elle.»

La liste des pensions contient ensuite:

 Livres.
A madame Sainte-Perpétue, sa tante du côté maternel.3,000
(Elle était supérieure des ursulines de
Poissy.)
A mademoiselle Clergé, ancienne femme de chambre de sa mère.600
Aux capucines de Paris.720
(C'est dans l'église de ce couvent qu'elle
fut inhumée.)
Aux filles de l'Ave-Maria.240
A madame Becker, religieuse de Saint-Joseph.240
A la dame Plantier, nourrice de sa fille.200
A la dame Pin, son ancienne fille de garde-robe.50
A Dablon, son père nourricier.300

Madame de Pompadour eut une fille de M. d'Étiolles; elle se nommait Alexandrine. Il paraît que sa figure était charmante et pleine de feu. Sa mère rêvait pour elle les plus brillantes alliances, lorsqu'elle mourut à quatorze ans, de la petite vérole, dans le couvent de l'Assomption, où elle était élevée. On voit par ces pensions que madame de Pompadour n'oubliait pas ceux qui avaient approché sa fille, et cela explique aussi pourquoi elle protégea toujours ce couvent de l'Assomption, et y fit faire des embellissements dont nous avons vu le chiffre au chapitre des bâtiments.

Livres.
Au fils de sa première femme de chambre.212
(Celle qui la servait sous un nom supposé.)
Au fils de Douy.300
Au fils de madame Duhausset, seconde femme de chambre.400
Pour le petit Beaulieu, gentilhomme.150
Pour le petit Capon, gentilhomme.300
Pour la fille Manoyé.380
Pour mademoiselle Guillier.300
Pour mademoiselle de Pontavici.250
Pour madame la baronne de Rhone, âgée de quatre-vingt-dix ans.3,000
Pour mesdemoiselles de Farges.2,000
Pour la petite nymphe de Compiègne.400
Pour le petit Jean-Simon.300
(Elle faisait distribuer dans les greniers de
Versailles, par son homme de confiance, tous
les ans, 12 à 13 mille livres.)
12,000
Au petit Sans-Bras.144
A un pauvre boiteux.36
A madame Questier.72
A madame de Gosmond, pour être religieuse.1,800
A mademoiselle Dulaurent, pour être religieuse.1,800
A mademoiselle Duhausset.400
A mademoiselle de Longpré, sa parente.600
A madame de la Croix.300
A madame Trusson, pour remettre à quelqu'un à Paris.240

Puis vient une longue liste des maisons religieuses auxquelles madame de Pompadour accordait des secours; ces maisons sont au nombre de cinquante et une.

Elle leur donnait tous les ans dans le carême.600
A tous les curés de ses maisons.1,452
Aux deux curés de Versailles, à chacun 10 louis.480
Au curé de Fontainebleau.120
Au curé de Choisy.120
Aux sœurs grises de Choisy.120
Aux sœurs grises de Fontainebleau.120
A tous les curés de Compiègne.600
A toutes les maisons religieuses de Compiègne.1,200
A un pauvre abbé de Compiègne, aux carmélites.48
A madame de Villars, pour ses pauvres, tous les ans.1,200
Aux frères de la forêt de Sénart.46
A la bouquetière du château de Versailles, suivant la cour.120
La fondation d'une grand'messe aux carmélites
de Compiègne.
600
Le jour de l'an, à tous les officiers des petits
appartements du roi, et garçons du château,
à chacun une très-belle veste.
1,000
A tous les autres domestiques du roi, suisses
des appartements grands et petits, valets de
pied, frotteurs, cochers, postillons et palefreniers
du roi, et tous les métiers travaillant
au château.
1,200
A la naissance de Mgr le duc de Bourgogne, elle
donna 3,000 livres à distribuer aux pauvres
de Versailles.
3,000
Ainsi qu'aux autres naissances, trois autres fois.9,000
Elle fit donner aux pauvres de la Trappe, en
deux fois.
15,000
Elle fit à Crécy, en deux fois, quarante-deux
mariages, à l'occasion de la naissance des
princes. Elle dota mari et femme à raison de
300 livres et 200 livres pour les habits.
21,000

Telle est la liste de ses dons.

Le manuscrit est enfin terminé par une récapitulation des sommes dépensées par madame de Pompadour pendant les dix-neuf années de sa faveur.—Le total général est de 36,924,140 l. 8 s. 9 d.

Voilà, sur sa déclaration, le relevé de ce que madame de Pompadour a coûté à la France.

IX

LE PARC AUX CERFS SOUS LOUIS XV.

1755-1771.

————

Il n'est aucun fait historique qui ait rendu plus odieux le nom de Louis XV, et qui, d'un autre côté, ait donné lieu à plus de divagation parmi les écrivains, que le mystérieux établissement du Parc aux Cerfs. Les historiens les mieux renseignés ne savent où il était placé. Les uns, se fondant sur son nom, en font une ancienne habitation de chasse de Louis XIII transformée en une sorte de petit palais entouré de jardins et de bois. D'autres le confondent avec l'Ermitage de madame de Pompadour; personne en un mot, jusqu'à ce jour, n'a pu dire d'une manière positive où il était placé. Depuis fort longtemps, nous cherchions à découvrir cette énigme historique, et tous nos efforts avaient été inutiles. Il y a peu de temps qu'en parcourant les Mémoires de madame Campan, nous fûmes frappé d'une anecdote sur Louis XV, à laquelle nous avions fait jusqu'alors peu d'attention. La voici:

«Louis XV, dit madame Campan, avait, comme on le sait, adopté le système bizarre de séparer Louis de Bourbon du roi de France. Comme homme privé, il avait sa fortune personnelle, ses intérêts de finance à part.

»Louis XV traitait comme particulier dans toutes les affaires ou les marchés qu'il faisait; il avait acheté au Parc aux Cerfs, à Versailles, une jolie maison où il logeait une de ces maîtresses obscures que l'indulgence ou la politique de madame de Pompadour avait tolérées pour ne pas perdre ses droits de maîtresse en titre. Ayant réformé cet usage, le roi voulut vendre sa petite maison. Sévin, premier commis de la guerre, se présenta pour l'acheter; le notaire qui était chargé de cette commission en rendit compte au roi. Le contrat de vente fut passé entre Louis de Bourbon et Pierre Sévin, et le roi lui fit dire de lui apporter lui-même la somme en or. Le premier commis réunit 40,000 francs en louis, et, introduit par le notaire dans les cabinets intérieurs du roi, il lui remit la valeur de sa maison.»

Ces renseignements donnés par madame Campan, quoique bien incomplets, puisqu'elle ne donne ni la rue, ni l'époque de la vente et de l'achat, ni le nom du notaire, étaient cependant une précieuse indication, s'ils se trouvaient exacts, car ils venaient confirmer l'établissement de la petite maison du roi dans le Parc aux Cerfs et donnaient, en outre, le nom de la personne à laquelle cette maison avait été vendue, lorsque, par suite d'autres habitudes, elle devint inutile à Louis XV.

Nous résolûmes alors de faire de nouvelles recherches, et nous sommes parvenu, non sans peine, à découvrir cette mystérieuse habitation du Parc aux Cerfs. Mais, avant tout, rappelons ici ce qu'on entendait par ce nom de Parc aux Cerfs.

Quand Louis XIII acheta la seigneurie de Versailles et y fit construire un petit château, c'était surtout pour être plus facilement au milieu des bois dont ce lieu était entouré et pour s'y livrer au plaisir de la chasse, qu'il aimait passionnément. Aussi l'un de ses premiers soins fut de faire élever près de son habitation les animaux pouvant servir à ses plaisirs. C'est pour cela qu'il choisit, dans les bois qui couvraient alors le sol de la ville, un emplacement dans lequel il pût réunir et faire élever des cerfs, des daims, et d'autres bêtes fauves. Il le fit entourer de murs, y fit construire quelques habitations de gardes, et ce lieu reçut le nom de Parc aux Cerfs.

Le Parc aux Cerfs comprenait tout l'espace situé entre la rue de Satory, la rue des Rossignols et la rue Saint-Martin. Ce Parc aux Cerfs fut d'abord conservé par Louis XIV, et la ville se composa du vieux Versailles et de la ville neuve, ne formant qu'une seule paroisse, celle de Notre-Dame.

Quelques années après son séjour à Versailles, vers 1694, Louis XIV, voyant les habitations s'élever avec rapidité dans la ville qu'il venait de créer, songea à son agrandissement. Le Parc aux Cerfs fut alors sacrifié. Louis XIV fit abattre les murs, arracher les arbres, détruire les maisons des gardes, niveler le sol, et l'on y traça des rues et des places. Des terrains furent donnés, surtout à des gens de la maison du roi, mais l'on n'y vit cependant s'élever sous son règne que quelques rares habitations. Louis XIV mort, Versailles resta pendant quelques années comme une ville abandonnée. Aucune construction ne s'y fit. Mais lorsque Louis XV y eut de nouveau fixé son séjour, et que la cour y fut revenue, on vit affluer de toutes parts de nouveaux habitants. Leur nombre, qui, à la mort de Louis XIV, était de vingt-quatre mille, fut presque doublé dans les quinze premières années du règne de son successeur. Les maisons se construisirent de tous côtés dans le quartier du Parc aux Cerfs, et les habitants de ce quartier furent si nombreux que l'on sentit la nécessité de diviser la ville en deux parties égales et de créer une nouvelle paroisse formant aujourd'hui le quartier ou la paroisse Saint-Louis.

Revenons maintenant à la petite maison de Louis XV.

Nous n'avions pour nous diriger dans nos recherches que le nom de Sévin. Mais dans quel endroit du Parc aux Cerfs était placée cette maison achetée au roi par Sévin?

Nous savions que les archives du bailliage de Versailles étaient déposées au palais de justice de cette ville, et que ces archives contenaient les rôles de la répartition des sommes dues chaque année par les propriétaires des maisons de Versailles pour les boues et lanternes, depuis l'année 1664 jusqu'en 1788. Le dépouillement assez fastidieux de tous les noms des propriétaires du quartier du Parc aux Cerfs nous fit enfin rencontrer, comme propriétaire d'une maison située rue Saint-Médéric, en 1772, le nom de Sévin. La place qu'elle occupait dans le rôle nous indiquait que ce devait être ou la maison nº 2, ou celle nº 4.—Mais était-ce bien celle ayant appartenu à Louis XV et indiquée par madame Campan? Rien ne nous le prouvait, car sur ces rôles nous trouvions immédiatement comme propriétaire avant Sévin le nom de Vallet.

En cherchant dans les titres actuels de propriété de la maison nº 4, nous avons trouvé qu'elle appartenait effectivement à Sévin, et qu'elle fut vendue par ses héritiers, après la Révolution, aux criées du tribunal civil. Ces titres, ne remontant point au delà, nous laissaient toujours dans l'obscurité sur les noms des propriétaires antérieurs à Sévin.


Nous nous adressâmes alors aux possesseurs des maisons nos 2 et 4, qui nous permirent gracieusement de rechercher dans tous les papiers antérieurs ce que nous pourrions trouver chez les notaires touchant cette intéressante question. Voici maintenant le résultat de ces recherches:

Quand Louis XIV eut décidé de faire un nouveau quartier dans l'ancien Parc aux Cerfs, les terrains furent donnés en propriété à divers particuliers et surtout aux personnes appartenant à la maison du roi. C'est ainsi que le roi fit don de l'emplacement occupé aujourd'hui par les nos 2 et 4 de la rue Saint-Médéric à Jacques Desnoues, maître d'hôtel et l'un de ses valets de chambre. Le 18 juin 1712, Desnoues vend à J.-B. Pizet, écuyer de la Maison-Fort, le jardin et la maison qu'il y avait fait construire. Le 27 septembre 1718, nouvelle vente de cette propriété faite par J.-B. Pizet au profit de Jean-Michel Crémer, bourgeois de Versailles. A cette époque, le jardin n'était point enclos de murs. En 1734, Crémer fait construire les murs, ferme les rues des Tournelles et Saint-Médéric et fait ainsi deux impasses. Ces impasses portent sur les rôles de répartition des boues et lanternes les noms de culs-de-sac Saint-Médéric et des Tournelles.

Crémer meurt en 1740. Par suite, la propriété est partagée en deux; la maison et la moitié du jardin échoient en partage à Jean-Michel-Denis Crémer, son fils, et l'autre moitié appartient à la veuve Crémer. Elle fait à son tour bâtir sur sa portion une maison à peu près semblable à l'autre formant aujourd'hui le nº 2 de la rue Saint-Médéric.

Tel était l'état des lieux, lorsqu'en 1755 les agents secrets des honteuses passions de Louis XV cherchent au roi une petite maison, de façon à éviter la publicité dans ses rendez-vous de galanterie. Quelle maison pouvait mieux convenir que celle de Crémer? Placée dans un quartier retiré, au fond d'une impasse, n'ayant de voisins que la maison construite par la veuve Crémer, dont toutes les fenêtres regardaient sur la rue des Tournelles et n'avaient point de vue sur celle du fils, tout enfin la désignait à leur choix. Ils proposent son acquisition au roi, et l'argent est aussitôt donné. Il restait un dernier embarras: si le roi lui-même ou ses agents bien connus traitent directement de l'achat de cette maison, il n'y a plus de secret possible, et sa destination sera bientôt découverte. On charge alors un tiers inconnu de cet achat. Un huissier au Châtelet de Paris, nommé Vallet, traite directement avec Crémer, et la maison est achetée en son nom. De là l'obscurité qui a si longtemps régné sur l'emplacement de ce triste séjour. Qui aurait pu penser que sous ce nom de Vallet, de cet huissier, que les rôles des impôts de Versailles portent comme propriétaire de cette maison, se cachait le nom du roi de France[107]?

Crémer croyait avoir vendu à Vallet; mais celui-ci, aussitôt l'acquisition terminée, se présente seul devant notaires et fait la déclaration suivante:

«Aujourd'hui est comparu par-devant les conseillers du roi, notaires au Châtelet de Paris, soussignés, sieur François Vallet, huissier-priseur audit Châtelet de Paris, y demeurant, rue des Déchargeurs, paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, lequel a déclaré ne rien avoir ni prétendre en l'acquisition qui vient d'être faite sous son nom, de Jean-Michel-Denis Crémer et sa femme, d'une maison située à Versailles, rue Saint-Médéric, paroisse Saint-Louis, avec ses dépendances, par contrat passé devant les notaires soussignés, dont Me Patu, l'un d'eux, à la minute, cejourd'hui; mais que cette acquisition est pour et au profit du roi, le prix en ayant été payé des deniers de Sa Majesté à lui fournis à cet effet; c'est pourquoi il fait cette déclaration, consentant que Sa Majesté jouisse, fasse et dispose de ladite maison en toute propriété, sans que le payement, qui sera fait sous le nom du comparant, des droits de lots et ventes et centième denier, le décret volontaire, qui sera fait et adjugé, et la jouissance et perception des loyers, qui pourra être faite aussi sous son nom, puissent affaiblir la propriété acquise à Sa Majesté de ladite maison et dépendances, déclarant que l'expédition dudit contrat d'acquisition et les titres énoncés en icelui ont été par lui remis entre les mains du chargé des ordres de Sa Majesté, ce qui a été accepté pour Sa Majesté par les notaires soussignés, etc.

»Fait et passé à Paris, l'an 1755, le 25 novembre, et a signé:

»VALLET.—PATU, BROCHANT

Ainsi il n'y a plus de doute, c'est bien là la petite maison du Parc aux Cerfs, si longtemps ignorée. Voilà le lieu où, depuis l'année 1755 jusqu'en 1771, furent successivement installées les jeunes filles que les infâmes fournisseurs des plaisirs du roi offraient aux sens blasés de Louis XV.

L'ignorance où l'on était généralement sur cette maison, sa grandeur et son arrangement, le nom de Parc aux Cerfs toujours donné à cette habitation, tandis que c'était celui du quartier où elle était située, lui ont fait attribuer beaucoup plus d'importance qu'elle n'en avait réellement et sont la cause des exagérations dans lesquelles sont tombés à ce sujet plusieurs historiens.

«La tradition et le témoignage de plusieurs personnes attachées à la cour, dit Lacretelle, ne confirment que trop les récits consignés dans une foule de libelles relativement au Parc aux Cerfs. On prétend que le roi y faisait élever des jeunes filles de neuf ou dix ans. Le nombre de celles qui y furent conduites fut immense. Elles étaient dotées, mariées à des hommes vils ou crédules.

«Les dépenses du Parc aux Cerfs se payaient avec des acquits au comptant. Il est difficile de les évaluer; mais il ne peut y avoir aucune exagération à affirmer qu'elles coûtèrent plus de cent millions à l'État. Dans quelques libelles, on les porte jusqu'à un milliard.»

Nous ne voulons diminuer en rien l'odieux de la conduite de Louis XV, et nous pensons aussi que l'entretien de ces jeunes filles, les rentes qu'on leur donnait lorsque le roi en était dégoûté, et celles que l'on faisait à leurs enfants lorsqu'elles en avaient, ont dû coûter des sommes assez considérables. Mais la connaissance exacte de la maison du Parc aux Cerfs ne permet pas d'admettre toutes ces exagérations.

La maison était petite et à peu près comme celle du nº 2, puisque le jardin était derrière et sur le côté. Il était impossible que dans une si petite maison il séjournât plus d'une demoiselle à la fois, avec la dame chargée de la garder[108] et le domestique nécessaire pour les servir. Il faut bien admettre encore que les jeunes filles qui furent conduites dans ce lieu y demeurèrent au moins une année, puisque la plupart n'en sortaient que pour devenir mères! Eh bien, si le roi ne garda cette maison que depuis 1755 jusqu'en 1771, comme nous allons le voir, c'est-à-dire seize ans, on ne peut dire que le nombre de celles qui y furent conduites fut immense, et il faut nécessairement un peu rabattre du milliard et même des centaines de millions que coûtèrent les dépenses du Parc aux Cerfs[109].

Madame de Pompadour, voulant donner à Louis XV des maîtresses dont elle n'eût rien à redouter pour son pouvoir, protégea ce commerce du roi avec des jeunes filles, mais il cessa entièrement lorsque madame du Barry eut su concentrer sur elle seule toute la passion du vieux roi débauché. La petite maison du Parc aux Cerfs n'ayant plus alors aucun but d'utilité, Louis XV, qui l'avait achetée de ses deniers, la vendit afin de faire rentrer cet argent dans sa cassette particulière.

Pour cette vente, Louis XV n'avait plus besoin de se cacher sous un faux nom comme pour l'achat, et, malgré l'assertion de madame Campan, ce n'est pas comme Louis de Bourbon, mais bien comme roi de France qu'il vendit l'ancienne habitation de ses innocentes victimes à J.-B. Sévin.

Voici ce contrat de vente:

«Vente par le roi, notre sire, à M. J.-B. Sévin, 27 mai 1771.

»Par-devant les notaires au bailliage royal de Versailles, soussignés, fut présent très-haut, très-puissant et très-excellent prince Louis, par la grâce de Dieu roi de France et de Navarre; lequel a, par ces présentes, vendu et abandonné pour toujours et promet garantir de tous troubles à sieur Jean-Baptiste Sévin, huissier de la chambre de madame Victoire de France et commis principal de l'un des bureaux de la guerre, demeurant à Versailles, rue Saint-Médéric, paroisse Saint-Louis, à ce présent et acceptant acquéreur pour lui, ses hoirs et ayant cause, une maison sise à Versailles, susdite rue Saint-Médéric, paroisse Saint-Louis, consistant en bâtiments sur ladite rue, jardin derrière et à côté, ainsi que ladite maison se comporte sans réserve, appartenant à Sa Majesté au moyen de l'acquisition qu'elle en a fait faire sous le nom de François Vallet, huissier-priseur au Châtelet de Paris, de J. Crémer et Élisabeth Quartier, sa femme, par contrat passé devant Me Patu et son confrère, notaires à Paris, le 25 novembre 1755, insinué et ensaisiné, lequel Vallet a fait sa déclaration au profit de Sa Majesté par acte passé devant ledit Patu et son confrère le même jour, le brevet original en papier, laquelle est demeurée ci-joint, auxquels Crémer et sa femme ladite maison appartenait de la manière expliquée au contrat sus-daté, étant la dite maison en la censive de Sa Majesté et vers elle chargée à raison de vingt sols de cens par arpent par chacun an pour toutes choses, de laquelle maison, dont Sa Majesté n'a jamais retiré aucun revenu, elle a toujours entendu jouir à titre particulier pour en disposer ainsi qu'elle jugerait à propos.

»Cette vente faite à la charge dudit cens seulement pour l'avenir, à compter de ce jour, et sans être tenu par ledit sieur Sévin au payement d'aucuns droits de lots et ventes, contrôles, insinuation et autres qui pourraient être prétendus à cause de la présente vente dont Sa Majesté dispense ledit sieur Sévin.

»La présente vente aussi faite moyennant la somme de 16,000 livres; laquelle somme Sa Majesté reconnaît avoir présentement reçue par les mains d'Alain, l'un des notaires soussignés, qui, des deniers à lui remis par ledit sieur Sévin, la lui a payée réellement délivrée en louis d'or et monnoye ayant cours, à la vue desdits notaires, dont quittance transportant, dessaisissant, voulant procureur, le porteur donnant pouvoir.

»Reconnaissant, ledit sieur Sévin, que Sa Majesté lui a fait remettre l'expédition en parchemin du contrat de vente susdaté, ensemble tous les titres et pièces que ledit Vallet a reconnu par icelui lui avoir été remis par lesdits Crémer et sa femme, dont déchargé.

»Par ainsi promettant, obligeant, renonçant; fait et passé audit Versailles à l'égard de Sa Majesté en son appartement au château, et à l'égard dudit sieur Sévin ès étudè, l'an 1774, le 27 mai, avant midi. Sa Majesté a signé, ainsi que ledit sieur Sévin. Signé: Louis, Sévin, Ducro et ALAIN

Il résulte donc de ces diverses pièces que la fameuse maison désignée dans l'histoire de Louis XV sous le nom de Parc aux Cerfs était placée au nº 4 de la rue Saint-Médéric.

Aujourd'hui cette maison a entièrement changé d'aspect; transformée en un fort joli hôtel par les propriétaires qui l'ont successivement habitée depuis quelques années, elle ne rappelle plus rien de cette trop célèbre petite maison.

X

MADAME DU BARRY.

1768-1793.

————

Les archives de la préfecture de Seine-et-Oise contiennent deux cartons avec cette suscription: Madame du Barry. Ces cartons renferment en effet un grand nombre de papiers transportés dans les archives du district de Versailles, lors de sa condamnation à mort, en 1793. A cette époque, on apporta à Versailles tout ce qui fut trouvé de papiers au château de Louveciennes. Ils étaient fort nombreux, et furent pour la plupart rendus à la famille en 1825. On peut voir par l'inventaire dressé alors, qui se trouve plus loin, qu'un grand nombre d'entre eux étaient du plus haut intérêt. Tels qu'ils sont, ceux de la préfecture de Versailles sont encore fort curieux et méritent d'être connus.

On a écrit plus d'une fois la vie de madame du Barry; mais dans tous ces écrits le vrai est fréquemment mêlé au faux, et ce sont pour la plupart de véritables romans.

Les documents renfermés aux archives de Seine-et-Oise, et d'autres que nous avons puisés à des sources aussi sûres[110], s'ils ne nous éclairent pas sur tous les points de la vie de cette célèbre maîtresse de Louis XV, nous mettent au moins à même d'établir avec certitude plusieurs faits principaux.

Vers 1767, un homme, comme on en voit souvent dans les grandes capitales, sans principes et sans mœurs, mais non pas sans esprit, le comte Jean du Barry, rencontra dans une de ces maisons qu'on appellerait aujourd'hui du demi-monde une des plus jolies personnes qu'il eût encore vues de sa vie. Frappé de sa beauté et de ses grâces, il lui donna aussitôt le nom de l'Ange, et vit tout le parti qu'il en pourrait tirer dans l'intérêt de sa fortune et de son ambition. Dès ce moment il rêva et parvint à en faire la maîtresse du roi.

Depuis l'année 1764, date de la mort de madame de Pompadour, Louis XV n'avait plus de maîtresse en titre, et il commençait à se lasser de ses amours obscures du Parc aux Cerfs. Le comte du Barry était ami de Lebel, ce valet de chambre du roi, dont le principal emploi est connu de tout le monde. Il est de certains hommes qui finissent toujours par se donner la main. Du Barry lui présenta mademoiselle l'Ange, et Lebel, frappé de sa beauté, n'hésita point à la mettre en rapport avec le roi.—Dès la première entrevue, Louis XV fut tellement subjugué par les charmes de mademoiselle l'Ange, qu'il ne voulut plus entendre parler d'une autre femme. Les rendez-vous se succédèrent rapidement, et le roi brûla du désir de la déclarer maîtresse en titre. Mais mademoiselle l'Ange n'avait point de nom, et pour paraître à la cour et y jouer un rôle aussi important, il fallait qu'elle fût revêtue d'un titre et qu'elle eût une position sociale un peu moins équivoque. Le comte Jean du Barry aimait bien plus mademoiselle l'Ange pour les avantages qu'elle pouvait lui rapporter que pour elle-même, et il n'aurait pas hésité à lui donner sa main et son nom; mais il était marié. Un autre, en épousant la maîtresse du roi, profiterait de tous les avantages rêvés pour lui-même, et que la reconnaissance de celle qu'il allait élever à une si haute position lui assurait! Il résolut alors de lui donner son propre nom, en lui faisant épouser son frère, et de conserver par cette alliance l'ascendant qu'il avait pris sur l'esprit de la nouvelle favorite.

Le comte Guillaume du Barry, le mari futur de la maîtresse du roi, était un pauvre officier des troupes de la marine, vivant à Toulouse avec sa mère. Son frère lui écrivit aussitôt pour lui proposer ce mariage, et lui faire envisager la brillante fortune qui en résulterait pour lui et sa famille. Guillaume n'était pas plus scrupuleux que Jean, il accepta avec joie sa proposition et partit immédiatement pour Paris. Cependant, pour contracter ce mariage, il fallait le consentement de sa mère. Cette dame ne le refusa pas; mais, soit par respect pour son nom, soit pour toute autre raison, elle ne voulut pas sanctionner par sa présence un acte si peu honorable, et elle chargea une autre personne de la représenter dans tout ce qui allait être fait. Le comte Guillaume arriva donc à Paris, muni de la pièce que voici:

«Par-devant le notaire royal de la ville de Toulouse et témoins bas nommés, fut présente dame Catherine de Lacaze, veuve de noble Antoine du Barry, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, habitant de cette ville;

»Laquelle a fait et constitué pour son procureur général et spécial M. Jean Gruel, négociant, rue du Roule, à Paris, auquel elle donne pouvoir de, pour elle et en son nom, consentir que noble Guillaume du Barry, son fils, ancien officier d'infanterie, contracte mariage avec telle personne qu'il jugera à propos, pourvu toutefois qu'elle soit approuvée et agréée par ledit sieur procureur constitué, et que la bénédiction nuptiale lui soit départie suivant les constitutions canoniques, par le premier prêtre requis, sans cependant que ladite dame constituante entende rien donner à son fils dans son contrat de mariage; voulant en outre que les présentes vaillent nonobstant surannotation et jusqu'à révocation expresse, promettant, obligeant, renonçant.

»Fait et passé audit Toulouse, dans notre étude, le quinzième jour du mois de juillet, avant midi, l'an 1768, en présence des sieurs Bernard-Joseph Fourmont et Bonaventure Calvet, praticiens, habitant cette ville, soussignés, avec ladite dame constituante et nous, notaire.

»Signé: DELACAZE DU BARRY, FOURMONT,
B. CALVET, et SANS, notaire, avec paraphe
[111]

A son arrivée à Paris, Guillaume du Barry descendit à l'hôtel de son frère, rue Neuve des Petits-Champs. Celui-ci ne perdit pas un seul instant, et huit jours après le consentement de leur mère, le 23 juillet, il faisait signer à Guillaume le curieux contrat de mariage qui suit:

«Par-devant les conseillers du roi, notaires au Châtelet de Paris, furent présents:

»Haut et puissant seigneur messire Guillaume comte du Barry, chevalier, capitaine des troupes détachées de la marine, demeurant à Paris, rue Neuve des Petits-Champs, paroisse Saint-Roch, majeur, fils de défunt messire Antoine, comte du Barry, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de dame Catherine Delacaze, son épouse, actuellement sa veuve, demeurant à Toulouse, contractant pour lui et en son nom;

»Sieur André-Marie Gruel, négociant à Paris, y demeurant, rue du Roule, paroisse Saint-Germain l'Auxerrois, au nom et comme fondé de la procuration spéciale à l'effet du mariage dont va être parlé, de ladite dame du Barry mère, passé devant Sans, notaire royal à Toulouse, en présence de témoins, le 15 juillet présent mois, dont l'original, dûment contrôlé et légalisé, est, à la réquisition du sieur Gruel, demeuré annexé à la minute des présentes, préalablement de lui certifié véritable, signé et paraphé en présence des notaires soussignés.

»Ledit sieur Gruel, audit nom, assistant et autorisant autant que de besoin ledit seigneur comte du Barry, d'une part;

»Et sieur Nicolas Rançon, intéressé dans les affaires du roi, et dame Anne Bécu, son épouse, qu'il autorise à l'effet des présentes, demeurant à Paris, rue du Ponceau, paroisse Saint-Laurent, ladite dame auparavant veuve du sieur Jean-Jacques Gomard de Vaubernier, intéressé dans les affaires du roi, stipulant pour mademoiselle Jeanne Gomard de Vaubernier, fille mineure de ladite dame Rançon et dudit feu sieur Gomard de Vaubernier, son premier mari, demeurant avec eux; à ce présente et de son consentement pour elle et en son nom;

»Lesquels, dans la vue du mariage proposé et agréé entre ledit sieur comte du Barry et ladite demoiselle Gomard de Vaubernier, qui sera célébré incessamment en face d'Église, ont pris par ces présentes volontairement fait et rédigé les clauses et conditions civiles dudit mariage ainsi qu'il suit, en la présence et de l'agrément de haut et puissant seigneur messire Jean, comte du Barry-Cérès, gouverneur de Lévignac, frère aîné dudit seigneur, futur époux, et de Claire du Barry, demoiselle majeure, sœur dudit seigneur futur époux.

»Article premier.—Il n'y aura point communauté de biens entre ledit seigneur et demoiselle future épouse, dérogeant à cet égard à la coutume de Paris et à toute autre qui l'admette entre conjoints; et, au contraire, ils seront et demeureront séparés de biens, et ladite demoiselle future épouse aura seule la jouissance et l'administration des biens, droits et actions, meubles et immeubles qui lui appartiennent et pourront lui appartenir dans la suite à tel titre que ce soit.

»Art. 2.—La demoiselle future épouse se marie avec les biens et droits qui lui appartiennent et qui lui appartiendront par la suite, dont elle aura l'administration, comme il est ci-devant dit. Et son mobilier consiste en la somme de 30,000 livres, composé de bijoux, diamants, habits, linge, dentelles et meubles à son usage, le tout provenant de ses gains et économies, et dont, pour éviter la confusion avec le mobilier dudit sieur futur époux, il a été fait et dressé un état, transcrit sur les deux premières pages d'une feuille de papier à lettre, lequel est, à leur réquisition, demeuré annexé à la minute des présentes, après avoir été desdites parties contractantes certifié véritable, signé et paraphé en présence des notaires soussignés.

»Art. 3.—Tous les meubles et effets qui se trouveront dans les maisons qu'occuperont les futurs époux, tant à Paris qu'à la campagne, autres que ceux désignés dans l'état ci-devant annexé, seront censés appartenir et appartiendront en effet audit seigneur futur époux, et si dans la suite ladite demoiselle future épouse fait quelque achat de meubles et effets, elle sera tenue de retirer quittances en forme et, par-devant notaire, du prix d'iceux.

»Art. 4.—Tous les biens appartenant aux demoiselle et seigneur futurs époux, et ceux qui leur échoiront pendant le mariage, à tel titre que ce soit, tant en meubles qu'immeubles, seront réputés propres à chacun d'eux et aux leurs, de côtés et lignes respectivement.

»Art. 5.—Ledit seigneur futur époux a doué et doue la demoiselle future épouse de 1,000 livres de rente de douaire préfix, dont le fonds, en denier 25, demeurera propre aux enfants à naître dudit mariage.

»Art. 6.—Arrivant le décès de l'un des futurs époux, le survivant aura et prendra sur les biens du prédécédé, par forme de gain de survie, en meubles et effets prisés sans crue, la somme de 10,000 livres ou ladite somme en deniers comptants, au choix dudit survivant.

»Art. 7.—Il est convenu que ladite demoiselle future épouse demeurera chargée seule de la conduite et de toutes les dépenses du ménage, tant pour la nourriture que pour les loyers ou appartements qu'ils occuperont, gages de domestiques, linge de table, ustensiles de ménage, entretien d'équipages, nourriture de chevaux et toutes autres dépenses quelconques sans exception, tant envers ledit seigneur futur époux qu'envers les enfants à naître dudit mariage, qu'elle sera tenue d'élever et faire éduquer à ses frais, à la charge par ledit seigneur futur époux, ainsi qu'il s'y oblige, de payer à ladite demoiselle future épouse la somme de 6,000 livres de pension, pour tenir lieu de sa moitié dans lesdites dépenses et entretien du ménage, par chaque année, de six mois en six mois, et toujours d'avance, en sorte que les six premiers mois seront exigibles le lendemain de la célébration du mariage.

»C'est ainsi que le tout a été convenu et arrêté entre les parties, promettant, obligeant, renonçant.

»Fait et passé à Paris, en la demeure dudit seigneur comte du Barry, futur époux susdésigné.

»L'an 1768, le 23 juillet après midi, et ont signé: J. Gomard de Vaubernier, le Chevalier du Barry, GRUEL, le Comte du Barry-Cérès, A. Bécu, C.-F. du Barry, RANÇON.

»La minute des présentes demeurée à Me Garnier-Deschênes, l'un des notaires, etc.[112]

Par ce singulier contrat de mariage, madame du Barry était parfaitement libre de faire tout ce que bon lui semblait, et le comte n'entrait dans cet acte que pour lui donner un nom et lui permettre de recueillir complétement les avantages de la position que l'on venait de lui procurer.

Il est dit dans le contrat que la future épouse possède une somme de 30,000 livres en mobilier. Voici le détail assez curieux des divers objets qui composaient cette somme de 30,000 livres provenant des gains et économies de mademoiselle l'Ange, d'après l'état annexé au contrat de mariage:

«État des meubles, habits, linge, hardes et bijoux, dentelles et autres effets appartenant à mademoiselle Gomard de Vaubernier:

«1º Un collier de diamants fins, évalué à.

8,000

  liv.

»2º Une aigrette et une paire de boucles d'oreilles en girandolle, le tout estimé à.

8,000

 

»3º Un lit complet, les rideaux, ciel, dossier et bonnes grâces de damas vert; une tenture servant de tapisserie, de pareil damas; huit chaises, quatre fauteuils et deux rideaux de fenêtres aussi en pareil damas vert, le tout évalué à.

3,000

 

»4º Trente robes et jupons de différentes étoffes de soie or et argent, de toutes saisons, évaluées à.

3,000

 

»5º Dentelles d'Angleterre, de Bruxelles, de Valenciennes, d'Argentan et autres, tant en garnitures de robes qu'en manchettes, bonnets ou autrement.

6,000

 

»Six douzaines de chemises fines de toile de Hollande, garnies de manchettes de mousseline brodée; douze déshabillés complets de différentes étoffes de soie et autres; deux douzaines de corsets et plusieurs autres linges et effets à l'usage de ladite demoiselle de Vaubernier, le tout évalué à.

2,000

 
Total.30,000l.[113]

Tels étaient les cadeaux de noces que le royal amant donnait à la nouvelle épouse. Ce qui domine surtout dans ces divers objets, ce sont les diamants, les robes, les dentelles, tous les ornements de toilette, et l'on verra plus tard que le même goût préside aux dépenses de madame du Barry pendant toute sa grandeur.

Un mois après le contrat, a lieu la célébration du mariage. A cette cérémonie n'assistent ni la mère du marié, ni celle de la mariée, et l'on voit cette dernière représentée par un personnage sur lequel nous reviendrons dans la suite. L'acte de célébration est ainsi conçu:

«Le 1er septembre 1768, après publication de trois bans sans empêchement, en cette paroisse Saint-Laurent et en celle de Saint-Eustache, les 24, 25 et 31 juillet dernier, vu la procuration donnée par la mère de l'époux à M. Jean Gruel, négociant à Paris, rue du Roule, auquel elle donne pouvoir de, pour elle et en son nom, consentir au présent mariage; vu pareillement la procuration des beau-père et mère de l'épouse, donnée à messire Jean-Baptiste Gomard, prêtre, aumônier du roi, auquel ils donnent pouvoir de les représenter lors de la célébration de ce mariage, les fiançailles célébrées aujourd'hui, ont été par nous mariés messire Guillaume, comte du Barry, ancien capitaine, et demoiselle Jeanne Gomard de Vaubernier, âgée de vingt-deux ans, fille de Jean-Jacques de Vaubernier, intéressé dans les affaires du roi, et d'Anne Bécu, dite Cantigny, etc.[114]

Madame du Barry mariée, le comte son mari retourna à Toulouse, et elle vint s'établir définitivement à Versailles. Le roi n'attendait que cela pour se livrer tranquillement à toute sa passion.

Elle eut un appartement dans le château. Cet appartement était situé au deuxième étage précisément au-dessus de celui du roi[115]. Louis XV pouvait s'y rendre à toute heure et sans être vu, soit par un escalier aboutissant au balcon de la cour des Cerfs, soit par la bibliothèque située au-dessus du grand cabinet, dont une porte ouvrait sur un petit palier donnant entrée dans un des deux cabinets placés de chaque côté de l'alcôve de la chambre à coucher de madame du Barry.

De ce moment, madame du Barry allait avoir des équipages et des gens: il fallait les loger en ville et avoir un hôtel, comme tous les grands seigneurs qui habitaient Versailles.

Le 22 décembre 1768, on passe un bail en son nom avec la veuve Duru, pour un hôtel situé à Versailles, rue de l'Orangerie[116], et c'est là qu'elle établit sa maison.

Madame du Barry était installée au château, mais le roi ne la voyait qu'en particulier. Elle ne pouvait monter dans les carrosses de la cour et elle ne paraissait point en public; pour cela, il aurait fallu que la favorite fût présentée et fît ainsi partie des dames de la cour. Le roi le désirait ardemment, et madame du Barry encore plus. Malgré les obstacles qui semblaient devoir s'y opposer, cette présentation se fit rapidement, et elle eut lieu le 22 avril 1769. Dès ce moment, madame du Barry fut reconnue comme maîtresse en titre, et entourée d'une foule de courtisans qui, jusqu'à sa chute, ne cessèrent de briguer ses faveurs.

On a vu de quoi se composait la dot de mademoiselle l'Ange, mais cela ne pouvait plus suffire à la maîtresse du roi. Aussi, dès les premiers jours de 1769, le roi lui constistue 100,000 livres de rentes viagères sur la ville de Paris, et 10,000 livres de rente sur les États de Bourgogne. Madame de Pompadour avait eu près de Versailles une habitation princière[117], il en fallut une à madame du Barry.

En 1690, Louis XIV avait acheté à M. de Valentinay la belle terre et le château de Louveciennes. Il en fit don à la princesse de Conty, sa fille. A la mort de la princesse, cette terre passa au comte de Toulouse, puis au duc de Penthièvre. Le 7 mai 1768, le prince de Lamballe y étant mort des suites de ses débauches, son père, le duc de Penthièvre, ne voulut plus habiter une terre qui lui rappelait de si tristes souvenirs, et il la vendit au roi. Louis XV la donna à madame du Barry, et par brevet du roi du 24 juillet 1769, elle obtint, sa vie durant, la jouissance de la maison, jardins et dépendances de Louveciennes[118]. On voit, dans le relevé des dépenses de madame de Pompadour, que dans les premières années de sa faveur, Louis XV lui faisait des cadeaux d'une valeur fort considérable; c'est ce qui eut lieu aussi pour madame du Barry. Le 1er janvier 1770, le roi entra de bonne heure chez sa maîtresse, et, en l'embrassant, lui remit un brevet signé le 23 décembre précédent, qui lui concédait, sa vie durant, les Loges de Nantes. Ce que l'on nommait les Loges de Nantes était une réunion de boutiques, baraques et appentis établis sur la contrescarpe, à Nantes, et rapportant environ 40,000 livres de rente.

Mais les libéralités du roi pour sa nouvelle maîtresse ne s'arrêtaient pas là, et il fournissait avec abondance l'argent nécessaire à ses nombreuses dépenses.

Madame de Pompadour reçut une brillante éducation; artiste elle-même, elle aimait les arts et les artistes, et ses dépenses consistent plus dans la création de charmants séjours, embellis par les arts de la peinture et de la sculpture, en concerts délicieux, en représentations théâtrales, en tout ce qui est le résultat d'une éducation recherchée et de bon goût qu'en dépenses personnelles et de toilette. Madame du Barry, au contraire, n'ayant reçu aucune éducation, et arrivée à jouer un rôle si important par sa seule beauté, ne pensa qu'aux moyens de faire valoir ses charmes, et dirigea toutes ses dépenses vers la toilette, le luxe et la recherche de ses appartements intimes.

On peut juger par la quantité de robes, d'étoffes de toutes sortes, de dentelles, de bijoux trouvés chez elle à sa mort, de son goût effréné pour la toilette. Ainsi, il y avait de dentelles, étoffes, robes, corsets et linge de corps, pour 160,029 livres 5 sols;—de bijoux, diamants, montres, etc., pour 400,000 livres[119];—et elle devait encore, entre autres objets de toilette, 40,896 livres 13 sols à mademoiselle Bertin, sa marchande de modes à Paris, et 2,275 livres 6 sols à M. Bataille, son parfumeur à Versailles.

Elle fit de son appartement de Versailles une suite de boudoirs délicieux.

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