← Retour

Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5 - (D - E- F)

16px
100%

«Pour passer temps joyeusement,

Raconter vueil une repeue

Qui fut faicte subtillement

Près Montfaulcon, c'est chose sçeüe,

...

Tant parlèrent dn bas mestier,

Que fut conclud, par leur façon,

Qu'ilz yroyent, ce soir-là, coucher

Près le gibet de Montfaulcon,

Et auroyent, pour provision,

Ung pasté de façon subtile,

Et menroyent, en conclusion,

Avec eulx chascun une fille.

...» 576

«Non loin de Montfaucon, dit M. de Lavillegille 577, se trouvait un autre gibet, plus petit, et qui portait le nom de Montigny. Construit et démoli à plusieurs reprises, il semble n'avoir été destiné qu'à suppléer momentanément au grand gibet, lorsque celui-ci avait besoin de quelques réparations. La première mention du gibet de Montigny remonte à l'année 1328. Il n'existait plus au commencement du XVe siècle, puisqu'en 1416 il fallut construire un gibet provisoire, en attendant les travaux que l'on faisait à Montfaucon.» Ce gibet consistait en quatre poteaux de bois d'un pied d'équarrissage et de vingt pieds environ de hauteur, engagés à leur pied dans un mur d'appui de deux pieds d'épaisseur et d'autant de hauteur environ. Quatre traverses réunissaient la tête des quatre poteaux 578.

Les fourches patibulaires servaient de lieu d'exposition pour les condamnés exécutés en d'autres lieux et qui même n'avaient point été pendus. Les corps des décapités étaient enfermés dans un sac; on exposait aussi aux gibets les suicidés, des mannequins figurant des condamnés par contumace. Le cadavre de l'amiral de Coligny fut suspendu au gibet de Montfaucon par les pieds. L'Étoile rapporte que Catherine de Médicis, «pour repaître ses yeux, l'alla voir un soir et y mena ses fils, sa fille et son gendre.» Depuis lors ces fourches patibulaires ne servirent guère aux exécutions ou expositions. Sauval cependant dit y avoir encore vu des cadavres, bien qu'alors cet édifice fût en ruines.

Les fourches patibulaires ne servaient pas seulement à pendre des humains, on y suspendait aussi des animaux, et notamment des porcs, condamnés à ce genre de supplice à la suite de jugements et arrêts rendus pour avoir dévoré des enfants. (Voy. à ce sujet la brochure de M. E. Agnel, Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge. Paris, 1858. Dumoulin.) En cas pareil, les formalités judiciaires du temps étaient scrupuleusement suivies, et, comme il était d'usage de pendre les condamnés vêtus de leurs habits, on habillait les animaux que l'on menait au gibet. «En 1386, une sentence du juge de Falaise condamna une truie à être pendue pour avoir tué un enfant. Cette truie fut exécutée sur la place de la ville, en habit d'homme... 579»

En 1314 580, un taureau qui avait tué un homme fut jugé et pendu aux fourches patibulaires de Moisy-le-Temple. Il y eut appel de la sentence. Le jugement fut trouvé équitable; mais il fut décidé que le comte de Valois n'avait aucun droit de justice sur le territoire de Moisy, et que les officiers n'auraient pas dû y instrumenter 581.

Note 562: (retour) Droits et usages, p. 165.
Note 563: (retour) Collect. de chartes et diplômes, boîte 267.
Note 564: (retour) Renseignements fournis par M. Achard, archiviste de la préfecture de Vaucluse.
Note 565: (retour) Des anciennes fourches patibulaires de Montfaucon, par A. de Lavillegille. Paris, 1836. Techener.
Note 566: (retour) Comptes et ordinaires de la prévôté de Paris. (Sauval, t. III. p. 481.)
Note 567: (retour) Traité des seigneuries.--Jacquet, Traité des justices.
Note 568: (retour)

À chascun le sien, c'est justice:

À Paris, seize quarteniers:

À Montfaucon seize pilliers,

C'est à chacun son bénéfice.


Seize, Montfaucon vous appelle,

À demain, crient les corbeaux,

Seize pilliers de sa chapelle

Vous seront autant de tombeaux.

(Satyre Ménippée.)

Note 569: (retour) Des anciennes fourches patibulaires de Montfaucon, par A. de Lavillegille.
Note 570: (retour) Arch. de l'Empire. Sect. dom. S. 216. Titres du fief du Cens commun que possédait autrefois le chapitre de Notre-Dame de Paris.
Note 571: (retour) Voy. le plan de Verniquet.
Note 572: (retour) Gaguin. Grandes chroniques de France.
Note 573: (retour) Comptes et ordinaires. (Sauval, t. III, p. 533.)
Note 574: (retour) Tapisserie de l'Hôtel de ville, vue de l'hôpital Saint-Louis, 1641, Châtillon Châlonnais. Vue de l'hôpital Saint-Louis, Pérelle.
Note 575: (retour) Chroniques, ch. XIII.
Note 576: (retour) La Repeue faicte auprès de Montfaulcon. Poésie attribuée à Villon. Édit. Jannet, p. 292. 1854.
Note 577: (retour) Les anciennes Fourches patibulaires, p. 38.
Note 578: (retour) Sauval, t. II, p. 612.--Félibien, t. I, p. 564. Pièces justificatives B.
Note 579: (retour) Curiós. judic. M. E. Agnel.
Note 580: (retour) Carlier. Histoire du duché de Valois, t. II, p. 207.
Note 581: (retour) Saint-Foix. Essais hist. sur Paris, t. V, p. 100. 1776.


FRISE, s. f. Ornement courant, remplissant une assise horizontale sous un bandeau, sous une corniche. Dans l'architecture romaine, on entend par frise l'assise unie ou décorée qui se trouve comprise entre l'architrave et la corniche. L'architecture du moyen âge, n'employant plus l'entablement des ordres antiques, ne possède pas, à proprement parler, de frises. Toutefois on donne le nom de frises, dans l'architecture romane ou l'architecture gothique, à des bandeaux, lorsque ceux-ci sont décorés de sculptures (voy. BANDEAU, CORNICHE, SCULPTURE).



FÛT, s. m. Partie de la colonne comprise entre la base et le chapiteau (voy. COLONNE, COLONNETTE, CONSTRUCTION).



FIN DU TOME CINQUIÈME.


TABLE PROVISOIRE
DES MOTS CONTENUS DANS LE TOME CINQUIÈME.

Dais
Dallage
--employé comme couverture
Dalles
Damier
Dauphin
Décoration
Délit
Dent-de-scie
Devis
Diable
Dieu
Dôme
Donjon
Dormant
Dortoir
Dosseret
Douelle

Ébrasement
Écailles
Échafaud
Échauguette
Échelle
Échiffre
École
Écu
Église personnifiée
Église
Égoût
Embrasure
Enceinte
Enclosure
Encorbellement
Enduit
Enfer
Engin
Enrayure
Entrait
Entrée
Entrelacs
Entre-sol
Entre-toise
Épannelage
Éperon
Épi
Escalier
Eschif
Escoperche
Estaches
Étai
Étançon
Étayement
Étonné
Étrésillon
Étuve
Évangélistes
Évangile
Évêché
Évier
Extrados

Fabliau
Façade
Faîtage
Faîte
Faîtière
Fanal
Fenêtre
Ferme (Constructions rurales)
Ferme (Terme de charpenterie)
Fermeture
Ferrure
Feuillure
Fichage
Ficher
Filet
Fixé
Flèche
Fleur
Fleuron
Flore
Fondation
Fontaine
Fonts (Baptismaux)
Formeret
Fossé
Four
Fourches patibulaires
Frise
Fût

FIN DE LA TABLE PROVISOIRE DU TOME CINQUIÈME.

Chargement de la publicité...