Epitres des hommes obscurs du chevalier Ulric von Hutten traduites par Laurent Tailhade
XIX
STEPHANUS CALVASTER, BACHELIER, A MAITRE ORTUINUS GRATIUS
Salut avec humilité pour Votre Grandeur, vénérable Dom Maître. Vint ici un compagnon apportant certains vers qu'il disait de votre façon et propagés par vous dans Cologne. Alors, un poète qui jouit ici d'un grand renom, mais n'est pas fort chrétien, en prit connaissance, puis déclara qu'ils ne sont pas bons et qu'ils fourmillent de balourdises. Je lui répondis : « Si maître Ortuinus les a composés, ils sont exempts de défauts. Cela est bien certain. » J'ai voulu mettre en gage ma tunique pour démontrer que ces rythmes, s'ils avaient la moindre tache, ne pouvaient être sortis de vous, mais que, si vous en êtes l'auteur, c'est qu'ils n'ont pas la moindre tache. Au surplus, les voici. A vous de trancher la question, sur quoi veuillez m'écrire un peu. Ce poème fut instrumenté pour les obsèques de notre Maître Sotphi, au collège de Kneck, qui jadis élucubra une glose notable et maintenant, ô douleur! est trépassé. Qu'il repose en paix!
Et c'est à présent que débute le poème :
Ceci me paraît un très beau poème, mais je ne sais comment il faut scander, parce que c'est un genre à part et que je scande exclusivement les hexamètres. Vous ne devez pas tolérer que quelqu'un se permette de reprendre vos rythmes. Par ainsi, écrivez-moi. Je prétends vous défendre jusqu'au duel exclusivement et portez-vous bien.
De Munster en Westphalie.