Histoire ancienne de l'Orient jusqu'aux guerres médiques (1/6): I. Les origines, les races et les langues
§ 2.--LES ÉCRITURES HIÉROGLYPHIQUES.
À l'état rudimentaire de pictographie, l'hiéroglyphisme ne constitue réellement pas encore une véritable écriture. Il ne le devient à proprement parler que lorsqu'à la peinture des idées il joint la peinture des sons. Pour élever l'hiéroglyphisme pictographique à ce nouveau point de développement, il fallait un progrès à la fois dans les idées et dans les besoins de relations sociales plus grand que ne le comporte la vie sauvage. La plupart des peuples ne sont point parvenus spontanément à ce degré de civilisation qui pouvait donner naissance à l'écriture; ils y ont été initiés par d'autres peuples qui les avaient précédés dans cette voie, et ils ont reçu de leurs instituteurs l'écriture toute formée, avec la notion des autres arts les plus essentiels. Aussi, lorsqu'on remonte aux origines, toutes les écritures connues se ramènent-elles à un très petit nombre de systèmes, tous hiéroglyphiques au début, qui paraissent avoir pris naissance d'une manière absolument indépendante les uns des autres 152.
Note 152: (retour) Sur ces différents systèmes graphiques, leur mécanisme et leurs caractères essentiels, voy. L. de Rosny, Les écritures figuratives et hiéroglyphiques, 2e édit., Paris, 1870; H. Wuttke, Geschichte der Schrift; A. Mauvy, Les origines de l'écriture, dans la Revue des Deux-Mondes, 1er septembre 1875; et l'Introduction de mon Essai sur la propagation de l'alphabet phénicien dans l'ancien monde, Paris, 1872.
Ce sont:
1° Les hiéroglyphes égyptiens;
2° L'écriture chinoise;
3° L'écriture cunéiforme anarienne;
4° Les hiéroglyphes 'hittites, qui du nord de la Syrie ont rayonné dans une haute antiquité sur une portion de l'Asie Mineure;
5° Les hiéroglyphes mexicains;
6° L'écriture calculiforme ou katouns des Mayas du Yucatan.
Ces différents systèmes, au nombre de six, tout en restant essentiellement idéographiques, sont parvenus au phonétisme. Mais, on admettant ce nouveau principe, ils ne l'ont pas poussé jusqu'au même degré de développement. Chacun d'eux s'est immobilisé et comme cristallisé dans une phase différente des progrès du phonétisme, circonstance précieuse et vraiment providentielle, qui permet à la science de suivre toutes les étapes par lesquelles l'art d'écrire a passé pour arriver de la peinture des idées à la peinture exclusive des sons, de l'idéographisme à l'alphabétisme pur, terme suprême de son progrès.
1Sculpté sur un rocher à Ibriz, dans l'ancienne Lycaonie. D'après les Transactions of the Society of Biblical Archæology.
Les systèmes fondamentaux d'écriture originairement hiéroglyphique,
que nous venons d'énumérer, ne sont pas, du reste, encore connus
d'une manière également complète. Il en est deux dont l'imperfection
des notions que l'on possède, dans l'état actuel de la science, ne nous
permettra pas de tirer parti pour y puiser des renseignements sur
cette marche du progrès graduel des écritures vers la clarté et la
simplification. Ce sont les hiéroglyphes 'hittites, dont on n'a jusqu'ici
qu'un petit nombre de monuments et dont le déchiffrement est encore
à faire. Il n'y a que peu de temps qu'on en connaît l'existence et que
l'on a commencé à s'en occuper, et aucun progrès décisif n'a commencé
à soulever le voile mystérieux qui cache leur signification. C'est tout
au plus si les ingénieuses recherches de M. Sayce sont parvenues à
déterminer la valeur de deux ou trois signes d'idées, comme celui de
«roi» et celui de «pays.» On n'a jusqu'à présent aucune donnée
sur la part que peut y tenir le phonétisme et sur la question de savoir
s'il est syllabique ou alphabétique, bien que la première hypothèse
paraisse la plus probable. Non moins mystérieuse est l'écriture des
Mayas du Yucatan, quoique l'on sache à son sujet d'une manière
positive, par le témoignage infiniment précieux de Diego de Landa,
que ce système graphique était parvenu à un degré de perfectionnement
très analogue à celui des
hiéroglyphes égyptiens, qu'il
admettait de même un élément
alphabétique de peinture
des sons. Il subsiste,
de l'écriture calculiforme de
l'Amérique centrale, des manuscrits
et de très nombreuses
inscriptions, dont malheureusement
jusqu'ici les
copies sont peu certaines et
peu dignes de foi. Malgré
ces ressources d'étude, on
n'a fait pendant bien longtemps
aucun progrès sérieux
dans la voie de son explication.
Tout récemment, la
sagacité pénétrante de M.
Léon de Rosny est parvenue
enfin à poser quelques jalons
de déchiffrement, et a
donné pour la première fois un
caractère réellement scientifique
aux recherches sur la
signification des hiéroglyphes
spéciaux du Yucatan.
Mais si les résultats obtenus
paraissent cette fois solides,
ils se réduisent encore à trop
peu de chose pour que nous
avons pu les faire figurer ici.
1Spécimen de l'écriture calculiforme des Mayas. Le manuscrit de Dresde paraît être un calendrier de fêtes religieuses.
1D'après la Grammaire hiéroglyphique de Champollion.
Remarquons, du reste, que toutes les écritures d'origine hiéroglyphique qui combinent le phonétisme et l'alphabétisme, après avoir commencé par être figuratives, c'est-à-dire par se composer d'images d'hommes, d'animaux, de plantes, d'objets naturels ou manufacturés, etc., ont subi, par l'effet de l'usage, une transformation inévitable, qui leur a donné un autre aspect et un autre caractère. À force d'être tracées rapidement et abrégées, les figures s'altérèrent dans leurs formes et finirent par ne plus offrir que des signes conventionnels, où il était souvent bien difficile de reconnaître le type originel. Le fait s'observe déjà quelquefois dans les peintures mexicaines, mais il se produisit sur une bien plus grande échelle en Égypte, où l'écriture hiéroglyphique était usitée depuis un temps immémorial. On y substitua, pour le besoin journalier, une véritable tachygraphie, qu'on trouve employée spécialement sur les papyrus, et que les égyptologues nomment écriture hiératique (voy. les clichés des pages 436 et 437). Plus tard même on en imagina une plus cursive encore, reposant sur un système à certains égards plus avancé; c'est celle qu'on appelle démotique, parce qu'elle fut en usage aux derniers temps des Pharaons et sous les Ptolémées chez presque toute la population égyptienne (voy. le cliché de la page 439). En Chine, les images grossièrement tracées furent aussi promptement défigurées, et elles ne présentèrent plus qu'un ensemble de traits que le scribe exécuta avec le pinceau, et dont l'assemblage ne garde, la plupart du temps, aucune ressemblance avec les figures dont elles sont cependant l'altération. Dans les écritures cursives employées chez les Chinois, les signes se sont corrompus davantage, et n'ont affecté que des formes toutes conventionnelles (voyez les figures des p. 428 et 429). Parvenue à ce point, l'écriture figurative cesse d'être une peinture pour devenir une sêmeiographie, c'est-à-dire un assemblage de caractères représentant des idées et constituant ce que l'on appelle des idéogrammes. L'écriture cunéiforme anarienne, qui comprend divers systèmes, contient une foule de signes de cette nature. Les traits offrant l'aspect de têtes de flèches ou de clous y forment par leur groupement, varié à l'infini, de véritables caractères. Ces groupes cunéiformes, comme les plus anciens caractères chinois, reproduisaient grossièrement à l'origine la configuration des objets; mais les images se sont ensuite si fort altérées, qu'à de rares exceptions près on ne peut plus remonter aux prototypes iconographiques. On n'est en présence que de signes ayant un caractère purement mnémonique et dont un grand nombre affectent une valeur phonétique. La méthode sêmeiographique n'évinça pas, d'ailleurs, les symboles, les emblèmes, les images combinées; elle ne fit qu'en altérer l'aspect d'une manière à peu près complète. On retrouve dans l'hiératique égyptien, comme dans l'écriture chinoise actuelle, comme dans le cunéiforme assyrien, la même proportion d'idéogrammes originairement figuratifs ou symboliques que dans les écritures qui ont gardé leur ancien aspect hiéroglyphique et où les images sont demeurées reconnaissables.
Quelquefois aussi, comme en Égypte, l'hiéroglyphisme figuratif
est demeuré en usage, comme écriture décorative et monumentale,
parallèlement aux tachygraphies sêmeiographiques sorties de son
altération. Dans ce cas, l'hiéroglyphisme figuratif, quelques progrès
qu'il ait consommés comme instrument d'expression de la pensée
par la peinture simultanée des idées et des sons, garde encore tant de
son essence primitive de pictographie, que les signes qui le composent
peuvent être groupés dans la décoration des édifices en forme de
tableaux figurés et symboliques représentant une action, sans perdre
pour cela leur signification d'écriture. Voici par exemple deux petits
tableaux dont la répétition forme une frise à l'un des temples de Karnak,
à Thèbes d'Égypte. Ce sont deux scènes religieuses et symboliques:
le roi agenouillé, tenant un sceptre emblématique, qui varie
dans les deux, et la tête surmontée du disque solaire, présente au
dieu Ammon, assis, la figure de la déesse Mâ, la justice et la vérité
personnifiées; quelques signes hiéroglyphiques, qui n'ont pas trouvé
naturellement place dans la scène, sont disposés de manière à y former
un soubassement général et un piédestal au dieu Ammon. Mais en
même temps ces deux tableaux ne sont pas autre chose qu'une expression
graphique du double nom du pharaon Ramessou IV,
de la xxe dynastie, dont ils renferment tous les éléments,
ingénieusement groupés dans une scène en
action:
Râ-mes-sou haq Mâ meï Amoun.
Râ-ousor-ma sotpou en Amoun.
Dans leur disposition graphique ordinaire, ces éléments donneraient les deux cartouches hiéroglyphiques ci-contre.
§ 4.--DÉVELOPPEMENTS SUCCESSIFS DE L'IDÉOGRAPHISME.
L'hiéroglyphisme, nous l'avons déjà dit, commença par une méthode exclusivement figurative, par la représentation pure et simple des objets eux-mêmes. Toutes les écritures qui sont restées en partie idéographiques ont conservé jusqu'au terme de leur existence les vestiges de cet état, car on y trouve un certain nombre de signes qui sont de simples images et n'ont pas d'autre signification que celle de l'objet qu'ils représentent. Ce sont ceux que les égyptologues, depuis Champollion, ont pris l'habitude de désigner par le nom de «caractères figuratifs,» et que les grammairiens chinois appellent siâng-hing, «images.»
Mais la méthode purement figurative ne permettait d'exprimer qu'un très petit nombre d'idées, d'un ordre exclusivement matériel. Toute idée abstraite ne pouvait, par sa nature même, être peinte au moyen d'une figure directe; car quelle eût été cette figure? En même temps certaines idées concrètes et matérielles auraient demandé, pour leur expression directement figurative, des images trop développées et trop compliquées pour trouver place dans l'écriture. L'un et l'autre cas nécessitèrent l'emploi du symbole ou du trope graphique. Pour rendre l'idée de «combat» on dessina deux bras humains, dont l'un tient un bouclier et l'autre une hache d'armes; pour celle d' «aller, marcher,» deux jambes en mouvement.
La présence du symbole dans l'écriture hiéroglyphique doit remonter à la première origine et être presque contemporaine de l'emploi des signes purement figuratifs. En effet, l'adoption de l'écriture, le besoin d'exprimer la pensée d'une manière fixe et régulière, suppose nécessairement un développement de civilisation et d'idées trop considérable pour qu'on ait pu s'y contenter longtemps de la pure et simple représentation d'objets matériels pris dans leur sens direct.
En outre les images affectèrent une signification particulière par le fait de leur association; la métaphore, l'emblème, le trope, valurent à certains groupes figurés un sens qui naissait du rapprochement des diverses images dont ces groupes étaient composés. C'est surtout de la sorte qu'on rendit idéographiquement des conceptions qui ne se prêtaient pas ou se prêtaient mal à une simple peinture iconographique. Les Égyptiens employaient très fréquemment cette méthode, et on la trouve également appliquée dans les peintures mexicaines. On en saisit la trace dans l'écriture chinoise, où ces figures réunies de façon à rendre une idée constituent ce que l'on appelle, dans la langue du Céleste Empire, hoéï-î, «sens combinés.» Par exemple le signe de la bouche tracé à côté de celui de l'oiseau signifie «chant,» celui de l'oreille entre ceux des deux battants d'une porte, «entendre;» le symbole de l'eau accolé à celui de l'oeil a le sens de «larmes.» Le même procédé tient une large place dans le mécanisme de l'écriture cunéiforme anarienne. Il n'est pas jusqu'aux Peaux-Rouges qui n'aient usé de pareils emblèmes, tant l'emploi s'en offre naturellement à l'esprit.
1Tablette assyrienne du Musée Britannique.
L'écriture idéographique ne demeura donc pas longtemps une simple représentation iconographique; elle forma bientôt un mélange d'images de significations très diverses, une suite de représentations prises tour à tour au sens propre et au sens tropique, d'emblèmes, de véritables énigmes dont l'intelligence demandait souvent une pénétration particulière. «A cet état, dit M. Maury, l'écriture idéographique était un art difficile, parfois même un secret qui devait rester le privilège d'un petit nombre, de ceux qui l'emportaient par l'adresse de la main et par les lumières, conséquemment des prêtres ou des magiciens, des sorciers, qui en tiennent lieu chez les populations les plus barbares et les plus ignorantes. Le nom d'hiéroglyphes a donc été justement appliqué à ces systèmes graphiques. Dans le symbolisme qui y était étroitement lié se donnaient nécessairement rendez-vous toutes les sciences, toutes les croyances du peuple qui faisait usage de tels procédés. De là l'impossibilité de déchiffrer ces sortes d'écritures, si l'on ne s'est familiarisé avec les idées de ceux dont elles émanent. On peut bien, dans les hiéroglyphes égyptiens, reconnaître du premier coup telle ou telle image, par exemple celle d'un homme qui est lié à un poteau, qui a les coudes attachés, qui fait une offrande ou porte une massue; mais comment pourrait-on deviner que l'image du vautour traduit l'idée de maternité, si l'on ignorait que, du temps des Pharaons, les Égyptiens supposaient que cette espèce d'oiseau ne renferme que des femelles pouvant produire sans le concours des mâles? Comment attacherait-on le sens de «fils» à la figure d'une oie si l'on ne savait que l'oie du Nil passait pour un modèle de piété filiale? Comment la figure d'un épervier posé sur un perchoir suggérerait-elle l'idée de «dieu,» si l'on n'était point informé que l'épervier était tenu pour l'emblème du Soleil, le dieu par excellence?»
Du reste, l'écriture purement idéographique avait beau appeler à son aide toutes les ressources que nous venons de passer rapidement en revue, recourir, non seulement aux symboles simples formés par métonymie, par métaphore ou par convention énigmatique, mais encore aux symboles complexes, elle n'en restait pas moins un moyen déplorablement incomplet de fixation et de transmission de la pensée, et plus on marchait dans la voie du développement des idées et des connaissances, plus son imperfection se faisait sentir d'une manière fâcheuse. Avec l'emploi exclusif de l'idéographisme, on ne pouvait qu'accoler des images ou des symboles les uns à côté des autres, mais non construire une phrase et l'écrire de manière que l'erreur sur sa marche fût impossible. Il n'y avait aucun moyen de distinguer les différentes parties du discours ni les termes de la phrase, aucune notation pour les flexions des temps verbaux ou des cas et des nombres pour les cas. Une écriture de ce genre ne pouvait se plier d'une manière satisfaisante qu'à une langue monosyllabique et demeurée à la période rhématique, où il n'y a pas de distinction de nom, de verbe, ni d'aucune partie du discours, et où la grammaire se réduit à une syntaxe, à des règles de position pour les mots invariables qui expriment indifféremment tous les modes de l'idée. L'adoption par les Chinois d'un système d'écriture savant et compliqué, basé sur l'idéographisme, quand leur langue en était encore à cet état primitif, a certainement contribué dans une forte mesure à l'y figer définitivement, sans progrès ultérieur.
En outre, le développement des idées et des notions à exprimer par l'écriture tendait à faire de cet art un chaos inextricable à force d'étendue et de complication, si un nouvel élément ne s'y introduisait pas, et si on continuait à vouloir représenter chaque idée, chaque notion, chaque objet nouveau par une image spéciale ou par un symbole, soit simple, soit complexe. Pour obvier à ces deux inconvénients, dont il fallait à tout prix se délivrer, si l'on ne voulait pas laisser la pensée à jamais emprisonnée dans des entraves qui eussent étouffé son développement d'une manière irréparable, les hommes furent conduits, par une pente naturelle, à joindre la peinture des sons à la peinture des idées, à passer de l'idéographisme au phonétisme.
De leur essence même, les écritures purement idéographiques des époques primitives ne peignaient aucun son. Représentant exclusivement et directement des idées, leurs signes étaient absolument indépendants des mots par lesquels les idiomes parlés des peuples qui en faisaient usage désignaient les mêmes idées. Ils avaient une existence et une signification propres, en dehors de toute prononciation; rien en eux ne figurait cette prononciation, et la langue écrite était par le fait assez distincte de la langue parlée pour qu'on pût très bien entendre l'une sans connaître l'autre, et vice versâ. Mais l'homme n'a jamais écrit que pour être lu; par conséquent, tout texte graphique, quelque indépendant qu'il ait pu être par son essence de la langue parlée, a nécessairement été prononcé. Les signes des écritures idéographiques primitives représentaient des idées et non des mots; mais celui qui les lisait traduisait forcément chacun d'eux par le mot affecté dans l'idiome oral à l'expression de la même idée. De là vint, par une pente inévitable, une habitude et une convention constante d'après laquelle tout idéogramme éveilla dans l'esprit de celui qui le voyait tracé, en même temps qu'une idée, le mot de cette idée, par conséquent une prononciation. C'est ainsi que naquit la première conception du phonétisme, et c'est dans cette convention, qui avait fini par faire affecter à chaque signe figuratif ou symbolique, dans son rôle d'idéogramme, une prononciation fixe et habituelle, que la peinture des sons trouva les éléments de ses débuts.
§ 5.--PREMIÈRES ÉTAPES DU PHONÉTISME.
Le premier pas, le premier essai du phonétisme dut nécessairement être ce que nous appelons le «rébus,» c'est-à-dire l'emploi des images primitivement idéographiques pour représenter la prononciation attachée à leur sens figuratif ou tropique, sans plus tenir aucun compte de ce sens, de manière à peindre isolément des mots homophones dans la langue parlée, mais doués d'une signification tout autre, ou à figurer par leur groupement d'autres mots dont le son se composait en partie de la prononciation de tel signe et en partie de celle de tel autre. La logique et la vraisemblance indiquent qu'il dut en être ainsi, et des preuves matérielles viennent le confirmer.
L'écriture hiéroglyphique des Nahuas du Mexique, née et développée spontanément, dans un isolement absolu et sans communication aucune avec les peuples de l'ancien monde, après avoir commencé par être exclusivement idéographique, fut conduite à recourir aux ressources du phonétisme par les mêmes besoins et la même loi de progrès logique et régulière, qui avaient conduit à un résultat semblable, dans d'autres âges, les Égyptiens, les Chinois primitifs et les Schoumers et Akkads, auteur de l'écriture cunéiforme anarienne. Mais dans la voie du phonétisme elle s'est arrêtée au simple rébus, sans faire un pas de plus en avant, et elle est devenue ainsi un précieux monument de cet état du développement des écritures, auquel elle s'est immobilisée.
Un exemple suffira pour montrer comment on y passe de la prononciation des signes purement idéographiques, indépendants de tout son par leur essence, mais constamment liés dans l'usage à un mot de la langue parlée, au phonétisme réel par voie de rébus. Le nom du quatrième roi de Mexico, Itzcohuatl, «le serpent d'obsidienne,» s'écrit idéographiquement dans un certain nombre de manuscrits aztèques par l'image d'un serpent (cohuatl), garni de flèches d'obsidienne (itzli). Cette figure constitue un idéogramme complexe, peignant la signification même du nom royal, directement, sans tentative d'expression phonétique; mais qui, lu dans la langue parlée, ne pouvait, par suite des idées qu'il figurait, être prononcé que Itzcohuatl. Mais le même nom est représenté dans d'autres manuscrits par un groupe de figures, composé de la flèche d'obsidienne (itzli--racine itz), d'un vase (comitl--racine co), enfin du signe de l'eau (atl). Dans cette nouvelle forme on ne saurait plus chercher d'idéographisme, ni de peinture symbolique de la signification du nom, mais bien un pur rébus, une peinture des sons par des images matérielles employées à représenter le mot auquel elles correspondaient dans la langue. Au reste, les livres historiques ou religieux des anciens Mexicains, antérieurs à la conquête, se composaient exclusivement de tableaux figuratifs où l'écriture n'était employée qu'à former de courtes légendes explicatives à côté des personnages 153. Aussi l'élément phonétique, tel que nous venons de le montrer, n'y est-il guère appliqué qu'à tracer des noms propres.
Note 153: (retour)Nous donnons comme exemple, à la page 425, d'après les Les Écritures figuratives de M. L. de Rosny, une peinture tirée d'un manuscrit de la collection de Mendoza. Elle est destinée à rappeler la fondation, au milieu des lagunes, de la ville de Mexico, dont on voit au centre l'emblème, composé d'un aigle debout sur un nopal ou opuntia (A). Ce symbole de Mexico exprime les noms des deux chefs auxquels fut due l'édification de la cité. L'un d'eux, le chef spirituel ou religieux, Kouaoutli-Ketzki, a son nom figuré par un aigle (en aztèque ou nahuatl kouaouhtli) debout (ketzki); c'est un rébus qui n'a pas de rapport avec le sens réel du nom, lequel voulait dire «celui qui tire le feu du bois,» titre d'une classe de prêtres. L'appellation de l'autre, du chef temporel et militaire, Te-notch, s'écrit par les figures d'une pierre (te) et d'un nopal (notch) qui en sort.
Les noms des dix personnages placés autour de l'aigle debout, sont écrits phonétiquement par voie de rébus et doivent se lire:
1 Akasitli. | 6 Tenoutch. 2 Kouapa. | 7 Chomimitl. 3 Oselopa. | 8 Chokoyol. 4 Akechotl. | 9 Chiouhcak. 5 Tesineouh. | 10 Atototl.Ce sont les chefs des principales familles qui prirent part à l'établissement.
Dans la partie inférieure du tableau sont figurées les conquêtes de Akamapichtli, premier roi de Mexico, sur les états de Colhuacan (B) et de Tenotchtitlan (C).
La peinture est circonscrite par les signes qui servent aux supputations chronologiques d'après le cycle de 52 ans usité par les anciens Mexicains. On le divise en quatre séries auxquelles correspondent quatre figures différentes et dont l'expression commence pour chacune par un petit cercle, puis par deux, trois, et ainsi de suite jusqu'à treize; après quoi une nouvelle série de treize années est inaugurée de la même manière.
Si elles ne se sont pas arrêtées de même dans leur développement à la phase du rébus, les écritures qui ont su mener à un plus haut degré de perfection leurs éléments phonétiques, tout en restant pour une partie idéographiques, conservent des vestiges impossibles à méconnaître de cet état, et donnent ainsi la preuve qu'elles l'ont traversé pour passer de l'idéographisme pur au phonétisme. Dans le cunéiforme anarien, les vestiges de rébus sont nombreux et jouent un rôle considérable. Mais ils se rapportent à l'époque primitive où cette écriture n'avait pas encore été transmise aux Sémites et demeurait exclusivement aux mains des populations de race touranienne, qui en avaient été les premiers inventeurs. On en observe aussi une certaine quantité dans le système hiéroglyphique des Égyptiens.
Dans une langue monosyllabique comme celle des Chinois, l'emploi du rébus devait nécessairement amener du premier coup à la découverte de l'écriture syllabique. Chaque signe idéographique, dans son emploi figuratif ou tropique, répondait à un mot monosyllabique de la langue parlée, qui en devenait la prononciation constante; par conséquent, en le prenant dans une acception purement phonétique pour cette prononciation complète, il représentait une syllabe isolée. L'état de rébus et l'état d'expression syllabique dans l'écriture se sont donc trouvés identiques à la Chine, et c'est à cet état de développement du phonétisme que le système graphique du Céleste Empire s'est immobilisé, sans faire un pas de plus en avant, depuis trente siècles qu'il a franchi de cette manière le premier degré de la peinture des sons.
Mais, en chinois, ce n'est que dans les noms propres que nous rencontrons les anciens idéogrammes simples ou complexes employés isolément avec une valeur exclusivement phonétique, pour leur prononciation dans la langue parlée, abstraction faite de leur valeur originaire comme signes d'idées. Et, en effet, par suite de l'essence même de la langue, le texte chinois le plus court et le plus simple, écrit exclusivement avec des signes phonétiques, soit syllabiques, soit alphabétiques, sans aucune part d'idéographisme, deviendrait une énigme absolument inintelligible.
Nous avons expliqué déjà, dans le chapitre précédent, comment dans tout idiome monosyllabique, et particulièrement en chinois, il se trouve toujours une très grande quantité de mots exactement homophones. Et nous avons indiqué par quel procédé, dans la langue parlée, on arrive à parer à l'effrayante confusion résultant de ce fait. Dans l'écriture on eut recours à une combinaison presque constante de l'idéographisme et du phonétisme, qui est propre au chinois. Elle constitue ce qu'on appelle le système des «clés,» système analogue dans son principe à celui des «déterminatifs 154» dans les hiéroglyphes égyptiens, mais dont les Chinois ont seuls fait une application aussi étendue et aussi générale, en même temps qu'ils le mettaient en oeuvre par des procédés à eux spéciaux.
Note 154: (retour) On appelle «déterminatif,» dans l'écriture hiéroglyphique de l'Égypte, un signe idéographique complémentaire qui se met quelquefois après un mot écrit phonétiquement, pour en préciser le sens. Tantôt ces déterminatifs ont une acception générique, en sorte qu'ils sont susceptibles d'être employés après une foule de mots n'ayant entre eux qu'un rapport de signification assez éloigné: tantôt ils conviennent à une catégorie spéciale de mots que lie une idée commune; parfois ils sont l'image même de la chose dont le nom est énoncé phonétiquement.
Le point de départ de ce système est la faculté, propre à l'écriture chinoise, de former indéfiniment des groupes complexes avec plusieurs caractères originairement distincts. Un certain nombre d'idéogrammes simples--214 en tout--ont donc été choisis parmi ceux que comprenait le fond premier de l'écriture avant l'introduction du phonétisme, comme représentant des idées générales et pouvant servir de rubriques aux différentes classes entre lesquelles se répartiraient les mots de la langue. Et il faut noter en passant que les Chinois admettent comme idées génériques des notions qui pour nous ont bien peu ce caractère, car on trouve parmi les clés celles des «grenouilles,» des «rats,» des «nez,» des «tortues,» etc. Les idéogrammes ainsi choisis sont ce qu'on appelle les «clés.» Ils se combinent avec des signes originairement simples ou complexes, pris uniquement pour leur prononciation phonétique, abstraction faite de tout vestige de leur valeur idéographique, de manière à représenter toutes les syllabes de la langue. Ainsi sont formés des groupes nouveaux, à moitié phonétiques et à moitié idéographiques, dont le premier élément représente le son de la syllabe qui constitue le mot, et le second, la clé, indique dans quelle catégorie d'idées doit être cherché le sens de ce mot. Les trois quarts des signes de l'écriture chinoise doivent leur origine à ce mode de formation 155.
Note 155: (retour) Le système des clés a été ensuite appliqué par les grammairiens chinois à tous les signes de l'écriture, comme un moyen facile de classement. Certains caractères, simples à l'origine et dérivés d'une ancienne image unique, ont été décomposés artificiellement en deux parties, l'une considérée comme le phonétique et l'autre comme la clé, afin de les faire rentrer bon gré mal gré dans les classes établies d'après cette méthode. On a aussi appliqué le même système d'analyse à bien des caractères qui étaient à l'origine des idéogrammes complexes, aux deux parties de même nature, essentiellement symboliques. Mais le principe de composition au moyen du phonétique et de la clé n'en demeure pas moins vrai dans la grande majorité des cas.
Un exemple en fera mieux comprendre le mécanisme.
La syllabe pâ est susceptible, en chinois, de huit acceptions absolument
différentes, ou, pour parler plus exactement, il y a dans le
vocabulaire des habitants de l'Empire du Milieu huit mots homophones,
bien que sans rapport d'origine entre eux, dont la prononciation se
ramène à cette syllabe. Si donc le chinois s'écrivait au moyen d'un
système exclusivement phonétique, en voyant pâ dans une phrase,
l'esprit hésiterait entre huit significations différentes, sans indication
déterminante qui pût décider à choisir l'une plutôt que l'autre. Mais avec
le système des clés, avec la combinaison de l'élément idéographique et
de l'élément phonétique, cette incertitude,
cause permanente des
plus fâcheuses erreurs, disparaît
tout à fait. Il y a un signe adopté
dans l'usage ordinaire pour représenter
phonétiquement la syllabe
pâ; mais ce signe, dont la valeur
idéographique primitive s'est complètement
oblitérée, n'est employé
isolément, comme phonétique
simple, que dans les noms propres
d'hommes ou de lieux. Si l'on y
ajoute la clé des plantes, il devient,
toujours en gardant la même
prononciation, le nom du «bananier;»
qu'on remplace cette clé
par celle des roseaux, en conservant
le signe radical et phonétique,
on obtient la désignation
d'une sorte de «roseau épineux.»
Avec la clé du fer, le mot pâ est
caractérisé comme le nom du
«char de guerre;» avec la clé
des vers, comme celui d'une
espèce de coquillage; avec la
clé du mouton, comme celui
d'une préparation particulière de
viande séchée. La clé des dents
lui donne le sens de «dents de
travers» celle des maladies
lui fait signifier «cicatrices;» enfin celle de la bouche un «cri.»
On voit, par cet exemple, combien la combinaison des éléments phonétiques
et idéographiques, qui constitue le système des clés, est
ingénieusement calquée sur les besoins et le génie propre de la langue
chinoise, et quelle clarté elle répand dans l'expression graphique de
cette langue, impossible à peindre d'une manière intelligible avec un
système de phonétisme exclusif. Sans doute la faculté presque indéfinie
de créer de nouveaux signes complexes, par moitié phonétiques et par
moitié idéographiques, paraît dans
le premier abord effrayante à un
étranger, car, avec les idéogrammes
simples et complexes, elle
donne naissance à plus de 80,000
groupes différents. Mais il est toujours
facile d'analyser ces groupes,
dont les éléments se réduisent à 450
phonétiques et 214 déterminatifs
idéographiques ou clés, et la méthode
qui les produit était la seule
par laquelle pût être évité l'inconvénient,
bien autrement grave, qui
serait résulté de la multiplicité des
mots homophones.
Mais l'identité de l'état de rébus et de l'état de syllabisme, qui confond en un seul deux des degrés ordinaires du développement de l'élément phonétique dans les écritures originairement idéographiques et hiéroglyphiques, n'était possible qu'avec une langue à la constitution monosyllabique, comme le chinois. Chez les Égyptiens et chez les Schoumers et Akkads du bas Euphrate, inventeurs de l'écriture cunéiforme, l'idiome parlé, que l'écriture devait peindre, était polysyllabique. Le système du rébus ne donnait donc pas du premier coup les moyens de décomposer les mots en leurs syllabes constitutives, et de représenter chacune de ces syllabes séparément par un signe fixe et invariable. Il fallait un pas de plus pour s'élever du rébus au syllabisme. Ce pas fut fait également dans les deux systèmes des hiéroglyphes égyptiens et de l'écriture cunéiforme; mais les habitants de la vallée du Nil surent pousser encore plus avant et atteindre jusqu'à l'analyse de la syllabe, décomposée en consonne et voyelle, tandis que ceux du bassin de l'Euphrate et du Tigre s'arrêtèrent au syllabisme, et laissèrent leur écriture s'immobiliser dans cette méthode imparfaite de l'expression des sons. Chez les uns comme chez les autres, ce fut le système du rébus, première étape du phonétisme, qui servit de base à l'établissement des valeurs syllabiques.
1Cette écriture cursive, dont il existe plusieurs variétés paléographiques, passe pour avoir été inventée sous le règne de l'empereur Youen-ti, de la dynastie des Hàn (48-33 av. J.-C.).
Tout idéogramme pouvait être employé en rébus pour représenter la prononciation complète, aussi bien polysyllabique que monosyllabique, correspondant dans la langue parlée à son sens figuratif et tropique. Voulant parvenir à la représentation distincte des syllabes de la langue au moyen de signes fixes, et par conséquent toujours reconnaissables, ce qui était surtout nécessaire pour l'expression des particules grammaticales dont l'agglutination constituait le mécanisme de la conjugaison et de la déclinaison, les Schoumers et Akkads de la Chaldée et de la Babylonie choisirent un certain nombre de caractères, primitivement idéographiques, mais devenant susceptibles d'un emploi exclusivement phonétique, par une convention qui dut s'établir graduellement plutôt qu'être le résultat du travail systématique d'un ou de plusieurs savants. Autant que possible le choix porta sur des signes dont la prononciation comme idéogrammes formait un monosyllabe. Ainsi «père» se disait, dans la langue suméro-accadienne, ad, et l'idéogramme de «père» devint le phonétique ordinaire de la syllabe ad; «s'asseoir, résider» se disait ku, et le signe qui représentait idéographiquement ce radical verbal fut le phonétique de la syllabe ku; de même l'hiéroglyphe de l' «eau» devint le signe du son a et celui de la «terre» le signe du son ki, parce que le mot pour «eau» était a et pour «terre» ki. Mais dans d'autres cas, surtout pour former les phonétiques des syllabes fermées ou se terminant par une consonne, on prit des caractères dont la lecture comme idéogrammes était un dissyllabe, et on ramena cette lecture à un monosyllabe par la suppression de la voyelle finale. Une des lectures de l'idéogramme de «dieu» était ana, et on fit de ce signe l'expression phonétique de la syllabe an; le caractère qui représentait la notion de «monceau» devint le syllabique isch, celui qui peignait la notion de «vent» le syllabique im, valeurs tirées des lectures ischi, «monceau» et imi, «vent.» C'était là le premier rudiment de la méthode que les anciens ont appelée «acrologique,» pour la formation de valeurs exclusivement phonétiques. Elle consiste à faire d'un signe hiéroglyphique d'idée un signe de son, en lui faisant représenter la première syllabe ou la première lettre du mot qui constituait sa prononciation la plus habituelle comme idéogramme.
Ce sont surtout les Égyptiens qui ont fait un grand emploi de cette méthode acrologique. Elle a été la source des valeurs qu'ils ont assignées aux signes alphabétiques de leur écriture; et déjà auparavant, dans un stage moins avancé du développement de cette écriture, c'est de la même façon qu'ils avaient dû déterminer l'emploi, dans la peinture des sons, des signes syllabiques que l'on continue à rencontrer en grand nombre dans les textes hiéroglyphiques, même après l'invention de l'alphabétisme. Car nous ne possédons aucun monument qui nous présente l'écriture figurative des Égyptiens à son état antérieur à cette invention.
§ 6.--LE SYLLABISME ET L'ALPHABETISME
On a pu voir, par tout ce qui précède, combien fut lente à naître la conception de la consonne abstraite du son vocal qui lui sert de motion, qui donne, pour ainsi dire, la vie extérieure à l'articulation, muette par elle-même. Cette conception, qui nous semble aujourd'hui toute simple, car nous y sommes habitués dès notre enfance, ne pouvait devoir sa naissance première qu'à un développement déjà très avancé de l'analyse philosophique du langage. Aussi parmi les différents systèmes d'écriture, à l'origine hiéroglyphiques et idéographiques, que nous avons énumérés plus haut et qui se développèrent d'une manière indépendante, mais en suivant des étapes parallèles, un seul parvint jusqu'à la décomposition de la syllabe, à la distinction de l'articulation et de la voix, et à l'affectation d'un signe spécial à l'expression, indépendante de toute voyelle, de l'articulation ou consonne qui demeure muette tant qu'un son vocal ne vient pas y servir de motion. Ce système est celui des hiéroglyphes égyptiens 156. Les autres s'arrêtèrent en route sans atteindre au même raffinement d'analyse et au même progrès, et s'immobilisèrent ou, pour mieux dire, se cristallisèrent à l'un ou à l'autre des premiers états, de constitution et de développement du phonétisme.
1Le spécimen que nous donnons de ce type de l'écriture cunéiforme de Babylone et de l'Assyrie, reproduit les premières lignes de l'inscription de Nabou-koudourri-ouçour dite «de la Compagnie des Indes,» aujourd'hui conservée au Musée Britannique. Par affectation d'archaïsme, cette inscription est tracée en caractères de la forme la plus antique. En regard nous plaçons la transcription du même texte dans le caractère babylonien plus récent, celui qui était d'usage habituel au viie et au vie siècle av. J.-C.Les lignes ainsi reproduites sous deux formes se traduisent:
«Nabou-koudourri-ouçour,--roi de Babylone,--chef auguste,--favorisé du dieu Maroudouk,--vicaire suprême (des dieux),--chéri du dieu Nabou,--exalté, possesseur des mystères,--qui aux voies de leurs divinités--se conforme,--adorateur de leurs seigneuries.»
Cependant les inconvénients d'une notation purement syllabique des sons étaient si grands que l'on a peine à comprendre comment des peuples, aussi avancés dans la voie de la civilisation et des connaissances que l'étaient les Babyloniens et les Assyriens, ont pu s'en contenter, et n'ont pas cherché à perfectionner davantage un instrument de transmission et de fixation de la pensée demeuré tellement grossier encore et si souvent rebelle.
L'inconvénient de complication, de défaut de clarté, de surcharge trop grande pour la mémoire, était le même, quelle que fût la famille et la nature de la langue à l'expression graphique de laquelle s'appliquait le système du syllabisme. Mais il n'était encore rien à côté des inconvénients nouveaux et tout particuliers auxquels donnait naissance l'application de ce système aux idiomes de certaines familles, dans lesquelles les voyelles ont un caractère vague, une prononciation peu précise, et où toutes les flexions se marquent par le changement des sons vocaux dans l'intérieur du mot, tandis que la charpente des consonnes reste invariable. Je veux parler des langues sémitiques et de leurs congénères les langues 'hamitiques, à commencer par l'égyptien.
Les inscriptions assyriennes nous montrent un idiome sémitique tracé avec une écriture dont tout le phonétisme est syllabique. Quelle bigarrure! Quelle bizarre et perpétuelle contradiction entre le génie de la langue et le génie du système graphique! Avec cette méthode on ne saurait parvenir à exprimer aucun radical de la langue assyrienne, puisque ces radicaux se composent précisément, comme dans toutes les langues sémitiques, de la charpente, généralement trilitère, des consonnes, qui demeurent immuables, tandis que les voyelles se modifient. Pour exprimer le verbe et le substantif d'un même radical, il faut employer des caractères absolument différents, puisque la vocalisation n'est plus la même et que, dès lors, son changement entraîne celui des signes syllabiques. Ainsi disparaît toute parenté extérieure, toute analogie apparente entre les mots sortis de la même racine. Celui qui aborde la lecture d'un texte cunéiforme assyrien, au lieu de discerner aussitôt du regard ces radicaux que tous les changements de voyelles et les additions de suffixes et de préfixes, n'empêchent pas de reconnaître intacts et invariables, et qui restent toujours eux-mêmes, n'a plus aucun des guides qui dirigent sa marche dans les autres idiomes sémitiques. Chaque voix, chaque mode, chaque temps, dans la conjugaison des verbes, amenant une modification des voyelles, nécessite aussi le changement des caractères syllabiques employés à peindre la prononciation, de telle manière qu'à chaque fois c'est un mot nouveau, sans aucune analogie dans l'aspect et dans les signes mis en oeuvre avec ceux qui expriment les autres voix, les autres modes, les autres temps du même verbe. Jamais système graphique n'a présenté une antinomie plus absolue avec l'essence et le génie de la langue qu'il était appelé à tracer, que le cunéiforme assyrien. Jamais les inconvénients inhérents au syllabisme n'ont été poussés jusqu'à un degré aussi extrême et ne se sont manifestés aux regards d'une manière aussi frappante dans la confusion et la presque inextricable complication à laquelle ils donnaient naissance.
C'était un peuple dans la langue duquel les sons vocaux avaient un caractère essentiellement vague qui devait, comme l'a judicieusement remarqué M. Lepsius, abstraire le premier la consonne de la syllabe, et donner une notation distincte à l'articulation et à la voyelle. Le génie même d'un idiome ainsi organisé conduisait naturellement à ce progrès capital dans l'analyse du langage. La voyelle, variable de sa nature, tendait à devenir graduellement indifférente dans la lecture des signes originairement syllabiques; à force d'altérer les voyelles dans la prononciation des mêmes syllabes, écrites par tel ou tel signe simple, la consonne seule restait à la fin fixe, ce qui amenait le caractère adopté dans un usage purement phonétique à devenir alphabétique, de syllabique qu'il avait été d'abord; ainsi, un certain nombre de signes qui avaient commencé par représenter des syllabes distinctes, dont l'articulation initiale était la même, mais suivie de voyelles différentes ayant fini par ne plus peindre que cette articulation du début, devenaient des lettres proprement dites exactement homophones. Telle est la marche que le raisonnement permet de reconstituer pour le passage du syllabisme à l'alphabétisme, pour le progrès d'analyse qui permit de discerner et de noter séparément l'articulation ou consonne qui, dans chaque série de syllabes, reste la même, quelque soit le son vocal qui lui sert de motion. Et ici, les faits viennent confirmer pleinement ce qu'indiquaient le raisonnement et la logique. Il est incontestable que le premier peuple qui posséda des lettres proprement dites au lieu de signes syllabiques, fut les Égyptiens. Or, dans la langue égyptienne, les voyelles étaient essentiellement vagues.
Ce qui prouve, du reste, que ce fut cette nature des sons vocaux dans certains idiomes qui conduisit à la décomposition de la syllabe et à la substitution de lettres alphabétiques aux caractères syllabiques de l'âge précédent, est ce fait qu'en Égypte et chez les peuples sémitiques qui, les premiers après les Égyptiens, employèrent le système de l'alphabétisme, encore perfectionné, le premier résultat de la substitution des lettres proprement dites aux signes de syllabes fut la suppression de toute notation des voyelles intérieures des mots, celles de toutes qui étaient, de leur nature, les plus vagues et les plus variables, celles qui, en réalité, ne jouaient qu'un rôle complémentaire dans les syllabes dont la partie essentielle était l'articulation initiale. On n'écrivit plus que la charpente stable et fixe des consonnes, sans tenir compte des changements de voyelles, comme si chaque signe de consonne avait été considéré comme ayant inhérent à lui un son vocal variable. On choisit bien quelques signes pour la représentation des voyelles, mais on ne s'en servit que dans l'expression des voyelles initiales ou finales, qui, en effet, ont une intensité et une fixité toute particulière, qui ne sont pas complémentaires mais constituent à elles seules une syllabe, qui, par conséquent, sont moins des voyelles proprement dites que des aspirations légères auxquelles un son vocal est inhérent. Ce fut seulement lorsque l'alphabet phénicien fut adopté par des peuples de race aryenne, tels que les Grecs, et appliqué à l'expression d'idiomes où les voyelles avaient un rôle radical, fixe et essentiel, que l'on choisit un certain nombre de ces signes des aspirations légères finales ou initiales pour en faire la représentation des sons vocaux de l'intérieur des mots.
1J'emprunte cet exemple à une tablette appartenant à M. Rogers, vice-consul d'Angleterre au Caire, tablette publiée récemment, avec traduction et commentaire, par M. G. Maspero, dans le Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes, de la librairie Vieweg. À la page en regard je donne le même passage transcrit en hiéroglyphes du type linéaire, afin qu'on puisse faire la comparaison entre les deux formes de caractères.Le texte est de nature religieuse. Il a la forme d'un décret du dieu Ammon-Râ, donnant leur pouvoir surnaturel à ces statuettes funéraires, à la figure de personnages dans leur momie, que l'on appelait ouschebti-ou, c'est-à-dire «répondants,» et que l'on déposait en grand nombre dans le tombeau, avec l'intention de fournir au défunt des auxiliaires pour les travaux qu'il avait à accomplir au sein de l'autre vie.
La partie reproduite en fac-similé est ainsi traduite par M. Maspero.
«Dit Ammon-Rà, roi des dieux, ce très grand dieu qui le premier fut:
J'enjoins aux amulettes-répondants qu'on a fabriquées pour Nes-Khonsou, dont la mère est Tont-hon-Tahouti, d'avoir à faire pour Nes-Khonsou, cette fille de Tont-hon-Tahouti, toutes les lamentations et prosternations en toute nature de lamentation que les amulettes-répondants savent faire, quand ils se lamentent et se prosternent pour l'individu qui est mort, d'avoir à le porter au tombeau pour qu'il s'y rajeunisse, et de ne commettre aucun délit.»
«Quand Ammon eut dit:
Je ferai qu'ils fassent cela à Nes-Khonsou, cette fille de Tont-hon-Tahouti,» «dit (Ammon-Râ, roi des dieux, ce très grand dieu qui le premier fut.)»
Les hiéroglyphes égyptiens ont conservé jusqu'au dernier jour de leur emploi les vestiges de tous les états qu'ils avaient traversés, depuis l'idéographisme exclusif de leur origine jusqu'à l'admission de l'alphabétisme dans leur partie phonétique. Mais, aussi haut que nous fassent remonter les monuments écrits de la vallée du Nil, dès le temps de la iiie et peut-être de la iie dynastie, les inscriptions nous font voir ce dernier progrès accompli. Les signes de syllabes ne sont plus qu'en minorité parmi les phonétiques, dont la plupart sont déjà de véritables lettres, qui peignent les articulations indépendamment de toutes les variations du son vocal qui vient s'y joindre.
Les lettres de l'écriture égyptienne sont des figures hiéroglyphiques, au tracé plus ou moins altéré dans les tachygraphies successives de l'hiératique et du démotique, dont la valeur alphabétique a été établie en vertu du système acrologique. Chacune de ces figures représente la consonne ou la voyelle initiale de la prononciation de sa signification première d'idéogramme, soit figuratif, soit tropique, mais principalement du mot auquel, prise dans le sens figuratif, elle correspondait dans la langue parlée. Ainsi, parmi les phonétiques de l'usage le plus constant, nous voyons le son vocal vague flottant entre a et o, représenté par un «roseau,» dont le nom s'est conservé en copte sous la forme ake ou oke, ou par un «aigle,» ahom; l'articulation m par une «chouette,» mouladj; r par une «bouche,» rô; 'h par une «corde» tressée, 'haghe; kh par un «crible,» khai; sch par un «réservoir,» schêi, ou par un «jardin» de papyrus, schnê.
De ce principe acrologique de la formation des valeurs alphabétiques données à certains signes, résulte un fait particulier à l'écriture égyptienne. C'est que tout signe figuratif ou symbolique peut être pris phonétiquement dans le rôle d'initiale du mot exprimant sa signification idéographique dans la langue parlée. Mais l'usage indifférent de tous les signes comme de simples lettres, dans tous les cas et dans toutes les positions, eût produit dans les textes une confusion sans bornes par la multiplication indéfinie des homophones. Aussi est-ce seulement à l'époque romaine, et dans la transcription des noms des empereurs, que nous voyons les hiérogrammates, par un raffinement de décadence et par une prétention d'élégance graphique, qui n'est que de la barbarie, employer jusqu'à quinze ou vingt signes différents pour peindre la même articulation, en dépouillant ces signes de toute valeur idéographique. Dans l'Égypte pharaonique, la plupart des caractères ainsi devenus de simples phonétiques sous la domination romaine n'ont encore qu'un emploi mixte, symbolico-phonétique, et ne revêtent une valeur de lettres qu'en initiales du mot de leur signification idéographique. Une convention rigoureusement observée, et dont l'établissement dut être graduel, limite à un petit nombre, deux ou trois au plus pour chaque articulation, les phonétiques d'un emploi constant et indifférent.
§ 7.--LA POLYPHONIE DANS LES ÉCRITURES D'ORIGINE HIÉROGLYPHIQUE.
1M. Eugène Révillout, qui s'est occupé tout spécialement et avec tant de succès du déchiffrement des textes démotiques, et qui a fait faire les plus grands progrès à cette branche de la science, a bien voulu me donner la traduction suivante de ce début de contrat, daté du règne de Ptolémée Évergète II, qui donnera au lecteur un spécimen de la dernière tachygraphie de l'écriture égyptienne:«L'an 44, au mois de choïak, sous le roi Ptolémée, dieu Évergète, fils de Ptolémée, et la reine Cléopâtre, sa femme, les dieux Évergètes, du temps de N, prêtre d'Alexandre, des dieux Soters, des dieux Adelphes, des dieux Évergètes, des dieux Philopators, du dieu Philométor, du dieu Eupator, des dieux Évergètes, et du temps de N, canéphore d'Arsinoé Philadelphe, selon ce qui est établi à Alexandrie (Rakoti) et à Ptolémaïs (Psoï) en Thébaïde, le receveur Chapochrat, fils de Hor, dont la mère est Chachpéri, dit à Héraclios, fils de Memnon:
Tu as douze grandes mesures de blé et un tiers, dont la moitié est six grandes mesures et un sixième, douze grandes mesures de blé et un tiers iterum, à me réclamer pour la somme d'argent que tu m'as donnée. Que je te donne tes douze grandes mesures et un tiers ci-dessus énoncés au terme de mésori de l'an 44.»
Tel est l'état où, de progrès en progrès, nous voyons parvenue celle de toutes les écritures hiéroglyphiques primitives de l'ancien monde qui atteignit au plus haut degré de perfectionnement, la seule qui s'éleva jusqu'à l'analyse de la syllabe et à la conception de la lettre alphabétique, l'écriture égyptienne. Avant tout, un mélange d'idéogrammes et de phonétiques, de signes figuratifs, symboliques, syllabiques, alphabétiques. En même temps, faculté pour tous les signes figuratifs ou symboliques de prendre une valeur phonétique accidentelle, comme initiales de certains mots, et, d'un autre côté, possibilité d'employer idéographiquement, dans un sens figuratif ou dans un sens tropique, les signes les plus habituellement affectés à la pure et simple peinture des sons indépendamment de toute idée. Tels sont les faits que l'écriture hiéroglyphique égyptienne présente à celui qui veut analyser sa constitution et son génie. Elle constitue, sans contredit, le plus perfectionné des systèmes d'écriture primitifs qui commencèrent par le pur idéographisme: mais combien ce système est encore grossier, confus et imparfait! Que d'obscurités et d'incertitudes dans la lecture, qui, moins grandes pour les Égyptiens que pour nous, devaient cependant encore se présenter plus d'une fois pour eux-mêmes! Quelle extrême complication! Sans doute, les hiéroglyphes n'étaient pas, comme on l'a cru trop longtemps d'après une mauvaise interprétation des témoignages des Grecs et des Romains, un mystère sacerdotal révélé seulement à quelques adeptes choisis; c'était l'écriture dont on se servait pour tous les usages où l'on a besoin d'écrire, en se bornant à abréger le tracé des caractères dans ses tachygraphies. Mais il est bien évident que, sans que les prêtres eussent besoin d'en faire un mystère, un système d'écriture aussi compliqué, dont la connaissance demandait un aussi long apprentissage, ne pouvait être très répandu dans la masse du peuple; aussi, dans l'Égypte antique, par suite de la nature même du système graphique et non par volonté d'en faire un arcane impénétrable à la masse, les gens qui savaient lire et écrire, les scribes religieux ou civils, formèrent une sorte de classe à part et un groupe restreint dans la nation.
Encore n'avons-nous pas parlé, jusqu'à présent, de la plus grande cause de difficultés et d'incertitudes dans toutes les écritures qui conservent une part d'idéographisme, la «polyphonie.»
Pour définir ce fait et en faire bien comprendre l'origine, nous prendrons nos exemples dans les hiéroglyphes égyptiens.
Nombre de signes hiéroglyphiques sont susceptibles d'être employés également avec une valeur figurative et une valeur tropique. Rien de plus simple et de plus naturel avec l'indépendance absolue de la langue graphique et de la langue parlée dans le système originaire de l'idéographisme pur. Mais dans la langue parlée les deux significations, figurative et symbolique, du même caractère, étaient représentées par deux mots différents. De là vint que, dans l'établissement de la convention générale qui finit par attacher à chaque signe de la langue graphique un mot de la langue parlée pour sa lecture prononcée, le caractère ainsi doué de deux significations diverses, suivant qu'on le prenait figurativement ou tropiquement, peignit deux mots de la langue et eut par conséquent deux prononciations, souvent entièrement dissemblables, entre lesquelles le lecteur choisissait d'après la marche générale de la phrase, la position du signe et l'ensemble de ce qui l'entourait. Ainsi l'image du «disque solaire» s'emploie figurativement pour signifier «soleil,» et symboliquement, par une métonymie toute naturelle et bien simple, pour rendre l'idée de «jour;» mais dans le premier cas, il a pour correspondant dans l'idiome parlé le mot râ, dans le second le mot hrou; il est donc susceptible de deux prononciations; il est polyphone.
Mais là ne s'arrête pas le phénomène de la polyphonie. Le symbole, le trope graphique est proprement le mot de cette langue écrite qui, primitivement, lorsqu'elle ne peignait encore que des idées, était absolument indépendante de la langue parlée. Aussi l'on se tromperait si l'on croyait que sa signification est unique, fixe et invariable. Ses acceptions peuvent s'étendre autant que celles d'un mot de la langue parlée, et en vertu des mêmes analogies. Mais par suite de l'indépendance originaire de la langue écrite par rapport à la langue parlée, il est arrivé plus d'une fois que l'extension des sens d'un même symbole a englobé des idées que des mots absolument divers représentaient dans l'idiome oral. Donc le symbole, suivant ses différents emplois, ses différentes acceptions, s'est lu encore de manières diverses et a eu des prononciations variées.
Il y avait là une cause sérieuse d'erreurs et de confusions. Pour y parer autant que possible, pour augmenter la clarté des textes, on inventa ce que les savants ont appelé les «compléments phonétiques.» On joignit au symbole, susceptible de plusieurs acceptions ou de plusieurs lectures prononcées, tout ou partie des signes phonétiques habituels représentant la manière dont il devait être prononcé dans le cas présent--le plus souvent la fin du mot--de manière que l'erreur ne fut plus possible. Ainsi, la figure d'une sorte de bande de métal, repliée plusieurs fois sur elle-même, correspondait aux trois idées de «pli,» d' «entourer, circuler,» et de «livre pondérale,» et, suivant ces trois significations, était lu par trois mots différents de la langue, keb, rer et ten, et pour qu'on ne se méprît ni sur le sens, ni sur le mot, on y joignait fréquemment, suivant les cas, les compléments phonétiques b, r ou n. Mais dès lors, en réalité, l'idéogramme, susceptible de plusieurs sens, suivi de compléments phonétiques, devint un signe mixte, symbolico-phonétique, capable de représenter dans le rôle d'initiale plusieurs syllabes et plusieurs articulations diverses.
De là à faire d'un caractère hiéroglyphique un polyphone purement phonétique, à lui faire représenter, abstraction faite de toute signification d'idéogramme, plusieurs valeurs de sons, il n'y avait qu'un pas. Et c'est ainsi que, sans compléments phonétiques, on trouve dans des textes pharaoniques l'image d'une «oreille de veau» exprimant indifféremment les syllabes et les combinaisons de syllabes ad, ankh, mest'er, sem, sedem, aten, ou la «jambe humaine» se lisant pat, ret, men, et ouar. Ces valeurs syllabiques polyphones, devenues d'un emploi indifférent et sans rapport avec aucune idée symbolique, n'empêchent pas quelquefois les caractères de pouvoir être encore lus par des mots d'une prononciation toute différente, quand ils sont mis en oeuvre comme idéogrammes. Ainsi la «tête humaine,» prise phonétiquement, représente les syllabes tep, ha et her, et de plus, comme idéogramme figuratif de «tête,» elle répond aux mots t'et' et ap.
À la décadence, sous la domination romaine, les exemples de polyphonie purement phonétique deviennent plus nombreux, avec la recherche qui, pour chaque lettre, fait multiplier indéfiniment les homophones. Ainsi les cartouches contenant les noms des empereurs romains nous montrent la figure du «bélier» employée tantôt comme un s, parce que «mouton» se disait soï, tantôt comme un v, parce que cette figure était le symbole de l'idée d' «âme,» vaï. Cet exemple est, du reste, le seul où la polyphonie s'applique chez les Égyptiens à des valeurs alphabétiques; mais pour ce qui est des valeurs syllabiques, le fait en question prend des développements inouïs à la basse époque, sous les Ptolémées et les empereurs romains; le mauvais goût des scribes de décadence en multiplie les exemples à l'infini; il envahit complètement les textes et y devient une cause de très grandes obscurités.
Chez les Assyro-Babyloniens de langue sémitique nous retrouvons exactement les deux mêmes faits:
1° L'emploi des idéogrammes avec un complément phonétique, qui détermine, parmi les prononciations et les sens dont chacun est susceptible, celui qui doit être adopté dans le cas spécial, et qui transforme ainsi ces idéogrammes en phonético-symboliques polyphones dans le rôle d'initiales;
2° La polyphonie syllabique appliquée à des signes qui remplissent dans l'usage le rôle de phonétiques indifférents pour des valeurs absolument diverses.
Seulement les deux faits qui étaient dans un étroit rapport l'un avec l'autre et qu'on pouvait voir s'enfanter mutuellement dans l'écriture hiéroglyphique égyptienne--ce qui nous a conduit à en chercher la théorie dans cette écriture--se montrent indépendants et séparés dans l'écriture cunéiforme appliquée à la langue assyrienne. La raison en est facile à comprendre. En Égypte c'est chez le même peuple, et pour ainsi dire dans l'intérieur du même idiome, que se sont opérées toutes les évolutions successives dont nous avons cherché à suivre la trace, et qui ont conduit l'écriture d'une simple peinture d'idées, entièrement distincte de la langue parlée; à la peinture des sons de cette langue. Pour ce qui est du cunéiforme anarien, au contraire, il a été inventé par un peuple d'une toute autre race que les Assyriens, et c'est entre les mains de ce peuple qu'il est parvenu, par des progrès successifs, jusqu'à un syllabisme affecté de polyphonie dans une certaine mesure. C'est à cet état qu'il a été adopté par les Assyro-Babyloniens de langage sémitique, lesquels ont emprunté simultanément aux inventeurs suméro-accadiens les valeurs phonétiques et les valeurs idéographiques des signes, entre lesquelles l'adaptation à une nouvelle langue, d'une famille toute différente, produisait un divorce complet.
Non seulement, dans ce passage de l'écriture cunéiforme de l'usage d'une langue à celui d'une autre, chaque caractère a gardé simultanément sa valeur de phonétique, quand il en avait une, et ses significations idéographiques, qui se sont lues désormais par des mots absolument autres que ceux qui exprimaient les mêmes notions dans l'idiome des inventeurs du système graphique en question: le signe, par exemple, qui était devenu le phonétique indifférent de la syllabe ad, at, parce qu'il était l'idéogramme de «père,» ad en accadien, gardant cette valeur phonétique et se lisant désormais abou en assyrien, dans son acception idéographique; mais encore toutes les lectures attachées en accadien aux significations d'un même caractère, pourvu qu'elles fussent monosyllabiques, et même quelquefois quand elles étaient dissyllabiques, sont devenues, dans l'usage des textes assyriens sémitiques, des valeurs purement phonétiques. Ainsi un signe de l'écriture était chez les Schoumers et les Akkads l'idéogramme des notions de «couper, trancher, décider,» lu comme tel tar et 'gas, «poser, fixer,» koud, enfin «chemin,» sila; dans l'usage assyrien il devient le phonétique indifférent des syllabes composées tar, 'has, koud, kout, qout, sil, schil, et en même temps il garde toujours ses significations idéographiques, qui se lisent désormais nakasou, «couper, trancher,» dânou, «décider, juger,» schâmou, «poser, fixer,» et soûqou, «rue, chemin.» Un autre était l'idéogramme de «mouton,» lou, et du verbe «prendre,» dib; en outre, il était devenu, d'après la première de ces deux acceptions, le phonétique ordinaire de la syllabe lou; dans les textes assyriens il est celui de lou et de dib, et en même temps il garde les sens de «mouton,» auquel correspondent désormais les lectures çinou et immerou, puis de «prendre,» qui se lit en assyrien par les verbes çabatou et kâmou. Et ce n'est pas tout. Après avoir adopté comme valeurs purement phonétiques toutes les lectures accadiennes des signes qui rentraient dans certaines conditions de forme, les Assyriens sémites ont aussi formé quelques valeurs phonétiques nouvelles, et à eux propres, d'après les mots qui, dans leur langue, servaient de lecture aux caractères pris dans le rôle d'idéogrammes. Par exemple, il est un caractère cunéiforme qui a la signification idéographique de «tête;» le mot qui exprime cette notion en accadien est schak; celui qui l'exprime en assyrien est rîschou.
Le caractère dont nous parlons devient le phonétique indifférent des deux syllabes schak et risch, valeurs dont la première est d'origine accadienne et la seconde d'origine assyrienne sémitique. C'est de cette façon que la polyphonie phonétique prend dans l'écriture cunéiforme, et spécialement dans l'usage, des textes assyriens, un développement inconnu chez tout autre peuple; à tel point qu'on y trouve certains signes qui, indépendamment de leurs lectures d'idéogrammes, sont susceptibles de représenter jusqu'à dix ou douze valeurs différentes comme signes de syllabes servant uniquement à la peinture des sons.
§ 8.--L'INVENTION DE L'ALPHABET.
Même après que les Égyptiens furent parvenus à l'analyse de la syllabe et à l'abstraction de la consonne, il restait un pas énorme à franchir, un progrès capital à consommer, pour que l'écriture parvînt au degré de simplicité et de clarté qui pouvait seul la mettre en état de remplir dignement et complètement sa haute destination. Répudier toute trace d'idéographisme, supprimer également les valeurs syllabiques, ne plus peindre que les sons au moyen de l'alphabétisme pur, enfin réduire les phonétiques à un seul signe invariable pour chaque articulation de l'organe, tel était le progrès qui devait donner naissance à l'alphabet, consommer l'union intime de l'écriture avec la parole, émanciper définitivement l'esprit humain des langes du symbolisme primitif et lui permettre de prendre librement son essor, en lui donnant un instrument digne de lui, d'une clarté, d'une souplesse et d'une commodité parfaites. Ce progrès pouvait seul permettre à l'art d'écrire de pénétrer dans les masses populaires, en mettant fin à toutes les complications qui en avaient fait jusqu'alors une science abstruse et difficilement accessible, et de se communiquer chez tous les peuples, en faisant de l'écriture un instrument applicable également bien à tous les idiomes et à toutes les idées.
L'invention de l'alphabet proprement dit ne pouvait prendre naissance chez aucun des peuples qui avaient créé les systèmes primitifs d'écriture débutant par des figures hiéroglyphiques avec leur idéographisme originaire, même chez celui qui était parvenu jusqu'à l'analyse de la syllabe et à l'abstraction de la consonne. Elle devait être nécessairement l'oeuvre d'un autre peuple, instruit par lui. En effet, les peuples instituteurs des écritures originairement idéographiques avaient bien pu, poussés par les besoins impérieux qui naissaient du développement de leurs idées et de leurs connaissances, introduire l'élément phonétique dans leurs écritures, donner progressivement une plus grande importance et une plus grande extension à son emploi, enfin porter l'organisme de cet élément à un très haut degré de perfection. Mais des obstacles invincibles s'opposaient à ce qu'ils fissent le dernier pas et le plus décisif, à ce qu'ils transformassent leur écriture en une peinture exclusive des sons, en répudiant d'une manière absolue toute trace d'idéographisme.
Le principal venait de la religion. Toutes les écritures primitives, par suite de leur nature symbolique et de leur génie, avaient un caractère essentiellement religieux et sacré. Elles étaient nées sous l'égide du sacerdoce, inspirées par son esprit de symbolisme. Dans la première aurore de la civilisation des peuples primitifs, l'invention de l'art d'écrire avait paru quelque chose de si merveilleux que le vulgaire n'avait pas pu la concevoir autrement que comme un présent des dieux. Bouleverser de fond en comble la constitution d'une écriture ainsi consacrée par la superstition religieuse, lui enlever toute la part de symbolisme sur laquelle se fondait principalement son caractère sacro-saint, était une entreprise énorme et réellement impossible chez le peuple même où l'écriture avait reçu une sanction si haute, car c'eût été porter une atteinte directe à la religion. La révolution ne pouvait donc s'accomplir qu'à la suite d'un changement radical dans l'ordre religieux, comme il arriva par suite des prédications du christianisme, dont les apôtres déracinèrent chez beaucoup de peuples (en Égypte, par exemple) les anciens systèmes d'écritures, à l'essence desquels s'attachaient des idées de paganisme et de superstition; ou bien par les mains d'un peuple nouveau, pour lequel le système graphique reçu du peuple plus anciennement civilisé ne pouvait avoir le même caractère sacré; qui, par conséquent, devait être porté à lui faire subir le changement décisif au moyen duquel il s'appliquerait mieux à son idiome; en devenant d'un usage plus commode.
Ainsi ce ne sont pas les Chinois eux-mêmes qui ont amené leur écriture au pur phonétisme, et qui, rejetant tout vestige d'idéographisme, ont tiré de ses éléments un syllabaire restreint et invariable, avec un seul signe pour chaque valeur. Ce sont les Japonais qui ont emprunté aux types kiài et thsào (voy. la figure de la p. 429) de l'écriture mixte du Céleste Empire leurs syllabaires kata-kana et fïra-kana, en abrégeant le tracé de certains signes pour les rendre plus faciles à écrire, et en modifiant légèrement celui de certains autres pour éviter les confusions qui auraient pu résulter de formes analogues. Les Assyriens, non plus, ne dégagèrent pas l'élément syllabique de l'écriture cunéiforme; dans leur usage national il demeura toujours amalgamé à une proportion égale d'élément idéographique. Mais quand les habitants indigènes de la Susiane et la population de la Médie anté-aryenne, qui leur était étroitement apparentée, adoptèrent cette écriture à l'exemple des Assyriens, et d'après leurs enseignements, ils ne gardèrent qu'un nombre imperceptible d'idéogrammes et rendirent l'écriture presque exclusivement phonétique. Puis les Perses, à leur tour, tirèrent du syllabaire élamite et médique les éléments d'un véritable alphabet, auquel ils ne laissèrent associée qu'une si petite proportion de caractères idéographiques que, jusqu'à présent, on n'en a pas relevé plus de trois dans les inscriptions perses connues. Les Grecs de Cypre, dès une époque très ancienne et avant que les autres Hellènes eussent reçu l'alphabet des Phéniciens, empruntèrent au plus ancien type de l'écriture cunéiforme ou aux hiéroglyphes 'hittites (ceci n'est pas encore complètement éclairci), mais dans tous les cas à une écriture antérieure où l'idéographisme et le phonétisme étaient mélangés, les éléments d'un syllabaire purement phonétique qui resta désormais leur système graphique national.
De même, les Égyptiens, après être parvenus jusqu'à la conception de l'alphabétisme, ne franchirent point le dernier pas et ne surent point en tirer l'invention de l'alphabet proprement dit. Ils laissèrent à un autre peuple la gloire de cette grande révolution, si féconde en résultats et si heureuse pour les progrès de l'esprit humain.
Mais tous les peuples n'étaient pas à même de consommer l'invention de l'alphabet. Il fallait pour tirer ce dernier et suprême corollaire des progrès consommés par les Égyptiens, une réunion toute spéciale de conditions. Avant tout, il fallait un peuple qui, par sa situation géographique, touchât à l'Égypte et eût été soumis à une profonde influence de la civilisation florissant sur les bords du Nil. C'est, en effet, seulement dans cette condition qu'il pouvait prendre pour point de départ la découverte de la décomposition de la syllabe, base indispensable du progrès dernier qui devait consister à bannir de l'écriture tout élément idéographique, à assigner un seul signe à la représentation de chaque articulation, enfin de cette manière à constituer pour la première fois un alphabet proprement dit. Mais il fallait aussi d'autres conditions dans les instincts et le génie de la nation. Le peuple appelé ainsi à donner à l'écriture humaine sa forme définitive devait être un peuple commerçant et pratique par essence, un peuple chez lequel le négoce fût la grande affaire de la vie, un peuple qui eût à tenir beaucoup de comptes courants et de livres en partie double. C'est, en effet, dans les transactions commerciales que la nature même des choses devait nécessairement faire le plus et le plus tôt sentir les inconvénients, signalés par nous tout à l'heure, du mélange de l'idéographisme, ainsi que de la facilité de multiplier les homophones pour la même articulation, et conduire à chercher un perfectionnement de l'écriture dans sa simplification, en la réduisant à une peinture des sons au moyen de signes invariables et en petit nombre. De plus, l'invention ne pouvait être consommée que par un peuple qui, s'il avait été soumis à une très forte influence égyptienne, professât pourtant une autre religion que celle des bords du Nil, et dont le génie fût en même temps singulièrement positiviste.
Tel est le génie des Japonais, en même temps que leurs conditions de situation géographique et de soumission à l'influence par rapport à la Chine, sont exactement celles où nous venons de dire qu'avait dû se trouver par rapport à l'Égypte le peuple à qui fut due enfin l'invention de l'alphabet. Aussi sont-ce les Japonais qui ont réduit l'écriture symbolico-phonétique des Chinois à un pur syllabaire de quarante-sept caractères.
Dans le monde ancien, il n'y a eu qu'un seul peuple qui ait rempli à la fois toutes les conditions que nous venons d'énumérer, ce furent les Phéniciens. Et, en effet, le témoignage unanime de l'antiquité s'accorde à attribuer aux Kénânéens maritimes la gloire du dernier et du plus fécond progrès de l'art d'écrire. Tout le monde connaît les vers de Lucain à ce sujet:
Phoenices primi, famae si creditur, ausi
Mansuram rudibus vocem signare figuris.
Nondum flumineas Memphis contexere biblos
Noverat; et saxis tantum volucresque feraeque
Sculptaque servabant magicas animalia linguas.
Et ici les témoignages littéraires sont pleinement confirmés par les découvertes de la science moderne. Nous ne connaissons aucun alphabet proprement dit antérieur à celui des Phéniciens, et tous ceux dont il existe des monuments, ou qui se sont conservés en usage jusqu'à nos jours, procèdent plus ou moins directement du premier alphabet, combiné par les fils de Kenâ'an et répandu par eux sur la surface du monde entier.
1Comme type de l'alphabet sémitique de 22 lettres, inventé par les Phéniciens, nous ne pouvions choisir mieux que le plus ancien monument de cette écriture que l'on possède jusqu'ici, et en même temps le plus important au point de vue historique. C'est la stèle triomphale élevée par Mês'a, roi de Moab, à la suite de ses guerres contre le royaume de Yisraêl, en 896 avant J.-C., guerres racontées également, mais au point de vue des Hébreux, dans le chapitre III du IIe livre des Rois (IVe dans la Vulgate latine). Ce monument, découvert en 1869 par M. Clermont-Ganneau, à Dhibân dans l'ancien pays de Moab, est aujourd'hui l'un des plus précieux joyaux épigraphiques de notre Musée national du Louvre. Il a été l'objet des études réitérées de tous les maîtres de la science.Nous en reproduisons en fac-similé la moitié supérieure, qui se traduit de la manière suivante, d'après MM. Clermont-Ganneau et Renan:
«Je suis Mês'a, fils de Kémoschgad, roi de Moab, le--Daïbonite. Mon père a régné sur Moab trente années, et moi j'ai régné--après mon père. Et j'ai construit ce haut-lieu à Kémôsch dans Qar'hah...--car il m'a sauvé de tous les agresseurs et m'a permis de regarder avec dédain tous mes ennemis.
'Omri--fut roi de Yisraêl et opprima Moab pendant de longs jours, car Kémôsch était irrité contre sa--terre. Et son fils lui succéda, et il dit, lui aussi: «J'opprimerai Moab; en mes jours je lui commanderai,--et je l'humilierai, lui et sa maison.» Et Yisraêl fut ruiné, ruiné pour toujours. Et 'Omri s'était emparé de la terre de--Meh-débâ, et il y demeura, lui [et son fils, et] son fils vécut quarante ans--et Kémôsch [l'a fait périr] de mon temps.
Alors je bâtis Ba'al Me'ôn, et j'y fis des... et je construisis--Qiriathaïm.
Et les hommes de Gad [demeuraient] dans le pays [de 'Atârôth] depuis un temps immémorial, et avait construit pour lui le roi--de Yisraêl la ville (de 'Atârôth). J'attaquai la ville et je la pris, et je tuai tout le peuple--de la ville, en spectacle à Kémôsch et à Moab, et j'emportai de là l'Ar(ièl de David, et je le traînai à terre) devant la face de Kémôsch, à Qeriôth, et j'y transportai les hommes de Scharôn et les hommes--de Ma'harôth.
Et Kémôsch me dit: «Va! prends Nébah sur Yisraêl.» Et--j'allai de nuit, et je combattis contre la ville depuis le lever de l'aube jusqu'à midi, et je [la] pris.»
Il faut noter sur ce monument, comme une particularité de paléographie unique, la façon dont les mots sont séparés par des points et les phrases par un trait vertical. C'est ce qui en a singulièrement facilité l'interprétation.
Dans le livre qui sera consacré à l'histoire des Israélites, nous reviendrons avec détail sur les événements relatés dans cette inscription et sur son importance historique hors de pair.
Nous reviendrons sur la question de l'alphabet phénicien, de son invention et de sa propagation, dans le livre de la présente histoire qui sera spécialement consacré à ce peuple. Nous étudierons alors comment les Kenânéens ont puisé parmi les phonétiques de l'écriture égyptienne, dans son type hiératique, les vingt-deux lettres dont ils firent leur alphabet. Nous montrerons comment, sauf le cunéiforme perse, tous les alphabets de l'univers procèdent de l'invention unique dont le foyer fut en Phénicie; nous établirons les différents courants de dérivation qui répandirent dans les directions les plus opposées l'usage de l'écriture purement alphabétique, et nous esquisserons alors la distribution et les caractères distinctifs des diverses familles d'écritures sorties de cette source, car il y en a d'aussi nettement délimitées que les familles de langues. Ici tous ces renseignements seraient moins bien à leur place. Nous avons voulu seulement y compléter l'ensemble des notions d'un caractère général, qui étaient indispensables à placer comme une sorte d'introduction en tête de nos récits d'histoire, en résumant, après avoir parlé des races et des langues, les phases originaires de l'art d'écrire jusqu'au moment où il atteignit à la perfection par l'invention de l'alphabet. C'était, d'ailleurs, comme le dernier chapitre de notre étude des origines de la civilisation. Celle-ci nous apparaîtra désormais constituée, au milieu de la pleine lumière de l'histoire, dans les annales des grandes nations de l'Orient antique, qui, désormais, rempliront les livres suivants de notre ouvrage.
FIN DE TOME PREMIER.
TABLES DU TOME PREMIER
TABLE DES GRAVURES
DU TOME-PREMIER
Pages. 1. Adam et 'Havah au Paradis terrestre, près de l'Arbre de la science du bien et du mal, tentés par le serpent, peinture chrétienne des Catacombes de Rome. ......................................................................3 2. Vue du mont Ararat en Arménie (d'après l'Univers pittoresque)..............12 3. Noa'h et sa famille dans l'arche avec les animaux, sculpture d'un sarcophage des premiers siècles chrétiens, à Trêves...........................13 4. Le dieu Khnoum formant l'oeuf de l'univers sur le tour à potier, bas-relief égyptien du temple de Philæ...................................................20 5. L'homme formé par le dieu Khnoum et doué de la vie, bas-relief égyptien du temple d'Esneh................................................................21 6. Prométhée formant l'homme, médaillon d'une lampe romaine de terre-cuite, emprunté au recueil de Passeri................................................24 7. Prométhée dérobant le feu céleste, médaillon d'une lampe romaine de terre-cuite emprunté au recueil de Passeri.................................Ibid. 8. La plante de vie gardée par des génies ailés, bas-relief assyrien du palais de Nimroud. (l'ancienne Kala'h), conservé au Musée Britannique................33 9. Adoration de la plante de vie, bas-relief du monument du roi assyrien Asschour-a'h-iddin, connu sous le nom de «Pierre noire de lord Aberdeen» et conservé au Musée Britannique.................................................34 10. L'arbre et le serpent sur un cylindre babylonien du Musée Britannique.....35 11. Sarcophage romain du Musée du Capitole, retraçant la fable de Prométhée...36 12. L'arbre et le serpent sur un vase phénicien trouvé en Cypre, du Metropolitan Museum of Art de New-York........................................37 13. Horus combattant le serpent Apap, bas-relief égyptien du temple d'Edfon...39 14. Mithra combattant Angrômainyous sous la forme d'un serpent, intaille de travail perse du temps des Sassanides, d'après Lajard.........................40 15 et 16. La Gigantomachie hellénique, peintures des deux faces d'une amphore à figures rouges, du IVe siècle avant J.-C., découverte dans l'île de Milo (Archipel grec) et conservée au Musée du Louvre....................52-53 17. Le dieu Raman, d'après un cylindre assyrien...............................62 18. La déesse Ischtar, d'après un cylindre assyrien du Musée Britannique......63 19. Le dieu Bel, d'après un cylindre babylonien...............................64 20. Le Matsyavatara, incarnation de Vischnou en homme-poisson pour sauver Manou du déluge, peinture indienne moderne.............................69 21. Le dieu Êa, moitié homme et moitié poisson, d'après un bas-relief assyrien du palais de Nimroud (l'ancienne Kala'h), conservé au Musée Britannique...................................................................70 22. Libations et offrandes au tombeau, suivant l'usage attique, peinture d'un lécythos décoré au trait rouge sur fond blanc, découvert à Athènes et conservé au Musée Britannique..............................................73 23. Le déluge de Noa'h sur une monnaie de bronze d'Apamée de Phrygie, à l'effigie de Septime Sévère...................................................76 24. La déesse Tefnout à tête de lion, d'après un bas-relief égyptien..........79 25. Le dieu Râ à tête d'épervier, d'après un bas-relief égyptien............Ibid. 26. Le déluge et les premières migrations humaines, suivant la tradition du Mexique; extrait de la gravure faite au siècle dernier d'après la copie d'un manuscrit indigène de Cholula, exécutée en 1566 par Pedro de los Rios.........83 27. Tableau du déluge dans le manuscrit chronologique mexicain, dit Codex Vaticanus.....................................................................85 28. Un paradis artificiel assyrien, d'après un bas-relief du palais de Keyoundjik (l'ancienne Ninive), conservé au Musée Britannique................107 29. Les trois juges des enfers dans la mythologie grecque, Minos, Éaque et Rhadamanthe, d'après les peintures d'un vase découvert à Canosa, dans l'ancienne Apulie, et aujourd'hui conservé au Musée de Karlsruhe.............108 30. Les quatre races humaines admises par les Égyptiens, d'après les peintures du tombeau du roi Séti Ier (XIXe dynastie), à Thèbes.........................111 31. Les ruines du Birs-Nimroud, pyramide à étage de Borsippa, en Babylonie, identifiée sans preuves par quelques-uns à la Tour de Babel, d'après l'Expédition en Mésopotamie de M. Oppert.....................................117 32. Silex éclaté en forme de grattoir, des terrains miocènes supérieurs (marnes lacustres de Thenay, Loir-et-Cher), d'après le Précis de paléontologie humaine de M. le docteur Hamy..................................122 33. Petite pointe de flèche en silex des alluvions pliocènes supérieures de Saint-Prest (Eure-et-Loir), d'après le même ouvrage..........................124 34. Hache lancéolée en silex des dépôts quaternaires de Saint-Acheul, près Amiens, d'après l'ouvrage de Lyell sur l'Ancienneté de l'homme...............131 34 et 35. Instruments en silex, hachette ovale et perçoir, des terrains quaternaires d'Abbeville et de Saint-Acheul, d'après le même ouvrage.........132 36. Lame de silex des sablières de Levallois-Clichy, près Paris, ayant servi de couteau, d'après le Précis de paléontologie humaine de M. Hamy............133 37. Hache triangulaire en silex de la grotte du Moustier (Dordogne), d'après les Reliquiæ aquitaniæ de Lartet et Christy.................................Ibid. 38. Vue latérale de la portion de crâne humain, de l'âge quaternaire, trouvée dans la caverne de Neanderthal, près de Dusseldorf, d'après Lyell....137 39. Profil des crânes quaternaires de Neanderthal et d'Engis et du crâne d'un Australien de Port-Adélaïde, d'après Lyell..............................138 40. Grattoir en silex des alluvions quaternaires, d'après le Précis de paléontologie humaine de M. le docteur Hamy..................................140 41. Harpon en os, décoré d'une tête de cheval, découvert à Laugerie-Basse (Dordogne), d'après le même ouvrage.........................................Ibid. 42. Grattoir en silex de forme allongée des cavernes du Périgord, d'après le même ouvrage..............................................................141_ 43. Petit harpon en os, provenant de la caverne de Massat (Ariége), d'après le même ouvrage.............................................................Ibid. 44. Gravure sur un morceau de schiste, représentant l'ours des cavernes, découverte dans la grotte du Bas-Manat (Ariège), d'après le Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris............................................141 45 et 46. Manches de poignards sculptés en ivoire, représentant des rennes et provenant de la grotte de Montastruc, d'après le Précis de paléontologie humaine de M. le docteur Hamy...............................................143 47. Lame d'ivoire de la grotte de La Madeleine (Dordogne), avec représentation de mammouth, d'après les Reliquiæ aquitanicæ de Lartet et Christy.................................................................Ibid. 48. Figures diverses sur un morceau de bois de renne provenant de La Madeleine, d'après le même ouvrage....................................................Ibid. 49. Tête de vieillard découverte à Cro-Magnon (Dordogne), d'après la Conférence de M. Broca sur les troglodytes de la Vézère.....................145 50. Tête de femme découverte à Cro-Magnon, d'après la même source..........Ibid. 51. Crâne d'homme provenant de la grotte du Trou du Frontal (Belgique), d'après le Précis de paléontologie humaine de M. le docteur Hamy............149 52. Hache en pierre polie, de France........................................156 53. Hache en pierre polie, de France........................................157 54. Hache de pierre polie, avec son emmanchement en bois et en corne de cerf, provenant des villages lacustres de la Suisse........................Ibid. 55. Nucleus d'obsidienne, provenant de l'Archipel grec......................159 56. Dolmen de Duneau (Sarthe)...............................................160 57. Allée couverte de la Pierre-Turquaise près l'Isle-Adam (Seine-et-Oise)..161 58. Dolmen de l'Hindoustan, d'après Ferguson, Rude stones monuments.........164 59. Dague en silex du Danemark, d'après sir John Lubbock, L'homme préhistorique...............................................................165 60, 61 et 62. Pointes de lances grossières des kjoekkenmoeddinger de la Scandinavie, d'après le même ouvrage........................................166 63. Restitution d'un village lacustre de la Suisse, d'après M. le docteur Hamy........................................................................168 64. Habitations sur pilotis des Arfakis, du havre de Doréi (Nouvelle-Guinée), d'après Dumont-d'Urville....................................................169 65. Urne cinéraire en terre noire représentant un groupe d'habitations lacustres, découverte dans un tumulus à Adersleben (Bavière), d'après sir John Lubbock................................................................170 66. Urne cinéraire de terre noire du Latium, en forme de hutte ronde ou tugurium...................................................................Ibid. 67. Fragment de tissu provenant des habitations lacustres de la Suisse, d'après sir John Lubbock...................................................Ibid. 68. Collier étrusque, avec pour pendant une pointe de flèche en silex; Musée du Louvre, collection Campana...............................................182 69. Hache de pierre polie sur laquelle ont été gravées postérieurement des représentations mithriaques; Musée de la Société Archéologique d'Athènes...................................................................183 70. 71 et 72. Les trois types principaux de celts ou hachettes de bronze, d'après sir John Lubbock, L'homme préhistorique.............................185 73, 74 et 75. Modes d'emmanchement des trois types de haches de bronze, d'après le même ouvrage.....................................................189 76, 77 et 78. Épées de bronze, de France et du Danemark, d'après le même ouvrage.....................................................................192 79, 80 et 81. Dagues en bronze, d'Irlande et du Danemark, d'après le même ouvrage.....................................................................195 82 et 83. Pointes de lances en bronze, de Danemark et d'Irlande, d'après le même ouvrage................................................................198 84. Pointe de lance en silex taillé à petits éclats, du Danemark............199 85 et 86. Bracelets de bronze, des habitations lacustres de la Suisse, d'après sir John Lubbock....................................................205 87, 88, 89 et 90. Épingles à cheveux en bronze; des palafittes des lacs de la Suisse, d'après la même source...........................................207 91. Tête de l'Apollon du Belvédère, type idéal de la race blanche dans sa division aryo-européenne....................................................225 92, 93, 94 et 95. Crânes des quatre races fondamentales de l'humanité, vus de profil, d'après l'Histoire naturelle de l'homme de Prichard..............228 96, 97, 98 et 99. Crânes des quatre races fondamentales de l'humanité, vus par en haut.............................................................229 100. Indien de la caste brahmanique, d'après Prichard, type de la race blanche dans sa division aryo-asiatique.....................................231 101. Arabe Bédouin, d'après le Tour du monde, type de la race blanche dans sa division sémitique ou syro-arabe....................................233 102. Chinois, d'après Prichard, type de la race jaune.......................235 103. Nègre de la côte de Mozambique, d'après Prichard, type de la race noire dans sa division africaine..................................................237 104. Papou de la Nouvelle-Guinée, d'après Prichard, type de la race noire dans sa division pélagienne.................................................239 105. Indien Sauk, de l'Amérique du Nord, d'après Prichard, type de la race rouge.......................................................................241 106. Galla de l'Abyssinie, d'après Prichard, type de la sous-race éthiopico-berbère...........................................................243 107. Kalmouk sibérien, d'après Prichard, type de la sous-race altaïque dans ses variétés les plus rapprochées de la race jaune pure.....................245 108. Kamtchadale, d'après Prichard, type de la sous-race hyperboréenne......247 109. Malay, d'après Prichard, type de la sous-race malayo-polynésienne dans sa division malaye..........................................................249 110. Tahitien, d'après Prichard, type de la sous-race malayo-polynésienne dans sa division canaque ou polynésienne....................................251 111. Australien, d'après Prichard...........................................255 112. Femme hottentote, d'après Prichard, type de la sous-race hottentote....257 113. Captif de la nation des Lebou, d'après les sculptures du palais de Médinet-Abou, à Thèbes, exécutées sous Râmessou III, de la XXe dynastie.....271 114. Indigène du pays de Pount, d'après les bas-reliefs égyptiens du temple de Deïr-el-Bahari, à Thèbes, élevé pendant la minorité de Tahoutmès III.....272 115. Un prince des Khétas, d'après un bas-relief égyptien d'Ibsamboul en Nubie.......................................................................273 116. Captif des Amorim de Qadesch, sculpture égyptienne de Médinet-Abou.....274 117. Phénicien du temps de la XVIIIe dynastie égyptienne, d'après les peintures du tombeau de Rekh-ma-Ra, à Thèbes, datant du règne de Tahoutmès III...............................................................275 118. Guerrier kenànéen de la Palestine, représentation égyptienne du temps de la XIXe dynastie.........................................................276 119 et 120. Têtes d'Élamites de la classe inférieure, au type négroïde, d'après les sculptures assyriennes du palais du roi Asschour-bani-abal à Koyoundjik, l'ancienne Ninive...............................................280 121. Tête d'un Élamite de la classe aristocratique, du type sémitique, d'après les mêmes sculptures................................................281 122, 123 et 124. Types d'Assyriens, d'après les sculptures indigènes........283 125 et 126. Les deux types de visages des Babyloniens, d'après les sculptures du palais de Koyoundjik retraçant les campagnes du roi ninivite Asschour-bani-abal en Babylonie............................................Ibid. 127. Captif de la nation des Schasou, nomades sémitiques du désert entre l'Égypte et la Syrie, d'après les sculptures égyptiennes du palais de Médinet-Abou................................................................287 128. Guerriers du peuple de Khar ou des Araméens méridionaux, représentation égyptienne du temps de la XVIIIe dynastie....................290 129. Ambassadeur des Routennou ou Araméens septentrionaux, d'après les peintures d'un tombeau de Thèbes datant du règne de Toutankh-Amen (XVIIIe dynastie)...........................................................291 130. Guerrier Iranien ou Médo-Perse, portant la robe médique, d'après les sculptures de Persépolis....................................................295 131. Guerriers des nations pélasgiques (T'akkaro ou Teucriens et Touirscha ou Tyrrhéniens) au temps de la XXe dynastie égyptienne, figures empruntées aux bas-reliefs historiques de Mèdinet-Abou.................................298 132. Perse en costume national, d'après les sculptures de Persépolis........301 133. Captif nègre, représentation égyptienne, d'après les sculptures de Médinet-Abou................................................................303 134. Captif nègre, représentation égyptienne, d'après les sculptures de Médinet-Abou................................................................304 135 et 136. Types touraniens de la Médie, d'après les bas-reliefs assyriens du palais de Sin-akhe-irib à Koyoundjik.....................................307 137. Mède aryen en costume national, d'après les sculptures de Persépolis...308 138. Type touranien de la Chaldée, plaquette de terre cuite conservée au Musée Britannique...........................................................309 139. Morceau de bois de renne portant des entailles significatives, provenant de l'ossuaire de Cro-Magnon (Dordogne), d'après la Conférence du docteur Broca sur les troglodytes de la Vézère..............................399 140. Quippo péruvien de l'époque incasique, d'après le Magasin pittoresque.................................................................400 141. Spécimens des koua ou diagrammes symboliques dont les Chinois attribuent l'invention à l'empereur Fouh-Hi............................................401 142. Dessins pictographiques des Esquimaux sur des instruments d'os, d'après l'ouvrage de sir John Lubbock sur Les origines de la civilisation...........403 143. Représentation pictographique de l'époque quaternaire sur un morceau de bois de renne provenant de la grotte de La Madeleine (Dordogne), d'après les Reliquiæ aquitanicæ de Lartet et Christy....................................404 144. Sculptures pictographiques sur un rocher, à Skebbervall, dans le Bohuslan (Suède), d'après la Revue archéologique............................405 145. Pétition pictographique indienne au Président des États-Unis, d'après sir John Lubbock............................................................407 146. Biographie pictographique de Wingemund, chef des Delawares, d'après Schoolcraft, Indian tribes of North-America.................................408 147. et 148. Planches funéraires de chefs indiens de l'Amérique du Nord, d'après Schoolcraft et sir John Lubbock....................................Ibid. 149. Figures tracées sur une des dalles de la chambre intérieure du tumulus du Mané-Lud à Locmariaker (Morbihan), d'après la Revue archéologique..............................................................409 150. Sculptures pictographiques d'un rocher des bords de l'Irtysch en Sibérie, d'après Spassky, Inscriptiones Sibiricæ...........................410 151 et 152. Tatouages de Maoris de la Nouvelle-Zélande, d'après sir John Lubbock....................................................................411 153. Dessins de tatouage sur une des dalles de l'allée couverte de Gavr'Innis (Morbihan), d'après le moulage conservé au Musée de Saint-Germain..............................................................412 154. Bas-relief accompagné d'inscriptions en hiéroglyphes 'hittites, sculpté sur un rocher à Ibriz, dans l'ancienne Lycaonie; d'après les Transactions of the Society of Biblical Archæology.........................414 155. Une page du manuscrit yucatèque de Dresde, spécimen de l'écriture calculiforme des Mayas.....................................................415 156. Dérivation des signes hiératiques égyptiens du tracé linéaire des hiéroglyphes, d'après la Grammaire hiéroglyphique de Champollion...........416 157. Frise hiéroglyphique d'un des temples de Karnak, renfermant le nom du pharaon Râmessou IV, d'après Champollion................................418 158. Caractères cunéiformes avec les tracés hiéroglyphiques dont ils dérivent, tablette assyrienne du Musée Britannique.........................420 159. Peinture figurative mexicaine de la collection Mendoza, accompagnée de légendes explicatives; retraçant l'histoire de la fondation de Mexico et des conquêtes de ses premiers rois.............................................425 160. Spécimens des anciens signes figuratifs qui ont servi de point de départ à l'écriture chinoise......................................................428 160. Spécimens des anciens signes figuratifs qui ont servi de point de départ à l'écriture chinoise...............................................428 161. Spécimen du type cursif d'écriture chinoise appelé thsào..............429 162. Exemple du type archaïque de l'écriture cunéiforme; début de l'incription de Nabou-koudourri-ouçour dite «de la Compagnie des Indes, conservée au Musée Britannique.............................................432 163. Exemple du type babylonien récent de l'écriture cunéiforme; le même texte transcrit dans ce caractère..........................................433 164. Texte égyptien en écriture hiératique; début d'une tablette de la collection Rogers..........................................................436 165. Le même texte transcrit en hiéroglyphes du type linéaire..............437 166. Fragment d'un contrat égyptien en écriture démotique, appartenant au Musée du Louvre............................................................439 167. Spécimen de l'alphabet sémitique de 22 lettres, inventé par les Phéniciens, dans le type le plus ancien qu'on en connaisse; partie de l'inscription de la stèle triomphale de Mês'a, roi de Moab (IXe siècle avant J.-C.), conservée au Musée du Louvre.................................449
TABLE
DES CARTES INSÉRÉES DANS LE TEXTE
Pages. 1. Localisation des données géographiques de la Genèse sur le 'Eden et les contrées environnantes, dans la région du Pamir............................98 2. Géographie des traditions paradisiaques des peuples iraniens et indiens....................................................................99 3. Localisation des fleuves paradisiaques dans la Mésopotamie.............101 4. Distribution géographique des races admises par les Égyptiens..........305 5. Système de l'ethnographie des livres sacrés iraniens...................311
CARTE TIRÉE HORS TEXTE
Ethnographie du chapitre X de la Genèse (à placer à la p. 266.)
TABLE DES MATIÈRES
DU TOME PREMIER
Pages. Préface de la première édition................................................I Préface de la troisième édition............................................XIII Préface de la neuvième édition..............................................XIX LIVRE PREMIER LES ORIGINES CHAPITRE PREMIER.--le récit de la bible. § 1.--L'espèce humaine jusqu'au déluge. Le récit de la Bible sur les origines de l'histoire humaine, son caractère et son autorité...............................................................3 Création de l'homme...........................................................5 Le premier péché..............................................................6 Absence de date assignée dans la Bible à la naissance du genre humain.........7 Les enfants du premier couple.................................................8 Qaïn, son crime et sa race.................................................Ibid. Scheth et sa descendance......................................................9 Péché des enfants de Dieu avec les filles des hommes, corruption de l'humanité...................................................................10 Récit biblique du déluge...................................................Ibid. Remarques sur quelques-unes des expressions de ce récit......................11 Cessation du déluge..........................................................12 Sortie de l'arche............................................................13 Alliance de Dieu avec l'humanité nouvelle, issue de Noa'h....................14 L'ivresse de Noa'h et la malédiction de Kenâ'an............................Ibid. § 3.--Dispersion des peuples. Les descendants de Noa'h.....................................................14 Construction de la Tour de Babel et confusion des langues....................15 Ce que la Bible dit au sujet de l'époque du patriarche Phaleg..............Ibid. CHAPITRE II.--TRADITIONS PARALLÈLES AU RÉCIT BIBLIQUE. § 1.--La création de l'homme. Relation du récit biblique avec les traditions des autres peuples de l'antiquité sur les premiers âges............................................17 Son affinité particulièrement étroite avec les récits chaldéens..............18 Idée de l'autochthonisme des premiers hommes.................................19 Tradition phénicienne........................................................20 La formation des premiers ancêtres de l'humanité dans les idées des Égyptiens....................................................................21 L'homme façonné de terre.....................................................22 Récit babylonien...........................................................Ibid. Manque de narration de la création de l'homme dans les fragments jusqu'ici retrouvés de la Genèse assyrienne............................................23 Les fables grecques sur Prométhée formateur de l'humanité....................24 Gayômaretan, le premier homme dans la cosmogonie des livres iraniens attribués à Zarathoustra (Zoroastre).........................................25 Naissance de Maschya et Maschyâna..........................................Ibid. Notion de l'androgyne primordial, séparé en deux pour former le premier couple.......................................................................26 § 2.--Le premier péché. L'idée de la félicité édénique des premiers hommes chez les Égyptiens........26 Chez les peuples aryens....................................................Ibid. Leur théorie des quatre âges de l'humanité...................................27 Absence de cette théorie dans la Bible.....................................Ibid. Sa contradiction avec celle du péché originel................................28 Elle implique une idée de péjoration, de décadence continue................Ibid. La croyance biblique et chrétienne a enfanté, au contraire, la doctrine du progrès continu de l'humanité................................................29 Le péché originel dans les croyances du zoroastrisme.........................30 Le péché de Yima.............................................................31 Le péché de Maschya et Maschyâna...........................................Ibid. Le péché d'Idhunna dans l'Edda des Scandinaves...............................32 Nous ne possédons pas jusqu'ici de récit chaldéen du premier péché.........Ibid. L'arbre de vie sur les monuments babyloniens et assyriens....................33 Les simulacres de l'arbre de vie chez les Chaldéo-Assyriens et l'ascherah des populations palestiniennes...............................................34 Cylindre babylonien qui paraît se rattacher à un mythe analogue au récit biblique sur le premier péché................................................35 Vestiges d'un mythe pareil chez les Phéniciens.............................Ibid. L'homme et la femme auprès de l'arbre, sur les sarcophages romains où est sculptée l'histoire de Prométhée............................................36 Vase phénicien de Cypre avec l'arbre et le serpent...........................37 L'esprit de cette tradition ne devait pas être en Chaldée et en Phénicie le même que dans la Bible.....................................................Ibid. Les mythes de l'arbre cosmique et du fruit de feu............................38 La Bible transforme le mythe physique en enseignement spirituel et moral...Ibid. Le serpent dans la symbolique religieuse de l'antiquité......................39 Le serpent ennemi des dieux célestes en Égypte et en Phénicie................40 Dans le zoroastrisme.......................................................Ibid. Transfiguration que la Bible fait subir ici à un symbole originairement naturaliste..................................................................41 § 3.--Les générations antédiluviennes. Les dix générations d'ancêtres primordiaux chez un grand nombre de peuples, comme dans la Bible..........................................................41 Tableau parallèle des dix rois antédiluviens de la tradition chaldéenne, recueillie par Bérose, et des dix patriarches antédiluviens de la Genèse.....43 Dix employé comme nombre rond dans les généalogies...........................44 Vestige d'un temps primitif où la numération ne s'élevait pas au-dessus de dix........................................................................Ibid. Variations entre dix et sept pour le nombre rond des ancêtres primordiaux....45 Traditions qui lient un fratricide à la fondation de la première ville.......46 Croyance, généralement répandue dans l'antiquité, aux géants primitifs.....Ibid. Idée de violence et de révolte contre le ciel qui s'attachent à ces géants...48 La Gigantomachie des Grecs, mythe purement physique..........................50 La Titanomachie..............................................................51 Les Titans de la famille de Iapétos et le Yapheth biblique...................54 Le mythe des Aloades.........................................................55 § 4.--Le déluge. Universalité de la tradition du déluge chez toutes les races, sauf la race noire........................................................................55 Nécessité d'écarter pourtant de la question certains récits qui se rapportent uniquement à des faits d'un caractère local..................................56 L'inondation de Yao et les travaux de Yu en Chine..........................Ibid. La légende de Botchica au Cundinamarca.......................................57 Tradition chaldéenne du déluge.............................................Ibid. Récit de Bérose..............................................................58 Récit original découvert par G. Smith dans les tablettes cunéiformes du Musée Britannique............................................................59 Traduction de ce récit.......................................................60 Comparaison entre la narration chaldéenne et celle de la Bible...............65 Le récit du déluge chez les Araméens de Bambyce ou Hiérapolis................66 Les récits diluviens de l'Inde...............................................67 Leur origine chaldéenne......................................................68 Traditions diluviennes de l'Iran.............................................71 Le déluge d'Ogygès chez les Grecs............................................72 Le déluge de Deucalion.....................................................Ibid. Variations des traditions locales............................................74 Système des chronographes, admettant trois déluges successifs................75 Traditions diluviennes de la Phrygie.......................................Ibid. Traditions des peuples celtiques............................................76 Tradition des Lithuaniens....................................................77 Absence de la tradition diluvienne en Égypte..............................Ibid. Mythe égyptien de la destruction des hommes par les dieux....................78 Ce qu'il a de commun avec la tradition du déluge et ce qu'il a de différent....................................................................81 Les récits diluviens de l'Amérique...........................................82 Les narrations mexicaines....................................................83 Parenté possible de ces traditions mexicaines avec celles de l'Inde..........85 Tradition diluvienne du Guatemala............................................86 Traditions des tribus de l'Amérique du Nord..................................87 Les traditions diluviennes de l'Océanie et leur caractère incertain..........89 Caractère d'événement réel du déluge.........................................90 § 5.--Le berceau de l'humanité postdiluvienne. Le point d'arrêt de l'arche dans la Bible et dans la tradition chaldéenne....92 Difficultés à admettre que l'Ararat de la Genèse soit celui de l'Arménie.....92 La montagne sainte du Mêrou dans les légendes indiennes......................93 L'Airyana Vaêdja et la montagne du Harâ-Berezaiti dans les traditions iraniennes.................................................................Ibid. Nom d'Aryâratha donné à la montagne sainte, à laquelle se rattache le souvenir des origines........................................................94 Le massif du Belourtagh et du plateau de Pamir, berceau de l'humanité postdiluvienne...............................................................95 La tradition du berceau de l'humanité antédiluvienne et du Paradis terrestre s'y est aussi localisée....................................................Ibid. L'Oudyâna du nord de l'Inde et le 'Eden biblique.............................96 Caractère de la description du jardin de 'Eden.............................Ibid. Les quatre fleuves paradisiaques de la Genèse................................97 Leur comparaison avec les fleuves paradisiaques du Boundéhesch pehlevi.......98 Les quatre grands fleuves sortant du massif du Pamir........................100 Problème particulier que soulève la mention du 'Hid-Deqel et du Phrath parmi les fleuves paradisiaques de la Genèse et l'identité de leurs noms avec ceuxà du Tigre et de l'Euphrate..................................................Ibid. Localisation de la tradition paradisiaque dans la Mésopotamie, par les Chaldéens...................................................................101 Elle a influé sur la Genèse, mais elle ne représente plus exactement la véritable forme originaire de la tradition..................................102 Probabilité de l'existence d'un Tigre et d'un Euphrate primitifs parmi les fleuves sortant du massif du Pamir..........................................103 La terre de Nod, où Qaïn se retire et fonde la ville de 'Hanoch............Ibid. Khotan et ses traditions très antiques.....................................Ibid. La Montagne de l'Assemblée des dieux dans les croyances religieuses des Chaldéo-Assyriens...........................................................104 Les paradis des monarques asiatiques, imitation du jardin édénique de la montagne sainte.............................................................105 Les jardins suspendus.......................................................106 § 6.--Le patriarche sauvé du déluge et ses trois fils. Manière dont les traditions chaldéennes réunissent sur la tête de 'Hasis-Adra, le juste sauvé du déluge, les données que la Bible répartit entre Noa'h et 'Hanoah.....................................................................107 Confusion du rénovateur et du premier auteur de l'humanité dans la tradition aryenne, Manou correspondant à la fois à Adam et à Noa'h...................Ibid. Le Minos des Hellènes.......................................................108 Noa'h plantant la vigne et Nahouscha conquis par Soma.......................109 Les trois fils de Noa'h et les trois fils de Lemech, les uns et les autres chefs de races..............................................................110 Division des races humaines, telles que les admettaient les Égyptiens......Ibid. Les trois fils de Thraetaona dans la légende iranienne.....................Ibid. Comparaison de ces systèmes ethnographiques.................................112 Les trois frères, Cronos, Titan et Prométhée, dans les extraits de Bérose.....................................................................Ibid. Version de leur histoire mythique chez Moïse de Khorène.....................113 Le cycle des légendes des Iapétides chez les Grecs..........................114 § 7.--La Tour des langues. Le récit de la construction de la Tour de Babel et de la confusion des langues ne se retrouve, parallèlement à la Bible, que dans la tradition chaldéenne..................................................................115 Ce récit est indépendant de sa localisation à Babylone......................116 Défaut de fondement de l'opinion vulgaire, qui voit les ruines de la Tour de Babel dans le Birs-Nimroud..................................................118 CHAPITRE III.--Vestiges matériels de l'humanité primitive. § 1.--L'homme des temps géologiques. L'archéologie préhistorique, sa méthode et ses résultats....................119 La paléontologie humaine....................................................120 Silex travaillés des terrains miocènes......................................121 Le problème de l'homme des temps tertiaires.................................122 La première période glaciaire..............................................Ibid. Nouvelle faune qui y succède................................................123 Vestiges de l'homme dans les dépôts pliocènes supérieurs....................124 État des continents et migrations animales à cette époque..................Ibid. La période quaternaire et ses conditions dans le relief des continents, le climat et la faune..........................................................126 Les climats continentaux et les climats insulaires..........................128 Restes de l'industrie humaine dans les dépôts quaternaires..................130 Vie des hommes de cette époque dans nos contrées............................131 Faits analogues constatés en dehors de l'Europe, particulièrement en Asie........................................................................134 Les races humaines de l'époque quaternaire..................................135 Dolichocéphales et brachycéphales...........................................137 La race de Neanderthal et de Canstadt, et ses descendants parmi la population..................................................................138 § 2.--L'homme des cavernes de l'âge du renne. L'âge du renne et les cavernes qui offrent les restes de l'industrie de l'homme de cette période....................................................140 Habile travail des instruments de pierre et d'os...........................Ibid. Dessins tracés sur des pierres et des os....................................142 Existence d'un système de numération et de rites funéraires.................144 La race de Cro-Magnon et ses descendants actuels...........................Ibid. La race brachycéphale de Furfooz et ses descendants actuels.................147 Modifications des continents, du climat et de la faune après l'âge du renne.......................................................................150 Apparition en Occident des populations de l'âge de la pierre polie..........152 Les hommes des cavernes dans les traditions de l'antiquité classique........154 § 3.--Restes matériels de l'époque néolithique. L'âge néolithique ou de la pierre polie.....................................156 Armes et instruments de cette époque........................................157 Centres de fabrication des outils de pierre et commerce.....................158 Identité de la faune de cette époque avec celle d'aujourd'hui...............159 Les dolmens et les allées couvertes.........................................160 La race des dolmens et les Atlantes des traditions légendaires..............162 Les brachycéphales septentrionaux de la même période........................163 Monuments mégalithiques dans l'Afrique septentrionale, en Orient et jusque dans l'Inde.................................................................164 Ressemblance des objets de la période néolithique dans toutes les parties du monde.......................................................................164 Perfection singulière de ceux de la Scandinavie.............................165 Les kjoekkenmoeddinger de la Scandinavie....................................166 Les terramare de l'Emilie...................................................167 Les palafittes ou villages lacustres de la Suisse...........................168 Progrès considérable de civilisation marqué dans ces derniers...............170 Commencement de l'agriculture...............................................171 § 4.--Relation de temps entre les diverses époques des développements initiaux de l'industrie humaine. Le travail des métaux, chez quelques peuples, dans un état encore presque sauvage.....................................................................171 Inventeurs divins attribués à ce travail chez la plupart des peuples........172 La métallurgie du cuivre et celle du fer...................................Ibid. Travail primitif du fer météorique..........................................173 Les trois époques de l'âge de la pierre sont trois stages successifs du développement initial de la civilisation, non trois époques chronologiques, ni surtout synchroniques pour les différents pays et les différents peuples....................................................................Ibid. Populations qui ne sont jamais sorties de l'âge de la pierre................174 Le Thoubal-qaïn de la Bible et le peuple métallurgiste de Thoubal.........Ibid. Les trois centres primitifs de la métallurgie...............................175 Exceptions à la marche ordinaire du progrès du travail des métaux, les Polynésiens................................................................Ibid. La Chine primitive..........................................................176 L'âge néolithique, de la période géologique actuelle, a énormément varié comme durée suivant les pays et les peuples; l'âge archéolithique, de la période quaternaire, a été synchronique sur toute la surface du globe.......177 Conservation de l'usage des armes et des instruments de pierre après l'invention du travail des métaux...........................................178 A quoi l'on doit reconnaître les gisements qui appartiennent proprement à l'âge de la pierre..........................................................180 Emploi tardif des armes et des instruments de pierre dans des rites religieux ou à titre de talismans.....................................................182 § 5.--Les inventeurs de la métallurgie. Unité de composition du bronze préhistorique en Europe et en Asie, indication d'un foyer commun d'invention de la métallurgie pour tous les peuples de ces contrées.....................................................184 Difficulté de distinguer un âge du bronze et un âge du fer pour beaucoup de contrées situées dans le rayon d'influence de ce foyer primitif.............186 Les peuples adorateurs des dieux de la métallurgie.........................Ibid. Les nations altaïques et leur ancienne extension............................188 Les Scythes dominateurs de l'Asie, de Trogue Pompée.........................189 Les nations touraniennes de l'Asie antérieure dans la haute antiquité.......190 Développement très ancien de la métallurgie et des traditions mythiques qui s'y rapportent, chez les peuples Altaïques.................................Ibid. Les Tchoudes................................................................191 Les nations thibétaines.....................................................193 Populations touraniennes de l'Asie antérieure, les Schoumers et Akkads de la Châldée, et leur antique métallurgie.....................................194 Les peuples de Meschech et de Thoubal, envisagés à ce point de vue..........196 Origines de la métallurgie de l'Asie rattachées aux nations altaïques et touraniennes................................................................197 Importance qu'a ici la question de la fabrication du bronze.................198 Les gisements de l'étain....................................................199 Détermination du point où fut inventé le travail du bronze..................200 L'invention de la métallurgie antérieure à la séparation des trois races de l'humanité noa'hide.........................................................201 Thoubal-qaïn et sa signification ethnique...................................202 Assimilation probable entre les Altaïques et les Touraniens, d'une part, et les Qaïnites de la Bible, d'autre part......................................203 Problème, qui se soulève ici, de l'extension qu'il faut donner à certains des récits primordiaux de la Bible..............................................204 Les primitives corporations métallurgiques et leur caractère sacré..........206 § 6.--L'archéologie préhistorique et la Bible. Ordre absolument différent des faits auxquels s'attachent les récits bibliques et de ceux qu'envisage l'archéologie préhistorique................208 Pas de contradiction formelle et insoluble entre les données fournies des deux côtés..................................................................209 L'ancienneté de l'homme....................................................Ibid. Absence d'une chronologie formelle dans la Bible............................210 Manque d'un chronomètre précis d'après lequel la science puisse évaluer en siècles et en années la date des plus anciens vestiges de l'homme qu'elle constate....................................................................211 L'état misérable de l'humanité primitive et son accord avec la doctrine de la déchéance................................................................212 La théorie du progrès continu et la doctrine chrétienne.....................214 La question de l'universalité du déluge.....................................216 Difficulté du problème......................................................217 Hypothèses possibles pour sa solution......................................Ibid. Raisons pour limiter l'action du déluge à une partie seulement de l'humanité, à la descendance de Scheth......................................218 Cette thèse n'est pas formellement contraire à l'orthodoxie.................219 Divergences au sujet de l'universalité du déluge, dès le temps des Pères de l'Église.................................................................221 LIVRE II LES RACES ET LES LANGUES CHAPITRE PREMIER.--Les races humaines. § 1.--L'unité de l'espèce humaine et ses variations. Impossibilité pour la science d'affirmer, de la même façon que la religion, la descendance de tous les hommes d'un couple unique; elle peut seulement prouver leur unité d'espèce.................................................225 Les monogénistes et les polygénistes........................................226 Influence que les convictions religieuses et philosophiques exercent nécessairement sur le parti que l'on prend dans ce grand débat.............Ibid. Rôle qui doit appartenir à la science pure et aux considérations physiologiques..............................................................227 L'espèce, la variété et la race en histoire naturelle.......................228 Les différences qui séparent les races humaines ne constituent pas des caractères spécifiques......................................................229 Influence des milieux sur la formation de ces races.........................230 Tableau de la distribution géographique des races humaines dans leur rapport avec les lieux et les climats...............................................232 Conséquences à tirer, au point de vue de son unité spécifique, de la diffusion de l'homme sous tous les climats..................................236 § 2.--Le cantonnement primitif de l'espèce humaine et ses migrations. Recherches de M. de Quatrefages sur ce cantonnement primitif, d'après les faits actuels...............................................................238 Leur accord avec les données des traditions antiques........................241 Mesure dans laquelle les constatations les plus récentes de la géologie peuvent cependant les modifier.............................................Ibid. Le peuplement du globe par voie de migrations...............................243 Faculté d'acclimatation spéciale à l'homme.................................Ibid. Objections des polygénistes contre la doctrine du peuplement du globe par migrations, et leur réfutation..............................................245 Les migrations terrestres...................................................246 Les migrations maritimes....................................................248 Problème du peuplement de l'Amérique........................................250 Conclusion de Lyell sur cette question du peuplement du globe...............252 § 3.--Grandes divisions des races humaines, types fondamentaux et types secondaires. Bases de la classification des races humaines...............................252 Les trois types fondamentaux, blanc, jaune et noir..........................253 Leurs caractères physiologiques.............................................254 Le type rouge...............................................................255 Sous-races intermédiaires entre ces types fondamentaux.....................Ibid. Boréale.....................................................................256 Altaïque ou ougro-japonaise................................................Ibid. Malayo-polynésienne........................................................Ibid. Égypto-berbère.............................................................Ibid. Hottentote.................................................................Ibid. Nègres pélagiens...........................................................Ibid. Rôle du métissage dans la formation de ces races secondaires................257 Conclusions de M. de Quatrefages sur la manière dont se sont formées les diverses races de l'humanité................................................258 § 4.--L'homme primitif. Disparition du type primordial de l'homme...................................259 Limites dans lesquelles on peut le restituer conjecturalement...............260 Les faits d'atavisme.......................................................Ibid. Prognathisme................................................................261 Coloration.................................................................Ibid. Conclusions de M. de Quatrefages sur cette question.........................262 § 5.--La descendance des fils de Noa'h dans la Genèse. Le tableau ethnographique du chapitre X de la Genèse........................263 Son véritable caractère.....................................................264 Son immense valeur pour la science..........................................265 Famille de 'Ham, peuples qu'elle embrasse...................................266 Kousch.....................................................................Ibid. Les fils de Kousch..........................................................267 Extension antique des peuples auxquels s'applique le nom de Kousch..........268 Miçraïm et ses fils.........................................................269 Pout et le Pount des monuments égyptiens....................................271 Kenâ'an et ses fils.........................................................273 Difficultés soulevées à propos de l'inscription de Kena'an parmi les enfants de 'Ham.....................................................................274 Peuples 'hamitiques qui parlent des idiomes dits sémitiques.................275 Relation entre les nations de 'Ham et celles de Schem.......................276 La malédiction de 'Ham et ses effets historiques............................279 Famille de Schem, peuples qu'elle embrasse..................................280 Élam.......................................................................Ibid. Asschour....................................................................281 Arphakschad et la généalogie de ses descendants.............................283 Les Yaqtanides..............................................................284 Les Téra'hites et leurs différents peuples..................................286 Loud et Aram, les deux divisions des Araméens...............................288 Le Routen des monuments égyptiens...........................................290 Caractères généraux des peuples de la famille de Schem......................291 Famille de Yapheth, peuples qu'elle embrasse................................292 Gomer et ses fils..........................................................Ibid. Magog.......................................................................294 Madaï.......................................................................295 Yavan.......................................................................296 Fils de Yavan...............................................................297 Thoubal et Meschech.........................................................299 Thiras......................................................................300 Identité de la famille de Yapheth dans la Bible et des peuples aryens......Ibid. Les blancs allophyles compris par l'auteur sacré dans la même famille.......302 La descendance des fils de Noa'h n'embrasse que trois rameaux de la race blanche, silence de la Bible sur les autres races...........................303 Les nègres étaient pourtant bien connus des écrivains bibliques et n'ont pu être écartés par eux qu'intentionnellement du tableau généalogique de la descendance de Noa'h.....................................................304 Il en est exactement de même des Touraniens de l'Asie antérieure............306 Esquisse de leur distribution géographique dans la haute antiquité..........307 Les populations prékénânéennes de la Palestine et du désert voisin semblent former un troisième groupe ethnique, systématiquement exclu par l'auteur de la Genèse du tableau de la descendance de Noa'h.................310 Analogie de ces trois groupes de populations avec la division tripartite des descendants de Qaïn après Lemech, dont les trois fils font pendant aux trois fils de Noa'h...............................................................312 CHAPITRE II.-Les langues et leurs familles. § 1.--Origine et développement du langage. Le problème de l'origine du langage et la philosophie antique...............315 Locke et Leibnitz..........................................................Ibid. Condillac...................................................................316 Bonald et le langage révélé................................................Ibid. Maine de Biran et la théorie du langage comme produit d'une invention raisonnée...................................................................317 Création de la science linguistique; manière nouvelle dont elle conduit à envisager le problème de l'origine du langage, abordé jusque-là dans le domaine de l'abstraction pure...............................................318 Impossibilité de soutenir désormais la thèse du langage révélé.............Ibid. Le langage, ou plus exactement les langues, constituent une oeuvre, humaine.....................................................................319 Théorie de M. Renan, qui y voit un produit spontané et inconscient des facultés de l'homme........................................................Ibid. Rôle nécessaire de la réflexion et de la raison dans la formation du langage.....................................................................321 Théorie de Jacob Grimm......................................................322 Comment l'homme a créé les premiers fondements de son langage...............323 Les racines monosyllabiques primordiales....................................324 État monosyllabique et isolant, création des racines démonstratives ou pronominales................................................................325 Stages de développement ultérieur du langage: l'état agglutinant et l'état flexionnel..................................................................326 § 2.--Unité du langage et diversité des langues. La langue primitive a disparu sans retour...................................326 >Multiplicité des familles de langues irréductibles entre elles dans l'état présent de nos connaissances................................................327 Ce fait est incontestable, mais n'implique en réalité aucune conséquence contraire à l'unité de l'espèce humaine.....................................329 Son explication naturelle...................................................330 Faux raisonnement d'Agassiz, qui cherche dans le langage des preuves du polygénisme, et sa réfutation...............................................332 Les faits historiques qui montrent un peuple changeant de langage et adoptant l'idiome d'un autre sous l'empire de différentes circonstances.....333 Variations phonétiques dans le langage résultant de différences dans les organes vocaux d'un peuple à l'autre........................................334 Modifications que les différences intellectuelles entre les peuples amènent forcément dans le langage...................................................336 Modifications des langues par des causes historiques........................337 Emprunts de vocabulaire d'un idiome à un autre..............................338 Caractère d'oeuvre collectif de la création d'une langue....................339 Remarques de Jacob Grimm sur l'origine des formes du féminin, en particulier dans les langues aryennes.......................................340 § 3.--Classification des langues. Leurs trois grandes classes naturelles......................................341 Les langues monosyllabiques et isolantes...................................Ibid. Le chinois pris comme type de ces idiomes...................................342 Principaux groupes des langues monosyllabiques..............................343 Passage de l'état isolant à l'état d'agglutination..........................344 Les langues agglutinantes...................................................344 Familles entre lesquelles se répartissent les langues de cette classe.......345 Le polysynthétisme et les langues américaines...............................348 Les idiomes hyperboréens....................................................350 Les langues à flexions.....................................................Ibid. Leurs trois grandes familles................................................352 § 4.--Les langues dravidiennes et altaïques. Classification et distribution géographique des langues dravidiennes........352 Caractères anthropologiques des peuples qui les parlent.....................354 Caractères linguistiques de ces idiomes.....................................355 Classification et distribution géographique des langues altaïques...........356 Groupe samoyède............................................................Ibid. Groupe ougro-finnois.......................................................Ibid. Groupe turco-tatare.........................................................357 Groupes mongol et tongouse..................................................358 Groupe japonais.............................................................359 Caractères linguistiques communs de ces idiomes............................Ibid. L'harmonie vocalique........................................................360 Question de la parenté des langues dravidiennes et altaïques................361 Observations de M. Hodgson sur les langues horsok et si-fan.................362 Rôle que peut jouer dans cette question une connaissance plus approfondie des idiomes touraniens de l'antiquité, connus par les documents cunéiformes.................................................................363 Les langues du groupe médo-susien..........................................Ibid. Le suméro-accadien..........................................................364 Incertitude existant encore sur les parentés linguistiques exactes de ces idiomes touraniens..........................................................366 § 5.--Les langues 'hamitiques. Elles constituent la première famille des langues à flexions................367 Leur type antique, l'égyptien...............................................368 Classification et distribution géographique des langues modernes de cette famille....................................................................Ibid. Caractères fondamentaux communs à ces langues...............................369 Leur parenté avec les idiomes sémitiques...................................Ibid. Dérivation d'une source commune.............................................370 § 6.--Les langues sémitiques. Ce que cette dénomination a de défectueux...................................371 Grandes divisions de la famille............................................Ibid. Groupe septentrional: rameau araméen.......................................Ibid. Rameau assyrien.............................................................373 Rameau kénânéen.............................................................374 Groupe méridional: rameau ismaélite.........................................375_ Rameau yaqtanide............................................................376 Homogénéité de la famille...................................................377 Trilitéralité des racines...................................................378 Autres caractères communs..................................................Ibid. § 7.--Les langues aryennes. Unité de cette famille et ses caractères généraux...........................379 Question de sa parenté d'origine avec les langues 'hamitiques et sémitiques..................................................................380 Arguments négatifs de Schleicher...........................................Ibid. Arguments de M. Whitney dans le même sens...................................381 Véritable terrain sur lequel la question doit être posée....................382 Elle n'est encore résolue ni dans un sens ni dans l'autre...................383 Grandes divisions de la famille............................................Ibid. Idiomes aryo-asiatiques: groupe indien......................................384 Groupe iranien..............................................................385 Idiomes aryo-européens: groupe gréco-latin ou pélasgique....................388 Groupe celtique.............................................................392 Groupe germanique...........................................................393 Groupe letto-slave..........................................................394 CHAPITRE III.--L'écriture. § 1.--Les marques mnémoniques. Ce qui constitue l'écriture.................................................395 Idéographisme et phonétisme................................................Ibid. Figuration et symbolisme...................................................Ibid. Syllabisme et alphabétisme..................................................395 Emploi de marques conventionnelles, au moyen d'entailles, pour communiquer certaines idées.............................................................398 Les khé-mou des Tartares...................................................Ibid. Usage analogue chez les peuples germaniques et Scandinaves.................Ibid. Monuments de son existence chez les hommes de la période quaternaire........399 Les quippos ou cordelettes nouées des anciens Péruviens.....................400 Les kouas ou diagrammes attribués à l'empereur Fouh-Hi chez les Chinois.....................................................................401 Les colliers mnémoniques des Peaux-Rouges..................................Ibid Traces d'un usage semblable à l'époque quaternaire.........................Ibid. Imperfection foncière de tous ces procédés..................................402 § 2.--La pictographie. Peintures significatives et mnémoniques des sauvages........................402 Fernand Cortez et les Mexicains.............................................404 Dessins pictographiques des Esquimaux......................................Ibid. Dessins analogues sur des rochers de la Scandinavie et des Alpes...........Ibid. Représentations du même genre sur l'os ou la corne, trouvées dans les grottes de l'âge du renne...................................................405 Simplification des figures et combinaisons entre elles qui amènent les représentations de ce genre à devenir une véritable écriture symbolique.....406 Spécimens de la pictographie des Indiens de l'Amérique du Nord.............Ibid Dessins des planches funéraires de deux chefs de ces tribus.................408 Dessins analogues sur les dalles de la chambre intérieure du tumulus du Mané-Lud (Morbihan).........................................................409 Dessins analogues sur des rochers de la Sibérie.............................410 Diverses applications de l'écriture pictographique..........................Ibid. Le tatouage et sa signification.............................................411 Dessins de tatouages reproduits sur les dalles intérieures de certaines allées couvertes funéraires de nos pays.....................................412 § 3.--Les écritures hiéroglyphiques. Ce qu'est proprement l'hiéroglyphisme et en quoi il diffère de la pictographie................................................................412 Les six systèmes primitifs et originaux d'écritures hiéroglyphiques.........413 Incertitude des connaissances sur quelques-uns d'entre eux.................Ibid. Les hiéroglyphes 'hittites.................................................Ibid. L'écriture calculiforme des Mayas du Yucatan................................414 A un certain stage de leur existence, les écritures hiéroglyphiques cessent d'être figuratives..........................................................415 Altération tachygraphique des figures des signes............................416 L'écriture devient alors une sêmeiographie..................................417 Traces de son ancienne origine de pictographie que conserve encore l'hiéroglyphisme égyptien..................................................Ibid. Emploi des signes de l'écriture à former des tableaux figurés...............418 § 4.--Développements successifs de l'idéographisme. Les caractères figuratifs et les caractères symboliques dans l'écriture hiéroglyphique..............................................................419 Les symboles composés de plusieurs figures combinées.......................Ibid. Complication de l'écriture idéographique arrivée à un certain degré de son développement...........................................................420 Son imperfection comme moyen de transmission et de conservation de la pensée......................................................................421 Indépendance réciproque originaire de l'écriture idéographique et du langage parlé.......................................................................422 Manière dont cependant la notion d'un son déterminé vint à s'attacher à telle ou telle figure......................................................Ibid. § 5.--Premières étapes du phonétisme. Le rébus....................................................................423 Il constitue tout le phonétisme de l'écriture hiéroglyphique des Nahuas du Mexique....................................................................Ibid. Vestiges de rébus dans les systèmes d'écritures figuratives qui ont poussé plus loin dans la voie du progrès...........................................424 Dans une langue monosyllabique comme le chinois, l'emploi du rébus menait du même coup au phonétisme syllabique.......................................426 Confusions et obscurités qu'eût produit dans cette langue l'expression purement phonétique des textes.............................................Ibid. Combinaison de phonétisme et d'idéographisme employée pour y remédier, le système des clés............................................................427 Manière dont les valeurs de phonétisme syllabique se sont formées chez les peuples qui parlaient des langues d'une autre nature et polysyllabiques.............................................................429 Comment procédèrent les Schoumers et Akkads de la Chaldée et de la Babylonie...................................................................430 La méthode acrologique et ses origines......................................431 § 6.--Le syllabisme et l'alphabétisme. Comment un seul des systèmes hiéroglyphiques de l'ancien monde s'est élevé jusqu'à la décomposition de la syllabe et à l'alphabétisme..................431 Inconvénients de l'expression purement phonétique des sons..................432 Développement particulier de ces inconvénients dans les langues où les flexions grammaticales se marquent par le changement des voyelles internes des mots, comme les idiomes sémitiques et 'hamitiques.......................433 Mariage mal assorti de l'écriture cunéiforme syllabique et de la langue assyrienne sémitique........................................................434 Comment l'alphabétisme devait être inventé par un peuple chez qui les voyelles intérieures des mots avaient un caractère vague....................435 Sa naissance chez les Egyptiens............................................Ibid. Suppression de la notation des voyelles internes, surtout quand elles étaient brèves.....................................................................Ibid. Comment ce furent les Grecs qui reprirent les premiers un certain nombre des signes d'aspirations douces de l'alphabet phénicien, pour en faire la représentation des voyelles.................................................437 Très haute antiquité de l'invention des signes alphabétiques chez les Égyptiens..................................................................Ibid. Origine acrologique des valeurs de ces signes...............................438 Les signes symbolico-phonétiques, qui n'ont le rôle de peinture de sons qu'à l'état d'initiales de certains mots, qu'ils pourraient représenter idéographiquement à eux seuls..............................................Ibid. § 7.--La polyphonie dans les écritures d'origine hiéroglyphique. Résumé de l'état auquel en était parvenue l'écriture hiéroglyphique égyptienne après toutes les phases successives qui viennent d'être passées en revue....................................................................439 Nombreuses causes de complications et d'incertitudes qui empêchaient la pratique de l'art d'écrire de se généraliser................................440 Une de plus, dont il n'a pas encore été parlé, la polyphonie................441 Définition de ce fait et explication de son origine d'après les hiéroglyphes égyptiens.....................................................Ibid. Mécanisme des compléments phonétiques.......................................442 La polyphonie syllabique dans le système graphique de l'Égypte.............Ibid. Rareté des faits de polyphonie alphabétique, qui ne se produisent qu'à l'époque romaine............................................................443 La polyphonie dans l'écriture cunéiforme assyrienne........................Ibid. Elle s'y complique par suite de l'origine étrangère de ce système graphique..................................................................Ibid> Faits particuliers résultant de cette transmission de l'écriture d'un peuple à un autre..................................................................444 Valeurs phonétiques d'origine accadienne et d'origine assyrienne sémitique..................................................................Ibid. § 8.--L'invention de l'alphabet. Pas qui restait à franchir, même après la découverte de l'alphabétisme, pour arriver à l'invention de l'alphabet proprement dit et au rejet de tout élément idéographique de l'écriture.........................................445 Comment cette dernière invention ne pouvait être réalisée par aucun des peuples qui avaient créé les systèmes hiéroglyphiques primitifs............Ibid. Obstacle qui résultait pour ceux-ci de la religion et du caractère sacré attribué à l'écriture.......................................................446 Ce sont les Japonais qui ont tiré des éléments du système graphique des Chinois un pur syllabaire, exclusivement phonétique........................Ibid. L'écriture cunéiforme se débarrasse presque entièrement de l'idéographisme chez les Susiens et chez les Mèdes anté-aryens..............................447 L'alphabet cunéiforme perse................................................Ibid. Le syllabaire cypriote.....................................................Ibid. Les Égyptiens ont découvert l'alphabétisme mais n'ont pas réalisé l'alphabet.................................................................Ibid. Celui-ci devait être créé, avec des éléments d'origine égyptienne, par un peuple éminemment pratique et commerçant...................................Ibid. C'est par les Phéniciens ou Kenânéens maritimes qu'a été définitivement inventé l'alphabet..........................................................448 Témoignage de l'antiquité à cet égard......................................Ibid. Tous les alphabets connus, à l'exception du cunéiforme perse, dérivent de l'alphabet phénicien........................................................449 Renvoi de la démonstration de ce fait, et du tableau de la filiation des écritures issues de celle des Phéniciens, au livre qui traitera de l'histoire de ce peuple....................................................Ibid.
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.
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