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Histoire de Flandre (T. 3/4)

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Il ne restait plus à Philippe qu'à recevoir solennellement «en sa grâce» ces bourgeois de Gand qui l'avaient en 1443 retenu captif pendant quelques jours. Le 30 juillet, vers midi, à Ledeberg, assez près de la porte Saint-Liévin, il se plaça au milieu de son armée rangée en ordre de bataille: il était lui-même armé de toutes pièces, et montait le cheval qui avait été blessé sous lui dans le pré de Semmersaeke. Le maréchal de Bourgogne conduisit successivement près du duc les magistrats et les bourgeois de Gand, les uns «en leurs chemises et petits draps,» les autres vêtus de deuil, sans ceinture et sans chaperon. Baudouin de Fosseux, moine de Saint-Bavon, prit la parole en leur nom et demanda, par trois fois, merci pour le peuple de Gand. Philippe répondit en français: «Soyez-nous doresnavant bons sujets, nous vous serons bon et loyal seigneur.» Puis, sans entrer à Gand, il reprit la route d'Audenarde. On portait devant lui, comme des trophées de sa victoire, les bannières des métiers qu'il s'était fait remettre, et ce fut par son ordre qu'on les déposa, partie à Notre-Dame de Halle, partie à Notre-Dame de Boulogne. Depuis ce jour, dans les fréquents pèlerinages qui se dirigèrent de Gand vers ces sanctuaires vénérés, les souvenirs de la patrie puissante et libre se mêlèrent à toutes les prières, se retrouvèrent dans tous les vœux.

L'année 1453 fut la plus triste du quinzième siècle; elle vit aux deux extrémités de l'Europe le triomphe de la force sur la civilisation, représentée ici par les traditions expirantes des lettres, là par les progrès sans cesse croissants de l'industrie et des arts. Les Ottomans de Mahomet II envahissaient Constantinople, héritière d'Athènes et de Rome, au moment où les Picards de Philippe effrayaient par leurs violences ce peuple et ces cités que l'éloquent historiographe de la maison de Bourgogne appelle lui-même «très-grave peuple, et villes de grant pollicie, lesquelz il convient régir «en justice et en droit.»

TABLE.

  Pages.
Livre quatorzième.—Marguerite de Male et Philippe le Hardi. Nouvelle invasion de Charles VI.—Pacification de la Flandre.—Croisade de Nicopoli. 1
Livre quinzième.—Jean sans Peur.—Tendance des communes à reconstituer la nationalité flamande.—Combats, crimes et intrigues. 55
Livre seizième.—Philippe l'Assuré ou le Bon.—Continuation des guerres en France.—Troubles de Bruges.—Splendeur de la cour du duc de Bourgogne. 98
Livre dix-septième.—Insurrection des Gantois.—Combats de Lokeren, de Nevele, de Basele.—Bataille de Gavre. 166

FIN DE LA TABLE DU TOME TROISIÈME.

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