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Histoire de France - Moyen Âge; (Vol. 3 / 10)

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190—page 282Altération des monnaies par le roi Jean...

Leblanc, Traité des monnaies, ibid., p. 261. Jean avait d'abord cherché à tenir secrètes ces honteuses falsifications; il mandait aux officiers des monnaies: «Sur le serment que vous avez au Roy, tenez cette chose secrette le mieux que vous pourrez... que par vous ne aucuns d'eux les changeurs ne autres ne puissent savoir ne sentir aucune chose; car si par vous est sçu en serez punis par telle manière, que tous autres y auront exemple» (24 mars 1350)... «Si aucun demande à combien les blancs sont de loy, feignez qu'ils sont à six deniers.» Il leur enjoignait de les frapper bien exactement aux anciens coins, «afin que les marchands ne puissent apercevoir l'abaissement, à peine d'être déclarés traîtres.» Philippe-de-Valois avait usé autrefois de ces précautions, mais à la longue il avait été plus hardi et avait proclamé comme un droit ce qu'il cachait d'abord comme une fraude. Jean ne pouvait être moins hardi que son père. «Ja soit», dit-il, «ce que à nous seul, et pour le tout de nostre droit royal, par tout nostre royaume appartiègne de faire teles monnoyes comme il nous plaît, et de leur donner cours.» (Ord., III, p. 556.) Et comme si ce n'était pas le peuple qui en souffrait, il donnait cette ressource pour un revenu privé qu'il faisait servir aux dépenses publiques «desquelles sans le trop grand grief du peuple dudit royaume nous ne pourrions bonnement finer, si n'estoit pas le demaine et revenue du prouffit et émolument des monnoyes.» (Préf., Ord., III.)

191—page 284 et suiv.—Jean, demandant aux États son droit de joyeux avènement, se montra facile à leurs réclamations, etc.

Ord., II, p. 395, 15o et 447-8.—Ord., II, p. 408, 27o .—Ord., II, p. 344.—Ord., II, p. 350.—Ibid., p. 422, 432, 434. «Lettres par lesquelles le Roi deffend que ses gens n'emportent les matelats et les coussins des maisons de Paris où il ira loger.» Autre Ord., 435-7.—Ord., III, p. 26-29.—Ord., III, p. 22 et seq.—Froiss., III, C. CCCXL, p. 450.

192—page 287Les Anglais coururent le Languedoc, etc.

«Sachez que ce pays de Carcassonnois et de Narbonnois et de Toulousain, où les Anglois furent en cette saison, étoit en devant un des gras pays du monde, bonnes gens et simples gens qui ne savoient que c'étoit de guerre, car oncques ne furent guerroyés, ni n'avoient été en devant ainçois que le prince de Galles y conversast.» (Froissart, III, 104.)—«Ni les Anglois ne faisoient compte de peines (velours) fors de vaisselle d'argent ou de bons florins.» (Ibid., p. 103, XIX addit.) «Si fut tellement pararse (brûlée) et détruite des Anglois que oncques n'y demeura de ville pour héberger un cheval, ni à peine savoient les héritiers, ni les manants de la ville rassener (assigner) ni dire de voir (vrai): «Ci sist mon héritage.» Ainsi fût-elle menée.» (Ibid., p. 120.)

193—page 289Bataille de Poitiers...

«Sitôt que ces gens d'armes furent là embattus, archers commencèrent à traire à exploit, et à mettre main en œuvre à deux côtés de la haye, et à verser chevaux et à enfiler tout dedans de ces longues sajètes barbues. Ces chevaux qui traits estoient et qui les fers de ces longues sajètes sentoient, se ressoignoient, et ne vouloient avant aller, et se tournoient l'un de travers, l'autre de costé, ou ils cheoient et trébuchoient dessous leurs maîtres.» (Froiss., c. CCCLXVI, p. 202-206.)—«Les archers d'Angleterre portèrent très grand avantage à leurs gens, et trop ébahirent les François, car ils traioient si omniement et si épaissement, que les François ne savoient de quel costé entendre qu'ils ne fussent atteints du trait.» (Ibid., c. CCCLVII, p. 204.)—«Dit messire Jean Chandos au prince: «Sire, sire, chevauchez avant, la journée est vostre. Dieu sera huy en vostre main; adressons-nous devers vostre adversaire le roi de France; car cette part gît tout le sort de la besogne. Bien sçais que par vaillance il ne fuira point; si vous demeurera, s'il plaît à Dieu et à saint Georges...» Ces paroles évertuèrent si le prince, qu'il dit tout en haut: «Jean, allons, allons, vous ne me verrez mais huy retourner, mais toujours chevaucher avant.» Adoncques, dit à sa bannière: «Chevauchez avant, bannière, au nom de Dieu et de saint Georges.» (Ibid., c. CCCLVIII, p. 205.)

Trois fils du roi se retirèrent par l'ordre de leur père...

Je suis ici le Continuateur de Guillaume de Nangis de préférence à Froissart. Voyez l'importante lettre du comte d'Armagnac, publiée par M. Lacabane, dans son excellent article Charles V, Dictionnaire de la Conversation.

Jean donna ordre aux siens de mettre pied à terre...

Froissart n'y voit que le côté chevaleresque: Et ne montra pas semblant de fuir ni de reculer quand il dit à ses hommes: «À pied! à pied!» Et fit descendre tous ceux qui à cheval estoient, et il mesme se mit à pied devant tous les siens, une hache de guerre en ses mains, et fit passer avant ses bannières au nom de Dieu et de saint Denys.» (Ibid., c. CCCLX, p. 211.)

194—page 291L'insolente courtoisie des Anglais...

«Si étoit le roi de France monté sur un grand blanc coursier, très bien arréé et appareillé de tout point, et le prince de Galles sur une petite haquenée noire de lès lui. Ainsi fut-il convoyé tout le long de la cité de Londres...» (Froiss., c. CCCLXXV, p. 267-8.)—«Un peu après fut le roi de France translaté de l'hôtel de Savoie et remis au chastel de Windsor, et tous ses hostels et gens. Si alloit voler, chasser, déduire et prendre tous ses esbattements environ Windsor, ainsi qu'il lui plaisoit.» (Ibid., p. 269.)

195—page 294Marcel fortifie Paris...

«Sur la rive gauche, les progrès de la population n'ayant guère été sensibles, il n'y eut qu'à réparer les murailles et à les reculer de deux ou trois cents pas. Mais sur la rive droite, où les Parisiens se portaient de préférence, Marcel dut ordonner qu'on construisît une muraille flanquée de tours. Cette muraille, partant de la porte Barbette, sur le quai des Ormes, passait par l'Arsenal, les rues Saint-Antoine, du Temple, Saint-Martin, Saint-Denis, Montmartre, des Fossés-Montmartre, la place des Victoires, l'hôtel de Toulouse (la Banque actuelle), le jardin du Palais-Royal, la rue Richelieu, et arrivait à la porte Saint-Honoré par la rue de ce nom, et jusqu'au bord de la Seine. Sur les deux rives du fleuve, des bastilles furent construites pour protéger les portes, et l'on fortifia d'un fossé l'île Saint-Louis, qu'on appelait en ce temps-là l'île Notre-Dame, afin qu'elle pût, dans le besoin, devenir un lieu de refuge pour les habitants de Paris.

«Ces travaux, poussés avec une activité extrême, se continuèrent durant quatre années, et coûtèrent cent quatre-vingt-deux mille cinq cent vingt livres parisis, qui font huit cent mille livres de notre monnaie, somme énorme pour ce temps-là. Tout l'honneur en revient à Étienne Marcel; à une époque où Paris était si souvent menacé, personne, avant lui, n'avait pensé qu'il fût nécessaire de le mettre en état de défense.» (Perrens, Étienne Marcel, 1860).

196—page 295Paris entre le Louvre et le Temple...

Le parloir aux bourgeois, siège des délibérations des échevins, était situé aux environs du Châtelet. Marcel acheta aux frais de la municipalité, en 1357, sur la place de Grève, l'hôtel du Dauphin ou la maison aux piliers. L'Hôtel de Ville ne fut commencé qu'en 1525.

197—page 301Paris voyait arriver par toutes ses portes les paysans avec leurs familles, etc.

«Duce Normandiæ, qui regnum jure hæreditario... defendere et regere tenebatur, nulla remedia apponente, magna pars populi rusticani... ad civitatem Parisiensem... cum uxoribus et liberis... accurrere... Nec parcebatur in hoc Religiosis quibuscumque. Propter quod monachi et moniales... sorores de Poissiaco, de Longocampo, etc.» (Contin. C. de Nangis, p. 116.)

198—page 301Robert le Coq...

M. Perrens s'est attaché à réfuter les calomnies qui ont obscurci ce caractère. (Étienne Marcel. 1860.) Voir aussi sur Le Coq la judicieuse appréciation qu'en fait M. Henri Martin, t. V, (1858).

199—page 301 et suiv.—La remontrance des États...

Ms. de la Bibliothèque royale, fonds Dupuy, no 646, et Brienne, no 276.

Les États exigeaient que le Dauphin gouvernât avec l'assistance de trente-six élus...

Un document publié par M. Douet d'Arcq en donne la liste, lorsqu'une nouvelle victoire de la bourgeoisie modifia la composition de ce conseil. Le clergé obtint d'y être représenté par onze prélats, les nobles par six des leurs, le tiers par dix-sept bourgeois. (Bibliothèque de l'École des Chartes, t. II, p. 360 et suiv. Voy. Perrens, Étienne Marcel. 1860.)

D'autres élus envoyés dans les provinces pouvaient punir sans forme de procès...

«Sans figure de jugement.» Commission des trois élus des États pour les diocèses de Clermont et de Saint-Flour, 3 mars 1356 (1357). (Ordonn., IV, 181.)

L'aide «ne serait levée que par de bonnes gens, ordonnés par les États»...

«Lesquels jureront aux saints évangiles de Dieu qu'ils ne donneront ni distribueront ledit argent à notre seigneur le Roy, ni à nous, ni à d'autres, si ce n'est aux gens d'armes... Et si aucun de nos officiers vouloit le prendre, nous voulons que lesdits receveurs puissent leur résister, et s'ils ne sont assez forts qu'ils appellent leurs voisins des bonnes villes (art. 2). Le duc de Bourgogne, le comte de Flandre et autres nobles ou députés des villes, qui ne sont pas venus aux États, sont requis d'y venir à la Quasimodo, avec intimation que s'ils ne viennent, ils seront tenus à ce qu'auront ordonné ceux qui y viendront (article 5).» (Ordonn., III, 126-7.)

Le droit de prise cesse...

Seulement, dans les voyages du roi, de la reine et du dauphin, leurs maîtres d'hôtel pourront, hors des villes, faire prendre par les gens de la justice du lieu des tables, des coussins, de la paille, et des voitures, le tout en payant, et seulement pour un jour.» (Ibid.)

On défend aux magistrats de faire le commerce...

Défense aux conseillers et officiers de faire marchandise. «Les denrées sont aucunes foiz par leurs mauvaistiez grandement enchéries; et qui pis est, pour leur gautesse, il est peu de personnes qui osent mettre aux denrées que eulz ou leurs facteurs pour eux bent avoir ou acheter...» (Art. 31, Ibid.)

Le Grand-Conseil, le parlement, la chambre des Comptes, doivent s'assembler au soleil levant...

Ceci n'est pas dans l'ordonnance, mais dans la remontrance déjà citée. On y dit aussi «que ceux qui vouloient gouverner n'étant que deux ou trois, les choses souffraient de longs délais; que ceux qui poursuivoient la court, chevaliers, écuyers et bourgeois, étoient si dommagés par ces délais, qu'ils vendoient leurs chevaux, et partoient sans réponse, mal contens, etc. (Ms. de la Bibl. royale, fonds Dupuy, no 646, et Brienne, no 276.)

200—page 305La royauté ne vivait que d'abus...

M. Perrens dit très bien: «Il n'est point vrai de dire que, pour faire contrepoids à la noblesse, le pouvoir royal fit alliance avec les classes populaires: il se servait tantôt de l'une, tantôt des autres, et, à la faveur de leurs discordes, poussait chaque jour plus loin ses empiètements et ses progrès. Si la nation s'est affranchie à la longue, ce n'est point par son concours, mais malgré les obstacles qu'il mettait sur sa route. L'histoire de nos rois n'est, le plus souvent, qu'une longue suite de conjurations contre leurs sujets, conjurations qu'ils croyaient légitimes, puisqu'ils se regardaient comme investis d'un droit supérieur pour commander aux autres hommes. Que fût-il arrivé, si les successeurs de Hugues-Capet, si les Valois et les Bourbons eussent fait le personnage populaire qu'on a cru voir dans leur histoire? Selon toute apparence, la Révolution française en eût été avancée de quelques siècles, et elle n'eût coûté ni tant de sang ni tant de ruines.»

201—page 306Dans cette dissolution du royaume, la Commune restait vivante...

«Étienne Marcel donnait tous ses soins à l'organisation des milices bourgeoises, qui existaient depuis longtemps, mais qui manquaient de discipline. Il donna à chaque quartier un chef militaire qui, sous le nom de quartenier, commandait aux cinquantainiers, lesquels commandaient à cinquante hommes, et aux dizainiers qui en commandaient dix. Ainsi, les ordres du prévôt des marchands, communiqués directement aux quarteniers, l'étaient par ceux-ci aux cinquantainiers et par les cinquantainiers aux dizainiers, qui pouvaient en peu de temps réunir leurs hommes et se tenir prêts à tout événement. La charge de quartenier avait pris par là une grande importance; Marcel la releva encore en la rendant élective...»

Marcel entrait en même temps dans les moindres détails de l'administration municipale. Il enjoint aux Parisiens, par une ordonnance, «de maintenir la propreté dans les rues, chacun devant sa maison, et de ne point laisser leurs pourceaux en liberté, s'ils ne les voulaient voir tuer par les sergents».

Ces règlements de police étaient d'autant plus nécessaires qu'à cette époque la population de Paris s'était accrue d'un grand nombre d'habitants des campagnes, qui venaient y chercher un abri.

Marcel ne ferma jamais les portes à ces malheureux, et préserva Paris jusqu'au dernier moment de la famine et de la peste. (Perrens, Étienne Marcel. 1860.)

202—page 307Le roi de Navarre revint à Paris...

«Et mesmement le due de Normandie le festa grandement. Mais faire le convenoit, car le prévost des marchands et ceux de son accord le ennortèrent à ce faire.» (Froissart, III, p. 290.)

203—page 308À Rouen, il fit descendre du gibet le corps de ses amis, etc.

«Le corps du comte d'Harcourt avait déjà été enlevé depuis longtemps. Les trois autres corps furent ensevelis par trois rendus (frères convers) de la Madeleine de Rouen. Chacun de ces corps fut ensuite mis dans un coffre, et il y eut un quatrième coffre vide en représentation du comte d'Harcourt. Ce dernier coffre fut mis dans un char à dames.» (Secousse, p. 165.)—«Campanis pulsatis... sermone per ipsum regem prius facto, ubi assumpsit thema istud: Innocentes et recti adhæserunt mihi (Ps. XXIV, 21).» (Cont. G. de Nangis.)

204—page 308Le dauphin prêchait aussi à Paris, etc.

Le dauphin voulait, disait-il, vivre et mourir avec eux; les gendarmes qu'il réunissait étaient pour défendre le royaume contre les ennemis qui le ravageaient impunément par la faute de ceux qui s'étaient emparés du gouvernement; il aurait déjà chassé ces ennemis s'il avait eu l'administration de la finance, mais il n'avait pas touché un denier ni une maille de tout l'argent levé par les États.—Marcel, averti de l'effet produit par ce discours, fit à son tour assembler le peuple à Saint-Jacques-de-l'Hôpital. Le duc y vint, mais ne put se faire entendre. Consac, partisan du prévôt, parla contre les officiers; il y avait tant de mauvaises herbes, disait-il, que les bonnes ne pouvaient fructifier. L'avocat Jean de Saint-Onde, un des généraux des aides, déclara qu'une partie de l'argent avait été mal employée, et que plusieurs chevaliers, qu'il nomma, avaient reçu, par ordre du duc de Normandie, 40.000 ou 50.000 moutons d'or. «Si comme les rooles le notoient.» (Secousse, Hist. de Charles-le-Mauvais, 170.)

205—page 311Pour encourager les bourgeois par la vue de leur nombre, etc.

«Dans la première semaine de janvier, ceulx de Paris ordonnèrent que ils auroient tous chapperons my-partis de drap rouge et pers.» Ms. «Outre ces chaperons, les partisans du prévôt portèrent encore des fermeilles d'argent mi-partiz d'esmail vermeil et asuré, au dessous avoir escript à bonne fin, en signe d'alience de vivre et morir avec ledit prévôt contre toutes personnes.» (Lettres d'abolition du 10 août 1358. Secousse, ibid., p. 163.)

206—page 311À Paris les vivres devenaient rares et chers...

«Admirantibus de hoc et dolentibus præposito mercatorum et civibus, quod per regentem et nobiles qui circa eum erant non remediabatur, ipsum pluries adierunt exorantes... Qui optime eis facere promittebat, sed... Quinimo magis gaudere de malis insurgentibus in populis et afflictionibus, et tunc et postea Nobiles videbantur.» (Cont. G. de Nangis, p. 116.)

207—page 313Le meurtre des conseillers du dauphin avait été probablement imposé au prévôt par Charles-le-Mauvais...

M. Perrens objecte que le roi de Navarre n'était pas à Paris, «il ne savait qu'à moitié ce qui s'y passait, au lieu que Marcel et les autres chefs de la bourgeoisie, voyant de leurs yeux les deux maréchaux à l'œuvre, et leur opposition constante à l'autorité des États, avaient de plus pressantes raisons de se venger.» (Perrens, Étienne Marcel. Note de 1860.)—Ce qui est certain, c'est que la mort des maréchaux fut résolue dans l'assemblée des métiers à Saint-Éloi, et qu'on ne voulut point surseoir à l'exécution.—«Quod utinam nunquam ad effectum finaliter devenisset. Et fuit istud prout iste præpositus cum suis me et multis audientibus confessus est.» (Cont. G. de Nangis, p. 116.)

208—page 314Plusieurs des commissaires des États ne voulurent plus gouverner...

«Or vous dis que les nobles du royaume de France, et les prélats de la sainte Église se commencèrent à tanner de l'emprise et ordonnance des trois États. Si en laissoient le prévost des marchands convenir et aucuns des bourgeois de Paris. (Froiss., III, ch. ccclxxxii, p. 287. Conf. Matt. Villani, l. VIII, c. XXXVIII, 492.)

209—page 314Paris se chargeait de gouverner la France. La France ne le voulut pas...

«Rien ne peut donner l'idée de l'esprit d'opposition qui régnait dans les provinces: les habitants relevaient avec aigreur des détails sans importance, par exemple, le traitement que recevaient les députés chargés de lever le subside... On accusait Marcel et les siens de ne se servir de leur pouvoir que pour piller le royaume et amasser des richesses immenses.» (Perrens, Étienne Marcel. 1860.)

210—page 314Le dauphin à Compiègne aux États de Vermandois...

«Ut illos principales occidi faceret, vel si non posset... expugnaret viriliter civitatem et tam diu dictam urbem Parisiensem... per impedimentum suorum victualium molestaret.» (Contin. G. de Nangis, p. 117.)

211—page 315Marcel envoya en Avignon louer des brigands...

Jean Donati partit le 8 mai 1358 pour Avignon, portant à Pierre Maloisel 2,000 florins d'or au Mouton, de la part de Marcel, qui l'avait chargé de lever des brigands, et pour y acheter des armes.—Marcel avait aussi dans Paris, dit Froissart, un grand nombre de gens d'armes et soudoyers Navarrois et Anglois, archers et autres compagnons. (Secousse, p. 224-3. Voy. aussi Perrens, Étienne Marcel. 1860): «Il envoyait de toutes parts pour enrôler des hommes aguerris et pour acheter des armes. Mais presque partout il était victime des malversations de ses agents et de la mauvaise foi des mercenaires... Marcel y vit, non sans raison, combien il lui serait difficile de se faire une armée, et par suite, de quelle importance il était de gagner définitivement le roi de Navarre, qui en avait une.»

212—page 315Dans cette guerre chevaleresque, etc.

«Les chevaliers et les écuyers rançonnoient-ils assez courtoisement, à mise d'argent, ou à coursiers ou à roncins; ou d'un pauvre gentilhomme qui n'avait de quoi rien payer, le prenoient bien le service un quartier d'an, ou deux ou trois.» (Froissart, III, 333.)

213—page 319Le long de la Somme, on comptait trente de ces souterrains...

Ces souterrains paraissent avoir été creusés dès l'époque des invasions normandes. Ils furent probablement agrandis d'âge en âge. Une partie du territoire du Santerre, qui à elle seule possédait trois de ces souterrains, était appelée Territorium sanctæ liberationis. (Mém. de l'abbé Lebeuf, dans les Mém. de l'Acad. des inscr., XXVII, 179.)

214—page 320, note 2Famine de 1358...

Les ecclésiastiques eux-mêmes souffrirent beaucoup: «Multi abbates et monachi depauperati et etiam abbatissæ varia et aliena loca per Parisios et alibi, divitiis diminutis, quærere cogebantur. Tunc enim qui olim cum magna equorum scutiferorum caterva visi fuerant incedere, nunc peditando unico famulo et monacho cum victu sobrio poterant contentari.» (Contin. G. de Nangis, II, 122.)—La misère et les insultes des gens de guerre inspirèrent souvent aux ecclésiastiques un courage extraordinaire. Nous voyons dans une occasion le chanoine de Robesart abattre trois Navarrais de son premier coup de lance. Ensuite il fit merveille de sa hache. L'évêque de Noyon faisait aussi une rude guerre à ces brigands. (Froissart, II, 353. Secousse, I, 340-1.)

215—page 320On appelait par dérision le paysan Jacques Bonhomme...

Contin. G. de Nangis. Les autres étymologies sont ridicules. Voy. Baluze, Pap. Aven., I, 333, etc.

216—page 320Qui aurait craint de maltraiter Jacques Bonhomme?...

«Quand on était dans les bons jours, que l'on ne voulait pas tuer ou qu'on ne le voulait que par hasard et par accident, il y avait une facétie qui se reproduisait souvent et qui était devenue traditionnelle. On enfermait le mari dans la huche où l'on pétrit le pain, et, jetant la femme dessus comme sur un lit, on la violait. S'il y avait quelque enfant dont les cris importunaient, au moyen d'un lien très court on attachait à cet enfant un chat retenu par un de ses membres. Voyez-vous d'ici la figure de Jacques Bonhomme sortant de sa huche, blêmissant encore de rage sous cette couche de farine qui le rend grotesque et lui ôte jusqu'à la dignité de son désespoir; le voyez-vous retrouvant sa femme et sa fille souillées, son enfant ensanglanté, dévisagé, tué quelquefois par le chat en fureur?» (Bonnemère, Histoire des Paysans. Note de 1860.)

217—page 321Les Jacques payèrent à leurs seigneurs un arriéré de plusieurs siècles...

«Quærentes nobiles et eorum maneria cum uxoribus et liberis exstirpare... Dominas nobiles suas vili libidine opprimebant.» (Cont. G. de Nangis, 119.)

218—page 321Les Jacques allaient sous un capitaine, etc.

«Chaque village voulait avoir son chef, et au lieu de le prendre parmi les plus forcenés, ces paysans, qui paraissent dans l'histoire comme des bêtes fauves, s'adressaient de préférence au plus honorable, au plus considérable et souvent au plus modéré. Dans le Valois, on trouve au nombre de ces chefs Denisot Rebours, capitaine de Fresnoy; Lambert de Hautefontaine, frère de Pierre de Demeuille, qui était président au Parlement et conseiller du duc de Normandie; Jean Hullot d'Estaneguy, «homme de bonne fame et renommée», disent les lettres de rémission; Jean Nerenget, curé de Gélicourt; Colart, le meunier, gros bourgeois de la comté de Clermont; la dame de Bethencourt, fille du seigneur de Saint-Martin le Guillart.» (Perrens, Étienne Marcel, d'après le Trésor des Chartes. 1860.)

219—page 321Les nobles se mirent à tuer et à brûler tout dans les campagnes...

Chateaubriand, Études hist., édit. 1831, t. IV, p. 170: «Nous avons encore les complaintes latines que l'on chantait sur les malheurs de ces temps, et ce couplet:

Jacques Bonhomme,
Cessez, cessez, gens d'armes et piétons,
De piller et manger le Bonhomme,
Qui de longtemps Jacques Bonhomme
Se nomme.»

Ce couplet est-il bien ancien?—Pour les complaintes latines, voy. Mém., collection Petitot, t. V, p. 181.

220—page 322Marcel avait intérêt à soutenir les Jacques...

«Si Marcel était trop politique pour ne pas profiter d'une diversion si opportune, il ne pouvait ni la prévoir, puisqu'elle ne fut pas concertée, ni la provoquer, puisque, malgré l'alliance de quelques bonnes villes, il n'exerçait directement aucune action hors de Paris. Tous ses actes sont d'un homme que les événements ont surpris et qui ne songe qu'après coup à en tirer parti. «Plaise vous sçavoir, écrivait-il le 11 juillet (1358), que lesdites choses furent en Beauvoisis commencées et faictes sans nostre sceu et volenté.» On objecte qu'il avait intérêt à nier la part qu'il venait de prendre à la Jacquerie; mais il ne la nie que pour les premiers jours.» (Perrens.)—«... Et mieuls ameriens estre mort que avoir apprové les fais par la manière qu'ils furent commencié par aucuns des gens du plat paiis de Beauvoisis, mais envoiasmes bien trois cens combatans de noz gens et lettres de credance pour euls faire désister de grans mauls qu'il faisoient, et pour ce qu'il ne voudrent désister des choses qu'il faisoient, ne encliner à nostre requeste, nos gens se départirent d'euls et de nostre commandement firent crier bien en soixante villes sur paine de perdre la teste que nuls ne tuast femmes, ne enfans de gentil homme, ne gentil femme, se il n'estoit ennemi de la bonne ville de Paris, ne ne robast, pillast, ardeist, ne abatist maisons qu'il eussent, et au temps de lors avoit en la ville de Paris, plus de mille que gentils hommes que gentils femmes et y estoit ma dame de Flandres, ma dame la royne Jehanne et ma dame d'Orliens, et à tous on ne fit que bien et honneur et encores en y a mil qui y sont venus à seurté, ne à bons gentils hommes, ne à bonnes gentils femmes qui nul mal n'ont fait au peuple, ne ne veulent faire, nous ne volons nul mal...» (Lettre d'Étienne Marcel aux bonnes villes de France et de Flandre, publiée par M. Kervyn de Lettenhove, dans les Bullet. de l'Acad. roy. de Belg., t. XX, no 9.)

Il avait profité du soulèvement pour détruire plusieurs forteresses autour de Paris...

«Quand Marcel vit les efforts intelligents de Guillaume Calle pour former un faisceau de tant de bandes dispersées, il comprit le parti qu'on pouvait tirer de cette nouvelle force en la réglant. C'est pourquoi, sur divers points, il indiqua aux Jacques les chefs qu'ils devaient choisir, tandis qu'ailleurs il communiquait avec ceux qu'ils avaient élus d'eux-mêmes... il leur recommandait de raser tous les châteaux qui pouvaient nuire aux Parisiens. S'il redoutait les ravages et les meurtres inutiles, il acceptait le but de cette guerre, qui devait être l'abaissement de la noblesse.

«Mais bientôt il put se convaincre qu'il ne suffisait pas de diriger de loin, par ses conseils, des alliés indociles, et qu'il fallait tout ensemble leur envoyer des hommes d'armes et des chefs qui leur donnassent l'exemple. Il organisa une double expédition de Parisiens et de mercenaires à leur solde. L'une, sous les ordres de l'épicier Pierre Gilles et de l'orfèvre Pierre Desbarres, devait attaquer les châteaux, principalement au sud de Paris... L'autre, dirigée par Jean Vaillant, prévôt des monnaies, devait se joindre à Guillaume Calle...»

La bourgeoisie parisienne, en prenant part à la Jacquerie, communiqua sa modération aux chefs et aux paysans. «C'est un fait certain que, partout où elle parut, la vie même de ses plus cruels ennemis fut respectée: il n'y a rien à sa charge dans le volumineux recueil du Trésor des Chartes, ni dans les chroniqueurs, si ce n'est la ruine de quelques châteaux qui la menaçaient incessamment. On y voit même que les colonnes bourgeoises parcouraient le pays en annonçant, au nom du prévôt des marchands, qu'il était défendu, sous peine de mort, de tuer les femmes ou les enfants des gentilshommes; elles offraient en outre un asile aux familles de leurs ennemis, lorsque ces familles ne portaient pas un nom trop notoirement odieux aux Parisiens.» (Perrens, Étienne Marcel. 1860.)

221—page 323Les nobles firent tant de mal au pays, etc.

Marcel trace le tableau de cette effroyable réaction dans la lettre qu'il écrit, le 11 juillet 1358, «aux bonnes villes de France et de Flandre»: «Nous pensons que vous avez bien oy parler comment très-grant multitude de nobles, tant de vostre paiis de Flandres, d'Artois, de Boulonnois, de Guinois, de Ponthieu, de Haynault, de Corbiois, de Beauvoisis et de Vermendois, comme de plusieurs autres lieux par maniere universele de nobles universaument contre non nobles, sens faire distinction quelconques de coupables ou non coupables, de bons ou de mauvais, sont venuz en armes par manière d'ostilité, de murdre et de roberie, de ça l'yaue de la Somme et aussi deça l'yaue d'Oise, et combien que à plusieurs d'euls rien ne leur ait esté meffait, toutevoies ils ont ars les villes, tué les bonnes gens des paiis, sens pitié et miséricorde quelconques, robé et pillié tout quanques il ont trouvé, femmes, enfans, prestres, religieux, mis à crueuses gehines pour savoir l'avoir des gens et ycels prendre et rober, et plusieurs d'iceuls fait morir ès gehines... les pucelles corrompues et les femmes violées en présence de leurs maris, et briefment fait plus de mauls plus cruelment et plus inhumainement que oncques ne firent les Wandres, ne Sarrasins... et encore ès-dits mauls persévèrent de jour en jour, et tous marchans qu'ils treuvent mettent à mort, en raençonnent et ostent leurs marchandises, tout homme non noble de bonnes villes ou de plat paiis et les laboureurs tous mettent à mort et robent et dérobent... Et bien savons que monseigneur le duc (le régent), nous, noz biens et de tout le plat paiis a mis en habandon aus nobles et de ce qu'il ont fait et feront sur nous, les a advoez, ne n'ont autres gaiges de li que ce que il peuvent rober, et combien que lidit noble, depuis la prise du roy nostre sire, ne soient volu armer contre les ennemis du royaume, si comme chascun a veu et sceu, ne aussi monseigneur le duc, toutevoies contre nous se sont armé et contre le commun, et pour la très-grant hayne qu'ils ont à nous, et à tout le commun et les grant pilles et roberies que il font sur le peuple, il en vient grant et si grant quantité que c'est merveille.» (Lettre d'Étienne Marcel aux bonnes villes de France et de Flandre, publiée par M. Kervyn de Lottenhove.—Voy. aussi Perrens.)

Le régent, qui n'eut pas un mot de blâme pour les gentilshommes qui s'étaient rendus coupables de ces meurtres et de ces spoliations, nous apprend lui-même qu'au mois d'août (1358) les nobles continuaient «de piller, de voler, de violer dans les environs de Reims (et ailleurs), malgré les défenses par lui faites». Les habitants de diverses villes, entre autres Saint-Thierry, Talmersy, le Grand et le Petit-Pouillon, Villers-Sainte-Anne, Chenay, Chalon-sur-Vesle et Villers-Franqueux voulurent s'opposer à ces indignes traitements; les nobles en tuèrent plus de cinquante. Cependant le prévôt forain de Laon accuse les bourgeois d'avoir attaqué les gentilshommes au service du régent et les veut condamner à l'amende, «et que pis est lez diz nobles accompaigniez de plusieurs autres se soient depuis efforciez et s'efforcent encore de jour en jour de chevauchier et chevauchent continuellement ès dites villes de mettre à mort et peurs genz et chevaux de harnais et autres, à rançonner villes et genz, pour lesquelles choses il a convenu tous les diz habitanz desdites villes aler demourer hors d'icelles sanz que aucun y soit demouré, mais sont les maisons demourées vagues et les biens qui sont ou pais perissent aus champs et aussi les autres heritages demeurent gastes, incultives et inutiles, dont très grant domage et inconveniens se pourroient ensuir, car le pais en pourroit estre desers, les villes despeupliees et la bonne ville de Remz perie laquelle des villes du plat pais se gouverne par ycelle.» (Lettres de rémission pour les habitants de Saint-Thierry, etc.: Trésor des Chartes, Reg. 86, fo 130). Voy. Perrens: «Le régent avoue, dans les lettres de rémission, que les nobles incendiaient et détruisaient des villes qui n'avaient pris aucune part à la Jacquerie, par exemple, dans la seule prévôté de Vitry, Heislemarrois, Strepey, Vitry, Bugnicourt et Dully.» (Lettres de rémission pour les habitants de Heislemarrois, etc.: Trésor des Chartes, Reg. 81, fo 122).—«Les incendies qu'ils allumèrent, dit le Continuateur de Nangis, font encore verser des larmes.»

«Lire Perrens, chapitre X, sur cette réaction nobiliaire: «Les cruautés des nobles et de leurs hommes d'armes surpassèrent celles des paysans par le nombre et la durée.» Froissart parle de cent mille hommes qui auraient pris part à la Jacquerie, tandis que le Continuateur de Nangis dit six mille seulement.—La Jacquerie avait commencé le 21 mai 1358, et non en novembre 1357, comme le dit Froissart. Le 9 juin, jour du départ de l'expédition contre Meaux, elle était déjà terminée: elle avait donc, en réalité, duré moins de trois semaines. Les représailles des nobles étaient déjà commencées le 9 juin, et au mois d'août, quand le régent rentra dans Paris, elles duraient encore: elles avaient eu pour théâtre à peu près tout le pays de langue d'Oil.» (Étienne Marcel. 1860.)

222—page 326Combat de la porte Saint-Honoré...

Voy. dans Perrens la discussion de ce fait, si Marcel rentra en ville avant ou après le combat de la porte Saint-Honoré. «Il est probable que si Marcel était rentré avant le combat, il n'en eut la nouvelle que lorsque la lutte était terminée.» (1860.)

223—page 329Les meurtriers de Marcel s'en allèrent éveillant le peuple, etc.

«Ceux qui le matin avaient pris les armes pour «vivre et mourir avec les chefs du peuple», déclaraient, le soir, ne s'être armés que pour ouvrir les portes au régent. En un instant, tous les chaperons rouges et pers (bleu foncé) avaient disparu, et chacun donnait des marques bruyantes d'une joie qui n'était pas dans les cœurs.»

Parmi ceux qui donnèrent l'exemple de la résistance aux vainqueurs, il faut nommer surtout Nicolas de la Courtneuve. «Garde de la Monnaie à Rouen, il avait été nommé par Marcel aux mêmes fonctions à la Monnaie de Paris. Il resta à son poste, et il sut empêcher qu'aucun des ouvriers soumis à ses ordres ne se prononçât pour Maillart et le régent. Le lendemain de la mort du prévôt, Jean le Flament, maître de la Monnaie du roi, s'étant présenté à l'hôtel des Monnaies pour en prendre possession et s'en faire remettre les clefs, Nicolas de la Courtneuve refusa d'obéir, attendu, dit-il, qu'on ne savait pas encore qui était le seigneur..... Lorsque, enfin, il se fut assuré qu'il n'y avait plus d'espérance, plutôt que de remettre les clefs à un officier du régent, il les donna à Pierre le Maréchal, que Marcel avait nommé maître particulier des monnaies.» (Perrens, Étienne Marcel. 1860.)

224—page 329Le parti de Marcel survécut à son chef...

«Les forces de cette opposition étaient sans doute considérables, quoique les auteurs n'en parlent point, puisque, avant de rentrer dans Paris, le régent crut qu'il était nécessaire de nommer une commission chargée d'admettre les turbulents à composition moyennant finance.» (Perrens, d'après Trésor des Chartes, Reg. 86, p. 431.)

Une conspiration pour venger Marcel...

Trésor des Chartes, Reg. 90, p. 382. Secousse.—Voy. dans Perrens le complot et la mort héroïque de Martin Pisdoé, «changeur fort riche et fort estimé». (Décembre 1359, chap. XV. 1860.)

225—page 329Le dauphin fit rendre à la veuve de Marcel, etc.

«Marguerite des Essarts, veuve d'Étienne Marcel, ne voulut point se remarier. Ce fut en souvenir des services rendus par son père, Pierre des Essarts, à Philippe-de-Valois que le régent lui fit restituer tous ses biens meubles et accorder pour elle et ses six enfants en bas âge une rente annuelle de soixante livres parisis, faible compensation de la perte des trois mille écus d'or qu'elle avait apportés en dot, et de tous les biens de Marcel.» (Perrens, chap. XIV. Trésor des Chartes, Reg. 90, fo 49. 1860.)

226—page 329Marcel tue les États en les faisant comme il les veut.

Ce fut un des principaux griefs contre Marcel qu'il ait peu à peu laissé convertir le conseil en une réunion secrète de ses seuls amis qu'il présidait lui-même et qui s'imposait aux Parisiens comme la seule autorité. À cela l'on répond qu'il était naturel que le prévôt s'appuyât sur ses amis et ne mît pas ses adversaires dans le secret de ses desseins. Ces conciliabules secrets n'en excitèrent pas moins les accusations les plus passionnées, et quand plus tard le dauphin accorda des lettres de rémission à la ville de Paris, il eut soin d'en excepter les membres du conseil secret, comme coupables de haute trahison. (Voy. Perrens, Étienne Marcel. 1860.)

227—page 336Il y eut des confiscations et des supplices contre le parti de Marcel...

«Le régent ne se contenta pas de dépouiller ceux dont il épargnait la vie: il prenait les biens de ceux-là même que la hache avait frappés, en sorte que personne, en mourant, ne pouvait se flatter d'avoir épuisé la vengeance royale...—Ses rigueurs ne frappaient pas seulement les citoyens qui étaient suspects d'avoir pris une part active à la révolution populaire; la vengeance royale s'acharnait jusque sur les boulangers qui avaient fourni du pain, fût-ce par contrainte, à la faction vaincue. Les personnes qu'on arrêtait pour les mettre à mort étaient soumises à des tortures affreuses, et on leur arrachait ainsi tous les aveux qu'on voulait, même les moins véritables.» (Perrens, Étienne Marcel, c. XIV. 1860.)

228—page 336Détresse de Paris en 1359...

«Unde arbores per itinera et vineas incidebantur, et annulus lignorum, qui ante pro duobus solidis dabatur, nunc pro unius floreni pretio venditur.» (Contin. G. de Nangis, p. 121.)—«Quarta autem boni vini... viginti quatuor solidi.» (Ibid., p. 125, conf. 129.)

229—page 337Les gens de Touraine, etc., achetaient aux Anglais des sauf-conduits...

«Nullus salvus, nisi ab eis salvum conductum litteratorie obtinebat.» (Cont. G. de Nangis, p. 122.) «... Se eis tributarios reddiderunt.» (Ibid., p. 125.)

230—page 340Le roi d'Angleterre n'osa attaquer Paris...

«Anglici... accesserunt... Nobiles qui in urbe tunc erant, cum domino regente in bona copia, armis protecti se extra muros posuerunt, non multum elongantes a fortalitiis et forsatis... Non fuit tunc præliatum.» (Ibid.)

Près de Chartres les Anglais éprouvèrent un terrible orage...

«Maxima pars bigarum et curruum in viis et itineribus imbre nimio madentibus remansit, equis deficientibus.» (Ibid.)

231—page 342La Rochelle, d'autant plus française...

«Et disoient bien les plus notables de la ville: «Nous aouerons les Anglois des lèvres, mais les cuers ne s'en mouvront jà.» (Froiss., ch. CCCCXLI, p. 229-230.)—Les regrets des gens de Cahors ne sont pas moins touchants: «Responderunt flendo et lamentando... quod ipsi non admittebant dominum regem Angliæ, imo dominus noster, rex Franciæ, ipsos derelinquebat tanquam orphanos.» (Note communiquée par M. Lacabane, d'après les Archives de Cahors et le ms. de la Bibl. royale.)

232—page 344Le roi Jean vendit sa chair et son sang...

Mat. Villani, XIV, 617.—«Le roi de France, qui se veoit en danger, pour avoir l'argent plus appareillé, s'y accorda légèrement.» (Froiss., IV, ch. CCCCXLIX, p. 79.)

233—page 347—Les croisés se joignaient plutôt aux compagnies...

«Plusieurs s'en allèrent cette part, chevaliers, écuyers et autres, qui cuidoient avoir grands bienfaits du pape avecques les pardons dessus dit, mais on ne leur vouloit rien donner, si s'en partoient... et se mettoient en la mauvaise compagnie qui toudis croissoit de jour en jour.» (Froiss., ch. CCCCLXIX, p. 142.)

234—page 348La succession du duc de Bourgogne, etc.

Le roi de Navarre descendait d'une sœur aînée, mais à un degré inférieur. Jean allégua «que la loi écrite si dit que outre les fils des frères, nul lieu n'a représentation, mais l'emporte le plus prochain du sang et du côté.» (Secousse, Preuves de l'Hist. de Charles-le-Mauvais, t. II, p. 201.)

235—page 348Le roi d'Angleterre alléguait son âge pour ne pas prendre la croix...

«Oil, dit le roi d'Angleterre, je ne leur débattrois jamais, si autres besognes ne me sourdent, et à mon royaume dont je ne me donne garde.—Oncques le roi ne put autre chose impetrer fors tant que toujours il fut liement et honorablement traité en dîners et en grands soupers.» (Froiss., ch. CCCLXXVIII, p. 167.)

236—page 352On célébrait le combat des Trente, où les Bretons avaient vaincu les Anglais...

On a élevé un monument sur la lande de Mi-Voie, près Ploërmel, pour perpétuer le souvenir de cet événement. Voy. le poème publié par M. de Fréminville, en 1819, et par M. Crapelet, en 1827. Voy. aussi M. de Roujoux, Hist. de Bretagne, III, 381.—La douleur de Beaumanoir, lorsqu'il rencontra les paysans bretons traînés en esclavage par les Anglais, est exprimée avec une touchante naïveté:

Il vit peiner chétifs, dont il eut grand'pitié.
L'un estoit en un ceps et li autre ferré,...
Comme vaches et bœufs que l'on mène au marché.
Quand Beaumanoir les vit, du cœur a soupiré!

Beaumanoir, s'en plaignant à l'Anglais Bemborough, en reçoit la réponse suivante:

Biaumaner, taisiez-vous; de ce n'est plus parlé,
Montfort si sera duc de la noble duché,
De Nante à Pontorson, et même à Saint-Mahé,
Édouard sera roy de France couronné.

Et Beaumanoir, selon le poète, lui répond humblement:

Songiez un autre songe, cestuy est mal songié;
Car jamais par tel voie n'en aurez demi pié.

Au commencement de la bataille, l'Anglais crie à Beaumanoir:

Rends-toi tôt, Beaumanoir, je ne t'occiray mie;
Mais je feray de toi biau présent à ma mie;
Car je lui ai promis, et ne veux mentir mie,
Que ce soir te mettrai dans sa chambre jolie (honnête.)
Et Beaumanoir répond: Je te le surenvie!
... De sueur et de sang la terre rosoya.

Beaumanoir, demandant à boire, reçoit de Geoffroy Dubois la fameuse réponse:

Bois ton sang, Beaumanoir, ta soif se passera!

L'histoire, dit le poète, en fut écrite, et peinte en tappichies:

Par tretous les États qui sont de ci la mer;
Et s'en est esbattu maint gentil chevalier,
Et mainte noble dame à la bouche jolie.
Or priez, et Jésus, et Michel, et Marie,
Que Dieu leur soit en aide et dites-en, Amen.

237—page 352Bertrand Duguesclin...

Duguesclin est nommé dans les actes Glecquin, Gléaquin, Glayaquin, Glesquin, Cleyquin, Claikin, etc. Ceci le désignerait pour vrai Breton de race. Il se croyait lui-même descendu d'un roi maure, Hakim, retiré en Bretagne, qui, chassé du pays par Charlemagne, aurait laissé dans la tour de Glay son fils, que Charles fit baptiser. Le connétable voulait, après la guerre de Castille, passer en Afrique et conquérir Bougie. Voy. le Man. de la Bibl. du roi: Conquête de la Bret. Armorique, faite par le preux Charlemagne sur ung payen nommé Aquin, qui l'avoist usurpé, etc., no 35, 356 du P. Lelong.

Sa vie a été chantée dans une sorte d'épopée chevaleresque...

Cilz qui le mist en rime fust Cuveliers
Et pour l'amour du prince qui de Dieu soit sauvé,
Afin qu'on n'eust pas les bons fais oubliés
Du vaillant connestable qui tant fut redoubtez,
En a fait les beaux vers noblement ordonnez.
Ms. de la Bibl. royale, no 7224.

M. Macé, professeur d'histoire, a donné une notice intéressante sur cet important manuscrit dans l'Annuaire de Dinan, 1835.

Le poème avoue qu'il était laid...

Mais l'enfant dont je dis et dont je vois parlant,
Je crois quil not si lait de Resnes à Disnant.
Camus estoit et noir, malotru et massant (?).
Li père et la mère si le héoient tant....
Ms. de la Bibl. royale, no 7224.

Voyez aussi la Chronique en prose réimprimée par Francisque Michel.

238—page 354Bataille de Cocherel...

«Si ordonnons que nous mettions à cheval trente des nôtres...; et de fait ils prendront ledit captal et trousseront et l'emporteront entre eux.» (Froiss., IV, ch. CCCCLXXXVIII, p. 201.)

«Si y furent grand temps sur un état que de crier Notre-Dame-Auxerre, et de faire pour ce jour leur souverain le comte d'Auxerre... Si y fut avisé et regardé pour meilleur chevalier de la place et qui plus s'étoit combattu de la main... messire Bertrand Duguesclin. Si fut ordonné de commun accord que on crieroit Notre-Dame Guesclin.» (Ibid., p. 202-3.)

Charles V donna à Duguesclin pour récompense le comté de Longueville...

Les lettres de donation sont du 27 mai 1364. Duchâtelet, Hist. de Duguesclin, p. 297.—En 1365, le roi reprit ce comté, en payant une partie de la rançon de Duguesclin. (Archives, J. 381.)

En même temps, il faisait couper la tête au sire de Saquenville, etc.

«Si furent pris à mercy tous les soudoyers étrangers; mais aucuns pillards de la nation de France, qui là s'étaient boutés, furent tous morts.» (Froiss., IV, ch. CCCCCXVIII, p. 230.)

239—page 355Le prince de Galles envoya à Montfort le brave Chandos, etc.

«Chandos... pria plusieurs chevaliers et écuyers de la duché d'Aquitaine; mais trop petit en y allèrent avec lui, si ils n'étoient Anglois.» (Froiss., IV, ch. DI, p. 241.)

240—page 355Beaucoup de Bretons se joignirent à Charles de Blois...

«Le vicomte de Rohan, le sire de Léon, le sire de Kargoule (Kergorlay), le sire de Loheac... et moult d'autres que je ne puis mie tous nommer.» (Ibid., ch. DII, p. 242.)

241—page 356Les Bretons voulaient en finir par la mort de l'un ou de l'autre...

«Que si on venoit au-dessus de la bataille que messire Charles de Blois fut trouvé en la place, on ne le devoit point prendre à nulle rançon, mais occire. Et ainsi en cas semblable les François et les Bretons en avoient ordonné de messire Jean de Montfort; car en ce jour ils vouloient avoir fin de la bataille et de guerre.» (Ibid., ch. DX, p. 264.)

242—page 357, note 2—«Et l'appelle-t-on Saint-Charles»...

Urbain V, bon François, ordonna, il est vrai, une enquête pour la canonisation de Charles de Blois, mais il mourut avant qu'elle fût faite, et son successeur Grégoire II, sous lequel elle eut lieu, n'en fit aucun usage, pour ne pas offenser le duc de Bretagne. (Hist. de Bret. Note de M. Dacier sur Froissart.)

243—page 360Don Pèdre-le-Cruel ne se fiait qu'aux Juifs et aux Sarrasins...

En 1358, voulant faire la guerre au roi d'Aragon, «e enviò el rey D. Pedro a regard al rey Mahomad de Grenada, que le ayuda se con algunas galeas». (Ayala, c. XI.)

244—page 360Expédition contre don Pèdre-le-Cruel...

On a sur l'expédition d'Espagne un chant languedocien: À Dona Clamença. Cançon ditta la bertat, fattat sur la guerra d'Espania, fatta pel generoso Guesclin assistat des nobles moundis de Tholosa. 1367. (Don Morice, I, p. 16, et Froiss., IV, p. 286.)

245—page 360, note 2Charles V prêta à Duguesclin l'argent de sa rançon...

«À tous ceuls qui ces présentes lettres verront, Bertran du Guesclin, chevalier, conte de Longueville, chambellan du roy de France, mon très redoubté et souverain seigneur, salut. Savoir faisons que parmi certaine somme de deniers que ledit roy mon souverain seigneur nous a pieça fait bailler en prest, tant pour mettre hors de son royaume les compaignes qui estoient es parties de Bretaigne, de Normandie et de Chartain et aileurs es basses marches, comme pour nous aidier à paier partie de notre raençon à noble homme messire Jehan de Champdos, vicomte de Saint-Sauveur et connestable d'Acquittaine, duquel nous sommes prisonnier, nous avons promis et promettons audit roy mon souverain seigneur par nos foy et serment mettre et emmener hors de son royaume lesdictes compaignes à nostre pouvoir le plus hastivement que nous pourrons, sans fraude ou mal engin, et aussi sans les souffrir ne souffrir demourer ne faire arrest en aucune partie dudit royaume, se n'est en faisant leur chemin, et sans ce que nous ou les dictes compaignes demandions ou puissions demander audit roy mon souverain seigneur ne à ses subgiez ou bonnes villes, finance ou autre aide quelconques, etc.» (1365, 22 août. Archives, J, 481.)

246—page 362Tout ce qu'il y avait d'aventuriers anglais dans l'armée de Don Enrique, etc.

«Si prirent congé au roy Henry... au plus courtoisement sans eux découvrir, ni l'intention du prince. Le roi Henry qui étoit large, courtois et honorable, leur donna moult doucement de beaux dons, et les remercia grandement de leur service, et leur départit au partir de ses biens, tant que tous s'en contentèrent. Si vidèrent d'Espagne.» (Froiss., ch. DXXIV, p. 326.) Duguesclin avait été créé duc de la Molina. (D. Morice, I, p. 1628.)

247—page 363Le roi de Navarre craignait tellement de se compromettre pour les uns ou les autres, etc.

«Et supposoient les aucuns que tout par cautèle s'étoit fait prendre... pourtant que il ne savoit encore comment la besogne se porteroit du roi Henry et du roi Don Piètre.» (Froiss., ch. DXXXIX, p. 369.)

248—page 364Les vainqueurs étaient réduits au cinquième, etc.

Knyghton, col. 2629; et Froiss., ch. DLXII, p. 429. «Ils portoient à grand meschef la chaleur et l'air d'Espagne, et mêmement le prince étoit tout pesant et maladieux.» Walsingham ajoute qu'on disait alors que le prince avait été empoisonné. (Wals., p. 117.)

Le prince de Galles ne pouvant les satisfaire, ils pillaient l'Aquitaine...

«Si leur fit dire le prince et prier qu'ils voulussent issir de son pays et aller ailleurs pour chasser et vivre... Ils entrèrent en France, qu'ils appeloient leur chambre.» (Froiss., ch. DLXIV, p. 439.)

249—page 366—«... et si ce n'était assez, il n'y a femme en France sachant filer...

N'a filairesse en France, qui sache fil filer,
Qui ne gaignast ainçois ma finance à filer,
Qu'elles ne me volissent hors de vos las geter.
Ms. de la Bibl. royale, no 7224, folio 86.

250—page 366Le prince de Galles avait demandé mille lances au sire d'Albret, etc.

«Il s'y prêta fort mal: «Messire le prince de Galles se truffe de moi.» Adonc demanda tantôt un clerc. Il vint. Quand il fut venu, il lui dit, et le clerc écrivit: «Cher sire, plaise vous savoir que je ne saurois sevrer les uns des autres... et si aucuns iront, tous iront, ce sçais-je. Dieu vous ait en sa sainte garde.» (Froiss., ch. DXXXI, p. 350-1.)

251—page 367Il mit sur les terres des Gascons un fouage de dix sols par feu...

Et non d'un franc, comme le dit Froissart. (Lettres du Prince de Galles, 26 janvier 1368. Note communiquée par M. Lacabane. Ms. de la Bibl. royale.)

252—page 371Tout maladif qu'il était, Charles V faisait continuellement de dévotes processions...

«Tout dechaux et nuds pieds, et madame la reine aussi... et faisoit ledit roi de France partout son royaume être son peuple, par contrainte des prélats et des gens d'Église en cette affliction.» (Froiss., ch. DLXXXVII, p. 57.)

253—page 371Toutes les villes qui se rendaient à Charles V, etc.

Ordonn., V, p. 291, 324, 338, 333. Sism., XI, p. 145.

Sur l'histoire des Communes, voyez particulièrement le cinquième volume du cours de M. Guizot.

254—page 374Il fallut que le duc de Bourbon, etc.

«Puisque combattre ne voulez... dedans trois jours, sire duc de Bourbon, à heure de tierce ou de midi, vous verrez votre dame de mère mettre à cheval et mener en voie: si avisez sur ce, et la rescouez (délivrez) si vous voulez.» (Froiss., ch. DCXX, p. 173.) «... Mais oncques ne s'en murent ni bougèrent.» (Ibid., ch. DCXXI, p. 175.)

255—page 377La Bretagne était contre les Anglais...

«Tous les barons, chevaliers et écuyers de Bretagne étoient très bons François: «Cher sire, avoient-ils dit à leur duc, sitôt que nous pourrons apercevoir que vous vous ferez partie pour le roi d'Angleterre contre le roi de France..., nous vous relinquerons tous, et mettrons hors de Bretagne.» (Froiss., VI, ch. DCLXXIV, p. 27-28.)

256—page 378La Rochelle se donna à Charles V, mais avec bonnes réserves...

«... Et auroient en leurs villes coins pour forger florins et monnoie blanche et noire, de telle forme et aloi comme ont ceux de Paris.» (Froiss., VI, ch. DCLXX, p. 15.)

257—page 379Le duc de Lancastre traversa la France, etc.

«Vix quadraginta caballos vivos secum ducens.» (Wals., p. 529.)—«Milites famosos et nobiles, delicatos quondam et divites... ostiatim mendicando, panem petere, nec erat qui eis daret.» (Wals., p. 187.)

258—page 381Alice Perrers...

«Milites parliamentales graviter conquesti sunt de quadam Alicia Peres appellata, femina procacissima.» (Walsingham, p. 189.)—«Illa nunc juxta justitiarios regis residendo, nunc in foro ecclesiastico juxta doctores se collocando... pro defensione causarum suadere ac etiam contra postulare minime verebatur.» (Wals., p. 189.)—«Inverecunda pellex detraxit annulos a suis digitis et recessit. (Ibid.)

259—page 384Le roi de Navarre traite avec les Anglais, etc.

Secousse, Hist. de Charles-le-Mauvais, t. I, 2e partie, p. 173.—Lebrasseur, Hist. du comte d'Évreux, p. 93.—Voy. les pièces originales du procès: Archives du royaume, J, 618.

260—page 385Charles V ne put être forcé ni à combattre ni à rendre...

«Le roi de France rossoignoit (craignait) si les fortunes périlleuses que nullement il ne vouloit que ses gens s'aventurassent par bataille si il n'avoit contre six les cinq.» (Froiss., VII, 115.)

261—page 386La multitude de ses constructions...

«Comment le roy Charles estoit droit artiste et appris ès sciences et des beauls maçonnages qu'il fist faire:—Fonda l'église de Saint-Anthoine dedans Paris. L'église de Saint-Paul fist amender et acroistre, et maintes autres églises et chapelles fonda, amenda et crut les édifices et rentes. Accrut son hôtel de Saint-Paul; le chastel du Louvre à Paris fit édifier de neuf; la Bastille Saint-Anthoine, combien que puis on y ait ouvré, et sus plusieurs des portes de Paris, fait édifice fort et bel. Item les murs neufs et belles grosses et haultes tours qui entour Paris sont. Ordonna à faire le Pont-Neuf. Édifia Beaulté; Plaisance, la noble maison; répara l'ostel de Saint-Ouyn. Moult fit rédifier le chastel de Saint-Germain-en-Laye; Creel, Montargis; le chastel de Meleun et mains autres notables édifices.» (Christ. de Pisan, VI, 25.)

262—page 386Il avait construit le vaste hôtel Saint-Paul...

Le séjour de l'hôtel Saint-Paul était, disait-il, favorable à sa santé. Dans ce labyrinthe de chambres qui composaient les appartements du roi, on comptait: la chambre où gist le roi, la grand'chambre de retrait, la chambre de l'estude. De plus, il y avait un jardin, un parc, une chambre des bains, une des étuves, une ou deux autres qu'on appelait chauffe-doux, un jeu de paume, des lices, une volière, une chambre pour les tourterelles, des ménageries pour les sangliers, pour les grands lions et les petits, une chambre du conseil, etc. Charles V avait renfermé dans son hôtel Saint-Paul plusieurs autres hôtels, comme ceux des abbés de Saint-Maur et de Puteymuce (petimus; dans les environs se tenaient des scribes qui faisaient le métier d'écrire des pétitions; par une autre corruption on l'appela Petit-Musc). Les appartements du duc d'Orléans n'étaient guère moins vastes que ceux du roi; puis venaient dans de semblables proportions ceux du duc de Bourgogne, de Marie, d'Isabelle, de Catherine de France, des ducs et duchesses de Valois et de Bourbon, des princes et princesses du sang et de quantité d'autres seigneurs et gens de cour. Le duc d'Orléans avait un cabinet qui lui servait simplement à dire ses heures et qu'on appelait retrait où dit ses heures Monsieur Louis de France. De même quand on descendait dans les cours, on trouvait la mareschaussée, la conciergerie, la fourille, la lingerie, la pelleterie, la bouteillerie, la saucisserie, le garde-manger, la maison du four, la fauconnerie, la lavanderie, la fruiterie, l'échançonnerie, la panneterie, l'épicerie, la tapisserie, la charbonnerie, le lieu où l'on faisait l'hypocras, la pâtisserie, le bûcher, la taillerie, la cave aux vins des maisons du roi, les cuisines, les jeux de paume, les celliers, les poulaillers, etc. Les chambres étaient lambrissées du bois le plus rare; jusque dans les chapelles il y avait des cheminées et des poêles qu'on appelait chauffe-doux. Les cheminées étaient ornées de statues colossales, selon l'usage du temps; «celle de la chambre du roi avait de grands chevaux de pierre; une autre était chargée de douze grosses bêtes et de treize grands prophètes.» (Félibien, I, p. 654-5.)

Le sire de La Rivière en faisait les honneurs...

«Pour maintenir sa court en honneur, le roy avoit avec luy barons de son sang et autres chevaliers duis et apris en toutes honneurs... ainsi messire Burel de La Rivière, beau chevalier, et qui certes très gracieusement, largement et joyeusement savoit accueillir ceux que le roy vouloit festoyer et honorer.» (Christ. de Pisan, VI, 63.)

263—page 387Les astrologues de Charles V...

«Les grands princes séculiers (dit un contemporain de Charles V) n'oseroient rien faire de nouvel sans son commandement et sans sa saincte élection (de l'astrologie); ils n'oseroient chasteaux fonder, ne églises édifier, ne guerre commencer, ne entrer en bataille, ne vestir robe nouvelle, ne donner joyau, ne entreprendre un grand voyage, ne partir de l'ostel sans son commandement.» (Christ. de Pis., p. 208.)

264—page 388Caractère de Charles V...

Il ne blâmait pas toute dissimulation: «Dissimuler, disoyent aucuns, est un rain (une branche) de trahison. Certes, ce dist le roy adont, les circonstances font les choses bonnes ou maulvaises; car en tel manière peut estre dissimulé que c'est vertu et en tel manière vice; sçavoir: dissimuler contre la fureur des gens pervers, quant ce est besoing est grand sens; mais dissimuler et faindre son courage en attendant opportunité de grever aucun, se peut appeler vice.» (Christine, VI, p. 53.)

265—page 389Puissance des Juifs...

Ord., III, p. 351 et 471. Conf. à IV, p. 532 (4 février 1364).—Ord., III, p. 478, art. 26.—Ils ne devaient pas prêter sur gages suspects; mais ils s'étaient ménagé une justification facile. Article 20 des privilèges des juifs: «De crainte qu'on ne mette dans leurs maisons des choses que l'on diroit ensuite volées, nous voulons qu'ils ne puissent être repris pour nulle chose trouvée chez eux, sauf en un coffre dont ils porteroient les clefs.» (Ord., III, p. 478.)

Quoique Charles V eût essayé d'introduire un peu d'ordre dans la comptabilité, il n'y pouvait voir clair. L'usage des chiffres romains, maintenu presque jusqu'à nous par la chambre des Comptes, suffisait pour rendre les calculs impossibles.

266—page 392Une solennelle plaidoirie par-devant le roi, etc.

Pierre Cugnières demandait entre autres choses que le vassal félon fût puni par le seigneur et non par l'Église, sauf la pénitence qui viendrait après; qu'un seigneur ne fût pas excommunié pour les fautes des siens; que le juge ecclésiastique ne forçât pas le vassal d'autrui par excommunication à plaider devant lui; que l'Église ne donnât pas asile à ceux qui échappaient des prisons du roi; d'autre part que les terres acquises par le clerc payassent les taxes et retournassent à sa famille, au lieu de rester en mainmorte, que le clerc qui trafiquait ou prêtait fût sujet à la taille, qu'un roturier ne donnât moitié de sa terre à son fils clerc, s'il avait deux enfants, etc.

Le nom de l'avocat du roi resta le synonyme d'un mauvais ergoteur...

«Abiitque in proverbium, ut quem sciolum et argutulum et deformem videmus, M. Petrum de Cuneriis, vel corrupte, M. Pierre du Coignet, vocitemus.» (Bulæus, IV, 222.—Libertés de l'Église gall. Traités. Lettres de Brunet, p. 4.—(Simulacrum ejus, simum et deforme... quod scholastici prætereuntes stylis suis scriptoriis pugnisque confodere et contundere solebant.» (Bulæus, IV, 322.)

267—page 393Jean XXII déclara, effrontément qu'en haine de la simonie, il se réservait...

Baluz. Pap. Aven., I, p. 722. «Omnia beneficia ecclesiastica quæ fuerunt, et quocumque nomine censeantur et ubicumque ea vacare contigerit.»

268—page 394, note 3L'histoire de la papesse Jeanne...

On l'a rejetée à l'an 848, et cité en preuve Marianus Festus et Sigebert de Gemblours; mais on n'en trouve pas un mot dans les anciens manuscrits de ces auteurs. Plus tard seulement on inséra dans le texte ce qu'on avait d'abord écrit à la marge. (Bulæus, IV, 240.)

269—page 395Sainte Brigitte fait dire par Jésus au pape d'Avignon...

«Tu pejor Lucifero... tu injustior Pilato... tu immitior Juda, qui me solum vendidit; tu autem non solum me vendis, sed et animas electorum meorum.» (S. Brigittæ Revelationes, l. I, c. XLI.)

270—page 397On considéra tous les malheurs qui suivirent comme une punition du ciel...

On chantait à cette époque le cantique suivant:

Plange regni respublica,
Tua gens, ut schismatica,
Desolatur.
Nam pars ejus est iniqua,
Et altera sophistica
Reputatur, etc.
Bibl. du roi, cod. 7609. Coll. des Mém., V, 481.

271—page 400Révoltes du Languedoc...

Hist. du Languedoc, l. XXXII, ch. XCI, p. 365.—Ch. XCV, p. 368.—Ch. XCVI, p. 369.

272—page 403Révolte de la Bretagne...

Chronique en vers de 1341 à 1381, par maître Guill. de Saint-André, licencié en décret, scolastique de Dol, notaire apostolique et impérial, ambassadeur, conseiller et secrétaire du duc Jean IV:

Les François estoient testonnés,
Et leurs airs tout efféminés;
Avoient beaucoup de perleries,
Et de nouvelles broderies.
Ils estoient frisques et mignotz,
Chantoient comme des syrenotz;
En salles d'herbettes jonchées,
Dansoient, portoient barbes fourchées,
... Les vieux ressembloient aux jeunes,
Et tous prenoient terrible nom,
Pour faire paour aux Bretons.

273—page 404Mort de Duguesclin...

A! doulce France amie, je te lairay briefment!
Or veille Dieu de gloire, par son commandement,
Que si bon conestable aiez prochainement
De coi vous vaillez mieulx en honour plainement!
Poème de Duguesclin, ms. de la Bibl. royale, no 7224, 142 verso.

Voy. l'excellent art. Charles V, de M. Lacabane (Dict. de la conversation).

274—page 408La France atteignait dans Froissart la perfection de la prose narrative...

Sans parler de tant de beaux récits, je ne crois pas qu'il y ait rien dans notre langue de plus exquis que le chapitre: «Comment le roi Édouard dit à la comtesse de Salisbury qu'il convenoit qu'il fust aimé d'elle, dont elle fut fortement ébahie.»

Quoique Froissart ait séjourné si longtemps en Angleterre, je n'y trouve qu'un mot qui semble emprunté à la langue de ce pays: «Le roi de France pour ce jour étoit jeune, et volontiers travillait (voyageait, travelled).» (T. IX, p. 475, année 1388.)

Dans son voyage aux Pyrénées, cheminant le joyeux prêtre, avec ses quatre lévriers en lesse...

«Considérai en moi-même que nulle espérance n'étoit que aucuns faits d'armes se fissent es partie de Picardie et de Flandre, puisque paix y étoit, et point ne voulois être oiseux; car je savois bien que au temps à venir et quand je serai mort, sera cette haute et noble histoire en grand cours, et y prendront tous nobles et vaillants hommes plaisance et exemple de bien faire; et entrementes que j'avois, Dieu merci, sens, mémoire et bonne souvenance de toutes les choses passées, engin clair et aigu pour concevoir tous les faits dont je pourrois être informé touchants à ma principale matière, âge, corps et membres pour souffrir peine, me avisai que je ne voulois me séjourner de non poursuivre ma matière; et pour savoir la vérité des lointaines besognes sans ce que j'envoyasse aucune autre personne en lieu de moi, pris voie et achoison (occasion) raisonnable d'aller devers haut prince et redouté seigneur messire Gaston comte de Foix et de Berne... Et tant travaillai et chevauchai en quérant de tous côtés nouvelles, que par la grace de Dieu, sans péril et sans dommage, je vins en son châtel à Ortais... en l'an de grâce 1388. Lequel... quand je lui demandois aucune chose, il me le disoit moult volontiers; et me disoit bien que l'histoire que je avois fait et poursuivois seroit au temps à venir plus recommandée que mille autres.» (Froissart, IX, 218-220.)

275—page 409—«Le vrai régime des bergers et bergères par Jehan de Brie»...

Jehan raconte d'abord comme quoi: «À l'âge où les enfants commencent à muer leurs premières dents et où ils ont encore leur folle plume, et ne sont prenables d'aucune loi», il fut chargé de garder les oies, puis les pourceaux; comment ensuite, «accroissant son estat d'estre promeu aux honneurs terriens», il eut la garde des chevaux et des vaches. Mais il y fut blessé, et revint dire que jamais il ne garderait les vaches: «Et lors, lui fust baillée la garde de quatre-vingts agneaux débonnaires et innocents..., et il fut comme leur tuteur et curateur, car ils étoient soubs âge et mineurs d'ans.» Il ne se conduisit pas comme certains pasteurs temporels ou spirituels..., etc. Ensuite «ledit Jehan de Brie, sans simonie, fut establi et institué à porter les clefs des vivres... de l'hôtel de Messy, appartenant à l'un des conseillers du roy notre seigneur ès enquestes de son parlement à Paris... Quand ledict de Brie eut été licencié et maistre en ceste science de bergerie, et qu'il estoit digne de lire en la rue au Feurre (la rue du Fouarre, où étaient les écoles) auprès la crèche aulx veaux, ou soubz l'ombre d'ung ormel ou tilleul, derrière les brebis, lors vint demourer au Palais-Royal, en l'hostel de Messire Arnoul de Grantpont, trésorier de la Sainte-Chapelle royale à Paris...—Premièrement, les aigniaux qui sont jeunes et tendres doivent estre traitez amyablement et sans violence, et ne les doit-on pas férir ne chastier de verges, de bastons», etc.—Lorsque l'on coupe les agneaux: «Doit lors le berger estre sans péché, et est bon de soi confesser», etc., etc.—Ce charmant petit livre n'a pas été réimprimé, que je sache, depuis le seizième siècle. J'en connais deux éditions, toutes deux de Paris; l'une porte la date de 1542 (Bibl. de l'Arsenal), l'autre n'a pas d'indication d'année (Bibl. royale, S. 880).

Le passage suivant a bien l'air d'être écrit par un homme de robe: «Ils estoient (les agneaux) sous âge et mineurs d'ans; et pour ce que ledit Jehan n'est pas noble, et que il ne lui appartenoit pas de lignage, il n'en put avoir le bail, mais il en eut la garde, gouvernement et administration, quant à la nourriture.»

276—page 411L'épopée des faits et gestes de Duguesclin...

... Le prévost d'Avignon
Vint droit à Villenove, où la chevalerie
De Bertran et des siens estoit adonc logie.
I la dit à Bertran que point ne le detrie:
Sire, l'avoir est prest, je vous acertefie,
Et la solution séelée et fournie,
Come Jeshu donna le fils sainte Marie
À Marie-Magdalaine qui fut Jhesu amie.
Et Bertran li a dit: Beau sire, je vous prie,
Dont vint yeilz avoirs, ne me le celez mie?
La pris li Aposteles en sa thresorerie?
Nanil, Sire, dit-il, mais la debte est paie
Du commun d'Avignon, à chascun sa partie.
Dit Bertran Du Guesclin: Prévost, je vous afie,
Jà n'en arons deniers en jour de notre vie,
Se ce n'est de l'avoir venant de la clergie,
Et volons que tuit cil qui la taille ont paiée,
Aient tout lor argent, sans prendre une maillie.
Sire, dit li prévos, Dieu vous doient bonne vie!
La pour gent arez forment esleessie (réjouie).
Amis, ce dit Bertran, au pape me direz,
Que ces grans tresors soit ouvers et defermez,
Ceulz qui lont paié, il lor soit retorez,
Et dittes que jamais n'en soit nul reculez,
Car, se le savoie, jà ne vous en doubtez,
Et je fusse oultre mer passez et bien alez,
Je seroie ainçois par deçà retournez...
Poème de Duguesclin, ms. de la Bibl. royale, no 7224, folio 49.

FIN DU TROISIÈME VOLUME.

TABLE DES MATIÈRES

LIVRE V

  • Chapitre 1er. Vêpres siciliennes. 1
  • 1270-1282. Philippe-le-Hardi. ibid.
  • Charles d'Anjou chef de la maison de France. 2
  • Efforts des papes pour secouer le joug français. 3
  • Jean de Procida. 5
  • Il passe d'Espagne en Sicile et à Constantinople. 6
  • 1282. Massacre des Français en Sicile. 15
  • D. Pedro, roi d'Aragon, secourt les Siciliens. 17
  • 1285. Mort de Charles d'Anjou. 24
  • Philippe-le-Hardi meurt en Espagne. 24
  • 1299. La Sicile reste au roi Frédéric, Naples aux descendants de Charles d'Anjou. ibid.
  • Chapitre II. Philippe-le-Bel.—Boniface VIII (1285-1304). 25
  • 1285. Philippe-le-Bel. ibid.
  • Administration. 27
  • 1288-1291. Parlement. 28
  • Centralisation monarchique. Légistes. 31
  • Fiscalité. 35
  • 1293-1300. L'argent et la ruse. 36
  • Philippe appelé par les Flamands. 38
  • Le comte de Flandre et sa fille retenus à Paris. 40
  • Expulsion des Juifs, altération des monnaies; maltôte. 42
  • 1295-1304. Démêlés entre Boniface VIII et Philippe-le-Bel. 43
  • 1300. Le Jubilé 46-50
  • Le pape favorise les ennemis de la France; représailles de Philippe 52
  • Rupture au sujet du Languedoc 53
  • 1301. Philippe fait enlever l'évêque de Pamiers 55
  • 1302. Bulle supposée; brûlée à Paris 59
  • Philippe appuyé par les États généraux 61
  • Révolte des Flamands 64
  • Défaite de Courtrai 66
  • 1302. Suite de la lutte contre le pape 68
  • Nogaret à Anagni 75
  • Retour du pape à Rome; sa mort 77-80
  • Benoit XI meurt subitement 82
  • 1304. Victoires de Ziriksée et de Mons-en-Puelle 82-83
  • Misère du peuple 84
  • Chapitre III. L'or.—Le fisc.—Les Templiers 85
  • L'or ibid.
  • Le fisc 86
  • L'alchimie 87
  • La sorcellerie ibid.
  • Le juif 89
  • 1305. Bertrand de Gott (Clément V) 92
  • 1306. Poursuites contre Boniface VIII 97
  • Le Temple 99
  • Puissance, privilèges du Temple ibid.
  • Cérémonies 103
  • Accusations dirigées contre cet ordre 105
  • Richesse des Templiers 108
  • Ils font la guerre aux chrétiens 109
  • Griefs de la maison de France 110
  • Philippe-le-Bel ruiné attaque les Templiers 112
  • Les moines et les nobles les abandonnent 113
  • Ils refusent de se réunir aux Hospitaliers 114
  • Les chefs de l'ordre arrêtés à Paris 116
  • 1307. Instruction du procès 117
  • Chapitre IV. Suite.—Destruction de l'ordre du Temple (1307-1314). 119
  • 1307. Opposition du pape ibid.
  • L'instruction continue 120
  • 1307. Aveux obtenus par les tortures 120
  • 1308. Adhésion des États du royaume aux poursuites 121
  • Difficultés suscitées par le pape 122
  • Le pape se réfugie à Avignon 124
  • Concessions mutuelles 126
  • 1309. Commission pontificale. Faiblesse du Grand-Maître ibid.
  • 1310. Poursuites contre la mémoire de Boniface 127
  • Défense des Templiers entravée 128
  • Protestation des Templiers 135
  • Intérêt qu'ils excitent 138
  • Consultation du pape en leur faveur 140
  • Concile provincial tenu à Paris 141
  • Supplice de cinquante-quatre Templiers 143
  • 1311. L'ordre supprimé par toute la chrétienté 148
  • Compromis entre le pape et le roi 150
  • 1312. Concile de Vienne ibid.
  • Condamnation des mystiques béghards, franciscains 151
  • Abolition du Temple 155
  • Fin du procès de Boniface VIII 156
  • 1314. Exécution des chefs de l'ordre 157
  • Causes de la chute du Temple 159
  • Chapitre. V. Suite du règne de Philippe-le-Bel.—Ses trois fils.—Procès.—Institutions (1314-1328) 163
  • Le diable 164
  • Procès atroces 166
  • 1314. Mort de Philippe-le-Bel 169
  • Activité, éducation de Philippe-le-Bel 170
  • Il ménage l'Université 172
  • Institutions 173
  • Ordonnances contradictoires 174
  • Hypocrisie de ce gouvernement 175
  • Attaques contre la noblesse 176
  • Confédération de la noblesse du nord et de l'est 180
  • Louis X; réaction féodale 181
  • Lutte des barons et des légistes 186
  • 1315. Lois nouvelles sur les monnaies 188
  • Ordonnance pour l'affranchissement des serfs ibid.
  • 1316. —Philippe-le-Long 190
  • Application de la loi Salique ibid.
  • Les villes sont armées 192
  • Tentative pour la réforme des poids et mesures. 192
  • Règlements de finances. ibid.
  • 1316-1322. Le parlement se constitue. ibid.
  • La royauté se constitue. ibid.
  • 1320. Pastoureaux. 196
  • Les Juifs et les lépreux. 197
  • 1322-1328. Charles IV, le-Bel. 203
  • Édouard II, roi d'Angleterre, renversé par sa femme, Isabelle de France. 204
  • 1328. Mort de Charles IV. 208
  • LIVRE VI
  • Chapitre Ier. L'Angleterre.—Philippe-de-Valois (1328-1349). 209
  • 1328. Avènement de Philippe-de-Valois. ibid.
  • L'Angleterre sous Édouard III. 214
  • Flandre, Angleterre; esprit commercial. 215
  • Routes du commerce depuis les croisades. 216
  • Commerce de l'Angleterre. 217
  • Caractère guerrier et mercantile du quatorzième siècle. 218
  • Caractère opposé de la France. 219
  • Premières années du règne de Philippe VI. 220
  • Guerre de Flandre. Bataille de Cassel. 221
  • 1329. Procès de Robert d'Artois. 223
  • 1332. Robert s'enfuit en Flandre, puis en Angleterre. 226
  • 1333. Poursuites contre sa famille. ibid.
  • 1336. Ordonnances sur les impôts et sur les marchandises. 227
  • Rapports de Philippe VI avec le pape. ibid.
  • Mécontentement général. 228
  • Édouard III relève son autorité. ibid.
  • Guerre indirecte entre la France et l'Angleterre. 229
  • Émigration des ouvriers flamands en Angleterre. ibid.
  • 1337. Révolte des Gantais. Jacquemart Artevelde. 230
  • Ordonnances et préparatifs d'Édouard III. 231
  • Armée féodale et mercenaire de Philippe VI. 232
  • 1338. Les Anglais en Flandre. ibid.
  • Édouard III, vicaire impérial. 233
  • 1339. Les Anglais en France. 233
  • Édouard III, roi de France. 237
  • 1340. Bataille de l'Écluse. 238
  • La guerre de Flandre sans résultats. 240
  • 1341. Guerre de Bretagne. Blois et Montfort. ibid.
  • 1342. Philippe VI soutient Charles de Blois; Édouard III soutient Jean de Montfort. 247
  • 1345. Édouard III perd à la fois Montfort et Artevelde. 248
  • 1346. Édouard III attaque la Normandie. 249
  • Les Anglais brûlent Saint-Germain, Saint-Cloud, Boulogne. 251
  • Philippe VI les poursuit. 252
  • Bataille de Créci. 254
  • Siège de Calais. 257
  • Persistance d'Édouard III; ses succès en Écosse et en Bretagne. 259
  • Tentatives de Philippe pour faire lever le siège de Calais. 260
  • 1347. Prise de Calais; dévouement de six bourgeois. 261
  • Calais peuplé d'Anglais. ibid.
  • Les mercenaires, les fantassins remplacent les troupes féodales. 262
  • Humiliation du pape, de l'empereur, du roi, de la noblesse. 265
  • Abattement moral; attente de la fin du monde; mortalité. ibid.
  • 1348. La Peste noire. 266
  • Mysticisme de l'Allemagne; flagellants. 269
  • Boccace; prologue du Décaméron. ibid.
  • Suites de la Peste. 272
  • 1349-1350. Le roi se remarie; il acquiert Montpellier et le Dauphiné. 273
  • Noces et fêtes. 273
  • 1350. Mort de Philippe VI. 274
  • Chapitre II. Jean.—Bataille de Poitiers (1350-1356). 275
  • Laure, Pétrarque. ibid.
  • Le quatorzième siècle s'obstine dans sa fidélité au passé. 279
  • 1350. Avènement de Jean. 280
  • Création de l'ordre de l'Étoile. ibid.
  • Charles d'Espagne, Charles de Navarre. 281
  • 1350-1359. Rapides variations des monnaies. ibid.
  • États généraux, sous Philippe-de-Valois, sous Jean. 284
  • 1355. Gabelle votée par les États. Résistance de la Normandie et du comte d'Harcourt. 285
  • Le comte d'Harcourt décapité. 286
  • 1356. Le prince de Galles ravage le midi. 287
  • Bataille de Poitiers. 288
  • Le roi prisonnier. 291
  • Chapitre III. Suite. États généraux.—Paris.—Jacquerie.—Peste. (1356-1364). 293
  • 1356. Le dauphin Charles. Le prévôt des marchands, Étienne Marcel. Paris. 294
  • 1357. États généraux. 298
  • États provinciaux. 300
  • Robert le Coq et Étienne Marcel. 301
  • Désastres de la France. 306
  • Charles-le-Mauvais à Paris. 307
  • 1358. Nouveaux États; le dauphin régent du royaume. 308
  • Révolte de Paris. 311
  • Meurtre des maréchaux de Champagne et de Normandie. 312
  • Règne de Marcel. 313
  • La Champagne, le Vermandois pour le dauphin. 314
  • États de la langue d'Oil à Compiègne. ibid.
  • Souffrances du paysan. 315
  • Jacquerie. 320
  • Charles-le-Mauvais, capitaine de Paris. 324
  • Marcel s'appuie sur Charles-le-Mauvais et essaye de lui livrer Paris. 327
  • Marcel assassiné. 328
  • 1359. Le dauphin rentre à Paris. 335
  • Négociations avec les Anglais. 337
  • Leurs propositions rejetées par les États. 338
  • Édouard III en France. ibid.
  • Les Anglais aux portes de Paris. 339
  • 1360. Traité de Brétigny. 341
  • Désolation des provinces cédées. 342
  • Rançon du roi. 343
  • Le roi en liberté; ses premières ordonnances. 344
  • Ordonnance en faveur des Juifs. 345
  • 1360-1363. Misère, ravage, mortalité. ibid.
  • Les Tard-venus. 346
  • 1362. Jean réunit au domaine la Bourgogne et la Champagne. 347
  • 1363. Il va prêcher la croisade en Angleterre. 349
  • 1364. Mort du roi Jean à Londres. 350
  • Chapitre IV. Charles V (1364-1380).—Expulsion des Anglais. 351
  • 1364. Charles V, le Sage. ibid.
  • L'Anglais, le Navarrais, les compagnies. 352
  • Bertrand Duguesclin. 353
  • Bataille de Cocherel. 354
  • 1365. Bataille d'Auray; mort de Charles de Blois. 355
  • Ordonnances de Charles V.
  • Guerre de Don Enrique de Transtamare contre son frère Don Pèdre-le-Cruel. 359
  • 1366. Duguesclin à la tête des compagnies. 361
  • Le pape rançonné à Avignon. ibid.
  • Don Pèdre quitte l'Espagne; est rétabli par les Anglais. 362
  • 1367. Bataille de Najara; Duguesclin prisonnier. 363
  • Les compagnies, mal payées, se jettent sur la France. 366
  • Duguesclin recouvre la liberté. ibid.
  • 1368. Le midi mécontent des Anglais. 367
  • 1369. Défections. ibid.
  • Le prince de Galles cité devant la cour des Pairs. 368
  • Charles recouvre son influence. 369
  • Duguesclin replace Don Enrique sur le trône de Castille; Don Pèdre vaincu à la bataille de Montiel. 370
  • Charles V confisque l'Aquitaine. 371
  • 1370. Les Anglais traversent la France; mort de Jean Chandos. 372
  • Charles V se concilie le roi de Navarre et le roi d'Écosse. 373
  • Le prince de Galles prend Limoges d'assaut. 375
  • Duguesclin, connétable. 376
  • Le duc de Bretagne prend parti pour les Anglais; il est chassé par les Bretons. 377
  • 1370-1373. Le roi de Castille envoie une flotte à Charles V. Prise de La Rochelle. ibid.
  • Les Anglais battus partout. 378
  • Le duc de Lancastre traverse de nouveau la France. 379
  • 1374. Les Gascons se livrent à la France. ibid.
  • 1376. L'Angleterre veut la paix. 380
  • Mort du prince de Galles. 381
  • 1377. Mort d'Édouard III; Alice Perrers. 382
  • Charles V marie son frère, le duc de Bourgogne, à l'héritière de Flandre. 383
  • 1378. Le roi de Navarre traite avec les Anglais; Charles V le prévient. 384
  • La France relevée dans l'opinion de l'Europe. 385
  • Monuments de Charles V. Bastille, Hôtel Saint-Paul. 386
  • Vie privée de Charles V. 387
  • Astrologues. ibid.
  • Sagesse de Charles V; sa prévoyance. 388
  • Mauvais état des finances du roi; puissance des Juifs. 389
  • Richesse, juridiction du clergé. 390
  • Régales, annates, réserves. 392
  • Corruption de l'Église. 393
  • Grand schisme. Urbain VI, Clément VII. 396
  • Charles V ne peut faire reconnaître son pape dans la chrétienté. 397
  • 1379. Révoltes du Languedoc. 399
  • Révoltes de la Flandre (Voy. le t. IV).
  • Révoltes de la Bretagne. 401
  • 1380. Mort de Duguesclin. 404
  • Mort de Charles V. 405
  • Son gouvernement. 406
  • Caractère prosaïque du quatorzième siècle. 408
  • Froissart. Jehan le bon berger, etc. 409
  • Situation difficile et contradictoire où se trouve la chrétienté. Folie de Charles VI et de la plupart des princes de cette époque. 410
  • Appendice. 413

FIN DE LA TABLE DU TOME TROISIÈME.

IMPRIMERIE E. FLAMMARION, 26, RUE RACINE, PARIS.

Notes

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