Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 4 / 7)
LIVRE IV
LA CRISE DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
(Mai 1839-Juillet 1841)
Pages
Chapitre premier.—La question d'Orient et le ministère du 12 mai 1839 (mai 1839-février 1840) 1
I. Situation créée, en 1833, par l'arrangement de Kutaièh entre Mahmoud et Méhémet-Ali, et par le traité d'Unkiar-Skélessi entre la Porte et la Russie. Efforts des puissances pour empêcher un conflit entre le sultan et le pacha. Vues particulières de la France, de l'Angleterre, de la Russie, de l'Autriche. L'armée ottomane passe l'Euphrate, le 21 avril 1839 2
II. Politique arrêtée par le gouvernement français à la nouvelle de l'entrée en campagne des Turcs. Son entente avec l'Angleterre et avec l'Autriche. Réserve de la Prusse. Embarras de la Russie. Premiers indices de désaccord entre Paris et Londres. La Russie disposée à en tirer parti 14
III. Le ministère du 12 mai. Accueil qui lui est fait. M. Guizot le soutient. Irritation de M. Thiers. M. Sauzet président de la Chambre. M. Thiers impuissant à engager une campagne parlementaire. M. Dufaure et M. Villemain. Procès des émeutiers du 12 mai. Calme général. Faiblesse du cabinet 26
IV. Le crédit de dix millions pour les armements d'Orient. Rapport de M. Jouffroy. La discussion 44
V. Bataille de Nézib. Mort de Mahmoud. Défection de la flotte ottomane. La Porte disposée à traiter avec le pacha 51
VI. Impressions des divers cabinets à la nouvelle des événements d'Orient. Note du 27 juillet 1839, détournant la Porte d'un arrangement direct avec le pacha. Situation faite à la France par cette note 56
VII. Dissentiment croissant entre la France et l'Angleterre, sur la question égyptienne. L'Angleterre demande le concours des autres puissances. Empressement de la Russie à répondre à son appel. L'Autriche s'éloigne de nous et se rapproche du Czar. Le gouvernement français persiste néanmoins à soutenir les prétentions du pacha 61
VIII. Mission de M. de Brünnow à Londres. Malgré lord Palmerston, le cabinet anglais repousse les propositions russes et offre une transaction au gouvernement français. Celui-ci maintient ses exigences. Ses illusions. M. de Brünnow revient à Londres. Embarras de la France 71
IX. Les approches de la session de 1840. Dispositions des divers partis. Les 221. Les doctrinaires. M. Thiers et ses offres d'alliance à M. Molé. La gauche et la réforme électorale. Qu'attendre d'une Chambre ainsi composée? 81
X. L'Adresse de 1840. Le débat sur la politique intérieure et sur la question d'Orient. Discours de M. Thiers. Le ministère persiste dans ses exigences pour le pacha 86
XI. Dépôt d'un projet de loi pour la dotation du duc de Nemours. Polémiques qui en résultent. Le projet est rejeté sans débat. Démission des ministres. La royauté elle-même est atteinte 95
Chapitre II.—Quatre mois de bascule parlementaire (mars-juillet 1840) 102
I. Le Roi appelle M. Thiers. Celui-ci fait sans succès des offres au duc de Broglie et au maréchal Soult. Il se décide à former un cabinet sous sa présidence. Il obtient le concours de deux doctrinaires. Composition du ministère du 1er mars 102
II. Le plan de M. Thiers. M. Billault est nommé sous-secrétaire d'État et M. Guizot reste ambassadeur. La gauche satisfaite et triomphante. Attitude défiante et hostile des conservateurs. Le Roi et le ministère. M. Thiers et ses «conquêtes individuelles» 111
III. La loi des fonds secrets. Les conservateurs se disposent à livrer bataille. La discussion à la Chambre des députés: M. Thiers, M. de Lamartine, M. Barrot, M. Duchâtel. Victoire du ministère 123
IV. Les fonds secrets à la Chambre des pairs. Rapport du duc de Broglie. La discussion 131
V. La question d'Orient dans la discussion des fonds secrets. Discours de M. Berryer. Déclaration de M. Thiers à la Chambre des pairs 136
VI. Amnistie complémentaire. Godefroy Cavaignac et Armand Marrast. Place offerte à M. Dupont de l'Eure. Accusations de corruption. La proposition Remilly sur la réforme parlementaire. M. Thiers a besoin d'une diversion 143
VII. Le gouvernement annonce qu'il va ramener en France les restes de Napoléon. Effet produit. Comment M. Thiers a été amené à cette idée et a obtenu le consentement du Roi. Négociations avec l'Angleterre. Les bonapartistes et les journaux de gauche. Rapport du maréchal Clauzel. Discours de M. de Lamartine. La Chambre réduit le crédit proposé par la commission et accepté par M. Thiers. Colères de la presse de gauche et tentative de souscription. Le ministère est débordé. Échec de la souscription. Mauvais résultat de la diversion tentée par M. Thiers 153
VIII. Lois d'affaires. Talent déployé par le président du conseil. Son discours sur l'Algérie 168
IX. Les pétitions pour la réforme électorale. M. Arago et sa déclaration sur «l'organisation du travail». Les banquets réformistes. Le National et les communistes 174
X. La proposition Remilly est définitivement «enterrée». Divisions dans l'ancienne opposition. Le mouvement préfectoral. Mécontentement de la gauche. Les conservateurs sont toujours méfiants et inquiets. Ils craignent la dissolution et l'entrée de M. Barrot dans le cabinet. Situation de M. Thiers à la fin de la session 184
Chapitre III.—Le traité du 15 juillet 1840 (mars-juillet 1840) 192
I. Le plan diplomatique de M. Thiers. Il veut gagner du temps, ramener l'Angleterre, se dégager du concert européen et pousser sous main à un arrangement direct entre le sultan et le pacha 192
II. M. Guizot ambassadeur. Ses avertissements au gouvernement français. Son argumentation avec lord Palmerston. Peu d'effet produit sur ce dernier 196
III. Obstacles que lord Palmerston rencontre parmi ses collègues et ses alliés. Transactions proposées par les ministres d'Autriche et de Prusse. Refus de la France. Négociations diverses. Nouvelles offres de transaction 202
IV. Tentative d'arrangement direct entre la Porte et le pacha. Espoir de M. Thiers. Irritation des puissances. Lord Palmerston pousse à faire une convention sans la France. La Russie, l'Autriche et la Prusse y sont disposées. Résistances dans l'intérieur du cabinet anglais. On se cache de M. Guizot. Ce qu'il écrit à M. Thiers. Signature du traité sans avertissement préalable à l'ambassadeur de France. Stipulations du traité. Memorandum de lord Palmerston. Conclusion 212
Chapitre IV.—La guerre en vue (juillet-octobre 1840) 229
I. M. Thiers à la nouvelle du traité du 15 juillet. L'effet sur le public. Les journaux. Le ministère ne cherche pas à contenir l'opinion 230
II. Le plan de M. Thiers: l'expectative armée 237
III. Irritation du Roi. Son langage aux ambassadeurs. Son attitude dans le conseil. Au fond, il ne veut pas faire la guerre. Accord extérieur du Roi et de son ministre 242
IV. Les armements. Attitude diplomatique de M. Thiers. Langage de M. Guizot à Londres. Lord Palmerston persiste dans sa politique, malgré les hésitations de ses collègues. Débats à la Chambre des communes 247
V. Inquiétudes de l'Autriche et de la Prusse. Intervention conciliatrice du roi des Belges. Elle échoue devant l'obstination de lord Palmerston. Le memorandum anglais du 31 août 254
VI. Louis-Napoléon réfugié à Londres. Ses menées pour s'allier à la gauche et débaucher l'armée. Expédition de Boulogne. Impression du public. Le procès 262
VII. Continuation des armements. Fortifications de Paris. M. Thiers s'exalte. Il rêve d'attaquer l'Autriche en Italie. Nouvelles scènes faites par le Roi aux ambassadeurs. La presse. Les journaux ministériels et radicaux. Excitation ou inquiétude du public. Les grèves. L'Europe est à la merci des incidents 271
VIII. Les premières mesures d'exécution contre le pacha. Celui-ci, sur le conseil de M. Walewski, offre de transiger. Cette transaction est appuyée par M. Thiers. Divisions dans le sein du cabinet anglais 288
IX. Déchéance du pacha et bombardement de Beyrouth. Lord Palmerston triomphe. Mécompte de M. Thiers. Explosion belliqueuse en France. Premiers symptômes de réaction pacifique. Les journaux poussent à la guerre 296
X. Que serait la guerre? La guerre maritime. On ne peut espérer concentrer la lutte entre la France et l'Autriche. Dispositions de l'Angleterre, de la Russie, de la Prusse, de la Confédération germanique. Puissant mouvement d'opinion contre la France, en Allemagne. Son origine. Ses manifestations en 1840. Réveil de l'idée allemande qui sommeillait depuis 1815. La France, en cas de guerre, se fût retrouvée en face de la coalition. La propagande révolutionnaire n'eût pas été une force contre l'Europe, et elle eût été un danger pour la France 307
XI. M. Thiers penche vers une attitude belliqueuse. Divisions du cabinet. Résistance du Roi. Les ministres offrent leur démission. Transaction entre le prince et ses conseillers. La note du 8 octobre 323
XII. Effet de cette note en Angleterre. En France, l'agitation révolutionnaire s'aggrave, et la réaction pacifique se fortifie. Situation mauvaise de M. Thiers. L'attentat de Darmès. Désaccord entre le Roi et le cabinet sur le discours du trône. Démission du ministère. Les résultats de la seconde administration de M. Thiers. Service rendu par Louis-Philippe 336
Chapitre V.—La paix raffermie (octobre 1840-juillet 1841) 351
I. Le Roi appelle le maréchal Soult et M. Guizot. Ce dernier s'était, dans les derniers temps, séparé de la politique de M. Thiers. Composition du ministère du 29 octobre. Hostilités qu'il rencontre. Dans quelle mesure peut-il compter sur l'appui de tous les conservateurs? On ne croit pas généralement à sa durée. Confiance de M. Guizot 352
II. Discours du trône. Rétablissement de l'ordre matériel. M. Guizot tâche de se faire offrir par les puissances des concessions qui permettent à la France de rentrer dans le concert européen. Dispositions des diverses puissances. Tout dépend de lord Palmerston. Ce dernier ne veut rien céder. Le memorandum anglais du 2 novembre. Efforts des partisans de la conciliation à Londres. Les revers des Égyptiens en Syrie mettent fin à ces efforts. Désappointement du gouvernement français. L'Égypte est menacée. Prise de Saint-Jean d'Acre. Lord Palmerston, triomphant, est plus roide que jamais envers la France. M. Guizot est réduit à la politique d'isolement et d'expectative 360
III. L'Adresse à la Chambre des pairs. Discours de M. Guizot 382
IV. Premiers votes de la Chambre des députés. Dispositions de M. Thiers. Lecture du projet d'Adresse 386
V. Ouverture du débat au Palais-Bourbon. M. Guizot et M. Thiers sont à l'apogée de leur talent. Animosité des deux armées. L'attaque de M. Thiers. La défense de M. Guizot. Les autres orateurs. L'amendement de M. Odilon Barrot. Le vote. M. Thiers est battu. Dans quelle mesure M. Guizot est-il victorieux? 390
VI. Préoccupations éveillées par la prochaine rentrée des cendres de l'Empereur à Paris. La cérémonie. Conclusion qu'en tire M. Guizot 406
VII. Le ministère maintient les armements. Réponse aux observations des cabinets étrangers. La loi de crédits pour les fortifications de Paris. M. Thiers la soutient. Dispositions hostiles ou incertaines dans une partie de la gauche, dans la majorité et même dans le cabinet. La discussion. Discours équivoque du maréchal Soult. Trouble qui en résulte. Discours de M. Guizot. Résumé de M. Thiers. Débat sur l'amendement du général Schneider. Nouvelles équivoques du maréchal. Intervention décisive de M. Guizot. Le vote. Les adversaires de la loi tentent un dernier effort à la Chambre des pairs. Ils sont battus 412
VIII. Situation parlementaire du cabinet. Convient-il ou non de provoquer une grande discussion pour raffermir la majorité? Rapport de M. Jouffroy sur la loi des fonds secrets. Effet produit. La discussion. Le ministère se dérobe. Discours de M. Thiers. Réponse de M. Guizot. Le vote 426
IX. Attaques de la presse contre le Roi. Les prétendues lettres de Louis-Philippe publiées par la France. La Contemporaine. Acquittement de la France. Scandale qui en résulte et redoublement d'attaques contre le Roi. Le faux est cependant manifeste. Déclaration de M. Guizot à la Chambre. Silence de l'opposition. Le bruit s'éteint 435
X. Convention du 25 novembre 1840 entre le commodore Napier et Méhémet-Ali. Les puissances désirent qu'elle soit approuvée par le sultan. La Porte, poussée par lord Ponsonby, déclare la convention nulle et non avenue. Note du 31 janvier 1841 par laquelle la conférence engage le sultan à accorder l'hérédité au pacha 444
XI. La France doit-elle entrer dans le concert européen et à quelles conditions? Négociations. Le gouvernement français obtient satisfaction sur les points essentiels. Difficultés sur les clauses de la convention. Rédaction des actes. Hatti-shériff n'accordant au pacha qu'une hérédité illusoire. Parafe des actes préparés à Londres 450
XII. La discussion des crédits supplémentaires de 1840 et de 1841. Attaque de M. Thiers. M. Guizot refuse de discuter les négociations en cours. Le bilan financier du ministère du 1er mars 462
XIII. Nouveaux efforts de lord Ponsonby pour empêcher la Porte de faire des concessions à Méhémet-Ali. Action contraire de M. de Metternich. M. Guizot persiste dans son attitude. Modification du hatti-shériff. Le gouvernement français disposé à signer. Difficultés soulevées par lord Palmerston. Irritation et faiblesse des puissances allemandes. Méhémet-Ali accepte le hatti-shériff modifié. Signature du protocole de clôture et de la convention des détroits 469
XIV. Conclusion 478
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES
Notes
1: Voy. plus haut, t. II, chap. XIV, § II.
2: «Tout le mal vient du sultan, disait Méhémet-Ali à M. de Bois-le-Comte, en 1833. Je voulais le détrôner, mettre son fils à sa place. J'aurais été assister mon nouveau souverain pendant son enfance, et j'aurais laissé Ibrahim en Égypte.» (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
3: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
4: Voy. plus haut, t. II, chap. XIV, § VII.
5: Lettre de M. Thiers, en date du 15 avril 1836 (Cf. plus haut, t. III, p. 52).
6: Dépêches de M. Thiers à M. de Barante, 26 avril 1836; de M. Molé à M. de Barante, 19 avril, 19 octobre 1837, 26 juillet et 14 septembre 1838; de M. Molé à M. de Sainte-Aulaire, 31 octobre 1838; de M. de Montebello à M. de Barante, 12 avril 1839. (Documents inédits.)
7: Sur les origines de cette sympathie, cf. t. II, p. 357.
8: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire et lettre de M. de Barante à M. Molé, 22 août 1838. (Documents inédits.)
9: Lettre de lord Palmerston à lord Granville, 8 juin 1838. (Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 234.)
10: Bulwer, t. II, p. 256.
11: Bulwer, t. II, p. 147, 233, 235, 248, 250.
12: Dépêche du 13 septembre 1839. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 386.)
13: Dépêche de M. de Sainte-Aulaire, du 8 avril 1841. (Documents inédits.)
14: Lord Ponsonby disait à M. de Bois-le-Comte, en janvier 1834: «Nous avons fait le serment de brûler la flotte russe à Sébastopol, et nous tiendrons ce serment.» (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
15: Lettre de lord Palmerston à lord Ponsonby, du 13 septembre 1838. (Bulwer, t. II, p. 246.)
16: Toutes les fois que les autres puissances lui parlaient d'établir un concert sur ce sujet, le gouvernement russe faisait la sourde oreille. (Dépêche inédite de M. de Barante à M. Molé, en date du 17 décembre 1838.) En 1838, Méhémet-Ali ayant menacé de recourir aux armes, lord Palmerston invita aussitôt les représentants de la France, de l'Autriche et de la Russie à s'entendre avec lui, pour arrêter les moyens de coercition à employer contre le pacha. En réponse à cette communication, le gouvernement de Saint-Pétersbourg fit notifier à Paris et à Londres, «qu'il verrait sans méfiance les mesures prises par les puissances maritimes dans la Méditerranée, mais que si, ce nonobstant, la Porte se trouvait menacée à Constantinople, il pourvoirait à la sûreté de son alliée, comme il y était tenu par le traité d'Unkiar-Skélessi». Loin donc de s'associer à une action commune, le czar disait en quelque sorte à la France et à l'Angleterre: «Je ne me mêlerai pas de ce que vous ferez dans la Méditerranée; ne vous mêlez pas davantage de ce que je ferai dans la mer de Marmara.» (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
17: Lettre à M. Bresson.—M. de Barante ajoutait, peu après, le 6 mai 1839, dans une dépêche à M. de Montebello: «On aime mieux attendre une époque où l'Europe, livrée à d'autres circonstances, ne tiendrait plus, comme aujourd'hui, la puissance russe en observation, en surveillance assidue.» (Documents inédits.)
18: Dépêche de M. de Barante à M. Molé, 13 février et 31 mars 1839; lettre du même à M. Bresson, 15 avril 1839. (Documents inédits.)
19: M. de Barante écrivait un peu plus tard: «M. de Nesselrode est un de ceux qui disent le moins la vérité à l'Empereur. Son caractère est timide; il aime son repos avant tout. Il est convaincu de l'inutilité d'une contradiction directe; il attend que les premières impressions se calment, se bornant à faire en sorte que la politique de l'Empereur soit suivie avec prudence, sans détermination trop soudaine et trop risquée.» (Lettre à M. Guizot, du 28 mai 1841. Documents inédits.)
20: Lettre de M. de Barante à M. Bresson, 20 novembre 1838. (Documents inédits.)
21: Dépêche de M. de Barante à M. Molé, 13 février 1839. (Documents inédits.)
22: Cette lettre, en date du 31 mars 1839, était adressée à M. Thiers, que M. de Barante, trompé par un faux bruit, croyait alors être devenu ministre des affaires étrangères. M. de Barante ajoutait, le 8 juin 1839, dans une lettre au maréchal Soult: «Déjà, plus d'une fois, j'ai eu l'occasion de dire que le danger n'était point de voir se former contre nous une coalition guerroyante, mais une coalition pacifique, unie pour diminuer notre influence.» (Documents inédits.)
23: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
24: Cf. plus haut, t. II, p. 359 et 364.—Faut-il croire qu'en septembre 1833, lors de l'entrevue de Münchengraetz, la cour de Vienne alla jusqu'à conclure secrètement avec la Russie un traité de partage éventuel? Le fait est rapporté par Martens, dans un ouvrage intitulé: Die Russische Politik in der orientalischen Frage, et cité par Hillebrand, t. II, p. 360.
25: Par moments même, on eût pu croire que le cabinet de Vienne allait tout de suite lier partie avec les puissances occidentales contre le gouvernement de Saint-Pétersbourg; seulement, il s'arrêtait bientôt, comme effrayé de sa hardiesse et tremblant de n'être pas assez soutenu. C'est ainsi qu'en 1837, des difficultés s'étant élevées entre l'Angleterre et la Russie, au sujet de la saisie, dans la mer Noire, d'un navire anglais, le Vixen, M. de Metternich fit des avances à la première de ces puissances, puis les retira, croyant avoir lieu de douter de sa résolution. Comme on lui demandait compte de cette volte-face: «L'Autriche, répondit-il, ne pouvait pas se brouiller avec la Russie, pour une affaire sans valeur que l'Angleterre elle-même ne voulait pas pousser jusqu'au bout. Soyez certain que vous nous trouveriez au besoin, si vous aviez raison et volonté de soutenir votre droit.» Et il disait à M. de Sainte-Aulaire: «Les whigs sont de misérables fanfarons; jamais ils n'auront le courage de tirer un coup de canon. Malheur à qui s'engagerait avec eux dans une partie difficile; ils l'abandonneraient au jour du danger.» (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
26: Peu après, comme le chargé d'affaires de France à Londres se plaignait à lord Palmerston de la conduite de lord Ponsonby en cette circonstance, le ministre anglais se défendit en lisant les dépêches envoyées du Foreign Office, qui toutes concluaient à empêcher la guerre d'éclater. «Maintenant, ajouta-t-il, je ne saurais vous nier que l'opinion personnelle de lord Ponsonby, opinion que je ne partage pas, a toujours été opposée au maintien du statu quo de Kutaièh; il préférait même les partis extrêmes, comme susceptibles au moins d'un dénouement favorable.» Lord Palmerston exprimait l'espoir, mais sans oser rien affirmer, «que l'ambassadeur avait fait passer ses opinions personnelles après ses instructions». (Dépêche de M. de Bourqueney au maréchal Soult, 9 juillet 1839, citée dans les Mémoires de M. Guizot.)
27: Rappelons la composition de ce cabinet: le maréchal Soult, ministre des affaires étrangères et président du conseil; M. Duchâtel, ministre de l'intérieur; M. Teste, de la justice; M. Passy, des finances; M. Villemain, de l'instruction publique; M. Dufaure, des travaux publics; M. Cunin Gridaine, du commerce; le général Schneider, de la guerre; l'amiral Duperré, de la marine.
28: M. Molé écrivait à M. de Barante, le 18 septembre 1839: «La politique extérieure est aujourd'hui purement et simplement celle du Roi». (Documents inédits.)—Un diplomate prussien disait de son côté: «On ne doit attacher aucune importance à ce que dit le maréchal, jusqu'à ce qu'il ait pris les ordres du Roi.» (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 371.)
29: Ajoutons que, dans les bureaux mêmes de son ministère, le maréchal Soult possédait un employé supérieur qui devait, sans bruit, sans faste, faire une bonne partie de la besogne du ministre: c'était le directeur des affaires politiques, M. Desages, homme de grande expérience et ayant précisément accompli une partie de sa carrière dans les postes du Levant.
30: Voir, entre autres, le discours du duc de Noailles à la Chambre des pairs, le 6 janvier 1840.
31: Lord Palmerston écrivait, le 8 juin 1838, à lord Granville, ambassadeur d'Angleterre à Paris: «Il ne faut pas oublier que le grand danger pour l'Europe est la possibilité d'une combinaison entre la France et la Russie; elle rencontre à présent un obstacle dans les sentiments personnels de l'empereur; mais il peut ne pas en être toujours ainsi.» (Bulwer, t. II, p. 235.)
32: C'était M. de Bourqueney qui remplaçait l'ambassadeur, le général Sébastiani, en congé pour cause de santé.
33: Dépêche de M. de Bourqueney, 25 mai 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
34: Dépêche de M. de Bourqueney, 17 juin 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
35: «Soult est un bijou.» Lettre du 19 juin 1839. (Bulwer, t. II, p. 258.)
36: Dépêche de M. de Bourqueney, du 20 juin 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
37: Lettre du maréchal Soult à M. de Barante, 28 juin 1839. (Documents inédits.)
38: Dépêche de M. de Bourqueney, 17 juin 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
39: Un peu plus tard, le 3 octobre 1840, M. Thiers disait dans sa réponse à un Memorandum du cabinet anglais: «Lord Palmerston se rappellera sans doute qu'il était moins disposé que la France à provoquer le concours général des cinq puissances; et le cabinet français ne peut que se souvenir, avec un vif regret, en comparant le temps d'alors au temps d'aujourd'hui, que c'était sur la France surtout que le cabinet anglais croyait pouvoir compter pour assurer le salut de l'empire turc.»
40: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.—Cf. aussi Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 368 à 370, 472 et 476, et dépêche du maréchal Soult à M. de Bourqueney, 13 juin 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
41: Dépêche de M. de Bourqueney au maréchal Soult, 20 juin 1839. (Ibid.)
42: Dépêche du maréchal Soult à M. de Sainte-Aulaire, 28 juin 1839. (Documents inédits.)
43: «M. de Metternich a eu constamment, depuis dix ans, un luxe de ménagements et presque de courtisanerie envers l'empereur Nicolas.» (Dépêche de M. de Barante à M. Guizot, 28 mai 1841. Documents inédits.)
44: Mémoires de M. de Sainte-Aulaire.
45: Dépêche du maréchal Soult à M. de Barante, 17 juillet 1839. (Documents inédits.)
46: Dépêche de M. Bresson au maréchal Soult, 11 juin 1839, et du maréchal Soult à M. de Barante, 20 août 1839. (Documents inédits.)
47: Correspondance inédite de M. de Barante, confirmée par les correspondances également inédites de M. de Sainte-Aulaire, ambassadeur à Vienne, de M. Bresson, ministre à Berlin, et par les dépêches de M. de Bourqueney, chargé d'affaires à Londres.—Voy. aussi les documents émanés des agents anglais. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
48: Lettre du maréchal Soult au roi Louis-Philippe, 21 juillet 1839. (Documents inédits.)
49: Dépêches de M. de Bourqueney au maréchal Soult, 24 mai, 17 et 20 juin, 27 juillet 1839, et dépêches du maréchal Soult à M. de Bourqueney, 30 mai, 17 et 28 juin de la même année. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
50: Dépêche du maréchal Soult, 17 juillet 1839, et réponse de lord Palmerston, en date du 22 juillet. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
51: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.—Cf. aussi les Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 370, et une dépêche du maréchal Soult à M. de Bourqueney, en date du 1er août 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
52: Dépêche inédite de M. de Barante au maréchal Soult, en date du 20 juillet 1839, et Correspondence relative to the affairs of the Levant.
53: Dépêche du maréchal Soult, 1er août 1839, et de M. de Bourqueney, 3 août. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
54: Documents inédits.
55: M. Guizot a écrit dans ses Mémoires: «Il me fallut beaucoup de temps et d'épreuves pour reprendre la confiance du parti de gouvernement et toute ma place dans ses rangs». (T. IV, p. 312.)
56: Lettre de M. de Barante à M. Bresson, en date du 14 avril 1840. (Documents inédits.)
57: 14 mai 1839.
58: On n'était même pas assuré que tous les ministres députés eussent voté pour M. Sauzet.
59: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
60: 19 mai 1839, Journal inédit du baron de Viel-Castel.
61: L'auteur de l'article, se demandant «quelle était la politique imposée au chef d'un gouvernement révolutionnaire et représentatif», répondait ainsi à cette question: «S'il est un grand politique, s'il domine ce qui l'entoure par la supériorité de sa raison, il trouvera des hommes pour se faire l'instrument de sa pensée, même parmi les plus capables. Faites Machiavel, Napoléon, chefs d'un pays libre, ils n'auront pas besoin d'aller recruter des ministres dans les rangs secondaires. Les politiques de cette forte trempe se gardent bien d'exclure les plus habiles, ils se gardent bien de diviser les hommes dont ils peuvent se servir, d'abaisser les caractères, de mettre en relief les côtés faibles des hommes qu'ils font concourir à leurs desseins. Ils grandissent tout ce qui les approche, au lieu de chercher à le diminuer. Voilà, selon nous, la politique élevée et grande sous un régime constitutionnel. Il y en a une autre: celle qui se met en désaccord avec les assemblées en choisissant des ministres en dehors des sommités parlementaires. Une Chambre repousse un ministère faible et impuissant; cette répulsion se manifeste par un ou plusieurs votes; on passe outre. Elle persiste dans sa résistance; on la dissout. Les élections lui donnent gain de cause; on temporise; on perd ou on gagne du temps, en épuisant des combinaisons ministérielles auxquelles viennent s'opposer des impossibilités de toute espèce; on spécule sur l'imprévu. Parmi tous les candidats aux ministères, les plus éminents comme les plus petits ont leurs rivalités, leurs passions, leurs préférences, leurs antipathies; on exploite tous les côtés infirmes de notre nature. Au lieu de prendre les hommes importants par ce qui les distingue du vulgaire, on s'empare d'eux par les points qui les en rapprochent; on les laisse se diviser, si on ne les y aide pas. On observe quelques ambitions impatientes, quelques cupidités empressées à se nantir d'un portefeuille, quelques étonnements naïfs de parvenus en face d'une élévation qui leur tourne la tête; on les pousse vers la défection; s'ils cèdent, on les enrôle dans un ministère de toute couleur, et on se flatte d'avoir gagné une grande partie. Pauvre politique que celle-là!.... D'ailleurs, comment peut-on appeler habile une politique qui ne fonde son succès que sur ces trois choses: petites majorités, petites capacités, petits caractères?... Malheureusement, comme l'écrivait M. Rémusat, la petite sagesse est à la mode, et l'on se soucie peu des choses élevées. Le bruit se répand que le génie politique n'est que de la dextérité.» (Constitutionnel du 23 mai 1839.)
62: Le Journal des Débats disait à ce propos, le 25 mai 1839: «Les amis de M. Thiers ont pour lui une fatuité qu'il désapprouve sans doute, une fatuité bien folle et bien dangereuse, quand ils font de lui l'adversaire et l'antagoniste du Roi.»
63: Nommé maître des requêtes par M. Decazes, M. Villemain avait été un moment chef de la division des lettres au ministère de l'intérieur. M. de Villèle lui avait enlevé sa place de maître des requêtes pour le punir d'avoir protesté, au nom de l'Académie française, contre la loi sur la presse. M. de Martignac le nomma conseiller d'État. Enfin, sous M. de Polignac, il se fit élire député.
64: La duchesse de Broglie écrivait de M. de Villemain, en 1820: «Il a dans le corps un dépenaillage inconcevable, comme si ses membres ne tenaient pas bien sérieusement ensemble et qu'à la première mésintelligence, ils fussent prêts à s'en aller chacun de son côté.» (Souvenirs du feu duc de Broglie.)
65: Dans ses Notes et Pensées, M. Sainte-Beuve a écrit: «Nous causions hier de Villemain avec Cousin. Celui-ci me disait: «C'est chez lui un conflit perpétuel entre l'Intérêt et la Vanité.»—«Oui, repartis-je, et c'est d'ordinaire la Peur qui tranche le différend.» Le mot est injuste, et cette excessive sévérité trahit quelque jalousie chez les deux interlocuteurs; toutefois, il avait sa part de vérité. M. Sainte-Beuve a écrit encore: «Villemain a presque toujours le premier aperçu juste; mais, si on lui laisse le temps de la réflexion, son jugement, qui n'est pas solide, prend peur, et il conclut à faux ou du moins à côté.»
66: Barbès dit au président: «Je ne suis pas disposé à répondre à aucune de vos questions. Vous n'êtes pas ici des juges venant juger des accusés, mais des hommes politiques venant disposer du sort d'ennemis politiques.» Et encore: «Quand l'Indien est vaincu, quand le sort de la guerre l'a fait tomber au pouvoir de son ennemi, il ne songe point à se défendre, il n'a pas recours à des paroles vaines: il se résigne et donne sa tête à scalper.» Il assumait, d'ailleurs, hardiment la responsabilité de l'attentat: «Je déclare que j'étais un des chefs de l'association; je déclare que c'est moi qui ai préparé tous les moyens d'exécution; je déclare que j'y ai pris part, que je me suis battu contre vos troupes.»
67: Dans le débat de l'Adresse, en janvier 1840, M. Dupin critiqua la légalité de ce nouveau changement, apporté par simple volonté ministérielle, dans l'exécution de la peine. Ce fut aussi en janvier 1840 que les autres accusés pour les faits du 12 mai comparurent devant la Cour des pairs. Vingt-neuf furent déclarés coupables: une seule condamnation à mort, aussitôt commuée en déportation, fut prononcée contre Blanqui.
68: C'est ce que le Roi disait au comte Apponyi, peu de jours après la formation du cabinet. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 364.)
69: Ibid., p. 428.
70: M. de Metternich savait caresser l'une des cordes sensibles de Louis-Philippe, quand il écrivait au comte Apponyi, dans une lettre destinée à être mise sous les yeux de ce prince: «Je partage le sentiment du Roi à l'égard de son ministère. Il est faible, et je ne concevrais pas (pour le moment du moins) un ministère qui pourrait être fort, sans être à la fois dangereux pour le pays. Il faut, dans tous les temps et dans toutes les positions sociales, un homme qui conçoive les affaires. Cet homme doit à la fois surveiller et régler leur exécution. L'homme le plus naturellement appelé à une aussi importante fonction doit être, dans une monarchie, le Roi, et, dans une république, le président. Le ministérialisme est une maladie de l'époque, une sottise qui croulera comme toutes les niaiseries... Or n'oubliez pas que c'est un ministre qui proclame cette vérité; mais ce ministre n'est pas un ambitieux: c'est un homme simplement pratique et qui veut le bien.» (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 369.)
71: Journal inédit du baron de Viel-Castel.—Cf. aussi Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 344.
72: Lettre du 26 juillet 1839. (Documents inédits.)
73: Lettres du 28 juillet 1839. (Documents inédits.)
74: Lettre du 4 août 1839. (Documents inédits.)
75: 25 juin 1839.
76: M. Guizot revint à plusieurs reprises sur cette assimilation avec la Grèce, et il définit ainsi notre politique orientale: «Maintenir l'empire ottoman pour le maintien de l'équilibre européen; et quand, par la force des choses, par la marche naturelle des faits, quelque démembrement s'opère, quelque province se détache de ce vieil empire, favoriser la conversion de cette province en État indépendant, en souveraineté nouvelle, qui prenne place dans la coalition des États et qui serve un jour, dans sa nouvelle situation, à la fondation d'un nouvel équilibre européen, voilà la politique qui convient à la France, à laquelle elle a été naturellement conduite.»
77: Le futur maréchal de Moltke était l'un de ces officiers.
78: Nous avons suivi, sur ce curieux incident, le témoignage du prince de Joinville, qui servait à bord de l'escadre du Levant et qui assista aux entrevues de l'amiral Lalande avec les officiers turcs. Il a raconté vivement les diverses scènes de cette comédie, au cours d'une étude sur l'Escadre de la Méditerranée qui fut insérée, sous une signature d'emprunt, dans la Revue des Deux Mondes du 1er août 1852, et qui fut ensuite publiée à part. Dans ce court écrit, tout vibrant de patriotisme et tout rempli de zèle pour la grandeur de la marine française, le prince de Joinville ne se révèle pas moins brillant narrateur militaire que ses frères le duc d'Orléans et le duc d'Aumale.
79: «À Constantinople, au lieu d'agir énergiquement contre Méhémet-Ali, on est prêt à lui abandonner autant de provinces qu'il voudra en prendre.» (Journal de la princesse de Metternich, Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 326.)
80: Dépêche de Pareto, l'envoyé sarde à Constantinople, citée par Hillebrand, (Geschichte Frankreichs, t. II, p. 404.)
81: Voy. Correspondance inédite de M. de Barante; Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire; dépêches de M. de Bourqueney, citées par M. Guizot; dépêches des agents anglais publiées dans la Correspondence relative to the affairs of the Levant.
82: Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques, et Correspondence relative to the affairs of the Levant.
83: Dépêche de M. de Bourqueney au maréchal Soult, 31 juillet 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
84: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
85: Dépêche de lord Ponsonby, 29 juillet 1839. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
86: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
87: Dépêche du 17 août 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
88: Dépêches de M. de Barante, 10 et 17 août 1839. (Documents inédits.)
89: Dépêche du maréchal Soult à M. de Bourqueney, 22 août 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
90: On a prétendu même que le capitaine Callier avait promis formellement la possession de la Syrie au pacha, et M. Thiers a répété plus tard cette assertion dans une conversation avec M. Senior. (Senior, Conversations with M. Thiers, M. Guizot and other distinguished persons, t. I, p. 4.) Mais les ministres du 12 mai ont affirmé à la tribune qu'il n'avait été pris aucun engagement qui diminuât la liberté de la France.
91: Lettre du maréchal Soult au Roi, 1er août 1839. (Documents inédits.)
92: Dépêche du maréchal Soult à M. de Sainte-Aulaire, 16 août 1839. (Documents inédits.)
93: Cette conversation se tint en présence du capitaine Jurien de la Gravière qui l'a rapportée dans ses Souvenirs. (Revue des Deux Mondes du 15 septembre 1864, p. 358.)
94: Lettre du maréchal Soult au Roi, 3 août 1839. (Documents inédits.)
95: Dépêches de M. de Bourqueney, 31 juillet et 9 août 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
96: Dépêche de lord Palmerston, 1er août 1839. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
97: «Un grand changement, écrivait M. de Bourqueney, s'est opéré, depuis trente-huit heures, dans l'esprit des membres du cabinet anglais: on n'admettait pas la possibilité du concours de la Russie, aujourd'hui on l'espère; on espérait le concours de l'Autriche jusqu'au bout, on n'en doute plus. On en conclut que le moment est venu de laisser un peu reposer l'attitude ombrageuse et comminatoire envers le cabinet russe.» (Dépêche du 18 août 1839, publiée par M. Guizot.)
98: Dépêche du maréchal Soult à M. de Barante, 29 août 1839. (Documents inédits.)—À la même époque, le 30 août, M. Desages, directeur politique au ministère des affaires étrangères, écrivait à M. Bresson: «Nos voisins d'outre-Manche sont plus obstinés que jamais à l'encontre de Méhémet-Ali. On s'est mis, à Londres, au diapason de lord Ponsonby et de Roussin, qui se figurent qu'en crachant sur le pacha, cela suffit pour en venir à bout.» (Documents inédits.) L'allusion faite à l'amiral Roussin s'explique par ce fait qu'on reprochait à notre ambassadeur à Constantinople de n'être pas assez favorable au pacha. L'amiral devait même, pour cette cause, être rappelé le 13 septembre 1839, et remplacé par M. de Pontois.
99: Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.
100: Correspondence relative to the affairs of the Levant.
101: Dépêches du général Sébastiani au maréchal Soult, 14 et 17 septembre 1839. (Mémoires de M. Guizot.)
102: Correspondance inédite de M. de Barante, pendant la fin de juillet et le mois d'août 1839. (Documents inédits.)
103: «La France, disait le czar à l'ambassadeur anglais, cherche à se faire valoir et se donne un mouvement inutile; elle veut se mettre à la tête de tout. Depuis quelque temps, elle a l'air de vouloir dominer l'Europe.» (Dépêche de M. de Barante au maréchal Soult, 10 août 1839. Documents inédits.)
104: M. de Barante avait noté, dès le premier jour, l'irritation que nous avions ainsi causée, et il y revint souvent, dans la suite de la crise, quand il voulut expliquer l'origine de l'hostilité de la Russie. (Voy., entre autres, les lettres de M. de Barante au maréchal Soult, en date des 3 et 17 août, 23 octobre 1839 et 4 février 1840, et la lettre du même à M. Guizot, en date du 28 mai 1841. Documents inédits.)
105: Dépêche de M. de Barante au maréchal Soult, 16 septembre 1839. (Documents inédits.)
106: Correspondance de M. de Barante, notamment dépêches au maréchal Soult, en date du 24 août et du 7 septembre 1839. (Documents inédits.)
107: Dépêche du général Sébastiani au maréchal Soult, 17 septembre 1839, citée par M. Guizot.
108: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
109: M. de Metternich écrivait, le 25 septembre 1839: «Les quatre cabinets de Vienne, de Berlin, de Saint-Pétersbourg et de Londres sont turcs; celui des Tuileries est égyptien.» (Mémoires, t. VI, p. 376.)
110: Dès le 19 juillet 1839, le maréchal Soult recommandait à M. de Sainte-Aulaire de calculer son langage de façon que «la part qui reviendrait au Roi et à la France», dans le concert européen, «fût bien constatée» et put «être plus tard hautement proclamée». (Documents inédits.)
111: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 373.—Un peu après, le 25 septembre, M. de Metternich se plaignait que «la politique française fût voulante, agissante, tripoteuse, ambitieuse.» (Ibid., p. 376.)
112: Lettres de M. de Barante à M. Thiers et à M. Guizot, en date du 18 mars 1840. (Documents inédits.)
113: Même lorsque le gouvernement autrichien croyait pouvoir s'appuyer sur la France et l'Angleterre, le moindre froncement de sourcils de l'autocrate russe le mettait mal à l'aise. Au mois d'août, M. de Metternich tomba gravement malade et dut, pendant plusieurs semaines, abandonner la direction des affaires. On attribua généralement sa maladie à l'émotion que lui avait causée le refus irrité du czar de prendre part à la conférence de Vienne. M. de Fiquelmont, ambassadeur d'Autriche en Russie et remplaçant intérimaire de M. de Metternich, disait que ce dernier «avait pensé mourir de regret et d'effroi de s'être trompé sur les sentiments de l'empereur Nicolas». (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
114: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 374.
115: Lettre à M. Bresson, 22 août 1839. (Documents inédits.)
116: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
117: Ibid.
118: Lettre de lord Palmerston à M. Bulwer, 24 septembre 1839. (Bulwer, t. II, p. 263)
119: Bulwer, t. II, p. 263, et dépêche du général Sébastiani au maréchal Soult, 23 septembre 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
120: Bulwer, t. II, p. 264.
121: Ibid., p. 264 à 266, et dépêche du général Sébastiani au maréchal Soult, 23 septembre 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
122: Même dépêche.
123: Dépêche du 26 septembre 1839.
124: «Je dis, racontait lord Palmerston lui-même, qu'il ne semblait pas y avoir de moyen terme entre la confiance et la défiance; que si nous liions la Russie par un traité, nous devions nous fier à elle; et que, nous fiant à elle, il valait mieux ne mêler aucune apparence de suspicion à notre confiance.» (Bulwer, t. II, p. 264.)—Voy. aussi la dépêche précitée du général Sébastiani, en date du 23 septembre.
125: «Cela m'est égal.»
126: Dépêche du général Sébastiani au maréchal Soult, 3 octobre 1839. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
127: Dépêche de M. de Brünnow, 8 octobre 1839.
128: Dépêche du maréchal Soult, 14 octobre 1839.
129: Mémoires de M. Guizot.
130: Mémoires de M. Guizot.
131: Lettre du 5 novembre 1839. (Bulwer, t. II, p. 267.)
132: Lettre du 22 novembre 1839. (Ibid., p. 268.)
133: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
134: Lettre du maréchal Soult au duc d'Orléans, 15 octobre 1839. (Documents inédits.)
135: Dépêches de novembre 1839. (Documents inédits.)
136: Lettre du maréchal Soult au Roi, 9 octobre 1839. (Documents inédits.)
137: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. de Barante, 5 octobre 1839. (Documents inédits.)
138: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
139: Ibid.
140: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
141: Dépêche du chargé d'affaires de France à Londres, 6 décembre 1839. (Mémoires de M. Guizot.)
142: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
143: Correspondance inédite de M. Molé, Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel, et Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
144: Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 372.
145: Journal inédit du baron de Viel-Castel.
146: M. Léon Faucher, alors principal rédacteur du Courrier français, écrivait, le 30 juillet 1839, à M. Reeve: «Je vous ai envoyé aujourd'hui un numéro du Courrier qui renferme une espèce de manifeste en vue de la réforme électorale. J'ai jugé utile de mettre en train la réforme..... L'opposition n'avait plus de symbole ni de drapeau. Elle tournait à l'individualisme et tombait en poussière. Barrot, que j'avais tourmenté, me donnait raison, mais n'agissait pas.» (Léon Faucher, Bibliographie et Correspondance, t. Ier, p. 83.)
147: Par «capacités» on entendait les personnes portées sur «la seconde liste du jury», c'est-à-dire les fonctionnaires nommés par le Roi et exerçant des fonctions gratuites; les officiers de terre et de mer en retraite; les docteurs et licenciés des facultés de droit, des sciences et des lettres; les docteurs en médecine; les membres et les correspondants de l'Institut; les membres des autres sociétés savantes reconnues par le Roi; les notaires.
148: 18 décembre 1839.—Sur cette faillite de la coalition, le Journal des Débats ne tarissait pas; il disait un autre jour: «Connaissez-vous un homme, un parti, qui ne soit pas sorti de la coalition, plus faible, plus petit qu'il n'y était entré? Les chefs surtout..... Ne les voyez-vous pas errer en quelque sorte dans le chaos qu'ils ont fait, cherchant un parti et ne le trouvant pas? Écoutez les journaux qui se flattaient le plus d'avoir trouvé dans la coalition la base d'une majorité nouvelle: ce ne sont que plaintes lamentables sur la confusion des opinions, sur le déchirement des partis, sur l'abaissement général.»
149: Lettre du 26 novembre 1839. (Documents inédits.)
150: 9 au 15 janvier 1840.
151: 12 janvier 1840.
152: M. de Lamartine disait: «Si aujourd'hui, sans plan arrêté, sans volonté claire et dite tout haut, la France inquiète, complique, menace tantôt la Russie sur ses intérêts vitaux dans la mer Noire, tantôt l'Autriche sur ses intérêts commerciaux de l'Adriatique, tantôt l'Angleterre sur son immense intérêt de commerce avec ses soixante millions de sujets dans l'Inde; si ces puissances vous voient tour à tour demander avec elles l'intégrité de l'empire et pousser au démembrement, menacées chacune dans un de ses intérêts spéciaux et toutes dans leur orgueil, ne finiront-elles pas par voir en vous des agitateurs et des ennemis partout, et par concevoir contre la France les défiances qu'elles ne doivent qu'aux tergiversations de son cabinet?»
153: C'est du moins ce qu'il a dit plus tard, en causant avec M. Senior. (Senior, Conversations with M. Thiers, M. Guizot and other distinguished persons, t. I, p. 4.)
154: M. Berryer disait un peu plus tard, le 25 mars 1840, à la tribune de la Chambre des députés: «L'invasion d'Abd-el-Kader, cette invasion subite, meurtrière, est-ce bien lui seul qui l'a conçue? Et de quelle fabrique étaient les fusils que nos soldats ramassaient, en détruisant cette infanterie d'Abd-el-Kader, formée, disciplinée par des traîtres ou par des déserteurs?» (Sensation prolongée.)
155: Dépêche du maréchal Soult au général Sébastiani, du 26 janvier 1840. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
156: Cette nomination fut publiée le 5 février 1840. Le Roi eut, à cette occasion, plusieurs entretiens avec M. Guizot, qu'il reçut avec un mélange de bienveillance et d'humeur. «On est bien exigeant avec moi, lui dit-il un jour; mais je le comprends; on est toujours bien aise de faire avoir à un ami 300,000 livres de rente.—Sire, répondit le futur ambassadeur, mes amis et moi, nous sommes de ceux qui aiment mieux donner 300,000 livres de rente que les recevoir.» On était alors près de discuter la dotation du duc de Nemours, dont nous allons bientôt parler. Le Roi sourit et reprit sa bonne humeur. (Mémoires de M. Guizot, t. IV, p. 374.)
157: Instructions en date du 19 février 1840. (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
158: Dépêches du général Sébastiani au maréchal Soult, 20 et 28 janvier 1840 (Mémoires de M. Guizot, Pièces historiques.)
159: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
160: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
161: Cf. plus haut, t. III, p. 159 et 158, 163 à 165.
162: Questions scandaleuses d'un jacobin au sujet d'une dotation, février 1840.
163: Mémoires de M. Dupin, t. IV, p. 75-77.
164: M. Odilon Barrot, qui faisait partie de la commission, a fait de cet incident, dans ses Mémoires (t. 1er, 346 et 347), un récit d'une étonnante inexactitude. D'après lui, la commission, sur le refus du Roi de fournir aucune justification, même apparente, de l'insuffisance de son domaine privé, aurait conclu au refus de la dotation. C'est du pur roman. Ce n'est pas, du reste, la seule erreur de ce genre qu'on pourrait relever dans ces Mémoires. On en vient à se demander si leur auteur avait la pleine possession de ses souvenirs au moment où il les a écrits.
165: Parmi les biens du domaine privé se trouvait la forêt de Breteuil, que Louis-Philippe avait, en octobre 1830, achetée dix millions à M. Laffitte, pour lui venir en aide dans sa déconfiture. Le revenu en étant évaluée 188,870 francs dans les pièces remises à l'appui de la demande de dotation, M. Laffitte réclama. «La France entière, dit-il, apprendra avec étonnement que j'aie pu vendre pour dix millions une forêt qui ne rapporte que 188,870 francs.» Il prétendait qu'entre ses mains, cette forêt rapportait 360,000 francs. Il fallait un triste courage à M. Laffitte pour soulever une semblable contestation. La forêt que le Roi lui avait payée 10 millions en octobre 1830, à une époque d'universelle dépréciation, M. Laffitte l'avait achetée, quatre ans auparavant, en pleine prospérité, un peu plus de cinq millions de francs. L'achat apparent avait donc été de la part du Roi une pure libéralité, au même titre, d'ailleurs, qu'une somme de quinze cent mille francs qu'il avait alors payée aux lieu et place du banquier libéral, et qui ne lui avait jamais été rendue. Devenu l'adversaire du Roi, M. Laffitte eût dû éviter de faire porter son opposition sur un pareil sujet.
166: Ceux qui se réunissaient dans cette étrange majorité étaient conduits par des mobiles assez divers. «Les causes du vote peuvent se résumer ainsi, disait deux jours après le Journal des Débats: la haine, l'ambition, la peur. La haine de la royauté a fait le tiers des voix, l'ambition du pouvoir et la peur de la presse ont fait les deux autres.»
167: Journal inédit de M. de Viel-Castel.
168: «Je ne saurais trouver de termes pour dire à quel point la Reine se sentit blessée au cœur; c'était à ses yeux une des plus mortelles atteintes que pût recevoir la royauté.» (Trognon, Vie de Marie-Amélie, p. 283.)
169: Lutèce, p. 25.—Proudhon, lui aussi, relevait l'inconséquence de cette bourgeoisie: «Qu'est-ce qu'une royauté à qui on compte ses revenus, franc par franc, centime par centime? écrivait-il, le 27 février 1840, à un de ses amis... Qui veut le roi veut une famille royale, veut une cour, veut des princes du sang, veut tout ce qui s'ensuit. Le Journal des Débats dit vrai: les bourgeois conservateurs et dynastiques démembrent et démolissent la royauté, dont ils sont envieux comme des crapauds.» (Correspondance de Proudhon, t. Ier, p. 194.)
170: Chronique politique de la Revue des Deux Mondes du 15 mars 1840.
171: Mémoires de Metternich, t. VI, p. 393.
172: En septembre 1839, les divisions intérieures de l'armée carliste et la trahison de Maroto, général en chef de cette armée, avaient obligé Don Carlos à quitter l'Espagne et à se réfugier en France.
173: Quelques jours plus tard, le 28 février, le Roi disait à M. Duchâtel: «Je signerai demain mon humiliation.» Et comme, le lendemain, M. Thiers avait peine à trouver un ministre des finances: «Cela ne fera pas difficulté, dit Louis-Philippe; que M. Thiers me présente, s'il veut, un huissier du ministère; je suis résigné.» (Mémoires de M. Guizot, t. V, p. 13.)
174: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
175: Lettre du 25 avril 1840. (Documents inédits.)
176: Documents inédits.—À la même époque, M. Doudan écrivait à M. d'Haussonville: «Est-ce que vous vous êtes figuré que vous alliez devenir le gendre d'un ministre? Non, j'imagine. Quand M. de Broglie eût pu disposer de son temps et qu'il eût eu l'esprit aux affaires, je n'aurais jamais pu désirer qu'il se jetât au milieu de ces petites factions turbulentes, exigeantes..... Je suis convaincu qu'un mois après l'inauguration de ce cabinet, dont beaucoup disent qu'il eût été le salut du peuple, les inquiétudes maladives que les partis ont dans les jambes auraient recommencé de plus belle. On a tellement travaillé à disperser les groupes dans la Chambre des députés que, sauf la haine, qui est changeante, il n'y a pas de cohésion entre quatre chats. Chacun se promène en liberté dans sa gouttière, l'air capable et impertinent, et vous voulez qu'on se mette à rallier cette grande dispersion! Il faut laisser faire cela au temps et aux événements.» (Lettre du 12 mars 1840, Mélanges et Lettres, t. Ier, p. 291, 292.)
177: Cf. t. III, p. 22 et 23.
178: Cf. t. III, p. 119.
179: M. de Rémusat écrivait alors à M. Guizot: «Je ne me dissimule aucune objection, aucun danger, aucune chance de revers et, ce qui est plus dur, de chagrin; j'en aurai de cruels; mais je me sens un fonds inexploité d'ambition, d'activité, de ressources, que cette occasion périlleuse m'excite à mettre enfin en valeur, et il y a en moi un je ne sais quoi d'aventureux, bien profondément caché, que ceci tente irrésistiblement.» (Mémoires de M. Guizot, t. V, p. 16.)
180: «J'ai été témoin, dans le cabinet du duc de Broglie, raconte M. Duvergier de Hauranne, des hésitations de M. de Rémusat et des efforts qu'il eut à faire pour les surmonter, non certes qu'il n'eût en M. Thiers une entière confiance, mais parce qu'il craignait que le parti du dernier ministère n'attribuât à l'ambition ce qui était chez lui un acte de dévouement.» (Notice sur M. de Rémusat.)
181: «Travail de décomposition», c'est l'expression même, dont se servait un journal officieux, le Messager du 7 mars, pour indiquer l'œuvre que poursuivait M. Thiers dans la Chambre.
182: Séance du 4 mars.
183: Documents inédits et Mémoires de M. Guizot, t. I, p. 15 à 25.
184: Le Courrier français disait, à propos de M. Thiers, le 5 mars 1840: «Les hommes placés dans une position difficile ne livrent pas leur secret, quand ils ne peuvent encore le faire connaître qu'à demi.»
185: Le Constitutionnel, organe de M. Thiers, disait, le 14 mars: «Ce que la gauche voit dans l'origine du ministère actuel, c'est que tout parti en mesure d'avoir la majorité dans la Chambre n'a pas d'obstacle à vaincre hors de la Chambre. Ceci n'est pas, si l'on veut, une conquête faite par le 1er mars; mais le 1er mars a constaté que la conquête était faite.»
186: Le National disait, par exemple, le 6 mars: «Il faut que notre opposition constitutionnelle de dix ans soit tombée bien bas dans sa propre estime et désespère bien de sa fortune, pour placer ainsi, à fonds perdu, son honneur et son avenir sur la tête d'un aventurier politique.»
187: Documents inédits.
188: Dès le 1er mars, il avait écrit à M. Guizot: «Je garderai ma position amicale sans être invariable, prêt à m'éloigner ou même à combattre si le ministère dérive à gauche d'une manière alarmante, mais content s'il se maintient dans la modération, et ne négligeant rien pour le fortifier dans le dessein de faire le mieux possible.» (Documents inédits.)
189: Mélanges et Lettres, t. I, p. 290.
190: Constitutionnel du 9 mars 1840.
191: Dans la déclaration sommaire que M. Thiers avait lue aux Chambres, le 4 mars, cette prétention était très-visible, et le ministre avait presque insinué qu'il venait de faire capituler la couronne. Le Journal des Débats avait alors critiqué «cette affectation à dire et à répéter: «Le Roi et moi». Par contre, le Courrier français avait félicité le président du conseil d'avoir «fait valoir son droit de chef de parti, en regard du droit que la couronne a de choisir entre les hommes et les opinions»; et il avait ajouté: «M. Thiers ne dit pas que la couronne a cédé, car un ministre doit couvrir le Roi; mais il résulte de son discours, qu'il n'a pas fait, en entrant aux affaires, le sacrifice de ses opinions, et c'est là tout ce que le public demande à savoir.» Le National, trop heureux de voir la monarchie diminuée par ceux qui eussent dû être ses défenseurs, demandait en raillant: «Comment les journaux de la cour prendront-ils ce nouveau spécimen de familiarité respectueuse qui place sur la même ligne la couronne et un simple sujet? M. Thiers et le Roi, le Roi et M. Thiers sont heureusement d'accord pour faire le bonheur, la prospérité et la gloire de la France. Voilà ce que le président du cabinet du 1er mars a bien voulu annoncer au monde.»
192: Lettre de Mgr Garibaldi, internonce du Saint-Siége. (Vie du cardinal Mathieu, par Mgr Besson, t. I, p. 247.)
193: «Le Journal des Débats disait, le 3 mars, dans un article qui fut remarqué: «La couronne n'aurait pas voulu choisir ces ministres, qu'elle aurait été forcée de les accepter, forcée par sa prudence, et pour ne pas empirer une situation dangereuse. M. Thiers a voulu être le maître, et il l'est, sauf, bien entendu, sa responsabilité devant le Roi et devant les Chambres.»
194: Journal inédit de M. de Viel-Castel.
195: Le Constitutionnel disait, à la date du 12 mai: «M. Thiers donne d'égales garanties aux deux partis qu'il s'agit de rallier. Mais c'est précisément ce dont on l'accuse. M. Thiers, dit-on, a deux passés. Nous disons que c'est son mérite, c'est la gloire de son bon sens.»
196: Le vicomte de Launay (madame Émile de Girardin) faisait, le 7 mars 1840, dans ses Lettres parisiennes du journal la Presse, ce tableau, chargé comme toute satire, de ce qu'il appelait la «traite des députés faite hautement par les pourvoyeurs de M. Thiers»: «Chaque soir, on fait le relevé des acquisitions de la journée. Aurons-nous un tel?—J'en réponds, si vous lui promettez ça pour son gendre.—Et un tel, si on lui offrait ceci?—Ce n'est pas la peine; nous l'aurons pour rien; j'ai vu sa belle-mère.—...Ah! si nous pouvions avoir ***!—Ce n'est pas si difficile qu'on le croit; il vient de perdre cinquante mille francs dans une affaire, il est bien gêné.—...Mais notre plus belle conquête, c'est le bon ***.—Quoi, il s'est engagé?—Sur l'honneur!—Mon cher, vous êtes un sorcier. Qu'avez-vous fait pour le séduire?—Je l'ai pris par les sentiments.—Je ne vous comprends pas.—Ah! tu n'as pas d'enfants! Le gros bonhomme a deux filles à marier... Je possède un peu bien ma statistique parlementaire. Je sais ceux qui ont des filles à établir, ceux qui ont des fils à placer, ceux qui ont des frères incapables sur les bras, ceux qui ont des intérêts de cœur dans les théâtres royaux, ceux qui ont des secrets à cacher, ceux qui ont des manufactures à soutenir, ceux qui ont des forges, ceux qui ont des sucres, ceux qui ont des rentes, et ceux, enfin, qui ont des dettes. Eh! je dis avec le proverbe: Qui paye leurs dettes s'enrichit.»
197: M. Duvergier de Hauranne rapporte qu'un des amis de M. Molé disait alors de lui: «Il prétend que si le ministère tombe aujourd'hui, ce sera à son profit, et dans un an, au profit de M. Guizot. C'est pour cela qu'il se presse.» (Notes inédites.)
198: 20 mars 1840.
199: «Je le dis à la gauche, s'écriait l'orateur radical, deux choses sont essentielles aux partis: la moralité et assurément aucune fraction de la Chambre n'a plus de moralité que celle à laquelle je m'adresse, et l'habileté... L'habileté, il ne faut pas seulement en avoir, il faut qu'on y croie. Au 22 février, vous avez compté sur des progrès, et vous avez été bienveillants; ces progrès ne sont pas venus; votre réputation d'habileté en a, ce me semble, subi quelque atteinte. Faites en sorte que l'avenir ne soit pas encore plus grave que le passé. Vous vous livrez sans condition; vous n'amenez pas les choses avec vous, vous les réservez pour l'avenir. Prenez-y garde, le pays se dira peut-être un jour: Ceux-là qui ne sont pas assez habiles pour se conduire, ne sont pas assez habiles pour nous conduire nous-mêmes.»
200: Aussi la Revue des Deux Mondes félicitait-elle ironiquement M. Thiers d'avoir obtenu un tel vote de la gauche. «La gauche, disait-elle, a voté publiquement les fonds secrets, les fonds de la police, les fonds dont on ne rend pas compte et qui sont particulièrement destinés au maintien de l'ordre. La gauche, en les votant, a abdiqué; elle a abdiqué ses préventions, ses préjugés, ses utopies; on ne revient pas d'un tel vote, car on en reviendrait brisé, déconsidéré, presque annihilé. Les fonds secrets! Mais c'est le mot sacré de la franc-maçonnerie gouvernementale; une fois prononcé, on est initié.»
201: Lettre du 28 mars 1840. (Documents inédits.)
202: Cette politique, exposée dans une lettre de M. Dumon à M. Guizot (Mémoires de M. Guizot, t. V, p. 349-50), se trouvait aussi formulée chaque matin dans le Journal des Débats. (Cf. notamment le numéro du 6 avril.)
203: Constitutionnel du 10 avril. Cf. aussi le Siècle de la même date.
204: Le Courrier français du 10 avril se plaignait des «ménagements de M. Thiers pour les 221», et il ajoutait: «En appuyant le ministère du 1er mars, la gauche a entendu que le pouvoir se déplacerait, hommes et choses.»
205: Cf. la lettre que le duc de Broglie écrivait alors à M. Guizot: il en était arrivé à douter que M. Thiers pût durer jusqu'à la session suivante, et il invitait M. Guizot à se tenir prêt à le remplacer. (Guizot, Mémoires, t. V, p. 348, 349.)
206: Le rapporteur faisait ici allusion à l'engagement pris de définir l'attentat.
207: Lettre du 12 avril 1839. (Documents inédits.)
209: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
210: Voici comment M. Thiers avait été amené à faire cette déclaration. Il examinait les raisons diverses qui avaient, au commencement du siècle, amené une lutte acharnée entre la France et l'Angleterre. «La France, alors, disait-il, n'avait pas renoncé à être une puissance maritime et coloniale de premier ordre; elle n'avait pas renoncé au rêve brillant des possessions lointaines; elle avait voulu prendre la Louisiane, Saint-Domingue et même essayer sur l'Égypte une tentative merveilleuse, moins solide qu'éclatante, mais dont le but avoué était de menacer les Anglais dans l'Inde. Notre puissance, alors, à quoi la faisions-nous servir? À coaliser toutes les marines de l'Europe sous notre drapeau. Eh bien, il y avait là des raisons d'une lutte acharnée. Mais, heureusement, plus rien de cela n'existe... La France s'est éclairée sur la véritable voie de sa grandeur. Qui songe aujourd'hui parmi nous à des possessions lointaines?... C'est que l'esprit de la France a changé, c'est que tout le monde sent que notre grandeur véritable est sur le continent.»
211: Cf. t. II, p. 305.
212: De la Hodde, Histoire des sociétés secrètes et du parti républicain, p. 334.
213: Godefroy Cavaignac devait mourir en 1845.
214: M. Capo de Feuillide, qui faisait une opposition très-vive dans le Journal de Paris, avait reçu une mission aux Antilles, et ce journal était devenu du coup ministériel. La Presse disait de son côté: «On m'a pris le meilleur de mes rédacteurs; je le cherche partout; si M. le président du conseil voulait me le rendre, il me ferait un vrai présent, car ce rédacteur a beaucoup de talent.» Il s'agissait de M. Granier de Cassagnac, qui avait reçu une mission analogue à celle de M. Capo de Feuillide.
215: Séance du 16 mai.
216: Expressions de M. Guizot.
217: M. Barrot s'exprima en ces termes, dans son bureau: «Je n'aurais pas pris l'initiative de la proposition... Toutefois, s'il y a, dans les centres, des députés plus hardis que nous ou plus impatients, nous ne leur fermerons pas la carrière. Ils nous y retrouveront avec les principes que nous avons constamment professés et que nous ne déserterons pas. C'est pourquoi je ne m'oppose pas à sa lecture.»
218: Mémoires de Guizot, t. V, p. 351-3.
219: M. de Rémusat n'est pas resté jusqu'à la fin de sa vie très-fier de ce morceau d'éloquence. «J'ai souvent interrogé M. de Rémusat sur les actes de son ministère, a écrit plus tard M. Duvergier de Hauranne. Il n'en regrettait aucun, à l'exception peut-être du discours qu'il prononça le 12 mai, pour annoncer à la Chambre le retour en France des cendres de Napoléon.»
220: Il se trouva que ce voisin était M. Duvergier de Hauranne, l'un des très-rares députés qui avaient résisté à l'entraînement général. «Oui, répondit-il, c'est une bonne blague.» «M. Thiers, ajoute M. Duvergier de Hauranne, en racontant cet incident, parut blessé de la réponse; mais l'événement prouva bientôt que je le flattais.» (Notes inédites.)
221: Le Courrier français du 13 mai disait: «Le ministère peut s'applaudir de ce grand acte de réparation... Il restitue à Napoléon cette légitimité populaire qui fit sa force et son droit. C'est consacrer en même temps la légitimité de notre révolution et de la monarchie que le peuple a choisie. C'est retremper ce gouvernement à sa véritable source et lui donner ce baptême de la popularité qui semblait peu à peu s'effacer.»
222: «Dès aujourd'hui, disait encore le Courrier français, les traités de Vienne sont moralement déchirés. Il faut reconnaître dans cette démarche du cabinet un engagement pour l'avenir.»
223: Journal des Débats du 13 mai.
224: Le National du 13 mai disait: «Ces souvenirs ne vont-ils pas se réveiller demain, dans toute la France, comme une sanglante accusation contre toutes les lâchetés qui souillent depuis dix ans nos plus brillantes traditions?»
225: Henri Heine écrivait de Paris, le 30 mai: «Toujours lui! Napoléon et encore Napoléon! Il est le sujet incessant des conversations de chaque jour, depuis qu'on a annoncé son retour posthume.» (Lutèce, p. 79.)
226: La statue fut inaugurée en 1833, et l'Arc de triomphe en 1836.
227: Mémoires et Correspondance du roi Jérôme et de la reine Catherine.
228: «N'oublions pas, disait M. de Lameth, que Napoléon a détruit la liberté de son pays et qu'il a été cause, par son ambition, de l'invasion de la France.» Puis, faisant allusion à certaines agitations bonapartistes: «Il existe déjà parmi nous trop de ferments de discorde, n'en augmentons pas le nombre.»
229: 7 octobre 1830.
230: Cette pièce, intitulée À la Colonne et datée du 9 octobre 1830, a été insérée dans les Chants du crépuscule.
231: 13 septembre 1831.—«Napoléon, dit La Fayette, a comprimé l'anarchie; il ne faut pas que ses cendres viennent l'accroître aujourd'hui.»
232: En octobre 1847, recevant Jérôme Bonaparte et son fils, Louis-Philippe les engageait à visiter Versailles, «où, disait-il, il avait mis en présence les deux grandes figures de la France, Louis XIV et l'Empereur».
233: Bulwer, Life of Palmerston, t. III, p. 40.
234: M. Élias Regnault (Histoire de Huit ans, t. I, p. 142) attribue à la négociation poursuivie avec le cabinet anglais, une origine très-singulière. Ce serait O'Connell qui, circonvenu par un des parents de l'Empereur, aurait le premier averti lord Palmerston de son intention de proposer à la Chambre des communes la restitution des restes de Napoléon. Lord Palmerston aurait alors informé M. Thiers qu'il serait obligé de répondre à O'Connell que jamais le gouvernement français n'avait demandé cette restitution. M. Thiers n'aurait fait sa démarche que sur cette provocation. Dans les documents français et anglais, notamment dans la correspondance de lord Palmerston, rien ne confirme et tout contredit cette version, évidemment inventée par les républicains pour diminuer aux yeux des patriotes l'initiative du gouvernement de Juillet.
235: Journal des Débats du 22 mai.
236: Articles du 23, du 24 et du 29 mai 1840.
237: Lettre du capitaine Callier au maréchal Soult, du 27 mai 1840. (Documents inédits.)
238: Articles du 27 et du 28 mai 1840.
239: Journal des Débats, 29 mai 1840.
240: Article du 31 mai 1840.
241: Le Courrier français disait, par exemple, le 4 juin 1840: «Il se passera bien du temps et il faudra bien des actes, avant que nous puissions reprendre confiance dans la fermeté du ministère, dans notre propre parti.»
242: M. Thiers d'ailleurs était, depuis la coalition, suspect à l'Europe. Dès le 14 mai 1839, M. de Barante écrivait à M. Bresson: «M. Thiers est devenu un véritable épouvantail; on se trouble au nom de celui que la renommée présente comme livré à une imagination turbulente.» (Documents inédits.)
243: Cf, sur la situation budgétaire, ce que j'ai dit au tome III, p. 247 à 250.
244: Henri Heine écrivait le 20 mai 1840: «M. Thiers a gagné de nouveaux lauriers par la clarté convaincante avec laquelle il a traité, dans la Chambre, les sujets les plus arides et les plus embrouillés... Cet homme connaît tout; nous devons regretter qu'il n'ait pas étudié la philosophie allemande: il saurait l'expliquer également.» (Lutèce, p. 60.)
245: Documents inédits.
246: Documents inédits.
247: Lettres de M. Doudan, t. I, p. 308.
248: Naguère, en pleine Académie française, M. Pasteur se plaignait éloquemment du tort que faisait ainsi la politique à la science. «Pourquoi, s'écriait l'illustre savant, faut-il que cette accapareuse prenne trop souvent les meilleurs, les plus forts d'entre nous?» Et il ajoutait: «Ce que la politique a coûté aux lettres, la littérature le calcule souvent avec effroi. Mais la science elle-même peut faire le triste dénombrement de ses pertes. De part et d'autre, combien de forces, déviées de leurs cours, vont s'abîmer inutilement dans des questions trop souvent aussi mouvantes et aussi stériles qu'un monceau de sable!»
249: Ce trait de la vie d'Arago, passé sous silence par ses biographes démocrates, est rapporté par M. Odilon Barrot, dans ses Mémoires, t. II, p. 32.
250: Cette discussion sur la réforme électorale avait lieu le 16 mai, et c'était le 12 que M. de Rémusat avait annoncé à la Chambre le «retour des cendres».
251: Cf. plus haut, p. 84 et p. 87.
252: Journal du Peuple du 31 mai 1840.
253: Lettre du 30 avril 1840 (Lutèce, p. 29).
254: Les ouvriers faisaient ici allusion à une expression malheureuse échappée, quelques jours auparavant, à M. Sauzet, président de la Chambre. Celui-ci, voulant rappeler à la question un orateur qui, à propos d'une loi sur les sucres, déclamait sur les ouvriers sans ouvrage, avait dit: «Nous sommes chargés de faire des lois, et non pas de donner de l'ouvrage aux ouvriers.» Cette phrase avait été aussitôt relevée et amèrement commentée par tous les journaux d'extrême gauche.
255: Cf. plus haut, p. 146 à 152.
256: 10 et 19 juin 1840.
257: Siècle du 6 juin, Courrier français du 6 et du 10 juin.—La gauche sentit très-vivement ce désappointement. Deux ans après, M. Léon Faucher, rédacteur du Courrier français, s'en souvenait encore et écrivait, le 8 novembre 1842, à M. Duvergier de Hauranne: «Nous ne pouvons à aucun prix recommencer l'épreuve du 1er mars. Rémusat en particulier, par son obstination à conserver les préfets, nous avait tout à fait sacrifiés. Pour ma part, j'ai failli y perdre ma position, ma santé... S'immoler à des personnes, c'est être dupe et faire des ingrats. Encore aujourd'hui, quatre ou cinq journaux me font l'honneur de m'attaquer personnellement comme si j'étais ministre, et pourtant je suis peut-être le seul homme de la presse, avec Chambolle, qui n'ai rien demandé ni rien accepté du 1er mars.» (Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 396.)
258: Documents inédits.
259: Documents inédits.
260: Lettre du capitaine Callier au maréchal Soult. (Documents inédits.) Le capitaine Callier, aide de camp du maréchal, était resté à Paris pour tenir ce dernier, alors à la campagne, au courant des événements politiques.
261: Cf. plus haut, p. 136 et suiv.
262: Correspondance de M. Thiers avec M. Guizot, publiée par extraits dans les Mémoires de ce dernier, et dépêches inédites de M. Thiers à ses autres ambassadeurs.
263: Senior, Conversations with M. Thiers, M. Guizot, and other distinguished persons, t. I, p. 4.—Dans cet entretien, auquel nous avons déjà fait allusion, M. Thiers se donnait comme ayant été personnellement peu favorable au pacha; seulement, quand il prit le pouvoir, il trouva le Roi et l'opinion trop échauffés sur la question égyptienne pour pouvoir aller à l'encontre. «Je consultai Granville, ajouta-t-il, qui me donna le conseil de temporiser jusqu'à ce que les Français, avec leur habituelle versatilité, eussent porté leur attention sur un autre sujet... Je suivis ce conseil.»
264: M. Thiers écrivait le 8 juin à M. Guizot: «Il ne faut pas avoir l'air d'abjurer la note du 27 juillet, car un revirement de politique, l'abandon patent d'un engagement antérieur doit s'éviter avec soin.» (Mémoires de M. Guizot.)
265: Le ministère du 12 mai lui-même, très-peu de temps après la note du 27 juillet, en était à regretter l'arrangement direct. Le maréchal Soult écrivait, le 15 octobre 1839, au duc d'Orléans: «Quant à la Russie, elle pousse le Divan, par M. de Boutenieff, à s'arranger directement avec le vice-roi, qui paraît avoir à ce sujet des espérances. Si cela arrive, au lieu de l'empêcher, nous y donnerons notre consentement, et, pour en finir, ce serait l'issue la plus favorable.» (Documents inédits.)
266: Voy. les lettres écrites sur ce sujet par M. Thiers à M. Guizot, notamment celles du 21 mars et du 28 avril 1840. (Mémoires de M. Guizot.)
267: À Vienne, M. de Sainte-Aulaire ayant voulu entretenir M. de Metternich de la question d'Orient, celui-ci le pria de ne plus lui parler de cette affaire. «Je n'aurais rien de nouveau à vous apprendre, lui dit-il, et ma maxime est de ne jamais parler dans un lieu de ce qui se traite dans un autre.» Aussi M. de Sainte-Aulaire, découragé, avait-il demandé et obtenu un congé. (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
268: M. Guizot dit lui-même modestement, en commençant, dans ses Mémoires, le beau récit de son ambassade: «J'avais beaucoup étudié l'histoire d'Angleterre et la société anglaise. J'avais souvent discuté dans nos Chambres les questions de politique extérieure. Mais je n'étais jamais allé en Angleterre et je n'avais jamais fait de diplomatie. On ne sait pas combien on ignore et tout ce qu'on a à apprendre, tant qu'on n'a pas vu de ses propres yeux le pays et fait soi-même le métier dont on parle.»
269: Pour le récit des négociations qui vont suivre, jusqu'à la signature du traité du 15 juillet, je m'attache principalement aux documents diplomatiques publiés dans les Mémoires de M. Guizot, en les complétant par les Papiers inédits dont j'ai eu communication, et par les publications anglaises, notamment: Life of Palmerston, par Bulwer; Greville Memoirs et Correspondence relative to the affairs of the Levant. Les documents qui seront cités au cours de ce récit, sans indication de source particulière, sont tirés des Mémoires de M. Guizot.
270: Lord Palmerston écrivait, le 16 avril, dans une lettre intime au comte Granville: «Il est manifeste que le gouvernement français nous a trompés dans les affaires de Buenos-Ayres, comme il l'a fait presque toutes les fois que nous avons été en rapport avec lui, par exemple en Espagne, en Portugal, en Grèce, à Tunis, en Turquie, en Égypte, en Perse, où sa conduite et son langage ont toujours été divergents. La vérité,—quelque répugnance qu'on ait à l'avouer,—est que Louis-Philippe est un homme dans lequel on ne peut avoir une solide confiance. Cependant, il est là, et nous l'appelons notre allié; seulement, nous devons être éclairés par l'expérience, et ne pas attacher à ses assertions ou professions, une valeur plus considérable que celle qui leur appartient réellement; plus particulièrement quand ses paroles sont, comme dans l'affaire d'Égypte, non-seulement différentes de ses actes, mais inconciliables même avec ceux-ci» (Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 272, 273.)
271: C'est le même sentiment qui fera dire, plus tard, en 1841, à la Revue d'Édimbourg, pour justifier rétrospectivement la politique de lord Palmerston: «La France humiliait l'Angleterre dans la Méditerranée.»
272: Lord Palmerston écrivait à lord Granville: «Le rapport qui m'a été envoyé par Hodges (consul anglais à Alexandrie), de son entrevue avec Méhémet-Ali, me fait penser que celui-ci finira par se rendre. Il était très-mécontent, extrêmement agité, très-violent et fort véhément dans ses affirmations qu'il ne céderait pas, les appuyant de serments solennels; tout ceci indique qu'il a conscience de sa faiblesse, et qu'au fond il a peur.» (Bulwer, t. II, p. 270.) Cette lettre est datée du 11 mars 1840: il y a là une erreur évidente; certains passages de la lettre, relatifs au général Sébastiani et à M. Guizot, lui assignent une date antérieure, probablement le 11 février.
273: Lettre précitée.
274: Lettre à M. Bulwer, du 14 mars 1846. (Bulwer, t. II, p. 284.)
275: On lit dans le Journal de M. Charles Greville, à la date du 5 septembre 1840: «Clarendon m'a montré, l'autre jour, une longue lettre qu'il écrivit à Palmerston en mars dernier, et où il discutait toute la question orientale, en indiquant les objections qu'elle paraissait soulever et en suggérant ce qu'il aurait voulu faire à sa place. C'était un document assez bien écrit et assez bien raisonné.» (The Greville Memoirs, second part, t. I, p. 301.)
276: Lettre à William Temple, du 27 juillet 1840 (Bulwer, t. III, p. 43.)
277: Cf. The Greville Memoirs, second part.
278: Lettres du 1er et du 6 mai 1840. (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 430, 432.)
279: Mémoire du 25 avril 1840. (Ibid., p. 454 à 464.)
280: Un peu plus tard, M. Greville nous montre, dans son Journal, M. de Neumann parlant à chacun dans le sens qu'il sait lui plaire, énergique avec Palmerston, conciliant avec lord Holland, et il ajoute: «Neumann est un chien servile (a time serving dog).» (The Greville Memoirs, second part, vol. I, p. 329.)
281: Correspondance de M. de Barante, notamment dépêches du 14 avril et du 31 mai 1840. (Documents inédits.)
282: Cf. plus haut, p. 159 et 160.
283: «Je ne suis que le roi de Naples, disait ce prince, c'est-à-dire d'un pays qui a six millions d'âmes; mais je tiendrai tête à l'Angleterre; il en arrivera ce qui pourra.»
284: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 432, 434.
285: Le 13 juillet 1840, lord Palmerston écrivait à son frère, ministre d'Angleterre à Naples: «Je suis très-content, sous tous les rapports, que la question des soufres soit réglée; c'est un grand embarras de moins, et nous avons besoin de tous nos vaisseaux dans le Levant, où nous avons de la besogne à leur faire faire.» Il ajoutait, le 27 juillet, dans une lettre au même: «Il est heureux que nous ayons fini notre querelle napolitaine, et une des raisons qui me rendaient si impatient de la terminer était que je prévoyais que nous aurions besoin de toutes nos forces disponibles pour conduire nos opérations dans le Levant. Thiers, sans doute, pense que nous l'avons joué dans cette affaire, en obtenant que sa médiation fût terminée avant qu'il ne voulût y mettre fin, et cela le fâche fort. Mais sa mauvaise humeur se dissipera.» (Bulwer, t. III, p. 41 à 44.)
286: Dépêche de M. Cochelet, 26 mai 1840.
287: Lettre citée par M. Guizot dans son discours du 26 novembre 1840.
288: Des dépêches officielles publiées, un peu plus tard, par le gouvernement anglais lui-même (Correspondence relative to the affairs of the Levant), il ressort, en effet, que lord Ponsonby, au su de lord Palmerston, avait fomenté cette insurrection. «Je puis répondre des habitants du Liban, écrivait-il à son ministre, le 23 avril 1840, pourvu que l'Angleterre veuille agir et les aider.» À la fin de juin, les émissaires secrets ne lui suffisaient plus: il envoyait à Beyrouth son propre drogman, M. Wood, qui, du navire anglais où il résidait, appelait à lui les chefs de la montagne et les poussait à la révolte en leur promettant des armes. Ce drogman informait l'ambassadeur du bon résultat de ses démarches. «Il n'y a jamais eu, peut-être, disait-il, un moment plus favorable pour séparer la Syrie de l'Égypte et pour accomplir les vues politiques de lord Palmerston. J'explique aux Syriens les désirs de la politique de la Grande-Bretagne et le succès qui doit nécessairement suivre, s'ils nous assistent. Ils comprennent tout cela parfaitement; mais ils demandent toujours un appui indirect de notre part; autrement ils seraient écrasés. Je n'épargne aucun effort pour remplir les vues de Votre Seigneurie, malgré les difficultés dont je suis environné et qui dérivent de ma situation même.» Le gouvernement anglais fut si satisfait du zèle déployé en cette circonstance par M. Wood, qu'il le nomma peu après vice-consul à Beyrouth.
289: Bulwer, t. III, p. 44.
290: Quelques jours plus tard, le 27 juillet, rendant compte à son frère de ce qui s'était passé, Palmerston reconnaissait la gravité de l'opposition à laquelle il avait eu affaire. «Thiers et Guizot, disait-il, s'étaient persuadés que le cabinet anglais ne se laisserait jamais conduire à se séparer de la France sur cette question... Il y avait quelque fondement à cette méprise, car, quand on vint à délibérer sur cette question, je trouvai une telle résistance de la part de Holland et de Clarendon, et une telle tiédeur chez les autres membres du cabinet, que j'envoyai ma démission...» (Bulwer, t. III, p. 43.)
291: Bulwer, t. II, p. 315 et suiv.
292: Ibid., p. 321.
293: Dépêche de M. Guizot à M. Thiers, du 11 juillet 1840, et ses lettres au duc de Broglie et au général Baudrand, du 12 juillet.
294: M. Thiers disait, quelques jours après, le 6 août, dans une dépêche à M. Guizot: «Ce que les procédés obligés avec une cour alliée exigeaient, c'est que l'Angleterre, avant de conclure, fît une dernière démarche auprès de l'ambassadeur de France, et lui soumît la convention proposée, en lui laissant le choix d'y adhérer ou non. Il est bien vrai que l'adhésion de la France à toute résolution entraînant l'emploi de la force contre le vice-roi n'était nullement supposable, car elle s'était souvent expliquée à cet égard; mais toutes les formes eussent été observées.»
295: Le texte même de ce document est publié dans les Pièces historiques des Mémoires de M. Guizot.
296: Bulwer, t. III, p. 42.
297: M. Thiers a affirmé ce fait plus tard à la tribune. (Discours du 25 novembre 1840.)
298: Ce ne sera que le 16 septembre, après les ratifications échangées, que communication sera faite du traité au gouvernement français. La presse anglaise, il est vrai, en avait auparavant révélé les principales dispositions.
299: Lettre du 27 juillet 1840. (Bulwer, t. III, p. 43.)
300: Il était alors de langage courant, en France; de qualifier Méhémet-Ali de «nouvel Alexandre».
301: Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 277, 278.
302: Ibid., p. 274, 275.
303: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
304: Mémoires de M. Guizot.
305: Le 3 pour 100, qui était, le 18 juillet, à 86 fr. 50, se cotait 78 fr. 75, le 6 août. Les actions de la Banque de France baissèrent de 3,770 à 3,000 francs.
306: Journal inédit du baron de Viel-Castel.
307: Lutèce, p. 99, 100, 108.
308: Lettre de M. de Lavergne, alors chef du cabinet du ministre de l'intérieur. (Mémoires de M. Guizot.)
309: Lettre à M. Guizot. (Documents inédits.)
310: Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. Ier, p. 93.
311: C'est l'expression employée par M. de Rémusat, dans une lettre écrite à M. Guizot, aussitôt après avoir connu le traité. (Mémoires de M. Guizot.)
312: Lettre du 18 décembre 1840.
313: Cette confiance paraissait appuyée sur les témoignages les plus autorisés. Le maréchal Marmont, qui vivait alors à Vienne, répétait souvent à M. de Sainte-Aulaire qu'il avait vu manœuvrer l'armée du pacha, et qu'à nombre égal elle n'aurait pas à craindre une armée russe. (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
314: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
315: Bulwer, t. II, p. 309.
316: Cf. les Mémoires de M. Guizot, les Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire, la correspondance également inédite de M. Thiers avec M. de Barante.
317: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
318: Lettre de M. Thiers à M. de Barante, 22 août 1840. (Documents inédits.)
319: C'est ce qui faisait écrire déjà, sous la Restauration, à la duchesse de Broglie: «La marotte de nos libéraux, c'est l'économie; ils ne voient dans la liberté qu'une soupe économique.» (Souvenirs du feu duc de Broglie, t. II, p. 95.)
320: Lettre à M. Guizot, 29 août 1840. (Mémoires de M. Guizot.)
321: Dès le 26 juillet, le duc d'Orléans n'a qu'une préoccupation, c'est que le gouvernement ne soit pas assez belliqueux. «Je crains,—écrit-il à son frère le prince de Joinville, alors en mer pour aller chercher la dépouille de l'Empereur,—je crains que nos adversaires n'aient l'immense supériorité que donne la volonté bien arrêtée de faire la guerre dans certains cas, sur l'hésitation, la mollesse et la pensée secrète de ne jamais faire la guerre dans aucun cas.» (Revue rétrospective.)
322: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 516.
323: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
324: Un peu plus tard, le Roi expliquait ainsi à M. Pasquier son attitude presque belliqueuse: «Si, le lendemain du traité, je m'étais prononcé pour la paix, M. Thiers eût quitté le ministère, et je serais aujourd'hui le plus impopulaire des hommes. Au lieu de cela, j'ai crié plus haut que lui, et je l'ai mis aux prises avec les difficultés. Dès le lendemain du premier conseil, après s'être fait rendre compte de l'état de l'armée, M. Thiers est venu me trouver, fort découragé, et a été le premier à me demander de ne rien précipiter. Il fera la paix et j'aurai, aux yeux du pays, l'honneur d'avoir maintenu nos droits avec résolution.» (Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.)
325: Nouvion, Histoire du règne de Louis-Philippe, t. IV, p. 532, 533.
326: Documents inédits.
327: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
328: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
329: Lettre du capitaine Callier au maréchal Soult, 4 septembre 1840, et lettre du duc Decazes à M. de Barante, 29 août 1840. (Documents inédits.)
330: Lutèce, p. 108.
331: Mémoires de M. Guizot.
332: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
333: Dépêche de M. Thiers à M. de Barante, 23 juillet 1840. (Documents inédits.)
334: Mémoires de M. Guizot.
335: The Greville Memoirs, second part, t. I, p. 302.
336: Lettres diverses du 21 juillet au 23 août 1848. (Bulwer, t. II, p. 277 à 282.)
337: The Greville Memoirs, second part, t. I, p. 298, 299.
338: M. Guizot écrivait à M. Thiers, le 29 juillet: «Je suis informé ce matin que le Times hésite à continuer son attaque contre lord Palmerston, tant l'attaque française lui paraît vive et dirigée contre l'Angleterre elle-même autant que contre lord Palmerston.» (Mémoires de M. Guizot.)
339: Mémoires de M. Guizot.
340: M. Greville écrivait alors sur son journal: «Rien ne peut dépasser le mépris avec lequel les palmerstoniens traitent le petit groupe des dissidents, notamment lord Holland et lord Granville, qui, disent-ils, sont devenus tout à fait imbéciles.» (The Greville Memoirs, second part, p. 298.)
341: Bien qu'homme de salon et de sport, Palmerston travaillait énormément et faisait presque tout lui-même. «Ce que je fais me fatigue rarement, disait-il; ce qui me fatigue, c'est ce que je n'ai pas encore pu faire.» Au terme de sa carrière, il disait à ses amis: «Je crois être aujourd'hui l'homme politique de l'Europe qui a le plus travaillé.»
342: Mémoires de M. de Sainte-Aulaire; correspondance de M. de Barante et de M. Bresson. (Documents inédits.)
343: La princesse de Metternich, fort hostile à la France, notait sur son journal, à la date du 2 août: «Les explosions de fureur du petit Thiers inquiètent un peu les cours.» Le chancelier écrivait lui-même, le 4 août, au comte Apponyi, son ambassadeur à Paris: «Il manque au Napoléon civil une chose pour faire le conquérant militaire, et cette chose, ce sont des ennemis prêts à se présenter sur les champs de bataille. La guerre politique n'est pas dans l'air, et il ne dépend pas de M. Thiers de changer à son gré l'état atmosphérique. Il est en son pouvoir, sans doute, de faire éclater la tempête de la révolution; mais qui menacerait-elle en premier lieu, si ce n'est l'édifice de Juillet?... Déployez le plus grand calme vis-à-vis de M. Thiers. Ne vous laissez pas dérouter par des paroles, et s'il vous parle de guerre, faites-lui la remarque que, pour la faire, il faut tout au moins être à deux de jeu. Pas un soldat ne bougera à l'étranger.» Dans une circulaire adressée, le 27 août, à ses agents en Italie et en Allemagne, M. de Metternich constatait «l'inquiétude du public européen à la lecture des journaux français, et surtout lorsqu'il avait vu le gouvernement français prendre des mesures qui décelaient de l'humeur, de la méfiance et la prévision d'une guerre générale.» Cette circulaire concluait ainsi: «Ce qu'il faut craindre, c'est que les esprits infernaux ayant été imprudemment évoqués, ils ne soient difficiles à conjurer, et ne fassent dégénérer une question toute politique en une affaire de propagande révolutionnaire.» (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 404, 435, 436, 478 et 480.)
344: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
345: The Greville Memoirs, second part, p. 306.
346: M. de Bülow était le représentant de la Prusse à Londres, au moment de la signature du traité du 15 juillet.
347: Lettre de M. Bresson à M. de Sainte-Aulaire, 18 septembre 1840. (Documents inédits.)
348: Mémoires de M. Guizot.
349: Mémoires de M. Guizot.—Cf. aussi lettres de M. Thiers à M. de Barante, 22 août et 5 septembre 1840. (Documents inédits.)
350: The Greville Memoirs, second part, p. 304, 305.
351: Ibid., p. 303.
352: Mémoires de M. Guizot.—Cf. aussi, sur le même sujet, la correspondance inédite de M. Bresson et les dépêches citées par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 435.
353: Bulwer, t. II, p. 280 et 283.
354: The Greville Memoirs, second part, p. 306.
355: Mémoires de M. Guizot.
356: Correspondence relative to the affairs of the Levant.
357: Revue rétrospective.
358: Mémoires de M. Guizot.
359: Cf. plus haut, t. III, p. 283 à 287.
360: Journal inédit de M. de Viel-Castel, à la date du 7 août 1840.
361: Entre autres le National et la Revue du progrès de Louis Blanc.
362: Constitutionnel des 8 et 9 août 1840.
363: Documents inédits.
364: Lettres de M. Doudan, t. I, p. 355.
365: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 441, 442.
366: C'est la même idée qu'exprimait alors le National. «On a ramené, disait-il, tous les souvenirs qui se rattachent au nom qu'il porte, et l'on ne veut pas qu'il ait songé à revendiquer l'héritage, lorsqu'un ministre avait proclamé sa légitimité.»
367: Mémoires de M. Guizot, t. V, p. 263.
368: Dans cette même lettre, l'ex-roi de Hollande se plaignait que son fils eût été mis, à la Conciergerie, dans la chambre qu'avait occupée Fieschi. Le gouvernement répondit que cette chambre, depuis qu'elle avait servi à Fieschi, avait subi une transformation complète, ayant été affectée au logement particulier de l'inspectrice du quartier des femmes.
369: Madame Swetchine écrivait, le 22 septembre 1840: «Louis Bonaparte est éteint, annulé, non pas seulement par l'Orient, mais par le procès Lafarge.» Et M. d'Houdetot, pair de France, écrivait, le 30 septembre, à son beau-frère, M. de Barante: «Notre procès de Boulogne est bien terne au milieu de tout cela, et madame Lafarge a tout fait pâlir.» (Documents inédits.)
370: Discours du 22 juillet 1849.
371: Documents inédits.
372: Ceux mêmes qui étaient le plus d'avis d'armer se demandaient parfois s'il n'y avait pas excès. «Je suis de votre avis sur nos armements, écrivait M. Doudan à M. d'Haussonville; je les trouve un peu gigantesques. Nous faisons assez de poudre et de bombes pour faire sauter le monde entier... Si nous avons la paix malgré nos préparatifs, nous ne saurons que faire de nos provisions. Nous serons dans la situation de M. de Rambuteau, avec ses cent mille bouquets, un soir que le bal de l'Hôtel de ville avait été renvoyé.» (Lettres de M. Doudan, t. I, p. 348.)
373: Cf. plus haut, t. II, p. 209 à 214.
374: Dépêche du comte Crotti, en date du 10 septembre 1840, citée par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 443.
375: M. de Sainte-Aulaire rappelle à ce propos que M. Thiers lui avait dit un jour: «Il faut donner à la France le goût de la guerre et de la dépense.» (Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.)
376: Dès le 27 juillet, Henri Heine écrivait: «M. Thiers croit fermement que sa vocation naturelle, ce ne sont pas les escarmouches parlementaires, mais la guerre véritable, le sanglant jeu des armes... Cette croyance à ses capacités de grand capitaine aura tout au moins la conséquence que le général Thiers ne s'effrayera pas beaucoup des canons de la nouvelle coalition...; au contraire, il se réjouira en secret d'être contraint, par une extrême nécessité, à déployer, devant le monde surpris, ses talents militaires.» (Lutèce, p. 100, 101.)—On appelait M. Thiers «le petit Bonaparte», et, sous la plume de certains plaisants, le ministère du 1er mars devenait le ministère de Mars Ier.
377: Lettres du 20 et du 22 août 1840. (Documents inédits.)
378: Journal inédit du baron de Viel-Castel, 21 et 23 septembre 1840.
379: Léon Faucher, Biographie et correspondance, t. I, p. 96.
380: Cf. les dépêches des envoyés sardes ou autres diplomates étrangers, citées par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 440 à 442.
381: Ibid., p. 442.
382: Dépêches du comte Crotti du 27 août et du 5 septembre 1840. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, p. 444.)
383: Journal de M. de Viel-Castel, correspondance du feu duc de Broglie, et lettre du duc Decazes à M. de Barante. (Documents inédits.)
384: Dépêche du comte Crotti, du 24 août 1840, citée par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 443.
385: 19 août 1840.
386: Lettre à M. Guizot. (Documents inédits.)
387: Mémoires de M. Guizot.
388: Documents inédits.
389: Ibid.
390: 30 septembre 1840.
391: M. de Tocqueville écrivait alors que les plus sages réflexions «ne l'empêchaient pas, au fond de lui-même, de voir avec une certaine satisfaction toute cette crise.» Et il ajoutait: «Vous savez quel goût j'ai pour les grands événements et combien je suis las de notre petit pot-au-feu démocratique bourgeois.» (Nouvelle correspondance de M. de Tocqueville, p. 180.)
392: Ibid.
393: Ces mots faisaient illusion à une polémique d'une extrême violence qui occupa alors les journaux. Certains scandales de Bourse avaient fourni à des feuilles ennemies du cabinet, à la Presse entre autres, un prétexte d'accuser M. Thiers, et surtout son beau-père, M. Dosne, d'avoir, en jouant à la baisse grâce à la connaissance anticipée des nouvelles extérieures, gagné des sommes considérables. L'affaire fit tant de bruit que les journaux officieux durent publier un démenti formel, et que M. Dosne écrivit une lettre pour déclarer que, depuis sa nomination comme receveur général, il ne s'était livré à aucune opération de Bourse. Comme il arrive en pareil cas, les démentis ne désarmèrent pas les accusateurs. Cette polémique devait, plusieurs mois après, trouver un écho à la Chambre des députés (séance du 4 décembre 1840) et provoquer une réponse indignée de M. Thiers.—Henri Heine écrivait à propos de ces accusations, le 7 octobre 1840: «Que M. Thiers ait spéculé à la Bourse, c'est une calomnie aussi infâme que ridicule; un homme ne peut obéir qu'à une seule passion, et un ambitieux songe rarement à l'argent. Par sa familiarité avec des chevaliers d'industrie sans convictions, M. Thiers s'est lui-même attiré tous les bruits malicieux qui rongent sa bonne réputation. Ces gens, quand il leur tourne maintenant le dos, le dénigrent encore plus que ses ennemis politiques. Mais pourquoi entretenait-il un commerce avec une semblable canaille? Qui se couche avec des chiens, se lève avec des puces.» (Lutèce, p. 130.)
394: C'est à ce propos que Louis-Philippe disait un jour: «Les Français aiment à claquer comme les postillons; ils n'en savent pas les conséquences.»
395: Cf. plus haut, p. 181 et suiv.
396: Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 97, 98.
397: Article du National du 11 septembre 1840.
398: Revue rétrospective.
399: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 419.
400: Le prince de Joinville, qui avait servi sur cette escadre avant d'être envoyé à Sainte-Hélène, a écrit plus tard: «Notre escadre, égale en nombre à l'escadre britannique, valait mieux qu'elle. Ce que je dis ici, l'amiral Napier l'a proclamé en plein parlement. Nous tirions le canon aussi bien qu'eux, et nous leur étions très-supérieurs dans la manœuvre. Deux ou trois fois par semaine, nous appareillions, et la présence des Anglais donnait à nos équipages une promptitude et un élan incroyables. La flotte anglaise restait immobile sur ses ancres; elle sentait qu'elle ne pouvait rivaliser avec nous, et se souciait peu d'accepter la lutte. C'était un spectacle bien nouveau et assez déplaisant pour des officiers anglais que celui d'une escadre française nombreuse, pleine d'ardeur, bien ameutée et hardiment menée, dont les vaisseaux jouaient aux barres au milieu des rochers et des courants, sans aucun accident, dont les canons, bien pointés, ne manquaient guère leur but. Pour nous, au contraire, ce spectacle était celui du réveil naval de la France; nous y trouvions une jouissance d'amour-propre et une satisfaction patriotique que je ne saurais exprimer.» (L'Escadre de la Méditerranée.)
401: Quoique en apparence unies pour tendre au même but, les deux escadres restèrent plusieurs mois presque étrangères l'une à l'autre et sans aucun échange de procédés amicaux.» (Ibid.)
402: «Il nous importait peu de voir, après vingt-cinq ans, la paix du monde remise au hasard du jeu des batailles; nous avions de longs revers à effacer, et nous appelions, de tous nos vœux, l'occasion de donner au monde la mesure de nos forces... Il y eut un moment où notre flotte crut toucher à l'accomplissement de tous ses vœux; elle crut que la guerre allait éclater avec l'Angleterre. Sa confiance était extrême; elle attendait avec impatience le jour d'une réhabilitation glorieuse pour la marine française. Ce jour ne vint point... On pleura amèrement, sur les vaisseaux, cette belle occasion perdue.» (L'Escadre de la Méditerranée.)
403: Mémoires de M. Guizot.
404: Documents inédits.
405: Lettre à M. de Barante. (Ibid.)
406: Lutèce, p. 120.
407: Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 211.
408: Sir Charles Napier était au fond peu fier de la besogne que lui faisaient faire, en cette circonstance, lord Palmerston et lord Ponsonby; il dira plus tard, le 17 août 1860, à la Chambre des communes: «J'étais honteux, pour mon pays et pour moi, du rôle que je jouais en Syrie. Le gouvernement m'y avait envoyé pour remplir une mission; je m'en suis acquitté, mais à contre-cœur. Si lord Ponsonby n'avait envoyé des agents soulever les populations, il nous eût été impossible, avec les faibles troupes dont nous disposions, de chasser une armée de trente à quarante mille hommes.»
409: C'est ce qui paraît résulter notamment des lettres écrites à sa famille par le duc de Broglie, alors à Paris pour le procès du prince Louis-Napoléon. (Documents inédits.)
410: Mémoires de M. Guizot.
411: Bulwer, t. II, p. 285 à 288.
412: Bulwer, t. II, p. 288 à 292.
413: Lord Palmerston faisait allusion, non sans amertume, à cette opposition, quand il écrivait, le 22 septembre, au cours de la lettre dont nous avons cité ci-dessus des passages: «Je n'ai jamais été, dans ma vie, plus dégoûté de quelque chose, que je ne l'ai été de la conduite de certaines personnes,—inutile de les nommer maintenant,—dans toute cette affaire.»
414: La récente publication de la seconde partie du journal de M. Charles Greville, clerc du conseil privé, a apporté, sur cette crise intérieure du cabinet anglais, des renseignements nouveaux et piquants. C'est ce témoignage que je suivrai principalement dans le récit des faits qui vont suivre. (Cf. The Greville Memoirs, second part, t. Ier, p. 307 à 334.)
415: M. Guizot écrivait, le 22 septembre 1840, à M. Thiers, au sujet de l'effet produit par cette imputation: «Deux de nos amis, des plus chauds et des plus utiles, sont venus, ce matin, me dire les ravages, je me sers à dessein de l'expression, que les adversaires de la transaction pourraient faire, dans le cabinet et dans le public, avec de telles allégations.» (Mémoires de M. Guizot.)
416: Moniteur du 25 septembre 1840.
417: M. Guizot, rendant compte à M. Thiers, le 26 septembre, d'un entretien où lord Palmerston avait été contraint de reconnaître la fausseté des allégations dont il s'était servi, disait qu'il l'avait trouvé «assez embarrassé». Notre ambassadeur ajoutait: «Il n'a point cherché de mauvaise excuse, et vous pouvez être sûr qu'à cet égard, en ce moment, il a le sentiment d'un tort et presque envie de le réparer. Ce qui importe encore plus, c'est qu'il a perdu par là un grand moyen d'action sur ses collègues.» (Mémoires de M. Guizot.)
418: The Greville Memoirs, second part, t. 1er, p. 334, 335.
419: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire; lettre inédite du même à M. Bresson, en date du 5 octobre 1840; Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 417; The Greville Memoirs, second part, t. 1er, p. 329.
420: Lettre du 9 octobre 1840. (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 490.)
421: Mémoires de M. Guizot.
422: Bulwer, t. II, p. 294.
423: Les autres signataires du traité du 15 juillet n'étaient pas les moins surpris. «Les Anglais, je dois en convenir, disait M. de Metternich à M. de Sainte-Aulaire, ont mieux évalué que moi les forces de Méhémet-Ali... Tout ce qui se passe aujourd'hui en Syrie était bien réellement en dehors de mes prévisions.»
424: The Greville Memoirs, second part, t. Ier, p. 330.
425: Le commissaire de police, qui monta sur la scène pour faire ses observations au public, bégaya, avec force révérences, ces mots: «Messieurs, l'orchestre ne peut jouer la Marseillaise, parce que ce morceau de musique n'est pas marqué sur l'affiche.» Une voix dans le parterre répondit: «Monsieur, ce n'est pas une raison; car vous n'êtes pas non plus marqué sur l'affiche.»
426: Lutèce, p. 126 à 131.
427: Journal inédit de M. de Viel-Castel.
428: Mémoires de M. Guizot.
429: M. de Tocqueville, revenant, peu de mois après, sur ces événements, montrait, en face du parti «rêvant de conquêtes et aimant la guerre soit pour elle-même, soit pour les révolutions qu'elle peut faire naître», un autre parti «ayant pour la paix un amour» que cet homme politique «ne craignait pas d'appeler déshonnête; car cet amour a pour unique principe, non l'intérêt public, mais le goût du bien-être et la mollesse du cœur.» (Nouvelle Correspondance, p. 187.)
430: M. Doudan écrivait, le 11 octobre 1840: «J'ai quelque idée que les Chambres ne seront pas très-guerrières. Il est assez agréable de se faire chanter des airs belliqueux, après dîner, dans un salon bien éclairé, quand on est sûr de n'être pas réveillé par le bruit du canon. Mais le vrai canon exalte peu l'imagination. Les propriétaires sensés se trouvent surpris d'une profonde mélancolie, en pensant à ce que coûte la gloire. Ce n'est pas timidité devant le danger matériel, c'est l'horreur des chances, la crainte que le pot-au-feu, qui bout doucement, ne soit renversé, qu'il ne faille se désheurer. Quand on a ces dispositions, il faut tâcher de n'avoir pas, en même temps, la fureur de la déclamation et ne jamais menacer de loin les murailles de Troie. C'est cela qui est ridicule. Le reste est très-pardonnable.» (Lettres, t. Ier, p. 358.)
431: Mémoires de M. Guizot.
432: Dépêche du 5 octobre 1840. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
433: Bulwer, t. II, p. 298.
434: Lettres à M. Bresson et à M. de Barante. (Documents inédits.)
435: Revue rétrospective.
436: L'amiral Jurien de la Gravière, qui servait, jeune officier, sur cette flotte, a écrit depuis dans ses Souvenirs: «Combien de temps nos succès auraient-ils duré? C'est ce qu'il est difficile de savoir; mais il est hors de doute qu'un premier succès était presque infaillible.» Sir Charles Napier, qui avait un commandement sur la flotte anglaise du Levant, a reconnu depuis, en plein parlement, qu'elle eût difficilement résisté à une attaque de la flotte française. (Séance du 4 mars 1842.)
437: Note sur l'état des forces navales de la France. (Mai 1844.)
438: Bulwer, t. II, p. 291, 292.
439: Quelques mois plus tard, l'ambassadeur anglais à Saint-Pétersbourg disait à M. de Barante: «Croyez-vous que je ne voie pas comment, parmi tous ceux qui environnent l'Empereur, l'opinion est favorable à la France? Paris est pour eux le centre de la civilisation; ils ne se soucient pas, ils ne savent rien de ce qui se fait ou se dit ailleurs; ils parlent votre langue; les souvenirs de leurs généraux se portent avec plaisir vers l'époque de l'alliance avec Napoléon. La conduite du cabinet russe ne s'explique que par la passion de l'Empereur.» (Dépêche de M. de Barante à M. Guizot, du 13 janvier 1841. Documents inédits.)
440: «Le comte de Nesselrode, écrivait M. de Barante, n'est pas aussi français que la plupart de ses compatriotes. Son opinion politique a pris son pli et ses habitudes à l'époque du congrès de Reims, d'Aix-la-Chapelle et de Vérone: être bien avec tous, intime avec Vienne et Berlin, tel est son programme, programme que son caractère rend complétement pacifique et conciliant.» (Lettre à M. Guizot du 13 janvier 1841. Documents inédits.)
441: Cf. la correspondance de M. de Barante, en août, septembre et octobre 1840. (Documents inédits.)
442: Dépêche citée par Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 438.
443: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 490 à 507.
444: Ibid., p. 506.
445: Frédéric-Guillaume III, qui gouverna la Prusse de 1797 à 1840, recommanda, par son testament, à son successeur, de ne jamais rompre avec le czar et l'empereur d'Autriche.
446: Après une conversation qu'il eut à Londres, en 1842, avec ce prince, le baron Stockmar écrivait: «Dans sa culture générale, le Roi est essentiellement germanique.» (Les Souvenirs du conseiller de la reine Victoria, par M. Saint-René Taillandier.)
447: Telle était son aversion pour les Welches que, malgré son goût très-vif pour la peinture, il ne voulut jamais acquérir un tableau de l'école française.
448: À quel point l'horreur de la révolution dominait, chez ce prince, jusqu'au sentiment de l'unité allemande et de l'ambition personnelle, on put s'en rendre compte, en 1848, quand il repoussa la couronne impériale que lui offrait le parlement de Francfort. Il expliquait ainsi son refus à son confident, M. de Bunsen: «D'abord, cette couronne n'est pas une couronne. La couronne que pourrait prendre un Hohenzollern, ce n'est pas, même avec l'assentiment des princes, la couronne fabriquée par une assemblée issue d'un germe révolutionnaire, une couronne dans le genre de la couronne des pavés de Louis-Philippe (ces mots étaient en français dans le texte). C'est la couronne qui porte l'empreinte de Dieu, la couronne qui fait souverain, par la grâce de Dieu, celui qui la reçoit avec le saint-chrême... La couronne dont vous vous occupez, elle est déshonorée surabondamment par l'odeur de charogne que lui donne la révolution de 1848... Quoi! cet oripeau, ce bric-à-brac de couronne pétri de terre glaise et de fange, on voudrait la faire accepter à un roi légitime, bien plus, à un roi de Prusse qui a eu cette bénédiction de porter, non pas la plus ancienne, mais la plus noble des couronnes royales, celle qui n'a été volée à personne!» La dernière phrase fera peut-être sourire; mais le reste de la lettre montre au vif et au vrai les sentiments du Roi. (Frédéric-Guillaume IV et le baron de Bunsen, par M. Saint-René Taillandier.)
449: Frédéric-Guillaume IV et le baron de Bunsen, par M. Saint-René Taillandier.
450: Souvenirs du conseiller de la reine Victoria.
451: Lettre à M. Guizot, du 24 septembre 1843. (Documents inédits.)
452: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire, et Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 437.
453: Lettre de M. de Metternich à Frédéric-Guillaume IV, en date du 9 octobre 1840. (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 490 à 495.)
454: Ibid., p. 505 à 507.
455: Lettre du marquis d'Eyragues, ministre de France à Stuttgard, au maréchal Soult, 3 novembre 1840. (Documents inédits.)
456: Renan, Réforme intellectuelle et morale de la France.
457: Voy. une étude intéressante de M. Joseph Reinach, De l'influence de l'Allemagne sur la France, insérée dans la Revue politique et littéraire.
458: Voy. son livre De l'Allemagne (1814).
459: L'Allemagne, par Henri Heine (1835).
460: Sur cette singulière influence du livre de madame de Staël, voyez un brillant article de M. Caro, les Deux Allemagnes, publié par la Revue des Deux Mondes du 1er novembre 1872.
461: M. Quinet, dont la brochure «1815-1840» fut l'une des causes principales du soulèvement des esprits, au delà du Rhin, avait été un «teutomane» passionné.
462: Saint-René Taillandier, Dix ans de l'histoire d'Allemagne, Préface.
463: Voici la pièce entière: «Ils ne l'auront pas, le libre Rhin allemand, quoiqu'ils le demandent dans leurs cris comme des corbeaux avides;—Aussi longtemps qu'il roulera paisible, portant sa robe verte, aussi longtemps qu'une rame frappera ses flots.—Ils ne l'auront pas, le libre Rhin allemand, aussi longtemps que les cœurs s'abreuveront de son vin de feu;—Aussi longtemps que les rocs s'élèveront au milieu de son courant, aussi longtemps que les hautes cathédrales se reflèteront dans son miroir.—Ils ne l'auront pas, le libre Rhin allemand, aussi longtemps que de hardis jeunes gens feront la cour aux jeunes filles élancées.—Ils ne l'auront pas, le libre Rhin allemand, jusqu'à ce que les ossements du dernier homme soient ensevelis dans ses vagues.»
464: Lutèce, p. 204.
465: M. Quinet écrivait en septembre 1841: «Les journaux allemands ont indignement, abominablement traité la Marseillaise de la paix.» (Correspondance de Quinet.)
466: Sur les phases diverses de l'agitation unitaire en Allemagne, voyez les articles intéressants publiés par M. Julian Klaczko, dans la Revue des Deux Mondes du 1er décembre 1862 et du 15 janvier 1863.
467: «Nous vivions et pensions dans les journaux étrangers, a dit l'un de ces libéraux allemands; nous étions là chez nous, bien plus que dans notre patrie.»
468: En 1842, par exemple, à l'occasion de cet anniversaire, le roi de Prusse prononçait, devant les princes allemands réunis pour assister aux manœuvres de son armée, un discours tout rempli d'invocations à l'unité germanique et tout enflammé des passions de 1813; à la même date, le roi de Bavière inaugurait le Walhalla, sorte de temple élevé à la patrie allemande, et où, pour bien montrer le genre de gloire qu'on rêvait pour elle, on faisait figurer Alaric, Genséric, Odoacre et Totila; enfin, sur un autre point, ce jour était également choisi pour poser la première pierre de la forteresse d'Ulm, qui devait compléter le système de fortifications élevées, en exécution des traités de 1815, contre la France et à ses dépens.
469: Hillebrand, Geschichte Frankreichs.—Cet historien ajoute: «C'en était fini, pour l'élite de la nation, des idées françaises. Le courant, jusqu'alors souvent arrêté, de l'amour de la liberté nationale et historique prit à jamais le dessus, dans ces heures d'agitation, sur le courant rationnel français de l'esprit de révolution.»
470: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 447 et 503.
471: Lutèce, Épître dédicatoire, p. 6.
472: Lettre du 8 novembre 1840. (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 447).
473: C'était presque à chaque page de sa correspondance, que M. de Barante jetait, comme un menaçant avertissement, cette date de 1813. Avant même le traité du 15 juillet, il écrivait, le 18 mars 1840, à M. Guizot: «La guerre viendra, non pas la guerre de 1792, mais celle de 1813: une coalition bien unie, de grandes armées animées des traditions encore vives de leurs derniers succès, composées d'une façon presque aussi nationale que la nôtre, et d'un tout autre esprit que les troupes mercenaires du siècle dernier.» Le 14 avril, il répétait à M. Bresson: «L'Europe veut la paix...; mais si la guerre éclatait, elle se combinerait comme en 1813.» Enfin il écrivait à un de ses fils, le 22 décembre: «Le napoléonisme de journaux et de tribune nous a reportés en 1813. C'est payer cher des paroles.» (Documents inédits.)
474: Dépêche de lord Palmerston à lord Granville, 20 octobre 1840. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
475: Lettre au duc de Broglie. (Mémoires de M. Guizot.)
476: Ces expressions sont tirées d'une autre lettre de M. Guizot, en date du 17 octobre 1840.
477: Documents inédits.
478: Béranger écrivait, le 12 octobre 1840: «Quelques-uns veulent la guerre par patriotisme plus ou moins éclairé; beaucoup d'autres, parce qu'on suppose qu'elle tournerait au détriment du pouvoir actuel.»
479: Lutèce, p. 126.
480: Lettre du 13 octobre 1840.—Quelques semaines plus tard, commentant cette idée à la tribune de la Chambre, M. Guizot disait: «Je respecte, j'honore l'entraînement national, même quand il s'égare... Mais au sortir des grandes secousses politiques, il reste, dans la société, quelque chose qui n'est pas du tout l'entraînement national, qui n'a rien de commun avec lui, quelque chose que je n'honore pas, que je n'aime pas, que je crains profondément, l'esprit révolutionnaire. Ce qui a fait, non-seulement aujourd'hui, mais à tant d'époques diverses, ce qui a fait la difficulté de notre situation, c'est ce contact perpétuel de l'esprit révolutionnaire et de l'entraînement national; c'est l'esprit révolutionnaire essayant de s'emparer, de dominer, de tourner à son profit l'entraînement national, sincère et généreux.» (Discours du 25 novembre 1840.)
481: 6 octobre 1840.
482: Journal inédit du baron de Viel-Castel.
483: Journal écrit par l'une des princesses royales pour le prince de Joinville. (Revue rétrospective.)
484: «Pour savoir ce que le cabinet voulait faire, a écrit M. Duvergier de Hauranne, j'ai interrogé tout le monde, M. Thiers, M. de Rémusat, M. de Broglie, et j'avoue que je ne le sais pas exactement... Il reste prouvé pour moi, d'une part, qu'il y avait, au sein du cabinet et parmi ceux qui le conseillaient, des avis fort différents, et que l'on s'en fiait un peu aux événements pour choisir entre ces avis; de l'autre, que, pour ne point déranger une harmonie nécessaire, on évitait de s'expliquer à fond.» (Notes inédites.)
485: Documents inédits.
486: Cf. entre autres deux lettres du 20 août 1840, adressées au comte Apponyi. (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 440 et 441.)
487: M. Charles Greville écrivait sur son journal, à la date du 24 août: «Mon frère m'écrit de Paris que le Roi est très-soucieux de conserver la paix et qu'en ce moment il tâte le pouls de la nation, en vue de régler sa propre conduite dans la crise prochaine. Bien qu'agissant maintenant en union apparente avec Thiers, il n'aurait aucun scrupule à résister à sa politique, s'il savait pouvoir compter, pour ses desseins pacifiques, sur quelque appui de la nation.» (The Greville Memoirs, second part, t. Ier, p. 300.)
488: On racontait à Paris que notre chargé d'affaires à Londres, ayant voulu prendre une attitude comminatoire, s'était vu aussitôt répondre par lord Palmerston: «Je connais le Roi mieux que vous; il ne fera jamais la guerre.» (Documents inédits.)—Voy. aussi plus haut, p. 291, l'incident analogue qui s'était produit entre M. Thiers et M. Bulwer.
489: Documents inédits.
490: «L'émoi est grand, écrivait le duc de Broglie à M. Guizot, le 3 octobre 1840, et Dieu veuille qu'on ne se lance pas dans des résolutions précipitées: j'y ferai de mon mieux.»
491: Documents inédits.
492: Ibid.
493: Nous lisons dans une lettre de M. Quinet, en date du 24 octobre 1840: «M. Thiers prétend avec ses amis que Louis-Philippe fait, en se levant, sa prière comme il suit: «Mon Dieu, accordez-moi la platitude quotidienne.» (Correspondance de Quinet.)
494: On lisait, à cette époque, sur le journal que l'une des princesses royales écrivait pour le prince de Joinville: «M. Thiers n'a pas insisté sur sa démission, mais ses journaux, pendant ce temps, jouent un singulier jeu: ils insinuent qu'il est en dissentiment avec la couronne, qu'il défend inutilement les intérêts nationaux contre le système de la paix à tout prix, et mettent désormais leur assistance à la condition d'une déclaration de guerre. Tout ceci ne présage rien de bon. J'y vois, Dieu veuille que je me trompe! la contre-partie de l'affaire d'Espagne en 1836. Thiers, qui sait l'immense responsabilité dont la guerre le chargerait, n'ose ouvertement la poser comme question de cabinet, et cependant il ne serait pas fâché de sauver sa popularité en rejetant sur le Roi les sages résolutions que l'opinion violente de la presse exaltée traite de lâcheté.» (Revue rétrospective.)
495: Nous lisons, par exemple, dans le Courrier français du 8 octobre: «L'Angleterre a, dans la pratique du gouvernement, un grand avantage sur nous. Ce qu'un ministre veut, il le peut. Ici, il n'y a pas un acte de résolution, si mince qu'il soit, qu'il ne faille arracher de vive force. La note la plus pacifique coûte huit jours de délibérations. Le gouvernement, tiraillé par deux influences contraires, épuise, dans cette lutte intestine, tout ce qu'il a de séve et de vigueur. Les conseils se multiplient durant cinq à six heures par jour, et sont presque toujours une bataille sans victoire. Il semble qu'un mauvais génie s'étudie à ne permettre que des enfantements qui sont des avortements.»
496: Lutèce, p. 130.
497: Journal écrit par une des princesses royales pour le prince de Joinville. (Revue rétrospective.)
498: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.
499: Lettre de Henri Heine, en date du 7 octobre 1840. (Lutèce, p. 128.)
500: Le texte entier de cette note est inséré dans les Pièces historiques des Mémoires de M. Guizot.
501: Correspondence relative to the affairs of the Levant.
502: Lettre de M. Thiers à M. de Barante, en date du 10 octobre 1840. (Documents inédits.)
503: Dans la seconde moitié de septembre, le Journal des Débats et la Presse avaient souvent réclamé la réunion du parlement, et c'étaient alors les journaux ministériels qui la repoussaient. On racontait que M. Thiers avait répondu au Roi, la première fois que celui-ci avait parlé de convoquer les Chambres: «Mais les Chambres, c'est la paix!»
504: Expressions de M. Guizot.
505: M. Charles Greville, dans son journal, à la date du 10 octobre, constate cette surprise des ministres anglais à la réception d'une note si «modérée» et si «terne». «J'allai trouver immédiatement Guizot, ajoute-t-il, et je lui dis que la réception de la note avait changé très-heureusement les choses, qu'elle avait causé une très-grande satisfaction, mais que les ministres n'étaient certainement pas préparés à une communication si modérée. Il rit, haussa les épaules et dit qu'il ne pensait pas qu'ils fussent plus étonnés que lui, qu'on avait été plus loin qu'il n'était besoin, que lui-même, si désireux qu'il fût de la paix, n'aurait jamais pu se décider à aller jusque-là. Il ne me cacha pas et même me dit en propres termes qu'il trouvait cela peu honorable, en désaccord criant avec le langage tenu antérieurement et avec tant de fastueux préparatifs. Je lui répondis que je ne comprenais pas, en effet, comment une telle note pouvait émaner des mêmes gens que toutes les menaces que nous avons naguère entendues, et j'ajoutai que M. Thiers, malgré tout son savoir-faire, aurait quelque difficulté à défendre à la fois, devant les Chambres, sa note et ses armements. Guizot ne paraissait pas du tout chagrin à l'idée que Thiers s'était mis dans une mauvaise passe, mais il était très-mécontent de la figure faite par la France.» (The Greville Memoirs, second part, t. Ier, p. 336, 337.)—Le 17 octobre, la princesse de Metternich notait sur son journal que l'on venait de recevoir de M. Thiers une dépêche «si conciliante que M. de Sainte-Aulaire lui-même en avait paru surpris». (Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 419.)
506: Expressions de M. Charles Greville.
507: M. Greville disait alors du roi Léopold qu'il était «fou de frayeur».
508: The Greville Memoirs, t. II, p. 336 à 340.
509: Mémoires de M. Guizot.
510: Cette publication excita la plus vive indignation chez les gens d'ordre. M. de Viel-Castel écrivait sur son journal, à la date du 13 octobre: «C'est une des productions les plus atroces qui aient paru depuis Babeuf.» (Documents inédits.)—Nous lisons dans le journal écrit par l'une des princesses royales: «M. de Lamennais a lâché une brochure, véritable hurlement d'une bête enragée impatiente de se jeter sur tout l'ordre social.» (Revue rétrospective.)
511: Articles du 12 et du 15 octobre 1840.
512: M. Edgar Quinet écrivait, dans une de ses lettres, le 14 octobre 1840: «Le ministère ruse, faiblit, atermoie... Quelle affreuse et infâme comédie!»
513: Dès le 9 octobre, M. Thiers avait écrit à M. de Sainte-Aulaire: «Je ne serai point un obstacle à la paix et je me retirerai de grand cœur pour la rendre moins difficile.» (Documents inédits.)
514: Lettre du 19 octobre 1840. (Documents inédits.)
515: Mémoires de M. Guizot.
516: Cité par M. Duvergier de Hauranne dans un écrit publié, en 1841, sur la Politique extérieure de la France.
517: Dépêche de lord Granville du 15 octobre. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
518: Tel était même le désir des ministres de «faire quelque chose», que les idées les plus étranges traversèrent alors le cerveau de certains d'entre eux. Ainsi fut-il question d'une entreprise éventuelle de la flotte sur les îles Baléares, dont la France se serait brusquement saisie pour assurer ses communications avec l'Algérie et faire échec à l'influence anglaise, alors dominante en Espagne. Contre un État avec lequel nous ne nous trouvions pas en guerre et qui était même absolument étranger au conflit oriental, un tel coup de main eût été d'un forban plutôt que d'un gouvernement civilisé. Mais le souvenir de l'expédition d'Ancône avait quelque peu altéré la notion du droit des gens, et depuis que les orateurs de la coalition s'étaient complu à opposer cet exemple de l'énergie de Périer aux défaillances des ministres du 15 avril, le désir de refaire n'importe où une «anconade» était devenu pour certains esprits une véritable obsession. Si peu que le projet ou le rêve de mettre la main sur les Baléares ait occupé le cabinet français, il transpira cependant au dehors; le gouvernement anglais en fut informé et s'empressa d'avertir le gouvernement espagnol. (Bulwer, t. II, p. 301 à 308.) On aurait quelque peine à attribuer une idée si bizarre aux membres ou même seulement à l'un des membres du ministère du 1er mars, si l'on n'avait sur ce point un aveu formel. Quelques semaines plus tard, le 3 décembre, en pleine Chambre des députés, le comte Jaubert s'exprimait ainsi: «La flotte de Toulon! Qui vous a dit que nous n'en voulions rien faire? Nous voulions en faire quelque chose. (On rit.) Nous n'avons pas eu le temps, vous le savez bien. La flotte, à Toulon, était plus menaçante pour l'Angleterre que partout ailleurs; car à Toulon elle dominait les îles Baléares: ce gage... (Exclamations aux centres. Agitation prolongée), ce gage du retour de notre armée d'Afrique, s'il devenait nécessaire. Vous avez tort de vous récrier. J'ai commencé par dire que d'autres n'étaient pas responsables et de mes paroles et de mes pensées personnelles.» Devant l'effet fâcheux produit par cette révélation, un autre ministre du 1er mars, M. Vivien, chercha, dans la même séance, à en réduire la portée. «Oui, messieurs, dit-il, on prévoyait que, dans le cas d'une collision, une autre puissance voudrait s'emparer des Baléares, et la flotte était destinée à les protéger.» Les journaux de Londres firent naturellement grand tapage de l'indiscrétion du comte Jaubert. Le Constitutionnel leur répondit qu'il avait été question «non d'occuper les Baléares, mais de les protéger contre quelqu'une de ces entreprises de corsaire dont la marine anglaise était coutumière».
519: Traduit devant la Cour des pairs, Darmès fut condamné à mort, le 29 mai 1841, et exécuté le 31.
520: Journal écrit par l'une des princesses royales pour le prince de Joinville. (Revue rétrospective.)
521: M. Duchâtel, arrivé à Paris le 17 octobre, constatait aussitôt ce double résultat dans une lettre à M. Guizot, en date du 19 octobre. (Mémoires de M. Guizot.)—Voy. aussi une lettre écrite au même M. Guizot, le 18 octobre, par M. de Lavergne, alors attaché à M. de Rémusat; M. de Lavergne déclarait que «l'attentat de Darmès avait hâté la maturité d'une situation déjà fort avancée.» (Revue rétrospective.)—M. de Rémusat, de son côté, écrivait, non sans amertume, à un de ses amis, le 17 octobre: «Beaucoup de gens, fort susceptibles naguère sur la question d'honneur national, sont charmés de trouver dans la crainte de l'anarchie un prétexte pour se refroidir.» (Documents inédits.)
522: Journal écrit pour le prince de Joinville. (Revue rétrospective.)
523: M. de Metternich, bien que fort animé contre M. Thiers et déclarant que «l'Europe jetait contre lui un cri d'indignation», croyait cependant «nécessaire de le conserver dans son poste actuel», et il ajoutait: «C'est devant les Chambres que M. Thiers doit tomber; toute autre chute serait un danger évident, et pour la France, et pour l'Europe.» (Dépêche au comte Apponyi, du 23 octobre 1840. Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 487, 488)
524: Mémoires de M. Dupin, t. IV, p. 100, et Notice sur M. Duchâtel, par M. Vitet.—Ce ministre était probablement M. Cousin. Depuis quelque temps, il laissait clairement voir son désir de s'en aller; un jour où l'on discutait sur les périlleuses complications de la crise extérieure, il s'était penché vers M. de Rémusat et lui avait dit à mi-voix: «Ne trouvez-vous pas que j'aurais mieux fait d'achever mon mémoire sur Olympiodore?»
525: Mémoires de M. Guizot.
526: Morning Herald du 17 octobre 1840.
527: Siècle du 21 octobre 1840.
528: Documents inédits.
529: The Greville Memoirs, second part, t. Ier, p. 339.
530: Mémoires de M. Dupin, t. IV, p. 99.
531: Journal inédit de M. de Viel-Castel.
532: Revue rétrospective.
533: Cf. plus haut, p. 152 et p. 346.
534: «Je vois de loin le mouvement, l'entraînement, écrivait M. Guizot à M. de Broglie, le 13 octobre; je ne puis rien pour y résister. Je suis décidé à ne pas m'y associer.» Et, en même temps, il disait à d'autres amis: «Tout, absolument tout, est engagé pour moi dans cette question, mes plus chers intérêts personnels, les plus grands intérêts politiques de mon pays, et de moi dans mon pays. Et tout cela se décide sans moi, loin de moi... Mon âme est pleine de trouble; je n'ai jamais été aussi agité.» Il voyait venir, d'ailleurs, le moment où il se regarderait comme obligé de répéter tout haut ce qu'il disait tout bas avec tant d'insistance. Dès qu'il avait appris la convocation des Chambres, il avait demandé un congé pour prendre part à leurs travaux. À ceux qui lui conseillaient de ne revenir qu'après les premiers débats, il répondait, le 17 octobre, qu'il «ne voulait pas attendre, pour paraître dans la Chambre, qu'il fût insignifiant d'y être», et il ajoutait: «Je ne suis ici, je ne serai là dans aucune intrigue; mais je suis député avant d'être ambassadeur.» (Mémoires de M. Guizot.)
535: Mémoires de M. Guizot.
536: Documents inédits.
537: Le maréchal Soult et M. Guizot avaient fait partie de plusieurs ministères depuis 1830. M. Duchâtel avait siégé dans le cabinet du 6 septembre 1836 et dans celui du 12 mai 1839; l'amiral Duperré, dans ceux du 22 février 1836 et du 12 mai 1839; M. Martin du Nord, dans celui du 15 avril 1837; MM. Villemain, Cunin-Gridaine et Teste, dans celui du 12 mai 1839. Sur les neuf ministres, six avaient fait partie de ce dernier cabinet.
538: M. Guizot et M. Duchâtel n'étaient pas seuls alors à rappeler sans cesse le souvenir de 1831. M. de Lamartine écrivait, dans une de ses lettres: «C'est 1831 après le cabinet Laffitte.»
539: En mai 1815, M. Guizot s'était rendu à Gand, auprès de Louis XVIII, pour lui porter les vœux et les conseils des royalistes constitutionnels, entre autres de M. Royer-Collard, et pour demander l'éloignement de M. de Blacas. Cf. sur cet épisode ce qu'en dit M. Guizot au tome Ier de ses Mémoires, p. 77 et suiv.—Quant à M. Villemain, il avait été admis, le 21 avril 1814, peu après la première entrée des «alliés» dans Paris, à lire, en séance solennelle de l'Académie française, un discours couronné. L'empereur de Russie et le roi de Prusse étaient présents et avaient été reçus aux cris de: Vivent les alliés! Le président de l'Académie, M. Lacretelle jeune, leur avait adressé un compliment. M. Villemain crut devoir faire de même avant de lire son discours; il salua donc le «vaillant héritier de Frédéric» et «le magnanime Alexandre, ce héros à l'âme antique et passionnée pour la gloire».
540: M. Molé écrivait à M. de Barante, le 7 novembre 1840: «Ce qui vient de se passer a achevé de fixer mes idées sur l'emploi des années qu'il plaira au ciel de me réserver encore. Je n'ai été ni consulté ni prévenu, soit par le Roi, soit par les meneurs, de ce qu'on préparait. Le Roi, dit-on, m'a trouvé trop compromis et s'était entendu avec les amis de M. Guizot. M. de Montalivet a rendu à ce ministère les bons offices que M. de Broglie avait rendus à celui de M. Thiers. C'est lui qui a rapproché de son mieux mes anciens collègues ou amis politiques de M. Guizot. Quant à ce dernier, il triomphe et s'écrie: C'est de la réconciliation! Ce qu'il y a de vrai, c'est qu'il remplace M. Thiers et la gauche, en un mot: l'abîme. Voilà pourquoi moi et tous ceux qui comprennent le mieux toute l'immoralité de la situation de M. Guizot, nous voterons pour lui, ne fût-ce que pour ne pas lui ressembler. Dieu veuille qu'il répare en quelque chose le mal qu'il a fait! Le réparer complétement est impossible. Le pays expiera longtemps les torts des ambitieux.» (Documents inédits.)
541: Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel, Papiers inédits de M. le duc de Broglie, Correspondance inédite de M. de Barante, Notice de M. Vitet sur M. Duchâtel.
542: Correspondance de Quinet.
543: Nouvelle Correspondance de Tocqueville.
544: «J'ai la dignité de notre patrie à cœur, autant que sa sûreté et son repos, disait le Roi. En persévérant dans cette politique modérée et conciliatrice, dont nous recueillons depuis dix ans les fruits, j'ai mis la France en état de faire face aux chances que le cours des événements en Orient pourrait amener. Les crédits extraordinaires, qui ont été ouverts dans ce dessein, vous seront incessamment soumis; vous en apprécierez les motifs. Je continue d'espérer que la paix générale ne sera point troublée. Elle est nécessaire à l'intérêt commun de l'Europe, au bonheur de tous les peuples et au progrès de la civilisation. Je compte sur vous pour m'aider à la maintenir, comme j'y compterais si l'honneur de la France et le rang qu'elle occupe parmi les nations nous commandaient de nouveaux sacrifices.»
545: Journal inédit de M. le baron de Viel-Castel.
546: Outre les sources inédites ou non que j'ai eu souvent occasion d'indiquer, je me suis beaucoup servi, pour raconter l'action diplomatique du ministère du 29 octobre en 1840 et 1841, d'un important document dont je dois la communication à M. le duc de Broglie. Celui-ci, étant prince Albert de Broglie et jeune attaché au ministère des affaires étrangères, avait été chargé par M. Guizot, en 1842, de lui faire un exposé des négociations poursuivies depuis le 29 octobre 1840 jusqu'à la convention des détroits en juillet 1841. Cet exposé, très-complet, fait sur le vu des dépêches du ministre ou de ses agents, révélait déjà, par l'art de la composition, le futur historien.
547: Note du prince Albert de Broglie et Papiers inédits de M. de Barante.
548: Dépêche de lord Palmerston à lord Granville, 27 octobre 1840. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
549: The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 342.
550: Cette lettre importante, qui expose si clairement le dessein du nouveau ministère, n'est publiée qu'en partie dans les Mémoires de M. Guizot. M. Charles Greville, qui la tenait de M. de Bourqueney, l'a donnée plus au complet dans son journal. (The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 348.)
551: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 458.
552: Revue rétrospective.
553: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 445 et 446.
554: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire.
555: Mémoires de M. Guizot.
556: Note inédite du prince Albert de Broglie.
557: M. Charles Greville écrivait sur son journal, à la date du 27 octobre 1840: «L'empereur de Russie est pleinement satisfait de l'état actuel des choses, et il ne consentirait pas, sans un extrême déplaisir, à un nouvel arrangement auquel participerait la France.» (The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 347.)—Un peu plus tard, lord Clanricarde disait à M. de Barante: «J'ai eu souvent à répéter à l'Empereur que l'Angleterre tenait à vivre en bonne intelligence avec la France, que la paix de l'Europe dépendait de cette bonne harmonie; jamais il n'a entendu ces paroles sans que son visage éprouvât une contraction. (Documents inédits.)
558: Dépêche du 30 décembre 1840, et lettre particulière de la même date. (Documents inédits.)
559: Comme l'écrivait récemment un Anglais qui avait vu de près tous ces événements, «il est hors de doute que Palmerston a été poussé, dans toute cette affaire, non pas tant par l'idée de soutenir le sultan et de ruiner le pacha que par le désir passionné d'humilier la France et de se venger sur Louis-Philippe et ses ministres de leur conduite antérieure en Espagne». (Note de M. Henri Reeve, éditeur du journal de M. Greville.—The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 347, 348.)
560: Dépêche de lord Palmerston à lord Granville, du 27 octobre 1840. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
561: Bulwer, Life of Palmerston, t. II, p. 306 à 308.
562: Sur les conditions dans lesquelles avait été fait ce memorandum, cf. plus haut, p. 260.
563: Le texte de cette «réponse» se trouve dans les Pièces historiques des Mémoires de M. Guizot.
564: Note inédite du prince Albert de Broglie et Mémoires de M. Guizot.—Il fallait que Louis-Philippe eût un bien grand désir de conciliation pour avoir, au premier moment, trouvé satisfaisant le memorandum de lord Palmerston. (Cf. sa lettre au roi des Belges du 6 novembre 1840. Revue rétrospective.)
565: Pour le récit de ce qui va suivre, je me suis principalement servi des Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 342 à 354.
566: Jonathan Wild est un brigand, héros de l'un des romans de Fielding.
567: The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 351.
568: Note inédite du prince Albert de Broglie et Mémoires de M. Guizot.
569: The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 351 à 353.
570: Correspondence relative to the affairs of the Levant.
571: Lettre du 16 novembre 1840. (Revue rétrospective.)
572: Dépêche de lord Granville, en date du 16 novembre 1840. (Correspondence relative to the affairs of the Levant.)
573: M. de Rumigny, notre ministre à Bruxelles, informé par le roi Léopold de ce qui se passait à Londres, écrivait, le 7 novembre, au maréchal Soult: «Lord Palmerston est emporté par la joie que lui causent les nouvelles de Syrie... Il rêve déjà la chute complète de Méhémet-Ali. (Documents inédits.)
574: Note inédite du prince Albert de Broglie.
575: Dépêche de M. de Bourqueney du 18 novembre 1840. (Ibid.)
576: The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 352.—Cette question de la possession de Saint-Jean d'Acre avait paru toujours fort importante, et, dès le 6 novembre, Louis-Philippe avait proposé d'en faire dépendre l'exécution de la convention à conclure. «Que l'arrangement, si on veut, écrivait-il au roi des Belges, soit subordonné à une seule condition, c'est-à-dire à savoir dans quelles mains se trouvera Saint-Jean d'Acre au moment où l'ordre de suspendre les hostilités arrivera en Syrie. S'il tient pour Méhémet-Ali, l'arrangement deviendra définitif; mais s'il est au pouvoir du sultan et de ses alliés, l'arrangement sera nul.» (Revue rétrospective.)
577: The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 354.
578: The Greville Memoirs, second part, vol. Ier, p. 354 à 356.
579: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 445 et 446.
580: Bulwer, t. II, p. 322 à 324.
581: Note inédite du prince Albert de Broglie.
582: Mémoires de M. Guizot.
583: Note inédite du prince Albert de Broglie.
584: Lettres à M. de Barante du 13 décembre, et à M. de Sainte-Aulaire du 10 décembre 1840. (Notice sur M. de Barante, par M. Guizot, et Mémoires du même.)
585: C'était le 16 novembre que M. Guizot, prenant acte des refus de lord Palmerston, renonçait à faire de nouvelles ouvertures, et, le lendemain 17, commençait la discussion de l'Adresse à la Chambre des pairs. La nouvelle de la prise de Saint-Jean d'Acre, qui détruisait nos dernières chances d'arrangement, arrivait à Paris le 23 novembre, et le 25 était le jour fixé pour l'ouverture du débat à la Chambre des députés.
586: Mémoires de M. Guizot, t. V, p. 394, et t. VIII, p. 14.
587: Pour expliquer, d'ailleurs, cette signature du traité à l'insu de la France, l'ancien ambassadeur la présentait comme une réponse à la tentative d'arrangement direct entre le sultan et le pacha. «On a cru, fort à tort, dit-il, et contre mes protestations les plus formelles et les plus persévérantes, on a cru que cette tentative était l'œuvre de la France, on a cru que la France, abandonnant la politique du 27 juillet, avait tenté de se faire là une politique isolée, un succès isolé. J'ai dit, j'ai répété officiellement, particulièrement, que cela était faux; on ne m'a pas cru.» L'orateur prononça ces derniers mots d'un tel ton qu'ils semblaient signifier: «On ne pouvait pas me croire.» M. Thiers, fort irrité de cette insinuation, répondit, quelques jours plus tard, à la tribune de la Chambre des députés: «Je suis convaincu que, lorsque M. Guizot disait au cabinet anglais que nous n'étions en rien les auteurs de la proposition faite à Constantinople, il le disait de manière à être cru. S'il ne l'avait pas dit de ce ton-là, il aurait trahi son cabinet; il en était incapable. Je crois aussi que lorsqu'il exprimait sa profonde conviction, il aurait tenu à insulte de n'être pas cru.»
588: M. Guizot, du reste, avait été amené, sur l'interpellation d'un pair, à expliquer lui-même ainsi ses paroles: «J'ai dit que, s'il y avait une offense réelle, il faudrait tout sacrifier; j'ai parlé de la guerre que ferait la France pour une cause juste et légitime, après s'être emparée de l'esprit et des sympathies des peuples. Certes, ces deux paroles excluaient l'idée de la paix à tout prix. J'ai parlé de la paix partout et toujours, mais comme d'un intérêt égal pour tous les gouvernements, pour tous les peuples, mais aux conditions de la justice et de l'honneur national.»
589: Un peu plus tard, le 30 décembre, M. de Barante écrivait de Saint-Pétersbourg à M. Guizot: «La discussion de l'Adresse a excité ici un vif intérêt. On lisait tous les discours; on ne parlait pas d'autre chose. C'était l'affaire de l'Europe entière.» (Documents inédits.)
590: Revue rétrospective.
591: Mémoires de M. Guizot, t. V, p. 405.
592: Documents inédits.
593: M. Jules Simon, Notice lue à l'Académie des sciences morales et politiques.
594: On a souvent cité le mot de mademoiselle Rachel, au sortir d'une séance de la Chambre où M. Guizot avait parlé: «J'aimerais à jouer la tragédie avec cet homme-là.» Jeune homme, quand il avait fait visite pour la première fois à madame de Staël, celle-ci, frappée de son accent, lui avait dit brusquement: »Je suis sûre que vous joueriez très-bien la tragédie; restez avec nous et prenez un rôle dans Andromaque.»
595: L'opposition avait en effet assez beau jeu à rappeler le temps où M. Guizot accusait le ministère du 15 avril «d'abaisser» la France, où il proclamait que «la paix pouvait être compromise par une politique faible, peu digne, qui blesserait l'honneur national», et où il s'écriait: «La France est très-fière, très-susceptible pour sa dignité nationale, pour son attitude dans le monde. Le gouvernement est coupable et insensé, quand il ne donne pas à cette fierté, à cette susceptibilité, sécurité et satisfaction.»
596: M. Rossi écrivait à ce propos: «Tout ce que notre diplomatie a fait, a dit, a pensé, a connu, a conjecturé, depuis deux ans, sur la question d'Orient, a été lu, étalé, commenté à la tribune. On a mis en scène les diplomates présents, les absents, les français, les étrangers, comme si l'affaire d'Orient était finie et reléguée dans le domaine de l'histoire. Nous ne croyons pas nous tromper en affirmant que le comité diplomatique de la Convention mettait plus de réserve dans ses communications au public sur les affaires pendantes. Nous autres, nous sommes las, pour employer le mot de M. Villemain, de toute cette politique rétrospective.» (Chronique politique de la Revue des Deux Mondes du 1er décembre 1840.)
597: M. Charles Greville écrivait sur son journal, à la date du 4 décembre 1840: «Les révélations de secrets officiels et de confidences ont été monstrueuses.» (T. 1er, p. 355.)
598: «Je m'honore de l'appui de la gauche, disait M. Thiers; cet appui tenait à ce qu'il y avait de commun entre elle et moi: l'amour pour notre pays et sa révolution. Je ne crains pas de m'appeler révolutionnaire; il n'y a que les parvenus de mauvaise éducation qui ont peur de leur origine; moi je n'ai pas peur de la mienne.»
599: Cf. plus haut, p. 378 et 379.
600: Mémoires de M. Odilon Barrot, t. Ier, p. 359.
601: «Je suis de l'école de l'Empire, s'écriait M. Jaubert; mon père a été tué par un boulet anglais à la bataille d'Aboukir; en 1815, j'ai vu les habits rouges des Anglais dans les Champs-Élysées; je ne l'oublierai jamais.» Puis, parlant des incidents récents, il ajoutait: «Il y a eu outrage; j'attends le jour de la vengeance.»
602: Le général Bugeaud fit justice des déclamations sur la guerre révolutionnaire et de la légende des volontaires de 1792. «Il y a beaucoup de gens en France, dit-il, qui sont persuadés qu'il suffit de chanter la Marseillaise pour renverser les armées de l'Europe. J'apprécie beaucoup le chant de la Marseillaise. (On rit.) Mais je crois qu'à lui seul il ne donne pas la victoire. Je trouve très-bien que les combattants chantent la Marseillaise, quelques instants avant le combat, non pendant l'action: ce qu'il faut alors, c'est le silence, c'est l'aplomb. Il faut se méfier des troupes silencieuses et non pas de celles qui crient et qui chantent.»
603: En apportant cette nouvelle rédaction, M. Dupin s'exprima ainsi: «Le rédacteur de l'Adresse et la majorité de la commission n'ont pas changé d'opinion; mais, avec les sentiments français qui étaient dans nos cœurs, nous avons été amenés à recueillir les impressions, non pas de nos adversaires, mais de nos amis, et à donner satisfaction à la Chambre, non en changeant les sentiments, mais en leur donnant plus de relief et de saillie.»
604: Le Journal des Débats criblait de ses sarcasmes ce fameux plan. «M. Thiers, disait-il, se donne un singulier mérite, et voici ce mérite: sa politique officielle était pacifique, mais sa politique secrète était belliqueuse! Au mois d'octobre, il ne considérait pas le traité de Londres comme une insulte; il l'eût considéré comme une insulte, au mois de mai prochain! Il n'entendait pas s'opposer à l'exécution du traité, il l'a dit et l'a prouvé; mais il voulait le faire modifier, quand il serait pleinement exécuté! Il a abandonné la Syrie aux chances de la guerre; mais, au mois de mai, il eût essayé de la reprendre.» Puis, cessant de railler, il apostrophait ainsi l'ancien ministre du 1er mars: «Non, M. Thiers, vous n'avez pas voulu la guerre. Vous ne l'avez pas plus voulu au mois d'octobre qu'au mois d'août, avec cette résolution sérieuse et calme d'un homme d'État qui a calculé les chances et qui se sent la main assez forte pour diriger les événements... Puis, quand les événements vous ont déçu, vous n'avez plus songé qu'à vous préparer sur les bancs de l'opposition une retraite avantageuse.»
605: Journal inédit du baron de Viel-Castel du 10 décembre 1840.
606: M. Thiers avait dit, dans son discours du 27 novembre: «Cette presse m'injurie de la manière la plus affreuse. On me fait un homme de presse qui attaque tout le monde avec cet instrument, comme si je n'étais pas la plus grande victime de la presse! (Exclamations et rires au centre.) Messieurs, n'y a-t-il pas des journaux qui me diffament tous les jours de la manière la plus odieuse? Eh bien, je leur accorde une chose: on peut toujours faire souffrir un honnête homme quand on le calomnie; je leur accorde cette triste puissance sur moi... Mais cet honnête homme méprise, il méprise beaucoup, et c'est sa seule vengeance.»
607: Bulwer, t. II, p. 324.
608: The Greville Memoirs, second part, t. Ier, p. 354 et 355.
609: Documents inédits.
610: Ibid.
611: Lettre du 13 décembre 1840. (Documents inédits.)
612: M. Berryer avait dit à la tribune, dans la discussion de l'Adresse: «Je l'entends, je l'entends, le canon de Saint-Jean d'Acre, j'entends le canon anglais qui brise Saint-Jean d'Acre, devant lequel Napoléon s'était arrêté. Et vous allez entendre, aux rives d'une autre mer, un autre canon qui va vous annoncer les restes du prisonnier de l'Anglais. À ses funérailles et dans sa tombe même, est-ce que vous ensevelirez, sans gémir, sans protester, l'influence, l'ascendant qu'il vous avait conquis et que vous gardiez encore?»
613: 13, 14 et 15 décembre 1840.
614: M. de Barante écrivait plus tard, le 30 décembre 1840, à M. Guizot: «On attendait ici (à Saint-Pétersbourg) impatiemment des nouvelles de la cérémonie funèbre de Napoléon. Beaucoup de personnes, et probablement l'Empereur tout le premier, s'imaginaient qu'elle serait l'occasion de quelque grand trouble.» (Documents inédits.)
615: M. Doudan, qui, il est vrai, n'était pas prompt à l'émotion et voyait facilement le côté ridicule des choses, écrivait à ce propos: «Pour faire quelque chose de grand en ce genre, il faut une grande impression, unanime, profonde; mais, avec l'infinie variété de nos petits esprits, toutes nos petites inventions sont risibles. Le directeur de l'Opéra, se mettant à la tête d'un sentiment public, lui ôtera toujours de sa gravité. Si une voiture de poste s'arrêtait à la porte des Invalides pour y déposer le cercueil de l'Empereur, repris après une bataille à Sainte-Hélène, cela serait grand; mais les statues de l'Éloquence, de la Justice et de l'Idéologie, exécutées en plâtre et en osier sur des dimensions gigantesques, seront l'image parfaite de nos impressions et de nos idées. Toutes ces émotions, tirées des vieux garde-meubles de l'Empire, ne pourront pas supporter le grand air. Vous pouvez bien vous vanter de faire partie d'une nation de baladins et de baladins de la plus mauvaise école, mêlant tous les genres et exagérant tout, faute d'éprouver quelque chose.» (Mélanges et lettres, t. 1er, p. 354.)
616: 16 et 17 décembre 1840.
617: Lettre à M. de Barante, du 16 décembre 1840. (Documents inédits.)
618: Mémoires de M. Guizot.
619: Dans sa lettre parisienne du 20 décembre 1840, madame Émile de Girardin raconte ou plutôt suppose des conversations échangées entre diverses personnes sur la cérémonie du 15 décembre. «Le prince de Joinville, dit un vieux général, est un brave jeune homme; l'Empereur l'aurait beaucoup aimé.—C'est possible, répond son interlocuteur; mais l'Empereur, à sa place, ne se serait pas ramené.»
620: L'armée, à la chute de M. Thiers, et par suite de l'appel des classes de 1834 à 1838, comprenait environ quatre cent quarante mille hommes. C'est à peu de chose près ce chiffre que maintenait le ministère du 29 octobre.
621: Mémoires de M. Guizot, t. VI, p. 39 et p. 55.
622: Cette démarche est rapportée dans une lettre de M. Guizot à M. de Barante, décembre 1840. (Document inédits.)
623: Mémoires inédits de M. de Sainte-Aulaire; Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 507, 508.—Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 459.
624: Hillebrand, Ibid.
625: À gauche, la presse se divisait ainsi: pour les fortifications, les journaux thiéristes et le National; contre, le Commerce et les autres feuilles d'extrême gauche. À droite, le Journal des Débats soutenait la loi, mais tristement et sans grand entrain; la Presse la combattait.
626: À entendre la réflexion, un peu chagrine, il est vrai, d'un contemporain, certains conservateurs étaient «bien aises de n'avoir pas d'armes pour se défendre, comme les petits enfants de n'avoir pas de plume pour faire leur devoir».
627: «Soyez franc, écrivait madame de Girardin le 24 janvier 1841, connaissez-vous au monde une ville de guerre où l'esprit travaille? il n'en est point..... Ne mettez pas à Paris une armure, sa lourde cuirasse le gênerait pour se promener en rêvant sur les destinées du monde. Ne lui mettez pas un casque, l'idée a peur du fer; elle n'ose point naître sous une pesante coiffure.» Elle invoquait à l'appui l'opposition de tous les grands lettrés contre les fortifications, de Chateaubriand, de Victor Hugo, de Lamartine, de Balzac, de Théophile Gautier, etc. «Le projet, concluait madame de Girardin, est un coup d'État contre l'esprit; il fait naturellement frémir tous ceux qui ont quelque chose à perdre.» (Le vicomte de Launay, Lettres parisiennes, t. III, p. 119 à 121.)
628: «Je n'ai point abandonné, disait le maréchal, l'opinion que j'ai été appelé à émettre, sur la même question de fortifier Paris, en 1831, 1832 et 1833; mais j'ai pensé que ce n'était pas le moment de la reproduire. Aussi je l'ai écartée avec soin, afin que la question se présentât tout entière devant la Chambre. Mais je lui dois et je me dois à moi-même de déclarer que je fais expressément la réserve de cette opinion antérieure que ni le temps ni les circonstances n'ont affaiblie.»
629: Les journaux thiéristes dénonçaient ouvertement cette intrigue. Cf. entre autres le Siècle du 8 janvier 1841. Le bruit en arrivait jusqu'à Londres, et M. Charles Greville écrivait à ce propos, le 13 janvier 1841: «Guizot est évidemment inquiet de certaines intrigues maintenant en œuvre pour le renverser. De ces intrigues, Molé est l'objet ou l'agent, peut-être les deux à la fois. Guizot a envoyé l'autre jour à Reeve un article habilement fait, où l'on discutait la position de M. Molé et la moralité aussi bien que la possibilité de son arrivée au pouvoir avec l'aide d'une coalition.» (The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 365.)
630: Cette discussion dura du 23 mars au 1er avril 1841.
631: Mémoires de M. Guizot, t. VI, p. 30.
632: Lettre à M. de Barante (Documents inédits).
633: Ces idées étaient soutenues entre autres par le Journal des Débats.
634: Telle était la thèse développée par M. Rossi, qui écrivait alors, sans les signer, les chroniques politiques de la Revue des Deux Mondes.
635: 20 février 1841.
636: Comme s'en est vanté plus tard un écrivain radical, «le Roi était devenu personnellement, en dépit des jalouses précautions de la loi, le but de toutes les attaques». (Élias Regnault, Histoire de huit ans, t. II, p. 77).
637: S'il faut en croire le témoignage de certains ambassadeurs étrangers, M. Guizot leur aurait avoué l'authenticité de ces lettres. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 478).
638: Chronique politique de la Revue des Deux Mondes du 1er mai 1841.
639: Lettre du 29 avril 1841. (Lutèce, p. 197 et 198).
640: Pour l'exposé qui va suivre jusqu'à la convention des détroits, je me suis surtout servi de la Note inédite du prince Albert de Broglie, complétée par occasion avec les Papiers inédits de M. de Barante, les Mémoires de M. Guizot et la Correspondence relative to the affairs of the Levant. C'est à ces sources que seront puisés tous les documents pour lesquels ne sera indiquée aucune origine particulière.
641: The Greville Memoirs, second part, t. I, p. 361.
643: «Continuez, écrivait-il à M. de Bourqueney, à ne vous point montrer pressé, à n'aller au-devant de rien, mais ne montrez non plus aucune hésitation ni aucune envie de rien retarder.»
644: The Greville Memoirs, second part, t. I, p. 385.
645: Documents inédits.
646: Ces déficits venaient surtout des dépenses militaires. Sur les 330 millions de crédits supplémentaires pour 1840 et 1841, 189 concernaient les services de la guerre et de la marine. En 1839, les dépenses totales de ces deux services s'étaient élevées à 322 millions. Ce chiffre fut dépassé, en 1840, de 145 millions; en 1841, de 189 millions; en 1842, de 117 millions; en 1843, de 86 millions; soit, pour ces quatre années, une augmentation de 539 millions sur 1839. Encore ne comprend-on pas dans ces chiffres les travaux de fortifications.
647: Ce n'était pas seulement sur le chiffre de la dépense que portait l'attaque: on critiquait aussi la façon dont elle avait été engagée, les marchés faits sans publicité et sans concurrence, les mesures précipitées, et surtout l'usage abusif des crédits ouverts par ordonnance. À ce dernier point de vue, les trois commissions des crédits de 1840, de ceux de 1841, du budget de 1842, et à leur suite de nombreux orateurs blâmèrent sévèrement les créations de nouveaux régiments qui avaient, sans intervention du pouvoir législatif, modifié l'organisation de l'armée et chargé le budget d'une lourde dépense permanente; ils soutenaient qu'on eût pu verser les hommes appelés dans les anciens cadres ou se borner à former des quatrièmes bataillons; en 1831, l'armée n'avait-elle pas été notablement augmentée sans création de régiments? Sans doute il était impossible de revenir sur la mesure, car douze cents officiers se seraient trouvés sans emploi; mais plus la dépense était maintenant forcée pour la Chambre, plus elle lui paraissait abusive.
648: Cf. plus haut, t. III, p. 247 à 250.
649: Documents inédits.
650: Correspondance de M. Desages et du comte de Jarnac. (Documents inédits.) Le 17 juin 1841, le même M. Desages conseillait encore à Méhémet-Ali de «s'arranger de manière à ne plus entretenir ou réattirer sur lui l'attention. Son intérêt est de faire le mort au moins pour une ou deux années».
651: Correspondance de M. Desages et du comte de Jarnac. (Documents inédits.)
652: Le 16 juin, lord Ponsonby écrivait à lord Palmerston: «Je pense, comme je l'ai toujours pensé, que le pacha n'exécutera point les mesures ordonnées par le sultan.»
653: M. Guizot avait fait instamment recommander au pacha de ne pas servir par sa résistance «les vues des gouvernements qui, moins bien disposés pour lui ou pour la France, travaillent en secret à retarder le moment où la rentrée du gouvernement du Roi dans les conseils de l'Europe proclamera hautement que le traité du 15 juillet n'existe plus». «Il importe à Méhémet-Ali plus qu'à personne, ajoutait notre ministre, que la situation exceptionnelle créée par ce traité ne se prolonge pas, et que chacun des États qui l'ont signé reprenne sa position particulière et sa liberté d'action.»
654: Dès le 18 mai, le ministère whig était une première fois mis en minorité de trente-six voix sur la question des sucres étrangers. Le 5 juin, une motion formelle de défiance, présentée par Robert Peel, fut votée à une voix de majorité. Le parlement, prorogé le 23 juin, fut dissous le 29.
655: Lord Palmerston opposait à cette inhumanité, qui arrachait à ses auditeurs indignés des cris de: «Honte! Honte!» le tableau touchant de la douceur montrée par les Anglais dans leur empire d'Asie. La conséquence, disait-il, c'est qu'un Anglais voyageant seul est aussi en sûreté dans le centre de l'Afghanistan que dans un comté anglais, tandis qu'en Algérie «un Français ne peut montrer son visage au delà d'un certain point sans tomber victime de la féroce et excusable vengeance des Arabes». Presque au moment où lord Palmerston parlait ainsi, l'Afghanistan se soulevait en masse, les Anglais étaient obliges d'évacuer Caboul, laissant des milliers de morts et de prisonniers, et peu après, les journaux étaient remplis du récit des cruautés attribuées aux généraux anglais dans cette campagne de l'Afghanistan.
656: Correspondance inédite de M. de Barante.
657: Ibid.
658: Correspondance de Proudhon, t. 1er.
659: Mémoires de M. de Metternich, t. VI, p. 545.