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Histoire de la Monarchie de Juillet (Volume 6 / 7)

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Si difficile à vivre que leur parût parfois le maréchal Bugeaud, les ministres désiraient qu'il conservât encore la direction des affaires algériennes. Ils lui déclarèrent donc, dès son arrivée à Paris, qu'ils ne voulaient pas entendre parler de sa démission, et ils ne négligèrent rien pour le calmer et l'amadouer. D'ailleurs, à la fin de l'année précédente, la composition du cabinet avait subi un changement qui facilitait l'entente: le maréchal Soult, fatigué par l'âge, avait abandonné son portefeuille, pour ne conserver que la présidence du conseil, présidence un peu nominale; il avait eu pour successeur au ministère de la guerre le général Moline Saint-Yon, avec lequel le gouverneur était en très bons termes[511]. Le Roi, auquel Bugeaud était fort attaché, intervint personnellement pour le presser de garder ses fonctions. «Sire, j'obéis, répondit le maréchal, mais je supplie Votre Majesté de faire que j'aie quelque chose de grand, de décisif à exécuter en colonisation.» On sait ce qu'il entendait par là: c'était une allusion à cette fameuse colonisation militaire dans laquelle, plus que jamais, il voyait la solution nécessaire et unique. Sur les conseils de ses amis, il avait renoncé à l'exécution immédiate et en grand, qui avait tant effarouché les esprits; il réclamait seulement un essai sérieux. On lui donna satisfaction: engagement formel fut pris de demander, dès l'ouverture de la prochaine session, un crédit de trois millions pour faire cet essai.

Le maréchal Bugeaud rentra à Alger, en novembre 1846. Il y trouva la colonie assez tranquille. Abd el-Kader s'était définitivement retiré en terre marocaine, l'âme toujours indomptable, mais impuissant[512]. Moins il se sentait en état de reprendre la lutte armée, plus il tâchait de persuader aux indigènes que la France traitait avec lui. La présence à son camp des onze prisonniers, survivants de l'horrible massacre du 24 avril, lui fournit l'occasion d'ouvrir une sorte de négociation. Il chargea le principal d'entre ces prisonniers, le lieutenant-colonel Courby de Cognord, d'écrire aux commandants français de la frontière pour proposer un échange. Puis, sans attendre que ces premiers pourparlers eussent abouti, il fit traiter sous main d'une libération moyennant rançon; toute une comédie fut jouée pour faire croire que la rançon était exigée par les subalternes à l'insu de l'émir, et que celui-ci relâchait ses captifs par pure générosité. Le 25 novembre, Courby de Cognord et ses compagnons furent remis, contre argent, au commandant espagnol de Mélilla, qui avait servi d'intermédiaire, et de là conduits à Oran, où leur fut fait un accueil ému. Ils amenaient avec eux un Arabe, porteur de deux lettres d'Abd el-Kader à Louis-Philippe et au maréchal Soult. Ces lettres, d'une fierté pompeuse, concluaient à des propositions de paix: dans l'exposé des faits, l'émir se présentait comme ayant été contraint à la guerre par nos généraux; un fait toutefois le gênait visiblement, c'était le massacre des prisonniers: il reconnaissait l'avoir ordonné, mais disait y avoir été acculé par les mauvais procédés des commandants français, par leur refus obstiné de vouloir entendre parler d'échange, par leur injurieuse prétention de faire intervenir l'empereur du Maroc; il rejetait donc sur eux seuls la responsabilité du fatal dénouement; il terminait en se faisant honneur de la générosité avec laquelle il libérait les survivants. Le maréchal Bugeaud ne permit pas au messager de passer en France; il le renvoya au Maroc, avec cette réponse verbale: «Dis à ton maître que, s'il nous avait renvoyé nos prisonniers sans rançon, je lui en aurais remis trois pour un; mais, puisqu'il a fait payer la liberté de ceux-ci et a fait égorger les autres, je ne lui dois rien que de l'indignation pour sa barbarie.» Abd el-Kader, fort mortifié de cette réponse, protesta contre l'injure qu'on lui faisait en supposant qu'il «avait rendu les Français pour de l'argent». «Tu oublies, écrivait-il au maréchal, que les choses du monde sont changeantes. À cet égard, j'en sais plus que toi. Je suis convaincu que rien ne peut être durable sur cette terre, depuis la création d'Adam jusqu'à l'extinction de la race humaine. C'est pourquoi je ne me réjouis point, je ne m'enorgueillis pas ni ne me fie aucunement aux effets du destin, si la fortune me sourit, comme aussi je ne m'afflige point ni ne me désespère, si je suis atteint par des revers, et cela parce que j'ai la croyance que rien n'est stable sur la terre... Au reste, les anciens sages ont comparé le destin à la grossesse d'une femme: le sexe de l'enfant prêt à naître ne peut être connu avant l'enfantement[513]

Quand Abd el-Kader se sentait impuissant, qui était de force à lutter contre nous? Bou-Maza l'essaya cependant. Au commencement de 1847, il quitte le Maroc, se jette dans le sud de nos possessions, erre d'une oasis à l'autre, sans parvenir à y susciter un mouvement sérieux, et finit par pénétrer presque seul dans l'Ouarensenis et le Dahra, premier théâtre de ses combats; mais ses anciens partisans, bien que le vénérant toujours, s'écartent de lui. Saint-Arnaud ne lui laisse pas un moment de répit. «Je fais traquer Bou-Maza comme un chacal», écrit-il à son frère, le 10 avril. Trois jours après, il ajoute, avec un cri de triomphe: «Bou-Maza est entre mes mains... C'est un beau et fier jeune homme. Nous nous sommes regardés dans le blanc des yeux.» Le 17, «un peu sorti du tourbillon», le colonel raconte ainsi comment les choses se sont passées: «Les dernières tentatives faites par Bou-Maza l'ont dégoûté et désillusionné. Partout, il nous a trouvés en garde... Enfin, il arrive chez un de ses affidés, le caïd des Ouled-Djounés, qui, s'il eût été seul, se serait prosterné devant lui; mais il y trouve quatre de mes mokrazani. Ç'a été le dernier coup. Il a tout de suite pris sa détermination et a dit: «Menez-moi à Orléansville, au colonel de Saint-Arnaud lui-même», ajoutant que c'était à moi qu'il voulait se rendre, parce que c'était contre moi qu'il s'était le plus battu. Les autres ont obéi; ils tremblaient encore devant Bou-Maza, qui a gardé ses armes et ne les a déposées que chez moi, sur mon ordre. En amenant Bou-Maza, mes quatre mokrazani étaient effrayés de leur audace. D'un signe, Bou-Maza les aurait fait fuir. L'influence de cet homme sur les Arabes est inconcevable. Bou-Maza était las de la guerre et de la vie aventureuse qu'il menait. Il a compris que son temps était passé, et qu'il ne pouvait plus soulever des populations fatiguées de lui et domptées par nous. C'est un événement remarquable[514].» Bou-Maza fut traité avec égard. Interné à Paris, installé dans un riche appartement des Champs-Élysées, avec une pension de 15,000 francs, il fut un moment à la mode parmi les badauds de la capitale. Passé, en 1854, au service de la Porte, il fut fait, en 1855, colonel dans l'armée ottomane, et mourut peu après en Turquie.

Le découragement qui avait amené la reddition de Bou-Maza n'était pas un fait isolé. Vers la même époque, au nord-est de la province d'Alger, Ben-Salem, qui avait été l'un des plus importants khalifats d'Abd el-Kader, venait, accompagné de plus de cent chefs des régions voisines du Djurdjura, apporter solennellement sa soumission au maréchal Bugeaud. En avril et en mai 1847, trois colonnes, commandées par les généraux Jusuf, Cavaignac et Renault, pénétrèrent simultanément dans l'extrême sud et y promenèrent le drapeau de la France, sans avoir presque à tirer un seul coup de fusil.

XIII

Rien donc, dans la situation militaire, qui pût préoccuper le maréchal Bugeaud et qui l'empêchât de porter toute son attention et tous ses efforts sur le problème de la colonisation. C'était en résolvant ce problème qu'il prétendait signaler la fin de son gouvernement. À vrai dire, en cette matière, il était urgent de faire mieux qu'on n'avait fait jusqu'alors. L'état des villages créés dans le Sahel et la Métidja ne s'était pas amélioré depuis un an, bien au contraire. Les misères, déjà notées, à la fin de 1844, par les voyageurs, notamment par l'abbé Landmann, étaient encore aggravées. Beaucoup de colons avaient succombé ou s'étaient découragés. Les demandes de concession, qui, de 1842 à 1845, étaient allées toujours en augmentant, commençaient à diminuer. En 1846, les villages ne recevaient que 689 colons nouveaux, tandis qu'ils en perdaient 715. Il était manifeste que, sous le coup des déceptions survenues, le premier élan se ralentissait et menaçait de s'arrêter complètement. À ce mal, le gouverneur prétendait remédier par la colonisation militaire.

Sa confiance était plus inébranlable que jamais. «Ma conviction pour le système à adopter en colonisation, écrivait-il à M. Léon Roches, est aussi profonde que celle que j'avais sur le système de guerre à faire aux Arabes. Vous m'avez vu lutter (sur ce dernier point) contre tout le monde, même contre les ministres, sans jamais me décourager; j'ai résisté avec acharnement et j'ai triomphé. Je serais sûr également de triompher dans l'essai d'une colonisation militaire[515].» Sachant l'opinion peu favorable à ses idées, le maréchal n'hésita pas, pour tâcher de la convertir, à se faire publiciste et même journaliste: c'était son habitude. Dans le courant de la session de 1846, il avait envoyé une brochure aux membres du Parlement. Il revint à la charge, par un Mémoire aux Chambres, distribué le 1er janvier 1847: il y entrait dans tous les détails d'application de son système, en exposait les avantages, répondait aux critiques; c'était un appel pressant, qui respirait, de la première ligne à la dernière, une forte conviction. En même temps, il ne perdait pas un instant de vue le ministère: croyait-il deviner chez lui quelque hésitation à tenir la promesse faite, quelque velléité d'ajourner le dépôt du projet d'essai, il écrivait aussitôt au Roi et menaçait de donner sa démission[516].

Néanmoins, les préventions contre la colonisation militaire subsistaient toujours aussi vives dans la population civile. En novembre 1846, quatre députés, MM. de Tocqueville, de Lavergne, Plichon et Bechamel, débarquaient en Afrique, avec l'intention d'étudier par eux-mêmes et sur place les questions soulevées. Le maréchal, s'étant offert à les promener dans la province d'Alger, leur fit traverser la Métidja, les conduisit jusqu'à Médéa et les ramena ensuite par Miliana et Orléansville. Il se flattait de leur faire ainsi saisir sur le vif les avantages pratiques du régime militaire, et, en tout cas, de leur montrer la sécurité due au succès de ses armes. Sur ce dernier point, la démonstration fut éclatante; sur le premier, elle parut moins concluante. Sans doute le maréchal eut beau jeu à montrer, à chaque pas, tout ce qu'avait fait l'armée; mais il avait plus de peine à convaincre ses compagnons de route que cette armée suffirait, dans l'avenir, à résoudre tous les problèmes de la colonisation, et que la population civile était satisfaite de vivre sous son autorité. Plus d'un incident vint, au cours du voyage, contrarier son argumentation. Un jour, par exemple, une délégation d'habitants de Miliana demandait au gouverneur, en présence des députés, qu'un commissaire civil fût chargé de l'administration municipale, et un juge de paix de l'administration de la justice; le maréchal répondit aux réclamants par un exposé des avantages d'une administration gratuite et expéditive, d'une justice également gratuite et fondée sur le bon sens, sinon sur la science juridique; il leur reprocha leur ingratitude envers les officiers qui se dévouaient à une tâche pénible et étrangère à leur carrière, sans avoir rien à y gagner; puis il les congédia avec assez d'humeur. Cette démarche malencontreuse lui resta sur le cœur, et plus d'une fois, les jours suivants, il y revint dans ses conversations avec les députés. «Que veulent-ils? leur disait-il; sont-ils fous? Ils ont besoin de nous à chaque instant, et les voilà qui veulent se séparer de nous! Où trouveront-ils, dans l'autorité civile, les ressources et l'assistance que leur fournit constamment l'autorité militaire?» Et se tournant vers le colonel de Saint-Arnaud qui venait de rejoindre la caravane,—car on approchait d'Orléansville, siège de son commandement: «Voyons, colonel, puisque nous en sommes là, dites-nous ce que vous avez fait ici pour la population civile.» Saint-Arnaud se mit alors à vanter la superbe organisation qu'il avait donnée à la milice, la discipline rigoureuse qu'il y maintenait. «Mais aussi, ajouta-t-il, à la moindre négligence, je les mets dans le silo, la tête la première; voilà ce que j'ai fait pour eux.» À cette conclusion, ce fut un rire général. Le maréchal, toutefois, fit la grimace, pensant que ce n'était pas le meilleur moyen de convaincre les députés de l'excellence du régime militaire. Le commandant du génie vint à son secours, en exposant tout ce qui avait été fait pour aider les colons: fourniture de matériaux, constructions, transports, prêts d'argent. «Eh bien! vous le voyez, s'écria alors le gouverneur, que gagneront-ils à passer de la tutelle paternelle de l'autorité militaire sous celle de l'autorité civile? Sera-ce l'autorité civile qui leur prêtera ses bras pour bâtir leurs maisons, ou ses équipages pour y faire voyager leurs marchandises? Où prendrait-elle cette abondance et cette variété de ressources que l'organisation de l'armée lui permet de mettre sans frais à la disposition des colons? Que les faiseurs de théories qui les excitent à réclamer des garanties, des institutions civiles, viennent donc ici leur garantir d'abord la première de toutes les nécessités, celle de pouvoir subsister et s'établir dans le pays!» Le soir, l'un des compagnons de M. de Tocqueville, prenant l'air dans une des rues d'Orléansville, y fut brutalement apostrophé par un sergent qui, sans prétexte, menaça de «le mettre dedans» s'il ne s'en allait au plus vite. «Je sais maintenant, disait plaisamment celui auquel était arrivée cette mésaventure, ce que c'est qu'un territoire mixte, c'est un territoire mêlé de sergents.» M. de Tocqueville quitta le maréchal à Orléansville et revint étudier seul, de plus près, les villages administratifs ou militaires créés autour d'Alger; il sortit de cet examen mieux convaincu encore qu'il fallait chercher ailleurs la solution du problème de la colonisation algérienne[517].

Mal vu par les «civils», le système du maréchal était loin d'être soutenu par tous les militaires. Sur l'invitation du gouvernement, le général Bedeau avait préparé un plan de colonisation pour la province de Constantine. Il proposait «d'essayer tous les systèmes de colonisation, à l'exception toutefois de celui des pauvres qui lui paraissait très onéreux». Bornant le rôle de l'État à la fixation de certaines limites et de certaines conditions protectrices, au don de la terre, à l'exécution des grands travaux de sécurité, de salubrité et de viabilité, il comptait principalement sur l'initiative des individus et des capitaux, et se préoccupait de leur laisser le plus de liberté possible. Il ne paraissait faire aucune part à la colonisation militaire.

C'est surtout du côté du général de La Moricière que venait l'opposition au système du maréchal Bugeaud. La rivalité un peu jalouse de ces deux hommes de guerre n'était pas un fait nouveau. Sans doute, dans leurs bons moments, ils comprenaient, l'un et l'autre, le tort de leurs divisions; alors le maréchal rendait justice à son brillant lieutenant et le signalait lui-même au gouvernement comme l'un des hommes les plus capables de le remplacer[518]; alors aussi La Moricière écrivait à Bugeaud: «Pour moi, je repousse la situation de rivalité, d'opposition, dans laquelle on veut me placer par rapport à vous, Monsieur le maréchal; je la repousse, parce qu'elle répugne à mon caractère; je la repousse, au nom de la discipline de l'armée que tout homme qui aime son pays doit respecter[519].» Malheureusement, par l'effet des situations et aussi des caractères, les heurts étaient fréquents. Il s'en était produit dès 1842[520]. À partir de 1845, les rapports furent plus tendus encore. Quand il se voyait vilipendé dans le journal l'Algérie, tandis que le commandant d'Oran y était porté aux nues, le maréchal soupçonnait aussitôt ce dernier d'inspirer cette polémique, soupçon qui, il est vrai, ne tenait pas longtemps devant les protestations de La Moricière. En octobre 1845, lorsqu'il revenait soudainement en Afrique pour faire face à l'insurrection, il ne se retenait pas de blâmer tout haut la façon dont le commandant intérimaire avait conduit les choses, d'attribuer les premiers échecs à ses fausses mesures, d'insinuer même qu'il avait manqué de sang-froid dans le péril. Par contre, quelques mois plus tard, La Moricière ne se gênait pas pour se plaindre que le maréchal surmenât ses troupes sans profit. Tous ces désaccords étaient connus de l'armée, sur laquelle ils ne pouvaient avoir qu'un fâcheux effet. Le colonel de Saint-Arnaud, qui était entièrement du bord du maréchal et facilement injuste pour le commandant d'Oran, écrivait à son frère: «Il n'y a pas deux camps dans l'armée d'Afrique, mais il y a deux hommes: l'un, grand, plein de génie, qui, par sa franchise et sa brusquerie, se fait quelquefois des ennemis, lui qui n'est l'ennemi de personne; l'autre, capable, habile, ambitieux, qui croit au pouvoir de la presse et la ménage, qui pense que le civil tuera le militaire en Afrique et se met du côté du civil. L'armée n'est pas divisée pour cela entre le maréchal Bugeaud et le général La Moricière; seulement, il y a un certain nombre d'officiers qui espèrent plus du jeune général qui a de l'avenir, que du vieillard illustre dont la carrière ne peut plus être bien longue[521]

Aussitôt que la question de colonisation commença à occuper les esprits, La Moricière y prit position à l'antipode de Bugeaud. Dès 1844 et 1845, dans des notes adressées au ministre ou publiées, il montrait la solution du problème, non dans l'intervention de l'État et de l'armée, mais dans l'action des capitaux qu'il fallait attirer et intéresser; il s'en rapportait à la spéculation du soin de faire venir les colons sur les terres dont elle se serait mise en possession. Au commencement de 1846, ses idées se précisent. Sur l'invitation que le gouvernement lui a adressée en même temps qu'au général Bedeau, il rédige, pendant ses nuits de bivouac, tout un plan de colonisation de la province d'Oran, qu'il a soin d'envoyer directement au ministre, par crainte que le gouverneur général ne l'intercepte. Partant de cette idée que «le bon sens du pays et de la Chambre a fait justice du projet de colonisation militaire[522]», il propose d'appeler les riches capitalistes au moyen de grandes concessions de terres faites par adjudication; certaines clauses seraient imposées aux adjudicataires en faveur des petits colons qui viendraient s'établir sur leurs terres. Il ne met à la charge de l'État qu'une dépense très limitée, celle de quelques travaux d'intérêt général; ainsi évalue-t-il à 200,000 francs les déboursés à faire pour 2,300 familles, et il oppose la modicité de ce chiffre aux frais colossaux du système du maréchal Bugeaud. Il se préoccupe aussi d'écarter les formalités compliquées qui trop souvent rebutent les initiatives particulières. Si le général compte avant tout sur les capitalistes, il n'exclut pas de plus modestes concessionnaires; seulement, il insiste pour qu'on ne leur donne pas plus de terres que leurs ressources ne leur permettent d'en mettre en valeur. En tout cas, qu'il s'agisse d'attirer les capitaux gros ou petits, il faut, à son avis, remplacer, dans les territoires ouverts aux colons, l'arbitraire du régime militaire par les garanties du régime civil; le but doit être d'assimiler ces territoires à la Corse, moins les droits électoraux dans les premières années[523]. Quant au gouverneur général, son rôle serait réduit à celui de commandant de l'armée et de chef du pays arabe. Était-il alors aussi facile que le supposait La Moricière, de faire venir les capitaux en Algérie? Quand, par application de ses idées, on essaya de mettre en adjudication le territoire de plusieurs nouvelles communes dans la province d'Oran, à charge, pour les particuliers ou les compagnies qui se rendraient adjudicataires, de les peupler de familles européennes, le résultat fut à peu près nul. Il est vrai que les conditions compliquées imposées aux adjudicataires étaient bien faites pour décourager toute entreprise. Le général attribua l'insuccès à ces exigences de la routine administrative et aussi à la mauvaise volonté du gouverneur.

Le souci de faire prévaloir ses idées sur la colonisation et de mieux contre-balancer la grande autorité du maréchal Bugeaud éveilla chez La Moricière l'ambition de se faire, lui aussi, nommer député. Une occasion lui était offerte par les élections générales d'août 1846. Ses premières tentatives, à Paris et en Maine-et-Loire, ne furent pas heureuses. Ce fut seulement en octobre que M. de Beaumont, qui avait été élu par deux collèges, fit élire La Moricière à sa place dans celui de Saint-Calais. Arrivé à la Chambre sous de tels auspices, le général, qu'il le voulût ou non, se trouva plus ou moins lié à la partie de la gauche qui se groupait autour de M. de Tocqueville. L'opposition d'ailleurs se montra fort empressée à se parer d'une si brillante renommée. L'une des conséquences fut naturellement d'accentuer encore l'antagonisme existant entre le gouverneur général et son lieutenant. Ils apparaissaient au public comme les représentants de deux politiques contraires, aussi bien en France qu'en Algérie. Le colonel de Martimprey, fort dévoué à La Moricière, s'alarmait d'une telle situation: «Je redoute, écrivait-il d'Afrique, le spectacle d'une lutte entre mon général et le maréchal Bugeaud; il n'en sortirait rien de bon, ni pour l'un ni pour l'autre, et quelque vautour ne tarderait pas à se percher sur leurs cadavres.»

Plus le général de La Moricière prenait ainsi position, plus le maréchal Bugeaud s'en irritait, et il n'était pas homme à garder son mécontentement pour lui. Il ne se borna pas à malmener, dans ses conversations, ce qu'il appelait la théorie des «colons en gants jaunes». Au commencement de 1847, il publia et fit distribuer aux membres des Chambres une réfutation sévère du système de La Moricière. À l'entendre, ce système, loin de résoudre la question coloniale et la question militaire, ne serait, sous ce double rapport, qu'une cause de ruines. Il s'attacha surtout à montrer que l'économie dont on faisait si grand bruit n'était qu'apparente. D'ailleurs, ajoutait-il, la colonisation la plus rapide et la plus fortement constituée serait, en définitive, quoi qu'elle coûtât, la plus économique, parce qu'elle seule permettrait de diminuer l'armée. Il déclarait donc repousser de tout son pouvoir les idées du général; tout au plus consentirait-il à les essayer localement, afin d'en démontrer pratiquement l'inefficacité.

XIV

Cependant la session de 1847 s'était ouverte, et, le 27 février, le ministre de la guerre, fidèle à l'engagement pris envers le maréchal Bugeaud, déposait à la Chambre une demande de crédit de trois millions, pour établir en Algérie des «camps agricoles où des terres seraient concédées à des militaires». L'exposé des motifs commençait par rappeler les divers modes de colonisation tentés jusqu'alors en Afrique; tout en se félicitant de ce qui avait été et de ce qui pourrait encore être obtenu, il indiquait l'utilité de «fonder, sur les limites des territoires occupés, une colonisation plus forte, plus défensive que la colonisation libre et civile, une colonisation armée, véritable avant-garde destinée à se servir du fusil comme de la bêche, sorte de bouclier pour les établissements placés derrière elle». Il indiquait que l'armée seule pouvait fournir les éléments de cette colonisation. Venaient ensuite des détails sur la manière d'organiser ce corps de soldats appelé à devenir un peuple de colons.

Il fut aussitôt visible que l'opinion faisait mauvais accueil à l'idée des camps agricoles. À Alger, les colons se réunirent pour protester et envoyèrent en France des délégués chargés de demander le rejet de la loi. Le gouvernement, assez embarrassé et peu disposé à porter seul la responsabilité d'un projet qu'il n'avait présenté que par égard pour Bugeaud, insista fortement auprès de ce dernier pour qu'il vînt à Paris et assumât le premier rôle dans la discussion. Le maréchal ne parut pas pressé de se rendre à cet appel. Malade d'un gros rhume, mécontent de ce que le ministère ne s'engageait pas plus à fond, et probablement pressentant l'échec final, il répondit, sur un ton assez grognon, le 9 mars 1847, à M. Guizot: «Je n'ai rien vu de plus pâle, de plus timide, de plus incolore que l'exposé des motifs du ministre de la guerre. On y a mêlé l'historique incomplet de la colonisation, le système du général de La Moricière, celui du général Bedeau; enfin le mien arrive comme accessoire... On lui donne la plus petite portée possible; on l'excuse bien plus qu'on ne le recommande... Je compte infiniment peu sur la parole du ministre de la guerre, mais je compte infiniment sur la vôtre... C'est maintenant l'œuvre du ministère; vous ne voudrez pas lui faire éprouver un échec. Pour mon compte, je n'y attache qu'un intérêt patriotique; mon intérêt personnel s'accommoderait fort bien de l'insuccès. Je suis déjà un peu vieux pour la rude besogne d'Afrique.» Il écrivait de nouveau, le 15 mars: «C'est encore de mon lit de douleur que je vous écris. Je commence à craindre sérieusement de n'être pas en état de me rendre à Paris avant la fin du mois, et, dès lors, qu'irais-je y faire? Les partis seront pris; la commission aura fait son rapport.» Puis, dans un post-scriptum, au reçu de la nouvelle que les députés nommés par les bureaux pour faire partie de la commission, étaient «très peu favorables» au projet, il ajoutait: «Le gouvernement, qui est si fort dans tous les bureaux, n'a donc pas cherché à faire prévaloir les candidats de son choix? Tout ceci est d'un bien mauvais augure.»

La commission était, en effet, presque unanimement hostile. Elle choisit pour président M. Dufaure et pour rapporteur M. de Tocqueville, tous deux connus comme adversaires de la colonisation militaire. Le gouvernement, qui se jugeait quitte pour avoir présenté le projet, ne manifestait nullement l'intention d'en faire une question de cabinet. Tout cela augmenta encore la répugnance du maréchal à s'engager de sa personne dans un débat qui ne pouvait bien tourner. Il fit savoir au ministère que, décidément, sa santé ne lui permettait pas de se rendre à Paris. Bien plus, il ne cacha pas que sa détermination était prise de se retirer. Toutefois, désireux de ne partir que sur un succès militaire, il voulut, avant de résigner effectivement ses fonctions, accomplir une expédition qu'il avait fort à cœur.

On sait comment, depuis longtemps, Bugeaud songeait à soumettre la Grande Kabylie, comment aussi il avait toujours été retenu par les Chambres et par le gouvernement[524]. En 1847, le calme qui régnait dans nos possessions africaines et l'ascendant que donnait aux armes françaises la défaite définitive d'Abd el-Kader lui parurent favorables à une opération décisive. D'ailleurs, à ses yeux, l'appui fourni à l'émir, l'année précédente, par les tribus du Djurdjura, condamnait la politique qui laisserait plus longtemps, au cœur de notre colonie, ce foyer d'indépendance. À la première révélation de ses projets, les ministres, préoccupés du sentiment connu de la Chambre, avaient fait des objections. Mais le maréchal insista, donna des explications rassurantes, et le gouvernement finit par se résigner à le laisser faire. «En vous voyant si certain du succès, lui écrivait le ministre de la guerre, je suis porté à y croire comme vous; j'en accepte donc l'espérance, et je reçois avec satisfaction l'engagement par lequel vous terminez cette dépêche de ne rien entreprendre dans ce pays sans être moralement assuré du succès, de n'y faire stationner les troupes que le temps indispensablement nécessaire, de n'y créer aucun poste permanent, enfin de ne pas demander, pour cette expédition, un soldat de plus.» Aussitôt qu'on eut vent, à la Chambre, de l'entreprise préparée contre la Kabylie, l'émotion y fut grande. La commission des crédits, présidée par M. Dufaure, la même qui, à ce moment, examinait et repoussait le projet de colonisation militaire, prit, le 9 avril 1847, la délibération suivante, dont ampliation fut signifiée au ministre de la guerre: «La commission, après en avoir délibéré, convaincue, à la majorité, que l'expédition militaire dans la Kabylie, annoncée par M. le gouverneur général, est impolitique, dangereuse et de nature à rendre nécessaire une augmentation dans l'effectif de l'armée, est d'avis de faire connaître à M. le ministre de la guerre son sentiment à cet égard.» De l'avis du conseil, le ministre de la guerre répondit que «le gouvernement était toujours disposé à tenir grand compte des opinions émises par les Chambres», mais qu'il devait «maintenir avec soin les limites établies entre les grands pouvoirs de l'État». Rappelant qu'en vertu de l'article 12 de la Charte, «les opérations militaires étaient conduites par le gouvernement du Roi en toute liberté, sous la garantie de la responsabilité des ministres», il s'étonnait de voir la commission «prendre une délibération sur une question qui rentrait exclusivement dans les attributions de la prérogative royale et notifier cette délibération au gouvernement du Roi». Il déclarait «ne pouvoir recevoir une communication contraire à notre droit constitutionnel», et renvoyait à la commission la pièce qu'elle lui avait adressée. En même temps qu'il défendait avec cette fermeté ses droits contre les empiétements parlementaires, le gouvernement fit connaître au maréchal ce qui venait de se passer, et, sans oser absolument interdire l'expédition, ne cacha pas qu'il la voyait avec inquiétude et déplaisir. Cette dépêche, datée du 30 avril, parvint à Bugeaud le 7 mai, au moment où il sortait du palais pour entrer en campagne. Sans prendre la peine de remonter à son cabinet, il écrivit au ministre: «Il est bien évident que je dois prendre sur moi toute la responsabilité de l'œuvre dans la chaîne du Djurdjura. Il le faut bien, d'ailleurs, puisqu'elle m'est laissée; mais cela ne m'effraye pas. Je vous prierai seulement de remarquer qu'on serait bien mal fondé de me répéter encore que je redoute la presse et l'opinion. Je monte à cheval pour rejoindre mes troupes[525]

Deux colonnes, l'une de sept mille hommes, commandée par le maréchal, l'autre de six mille, sous les ordres du général Bedeau, concouraient à l'expédition. Il ne s'agissait plus, comme on l'avait fait plusieurs fois, de mordre les bords du massif, mais bien de le traverser de part en part. Parties, la première de la province d'Alger, la seconde de la province de Constantine, les deux colonnes devaient marcher l'une vers l'autre, pour se rencontrer devant Bougie, ville de la côte que nous occupions depuis longtemps, mais qui était constamment bloquée par les tribus hostiles des alentours. La colonne du maréchal, partie de Bordj-Bouira, le 13 mai, livra, le 16, un rude combat aux Beni-Abbès; rien ne put résister à l'élan de nos soldats, qui escaladèrent les montagnes les plus abruptes. Les Beni-Abbès, vaincus et fort maltraités, se soumirent, et leur exemple fut suivi par les populations voisines. Le 21 mai, le maréchal rejoignit, à une journée de Bougie, le général Bedeau, qui, de son côté, n'avait rencontré qu'une faible résistance. Le lendemain, les deux colonnes firent leur entrée dans Bougie. Le gouverneur réunit les chefs des tribus soumises, pour leur donner l'investiture, et leur expliqua quels seraient désormais leurs devoirs envers nous: payement d'un impôt modéré; obligation de nous assurer le libre parcours à travers leur territoire; responsabilité de tous les méfaits commis. Il ajouta qu'il n'avait pas l'intention d'occuper leur pays d'une façon permanente, mais qu'il reviendrait, de temps à autre, les visiter en armes, et qu'alors, s'il avait à se plaindre d'elles, il réglerait leurs comptes. Les chefs acclamèrent le maréchal et firent toutes les promesses qu'on voulait. La colonne du gouverneur rentra ensuite dans la province d'Alger. Une partie de celle du général Bedeau demeura encore pendant quinze jours à Bougie: aucun incident ne s'étant produit, elle retourna, elle aussi, dans ses cantonnements.

Le maréchal Bugeaud triomphait d'un succès si facile et qui paraissait si complet. Il écrivait, le 29 mai 1847, à un de ses amis: «Je suis rentré, depuis trois jours, de l'expédition de la Grande Kabylie, qui a fait déclamer nos grands tacticiens de la Chambre et de la presse... Je me borne à vous dire que les résultats, qui ont dépassé mes espérances, donnent un éclatant démenti aux opposants[526].» Ceux-ci, en effet, ne savaient plus trop que dire. Est-ce donc que, du coup, notre domination était établie en Kabylie? Non, ceux qui le disaient alors se faisaient illusion. La soumission obtenue n'était que passagère et nominale. La vraie conquête de cette région restait à faire, et elle ne devait être menée à fin que dix ans plus tard, par le maréchal Randon.

En tout cas, sur le moment, le succès apparent faisait au maréchal Bugeaud la belle fin qu'il cherchait. Rien ne retardait plus son départ: «J'ai pris la ferme résolution de demander un successeur, écrivait-il, le 29 mai 1847, dans la lettre dont j'ai déjà cité un fragment. Sans attendre la décision définitive, je pars, le 5 juin, pour le Périgord. J'ai exprimé ma détermination avec tant de force, que l'on renoncera sans doute à la faire changer[527].» On lisait, le lendemain, 30 mai, dans le Moniteur algérien: «En ce moment, depuis la frontière du Maroc jusqu'à celle de Tunis, depuis la Méditerranée jusqu'à la mer de sable, l'autorité française règne incontestée sur toute l'Algérie. Le maréchal duc d'Isly rentre en France. Il a prié le ministre de la guerre de vouloir bien pourvoir à son remplacement. La durée de son gouvernement, rempli de faits qui appartiennent à l'histoire, a duré six ans. Le départ du maréchal gouverneur aura lieu le 5 juin.» Avant de quitter l'Algérie, le maréchal adressa trois proclamations à la population civile, à l'armée et à la marine. «Colons de l'Algérie, disait-il dans la première, jetez un coup d'œil sur la proclamation que je vous adressais en février 1841. Vous verrez que j'ai dépassé de beaucoup le programme que je m'étais tracé.» Il exposait alors ce qu'il avait fait pour la conquête et pour la colonisation. Puis, après avoir déclaré que «sa santé et la situation qui lui était faite par l'opposition qu'éprouvaient ses idées, ne lui permettaient plus de se charger des destinées de l'Algérie», il donnait de graves conseils aux colons, blâmant leur impatience et leurs injustes préventions contre le gouvernement militaire. «Ces conseils, ajoutait-il, n'ont rien qui doive vous blesser; ils sont, au contraire, la preuve du vif intérêt que je vous porte.» Dans la proclamation à l'armée, il rappelait, avec une mâle fierté, tout ce qu'ils avaient fait ensemble. «Il est des armées, disait-il, qui ont pu inscrire dans leurs annales des batailles plus mémorables que les vôtres. Il n'en est aucune qui ait livré autant de combats et qui ait exécuté autant de travaux!» À la marine, enfin, il témoignait sa vive reconnaissance pour l'appui qu'elle lui avait constamment donné. Ayant ainsi fait ses adieux à tous, il s'embarqua, le 5 juin, sur le navire qui devait l'emmener en France. Une foule émue et respectueuse assistait à son départ.

La démission du maréchal, devenue publique, enlevait tout intérêt à la délibération de la Chambre sur le projet relatif à l'essai de colonisation militaire. Le 2 juin, M. de Tocqueville avait déposé, au nom de la commission des crédits, un rapport dans lequel, après avoir discuté les divers plans de colonisation, il concluait au rejet du crédit demandé pour les camps agricoles. Huit jours après, le 11 juin, le ministre de la guerre annonça le retrait du projet. Le gouvernement témoignait ainsi qu'il prenait son parti de la retraite du maréchal, et qu'il renonçait à le retenir comme il avait fait jusqu'alors. Plusieurs raisons le déterminaient. D'abord, l'obstination avec laquelle le gouverneur exigeait la colonisation militaire, et la prévention invincible de l'opinion et de la Chambre contre cette colonisation, avaient fait naître une difficulté vraiment inextricable. En second lieu, le ministère en était venu probablement à cette conclusion plus ou moins formelle que Bugeaud avait fait son temps; par l'effet même du succès obtenu, l'action guerrière où le maréchal excellait et pour laquelle on l'avait pris et gardé, passait désormais au second plan; au problème militaire succédait un problème d'organisation coloniale sur lequel il ne paraissait point avoir des vues aussi sûres. N'était-il pas dans le rôle du pouvoir de varier ses instruments, suivant les tâches qu'il convenait d'accomplir? Ajoutons que le Roi et ses ministres n'étaient pas pris au dépourvu pour le choix du nouveau gouverneur. Depuis longtemps, conformément au vœu exprimé plusieurs fois par le maréchal lui-même[528], ils réservaient sa succession au duc d'Aumale. Jusqu'alors, à cause de la jeunesse du prince et des services qu'ils attendaient encore de Bugeaud, ils n'avaient rien fait pour hâter la réalisation de ce projet; au contraire. Mais, en 1847, ils ne voyaient plus de raison de la retarder.

Si le cabinet consentait à se séparer, pour l'avenir, du maréchal Bugeaud, ce n'était pas qu'il méconnût ses services dans le passé. Le 9 juin 1847, à la tribune de la Chambre des députés, M. Guizot saisit l'occasion du débat sur les crédits extraordinaires pour célébrer de nouveau ces services. À considérer aujourd'hui les choses de loin et de haut, on ne peut que confirmer l'hommage rendu par M. Guizot à l'illustre maréchal. Quels qu'aient pu être alors les tâtonnements de la colonisation et les lacunes de l'administration civile, l'œuvre accomplie par Bugeaud apparaît singulièrement grande et suffit à sa gloire. C'est pendant les six années de son gouvernement que les Arabes ont été vaincus et soumis. Il a fait ce qu'auparavant nul n'avait pu faire, et si, après lui, plusieurs ont beaucoup fait, nul n'a fait autant que lui. Son nom demeure le plus éclatant et le plus considérable de notre histoire algérienne.

FIN DU TOME SIXIÈME.

TABLE DES MATIÈRES

LIVRE VI
L'APOGÉE DU MINISTÈRE CONSERVATEUR.
(De la fin de 1845 au commencement de 1847.)

 Pages.

Chapitre premier.—les élections de 1846 (fin de 1845-août 1846) 1

I. Bonne situation du ministère à la fin de 1845. M. Thiers unit le centre gauche à la gauche. Le National et la Réforme. 1

II. L'opposition dans la session de 1846. Débats sur les affaires du Texas et de la Plata. 4

III. L'opposition crie à la corruption. Défense du ministère. Qu'y avait-il de fondé dans ce grief? 7

IV. La campagne contre le pouvoir personnel. Débat sur ce sujet entre M. Thiers et M. Guizot. La majorité fidèle au cabinet. 13

V. Tranquillité générale. Attentat de Lecomte. Évasion de Louis Bonaparte. 20

VI. Dissolution de la Chambre. Polémiques électorales. Attentat de Henri. Les résultats du scrutin. Ce qu'on en pense dans le gouvernement. 23

Chapitre II.—les intérêts matériels. 31

I. Développement de la prospérité. Les chemins de fer. La spéculation et l'agiotage. 31

II. Timidité économique du gouvernement. Il fait ajourner la réforme postale. Ses idées sur le libre échange. 37

III. Les finances en 1846. L'équilibre du budget ordinaire. Le budget extraordinaire. 41

IV. L'administration locale. Le comte de Rambuteau. 46

V. Le matérialisme de la bourgeoisie. Elle succombe à la tentation du veau d'or. Elle devient indifférente à la politique. Dangers de cet état d'esprit. 48

VI. L'opposition accuse le gouvernement d'avoir favorisé ce matérialisme. M. de Tocqueville. Son origine, ses visées et ses déceptions. Amertume de ses critiques sur l'état social et politique. 54

VII. Le mal s'étend à la littérature. La «littérature industrielle». Cependant l'état des lettres est encore fort honorable à la fin de la monarchie de Juillet. Le roman-feuilleton. Ce qui s'y mêle de mercantilisme et de spéculation. Alexandre Dumas. Le procès Beauvallon. Romans socialistes publiés dans les journaux conservateurs. Eugène Süe. Les Mystères de Paris dans le Journal des Débats. Autres romans publiés par le Constitutionnel. Aveuglement de la bourgeoisie, faisant fête à ces romans. 62

Chapitre III.—le socialisme 80

I. Le mal des masses populaires. Les socialistes dérivés du saint-simonisme. Pierre Leroux. Sa vie, son système et son action. 80

II. Buchez. Son origine et sa doctrine. Prétention d'unir le catholicisme et la révolution. L'Atelier. Dissolution de l'école buchézienne. 86

III. Fourier. Le phalanstère et l'attraction passionnelle. La liberté amoureuse. Fantaisies cosmogoniques. Fourier à peu près inconnu avant 1830. Développement du fouriérisme lors de la dissolution de la secte saint-simonienne. Ce qu'il devient après la mort de Fourier. Son influence mauvaise. 94

IV. Buonarotti. Par lui le «babouvisme» pénètre, après 1830, dans les sociétés secrètes. Fermentation communiste à partir de 1840. 106

V. Cabet. Le Voyage en Icarie. Propagande icarienne. 111

VI. Louis Blanc. Son enfance et sa jeunesse. Ses débuts dans la presse républicaine. Sa brochure sur l'Organisation du travail. Critique du système. Succès de Louis Blanc auprès des ouvriers. 116

VII. Proudhon. Son origine. Son isolement farouche. Son état d'esprit en écrivant son premier Mémoire contre la propriété. «La propriété, c'est le vol!» Argumentation du Mémoire. L'effet produit. Second et troisième Mémoire, Proudhon et le gouvernement. Le Système des contradictions économiques. Impuissance de Proudhon à faire autre chose que démolir. Son action avant 1848. 125

VIII. Le socialisme devenu révolutionnaire. Attitude des radicaux et de la gauche en face du socialisme. Le gouvernement et les conservateurs savent-ils se défendre contre ce danger? Les économistes. Il eût fallu la religion pour redresser et pacifier les esprits du peuple. La bourgeoisie trop oublieuse de ses devoirs envers l'ouvrier. La société, jusqu'en 1848, ne croit pas au péril. 141

Chapitre IV.—m. guizot et lord aberdeen 152

I. L'entente cordiale en Espagne. Réaction favorable à l'influence française. La candidature du comte de Trapani à la main d'Isabelle se heurte à de graves difficultés. La candidature du prince de Cobourg n'est pas abandonnée. M. Bresson, inquiet, interroge son gouvernement. Le duc de Montpensier est proposé pour l'Infante. Déclarations faites à ce sujet dans l'entrevue d'Eu, en septembre 1845. On continue à s'agiter en faveur de Cobourg. Le cabinet français instruit M. Bresson et avertit le cabinet de Londres qu'il reprendrait sa liberté si le mariage Cobourg devenait imminent. Intrigue nouée entre la reine Christine et Bulwer, au printemps de 1846, pour conclure ce mariage à l'insu de la France. Lord Aberdeen la fait échouer en la révélant à notre ambassadeur. Le ministre anglais fait au duc de Sotomayor une réponse qui semble inspirée par un sentiment différent. Impression que ces incidents laissent au gouvernement français. 152

II. L'Orient après 1840. L'Égypte. La question du Liban. Efforts peu efficaces de la diplomatie française. 175

III. La Grèce. Fâcheux débuts du nouveau royaume. M. Guizot propose à l'Angleterre de substituer, en Grèce, l'accord à l'antagonisme. L'entente cordiale à Athènes. Colettis au pouvoir. Opposition que lui fait la diplomatie anglaise. Succès de Colettis. La légation de France le soutient et l'emporte sur la légation britannique. Inconvénients de ce retour à l'ancien antagonisme. 180

IV. L'entente cordiale se maintient surtout par l'amitié personnelle de M. Guizot et de lord Aberdeen. Leur correspondance. Première démission du cabinet tory. Émoi causé en France à la pensée que Palmerston va reprendre la direction du Foreign office. M. Thiers, au contraire, qui a partie liée avec lui, s'en réjouit. Le ministère whig ne peut se former, à cause des objections faites contre Palmerston. Voyage de ce dernier en France. Chute définitive du ministère Peel et rentrée de Palmerston. 192

Chapitre V.—les mariages espagnols (juillet-octobre 1846) 203

I. Dispositions hostiles de Palmerston, particulièrement en Espagne. M. Guizot donne comme instructions à M. Bresson, de marier le duc de Cadix à la Reine et le duc de Montpensier à l'Infante. M. Bresson croit pouvoir promettre à la reine Christine la simultanéité des deux mariages. Mécontentement de Louis-Philippe, qui veut désavouer son ambassadeur. 203

II. Palmerston nous communique ses instructions du 19 juillet, où il nomme Cobourg en première ligne parmi les candidats à la main d'Isabelle. À Paris, on voit dans ce langage l'abandon de la politique d'entente. M. Guizot ne consent pas encore la simultanéité, mais il détourne le Roi de désavouer M. Bresson. Ses avertissements au gouvernement anglais. 210

III. Lettres confidentielles que Palmerston adresse à Bulwer pour compléter ses instructions. Ce qu'il nous cache et ce qu'il nous montre. Il est dès lors manifeste que Palmerston a rompu l'entente et que la France est libérée de ses engagements. 216

IV. La reine Christine, inquiète de l'appui donné par le ministre anglais aux progressistes, nous revient; seulement elle exige la simultanéité. Le Roi se résigne à laisser faire M. Bresson. Répugnances de la reine Isabelle pour le duc de Cadix. L'accord sur les deux mariages est enfin conclu à Madrid. 222

V. Irritation du Palmerston. Il est appuyé par lord John Russell. Lord Aberdeen donne tort à M. Guizot. La reine Victoria est très blessée. Lettre justificative de Louis-Philippe et réponse de la reine d'Angleterre. L'opinion anglaise prend parti pour Palmerston. 228

VI. Attitude de l'opposition française. M. Thiers la décide à attaquer les mariages. 240

VII. Palmerston veut empêcher l'accomplissement du mariage du duc de Montpensier. Efforts de Bulwer et de son ministre pour soulever une opposition en Espagne et intimider le cabinet de Madrid. Tous ces efforts échouent. 244

VIII. Palmerston cherche à effrayer et à faire reculer le gouvernement français. Celui-ci ne se laisse pas troubler et ne modifie rien à ses résolutions. 248

IX. Palmerston demande aux autres puissances de protester avec l'Angleterre. M. Guizot s'occupe de contrecarrer cette démarche. M. de Metternich refuse de s'associer aux protestations anglaises. La Prusse et la Russie l'imitent. Célébration des deux mariages. 252

Chapitre VI.—les suites des mariages espagnols (octobre 1846-avril 1847) 259

I. M. Guizot est fier, mais un peu ému de son succès. Lord Palmerston cherche à se venger. Ses récriminations contre le gouvernement français. Ses menées en Espagne. Ses efforts pour attirer à lui les trois puissances continentales. Il échoue auprès de l'Autriche et de la Russie. Attitude plus incertaine de la Prusse. 259

II. Les trois cours de l'Est profitent de la division de la France et de l'Angleterre pour incorporer Cracovie à l'Autriche. Émotion très vive en France. Lord Palmerston repousse notre proposition d'une action commune. Protestations séparées des cabinets de Londres et de Paris. Les trois cours peuvent ne pas s'en inquiéter. En quoi l'Autriche n'avait pas compris son véritable intérêt. 269

III. M. Thiers se concerte avec lord Palmerston. Sa correspondance avec Panizzi et ses rapports avec lord Normanby. M. Greville vient à Paris pour préparer un rapprochement entre l'Angleterre et la France. M. Thiers, dans ses conversations avec M. Greville et ses lettres à Panizzi, excite le cabinet britannique à pousser la lutte à outrance. 279

IV. Ouverture de la session française. Discussion à la Chambre des pairs. Le duc de Broglie et M. Guizot. 289

V. Langage conciliant du Parlement britannique. M. Thiers s'en plaint. La publication des documents diplomatiques anglais rallume la bataille. 294

VI. L'adresse à la Chambre des députés. Hésitation de M. Thiers à engager le combat. Son discours. Réponse de M. Guizot. Forte majorité pour le ministère. Impression produite par ce vote, en France et en Angleterre. 299

VII. Querelle de lord Normanby et de M. Guizot. Lord Normanby est soutenu par lord Palmerston. Incident du bal. Lord Normanby, blâmé même en Angleterre, est obligé de faire des avances pour une réconciliation. Cette réconciliation a lieu par l'entremise du comte Apponyi. Dépit de l'ambassadeur anglais. 308

VIII. Nouveaux efforts de lord Palmerston pour obtenir quelque démarche des trois puissances continentales. Malgré les efforts de lord Ponsonby, M. de Metternich refuse de se laisser entraîner. La Prusse est plus incertaine, mais, intimidée par notre ferme langage et retenue par l'Autriche, elle ne se sépare pas de cette dernière. La Russie est en coquetterie avec la France. 320

IX. Conclusion: comment convient-il de juger aujourd'hui la politique des mariages espagnols? 331

Chapitre VII.—les dernières années du gouvernement du maréchal bugeaud en algérie (1844-1847) 337

I. Grande situation du maréchal Bugeaud après la bataille d'Isly. Ovations qui lui sont faites en France. 337

II. L'insurrection de Bou-Maza. Le colonel Pélissier fait enfumer des Arabes. Incursions d'Abd el-Kader dans le Sud. Expédition en Kabylie. 341

III. Idées de Bugeaud sur le gouvernement civil de la colonie. Pour lui, «l'armée est tout». Ordonnance du 15 avril 1845 sur l'administration de l'Algérie. 348

IV. Le problème de la colonisation. La crise de 1839. La colonisation administrative. Villages créés autour d'Alger. 353

V. La Trappe de Staouëli. Bugeaud et les Jésuites. Les premiers évêques d'Alger. 358

VI. Bugeaud et la colonisation militaire. Ce système est très critiqué. Le maréchal cherche, sans succès, à entraîner le gouvernement. 366

VII. Bugeaud, mécontent, parle de donner sa démission. Son voyage en France et son entrevue avec le maréchal Soult. 371

VIII. L'insurrection éclate en septembre 1845. Massacre de Sidi-Brahim. Capitulation d'Aïn-Temouchent. Bugeaud revient aussitôt en Algérie. Sa lettre au préfet de la Dordogne. 378

IX. Nombreuses colonnes mises en mouvement pour guetter et poursuivre Abd el-Kader. L'émir, insaisissable, fait une incursion dans l'Ouarensenis. Son irruption sur le bas Isser. La Métidja est en péril. Sang-froid de Bugeaud. Abd el-Kader battu par le général Gentil et rejeté dans le Sud. 385

X. Le maréchal fait poursuivre l'émir dans le désert. Il eût désiré porter la guerre sur le territoire marocain, mais le gouvernement l'en empêche. Massacre des prisonniers français dans la Deïra. Abd el-Kader, à bout de forces, est réduit, après sept mois de campagne, à rentrer au Maroc. 394

XI. Bugeaud supporte impatiemment les critiques qui lui viennent de France. Discussion à la Chambre, en juin 1845. Le maréchal parle de nouveau de donner sa démission. 401

XII. Le gouvernement promet à Bugeaud de proposer un essai de colonisation militaire. Délivrance des prisonniers français survivants. Soumission de Bou-Maza. 407

XIII. Efforts infructueux de Bugeaud pour convertir l'opinion à la colonisation militaire. Voyage de M. de Tocqueville et de quelques députés en Algérie. La Moricière propose, sur la colonisation, un système opposé à celui du maréchal. 411

XIV. Projet déposé par le gouvernement pour un essai de colonisation militaire. Il y est fait mauvais accueil. Bugeaud, qui s'en aperçoit, conduit une dernière expédition en Kabylie et donne sa démission. Son départ d'Alger. Le gouvernement accepte la démission du maréchal et retire le projet de colonisation militaire. 419

FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.

PARIS. TYPOGRAPHIE DE E. PLON, NOURRIT ET Cie, RUE GARANCIÈRE, 8.

Notes

1: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.

2: Lettres particulières au comte de Flahault, ambassadeur à Vienne. (Documents inédits.)

3: M. Thiers ne prononça pas moins de neuf discours pendant la session de 1846. En 1845, il n'en avait prononcé que trois; en 1844, six; en 1842, sept. En 1843, il n'avait pas paru à la tribune. En 1847, il ne devait parler qu'une fois.

4: Revue nationale, t. XV, p. 31.

5: Voir, par exemple, le Journal inédit de M. de Viel-Castel.

6: Lettre du 19 juillet 1835. (Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 145.)

7: Mémoires de M. Guizot, t. VI, p. 78.

8: Documents inédits.

9: Lettre du 27 juillet 1853.

10: Cf. plus haut, t. V, ch. IV, § V.

11: Lettre du 26 mars 1846. (The Life of sir Anthony Panizzi, par Louis Fagan.)

12: Louis-Philippe écrivait au maréchal Soult, le 7 octobre 1846: «Le temps ne suffit plus aux exigences de ma position, et surtout au travail des papiers, qui prend sur mes nuits d'une manière qui m'extermine.» Plusieurs de ses lettres sont datées de minuit ou une heure du matin. (Documents inédits.)

13: Documents inédits.

14: Documents inédits.

15: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 30.

16: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

17: Documents inédits.

18: X. Doudan, Mélanges et Lettres, t. II, p. 87.

19: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 32.

20: Documents inédits.

21: Voir plus haut, t. V, ch. I, § X.

22: Lettre du 5 mai 1843. (Lutèce, p. 326.)

23: Dans la lettre dont nous avons déjà cité un passage, Henri Heine disait: «La maison Rothschild, qui a soumissionné la concession du chemin de fer du Nord et qui l'obtiendra selon toute probabilité, ne constitue pas une véritable société, et chaque participation à son entreprise, que cette maison accorde à un individu quelconque, est une faveur, ou plutôt, pour m'exprimer en termes tout à fait précis, c'est un cadeau d'argent dont M. de Rothschild gratifie ses amis. Les actions éventuelles ou, comme elles sont nommées, les promesses de la maison Rothschild se cotent déjà à plusieurs cents francs au-dessus du pair, en sorte que celui qui demande au baron James de Rothschild de pareilles actions au pair mendie, dans la véritable acception du mot. Mais tout le monde mendie à présent chez lui; il y pleut des lettres où l'on demande la charité, et, comme les mieux huppés se mettent en avant avec leur digne exemple, ce n'est plus une honte de mendier. M. de Rothschild est donc le héros du jour...» (Lutèce, p. 330.) M. Duvergier de Hauranne écrivait peu après: «Si M. de Rothschild a gardé toutes les lettres qui lui furent adressées lors de l'adjudication du chemin de fer du Nord, non seulement par des députés et des fonctionnaires publics, mais par des femmes haut placées dans le monde, il doit avoir un recueil d'autographes tout à fait précieux. Jamais ministre du Roi ne fut sollicité, courtisé à ce point. On eût dit les beaux jours de la rue Quincampoix revenus.» (Notes inédites.)

24: M. Molé, alors président du conseil d'administration de la société formée pour le chemin de fer de l'Est, se crut visé par le vote de la Chambre des députés et en fut fort blessé. «Je leur jetterai au nez tous les chemins de fer passés, présents et futurs», mandait-il à M. de Barante. Et celui-ci écrivait, de son côté, à l'un de ses parents: «Mathieu (M. Molé) m'écrit qu'il traitera l'amendement Crémieux selon son mérite et dira quels sentiments l'ont inspiré, mais qu'en conclusion il laissera là tous les chemins de fer. C'est précisément ce que veulent ces démocrates, qui vont poursuivant les capitaux, la propriété, le bénéfice commercial et industriel, comme ils ont poursuivi toutes les supériorités sociales.» Et il ajoutait, dans une autre lettre: «Voir gagner de l'argent à autrui est un sensible chagrin pour tout bon député.» (Documents inédits.)

25: Voir t. V, ch. III, § II.

26: John Morley, The Life of Richard Cobden, t. I, p. 420 et suiv.

27: Mémoires de M. Guizot, t. VIII, p. 30.

28: Rien! Dix-huit années de gouvernement parlementaire, par le comte de Montalivet.

29: Voir t. III, ch. V, § V; t. IV, ch. V, § XII; t. V, ch. I, § X.

30: Voir t. IV, ch. V, § XII.

31: Voir t. V, ch. I, § X.

32: Discours du 28 mai 1846.

33: Citons, parmi les préfets de cette époque: MM. de la Coste, Bocher, de Champlouis, Tourangin, Darcy, de Saint-Marsault, Sers, Roulleaux-Dugage, Pellenc, Chaper, de Villeneuve, Brun, Bonnet, Mallac, Desmousseaux de Givré, Meinadier, Azevedo, Vaïsse, Jayr, Monicault, Morisot, Saladin, Lorois, etc., etc.

34: Lettres du duc d'Orléans, publiées par ses fils, p. 148, 149, 171, 222, 265, 297.

35: Lettres du 18 août et du 9 décembre 1845. (Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 163 et 168.)

36: Lettres du 9 décembre 1845 et du 4 février 1846. (Ibid., p. 168 et 171.)

37: Lettre du 17 octobre 1842. (Documents inédits.)

38: Lettre du 28 août 1843. (Documents inédits.)

39: Lettre du 5 septembre 1845. (Documents inédits.)

40: Chroniques parisiennes, p. 277.

41: Discours du 28 mai 1846.

42: Lettre du 27 septembre 1844. (X. Doudan, Mélanges et Lettres, t. II, p. 39.)

43: Journal inédit de M. de Viel-Castel.

44: Ibid.

45: Lettre du 18 août 1844. (Documents inédits.)

46: Article sur M. Jouffroy, Revue des Deux Mondes du 3 août 1844.

47: M. Renan, dans la Revue des Deux Mondes du 1er juillet 1859, p. 201.

48: Lutèce, p. 150.

49: Le Siècle du 11 novembre 1845 montrait, dans cet agiotage, «le symptôme de la contagion morale que le pouvoir s'efforçait d'inoculer à la France, avec une persévérance systématique». M. Thiers, dans la circulaire qu'il avait rédigée pour les élections de 1846 et que ses amis le détournèrent de publier, s'exprimait ainsi: «Est-il vrai qu'on a livré aux compagnies plutôt qu'à l'État l'exploitation des grands travaux publics pour engager le pays entier dans une masse de spéculations telles que tout le monde fût intéressé à la politique existante, et que chacun vît dans chaque affaire politique, non pas l'intérêt de la France, mais l'intérêt de sa fortune privée qu'une variation dans les cours pouvait compromettre? Quelqu'un oserait-il le nier?... C'est le cœur du pays qu'on tend à abaisser.» Et, après avoir donné des preuves de cet abaissement, M. Thiers flétrissait de nouveau le gouvernement, «qui, sous prétexte que tout est fini au dedans et au dehors, veut faire tout oublier au pays, le dehors comme le dedans, en le jetant dans des spéculations qui l'absorbent, l'enchaînent et le paralysent».

50: Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville, t. II. p. 27 et 28.

51: «Je suis fort étonné de ce qui m'arrive, mandait-il à un de ses amis le 15 février 1835, et tout étourdi des louanges qui bourdonnent à mes oreilles. Il y a une femme de la cour de Napoléon que l'Empereur s'imagina un jour de faire duchesse. Le soir, entrant dans un grand salon et s'entendant annoncer par son nouveau titre, elle oublia qu'il s'agissait d'elle, et se mit de côté pour laisser passer la dame dont on venait de prononcer le nom. Je t'assure qu'il m'arrive quelque chose d'analogue. Je me demande si c'est bien de moi qu'on parle.»

52: M. de Tocqueville écrivait à M. de Kergorlay: «Quoique j'aie très rarement parlé de la France dans ce livre, je n'en ai pas écrit une page sans penser à elle et sans l'avoir, pour ainsi dire, sous les yeux... À mon avis, ce continuel retour que je faisais, sans le dire, vers la France, a été une des premières causes du succès du livre.»

53: Lettre du 1er novembre 1841.

54: Lettres du 24 juillet et du 5 octobre 1836.

55: Lettre de M. de Tocqueville à M. Molé, du 12 septembre 1837, et réponse de M. Molé, du 14 septembre.

56: «Je suis habituellement sombre et troublé, écrivait M. de Tocqueville à l'un de ses intimes, le 25 octobre 1842. J'attribue ce fatigant et stérile état de l'âme tantôt à une cause, tantôt à une autre. Mais je crois qu'au fond il ne tient qu'à une seule, qui est profonde et permanente, le mécontentement de moi-même. Tu sais qu'il y a deux espèces d'orgueils très distincts, ou plutôt le même orgueil a deux physionomies, une triste et une gaie. Il y a un orgueil qui se repaît avec délices des avantages dont il jouit ou croit jouir. Cela s'appelle, je pense, de la présomption. Puisque Dieu voulait m'envoyer le vice de l'orgueil à forte dose, il aurait bien dû au moins m'envoyer celui qui appartient à cette première espèce. Mais l'orgueil que je possède est d'une nature toute contraire. Il est toujours inquiet et mécontent, non pas envieux pourtant, mais mélancolique et noir. Il me montre à chaque instant les facultés qui me manquent et me désespère à l'idée de leur absence. Le fait est que si j'ai quelques qualités, elles ne sont pas du nombre de celles qui peuvent satisfaire pleinement dans la carrière que je suis...» Deux ans plus tard, le 3 avril 1844, il écrivait encore: «J'ai toujours trop de cette irritabilité maladive qui me porte à souffrir impatiemment les obstacles qui embarrassent toujours le chemin de chaque homme dans ce monde.» Tout jeune, dans une lettre du 22 avril 1832, il avouait déjà un fond de spleen.

57: Lettres d'octobre 1839, des 14 juillet et 9 août 1840, du 24 août et d'octobre 1842, du 5 septembre 1843.

58: J'ai déjà cité ces plaintes. (Voir plus haut, livre I, ch. X, § IX.)

59: Voir le chapitre X du livre Ier, sur la Révolution de 1830 et la littérature.

60: De la littérature industrielle (Revue des Deux Mondes du 1er septembre 1839).

61: À en croire certaines gens, le secret de cette émotion de M. Sainte-Beuve n'était qu'une rivalité de boutique. Il aurait été, en cette circonstance, l'organe de la Revue des Deux Mondes, dépitée de la concurrence que lui faisaient les journaux depuis qu'ils publiaient des romans et prétendaient accaparer les auteurs en vogue. (A. Karr, les Guêpes, novembre 1844.) C'est possible. Mais pour n'être pas entièrement désintéressée, la plainte du critique doit-elle être jugée mal fondée?

62: Voir plus haut, livre II, ch. XII, § V.

63: M. Sainte-Beuve voyait là le fait caractéristique du roman-feuilleton, et il montrait avec dégoût cette «plaie ignoble et livide qui chaque matin s'étendait». (Revue des Deux Mondes du 1er juillet 1843.)

64: Chroniques parisiennes, p. 290.

65: Ibid.

66: Lettre de M. de Balzac, publiée dans la Presse du 18 août 1839.

67: Janvier-février 1847.

68: Mars 1846. L'affaire se trouva portée devant la cour d'assises de Rouen, parce que la chambre des mises en accusation de la cour de Paris avait d'abord rendu un arrêt de non-lieu qui fut réformé par la cour de cassation.

69: En effet, de nouvelles preuves ayant été découvertes, l'un des témoins de Beauvallon, le pseudo-vicomte d'Ecquevilley, qui, devant la cour d'assises, avait affirmé sous serment que les pistolets n'avaient pas été essayés, fut poursuivi pour faux témoignage et condamné à dix ans de réclusion (août 1847). Au cours de ce dernier procès, Beauvallon demanda à être entendu comme témoin et confirma la dénégation d'Ecquevilley; arrêté à l'audience, poursuivi également pour faux témoignage, il fut condamné à huit ans de réclusion (octobre 1847).

70: Parmi ces dernières était la maîtresse de Dujarrier, Lola Montès, danseuse sifflée, mais déjà fameuse pour avoir cravaché un gendarme à Berlin. On la retrouvera peu après à Munich, jouant les Pompadour auprès du roi Louis, exaltée par la presse libérale pour avoir fait la guerre aux Jésuites, mais à la fin obligée de fuir devant les émeutes provoquées par son outrecuidance.

71: Ce fut en cette circonstance qu'interrogé par le président sur ses noms, âge et profession, il répondit: «Alexandre Dumas, marquis Davy de la Pailleterie, quarante-deux ans, je dirais auteur dramatique, si je n'étais dans la patrie de Corneille.» À quoi le président répliqua: «Il y a des degrés.»

72: M. Soulié a lui-même indiqué le caractère de son œuvre et les raisons qui la lui avaient fait écrire, dans une préface où nous lisons: «Ô jeunes gens, ne venez pas à Paris, si l'ambition d'une sainte gloire vous dévore. Quand vous aurez demandé au peuple une oreille attentive pour celui qui parle bien et honnêtement, vous le verrez suspendu aux récits grossiers d'un trivial écrivain, aux récits effrayants d'une gazette criminelle; vous verrez le public crier à votre muse: «Va-t'en ou amuse-moi. Il me faut des astringents et des moxas pour ranimer mes sensations éteintes. As-tu des incestes furibonds ou des adultères monstrueux, d'effrayantes bacchanales de crimes ou des passions impossibles à me raconter? Alors parle, je t'écouterai une heure, le temps durant lequel je sentirai ta plume âcre et envenimée courir sur ma sensibilité calleuse et gangrenée; sinon tais-toi; va mourir dans la misère et l'obscurité.» La misère et l'obscurité, vous n'en voudriez pas! Et alors, que ferez-vous, jeunes gens? Vous prendrez une plume, une feuille de papier, vous écrirez en tête: Mémoires du diable, et vous direz au siècle: «Ah! vous voulez de cruelles choses pour vous en réjouir; soit, monseigneur, voici un coin de votre histoire.»

73: Sur ces débuts, voir la première partie des Souvenirs de M. Legouvé, p. 338 et suiv.

74: E. Legouvé, Soixante ans de souvenirs, 1re partie, p. 337.

75: Chroniques parisiennes, p. 169.

76: Séance du 14 juin 1843.

77: Ce fait fut rapporté à la tribune par M. Chapuys-Montlaville, quand, le 6 avril 1847, il développa une proposition tendant à exempter du timbre les journaux qui ne publiaient ni romans-feuilletons ni annonces. Cette proposition fut prise en considération, mais n'aboutit pas.

78: E. Legouvé, Soixante ans de souvenirs, 1re partie, p. 378.

79: M. Saint-Marc-Girardin a écrit à ce propos: «Si la France a laissé faire le mal en 1848, cela a pu venir en partie de la démoralisation du goût public. Comme on avait approuvé l'orgie dans les romans, on s'est trouvé faible, pendant quelque temps, contre ceux qui voulaient faire une orgie dans la société.» (Cours de littérature dramatique, t. I, p. 374.)

80: Voir, au tome I, le chapitre sur le Saint-Simonisme.

81: De l'égalité (1838). Réfutation de l'éclectisme (1839). Malthus et les économistes. De l'humanité (1840).

82: Béranger, qui aimait Pierre Leroux, écrivait de lui, le 20 janvier 1840: «Il faut que vous sachiez que notre métaphysicien s'est fait un entourage de femmes à la tête desquelles sont mesdames Sand et Marliani, et que c'est dans des salons dorés, à la clarté des lustres, qu'il expose ses principes religieux et ses bottes crottées. Tout cet entourage lui porte à la tête, et je trouve que sa philosophie s'en ressent beaucoup.»

83: À cette époque, Proudhon écrivait: «George Sand est tout à fait entré dans nos idées.» (Correspondance de Proudhon, t. II, p. 160.)

84: L'Européen, interrompu à la fin de 1832, fut repris en 1835 et continué, sans grande régularité, jusqu'en 1838. Il se distribuait à 500 exemplaires, mais ne comptait guère que 100 abonnés.

85: Buchez avait inspiré à un jeune artiste de ses élèves un dessin du Christ prêchant la fraternité au monde, dans lequel il prétendait résumer sa doctrine. Le Christ est porté sur un globe où est écrit le mot France; il foule aux pieds le serpent de l'égoïsme et tient à la main une banderole où on lit Fraternité. Deux anges, coiffés du bonnet phrygien, l'accompagnent, et sur leurs auréoles brillent les noms de Liberté, Égalité. La Liberté tire un glaive; l'Égalité porte un livre ouvert, avec ce texte: Aimez votre prochain comme vous-même et Dieu par-dessus tout. Que le premier parmi vous soit votre serviteur. Détail significatif: sur la gravure, œuvre d'un autre buchézien, on a effacé ces mots: et Dieu par-dessus tout. (Vie du Révérend Père Besson, par E. Cartier, t. I, ch. II.)

86: M. Ozanam raconte, dans une lettre écrite de Lyon, le 26 août 1839, au Père Lacordaire, qu'un catholique influent de cette ville, jusqu'alors légitimiste, avait été mis en rapport, durant un voyage à Paris, avec les amis de Buchez. «Il admira la pureté de leur religion, ajoute Ozanam, conçut un véritable enthousiasme pour leurs personnes, et, de retour ici, il propagea ses nouveaux sentiments, et voici qu'une douzaine de nos plus dévoués absolutistes sont abonnés au National.» (Lettres d'Ozanam, t. I, p. 303.)

87: Le premier numéro de l'Atelier contenait la note suivante: «L'Atelier est fondé par des ouvriers, en nombre illimité, qui en font les frais. Pour être reçu fondateur, il faut vivre de son travail personnel, être présenté par deux des premiers fondateurs, qui se portent garants de la moralité de l'ouvrier convié à notre œuvre. Les hommes de lettres ne sont admis que comme correspondants. Les fondateurs choisissent, chaque trimestre, ceux qui doivent faire partie du comité de rédaction.»

88: Vie du Révérend Père Besson, par M. Cartier, et Vie du Père Lacordaire, par M. Foisset.

89: Pierre Olivaint, par le Père Charles Clair.

90: Buchez mourut à Rodez, en 1865, dans une chambre d'hôtel. Ce fut un de ses anciens collègues de l'Assemblée constituante qui, l'ayant su malade, vint le voir et l'amena à recevoir un prêtre.

91: Fourier attache une importance capitale aux passions qu'il appelle mécanisantes: la cabaliste, ou esprit de rivalité et d'intrigue; la papillonne, ou besoin de changement, et la composite, ou désir d'unir les passions des sens à celles de l'âme. Ces trois passions ont mission de régler le mécanisme des neuf autres passions sensuelles ou affectueuses et d'établir entre elles ce rythme et cet équilibre qu'on nomme la sagesse. Pour les esprits qui s'intéressent aux choses philosophiques, cette partie du système de Fourier est assez curieuse; mais nous ne pourrions y pénétrer plus avant sans sortir du cadre de cette histoire politique.

92: Certains de ses contemporains, même en dehors de ses disciples, exagéraient même singulièrement cette puissance; Béranger écrivait, le 25 mars 1837: «Fourier est bien certainement un génie prodigieux, quoique incomplet.»

93: Fourier n'avait rien cependant d'un ascète. D'après certains renseignements, il aurait même eu un certain goût du vin et des habitudes peu chastes; peut-être est-ce pour cela qu'il faisait, dans le phalanstère, la part si large à la gourmandise et à la liberté amoureuse. (Cf. un article publié par M. Auguste Ducoin, dans le Correspondant du 25 janvier 1851, sous ce titre: Particularités inconnues sur quelques personnages des dix-huitième et dix-neuvième siècles.)

94: «Que de fois, écrivait plus tard Heine, j'ai vu Fourier, dans sa redingote grise et râpée, marcher rapidement le long des piliers du Palais-Royal, les deux poches de son habit pesamment chargées, de façon que de l'une s'avançait le goulot d'une bouteille et de l'autre un long pain! Un de mes amis, qui me le montra la première fois, me fit remarquer l'indigence de cet homme, réduit à chercher lui-même sa boisson chez le marchand de vin et son pain chez le boulanger.» (Lutèce, p. 377.)

95: Voir plus haut, p. 73 et suiv.

96: Cette brochure, imprimée à Épinal, parut en juin 1838.

97: Histoire de dix ans, t. IV, p. 183, 184.

98: Gracchus Babeuf et la conjuration des Égaux, par Buonarotti, préface par Ranc, 1869.—Dans cette préface, M. Ranc présente la conjuration de Babeuf comme le dernier effort tenté par les républicains pour enrayer la contre-révolution; il admire le plan du comité insurrectionnel de 1796 et les mesures qu'il avait préparées pour «désarmer la bourgeoisie».

99: Voy. notamment, en octobre 1833, la «Déclaration» de la Société des droits de l'homme. (Cf. plus haut, t. II, ch. X, § I.)

100: Cf. plus haut, t. III, ch. I, § V, et ch. V, § V.

101: Les renseignements qui suivent sont empruntés au curieux livre de M. Maxime du Camp sur l'Attentat Fieschi, p. 276 et suiv.

102: Voir plus haut, t. IV, ch. II, § IX.

103: Tels furent par exemple le Code de la communauté, par M. Desamy, les écrits divers de M. J.-J. May, rédacteur de l'Humanitaire, de M. Pillot, ancien collaborateur de l'abbé Châtel, de M. Constant, prêtre apostat, etc.

104: Correspondance de Proudhon, t. II, p. 136.

105: Lutèce, p. 211.

106: Voir plus haut, t. V, ch. I, § II et III.

107: Juillet 1847.

108: Lutèce, p. 258. Cf. aussi p. 209, 211, 366, 367.

109: «Tu vois donc, mon pauvre ami, écrit un Icarien, que le gouvernement fait ici bien autre chose que notre monarchie; tandis que la royauté fait tant de bruit pour un bon roi qui voulait que chaque paysan pût mettre la poule au pot le dimanche, la république donne ici, sans rien dire, à tous et tous les jours, tout ce qui ne se voit ailleurs que sur la table des aristocrates et des rois.»

110: Voir, sur ces premières années de M. Louis Blanc, le brillant discours prononcé par M. Pailleron, lors de sa réception à l'Académie française. Le spirituel académicien remplaçait M. Charles Blanc.

111: On a raconté comment, à bout de ressources, Louis Blanc s'était décidé à réclamer l'appui du général Pozzo di Borgo, parent de sa mère. L'accueil fut plein de politesse. Le général interrogea le jeune homme sur son avenir, promit son appui, puis, quand il estima que l'entretien s'était suffisamment prolongé, il sonna et donna à demi-voix un ordre à son valet de chambre. Celui-ci, au bout de peu d'instants, rentra, tenant à la main une bourse convenablement garnie. Louis Blanc, déjà assez mal à l'aise de sa démarche, fut fort irrité du procédé, repoussa la bourse avec colère et quitta brusquement le général. Cette version est du moins celle qui circulait dans le monde démocratique. (Stern, Histoire de la révolution de 1848, t. II, p. 42, 43.)

112: Henri Heine écrivait, le 6 novembre 1840: «M. Louis Blanc est un homme encore jeune, de trente ans tout au plus, quoique, d'après son extérieur, il semble un petit garçon de treize ans. En effet, sa taille on ne peut plus minime, sa petite figure fraîche et imberbe, ainsi que sa voix claire et fluette qui paraît n'être pas encore formée, lui donnent l'air d'un gentil petit garçon échappé à peine de la troisième classe d'un collège, et portant encore l'habit de sa première communion.» (Lutèce, p. 138.) À la même époque, M. Nettement, se trouvant chez M. Laffitte, à une réunion de journalistes de l'opposition, et voyant un jeune garçon à côté du maître de la maison, s'étonnait que celui-ci eût gardé auprès de lui son petit-fils, pour lui faire prendre une leçon de politique. Ce jeune garçon était M. Louis Blanc, déjà important dans la presse républicaine. (Histoire de la littérature pendant la monarchie de Juillet, t. II, p. 475.)

113: Histoire de la révolution de 1848, par M. Louis Blanc, t. I, ch. VIII.

114: Lutèce, p. 140.

115: C'est encore Henri Heine qui écrivait, en 1840: «Ce tribun imberbe donne cependant à sa réputation de grand patriote, à sa popularité, les mêmes petits soins que ses rivaux donnent à leurs moustaches; il la soigne on ne peut plus, il la frotte, la tond, la frise, la dresse et la redresse, et il courtise le moindre bambin de journaliste qui peut faire insérer dans une feuille quelques lignes de réclame en sa faveur.» (Lutèce, p. 141.)

116: Passim dans l'introduction de l'Histoire de dix ans.

117: On a souvent imprimé que cette brochure avait été publiée en 1839. C'est une erreur. La première ébauche du travail parut sous forme d'article, dans la livraison d'août 1840 de la Revue du progrès. Ce furent les grèves survenues au commencement de septembre qui donnèrent à Louis Blanc l'idée de transformer cet article de revue en une brochure de propagande.

118: Voir plus haut, t. IV, ch. II, § IX.

119: Il écrivait lui-même, peu après, à l'Académie de Besançon: «Je poursuivis mes humanités, à travers les misères de ma famille et tous les dégoûts dont peut être abreuvé un jeune homme sensible et du plus irritable amour-propre.» (Correspondance de P.-J. Proudhon, t. I, p. 26.)

120: P.-J. Proudhon, par M. Sainte-Beuve.

121: Correspondance de P.-J. Proudhon, t. I, p. 73, 218.

122: Ibid., p. 84, 188, 256.

123: Il écrivait, quelques années auparavant: «J'éprouve encore cette sotte honte d'un berger que l'on veut faire entrer dans un salon. Je crains, comme des bêtes effrayantes, les visages que je n'ai jamais vus; je recule toujours à voir les gens même qui peuvent m'être utiles et me vouloir du bien; je n'ai de présence d'esprit et d'aplomb que lorsque je me vois seul et que c'est ma plume qui parle. Mérite fort commun, mais que voulez-vous? je sais que je ne brille ni par les dehors, ni par l'élocution; j'aime mieux n'être vu ni connu de personne.» (Ibid., t. I, p. 10.)

124: Correspondance, t. I, p. 59, 60.

125: Ibid., p. 76 et 154.

126: Ibid., p. 142.

127: «La conduite du parti républicain, écrit Proudhon, le 15 novembre 1840, a été, comme toujours, stupide depuis deux ou trois mois.» Ou bien encore: «Les radicaux sont annihilés par leur ineptie et leur incapacité.» (Correspondance, t. I, p. 254, 313.) Il n'a pas assez du sarcasmes pour le «dada réformiste» ou pour les velléités belliqueuses de la gauche.

128: Ibid., t. I, p. 333; t. II, p. 6.

129: Ibid., p. 13, et Confessions d'un révolutionnaire, § I.—Pas un homme important de l'extrême gauche qu'il ne déteste. «Je souscrirais volontiers pour une couronne civique, écrivait-il, à celui qui nous délivrerait de Lamennais, de Cormenin et d'A. Marrast.» (Correspondance, t. I, p. 255.) Lamennais surtout lui est antipathique. «Quoi qu'un dise de cet homme, écrit-il, je répondrai toujours que je n'aime pas les apostats. Il pouvait changer d'opinion, mais il ne devait jamais faire la guerre à ses confrères dans le sacerdoce ni au christianisme.» (Ibid., t. I, p. 333.) Et plus tard: «Le plus grand bonheur qui pourrait arriver au peuple français, ce serait que cent députés de l'opposition fussent jetés à la Seine, avec une meule au cou; ils valent cent fois moins que les conservateurs, car ils ont, de plus que ceux-ci, l'hypocrisie.» (Ibid., t. II, p. 277.) Des journalistes de gauche, il ne pense pas plus de bien: «Ils ne comprendront jamais de moi autre chose, dit-il, sinon que je les hais et les méprise.»

130: Proudhon écrira, un jour, de Fourier, que son système est «le dernier rêve de la crapule en délire»; de Pierre Leroux, dont cependant il avait paru un moment se rapprocher, que «la sottise le dispute à la méchanceté dans ses élucubrations»; de Louis Blanc, qu'il est «le plus ignorant, le plus vain, le plus vide, le plus impudent, le plus nauséabond des rhéteurs». Cabet ne sera pas mieux traité.

131: Dans la théorie communiste, les hommes lui paraissent «attachés comme des huîtres, côte à côte, sans activité ni sentiment, sur le rocher de la fraternité».

132: Quand il lui faudra discuter cette partie de la doctrine socialiste, il se plaindra d'être «obligé de remuer ce fumier», et il s'écriera: «Loin de moi, communistes! Votre présence m'est une puanteur, et votre vue me dégoûte.»

133: Plus il va, plus il semble trouver une sorte d'âpre jouissance à se voir seul en guerre contre tous: «J'aurai raison contre tout le monde, écrit-il, ou je succomberai à la peine... Le nombre des adversaires vous épouvante; il m'anime, au contraire. Car je crois que, dans la carrière antireligieuse, antipropriétaire, antimonarchique, où je suis entré, s'il y avait une seule opinion avec laquelle je ne fusse pas en désaccord, je ne serais plus d'accord avec moi-même.» (Correspondance, t. II, p. 241.)

134: Il s'était attendu, en effet, à produire une vive émotion: «Quand on saura dans le public, écrivait-il le 1er juin 1839, que je suis l'auteur de ce Discours, ce sera un beau tapage. Je puis dire que je viens de passer le Rubicon.» (Ibid., t. I, p. 129.)

135: Ces embarras pécuniaires venaient surtout de l'imprimerie dont Proudhon ne pouvait ni se débarrasser ni tirer profit. Tel était son dénuement que, voulant aller voir un de ses amis à Besançon, il fit à pied la route de Paris à cette ville. Il priait ses correspondants de ne lui écrire que par occasion, parce qu'il n'avait pas le moyen de payer les ports de lettre.

136: Cette idée revenait sous toutes les formes, dans sa correspondance: «Je ne connais rien dans la science, écrivait-il encore, dont la découverte ait jamais produit un effet pareil à celui que la lecture de mon ouvrage est capable de produire. Je ne dis pas: qu'il soit compris; je dis seulement: qu'il soit lu, et c'en est fait de la vieille société.»

137: Correspondance, t. I, p. 166, 182, 183, 189, 191, 212, 213, 216.

138: Confession d'un révolutionnaire.

139: Correspondance, t. I, p. 251.

140: Brissot avait écrit, en effet, dans ses Recherches philosophiques sur le droit de propriété et le vol: «La propriété exclusive est un vol dans la nature. Le voleur, dans l'état naturel, c'est le riche.»

141: Correspondance, t. I, p. 308.

142: Correspondance, t. I, p. 333, 334.

143: «Je n'ai pas le loisir de travailler mon style, je suis trop pauvre et trop mal dans mes affaires, pour m'amuser à être gent de lettres.»—«Je me soucie de style et de littérature comme de cela. Quand je parle au public, je tâche que mon expression soit bien nette, bien carrée, bien mordante: je n'ai pas d'autre poétique.» (Ibid., t. I, p. 182; t. II, p. 242.)

144: Correspondance, t. I, p. 324.

145: Le premier était intitulé: Lettre à M. Blanqui; le second: Avertissement aux propriétaires, ou Lettre à M. Considérant, rédacteur de la Phalange, sur une défense de la propriété.

146: Il écrivait encore: «J'ai la chance de réunir tout le monde contre mes publications, ce qui produit une conspiration de silence à mon égard. Mes publications ont l'air d'être clandestines, et cependant elles s'insinuent partout et déjà portent leur fruit.»

147: Correspondance, t. I, p. 332, 338, 339, 350, et t. II, p. 18.

148: Ibid., t. II, p. 6, 10.

149: Correspondance, t. II, p. 70.—Peu auparavant, il expliquait ainsi sa démarche auprès de M. Duchâtel: «Le pouvoir est encore plus bête que méchant, et j'ai résolu d'avoir désormais quelque homme puissant parmi mes défenseurs.» (Ibid., t. I, p. 314.)

150: «Il y a un homme que je déteste à l'égal du bourreau, disait-il, c'est le martyr.» Il blâmait Lamennais aimant mieux aller en prison que demander sa grâce. «Galilée, à genoux devant le tribunal de l'Inquisition, écrivait-il, et reniant l'hérésie du mouvement de la terre pour recouvrer sa liberté, me paraît cent fois plus grand que Lamennais... Je respecte les mannequins, je salue les épouvantails. Je suis en monarchie, je crierai: Vive le Roi! plutôt que de me faire tuer.»

151: Correspondance, t. I, p. 297, 305, 311, 312, 313, 319, 320, 330, 331.

152: Quelqu'un, en tout cas, l'avait deviné: c'était le maire de Besançon, qui expliquait ainsi pourquoi il ne voulait pas donner à Proudhon la place qu'il demandait dans les bureaux de la mairie: «Je crains qu'il ne fasse de nous, comme des académiciens, des niais ou des instruments.» (Ibid., t. II, p. 80.)

153: Ibid., t. II, p. 28 et 93.

154: Ibid., p. 199, 200.

155: Ibid., p. 259.

156: Confession d'un révolutionnaire, § XI.

157: Il avait été initié par M. Grün, sorte de missionnaire hégélien venu à Paris, en 1844, pour se mettre en rapport avec les socialistes. Dans le récit qu'il a écrit de son voyage, M. Grün parle avec un grand dédain de Cabet, de Considérant, de Louis Blanc; il réserve toute son admiration pour Proudhon.

158: Correspondance, t. II, p. 239.

159: «Questions immenses, disait-il, et qui pour moi sont loin d'être résolues.»

160: C'est à chaque page qu'on trouve, dans les écrits de Lamennais, ces exclamations incendiaires. Voyez, par exemple, ce fragment d'une brochure intitulée le Pays et le gouvernement: «Ô peuple, dis-moi, qu'es-tu? Ce que tu es! si j'ouvre la Charte, j'y lis une solennelle déclaration de ta souveraineté: cela fut écrit après ta victoire. Si je regarde les faits, je vois qu'il n'est point, qu'il ne fut jamais de servitude égale à la tienne... Paria dans l'ordre politique, tu n'es, en dehors de cet ordre, qu'une machine à travail. Aux champs, tes maîtres te disent: «Laboure, moissonne pour nous.» Tu sais ce qu'on te dit ailleurs, tu sais ce qui te revient de tes fatigues, de tes veilles, de tes sueurs. Refoulé de toutes parts dans l'indigence et l'ignorance, décimé par les maladies qu'engendrent le froid, la faim, l'air infect des bouges où tu te retires après le labeur des jours et d'une partie de la nuit, réclames-tu quelque soulagement, on te sabre, on te fusille, ou, comme le bœuf à l'abattoir, tu tombes sous le gourdin des assommeurs payés et patentés.»

161: Correspondance de Proudhon, t. I, p. 169.

162: Quelques-unes de ces études avaient paru dans la Revue des Deux Mondes, de 1835 à 1840.

163: Revue des Deux Mondes, 1er mars 1843.

164: Correspondance de Proudhon, t, II, p. 134 à 137, et p. 169.

165: V. notamment les articles publiés par M. Guizot, dans la Revue française de février, juillet et octobre 1838.

166: Lettre du 25 juin 1843 (Lutèce, p. 380).

167: Lettres du 9 mars 1837 et du 12 juillet 1840.

168: Rapport du 19 janvier 1847, publié par la Revue rétrospective.

169: Voir plus haut, livre II, ch. XIV, § V; livre III, ch. II, §§ IV et VI; ch. III, § III, et ch. VI, § I; livre V, §§ VII, VIII et IX.

170: J'ai eu sous les yeux la correspondance officielle et confidentielle du ministre et de l'ambassadeur, correspondance fort importante, dont j'aurai souvent occasion de me servir. M. Guizot, d'ailleurs, en a cité de nombreux extraits dans ses Mémoires.

171: Lettre du 17 février 1844.

172: Dépêche déjà citée du 10 août 1843.

173: Plus haut, t. V, ch. III, § VIII.

174: Ibid., § IX.

175: Plus haut, t. V, ch. III, § VIII.

176: Lettre du prince de Metternich au comte Apponyi, 15 juin 1845. (Mémoires de Metternich, t. VII, p. 95.)

177: Lettre du comte Bresson à M. Guizot, du 28 septembre 1844.

178: Lettres de M. Bresson à M. Guizot, 8 janvier et 31 mars 1844.

179: M. Guizot dit avoir su depuis ce fait avec certitude. (Mémoires, t. VIII, p. 220.)

180: Sur les faits auxquels fait allusion M. Bresson, voir la seconde édition de mon tome I, livre I, ch. V, § I.

181: Ce mariage fut célébré le 25 novembre 1844.

182: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 183.

183: Rapprochez ce langage de celui qu'avait tenu lord Aberdeen lors de la première visite à Eu. (Voir plus haut, t. V, p. 197 à 199.)

184: J'ai suivi principalement le récit que Louis-Philippe a donné lui-même de ces conversations, un an plus tard, dans une lettre adressée le 14 septembre 1846 à la reine des Belges et publiée après la révolution de Février dans la Revue rétrospective. Les circonstances dans lesquelles a été écrit ce récit permettent de le considérer comme exact. C'était au moment où, accusé de déloyauté par les Anglais, le Roi cherchait à se justifier. La lettre était en réalité destinée à la reine Victoria. Il est évident que, surtout pour ce qui regardait cette entrevue d'Eu, où la Reine avait été présente, la première préoccupation du Roi dut être d'éviter des inexactitudes de fait dont le seul résultat eût été d'ôter tout crédit à son apologie.—Le témoignage de M. Guizot (Mémoires, t. VIII, p. 226, 227) est absolument conforme à celui du Roi.—Rien, dans les documents de source anglaise, qui puisse sérieusement infirmer ce double témoignage. On y trouve seulement l'indice que lord Aberdeen, tout en nous donnant les assurances rapportées plus haut, renouvela la réserve, faite par lui, dès le début, du droit appartenant à l'Espagne de choisir en toute indépendance l'époux de sa reine. Encore le ministre anglais paraît-il, d'après son propre témoignage, avoir été surtout préoccupé de ne rien dire qui pût troubler un accord dont il était fort heureux.—Les Mémoires récemment publiés d'Ernest II, duc de Saxe-Cobourg-Gotha, renferment, sur le sujet qui nous occupe, quelques renseignements utiles. On y voit que ce prince, chef de la maison de Cobourg, cousin germain du candidat à la main d'Isabelle et frère du mari de la reine Victoria, ayant ainsi toutes les raisons et tous les moyens de s'informer, se plaignait avec amertume que, dans leur désir d'être agréables à Louis-Philippe, le royal ménage anglais et lord Aberdeen se fussent trop engagés, à Eu, en faveur du mariage Bourbon, et eussent sacrifié le mariage Cobourg; il ajoutait que le gouvernement britannique était ainsi «beaucoup plus lié qu'il ne voulait se l'avouer», et qu'il avait perdu toute liberté de mouvement. On trouve aussi, dans ces Mémoires, une lettre que le prince Albert écrivit, le 26 mai 1846, au duc Ernest, et dans laquelle il reconnaissait que le gouvernement anglais «s'était engagé envers la France, dans le cas où le Roi tiendrait sa parole de ne mettre en avant aucun de ses fils, à employer toute son influence pour amener un mariage Bourbon». (Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha. Berlin, 1887, 1er vol., p. 160 et 167.)

185: Déjà, à l'origine de la candidature du prince de Cobourg, nous avions entrevu l'action du prince Albert. (V. plus haut, t. V, p. 181 et 182.)

186: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 189.

187: Voy. ce que sir Henri Bulwer dit lui-même de ses sentiments et de ses desseins, The life of Palmerston, t. III, p. 188 à 190.

188: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Guizot, du 21 mai 1846.

189: Lettre de M. Guizot à M. de Jarnac, du 7 novembre 1845.

190: Lettres diverses de M. de Jarnac à M. Guizot, au commencement de novembre 1845.

191: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Guizot, du 5 mars 1846.—Ce propos a été d'ailleurs rappelé, en termes presque identiques, par lord Aberdeen lui-même, dans la lettre qu'il a écrite à M. Guizot le 14 septembre 1846.

192: Voir plus haut, p. 160.

193: Lettre inédite du comte Bresson à M. Guizot, du 21 novembre 1846.

194: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 188.

195: Lettre inédite, déjà citée, de M. Bresson à M. Guizot, du 21 novembre 1846.

196: Un tel langage concorde parfaitement avec ce qu'on sait des sentiments de Bulwer. Lui-même, d'ailleurs, reconnaît avoir dit que le roi des Français ne pourrait s'opposer d'une façon persistante à un mariage aussi raisonnable si les Cobourg et la Reine s'y décidaient avec l'approbation des Cortès. «L'obstination d'une partie, ajoutait-il, ferait céder l'obstination de l'autre.» (The life of Palmerston, t. III, p. 190.)

197: Ce prince était Ernest II, qui avait succédé, en 1844, à son père Ernest Ier. Voir, sur la famille de Cobourg, plus haut, t. V, p. 181, note 1.

198: Lettre du prince Albert au duc de Saxe-Cobourg, en date du 26 mai 1846. (Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, 1er vol., p. 167.)—On voit maintenant ce qu'il faut penser des historiens anglais qui, comme sir Théodore Martin, le biographe officiel du prince Albert, nous montrent, en cette circonstance, sir Henri Bulwer ne sortant pas de la réserve ordonnée par ses instructions, et se bornant à faire la commission qui lui était demandée, «sans se mêler de la lettre de la reine Christine, autrement que pour la transmettre».

199: Longtemps les historiens ont connu l'existence et le sens général de la lettre de la reine Christine, sans en avoir le texte. Ce texte vient d'être publié en français dans les Mémoires du duc de Saxe-Cobourg. (Aus meinem Leben, etc., t. I, p. 163.)

200: Aus meinem Leben, etc., t. I, p. 164 et suiv.

201: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Guizot, du 21 mai 1846.

202: L'opposition française se doutait si peu de ce qui s'était passé, que M. Thiers, traitant à la tribune, le 28 mai 1846, des affaires de la Péninsule, reprochait à la reine Christine de chercher à imposer le comte de Trapani à l'Espagne, qui n'en voulait pas.

203: Lettre de M. Bresson à M. Guizot, du 25 mai 1846.

204: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 192.

205: Lettre du prince Albert au duc de Saxe-Cobourg, en date du 26 mai 1846. (Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, vol. I, p. 167.)

206: Parliamentary Papers.

207: Voir au tome IV.

208: Ce propos a été rapporté par le baron de Stockmar, qui le tenait de sir Robert Peel lui-même.

209: Méhémet-Ali disait lui-même, en 1846, à M. de Bourqueney, ambassadeur de France à Constantinople: «Les Anglais se disent aujourd'hui mes amis; le fait est qu'en me débarrassant de ces sales affaires de Syrie, ils m'ont rendu service.» (La Grèce du roi Othon. Correspondance de M. Thouvenel avec sa famille et ses amis; p. 72.)

210: Cette dépêche est citée intégralement dans les Pièces justificatives des Mémoires de M. Guizot. C'est à ces Mémoires, et aussi à l'ouvrage de M. d'Haussonville sur l'Histoire de la politique extérieure de 1830 à 1848, que sont empruntés les documents qui seront cités dans la suite de cet exposé, sans indication de source spéciale.

211: Lettre à M. de Sainte-Aulaire, en date du 8 octobre 1841.

212: Lettres de M. de Sainte-Aulaire à M. Guizot, du 2 et du 3 mai 1844.

213: Lettre de M. Désages à M. de Jarnac, en date du 27 septembre 1844. (Documents inédits.)

214: Instructions du 11 novembre 1844.

215: M. Thouvenel, alors secrétaire d'ambassade à Athènes, écrivait le 20 décembre 1845: «Rien ici n'est solide, si ce n'est un instinct de désordre, de rapine, historiquement très explicable, mais fort embarrassant pour former un État.» (La Grèce du roi Othon, correspondance de M. Thouvenel avec sa famille et ses amis, p. 8.)

216: Voir notamment un Mémoire rédigé en avril 1846 par l'envoyé d'Autriche, le comte Prokesh. (Haussonville, Histoire de la politique extérieure du gouvernement français, 1830-1848, p. 107.)

217: La Grèce du roi Othon, correspondance de M. Thouvenel, p. 11.

218: Ibid.—M. Thouvenel ajoutait, quelques jours plus tard: «Nous sommes ici, il ne faut pas nous le dissimuler, les amis de la canaille; mais cette canaille, après tout, est la masse du pays, et c'est là que, pour être forts, nous avons dû poser notre camp.» (Ibid., p. 13.)

219: Ibid., p. 113.

220: La Grèce du roi Othon, correspondance de M. Thouvenel, p. 9 et 11.

221: La Grèce du roi Othon, correspondance de M. Thouvenel, p. 73.

222: J'ai déjà eu occasion de citer ce propos. (Mémoires de Metternich, t. VI, p. 690.)

223: Lettre du comte de Flahault à M. Guizot, du 6 février 1846. (Documents inédits.)

224: The Greville Memoirs, second part, vol. III, p. 16.

225: Lettre du 3 décembre 1844, citée par M. Guizot dans son étude sur Robert Peel.

226: The life of lord John Russell, par Spencer Walpole, vol. II, p. 13.

227: Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 230 à 236.

228: 13 décembre 1845. (Ibid., p. 237.)

229: M. Reeve rendit compte de ses impressions à M. Greville, dans deux lettres en date des 20 et 22 décembre 1845. (The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 345 à 347.)

230: M. Léon Faucher écrivait à M. Duvergier de Hauranne, le 30 novembre 1844: «Vous savez que les nuages se dissipent entre M. Thiers et les whigs. J'y ai, pour ma part, un peu travaillé, et je crois qu'il faut se féliciter, mais tout bas, de voir arriver le succès.» (L. Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 159.)

231: L'éditeur du Journal de M. Greville, M. Reeve, confirme ce rapprochement avec ses renseignements personnels, et il ajoute: «C'était le résultat de leur commune haine contre M. Guizot.» (The Greville Memoirs, second part, vol. II, p. 267.)

232: Lord Clarendon écrivait à Panizzi, le 12 octobre 1845: «Thiers passe littéralement comme un éclair; s'il veut apprendre quelque chose sur ce pays-ci, il ne doit pas venir ici pour une seule semaine, bien que cette façon d'agir soit en harmonie avec son système habituel. Vous rappelez-vous son fameux billet à Ellice, alors secrétaire de la trésorerie: «Mon cher Ellice, je veux connaître à fond le système financier de l'Angleterre: quand pourrez-vous me donner cinq minutes?» (The Life of sir Anthony Panizzi, par Louis Fagan.)

233: Journal inédit de M. de Viel-Castel.

234: On lit dans le Journal de Greville: «Aberdeen trouva M. Thiers très agréable, mais pas si bien (fair) pour Guizot que Guizot pour lui. Guizot parlait toujours en bons termes de lui, tandis que Thiers parlait très mal de Guizot. En effet, Thiers s'exprime sur Guizot avec le plus grand mépris, dit qu'il est grand à la tribune, mais qu'il n'est ni un homme d'État, ni un homme d'affaires.» (The Greville Memoirs, second part, vol. II, p. 298.)

235: Lettre du 29 octobre 1845. (Documents inédits.)

236: Lettre à M. Panizzi. (The Life of sir Anthony Panizzi, par L. Fagan.)

237: Notes inédites de M. Duvergier de Hauranne.—J'ai déjà eu occasion de mentionner ce traité. (Cf. plus haut, ch. I, § I.)

238: Lord John Russell écrivait en effet à lord Minto: «Je défendrai Palmerston, qui est si injustement accusé de désirer la guerre, et qui s'est conduit toujours si galamment et si bien.» Ne se rappelait-il donc pas combien il avait été mécontent, après la signature du traité du 15 juillet 1840, des procédés de Palmerston envers la France? Ce que j'ai indiqué (V. plus haut, t. IV, p. 292 à 296) de l'opposition, du reste fort impuissante, faite alors par Russell à Palmerston, se trouve confirmé et complété dans la Vie, récemment publiée, du premier de ces hommes d'État. (The Life of lord J. Russell, par Spencer Walpole, t. I, p. 347 à 363.)

239: Sur cette crise, voyez The Greville Memoirs, second part, vol. II, p. 322, 330, 331; et The Life of lord J. Russell, t. I, p. 416.

240: Un ami de M. Thiers, M. Léon Faucher, écrivait à une de ses amies d'Angleterre: «Le retour de sir Robert Peel a raffermi M. Guizot. Il ne peut plus être renversé que par les élections.» (Léon Faucher, Biographie et Correspondance, t. I, p. 171.)

241: Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 239.

242: Lettre du 28 avril 1846.

243: Les documents diplomatiques qui seront cités dans le cours de ce chapitre et du chapitre suivant, sans indication de source spéciale, sont tirés des recueils de pièces distribués par les gouvernements français, anglais et espagnol, à leurs parlements respectifs, des Mémoires de M. Guizot, de la Revue rétrospective, enfin de nombreux Documents inédits dont de bienveillantes communications m'ont permis de prendre connaissance, notamment des correspondances du comte Bresson, ambassadeur à Madrid, du comte de Flahault, ambassadeur à Vienne, et du marquis de Dalmatie, ministre à Berlin.

244: Lettre de M. de Sainte-Aulaire à M. Guizot, du 7 juin 1846.

245: Lettre du même au même, du 2 juillet 1846.

246: Sur la situation de l'Espagne avant l'avènement de lord Palmerston, voir plus haut le § I du chapitre précédent.

247: Ce fait ressort des dépêches et des lettres de Bulwer à lord Palmerston. (Parliamentary Papers, et The Life of lord John Russell, par Spencer Walpole, t. II, p. 3.) Il est aussi affirmé dans une lettre écrite, en novembre 1846, par M. Panizzi à M. Thiers, sous l'inspiration et d'après les renseignements de lord Palmerston. (The Life of sir Anthony Panizzi, par Louis Fagan.)

248: Lettre inédite du comte Bresson à M. Guizot, du 12 juillet 1846.

249: Louis-Philippe écrivait à ce propos au roi des Belges: «Je suis tellement froissé de ce débordement d'injustice et d'absurdité, que je préfère ne plus rien dire et n'opposer que le dédain à ces crédulités volontaires.»

250: Le duc de Glucksberg, qui devait être plus tard duc Decazes, avait écrit à M. Bresson, le 5 juillet: «Pour sa part, M. Guizot ne faiblira pas sur le Cobourg. Il n'est pas sans inquiétude sur le mécontentement qu'on pourra éprouver en Angleterre, en nous voyant faire immédiatement le mariage Montpensier; mais, se considérant comme dégagé vis-à-vis d'elle, il est résolu à le braver.»

251: Lettre de M. Bresson à M. Guizot, du 12 juillet 1846.

252: Louis-Philippe, parlant, à la fin de 1849, du mal que lui avait fait le «mensonge imprimé», disait «qu'il y avait en revanche un livre auquel il devait un beau cierge, c'était la Revue rétrospective». (Abdication du roi Louis-Philippe racontée par lui-même et recueillie par M. Édouard Lemoine, p. 69.)—Lord Clarendon, qui avait été collègue de lord Palmerston et l'un des plus animés contre notre politique espagnole, vint voir Louis-Philippe à Claremont après la publication de la Revue rétrospective, et lui tint ce langage: «Sire, vous voyez devant vous un de ceux qui éprouvent le besoin de vous faire amende honorable. Je n'ai jamais cessé d'admirer votre politique, mais, hier encore, vous n'étiez à mes yeux que le plus habile des rois; aujourd'hui, je reconnais sincèrement que vous n'avez jamais cessé d'être en même temps le plus habile et le plus loyal.» Cet incident est rapporté par M. Croker, dans un article écrit pour une revue anglaise, d'après les renseignements mêmes du Roi. Cet article fut traduit et reproduit dans la Revue britannique d'octobre 1850.

253: M. Guizot se rendait bien compte de l'effet qu'un désaveu produirait sur M. Bresson. Celui-ci, en effet, à la première nouvelle qui lui en arriva, écrivit à M. Guizot, le 26 juillet: «Ce serait tout renverser, tout livrer à nos adversaires, et je ne me chargerais pas de suivre une négociation aussi délicate dans de pareilles conditions.»

254: Voir The Life of Palmerston, t. III, p. 218 à 238.

255: Louis-Philippe écrivait à M. Guizot, le 25 juillet 1846: «Le roi Léopold est en excellente disposition et désire vivement la chute de lord Palmerston, dont il craint que nous ne soyons dupes. No fear of that! Je le mettrai au fait, et, avec les excellentes dispositions de la reine Victoria, je crois qu'il fera bonne besogne.» (Revue rétrospective.)—Voir aussi, dans la Vie du Prince consort, par sir Théodore Martin, un memorandum du 18 juillet 1846, dans lequel le prince Albert, examinant l'état des affaires d'Espagne, montrait les avantages de la politique de lord Aberdeen et les dangers résultant de l'avènement de lord Palmerston, particulièrement de ses liens avec les progressistes. (Le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Th. Martin, par A. Craven, t. I, p. 195.)—L'auteur de la Vie de lord John Russell, M. Spencer Walpole (t. II, p. 8), constate la méfiance du prince Albert et de la reine Victoria à l'égard de lord Palmerston.

256: V. plus haut, p. 167 et suiv., ce qui a été dit de la démarche de la reine Christine.

257: C'était à peu près l'avis qu'exprimait déjà le prince Albert, le 26 mai 1846, dans une lettre adressée au duc de Saxe-Cobourg. (V. plus haut.)

258: Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, t. I, p. 169 à 171.

259: En rendant compte des conversations d'Eu, en septembre 1845, M. Guizot dit «qu'il avait été entendu et reconnu par lord Aberdeen qu'aucun prince étranger à la maison de Bourbon ne serait soutenu par le gouvernement anglais comme prétendant à la main de la Reine ou de l'Infante». Et il ajoute: «Notre sécurité à cet égard était évidemment la condition de notre renonciation à toute prétention pour les fils du Roi.» De même, dans le memorandum du 27 février 1846, notre gouvernement avait indiqué qu'il se regarderait comme libre de tout engagement, si le gouvernement anglais poussait au mariage du prince de Cobourg soit avec la Reine, soit avec l'Infante.

260: Le roi Louis-Philippe écrivait à la reine des Belges, le 14 septembre 1846: «En adhérant à la garantie que lord Aberdeen prenait contre la stérilité de la Reine, je devais considérer comme entendu qu'il n'y aurait plus d'objections de la part de l'Angleterre à ce que mon fils épousât l'Infante.»

261: Revue rétrospective.

262: Les historiens anglais eux-mêmes, si longtemps acharnés à contester la bonne foi du gouvernement français, commencent à changer de ton. Ainsi l'auteur de la Vie récemment publiée de lord John Russell, M. Spencer Walpole, reconnaît que Louis-Philippe, en voyant le nom de Cobourg dans les instructions du 19 juillet, était fondé à croire que les Anglais manquaient à leurs engagements, et qu'il était par suite libéré des siens. Il ajoute: «L'excuse habituelle, invoquée par lord Palmerston, est qu'en nommant le prince Léopold, il constatait un fait, sans énoncer une politique. L'excuse est inadmissible pour qui a comparé la correspondance privée de Palmerston avec ses dépêches publiques.»—Il dit encore plus loin: «Lord Palmerston et Bulwer travaillaient à faire le mariage dont Louis-Philippe ne voulait pas, et complotaient contre le mariage qu'il désirait.» (The Life of lord John Russell, t. II, p. 2 et 3.)

263: Sur les sentiments et les démarches de Bulwer, voir The Life of Palmerston, par Bulwer, t. III, p. 193 et suiv., et The Life of lord John Russell, par Spencer Walpole, t. II, p. 3.

264: Plus tard, après son échec, lord Palmerston regrettera de n'avoir pas suivi les conseils de Bulwer. «C'est vous qui aviez raison, lui écrira-t-il le 12 septembre 1846; nous aurions dû tout de suite et hardiment adopter Cobourg et le faire triompher en bravant la France.» (The Life of Palmerston, par Bulwer, t. III, p. 246.)

265: «Je n'ai point élevé d'objections, écrivait M. Bresson le 9 août 1846; j'ai seulement fait observer qu'il y avait des conditions préliminaires indispensables à régler.»

266: Lettres du 9 et du 16 août 1846.

267: Sur ce qu'étaient ces pouvoirs, se rappeler notamment la lettre de M. Guizot, en date du 10 décembre 1845. (V. plus haut, p. 166.)

268: Correspondance de l'envoyé sarde à Madrid. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1843, t. II, p. 631.)

269: Lettre inédite du 22 août 1846.

270: Lettre de lord Palmerston à M. de Jarnac, du 6 septembre 1846. (Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 239.)

271: Lettres de M. de Jarnac à M. Guizot, des 9, 11 et 12 septembre 1846.

272: Lettre de lord Palmerston à Bulwer, du 16 septembre 1846. (Bulwer, t. III, p. 247.)

273: The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 423.

274: Bulwer, t. III, p. 248 et 252.

275: Ibid., p. 248.

276: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 10.

277: Lettre inédite du 20 septembre 1846.

278: Spencer Walpole, The life of lord John Russell, t. II, p. 2.

279: Ibid., p. 5.

280: The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 418 à 421.

281: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 241.

282: Le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Th. Martin, par A. Craven, t. I, p. 208.

283: Revue rétrospective.

284: Le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Th. Martin, par A. Craven, t. I, p. 208.

285: The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 430; t. III, p. 53.

286: Voir plusieurs lettres publiées dans la Revue rétrospective.

287: Louis-Philippe écrivait au roi des Belges, le 25 juillet 1846: «J'ai reçu de Victoria les lettres les plus aimables, les plus rassurantes, sur le maintien de notre précieuse entente cordiale. Sa jeunesse et sa droiture le croient; elle ne peut douter des assertions qu'on lui donne. Ma vieillesse, sans être moins droite, n'a pas la même confiance, et de là l'incertitude que j'ai dû lui faire entrevoir sur ma visite du mois d'octobre, qu'elle veut bien désirer avec un affectueux empressement.»

288: Voir plus haut, p. 217, 218.

289: Le langage de ce prince était des plus amers; il écrivait à un de ses parents d'Allemagne, le 17 septembre 1846: «Rien de plus perfide que la politique suivie par la cour française. On nous a dupés, et maintenant on triomphe. Mesquin triomphe d'avoir dupé un ami, et le seul qu'on a, et au moment même où il fait un sacrifice à l'amitié. Car les pauvres reines ont, jusqu'à la dernière heure, été attachées à Léopold, et cet attachement, elles ne l'ont abandonné que quand Bulwer leur a déclaré que nous ne pouvions pas y consentir...» (Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, t. I, p. 174.)

290: Ce fond d'affection reparaîtra en 1848, après la révolution de Février. La Reine écrira au baron Stockmar, le 6 mars 1848: «Vous connaissez ma tendresse pour la famille royale; vous savez comme je désirais de nouveau être dans de meilleures relations avec eux..., et vous disiez que le temps seul pourrait amener ce résultat... Que j'étais loin de prévoir comment il se ferait que nous nous reverrions en effet tous de la façon la plus amicale, que la duchesse de Montpensier, au sujet de laquelle nous nous disputions depuis plus d'un an, arriverait ici en fugitive!...» Et le 22 avril: «Ces pauvres exilés à Claremont! Leur vie, leur avenir vous brisent le cœur.» (Le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par A. Craven, t. I, p. 256 et 257.)

291: Le baron Stockmar a écrit, quelques semaines plus tard, le 10 novembre 1846: «Au commencement, la Reine était tout entière aux idées de pardon et de réconciliation; le prince, au contraire, ressentait le coup comme il convient à un homme; il voyait une chose injuste au fond, une offense nationale dans la forme et pour lui un procédé blessant, car il pouvait se dire qu'ayant sacrifié à de hauts intérêts politiques sa bienveillance pour son cousin, il n'avait reçu en échange qu'une marque d'ingratitude sous la forme la plus dédaigneuse.» (Mémoires de Stockmar.)—Écrivant à la Reine, Stockmar lui dénonçait la conduite de Louis-Philippe «comme un trait de politique égoïste et inique, du scandale duquel la réputation du Roi ne se remettrait jamais». (Le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par A. Craven, t. I, p. 208.)

292: The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 424.

293: Documents inédits.

294: Le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Th. Martin, par A. Craven, t. I, p. 201 à 203.

295: The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 424.

296: Revue rétrospective.

297: C'est ce qu'insinue lord Palmerston dans une lettre à Bulwer. (Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 252.)

298: Le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Th. Martin, par A. Craven, t. I, p. 203 à 206.

299: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 252.

300: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 241.

301: Il n'est pas besoin de démentir cette infamie. On se rappelle que M. Bresson n'était même pas au palais royal le soir où le consentement de la Reine fut obtenu. (V. plus haut, p. 226.) Dans sa correspondance confidentielle avec M. Guizot, M. Bresson se montre fort ému et fort indigné de ces «abominables calomnies». (Lettre inédite du 29 septembre 1846.)

302: Voir notamment le Siècle des 9, 10, 13, 18 août, le Constitutionnel du 13 août, le National des 14 et 16 août, etc.

303: Sur les premiers symptômes de cette alliance de M. Thiers et de lord Palmerston, voir plus haut, p. 197 et suiv.

304: Ce propos est rapporté par M. Bresson, qui le tenait de M. Donozo Cortès.

305: Lettre inédite de M. Bresson à M. Guizot, du 29 septembre 1846.

306: Bulwer, The life of Palmerston, t. III, p. 247 à 257.

307: Voir entre autres le Morning Chronicle du 19 septembre 1846, et le Times du 24.

308: Le ministre avait été, du reste, devancé dans cette voie par Bulwer, qui, de son chef, avait invoqué le traité d'Utrecht dans une note à M. Isturiz, en date du 8 septembre.

309: Voir plus haut, p. 237.

310: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 248 à 252. Voir aussi le Prince Albert, extraits de l'ouvrage de sir Théodore Martin, par A. Craven, t. I, p. 207.

311: Documents inédits.

312: Cité dans une dépêche de M. d'Arnim, ministre de Prusse à Paris. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 647.)

313: Voir, entre autres, une lettre du 23 septembre 1846, dans laquelle M. de Flahault rend compte à M. Guizot d'une dépêche de l'ambassadeur d'Autriche à Londres, du 12 septembre. Voir aussi les Mémoires du prince de Metternich, t. VII, p. 272.

314: Mémoires du prince de Metternich, t. VII, p. 277.

315: Correspondance inédite de M. Guizot et de M. de Flahault, ambassadeur de France à Vienne.

316: Dépêches d'Arnim, ministre de Prusse à Paris, en date des 13 et 14 octobre 1846. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 645.)

317: J'aurai l'occasion plus tard de revenir avec détail sur les événements de Suisse et d'Italie.

318: «Il n'y a rien de plus grave pour un gouvernement, déclarait M. de Metternich, que de dire: Je proteste. Derrière une protestation, il faut toujours avoir un canon chargé.» (Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 5 octobre 1846, Documents inédits.)

319: M. de Metternich écrivait, après avoir lu les pièces communiquées par le gouvernement français: «Ce qui ressort avec évidence de ces pièces, c'est une grande habileté dans la manière de procéder du roi des Français.» (Mémoires de Metternich, t. VII, p. 279.)

320: Lettres de M. de Flahault rendant compte à M. Guizot de ses conversations avec M. de Metternich, en date des 23 septembre, 5, 10 et 16 octobre 1846. (Documents inédits.) Voir aussi les dépêches de M. de Metternich à ses agents à Berlin, en date des 6 et 10 octobre 1846. (Mémoires de Metternich, t. VII, p. 272 à 281.)

321: Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 26 septembre 1846. (Documents inédits.)

322: Dépêches des 6 et 10 octobre 1846. (Mémoires de Metternich, t. VII, p. 272 à 281.)

323: Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 21 octobre 1846. (Documents inédits.)

324: «J'ai été complètement submergé par la besogne, écrivait-il à lord Normanby le 27 septembre, et bien que ce soit septembre, je n'ai pu aller qu'une fois à la chasse aux perdrix.» (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 251.)

325: Lettres de M. Guizot à sa famille et à ses amis, p. 244.

326: Dépêche de lord Normanby à lord Palmerston, du 1er septembre 1846.—Voir aussi lettre de Palmerston à Bulwer, du 16 septembre. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 249.)

327: Voir notamment certaines ouvertures faites par des personnages qu'on pouvait supposer être plus ou moins autorisés par Louis-Philippe. (The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 425, 430, 431, et t. III, p. 5.)

328: «Je demande à Dieu, écrivait M. Désages à M. de Jarnac, de mettre le signet à cette polémique où nous reconnaissons tous qu'il y a inconvénient même à avoir trop raison et à trop le démontrer.» (Lettre inédite du 5 novembre 1846.)

329: Dépêches de lord Palmerston, en date du 31 octobre 1846; de M. Guizot, en date du 29 novembre 1846; de Palmerston, en date du 8 janvier 1847; de M. Guizot, en date du 22 janvier.

330: Que ne pouvait-on pas attendre de l'homme d'État qui écrivait à Bulwer, le 15 octobre 1846, que Louis-Philippe était un «pick-pocket découvert»? (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 260.)—Le Times, vers la même époque, accusait le roi des Français d'avoir «filouté à l'Espagne l'Infante et son héritage».

331: Lettre du 7 décembre 1846. (Bulwer, t. III, p. 276.)

332: Leaves from the diary of Henry Greville, p. 174.

333: Voir les lettres que Palmerston écrivait à Bulwer, les 15 octobre, 15, 19 et 26 novembre 1846. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 259 à 263.)

334: Ibid., p. 263.

335: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 14.

336: Lettre inédite de M. Guizot au comte de Flahault, du 9 novembre 1846.

337: Correspondance inédite entre M. Guizot et le comte de Flahault, pendant les mois d'octobre et de novembre 1846.—Voir aussi Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 278 à 280.

338: Voir, comme spécimen de ces caresses, la lettre que lord Palmerston adressera, quelques semaines plus tard, à son représentant à Saint-Pétersbourg. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 278.)

339: Cette réponse, communiquée par M. de Metternich à M. de Flahault, fut aussitôt transmise par ce dernier à M. Guizot. (Lettre inédite du 22 novembre 1846.)

340: Lettre inédite du 2 août 1847.

341: Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 584.

342: Correspondance inédite du marquis de Dalmatie, ministre de France à Berlin, et de M. Guizot.—Voir aussi Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 645 à 651.

343: Voir plus haut, t. IV, p. 311, et t. V, p. 47.

344: Sur ce double courant et sur cette incertitude de la politique prussienne, cf. Hillebrand, Geschichte Frankreichs, t. II, p. 645 à 651. Il faut voir avec quelle amertume cet historien reproche à Frédéric-Guillaume IV d'avoir manqué en cette circonstance à la mission des Hohenzollern et d'avoir ainsi fait la partie trop facile au gouvernement français.

345: Lettre inédite à M. de Jarnac, en date du 11 février 1847.

346: Lettre inédite du 26 octobre 1846.

347: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 169, 170, 198.

348: Voir plus haut, t. III, ch. II, § II.

349: Dépêches de M. de Metternich à M. d'Apponyi, du 20 février 1846; de M. Guizot à M. de Flahault, du 23 mars 1846; de M. de Flahault à M. Guizot, du 1er avril 1846, et de M. Humann à M. Guizot, du 3 avril 1846.

350: Lettre inédite à M. de Flahault, en date du 25 novembre 1846.

351: Dépêche à M. de Jarnac, du 19 novembre 1846.

352: Lettre inédite à M. de Flahault, en date du 25 novembre 1846.

353: The Greville Memoirs, second part, t. II, p. 430.

354: Lettre précitée à M. de Flahault.

355: Lord Palmerston écrivait, à l'un de ses confidents, le 19 novembre 1846: «La vérité est que, même en bons termes, la France et l'Angleterre n'auraient eu aucun moyen d'action sur ce point; elles n'auraient pu prévenir la chose que par une menace de guerre, et les trois puissances savaient bien que nous n'y aurions pas recouru pour Cracovie.» (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 270.)

356: Lettre inédite du prince Albert de Broglie, alors premier secrétaire à l'ambassade de Rome.

357: Lettre inédite du 25 novembre 1846.

358: Dépêche de M. d'Arnim, ministre de Prusse, en date du 22 décembre 1846. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 644.)

359: Dépêche de M. de Brignole, ministre de Sardaigne, en date des 5 et 26 décembre 1846. (Ibid.)

360: Lettre inédite de M. de Flahault à M. Guizot, du 22 janvier 1847.

361: Lettre inédite du marquis de Dalmatie à M. Guizot, du 23 décembre 1846.

362: Lettre inédite de M. de Flahault à M. Guizot, du 13 décembre 1846.

363: Dépêche de M. de Brignole, du 12 décembre 1846. (Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 644.)

364: Dépêche du 4 janvier 1847, et lettre confidentielle du même jour. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 359 à 363.)

365: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 298 à 303.

366: Lettres inédites du 25 novembre et du 5 décembre 1846.

367: Voir plus haut, p. 242. Cf. aussi p. 197.

368: M. Panizzi devait mourir sénateur du royaume d'Italie.

369: Louis Fagan, The Life of sir Anthony Panizzi.

370: Sur cette conduite de lord Normanby, voir passim, The Greville Memoirs, second part, t. III. Cf. notamment p. 10, 19 et 34.

371: M. Greville raconte, à la date du 30 décembre 1846, que lord Clarendon lui avait fait part, comme d'une chose toute naturelle, de «l'intention où était Palmerston de fournir des informations à Thiers pour en user contre Guizot». M. Greville lui fit de fortes représentations sur ce qu'un tel procédé avait d'impolitique et d'immoral. Clarendon lui répondit en tachant de le tranquilliser et en lui promettant qu'on userait de beaucoup de précautions. «Cela ne me tranquillisa pas, ajoute Greville, et mon sentiment était prophétique. Que de torts on se fit ainsi!» (The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 13.)

372: The Greville Memoirs, second part, passim. Voir notamment t. II, p. 426, et t. III, p. 19, 52, 55.

373: Journal inédit de M. de Viel-Castel; Correspondance inédite de M. Désages avec M. de Jarnac; The Greville Memoirs, second part, passim, notamment t. II, p. 424; Spencer Walpole, The Life of lord John Russell, t. II, p. 4 et 5.

374: Cf. Bulwer, The Life of lord Palmerston, t. III, p. 325 et suiv., et Spencer Walpole, The Life of lord John Russell, t. II, p. 14 et suiv.

375: On écrivait de Paris à M. Thouvenel: «Le roi des Belges était si mécontent des mariages espagnols qu'il a quitté Saint-Cloud la veille de l'arrivée du duc de Montpensier et de sa femme.» (La Grèce du roi Othon: Correspondance de M. Thouvenel avec sa famille et ses amis, p. 94.)

376: Voir la lettre écrite, le 13 novembre 1846, au duc de Saxe-Cobourg par le roi Léopold. (Aus meinem Leben und aus meiner Zeit, von Ernst II, herzog von Sachsen-Coburg-Gotha, t. I, p. 175.)

377: The Greville Memoirs, second part, t. II, p, 425.

378: Ibid., t. III, p. 12, 13, 14, 26, 34.

379: C'est M. Greville qui a noté, au moment même, sur son journal, tout ce que lui avait dit M. Thiers. (The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 28 et suiv.)

380: Cette lettre et celles qui seront citées à la suite sont toujours tirées de l'ouvrage de M. Fagan, The Life of sir Anthony Panizzi.

381: Lettre de Palmerston à lord Normanby, du 17 février 1847. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 286.)

382: On fut en effet assez froissé, à Londres, du langage du duc de Broglie. M. Greville, alors à Paris, et qui désirait un rapprochement, écrivait sur son journal, le 21 janvier: «Ce discours n'est ni juste, ni vrai, ni sage. Si l'orateur avait eu le désir d'envenimer l'affaire, ce que je ne crois pas, il n'aurait pas pu parler autrement.» (The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 36.) M. Désages, informé de l'impression produite outre-Manche, répondait, le 1er février, à M. de Jarnac: «Ce discours est incisif, hautain peut-être, mais le raisonnement est puissant, serré, sans bonne réplique possible.» (Documents inédits.)

383: Journal inédit du baron de Viel-Castel, à la date du 23 janvier 1847.

384: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 39.

385: Documents inédits.

386: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 39, 40.

387: Dans le livre de M. Fagan (The Life of sir Anthony Panizzi), la lettre est datée seulement de Dimanche 1847. La date que nous indiquons ne peut faire aucun doute.

388: Voir plus haut, p. 227.

389: M. Thiers, dans une lettre à M. Panizzi, rapportait ainsi lui-même son propos: «Mon cher monsieur Greville, vous êtes une éponge trempée dans le liquide Lieven, et, quand on vous presse, il n'en sort que ce liquide. Prenez garde, ce n'est que du liquide de vieille femme.»

390: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 48, 49.

391: Lettre du 7 février 1847. (The Life of sir Anthony Panizzi, par Louis Fagan.)

392: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 46.

393: Ibid., p. 49.

394: Voir plus haut, p. 275.

395: Le jour même où s'ouvraient les débats de l'adresse, le 1er février, M. Dégages écrivait à M. de Jarnac: «M. Guizot parlera le moins possible; il ne parlera que pour se défendre s'il est attaqué. Chacun se demande ce que fera M. Thiers. Je crois volontiers qu'il ne le sait pas bien encore lui-même.» (Documents inédits.)

396: Journal inédit du baron de Viel-Castel.

397: «La majorité, écrivait le duc de Broglie à son fils, est contente de manger un peu de l'Anglais, pourvu qu'on n'en mange que ce qu'on en peut digérer.» (Documents inédits.)

398: Lettres à M. de Flahault, en date du 24 février 1847, et au marquis de Dalmatie, en date du 4 mars. (Documents inédits.)

399: The Life of sir Anthony Panizzi, par Louis Fagan.

400: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 299.

401: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 299.

402: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 45 et 47.

403: Ibid., p. 49.

404: C'est ce que reconnaît formellement Bulwer, tout hostile qu'il soit à la France, dans cette affaire des mariages; il ne doute pas que ce ne soit au fond le sentiment de lord Palmerston. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 283.)

405: Lord Palmerston écrivit à lord Normanby qu'il avait déposé seulement un extrait de sa dépêche (c'est l'extrait que nous citons plus haut), parce que certains passages étaient d'un ton trop batailleur (too pugnacious) pour l'état de l'opinion anglaise. (Bulwer, t. III, p. 283.) On peut juger, par ce que Palmerston a conservé, de ce que devaient être les passages qu'il s'est cru obligé de retrancher.

406: M. Désages écrivait à M. de Jarnac, le 15 février 1847: «Normanby, appuyé par lord Palmerston, prétend exiger une satisfaction à la tribune française, M. Guizot se faisant interpeller par un compère.» (Documents inédits.)

407: C'est encore M. Désages qui mandait à M. de Jarnac, le 11 février 1847: «Tout cela est regrettable, car il y a bien assez de la difficulté au fond, sans qu'il soit besoin qu'elle se complique de questions personnelles... Un autre que lord Normanby, après avoir lu son Moniteur, aurait écrit quelques mots au ministre, qui lui aurait répondu par un certificat de loyauté, tout en maintenant qu'il y avait inexactitude dans la dépêche non communiquée, et tout eût été dit.» (Documents inédits.)

408: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 287, 288.

409: Bulwer, t. III, p. 292, 293, 294.

410: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 60.

411: Lettre à Apponyi, du 25 février 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 328.)

412: Lettre du 18 février 1847. (Documents inédits.)

413: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 55, 56, 57.

414: Ibid., p. 60, 61.

415: Ce curieux incident est raconté en détail par M. Greville, qui y fut mêlé d'assez près. «The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 61 à 64.»—Voir aussi Spencer Walpole, The Life of lord John Russell, t. II, p. 7 et 8.—M. Greville note ce qu'il y eut d'assez peu fier dans cette évolution de Palmerston. «Celui-ci, dit-il, est surpris, déjoué au moment où, de sa propre autorité, à l'insu de ses collègues, il faisait cette démarche grave et violente: il devrait être mortifié, et jusqu'à un certain point il pourrait se croire déshonoré. Voir sa communication contremandée à son insu par le premier ministre est une sorte d'affront que tout homme d'honneur ressentirait. Mais il est trop dans son tort pour le ressentir, et il se soumet.» M. Greville n'est pas moins sévère pour la faiblesse du premier ministre, intervenant dans ce cas particulier, mais ne sachant pas établir son autorité d'une façon permanente.

416: Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 294 à 296.

417: Tous ces détails sont rapportés par M. Guizot dans une lettre particulière du 4 mars 1847, adressée au marquis de Dalmatie, ministre à Berlin. (Documents inédits.)

418: Journal inédit de M. de Viel-Castel.

419: The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 66.

420: Ibid., p. 66 à 68.—M. Greville note avec stupéfaction que Normanby, dans ses lettres, se défendait d'avoir été en communication avec l'opposition française, et notamment avec M. Thiers. «C'est réellement incroyable, ajoutait M. Greville, qu'il puisse s'abuser jusqu'à ce point et qu'il s'imagine tromper les autres.»

421: Lettre du 5 mars 1847. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 297, 298.)

422: C'est ce que dit l'éditeur des Mémoires de Greville, M. Reeve (The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 72, note de l'éditeur).

423: Lettres diverses, adressées à M. Guizot, en janvier 1847, par le comte de Flahault, ambassadeur à Vienne, et par le marquis de Dalmatie, ministre à Berlin. (Documents inédits.)

424: On sait que le discours de la Reine fut tout différent de ce qu'annonçait lord Ponsonby.

425: Documents inédits.

426: Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 22 janvier 1847.—M. Greville notait sur son journal: «Ponsonby fait tout ce qu'il peut à Vienne et y tient le langage le plus despotique.» (The Greville Memoirs, second part, t. III, p. 64.)

427: M. de Metternich décernait à lord Ponsonby l'éloge qu'il réservait à ses meilleurs amis; il l'appelait un «brave homme». (Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, en date du 21 janvier 1847. Documents inédits.)

428: M. de Flahault rapportait à M. Guizot des conversations de M. de Metternich, qui ne semblaient pas toujours rassurantes. (Lettre du 21 janvier 1847. Documents inédits.) Notre diplomatie se rendait compte d'ailleurs des raisons qui pouvaient porter le chancelier à prêter l'oreille aux ouvertures de l'Angleterre. Un peu plus tard, M. de Flahault résumait ainsi ces raisons: «Il ne faut pas oublier que l'Angleterre est une ancienne amie que la politique autrichienne est disposée à suivre, et que la négation des droits de Mme la duchesse de Montpensier se trouve dans le principe qui règle la conduite de la cour de Vienne, et qu'elle pourrait tendre au rétablissement de la Pragmatique de Philippe V et à celui de la branche masculine dans la personne du comte de Montemolin, si la reine Isabelle vient à décéder sans enfants. Tout cela est fort tentant.» (Lettre à M. Guizot, du 9 mars 1847. Documents inédits.)

429: Lettres du 1er et du 24 février 1847. (Documents inédits.)

430: J'ai trouvé ce résumé de la note anglaise et de la note autrichienne dans une lettre particulière de M. de Flahault à M. Guizot, en date du 19 février 1847. M. de Flahault tenait ces renseignements de M. de Metternich. (Documents inédits.)

431: Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 19 février 1847. (Documents inédits.) Voir aussi deux dépêches de M. de Metternich au comte Apponyi, du 25 février 1847. (Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 383 à 388.)

432: Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 24 février 1847. (Documents inédits.)

433: Lettres de M. de Flahault à M. Guizot, en date du 24 février et du 18 mars 1847. (Documents inédits.)

434: Documents inédits.

435: Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 4 avril 1847. (Documents inédits.)

436: Lettre du 26 mars 1847. (Bulwer, The Life of Palmerston, t. III, p. 302.)

437: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 394, 395.

438: M. de Metternich écrivait au comte Apponyi, le 25 février 1847: «Le mouvement que se donne le baron d'Arnim pour aider à envenimer la situation est digne de son esprit et de son caractère.» (Mémoires, t. VII, p. 327.) Causant avec M. de Flahault, M. de Metternich traitait Bunsen d'«âme damnée de lord Palmerston». (Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 18 mars 1847. Documents inédits.)

439: M. de Flahault avait été informé par M. de Metternich de l'existence de ces deux dépêches. (Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, du 18 mars 1847. Documents inédits.)

440: Lettre de M. Guizot au marquis de Dalmatie, en date du 8 mars 1847. (Documents inédits.)

441: Lettre du marquis de Dalmatie à M. Guizot, en date du 19 mars 1847. (Documents inédits.)

442: Lettre de M. Guizot au marquis de Dalmatie, en date du 31 mars 1847. (Documents inédits.)

443: Mémoires de M. de Metternich, t. VII, p. 395.

444: Lettre de M. de Flahault à M. Guizot, avril 1847. (Documents inédits.)

445: Documents inédits.

446: Ibid.

447: Le baron de Stockmar, le conseiller de la reine Victoria et du prince Albert, a développé cette thèse dans ses Mémoires.

448: M. Guizot, Robert Peel, p. 308.

449: Sur la première partie du gouvernement du maréchal Bugeaud, voir les chapitres V et VI du livre V.

450: Lettre à M. Gardère, du 17 octobre 1844. (Le Maréchal Bugeaud, par le comte d'Ideville, t. II, p. 550.)

451: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 180 à 182.

452: Moniteur algérien du 25 juillet 1845.

453: Lettre au général Bourjolly, citée par M. C. Rousset. (La Conquête de l'Algérie, t. II, p. 29.)

454: Lettre du 22 mai 1845. (Ibid., p. 27.)

455: C'est le chiffre donné par le maréchal Bugeaud, dans une lettre à la duchesse d'Isly, en date du 8 août 1845. (D'Ideville, t. III, p. 32.)

456: Même lettre.

457: D'Ideville, Le Maréchal Bugeaud, t. III, p. 4.

458: Documents inédits.

459: Voir plus haut, t. V, chap. V, § XV.

460: L'Algérie: Du moyen de conserver et d'utiliser cette conquête (1842).

461: Le ministre de la guerre était obligé de reconnaître, à la tribune, le 8 juin 1846, que trente et un employés de l'administration civile en Algérie venaient d'être traduits devant des conseils d'enquête comme suspects de malversations, que seize avaient été révoqués et neuf traduits devant les tribunaux.

462: Le maréchal revenait souvent sur cette idée. Peu après, il disait dans une de ses nombreuses brochures: «La première de toutes les libertés, en Afrique, c'est la sécurité, c'est l'assurance de conserver sa tête... On peut bien sacrifier à de tels avantages quelques-unes de ses autres libertés; et, disons-le franchement, les masses feront sans difficulté ce sacrifice, dont elles comprendront l'importance parce que leur esprit droit et simple n'est pas troublé par des théories contraires. Les théoriciens demanderont pour elles, à grands cris, des libertés dont elles ne se préoccupent pas.»

463: D'Ideville, t. II, p. 568.

464: Mémoire sur la colonisation de l'Algérie (1845).

465: Pour tout ce qui a trait à cette fondation, je me suis servi principalement de la Vie de dom François Régis, par l'abbé Bersange.

466: Voir plus haut, t. V, p. 350.

467: Citons entre autres le colonel Marengo, fort mêlé alors aux entreprises de colonisation. On racontait ainsi l'origine de son nom; le Premier consul, l'ayant remarqué à Marengo, où il était simple soldat, l'avait fait sortir des rangs: «Comment t'appelles-tu?—Mon général, c'est à peine si j'ose vous le dire, je m'appelle Capon.—Tu te nommeras désormais Marengo», avait répondu Bonaparte. Le colonel Marengo demanda aux Trappistes, auxquels il avait montré tant de dévouement, d'être enterré dans leur cimetière.

468: Par exemple, dans l'hiver 1846-1847, onze religieux succombèrent en quelques mois.

469: D'Ideville, Le maréchal Bugeaud, t. III, p. 310.

470: Ibid., p. 311.

471: Récit de M. de Bussière. (Revue des Deux Mondes du 1er novembre 1853, p. 497.)—Le général de La Moricière demandait aux colons du Sig pourquoi leur village ne grandissait pas: «Ce qui nous manque, lui répondit une bonne femme, c'est de ne pas entendre le son des cloches.» (Le général de La Moricière, par M. Keller, t. II, p. 30.)

472: D'Ideville, t. III, p. 308 et 309.

473: Documents inédits.

474: Plus tard, en 1849, le maréchal Bugeaud a raconté lui-même plaisamment l'essai malheureux qu'il avait fait de la propriété collective, et il s'en est servi comme d'un argument contre les socialistes et les communistes.

475: Voir notamment le rapport de M. Vatout, du 13 mai 1843, et celui de M. Magne, du 16 mai 1845.

476: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 194 à 198.

477: L'Algérie, fondée à Paris, en 1843, pour être hors de la portée du gouverneur général, paraissait six fois par mois, les jours qui correspondaient aux départs des courriers d'Algérie.

478: Voir entre autres une lettre du Roi au duc d'Aumale, en date du 2 juin 1843, publiée par la Revue rétrospective.

479: Le maréchal écrivait, le 23 octobre 1843, à M. Blanqui: «Je désire qu'un prince me remplace ici... Le duc d'Aumale est et sera chaque jour davantage un homme capable.» (Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 236.) Vers ce même temps, il s'exprimait ainsi dans une conversation de bivouac: «Je place très haut les talents militaires et administratifs de mes trois lieutenants: Changarnier, La Moricière et Bedeau. Eh bien, si j'avais à faire le choix de mon successeur au gouvernement de l'Algérie, je n'hésiterais pas à désigner Mgr le duc d'Aumale, dans lequel se trouvent réunies les qualités qui constituent le chef d'armée et l'administrateur. Il a la décision prompte, le courage entraînant, le corps infatigable et l'amour du travail, le tout dirigé par une haute intelligence et un ferme bon sens. Joignez à cela le prestige dont l'entoure, aux yeux de tous et des Arabes surtout, son titre de fils du sultan de France, et vous aurez en lui le gouverneur qui fera de l'Algérie un royaume prospère.» (Trente-deux ans à travers l'Islam, par Léon Roches, t. II, p. 438.) L'année suivante, le maréchal exprimait de nouveau la même idée, dans une lettre à M. Guizot. (Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 237.)

480: Lettres du maréchal Bugeaud à M. de Corcelle, en date du 12 juin et du 8 juillet 1845. (Documents inédits.)

481: Lettre du 17 septembre 1845. (Documents inédits.)

482: Expressions dont le maréchal se servait dans une lettre écrite à M. Guizot, le 18 août 1845. (Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 124.)

483: Lettre du 28 septembre 1845. (Documents inédits.)

484: Ibid.

485: Lettre du 30 juin 1845. (Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 122, 183 et 184.)

486: Tous ces faits sont rapportés par le maréchal lui-même, dans une lettre qu'il écrivit ultérieurement à M. de Corcelle, le 28 septembre 1845. (Documents inédits.)

487: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 124.

488: Lettres du maréchal de Saint-Arnaud.

489: Ce sont les expressions dont le maréchal Bugeaud se servait dans la lettre écrite à M. de Corcelle, le 28 septembre 1845. (Documents inédits.)

490: Lettre du 28 septembre 1845. (Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 198.)

491: J'ai suivi principalement le beau récit donné de cet incident par M. le duc d'Aumale, dans son livre: Zouaves et chasseurs à pied.

492: Ce malheureux officier, qui avait donné antérieurement des preuves de bravoure, fut remis plus tard en liberté par Abd el-Kader. Traduit devant un conseil de guerre, il fut condamné à mort; mais cette sentence fut annulée.

493: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 200 et 201.

494: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 203 à 207.

495: Voir la conversation que Bugeaud, avant sa nomination au poste de gouverneur général, avait eue avec le Roi (plus haut, t. V, p. 267).

496: Ordre du jour adressé aux troupes, le 2 mars 1846.

497: Saint-Arnaud, chef de l'une de ces colonnes, écrivait, le 3 novembre 1845: «Tous ces chérifs paraissent et disparaissent.» Il ajoutait, le 6 décembre: «Je poursuis à mort les chérifs qui poussent comme des champignons. C'est un dédale; on ne s'y reconnaît plus. Depuis l'aîné, Bou-Maza, nous avons Mohammed-bel-Cassem, Bou-Ali, Ali-Chergui, Si-Larbi, Bel-Bej; enfin je m'y perds. J'ai déjà tué Ali-Chergui chez les Medjaja; je viens de tuer Bou-Ali chez les Beni-Derjin.» (Lettres du maréchal de Saint-Arnaud.)

498: Lettres du maréchal de Saint-Arnaud.

499: Le général de La Moricière, par Keller, t. I, p. 418.

500: C'est à l'obligeante communication de M. le général Trochu que je dois ces détails, ainsi que ceux qui vont suivre. Ils donnent parfois aux événements une physionomie un peu différente de celle que leur ont prêtée d'autres historiens. Mais le témoignage d'un homme aussi bien placé pour tout voir et aussi bien préparé à tout comprendre, m'a paru avoir une valeur décisive.

501: Keller, Le général de La Moricière, t. Ier, p. 421 à 423.—V. aussi C. Rousset, La conquête de l'Algérie, t. II, p. 91 à 93.

502: Le Roi, notamment, avait manifesté sur ce point, dès l'origine, une volonté très arrêtée. «Si on ne met pas un éteignoir absolu de notre côté, écrivait-il, le 12 novembre 1844, au maréchal Soult, on nous enfilera dans une nouvelle guerre avec le Maroc. Je crois qu'il faut des ordres péremptoires de ne laisser passer les frontières du Maroc par nos troupes, nulle part et sous quelque prétexte que ce soit, pas même celui de la poursuite d'Abd el-Kader. Nous sommes hors du guêpier, et ne nous y laissons pas entraîner une seconde fois.» (Documents inédits.)

503: Voir notamment les lettres que le maréchal Bugeaud écrivait, le 6 avril 1846, au duc d'Aumale et à M. Léon Roches. (D'Ideville, Le maréchal Bugeaud, t. III, p. 97 à 99 et p. 103.)

504: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 212 à 223.

505: En 1843, dans un combat de cavalerie, le trompette Escoffier, voyant son capitaine démonté et sur le point d'être capturé, mit pied à terre et lui amena son cheval: «Montez vite, mon capitaine, lui dit-il, c'est vous et non pas moi qui rallierez l'escadron.» Le brave trompette fut fait prisonnier. Le maréchal Bugeaud fit connaître à l'armée, par un ordre du jour, cet acte héroïque, et le Roi, sans attendre la libération d'Escoffier, le décora de la Légion d'honneur. Informé de ces faits, Abd el-Kader traita son prisonnier avec les plus grands égards et lui fit même remettre solennellement la croix de la Légion d'honneur devant ses troupes réunies. Escoffier fut échangé l'année suivante.

506: Dans une lettre écrite par Abd el-Kader au Roi, en novembre 1846, nous lisons: «L'accroissement de notre colère a été tel que nous nous sommes décidé à ordonner le massacre.» Et dans une lettre au maréchal Soult, de la même date: «La colère a fini par déborder de notre cœur, et nous avons ordonné que l'on tuât vos prisonniers.»

507: Le maréchal Bugeaud, par d'Ideville, t. III, p. 100.

508: Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 223 à 225.

509: D'Ideville, t. III, p. 124, 125.

510: Documents inédits.

511: «J'ai beaucoup à me louer du nouveau ministre de la guerre», écrivait le maréchal Bugeaud à M. de Corcelle, le 19 juin 1846. (Documents inédits.)

512: Si Abd el-Kader ne reprenait pas les hostilités, ce n'était pas la faute de lord Palmerston, dont l'acharnement nous poursuivait jusque sur cette terre lointaine. À cette époque, lord Normanby avouait que «son gouvernement croyait de son devoir de soutenir Abd el-Kader, comme il l'avait toujours fait.» (Dépêche de M. de Brignole, ambassadeur de Charles-Albert à Paris, en date du 4 novembre 1846. Hillebrand, Geschichte Frankreichs, 1830-1848, t. II, p. 692.)

513: C. Rousset, La conquête de l'Algérie, t. II, p. 106 à 121.

514: Lettres du maréchal de Saint-Arnaud.

515: D'Ideville, Le maréchal Bugeaud, t. III, p. 186.

516: Lettre à Louis-Philippe, en date du 30 décembre 1846. (Mémoires de M. Guizot, t. VII, p. 225 à 227.)

517: Voir, sur le voyage des députés, le récit qu'a fait un de leurs compagnons, M. A. Bussière. (Revue des Deux Mondes du 1er novembre 1853.)—Le colonel de Saint-Arnaud écrivait à son frère, le 29 novembre 1846: «Voilà cinq jours que mon esprit, mes jambes et mes chevaux ne débrident pas. Le corps est moins fatigué que l'esprit. Mais tenir tête à un maréchal qui aime à parler, à quatre députés et deux journalistes qui interrogent sans cesse ab hoc et ab hac, c'est trop; je suis rendu... M. de Tocqueville posait pour l'observation méthodique, profonde, raisonnée...»

518: Dans une lettre du 28 septembre 1845, le maréchal Bugeaud, qui voulait alors se retirer, annonçait à M. de Corcelle qu'il avait jugé «de son devoir envers le Roi et le pays d'indiquer les deux hommes qu'il croyait les plus capables, par leur savoir et leur expérience, de le remplacer».—«Vous comprenez, ajoutait-il, que je désignais les généraux Bedeau et de La Moricière.» (Documents inédits.)

519: Le général de La Moricière, par M. Keller, t. Ier, p. 333.

520: Voir plus haut, t. V, p. 306 à 308.

521: Lettres du maréchal de Saint-Arnaud.

522: Ainsi s'exprime La Moricière, dans une lettre du 21 mai 1846, lettre destinée, dans sa pensée, à être publiée.

523: La Moricière a exposé cette partie de sa thèse dans une lettre écrite, le 11 avril 1846, au directeur des affaires algériennes au ministère de la guerre.

524: Voir plus haut, p. 346 à 348.

525: Cette réponse est rapportée par M. C. Rousset, La conquête de l'Algérie, t. II, p. 136.

526: D'Ideville, Le maréchal Bugeaud, t. III, p. 142.

527: D'Ideville, Le maréchal Bugeaud, t. III, p. 142.

528: Voir plus haut, p. 371.

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