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Journal d'une femme de cinquante ans (1/2)

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CHAPITRE XVI

I. Délivrance du passeport à la mairie.—Tallien étant rappelé, Ysabeau le vise sans s'en douter.—Julien de Toulouse et ses regrets.—M. de Fontenay et les diamants de sa femme.—Derniers préparatifs.—II. Adieux à Marguerite.—M. de Chambeau nous accompagne.—Embarquement sur le canot de la Diane.—Les visites des navires de guerre.—Danger d'être reconnu évité à Pauillac.—III. La Diane et son équipage.—Installation à bord.—Une manière de dormir peu commode.—Le capitaine Pease et les Algériens.—L'Atalante.—La Diane lui échappe.—Auprès des Açores.—Refus providentiel du capitaine d'y débarquer ses passagers.—IV. Le sacrifice des boucles blondes et les frivolités de la vie.—La cuisine de la Diane et le cuisinier Boyd.—Craintes au sujet des vivres.—Le chien du bord.—Le pilote.—La rade de Boston.—Joie de l'arrivée.

I

J'ai déjà dit comment j'avais pris, deux mois auparavant, un certificat de résidence à neuf témoins sous le nom de Dillon Gouvernet. Il fallait maintenant aller chercher un passeport au nom de Latour, et éviter celui de Dillon, trop connu à Bordeaux. Je me décidai à remplacer le nom de Dillon par celui de Lee, que mon oncle, lord Dillon, ajoutait au sien, depuis qu'il avait hérité de lord Lichfield[156], son grand-oncle et mon arrière-grand-oncle. Il n'y avait pas à reculer. On fermait le bureau des passeports à 9 heures, et nous allâmes, à 8 h. 30 à la commune. Il faisait complètement nuit. C'était le 8 mars 1794. Mon mari marchait assez loin devant avec Bonie. Je suivais accompagnée d'un ami de ce dernier, portant dans mes bras ma fille âgée de six mois et tenant par la main mon fils, qui n'avait pas alors quatre ans. À cause du nom anglais ou américain que je voulais prendre, j'étais vêtue en dame, mais très mal mise et coiffée d'un vieux chapeau de paille. Nous nous rendons dans une salle de l'hôtel de ville, qui était remplie de monde. C'était là que l'on vous remettait la carte ou permission sur le vu de laquelle le bureau des passeports vous en délivrait un. Je frémissais que quelque habitant de Saint-André-de-Cubzac ou de Bordeaux ne nous reconnût. Nous prenions donc soin, M. de La Tour du Pin et moi, de nous tenir éloignés l'un de l'autre et d'éviter les parties éclairées de la salle.

Munis de cette carte nous montons au bureau des passeports, et comme nous y entrions, nous entendons l'employé s'écrier: «Ah! ma foi, en voilà bien assez pour aujourd'hui: le reste à demain.» Tout retard nous eût coûté la vie, comme on va le voir. Bonie s'élance par dessus le bureau en disant: «Si tu es fatigué, citoyen, je vais écrire pour toi.» L'autre y consent, et Bonie rédige le passeport collectif de la famille Latour. Il y avait encore beaucoup de monde dans le bureau. Aussi, lorsque le municipal, en bonnet rouge, dit: «Citoyen Latour, ôte ton chapeau qu'on fasse ton signalement», il me prit un battement de coeur si violent que je fus sur le point de me trouver mal. Heureusement j'étais assise dans un coin obscur du bureau. Au même moment mon fils levant les yeux se rejeta sur moi, cachant son visage dans ses petites mains. Mais je pensai qu'il avait eu seulement peur de ces hommes en bonnet rouge et ne lui dis rien.

Le passeport signé, nous l'emportâmes avec une vive satisfaction, quoique nous fussions pourtant bien loin d'être sauvés. Il avait été convenu que, pour ne pas nous trouver tous deux dans la même maison, et pour n'avoir pas à traverser Bordeaux le lendemain matin, en plein jour, M. de La Tour du Pin coucherait chez le consul de Hollande, M. Meyer, qui habitait la dernière maison des Chartrons et nous était entièrement dévoué. M. de Brouquens nous avait attendus dans la rue. Il l'y conduisit. Quant à moi, après avoir ramené mes enfants à la maison, je me rendis chez Mme de Fontenay, où je croyais rencontrer Tallien qui devait viser notre passeport. Je la trouvai dans les larmes. Tallien avait reçu son ordre de rappel et il était déjà parti depuis deux heures. Elle-même devait se mettre en route le lendemain, et elle ne me cacha pas ses craintes que le féroce Ysabeau, collègue de Tallien, ne refusât de viser notre passeport. Mais Alexandre, le secrétaire de Tallien, affirma, sur sa tête, qu'il le viserait. Comme il signait toujours, disait-il, à 10 heures, en sortant du théâtre, il avait hâte de souper, et ne regardait guère les pièces qu'on lui présentait. La Providence, dans sa bonté, avait voulu qu'Ysabeau eût demandé à Tallien de lui laisser Alexandre, son secrétaire, qui non seulement lui était très utile mais avait même eu l'adresse de se rendre nécessaire.

Au moment où j'entrais chez Mme de Fontenay, Alexandre en sortait pour aller à la signature. Il prit le passeport et l'intercala au milieu de beaucoup d'autres. Ysabeau, ce jour-là, très préoccupé de l'arrivée d'un nouveau collègue attendu le lendemain, signa sans faire attention, et dès qu'Alexandre fut libre de sortir, il accourut chez Mme de Fontenay où j'attendais plus morte que vive. Je ne m'y trouvais, pas seule. Un personnage que je ne connaissais pas et à l'aspect assez soucieux était là également. Cet homme n'était autre que M. de Fontenay. Faisant fi des sentiments de délicatesse les plus élémentaires, il venait demander à sa femme de le sauver. Alexandre arriva, tenant le passeport déployé à la main. Il était tellement essoufflé qu'il tomba sur un fauteuil sans pouvoir articuler autre chose que ces mots: «Le voilà!

Mme de Fontenay l'embrassa de tout son coeur, moi de même, car notre sauveur, en réalité, c'était lui. Jamais depuis je ne l'ai revu, et peut-être aura-t-il payé de sa tête les services rendus à beaucoup de gens qui ne s'en sont pas souvenus.

Le jeune envoyé de la Convention, qui arriva le lendemain, se nommait Julien de Toulouse[157]. On l'envoyait à Bordeaux pour y ranimer le patriotisme. Il avait dix-neuf ans, et sa cruauté a surpassé tout ce que ces temps affreux ont présenté de plus atroce. Nous eûmes l'honneur de lui causer, par notre fuite, de cuisants regrets. Il s'arracha les cheveux de rage, en apprenant que nous lui avions échappé, car, déclarait-il, nous étions mentionnés dans ses notes.

Alexandre se préparait à partir, et comme il était près de minuit, je me levai pour sortir avec lui. Mme de Fontenay me retint en me disant qu'elle me ferait reconduire, mais qu'auparavant elle désirait me montrer quelque chose de joli. Je la suivis dans sa chambre à coucher, où M. de Fontenay, toujours silencieux, nous accompagna. D'un tiroir elle tira un mouchoir et l'étendit sur une table. Puis ouvrant une belle cassette formant écrin, elle en sortit des parures de diamants de la plus grande magnificence et les jeta ensuite, à mesure qu'elle me les montrait, pêle-mêle sur le mouchoir. Lorsqu'elle eut ainsi vidé toutes les cases de la cassette, sans y laisser la moindre chose, elle noua les coins du mouchoir et le tendit à M. de Fontenay avec ces mots: «Prenez tout.» Et il le prit en effet, et sortit sans avoir ouvert la bouche. Je me montrai fort surprise. Elle s'en aperçut, et répondant à ma pensée, me dit: «Il m'en avait donné une partie; le reste venait de ma mère. Lui aussi part demain pour l'Amérique.»

Je n'aurais pas raconté ce fait qui m'est étranger, si deux ans après, me trouvant à Madrid, je n'eusse appris que M. de Fontenay, ayant voulu y vendre des diamants, avait été soupçonné de complicité dans le vol de ceux qui avaient été dérobés au garde-meuble de Paris. Mon récit constate avec certitude que ce soupçon était injuste. Mais M. de Fontenay honteux, paraît-il, du mariage de sa femme avec Tallien, ne voulut pas avouer qu'elle lui avait donné ces diamants, ni faire mention de l'époque où il les avait acceptés, de très bonne volonté et sans compliment, en ma présence.

Je passai la nuit à arranger quelques effets que Zamore emporta de bonne heure. J'avais fait semblant de me déshabiller, et je me gardai de réveiller ma bonne. Dès que nous fûmes seuls, mon fils, couché dans un lit voisin du mien, se leva sur son séant et m'appela. Grande fut ma frayeur, car je craignis qu'il ne fût malade. Je m'approchai aussitôt de lui. Alors, jetant ses petits bras autour de mon cou et collant sa bouche à mon oreille, il me dit: «J'ai bien vu papa, mais je n'ai rien dit à cause de ces méchantes gens!» Ainsi la terreur, dans le bureau des passeports, avait agi même sur un enfant âgé de moins de quatre ans.

II

Tous nos bagages étaient à bord depuis trois jours, sans que mon espionne se fût doutée que toutes les armoires et tous les tiroirs avaient été vidés. Je fis de tendres adieux à ma bonne Marguerite. Ne pensant qu'à moi, elle était heureuse de me voir échapper aux dangers qui me menaçaient. Je la laissai sous la protection de M. de Brouquens, bien au courant de mon attachement pour elle. Enfin, le 10 mars, prenant ma fille[158] dans mes bras et mon fils[159] par la main, je dis à la berceuse que je les menais sur les allées de Tourny, à cette époque encore la promenade habituelle des enfants, et que je reviendrais dans une heure ou deux.

Au lieu de, cela, je me dirigeai vers les glacis du Château-Trompette, où je rejoignis M. de Chambeau, à qui j'avais donné rendez-vous. Il avait également obtenu un passage sur notre bateau. J'ai dit comment, sous un nom supposé, M. de Chambeau se cachait à Bordeaux, où il courait le danger imminent d'être reconnu. La nouvelle venait de lui parvenir que son père, bon gentilhomme de Gascogne et habitant dans sa terre près d'Auch, dénoncé par un valet de chambre à son service depuis trente ans, avait été arrêté et mis en prison. Par la lecture des papiers saisis lors de l'arrestation, on sut que son fils, après avoir été pris pendant la campagne de 1792, avait ensuite émigré, puis qu'il était rentré en France et se cachait à Bordeaux.

M. de Chambeau devait donc quitter cette ville dans le plus court délai. Mais quel asile choisir? Dans la matinée du jour où nous devions aller chercher notre passeport, je me trouvais chez M. de Brouquens avec M. de Chambeau. Comme je l'entretenais de sa situation, je lui dis en plaisantant: «Si je vous donnais une procuration pour aller gérer mon habitation à la Martinique, vous prendriez un passeport d'embarquement sur la Diane.» L'idée fut trouvée meilleure que je ne pensais. M. de Brouquens alla chez son notaire. La procuration fut dressée. Je la signai de mon véritable nom, et une heure après, M. du Chambeau tenait entre les mains un bon passeport, visé probablement, sûrement même, par le représentant Ysabeau. Ce passeport ne lui parvint qu'à onze heures du matin. À midi M. de Chambeau était prêt à partir, muni d'une douzaine de chemises, pour tout bagage, la bourse garnie de vingt-cinq louis que lui donna M. de Brouquens, ravi de s'échapper, et, avec ses vingt-cinq ans, plein de bonne humeur, d'activité et d'adresse à tout faire. C'était un charmant et aimable compagnon d'infortune, l'amitié que lui inspira mon mari devint un culte qui ne s'est jamais démenti un seul instant.

Je le trouvai donc au Château-Trompette accompagné d'un gamin chargé de son portemanteau qui ne pesait guère. Il prit la main d'Humbert, et quand, arrivés au bout des Chartrons, nous aperçûmes le canot de la Diane, nous éprouvâmes l'un et l'autre un sentiment de joie comme on n'en ressent pas souvent dans sa vie.

M. Meyer, chez qui mon mari avait couché, nous attendait. Nous trouvâmes, déjà installés à déjeuner, le bon Brouquens, Mme de Fontenay et trois ou quatre autres personnes, parmi lesquelles un conseiller au Parlement de Paris que Brouquens avait caché dans la compagnie des vivres et dont je n'ai jamais su le véritable nom. On le plaisantait fort, parce que, chargé de faire nos vivres, il n'avait, dans l'espace de trois jours, trouvé pour tout, approvisionnement qu'un agneau qu'il amenait tout bêlant. En réalité, la famine était telle que nous n'avions rien pu nous procurer. Quelques pots de cuisses d'oie, quelques sacs de pommes de terre ou de haricots, une petite caisse de pots de confitures et cinquante bouteilles de vin de Bordeaux composaient toute notre richesse. Le capitaine Pease possédait bien quelques barriques de biscuits, mais il avait dix-huit mois de date et venait de Baltimore. M. Meyer m'en donna un petit sac de frais que je conservai pour faire de la soupe à ma petite fille. Mais qu'importait tout cela comparé à ce résultat: la vie de mon mari sauvée!

Mme de Fontenay jouissait de son oeuvre. Son beau visage était baigné de larmes de joie quand, nous montâmes dans le canot. Elle m'a dit depuis que ce moment, grâce aux expressions de notre reconnaissante, comptait comme le plus doux dont elle eût conservé le souvenir.

Quand le capitaine s'assit au gouvernail, et cria: «Off!»[160], un sentiment d'indicible bonheur me pénétra. Assise en face de mon mari dont je conservais la vie, avec mes deux enfants sur mes genoux, rien ne me paraissait impossible. La pauvreté, le travail, la misère, rien n'était difficile avec lui. Ah! sans contredit, ce coup d'aviron que le matelot donna au rivage pour nous en éloigner a marqué le plus heureux moment de mon existence.

Le navire la Diane était descendu, avec la marée précédente, jusqu'au Bec d'Ambez, où nous devions le rejoindre. On était soumis, par ordre supérieur, à l'obligation d'accoster un bâtiment de guerre stationné au milieu de la rivière, à l'entrée du port, comme une sentinelle. Le capitaine se prépara à soumettre à la visite ses papiers nos passeports. Ce fut un mauvais moment. Nous n'osions parler français ni regarder en l'air vers le pont du bateau de guerre. Le capitaine monta seul à bord. Il ne savait pas un mot de français, quoiqu'il y eut un an qu'il était en embargo à Bordeaux. Une voix cria du pont: «Faites monter la femme pour servir d'interprète»; puis quelques grossières paroles pour demander si elle était jeune ou vieille. Une frayeur mortelle m'envahit. Notre capitaine se pencha sur la balustrade et dit: «Don't answer»[161]. Je ne levai pas les yeux. En ce moment un bateau français très pressé et plein d'hommes en uniforme s'approcha. Le capitaine, profitant de l'incident, reprit ses papiers, sauta dans le canot et nous nous éloignâmes aussi vite que nous le pûmes.

Enfin nous trouvâmes notre petit navire la Diane et nous nous installâmes tant bien que mal à son bord. La seconde marée descendante nous mena devant Pauillac. Là nous eûmes encore à supporter la visite de deux autres vaisseaux de garde. Mon mari, déjà atteint du mal de mer, s'était couché. Les officiers qui vinrent à bord furent fort polis, quoique questionneurs. Ils prirent une très grande fantaisie pour mon agneau qui, malheureusement, était encore en vie. Ils me le demandèrent sans façon, promettant de m'envoyer en échange une chèvre, dont j'aurais été charmée pour mes enfants. Mais ils emmenèrent l'agneau et la chèvre ne vint pas, car nous levâmes bientôt l'ancre pour nous rapprocher de Pauillac, où la mer était moins houleuse. Mon mari s'en trouva mieux.

Comme le vent était absolument contraire et qu'il ne paraissait pas devoir changer, le capitaine nous proposa d'aller dîner à terre, où nous trouverions peut-être quelque chose à acheter pour compléter nos vivres. Nous y consentîmes, et après avoir envoyé à bord quelques pains, nous nous mîmes à table. À la fin du dîner, une servante qui n'avait pas encore paru, servit le dessert. Au bout d'un moment, s'adressant à mon mari, elle lui dit: «Citoyen, votre figure ne m'est pas inconnue, mais je ne sais plus où je vous ai vu.» Et la voilà qui se met à chercher en se grattant le front: «Ah! oui, c'est à la foire de Bourg.» Je souffle ces mots au capitaine: «Allons-nous-en tout de suite.» Il se lève et nous l'accompagnons. Mais la maudite servante nous suit et s'écrie: «Oh! je sais bien où c'est maintenant, c'est à la foire de Saint-André-de-Cubzac. Même on m'a dit votre nom, mais je ne m'en souviens plus.» Cette assertion pouvait paraître rassurante. Elle ne le fut pas assez, néanmoins, pour m'empêcher d'éprouver un grand soulagement lorsque je me retrouvai dans ma cabine de la Diane, jurant de ne plus mettre le pied à terre, le vent dût-il être contraire pendant un mois. Heureusement il en fut autrement, et le lendemain nous laissâmes la tour de Cordouan loin derrière nous.

III

Le petit brick sur lequel nous étions embarqués n'était que de cent cinquante tonneaux, c'est-à-dire comme une grosse barque. Son unique mât était très haut, analogue en cela à celui de tous les navires de construction américaine. Comme son chargement se composait uniquement de nos vingt-cinq caisses ou malles, il roulait horriblement. Mon apprentissage maritime fut donc des plus pénibles.

Nous avions fait accord avec le capitaine pour notre nourriture. Mais, aussi peu favorisé que nous, il n'avait pu se procurer de vivres en dehors de ceux que son consignataire était parvenu à lui fournir des magasins de la marine.

Au départ de Bordeaux, un des quatre matelots avait fait une chute terrible du haut, du mât dans la cale. Il était hors de service. Trois seulement restaient donc pour faire la manoeuvre. En somme, l'équipage comprenait ces trois matelots, un mousse qui servait de domestique, le capitaine, jeune homme assez peu habile, son contremaître, qui était comme lui de Nantucket, enfin un vieux marin rempli d'expérience, nommé Harper, étranger au navire il est vrai, mais que le capitaine consultait en toute occasion.

La chambre où le capitaine seul entrait était, comme on le pense bien, très petite. Il nous avait donné une cabine pour mon mari et moi et une autre à M. de Chambeau. Lui-même couchait, dans la chambre, sur une sorte de coffre qui servait de banc dans la journée. Mon mari ne quitta pas son lit pendant trente jours. Il souffrait horriblement du mal de mer et aussi de la mauvaise nourriture. Les seuls aliments qu'il supportait étaient le thé à l'eau et quelques morceaux de biscuit grillé, trempé dans du vin sucré. Pour moi, quand j'y pense après tant d'années, je ne conçois pas comment je pus résister à la fatigue et à la faim. Nourrice, de plus âgée de vingt-quatre ans seulement, mon appétit ne pouvait être qu'excellent, et dans cette vie si nouvelle je n'avais pas même le temps de manger.

Heureusement le mouvement du vaisseau berçait ma pauvre petite fille. Elle dormait presque toute la journée. Mais cela même faisait que, quand elle me sentait couchée à ses côtés pendant la nuit, elle ne me laissait pas de repos, et je ne pouvais dormir une demi-heure de suite. Dans la crainte de l'étouffer en roulant sur elle pendant mon sommeil, j'avais imaginé de me faire attacher, avec une bande de toile qui m'entourait le milieu du corps, contre la planche du bord du lit, de manière que je ne pouvais ni me retourner ni changer de position. Ma petite fille avait ainsi toute la place qui lui était nécessaire. Au début, ce mode de couchage représentait pour moi un véritable supplice auquel je m'accoutumai bientôt cependant, car quelques jours après il me semblait n'avoir jamais couché autrement.

Les Américains étaient, à cette époque, en guerre avec les Algériens, qui leur avaient pris déjà plusieurs vaisseaux. Notre capitaine avait de ces corsaires une si grande terreur qu'à deux lieues de la tour de Cordouan il mit le cap au Nord et déclara que rien au monde ne le rassurerait avant qu'il ne fût au nord de l'Irlande. Il comptait peu sur la marine française pour le garantir des pirates, mais entièrement sur celle de l'Angleterre, à laquelle, pensait-il, les Algériens n'osaient pas courir le risque de déplaire.

Nous cinglions donc, par un temps affreux d'équinoxe, à une vingtaine de lieues des côtes de France, ce qui ne nous laissait pas sans inquiétude pour nous-mêmes. Nous avions appris, à Pauillac, qu'une frégate française—Atalante, je crois—ayant rencontré à la sortie du port de la Rochelle un navire américain sur lequel plusieurs Français avaient pris passage, s'était emparée de ces derniers et les avait menés à Brest, où tous avaient été guillotinés.

Cette réjouissante anecdote me rendait le voisinage des côtes de France fort peu agréable. Mais quelques instances que je fisse auprès du capitaine pour le déterminer à mettre le cap sur sa patrie, il ne pensait et ne rêvait qu'Algériens et esclavage, et M. de La Tour du Pin, d'ailleurs, de même opinion que lui, l'encourageait aussi à conserver la direction du Nord.

Un jour nous étions enfermés dans la chambre avec de la lumière en plein jour, parce que le vent poussait les vagues dans les hublots et qu'il avait fallu fermer les écoutilles, quand la voix altérée du matelot en vigie sur le pont fît entendre ces mots très, effrayants pour nous: «French man of war ahead»[162]. Le capitaine ne fit qu'un saut sur le pont, en nous ordonnant de ne pas paraître. Un coup de canon se fit entendre. C'était le commencement de la conversation de vie ou de mort pour nous que la frégate entamait. Elle s'annonça pour être française et arbora son pavillon. Nous déployâmes au plus vite le nôtre, et après les questions d'usage, nous entendîmes notre capitaine répondre, car nous ne pouvions distinguer les questions parties du navire français: «No passengers, no cargo»[163]. À quoi l'Atalante répliqua: «Venez à bord.» Le capitaine dit que la mer était trop grosse. Elle était, en effet, démontée, et comme nous avions mis en panne, nous étions ballottés à ne pouvoir nous tenir debout sans appui. Alors l'imposante questionneuse termina la conversation par le seul mot: «Follow»[164], et reprit sa route. Nous redéployâmes notre unique voile pour nous mettre avec soumission dans son sillage.

Le capitaine, redescendant, nous dit gaiement: «Dans une heure il fera nuit, et voilà la brume qui s'élève.» Jamais brouillard ne fut accueilli avec plus de joie. Bientôt nous perdîmes de vue la frégate dans l'obscurité, et comme nous faisions aussi peu de voile que possible, malgré un coup de canon qu'elle tira comme pour dire: «Venez donc!» elle gagnait peu à peu sur nous. Elle nous avait signalé qu'elle entrait dans Brest et de l'y suivre. Dès qu'il fît nuit, nous prîmes la route directement contraire, et le vent, très fort, nous étant favorable, nous nous en fûmes au Nord-Ouest, toutes voiles dehors, sans nous embarrasser si c'était ou non la route de Boston, où nous devions aller.

Cet incident nous jeta complètement en dehors de notre direction, et les brouillards épais dont nous fûmes environnés n'ayant pas permis de prendre la hauteur pendant douze ou quinze jours, la couleur de l'eau seule indiqua que nous nous trouvions dans les parages du banc de Terre-Neuve. Un fort vent d'ouest nous refoulait toujours. Les vivres commençaient à manquer et l'on nous mit à la ration d'eau. Nous rencontrâmes un navire anglais qui venait d'Irlande. Le capitaine alla à bord. Il revint avec un sac de pommes de terre et deux petits pots de beurre pour moi et mes enfants. Ayant comparé sa position avec, celle prise par le capitaine anglais, il constata que nous étions à cinquante lieues au nord des Açores. En effet, depuis quelques jours, se sentant hors d'atteinte des Algériens, notre capitaine avait gouverné au Sud-Ouest par un bon vent de nord-est.

En l'apprenant, mon mari le conjura de nous débarquer aux Açores, d'où nous aurions pu passer en Angleterre. Le capitaine ne voulut jamais y consentir. La Providence en avait autrement décidé. Combien je l'en ai remerciée depuis! Cependant nous en murmurâmes alors, aveugles humains que nous sommes! Si nous avions été en Angleterre, nous y serions arrivés au moment de l'expédition de Quiberon. Mon mari y aurait certes pris part avec ses deux amis, M. d'Hervilly et M. de Kergaradec. Il aurait péri avec eux.

Mais Dieu ne voulait pas me priver de toutes les années de bonheur domestique dont il m'a favorisée par la suite sur cette terre. S'il m'a repris les enfants que j'avais alors et ceux qui depuis avaient fait de moi une mère si heureuse et si orgueilleuse, peut-être me laissera-t-il pour me fermer les yeux, je l'espère, celui de tous que j'ai le plus aimé, l'unique fils qui me reste[165], et aussi mes deux petits-enfants[166] pour lesquels j'ai une véritable adoration. De ces derniers l'un, une petite-fille, m'a été confiée et je l'ai élevée. Je la considère comme mon propre enfant et en même temps comme une amie bien chère.

IV

Ma vie de bord, toute dure qu'elle fût, m'était pourtant utile en ce sens qu'elle avait forcément éloigné de moi toutes les petites jouissances dont on ne connaît pas le prix quand on les a toujours possédées. En effet, privée de tout, sans un moment de loisir, entre les soins à donner à mes enfants et à mon mari malade, non seulement je n'avais pas fait ce que l'on appelle sa toilette depuis que j'étais à bord, mais je n'avais même pu ôter le mouchoir de madras qui me serrait la tête. La mode était encore alors à la superficialité de la poudre et de la pommade. Un jour, après la rencontre de l'Atalante, je voulus me coiffer pendant que ma fille dormait. Je trouvai mes cheveux, que j'avais très longs, tellement mêlés que, désespérant de les remettre en ordre et prévoyant apparemment la coiffure à la Titus, je pris des ciseaux et je les coupai tout à fait courts, ce dont mon mari fut fort en colère. Puis je les jetai à la mer, et avec eux toutes les idées frivoles que mes belles boucles blondes avaient pu faire naître en moi.

Mon temps de récréation à bord était celui que je passais dans la cuisine, espèce de caisse de berline sans portières attachée au mât. On s'y tenait assis dans le fond et les marmites bouillaient sur une sorte de fourneau qu'on allumait du dehors. Il arrivait bien parfois qu'un faux coup de gouvernail nous gratifiait d'une vague qui nous arrosait, mais nous y avions chaud, du moins aux pieds. Je dis nous, car je n'étais pas seule dans cette charmante cuisine. Un matelot, qualifié du nom de cuisinier, venait me chercher et m'installait à côté de lui dans la place, où je restais une ou deux heures à faire cuire nos haricots provenant de Baltimore et vieux déjà d'une année passée dans les magasins de Bordeaux. Il s'appelait Boyd, avait vingt-six ans, et, sous le masque de graisse et de goudron qui lui couvrait le visage, on pouvait distinguer une très belle figure. Fils d'un fermier des environs de Boston, il possédait une éducation bien supérieure à celle qu'un homme de sa classe aurait eue en France. Tout d'abord il avait compris que j'étais une lady[167] désireuse d'acquérir des connaissances sur tout ce qui se faisait à la campagne dans son pays. C'est à lui que je dois de n'avoir été étrangère à aucune de mes occupations quand j'ai dû remplir l'emploi de fermière. Mon mari disait en riant: «Les fèves sont en purée parce que ma femme s'est oubliée avec Boyd.»

Lorsqu'on nous mit à la ration d'eau, il me promit de ne pas nous en laisser manquer, ce qui était bien utile à mon mari qui ne pouvait boire que du thé, sous peine d'être repris du mal de mer. Personnellement je souffrais beaucoup du défaut d'alimentation. Le biscuit avait acquis un tel degré de dureté que je ne pouvais plus le manger sans avoir les gencives en sang. Quand je cherchais à l'attendrir en le mouillant il en sortait des vers qui me dégoûtaient horriblement. Pour mes enfants je le broyais et je leur en faisais une bouillie, à laquelle j'avais déjà consacré les deux petits pots de beurre que nous avait donnés le vaisseau anglais. Le manque de nourriture avait tari mon lait, et je voyais ma fille dépérir à vue d'oeil, tandis que mon fils me demandait en pleurant une de nos pommes de terre dont il avait mangé la dernière depuis plusieurs jours. Cette situation était affreuse. La crainte de voir mourir de faim mes enfants ne me quittait plus.

Depuis dix jours nous n'avions pu prendre la hauteur, et la brume était si épaisse que, même sur notre petit vaisseau, on ne voyait pas le beaupré. Le capitaine ne savait où il se trouvait. Le vieux Harper assurait bien qu'il sentait les brises de terre, mais nous pensions qu'il cherchait à nous rassurer.

Enfin, le 13 mai 1794, à la pointe du jour, le temps étant chaud et la mer calme, nous montâmes nous asseoir sur le pont avec les enfants, pour nous distraire et respirer l'air. La brume était toujours aussi épaisse, et le capitaine affirmait que, quelle que fût la terre où nous aborderions, elle était encore éloignée de cinquante ou soixante lieues au moins. Je remarquai néanmoins l'agitation du chien, un terrier noir, que j'aimais beaucoup et qui m'avait pris en amitié, à la grande impatience du capitaine, son propriétaire. La pauvre bête allait à l'avant, aboyait, revenait ensuite vers moi, léchait les mains et le visage de mon fils, puis reprenait la même course. Ce singulier manège durait depuis une heure déjà, lorsqu'un petit bateau ponté—pilot-boat[168]—passa près de nous, et l'homme qui le montait cria en anglais «que si nous ne changions de direction, nous allions nous perdre contre le cap». On lui jeta alors une corde et il sauta à bord. Dire la joie que nous ressentîmes en voyant ce pilote de Boston est impossible.

Nous nous trouvions, sans le savoir, à l'entrée de cette magnifique rade, dont le plus beau lac de l'Europe ne peut donner aucune idée. Quittant une mer dont les flots se brisent avec fureur sur des rochers, on pénètre par un goulet, où deux vaisseaux ne pourraient passer de front, dans une eau paisible et unie comme un miroir. Un léger vent de terre s'éleva pour nous montrer, comme dans un changement de décors au théâtre, la terre amie qui allait nous accueillir.

Les transports de mon fils ne peuvent se peindre. Il avait entendu parler pendant soixante jours des dangers auxquels nous avions, grâce au Ciel, échappé. Sa raison de quatre ans lui laissait entrevoir qu'il faudrait vivre désormais privé de beaucoup de bonnes choses, pour éviter ces gens en bonnet rouge dont il avait eu si peur et qui menaçaient de tuer son père. Le souvenir du pain bien blanc et du bon lait d'autrefois venait troubler souvent sa jeune imagination. Il trouvait peu agréable de n'en plus avoir, et cette vague réminiscence du passé le faisait pleurer sans motif. Mais lorsqu'il aperçut, de cet étroit goulet où nous entrions, les prés verts, les arbres en fleurs et toute la beauté de la plus luxuriante des végétations, sa joie fut sans égale.

La nôtre, pour être plus raisonnable, n'en était pas moins vive.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

NOTES

[1: Humbert-Frédéric, comte de la Tour du Pin de Gouvernet.]

[2: Cécile-Elisabeth-Charlotte de la Tour du Pin de Gouvernet.]

[3: Alix—dite Charlotte—de La Tour du Pin de Gouvernet.]

[4: Frédéric-Claude-Aymar, comte de La Tour du Pin de Gouvernet, puis marquis de La Tour du Pin et marquis de Gouvernet.]

[5: Extrait du Supplément littéraire du Petit Journal, n° du 4 janvier 1889.]

[6: Né à Liége le 17 mars 1787, mort dans cette ville le 16 novembre 1879, étant archevêque de Tyr.]

[7: Guillaume 1er, roi des Pays-Bas.]

[8: Domaine de Noisy, près de Dinant, en Belgique, propriété à cette époque du comte de Liedekerke Beaufort, beau-père de l'auteur de la lettre.]

[9: Le premier point.]

[10: Les vaillants seuls sont dignes des belles.]

[11: Guillaume Ier, roi des Pays-Bas.]

[12: Louis-Joseph-Xavier-François, né à Versailles, le 22 octobre 1781, mort à Meudon, le 4 juin 1789.]

[13: L'auteur écrit en 1820.]

[14: Charlotte Dillon.]

[15: Mlle Marie Rogier.]

[16: Auteur des mémoires.]

[17: Ensuite Comte de La Tour du Pin de Gouvernet, puis Marquis de La Tour du Pin.]

[18: Robert Lec, quatrième et dernier Earl of Lichfield.]

[19: Henry Augustus XIIIe viscount Dillon.]

[20: Marie-Sophie-Dorothée, princesse de Wurtemberg, seconde femme de l'empereur Paul Ier.]

[21: Honorable Catherine Dillon.]

[22: C. Caesari Augusti F. L. Caesari Augusti F. Ços Designato Principibus Juventitus.

À Caïus César, fils d'Auguste, à Lucius César, fils d'Auguste et Consul désigné, Princes de la Jeunesse.]

[23: Caïus et Lucius étaient fils d'Agrippa et petits-fils d'Auguste qui les avait adoptés comme ses héritiers.]

[24: Marie-Joséphine-Rose Tascher de La Pagerie, plus tard l'impératrice Joséphine.]

[25: Alexandre de La Touche et Betsy de La Touche, plus tard duchesse de Fitz-James.]

[26: Frances Dillon, plus tard femme du général comte Bertrand.]

[27: Frédéric-Séraphin, dit d'abord le comte de Gouvernet, puis le comte de La Tour du Pin de Gouvernet; créé pair et marquis de La Tour du Pin, par lettres patentes du 17 août 1815 et du 13 mars 1820.]

[28: Jean-Charles de Fitz-James, 3e duc de Fitz-James.]

[29: Charles de Fitz-James, 2e duc de Fitz-James, maréchal de France.]

[30: À cette époque M. le comte de Gouvernet.]

[31: Louis-Apollinaire de La Tour du Pin Montauban.]

[32: Claire-Suzanne de La Tour du Pin de Gouvernet. Devint par son mariage marquise de Lameth.]

[33: Nom donné à l'administration spéciale chargée de régler les dépenses du roi consacrées aux divertissements de tous genres qui n'étaient pas habituels.]

[34: Épousa M. Permont.]

[35: La Folie-Joyeuse.]

[36: Châles.]

[37: Henry XIe viscount Dillon.]

[38: Une poignée de main.]

[39: Mme de Rothe.]

[40: Mgr Dillon, archevêque de Narbonne.]

[41: Sir William Jerningham.]

[42: Miss Charlotte Jerningham, depuis Lady Bedlinfeld.]

[43: George-William Jerningham.]

[44: Charles Jerningham, frère de sir William Jerningham.]

[45: Charles, Alexandre et Théodore de Lameth.]

[46: Fils du marquis de Lameth.]

[47: Louise-Charlotte de Béthune épousa en 1778 le marquis de La Charce, dit le marquis de La Tour du Pin.]

[48: Le comte de Provence, depuis Louis XVIII, et le comte d'Artois, depuis Charles X.]

[49: Louis-Jean-Marie duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse.]

[50: Louis-Henri-Joseph duc de Bourbon, fils du prince de Condé.]

[51: Louis-Antoine-Henri duc d'Enghien, fils du duc de Bourbon.]

[52: Une poignée de main.]

[53: Soeur de Louis XVI.]

[54: Marie Joséphine-Louise de Savoie, femme du comte de Provence.]

[55: Comte de Provence.]

[56: Madame Marie-Adélaïde et Madame Marie-Louise-Thérèse-Victoire.]

[57: Louis-Joseph-Xavier-François, 1er dauphin, né à Versailles le 22 octobre 1781, mort à Meudon le 4 juin 1789.]

[58: Guillaume V.]

[59: Frédéric-Guillaume II.]

[60: Marie-François-Henri de Franquetot, marquis puis duc de Coigny, pair et maréchal de France. 1737-1821.]

[61: Mme de Genlis était la nièce et sa fille Mme de Valence, par conséquent, la petite nièce de Mme de Montesson]

[62: Louis-Philippe, duc d'Orléans, né en 1725 mort en 1785 père de Philippe-Égalité.]

[63: Zaïre, tragédie de Voltaire, 1732.]

[64: Orosmane.]

[65: Tancrède, tragédie de Voltaire, 1760, acte V, scène V. Le texte exact est le suivant:

AMÉNAÏDE.

     À ces chants d'allégresse,
     À ces voix que j'entends, il s'avance en ces lieux.

ALDAMON.

Ces chants vont se changer en des cris de tristesse. ]

[66: Trophime-Gérard, marquis de Lally-Tollendal.]

[67: Thomas-Arthur, comte de Lally, baron de Tollendal, gouverneur général des établissements français dans l'Inde.]

[68: Henry VIIIe viscount Dillon.]

[69: Richard IXe viscount Dillon.]

[70: Frances Dillon.]

[71: Charles Xe viscount Dillon, cousin et gendre de Richard IXe viscount Dillon.]

[72: Henry XIe viscount Dillon, frère de Charles Xe viscount Dillon.]

[73: C'est le titre un peu insolite que le duc d'Orléans voulut lui donner. En ayant demandé l'autorisation au roi Louis XVI, celui-ci répondit en levant les épaules et en lui tournant les talons: «Gouverneur ou Gouvernante! vous êtes le maître de faire ce qu'il vous plaira; d'ailleurs le comte d'Artois a des enfants.»]

[74: Louis-Philippe, duc de Chartres; Antoine-Philippe, duc de Montpensier; Alphonse-Léodgard, comte de Beaujolais.]

[75: Louise-Eugénie-Adélaïde d'Orléans.]

[76: Maison habitée par Mme de la Tour du Pin pendant un certain nombre d'années.]

[77: Alors marquis de Sérent. Sa femme, la marquise de Sérent, était à la même époque dame d'atours de Madame Élisabeth, soeur du roi Louis XVI.]

[78: Un ecclésiastique.]

[79: Irlandais-Unis.]

[80: Située dans l'aile du château donnant sur le parterre du midi et sur la terrasse de l'Orangerie, et comprise entre cette terrasse et la rue de la Sur-Intendance.]

[81: La Ménagerie, petit château isolé, situé dans le grand parc, à l'extrémité d'un des bras du canal et en face de Trianon.]

[82: Saint-Louis, rue Satory et Notre-Dame, rue de la Paroisse.]

[83: L'Assemblée était installée dans la salle des Menus-Plaisirs, au coin de l'avenue de Paris et de la rue Saint-Martin.]

[84: Il y a ici erreur de nom de la part de l'auteur des mémoires. Le comte de Puységur, Pierre-Louis de Chastenet, lieutenant général, quitta le ministère de la Guerre le 13 juillet 1789. Il eut pour successeurs: du 13 juillet au 3 août 1789, le duc de Broglie, Victor-François, maréchal de France; intérim du 15 juillet au 3 août 1789, comte de Saint-Priest, ministre de l'Intérieur; du 4 août 1789 au 15 novembre 1790, comte de La Tour du Pin de Gouvernet, Jean-Frédéric, lieutenant général.]

[85: Bourg à deux lieues de Forges.]

[86: «S'il vous plaît, Madame, que font-ils donc tous?»]

[87: Le département de la Guerre était installé dans une partie du bâtiment formant l'aile sud de la cour des ministres.]

[88: Le comte d'Artois quitta en réalité Paris dans la nuit du 16 au 17 juillet 1789.]

[89: Victor-Amédée III, roi de Sardaigne.]

[90: Quartier de Constantinople habité par les descendants des Grecs qui restèrent à Constantinople après la prise de cette ville par Mahomet II en 1453.]

[91: César-Henri comte de La Luzerne.]

[92: Était chef d'état-major ou major général de la garde nationale.]

[93: Appelée à cette époque: Salle des spectacles de la Cour.]

[94: Femme du ministre des Affaires étrangères.]

[95: De la rue de la Sur-Intendance dans laquelle venait aboutir à angle droit la rue de l'Orangerie.]

[96: Terrasse de l'Orangerie sous les fenêtres des appartements de la reine Marie-Antoinette.]

[97: Le petit parc était situé à l'ouest du château et comprenait dans son enceinte les jardins, les bosquets et les bassins.]

[98: La Ménagerie: voir la note 2 de la page 179.]

[99: Cette porte ouvrait sur la rue du Grand-Commun—prolongement de la rue de la Chancellerie—qui passait entre le bâtiment de l'aile sud de la cour des ministres et le grand commun.]

[100: Le ministre de la Guerre était installé dans une partie du bâtiment qui formait l'aile sud de la cour des ministres et non de la cour royale, comme le dit Mme de La Tour du Pin.]

[101: La grande galerie du château de Versailles.]

[102: Soeur de Louis XVI.]

[103: Marie-Joséphine-Louise de Savoie, femme du comte de Provence.]

[104: Il est plus exact de dire: de la cour des ministres.]

[105: Appartement de la princesse d'Henin, situé au-dessus de la galerie des princes, tout en haut des bâtiments formant l'aile sud du château, bâtiments qui donnaient, d'un côté sur la terrasse de l'Orangerie et de l'autre sur la rue de la Sur-Intendance.]

[106: Ministère de la Guerre, installé dans une partie du bâtiment qui formait l'aile sud de la cour des ministres.]

[107: La rue du Grand-Commun passait entre le bâtiment de l'aile sud de la cour des ministres et le grand commun.]

[108: Erreur de l'auteur. Il faut lire de la rue de la Sur-Intendance. La rue de l'Orangerie était située plus loin au sud et aboutissait perpendiculairement dans la rue de la Sur-Intendance.]

[109: Ou cour des ministres.]

[110: La plupart des documents qui relatent les événements des journées des 5 et 6 octobre 1789, donnent à ce garde du corps le nom de Varicourt.]

[111: Du nom de Deshuttes.]

[112: M. de Miomandre de Sainte-Marie.]

[113: La rue de la Sur-Intendance.]

[114: Plus exactement le parterre du Midi.]

[115: Nicolas Jourdan, surnommé dans la suite le coupe-tête, servait de modèle dans les ateliers de peinture.]

[116: Le garde du corps Deshuttes.]

[117: De la rue de la Sur-Intendance.]

[118: M. de Vallori ou de Varicourt. Voir la note 110.]

[119: Voir la note 33.]

[120: Humbert-Frédéric, comte de La Tour du Pin de Gouvernet.]

[121: Entreprise en 1786.]

[122: Situé alors rue de l'Université.]

[123: Actuellement rue Laffite.]

[124: L'auteur habitait alors chez son beau-père, le comte de La Tour du Pin de Gouvernet, au ministère de la Guerre installé dans l'hôtel de Choiseul, rue de la Grange-Batelière.]

[125: Marie-Thérèse-Charlotte, duchesse d'Angoulême.]

[126: Louis-Charles, dauphin, depuis Louis XVII, et Marie-Thérèse-Charlotte, depuis duchesse d'Angoulême.]

[127: Soeur de Louis XVI.]

[128: Comte et comtesse de Provence.]

[129: Marie-Thérèse-Charlotte, fille du Louis XVI, depuis duchesse d'Angoulême.]

[130: Soeur de Louis XVI.]

[131: Le régiment Mestre de camp général.]

[132: Le 15 novembre 1790.]

[133: Louis-Charles, dauphin, depuis Louis XVII, et Marie-Thérèse-Charlotte depuis duchesse d'Angoulême.]

[134: Soeur de Louis XVI.]

[135: Comte de Provence, depuis Louis XVIII, et comtesse de Provence.]

[136: Relation d'un voyage à Bruxelles et à Coblentz, 1791. Mémoires relatifs à l'histoire de France pendant le XVIII° siècle; tome XXXIII: Mémoires sur l'émigration, 1791-1800. Paris, Firmin-Didot, 1877.]

[137: Le 13 septembre 1791: le roi accepte la Constitution. Le 14 septembre 1791: séance de l'Assemblée nationale où le roi signe la Constitution et jure de la maintenir et de la faire exécuter.]

[138: Le 1er octobre 1791: première séance de l'Assemblée législative.]

[139: Guillaume V, prince d'Orange.]

[140: Baron Henri Fagel.]

[141: Général baron Robert Fagel.]

[142: 6 novembre 1792.]

[143: C'est par erreur que Mme de La Tour du Pin place le camp de Famars entre le Quesnoy et Charleroi; il était situé entre le Quesnoy et Valenciennes.]

[144: Il périt sur l'échafaud le 13 avril 1794.]

[145: Frédéric-Claude-Aymar, comte de La Tour du Pin de Gouvernet, puis marquis de La Tour du Pin et marquis de Gouvernet, le seul enfant qui survécut à ses parents.]

[146: L'auteur désigne sans doute sous ce nom l'hôtel actuel du «Grand Laboureur».]

[147: Charlotte Jerningham.]

[148: Philippe-Antoine-Gabriel-Victor-Charles de La Tour du Pin la Charce, dit le marquis de La Tour du Pin, et, en 1775, comme héritier du dernier marquis de Gouvernet, le marquis de Gouvernet.]

[149: Voir la note 148.]

[150: Le second fils de la famille Dillon dont il a été parlé chapitre II section VI.]

[151: Les souvenirs rassemblés dans ces Mémoires par Mme de La Tour du Pin étaient, dans son esprit, destinés à l'unique fils qui lui restait, à Frédéric-Claude-Aymar, comte de La Tour du Pin de Gouvernet, puis marquis de La Tour du Pin et marquis de Gouvernet, né au Bouilh, le 18 octobre 1806, décédé à Fontainebleau le 4 mars 1867.]

[152: Frédéric-Claude-Aymar, le seul enfant qui survécut à ses parents.]

[153: Ib..]

[154: Nommé Potier. Voyez vol. II, chapitre VI. § IV.]

[155: Dans tes jours heureux…]

[156: Robert Lee, quatrième et dernier Earl of Lichfield.]

[157: Madame de La Tour du Pin commet une erreur en disant que le conventionnel, Julien de Toulouse, qui aurait eu à cette époque trente-quatre ans, avait succédé à Tallien à Bordeaux, comme commissaire de la Convention. Robespierre, de sa propre initiative, envoya dans cette ville, pour remplacer Tallien et contrôler les actes d'Ysabeau, un jeune homme à opinions très exaltées, membre du club des jacobins, âgé de dix-neuf ans seulement, Jullien de Paris, fils aîné du conventionnel Jullien de la Drôme.]

[158: Séraphine.]

[159: Humbert.]

[160: Au large!]

[161: Ne répondez pas.]

[162: Vaisseau de guerre français à l'avant.]

[163: Pas de passager, pas de cargaison.]

[164: Suivez.]

[165: Frédéric-Claude-Aymar, le seul enfant qui survécut à ses parents.]

[166: Enfants de Florent-Charles-Auguste, comte de Liedekerke Beaufort, et de Alix, dite Charlotte, de La Tour du Pin de Gouvernet.

De ce mariage naquirent:

1° Hadelin-Stanislas-Humbert, comte de Liedekerke Beaufort, né à Bruxelles le 11 mars 1816, mort à Bruxelles le 3 janvier 1890;

2° Cécile-Claire-Séraphine de Liedekerke Beaufort, née à la Haye le 24 août 1818, morte à Paris le 19 août 1893; épousa à Bruxelles, le 28 décembre 1841, Ferdinand-Joseph-Ghislain, baron de Beeckman.]

[167: Une dame.]

[168: Bateau pilote.]

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