L'oeuvre du comte de Mirabeau
Pardon, lecteurs scrupuleux, je n’écris pas pour vous, renfermés dans la classe des citoyens qui ne s’occupent qu’à méditer les prodiges étonnants de notre révolution française; vous n’accordez plus d’instants au plaisir; sourds à sa voix, vous voyez avec indifférence ces jeunes et jolies républicaines qui, rangées en haie sous les galeries et aux entresols du palais Égalité, qui, par maintes et maintes provocations lascives et libertines, veulent s’assurer de vos sens, de votre bourse et jouir du bénéfice du marché; le prix de leurs faveurs est le pot-de-vin de leurs grâces.
Je viens à mon fait et vais vous raconter comment la déesse de la lubricité elle-même sut punir, dans un de ces asiles consacrés aux tendres mystères, un prélat hypocrite, qui, interprétant les décrets du Ciel à sa guise, rangeait les courtisanes de la capitale au nombre des houris, que l’un de nos imposteurs en matière de religion, le sublime Mahomet, avait placées dans son paradis pour la joie des fidèles croyants.
Mes trois personnages, travestis à qui mieux mieux, et désirant en eux les feux de la paillardise, un jour de calme et de tranquillité, se rendirent dans un temple devenu l’un des mieux famés de Paris en même temps que le mieux fourni; les brunes et les blondes s’y trouvaient rassemblées, tous les désirs s’y trouvaient satisfaits, depuis ceux de l’évêque mitré jusqu’à ceux de l’indigent et brave sans-culotte.
Machault, Montesquiou et Janson furent donc chez la Desglands demander chacun une fille: Julie Desbois, Dorothée de Ginville et Elisabeth la Comtoise furent destinées à passer en campagne avec ses messieurs.
Julie Desbois lui appartient; mais ô triomphe de l’Eglise! au moment que le ci-devant évêque d’Amiens s’apprêtait à engainer son mou et flasque outil, il resta court, et ma Julie lui dit:
Montesquiou resta là. Ce membre superbe, qui apaise la femme la plus acariâtre, fut sans effet; deux courtisanes délaissées, deux personnages à quia; que devint le troisième? C’est Janson que je vous mets en scène:
Souveraine protectrice de plaisirs, éloigne-toi du local de la Desglands; ta présence y serait outragée; un prêtre, un général y ont.....; un magistrat a couronné l’œuvre. Comment réparer cet outrage, consommé pour ton culte? Mais qu’entends-je? La paillasse s’agite, le ciel du lit s’écroule:
Mais qui apparaît à mes regards? C’est la lubricité; elle fixe un œil de courroux sur le triumvirat. Calotte détestable, s’écrie-t-elle dans l’excès de sa rage, atome décoré d’un hausse-col, et toi, vil organe des lois, relégué dans la poussière des bancs de la grande salle, il est temps que ma vengeance éclate:
A genoux et la bouche béante, les trois mirliflors se turent et la lubricité continua:
O merveille! de trois têtes je n’en vis plus qu’une, et les plus laids museaux remplacèrent les visages de Machault, de Montesquiou et de Janson. Je m’écriai alors:
Tout confus et aboyants, ils abandonnèrent ce lieu de prostitution; mais leur nouvelle caricature, gravée et répandue dans le public, dira à l’amateur: Tels sont nos traits fidèles.
NOTES
[1] Lettres originales de Mirabeau écrites du donjon de Vincennes pendant les années 1777-78-79-80, contenant tous les détails sur sa vie privée, ses malheurs et ses amours avec Sophie Ruffei, marquise de Monnier, recueillies par P. Manuel, citoyen français. A Paris, chez I. B. Garnery, 1793, an 3e de la liberté. 4 tomes in-8o.
Paul Cottin.—Sophie de Monnier et Mirabeau, d’après leur correspondance secrète inédite (1775-1789), avec trois portraits, dont un en héliogravure d’après Heinsius, deux fac-similés d’autographes, une table déchiffrante et un plan du couvent des Saintes-Claires de Gien. Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1903. CCLX-282 p. in-8o.
[2] Ils étaient parents par les femmes.
[3] M. de Railli était détenu à Pierre-Encize, près de Lyon.
[4] Voir l’Amateur d’autographes, mars 1909.
[5] M. de Rougemont, gouverneur du château de Vincennes.
[6] A cause de leur parenté.
[7] C’est au deuxième volume de cette publication que se trouve le portrait de Sophie. Elle était grande, forte, brune, aux yeux noirs. On ne connaît que deux portraits authentiques de la comtesse de Monnier; celui-ci et un autre qui la représente entre 30 et 35 ans. Il fut peint par Jean-Jules Heinsius. L’estampe d’Antoine Borel, dans le tome II de la traduction de Tibulle, est «comme celui d’Heinsius, dit M. Paul Cottin (loc. cit.), conforme aux signalements remis à la police, et Mme Callier, fille du docteur Ysabeau, récemment décédée, tenait de son père qu’il offre exactement les traits de Sophie à vingt ans».
[8] Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des lettres, par Bachaumont, Pidanzat de Mairobert, Moufle d’Angerville et autres. T. XXVIII, p. 16.
[9] Poème de Charles Borde tiré de la Novella de l’Angelo Gabrielle.
[10] Et t’ôter à l’avenir l’original, ce serait l’interrompre pour longtemps. Cette phrase est obscure. Elle a toujours été supprimée par les commentateurs, qui ont souvent cité cette lettre d’après le recueil de Lettres originales de Mirabeau, publié par Manuel.
[11] Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour, aux femmes et au mariage, etc., par M. le Cte d’I... 4e édition revue par J. Lemonnyer. Tome II, Lille, 1895.
[12] La construction de cette phrase la rend équivoque, et sans doute à dessein. Quel qu’il pût être, le chevalier de Pierrugues en avait de bonnes.
[13] Voici la bibliographie de cet ouvrage:
Mylord Arsouille ou les Bamboches d’un gentlemen. Cologne, 1789.
Mylord Arsouille ou les bamboches d’un gentleman. A Bordel-Opolis, chez Pinard, rue de la Motte, 1789 (Paris, après 1833), avec 5 gravures libres et l’épigraphe:
Mylord Arsouille, etc. Réimpression de l’édition précédente (vers 1855), avec 5 lithographies libres.
Mylord ou les Bamboches d’un gentleman, imprimé sur la copie de Cologne, 1789, à Lausanne, chez Quakermann cette présente année (vers 1870), avec sur le verso de la page de garde l’épigraphe un peu différente:
Mylord Arsouille, etc. Rotterdam, vers 1906, avec à la fin un important catalogue d’ouvrages libres.
[14] Qui se trouve après la satire.
[15] Le titre de cet ouvrage ne sera pas intelligible à tous les lecteurs, et plusieurs ne lui trouveront aucun rapport avec le sujet. Néanmoins un autre n’aurait pu lui convenir; et si nous l’avons laissé en grec, on en devinera aisément la raison. (Note de l’éd. de l’an IX.)
Académiciens de Bologne. Abbandonati, Ansiosi, Ociosi, Arcadi,
Confusi, Difettuosi, Dubbiosi, Impatienti, Inabili, Indifferenti,
Indomiti, Inquieti, Instabili, Della Notte Piacere, Sienti, Sollonenti,
Torbidi, Vespertini.
De Gênes. Accordati, Sopiti, Resvegliati.
De Gubio. Addormentati.
De Venise. Acuti, Allettati, Discordanti, Disgiunti, Disingannati,
Dodonci, Filadelfici, Incruscabili, Instancabili.
De Rimini. Adagiati, Eutrupeli.
De Pavie. Affidati, Della Chiave.
De Ferma. Raffrontati.
De Molise. Agitati.
De Florence. Alterati, Humidi, Furfurati, Della Crusca, Del Cimento,
Infocati.
De Crémone. Animosi.
De Naples. Arditi, Infernati, Intronati, Lunatici, Secreti, Sirenes,
Sicuri, Volanti.
D’Ancôme. Argonauti, Caliginosi.
D’Urbin. Assorditi.
De Pérouse. Atomi, Eccentrici, Insensati, Insipidi, Unisoni.
De Tarente. Audaci.
De Macerata. Catenati, Imperfetti, Chimerici.
De Sienne. Cortesi, Giovali, Prapussati.
De Rome. Delfici, Humoristi, Lincei, Fantastici, Negletti, Illuminati,
Incitati, Indispositi, Infecondi, Melancholici, Notti, Vaticane,
Notturni, Ombrosi, Pelligrini, Sterili, Vigilanti.
De Padoue. Delii, Immaturi, Orditi.
De Drepano. Difficilli.
De Bresse. Dispersi, Erranti.
De Modène. Dissonanti.
De Syracuse. Ebrii.
De Milan. Eliconii, Faticosi, Fenici, Incerti, Miscosti.
De Recannati. Disuguali.
De Candie. Extravaganti.
De Pezzaro. Eterocliti.
De Commachio. Flattuanti.
D’Arezzo. Forzati.
De Turin. Fulminales.
De Reggio. Fumosi, Muti.
De Cortone. Humorosi.
De Bari. Incogniti.
De Rossano. Incuriosi.
De Brada. Innominati, Tigri.
D’Acis. Intricati.
De Mantoue. Invaghiti.
D’Agrigente. Mutabili, Offuscati.
De Verone. Olympici, Unanii.
De Viterbe. Ostinati, Vagabondi.
Si quelque lecteur est curieux d’augmenter cette nomenclature, il n’a qu’à lire un ouvrage de Jarckius, imprimé à Leipsic en 1725. Cet auteur n’a écrit l’histoire que des académies de Piémont, Ferrare et Milan. Il en compte vingt-cinq dans cette dernière ville seulement. La liste des autres est sans fin, et leurs noms tous plus bizarres les uns que les autres.
[17] Act. ap. 8, 39. Spiritus Domini rapuit Philippum, et amplius non vidit eunuchus.
[18] Daniel, chap. XIV, v. 32. Erat autem Habacuc prophæta in Judæa, et ipse coxerat pulmentum... Et ibat in campum ut ferret messoribus.
33. Dixit que angelus Domini ad Habacuc: fer prandium quod habes in Babylonem Danieli.
35. Et apprehendit eum angelus Domini in vertice ejus, et portavit eum capillo capitis sui, posuit que eum in Babylone.
Isaac Le Maître de Saci a traduit capillo par les cheveux. Luther met oben beym schopff; ce qui est la même faute. Car le miracle est plus grand d’avoir transporté Habacuc par un cheveu que par les cheveux; mais dans tous les cas, le voyage est leste.
[19] Maccab. l. I, c. I, v. 16.
Et fecerunt sibi præputia,—Ce qu’Isaac Le Maître de Saci traduit: Ils ôtèrent de dessus eux les marques de la circoncision. Les Septante disent tout simplement: Ils se sont fait des prépuces. Les Pères ont ainsi traduit. Mais depuis que les Jansénistes ont paru, ils ont prétendu qu’on ne pouvoit pas mettre les prépuces dans la bouche de jeunes filles lorsqu’on leur faisoit réciter la Bible. Les Jésuites ont soutenu, au contraire, que c’étoit un crime que d’en altérer un seul mot.
Le Maître de Saci a donc périphrasé, et le père Berrhuyer a accusé Saci d’hérésie, et prétendu qu’il avoit suivi la Bible de Luther. En effet, Luther dans sa Bible se sert du mot beschneidung.
| Und | hielten | die | beschneidung | nicht | mer. |
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| Et | ont gardé | la | coupure | point | davantage. |
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Luther, en effet, a mal interprété. Le miracle, de quelque manière que l’on traduise, étoit de se faire un prépuce. Or la chose est en vérité miraculeuse dans le texte des Septante, et ne l’est pas autant dans la version des jansénistes.
[20] Rois, liv. VII, chap. VI, v. 17.
Hi sunt autem ani aurei quos reddiderunt pro dilecto domino.
[21] Je ne doute pas que quelque demi-savant, ou quelque critique obstiné, ne trouve, dans la suite de cette notice, Shackerley beaucoup plus savant en astronomie que ne le comporte le costume d’un ouvrage contemporain d’Herculanum. Mais je le prie d’observer: 1o que l’Anagogie est une révélation faite par Jérémie Shackerley, tout comme... Ah! oui: tout comme S. Jean a écrit l’Apocalypse dans l’isle de Pathmos. 2o Que personne dans Herculanum n’a pu rien comprendre à ce manuscrit, écrit bien avant la venue de J.-C. comme nous n’entendons rien à la bête de l’Apocalypse qui a 666... sur le front (II), ornement qui serait singulier même pour un mari françois; ce qui ne détruit point du tout l’authenticité de notre manuscrit. 3o Qu’on n’a qu’à lire l’histoire incontestable de l’astronomie antédiluvienne, par M. Bailly, pour se convaincre que Shackerley pouvoit savoir tout ce qu’il paroît avoir su..... Enfin je déclare que pour trente-six mille raisons, un peu trop longues à déduire, douter de Jérémie Shackerley, c’est mériter un auto-da-fé.
[22] En effet, comme le remarque l’illustre M. d’Alembert, d’après l’ingénieux et quelquefois sublime Diderot, quelle finesse d’idées n’a-t-il pas fallu pour y parvenir? L’aveugle n’a de connoissance que par le tact; il sait qu’on ne peut voir son visage quoiqu’on puisse le toucher. «La vue, conclue-t-il, est donc une espèce de tact qui ne s’étend que sur les objets différens du visage et éloignés de nous.» Le tact ne lui donne en outre que l’idée du relief. Donc un miroir est une machine qui nous met en relief hors de nous-mêmes. Ces mots en relief ne sont pas de trop. Si l’aveugle disoit, nous met hors de nous-mêmes, il diroit une absurdité de plus; car comment concevoir une machine qui puisse doubler un objet? Le mot relief ne s’applique qu’à la surface; ainsi, nous mettre en relief hors de nous-mêmes, c’est mettre la représentation de la surface de notre corps hors de nous. Cette désignation est toujours une énigme pour l’aveugle; mais on voit qu’il a cherché à diminuer l’énigme le plus qu’il étoit possible.
[23] Chap. II, v. 19.
[24] Ibid., v. 20.
[25] Telle est l’origine même du mot de narcisse, lequel vient de Ναρκὴ (narcè), assoupissement; de là le narcisse fut la fleur chérie des divinités infernales; de là vient aussi que l’on offroit anciennement les guirlandes de narcisse aux furies, parce qu’elles engourdissoient, assoupissoient les scélérats.
[26] Salem, Piper, acorem respuebat. Mensæ vero accumbebat alternis semper pedibus sublatis. Voyez Elogium Thom. Sanchez, imprimé à la tête de l’ouvrage De matrimonio. A Anvers, chez Murss, 1652, in-folio. Et si vous voulez avoir une idée des édifiantes questions qu’a agitées ce théologien, et bien d’autres, cherchez la vingt-unieme dispute de son second livre.
[27] Il a publié séparément les fragments de Sapho, et les éloges qu’elle a reçus.
[28] Gen., ch. II, v. 23.
[29] Vira de vir.
[30] L’allemand a conservé l’ancien rit dans mannin, qui vient de mann. Mannin est le vira, et non le virago. Man wird sie mannin heissen. (Gen., II, v. 23.)
[31] Elle étoit particulièrement honorée dans les Gaules et dans la Germanie sous le titre de Déesse-mere.
[32] On retrouveroit dans l’antiquité beaucoup d’usages qui confirmeroient cette opinion. A Lacédémone, par exemple, quand on alloit consommer le mariage, la femme mettoit un habit d’homme, parce que c’est la femme qui met les hommes au monde.
En Egypte, dans les contrats de mariages entre souverains, la femme avoit l’autorité du mari. (Diod. d. Sic., l. I, ch. XXVII), etc., etc.
[33] On verra ci-après dans la Linguanmanie des choses plus frappantes encore que les mœurs du peuple de Dieu que nous allons exposer.
[34] Lév., ch. VIII, v. 24.
[35] Ibid., ch. XII, v. 5.
[36] Ibid., ch. XXII, v. 7.
[37] Ibid., ch. XVIII, v. 7.
[38] Idem, v. 9.
[39] Id., v. 10.
[40] Lév., chap. XVIII, v. 12.
[41] Id., v. 15.
[42] Id., v. 16.
[43] Id., v. 17.
[44] Id., v. 21. De semine tuo non dabis idolo Moloch, et ch. XX, v. 3: Qui polluerit sanctuarium.
[45] Lév., ch. XVIII, v. 22. Cum masculo coïtu fœmineo.
[46] Id., v, 23. Omni pecore.
[47] Mulier jumento. Et l’on sait que dans l’Écriture sainte, jumentum veut dire bêtes d’aides: adjuvantes: d’où jument.
[48] Lévit., ch. XXI, v. 18.
[49] Liv. VI, ch. IX.
[50] Aux Cor., 6, 7, 8, 29.
[51] Hypparchia, etc.
[52] Écho.
[53] Gen., ch. XXXVIII.
[54] Celui qui avoit le ruban et sortit le second fut nommé Zara, qui veut dire Orient.
[55] Saci, page 817, édit. in-8.
[56] Le marquis de Santa-Crux, par exemple, commence son livre de l’Art de la guerre par dire: que la première qualité indispensable à un grand général, c’est de savoir se br. le v., parce que cela épargne dans une armée, et sur-tout dans une ville de guerre, tous les caquetages et perdre. [Il faut voir à propos de cette note la lettre à Sophie du 21 octobre 1780.]
[57] Epig. 42, liv. IX.
[58] Voyez l’Anélytroïde.
[59] Lucian., t. I, dialog. deor. XV et 2. Diodor. Sic., l. IV, p. 352, éd. Westhling.
[60] Dialog. Meret., V.
[61] Ad Rom., cap. I.
[62] Lib. IV, cap. XVI.
[63] Dii illas deæque male perdant! Adeo perversum commentæ genus impudicitiæ! Viros ineunt. (Epist. XCV.)
[64] Thelesyle, Amythone, Atthys, Anactorie, Cydno, Mégare, Pyrrine, Andromede, Mnaïs, Cyrine, etc.
[65] On lisoit aux pieds de la statue de Sapho, par Silanion: Sapho qui a chanté elle-même sa lubricité et qui fut amoureuse à la rage.
[66] Vesta vient du grec et signifie feu. Les Chaldéens et les anciens Perses appelloient le feu avesta. Zoroastre a intitulé son fameux livre, Avesta, la garde du feu. La porte des maisons, l’entrée, s’est appellée vestibule, parce que chaque Romain avoit soin d’entretenir ce feu de vesta à la porte de sa maison. C’est de là sans doute que l’entrée du vagin s’appelle le vestibule du vagin, comme étant le lieu où s’entretient le premier feu de ce temple.
[67] Je ne doute pas que quelque érudit ne me fasse ici plus d’une difficulté... Mais on n’auroit jamais fini s’il falloit répondre à tout.
[68] On sent bien que la dignité de M. de Saint-Priest l’empêchera d’en convenir; et quelque littérateur encouragé par ce désaveu viendra me soutenir que ces vers sont tout simplement imités d’un passage de Sylva Nuptialis, de J. de Nevisan; et puis vite il citera le morceau. Le voici:
Mais je le prie de me dire où est l’impossibilité que ces vers soient traduits en turc dans le serrail?... Enfin on ne dispute point contre les faits.
[69] Et puis comment traduire en vers avec grace et noblesse, cunnus, clunes, culus, vulva? On auroit de la peine à s’en tirer dans un mauvais lieu. Mais l’amour veut être servi dans un temple.
[70] La matrice.
[71] Qui se douteroit, par exemple, que la chaleur de l’abeille est mille fois plus considérable que celle de l’éléphant?
[72] Gen., XVII, 24.
[73] Ex., IV, 25.
[74] Lév., XIX, 23.
[75] Deut., X. 13.
[76] Josué, V, 3 et 7.
[77] Reg., XVIII, 25.
[78] Reg., XVIII, 27.
[79] Reg., III, 14.
[80] Circumcisio fœminarum sit refectione τῆς νυμφῆς (imo clitoridis) quæ pars in australium mulieribus ita excrescit ut ferro sit coercenda.
[81] I Mac., ch. I, 16. Fecerunt sibi preputia et recesserunt a testamento sancto.
[82] I Cor. VII, 18.
[83] De morb. biblic.
[84] La méthode en levrette.
[85] Lév., ch. VI, 10. Fœminalibus lineis.
[86] Reg., I, ch. XXIV, 4. Erat quæ ibi spelunca quam impressus est Saül ut purgeret ventrem.
[87] Reg., 4, ch. XVIII, 27. Comedant stercora sua et bibant urinam suam.
[88] Tobie, II, 11.
[89] Esther, XIV, 2.
[90] Ecc., XXII, 2.
[91] Isaïe, XXXVII, 12.
[92] Tren., IV, 5. Amplexati sunt stercora.
[93] Mal., II, 3.
[94] Ezéch., IV, 12.
[95] Ibid., IV, 15.
[96] Ὀψιγαμια.
[97] Κακογαμία.
[98] Cœlibes esse prohibendos.
[99] Ex animi tui sententia tu equum habes, tu uxorem habes? testa.
[100] Extrema omnium calamitas et impietas accidit, illi qui absque filiis à vitâ discedit, et daemonibus maximas dat pœnas post obitum.
Lisez, sur la préférence que les dames romaines donnoient aux eunuques et le parti qu’elles en tiroient, depuis le 365e vers de cette satyre jusqu’au 379e.
[102] Gen., XIX, 4. Avant que les anges se fussent couchés, le peuple accourut depuis les vieillards jusqu’aux enfants.—4.—Ut cognoscamus eos.
[103] Les Sodomistes pensoient apparemment comme un grand seigneur moderne. Un valet-de-chambre de confiance lui observoit que du côté qu’il préféroit, ses maîtresses étoient conformées comme ses ganymèdes—qu’on ne pouvoit trouver au poids de l’or; qu’il pourroit..... des femmes. Des femmes! s’écria le maître; eh, c’est comme si tu me servais un gigot sans manche.
[104] Gen., XIX, 33. Dormivit cum patre, at ille non sensit nec quando accubuit filia, nec quando surrexit.
[105] Moab fut le fils de la premiere; Ammon naquit de la seconde.
[106] S. Paul aux Romains, ch. I, 27. Masculi, delicto naturali usu fœminæ exarserunt in desideriis suis in invicem, masculi in masculos turpitudinem operantes et mercedem quam oportuit erroris sui in semetipsis recipientes.
[107] Buffon.
[108] Par exemple, la courbure de l’épine du dos entraîne dans un bossu le dérangement des autres parties, ce qui leur donne à tous une sorte de ressemblance que l’on pourroit appeller un air de famille.
[109] On sait combien les pères eux-mêmes ont été partagés et ambigus sur cette matiere. S. Irénée ne faisoit pas difficulté de dire que l’âme étoit un souffle analogue aux corps qu’elle a habités, et qu’elle n’étoit incorporelle que par rapport aux corps grossiers. Tertullien la déclare tout simplement corporelle. S. Bernard, par une distinction fort étrange, prétend qu’elle ne verra pas Dieu; mais qu’elle conversera avec J.-C.
[110] Ex., XXII, 19. Lév., VII, 21, XVIII, 23.
[111] XX, 15.
[112] Maimonide dans le More Nevochin, p. III, c. XLVI, s’étend sur les cultes des boucs.
[113] Lév., XVII, 7. Exod., XXXIII, 20 et 23.
[114] Jérém., L., 39. Faunis sicariis et non pas ficariis. Car des faunes qui avoient des figues ne voudroit rien dire. Cependant Saci le traduit ainsi; car les Jansénistes affectent la plus grande pureté des mœurs; mais Berruyer soutient le sicarii et rend ses faunes très-actifs.
[115] Dans son traité Περι απιστων, c. XXV.
[116] Dans son ouvrage intitulé Tseror hammor. (Fasciculus myrrhæ).
[117] Cependant la vulve de la vache, par exemple, se proportionne moins au membre viril que celle de la chèvre ou de la guenon. Aussi les grands animaux retiennent-ils plus difficilement.
[118] Le roi de Loango, en Afrique, quand il siège sur son trône, est entouré d’un grand nombre de nains remarquables par leur difformité. Ils sont assez communs dans ses états. Ils n’ont que la moitié de la taille ordinaire d’un homme; leur tête est fort large et ils ne sont vêtus que de peaux d’animaux. On les nomme Mimos ou Bakkebakke. Lorsqu’ils sont auprès du roi, on les entre-mêle avec des nègres blancs pour faire un contraste. Cela doit former un spectacle fort bizarre et qui n’est bon à rien; mais si le roi de Loango mêloit ces races, on auroit peut-être des résultats très-curieux.
[119] C’est dommage que les Romains n’aient pas eu comme nous la confession auriculaire; nous saurions tous leurs petits secrets domestiques comme on sait les nôtres. On sauroit si les Romains déshonoroient aussi brutalement le mariage que nous le faisons. Enfin, nous n’avons pas même de détails sur les conversations des bourgeois. Rien ne devoit être plus plaisant que les entretiens d’une famille qui avoit été le matin sacrifier à Priape; les jeunes filles et les jeunes garçons de la famille devoient avoir tout le reste de la journée de singulières idées.
[120] Lév., XX, 16.
[121] De nos jours on a pareillement substitué avarie à vérole.
[122] Rois, I, c. v. 26.
[123] A Venise en 1542.
[124] Νυμφομανη.
[125] Le satyriasis, le priapisme, la salacité, etc.
[126] Sennert cite une femme qui ayant bu un peu de borax dissous, tomba en nymphomanie; et Muller conseille le musc mêlé avec des huiles aromatiques, introduits d’une manière quelconque, pour lubrifier le vagin.
[128] Je doute, par exemple, que la corycomachie ou la coricobolie, qui étoit la quatrieme sphéristique des Grecs, ait resté en usage chez eux, lorsqu’ils furent devenus le peuple le plus élégant de la terre. On suspendoit au plancher un sac rempli de corps lourds; on le prenoit à deux mains, et on le portoit aussi loin que la corde pouvoit s’étendre; après quoi lâchant le sac, ils le suivoient, et lorsqu’il revenoit vers eux, ils se reculoient pour céder à la violence du choc, puis le repoussoient avec force. (Voyez M. Burette sur la gymnastie des Grecs et des Romains.) Je ne crois pas qu’un tel exercice ait été du goût des petites maîtresses d’aucun siecle.
[129] Une simple nomenclature d’une très-petite partie des mots de leur dictionnaire de volupté, si je puis parler ainsi, peut décider la question.
La coricobole étoit une tronchine.
Les Jatraliptes, les essuyeurs en cygne.
Les unctores, les parfumeuses.
Les fricatores, les frotteuses.
Les tractatrices, les pressureuses ou pétrisseuses.
Les dropacistæ, les enleveuses de durillons.
Les alipsiaires, les épilateurs.
Les paratiltres, les vulvaires.
Les picatrices, les parfileuses en vulves.
La samiane, le parterre de la nature. (Voyez ci-après).
L’hircisse, le bouquinage des vieilles.
La conrobole, χοιροπωλῶ. (Pour peu qu’on sache le grec l’on m’entend).
La clitoride, ou contraction du clitoris.
La corinthienne, la mobilité des charnières.
La lesbienne, les cunni-langues.
La siphnissidienne, le postillon.
La phicidissienne, la pollution de l’enfance.
Sardanapaliser, vautrer entre les eunuques et les filles.
Chalcidisser, le léchement des testicules.
Fellatricer, sucer le gland.
Phœnicisser, irrumer en miel, etc., etc.
Une preuve qu’ils étoient plus aguerris que nous, c’est qu’il n’y a presque pas un de ces mots que nous ne soyons obligés de rendre par une périphrase.
[130] Voyez la Tropoïde où j’aurois pu ajouter un très grand nombre d’autres passages tirés de la Bible. On trouve, par exemple, dans le livre de la Sagesse, (ch. XIV, v. 26) plusieurs reproches d’impureté, d’avortemens criminels, d’impudicités, d’adulteres, etc. Jérémie (ch. V, v. 13) déclame contre l’amour des jeunes garçons. Ezéchiel parle de mauvais lieux et des marques de prostitution à l’entrée des rues. (Ch. XXVI, v. 24, 25, 26, 27), etc., etc.
[131] Erasme, p. 553.—Samiorum flores.—Ubi extremam voluptatum decerperet.—Σαμίων ἄνθη, la samionante.—Puellæ veluti flores arridentes ad libidinem invitabant.
[132] Ani hircassantes. Γραῦς καπρῶσα. Eras., 269. De juvene, cui anus libidinosa omnia suppeditabat, quo vicisim ab illo voluptatem auferret. Nota et hircorum libido, odorque qui et subantes consequitur.
[133] Γλυκὺν ἀγκῶνα. Ancon. Eras., 335. Omphalem reginam per vim virgines dominorum cum eorum servis inclusisse ad stuprum, in sola haberetur impudica. Lydos autem eum locum, in quo fœminæ constuprabantur γλυκὺν ἀγκῶνα, appellasse, sceleris atrocitatem mitigantes verbo.
On voit que même en ce genre le despotisme n’a plus rien à inventer.
[134] Σαρδανάπαλος. Eras., 723. Cæterum deliciis usque adeo effœminatus, ut inter eunuchos et puellas ipse puellari cultu desidere sit sollitus.
[135] Eras., 827. Ut dii augerent meretricum numerum. Erasme ajoute que les Vénitiennes de son temps étoient les filles lubriques par excellence. Nusquam uberior quam apud Venetos.
[136] Χοιροπώλης la canobole à χοῖρος. Eras., 737. Corinthia videris corpore questum factura. In mulierem intempestivius libidinantem. De mulieribus Corinthi prostantibus dictum et alibi. Dictum et autem χοιροπωλῶ, novo quidem verbo quod nobis indicat quæstum facere corpore.
[137] Λεσβιάζειν. Lesbiari. La Lesbienne. Antiquitus polluere dicebant. Eras., 731. χοῖρος enim cunnum significat (quæ combibones jam suos contaminet Aristophanes in Vespis.) Eras., 731. Aiunt turpitudinem quæ per os agitur, fellationis opinor, aut irrumationis primum a Lesbiis auctoribus fuisse profectam: et apud illos primum omnium fœminam tale quiddam passam esse.—Ainsi le talent caractéristique des Lesbiennes étoit de gamahucher; d’où mihi at videre labda juxta Lesbios. Aristoph., λάβδα Λεσβίους fellatrix.) La fellatrice qui suce le gland, étoit encore une epithete des Lesbiennes où c’étoit la mode de commencer par cette cérémonie. Eras., 800. Fellatriam indicat... quæ communis Lesbiis quod ei tribuitur genti, etc.
N. B.—Il y avoit, il y a quelques années, à Paris, une fille charmante, née sans langue, qui parloit par signes avec une adresse étonnante, et s’étoit vouée à ce genre de prostitution. M. Louis l’a décrite sous le titre d’aglossostomographie.
[138] Χαλκιδιζειν. Chalcidissare. Eras., Gens (Chalcidicenses), male audisse ob fœdos puerorum amores.
[139] Φικιδίζειν. Phicidissare. Se faire lécher les testicules par de jeunes chiens. (Suétone.)
[140] Σιφνιάζειν. Siphniassare. (Plein, liv. IV, 12). Eras., 690. Pro eo quod et manum admovere postico, sumptum esse à moribus siphniorum.
[141] Κλειτοριαζειν. Eras., 619. De immodica libidine. Unde natum proverbium, non satis liquet. Libidinosa contrectatio.
[142] Phœnicissantes labra rubicunda sibi reddebant: sic Lesbiassantes alba labra semine.
Martial, lib. I.—Cunnum carinus lingit et tamen pallet.
Catullus ad Gellicum.—
[143] Hier. Mercurial.
[144] Quotidie ac palam.—Arterias et fauces pro remedio fovebat.
[145] Hier. Merc., l. IV, p. 93.—Scribit Epiphanius fœminas semen et menstruum libare Deo, et deinde potare solitas.
[146] Ce passage de Hic et Hec a été pillé par l’auteur de Mylord l’Arsouille (voir l’Introduction).
[147] Maquerelle connue, rue Sainte-Anne, butte Saint-Roch. (Note de l’auteur.)
TABLE DES MATIÈRES
| Introduction | 7 |
| Essai bibliographique | 29 |
| Erotika Biblion | 35 |
| Annotations dites du Chevalier de Pierrugues | 171 |
| LE LIBERTIN DE QUALITÉ | |
| Madame Honesta, la Présidente et l’Américaine | 213 |
| La Duchesse | 226 |
| Musique | 233 |
| Mariage | 236 |
| HIC ET HEC | |
| Les Chevaux neufs | 245 |
| La vieille Sara | 251 |
| Aurore | 257 |
| Le Chien après les Moines | 261 |
| LE RIDEAU LEVÉ OU L’ÉDUCATION DE LAURE | |
| L’Enfance de Laure | 265 |
| Éducation philosophique | 271 |
| LE DEGRÉ DES AGES DU PLAISIR | |
| Tableau de Paris | 279 |
| La Patronne | 281 |
| Les trois métamorphoses | 283 |
BIBLIOTHÈQUE DES CURIEUX
4, rue de Furstenberg—PARIS
Extrait du Catalogue
Les Maîtres de l’Amour
Collection unique des œuvres les plus remarquables des littératures anciennes et modernes traitant des choses de l’amour.
Le Coffret du Bibliophile
Jolis volumes in-18 carré tirés sur papier d’Arches (exemplaires numérotés).
Chroniques Libertines
Recueil des «indiscrétions» les plus suggestives des chroniqueurs, des pamphlétaires, des libellistes, des chansonniers, à travers les siècles.
| Les Demoiselles d’amour du Palais-Royal, par H. Fleischmann | 7 50 |
| La vie libertine de Mlle Clairon, dite «Frétillon» | 7 50 |
| Les Amours de la Reine Margot, par J. Hervez | 7 50 |
| Mémoires libertins de la Comtesse Valois de la Mothe (Affaire du Collier) | 7 50 |
| Marie-Antoinette libertine, par H. Fleischmann | 7 50 |
| Chronique scandaleuse et Chronique arétine au XVIIIe siècle | 7 50 |
L’Histoire romanesque
| La Rome des Borgia, par Guillaume Apollinaire | 9 » |
| La Fin de Babylone, par Guillaume Apollinaire | 9 » |
| Les Trois Don Juan, par Guillaume Apollinaire | 9 » |
Les Secrets du Second Empire
| Napoléon III et les Femmes, par H. Fleischmann | 7 50 |
| Bâtard d’Empereur, par H. Fleischmann | 7 50 |
La France Galante
| Mignons et Courtisanes au XVIe siècle, par Jean Hervez (épuisé). | |
| La Polygamie sacrée au XVIe siècle | 15 » |
| Ruffians et Ribaudes, par Jean Hervez | 8 50 |
Chroniques du XVIIIe Siècle
par Jean Hervez
D’après les Mémoires du temps, les Rapports de police, les Libelles, les Pamphlets, les Satires, les Chansons.
| I. | La Régence galante (épuisé). | |
| II. | Les Maîtresses de Louis XV | 15 fr. |
| III. | La Galanterie parisienne sous Louis XV (épuisé). | |
| IV. | Le Parc aux Cerfs et les Petites Maisons galantes de Paris (épuisé). | |
| V. | Les Galanteries à la Cour de Louis XVI | 15 » |
| VI. | Maisons d’amour et Filles de joie | 15 » |
Le Catalogue illustré est envoyé franco sur demande