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L'oppidum de Bibracte: Guide historique et archéologique au Mont Beuvray; d'après les documents archéologiques les plus récents

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IV EXTÉRIEUR DE L'OPPIDUM

Nous ne citerons que pour mémoire différentes lignes de retranchements échelonnés sur les flancs de la montagne.

En-dehors de l'oppidum, quelques plateaux placés sur les contreforts, devaient être occupés au moins en temps de guerre. Ils n'ont point été explorés.

On sait que dans le système gaulois chaque tribu faisait bande à part. Ainsi César rapporte, qu'autour de Gergovie, les Gaulois avaient couvert la montagne de camps particuliers: Galli usque ad murum oppidi collem compleverant.

Ce mode de campement n'a rien que de très naturel, si l'on songe que les oppidum étaient un lieu de refuge universel et que l'occupation des mamelons était nécessaire pour garantir les abords de la place.

Tels étaient à Bibracte: le mont Glandure au N., le Plat des Gaulx à l'E., le Ceris et le mont Audué au S. qui forment une longue et étroite chaussée dominant d'une part la vallée de Malvaux, et la route taillée dans le roc qui longe cette vallée, et de l'autre les voies et passages qui conduisent à l'oppidum du côté du sud-est.

La chaussée se termine par un promontoire qui commande la vallée de la Roche-Milay et le cours de la Séglise. C'est au milieu de cette crête qu'est situé le rocher dit du Pas de l'âne, au sommet duquel se trouve une petite excavation ordinairement remplie par les eaux pluviales.

Cette cuvette qui--selon toute apparence--était l'objet d'une vénération particulière chez les Gaulois a été transformée, par la légende chrétienne en une empreinte du pas de l'âne de Saint-Martin.

L'apôtre, poursuivi jusqu'en ce lieu par les païens, aurait fait franchir d'un bond à sa monture toute la vallée de Malvaux, et serait allé s'abattre au Foudon, où l'on montre une autre pierre de Saint-Martin.

Les villageois attribuent à l'eau qui séjourne dans le creux du rocher, la même vertu qu'à celle de la fontaine St-Pierre. On s'en sert comme d'un préservatif contre les fièvres, et il n'est pas rare d'y rencontrer des pièces de monnaie, des oeufs ou autres offrandes. Les pauvres seuls ont le droit d'y toucher; car celui qui, sans nécessité, y porterait la main, prendrait la maladie dont a été guéri le donateur.

NOTES:

[Note 1: L'influence grecque dans les poteries et dans les quelques objets de métal trouvés dans les fouilles du Beuvray, est tellement évidente qu'il n'est pas possible de supposer aux Éduens d'autres instituteurs dans les arts que les Grecs et les Marseillais.]

[Note 2: Ce passage de Pline, quoique postérieur de plus de cent ans à l'époque dont nous parlons, n'en est pas moins probant, car plusieurs des espèces de marne que cite cet auteur ont des noms gaulois.]

[Note 3: Voir ce qui est relatif à l'émaillerie gauloise au paragraphe de la Come-Chaudron.]

[Note 4: Caesar. Bell. Gall. I, 22.]

[Note 5: Caesar, Bell. Gall.VII, 55.]

[Note 6: Caesar, Bell. Gall. VII, 55.]

[Note 7: Caesar. Bell. Gall. VII, 63.]

[Note 8: Caesar. Bell. Gall. VII, 90.]

[Note 9: Hirt. Bell. Gall. VIII, 2.]

[Note 10: Tandis que le fond de la nation française est de race celtique, la langue française n'a conservé qu'un nombre insignifiant de mots qui puissent être ramenés à une origine gauloise. Fait bien étrange et qui mieux encore que l'histoire politique montre combien fut absorbante la puissance romaine. (A. Brachet, Grammaire historique, p. 21.)]

[Note 11: Celui de Germanus est fort rare et ne se trouve que dans les quartiers pauvres.]

[Note 12: Voir pour la discussion de ce texte le remarquable travail de notre savant collègue, M. Roidot, président du tribunal d'Autun. (Mémoires de la Société Éduenne, t. I de la nouvelle série, p. 274.)]

[Note 13: On a identifié quelquefois la forteresse gauloise de Bibracte avec Augustodunum, ville essentiellement romaine. Edme Thomas, entre autres, n'admet pas que «Bibracte Eduorum ait été placée sur ce petit désert qu'on appelle Beuvray.» «Si Beuvray était l'antique Bibracte--s'écrie naïvement le bon chanoine--ne devrait-on pas y retrouver les traces de sa grandeur ... des ruines de temples, de palais, de théâtres, de portiques, de pyramides, de sépulcres, de colonnes, de statues, d'aqueducs?... etc.» (Edme Thomas, Histoire de l'antique cité d'Autun. p. 11 de la nouvelle édition.) Les moeurs et les institutions gauloises mieux connues, l'étude de la numismatique locale, les recherches de la philologie moderne, l'exploration des retranchements du Beuvray, et surtout les fouilles poursuivies depuis tantôt dix ans, ont fait justice d'une erreur accréditée par des érudits qui rêvaient de villes gauloises bâties sur le modèle de Rome et d'Athènes.]

[Note 14: Bibracte est le plus grand oppidum gaulois conçu. Le mur païen de Sainte-Odile (Alsace), Alexia, Gergovie, ont à peine cent hectares de superficie.]

[Note 15: Ce temple était vraisemblablement dédié à la Dea Bibracte, fée des sources du Beuvray.]

[Note 16: Ce puits était évidemment une cachette où furent déposés par les derniers adorateurs de la déesse Bibracte les ex voto du temple du Beuvray, lors de sa destruction par saint Martin.]

[Note 17: Parmi les débris de poteries romaines, on en a trouvé un marqué du monogramme du Christ.]

[Note 18: Voir, pour plus de détails, Le culte des eaux sur les plateaux éduens, par M. J.-G. Bulliot. (Collection des mémoires lus à la Sorbonne 1867, archéologie, p. 11.)]

[Note 19: Le nom conservé à telle pierre se prête de lui-même à notre interprétation: la wivre est un serpent fantastique. La Fontaine des Larmes a une signification analogue: dans le Morvan, l'usage de prêter serment sur certaines pierres paraît avoir existé de tout temps, et l'on admettait jadis que quand un parjure étendait la main la pierre suintait de l'eau. En Bretagne, les Kerguelvans ou pierres des larmes sont très communes, et on leur attribue la même vertu. La Fontaine des Larmes se retrouve du reste dans un grand nombre d'oppidum gaulois, parmi lesquels nous pouvons citer le mur païen de la montagne de Sainte-Odile (Alsace).]

[Note 20: Le Senchus-Mor, recueil de lois irlandaises dont quelques-unes remontent à deux siècles avant l'ère chrétienne, porte entre autres: «Celui qui coupe la bride d'un chef pendant le conseil doit payer la valeur des dommages d'honneur aux sept plus nobles personnages de la réunion.»--«Celui qui mine le tertre appelé lieu d'assemblée devra remplir de lait le trou qu'il aura fait.»]

[Note 21: Voir pour plus de détails l'Art de l'Émaillerie chez les Éduens avant l'ère chrétienne, par MM. J.-G. Bulliot et Henry de Fontenay, Autun, 1875.]

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