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La Mort

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CHAPITRE IV
L'HYPOTHÈSE THÉOSOPHIQUE

I

Mais, avant d'aborder ces questions, il conviendrait, peut-être, d'étudier deux solutions intéressantes, sinon nouvelles, du moins renouvelées, du problème de la survivance personnelle. J'entends parler des théories néo-théosophiques et néo-spirites, qui sont les seules, je pense, qu'on puisse sérieusement discuter. La première est presque aussi vieille que l'homme; mais un mouvement d'opinion, assez intense en certains pays, a rajeuni et remis en lumière la doctrine de la réincarnation ou de la transmigration des âmes. On ne saurait nier que de toutes les hypothèses religieuses, la réincarnation est la plus plausible et celle qui choque le moins notre raison. Elle a pour elle, ce qui n'est pas négligeable, l'appui des religions les plus anciennes et les plus universelles, celles qui ont incontestablement fourni à l'humanité la plus grande somme de sagesse et dont nous n'avons pas encore épuisé les vérités et les mystères. En réalité, toute l'Asie, d'où nous vient presque tout ce que nous savons, a toujours cru et croit encore à la transmigration des âmes. «Il n'est pas, dit fort justement Annie Besant, l'apôtre remarquable de la Théosophie nouvelle, il n'est pas une doctrine philosophique qui ait derrière elle un passé aussi magnifique, aussi chargé d'intellectualité que la doctrine de la réincarnation. Il n'en est pas qui, autant qu'elle, ait pour elle le poids de l'opinion des hommes les plus sages; il n'en est pas, comme l'a déclaré Max Müller, sur laquelle se soient aussi complètement accordés les plus grands philosophes de l'humanité.»

Tout cela est parfaitement exact. Mais, pour emporter aujourd'hui nos défiantes convictions, il faudrait d'autres preuves. J'en ai vainement cherché une seule parmi les meilleurs écrits de nos modernes théosophes. Tout se borne à des affirmations réitérées et péremptoires qui flottent dans le vide. Le grand, le principal et, pour tout dire, le seul argument qu'ils invoquent n'est qu'un argument sentimental. Ils soutiennent que leur doctrine où l'esprit, dans ses vies successives, se purifie et s'élève plus ou moins rapidement selon ses efforts et ses mérites, est la seule qui satisfasse l'irrésistible instinct de justice que nous portons en nous. Ils ont raison, et, à ce point de vue, leur justice d'outre-tombe est incomparablement supérieure à celle du ciel barbare et du monstrueux enfer des chrétiens où sont éternellement récompensées ou punies des fautes ou des vertus le plus souvent puériles, inévitables ou fortuites. Mais ce n'est là, je le répète, qu'un argument sentimental, qui, dans l'échelle des preuves, n'a qu'une valeur minime.

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