La pénétration saharienne (1830-1906)
En même temps que s’effectuaient avec autant de bonheur que d’activité ces opérations de police, à l’abri de notre puissance militaire, tous les procédés pacifiques étaient mis en œuvre pour assurer définitivement notre influence. Le chemin de fer du Sud-Ouest a été poussé dans ces dernières années avec une grande activité. En réalité, il eût fallu, ainsi que l’a dit M. Etienne[357], opérer comme les Anglais dans leur marche sur Khartoum et poursuivre notre voie ferrée en même temps que nos colonnes avançaient : c’eût été une grande économie. En 1900, la ligne de pénétration de l’Oranie atteignait Djenien-bou-Rezg. La mise en chantier du tronçon suivant, de Djenien à Duveyrier-Zoubia (33 kil.), au confluent de l’Oued Dermel et de l’Oued Douis, suivait immédiatement et, le 31 août 1901, ce tronçon était ouvert à son tour. Le 2 août 1903, la voie ferrée s’avançait jusqu’à Beni-Ounif (27 kil.), à 4 kil. de Figuig. On laissait de côté l’oasis mais on s’en rapprochait assez pour que les ksouriens pussent profiter des facilités commerciales que leur offrait le chemin de fer. C’est ce qu’ils ne manquaient pas de faire, et Beni-Ounif devenait aussitôt un centre de transactions important. Le 4 février 1905, on ouvrait la section de Beni-Ounif à Ben-Zireg (61 kil.), et le 3 juillet 1905 la locomotive arrivait à Colomb[358] (51 kil.), à 744 kil. du littoral. En même temps le télégraphe était posé jusqu’à Forthassa d’un côté, Beni-Abbès de l’autre.
Une fois à Colomb-Bechar, la question se pose de savoir si la ligne doit être prolongée par la vallée de l’Oued-Guir dans la direction du Gourara et du Touat, comme on en avait d’abord eu le projet, ou si elle ne doit pas plutôt, dans un avenir plus ou moins lointain, s’orienter vers l’Oued Draa et l’Atlantique. Quel que doive être le sort futur des projets de Transsaharien, on s’est décidé à agir au lieu de discuter, et à commencer par le commencement : poser le rail et assurer la sécurité des confins militaires de l’Algérie. Dès à présent, la voie ferrée remplit vis-à-vis de la Zousfana le rôle de protection en vue duquel elle a été essentiellement construite.
Le commerce a d’ailleurs pris un développement assez notable dans cette région entre Zousfana et Oued-Guir, beaucoup moins misérable que l’archipel touatien. Un décret du 1er février 1902, complétant celui du 17 décembre 1900 qui avait autorisé l’entrée en franchise de certains produits destinés à traverser le territoire algérien pour se répandre dans le Sahara, exemptait des droits de douane et d’octroi de mer les marchandises suivantes transitant par Aïn-Sefra et Djenan-ed-Dar : les toiles de coton pur, unies, écrues ou blanchies pesant plus de 5 kilos aux 100 mètres carrés, les guinées originaires des établissements français de l’Inde et les thés de toute provenance.
Le marché franc ouvert à Beni-Ounif en 1903 est devenu rapidement un centre de transactions important, qui attire le commerce non seulement des habitants de Figuig, mais de toutes les populations environnantes. En 1904, le chiffre des transactions s’y est élevé à 696.000 francs[359]. Les commerçants européens qui ont ouvert la voie ont été bientôt suivis par les indigènes. A côté du mouvement croissant des caravanes, le commerce de détail a suivi une marche ascendante très rapide. Les nomades ont appris le chemin de Beni-Ounif et y ont amené plus de 20.000 moutons. Cette œuvre de pénétration commerciale du Sud-Marocain fait le plus grand honneur à notre armée et au Gouverneur général de l’Algérie[360].
Quant aux oasis du Gourara, du Touat et du Tidikelt, elles sont et demeureront de bien pauvres contrées. La population, que M. Sabatier estimait jadis à 400.000 habitants, ne dépasse pas 60.000 individus, qui meurent littéralement de faim. Notre occupation a modifié l’essence même des transactions[361] ; le commerce en boutique s’est substitué au commerce de caravanes, le commerce de vente et d’achat contre argent au commerce d’échanges. La ligne Gabès-Ouargla-In-Salah tend à submerger la ligne Ghadamès-In-Salah ; d’autre part, les relations avec l’Oranie ont diminué. Notre installation a achevé de faire disparaître le commerce des esclaves, et les dattes ne trouvent plus que difficilement preneur. Aussi conseille-t-on aux ksouriens de développer leurs cultures de céréales et de légumes. Des puits artésiens ont été creusés au Tidikelt : les feggaguir ont été refaites partout. Mais on n’augmentera pas indéfiniment les ressources en eau et on n’améliorera que très lentement les terres de culture dans un pays où les matières de fumure et d’amendement artificiel font défaut. Quant aux gisements de nitrate sur lesquels on fondait des espérances, bien qu’on ne soit pas entièrement fixé sur le point de savoir s’ils s’enrichissent en profondeur, ils ne semblent pas jusqu’ici avoir une réelle importance[362].
Grâce à notre situation nouvelle dans le Sahara et dans le Sud-Ouest, d’intéressantes reconnaissances ont pu être accomplies, qui nous ont procuré de précieux renseignements géographiques. En 1901 et 1902, le commandant Pierron, le capitaine Regnault, les lieutenants Cabon, Huot, Niéger, Rousseau ont levé des itinéraires, déterminé des positions, reconnu des points d’eau et des pistes dans la région située à l’ouest de la Zousfana-Saoura dans la direction de Tabelbalet et du Tafilelt, sur la rive droite du Guir, dans les massifs montagneux situés à l’ouest de Figuig[363]. Nous avons parlé plus haut de la reconnaissance du capitaine Flye-Sainte-Marie dans la direction de Tindouf.
De ces explorations et reconnaissances, ainsi que de celles qui ont été effectuées dans les régions nouvellement occupées, sont sorties des publications cartographiques intéressantes : la carte des Oasis sahariennes du commandant Laquière[364], celle du lieutenant Niéger[365] et la carte provisoire de l’Extrême-Sud de l’Algérie (partie occidentale) à 1/800.000e, dressée par ordre de M. Jonnart, Gouverneur général, et exécutée par le capitaine Prudhomme, du Service géographique de l’armée[366]. Cette carte est limitée au Nord par le parallèle de Si-el-Hadj-Eddine, à l’Ouest par l’Oued-Guir et l’Erg-er-Raoui jusqu’à Tabelbala, au Sud par le Mouydir septentrional, à l’Est par le méridien 3° 30′, légèrement à l’Est d’Ouargla.
M. Emile F. Gautier professeur à l’école supérieure des Lettres d’Alger, connu par ses explorations antérieures à Madagascar, a fait connaître[367] les grands traits de la géographie physique de la région qui s’étend au sud de Figuig, le long des oueds Zousfana et Saoura, et de la sebkha du Gourara. Au point de vue géologique, le Sahara commence exactement au Djebel-Moumen, à Ksar-el-Azoudj : c’est là qu’on quitte les sierras secondaires de l’Atlas pour les hammadas primaires du Sahara, constituées ici par le calcaire carboniférien horizontal. Au-delà d’Igli se montrent les terrains dévoniens en couches très plissées, qui paraissent représenter, selon l’expression employée pour la première fois par M. Flamand, une ancienne chaîne hercynienne. M. Emile F. Gautier déclare[368] que la cuvette du Touat n’existe pas, au moins en tant que bassin fermé où viennent mourir l’Oued-Saoura et l’Oued-Botha. A l’ouest du Touat, au lieu d’un fond de lac desséché, on trouve un grand réseau quaternaire dont l’artère principale était l’Oued-Messaoud (Oued-Saoura prolongé). Tous les oueds descendant de l’Ahaggar et de l’Atlas (y compris ceux du Tafilelt) convergeraient vers les salines de Taoudeni.
M. Edmond Doutté, qui accompagnait la commission franco-marocaine de 1902, a publié de très intéressantes notes sur Figuig et ses habitants[369]. Le capitaine Flye-Sainte-Marie a consacré à la situation économique du Touat une étude approfondie et impartiale[370].
II
Ainsi, depuis 1900, en l’espace de cinq ans, nous nous sommes établis dans les oasis sahariennes, puis dans la Zousfana et la Saoura, et en dernier lieu à l’ouest du Bechar. Enfin la question touareg s’est trouvée résolue à la suite de l’occupation d’In-Salah. On l’avait toujours prédit : « les Touareg n’étaient forts que de notre apparente faiblesse. » Des témoignages autorisés évaluaient à 1.000 ou 1.200 hommes le nombre de guerriers Hoggar, à 300 celui des Azdjer. Armés de lances et de fusils à pierre, impuissants à se concentrer sur un point donné à cause des distances, des difficultés d’eau et de pâturage, ils ne devaient pas tenir devant quelques centaines d’Européens, et un très faible effort suffisait pour les réduire. La grosse difficulté à vaincre au Sahara ne vient pas des hommes, mais de l’espace ; les officiers des oasis sahariennes ont forgé très rapidement l’instrument propre à en triompher : ce sont les méharistes des compagnies sahariennes, qu’on a très bien définis « une tribu nomade militairement encadrée »[371] ; ils nomadisent comme les Touareg eux-mêmes, mais sont assez forts pour pouvoir le faire partout et en tout temps.
Dès que notre installation à In-Salah fut consolidée[372], les investigations des officiers se portèrent sur le massif de l’Ahaggar. Au printemps de 1902, le lieutenant Cottenest[373] envoyé à la poursuite d’un rezzou de Touareg qui avait dévalisé quelques indigènes du Tidikelt, fit le tour de ce massif en passant par Idelès, Tazerouk, Tarhahaout, Tamanrasset, Tit et In-Amdjel. Le 7 mai, il fut attaqué, à Tit, par 300 Touareg qu’il mit en fuite après leur avoir infligé de grosses pertes. Le combat de Tit eut pour effet de faire constater aux Touareg notre puissance. C’est incontestablement à l’impression salutaire qu’il a produite qu’est due en grande partie la tranquillité dont nous avons joui par la suite. Du 16 mai au 15 juin 1902, le chef d’escadron Laperrine[374], commandant militaire des Oasis sahariennes, s’étant porté au devant du lieutenant Cottenest revenant de sa tournée, en profita pour reconnaître le plateau du Mouydir, qu’il traversa par Arak, Tadjemout et l’Oued el Abiod.
Le 1er octobre 1902, le lieutenant Guillo-Lohan[375] partit d’In-Salah à la poursuite d’un groupe de Touareg qui étaient venus voler des chameaux dans l’Oued-Botha ; il fit le tour de l’Ahaggar par un itinéraire légèrement différent de celui du lieutenant Cottenest[376]. Il passa par Irhafok, Idelès, Tazerouk, Tin-Tarabin, Aïtoklan, Tarhahaout, Tamanrasset, In-Amdjel.
Au mois de janvier 1903, le commandant Laperrine alla d’In-Salah à In-Zize par le Mouydir et revint à Akabli par l’Adrar-Ahnet.
Ces diverses reconnaissances se sont faites de la façon la plus pacifique, sans que les Touareg, qui avaient sans doute reçu une leçon suffisante à Tit, aient cherché à s’y opposer. Notre attitude à la fois bienveillante et ferme, dans ces circonstances, a certainement contribué pour beaucoup à amener la soumission des Hoggar, qui étaient jusqu’alors le groupe réputé le plus hostile à notre domination. Certains désormais que nous pourrons devenir leurs maîtres par la force, il sont venus à nous non pas en vaincus implorant le pardon, mais en adversaires qui reconnaissent la valeur de la leçon reçue et qui acceptent simplement la réconciliation offerte. Le 20 janvier 1904, l’amenokal Moussa-ag-Amastan est venu se présenter au capitaine Métois, chef de l’annexe du Tidikelt. La soumission des Hoggar avait été précédée de celle des Kel-Ouï et des Ifoghas de l’Adrar. Seuls quelques groupes infimes de Hoggar sont demeurés irréductibles ; ce sont en général ceux qui, se groupant autour du chef Tissi-ag-Chikat, ont été le plus compromis dans le massacre de la mission Flatters et dans quelques autres événements dont nous avons conservé le souvenir. Ils craignent que nous ne puissions pas oublier le rôle odieux qu’ils ont joué dans ces circonstances.
C’est ce groupe hostile qui est allé rejoindre les Azdjer et qui a organisé, avec la complicité de ces derniers, quelques coups de mains à la suite desquels une opération de police fut jugée nécessaire. Au mois de juin 1903, deux reconnaissances furent dirigées simultanément d’Ouargla et d’In-Salah contre les campements de ces Touareg rassemblés dans la région de Tarat. La première, commandé par le capitaine Pein, passa par Temassinin et Aïn-el-Hadjadj ; la seconde, sous les ordres du lieutenant Besset, prit la route d’Amguid. Dans cette tournée, le lieutenant Besset raccorda son itinéraire à celui de la mission Foureau-Lamy à Hassi-Tikhammar[377]. Les Touareg n’attendirent pas nos contingents et se dispersèrent avant leur arrivée.
Une autre reconnaissance importante a été accomplie à la fin de l’année 1904 dans le pays des Azdjer par le capitaine Touchard, chef du bureau des Affaires indigènes de Touggourt. Déjà, en 1903, cet officier avait été chargé d’achever et de compléter la ligne de puits commencée en 1899 dans le Gassi de l’Igharghar, entre Fort-Lallemand et Temassinin, par le commandant Pujat, et d’édifier un petit bordj en ce dernier point. Mais cette entreprise n’avait pu être complètement réalisée, en raison principalement d’une tentative des Azdjer qui avait inquiété nos travailleurs et leur avait fait perdre un temps précieux. Le projet fut repris en 1904 ; les travaux commencés furent, cette fois, menés à bien et on les compléta par le forage d’un puits artésien à proximité du nouveau bordj de Temassinin, qui reçut le nom de Fort-Flatters. Pendant l’exécution de ces travaux, le capitaine Touchard, avec un goum du cercle de Touggourt, parcourait sans encombre la région comprise entre l’Oued Erineren et l’Oued Mihero, la plaine d’Admar jusqu’à Djanet, puis la vallée de l’Oued Mihero. Durant son séjour au Tassili, il obtenait la soumission de trois fractions des Azdjer. Sa présence à Djanet, petite oasis comprenant six ksour peuplés d’environ 1.200 habitants, était l’affirmation de nos droits sur cette localité.
Telles ont été jusqu’ici les étapes de la pacification. En somme, sauf le combat de Tit du 7 mai 1902, aucune manifestation hostile ne s’est produite depuis la prise d’In-Salah. Sans doute, il ne faudrait pas en conclure qu’il n’y aura plus au Sahara aucune affaire, aucun rezzou, mais les procédés du lieutenant-colonel Laperrine et de ses collaborateurs ont montré leur efficacité pour y remédier et la question touareg est aujourd’hui résolue.
Notre domaine d’Afrique occidentale était constitué dans ses grandes lignes en 1900 ; cependant une rectification à l’accord de 1898, survenue par la convention du 8 avril 1904, recule vers le Sud la frontière tracée autour du Sokoto, et permet ainsi la communication entre nos postes du Niger et du Tchad, jusque-là très difficile. De fréquents changements ont été opérés dans l’organisation administrative de nos colonies soudanaises, changements qui se comprennent, parce que l’étendue, la valeur, le centre de gravité de ces colonies se sont peu à peu déplacés. Les différents tronçons se sont soudés ; comme l’a dit M. le Gouverneur général Roume, « l’Afrique occidentale française est devenue une réalité, et une réalité vivante. »
La pénétration saharienne du côté du Soudan a également été poursuivie avec une remarquable activité dans ces dernières années, et les résultats obtenus ont été considérables. En 1900, Paul Blanchet, accompagné de M. Dereims et du lieutenant Jouinot-Gambetta, explorait l’Adrar de l’Ouest. Chez les tribus Maures qui vivent entre le Sénégal et l’Oued-Noun, Coppolani, poursuivant l’œuvre commencée par lui en 1898, avait réussi en 1902 et 1903 à amener l’annexion pacifique des régions Trarza et Brakna ; en 1904, investi du titre de commissaire du gouvernement général en Mauritanie, il avait pour objectif le Tagant et l’Adrar, et l’annexion du Tagant était considérée comme faite lorsque, le 12 mai 1905, il fut assassiné à Tidjikja. M. Roume envoyait immédiatement le colonel Montané-Capdebosc à Tidjikja et donnait l’assurance que l’œuvre entreprise par Coppolani avec tant de dévouement ne serait pas interrompue par sa mort tragique[378]. Sans doute cette œuvre serait singulièrement facilitée si elle se combinait avec des efforts de pénétration par la côte Atlantique, par exemple par la baie du Lévrier.
Dans la région de Tombouctou, les Kounta sont entièrement soumis et l’amenokal des Touareg Aoulimmiden, Fihraouen, est venu le 3 février 1903 faire sa soumission à Tombouctou ; les Touareg du Sud reçoivent désormais les instructions du poste de Gao.
La politique suivie à Zinder par le colonel Peroz, le commandant Gouraud et le colonel Noël nous a concilié les Kel-Ouï et ramené les Kel-Gherès, qui sont en relations avec le poste de Thaoua. Un détachement parti de Zinder est parvenu à Agadès, d’où l’on peut surveiller les routes commerciales jusqu’à Bilma, tandis que les reconnaissances algériennes ont atteint, comme on l’a vu, Djanet. Bientôt sans doute les Azdjer suivront l’exemple que leur ont déjà donné les autres groupes de Touareg et viendront à composition.
Au Tchad enfin, la puissance des successeurs de Rabah a été définitivement anéantie et la région du Chari pacifiée. Le Kanem a été dégagé des hordes du cheikh El-Mahdi-Senoussi, à la suite de la prise de la zaouïa de Bir-Alali par le commandant Tétart en 1902. Seule la question du Ouadaï donne encore de ce côté des inquiétudes[379].
Ainsi, de toutes parts, le Sahara et ses habitants sont enserrés dans les mailles de notre réseau d’exploration. Restait à effectuer la jonction de l’Algérie et du Soudan[380]. Rien ne pouvait plus s’opposer à cette liaison du Tidikelt au Niger, que les coloniaux réclamaient depuis longtemps. La question était virtuellement résolue depuis que les compagnies sahariennes avaient eu raison du fantôme touareg et que le commandant Laperrine s’était rendu à In-Zize en 1903. En 1904, deux reconnaissances, parties l’une du Nord, l’autre du Sud, se rencontraient au cœur du Sahara. Le détachement du Sud, sous la conduite du capitaine Théveniaut, parti de Bourroum, avait remonté l’Oued-Tilemsi, dont la vallée forme la voie la plus directe et la mieux fournie en pâturages pour se rendre à Teleyet, le principal centre visité[381]. Le groupe du Nord, dirigé par le commandant Laperrine, avait passé par In-Zize et Timissao. Le 18 avril, ils firent leur jonction au puits de Timiaouine, à 150 kilomètres environ de Timissao. Le commandant Laperrine alla ensuite jusqu’au puits de Tin-Zaouaten, situé par 19° 45′ de latitude Nord et 1° de longitude Est. Les deux détachements se séparèrent enfin et revinrent à leur point de départ.
En 1905, M. Etiennot[382], inspecteur des postes, chargé d’étudier l’établissement d’une ligne télégraphique entre le Tidikelt et Tombouctou, se mettait en route vers l’Ahaggar avec une escorte saharienne fournie par le lieutenant-colonel Laperrine et commandée par le capitaine Dinaux, chef de l’annexe du Tidikelt. Sidi-ag-Gueradji, chef des Taïtoq, accompagnait la mission. Bientôt rejointe par M. Emile F. Gautier et par M. Chudeau, professeur au lycée de Constantine, elle gagnait par une route nouvelle l’Adrar-Ahnet et de là In-Zize, où elle arrivait le 16 juin. M. Etiennot, poursuivant l’étude de la ligne télégraphique jusqu’à Tin-Zaouaten, revenait aux oasis par l’Ahaggar et rentrait à In-Salah le 27 août. M. Gautier, se séparant de ses compagnons le 13 juillet, à l’Oued-Tougsemin, près de Timiaouine, continuait à travers l’Adrar des Ifoghas et l’Oued-Tilemsi, et arrivait le 18 août à Gao sur le Niger, d’où il rentrait en Europe par Tombouctou. Enfin M. Chudeau explorait la Koudia de l’Ahaggar, suivant, de Timissao à Silet, un itinéraire entièrement nouveau, et gagnait Zinder en passant par l’Aïr. Le fait que deux professeurs de l’Académie d’Alger ont ainsi effectué un voyage d’études transsaharien marque la transformation profonde qui s’est opérée en peu d’années au Sahara français.
En 1906, une petite troupe soudanaise, commandée par le capitaine Cauvin, de l’infanterie coloniale, s’est rendue, accompagnant une caravane de Berabich, de Tombouctou à Taoudeni, dont les salines, possédées à peu près par moitié par les gens de Tombouctou et par ceux de Tamgrout, dans l’Oued Draa, approvisionnent tout l’Ouest du Sahara. Il n’est donc pas sans importance que nous ayons fait acte de présence et d’autorité sur ce point. Les méharistes des Territoires du Sud de l’Algérie ont concouru à cette occupation.
Indépendamment des résultats politiques, les résultats scientifiques ont été considérables. Nous possédons actuellement un excellent canevas de tout le pays compris dans notre zone d’influence jusqu’à la limite méridionale de l’Ahaggar. Le lieutenant Cottenest ayant perdu à l’affaire de Tit ses notes et ses instruments, une partie des résultats de son voyage ne nous a pas été connue. Mais le lieutenant Guillo-Lohan a rapporté de sa reconnaissance des documents géographiques abondants. Il a reconnu le point culminant du massif de l’Ahaggar, le pic d’Ilamane, aiguille de trachyte de 3.000 mètres d’altitude. Le capitaine Pein a trouvé, comme jadis M. Foureau, le lac Menghough désséché, ce qui prouve que la mission Flatters[383] s’était trompée en y voyant un redir permanent. Le lieutenant Besset a rapporté de nombreux documents géologiques, qui ont été étudiés, ainsi que ceux de MM. Cottenest et Guillo-Lohan, par M. G.-B.-M. Flamand ; grâce à des échantillons recueillis par le capitaine Cottenest et provenant d’Hassi-el-Kheneg, à 110 kil. au sud-est d’In-Salah, dans la vallée de l’Oued-Botha, M. G.-B.-M. Flamand a reconnu[384] l’existence du terrain silurien dans le Sahara central, sous la forme de schistes à graptolites ; cette découverte vient à l’appui de celle qu’avait faite M. Foureau beaucoup plus à l’Est, et confirme en même temps les vues de M. Flamand sur l’alimentation par le Sud des feggaguir du Tidikelt. Des mêmes observations ressortent la superposition directe en discordance des assises gréseuses dévoniennes au substratum schisteux et la disposition subméridienne des chaînes hercyniennes de cette région du Sahara. Mêmes constatations par M. Emile F. Gautier, qui a accompagné le commandant Laperrine dans sa tournée de 1903, explorant le Mouydir et l’Ahnet, recueillant des fossiles, constatant la présence de nombreuses gravures rupestres[385].
Dans sa tournée de 1904, le commandant Laperrine[386] emmena M. Villatte, calculateur à l’Observatoire d’Alger, ancien membre de la mission Foureau-Lamy. M. Villatte a publié une très belle carte s’étendant du Tidikelt à l’Adrar des Ifoghas, œuvre excellente de géographie astronomique reposant sur la détermination de 60 positions importantes de latitude et de longitude[387]. Le Père de Foucauld, tout en continuant ses études de langue tamachek, recueillait le plus possible d’itinéraires par renseignements. Le lieutenant Besset, déjà initié à ce genre de recherches par son étude très sérieuse du Mouydir et de l’Ifetessen, s’occupait de la géologie des régions traversées. Le lieutenant Bricogne notait les renseignements sur la route ; le lieutenant Nieger était chargé de la topographie et levait l’itinéraire à 1/100.000e (2.500 kil., dont 2.000 nouveaux). La composition géologique de ces régions est très uniforme : grès dévoniens en discordance sur le massif schisto-cristallin, plis anticlinaux et synclinaux orientés Nord-Sud ; c’est l’extension aux plateaux du Sahara central de la disposition déjà reconnue pour le Tidikelt, le Mouydir et la partie nord-est de l’Ahaggar.
M. Emile F. Gautier, dans la région qu’il a parcourue en 1905, a constaté[388] l’extension énorme du silurien, extrêmement plissé et presque partout métamorphisé, accusant l’existence d’une grande chaîne calédonienne. D’après lui, d’importants effondrements postpliocènes se seraient produits au Sahara comme dans l’Afrique des grands lacs. M. Chudeau a cheminé à travers une pénéplaine silurienne et archéenne accidentée de saillies volcaniques.
Si les oasis de l’archipel touatien n’ont pas tenu plus qu’elles ne promettaient, c’est-à-dire peu de chose, en revanche les massifs touaregs dans leur ensemble sont peut-être un peu moins misérables qu’on ne le supposait ; ils renferment çà et là quelques pâturages et quelques traces d’anciennes cultures. M. Gautier a reconnu d’autre part que la limite méridionale du Sahara reste très au nord de Tombouctou ; tout l’Adrar des Ifoghas rentre dans le domaine de la steppe, à saison de pluies insuffisante, mais annuelle. Ces observations concordent avec celles de M. Villatte et de M. Chudeau ; ce dernier attribue à l’Aïr une valeur économique un peu plus grande que ne le pensait M. Foureau.
III
Ainsi, les questions qui se posaient au Sahara depuis tant d’années sont résolues ou sur le point de l’être. Aussitôt après l’occupation du Touat, la question s’est posée de savoir s’il ne conviendrait pas de donner à ces régions désertiques une organisation distincte, et quelle organisation. Nous ne pouvions raisonnablement prolonger indéfiniment vers le Sud nos trois provinces d’Oran, d’Alger et de Constantine ; il fallait bien en finir avec la division artificielle dans le sens de la longitude et lui substituer la division naturelle dans le sens de la latitude. D’autre part, l’Algérie venait d’être dotée d’un budget spécial et l’on ne pouvait faire supporter à ce budget les dépenses du Sud, qui, par leur nature même, constituent presque exclusivement des charges de souveraineté. Enfin on espérait par ce moyen exercer une surveillance plus étroite sur les crédits et mettre un terme aux dépenses exagérées comme celles qu’avait entraînées l’occupation du Touat. Le 23 décembre 1901, la Chambre adoptait une résolution de M. André Berthelot invitant le Gouvernement à étudier un projet d’organisation administrative et financière du Sud algérien[389]. La loi du 24 décembre 1902 constituait un groupement spécial, dénommé Territoires du Sud, dont l’administration et le budget devaient être distincts de ceux de l’Algérie. Elle fixait la limite septentrionale de ces territoires, leur accordait la personnalité civile, faisait du gouverneur général de l’Algérie leur gouverneur. En vertu de l’article 5 de la loi, chaque année le budget de la métropole accorde au budget du Sud une subvention, qui figure au budget de la Guerre ; ainsi le Parlement et l’opinion publique sauront exactement, par ce chiffre global, la somme des sacrifices qui leur sont demandés. Pour le surplus, la loi s’en remettait à des décrets rendus dans la forme de règlements d’administration publique. Ces décrets sont intervenus en date des 30 décembre 1903, 12 avril, 14 août et 12 décembre 1905[390] ; ils réalisent la séparation budgétaire, fixent la nature et la quotité des recettes et des dépenses civiles de ces territoires, déterminent leur organisation administrative et militaire et les pouvoirs du gouverneur général de l’Algérie en ce qui les concerne. Ces pouvoirs sont très étendus : le gouverneur y cumule les fonctions qu’exercent en Algérie le gouverneur général d’une part, et d’autre part le préfet ou le général de division dans les territoires de commandement. En matière militaire, le gouverneur général a le droit d’ordonner des mouvements de troupes, mais il doit faire passer ses ordres par l’intermédiaire du général commandant le XIXe corps. Les commandants militaires des territoires sont nommés par décret rendu sur la proposition des deux ministres de l’Intérieur et de la Guerre, sur une liste de présentation du Gouverneur.
Les territoires qui entrent dans la constitution de ce groupement distinct sont ceux qui se trouvent au sud des circonscriptions suivantes : cercle de Marnia, annexe d’El-Aricha, annexe de Saïda, cercle de Tiaret, annexe d’Aflou, cercle de Boghar, annexe de Chellala, annexe de Sidi-Aïssa, cercle de Bou-Saâda, annexe de Barika, poste de Tkout, cercle de Khenchela, cercle de Tébessa. Ces circonscriptions doivent être graduellement rattachées au territoire civil de l’Algérie.
Les Territoires du Sud sont divisés en quatre circonscriptions : les territoires d’Aïn-Sefra, des Oasis, de Ghardaïa et de Touggourt, subdivisés en cercles et annexes[391].
La limite nord des territoires sahariens étant tracée, il restait à définir leur limite méridionale. Les diverses autorités chargées d’assurer notre influence dans le Sahara ayant fini par opérer leur jonction, il fallait déterminer leurs zones d’action respectives. Quelques peuplades nomades de la région intermédiaire avaient déjà posé la question. On a vu des Hoggar, razziés par des gens du Niger, hésiter à aller demander protection aux Français de Tombouctou ; on a vu les Ifoghas craindre de froisser les susceptibilités des autorités de l’Afrique occidentale en venant faire leur soumission à In-Salah.
Le problème ainsi posé comportait deux solutions : la création d’un gouvernement du Sahara, ou le partage des territoires sahariens entre l’Algérie et le Soudan. La première solution semble au premier abord la plus simple. L’unification serait faite. Plus de conflits possibles entre colonies voisines, plus de doutes pouvant germer dans l’esprit de nos sujets. Mais où serait le centre de ce Gouvernement ? Où seraient ses voies d’accès et ses débouchés ? Forcément dans l’une des colonies déjà existantes. Il deviendrait donc tributaire de cette colonie, c’est-à-dire que le Sahara deviendrait une annexe de l’Algérie ou de l’Afrique occidentale française et alors on verrait cette anomalie, que les habitants de la banlieue d’In-Salah auraient leurs attaches administratives au Niger ou que les habitants de l’Adrar, proche de Tombouctou, seraient appelés à In-Salah pour le règlement de leurs affaires. En réalité, le Sahara n’a pas de vie propre ; il est trop pauvre pour exister par lui-même et reçoit l’impulsion et l’organisation des pays qui lui confinent au Nord et au Sud, Afrique du Nord et Soudan.
Dans ces conditions, on a préféré, pour le moment du moins, à répartir les populations sahariennes entre nos colonies, laissant à l’Algérie les Touareg du Nord et à l’Afrique occidentale ceux du Sud[392]. Cependant de bons esprits et des hommes aussi compétents que M. Foureau et M. Emile F. Gautier estiment que c’est là une solution provisoire ; que tôt ou tard l’entité géographique et ethnique que constitue le Sahara touareg deviendra une entité administrative distincte[393].
La limite de l’Algérie et du Soudan a été définie en juin 1905 par le ministre de l’Intérieur d’accord avec le ministre des Colonies. C’est du pays Hoggar que part la ligne qui sépare nos deux colonies, une section se dirigeant vers l’Est, l’autre, beaucoup plus longue, allant vers l’Ouest. Cette dernière part de la source de l’Oued-Tin-Zaouaten ; de là, elle suit la ceinture du bassin du Tilemsi jusqu’à son point le plus septentrional au sud d’In-Zize. La ligne séparative traverse ensuite le Tanezrouft occidental et va couper la route Marabouti-Taoudeni à mi-chemin environ entre ces deux points, pour se diriger ensuite directement vers le cap Noun. Dans la section Est, la ligne de démarcation part du faîte de l’Ahaggar pour suivre l’Oued Tin-Zaouaten jusqu’à sa perte dans le Tanezrouft occidental ; la ligne idéale traverse ce Tanezrouft en laissant la rive nord à l’Algérie et la rive sud à l’Afrique occidentale française ; elle coupe la frontière tripolitaine à peu près à mi-distance entre Ghat et le point où la route directe d’Agadès à Mourzouk franchit cette frontière. La limite ainsi indiquée pourra bien entendu recevoir des modifications lorsque le pays sera mieux connu.
Bien entendu aussi, cette limite n’est pas une frontière, encore moins une barrière. Ce partage doit aboutir en réalité à une unification, en faisant disparaître la seule cause susceptible de provoquer des conflits d’attributions ou d’influences. Lorsque chacun connaîtra ses droits, il les exercera normalement, sans arrière-pensée possible, sans à-coups et sans jalousie. Pour éviter des difficultés au sujet des passages de frontières par les tribus, il suffira d’adopter des règles très simples dans le genre de celles qui fixent les rapports des autorités civiles et militaires lors des migrations annuelles de certaines tribus algériennes[394].
Pour que les deux colonies se prêtent un mutuel appui, il convient d’étudier comment on pourrait faciliter leurs communications. Le commandant Laperrine déclare que l’organisation d’une ligne continue de postes ou d’une route au Sahara coûterait fort cher et serait inefficace ou même nuisible[395]. Reste à envisager la simple transmission de nouvelles, qui nécessite l’établissement d’un télégraphe et le transport de matériel et de personnel qui demanderait la construction d’un chemin de fer.
La question des communications télégraphiques transsahariennes est dès à présent à l’étude. Les incidents de chaque jour fournissent des arguments en faveur de cette création. Il importe à la sécurité de nos postes et des routes commerciales qu’on puisse signaler sans retard, d’une rive à l’autre du Sahara, les départs et les arrivées de convois ou de caravanes, les migrations de tribus, leur attitude politique, les rassemblements hostiles. Le télégraphe coûterait trois millions et doublerait utilement les câbles sous-marins. Une grosse difficulté consistait dans le transport des poteaux, car on ne peut pas trouver sur place le bois nécessaire. Un essai intéressant a été fait en 1900, par le capitaine du génie Bassenne, pour la construction de la ligne électrique d’El-Goléa à Timmimoun. Il consiste à employer des poteaux très courts, en bois du pays, fichés dans des piliers de maçonnerie. On trouve sur place de la pierre, du plâtre et des essences ligneuses suffisantes, de sorte qu’on évite les transports de matériaux encombrants. L’expérience a démontré que la ligne ainsi construite se détériore très vite. Il fallait donc trouver autre chose. Un autre capitaine du génie parait avoir résolu le problème, en utilisant des poteaux formés de tubes métalliques légers, facilement transportables. C’est le système Nou (du nom de l’inventeur), qu’on utilise actuellement dans le Sud Oranais et qui paraît devoir être appliqué également à la ligne transsaharienne[396]. Celle-ci, partant d’In-Salah, devra aboutir à un point du Niger qui sera vraisemblablement Bourroum ou Gao. Nous avons mentionné plus haut la mission Etiennot, chargée de reconnaître la ligne télégraphique transsaharienne par In-Zize et Timiaouine. Pour la protection de la ligne, il faut réduire au minimum les véritables postes occupés par les Européens, en utilisant les centres de cultures dits arrems pour y installer des surveillants indigènes. Les garnisons de ces postes, excessivement réduites, devront pouvoir se ravitailler sur place au moins en grains et en viande, les méharistes toujours en mouvement dans la région tenant le pays sous la crainte de représailles[397].
Quant au chemin de fer, c’est une autre affaire, et il ne semble pas que les explorations et reconnaissances de ces dernières années aient fortifié les arguments de ses partisans, ni affaibli ceux de ses adversaires. Innombrables sont les livres, brochures, articles écrits sur le Transsaharien. Réunis, ils formeraient toute une bibliothèque. A de rares exceptions près, c’est une littérature vide et encombrante. Cette question a eu le fâcheux privilège d’être traitée le plus souvent par des personnes qui en ignoraient les premiers éléments ; leurs affirmations tranchantes cachaient en général leur ignorance des véritables données du problème[398].
L’étude du Transsaharien, comme le nom l’indique, comporte l’étude non seulement du Sahara, mais du Soudan. Ce serait sortir de notre cadre que de l’entreprendre ici. Chose singulière, on s’est presque toujours occupé surtout du point de départ, chacun des ports algériens en faisant l’objet d’ardentes rivalités locales ; on s’est soucié beaucoup moins du point d’arrivée. Le Soudan est décrit en termes vagues comme uniformément riche et fertile, ce qui dispense d’entrer dans les détails[399]. D’autre part, ou n’a pas toujours assez tenu compte des évolutions successives de la question, qui s’est posée en 1890 autrement qu’en 1881, et autrement encore en 1900 et en 1906.
Le problème peut être envisagé soit au point de vue économique, soit au point de vue politique, et, sous chacun de ces aspects, il faudrait le considérer successivement sous le rapport purement Saharien et sous le rapport Transsaharien.
Sur les ressources que peut offrir au commerce le Sahara lui-même, on s’est fait quelquefois de dangereuses et coûteuses illusions. Mais tout le monde reconnaît à peu près aujourd’hui que le bilan des échanges se réduit à presque rien. Ce serait se leurrer profondément que d’attribuer une grande importance au commerce des groupes d’oasis du Sahara en général et du Touat en particulier[400].
Quant au Soudan, la convention de 1890 nous avait attribué des pays subsahariens qui ont à peu près la valeur de la Tripolitaine, pas une région vraiment soudanienne, à part les 200 kilomètres de pays en amont de Say[401]. Nous avons perdu les pays haoussa, et les pays qu’on nous a donnés au nord de la ligne Barroua-Say ne valent pas la peine que nous construisions un chemin de fer pour les coloniser. Reste la boucle du Niger d’une part, les pays du Tchad de l’autre.
La région de Tombouctou et du coude du Niger a joui jusqu’ici en France d’une faveur singulière. Nombre de publicistes en ont, sans examen, vanté la richesse. M. Schirmer a fait justice de cette légende[402]. La richesse n’est pas à la lisière du désert, elle est plus au Sud, sous les latitudes favorisées par des pluies plus abondantes ; or, ces régions échappent déjà à l’attraction de Tombouctou. L’intérêt de la France est de détourner le trafic de ces pays vers ses colonies du Sénégal et de la Côte-d’Ivoire. Ce serait folie de construire pour les atteindre un chemin de fer de 2.600 kilomètres[403]. La pacification de la vallée du Niger, provoquée par notre établissement à Tombouctou, a eu un retentissement sur le commerce transsaharien, dans le sens d’une diminution, bien entendu, puisqu’il tend à faire abandonner aux marchandises cette voie longue, dangereuse et dispendieuse du désert[404]. Il suffit de jeter un coup d’œil sur une carte d’Afrique pour se convaincre que le vrai débouché de ces produits du Soudan occidental est la côte Ouest, vers laquelle nous travaillons et non sans succès à les attirer.
Le prolongement du chemin de fer au-delà de Bafoulabé jusqu’au Niger a été étudié dès 1892[405] ; le pont de Mahina, qui franchit le Bafing, était inauguré en 1896 ; enfin, le 19 mai 1904, la voie ferrée arrivait à Bammakou, terminus aval d’un bief navigable du Niger de 350 kilomètres qui s’étend jusqu’à Kouroussa. Le 10 décembre 1904, un embranchement de 60 kilomètres parvenait à Koulikoro, au-delà des rapides de Sotuba, tête du bief navigable de 1.500 kilomètres du Niger moyen vers Tombouctou, Say et Boussa. Du côté de la Guinée française, la ligne de Konakry à Kouroussa, étudiée en 1898 par le capitaine Salesses[406], est en construction, ainsi que les chemins de fer de pénétration de la Côte-d’Ivoire et du Dahomey. Enfin des études et des travaux sont faits pour améliorer la navigabilité du Sénégal et du Niger.
Comme l’a dit M. Salesses[407], nos colonies côtières sont les points d’arrivée et de départ du commerce, des sortes de bouches nourricières de ce grand corps qu’est le Soudan : chacune a sa zone d’attraction qu’elle dessert actuellement comme elle peut, mais qui existe. De chacune on peut atteindre le Niger ou l’un de ses affluents.
Restent les royaumes du Tchad. Le domaine qui nous a été réservé par la convention de 1899, quoique en partie ruiné par Rabah, est vraiment riche et fertile dans plusieurs de ses parties. Mais M. Chevalier pense qu’une longue période d’incubation est nécessaire au Soudan central avant que l’on puisse en tirer le moindre parti. Il ne suffit pas[408] d’ailleurs qu’un pays renferme nombre de produits utiles pour qu’il y ait lieu de l’exploiter. Il faut qu’on ait intérêt à transporter ses produits sur les marchés où ils se consomment. Or, il n’est pas un des produits du Soudan central qui ne se trouve également dans l’une ou l’autre de nos colonies africaines, d’où nous pourrons le tirer à meilleur compte. D’ailleurs, à ces produits du Soudan central s’ouvrent la voie de la Bénoué, la voie du Chari et de l’Oubangui, et aussi la voie du Nil, qui en draineront chacune leur part[409]. Enfin, ces régions du Tchad, annexées sur le papier, restent à explorer, puis à conquérir et à occuper effectivement.
L’utilité des chemins de fer de pénétration dans le Sud de l’Algérie est indépendante de la question de savoir si ces chemins de fer seront jamais poussés jusqu’au Soudan[410]. « Avoir la prétention, écrivait M. Duponchel[411] dans des termes qu’on a souvent cités depuis, de soumettre et de pacifier le Sahara avec des colonnes militaires péniblement ravitaillées par des bêtes de somme sera toujours une chimère irréalisable ; obtenir ce résultat par la construction progressive d’une voie de fer ouvrant et explorant le pays à l’avant, en même temps qu’elle en garantit la soumission à l’arrière, est au contraire une opération des plus simples et qui ne livre rien au hasard. »
Quant au Transsaharien, c’est également par des arguments politiques et par ceux-là seulement que cette conception peut se défendre. Les chances de trafic du chemin de fer sont des plus médiocres, de l’aveu même de ses partisans. Ce serait, comme on l’a dit, une artère sur un cadavre. Mais au point de vue politique on peut le considérer comme « une dépense nécessaire dans la balance générale de l’entreprise[412] ». On ne peut que se rallier sur ce point aux conclusions de M. F. Foureau[413] : « Considéré en tant qu’affaire commerciale, dit-il, je n’ai qu’une très médiocre confiance dans le rendement probable du Transsaharien, devant le néant du trafic que j’entrevois. Mais si on ne veut le considérer que comme un instrument de domination (d’autres disent un chemin de fer impérial, et c’est évidemment la même la chose), le Transsaharien, sous ce point de vue spécial, serait alors une œuvre splendide, aplanirait bien des difficultés, supprimerait bien des obstacles. »
Contentons-nous pour le moment de poursuivre l’inventaire du Sahara, si bien commencé dans ces dernières années, et qui malheureusement se réduit jusqu’ici à un procès-verbal de carence. Nous nous demanderons ensuite si l’entreprise du chemin de fer transsaharien est vraiment aussi urgente que le prétendent ses partisans, et si, dans l’ensemble des travaux s’imposant à l’activité de la France, elle n’est pas primée par quantité de projets d’une utilité incontestablement supérieure.
[343]Nous empruntons la plus grande partie de cet exposé de la période 1900-1906 à l’excellente Revue des questions sahariennes du capitaine Simon, (Revue Africaine, 1905, p. 244).
[344]Bull. Afr. fr., 1900, p. 142 et 177. — Quest. dipl. et col., 1900, t. IX, p. 495. — Colonel d’Eu, In-Salah et le Tidikelt, in-8o, Paris, 1903. — Capitaine Tillion, La conquête des oasis sahariennes, Paris, in-8o, s. d.
[345]Bull. Afr. fr., 1900, p. 324.
[346]Commandant E. Laquière, Les reconnaissances du général Servière dans les oasis sahariennes (Bull. Af. fr., Suppl., 1902).
[347]Eug. Etienne, Questions dipl. et col., 16 juin 1903.
[348]Capitaine Simon, art. cité, p. 246.
[349]Augustin Bernard, Touat et Maroc (Quest. dipl. et col., 1er juin 1900).
[350]*** L’attaque de Taghit (Revue de Paris, 15 oct. 1903).
[351]Rouard de Card, La frontière franco-marocaine et le protocole du 20 juillet 1901, in-8o, Paris, 1902. — René Pinon, L’Empire de la Méditerranée, in-18, Paris, p. 251 et suiv. — Augustin Bernard, L’évolution de la question marocaine (Revue polit. et parlement., 10 décembre 1903). — Livre Jaune sur les affaires du Maroc, 1901-1905, in-4o, Paris, 1905. On trouvera le texte des accords au Livre Jaune, p. 16, 34, et 39.
[352]C’était, depuis Djenan-ed-Dar, Fendi (poste récemment installé), Ksar-el-Azoudj (caravansérail avec quelques goumiers), Hassi-el-Mir (caravansérail), Hassi-el-Morra (caravansérail), Taghit, Igli, Beni-Abbès et Ksabi.
[353]Bull. Afr. fr., 1903, p. 313.
[354]Livre Jaune, p. 309.
[355]Bull. Afr. fr., 1905, p. 75-76 et ibid., Suppl., p. 381-406.
[356]Ann. de Géogr., 1906, p. 185.
[357]Bull. Afr. fr., 1900, p. 274 et suiv.
[358]Bull. Afr. fr., 1905, p. 309.
[359]Gouvernement Général de l’Algérie, Direction des Douanes, Documents statistiques sur le commerce de l’Algérie, année 1904.
[360]Bull. Afr. fr., 1905, p. 117.
[361]Capitaine Flye-Sainte-Marie, Le commerce et l’agriculture au Touat (Bull. d’Oran, 1904. p. 345).
[362]Les gisements de nitrate au Sahara algérien (Bull. Afr. fr., 1905, p. 245).
[363]Capitaine Simon, art. cité, p. 252-253.
[364]A 1/400.000e, non mise dans le commerce. Une réduction à 3.000.000e de cette carte a été jointe au tirage à part des Reconnaissances du général Servière, publiées par le même auteur au Bull. Afr. fr., 1902.
[365]Lieutenant Nieger, Carte des oasis sahariennes, 9 feuilles à 1/250.000e, Paris, 1904.
[366]4 feuilles, Paris, 1904.
[367]Emile F. Gautier, Sahara oranais (Ann. de Géogr. 1903). — Id., Sur les terrains paléozoïques de l’Oued Saoura et du Gourara (C. R. Ac. Sc., 1902).
[368]Ann. de Géogr. 1905, p. 460.
[369]Edmond Doutté, Figuig : notes et impressions (La Géographie, 1903, t. VII, p. 177).
[370]Capitaine Flye-Sainte-Marie, Le commerce et l’agriculture au Touat (Bull. Soc. Géogr. Oran, 1904, p. 345).
[371]Bull. Afr. fr., 1904, p. 245-250. — Cf. La vie aux oasis, ibid., 1904, p. 33.
[372]Capitaine Simon, art. cité, p. 250.
[373]R. de Caix, La reconnaissance du lieutenant Cottenest chez les Hoggar (Bull. Afr. fr., 1902. p. 307 et 317).
[374]Lieutenant Réquin, Trente jours au Mouydir (Bull. Afr. fr., Suppl., 1902, p. 170). Le lieutenant Réquin accompagnait le commandant Laperrine dans sa première tournée au Mouydir.
[375]Lieutenant Guillo-Lohan, Un contre-rezzou au Hoggar (Bull. Afr. fr., 1903, Suppl., p. 205, 239, 257).
[376]Bull. Afr. fr., 1904, p. 83.
[377]Lieutenant Besset, D’In-Salah à Amguid et à Tikhammar, Bull. Afr. fr., 1904, Suppl. p. 68-78. — Capitaine Pein, Chez les Touareg Azdjer : d’Ouargla à Tarat, ibid. p. 73. Ces deux documents ont été réunis en une brochure par le Comité de l’Afrique française. 1904).
[378]Bull. Afr. fr., 1905, p. 248-249.
[379]Bull. Afr. fr., 1905, p. 239.
[380]Ann. de Géogr., 1904, p. 203. — Commandant Laperrine, Une tournée dans le Sud de l’annexe du Tidikelt du 4 mars au 30 juillet 1904 (Bull. Afr. fr., 1905, Suppl. p. 37-63). — Capitaine Besset, Esquisse géologique des régions de l’Ahnet, du Tanezrouft, de l’Adrar (nord), du Tassili des Ahaggar, du Ahaggar et du Tifedest (Ibid., 1905, Suppl., p. 123-138).
[381]Ann. de Géogr., 1905, p. 94, et La Géographie, 15 octobre 1904, p. 238.
[382]Ann. de Géogr., 1905, p. 383 et 459 ; 1906 p. 184. — Bull. Afr. fr., 1905, p. 30 ; 1906 p. 58.
[384]C. R. Ac. Sc., 3 avril 1903 et Bull. Afr. fr., mai 1905.
[385]E. F. Gautier, Le Mouydir-Ahnet. (La Géographie, 1904, t. X., p. 1 et 85).
[386]Bull. Afr. fr., 1905, Suppl., p. 37 et 45.
[387]N. Villatte, Du Tidikelt vers Tombouctou (La Géographie, 1905, t. XII, p. 209, avec remarques par M. C. Trépied).
[388]Ann. de Géogr. 1905, p. 159.
[389]Bull. Afr. fr., 1902, p. 12.
[390]V. le texte de ce dernier décret dans Bull. Afr. fr., 1905, p. 327.
[391]Bull. Afr. fr., 1906, p. 9 et 11. Pour les critiques qu’on a adressées à la nouvelle organisation, v. Bull. Réun. Et. algér. 1905, p. 296 et suiv. M. A. Girault (Principes de législation coloniale, II., p. 410), regrette que la loi ait déterminé elle-même les limites et, par contre, laissé à des règlements d’administration publique le soin de statuer sur plusieurs points essentiels.
[392]Bull. Afr. fr., 1905, Suppl. p. 43.
[393]F. Foureau, Documents scientifiques de la mission Saharienne, p. 1159. — Emile F. Gautier, Bull. Afr. fr., 1905, p. 400.
[394]Bull. Afr. fr., 1905, Suppl., p. 43.
[395]Bull. Afr. fr., 1905, Suppl., p. 43.
[396]Bull. Afr. fr., 1904, p. 185 et suiv.
[397]D’après Laperrine, Bull. Afr. fr., 1905, Suppl., p. 43, 44.
[398]Pour l’énumération de ces brochures, nous renvoyons à Playfair, Bibliography of Algeria, s. v. Transsaharian railway, et à l’ouvrage de M. Broussais. V. aussi Maurice Honoré, Le Transsaharien et la pénétration française en Afrique, in-8o, Paris. 1901 (bibliographie p. 131-143).
[399]H. Schirmer, Ann. de Géogr., 1891, p. 12.
[400]Documents, III, p. 16.
[401]Schirmer, Le Sahara, p. 408.
[402]Schirmer, Le Sahara, p. 410 et suiv.
[403]Id., p. 413.
[404]Documents, III, p. 17 et 37.
[405]Bull. Afr. fr., 1899, p. 334.
[406]Camille Guy, Résultats géographiques et économiques des explorations du Niger, (Bull. Afr. fr., 1899).
[407]Bull. Afr. fr., 1896, p. 374.
[408]H. Schirmer, La pénétration commerciale au Soudan central (Revue génér. des Sciences, 15 décembre 1897).
[409]Augustin Bernard, La question du Transsaharien, p. 4.
[410]G. Rolland, La colonisation française au Sahara (Afas, Oran, 1888, 1er partie, p. 47 (carte p. 48).
[411]Duponchel, Les oasis et la culture du dattier dans le Sahara, R. D. M., 15 mai 1881, p. 388.
[412]Schirmer, art. cité.
[413]F. Foureau, D’Alger au Congo par le Tchad, p. 797.
CONCLUSION
Quelles conclusions tirer de cet historique de la pénétration saharienne ?
En résumant tous ces voyages et en les étudiant, on peut se convaincre de la fragilité extrême autant que de la pauvreté des résultats qu’ils ont produits jusqu’en 1900, pendant près de 70 ans, si on en excepte la belle et studieuse exploration de Duveyrier et quelques-uns des itinéraires de Foureau. Pas un seul itinéraire parti du Soudan n’avait abouti en Algérie, aucune exploration partie d’Algérie n’avait dépassé l’Ahaggar ou le Tassili des Azdjer ; seule la mission Foureau-Lamy a rompu le charme, parce qu’elle a employé des procédés différents. Au point de vue économique, le bilan des entreprises sahariennes est plus misérable encore : « Une énorme dépense d’argent, d’héroïsme, de vies humaines, et comme résultat : néant ».
A quoi faut-il attribuer ces résultats décourageants ? Le problème saharien est-il donc insoluble, et le coq gaulois est-il destiné à gratter indéfiniment ces immensités sablonneuses ?
Il faut convenir tout d’abord que la pénétration saharienne présente d’indéniables difficultés. Mais le peu d’efficacité de nos efforts tenait surtout à une erreur de méthode. Les affaires sahariennes ont absolument changé d’aspect à partir de 1900, et l’expérience de ces six dernières années a mis en lumière ce fait trop méconnu, qu’au Sahara la pénétration politique devait précéder la pénétration scientifique et économique.
Il faut, suivant les régions, employer pour la pénétration les moyens les mieux appropriés. Nous sommes pleins d’admiration pour un Brazza ou un Binger, soumettant par la douceur et sans tirer un coup de fusil de grands royaumes nègres. Mais les résistances que nous rencontrions au Sahara ne pouvaient être brisées que par la force. Cette force ne doit d’ailleurs pas être hors de proportion avec les obstacles à détruire et les résultats à espérer, les uns et les autres nécessairement médiocres et limités.
A coup sûr, le Sahara ne vaut pas qu’on y dépense beaucoup d’hommes ni beaucoup d’argent. Le traité de Ghadamès, les projets de Transsaharien avaient faussé les véritables données du problème. Le Sahara paraît être d’une valeur économique faible et presque nulle tant en lui-même que comme voie d’accès au Soudan. « Quand la terre sera si pleine d’habitants, dit Scott Keltie, que tous les autres pays auront été utilisés par l’homme, il restera le Sahara comme dernière ressource. » Il faudra donc prendre garde de ne pas développer outre mesure les quelques organes rudimentaires dont on l’a pourvu.
L’expérience a montré qu’un très faible effort suffit pour faire la police au Sahara, ce qui est l’essentiel. Grâce à notre établissement dans les oasis de l’archipel touatien et dans la région entre Zousfana et Oued-Guir, des questions qui se posaient depuis plus d’un demi-siècle sont résolues ou sur le point de l’être : résolue la question du Sud-Oranais, résolue la question du Touat, résolue la question touareg, résolue la question des relations entre l’Algérie et le Soudan. On peut affirmer que, de 1900 à 1906, on a fait plus de progrès au Sahara que dans les soixante-dix années précédentes.
Ce n’est pas à dire que les attaques doivent cesser au Sahara comme par enchantement et encore moins du côté de la frontière marocaine. Nous avons mis trente ans à venir à bout de l’insurrection des Ouled-Sidi-Cheikh : l’insécurité, reportée plus à l’Ouest par nos progrès, ne disparaîtra pas immédiatement du « pays des fusils », comme l’appelait en 1845 Mustapha ben Ismaïl. Au Sahara même, il reste, au sud de la Tripolitaine et au sud du Maroc, deux lacunes dans notre organisation, deux trous dans notre filet, qu’il n’est pas en notre pouvoir de combler immédiatement. Mais si la pacification n’est pas complète, elle est bien avancée. La question de la pénétration saharienne ne doit donc plus encombrer notre politique, et c’est vers les territoires autrement intéressants qui s’étendent à l’ouest de l’Algérie qu’il nous faut surtout désormais porter nos regards.
FIN
PROGRÈS DE LA PÉNÉTRATION SAHARIENNE — 1830-1906
Gravé et Imp. par Erhard Fres. Paris.
Agrandissement
(T. moyenne — T. grande :
p. supérieure, p. inférieure)
Note du transcripteur :
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