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Le Bourdeau des neuf pucelles
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TERPSICHORE
Muse de la Danse
A VINCENT MUSELLI
Ton nom, s’il ne m’abuse,
Ami, t’a dédié
Aux Muses,
Pour leurs beaux bras lier.
De flûte traversière
Fais, le front ciselé
De lierre,
Les Camènes baller,
A bonds et à volées,
Et tant que par le chaud
Foulées,
Le souffle ne leur fault.
Dès qu’aux gorges Neuvaines
Des perles sur le bleu
Des veines
Ruissellent, romps le jeu.
Et quand tu les dénoues,
Vois les Nymphes baigner
Leurs joues,
Les Grâces les peigner.
Prends la houppe, le peigne,
Les fards ; qu’heureux témoin
Ne craigne
De leur donner des soins.
D’une main délicate
Tire, au jais du chignon,
L’agate,
Et te fais leur mignon.
Si le col sur la nuque
Baille, regarde aval ;
Reluque
Le dos moite du bal.
Comme chez les modistes
Qui n’ont rien à cacher,
Assiste
A leur petit coucher.
A qui fait la mauvaise,
Et la main sur tes yeux
Te lèse
D’un buisson radieux,
Baise la paume, opprime
Les globes à tâtons ;
Qu’aux cîmes
Grossissent les boutons.
De ta langue la perce,
Et lui dis : « Puella ! »
— Properce
Eût aimé ce nom-là —
« Moi qui les Muses lie,
Les délierai. — Ces lins,
Thalie,
Font mes yeux orphelins.
« Erato, qui les noces
Présides, par Eros !
Ces bosses
Ne me font de Paros.
« Dans mes bras, Calliope,
En belle chair, et non
Par trope,
Fais quinaud Apollon.
« On sait pourquoi la serpe
De Bacchus, bon voisin,
Euterpe,
Te coupe du raisin ;
« Et qu’à Mars sous la tente,
Vivandière Clio,
Contente,
Tu trousses ton bliaud.
« Mais si les cœurs bondissent,
Quand du pouce et du doigt
Indice
Je touche au luth françois,
« N’osez à nos mains pures
Fermer vos peplos d’or,
Ceintures !
Et nous dirons encor
« Que d’argent, de prière,
Nul n’a soumis vos cœurs
De pierre,
Pucelles, Chastes Sœurs,
« Quoiqu’à votre huis, où saigne
Un gros numéro 9
Des duègnes
Aussi vastes qu’un bœuf
« Racolent pour les Muses,
Que Claude Le Petit
Accuse
Du chancre qui le cuit.
« Mais tant pis pour qui cherche
Pégase, et en vilain
Du Perche,
Ne trouve qu’un poulain. »
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