← Retour

Le Bourdeau des neuf pucelles

16px
100%

NUIT DE VICTOIRE
Du Vieux peintre avec son modèle

L’aurore s’étonnait que ruisselle un crin fauve
Près de mon poil chenu sur le même oreiller.
Or, Vénus qui me tint cette nuit éveillé
Au quatorzième lustre a fleuri mon front chauve.
Ma vigueur a goûté, des défaillances sauve,
Aprement cet amour, peut être le dernier !
J’ai bu le sang des dieux sur un corps printanier.
Qui sent la rose et fait un verger de l’alcôve.
Penché sur l’or moussu qui voile un antre frais,
J’ai respiré l’automne et les rouges forêts,
Où de l’aubier vivant s’étire la faunesse…
Ce n’est pas l’heure encor qu’à mes tempes de dieu
Le déclin menaçant ma trop longue jeunesse
Efface l’œillet pâle et cette rose feu !

FIN

Chargement de la publicité...