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Le Livre 010101: Enquête

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Voici un résumé des informations que donnait le site web de Globalink, disparu depuis, la société ayant été rachetée par Lernout & Hauspie en 1999.

Dès leurs débuts, la traduction automatique et le traitement de la langue naturelle progressent de pair avec l'évolution de l'informatique quantitative. Pendant la seconde guerre mondiale, le développement des premiers ordinateurs programmables bénéficie des progrès de la cryptographie et des efforts faits pour tenter de fissurer les codes secrets allemands et autres codes de guerre. Suite à la guerre, la traduction et l'analyse du texte en langue naturelle procurent une base de travail au secteur émergent des technologies de l'information.

Dans les années 50, la recherche porte sur la traduction littérale, à savoir la traduction mot à mot sans prise en compte des règles linguistiques. Le projet russe débuté à l'Université de Georgetown en 1950 représente la première tentative systématique visant à créer un système de traduction automatique utilisable. Des recherches sont également menées en Europe et aux Etats-Unis tout au long des années 50 et au début des années 60. Au même moment, les progrès rapides en linguistique théorique culminent en 1965 avec la publication de Aspects of the Theory and Syntax de Noam Chomsky, qui propose une nouvelle définition de la phonologie, de la morphologie, de la syntaxe et de la sémantique du langage humain.

En 1966, aux Etats-Unis, le rapport ALPAC fait une estimation prématurément négative de la valeur des systèmes de traduction automatique, et des perspectives offertes par ceux-ci, mettant fin au financement et à l'expérimentation dans ce domaine pour la décennie suivante. C'est seulement à la fin des années 70 que des tentatives sérieuses sont à nouveau entreprises, parallèlement aux progrès de l'informatique et des technologies des langues. Cette période voit aussi le développement de systèmes de transfert et l'émergence des premières tentatives commerciales. Des sociétés comme Systran et Metal sont persuadées que la traduction automatique est un marché viable et utile. Elles mettent sur pied des produits et services de traduction automatique reliés à un serveur central. Mais les problèmes sont nombreux: des coûts élevés de développement, une lexicographie demandant un énorme travail, des difficultés pour proposer de nouvelles combinaisons de langues, l'inaccessibilité de tels systèmes pour l'utilisateur moyen, et enfin la difficulté de passer à de nouveaux stades de développement.

15.2. Une qualité médiocre, puis des progrès sensibles

Le dernier en date des logiciels de traduction automatique est celui d'IBM, le WebSphere Translation Server. Le logiciel est capable de traduire instantanément en plusieurs langues des pages web, des courriers électroniques et des dialogues en direct (chats). Il interprète 500 mots à la seconde et permet d'ajouter des vocabulaires spécifiques (finance, sciences, etc.). Les fournisseurs de services en ligne et les entreprises peuvent proposer en espagnol, en allemand, en français et en italien leurs textes rédigés en anglais, et vice-versa. Les documents en anglais peuvent également être traduits en chinois, en japonais et en coréen, mais l'inverse est impossible. Testé notamment par la Deutsche Bank, le logiciel est commercialisé en mars 2001 pour 10.000 $US (10.500 euros). "Jusqu'à présent, l'industrie de la traduction automatique n'était constituée que de quelques sociétés et ne possédait pas de leader clairement établi. L'entrée d'IBM sur ce marché représente un tournant majeur et permettra d'accélérer l'adoption de la traduction par ordinateur, un marché estimé à 378 millions de dollars (397 millions d'euros, ndlr) à l'horizon 2003", déclare dans un communiqué (cité par l'AFP) Steve McClure, vice-président du Speech and Natural Language Software, une des branches du cabinet de conseil International Data Corporation.

Il n'empêche, les "quelques sociétés" concurrentes d'IBM ont de nombreuses réalisations à leur actif. Softissimo, éditeur de logiciels de traduction automatique et d'apprentissage des langues, est la société créatrice de Reverso, une série de logiciels de traduction. La société est également l'auteur de produits d'écriture multilingue, de dictionnaires électroniques, d'aide à la rédaction et de méthodes de langues. Reverso équipe notamment Voilà, le moteur de recherche de France Télécom. Systran (acronyme de : System Translation) est spécialisé dans la technologie et les logiciels de traduction automatique. Son logiciel est utilisé notamment dans AltaVista World, le service de traduction automatique d'AltaVista. Alis Technologies propose des technologies et des services de consultation en matière de communication linguistique. Lernout & Hauspie (L&H) est le leader mondial des technologies de reconnaissance vocale. La société propose des produits et services en matière de dictée, traduction, compression vocale, synthèse vocale et documentation industrielle automatiques, et ce pour le grand public, les professionnels et les industriels.

Des équipes de recherche sont également très actives. En voici quelques-unes. Financé par le programme HLT (Human Language Technologies) de la Communauté européenne, ELSNET (European Network of Excellence in Human Language Technologies) regroupe 135 universités et sociétés de 26 pays différents spécialisées dans les technologies de la langue et de la parole. Au sein du Laboratoire CLIPS (Communication langagière et interaction personne-système) de l'Institut d'informatique et mathématiques appliquées (IMAG) de Grenoble, le GETA (Groupe d'étude pour la traduction automatique) est une équipe pluridisciplinaire formée d'informaticiens et de linguistes. Ses thèmes de recherche concernent tous les aspects théoriques, méthodologiques et pratiques de la traduction assistée par ordinateur (TAO), et plus généralement de l'informatique multilingue. Le GETA participe à l'Universal Networking Language Programme (UNLP), un projet de "métalangage numérique" pour l'encodage, le stockage, la recherche et la communication d'informations multilingues indépendamment d'une langue source - et donc d'un système de pensée - donnée. Ce projet est mené sous l'égide de l'Université des Nations unies (UNU, Tokyo). Dans le cadre de l'Institut des sciences de l'information (ISI) de l'Université de Californie du Sud (USC), le Natural Language Group traite de plusieurs aspects du traitement de la langue naturelle: traduction automatique, résumé automatique de texte, accès multilingue aux verbes et gestion du texte, développement de taxonomies de concepts (ontologies), discours et génération de texte, élaboration d'importants lexiques pour plusieurs langues, et communication multimédias.

Recueillis sur trois ans (1998, 1999, 2000), les propos d'Eduard Hovy, directeur du Natural Language Group, sont éclairants sur les progrès récents de la traduction automatique.

Ses commentaires en août 1998: "Dans le contexte de la recherche documentaire et du résumé automatique de texte, le multilinguisme sur le web est un facteur qui ajoute à la complexité du sujet. Les gens écrivent dans leur propre langue pour diverses raisons: commodité, discrétion, communication à l'échelon local, mais ceci ne signifie pas que d'autres personnes ne soient pas intéressées de lire ce qu'ils ont à dire! Ceci est particulièrement vrai pour les sociétés impliquées dans la veille technologique (disons une société informatique qui souhaite connaître tous les articles de journaux et périodiques japonais relatifs à son activité) et des services de renseignements gouvernementaux ceux qui procurent l'information la plus récente, utilisée ensuite par les fonctionnaires pour décider de la politique, etc.). Un des principaux problèmes auquel ces services doivent faire face est la très grande quantité d'informations. Ils recrutent donc du personnel bilingue 'passif' qui peut scanner rapidement les textes afin de mettre de côté ce qui est sans intérêt et de donner ensuite les documents significatifs à des traducteurs professionnels. Manifestement, une combinaison de résumé automatique de texte et de traduction automatique sera très utile dans ce cas. Comme la traduction automatique est longue, on peut d'abord résumer le texte dans la langue étrangère, puis effectuer une traduction automatique rapide à partir du résultat obtenu, en laissant à un être humain ou un classificateur de texte (du type recherche documentaire) le soin de décider si on doit garder l'article ou le rejeter.

Pour ces raisons, durant ces cinq dernières années, le gouvernement des Etats-Unis a financé des recherches en traduction automatique, en résumé automatique de texte et en recherche documentaire, et il s'intéresse au lancement d'un nouveau programme de recherche en informatique documentaire multilingue. On sera ainsi capable d'ouvrir un navigateur tel que Netscape ou Explorer, entrer une demande en anglais, et obtenir la liste des documents dans toutes les langues. Ces documents seront regroupés par sous-catégorie avec un résumé pour chacun et une traduction pour les résumés étrangers, toutes choses qui seraient très utiles.

En consultant MuST (multilingual information retrieval, summarization, and translation system), vous aurez une démonstration de notre version de ce programme de recherche, qui utilise l'anglais comme langue de l'utilisateur sur un ensemble d'environ 5.000 textes en anglais, japonais, arabe, espagnol et indonésien. Entrez votre demande (par exemple, 'baby', ou tout autre terme) et appuyez sur la touche Retour. Dans la fenêtre du milieu vous verrez les titres (ou bien les mots-clés, traduits). Sur la gauche vous verrez la langue de ces documents: 'Sp' pour espagnol, 'Id' pour indonésien, etc. Cliquez sur le numéro situé sur la partie gauche de chaque ligne pour voir le document dans la fenêtre du bas. Cliquez sur 'Summarize' pour obtenir le résumé. Cliquez sur 'Translate' pour obtenir la traduction (attention, les traductions en arabe et en japonais sont extrêmement lentes! Essayez plutôt l'indonésien pour une traduction rapide mot à mot). Ce programme de démonstration n'est pas (encore) un produit. Nous avons de nombreuses recherches à mener pour améliorer la qualité de chaque étape. Mais ceci montre la direction dans laquelle nous allons."

Ses commentaires en août 1999: "Durant les douze derniers mois, j'ai été contacté par un nombre surprenant de nouvelles sociétés et start-up en technologies de l'information. La plupart d'entre elles ont l'intention d'offrir des services liés au commerce électronique (vente en ligne, échange, collecte d'information, etc.). Etant donné les faibles résultats des technologies actuelles du traitement de la langue naturelle - ailleurs que dans les centres de recherche - c'est assez surprenant. Quand avez-vous pour la dernière fois trouvé rapidement une réponse correcte à une question posée sur le web, sans avoir eu à passer en revue pendant un certain temps des informations n'ayant rien à voir avec votre question? Cependant, à mon avis, tout le monde sent que les nouveaux développements en résumé automatique de texte, analyse des questions, etc., vont, je l'espère, permettre des progrès significatifs. Mais nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade.

Il me semble qu'il ne s'agira pas d'un changement considérable, mais que nous arriverons à des résultats acceptables, et que l'amélioration se fera ensuite lentement et sûrement. Ceci s'explique par le fait qu'il est très difficile de faire en sorte que votre ordinateur 'comprenne' réellement ce que vous voulez dire - ce qui nécessite de notre part la construction informatique d'un réseau de 'concepts' et des relations de ces concepts entre eux - réseau qui, jusqu'à un certain stade au moins, reflèterait celui de l'esprit humain, au moins dans les domaines d'intérêt pouvant être regroupés par sujets. Le mot pris à la 'surface' n'est pas suffisant - par exemple quand vous tapez: 'capitale de la Suisse', les systèmes actuels n'ont aucun moyen de savoir si vous songez à 'capitale administrative' ou 'capitale financière'. Dans leur grande majorité, les gens préféreraient pourtant un type de recherche basé sur une expression donnée, ou sur une question donnée formulée en langage courant.

Plusieurs programmes de recherche sont en train d'élaborer de vastes réseaux de 'concepts', ou d'en proposer l'élaboration. Ceci ne peut se faire en deux ans, et ne peut amener rapidement un résultat satisfaisant. Nous devons développer à la fois le réseau et les techniques pour construire ces réseaux de manière semi-automatique, avec un système d'auto-adaptation. Nous sommes face à un défi majeur."

Ses commentaires en septembre 2000: "Je vois de plus en plus de petites sociétés utiliser d'une manière ou d'une autre les technologies liées aux langues, pour procurer des recherches, des traductions, des rapports ou d'autres services permettant de communiquer. Le nombre de créneaux dans lesquels ces technologies peuvent être utilisées continue de me surprendre, et cela va des rapports financiers et leurs mises à jour aux communications d'une société à l'autre en passant par le marketing.

En ce qui concerne la recherche, la principale avancée que je vois est due à Kevin Knight, un collègue de l'ISI (Institut des sciences de l'information de l'Université de Californie du Sud, ndlr), ce dont je suis très honoré. L'été dernier, une équipe de chercheurs et d'étudiants de l'Université Johns Hopkins (Maryland) a développé une version à la fois meilleure et plus rapide d'une méthode développée à l'origine par IBM (et dont IBM reste propriétaire) il y a douze ans environ. Cette méthode permet de créer automatiquement un système de traduction automatique, dans la mesure où on lui fournit un volume suffisant de texte bilingue. Tout d'abord la méthode trouve toutes les correspondances entre les mots et la position des mots d'une langue à l'autre, et ensuite elle construit des tableaux très complets de règles entre le texte et sa traduction, et les expressions correspondantes.

Bien que la qualité du résultat soit encore loin d'être satisfaisante - personne ne pourrait considérer qu'il s'agit d'un produit fini, et personne ne pourrait utiliser le résultat tel quel - l'équipe a créé en vingt-quatre heures un système (élémentaire) de traduction automatique du chinois vers l'anglais. Ceci constitue un exploit phénoménal, qui n'avait jamais été réalisé avant. Les détracteurs du projet peuvent bien sûr dire qu'on a besoin dans ce cas de trois millions de phrases disponibles dans chaque langue, et qu'on ne peut se procurer une quantité pareille que dans les parlements du Canada, de Hong-Kong ou d'autres pays bilingues. Ils peuvent bien sûr arguer également de la faible qualité du résultat. Mais le fait est que, tous les jours, on met en ligne des textes bilingues au contenu à peu près équivalent, et que la qualité de cette méthode va continuer de s'améliorer pour atteindre au moins celle des logiciels de traduction automatique actuels, qui sont conçus manuellement. J'en suis absolument certain.

D'autres développements sont moins spectaculaires. On observe une amélioration constante des résultats dans les systèmes pouvant décider de la traduction opportune d'un terme (homonyme) qui a des significations différentes (par exemple père, pair et père, ndlr). On travaille beaucoup aussi sur la recherche d'information par recoupement de langues (qui vous permettront bientôt de trouver sur le web des documents en chinois et en français même si vous tapez vos questions en anglais). On voit également un développement rapide des systèmes qui répondent automatiquement à des questions simples (un peu comme le populaire AskJeeves utilisé sur le web, mais avec une gestion par ordinateur et non par des êtres humains). Ces systèmes renvoient à un grand volume de texte permettant de trouver des 'factiodes' (et non des opinions ou des motifs ou des chaînes d'événements) en réponse à des questions telles que: 'Quelle est la capitale de l'Ouganda?', ou bien: 'Quel âge a le président Clinton?', ou bien: 'Qui a inventé le procédé Xerox?', et leurs résultats obtenus sont plutôt meilleurs que ce à quoi je m'attendais."

L'étape suivante est définie par Randy Hobler, consultant en marketing internet: "Nous arriverons rapidement au point où une traduction très fidèle du texte et de la parole sera si commune qu'elle pourra faire partie des plate-formes ou même des puces, écrit-il. A ce point, quand le développement de l'internet aura atteint sa vitesse de croisière, que la fidélité de la traduction atteindra plus de 98% et que les différentes combinaisons de langues possibles auront couvert la grande majorité du marché, la transparence de la langue (toute communication d'une langue à une autre) sera une vision trop restrictive pour ceux qui vendent cette technologie. Le développement suivant sera la 'transparence transculturelle et transnationale' dans laquelle les autres aspects de la communication humaine, du commerce et des transactions au-delà du seul langage entreront en scène. Par exemple, les gestes ont un sens, les mouvements faciaux ont un sens, et ceci varie en fonction des sociétés. La lettre O réalisée avec le pouce et l'index signifie 'OK' aux Etats-Unis alors qu'en Argentine c'est un geste obscène.

Quand se produira l'inévitable développement de la vidéoconférence multilingue multimédias, il sera nécessaire de corriger visuellement les gestes. Le MediaLab du MIT (Massachussets Institute of Technology), Microsoft et bien d'autres travaillent à la reconnaissance informatique des expressions faciales, l'identification des caractéristiques biométriques par le biais du visage, etc. Il ne servira à rien à un homme d'affaires américain de faire une excellente présentation à un Argentin lors d'une vidéoconférence multilingue sur le web, avec son discours traduit dans un espagnol argentin parfait, s'il fait en même temps le geste O avec le pouce et l'index. Les ordinateurs pourront intercepter ces types de messages et les corriger visuellement.

Les cultures diffèrent de milliers de façons, et la plupart d'entre elles peuvent être modifiées par voie informatique lorsqu'on passe de l'une à l'autre. Ceci inclut les lois, les coutumes, les habitudes de travail, l'éthique, le change monétaire, les différences de taille dans les vêtements, les différences entre le système métrique et le système de mesure anglophone, etc. Les sociétés dynamiques répertorieront et programmeront ces différences, et elles vendront des produits et services afin d'aider les habitants de la planète à mieux communiquer entre eux. Une fois que ceux-ci seront largement répandus, ils contribueront réellement à une meilleure compréhension à l'échelle internationale."

16. LE LIVRE ET L'INTERNET: QUELQUES SAGAS

[Dans ce chapitre:]

[16.1. La librairie en ligne Amazon.com s'implante en France et au Japon // 16.2. Les aventures de Harry Potter déferlent sur l'internet // 16.3. Trois auteurs de best-sellers prennent le risque du numérique]

Dans le domaine du livre aussi, le réseau permet un marketing à l'échelle mondiale. Il paraît donc intéressant de retracer brièvement trois sagas qui ont fait la "une" de l'an 2000: d'abord l'implantation de la librairie en ligne Amazon.com en France et au Japon (16.1); ensuite le succès du dernier titre des aventures de Harry Potter, qui bat tous les records de vente en ligne (16.2); et enfin les expériences numériques de trois auteurs de best-sellers (Stephen King, Frederick Forsyth et Arturo Pérez-Reverte) qui, alors que d'autres attendent que le modèle économique soit bien rodé, n'hésitent pas à prendre des risques (16.3).

16.1. La librairie en ligne Amazon.com s'implante en France et au Japon

Au printemps 1994, Jeff Bezos, futur patron d'Amazon.com, fait une étude de marché démontrant que les livres sont les meilleurs "produits" à vendre sur l'internet. Il dresse une liste de vingt produits marchands, qui vont des vêtements aux instruments de jardinage. Les cinq premiers du classement se trouvent être les livres, les CD, les vidéos, les logiciels et le matériel informatique.

"J'ai utilisé tout un ensemble de critères pour évaluer le potentiel de chaque produit, relate Jeff Bezos dans le kit de presse d'Amazon. Le premier critère a été la taille des marchés existants. J'ai vu que la vente des livres représentait un marché mondial de 82 milliards de dollars (ce qui, en 1994, correspondait à 61 milliards d'euros, ndlr). Le deuxième critère a été la question du prix. Je voulais un produit bon marché. Mon raisonnement était le suivant: puisque c'était le premier achat que les gens allaient faire en ligne, il fallait que la somme à payer soit modique. Le troisième critère a été la variété dans le choix: il y avait trois millions de titres de livres alors qu'il n'y avait que 300.000 titres pour les CD, par exemple. Ceci était également important: plus le choix est grand, plus le service informatique d'organisation et de sélection doit être performant."

En juillet 1995, il crée la librairie en ligne Amazon, qui débute avec dix employés. Les deux premières filiales d'Amazon sont toutes deux créées en 1998, en Allemagne et au Royaume-Uni. En août 2000, avec 1,8 millions de clients en Grande-Bretagne, 1,2 millions de clients en Allemagne et quelques centaines de milliers de clients en France, Amazon réalise 23% de ses ventes en dehors des Etats-Unis. "En 2003, 35% seulement de nos clients seront aux Etats-unis et 65% hors du territoire américain", assure Jeff Bezos.

Le principal groupe de clients étrangers étant les clients japonais, Jeff Bezos profite d'un colloque international sur les technologies de l'information à Tokyo pour annoncer le 18 juillet 2000 son intention d'implanter Amazon.com au Japon (cette implantation sera effective le 1er novembre). Il insiste aussi sur le marché à fort potentiel représenté par ce pays, avec des prix immobiliers élevés se répercutant sur ceux des biens et services, si bien que le shopping en ligne est plus avantageux que le shopping traditionnel, et une forte densité de population, qui entraîne des livraisons à domicile faciles peu coûteuses. Le 1er août, un centre d'appels est ouvert dans la ville de Sapporo, sur l'île d'Hokkaido.

Le 8 août 2000, le principal concurrent d'Amazon.com, Barnes & Noble.com, annonce d'une part son partenariat avec Microsoft pour la diffusion de livres numériques lisibles au moyen du Microsoft Reader et d'autre part l'ouverture de sa librairie numérique, le eBook Store. Trois semaines après, le 28 août, Amazon.com annonce à son tour son alliance avec Microsoft pour la même raison - vendre des livres numériques lisibles au moyen du Microsoft Reader - et l'ouverture d'une librairie numérique dans les mois qui suivent.

Le 31 août 2000, Amazon ouvre sa troisième filiale, Amazon France, avec vente de livres, musique, DVD et vidéos (auxquels viennent s'ajouter logiciels et jeux vidéo en juin 2001), et livraison en 48 heures. A cette date la vente de livres en ligne ne représente en France que 0,5% du marché, contre 5,4% aux Etats-Unis. Comme tous les libraires en ligne francophones, Amazon France s'intéresse également de près à la clientèle francophone internationale.

Le 29 août 2000, interrogé par l'AFP au sujet de la loi Lang, qui n'autorise qu'un rabais de 5% sur le prix du livre, Denis Terrien, président d'Amazon France à cette date (jusqu'au 14 mai 2001), répond: "L'expérience que nous avons en Allemagne, où le prix du livre est fixé, nous montre que le prix n'est pas l'élément essentiel dans la décision d'achat. C'est tout le service qui est ajouté qui compte. Chez Amazon, nous avons tout un tas de services en plus, d'abord le choix - nous vendons tous les produits culturels français. On a un moteur de recherche très performant. En matière de choix de musique, on est ainsi le seul site qui peut faire une recherche par titre de chanson. Outre le contenu éditorial, qui nous situe entre un magasin et un magazine, nous avons un service client 24h/24 7jours/7, ce qui est unique sur le marché français. Enfin une autre spécificité d'Amazon, c'est le respect de nos engagements de livraison. On s'est fixé pour objectif d'avoir plus de 90% de nos ventes en stock."

Préparée dans le plus grand secret, l'ouverture d'Amazon France n'est rendue publique que le 23 août 2000. Avec une centaine de salariés, dont certains ont été envoyés en formation au siège du groupe à Seattle (Washington), la filiale française s'installe à Guyancourt (région parisienne), qui abrite l'administration, les services techniques et le marketing. Son service de distribution est basé à Boigny-sur-Bionne, dans la banlieue d'Orléans. Son service client est basé à La Haye (Pays-Bas), dans l'optique d'une expansion future d'Amazon en Europe.

Amazon France compte au moins quatre rivaux de taille: la Fnac, qui appartient au groupe Pinault-Printemps-Redoute, Alapage, qui appartient à France Télécom, Bol.fr, issu de l'association du français Vivendi et de l'allemand Bertelsmann, et Chapitre.com, libraire en ligne indépendant. Un mois après son lancement, Amazon.fr est à la seconde place des sites de biens culturels français. Selon les chiffres publiés le 24 octobre 2000 par Media Metrix Europe, société d'étude d'audience de l'internet, le site a reçu 217.000 visites uniques en septembre 2000, juste devant Alapage (209.000 visites uniques), mais loin derrière la Fnac (401.000 visites uniques). Suivent Cdiscount.com (115.000 visites) et Bol.fr (74.000 visites). Le site américain Amazon.com profite lui aussi de l'effet de curiosité puisque il totalise 137.000 visites uniques, soit 23.000 visites de plus que le mois précédent.

Le 1er novembre 2000, Amazon Japon, quatrième filiale du géant américain, et première filiale non européenne, ouvre ses portes avec un catalogue de 1,1 million de titres en japonais et 600.000 titres en anglais. Pour réduire les délais de livraison à un ou deux jours au lieu des six semaines nécessaires à l'acheminement des livres depuis les Etats-Unis, un centre de distribution de 15.800 m2 est créé à Ichikawa, dans l'est de Tokyo.

A la même date, Amazon.com annonce son intention de pénétrer le marché francophone du Canada, et de lancer sa version canadienne-française en 2001, avec vente de livres, musique et films (VHS et DVD). La société débute l'embauche de personnel francophone connaissant le marché canadien.

En novembre 2000, la librairie compte 7.500 employés, 28 millions d'articles, 23 millions de clients et quatre filiales (Royaume-Uni, Allemagne, France et Japon). La maison mère a beaucoup diversifié ses activités. En effet elle vend non seulement des livres, des vidéos, des CD et des logiciels, mais aussi des appareils électroniques, des appareils de cuisine et de jardinage, des produits de santé, des jouets et des voitures. Elle organise des ventes aux enchères avec Sotheby's Holdings. Le 14 novembre 2000, Amazon.com ouvre sa librairie numérique, avec 1.000 titres disponibles au départ, et une augmentation rapide du stock prévue pour les mois suivants.

Même pour le marketing des librairies en ligne, le papier n'est pas mort, loin s'en faut. Pour la deuxième année consécutive, le 17 novembre 2000, en prévision des fêtes, Amazon envoie un catalogue imprimé à 10 millions de clients.

Mais, malgré la discrétion du librairie en ligne sur les conditions de travail de son personnel, les problèmes commencent à filtrer. Le Prewitt Organizing Fund et le syndicat SUD-PTT Loire Atlantique débutent le 21 novembre 2000 une action de sensibilisation auprès des salariés d'Amazon France pour de meilleures conditions de travail et de salaires. Ils rencontrent une cinquantaine de salariés travaillant dans le centre de distribution de Boigny-sur-Bionne, dans la banlieue d'Orléans. SUD-PTT dénonce chez Amazon "des conditions de travail dégradées, la flexibilité des horaires, le recours aux contrats précaires dans les périodes de flux, des salaires au rabais, et des garanties sociales minimales". Une action similaire est menée en Allemagne et en Grande-Bretagne. Patrick Moran, responsable du Prewitt Organizing Fund, entend constituer une alliance des salariés de la nouvelle économie (Alliance of New Economy Workers). De son côté, Amazon.com riposte en insistant dans des documents internes sur l'inutilité de syndicats au sein de l'entreprise.

Le 30 janvier 2001, Amazon, qui emploie 1.800 personnes en Europe, annonce une réduction de 15% des effectifs et la restructuration du service clientèle européen, qui était basé à La Hague (Pays-Bas). Les 240 personnes qu'emploie ce service sont transférées dans les centres de Slough (Royaume-Uni) et Regensberg (Allemagne). Aux Etats-Unis, dans la maison-mère, suite à un quatrième trimestre déficitaire, un plan de réduction de 15% des effectifs entraîne 1.300 licenciements.

16.2. Les aventures de Harry Potter déferlent sur l'internet

Née sous la plume de l'écossaise J.K. Rowling, la série des aventures de Harry Potter voit le jour en 1995. A ce jour, quatre volumes sont parus. Destinée aux enfants de 9-13 ans, la série devrait compter en tout sept volumes, chacun correspondant à une année de la vie de Harry Potter (de 11 à 18 ans).

En quatre ans, le jeune magicien est devenu une véritable star auprès de millions d'enfants et de leurs parents. Petits et grands, tous s'accordent à dire que ces livres sont des chefs-d'oeuvre d'humour et de suspense, avec la peur et le fantastique en prime. De l'avis des libraires et des bibliothécaires, l'engouement des enfants pour cette série ne semble jamais avoir eu d'équivalent. En juin 2000, juste avant la parution du quatrième tome, le nombre de livres vendus s'élève à 35 millions d'exemplaires traduits en 35 langues différentes. Dans 140 pays ils ne quittent pas le haut de la liste des meilleures ventes de livres pour enfants. Le New York Times a même dû séparer sa liste de best-sellers pour enfants de celle des adultes, afin d'éviter que Harry Potter n'occupe indéfiniment la première place des best-sellers tous âges confondus.

Le 7 juillet 2000, le quatrième titre, Harry Potter and the Goblet of Fire (Harry Potter et le gobelet de feu), déferle sur le monde anglophone. Avant sa sortie aux Etats-Unis, il est pré-commandé par près d'un million d'enfants, dont 400.000 commandes pour Amazon.com et 360.000 sur le site ou dans les librairies Barnes & Noble. Opération de marketing sans précédent, le lancement officiel a lieu très exactement le 7 juillet 2000 à minuit et une minute, avec librairies ouvertes en pleine nuit, queues impressionnantes, et service exceptionnel mis en place dans les librairies en ligne pour répondre à la demande et assurer une livraison rapide.

Le premier tirage de Scholastic, l'éditeur de la série aux Etats-Unis, est de 3,8 millions d'exemplaires. Celui de l'éditeur anglais, Bloomsbury, est de 1 million d'exemplaires pour le Royaume-Uni, 400.000 exemplaires pour le Canada et 200.000 pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande (en vente le 14 juillet pour ces deux derniers pays). 375.000 exemplaires sont vendus dès le premier jour. Ce premier tirage est immédiatement suivi d'un deuxième tirage de 1,5 million d'exemplaires.

Aux Etats-Unis, Harry Potter and the Goblet of Fire est publié en braille par la National Braille Press (NBP) le 27 juillet 2000, soit vingt jours seulement après sa sortie, avec un premier tirage de 500 exemplaires. Les 734 pages de l'original donnent 1.184 pages braille, mais le prix du livre braille n'est pas plus élevé. Ce très court délai a été possible grâce à deux facteurs. D'une part Scholastic, l'éditeur original, a fourni le fichier électronique, une initiative dont feraient bien de s'inspirer nombre d'éditeurs. D'autre part les 31 membres de l'équipe de la National Braille Press ont travaillé sans relâche pendant quinze jours. Comme les titres précédents de la série, l'ouvrage est également disponible au format PortaBook, à savoir un fichier en braille informatique abrégé disponible sur disquette et lisible au moyen d'un lecteur braille portable ou d'un logiciel braille sur micro-ordinateur.

En Allemagne, un groupe de fans décide de se partager la traduction bénévole des 37 chapitres du quatrième volume. Fin août 2000, il propose les six premiers chapitres en téléchargement libre sur le site Harry-auf-Deutsch-Community, et les neuf chapitres suivants sont en cours de traduction. Cette traduction non autorisée suscite de vives controverses, la sortie officielle du livre étant prévue le 14 octobre chez Carlsen Verlag, avec un premier tirage d'un million d'exemplaires. La riposte de l'éditeur officiel est rapide. Ses avocats menacent Bernd Kölemann, coordonnateur du projet, de poursuites, de deux ans d'emprisonnement et d'une amende de 210.000 euros s'il n'arrête pas ses activités avant le 31 août. Les téléchargements cessent donc. Ces démêlés entre un éditeur établi et un site internet non commercial mettent à nouveau sur la sellette divers problèmes: respect du droit d'auteur, respect de l'exclusivité d'un éditeur, conditions de téléchargement libre des oeuvres sous copyright, etc. Des éditeurs connus soutiennent Carlsen Verlag. Ils profitent de l'occasion pour rappeler que les profits dégagés par les best-sellers leur permettent de publier aussi des livres à petit tirage. Il reste à espérer que ce soit vraiment le cas. La version allemande du quatrième tome est lancée par Carlsen Verlag le 14 octobre 2000, avec un premier tirage d'un million d'exemplaires, et 150 librairies ouvertes la nuit du lancement.

Fin novembre 2000, la série est traduite dans 200 langues et les ventes des quatre titres toutes éditions confondues atteignent 66 millions d'exemplaires. La série est récompensée par 50 prix littéraires.

Le 29 novembre 2000, la traduction française du quatrième tome, Harry Potter et la coupe de feu, déferle sur la francophonie. Son traducteur, Jean-François Ménard, qui traduit la série depuis ses débuts, a travaillé sans relâche pendant deux mois. Le titre paraît chez Gallimard dans la collection Folio Junior, comme les trois titres précédents (Harry Potter à l'école des sorciers, Harry Potter et la chambre des secrets, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban), vendus jusque-là à 1,4 million d'exemplaires. Dès le 24 novembre 2000, ce sont les grandes manoeuvres. Amazon France s'allie à Chronopost pour une livraison dans les meilleurs délais. Chronopost et Amazon s'engagent à assurer la livraison du livre partout en France le jour même de sa sortie, mercredi 29 novembre, et ce avant 10 h du matin si la commande est passée avant 14 h la veille.

Le premier tirage du quatrième tome est de 450.000 exemplaires, acheminés vers 4.500 points de vente en France, en Belgique et en Suisse. Les 50.000 exemplaires destinés au Québec (inclus dans les chiffres du premier tirage) sont imprimés sur place pour éviter le coût du transport et les délais de livraison. En France, quelques dizaines de librairies ouvrent exceptionnellement leurs portes dans la nuit du 28 au 29 novembre, avec achat du livre à partir de minuit et une minute. Le jour même de la sortie du livre, Gallimard annonce un deuxième tirage de 100.000 exemplaires.

Seule ombre au tableau, mais de taille: le prix du quatrième tome est de 19 euros, alors que les tomes précédents, publiés au format de poche, valent 5 euros. Gallimard publie aussi un coffret regroupant les quatre tomes, ainsi que Rencontre avec J.K. Rowling, un entretien de l'auteur avec Lindsey Fraser, critique de livres pour enfants. En partenariat avec France Culture, l'éditeur sort également l'audiobook du premier volume (Harry Potter à l'école des sorciers), lu par Bernard Giraudeau.

Pendant ce temps, J. K. Rowling protège âprement sa vie privée et travaille au cinquième tome, qui devrait s'intituler Harry Potter et l'ordre du phénix. Harry Potter aura 15 ans, puisqu'il gagne une année par tome. Deux autres tomes suivront ensuite.

Dès 1997, Warner Bros, filiale du groupe Time Warner, acquiert les droits d'adaptation de la série pour le cinéma. Puis Electronic Arts, éditeur de jeux vidéo, obtient auprès de Warner Bros les droits mondiaux sur la série, afin de développer des jeux pour PC et pour l'internet. Le film issu du premier tome est en préparation sous la direction de Chris Columbus, d'après un scénario de Steve Kloves. La sortie du film est prévue le 16 novembre 2001.

16.3. Trois auteurs de best-sellers prennent le risque du numérique

Stephen King aux Etats-Unis, Frederick Forsyth au Royaume-Uni et Arturo Pérez-Reverte en Espagne sont les premiers auteurs de best-sellers à se lancer dans l'édition numérique, sous le feu des critiques de tous ordres émanant des médias et de professionnels du livre qui préfèrent attendre que le modèle économique soit bien rodé pour se lancer.

Stephen King, maître du suspense, est le premier auteur à succès à distribuer une oeuvre uniquement sur l'internet. En mars 2000, sa nouvelle Riding The Bullet, une nouvelle assez volumineuse puisqu'elle fait 66 pages, provoque un véritable raz-de-marée lors de sa "sortie" sur le web. 400.000 exemplaires sont téléchargés en 24 heures sur les sites des libraires en ligne qui la vendent (au prix de 2,50 $US = 2,90 euros).

En juillet 2000, fort de cette expérience prometteuse, Stephen King décide de se passer des services de Simon & Schuster, son éditeur habituel. Il crée un site web spécifique pour permettre le téléchargement des différents chapitres, et commence l'auto-publication en épisodes de The Plant, un roman épistolaire qui raconte l'histoire d'une plante carnivore s'emparant d'une maison d'édition en lui promettant le succès commercial en échange de sacrifices humains. Le 24 juillet 2000, le premier chapitre est téléchargeable en plusieurs formats (PDF, OeB, HTML, texte, etc.) pour la somme de1 $US (1,16 euros), avec paiement différé ou paiement immédiat sur le site d'Amazon.com.

Sur son site, dans une lettre aux lecteurs, Stephen King raconte que ce premier chapitre lui a coûté la somme de 124.150 $US (144.250 euros) pour la création, le design et la publicité du site web, sans compter sa prestation en tant qu'écrivain et les services de son assistante. Il précise aussi que la publication des chapitres suivants est liée au paiement du premier chapitre par 75% des lecteurs au moins. "Mes amis, vous avez l'occasion de devenir le pire cauchemar des éditeurs, déclare-t-il. Comme vous voyez, c'est simple. Pas de cryptage assommant! Vous voulez imprimer l'histoire et en faire profiter un(e) ami(e)? Allez-y. Une seule condition: tout repose sur la confiance, tout simplement. C'est la seule solution. Je compte sur deux facteurs. Le premier est l'honnêteté. Prenez ce que bon vous semble et payez pour cela, dit le proverbe. Le second est que vous aimerez suffisamment l'histoire pour vouloir en lire davantage. Si vous le voulez vraiment, vous devez payer. Rappelez-vous: payez et l'histoire continue. Volez, et l'histoire s'arrête."

Le 31 juillet, le chapitre est téléchargé 152.132 fois avec paiement par 76% des lecteurs, dont certains ont tenu à payer davantage que le dollar demandé, parfois même jusqu'à 10 ou 20 $US (11,6 ou 23,2 euros), pour compenser le manque à gagner de ceux qui ne paieraient pas, et éviter ainsi que la série ne s'arrête. La barre des 75% est donc dépassée de peu, au grand soulagement des fans, si bien que le deuxième chapitre suit le 21 août.

Le 25 août, dans une nouvelle lettre aux lecteurs, Stephen King annonce un nombre de téléchargements du deuxième chapitre légèrement inférieur à celui du premier chapitre. Il en attribue la cause à une publicité moindre et à des problèmes de téléchargement. Si le nombre de téléchargements n'a que légèrement décru, le nombre de paiements est en nette diminution, le public ne payant qu'une fois pour plusieurs téléchargements. L'auteur s'engage cependant à publier le troisième chapitre comme prévu fin septembre, et à prendre une décision ensuite sur la poursuite ou non de l'expérience, en fonction du nombre de paiements. Il envisage aussi des chapitres plus longs que les premiers, qui représentent 5.000 signes. Il prévoit onze ou douze chapitres en tout, avec un nombre total de 1,7 million de téléchargements. Le ou les derniers chapitres seraient gratuits.

Plus volumineux, les chapitres 4 et 5 passent à 2 $US (2,32 euros). Mais les choses ne se passent pas aussi bien que l'auteur le souhaiterait. Le nombre de téléchargements et de paiements ne cesse de décliner: 40.000 téléchargements seulement pour le cinquième chapitre, alors que le premier chapitre avait été téléchargé 120.000 fois, et paiement pour 46% des téléchargements seulement. Fin novembre, Stephen King annonce l'interruption de la publication pendant un an ou deux, après la parution du sixième chapitre, téléchargeable gratuitement à la mi-décembre. "The Plant va retourner en hibernation afin que je puisse continuer à travailler, indique-t-il sur son site. Mes agents insistent sur la nécessité d'observer une pause afin que la traduction et la publication à l'étranger puissent rattraper la publication américaine." Mais cette décision semble d'abord liée à l'échec commercial de l'expérience.

Cet arrêt suscite de très nombreuses critiques de la part des lecteurs et des professionnels du livre. Mais on pourrait au moins reconnaître à l'auteur un mérite, celui d'avoir été le premier à se lancer dans l'aventure. Nombre d'auteurs et d'éditeurs ont suivi l'expérience pendant quatre mois, soit par réel intérêt, soit par simple curiosité, et certains avec inquiétude. Quand Stephen King a décidé d'arrêter l'expérience, quelques journalistes et critiques littéraires ont affirmé qu'il s'était ridiculisé aux yeux du monde entier! N'est-ce pas un peu exagéré?

En novembre 2000, deux Européens, l'anglais Frederick Forsyth et l'espagnol Arturo Pérez-Reverte, décident de se lancer eux aussi dans l'aventure. Mais, forts de l'expérience de Stephen King peut-être, ils n'ont pas l'intention de se passer d'éditeur, preuve s'il en est que ceux-ci sont encore utiles.

Frederick Forsyth, maître anglais du thriller, se lance dans le numérique avec l'appui d'Online Originals, éditeur électronique londonien. Le 1er novembre 2000, Online Originals publie The Veteran, histoire d'un crime violent commis à Londres, et la première d'une série de cinq nouvelles électroniques intitulée Quintet. Disponible au format Microsoft Reader, Glassbook et PDF, elle est vendue en ligne au prix de 3,99 £ (soit 6,60 euros), directement par l'éditeur et aussi par le biais de différents libraires en ligne (aux Etats-Unis par Barnes & Noble, Contentville et Glassbook, et au Royaume-Uni par Alphabetstreet, BOL.com et WHSmith). La seconde histoire, The Miracle, est publiée le 22 novembre, et la troisième, The Citizen, le 13 décembre. On attend les deux suivantes: The Art of the Matter et Draco.

"La publication en ligne sera essentielle à l'avenir, déclare l'auteur sur le site de Online Originals. Elle crée un lien simple et surtout rapide et direct entre le producteur original (l'auteur) et le consommateur final (le lecteur), avec très peu d'intermédiaires. Il est passionnant de participer à cette expérience. Je ne suis absolument pas un spécialiste des nouvelles technologies. Je n'ai jamais vu de livre électronique. Mais je n'ai jamais vu non plus de moteur de Formule 1, ce qui ne m'empêche de constater combien ces voitures de course sont rapides."

La première expérience numérique de l'écrivain espagnol Arturo Pérez-Reverte est un peu différente. L'auteur est notamment connu pour une série historique se déroulant au 17e siècle et dont le héros est le capitaine Alatriste. Le nouveau titre à paraître s'intitule El Oro del Rey. Le 3 novembre 2000, en collaboration avec son éditeur Alfaguara, Arturo Pérez-Reverte décide de publier El Oro del Rey en version numérique en exclusivité sur l'internet pendant un mois, sur le site du portail Inicia (qui appartient au groupe Prisa), et ce jusqu'au 30 novembre, date de sa mise en librairie. Entre le 3 et le 30 novembre, le roman est disponible au format PDF au prix de 2,90 euros. A partir du 1er décembre, la version imprimée est vendue en librairie pour 15,10 euros.

Résultat de l'expérience, le nombre de téléchargements est très satisfaisant, mais pas celui des paiements. Le 30 novembre 2000, El Oro del Rey a été téléchargé 332.000 fois, avec paiement par 12.000 clients seulement. "Pour tout acheteur du livre électronique, il y avait une clé pour le télécharger en 48 heures sur le site internet et, surtout au début, beaucoup d'internautes se sont échangés ce code d'accès dans les forums de dialogue en direct (chat) et ont téléchargé leur exemplaire sans payer. On a voulu tester et cela faisait partie du jeu. Arturo Perez-Reverte voulait surtout qu'on le lise", a expliqué Marilo Ruiz de Elvira, directrice de contenus du portail Inicia (citée par l'AFP).

17. L'AVENIR DU RESEAU

[Dans ce chapitre:]

[17.1. Convergence multimédia et conditions de travail // 17.2. L'avenir du réseau vu par les auteurs // 17.3. L'avenir du réseau vu par les diffuseurs de contenu // 17.4. L'avenir du réseau vu par les gestionnaires]

17.1. Convergence multimédia et conditions de travail

La numérisation permettant désormais de créer, enregistrer, combiner, stocker, rechercher et transmettre des données de manière simple et rapide, le processus matériel de production s'en trouve considérablement accéléré. Les progrès des technologies de l'information en général, et de la numérisation en particulier, entraînent progressivement l'unification de tous les secteurs liés à l'information: imprimerie, publication, conception graphique, presse, enregistrement sonore, réalisation de films, radiodiffusion, télédiffusion, etc. C'est ce qu'on appelle la convergence multimédia.

Si on nous annonce tous les jours de nouvelles prouesses techniques, la convergence multimédia a ses revers, à commencer par la surinformation et la désinformation. D'où le rôle des journalistes pour trier cette information, la commenter et faire preuve d'esprit critique.

Plus graves encore, les autres revers de la convergence multimédia sont les contrats occasionnels et précaires, l'isolement des télétravailleurs, le non respect du droit d'auteur, etc. A part pour le droit d'auteur, étant donné l'enjeu financier qu'il représente, il est rare que ces problèmes fassent la "une" des journaux.

Pour ne prendre qu'un exemple, celui de la presse, les dirigeants syndicaux insistent régulièrement sur la pression constante exercée sur les journalistes des salles de rédaction. Désormais leurs articles doivent être prêts à n'importe quelle heure - et non plus seulement en fin de journée - et le rythme de travail est extrêmement soutenu. Ces tensions à répétition sont encore aggravées par une journée de travail sur écran pendant huit à dix heures d'affilée. Souvent, les normes de sécurité au travail ne sont pas respectées. Après quelques années de ce régime, des journalistes "craquent" à l'âge de 35 ou 40 ans.

Les journalistes ne sont pas les seuls à "craquer" après plusieurs années de tension et de stress. Le fait de pouvoir être joint à tout moment par courrier électronique, par téléphone portable et par SMS (short message service) n'arrange rien, à moins, quand on peut, de faire barrage et de s'efforcer de ne pas travailler 24 heures par jour, ce qui n'est pas toujours facile.

De plus, les problèmes auxquels la "nouvelle économie" est confrontée depuis la fin 2000 n'arrangent rien. Ces derniers mois ont été marqués par l'effondrement des valeurs internet en bourse, alors qu'on prédisait pour ces valeurs une croissance de 30% et plus. Les recettes publicitaires sont moins importantes que prévu alors qu'elles sont souvent la principale source de revenus des sociétés internet. Enfin le ralentissement économique, observé d'abord aux Etats-Unis et ensuite partout ailleurs, entraîne la fermeture de nombreuses dot.com ou le licenciement d'une partie de leur personnel.

Pour ne prendre que quelques exemples, le 16 novembre 2000, les dirigeants de Britannica.com, le site web de l'Encyclopaedia Britannica (voir 12.1), annoncent une restructuration du site dans l'optique d'une plus grande rentabilité. 75 personnes sont licenciées, soit 25% du personnel. L'équipe qui travaille sur la version imprimée n'est pas affectée. Le 30 janvier 2001, la librairie en ligne Amazon.com, qui emploie 1.800 personnes en Europe, annonce une réduction de 15% des effectifs et la restructuration du service clientèle européen, qui était basé à La Hague (Pays-Bas). Les 240 personnes qu'emploie ce service sont transférées dans les centres de Slough (Royaume-Uni) et Regensberg (Allemagne). Aux Etats-Unis, dans la maison-mère, suite à un quatrième trimestre 2000 déficitaire, un plan de réduction de 15% des effectifs entraîne 1.300 licenciements.

Les médias américains suppriment de nombreux emplois dans leurs filiales internet. Le 7 janvier 2001, le New York Times Co. - qui édite de grands journaux comme le New York Times et le Boston Globe - annonce la suppression de 69 postes sur les 400 que compte New York Times Digital, sa filiale internet, soit 17% de ses effectifs. Selon la direction, les licenciements devraient permettre à la société de recouvrer la rentabilité en 2002, après une perte de 18 millions de $US (19 millions d'euros) au troisième trimestre 2000 pour un chiffre d'affaires de 12,1 millions de $US (12,7 millions d'euros), en hausse de près de 100% par rapport à l'année précédente.

De son côté, à la même date, le groupe CNN annonce une réorganisation interne avec suppression de 500 à 1.000 postes, dont une bonne partie des 750 postes de CNN Interactive, la division interactive du groupe, qui supervise une quinzaine de sites à l'enseigne CNN en plusieurs langues (anglais, allemand, espagnol, italien, portugais, japonais, suédois, etc.). News Corporation, le groupe de médias contrôlé par Rupert Murdoch, décide de fusionner sa division internet News Digital Media, qui produit les principaux sites web du groupe, avec les chaînes de télévision auxquelles ces sites sont associés (Fox, Fox Sports et Fox News), ce qui signifie la suppression de la moitié des 400 emplois existants.

En juillet 2001, ce sont les librairies en ligne françaises qui sont touchées, le nombre de librairies semblant trop important par rapport au marché actuel (voir 10.2). La librairie Bol.fr décide de fermer ses portes le 1er août, avec traitement des commandes reçues jusqu'au 15 septembre.

Autre facteur très inquiétant, les conditions de travail des salariés de la nouvelle économie laissent fort à désirer. Pour ne prendre que l'exemple le plus connu, Amazon.com ne fait plus seulement la "une" pour son modèle économique, mais pour les conditions de travail de son personnel. Le Prewitt Organizing Fund et le syndicat SUD-PTT Loire Atlantique débutent le 21 novembre 2000 une action de sensibilisation auprès des salariés d'Amazon France pour de meilleures conditions de travail et de salaires (voir 16.1 pour le descriptif d'Amazon France). Ils rencontrent une cinquantaine de salariés travaillant dans le centre de distribution de Boigny-sur-Bionne, dans la banlieue d'Orléans. SUD-PTT dénonce chez Amazon "des conditions de travail dégradées, la flexibilité des horaires, le recours aux contrats précaires dans les périodes de flux, des salaires au rabais, et des garanties sociales minimales". Une action similaire est menée en Allemagne et en Grande-Bretagne. Patrick Moran, responsable du Prewitt Organizing Fund, entend constituer une alliance des salariés de la nouvelle économie (Alliance of New Economy Workers).

17.2. L'avenir du réseau vu par les auteurs

Comment les auteurs voient-ils sur l'avenir du réseau?

Michel Benoît, auteur de nouvelles noires et fantastiques: "En ce moment, il est extrêmement difficile de faire quelque prédiction que ce soit sur le futur d'internet. Toute prospective le moindrement pointue, techniquement par exemple, sur l'évolution du net sera certainement farfelue dans un futur plus ou moins rapproché. On peut y aller d'idées, encore que ça doit être très général. Pas par crainte d'être ridicule, le ridicule ne tue pas, c'est connu. Non, par souci d'honnêteté, tout simplement. (…) Parenthèse: est-il si farfelu de penser que les historiens des années 2100 considéreront l'avènement du net comme un événement aussi, sinon plus, important que la révolution industrielle? Le feu, l'agriculture, la révolution industrielle, le net. On en est rendu à la 'révolution continue de l'Evolution'. Ça me fait penser à ce merveilleux texte Desiderata, découvert dans l'église Saint-Paul à Baltimore en 1693, je pense. J'en cite de mémoire une phrase qui me hante: 'Que vous le compreniez ou non, que vous le vouliez ou non, l'univers évolue comme il se doit.' J'y crois. Je crois sincèrement qu'au travers l'incroyable désordre de l'Evolution, il n'y a rien qui soit soumis au hasard. 'Dieu n'a pas créé un monde soumis au hasard', disait Einstein à Bohr lors d'une de leurs homériques prises de bec."

Lucie de Boutiny, écrivain papier et pixel: "Comme tous ceux qui ont surfé avec des modems de 14.4 Ko sur le navigateur Mosaic et son interface en carton-pâte, je suis déçue par le fait que l'esprit libertaire ait cédé le pas aux activités libérales décérébrantes. Les frères ennemis devraient se donner la main comme lors des premiers jours car le net à son origine n'a jamais été un repaire de 'has been' mélancoliques, mais rien ne peut résister à la force d'inertie de l'argent. C'était en effet prévu dans le scénario, des stratégies utopistes avaient été mises en place mais je crains qu'internet ne soit plus aux mains d'internautes comme c'était le cas. L'intelligence collective virtuelle pourtant se défend bien dans divers forums ou listes de discussions, et ça, à défaut d'être souvent efficace, c'est beau. Dans l'utopie originelle, on aurait aimé profiter de ce nouveau média, notamment de communication, pour sortir de cette tarte à la crème qu'on se reçoit chaque jour, merci à la société du spectacle, et ne pas répéter les erreurs de la télévision qui n'est, du point de vue de l'art, jamais devenue un média de création ambitieux."

Alain Bron, consultant en systèmes d'information et écrivain: "Ce qui importe avec internet, c'est la valeur ajoutée de l'humain sur le système. Internet ne viendra jamais compenser la clairvoyance d'une situation, la prise de risque ou l'intelligence du coeur. Internet accélère simplement les processus de décision et réduit l'incertitude par l'information apportée. Encore faut-il laisser le temps au temps, laisser mûrir les idées, apporter une touche indispensable d'humanité dans les rapports. Pour moi, la finalité d'internet est la rencontre et non la multiplication des échanges électroniques."

Tim McKenna, écrivain et philosophe: "J'aimerais que l'internet devienne davantage un outil d'accès à l'information et aux médias non contrôlé par les multinationales."

Xavier Malbreil, auteur multimédia: "Concernant l'avenir de l'internet, je le crois illimité. Il ne faut pas confondre les gamelles que se prennent certaines start-up trop gourmandes, ou dont l'objectif était mal défini, et la réalité du net. Mettre des gens éloignés en contact, leur permettre d'intéragir, et que chacun, s'il le désire, devienne son propre fournisseur de contenu, c'est une révolution dont nous n'avons pas encore pris toute la mesure."

Christian Vandendorpe, professeur et écrivain: "Cet outil fabuleux qu'est le web peut accélérer les échanges entre les êtres, permettant des collaborations à distance et un épanouissement culturel sans précédent. Mais cet espace est encore fragile. Il risque d'être confisqué par des juridictions nationales. Ou il peut être transformé en une gigantesque machine à sous au moyen de laquelle la quasi-totalité de nos activités entrerait dans le circuit économique et ferait l'objet d'une tarification minutée. On ne peut pas encore prédire dans quel sens il évoluera. Le phénomène Napster a contribué à un début de prise en main par les juges, qui tendent à imposer sur cet espace les conceptions en vigueur dans le monde physique. On pourrait ainsi en étouffer le potentiel d'innovation. Il existe cependant des signes encourageants, notamment dans le développement des liaisons de personne à personne et surtout dans l'immense effort accompli par des millions d'internautes partout au monde pour en faire une zone riche et vivante."

17.3. L'avenir du réseau vu par les diffuseurs de contenu

En juin 1998, Olivier Bogros, créateur de la Bibliothèque électronique de Lisieux, écrivait: "Internet est un outil formidable d'échange entre professsionnels (tout ce qui passe par le courrier électronique, les listes de diffusion et les forums) mais qui est un consommateur de temps très dangereux: on a vite fait si l'on n'y prend garde de divorcer et de mettre ses enfants à la DASS (Direction de l'aide sanitaire et sociale). Plus sérieusement, c'est pour les bibliothèques la possibilité d'élargir leur public en direction de toute la francophonie. Cela passe par la mise en ligne d'un contenu qui n'est pas seulement la mise en ligne du catalogue, mais aussi et surtout la constitution de véritables bibliothèques virtuelles. Les professionnels des bibliothèques sont les acteurs d'un enjeu important concernant la place de la langue française sur le réseau."

De l'avis de Marie-Aude Bourson, créatrice de Gloupsy, site littéraire faisant connaître de nouveaux auteurs, l'internet verra "une concentration des sites commerciaux mais une explosion des sites persos qui seront regroupés par communautés d'intérêt".

Denis Zwirn, PDG de Numilog: "Le développement attendu d'internet est une panacée qui possède suffisamment d'évidence pour ne pas y insister: il ne s'agit pas d'une mode, mais d'une révolution des moyens de communication qui présente des avantages objectifs tellement forts qu'on ne voit pas, sauf nouveau saut technologique inattendu, comment elle pourrait ne pas se répandre."

17.4. L'avenir du réseau vu par les gestionnaires

Pierre-Noël Favennec, expert à la direction scientifique de France Télécom R&D: "Le mariage des télécommunications et de l'informatique font de l'internet une technologie extrêmement puissante et très riche d'avenir. Mais l'internet n'est qu'une technologie, puissante certes, qui vient s'ajouter à celles existantes ; elle ne les remplace pas, elle apporte autre chose: de l'information potentielle supplémentaire, de la communication virtuelle où il n'y a plus de distance, un accès potentiel à de la culture venant de partout…"

Gérard Jean-François, directeur du centre de ressources informatiques de l'Université de Caen: "Pour l'avenir, les évolutions suivantes se précisent à l'horizon: les développements techniques pour la prise en compte des différents médias; la 'démocratisation' de l'internet, qui amènera la mise en place de réseaux professionnels; la multiplication des problèmes de sécurité liés à la dématérialisation de l'information."

Jean-Philippe Mouton, gérant de la société d'ingénierie Isayas: "Je pense que le développement et la maintenance de systèmes informatiques internet est une activité qui vient dans la continuité des systèmes MVS (multiple virtual storage) et client/serveur. De nouvelles sociétés sont créées pour répondre aux besoins informatiques récents des entreprises, alors que l'activité dans le domaine des vieux systèmes ralentit. La récession du net touche aujourd'hui en priorité les entreprises nouvelles de 'business online'. Internet n'a pas pour vocation véritable de créer de nouveaux commerces, c'est un moyen de communication, un nouvel outil marketing, la possibilité pour les entreprises d'avoir des franchises à moindre coût, une information accessible par l'ensemble de ses interlocuteurs… Je suis de ceux qui croient que les sociétés d'ingénierie risquent d'être moins touchées par le phénomène 'start-down' que d'autres dans ce domaine."

La conclusion de ce chapitre appartient à Pierre Schweitzer, architecte designer et concepteur d'@folio, support numérique de lecture nomade: "Internet pose une foule de questions et il faudra des années pour organiser des réponses, imaginer des solutions. L'état d'excitation et les soubresauts autour de la dite 'nouvelle' économie sont sans importance, c'est l'époque qui est passionnante."

18. CYBERESPACE ET SOCIETE DE L'INFORMATION

[Dans ce chapitre:]

[18.1. Le cyberespace: définitions / Le cyberespace vu par les auteurs / Le cyberespace vu par les bibliothécaires-documentalistes / Le cyberespace vu par les éditeurs / Le cyberespace vu par les gestionnaires / Le cyberespace vu par les linguistes / Le cyberespace vu par les professeurs / Le cyberespace vu par les spécialistes du numérique // 18.2. La société de l'information: définitions / Un concept vide de sens / La société de l'information vue par les auteurs / La société de l'information vue par les bibliothécaires-documentalistes / La société de l'information vue par les éditeurs / La société de l'information vue par les linguistes / La société de l'information vue par les professeurs / La société de l'information vue par les spécialistes du numérique]

On rappelle souvent que la paternité du terme "cyberspace" revient à William Gibson, qui le définit ainsi dans Neuromancien, roman de science-fiction paru en 1984: "Cyberespace: une hallucination consensuelle expérimentée quotidiennement par des milliards d'opérateurs réguliers, dans chaque nation, par des enfants à qui on enseigne des concepts mathématiques… Une représentation graphique des données extraites des banques de tous les ordinateurs dans le système humain. Complexité incroyable. Des lignes de lumière qui vont dans le non-espace de l'esprit, des agglomérats et des constellations de données. Et qui fuient, comme les lumières de la ville." (traduction personnelle à partir du texte anglais)

Quant à la société de l'information, elle n'est pas si récente. On annonce presque quotidiennement son avènement depuis les années 70, comme le rappelle Jacques Pataillot, conseiller en management chez Cap Gemini Ernst & Young: "C'est un vieux concept, dont on parlait déjà en 1975! Seules les technologies ont changé."

Les termes "cyberespace" et "société de l'information" sont sur toutes les lèvres, et dans tous les écrits. La littérature sur le sujet est abondante, et n'est pas près de tarir. Plutôt que la répertorier, ou de gloser sur le sujet, on a préféré demander aux professionnels du livre quelles étaient leurs propres définitions. Voici leurs réponses.

18.1. Le cyberespace: définitions

= Le cyberespace vu par les auteurs

Alex Andrachmes, producteur audiovisuel, écrivain et explorateur d'hypertexte: "Lequel? Celui des Gibson, inventeur de la formule, des Spinrad ou des Clarke, utopies scientifiques pas toujours traitées comme elles devraient l'être? Ou celui des AOL/Time-Warner, des Microsoft ou des… J6M-Canal/Universal… Tout ce qu'on peut dire à l'heure actuelle, c'est que ce qu'on peut encore appeler le cyberspace est multiforme, et qu'on ne sait pas qui le domptera. Ni s'il faut le dompter d'ailleurs… En tout cas, les créateurs, artistes, musiciens, les sites scientifiques, les petites 'start-up' créatives, voire les millions de pages perso, les chats, les forums, et tout ce qui donne au net sa matière propre ne pourra être ignoré par les grands mangeurs de toile. Sans eux, ils perdraient leurs futurs 'abonnés'. Ce paradoxe a son petit côté subversif qui me plaît assez."

Lucie de Boutiny, écrivain papier et pixel: "Le délire SF du type: 'bienvenue dans la 3e dimension, payez-vous du sexe, des voyages et des vies virtuels' a toujours existé. La méditation, l'ésotérisme, les religions y pourvoient, etc. Maintenant, on est dans le cyberspace."

Jean-Pierre Cloutier, auteur des Chroniques de Cybérie, chronique hebdomadaire des actualités de l'internet, définit le cyberespace comme "un monde parallèle, un espace où se déroule l'ensemble des activités d'information, de communication, et d'échanges (y compris échanges commerciaux) désormais permises par le réseau. Il y a un centre, autonome, très interconnecté qui vit par et pour lui-même. Puis des collectivités plus ou moins ouvertes, des espaces réservés (intranets), des sous-ensembles (AOL, CompuServe). Il y a ensuite de très longues frontières où règne une culture mixte, hybride, issue du virtuel et du réel (on pense aux imprimés qui ont des versions web, aux sites marchands). Il y a aussi un sentiment d'appartenance à l'une ou l'autre de ces régions du cyberespace, et un sentiment d'identité."

Luc Dall'Armellina, co-auteur et webmestre d'oVosite, espace d'écritures hypermédias: "Ce pourrait-être quelque chose comme l'ensemble électrique mouvant, le système invisible mais cohérent des êtres humains sensibles et des interfaces intelligentes dont les activités sont tout ou en partie réglées, conditionnées ou co-régulées à travers leurs machines connectées ensemble. Peut-être plus simplement: la virtualisation sensible et numérique de l'inconscient collectif…"

Jean-Paul, webmestre du site des cotres furtifs, qui raconte des histoires en 3D, le définit comme "un lieu isotrope en expansion pour l'instant infinie. Un modèle de la vision que nous avons aujourd'hui de l'univers. Jusqu'à l'invention du clic, le savoir humain était senti comme un espace newtonien, avec deux repères absolus: le temps (linéaire: un début, une fin) et l'espace (les trois dimensions du temple, du rouleau, du volumen). Le cyberespace obéit aux lois de l'hypertexte. Deux temps simultanés: le temps taxé (par le fournisseur d'accès ou par les impératifs de productivité, égrené par l'antique chrono), et le temps aboli, qui fait passer d'un lien à l'autre, d'un lieu à l'autre à la vitesse de l'électron, dans l'illusion du déplacement instantané. Quant aux repères, quiconque a lancé une recherche dans cet espace sait qu'il doit lui-même les définir pour l'occasion, et se les imposer (sous peine de se disperser, de se dissoudre), pour échapper au vertige de la vitesse. A cause de cette 'vitesse de la pensée', nous trouvons dans cet espace un 'modèle' de notre cerveau. 'Ça tourne dans ma tête', à travers 10, 20, etc… synapses à la fois, comme un fureteur archivant la toile. Bref les lois du cyberespace sont celles du rêve et de l'imagination."

Pour Anne-Bénédicte Joly, écrivain auto-éditant ses livres, le cyberespace est "le domaine virtuel créé par la mise en relation de plusieurs ordinateurs communiquant et échangeant entre eux".

Naomi Lipson, écrivain multimédia, traductrice et peintre: "J'aime la métaphore du labyrinthe. Le média se nourrissant lui-même, le cyberespace contient une infinité de sites sur les labyrinthes."

Tim McKenna, écrivain et philosophe: "Pour moi, le cyberespace est l'ensemble des liens existant entre les individus utilisant la technologie pour communiquer entre eux, soit pour partager des informations, soit pour discuter. Dire qu'une personne existe dans le cyberespace revient à dire qu'elle a éliminé la distance en tant que barrière empêchant de relier personnes et idées."

Pour Xavier Malbreil, auteur multimédia et modérateur de la liste e-critures, il s'agit d'"une interconnexion de tous, partout. Avec le libre accès à des banques de données, pour insuffler également du contenu dans les échanges interpersonnels".

Murray Suid, écrivain travaillant pour une société internet de logiciels éducatifs: "Le cyberespace est n'importe où, c'est-à-dire partout. L'exemple le plus simple est ma boîte aux lettres électronique, qui me suit où que j'aille."

= Le cyberespace vu par les bibliothécaires-documentalistes

Emmanuel Barthe, documentaliste juridique et modérateur de la liste de discussion Juriconnexion: "Je ne visualise pas le cyberespace comme véritable espace physique mais comme un immense média néanmoins concentré en un lieu unique: l'écran de l'ordinateur. En revanche, je conçois/pense le cyberespace comme un forum ou une assemblée antique: beaucoup d'animation, diversité des opinions, des discours, des gens qui se cachent dans les recoins, des personnes qui ne se parlent pas, d'autres qui ne parlent qu'entre eux…"

Bakayoko Bourahima, documentaliste à l'ENSEA (Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée) d'Abidjan: "Il y a encore un peu de fantasme autour de ce mot. Quand j'ai fait connaissance avec ce mot (utilisé par Jean-Claude Guédon et Nicholas Négroponte), il m'avait d'abord laissé l'illusion d'un espace extra-terrestre où les ordinateurs et leurs utilisateurs se transportaient pour échanger des données et communiquer. Depuis que je navigue moi-même, je me rends compte qu'il s'agit tout simplement d'un espace virtuel traduisant le cadre de communication qui rassemble les internautes à travers le monde."

Peter Raggett, directeur du centre de documentation de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques): "Le cyberespace est cette zone 'extérieure' qui se trouve de l'autre côté du PC lorsqu'on se connecte à l'internet. Pour ses utilisateurs ou ses clients, tout fournisseur de services internet ou serveur de pages web se trouve donc dans le cyberespace."

= Le cyberespace vu par les éditeurs

Pour Marie-Aude Bourson, créatrice de Gloupsy, site littéraire destiné aux nouveaux auteurs, le cyberespace est "un espace d'expression, de liberté et d'échanges où tout peut aller très (trop) vite".

Pierre-Noël Favennec, directeur de collection et expert à la direction scientifique de France Télécom R&D: "Le cyberespace est un monde où je suis relié par l'image et le son et sans fil avec qui je veux, quand je veux et où je veux, où j'ai accès à toutes les documentations et informations souhaitées, et dans lequel ma vie est facilitée par les agents intelligents et les objets communicants."

Jacky Minier, créateur de Diamedit, site de promotion d'inédits artistiques et littéraires: "C'est un espace de liberté pour l'imaginaire, une dimension inexplorée de la planète, une jungle et un paradis tout à la fois, où tout est possible même si tout n'est pas permis par l'éthique, où le contenu du portefeuille des intervenants n'a aucun rapport direct avec la valeur des contenus des sites. C'est avant tout une vaste agora, une place publique où l'on s'informe et où l'on informe. Ça peut être également une place de foires et marchés, mais l'argent n'y a cours que très accessoirement, même si la possibilité de vendre en ligne est réelle et ne doit pas être négligée ni méprisée. Il n'y est pas la seule valeur de référence, contrairement au monde réel et, même dans les cas très médiatiques de start-up multimillionnaires, le rapport à l'argent n'est qu'une conséquence, la matérialisation d'espérances financières, très vite sanctionnée en cas d'ambitions excessives comme on le voit régulièrement sur le site Vakooler: Ki Vakooler aujourd'hui? (Va couler: qui va couler aujourd'hui?, ndlr), après les envolées lyriques et délirantes des premiers temps. A terme, je pense que le cyberespace restera un lieu beaucoup plus convivial que la société réelle."

Nicolas Pewny, créateur des éditions du Choucas: "Je reprendrai volontiers une phrase d'Alain Bron, ami et auteur de Sanguine sur Toile (publié en 1999 par les éditions du Choucas, ndlr): 'un formidable réservoir de réponses quand on cherche une information et de questions quand on n'en cherche pas. C'est ainsi que l'imaginaire peut se développer… (Ma correspondante en Nouvelle-Zélande est-elle jolie ? L'important, c'est qu'elle ait de l'esprit.)'"

= Le cyberespace vu par les gestionnaires

Gérard Jean-François, directeur du centre de ressources informatiques de l'Université de Caen: "Le cyberspace peut être considéré comme l'ensemble des informations qui sont accessibles sans aucune restriction sur le réseau internet."

Pour Pierre Magnenat, responsable de la cellule "gestion et prospective" du centre informatique de l'Université de Lausanne, le cyberespace est "l'ensemble des ressources et acteurs connectés et accessibles à un moment donné".

Pour Jacques Pataillot, conseiller en management chez Cap Gemini Ernst & Young, le cyberespace est "l''économie connectée' (de l'anglais 'connected economy') où tous les agents sont reliés électroniquement pour les échanges d'information".

= Le cyberespace vu par les linguistes

Guy Antoine, créateur du site Windows on Haiti, site de référence sur la culture haïtienne: "Le cyberespace est au sens propre une nouvelle frontière pour l'humanité, un endroit où chacun peut avoir sa place, assez facilement et avec peu de ressources financières, avant que les règlements inter-gouvernementaux et les impôts ne l'investissent. Suite à quoi une nouvelle technologie lui succédera."

Pour Alain Clavet, analyste de politiques au Commissariat aux langues officielles du Canada, il s'agit d'"un lieu de connaissances partagées non soumis aux contraintes du temps et de l'espace".

Eduard Hovy, directeur du Natural Language Group de l'Université de Californie du Sud: "Pour moi, le cyberespace est représenté par la totalité des informations auxquelles nous pouvons accéder par l'internet et les systèmes informatiques en général. Il ne s'agit bien sûr pas d'un espace, et son contenu est sensiblement différent de celui des bibliothèques. Par exemple, bientôt mon réfrigérateur, ma voiture et moi-même seront connus du cyberespace, et toute personne disposant d'une autorisation d'accès (et d'une raison pour cela) pourra connaître précisément le contenu de mon réfrigérateur et la vitesse de ma voiture (ainsi que la date à laquelle je devrai changer les amortisseurs), et ce que je suis en train de regarder maintenant. En fait, j'espère que la conception de la publicité va changer, y compris les affiches et les présentations que j'ai sous les yeux en marchant, afin que cette publicité puisse correspondre à mes connaissances et à mes goûts, tout simplement en ayant les moyens de reconnaître que 'voici quelqu'un dont la langue maternelle est l'anglais, qui vit à Los Angeles et dont les revenus sont de tant de dollars par mois'. Ceci sera possible du fait de la nature dynamique d'un cyberespace constamment mis à jour (contrairement à une bibliothèque), et grâce à l'existence de puces informatiques de plus en plus petites et bon marché. Tout comme aujourd'hui j'évolue dans un espace social qui est un réseau de normes sociales, d'expectations et de lois, demain, j'évoluerai aussi dans un cyberespace composé d'informations sur lesquelles je pourrai me baser (parfois), qui limiteront mon activité (parfois), qui me réjouiront (souvent, j'espère) et qui me décevront (j'en suis sûr)."

Steven Krauwer, coordinateur d'ELSNET (European Network of Excellence in Human Language Technologies): "Pour moi, le cyberespace est la partie de l'univers (incluant personnes, machines et information) que je peux atteindre 'derrière' ma table de travail."

Zina Tucsnak, ingénieur d'études en informatique à l'ATILF (Analyse et traitements informatiques du lexique français): "Je crois que, dans le cyberespace, l'information et la quantité de l'information sont gouvernées par des lois mathématiques. Mais les modèles mathématiques n'ont pas trouvé encore leur solution, un peu comme le mouvement perpétuel ou la quadrature du cercle."

= Le cyberespace vu par les professeurs

Pour Gaëlle Lacaze, ethnologue et professeur d'écrit électronique dans un institut universitaire professionnel, il s'agit d'"une visuelle en trois dimensions: superposition de lignes droites mouvantes selon des directions multiples où les rencontres de lignes créent des points de contact".

Pour Patrick Rebollar, professeur de littérature française et modérateur de la liste de diffusion LITOR (Littérature et ordinateur), le cyberespace est "la réplique virtuelle et très imparfaite du monde des relations humaines, sociales, commerciales et politiques. En privant partiellement les utilisateurs de la matérialité du monde (spatiale, temporelle, corporelle), le cyberespace permet de nombreuses interactions instantanées et multi-locales. A noter que les êtres humains se montrent aussi stupides ou intelligents, malveillants ou dévoués dans le cyberespace que dans l'espace réel…"

Henri Slettenhaar, professeur en technologies de la communication à la Webster University de Genève: "Le cyberespace est notre espace virtuel, à savoir l'espace de l'information numérique (constitué de bits, et non d'atomes). Si on considère son spectre, il s'agit d'un espace limité. Il doit être géré de telle façon que tous les habitants de la planète puissent l'utiliser et en bénéficier. Il faut donc éliminer la fracture numérique."

Pour Christian Vandendorpe, professeur à l'Université d'Ottawa et spécialiste des théories de la lecture, le cyberespace est "le nouveau territoire de la culture, un espace qui pourrait jouer le rôle de l'Agora dans la Grèce ancienne, mais à un niveau planétaire".

Russon Wooldridge, professeur au département d'études françaises de l'Université de Toronto: "Je travaille dans la même université que Marshall McLuhan autrefois (nos carrières se sont un moment croisées). Le 'village global' qu'il entrevoyait à l'époque de la radio et de la télévision est devenu une réalité dans l'ère d'internet. Mais un village sans classes sociales (il n'y a pas de châtelain)."

= Le cyberespace vu par les spécialistes du numérique

Pierre Schweitzer, architecte designer et concepteur d'@folio, support numérique de lecture nomade: "C'est un terme un peu obscur pour moi. Mais je déteste encore plus 'réalité virtuelle'. Bizarre, cette idée de conceptualiser un ailleurs sans pouvoir y mettre les pieds. Evidemment un peu idéalisé, 'sans friction', où les choses ont des avantages sans les inconvénients, où les autres ne sont plus des 'comme vous', où on prend sans jamais rien donner, 'meilleur' - paraît-il. Facile quand on est sûr de ne jamais aller vérifier. C'est la porte ouverte à tous les excès, avec un discours technologique à outrance, déconnecté du réel, mais ça ne prend pas. Dans la réalité, internet n'est qu'une évolution de nos moyens de communication. Bon nombre d'applications s'apparentent ni plus ni moins à un télégraphe évolué (Morse, 1830): modem, e-mail… Les mots du télégraphe traversaient les océans entre Londres, New-York, Paris et Toyo, bien avant l'invention du téléphone. Bien sûr, la commutation téléphonique a fait quelques progrès: jusqu'à l'hypertexte cliquable sous les doigts, les URL (uniform resource locators) en langage presqu'humain, bientôt accessibles y compris par les systèmes d'écriture non alphabétiques… Mais notre vrai temps réel, c'est celui des messages au fond de nos poches et de ceux qui se perdent, pas le temps zéro des télécommunications. La segmentation et la redondance des messages, une trouvaille d'internet? Au 19e siècle, quand Reuters envoyait ses nouvelles par pigeon voyageur, il en baguait déjà plusieurs. Nos pages perso? Ce sont des aquariums avec un répondeur, une radio et trois photos plongés dedans. Tout ce joyeux 'bazar' est dans nos vies réelles, pas dans le 'cyberespace'."

18.2. La société de l'information: définitions

= Un concept vide de sens

Gérard Jean-François, directeur du centre de ressources informatiques de l'Université de Caen: "Il n'y a pas de société de l'information particulière. De tout temps, elle a toujours existé. Ce qu'il faut noter, c'est son évolution continue. Gutenberg l'a fait évoluer, de même internet."

Philippe Loubière, traducteur littéraire et dramatique: "Il n'y a pas, je crois, de société de l'information. Internet, la télévision, la radio ne sont pas des moyens d'information, ce sont des moyens de communication. L'information participe d'une certaine forme de savoir sur le monde, et les moyens de communication de masse ne la transmettent pratiquement pas. Ils l'évoquent dans le meilleur des cas (ceux des journalistes de terrain par exemple), et la déforment voire la truquent dans tous les autres. Et (pour autant qu'il le veuille!) le pouvoir politique n'est hélas plus aujourd'hui assez 'le' pouvoir pour pouvoir faire respecter l'information et la liberté. L'information, comme toute forme de savoir, est le résultat d'une implication personnelle et d'un effort de celui qui cherche à s'informer. C'était vrai au Moyen-Âge, c'est encore vrai aujourd'hui. La seule différence, c'est qu'aujourd'hui il y a davantage de leurres en travers du chemin de celui qui cherche."

Pour Pierre Magnenat, responsable de la cellule "gestion et prospective" du centre informatique de l'Université de Lausanne, il s'agit d'"un mot à la mode, qui ne veut rien dire. Une société est par essence communicative, et donc caractérisée par des échanges d'informations. Les seules choses qui ont changé, c'est la quantité et la vitesse de ces échanges."

Patrick Rebollar, professeur de littérature française et modérateur de la liste de diffusion LITOR (Littérature et ordinateur), définit la société de l'information comme "une grande mise en scène (mondialisée) qui fait prendre les vessies pour des lanternes. En l'occurrence, les gouvernants de toutes sortes, notamment sous le nom de 'marché', diffusent de plus en plus de prescriptions contraignantes (notamment commerciales, politiques et morales) qu'ils réussissent, un peu grâce aux merveilles technologiques, à faire passer pour des libertés. Notons que 'cybernétique' et 'gouvernement' ont la même racine grecque…"

= La société de l'information vue par les auteurs

Nicolas Ancion, écrivain et responsable éditorial de Luc Pire électronique: "Pour moi, la société de l'information est l'arrivée d'un nouveau clivage sur la planète: distinction entre ceux qui ont accès au savoir, le comprennent et l'utilisent, et ceux qui n'y ont pas accès pour de nombreuses raisons. Il ne s'agit cependant pas d'une nouvelle forme de société du tout car le pouvoir de l'information n'est lié à aucun pouvoir réel (financier, territorial, etc.). Connaître la vérité ne nourrit personne. Par contre, l'argent permet de très facilement propager des rumeurs ou des mensonges. La société de l'information est simplement une version avancée (plus rapide, plus dure, plus impitoyable) de la société industrielle. Il y a ceux qui possèdent et jouissent, ceux qui subissent et ceux dont on ne parle jamais: ceux qui comprennent et ne peuvent pas changer les choses. Au 19e siècle, certains artistes et certains intellectuels se retrouvaient dans cette position inconfortable. Grâce à la société de l'information, beaucoup de gens ont rejoint cette catégorie assise entre deux chaises. Qui possède des biens matériels et a peur de les perdre mais considère pourtant que les choses ne vont pas dans la bonne direction. Mon opinion personnelle, par rapport à tout ça, c'est que ce n'est pas l'information qui sauve. C'est la volonté. Pour changer le monde, commençons par lever notre cul de notre chaise et retrousser nos manches."

Alex Andrachmes, producteur audiovisuel, écrivain et explorateur d'hypertexte: "Dans l'idéal, un lieu d'échange, le fameuse agora du village global. Mais l'idéal… Tant que le débat existe entre les fous du net et les VRP (voyageurs représentants de commerce, ndlr) de la VPC (vente par correspondance, ndlr), il y a de l'espoir. Le jour où les grands portails se refermeront sur la liberté d'échanger des infos en ligne, ça risque plutôt d'être la société de la désinformation. Ici aussi, des confusions sont soigneusement entretenues. Quelle information, celles du 20 heures à relayer telles quelles sur le net? Celles contenues sur ces fabuleux CD, CD-Rom, DVD chez vous dans les 24 h chrono? Ou toutes les connaissances contenues dans les milliards de pages non répertoriées par les principaux moteurs de recherche. Ceux qui ont de plus en plus tendance à mettre en avant les sites les plus visités, qui le sont dès lors de plus en plus. Là, on ne parle même plus de désinformation, de complot de puissances occultes (financières, politiques ou autres…), mais de surinformation, donc de lassitude, de non-information, et finalement d'uniformisation de la pensée. Sans avoir de définition précise, je vois qu'une société de l'information qui serait figée atteindrait le contraire de sa définition de base. Du mouvement donc…"

Lucie de Boutiny, écrivain papier et pixel: "Je préférerais parler de 'communautés de l'information'… Nous sommes plutôt dans une société de la communication et de la commutation. Il est très discutable de savoir si nos discussions sont de meilleure qualité et si nous serions plus savants… Etre informé n'est pas être cultivé."

Pour Jean-Pierre Cloutier, auteur des Chroniques de Cybérie, chronique hebdomadaire des actualités de l'internet, la société de l'information est "une société où l'unité de valeur réelle est l'information produite, transformée, échangée. Elle correspond au 'centre' du cyberespace. Malheureusement, le concept a tellement été galvaudé, banalisé, on l'a servi à toutes les sauces politiciennes pour tenter d'évoquer ce qu'on ne pouvait imaginer dans le détail, ou concevoir dans l'ensemble, de sorte que l'expression a perdu de son sens."

Pour Luc Dall'Armellina, co-auteur et webmestre d'oVosite, espace d'écritures hypermédias, la société de l'information est "la nôtre, je pense? L'américano-nord-européenne. A la Bourse, les annonces ont des effets mesurables en millions de dollars ou d'euros et déclenchent des impacts économiques et humains parfois très violents: rachats, ventes, hausses et baisses des valeurs, licenciements. C'est une société où la valeur absolue est l'information et son contrôle, et la valeur relative l'humain."

Jean-Paul, webmestre du site des cotres furtifs, qui raconte des histoires en 3D, définit la société de l'information en trois mots: "plus, plus vite. Mais les données ne sont pas l'information. Il faut les liens, c'est à dire le temps. Plus d'évènements, plus d'écrans pour les couvrir. Plus vite: l'évènement du jour est liquide. Effacé, recouvert par la vaguelette du lendemain, la vague du jour d'après, la houle de la semaine, le tsunami du mois. Cycles aussi 'naturels' que les marées estivales du Loch Ness. Pas 'effacé', d'ailleurs, l'évènement d'hier (qui n'est pas 'tous les évènements d'hier'): déja archivé, dans des bases de données qui donnent l'illusion d'être exhaustives, facilement accessibles et momentanément gratuites. Mais les données ne donnent rien par elles-même. S'informer, c'est lier entre elles des données, éliminer celles qui ne sont pas pertinentes (quitte à revenir sur ces choix plus tard), se trouver ainsi obligé de chercher d'autres données qui corroborent ou infirment les précédentes… L'information naît du temps passé à tisser les liens. Or le temps nous est mesuré, au quartz près. Productique ou temps libre, nous passons de plus en plus de temps à raccrocher au nez de spammeurs qui nous interrompent pour nous revendre nos désirs (dont nous informons les bases de données qui les leur vendent). Ce qui est intéressant dans ce bonneteau est que les infos que nous fournissons sur nous-mêmes, nous les truquons suffisamment pour que les commerciaux n'arrivent pas à en tirer les lois du succès: Survivor II est un bide, après le succès de la version I. De cette incertitude viennent les trous dans le filet qui laissent parvenir jusqu'à nous certaines infos. Bref la 'société de l'information', c'est le jeu des regards dans le tableau de de La Tour: 'La diseuse de bonne aventure'. Le jeune homme qui se fait dépouiller en est conscient, et complice. Il a visiblement les moyens de s'offrir les flatteries des trois jolies filles tout en exigeant de la vieille Diseuse qu'elle lui rende l'une de ces piécettes dont il a pris la précaution de gonfler ostensiblement la bourse qu'on lui coupe."

Pour Anne-Bénédicte Joly, écrivain auto-éditant ses livres, la société de l'information permet "l'accès au plus grand nombre de la plus grande quantité d'information possible tout en garantissant la partialité de l'information et en fournissant les clefs de compréhension nécessaires à sa bonne utilisation".

Tim McKenna, écrivain et philosophe: "Je considère la société de l'information comme la forme tangible de la conscience collective de Jung. L'information réside essentiellement dans notre subconscient mais, grâce à l'existence de navigateurs, l'information est désormais plus facile à récupérer. Cette information favorise une meilleure connaissance de nous-mêmes en tant qu'individus et en tant qu'êtres humains."

Xavier Malbreil, auteur multimédia et modérateur de la liste e-critures, définit la société de l'information comme "la circulation de l'information en temps réel. La connaissance immédiate. L'oubli immédiat. L'espace saturé d'ondes nous entourant, et nous, corps humains, devenant peu à peu un simple creux laissé par les ondes, une simple interconnexion. Corps humains devenant instants de l'information."

Pour Murray Suid, écrivain travaillant pour une société internet de logiciels éducatifs, il s'agit d'"une société dans laquelle les idées et le savoir sont plus importants que les objets". 18.2.3. La société de l'information vue par les bibliothécaires-documentalistes

Emmanuel Barthe, documentaliste juridique et modérateur de la liste de discussion Juriconnexion: "Il s'agit nettement moins d'une 'société' de l'information que d'une économie de l'information. J'espère que la société, elle, ne sera jamais dominée par l'information, mais restera cimentée par des liens entre les hommes de toute nature, qu'ils communiquent bien ou mal, peu ou beaucoup."

Pour Bakayoko Bourahima, documentaliste à l'ENSEA (Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée) d'Abidjan, la société de l'information est "la société de l'informatique et de l'internet".

Peter Raggett, directeur du centre de documentation de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques): "La société de l'information est cette société dont le produit le plus précieux est l'information. Jusqu'au 20e siècle, ce sont les produits manufacturiers qui ont été les plus considérés. Ils ont ensuite été remplacés par l'information. En fait, on parle maintenant davantage d'une société du savoir, dans laquelle, du point de vue économique, le produit le plus prisé est le savoir acquis par chacun."

= La société de l'information vue par les éditeurs

Pour Marie-Aude Bourson, créatrice de Gloupsy, site littéraire destiné aux nouveaux auteurs, il s'agit d'"une société où l'information circule très vite (trop peut-être), et où chaque acteur se doit de rester toujours informé s'il ne veut pas s'exclure. L'information elle-même devient une véritable valeur monnayable."

Pour Pierre-Noël Favennec, directeur de collection et expert à la direction scientifique de France Télécom R&D, il s'agit d'"une société dans laquelle tout membre de cette société a accès immédiatement à toutes les informations souhaitées".

Olivier Gainon, créateur de CyLibris, maison d'édition littéraire en ligne: "Ce que nous vivons aujourd'hui, c'est la mise en réseau de notre société, au sens où, à terme, beaucoup des objets quotidiens seront connectés au Réseau (avec un grand R, qui sera lui-même composé de dizaines de réseaux différents). Bref, c'est une nouvelle manière de vivre et, à terme, certainement une nouvelle société. S'agit-il d'une société de 'l'information'? Je n'en suis pas certain. Faut-il que nous définissions collectivement ce que nous voulons dans cette société? Cela me semble urgent, et c'est un débat qui concerne tout le monde, pas uniquement les 'connectés'. Bref, sur quelles valeurs de société fonder notre action future? Voilà un vrai débat. J'en profite d'ailleurs pour faire un peu de pub pour un auteur CyLibris: La Toile de Jean-Pierre Balpe me semble aujourd'hui la meilleure illustration de ce débat. La société qu'il décrit au travers de ce roman est à mon sens la plus probable à court terme (l'action se passe en 2015). Est-ce cela que nous voulons? Est-ce ce type d'organisation? Peut-être, mais mon souci, c'est que ce choix soit conscient et non subi."

Jacky Minier, créateur de Diamedit, site de promotion d'inédits artistiques et littéraires: "La société de l'information amène un recadrage des hiérarchies dans les rapports qui s'établissent entre les gens, de manière beaucoup plus naturelle, à partir des discussions en forums notamment. Dans la vie réelle, on est souvent influencé, voire impressionné, par les titres ou la largeur du bureau d'un interlocuteur 'installé' dans le système. Sur le net, seuls comptent le sens contenu dans le propos et la manière de l'exprimer. On distingue très vite les véritables intelligences raffinées des clowns ou autres mythomanes. Une forme de pédagogie conviviale, non intentionnelle et surtout non magistrale, s'en dégage généralement qui profite au visiteur lambda, lequel parfois apporte aussi sa propre expérience. Tout ça laisse augurer d'une créativité multiforme, dans un bouillonnement commun à des milliers de cerveaux reliés fonctionnant à la manière d'une fourmilière. C'est non seulement un véritable moyen d'échange du savoir, mais de surcroît un moyen de l'augmenter en quantité, de l'approfondir, de l'intégrer entre différentes disciplines. Le net va rendre les gens plus intelligents en favorisant leur plus grande convivialité, en cassant les départements et domaines réservés de certains mandarins. Mais il est clair qu'il faudra aussi faire attention aux dérives que cette liberté implique."

Pour Nicolas Pewny, créateur des éditions du Choucas, il s'agit d'"une société qui pourrait apporter beaucoup, si l'on empêche qu'elle ne rime trop avec 'consommation' et tout ce qui accompagne ce mot. Mais il est déjà trop tard peut-être…"

= La société de l'information vue par les linguistes

Pour Alain Clavet, analyste de politiques au Commissariat aux langues officielles du Canada, la société de l'information est "le constat que la valeur ajoutée centrale (en référence à une notion économique, celle de la valeur ajoutée) devient de plus en plus l'intelligence de l'information. Ainsi, dans une société de l'information, la connaissance devient la plus-value recherchée."

Eduard Hovy, directeur du Natural Language Group de l'Université de Californie du Sud: "Une société de l'information est une société dans laquelle la majorité des gens a conscience de l'importance de cette information en tant que produit de base, et y attache donc tout naturellement du prix. Au cours de l'histoire, il s'est toujours trouvé des gens qui ont compris combien cette information était importante, afin de servir leurs propres intérêts. Mais quand la société, dans sa majorité, commence à travailler avec et sur l'information en tant que telle, cette société peut être dénommée société de l'information. Ceci peut sembler une définition tournant un peu en rond ou vide de sens, mais je vous parie que, pour chaque société, les anthropologues sont capables de déterminer quel est le pourcentage de la société occupé au traitement de l'information en tant que produit de base. Dans les premières sociétés, ils trouveront uniquement des professeurs, des conseillers de dirigeants et des sages. Dans les sociétés suivantes, ils trouveront des bibliothécaires, des experts à la retraite exerçant une activité de consultants, etc. Les différentes étapes de la communication de l'information - d'abord verbale, puis écrite, puis imprimée, puis électronique - ont chaque fois élargi (dans le temps et dans l'espace) le champ de propagation de cette information, en rendant de ce fait de moins en moins nécessaire le réapprentissage et la répétition de certaines tâches difficiles. Dans une société de l'information très évoluée, je suppose, il devrait être possible de formuler votre objectif, et les services d'information (à la fois les agents du cyberespace et les experts humains) oeuvreraient ensemble pour vous donner les moyens de réaliser cet objectif, ou bien se chargeraient de le réaliser pour vous, et réduiraient le plus possible votre charge de travail en la limitant au travail vraiment nouveau ou au travail nécessitant vraiment d'être refait à partir de documents rassemblés pour vous dans cette intention."

Steven Krauwer, coordinateur d'ELSNET (European Network of Excellence in Human Language Technologies): "La société de l'information est une société dans laquelle: a) l'essentiel du savoir et de l'information n'est plus stocké dans des cerveaux ou des livres mais sur des médias électroniques; b) les dépôts d'information sont distribués et interconnectés au moyen d'une infrastructure spécifique, et accessibles de partout; c) les processus sociaux sont devenus tellement dépendants de cette information et de son infrastructure que les citoyens non connectés au système d'information ne peuvent pleinement participer au fonctionnement de la société."

Zina Tucsnak, ingénieur d'études en informatique à l'ATILF (Analyse et traitements informatiques du lexique français): "La société de l'information peut être définie comme un milieu dans lequel se développent la culture et la civilisation par l'intermédiaire de l'informatique, qui restera la base et la théorie de cette société."

= La société de l'information vue par les professeurs

Pour Emilie Devriendt, élève professeur à l'Ecole normale supérieure de Paris, "le syntagme 'société de l'information' est plus une formule (journalistique, politique) à la mode depuis plusieurs années, qu'une véritable notion. Cette formule tend communément je crois, à désigner une nouvelle 'ère' socio-économique, post-industrielle, qui transformerait les relations sociales du fait de la diffusion généralisée des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Personnellement, je n'adhère pas à cette vision des choses. Si la diffusion croissante des NTIC est indéniable et constitue un phénomène socio-économique propre à l'époque contemporaine, je ne crois pas qu'il faille y voir la marque de l'avènement d'une nouvelle société 'de l'information'. La formule 'société de l'information' est construite sur le modèle terminologique (socio-économique) de la 'société industrielle'. Mais le parallèle est trompeur: 'société de l'information' met l'accent sur un contenu, alors que 'société industrielle' désigne l'infrastructure économique de cette société. L'information en tant que produit (industriel ou service) apparaît peut-être plus complexe que, par exemple, les produits alimentaires, mais cette complexité ne suffit pas à définir l'avènement dont il est question. D'autant plus que l'emploi inconditionnel de la formule a contribué à faire de l'information un terme passe-partout, très éloigné même de sa théorisation mathématique (Shannon), de sa signification informatique initiale. Elle traduit uniquement une idéologie du progrès électronique mise en place dans les années 1950 et véhiculée ensuite par nos gouvernements et la plupart de nos journalistes, qui définissent fallacieusement le développement des NTIC comme un 'nécessaire' vecteur de progrès social. Quelques analystes (sociologues et historiens des techniques comme Mattelart, Lacroix, Guichard, Wolton) ont très bien montré cela."

Pour Gaëlle Lacaze, ethnologue et professeur d'écrit électronique dans un institut universitaire professionnel, il s'agit d'"une société où l'information est reçue et digérée, sans être étouffée par la profusion".

Henri Slettenhaar, professeur en technologies de la communication à la Webster University de Genève: "La société de l'information est l'ensemble des personnes utilisant quotidiennement le cyberespace de manière intensive et qui n'envisageraient pas de vivre sans cela, à savoir les nantis, ceux qui sont du bon côté de la fracture numérique."

Russon Wooldridge, professeur au département d'études françaises de l'Université de Toronto: "Si on veut parler de 'société' il ne peut pas être question d'une opposition 'haves' vs. 'have-nots' (munis vs. démunis), sauf dans la mesure où l'accès à l'information est plus ou moins libre ou limité d'un point de vue technologique ou économique, voire politique. Par exemple, l'accès à l'information en ligne est plus libre au Canada qu'en France, plus libre en France qu'en Algérie, etc. Internet est potentiellement un moyen pour que chacun puisse s'approprier son propre contrôle de l'information, qui n'est plus diffusée par les seuls canaux dirigistes, comme l'Edition ou l'Université, entre autres."

= La société de l'information vue par les spécialistes du numérique

Olivier Pujol, PDG de Cytale et promoteur du Cybook, livre électronique, la définit comme "une société où l'accès à l'information, l'information elle-même et la capacité à bien utiliser l'information sont des biens plus précieux que les biens matériels. Il faut noter que l'information a toujours été un avantage professionnel considérable. Il fut un temps où un avantage concurrentiel pouvait exister sur un territoire limité, et être protégé pour un temps long, par le secret, ou l'ignorance des autres. Les voyages, la mondialisation des échanges, la performance de la logistique ont énormément affaibli la notion de protection 'géographique' d'un avantage concurrentiel. La société de l'information est une société où la protection de l'information est presque impossible, et où son usage devient donc la valeur essentielle."

Pierre Schweitzer, architecte designer et concepteur d'@folio, support numérique de lecture nomade: "J'aime bien l'idée que l'information, ce n'est que la forme des messages. La circulation des messages est facilitée, techniquement, et elle s'intensifie. Et désormais, le monde évolue avec ça."

François Vadrot, PDG de FTPress, société de cyberpresse, définit la société de l'information comme "une société dont l'information est le moteur, dans tous les sens du terme".

19. EXPERIENCES ET SOUVENIRS

[Dans ce chapitre:]

[19.1. Les auteurs et l'internet // 19.2. Les bibliothécaires- documentalistes et l'internet // 19.3. Les concepteurs d'appareils de lecture et l'internet // 19.4. Les créateurs de sites littéraires et l'internet // 19.5. Les éditeurs et l'internet // 19.6. Les gestionnaires et l'internet // 19.7. Les libraires et l'internet // 19.8. Les linguistes et l'internet // 19.9. Les professeurs et l'internet]

Plutôt que de rédiger une conclusion, difficile à envisager pour un sujet aussi neuf, on préfère laisser la parole aux professionnels du livre cités tout au long de ces pages. Tous utilisent l'internet depuis plusieurs années. Beaucoup ont un souvenir particulièrement marquant lié au réseau, que celui-ci soit bon ou mauvais, ou alors une expérience particulièrement marquante, que celle-ci soit positive ou négative. Quels sont ces souvenirs et ces expériences?

19.1. Les auteurs et l'internet

Alex Andrachmes (Europe) est producteur audiovisuel, écrivain et explorateur d'hypertexte. Son meilleur souvenir: "Incontestablement quand apparaissent mes propositions de mails ou de design de site sur le web. Quand je revois les préparatifs, les brouillons, et que je vois ce que ça donne, c'est comme un flash. Au fond, c'est le même plaisir lorsque sur des Napster ou Gnutella, on trouve enfin 'le' morceau introuvable qu'on avait perdu d'ouïe depuis dix ans, on le charge, on attend, 1%>50%>99%>file complete, on le lance. Raaaah…"

Son pire souvenir: "C'était au tout début, une de mes premières utilisations du médium. Je recherchais dans le cadre d'un projet des sites un peu rebelles, anarchisants, des trucs comme ça. Je tape 'cyberpunk' dans Yahoo!, s'affiche la classique liste de sites. 'Anarchy on the net, cyberpunk rock the web', ce genre… J'essaye d'en ouvrir quelques uns… Surprise! Un banner 'NetNanny' m'interdit l'accès aux sites. Emanation d'un groupuscule de la 'majorité morale' américaine, ce 'NetNanny' s'autorisait à interdire les sites qui ne lui plaisent pas… Je ne l'ai plus jamais rencontré depuis, mais quelle saleté, ce truc. Enfin, à l'autre extrémité, il y a bien le procédé dit de 'l'exit console' où, au moment de sortir d'un site, on vous 'propose' une autre page, puis une autre, puis une autre, impossible de sortir. Ça, je n'en ai pas fait l'expérience, mais ça doit être hard. C'est d'ailleurs un procédé de site hard, ai-je lu quelque part…"

Jean-Pierre Balpe (Paris) est directeur du département hypermédias de l'Université Paris 8. Son meilleur souvenir: "Pas un en particulier. Disons que je suis heureux chaque fois que ça marche… et ce n'est hélas pas si souvent…" Son pire souvenir;: "Même réponse qu'à la question précédente mais inversée…"

Michel Benoît (Montréal), écrivain, utilise l'internet comme outil de recherche, de communication et d'ouverture au monde. Son meilleur souvenir: "Les mails que j'échangeais avec les gens de B-52, la radio libre et clandestine de Serbie, pendant le conflit du Kosovo. En 1978, j'ai visité cette région. Je pouvais sentir leurs souffrances, leurs anxiétés, leurs espoirs. C'est vrai que je me sentais impuissant devant le drame qui se jouait à des milliers de kilomètres de chez moi, mais, au moins, je pouvais parler, témoigner."

Son pire souvenir: "Les quelques rares visites que j'ai faites sur les chats. Le vide, l'ennui qui s'y distille. L'inculture qui s'y exprime aussi. Désolant, en même temps paniquant. Quelqu'un qui écrit: 'Ya man, yyyyyyeeeeeeesssssss, j't'aim 4 ever my luuuuuuvvvvvvvvvvvv' me semble incroyablement désespéré. Un jour, les travailleurs de rue, qui s'occupent actuellement des itinérants et des drogués, travailleront sur le net à récupérer cette humanité souffrante. Je pense sincèrement que, avec la porno, le chat est la poubelle du net."

Silvaine Arabo (Poitou-Charentes), poète et plasticienne, a créé la cyber-revue Poésie d'hier et d'aujourd'hui. Son meilleur souvenir: "Les ami(e)s que ce mode de communication m'a permis de rencontrer dans la francophonie ainsi que tous ceux et celles qui m'ont dit avoir, grâce à moi, découvert ou redécouvert la poésie et avoir compris qu'il s'agissait là d'un mode de fonctionnement majeur de l'esprit humain." Son pire souvenir: "Certaines mesquineries de webmasters, parfois un esprit de compétition et d'arrivisme… On retrouve sur internet la société telle qu'en elle-même, ni plus, ni moins."

Lucie de Boutiny (Paris), écrivain papier et pixel, est l'auteur de NON, roman multimédia publié en feuilleton sur le web. Son meilleur souvenir: "En 1997 ou 1998, j'ai eu droit aux honneurs de la censure. L'une de mes nouvelles mises en ligne, aujourd'hui publiée honorablement sur support papier, était censurée par mon hébergeur. Il était inexact que ma petite histoire noire quoique teintée d'humour était un hommage rendu à un tueur en série pédophile, et cela bien que ce soit en effet le sujet. Mais voilà, par un matin gris acier, on apprit que quelques fournisseurs de services en ligne avaient été embarqués au commissariat de police le plus proche. Ils étaient tenus pour responsables du contenu des dizaines de milliers sites qu'ils hébergent! Et fatalement quelques-uns étaient suspects d'invitation à la haine raciale, au non-respect de la personne, etc. Ma petite nouvelle n'en faisait évidemment pas partie mais j'étais très amusée du fait qu'un 'robot trieur', le genre de nettoyeur informatique qui obéit aux ordres des censeurs, ait attenté, par erreur, à ma liberté d'expression."

Son pire souvenir: "Il s'agit d'une vraie anecdote virtuelle: un soir, je reçois un mail sous pseudonyme m'annonçant que NON, mon roman hypermédia, avait été éradiqué de la planète net. Immédiatement, je me connecte sur mon site. Rien. Je me débranche, ouvre mon disque dur à la recherche de NON. Rien. Je cherche mes disques de sauvegarde. Volatilisés. Cinq ans de travail broyés par la masse des pixels!… Et c'est à ce moment là que je me suis réveillée… Le mauvais rêve!"

Alain Bron (Paris) est consultant en systèmes d'information et écrivain. Son meilleur souvenir: "A la suite de la parution de mon deuxième roman, Sanguine sur toile (publié en 1999 par les éditions du Choucas, ndlr), j'ai reçu un message d'un ami que j'avais perdu de vue depuis plus de vingt ans. Il s'était reconnu dans un personnage du livre. Nous nous sommes revus récemment autour d'une bouteille de Saint-Joseph et nous avons pu échanger des souvenirs et fomenter des projets…"

Son pire souvenir: "Virus, chaînes du 'bonheur', sollicitations commerciales, sites fascistes, informations non contrôlées, se développent en ce moment à très grande échelle. Je me pose sérieusement la question: 'Quel bébé ai-je bien pu contribuer à faire naître?'"

Jean-Pierre Cloutier (Montréal) est l'auteur des Chroniques de Cybérie, chronique hebdomadaire des actualités de l'internet. Son meilleur souvenir: "Ce n'est pas très gai, et ça n'a rien à voir avec le rayonnement important qu'ont acquis Les Chroniques de Cybérie au fil des ans. Début 1996, j'ai reçu un message qui disait à peu près ceci: 'Mon fils, dans le début de la vingtaine, était gravement malade depuis des mois. Chaque semaine, il attendait avec impatience de recevoir dans sa boîte aux lettres votre chronique. Ne pouvant plus sortir de la maison, votre chronique lui permettait de 'voyager', d'ouvrir ses horizons, de penser à autre chose qu'à son mal. Il est décédé ce matin. Je voulais simplement vous remercier d'avoir allégé ses derniers mois parmi nous.' Alors, quand on reçoit un message comme ça, on se fout pas mal de parler à des milliers de gens, on se fout des statistiques d'achalandage, on se dit qu'on parle à une personne à la fois."

Son pire souvenir: "Pas vraiment un seul 'gros et méchant' souvenir. Mais une foule de petits irritants. Le système est fragile, le contenu passe au second plan, on parle peu du capital humain, on nous inonde de versions successives de logiciels, etc. Mais c'est très vivable…"

Luc Dall'Armellina (Paris) est co-auteur et webmestre d'oVosite, espace d'écritures hypermédias. Son meilleur souvenir: "Je n'ai pas de souvenir unique mais plutôt des événements marquants: avoir pu contacter et converser par e-mail avec des inconnus dont j'avais lu les travaux, avoir vu des travaux d'amis publiés en livre alors qu'ils étaient écrits initialement et après qu'ils aient existé d'abord pour le web, avoir échangé des vidéos et des photos de famille à l'autre bout du monde en quelques secondes. Quelques instants fugaces de babillard avec des Canadiens perdus dans les grands froids."

Ses pires souvenirs: "L'arrivée de ce qu'on appelle l'e-business, pas l'arrivée du commerce qui est une activité respectable (activité naturelle d'échange qui crée du lien), mais celle du discours, du vocabulaire et de l'état d'esprit qui l'accompagne: rentabilité, business plan, parts de marché, agressivité… et de toute l'économie faite de flan, d'effets d'annonce et dont le paroxysme s'est appelé Nasdaq. La mise à mort de Mygale par un système et sa récupération par un des acteurs du marché a montré que la communauté de partage et d'intérêt avait elle aussi un prix (élevé) en fonction de son potentiel d'acheteurs."

Jacques Gauchey (San Francisco) est spécialiste en industrie des technologies de l'information, "facilitator" entre les Etats-Unis et l'Europe, et journaliste. Son meilleur souvenir: "J'ai publié quelques numéros d'une lettre d'information en anglais gratuite il y a quatre ans sur internet. Une dizaine de lecteurs par numéro jusqu'au jour (en janvier 1996) où l'édition électronique de Wired Magazine créa un lien. En une semaine j'ai eu une centaine de courriers électroniques - y compris de lecteurs francais de mon livre La vallée du risque - Silicon Valley (publié en 1990 chez Plon, ndlr) contents de me retrouver." Son pire souvenir: "L'internet est un médium et comme tout médium un facteur d'éclatement du pire. La fusillade d'Atlanta fin juillet 1999 par un 'day trader'. La pornographie. La vente libre des armes en ligne. Les mails non sollicités."

Jean-Paul (Paris) est le webmestre du site des cotres furtifs, qui raconte des histoires en 3D. Son meilleur souvenir: "Le vertige qui nous a pris à la réception du premier message… venant du Canada. 10.000 (?) ans après les Inuits, des cotres venaient de découvrir l'Amérique!" Son pire souvenir: "Tout ce sommeil en retard…"

Anne-Bénédicte Joly (Antony, région parisienne), écrivain auto-éditeur, utilise le web pour faire connaître ses livres. Son meilleur souvenir: "Le franchissement de la barre des 200 visiteurs sur mon site." Son pire souvenir: "Je n'en ai pas encore…"

Naomi Lipson (Paris et Tel-Aviv) est écrivain multimédia, traductrice et peintre. Son meilleur souvenir: "Pour moi, le réseau est un vivier de gens exceptionnels. J'ai fait des rencontres réelles et virtuelles absolument incroyables en deux ans. Ces gens préexistaient au réseau, bien sûr, mais sans lui, et surtout sans le mél, je ne les aurais jamais contactés!" Elle n'a pas de mauvais souvenirs: "J'ai eu beaucoup de chance. En restant très courtoise aussi, je crois avoir évité les désagréments les plus courants de la vie sur la toile. C'est aussi simple que ça. Et avec un peu de prudence, on évite très bien les virus."

Tim McKenna (Genève), écrivain, s'interroge sur la notion complexe de "vérité" dans un monde en mutation constante. Son meilleur souvenir: "L'utilisation du courrier électronique pour rester en contact avec mes amis." Son pire souvenir: "Apprendre à utiliser l'internet, avant que la technologie n'apporte les améliorations me permettant de ne plus me préoccuper de mon inaptitude dans ce domaine."

Xavier Malbreil (Ariège, Midi-Pyrénées), auteur multimédia, a créé le site www.0m1.com et il est le modérateur de la liste e-critures. Ses meilleurs souvenirs: "Une rencontre amoureuse. La rencontre de plusieurs communautés d'écrivains." Son pire souvenir: "Au tout début, ne pas avoir maîtrisé les codes de communication liés à l'internet. M'être laissé entraîner dans des polémiques vaines."

Murray Suid (Palo Alto, Californie), écrivain, travaille pour EDVantage Software, société internet de logiciels éducatifs. Son meilleur souvenir: "La rencontre avec des experts et des auteurs qui ont participé à mes projets de publications." Son pire souvenir: "Avoir été insulté par une personne que je ne connaissais pas, et qui avait très mauvaise opinion de moi alors qu'elle ne savait absolument rien à mon sujet."

19.2. Les bibliothécaires-documentalistes et l'internet

Emmanuel Barthe (Paris) est documentaliste juridique chez Coutrelis & Associés, cabinet d'avocats, et modérateur de la liste de discussion Juriconnexion. Ses meilleurs souvenirs: "Parmi mes bons souvenirs, je pense à ma première publication sur le web: celle de mon bookmark sur le site ForInt Law (Foreign and International Law), en 1996, grâce à la webmestre de ce site, une collègue bibliothécaire juridique dans une université américaine. Je pourrais aussi citer les (trop rares) découvertes de sites juridiques français dotés d'un réel contenu (un contenu inédit et de valeur) et les remerciements que j'ai reçus pour la rédaction de la FAQ (foire aux questions) de la liste de discussion de Juriconnexion que j'ai récemment rédigée (à la date de l'entretien, en octobre 2000, ndlr)."

Son pire souvenir: "Ce fut la destruction involontaire de mon fichier bookmark de Netscape, à une époque où il était heureusement moins volumineux qu'aujourd'hui. À partir d'une sauvegarde ancienne, j'ai dû retrouver, de mémoire, près d'un tiers des URL (uniform resource locators) et réécrire les descriptions des sites."

Olivier Bogros (Lisieux, Normandie) a créé la Bibliothèque électronique de Lisieux et il est le directeur de la bibliothèque municipale. Son meilleur souvenir: "Les courriers électroniques reçus, à propos des textes que nous mettons en ligne et qui témoignent de la vivacité de la langue française sur le réseau." Son pire souvenir: "Deux jeunes collégiennes (4e ou 3e) faisant des recherches sur la Résistance en France, à partir de la station internet de la bibliothèque, sont tombées sur un site négationniste. Elles n'ont visiblement pas compris pourquoi nous leur avons interdit toute copie papier ou disquette dudit site et avons effacé les pages à l'écran. Tout simplement les mots 'révisionnisme' et 'négationnisme' leur étaient totalement inconnus. Moralité: le libre accès au réseau, mais accompagné d'une médiation par le personnel de la bibliothèque. Le pire des maux: l'ignorance!"

Bakayoko Bourahima (Abidjan) est documentaliste à l'Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée (ENSEA). Son meilleur souvenir: "C'est quand j'ai pu tirer d'embarras un de mes amis, thésard en médecine, qui n'arrivait pas à boucler sa bibliographie sur un sujet sur lequel il n'y avait pratiquement aucune référence au plan local." Son pire souvenir: "Les méls indésirables, tous ces trucs bidons qu'on peut vous faire suivre, avec cinq correspondants ou plus qui vous envoient le même message."

Bruno Didier (Paris) est le webmestre de la médiathèque de l'Institut Pasteur. Son meilleur souvenir: "Le jour où j'ai gagné une boîte de chocolats suisses sur le site de Health On the Net (ne vous précipitez pas, le jeu n'existe plus…)." Son pire souvenir: "Les dérives du courrier électronique: des mal élevés qui profitent de la distance ou d'un certain anonymat pour dire des choses pas très gentilles, ou adopter des attitudes franchement puériles, avec, hélas, des conséquences qui ne sont pas toujours celles d'un monde d'enfant… Par exemple, une personne a un jour profité de ce que je lui avait fait copie d'un message, pensant que le sujet l'intéresserait, pour intervenir entre mon interlocuteur et moi, et me discréditer."

Michael Hart (Illinois) est le fondateur du Project Gutenberg, la plus ancienne bibliothèque numérique sur l'internet. Son meilleur souvenir: "Le courrier que je reçois me montre combien les gens apprécient que j'aie passé ma vie à mettre des livres sur l'internet. Certaines lettres sont vraiment émouvantes, et elles me rendent heureux pour toute la journée." Son pire souvenir: "Etre convoqué par le président de l'Université d'Illinois suite à une plainte (relative à un problème de copyright, ndlr) déposée par l'Université d'Oxford. Mais j'ai été défendu par une équipe de six avocats, la moitié étant de l'Université d'Illinois, et j'ai gagné le procès. On pourrait voir cela comme un bon souvenir, mais je hais ce genre de politique politicienne… Le président de l'université se trouvait être l'oncle de Tom Cruise, amusant, non?"

Pierre Le Loarer (Grenoble) est directeur du centre de documentation de l'Institut d'études politiques de Grenoble et chargé de mission TICE (technologies de l'information et de la communication pour l'éducation). Ses meilleurs souvenirs: "Quand j'ai pu aider tel(le) internaute à l'autre bout du monde (Australie, par exemple) sur une question précise, via le hasard du questionnement. Mais ce n'est pas si fréquent (manque de temps, participation aujourd'hui plus que limitée aux listes et forums). Quand j'ai pu échanger des propos avec tel ou tel chercheur de l'autre bout du monde et avoir ensuite le plaisir de le rencontrer in situ. Etc., etc."

Ses pires souvenirs: "L'avalanche de messages 'spam' a le don de m'agacer, voire de m'irriter. De même, je n'apprécie guère (euphémisme) certain(s) fournisseur(s) d'accès qui rédui(sen)t la vision de l'internet à l'espace de leurs propres sites et ressources, et exigent l'utilisation de leur seul logiciel de messagerie (propriétaire) pour communiquer par mél. Une tromperie quant à la vision et aux potentialités de l'internet."

Peter Raggett (Paris) est directeur du centre de documentation et d'information (CDI) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Son meilleur souvenir: "Avoir trouvé en dix minutes les informations biographiques et les articles d'un professeur reçu par l'OCDE." Son pire souvenir: "Les problèmes de lenteur pour la connection à l'internet et le transfert des données."

19.3. Les concepteurs d'appareils de lecture et l'internet

Olivier Pujol (Paris), PDG de la société Cytale, promeut le Cybook, livre électronique. Ses bons souvenirs: "Découvrir instantanément une réponse à une question qui m'aurait demandé des heures de recherche il y a quelques années est un 'meilleur souvenir' quotidien, et recevoir un mail d'un ami brésilien ou hongrois en est un autre." Ses mauvais souvenirs: "De tomber systématiquement sur des sites pornos ou de pédophilie en faisant certaines requêtes anodines."

Pierre Schweitzer (Strasbourg), architecte designer, est le concepteur d'@folio (support de lecture nomade) et de Mot@mot (passerelle vers les bibliothèques numériques). Son meilleur souvenir: "Au tout début, quand vous réalisez le système: le matin, à l'heure où vous vous levez, les derniers messages arrivent de la côte ouest de l'Amérique. Le jour se passe et le soir, quand vous allez vous coucher, ce sont les tous premiers messages qui arrivent des Dragons. C'est comme la lumière autour de la nouvelle lune." Son pire souvenir: "Je ne l'ai pas gardé comme souvenir."

19.4. Les créateurs de sites littéraires et l'internet

Gérard Fourestier (Nice) est le créateur de Rubriques à Bac, bases de données
destinées aux étudiants du premier cycle universitaire. Son meilleur souvenir:
"Quand j'ai sorti mon premier ordinateur de son emballage." Son pire souvenir:
"Cet été (été 2000, ndlr), à la plage: mes ordinateurs étaient en panne :-)"

Fabrice Lhomme (Bretagne) est le créateur d'Une Autre Terre, site consacré à la science-fiction. Son meilleur souvenir: "Dans un article 'spécial science-fiction' de Club-Internet, Jacques Sadoul (auteur, directeur de collection, anthologiste…) a parlé de mon site comme faisant partie des meilleurs sites francophones traitant de SF. Quand ça vient d'une personne telle que lui, on ne peut qu'être ravi…"

Blaise Rosnay (Paris) est le webmestre du site du Club des Poètes. Ses meilleurs souvenirs: "D'innombrables rencontres avec des poètes du monde entier que nous avons découverts sur internet et qui sont venus nous rendre visite au Club des Poètes. D'innombrables messages de soutien et d'encouragement." Son pire souvenir: "Le constat que, faute d'une volonté politique de partage culturel, les initiatives les plus belles sont le plus souvent découragées par la logique marchande et que l'internet risque de se transformer peu à peu en vitrine de supermarché."

19.5. Les éditeurs et l'internet

Nicolas Ancion (Madrid) est écrivain et responsable éditorial de Luc Pire électronique. Son meilleur souvenir: "Plusieurs fois, les réactions de lecteurs, notamment des adolescents qui réagissent très spontanément et s'expriment sans détour, m'ont fait pleurer devant mon écran. On passe sa vie à écrire des histoires pour donner des émotions aux lecteurs et voilà que ce sont eux qui nous en renvoient de plus fortes ! Je n'ai jamais eu cet effet-là qu'avec des messages électroniques. En face à face ou par courrier postal, l'émotion est bridée par les formules de politesse et les circonlocutions en tous genres."

Son pire souvenir: "A une époque où j'étais entre deux déménagements, que je n'avais plus ni adresse fixe ni téléphone, je me connectais dans les bibliothèques. J'avais participé à un concours sur internet pour être reporter radio pendant deux jours et gagner un téléphone portable, ce qui m'aurait été bien utile. J'avais laissé les coordonnées de mes parents. J'ai gagné, on a téléphoné pour me prévenir mais ma mère a mal compris le message et n'a pas jugé bon de me mettre au courant. Quand j'ai finalement appris ce qui était arrivé, il était trop tard. Internet va vite, les possibilités sont fantastiques, mais il faut aussi que le reste de la planète suive le mouvement, sinon on fabrique du vent. C'est une bonne morale."

Marie-Aude Bourson (Lyon) est la créatrice de la Grenouille Bleue et de Gloupsy, sites littéraires destinés aux nouveaux auteurs. Son meilleur souvenir: "La rencontre avec des personnes qui sont devenues de vrais amis et que je fréquente dans la 'vie réelle'." Son pire souvenir: "Pas vraiment de pire souvenir mais un ras-le-bol répété contre les lenteurs du web et les déconnexions intempestives."

Pierre-Noël Favennec (Paris & Lannion, Bretagne) est expert à la direction scientifique de France Télécom R&D et directeur de collection. Son meilleur souvenir: "Les premiers méls." Son pire souvenir: "Le temps passé à la réception d'images."

Pierre François Gagnon (Montréal) est le créateur d'Editel, pionnier de l'édition littéraire francophone en ligne. Son meilleur souvenir: "La découverte de quelques amitiés affinitaires, indéfectibles, m'enchante encore, tandis que l'étroitesse de vision, le scepticisme négatif qu'affichait la vaste majorité des auteurs de science-fiction et de fantastique vis-à-vis du caractère pourtant immanent et inéluctable de ce qui n'est après tout qu'un fantasme à la Star Trek, qui hante depuis longtemps l'imaginaire collectif, soit l'e-book tout communicant qui tienne dans le creux de la paume, ne cesse pas de m'étonner et de me laisser pantois rétrospectivement."

Olivier Gainon (Paris) est le fondateur et gérant de CyLibris, maison d'édition littéraire en ligne. Son meilleur souvenir: "La première fois que des étudiants dans une école d'ingénieurs m'ont montré le web. C'était en 1992, et j'ai trouvé cela génial. D'où la création de CyLibris en 1996 (j'ai quand même mis quatre ans)." Son pire souvenir: "La disparition progressive de CyLibris dans certains moteurs de recherche parce que, soit nous ne voulions pas payer, soit des accords d'exclusivité avaient été signés avec des libraires en ligne et que nous étions déréférencés brutalement (passer de la première page à la cinquième page est une forme de déréférencement brutal). Bref, aujourd'hui plus rien ne me trouble et on a appris à vivre avec ce genre de phénomène. Il n'empêche qu'une structure comme CyLibris qui se créerait juste aujourd'hui aurait les pires difficultés pour être visible sur internet."

Jacky Minier (Orléans) est le créateur de Diamedit, site de promotion d'inédits artistiques et littéraires. Son meilleur souvenir: "L'écriture d'une pièce de théâtre 'carabinée' (genre chansons de carabins ;c)) en 1.300 alexandrins, avec un ami rencontré sur le net sans jamais l'avoir rencontré de visu. En symbiose complète avec un parfait inconnu, et une grande jubilation éprouvée à cette écriture à quatre mains." Son pire souvenir: "Les consommations téléphoniques des débuts, avant que je ne sois câblé, ou quelques engueulades sur certains forums avec des paranos."

Nicolas Pewny (Annecy) est le créateur des éditions du Choucas. Son meilleur souvenir: "Un message enthousiaste d'un prêtre bouddhiste du Tibet qui a adoré l'exposition Lorca." Son pire souvenir: "Un orage tandis que j'envoyais l'image de la couverture à un auteur. Plus rien… le néant. Plus d'ordinateur. Heureusement que je sauvegarde tout au fur et à mesure. Chez l'auteur tout a 'sauté' aussi, et il n'y avait pas d'orage. Dans la présentation du livre Sanguine sur Toile, d'Alain Bron (publié en 1999 par les éditions du Choucas), on lit: 'Les images ne sont pas si sages. On peut s'en servir pour agir, voire pour tuer…' Le contexte m'avait fait ressentir une peur instinctive, jusqu'à ce que la logique reprenne le dessus."

19.6. Les gestionnaires et l'internet

Gérard Jean-François est directeur du centre de ressources informatiques de l'Université de Caen (Normandie). Son meilleur souvenir: "La remarque faite par un internaute d'Outre-Atlantique qui, ayant examiné une photo, nous a averti qu'elle était à l'envers." Ses pires souvenirs: "Pas vraiment de mauvais souvenirs, simplement une amertume envers les mauvais usages qui sont faits d'internet."

Pierre Magnenat est responsable de la cellule "gestion et prospective" du centre informatique de l'Université de Lausanne. Son meilleur souvenir: "Lorsqu'en 1995, je me suis retrouvé à mon premier GT (get together) en Californie, une party à laquelle participaient plus de cinquante personnes que je n'avais jamais vues, mais que je connaissais déjà bien pour avoir 'chatté' avec elles pendant deux ans sur IRC (Internet relay chat)." Son pire souvenir: "Lorsque je me suis fait avoir par une fausse information concernant une société dont je possédais des actions. C'est un mauvais souvenir mais une bonne leçon."

Jacques Pataillot (Paris) est conseiller en management chez Cap Gemini Ernst & Young. Ses bons souvenirs: "C'est quand je trouve rapidement l'info que je cherche." Ses mauvais souvenirs: "C'est à l'inverse lorsque je n'en sors pas!"

François Vadrot (Paris) est le fondateur et PDG de FTPress (French Touch Press), société de cyberpresse. Son meilleur souvenir: "Quand nous avons franchi la barre des 10.000 abonnés à LMB Actu, début 1998 (remplacé par Internet Actu en septembre 1999, ndlr)." Son pire souvenir: "Une fois, quand nous avons écrit une bêtise dans Internet Actu, et que les messages incendiaires des abonnés ont commencé à arriver en trombe, dans les dix minutes suivant l'envoi. On a tous commencé à paniquer, car on venait de basculer LMB Actu dans le privé et la société FTPress ne reposait que sur le successeur, Internet Actu. Un désabonnement massif et c'en était fini de nous. Mais finalement, toutes ces réactions nous ont permis de démarrer la tribune des lecteurs, qui a été bien appréciée! Souvent, les erreurs ont du bon, du moment qu'on les avoue, et qu'on l'affiche ouvertement: ces échanges créent des liens entre les lecteurs et les auteurs."

19.7. Les libraires et l'internet

Pascal Chartier (Lyon) est le créateur de Livre-rare-book, site professionnel de livres d'occasion. Son meilleur souvenir: "La lettre d'une vieille dame québécoise à qui j'ai pu faire retrouver un livre de son enfance." Son pire souvenir: "Les injures gratuites."

Catherine Domain (Paris) a fondé la librairie Ulysse, la plus ancienne librairie de voyage au monde. Son meilleur souvenir: "Un dialogue quotidien avec ma soeur qui habite Sri Lanka et mes potes mexicains, américains, anglais, sud-africains, etc., car j'ai beaucoup voyagé, longtemps et partout." Son pire souvenir: "Ma première année ordinateur-internet: une longue souffrance technique!"

Alain Marchiset (Paris) est président du Syndicat de la librairie ancienne et moderne (SLAM). Ses bons souvenirs: "Notre étonnement initial face aux premières ventes réalisées. Nous avions en effet du mal à imaginer des personnes pianotant sur un clavier pour faire leurs achats." Ses mauvais souvenirs: "Tous les messages publicitaires dont nous sommes inondés."

Denis Zwirn (Paris) est co-fondateur et PDG de Numilog, librairie en ligne de livres numériques. Son meilleur souvenir: "Le jour de ma première connexion à domicile, le 31 décembre 1995: c'est un de mes plus beaux souvenirs de réveillon!"

19.8. Les linguistes et l'internet

Guy Antoine (New Jersey) a créé Windows on Haiti, site de référence sur la culture haïtienne. Ses bons souvenirs: "Certaines personnes. Le web est un réseau de serveurs et d'ordinateurs personnels reliés les uns aux autres. Derrière chaque clavier se trouve une personne, un individu. L'internet m'a donné l'occasion de tester mes idées et d'en développer d'autres. Le plus important pour moi a été de forger des amitiés personnelles avec des gens éloignés géographiquement et ensuite de les rencontrer." Ses mauvais souvenirs: "Certaines personnes. Je ne souhaite pas m'étendre sur ce sujet, mais certains ont vraiment le don de vous énerver."

Arlette Attali (Paris) est responsable de l'équipe "Recherche et projets internet" à l'Institut national de la langue française (INaLF). Ses bons souvenirs: "La découverte de bons sites littéraires. Par exemple Zvi Har'El's Jules Verne Collection, consacré à Jules Verne, ou le Théâtre de la foire à Paris (au 17e siècle)."

Robert Beard (Pennsylvanie) est le co-fondateur de yourDictionary.com, portail de référence pour les langues. Ses meilleurs souvenirs sont liés à son site web: "Sa popularité continue de me stupéfier. Je reçois quotidiennement une douzaine de lettres de visiteurs, dont la moitié au moins me félicite pour mon travail. Je ne veux pas tomber dans une autosatisfaction démesurée, mais ces compliments me font très plaisir. Je suis également stupéfait du fait que, six ans seulement après les débuts du web, je puisse dénombrer plus de 1.200 dictionnaires en ligne qui soient dignes d'intérêt, dans plus de 200 langues différentes." Son pire souvenir: "Mon pire souvenir a été de voir mon site web copié sans mention de mon nom. Mais j'ai toujours pu résoudre ce problème. En général, mes souvenirs liés à l'internet sont positifs et ils le seront plus encore si yourDictionary.com a du succès."

Alain Clavet (Ottawa) est analyste de politiques au Commissariat aux langues officielles du Canada. Son meilleur souvenir: "La découverte des toutes les possibilités du modem-câble. La très grande vitesse du modem m'a permis de voir la puissance de ce mode de communication. Internet comme encyclopédie universelle m'est indispensable." Son pire souvenir: "La lenteur, mais c'est réglé."

Cynthia Delisle (Montréal) est consultante au Centre d'expertise et de veille inforoutes et langues (CEVEIL). Son meilleur souvenir: "Le maintien régulier et à moindre coût, grâce au courriel, du contact avec mes proches lors de séjours prolongés à l'étranger." Son pire souvenir: "D'avoir vécu des problèmes de harcèlement (envois répétitifs de courriels personnels non sollicités… c'était il y a plusieurs années, avant que les logiciels de messagerie ne soient équipés de fonctions de filtres!)."

Bill Dunlap (Paris & San Francisco) est le fondateur de Global Reach, société qui favorise le marketing international en ligne. Son meilleur souvenir: "Le fait de travailler avec des centaines de personnes tout en évitant la pression. Cela rend la vie vraiment agréable." Son pire souvenir: "J'ai plusieurs fois mis en place un forum en ligne, et plusieurs individus animés de mauvaises intentions ont commencé à envoyer des messages injurieux à l'ensemble du forum. Ces messages ont atteint des centaines de personnes qui ont à leur tour répondu par des messages injurieux, avec un effet boule de neige. Je me rappelle m'être réveillé un matin avec plus de 4.000 messages à télécharger. Quelle pagaille!"

Barbara Grimes (Hawaii) a été la directrice de publication de l'Ethnologue, encyclopédie des langues, jusqu'en décembre 2000. Son meilleur souvenir: "Le fait de recevoir des corrections et de nouvelles informations fiables." Son pire souvenir: "Des critiques peu aimables sans proposition de corrections."

Christiane Jadelot (Nancy) est ingénieur d'études à l'Institut national de la langue française (INaLF). Son meilleur souvenir: "Lorsque, pour mon problème de polices de caractères, qui était très local, j'ai reçu des réponses du monde entier! (…) J'avais à cette époque des problèmes avec un logiciel qui s'appelait Paradox et des polices de caractères inadaptées à ce que je voulais faire. J'ai tenté ma chance et posé la question dans un groupe de News approprié. J'ai reçu des réponses du monde entier, comme si chacun était soucieux de trouver une solution à mon problème! Je n'étais pas habituée à ce type de solidarité. Les habitudes en France sont plutôt de travailler avec des cloisons étanches."

Son pire souvenir: "Celui d'avoir envoyé un courrier électronique à une personne qui n'était pas destinataire. Ce mode de communication doit être utilisé avec prudence parfois. Il va plus vite que la pensée elle-même, et peut être utilisé de manière très perverse, après coup, par le destinataire."

Steven Krauwer (Utrecht, Pays-Bas) est le coordinateur d'ELSNET (European Network of Excellence in Human Language Technologies). Son meilleur souvenir: "Une nuit, j'ai entendu le fragment d'une chanson sur une station de radio étrangère, ainsi que le nom d'une personne, et par le seul biais de l'internet j'ai été capable de trouver que ce nom était celui du compositeur de la chanson, trouver le titre de la chanson, vérifier qu'il s'agissait bien de la chanson dont j'avais entendu un fragment, découvrir qu'elle faisait partie d'une comédie musicale, trouver le titre du coffret de CD de cette comédie musicale, acheter le coffret de CD en question, trouver le site web de la comédie musicale, trouver le pays et l'endroit dans lesquels cette comédie musicale était toujours à l'affiche, y compris le détail du programme avec les jours et heures des représentations, trouver le numéro de téléphone et les heures d'ouverture du bureau de location, me procurer un plan de la ville et les indications nécessaires pour trouver le théâtre. J'aurais pu également réserver mon hôtel et mon vol par l'internet mais, dans ce cas précis, cela n'a pas été nécessaire. La seule chose que je n'ai pas pu faire fut la réservation elle-même parce que, à l'époque, les réservations par l'internet venant de l'étranger n'étaient pas acceptées, pour des raisons de sécurité. J'ai passé un très bon moment au théâtre, et je ne pense pas que ceci aurait été possible sans l'internet!"

Ses mauvais souvenirs: "Rien de vraiment spécifique, mais plutôt des choses répétitives comme les courriers électroniques non sollicités à caractère commercial, les pages web remplies de publicités, les pages surchargées de graphiques inutiles et dont le téléchargement prend du temps, les liens cassés."

Caoimhín Ó Donnaíle (Ile de Skye, Ecosse) est le webmestre du principal site d'information sur le gaélique écossais, sur lequel il tient à jour une liste des langues européennes minoritaires. Son meilleur souvenir: "Avoir trouvé des informations utiles dans le cadre de ma vie privée." Son pire souvenir: "Je n'ai pas de souvenir qui soit vraiment mauvais. Juste le courant: le courrier non sollicité (spam) ou les piratages informatiques."

Paul Treanor (Pays-Bas) gère sur son site personnel une section consacrée à l'avenir des langues européennes. Il n'a pas de bons souvenirs. "Je ne me fais aucune illusion sur l'internet. Il ne me vient à l'esprit aucune exception à citer." Son pire souvenir: "La pire chose que j'aie vue sur l'internet est le fait que des milliers de personnes aient ajouté le logo de la radio B92 de Belgrade sur leur site, sans se poser de questions sur la nature de cette radio ni sur la politique qu'elle représentait. En fait cette radio émettait déjà d'un avion de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord). La campagne menée montre combien il est facile de manipuler le public de ce nouveau médium."

Zina Tucsnak (Nancy) est ingénieur d'études en informatique à l'ATILF (Analyse et traitements informatiques du lexique français). "Mon meilleur souvenir est lié à la mise en oeuvre d'un serveur qui permet la lecture de son courrier depuis n'importe quel ordinateur muni d'une connexion internet. Le principe d'un tel serveur existait déjà, surtout sur des grandes sites américains. Mais rien ne remplace la sensation du devoir accompli." Son pire souvenir: "Ce sont les CV bidons, publiés sur des pages personnelles. Surtout quand les auteurs s'appropient des réalisations ou des activités qu'ils n'effectuent pas. Mais cela ouvre un débat plus large sur la répression des fraudes sur internet."

19.9. Les professeurs et l'internet

Richard Chotin (Paris) est professeur à l'Ecole supérieure des affaires (ESA) de Lille. Son pire souvenir: "C'est lorsque j'ai découvert qu'il me faudrait plusieurs vies pour tenter d'épuiser les possibilités de l'outil. Quand j'ai compris que je n'y arriverais pas, je me suis remis à lire Le mythe de Sisyphe d'Albert Camus afin de ne pas sombrer dans une mélancolie maniaco-dépressive due à l'absurdité de la situation."

Maria Victoria Marinetti (Annecy) est professeur d'espagnol en entreprise et traductrice. Ses bons souvenirs: "Le fait que je puisse communiquer avec ma famille et mes amis partout dans le monde." Ses mauvais souvenirs: "Quelquefois ça ne marche pas, c'est lent, imprécis, l'information est énorme et peu structurée, et en plus c'est très cher (en France, ndlr)."

Patrick Rebollar (Tokyo) est professeur de littérature française dans des universités japonaises, créateur d'un site web de recherches et activités littéraires, et modérateur de la liste de diffusion LITOR (littérature et ordinateur). Ses meilleurs souvenirs sont liés à "l'écoute de radios françaises. Dès qu'elle a été possible, en 1997, puis améliorée jusqu'à aujourd'hui, elle m'a permis de rester en contact étroit avec l'actualité culturelle et politique françaises. De même, la possibilité d'acheter des livres et des disques, et d'être livré dans des délais raisonnables à des prix normaux."

Henri Slettenhaar (Genève) est professeur en technologies de la communication à la Webster University. Son meilleur souvenir: "La vision d'images venant directement de l'espace, et particulièrement de Jupiter." Son pire souvenir: "La surcharge d'information. Je suis submergé par toutes ces informations et je ne dispose pas encore des outils qui me permettraient de ne trouver que ce que je cherche."

Russon Wooldridge (Toronto) est professeur au département d'études françaises de l'Université de Toronto et créateur de ressources littéraires librement accessibles en ligne. Son meilleur souvenir: "Une lettre que j'ai reçue par courriel à propos de mon site sur le Dictionnaire de l'Académie française. Je la cite intégralement: 'Sujet: 'Bravo! mais encore un effort'. Bonjour, je m'appelle Sophie, j'ai 10 ans, et je suis contente de trouver un dictionnaire sur internet. Mais je voudrais tout trouver, j'ai un exposé à faire sur la Fête du travail (1er mai) et ma requête n'a pas abouti… L'on voudrait tout trouver… Merci encore. Sophie'."

Son pire souvenir: "Voyons… (j'ai tendance à évacuer les mauvais souvenirs). Je pense ne pas avoir vraiment de 'pire souvenir' en fait. Disons plutôt quelques déceptions quand je donne à X, Y et Z (et à d'autres) et que X, Y et Z ne donnent rien en retour. Je connais pas mal de 'chercheurs' carriéristes. Stoïque et un peu cynique, j'observe d'un oeil désabusé, mais quand même dégoûté, le détournement mercantile de matériaux créés en premier lieu dans le but de les mettre librement en ligne (un cas particulier est documenté sur le site du Projet d'informatisation du Dictionnaire de l'Académie française). La nature humaine est partout la même: la soif de pouvoir chez certains vs. le partage et le pouvoir individuel."

Ce livre vient toutefois de montrer que nombreux sont ceux qui pratiquent le partage et le pouvoir individuel. Le tout est qu'ils puissent continuer de résister à la soif de pouvoir de certains.

20. REPERTOIRES DE SITES WEB

[Annuaires spécialisés / Bibliothèques: catalogues / Bibliothèques: répertoires / Bibliothèques numériques: répertoires / Dictionnaires: répertoires / Editeurs: répertoires / Langue française: promotion / Langues: localisation et internationalisation / Langues: répertoires / Langues: traitement informatique / Librairies: répertoires / Livre électronique: modèles / Presse: répertoires / Propriété intellectuelle / Sciences de l'information: sites francophones / Sciences de l'information: sites anglophones / Traduction / Traitement de l'information: fournisseurs de services]

Sélectif et subjectif, ce répertoire inventorie 100 sites (ou pages) web regroupés dans les rubriques suivantes: annuaires, bibliothèques, catalogues, éditeurs, langues, librairies, livre électronique, presse, propriété intellectuelle, sciences de l'information, traduction et traitement de l'information. De nombreux autres sites sont mentionnés dans la liste d'adresses web.

#Annuaires spécialisés

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Signets (Les)

Une sélection commentée d'environ 2.000 sites et pages web choisis par les bibliothécaires de la BnF.

= Ministère de la Culture (France) - L'internet culturel

Un annuaire qui comporte notamment des rubriques sur les langues, le livre et la lecture, les médias, le multimédia, les régions de France et les sciences humaines et sociales.

= Zazieweb - Annuaire des sites

L'annuaire de Zazieweb, site d'Isabelle Aveline destiné à la communauté des e-lecteurs. "Site indépendant et libre, zazieweb.com offre des espaces d'échanges et de rencontres pour lecteurs communicants et actifs!"

= Librarians' Index to the Internet

Géré par Carole Leita, bibliothécaire de référence au Berkeley Digital Library SunSITE (Californie), un répertoire d'environ 7.500 ressources internet sélectionnées par plus de cent bibliothécaires.

= WWW Virtual Library (The)

Débuté par Tim Berners-Lee, créateur du World Wide Web en 1989-90, le plus ancien répertoire du web est poursuivi pendant plusieurs années par Arthur Secret. Réputé pour sa qualité, ce répertoire est désormais alimenté de manière coopérative par nombre d'organismes. Les pages centrales sont gérées par Gerard Manning, et la base de données des différentes sections par Alan Thornhill et Jennifer Drummond.

#Bibliothèques: catalogues

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Catalogues

Les catalogues des livres et périodiques, documents audiovisuels (documents sonores, vidéos, multimédias, images numérisées…), collections spécialisées (cartes, estampes, partitions, monnaies, affiches…), documents numérisés (livres, périodiques, images fixes), etc. Ces catalogues sont décrits en détail dans les Signets de la BnF.

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Catalogue des documents numérisés

Le catalogue des monographies et périodiques numérisés en mode texte ou en mode image, auxquels s'ajoutent les images du catalogue des documents audiovisuels.

= Bibliothèque du Centre Pompidou - Catalogue

Le catalogue en ligne de la BPI (bibliothèque publique d'information) du
Centre Pompidou, située au coeur de Paris, dans le quartier des Halles.

= Bibliothèque du Centre Pompidou - Catalogues de bibliothèques françaises

Six sections: Bibliothèque nationale de France, bibliothèques universitaires et de grands établissements, bibliothèques publiques, bibliothèques spécialisées, réseaux de bibliothèques et catalogues collectifs, vidéothèques.

= Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques
(ENSSIB) - Catalogues des bibliothèques francophones

Un répertoire en trois sections: bibliothèques générales, bibliothèques spécialisées, profils Z3950 et passerelles Z3950.

= Bibliothèque nationale du Québec (BNQ) - Catalogue multimédia

Ce catalogue multimédia contient environ 500.000 notices de livres, périodiques, documents musicaux, cartographiques, iconographiques et électroniques, et fonds d'archives. Il permet aussi l'accès à des livres numérisés, documents iconographiques et extraits musicaux.

= British Library Public Catalogue (BLPC) (The)

Le catalogue en ligne de la British Library est doté d'un service en ligne permettant de demander soit le prêt de documents soit des photocopies.

= Library of Congress - Online Catalogs

Le catalogue en ligne de la Library of Congress: livres, périodiques, fichiers informatiques, manuscrits, cartes et plans, images, bandes son, etc.

= PubMed

Géré par la National Library of Medecine (Etats-Unis), ce catalogue est *la* référence en matière de médecine et de santé. Il recense 11 millions de notices provenant de Medline, PreMedline, etc., avec des liens vers les périodiques en ligne.

#Bibliothèques: répertoires

= Catalogue collectif de France (CCFr)

Le CCFr comprend le répertoire national des bibliothèques et centres de documentation, qui contient la description détaillée de 3.900 bibliothèques. Il offre aussi une interface unique à trois grands catalogues: le catalogue des fonds rétroconvertis des bibliothèques municipales, le catalogue BN-Opale Plus (catalogue des livres et périodiques de la Bibliothèque nationale de France) et le catalogue du Système universitaire de documentation (catalogue des bibliothèques universitaires), soit un ensemble de 14 millions de documents conservés dans les principales bibliothèques municipales, universitaires et de recherche. Courant 2001, le CCFr compte ouvrir un service de fourniture de documents: prêt, reproduction ou réservation sur place.

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Signets (Les) - Bibliothèques et centres de documentation

Réalisé par le personnel de la BnF, un répertoire d'adresses des bibliothèques et des centres de documentation, en France et à l'étranger.

= SiteBib

Hébergé sur le site de l'Association des bibliothécaires français (ABF), un site de coopération entre sites web spécialisés en bibliothéconomie et sciences de l'information, afin d'organiser une gestion partagée des liens. Rubriques: bibliothèques (adresses, sites, catalogues), bases de données, institutions, partenaires, informations professionnelles, sciences de l'information, internet mode d'emploi.

= Oriente-Express (L')

Par la Bibliothèque du Centre Pompidou (Paris), un répertoire d'adresses de bibliothèques et de centres de documentation privés ou publics, situés à Paris ou dans la région parisienne, ouverts à un large public ou faisant référence dans leur domaine.

= Gabriel (Gateway to Europe's National Libraries)

Trilingue (français, anglais, allemand), Gabriel est le serveur web des bibliothèques nationales européennes. Il permet d'offrir un point d'accès unique à leurs services, collections et catalogues.

= Libweb: Library Servers via WWW

Un service de la Digital Berkeley Library (Californie). Thomas Dowling recense les sites web de bibliothèques (6.100 dans plus de 100 pays en juin 2001), avec mise à jour quotidienne.

= Unesco Libraries Portal

Par l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture), un portail à vocation internationale à destination des bibliothécaires et de leurs usagers. Plusieurs rubriques: sites web des bibliothèques (internationales, nationales, régionales, gouvernementales, spécialisées, publiques, privées, etc.), associations et réseaux, accès et conservation, bibliothéconomie, formation, ressources en ligne, conférences et réunions.

#Bibliothèques numériques: répertoires

= Athena Literature Resources

Un répertoire mondial des ressources littéraires géré par Pierre Perroud, créateur d'Athena, bibliothèque numérique hébergée par l'Université de Genève.

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Signets (Les)

Une sélection du personnel de la BnF. Cliquer sur "L" pour trouver, classées par ordre alphabétique, les rubriques "Langues et littératures" d'un pays, d'une région ou d'une commaunauté linguistique donnée.

= Electronic Text Service - Major Online Text Collections

Par les bibliothèques de l'Université de Columbia (Etats-Unis), un répertoire mondial des collections de textes électroniques disponibles en ligne, classées par langue et par sujet.

= Universal Library - Collections

Le répertoire de l'Universal Library, hébergée par l'Université Carnegie
Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie, Etats-Unis).

#Dictionnaires: répertoires

= Administration fédérale suisse - Dictionnaires électroniques

Un répertoire établi par la section française des services ling uistiques centraux de l'Administration fédérale suisse. Cette liste très complète de dictionnaires monolingues, bilingues et multilingues est complétée par des répertoires d'abréviations et d'acronymes et des répertoires d'informations géographiques.

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Signets (Les) - Dictionnaires et encyclopédies

Une sélection effectuée par le personnel de la BnF.

= YourDictionary.com

Créé par Robert Beard en 1999, dans le prolongement de son ancien site "A Web of Online Dictionaries" maintenant intégré à celui-ci. Ce portail majeur recense les meilleurs dictionnaires (1.800 dictionnaires dans plus de 250 langues en juin 2001) et divers outils linguistiques: vocabulaires, grammaires, méthodes d'apprentissage des langues, etc. En tant que portail de toutes les langues sans exception, il accorde une importance particulière aux langues minoritaires et menacées.

= Travlang's Translating Dictionaries

Créé par Michael C. Martin, ce site, consacré aux voyages et aux langues, offre une section permettant l'accès à de nombreux dictionnaires de langues destinés au grand public.

#Editeurs: répertoires

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Signets (Les) - Editeurs

Géré par le personnel de la BnF, un répertoire d'éditeurs en trois rubriques: liste d'éditeurs français ou francophones, répertoires d'éditeurs français ou francophones, répertoires d'éditeurs étrangers.

= France Edition - Editeurs adhérents

Le répertoire des 250 éditeurs membres de France Edition, organisme de promotion de l'édition française à l'étranger.

= AcqWeb's Directory of Publishers and Vendors

Un répertoire international d'éditeurs et de diffuseurs sur le site de la bibliothèque de la Vanderbilt University (Tennessee, Etats-Unis).

= Publishers' Catalogues Home Page

Par Northern Lights Internet Solutions, organisme basé à Saskatoon (Saskatchewan, Canada), un répertoire international de 7.000 éditeurs, avec recherche possible par ville, état/province, pays, sujet et type de publication (livres, magazines, etc.).

= WWW Virtual Library (The) - Publishers

Le répertoire international d'éditeurs de la WWW Virtual Library est tenu à jour par Jonathan Bowen, du Oxford University Computing Laboratory (Royaume-Uni).

#Langue française: promotion

= Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF)

L'AIF est l'opérateur principal de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) regroupant 49 états et gouvernements "qui, unis par la même langue, souhaitent, par des actions de coopération multilatérale, utiliser ces liens au service de la paix, du dialogue des cultures et du développement". Situé à Bordeaux, le Centre international francophone de documentation et d'information (CIFDI) est rattaché à l'Institut francophone des nouvelles technologies de l'information et de la formation (INTIF), organe subsidiaire de l'AIF.

= Agence universitaire de la francophonie (AUF)

L'AUF, connue aussi sous le nom d'AUPELF-UREF, s'attache à renforcer un espace scientifique de langue française animé par ses principaux acteurs: établissements d'enseignement, enseignants, chercheurs et étudiants.

= Délégation générale à la langue française (DGLF)

La DGLF a pour mission de veiller à l'emploi et à la promotion du français en France, favoriser son utilisation comme langue de communication internationale, et développer le plurilinguisme, garant de la diversité culturelle.

= Maison de la Francité

Association subventionnée par la Commission communautaire française, la Maison de la Francité agit pour la défense et la promotion de la langue française à Bruxelles et au sein de la communauté française Wallonie-Bruxelles.

= Office de la langue française (OLF)

Le mandat de cet organisme gouvernemental québécois est de veiller à l'implantation et au maintien du français dans les milieux de travail, des affaires et de l'administration, et de définir et conduire la politique québécoise en matière de linguistique et de terminologie.

= Analyses et traitements informatisés du lexique français (ATILF)

Branche du CNRS (Centre national de la recherche scientifique, France), l'ATILF développe des programmes de recherche sur la langue française, principalement son vocabulaire. Les données - lexicales et textuelles - portent sur divers registres du français: langue littéraire (14e-20e siècles), langue courante (écrite, parlée), langue scientifique et technique (terminologies), et régionalismes. L'ATILF a remplacé en 2001 l'INaLF (Institut national de la langue française), scindée en deux organismes: l'ATILF et l'ILF (Institut de linguistique française).

#Langues: localisation et internationalisation

= Consortium Unicode

Une organisation dont le but est de promouvoir l'utilisation d'Unicode, un système de codage créé en 1998 afin de favoriser le multilinguisme. Unicode spécifie un nombre unique pour chaque caractère, quels que soient la plate-forme, le logiciel et la langue utilisés. Chaque caractère étant traduit en 16 bits, Unicode peut prendre en compte plus de 65.000 caractères uniques, et donc traiter informatiquement tous les systèmes d'écriture de la planète.

= Languages of the World by Computers and the Internet (The)

Créé par Yoshi Mikami, ce site donne, pour chaque langue, son système d'écriture, son jeu de caractères et la configuration du clavier pour l'utilisation de programmes informatiques et de l'internet.

= Localisation Industry Standard Association (LISA)

Spécialisés dans l'industrie de la localisation et de l'internationalisation, les 240 membres de LISA comprennent des éditeurs de logiciels, des fabricants de matériel, des vendeurs de services de localisation, et un nombre croissant de sociétés venant des secteurs voisins des technologies de l'information.

= W3C Internationalization / Localization

Sur le site du Consortium W3, consortium industriel international qui travaille au développement des protocoles communs du web, une section proposant notamment une définition des protocoles utilisés pour l'internationalisation et la localisation ainsi que des conseils pour créer un site multilingue.

#Langues: répertoires

= Ethnologue: Languages of the World

Cette encyclopédie très documentée, qui en est à sa 14e édition, existe en version web, sur CD-Rom et en version imprimée. Elle répertorie 6.800 langues, avec de multiples critères de recherche.

= European Minority Languages

Sur le site de l'Université Sabhal Mór Ostaig (île de Skye, Ecosse), principal site d'information sur le gaélique écossais, une liste de langues minoritaires tenue à jour par Caoimhín P. Ó Donnaíle en gaélique et en anglais. Cette liste est classée par ordre alphabétique de langues et par famille linguistique.

= C&IT (Communications & Information Technology) Centre

Rattaché à l'Institut des langues de l'Université d'Hull (Royaume-Uni), ce centre vise à promouvoir l'utilisation des ordinateurs dans l'apprentissage et l'enseignement des langues, notamment en sélectionnant des informations (Internet Resources for Language Teachers and Learners) à destination des professeurs.

= iLoveLanguages

Ouvert en 2001, ce site résulte de la fusion entre le site de Tyler Chambers consacré aux langues (The Human-Languages Page) et celui de la WWW Virtual Library (Languages Catalog). Il s'agit d'un catalogue répertoriant 2.000 ressources linguistiques dans plus de 100 langues différentes. Ces ressources sont réparties en différentes sections: langues et littérature, écoles et institutions, ressources linguistiques, produits et services, organismes, emplois et stages, dictionnaires et cours de langues.

= Linguist List (The)

Le site de la Linguist List propose une série de liens sur la profession de linguiste (conférences, associations linguistiques, programmes), la recherche (articles, résumés de mémoires, projets, bibliographies, dossiers, textes), les publications, la pédagogie, les ressources linguistiques (langues, familles linguistiques, dictionnaires, information régionale) et les ressources informatiques (polices de caractères et logiciels).

= Web Enhanced Language Learning (WELL)

Destiné à l'enseignement supérieur au Royaume-Uni, ce programme vise à développer l'utilisation du web pour l'apprentissage des langues et à sensibiliser les professeurs sur les possibilités offertes par les nouvelles technologies. Le site permet l'accès à des ressources web de qualité dans douze langues différentes. Sélectionnées et décrites par des experts, ces ressources sont complétées par des exemples sur la manière de les utiliser pour l'enseignement ou l'apprentissage d'une langue.

#Langues: traitement informatique

= Association européenne pour les ressources linguistiques (ELRA)

L'ELRA (European Language Resources Association) a pour but de fournir une organisation centralisée pour la validation, la gestion et la distribution des ressources et outils linguistiques (parole, texte et terminologie), et de promouvoir leur utilisation auprès des organismes européens s'occupant de R&D (recherche et développement) en télématique.

= FRANCIL (Réseau francophone de l'ingénierie de la langue)

FRANCIL est un programme de l'AUPELF-UREF (Agence universitaire de la francophonie) destiné à renforcer ses activités dans le domaine du génie linguistique, notamment le traitement automatique des langues.

= Institut Dalle Molle pour les études sémantiques et cognitives (ISSCO)

Rattaché à l'Université de Genève, l'ISSCO mène des recherches théoriques et appliquées en linguistique computationnelle et en intelligence artificielle. L'institut est spécialisé dans le traitement multilingue des langues dans les domaines suivants: traduction automatique, environnement linguistique, génération multilingue, traitement du discours, collection de données, etc.

= Laboratoire de recherche appliquée en linguistique informatique (RALI)

Basé à Montréal, le RALI regroupe des informaticiens et des linguistes menant des recherches dans le traitement automatique de la langue. Ses domaines de compétence sont les outils d'aide à la traduction, la production et le traitement des textes, et le repérage d'information.

= Association for Computational Linguistics (ACL)

A la fois scientifique et professionnel, cet organisme international rassemble les spécialistes de la langue naturelle et de la computation. Publiée par la MIT (Massachusetts Institute of Technology) Press, la revue trimestrielle de l'ACL, Computational Linguistics, est un forum de premier plan dans le domaine de la linguistique computationnelle et du traitement de la langue naturelle.

= Natural Language Group (The)

Au sein de l'Institut en sciences de l'information (ISI) de l'Université de Californie du Sud (USC), ce centre de recherche traite de plusieurs aspects du traitement de la langue naturelle: traduction automatique, résumé automatique de texte, accès multilingue aux verbes et gestion du texte, développement de taxonomies de concepts (ontologies), discours et génération de texte, élaboration de grands lexiques pour plusieurs langues, communication multimédia.

= Text Encoding Initiative (TEI) Consortium

Créé par trois sponsors (Association for Computers and the Humanities, Association for Computational Linguistics, Association for Literary and Linguistic Computing), ce projet international a pour but d'établir des directives sur l'encodage des textes électroniques à destination de la recherche.

#Librairies: répertoires

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Signets (Les) - Libraires

Par le personnel de la BnF, un répertoire des libraires français (généralistes et spécialisés) et des libraires étrangers.

= Livre-rare-book

Créé en novembre 1995 par Pascal Chartier, gérant de la librairie du Bât d'Argent (Lyon), un site professionnel des livres d'occasion, qui comprend un catalogue de livres anciens et de livres d'occasion classé par sujet et par librairie (environ 110 librairies et 300.000 livres en juillet 2001) et un annuaire électronique international des librairies d'occasion.

= Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (SLAM)

Le site du SLAM, qui regroupe la majorité des libraires français de livres anciens. On y trouve des catalogues en ligne à prix marqué (avec moteur de recherche), un service de recherche de livres épuisés ou rares, un annuaire des libraires avec leurs spécialités, un guide des termes techniques employés par les professionnels et bibliophiles, etc.

= France Antiques

Basé à Amboise (Loire), ce site se veut celui de tous les professionnels du marché de l'art ancien français: antiquaires, libraires, commissaires-priseurs, éditeurs d'art, fournisseurs et artisans d'art, etc. Il propose un répertoire de catalogues et un annuaire de librairies d'ancien, ainsi qu'un service gratuit de recherche de livres.

#Livre électronique: modèles

= @folio

Conçu par Pierre Schweitzer, architecte designer à Strasbourg, @folio (prononcer a-folio) est un support numérique de lecture nomade permettant d'aller lire n'importe où des textes glanés sur l'internet. Sa commercialisation est très attendue par ceux qui prônent un "livre électronique" pratique et bon marché.

= Cybook (Cytale)

Conçu par la société Cytale, le Cybook, premier livre électronique européen à être mis sur le marché, est commercialisé depuis le 23 janvier 2001.

= eBookMan (Franklin)

Créé par Franklin, société leader spécialisée dans les PDA (personal digital assistants) et les dictionnaires de poche, le eBookMan reçoit le 20 octobre 2000 le eBook Technology Award de la Foire internationale du livre de Francfort. Les logiciels de lecture utilisés sont le Franklin Reader et le Microsoft Reader. Il est commercialisé en janvier 2001.

= Gemstar eBook

Le Gemstar eBook est le successeur du Rocket eBook (de NuvoMedia) et du Softbook Reader (de SoftBook Press), suite au rachat de leurs sociétés par Gemstar en janvier 2000. Commercialisés en novembre 2000 aux Etats-Unis, les deux modèles (REB1100 et REB1200) sont construits et vendus sous le label RCA (appartenant à Thomson Multimedia). La commercialisation en Europe est prévue pour 2001.

#Presse: répertoires

= Agence France Presse (AFP) - Médias

Pour la France, un répertoire des quotidiens, périodiques, presse régionale, chaînes de télévision, radios et journaux électroniques. Pour la communauté francophone ou non, un répertoire des titres français classés par pays. Des sections aussi pour les médias germanophones, anglophones, hispanophones et lusophones (en portugais).

= Courrier international - Kiosque en ligne

Le guide mondial de la presse en ligne, avec recherche par lieu géographique et par ordre alphabétique.

= Internet Public Library (IPL) - Online Newspapers / Online Serials

Réalisée par le personnel de l'IPL, une sélection de journaux en ligne (par continents et pays) et de magazines en ligne (3.000 titres par titres et sujets).

= Michigan Electronic Library - News, Media & Periodicals

Un répertoire des répertoires (y compris des répertoires d'index).

= PresseWeb

Par Gérard Verdon, un répertoire international qui recense tous les médias présents sur le web, y compris la presse spécialisée, la radio et la télévision.

= Repères de Jean-Pierre Cloutier

Par l'auteur des Chroniques de Cybérie, chronique hebdomadaire des actualités de l'internet, ses repères en six rubriques: a) recherche / répertoires / portails, b) actualité WWW et technologique, c) nouvelles et actualités, d) ressources pour journalistes, e) journalistes, chroniqueurs, f) listes de diffusion.

#Propriété intellectuelle

= GNU (GNU's Not Unix) General Public Licence (GPL)

Le document officiel de la Free Software Foundation (FSF) sur la licence publique, qui sert de fondement à Linux pour les logiciels libres. Une traduction en français est disponible.

= Lex Mercatoria: Intellectual Property

Le répertoire de la Lex Mercatoria sur la protection de la propriété intellectuelle.

= Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)

L'OMPI a pour tâche de promouvoir la protection de la propriété intellectuelle à travers le monde grâce à la coopération entre les états. Elle assure aussi l'administration de divers traités multilatéraux relatifs aux aspects juridiques et administratifs de la propriété intellectuelle. Créé en 1994, le Centre d'arbitrage et de médiation de l'OMPI tente de régler des litiges commerciaux internationaux entre particuliers ou entreprises privées, notamment des litiges liés à l'enregistrement et à l'utilisation des noms de domaine.

#Sciences de l'information: sites francophones

= Association des professionnels de l'information et de la documentation (ADBS)

Avec ses 5.600 adhérents, l'ADBS se place au premier rang européen des associations de spécialistes de l'information.

= ADBS-info

Une liste de diffusion (5.000 abonnés en juillet 2001) dont l'objectif est de "faciliter les échanges d'informations, d'idées et d'expériences au sein de la communauté des professionnels de l'information et de la documentation, notamment par rapport au développement des accès électroniques à l'information".

= Biblio-fr

Créée en 1993, la liste de diffusion Biblio-fr regroupe des bibliothécaires et documentalistes francophones, et tous ceux qui sont intéressés par la diffusion électronique de l'information documentaire. Modérée par Hervé Le Crosnier, professeur à l'Université de Caen (Normandie), elle "se fixe comme objectif d'assurer la présence sur le réseau informatique mondial d'un regard francophone, notamment dans les domaines touchant à la circulation de l'information".

= Biblio On Line

Conçu par la société de services informatiques Quick Soft Ingénierie, un site à destination des bibliothèques et de leur public.

= Ecole nationale des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB)

Une mine d'informations. Voir notamment les pages de la bibliothèque de l'ENSSIB et le Bulletin des bibliothèques de France (BBF).

= Bibliothèque nationale de France (BnF) - Signets (Les) - Sciences de l'information

Gérée par le personnel de la BnF, la section "Sciences de l'information et histoire du livre" comprend sept rubriques: livre et lecture (institutions, bibliothéconomie et sciences de l'information), formation aux métiers du livre et de la documentation, histoire du livre, histoire de la presse, livre pour enfants, conservation et techniques du livre.

#Sciences de l'information: sites anglophones

= American Society for Information Science and Technology (ASIST)

L'ASIST, association pilote dans le domaine des nouvelles technologies, regroupe 4.000 professionnels de l'information.

= Association of Research Libraries (ARL)

L'ARL regroupe les bibliothèques des institutions de recherche nord-américaines. Forum pour les échanges d'idées, l'association favorise une action collective visant à développer la communication dans le domaine de la recherche.

= International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA)

L'IFLA, organisme international indépendant à destination des bibliothécaires du monde entier, est un carrefour pour échanger des idées et promouvoir la coopération internationale et la recherche.

= Internet Public Library (IPL) Services for Librarians

Gérée par le personnel de l'IPL, une section destinée aux professionnels de la documentation, avec sélection, descriptif et catalogage des ressources disponibles sur le web.

= Library Journal

Publiée par Cahners, une revue professionnelle de référence lue par 100.000 abonnés, et connue notamment pour ses analyses de documents (livres, documents audio, documents vidéo, CD-Rom, sites web, magazines, etc.), souvent disponibles avant la parution des dits documents.

#Traduction

= Aquarius

Par Language Networks (Amsterdam), un répertoire international de 20.000 traducteurs et interprètes.

= Fédération internationale des traducteurs (FIT)

Sur le site, la liste complète des membres et des divers comités, les publications de la FIT, les statuts et autres documents officiels.

= Language today

Un magazine en ligne de référence pour les linguistes: traducteurs, interprètes, terminologues, lexicographes et rédacteurs techniques. Ce magazine est une réalisation commune de Logos, société de traduction italienne (qui procure le site web), et Praetorius, société britannique de traduction et de services d'expertise dans les langues appliquées.

#Traitement de l'information: fournisseurs de services

= Blackwell's

Blackwell est un fournisseur international de livres, abonnements, bases de données bibliographiques et contrôle d'autorités à destination des bibliothèques universitaires, bibliothèques de recherche et grandes bibliothèques publiques du monde entier. Anglaise à l'origine, la société a conquis le marché américain puis mondial.

= Dawson

Spécialiste du traitement de l'information (abonnements, livres et nouvelles technologies) à destination des professionnels de la documentation, Dawson est la principale société européenne d'abonnements, et le plus grand fournisseur européen de livres à destination des entreprises et des universités.

= Dialog Web

Le site web permettant d'accéder à la base Dialog, gérée par Knight-Ridder Information. Dialog regroupe 600 bases de données dans les domaines suivants: affaires, industrie, actualités (pays, gouvernements, monde), droits et brevets, chimie, environnement, sciences et techniques, référence.

= Ingenta

Ingenta (qui a fusionné avec UnCover) est un service payant qui délivre des publications (26.000 publications) et articles (11 millions d'articles provenant de 18.000 périodiques rassemblés depuis l'automne 1988). Si l'envoi des documents est payant, la recherche dans les bases de données est gratuite.

= Lexis-Nexis & lexisONE

Division du groupe Reed Elsevier, Lexis-Nexis, fournisseur international de documents légaux, vise en priorité les professionnels du droit, des affaires et des nouvelles technologies. Ses bases de données et ses outils de gestion en ligne lui permettent de fournir les documents les plus "pointus" par voie électronique, sur CD-Rom ou sur papier. Avec des clients dans plus de soixante pays, la société est connue pour son professionnalisme, ainsi que pour le coût de ses services. Durant l'été 2000, Lexis-Nexis lance lexisONE, un service gratuit (avec inscription requise) à destination des particuliers et des petites sociétés.

= Online Computer Library Center (OCLC)

OCLC gère notamment l'Online Union Catalog, appelé aussi WorldCat, qui est le plus grand catalogue collectif mondial avec ses 46 millions de notices en 400 langues (avec translitération pour les caractères non-romains) produites ou utilisées par des milliers de bibliothèques adhérentes.

= Research Libraries Information Network (RLIN)

Créé par le Research Library Group (RLG), RLIN, accessible par abonnement, est un catalogue collectif comprenant des millions de notices en 365 langues, avec plusieurs notices pour le même document, alors que l'Online Union Catalog d'OCLC (décrit dans la notice qui précède) ne propose qu'une notice par document. RLIN est particulièrement utile pour ses notices de livres anciens, documents iconographiques et ouvrages en caractères non latins.

21. GLOSSAIRE

= 3D (3 dimensions)

Utilisé pour définir les images de synthèse défilant à l'écran, parce qu'elles donnent l'illusion du relief.

= AACR2 (Anglo-American cataloguing rules 2 - règles de catalogage anglo-américaines, version 2)

Les normes de catalogage des bibliothécaires-documentalistes anglo-saxons.

= Adresse électronique

Adresse utilisée sur le réseau internet pour envoyer et recevoir du courrier électronique.

= Adresse web

Adresse composée d'une série de chiffres permettant d'identifier un serveur sur le réseau.

= Agent intelligent

Logiciel programmable permettant d'effectuer une recherche d'informations à partir d'une demande spécifique exprimée en langage courant.

= Analogique

Définit un signal de valeur continue, par opposition au signal numérique qui ne peut prendre que quelques valeurs définies ( par ex. 0 ou 1 en langage binaire).

= Annuaire

Vise à recenser les sites web et à en proposer un classement thématique, une lourde tâche qui s'avère de plus en plus difficile étant donné la vitesse exponentielle à laquelle croît le web. Le précurseur fut Yahoo!, qu'il n'est pas utile de présenter.

= Applet Java

Ecrite en langage Java, une mini-application envoyée par un site sur un ordinateur afin que celui-ci renvoie à son tour des données vers le site de départ. Utilisé pour cerner les centres d'intérêt de l'internaute (point de vue du commerçant) ou pour le "fliquer" (point de vue de certains clients).

= Archie

Diminutif du terme "archives". Il s'agit d'un service de recherche de fichiers dans les archives de l'internet.

= ASCII (American standard code for information interchange)

Standard minimal de 128 caractères alphanumériques utilisé pour les échanges d'information texte. Binaire, le code ASCII de chaque lettre est composé de sept bits (A=1000001, B=1000010, etc.). Les alphabets européens sont représentés par des versions étendues de l'ASCII codées sur huit bits, afin de prendre en compte les caractères accentués. L'extension pour le français est la norme ISO-Latin-1.

= Asynchrone

Définit un mode de communication permettant la non-simultanéité de l'émission et de la réception des informations (par exemple le courrier électronique), contrairement à une communication synchrone qui exige la simultanéité de l'émission et de la réception (par exemple le téléphone).

= ATM (asynchronous transfer mode - mode de transfert asynchrone)

Protocole pouvant transmettre tout type d'information, y compris la voix et la vidéo. Ce protocole permet l'acheminement indépendant de l'information fragmentée en de multiples paquets et reconstituée à l'arrivée pour recomposer l'information initiale, le tout dans un délai donné.

= Autoroute de l'information

Appelé aussi "inforoute" par souci de concision. Il s'agit de l'ensemble des réseaux de communication par câble ou satellite, permettant la transmission rapide d'informations de toute nature. Inclut la télématique, la télévision numérique et les câblages informatiques.

= AZERTY

Sigle correspondant aux premières touches des caractères alphabétiques du clavier français. A l'exception de la France, les utilisateurs des langues indo-européennes disposent en général d'un clavier QWERTY.

= Bande passante

Ce terme désigne le débit supporté par une ligne de communication. La bande passante peut être étroite (fils de cuivre de la ligne téléphonique classique), moyenne (RNIS - réseau numérique à intégration de services ou DSL - digital subscriber line) ou large (fibres optiques).

= BBS (bulletin board system)

Un système informatisé reliant les utilisateurs d'un même groupe d'intérêt (association, entreprise, organisme public, etc.) pour des annonces, discussions, messages, programmes, ainsi que pour le transfert de fichiers, la visioconférence, etc. Appelé babillard par les Québécois.

= Binaire

A base deux, et qui utilise donc uniquement les éléments 0 et 1. En code
ASCII, cela donne: A=1000001, B=1000010, etc.

= Bit

Acronyme de "binary digit". Unité de numération binaire (0 ou 1).

= CD (compact disc)

Disque optique permettant l'enregistrement de sons (CD-audio), de données
(CD-Rom) ou de vidéos (CD-vidéo).

= CD-I (compact disc interactive)

Disque permettant de stocker un ensemble de textes, images et documents audio ou vidéo. Consultable sur un téléviseur au moyen d'un lecteur adapté connecté au poste.

= CD-Rom (compact disc-read only memory)

Apparu en 1984, un disque compact stockant des textes, images et sons sous forme numérisée. Sa grande capacité de stockage (650 mégaoctets, soit l'équivalent de 600 disquettes informatiques, 200.000 pages de texte ou 1.000 photos de définition moyenne) convient particulièrement pour les encyclopédies, les catalogues, les manuels techniques et les jeux. Le CD-Rom fut le premier outil multimédia permettant l'application grand public des techniques numériques à l'image. Son successeur est le DVD (digital video disc).

= Cédérom

L'orthographe préconisée par l'Académie française pour CD-Rom.

= Client

Dans l'architecture client/serveur, ce terme désigne la machine permettant d'utiliser les données ou les programmes disponibles sur un serveur.

= Commerce électronique

L'ensemble des transactions à distance faites sur le réseau, avec paiement électronique sécurisé. Appelé aussi cyber-commerce.

= Cookie

Chaîne de caractères qui constitue un numéro d'identification attribué par le site à un internaute. Le cookie permet donc de noter les visites de l'internaute et de définir ainsi ses centres d'intérêt: sports, voyages, musique, livres, etc. L'existence de cookies est signalée par les versions récentes des navigateurs, et l'internaute peut donc les désactiver s'il le souhaite.

= Courriel

Terme utilisé par les Québécois pour le courrier électronique.

= Courrier électronique

Ensemble des messages envoyés électroniquement d'un ordinateur à l'autre à travers le réseau internet, dont il représenterait 60% du trafic.

= Cyberespace

Traduction de "cyberspace", terme inventé par William Gibson dans
Neuromancien, roman de science-fiction paru en 1984.

= Disque dur

Support de stockage des données dans un ordinateur.

= Disquette

Support magnétique permettant de transférer ou de conserver des données informatiques.

= DOS (disk operating system - système d'exploitation à disque)

Système permettant à l'ordinateur de stocker des informations sur le disque dur et de communiquer avec ses périphériques: écran, clavier, souris, imprimante, etc.

= DSL (digital subscriber line - ligne d'abonné numérique)

Procédé permettant d'augmenter considérablement (cent fois plus vite que la ligne téléphonique selon certaines publicités) la vitesse de transmission des données sur les lignes téléphoniques standard tout en préservant la circulation de la voix et du fax (appelé aussi télécopie).

= DTD (definition of type of document - définition du type de document)

Description de la structure logique d'un document, correspondant le plus souvent à un format MARC (machine readable catalogue).

= DVD (digital video disc)

Apparu en 1996, fait suite au CD-Rom pour stocker textes, sons et images sur un support optique. Sa capacité de stockage varie de 4,7 à 17 gigaoctets (24 CD-Rom). Un film de deux heures peut être stocké sur une face de DVD. Les différentes versions sont le DVD-vidéo, le DVD-Rom, le DVD-Ram (ré-enregistrable une fois) et le DVD-E (ré-enregistrable plusieurs fois). Le DVD va progressivement remplacer les cassettes audio et vidéo et les disques optiques.

= E-book

Anglicisme utilisé aussi bien pour le livre numérique (version numérisée d'un livre) que pour le livre électronique (appareil de lecture permettant de lire à l'écran des livres numériques).

= EDI (electronic date interchange - échange de données informatisé)

Utilisé dans le commerce électronique inter-entreprises.

= En ligne

Définit les services et réseaux accessibles par le biais d'un modem ou d'une liaison télématique. Correspond au terme anglais "on line".

= Ethernet

Réseau local à débit très rapide, permettant par exemple de relier entre eux les différents services d'une même université ou d'une même entreprise.

= Extranet

Réseau propre à une communauté et fonctionnant selon le même principe que l'internet. Permet par exemple de relier tous les clients d'une entreprise.

= FAQ (frequently asked questions - foire aux questions)

Souvent présente sur un site, la liste des questions les plus fréquentes que se posent les nouveaux arrivants et les réponses-types.

= Favori

Permet de conserver l'adresse d'un site dans un répertoire spécifique du logiciel de navigation. Appelé aussi signet.

= Fibre optique

Support autorisant le transfert de données numériques à très haut débit sur de longues distances.

= Forum de discussion

Lieu d'échange sur l'internet par le biais du courrier électronique. Souvent thématique, un forum est lisible par tous et chacun peut y participer.

= Fournisseur d'accès internet

Permet de se connecter à l'internet moyennant un abonnement. En France, les fournisseurs les plus connus sont Wanadoo (France Télécom), Club-Internet (Groupe Hachette) et AOL (filiale de America Online). Depuis 1999, de nouveaux fournisseurs offrent des services gratuits.

= Freeware

Logiciel gratuit. Selon les cas, il appartient au domaine public ou bien son auteur en conserve le copyright. Ne pas confondre avec shareware (un logiciel téléchargeable qui doit être acheté à l'auteur après une période d'essai gratuite). Les défenseurs inconditionnels de la langue française utilisent le terme de gratuiciel.

= FTP (file transfer protocol - protocole de transfert de fichier)

Protocole définissant les règles de transfert de fichiers entre deux ordinateurs.

= Gopher

Le gopher est un système d'information à base de menus textuels à plusieurs niveaux. Dans le cas des bibliothèques numériques de première génération, il s'agissait d'un ensemble d'index permettant l'accès au texte intégral des documents.

= Hors ligne

Définit les applications disponibles en utilisation locale, comme les CD-Rom.
Correspond au terme anglais "off line".

= HTML (hypertext markup language)

Langage de marquage utilisé pour créer ou mettre en forme des documents destinés au web. Permet notamment de proposer des liens hypertextes ou hypermédias vers d'autres documents, et d'inclure des images et documents sonores.

= HTTP (hypertext transfer protocol)

Protocole de transfert des pages hypertextes sur le web.

= Hyperlien

Un hyperlien peut être un lien hypertexte ou un lien hypermédia.

= Hypermédia

Système utilisant des liens - appelés donc liens hypermédias - permettant l'accès à des graphiques, des documents audio et vidéo, et des images animées, de la même façon que les liens hypertextes relient entre eux des textes ou des images.

= Hypertexte

Principe de base du web. Système permettant de relier entre eux des documents textuels au moyen de liens hypertextes qui, d'un simple clic de souris, permettent l'accès à un autre document. Les liens hypertextes sont en général soulignés et d'une couleur différente de celle du texte.

= Infographie

Procédé de création de graphiques et d'images assistée par ordinateur.

= Inforoute

Synonyme d'autoroute de l'information.

= Interactivité

Mode de communication basé sur un dialogue individualisé permettant à l'utilisateur de décider lui-même du déroulement des opérations.

= Interface

Partie du programme permettant la communication entre l'utilisateur et son ordinateur, par exemple les textes (interface texte) et les images (interface graphique). Définit aussi l'élément permettant la communication entre deux appareils, par exemple un ordinateur et un modem.

= Internaute

Utilisateur de l'internet.

= Internet

Le réseau des réseaux qui, outre le web, inclut de nombreux services: courrier électronique, forums de discussion, IRC (Internet relay chat), TCP (transmission control protocol), visioconférence, etc.

= Intranet

Réseau interne propre à un organisme, l'intranet utilise la technologie de l'internet (protocoles et applications TCP/IP).

= IP (Internet protocol)

Protocole de communication permettant d'acheminer les données en mode paquet non connecté.

= IRC (Internet relay chat)

Système qui permet à deux ou plusieurs utilisateurs de discuter sur le réseau en mode texte et en temps réel.

= ISBD (international standard bibliographical description)

Cette norme pour la notice bibliographique d'un document a été conçue par l'IFLA (International Federation of Library Associations and Institutions) en 1977 pour l'échange de données bibliographiques à l'échelon international.

= ISBN (international standard book number)

Formé de dix chiffres, ce code numérique se présente avec ou sans tirets. Voici un exemple: Le cybermarketing, d'Arnaud Dufour a été publié par les PUF (Presses universitaires de France) à Paris en 1997 dans la collection "Que sais-je?" (n° 3186) et son ISBN est 2-13-048352-6. Ce code numérique regroupe les éléments suivants : code du pays de publication (2 pour la France), code de l'éditeur (13 pour les PUF), code propre au livre (048352 pour ce titre), chiffre de contrôle (6 pour le même livre). L'ISBN permet d'identifier le livre dans le monde entier pour commande ou classement. Il est également souvent transcrit au dos du livre sous forme de code-barre.

= ISO (International Organization for Standardization - Organisation internationale de normalisation)

L'ISO définit les normes permettant de faciliter l'échange international de biens et de services, et de développer la coopération internationale dans divers domaines: économique, intellectuel, scientifique et technologique. Par exemple, la norme ISO-Latin-1 définit l'extension des caractères ASCII pour le français.

= ISSN (international standard serial number)

Code numérique de 8 chiffres permettant d'identifier toute publication en série (périodique, série, collection, etc.). Il se présente sous forme de deux groupes de quatre chiffres séparés par un tiret. Le huitième chiffre est un chiffre de contrôle.

= JACKPHY

Un sigle regroupant les premières lettres des langues suivantes: Japanese (japonais), Arabic (arabe), Chinese (chinois), Korean (coréen), Persian (persan), Hebrew (hébreu) et Yiddish (yiddish). Utilisé dans la description de catalogues de bibliothèques pour indiquer la présence de notices translitérées de documents dans ces langues.

= Java

Langage de programmation HTML créé par Sun en 1995 pour permettre des images animées, ce qui a rendu les pages web beaucoup plus vivantes que par le passé, mais n'a pas toujours contribué à leur clarté.

= Kiosque

Ordinateur utilisé comme centre d'information dans un lieu public, par exemple une borne interactive dans un musée ou un écran d'accès au catalogue dans une bibliothèque.

= LAN (local area network - réseau local d'entreprise)

Réseau local permettant l'interconnexion d'équipements informatiques dans un rayon inférieur au kilomètre.

= Librairie en ligne

Librairie vendant des livres et autres produits culturels sur l'internet.

= Librairie numérique

Librairie vendant des livres numériques (au format PDF, Acrobat eBook Reader, Microsoft Reader, etc.).

= Linux

Contraction de Linus (Linus Torvalds, son créateur) et d'Unix, le système d'exploitation dont Linux est dérivé. Ce système d'exploitation pour ordinateurs personnels (PC) est un logiciel libre diffusé gratuitement sur l'internet, ce qui permet à tout programmeur de participer à son élaboration. D'abord utilisé par les développeurs de logiciels, les universités et les fournisseurs d'accès à l'internet, il a ensuite gagné les entreprises et le grand public, et concurrence maintenant le système d'exploitation de Microsoft.

= Livre électronique

Appareil de lecture permettant de lire à l'écran des livres numériques.

= Livre numérique

Version numérisée d'un livre.

= Liste de diffusion

Liste permettant la transmission d'un message par courrier électronique à tous les adhérents.

= MARC (machine readable catalogue)

Format international permettant le stockage et l'échange informatique de notices bibliographiques.

= Mémoire

La mémoire de l'ordinateur comprend une mémoire vive ou mémoire RAM (random-access memory), qui permet de lire et écrire les données, et une mémoire morte ou mémoire ROM (read-only memory), qui permet le stockage des informations que l'ordinateur soit allumé ou éteint.

= Messagerie électronique

Service permettant d'envoyer et de recevoir du courrier électronique.

= Microprocesseur

Puce électronique contenant un circuit électronique miniature.

= Minitel

Lancé en 1982 par France Télécom, le minitel est un terminal permettant la consultation de serveurs à domicile (accès par Télétel, le réseau vidéotex français), consultation fortement encouragée par l'Etat français avec la distribution gratuite de millions de terminaux. En 2000, 9 millions de minitels sont utilisés par 25 millions de personnes (sur 60 millions d'habitants). De nombreux serveurs minitel ont maintenant leur correspondant sur le web, avec les avantages qu'offrent la consultation au prix d'une communication téléphonique locale, la facilité de navigation et les avantages du multimédia. Mais le minitel reste toujours très utilisé, y compris pour les transactions commerciales. Certains moteurs de recherche ont ouvert un service minitel (Yahoo!, AltaVista) ou pensent en ouvrir un (Google).

= Modem

Contraction de "modulateur-démodulateur". Appareil permettant de relier l'ordinateur au réseau internet par le biais de la ligne téléphonique. La transmission des données informatiques est possible grâce à la conversion des signaux numériques en signaux analogiques. La vitesse du modem standard est de 56 Kbit/s.

= Moniteur

Synonyme d'écran.

= Moteur de recherche

Recense informatiquement tous les sites web et les classe par thèmes et par rubriques. Les plus connus sont AltaVista et Google.

= MS-DOS (Microsoft disc operating system)

Système d'exploitation produit par Microsoft pour équiper les micro-ordinateurs.

= Multimédia

Outil de communication informatique (ordinateur, logiciel, disque compact, serveur, etc.) combinant des composantes audio et vidéo utilisant texte, son et graphiques au moyen de séquences fixes et animées.

= Navigateur

Logiciel permettant de rechercher et de visualiser l'information sur le web.
Les deux principaux navigateurs sont Microsoft Explorer et Netscape Navigator.

= Net

Abréviation d'internet.

= Nétiquette

L'étiquette de l'internet. Rassemble les règles de savoir-vivre applicables sur le réseau, notamment pour le courrier électronique et les forums de discussion.

= Nom de domaine

Partie centrale d'une adresse web, qui permet d'identifier et de situer le serveur.

= NTIC

Sigle utilisé pour "nouvelles technologies de l'information et de la communication".

= Numérisation

Codification d'informations (textes, images et sons) en langage généralement binaire (0 ou 1) pour permettre le traitement de ces informations par voie informatique (création, enregistrement, combinaison, stockage, recherche et transmission). Un procédé similaire permet désormais le traitement de l'écriture, de la musique et du cinéma alors que, par le passé, ce traitement était assuré par des procédés différents sur des supports différents (papier pour l'écriture, bande magnétique pour la musique et celluloïd pour le cinéma).

= OCR (optical character recognition - reconnaissance optique de caractères)

Technologie permettant de reconstituer un texte d'après son image numérisée.

= Octet

Groupe de 8 bits représentant un caractère alphabétique ou quelques points formant une image. Un mégaoctet représente un million d'octets. Un gigaoctet représente un milliard d'octets. Un hexaoctet représente un milliard de milliards d'octets.

= OeB (Open eBook)

Créé en octobre 1998, ce format de livre numérique est basé sur les formats HTML et XML. La première version (1.0) de la Open eBook Publication Structure est disponible en septembre 1999. Elle est remplacée en juillet 2001 par la version 1.0.1. Le format OeB est utilisé notamment par le Reader de Microsoft, le Gemstar eBook et le Mobipocket.

= OeBF (Open eBook Forum)

Créé en janvier 2000, le Open eBook Forum (OeBF) a pour tâche de développer et de promouvoir l'Open eBook (OeB) afin qu'il devienne le standard majeur, sinon unique, utilisé pour la publication de livres numériques. Ce consortium international réunit plusieurs dizaines d'entreprises: des fabricants de livres électroniques, des éditeurs, des fabricants de logiciels et de matériels, des libraires en ligne, etc.

= OPAC (online public access catalogue - catalogue en ligne d'accès public)

Sigle caractérisant les catalogues de bibliothèques en ligne.

= PAO (publication assistée par ordinateur)

A remplacé l'imprimerie traditionnelle, avec des coûts moindres et un travail plus rapide.

= Paquet

Ensemble de données transitant ensemble sur le réseau. L'information fragmentée en de multiples paquets est reconstituée à l'arrivée pour recomposer l'information initiale, le tout dans un délai donné.

= PC (personal computer - ordinateur personnel)

Micro-ordinateur à usage personnel utilisé à domicile ou au bureau.

= PDA (personal digital assistant - assistant numérique personnel)

Ordinateur de poche intégrant de nombreuses fonctions de gestion, et servant le plus souvent de complément au PC du domicile ou du bureau.

= PDF (portable document format)

Format de fichier créé par Adobe pour conserver le contenu formaté d'un document électronique, avec mise en page, graphiques et styles.

= PGP (pretty good privacy)

Logiciel de cryptage. Une clé de 128 bits offrirait un bon niveau de sécurité.

= Pixel

Abrégé de "picture element". Représenté sous forme numérique, il s'agit du point constitutif d'une image sur l'écran d'un ordinateur ou d'un téléviseur. Le nombre de pixels définit la qualité de résolution de l'écran.

= Portail

Point d'entrée sur le web, à caractère général ou thématique. Un portail de fournisseur d'accès va par exemple comporter les informations du jour, la météo, un moteur de recherche, etc. Un portail peut être aussi thématique, par exemple yourDictionary.com, excellent portail pour les dictionnaires et les langues en général.

= Processeur

Cerveau interne de l'ordinateur. La vitesse du processeur est mesurée en mégahertz (MHz).

= Protocole

Définition de normes communes pour les échanges de données entre ordinateurs (TCP/IP, FTP, etc.) par les systèmes de télécommunications. Les normes ISO (Organisation internationale de normalisation) et UIT (Union internationale des télécommunications) permettent une normalisation des protocoles à l'échelon international.

= Pull

Se traduit littéralement par "tirer", pour décrire la démarche de l'internaute qui va chercher lui-même ses informations sur l'internet, par opposition au "push" (pousser), technologie qui lui permet d'avoir à sa disposition des informations automatiquement sélectionnées.

= Push

Apparue en 1996, une technologie permettant d'envoyer vers l'internaute des informations automatiquement sélectionnées en fonction de ses centres d'intérêt. On parle donc de "pull-push", à savoir la technologie du pousser-tirer.

= QWERTY

Sigle correspondant aux premières touches des caractères alphabétiques du clavier. Caractérise le clavier standard utilisé par la plupart des utilisateurs de langues indo-européennes. La France fait exception puisque son clavier standard est l'AZERTY.

= RAM (random-access memory)

Mémoire vive de l'ordinateur, qui permet de lire et écrire des données, et qui fonctionne seulement lorsque celui-ci est allumé, contrairement à la ROM (read-only memory) qui permet le stockage des informations que l'ordinateur soit allumé ou éteint. La RAM se mesure en mégaoctets (Mo).

= RAMEAU (répertoire d'autorités matières encyclopédique et alphabétique unifié)

Utilisé à la Bibliothèque nationale de France (BnF) et dans nombre de bibliothèques françaises, cet ensemble hiérarchisé de mots-clés permet d'indexer les documents d'une bibliothèque afin de pouvoir ensuite les retrouver par sujets.

= Réalité virtuelle

Définit une technologie permettant d'offrir à l'utilisateur un environnement virtuel en trois dimensions (3D).

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