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Le roman de la rose - Tome III

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Note 1, page 2.

Vers 10410. Je n'ai trouvé les vers suivans dans un manuscrit qui porte la date de 1330:

Mès li peres qui l'engendra,
L'a maintenue et maintendra
Sans préjudice de nul homme,
Sans tort faire as sages de Romme,
Tant qu'il le face loiaument,
Ne son ami n'en a point d'ire,
Por chose qu'il en oie dire;
Ne jalousie en soi n'en entre.
Li peres li ot mis où ventre
Ung fil qu'el tint en son geron,
De celi vous dirai le non.
Li enfés avoit non Tresor,
Et du pere dirons dès or
Le non sanz aler plus tardant:
Le pere ot non Aquier-Gardant.
De lor ator n'est pas parole
Assés en dis en la quarole.
(MÉON.)

[p.408] Note 2, page 6.

Vers 10471. Folle-Largesse fait billier ceux qui se livrent à elle, c'est-à-dire qu'elle les réduit au bâton, comme aujourd'hui nous dirions: «à la besace, à la mendicité.» Billard étoit autrefois celui qui étoit obligé de se servir d'un bâton pour marcher. Bille se prenoit pour le bâton.

Les billetes, qui font partie des pièces de blason, étoient de petites pièces solides en forme de quarré long dont on chargeoit l'écu; elles étoient de métal et de couleur.(Lantin de Damerey.)

Note 3, pages 8-9.

Vers 10494-10574. Tout ce passage, du vers 10495-10575 au vers 10586-10668, a été évidemment rajouté après coup, et probablement par un copiste, car nous ne reconnaissons pas, dans cette tirade obscure et filandreuse, le style mâle et énergique de notre Jehan de Meung.

Note 4, page 10.

Vers 10529. Pis, poitrine, mamelle. Dans une ancienne histoire citée par Pasquier, livre II, chap. xi, où il est parlé de ce siècle,

Où les rois, s'honorant du nom de fainéans,
Laissoient leur sceptre aux mains ou d'un maire ou d'un comte.
(Boileau, Le Lutrin, chant II.)

on lit: «En sa chaire séoit le Roi, la barbe sur le pis, [p.409]et les cheveux épars sur ses épaules; les messagers qui de diverses parts venoient à la Cour oyoit, et leur donnait telle réponse comme le maire lui enseignoit». (Lantin de Damerey.)

Note 5, pages 10-11.

Vers 10540-10620. Triptolemus, fils de Celeus, qui regnoit à Eleusis lorsque Cérès cherchoit Proserpine, sa fille. Celeus reçut magnifiquement cette déesse qui, pour le récompenser, lui apprit l'art de l'agriculture; elle fit plus: elle réchauffa, pendant la nuit, Triptolème, qui ne faisoit que de naître, et le lendemain elle voulut elle-même l'alaiter; et lorsqu'il fut grand, elle l'envoya, sur des serpents ailés, enseigner à tous les humains la manière de recueillir le blé après l'avoir semé. (Ovide, Métamorph., lib. VI.) (Lantin de Damerey.)

Note 6, pages 14-15.

Vers 10604-10688. Fou signifie en langue romane hêtre, du latin fagus.

Le jeu de mots contenu dans cette phrase est intraduisible. Voici le sens exact: «Un hêtre (fou) en avez retenu, et sans fou (folie) ne peut homme vivre, tant qu'il veut Amour suivre.»

Dans l'édition de Dupré, la phrase se termine ainsi:

Car c'est le chemin mal tourné
Où tout bon sens est bestourné.

[p.410] Notre traduction ne nous satisfait guère. Après avoir retourné cent et cent fois ces trois vers, nous nous sommes arrêté au mot brin, qui reproduit presque le jeu de mot de l'original. Le lecteur nous pardonnera d'avoir tenu à conserver cette nuance presque insaisissable; mais, sans cela, la phrase n'aurait plus aucun sens.

Note 7, page 28.

Vers 10780. Pourquoi M. Francisque Michel met-il ici puisque, au lieu de presque?

Note 8, pages 28-29.

Vers 10786-10872.

Tuit trois s'enfoïrent, mès d'eus
M'en sunt arrier venus les deus.

M. Francisque Michel traduit «les deus» par «les chagrins.» C'est une grosse erreur d'inadvertance. Il a pris deus pour le pluriel de deul. Mais la phrase n'aurait pas de sens, ou plutôt il serait impossible d'en accorder le sens avec ce qui précède. En effet, nous avons vu que vers l'Amant étaient revenus Doux-Parler et Doux-Penser, mais que Doux-Regard seul était resté. Les deus veut dire les deux autres. Si nous dégageons la pensée de l'allégorie, nous aurons: «L'Amant pouvait encore penser à sa douce amie, il pouvait en parler, mais il ne pouvait plus la voir.»

Note 9, pages 30-31. [p.411]

Vers 10804-10890. Barons. Ce mot, en terme de roman, se prenoit pour tous les hommes nobles et seigneurs de grande qualité. C'étoit par ce nom collectif qu'on désignoit alors les ducs, les marquis, etc....

On a divisé depuis la noblesse en trois ordres et en trois degrés.

Le premier est celui de baron, qui comprenoit tous les gentilshommes élevés en dignité, tant à cause des titres qui leur avoient été accordés par les rois qu'à cause de leurs fiefs, en vertu desquels ils avoient droit de porter la bannière dans l'armée du roi, d'y conduire leurs vassaux, et d'avoir un cri particulier; c'est pourquoi ils sont connus ordinairement sous le nom de Bannerets: ce premier ordre répond à l'idée que nous avons de la haute noblesse.

Le second ordre étoit celui des bacheliers ou des simples chevaliers; on les appeloit Milites secundi ordinis, Milites mediæ nobilitatis.

Le troisième ordre enfin étoit celui des écuyers, titre honorable alors, puisqu'il ne se donnoit guère qu'aux fils des chevaliers; au lieu qu'aujourd'hui il est devenu si commun, que ces nobles, infimæ nobilitatis, rougissent de le porter, comme infiniment au-dessous d'eux.

La noblesse a toujours été en grande recommandation dans tous les États de l'univers; et il n'y a presque à présent que celui des Turcs où elle n'est pas considérée. Ils défèrent tout à la vertu et au courage, sans considérer ni le sang ni la naissance, [p.412]comme l'a remarqué Busbec, ambassadeur à la Porte pour l'empereur Ferdinand Ier.

Je m'imagine bien que le préjugé dans lequel nous sommes élevés par rapport à la barbarie des Turcs empêchera leur sentiment de faire fortune, quoique puisé dans un principe reconnu véritable par tous les plus grands philosophes; mais il n'en sera pas moins certain que la vraie noblesse vient de notre propre vertu, et non par l'effet du hasard de nos ancêtres, quoique cette transmission de leur part ait force de loi parmi nous. Aussi je ne doute pas que, lorsqu'il fut question d'introduire cette distinction, qu'il nous a plu d'appeler noblesse, parmi des hommes égaux par le droit naturel, et subordonnés par le droit des gens et par les lois d'une sage politique, on ait eu égard aux actions généreuses de ceux qui, les premiers, ont été honorés de la noblesse. Il n'y a guère d'État où l'on fasse plus de cas de ce titre qu'en France, avec d'autant plus de raison que ce ne fut qu'au prix de leur sang et de leurs biens que les chefs de ces maisons illustres qui sont parmi nous acquirent un titre si glorieux, et ce n'est qu'en suivant ces grands exemples que leurs descendans peuvent se dire véritablement nobles.

Nos anciens sermonaires ne connoissoient rien au-dessus du titre de baron.

Saint Vincent Ferrière, dans la troisième partie de ses Sermons, parlant de saint Joachim, père de la Sainte-Vierge, le nomme baron.

Cum Anna et Joachim venissent de Nazaret in Hierosolimam ad Templum ut offerent secundum consuetudinem, quia Joachim erat baro voluit offerre. Le Grand-Prêtre, le regardant avec surprise, lui demanda: Et quis estis vos? etc....

[p.413] Un autre sermonaire a appelé le Lazare baron de Béthanie.

Le titre de baron a passé de mode en France, où la plupart des gentilshommes veulent être marquis ou comtes, n'ayant souvent pour toute seigneurie qu'un simple hameau. Cependant, on ne reconnaît aujourd'hui en France, pour marquis et pour comtes, que ceux qui possèdent aujourd'hui des marquisats et des comtés; et ces terres, dont les édits de Charles IX et de Henri III ont fixé l'étendue et la continence, ne peuvent porter ces titres sans les lettres du Prince.

Quelquefois baron est pris pour un homme du peuple. Dans la loi des Allemands, chap. xcv, art. 2, on lit qu'un soufflet donné à un baron n'est estimé non plus que celui donné à une servante. En ce temps-là les peines étoient pécuniaires. (Lantin de Damerey.)

En effet, baron vient du haut allemand beran, et signifiait fort, portefaix, voire goujat d'armée.

Nous avons tenu à reproduire exactement la note du seul commentateur un peu sérieux du Roman de la Rose. Toutefois, nous devons reconnaître que s'il y avait peu de philosophes, de son temps, assez indépendants pour discuter ainsi les titres de la noblesse française, on n'en trouverait guère aujourd'hui d'assez téméraires pour l'oser faire en aussi détestable français. (P.M.)

Note 10, pages 36-37.

Vers 10884-10972. Tibulle (Albius), chevalier romain, poète élégiographe. Il fut ami intime d'Horace et d'Ovide, ce qui est assez rare parmi les poètes. Ce dernier honora le tombeau de son ami [p.414]par cette belle élégie, qui est la 19e du livre III des Amours. Tibulle mourut en accompagnant le consul Corvinus Messala chez les Phéaciens. (Lantin de Damerey.)

Note 11, pages 38-39.

Vers 10904-10994. Cornelius Gallus, poète célèbre. Ses talents lui acquirent l'amitié d'Auguste, qui l'éleva à la dignité de gouverneur d'Égypte. La trop grande quantité de vin qu'il avoit bue lui fit avouer la part qu'il avoit prise à une conspiration. La crainte d'en être puni l'engagea à prévenir par sa mort la honte du supplice qui lui étoit destiné. (Lantin de Damerey.)

Note 12, pages 38-39.

Vers 10904-10994. Catullus (Caius Valerius) naquit à Véronne l'an de Rome 666. Il se rendit célèbre par ses amours avec Lesbie, et par les iambes satyriques qu'il composa contre plusieurs particuliers de Rome. César lui-même n'échappa point aux traits de sa satyre; mais il lui pardonna cette insolence, et le même jour qu'il lui rendit son amitié, il lui fit l'honneur de l'admettre à sa table. (Lantin de Damerey.)

Note 13, pages 50-51.

Vers 11106-11203. Dans quelques manuscrits on lit Flamans, dans d'autres Picards, etc. (MÉON.) Voir la note 75 du tome I.

Note 14, page 56. [p.415]

Vers 11212. Touse, tousée, adj., tondu, tondue, de tonsus. Borel l'explique par une amie, une fille qui aime, amasia; il en fait un substantif féminin, et de tousiaus, jeune homme, un substantif masculin. Jeune touse est le nom que l'Amour donne ici à Vénus, sa mère.

Quelque bien établie que fût la naissance de Cupidon, il a plu cependant, comme on peut le voir aux vers ci-dessous, à un grand philosophe de détruire une généalogie aussi bien établie.

Voici ce que Platon en dit, in Symposio: «Jupiter, voulant célébrer la naissance de Vénus, donna un grand repas à tous les dieux. Porus, fils de Métis, s'y trouva; il but plus qu'il n'auroit dû le faire dans une si honorable compagnie. Les fumées du nectar lui ayant monté à la tête, il entra dans les jardins de Jupiter pour dormir plus à son aise. Pénie, la déesse de la pauvreté, qui étoit venue à cette fête dans le dessein d'attirer la compassion des dieux, s'aperçut de l'état où étoit Porus; elle le suivit, et, sans plus de cérémonie, elle se coucha auprès de lui; elle devint grosse, et dans le temps elle accoucha de Cupidon.» (Lantin de Damerey.)

Je n'ai trouvé les vers suivants que dans quelques manuscrits du XVe siècle:

Dont trestous les enfans manja,
Fors Jupiter, qui s'estranja
De son regne, et tant le bati,
Que jusqu'en enfer l'abati,
Li copa ce que vous savez,
Car mainte fois oï l'avez:
[p.416] Et mes peres puis monta seur
Venus, tout fust-ele sa seur,
Et firent lor joliveté:
De là vint ma nativité,
Dont ge n'ai honte ne esclandre,
Qui bien set mon lignage entendre,
Onques de mieudre ne fu nus,
Par mes trois oncles, Neptunus,
Jupiter, Pluto, par m'antain
Juno la vielle, que tant ain,
Que ge vodroie qu'el fust arse.
Bien l'aim tant que Phebus fist Marse[*],
Que Midas as oreilles d'asne,
Par jugement d'homme et prophane,
Chier compera sa fole verve:
Mal vit la buisine Minerve
Qu'el geta dedans la palu,
De buisiner ne li chalu,
Por ce que li Diex se rioient
De ses joës qui li enfloient,
Quant el buisinoit à lor table.
Le Satyriau tieng à coupable

[*]Marse, c'est le Marsyas de la fable. Ce Phrygien, qui jouoit passablement de la flûte, fut assez téméraire pour se croire plus habile en ce genre qu'Apollon: ce dieu le força de lui céder le prix, et, pour le punir de sa folle vanité, il l'attacha à un arbre où il l'écorcha. On versa tant de larmes à la mort de ce malheureux, qu'il s'en forma un fleuve qui porta son nom, et qui augmenta le nombre de ceux qui arrosent la Phrygie. (Ovide, Métam., lib. VI.)

Ce n'est point du différend de Marsyas et d'Apollon que Midas fut juge. Ovide, au livre II des Métamorphoses, nous apprend que la dispute étoit entre Apollon et Pan, qui prétendoit que la lyre du premier étoit inférieure à sa flûte.

Tmole décida pour le dieu qui préside au Parnasse. Midas trouvant ce jugement injuste, se décida pour le dieu des pasteurs. Apollon, piqué du mauvais goût de ce prince, ne put souffrir que des oreilles si stupides conservassent une forme humaine; il les fit allonger, les couvrît d'un poil grison, et leur donna la vertu de se remuer d'elles-mêmes. (Lantin de Damerey.)

[p.417] Non por ce qu'ele buisinoit,
Mès contre Phebus estrivoit,
Qui buisinoit mielx, ce disoit,
Et Phebus mielx se reprisoit;
Si firent du roi Midas juge,
Qui contre Salterion juge;
A l'arbre pendu l'escorcha
Phebus tout vif, tant le torcha,
Par tout une sole plaie ot,
De par tout le sanc li raiot,
Et crioit, las, porquoi l'empris?
N'iert pas buisine en si grant pris.
(MÉON.)

Note 15, pages 58-59.

Vers 11244-11340.

Qu'il li faudra plumes novelles.

Il y a deux manières de traduire ce vers: 1° faudra, futur de faldre, falloir, c'est-à-dire qu'elles arracheront si bien ses plumes, qu'il restera tout nu, à moins qu'il ne lui en repousse de nouvelles. 2° Faudra, futur de faldre, faillir, manquer, c'est-à-dire qu'elles lui arracheront si bien ses plumes, qu'il ne lui en repoussera pas une: en ce sens, qu'elles le ruineront tellement, que le bien qui pourrait lui survenir ne puisse l'acquitter.

Note 16, page 62.

Vers 11299. Vodrois: licence pour la rime; il faudrait vodrez.

Note 17, page 64. [p.418]

Vers 11324. Ribaad. Les Ribaus sont mis ici pour des soldats. Guillaume le Breton, dans sa Philippide, appelle ainsi une compagnie de gendarmes, qui étoit pour Philippe-Auguste ce que la garde prétorienne fut pour les empereurs romains; et comme en ce temps-là on donnoit le nom de roi à celui qui étoit supérieur ou juge, le chef de la compagnie des gendarmes de Philippe-Auguste fut appelé roi des ribauds. On trouve dans les Chroniques de Froissard ribauds pour soldats; et comme ceux-ci se portent volontiers au déréglement, surtout au commerce des femmes publiques, on appela ribauds indistinctement ceux qui faisoient profession des armes et ceux qui imitoient ce vice des soldats: ribaudes étoit le nom de celles qui s'abandonnoient à la débauche, que l'on nommoit ribaudies, c'est-à-dire action de ribauds et de ribaudes (Pasquier, livre VIII, chap. XLIV). Ribaudaille signifioit canaille, et ribler, qui veut dire courir la nuit, comme font les filous et les débauchés, étoit la même chose que ribauder.

L'an 1446 fut crié à Paris que «les ribaudes ne porteroient plus de saincture d'argent, ne de collets, ne de robes à collets renversez, ne queüe, ne boutonniere à leur chaperon, ne pennes de gris en leurs robbes, ne de menu ver; et qu'elles allassent demourer ès bordeaux ordonnez, comme ils étoient au temps passé,» (Journal de Paris, sous les règnes de Charles VI et VII), ce qui avoit déjà été défendu par deux ordonnances du prévôt de Paris, des 8 janvier 1415 et 6 mars 1419. (Traité de la police de la Mare, livre III, titre 5.)

[p.419]Quoique les femmes publiques payassent une redevance à l'Estat, saint Louis ordonna que les ribaudes communes fussent boutées hors des bonnes villes par les justiciers des lieux, et en 1560 tous les lieux publics qui avoient été tolérez furent abolis.

M. Le Duchat, au mot Ribaulx, dans ses notes sur Rabelais, livre II, chap. 27, dit «que c'estoient de jeunes gens robustes, qui gaignoient leur vie à charger et à décharger les marchandises que l'on débarquoit à la Grève.»

Suivant du Tillet, «le grand prevôt de l'hôtel étoit nommé Roy des Ribauds et Prevôt des Ribauds: sa juridiction s'étendoit sur les jeux de dez et de brelands, et sur les bordeaux qui étoient en l'ost du Roy, et prétendoit qu'il lui étoit dû cinq sols de chaque femme publique.» On voit, par ce passage, qu'on mettoit peu de différence alors entre les femmes publiques et ceux qui donnoient à jouer aux jeux de hasard dans ces maisons, représentées aujourd'hui par celles que l'on nomme à Paris Académies, puisque du Tillet les range dans la même classe.

Les édits des préteurs, qui contiennent toute la police des Romains avant Auguste, nous apprennent «que ceux qui tenoient dans leurs maisons des jeux de hazard pour en tirer du profit étoient si odieux, que s'il arrivoit qu'ils eussent été maltraitez ou volez, ou receu quelque dommage dans le tems du jeu, ils n'avoient aucune action en justice pour demander réparation.» (La Mare, Traité de la police, livre III, titre 4, chap. iv.)

Fauchet, Origine des Dignités, dit que «le Roy des Ribauds étoit un officier qui avoit charge de mettre hors de la maison du Roy ceux qui n'y devoient ni [p.420]manger ni coucher, et qui, pour cela, devoit faire sa ronde tous les soirs dans tous les recoins de l'hôtel.»

Le même Fauchet dit encore «qu'un droit du Roy des Ribauds ou prévôt de l'hôtel étoit que les filles de joye qui suivoient la cour étoient tenues en may venir faire le lit du prévôt, et que pour leur hardiesse impudente et impudique étoient nommées Ribaudes

Extrait de l'ordonnance de l'hôtel du roi Philippe, l'an 1290, la semaine avant la Chandeleur:

«Le Roy des Ribaus, vj deniers de gages, une provende de xl s. pour robbe pour tout l'an et mengera à court et n'aura point de livraison.» (Lantin de Damerey.)

Note 18, pages 70-71.

Vers 11408-11510. Si nous en jugeons par les vers suivants, les six vers qui précèdent et qui sont compris entre crochets furent évidemment rajoutés après coup. Religieux veut dire ici moine, homme de religion, comme religieuse nonne.

Note 19, pages 72-73.

Vers 11448-11550. Nous avons en vain essayé de saisir le sens de ce passage. De guerre lasse, nous l'avons reproduit textuellement.

Nous n'avons pu faire entrer non plus dans notre traduction l'espèce de jeu de mots entre tinter et distinter. Méon et Francisque Michel traduisent distinter par distinguer. Il nous semble signifier ici tinter d'une façon différente, être en désaccord, en [p.421]opposition, discuter. C'est la traduction que nous avons adoptée.

Note 20, pages 72-75.

Vers 11456-11559. Bêlin, personnage des vieux fabliaux et du Roman du Renart; c'est le mouton. Il en est de même d'ysangrin, le loup, un peu plus loin. Du Cange prétend même qu'ysangrin est synonyme de loup dans la basse latinité, et cite à ce sujet le passage suivant:

«Solebat autem episcopus eum irridendo ysengrinum vocare propter lupinam scilicet speciem.» (Lantin de Damerey.)

Note 21, pages 82-83.

Vers 11587-11689. Chastelain. C'étoit autrefois le gouverneur d'un château, ou plutôt le capitaine; il étoit obligé de recevoir nos rois lorsqu'ils voyageoient. A l'état de châtelain étoit attaché l'office de juge en première instance, dont les appellations étaient vuidées par le bailli royal ou par son lieutenant, quand il alloit tenir ses assises. Le titre de châtelain n'emporte plus avec soi que l'idée d'un juge d'une châtellenie.

Forestier, sergent de bois, gruyer, curator saltuensis. Pendant que la Flandre étoit à moitié déserte et inhabitée, on donnoit le titre de forestier à celui qui en étoit le seigneur. «Liederic de Harlebec, d'amiral et de forestier de Flandre, en devint comte.» (Mémoires de la Marche.) C'est aussi le nom qu'on donnoit en France au grand veneur. (Lantin de Damerey.)

Note 23, pages 94-95.

Vers 11782-11882. Devins veut dire théologiens, gens d'église, et non pas simplement moines. C'est bien à contre-cœur que nous avons été obligé d'abandonner le sens le plus large.

Note 24, pages 96-97.

Vers 11816-11916. Il est probable que tout ce passage, jusqu'à l'apostrophe de Dieu d'Amours, 300 vers plus loin:

Qu'est-ce, diable? quiex sunt ti dit?
Qu'est-ce que tu as ici dit?

a été rajouté après coup. Peut-être même devrait-on [p.423]comprendre comme intercalée toute la partie comprise entre le vers 11786:

Nul povre ge ne contredaigne ...

et le vers 12118:

Tu sembles sains hons ...

Note 25, pages 98-99.

Vers 11828-11928.

Garde-moi, Diex ...

Cela est tiré de Salomon, qui a dit: Mendicitatem et divitias ne dederis mihi; tribue tantum victui meo necessaria, ne forte satiatus illiciar ad negandum, et dicam, quis est Dominus? Aut egestate compulsas furer, et perjurem nomen Dei mei. (Proverbiorum, vers 8, cap. 30.)

Note 26, page 98.

Vers 11840. Parlui est la première personne du singulier du prétérit de parlire (parlus).

Note 27, pages 100-101.

Vers 11864-11964. Dans quelques manuscrits on lit de plus les vers suivants: (MÉON.)

Les dis saint Augustin cerchiez,
Entre ses escris reverchiez
Les livres des euvres des moines:
Là verrez que nules essoines
Ne doit querre li noms parfeiz,
Ne par parole, ne par feiz,
[p.424] Combien qu'il soit religieus
Et de servir Dieu curieus;
Qu'il ne doie, bien le recors,
As propres mains, et propre cors
En laborant querir son vivre,
S'il n'a propre dont puisse vivre.

Note 28, pages 106-107.

Vers 11962-12062. Tout ce qui est dit par Faux-Semblant de l'obligation dans laquelle sont les moines de vaquer à des œuvres manuelles, est tiré d'un traité de saint Augustin, intitulé De opere Monachorum ad Aurelium Episcopum Carthaginensem: ce fut à l'instigation de cet évêque que saint Augustin entreprit cet ouvrage. Il y avoit de son temps plusieurs monastères à Carthage; et parmi ces différens moines, les uns travailloient, suivant le précepte de l'apôtre; les autres, appuyés sur le conseil évangélique qui dit: Regardez les oiseaus et les lys des champs, à qui la Providence fait trouver des ressources journalières, se croyoient en droit de vivre des oblations des fidèles, sans se donner la moindre peine. Cet excès de fainéantise avoit révolté les laïcs; ce fut donc pour terminer ces disputes et pour fixer les obligations des moines que saint Augustin composa son Traité, qui se trouve au tome III de ses œuvres, édition de Paris, 1651, et au tome IV de l'édition des PP. Bénédictins. (Lantin de Damerey.)

Note 29, pages 110-111.

Vers 12023-13024. Chevalier d'armes ou de lectréure. Cette double chevalerie d'armes et de lecture [p.424]dont parle Jehan de Meung semble exiger un détail plus circonstancié que ne le sont ordinairement les notes d'un glossaire.

Nos rois ayant récompensé les soldats qui les avoient bien servis par les fiefs nobles qui, dans leur origine, n'étoient que des bénéfices à vie, et qui, dans le Xe siècle, devinrent perpétuels et héréditaires, la matière de leur libéralité fut épuisée; leur reconnoissance ne l'étoit pas. Ils eurent donc recours à des moyens stériles en apparence, mais glorieux en effet, et d'autant plus faciles que, sans apporter, comme le remarque Du Cange, aucun préjudice à leurs finances, qui sont les nerfs et le fondement des États, les princes pouvoient récompenser les personnes qui leur avoient rendu des services considérables, parce que effectivement l'honneur, qui est l'unique aiguillon de la vertu, et non la valeur des choses, donne le prix aux récompenses. En effet, les couronnes de laurier et d'autres plantes étoient trop peu de chose à l'égard des actions héroïques de ces fameux Romains, si une fin plus honorable ne leur eût donné quelque relief: aussi nos rois, convaincus avec justice que les François, imbus des grandes maximes des vieux Romains, préféreroient sans hésiter l'honneur à tous les avantages les plus réels, imaginèrent de donner le titre de chevalier à ceux qui se distinguoient pendant la guerre.

On ne connoissoit alors d'autre noblesse que celle d'épée; la qualité de chevalier y ajoutoit un nouveau lustre; l'homme de guerre rendoit alors la justice, et les juges laïcs, qui composoient les parlemens, étoient pris parmi les nobles d'épée.

Dans la suite, les guerres continuelles, comme le remarque le P. Daniel, Histoire de France, tome III, [p.426]occupèrent trop la noblesse; l'ignorance s'introduisit parmi elle et l'obligea (au grand regret de ceux qui, dans la suite, composèrent cet ordre) d'abandonner l'une de ses plus illustres et plus anciennes prérogatives, qui étoit de juger les peuples.

Les raffinemens dans les procédures vinrent à un tel point, que la judicature demanda un homme tout entier. Nos rois eurent recours aux jurisconsultes, qu'ils transférèrent des universités aux parlemens, tous égaux entre eux par l'autorité qu'ils exercent dans l'étendue de leur ressort: ils attachèrent à ces places une noblesse qui étoit d'autant plus due à ceux qui les remplissoient, qu'en faisant observer les lois de l'État et en rendant la justice à ceux qui le composent, ils contribuent autant à sa gloire et à sa conservation que ceux qui sont armés pour sa défense.

Du Cange observe que l'on tient par tradition que nos rois, ayant abandonné leur palais pour y dresser un temple à la justice, communiquèrent en même temps leurs ornemens royaux à ceux qui y devoient présider, afin que les jugemens qui sortiroient de leur bouche eussent plus de poids et d'autorité, et qu'ils fussent reçus des peuples comme s'ils étoient émanés de la bouche même du prince. C'est à ces concessions qu'il faut rapporter les mortiers qui servoient de couronne aux rois de la première race, à l'exemple des empereurs de Constantinople et à quelques rois de la seconde et de la troisième; les écarlates et les hermines des chanceliers de France et des présidens du parlement, dont les manteaux ou les épitoges sont encore à présent faits à l'antique, étant troussés sur le bras gauche et attachés à l'épaule avec une agrafe d'or, tels furent les manteaux de nos rois.

[p.427]Cette distinction des deux noblesses donna lieu à celle qu'on mit dans la chevalerie. On vit alors des chevaliers ès-loix occuper les premières places de la judicature, ainsi qu'on avoit vu les chevaliers d'armes les remplir. Voilà pourquoi le Roman de la Rose fait mention de la chevalerie d'armes et de celle de lecture, qu'on appeloit aussi légale. Les gens de robe qui l'avoient inventée trouvèrent, dans la suite, le secret de supprimer la distinction essentielle de leur chevalerie, comme le remarque M. de Boulainvilliers; aussi ne se trouve-t-elle plus que dans les anciens historiens, où, suivant la coutume de ce temps-là, les gens de lettres ou de robe sont appelés chevaliers ès-loix. Ce titre, dans les commencemens, ne se donnoit point à tous ceux qui étoient à la tête des parlemens; le chancelier, comme chef de la justice, et le garde des sceaux, étoient chevaliers, ainsi que le premier président du parlement de Paris. Charles IX accorda ce titre au premier président du parlement de Rouen, qui a passé à tous les chefs des cours souveraines: avant cette concession, les premiers présidens qui n'étoient point chevaliers s'appeloient maîtres, simplement; et, s'ils étoient chevaliers auparavant que d'être présidens, on les nommoit messire.

La Roche-Flavin, livre II, des Parlemens de France, sect. VIII, observe qu'anciennement il y avoit quantité de seigneurs et de gentilshommes qui tenoient à honneur d'être présidens ou conseillers, dont la plupart étoient chevaliers, qui pour raison de ladite qualité étoient nommés messire ou messieurs, comme cela se pratiquoit sous Philippe de Valois.

Sans vouloir contester le titre de chevalier à ceux qui le prennent, il faut tenir pour certain, avec du [p.428]Tillet, Choppin et Loyseau, que nul ne naît chevalier, pas même les enfants des rois, equites facti, non nati: ce titre est purement personnel, et ne passe point par succession du père au fils, comme la noblesse du sang qui s'acquiert par la naissance. On doit conclure de là que personne ne doit prendre cette qualité, à moins que le roi ne le reçoive au nombre des chevaliers, ou que ce titre ne soit inséré dans les provisions des charges auxquelles il a plu à nos rois de l'attacher.

Parmi les chevaliers de lecture, il n'y en avoit que d'une espèce, au lieu que, parmi les chevaliers d'armes, on distinguoit les chevaliers simples d'avec les bannerets: ceux-ci, plus riches que les autres, obtenoient du roi la permission de lever une bannière, ce qui étoit la même chose que d'avoir une compagnie de gens de pied ou de chevaux, à la différence que la compagnie du banneret étoit de cinquante hommes d'armes, outre les archers et les arbaletriers, c'est-à-dire cent cinquante chevaux: évaluation d'autant plus facile à faire, que Froissard rapporte dans son Histoire que vingt mille hommes d'armes faisoient cent soixante mille hommes de guerre. La paye des chevaliers bannerets, lorsqu'ils alloient à la guerre pour le roi, étoit de vingt sols tournois par jour; les chevaliers bacheliers avoient la moitié, ainsi que les écuyers bannerets; les écuyers simples cinq sols, les gentilshommes à pied deux sols, les sergens à pied un sol tornois, et les arbaletriers un sol parisis. La bannière du chevalier banneret étoit carrée, parce qu'on coupoit la pointe du pennon, d'où est venu le proverbe: «Faire de pennon banniere,» c'est-à-dire passer à une nouvelle dignité: tant qu'on n'étoit que simple chevalier, on [p.429]ne pouvoit porter qu'un pennon ou une banderolle pointue. Il y a encore une espèce de chevalerie fort singulière dont quelques pères, plus ambitieux que prodigues, se sont avisés de faire l'apanage du cadet qui porte une épée; mais comme ce titre ne se donne point sérieusement, je ne m'amuserai point à faire voir combien il est mal fondé. (Lantin de Damerey.)

Note 30, pages 112-113.

Vers 12056-12156. Guillaume de Saint-Amour, chanoine de Beauvais, prêcha contre l'hypocrisie des ecclésiastiques, et principalement des moines. (Du Haillan, Histoire de France.)

Floruit Guillelmus de Sancto-Amore, doctor Sorbonicus, qui scripsit contra ordines mendicantium. (Genebrardus in chronographia.)

«Ce docteur, qui vivoit en 1260, composa un traité sous le titre Des périls des derniers temps, pour la défense de l'Écriture et de l'Église, contre les périls qui menaçoient l'Église universelle, de la part des hypocrites et faux prédicateurs, se fourrant ès maisons, oiseux, curieux, vagabonds.» Cet ouvrage est divisé en quatre livres; il a pour but de rendre à l'Université de Paris la tranquillité qui avoit été troublée en 1243, par la doctrine des religieux mendians. Saint Bonaventure et saint Thomas d'Aquin y répondirent. Le pape Alexandre IV condamna le livre de Saint-Amour, De Periculis novissimorum temporum, où il déclame contre la pauvreté fictive des mendians; et ceux-ci remuèrent tant de ressorts, qu'ils le firent bannir du royaume. (Lantin de Damerey.)

Note 31, pages 114-115. [p.430]

Vers 12089-12189. Faussonniers et terminéours, que nous avons traduits par faux monnayeurs et banqueroutiers, adoptant l'opinion de Lantin de Damerey et de Méon. M. Francisque Michel veut voir une erreur dans cette interprétation, disant que faussonniers doit se traduire par commis des gabelles, et terminéours par arpenteurs. Sans prendre la défense de ces deux honorables corporations, dont la première surtout devait être peu sympathique au public, nous dirons d'abord que le sens de la phrase s'accommode mieux de la version de MM. Méon et Lantin de Damerey que de celle de M. Francisque Michel. Puis, après avoir étudié la question, nous avouerons que si le mot banqueroutier est trop moderne pour exprimer une idée du XIIe siècle, il se rapproche plus du sens probable qu'arpenteur.

En effet, pour bien comprendre un mot entièrement disparu de la langue, à défaut d'un texte précis ne laissant de place à aucun doute, il est d'usage de rechercher le sens primitif du mot.

Faussonnier, dit Du Cange, veut dire faux-monnayeur, comme faussonner, faire de la fausse-monnaie. Racine: falsare, falsoneria, falsus-saulnerius, falsonarius. Le sens primitif était faussaire, puis faux-monnayeur. Au mot Falsonarius, Du Cange cite une vieille charte où il est dit: Falsonarii et retonsores denariorum. Au mot Falsoneria, il cite cette phrase des Ordonnances royales de France, année 1388, tome VII, page 242, art. 26: «Sur les Fauçonneries qui se font dans lesdites monnoyes, etc.... Au mot FALSUS-SAULNERIUS, idem qui FÀLSONARIUS, nostris [p.431]alias FAUSSONNIER, il cite cette phrase des Édits de saint Louis, chap. 39: Dictus le Galoys falsus-saulnerius reputatus communiter erat faussoniers de monoyes. Puis au tome IV, page 396, des Ordonnances royales de France, année 1363, ces mots: Monnoyes d'or et d'argent faussonnées ... Le sens de faux-monnayeur est donc indiscutable pour faussonnier, et comme M. Francisque Michel se garde bien de donner aucune preuve à l'appui de sa version: commis des gabelles, nous n'avons pas cru devoir l'accepter.

Quant à terminéours, tiré du bas latin terminarius, suivant Du Cange, il s'écrivait indistinctement: termoieeur, termoieur, termineur, c'est-à-dire qui aliquod tenementum possidet ad terminum, d'où le mot termor, tenens ex termino. Terminéours signifieroit donc emprunteur à terme, débiteur, puis enfin banqueroutier, et les deux vers 12287 et 12288:

Ou se nus homme oultre mesure
Vent à TERME ou preste à usure ...

semblent consacrer le sens que donne Du Gange à terminéours. Pour être juste, nous devons dire que le bas latin terminator signifiait aussi: arpenteur, géomètre.

Quant au mot maiours, que nous avons traduit par guerriers, nous avouons avoir hésité longtemps. Nous avions primitivement adopté:

Maires, prévôts, baillis, archers ...

Mais le mot maire, maior, qui voulait dire chef, nous a paru, rapproché de bedeau (simple archer), signifier ici officier, comme bailli est opposé à prévost. Peut-être y doit-on voir tout fonctionnaire ou chef de service.

Note 33, pages 118-119.

Vers 12154-12256. Nous avons choisi la forme ironique pour notre traduction. Gaignons veut dire proprement: chiens.

Note 34, pages 120-121.

Vers 12164-12264. Super cathedram Moysi sederunt Scribæ et Pharisæ. Omnia ergo quæcumque dixerint vobis, servate et facite; secundum opera vero eorum nolite facere: dicunt enim, et non faciunt. (Vers 2 et 3.)

Note 35, pages 122-123.

Vers 12185-12187. Philatière, du mot philacterium; c'étoit un morceau de parchemin sur lequel étoient [p.433]écrits les préceptes du Décalogue. Les Pharisiens en portoient une bande sur le front, et l'autre sur le bras, pour avoir toujours présente la loi que Dieu avoit donnée à Moyse. Les philatières se nommoient aussi téphillins; il falloit bien des cérémonies pour les faire. Vigenere, dans son Traité des chiffres, a observé que lorsque les Juifs tuent un veau pour faire des téphillins, ils disent: «Je sacrifie ce veau ici en intention d'employer sa peau à en faire des téphillins.» Ils en disent autant quand ils donnent cette peau au corroyeur et à l'écrivain; mais cela ne se pratique que du côté de la chair, et non pas de celui du poil.

Pendant qu'ils le portent sur eux, ils n'approchent point des sépultures ni de leurs femmes, que premièrement ils n'aient bien serré leurs théphillins en de doubles boëtes, de peur de les polluer; car selon les traditions du Talmud, quiconque a le téphillin à son chef et au bras, et sur le sommier de sa porte, il se prépare comme une habitude à se contre-regarder du péché, suivant ce qui est écrit, «qu'une fisselle cordelée en trois est plus forte à rompre.»

Observant hodie Judei rigidè in tephillis suis, et in fronte et in armillarum loco ut sint litteræ, non plures in unâ lineâ quam in aliâ, et equaliter semper in omnibus: olim dilalabant super frontem ut essent conspicua, et hoc est quod reprehendit Christus dum dicit dilatare philacteria: tegunt illa hodie, veste et pileo, præsertim ne Christiani obripiant illa. (Hæc in Scaligerianis, littera T.)

Philatière ou philatire se prenoit aussi pour un reliquaire en forme de croix, dont les uns, plus grands, étoient conservés dans les églises, pour y être exposés à la vénération des fidèles, qui portoient les petits [p.434]pendus à leurs cols comme un préservatif contre toutes sortes d'accidens: on voit par là que la vertu de ces reliquaires les avoit fait nommer filatières, à cause du rapport qu'ils avoient en cela aux filatîères des Juifs. (Lantin de Damerey.)

Note 36, page 130.

Vers 12322. L'original porte savoit; c'est évidemment une erreur. Elle est reproduite par M. Francisque Michel.

Note 37, pages 130-131.

Vers 12346-12450. Si je mets une note ici, cher lecteur, c'est uniquement pour vous permettre de souffler après une phrase pareille.

Note 38, pages 130-131.

Vers 12347-12451. Tout ce passage, jusqu'au vers 12457-12559, a dû être rajouté après coup.

Note 40, pages 132-133.

Vers 12368-12473. Il y avoit auprès de Notre-Dame une école qu'Abaylard appeloit Schola Parisiaca. Les écoliers en étoient devenus si nombreux, que les chanoines de Notre-Dame s'en trouvèrent incommodés, et en 1257, ces écoles, qui étoient au septentrion, furent transférées au midi, entre le palais épiscopal et l'Hôtel-Dieu. (Lantin de Damerey.)

Note 41, pages 140-141.

Vers 12498-12600. Les Béguins étoient une espèce de moines qui étoient mariés; ils furent condamnés au concile de Cologne en 1260, et au concile général de Vienne en l'an 1311. On les appeloit aussi Béguards.(Lantin de Damerey.)

L'auteur semble parler de ces moines avant leur condamnation, avant 1260, si nous en jugeons par [p.436]les vers qui suivent, à moins d'admettre qu'il comprenne sous ce terme général tous les ordres plus ou moins mendiants, ce qui nous paraît vraisemblable. Dans tous les cas, la preuve ne serait pas suffisante pour faire remonter le Roman avant cette date. (P.M.)

Note 42, pages 140-141.

Vers 12513-12617. Ce passage, entre crochets jusqu'au vers 12528-12632, est encore évidemment une intercalation.

Note 43, pages 142-143.

Vers 12536-12640. Baillir voulait dire garder, d'où bien baillir, bien garder, et par extension bien traiter; mal baillir signifiait mal garder et mal traiter. Ainsi, aux vers 12227 et 11525, le sens n'est pas douteux; c'est bien: «mal gardé, en grand péril, perdu.» Maltraité ne se comprendrait pas.

Ici les deux interprétations se dressent en face l'une de l'autre avec un sens tout à fait différent. D'abord mal garder:

Aussi vous pourrai-je bien manquer (de parole)
Si vous me deviez mal garder.

D'autre part maltraiter:

Aussi pourrai-je bien vous tromper,
Quand même vous m'en devriez maltraiter,

ou bien encore:

S'il vous venait à l'idée de me maltraiter.

[p.437] Nous avons adopté la première version; le lecteur jugera si nous avons été bien inspiré. Une fois de plus, nous nous trouvons en désaccord avec M. Francisque Michel, qui adopte maltraiter.

Note 44, pages 148-149.

Vers 12609-12716. Robe cameline. Camelin et cameline, espèce d'étoffe qui a pris son nom des poils de chameau qui entroient dans sa contexture. Il y avoit des camelins d'Amiens, de Cambrai. On lit dans une pièce qui a pour titre le Couronnement du Renart:

De vert de Gant, ne de Douay,
Ne des camelins de Cambray.

Robert Sorbon, reprochant à Joinville devant saint Louis qu'il étoit plus richement vêtu que le roy, il lui répondit: «Mestre Robert, salve vostre grâce, je ne foiz mie à blasmer se je me vest de vert et de vair, car cest habit me lessa mon père et ma mère; mès vous faites à blasmer, car vous estes filz de vilain et de vilaine, et avez lessié l'abit vostre pere et vostre mere, et estes vestu de plus riche camelin que le roy n'est.» (Histoire de saint Louis, par Joinville.) (Lantin de Damerey.)

Note 45, pages 150-151.

Vers 12641-12749. «Un bourdon de larcin, plein de tristes pensers et de peines, une écharpe de soucis pleine, une potence de trahison, etc....»

Cette singulière manie d'introduire l'allégorie [p.438]jusque dans les descriptions était fort en vogue au moyen âge. Nous verrons tout à l'heure les combattants manier des armes fantastiques: «épées de miséricordes, lances de sanglots, écus de discrétion bordés de langues coupées, etc....» Il est curieux de mettre ici en parallèle un des plus célèbres poètes du XIIIe siècle avec nos deux compatriotes, le satirique Rutebœuf. Dans son poème la Voie de Paradis, il raconte qu'en songe il se dirigea vers le paradis. Il rencontre en chemin Pitié, sous les traits d'un homme qui le guide et lui conseille de se garder de ses ennemis: Avarice, Envie, Orgueil, etc.... Il les lui dépeint, ainsi que leur demeure. Disons tout d'abord que le poète normand est loin d'atteindre ses contemporains orléanais, quoique cependant il ne manque pas d'inspiration. Les portraits de Guillaume de Lorris sont à ceux de Rutebœuf ce qu'est «le soleil à la lune,» et la description de la maison d'Avarice ne saurait soutenir le parallèle avec celle de Fortune, dans la partie de Jehan de Meung. Rutebœuf commence ainsi sa description:

Du fondement de la meson
Vous di que tel ne vit mès hon.
Ung mur i a de félonie
Tout destrempé à vilonie;
Li sueil sunt de desesperance
Et li pommel de mescheance;
Li torchéis est de haïne, etc....

De même la nef de Renard le Novel dans le Roman de ce nom.

Li fons est de male pensée
Et s'est de traïson bordée,
Et clauwée de vilonnie,
Et de honte très bien poïe, etc....

[p.439]tandis que celle de Noble, le Lion, n'est construite que de bonne pensée, fine amour, courtoisie et mainte vertu.

Cet abus de l'allégorie se perpétua beaucoup plus longtemps qu'on ne pourrait le supposer, car nous voyons Cervantès encore, dans son Voyage au Parnasse, bâtir son navire fantastique de matériaux tout aussi fabuleux, tels qu'élégies, chansons, drames, odes, etc.

Note 46. pages 154-155.

Vers 12702-12814. Menesterel, de manus et histrio, étymologie qui paroît plus sûre que celle de ministelli quasi parvi ministri, rapportée par Du Cange, Dissert. V sur l'histoire de saint Louis. On appeloit ainsi celui qui alloit jouer des instruments de musique, chanter des chansons ou donner des aubades à la porte de celle qu'il aimoit: ce nom est resté à tous ceux qui jouent de quelque instrument pour de l'argent; mais il n'y a plus que les violons de campagne à qui on le donne.

On faisoit anciennement grand cas des menestriers. On lit dans Froissard que le duc de Lancastre donna aux menestriers, qui avoient bien joué, cent nobles, et que le duc de Touraine donna, tant aux hérauts qu'aux menestriers, la somme de cinq cents livres, et qu'il les revêtit de draps d'or et fourrés de fin menu vair, lesquels draps furent estimés à 200 francs. (Lantin de Damerey.)

N'en déplaise à M. Lantin, c'est son adversaire qui est dans le vrai: ménestrel vient de ministerellus, diminutif de minister.(P.M.)

Note 48, pages 154-155.

Vers 12705-12817.

Et sachent tuit li autres freres;
N'i a cil qui prodons n'apere.

M. Francisque Michel écrit: li autre frere.

Nous prions le lecteur de se reporter au Ve volume; il y verra quelles étaient les règles qui dominaient alors dans la déclinaison.

Nous nous contenterons de dire ici que la règle du pluriel le plus en usage au XIIIe siècle était que le sujet pluriel ne prenait pas l's, et que le régime le prenait toujours.

Partant de là, si nous adoptons l'orthographe de [p.441]Méon, «li autres frères» serait régime; dans l'autre cas, il devient sujet. Donc deux traductions se trouvent en présence:

1° Sachent, de sachier (tirer, exploiter): «Et qui exploitent tous les autres frères.»

2° Sachent, subj. de savoir: «Et que le sachent tous les autres frères.»

Nous nous sommes, tout en respectant l'orthographe de Méon, dont nous tenons à reproduire le texte exact, rangé à l'opinion de M. Francisque Michel. La rime, en effet, indique que frere doit s'écrire sans s. Or, bien que plusieurs fois nous nous heurtions à de pareilles licences, qui cependant ne rendent pas le sens douteux, nous reconnaissons qu'elles ne sont que des exceptions, et nous ne sommes pas obligé d'en voir une ici. La première traduction nous séduit cependant beaucoup plus que celle que nous avons adoptée; elle est tout à fait dans le goût de l'auteur et nous semble bien plus rationnelle ici.

Ajoutons que tuit (toti), était primitivement le sujet, et tous (totos) le régime. Deux vers plus haut, nous lisons:

Li Jacobin sunt tuit prodomme.

Note 49, page 164.

Vers 12852. Nous avons encore à signaler une singulière erreur de M. Francisque Michel. Pourquoi repousse-t-il ce vers après:


Por tant qu'il le puisse savoir...?

Il l'a fait, à nos yeux, sans rime ni raison.

Note 51, pages 178-179.

Vers 13046-13168. Faé, dont les fées se sont mêlées. Le peuple appeloit ainsi des femmes qui s'occupoient à faire des enchantemens et des charmes. Le Roman de Lancelot du Lac, chap. 8, tome Ier, dit: «Moult en étoient principalement en la Grande-Bretagne; elles sçavoient la force et la vertu des paroles, des pierres et des herbes, par quoi elles étoient tenues en jeunesse, et en beauté et richesse. Ce fut Merlin, surnommé le saint prophète, qui avoit instruit ces femmes dans l'art de f?rie et de nigromancie; et fut ledit Merlin engendré en femme par un diable, en la Marche d'Ecosse et d'Irlande.»

Fatas antiqui in supremo ordine collocabant pro eo quod fatare præcipuum sit, atque divinum inter omnia quæ diis attribuuntur: fatare namque non solum modo est prædicere, vel cavere, sed etiam præordinare, et ut eveniant quæ prædicuntur efficere.

(Vide Guillelmum Alvernum, Episcopum Parisiensem, [p.443]in tertiâ parte secundæ partis De universo spirituali, cap. xii, col. i, t. I, éd. 1674.) (Lantin de Damerey.)

Note 52, page 180.

Vers 13073-74-81. Accordissiez, gaaingnissiez, alissiez, au lieu de ... assiez. Ces trois verbes prouvent que les deux formes isse et asse étaient usitées pour la première conjugaison primitivement, car nous ne saurions y voir de licences pour la rime.

Note 53, page 182.

Vers 13087. Cortiz, petit jardin de campagne qui n'était point enfermé de murailles; il signifie aussi une petite cour.

On lit in Scaligerianis, litterâ C, que c'est faute d'entendre notre langue que nous écrivons Cour de parlement pour court, qui vient de curtis: l'italien dit corte. Les parlemens suivoient les rois anciennement; on dressoit un enclos qui s'appeloit curtis, où le parlement s'assembloit, et le roi écrivoit de curti nostrâ: ce qu'on appelle aujourd'hui cour s'exprimoit en gaulois par le mot cort. (Lantin de Damerey.)

Nous reproduisons cette note avec d'autant plus d'empressement que nous constatons, trois lignes plus haut, dans le glossaire de Méon, une étrange anomalie. Au mot cour, celui-ci donne la racine curia. Pourquoi donner cette racine (lui qui n'en signale pour ainsi dire aucune) au-dessus de la note ci-dessus, qu'il intercale dans son glossaire? Il ne prenait sans [p.444]doute pas au sérieux cette étymologie, qui est cependant la vraie. Cortis, en latin, signifiait proprement l'espace compris entre les bâtiments d'une ferme. (P.M.)

Note 54, pages 200-201.

Vers 13352-13478. On voit, en jetant les yeux sur l'original, que la phrase est boiteuse; elle n'est point finie. Nous l'avons soudée, il est vrai, aux vers suivants; mais évidemment tout le passage compris entre crochets, dans l'original, est une addition postérieure. La suite de la phrase reparaît au vers 13385-13511.

Note 55, page 204.

Vers 13416. Méon et Francisque Michel écrivent les; c'est une erreur. Si maint vaillant homme était le régime pluriel, il prendrait l's. C'est donc un singulier. De plus, si c'était un pluriel, chéu, participe toujours déclinable, devrait prendre aussi l's, en tant que régime. Voir l'introduction au glossaire, tome V.

Note 56, page 204.

Vers 13430. Repos n'est pas l'indicatif de reposer, après la chute de l'e. C'est l'indicatif de répondre; ge me repons, je me cache. L's fait tomber l'n, suivant la règle générale (voir l'introduction au glossaire, tome V). Toutefois, cette forme doit être considérée comme une licence pour la rime, d'autant plus que les liquides résistaient généralement à l'élision.

Note 57, pages 212-213. [p.445]

Vers 13540-13670. Porpris, proprement enceinte, enclos, parc, jardin, cour, ferme.

C'est le participe de porprendre. envelopper.

Mais au XIIIe siècle, et nous le voyons par ce roman, il signifiait plus particulièrement clos, jardin. Nous avons déjà critiqué dans nos notes du premier volume la traduction constante de porpris par enceinte. En effet, dans notre poème, cette interprétation est beaucoup trop large. C'est à peine si elle serait acceptable dans quelques endroits, comme par exemple ici, la Vieille n'ayant été appelée à garder les roses que lorsqu'elles furent dans le castel; ou bien encore au vers 3973 où la porprise signifie la partie du verger autour de laquelle Jalousie fit creuser un fossé; ou au vers 15093, où ce mot semble s'appliquer spécialement aux murailles. Mais, ne l'oublions pas, le pourpris était enfermé dans le castel, lequel était bâti dans le verger, lui-même ceint de murs, que Guillaume de Lorris ne qualifie jamais cependant de porprise, tandis que chaque fois qu'il veut désigner spécialement l'enceinte crénelée, il la désigne par muraille, mur.

Vouloir restreindre le sens des mots à leur étymologie est une faute, surtout quand ce n'est pas nécessaire, puisque pourpris est resté dans la langue. C'est comme si l'on s'obstinait à traduire constamment courtis par cour, métairie, sous prétexte que c'était le sens primitif, ou bien encore aller par naviguer, parce que la racine est adnare.

A partir du XVIIe siècle, pourpris ne fut plus guère employé qu'en poésie; mais au XVIe siècle il avait [p.446]conservé à la fois le sens d'habitation, d'espace compris dans une enceinte, et celui de terrain, champ, jardin. Le céleste pourpris, disent les poètes. On lit dans Amyot: «Comme Romulus feist faire un fossé à l'entour du pourpris qu'il vouloit enfermer de murailles, Rémus s'en moqua.» (Voyez le Dictionnaire de Littré.)

Note 58, pages 212-213.

Vers 13560-13690.

Mès s'ous en volez entremetre....

Ce vers peut se comprendre de deux façons: 1° mais si vous voulez entreprendre d'aimer; 2° mais si vous voulez bien le permettre. Nous avons adopté la première version.

Note 59, pages 214-215.

Vers 13584-13714.

Certainement traï l'éust.

Toutes les éditions reproduisent ce vers sans changement.

Aucune ne donne m'éust, qui serait cependant rationnel. Nous avons donc cherché à l'éust une version satisfaisante. Traï ne peut se rapporter à la Vieille; il faudrait traïe. Donc, l' se rapporte à conte et signifierait: il me l'eût caché; ou bien éust a pour sujet la Vieille, et traï signifierait rendu traître. Nous avons adopté la première manière, faute de mieux.

Note 61, pages 222-223.

Vers 13719-13851.

Nec timide promitte, trahunt promissa puellas:
Pollicitis testes quoslibet adde Deos.
Jupiter ex alto perjuria ridet amantum,
Et jubet Æolios irrita ferre notos.
Per styga Junoni falso jurare solebat
Jupiter.
(Ovide, De Arte amandi, lib. I, car. 631.)

Note 62, page 224.

Vers 13741. Hez. Quel est ce mot? Le sens est indiscutable: hez signifie qu'il aille. Est-ce une faute d'orthographe, et devons-nous lire vez ou vese pour voise? M. Francisque Michel a écrit carrément aut. C'est bien le sens, mais de quel droit? Jehan Dupré et Marot donnent hay. Dans hay, doit-on voir haye, pour aille, qui se prononcent de même, comme aujourd'hui: travailler, essayer?

Quoi qu'il en soit, nous nous contenterons de signaler l'antique haie! (pron. haille), resté dans la langue, et qui signifie va! dans l'argot des charretiers; puis haz, hax, qui signifie saut, enjambée; d'autre part hay, qui signifie âne (asinus), et enfin nous nous permettrons de rapprocher de ces différents termes le mot hazeteur, qui veut dire meunier (probablement de azenia, que Du Cange signale comme employé dans le sens de moulin à eau).

Note 64, pages 228-229.

Vers 13810-13946. Demophon, ou Demophoon, étoit fils de Thésée et de Phèdre. Comme il revenoit de la guerre de Troie, il fut poussé par la tempête sur les côtes de Thrace, où régnoit Philis. Cette princesse, qui avoit le cœur tendre, devint amoureuse de Demophon: elle lui proposa de l'épouser; il y consentit; et quelque temps après il la pria de le laisser retourner à Athènes pour mettre ordre à ses affaires. Son voyage fut long; et son amante, au désespoir d'une si longue absence, s'imagina qu'il lui avoit manqué de foi; elle se pendit et fut changée en un arbre que l'on appela Phylis ou amandier sans feuilles.

Demophon étant revenu après ce tragique accident, il embrassa ce tronc infortuné, qui, sensible aux caresses de ce prince, parut tout à coup couvert de feuilles. (Métamorphoses d'Ovide.) On peut lire [p.449]les regrets de Phylis et son impatience sur le retour de son mari, dans la seconde épître des Héroïdes, d'Ovide. (Lantin de Damerey.)

Note 65, pages 228-229.

Vers 13813-13951. Pâris, surnommé Alexandre, fils de Priam et d'Hécube. Sa mère songea, pendant sa grossesse, qu'elle mettoit au monde un flambeau qui devoit embraser la ville de Troie: ce songe l'ayant effrayée, elle eut recours à l'oracle, qui répondit que l'enfant dont elle étoit enceinte seroit un jour la cause de la ruine de sa patrie. Priam, voulant prévenir ce malheur, donna ses ordres pour que l'on fît périr cet enfant aussitôt qu'il auroit vu la lumière: la tendresse maternelle s'opposa à l'exécution d'un ordre si cruel. Elle confia l'éducation de son fils à des bergers. Lorsqu'il fut grand, il s'enflamma pour la nymphe ?none, fille du fleuve Xantus; il l'abandonna dans la suite pour la femme de Ménélas. Ce que l'auteur du Roman de la Rose raconte des amours de Pâris et d'?none est tiré de la cinquième épître des Héroïdes, d'Ovide. (Lantin de Damerey.)

Note 66, pages 230-231.

Vers 13823-13961. Nom d'une petite rivière fort célèbre dans les anciens poètes, parce qu'elle couloit dans la Troade, et près la ville de Troie. Elle a sa source au mont Ida. (Lantin de Damerey.)

Note 68, page 234.

Vers 13903.

Sanguine quæ vero non rubet, arte rubet.
(Ovide, De Arte amandi, lib. III.)

Note 69, page 236.

Vers 13939.

Pes malus in niveâ semper cæletur alutâ,
Arida nec vinclis crura resolve tuis.
(Ovide, De Arte amandi, lib. III, carm. 271.)

Note 70, page 238.

Vers 13961.

Si niger, aut ingens, aut non erit ordine natus
Dens tibi, ridendo maxima damna feres.
(Ovide, De Arte amandi, lib. III, carm. 279.)

Note 72, page 240.

Vers 13991.

Sera veni, positâque decens incede lucernâ:
Grata mora venies; maxima lena mora est.
(Ovide, De Arte amandi, lib. III, carm. 751.)

Note 73, pages 242-243.

Vers 14047-14191.

Turpe jacens mulier multo madefacta lyæo;
Digna est concubitus quoslibet illa pati.
Nec somno tutum est positâ succumbere mensâ;
Per somnos fieri multa pudenda solent.
(Ovide, De Arte amandi, lib. III, carm. 765.)

Note 74, pages 246-247.

Vers 14088-14232. Le passage placé entre crochets jusqu'au vers 14114-14258 a été évidemment ajouté après coup.

Note 75, pages 250-251.

Vers 14179-14327. Chevelure ou cheveux, qui, selon Borel, viennent de chef. Saint Ambroise, au livre VI de l'Hexameron, dit «que la chevelure est honorable aux vieillards, vénérable sur la tête d'un prêtre, terrible sur celle d'un gendarme, séante aux [p.452]jouvenceaux, de bonne grâce aux femmes, mignonne aux enfans.» Comme en matière d'usages tout est problématique, Jean Dant, Albigeois, réfuta le témoignage de ce père par un livre intitulé: Le chauve ou Le mépris des cheveux, imprimé à Paris en 1621. Cet auteur qui, selon toutes les apparences, étoit chauve, déclame amèrement contre l'usage et l'inutilité des cheveux, imitant en cela le renard de la fable qui avoit eu la queue coupée, et qui conseilloit à ses camarades de se débarrasser de cet ornement superflu.

On voit, par l'éloge que fait saint Ambroise des cheveux naturels, l'avantage qu'ils ont sur les perruques.

Le Roman de la Rose recommande aux femmes de prendre soin de leurs cheveux, n'y ayant rien de plus laid, à son avis, qu'une tête dépouillée de cet ornement.

Turpe pecus mutilum, turpe est sine gramine campus,
Et sine fronde frutex, et sine crine caput.
(De Arte amandi, lib. III.)

Et si elles n'ont pas de cheveux, il veut qu'elles aient des tours ou des perruques. Cet usage, qui s'est renouvelé de nos jours, est fort ancien, puisque Ovide, écrivant à sa maîtresse, lui faisoit des complimens sur la victoire que les Romains avoient remportée sur les Allemands, parce qu'il lui seroit facile d'avoir des cheveux pour réparer la chute des siens:

Nunc tibi captivos mittet Germania crines,
Culta triumphatæ munere gentis eris.
(Amor, lib. I, élég. 14.)

C'étoit un des avantages de la victoire, de faire tondre le vaincu. On ne pouvoit faire un plus grand affront à un homme libre que de lui couper les [p.453]cheveux: cela étoit même défendu sous de grosses peines.

Si quis puerum crinitum sine voluntate parentum totonderit, quadraginta quinque solidis culpabilis judicetur; si vero puellam totonderit LXII solidis culpabilis judicetur. (Tit. 26, Legis salicæ, art. 2 et 3.) Et au titre 65, art. 10 et 20 de la loi des Allemands: Si quis alicui contra legem tonderit caput liberum non volenti cum XII solidis componat; si autem barbam alicujus tonderit nolentis cum VI solidis componat.

Menot nous apprend que les infidèles qui coupèrent les cheveux à saint Pierre le firent dans le dessein de le couvrir de confusion. Voici ses termes: Heu, Domini mei, dicitur quod corona sacerdotum primo introducta fuit in Antiochiâ, ubi infideles fecerunt tonsuram beato Petro qui residebat ibi, et licet facta fuerit in contumeliam; est nunc tamen in honorem. (Feriâ tertiâ, post secundum dominicum Quadragesimalem.) (Lantin de Damerey.)

Note 76, pages 250-251.

Vers 14184-14332.

Ad multas lupa tendit oves, prædetur ut unam,
Et Jovis ad mulias devolat ales oves.
Semper tibi pendeat hamus.
(De Arte amandi, lib. III.)

Note 78, pages 254-255.

Vers 14229-14379.

Sed vitate viros culto formamque professos,
Quique suas ponunt in statione comas.
(De Arte amandi, lib. III, carm. 433.)

Note 79, page 266.

Vers 14417.

Nel' garroient armes esmolues.

Garroient comptant pour trois syllabes, fausse ici le vers. Il faudrait probablement armes molues. L'édition de Dupré donne herbes moulues.

Note 81, pages 272-273.

Vers 14525-14683. Hélène, fille de Jupiter et de Léda, étoit sœur de Castor et de Pollux: elle épousa Ménélas, roi des Lacédémoniens. La grande beauté de cette princesse fut cause que Thésée l'enleva lorsqu'elle étoit encore fille: elle prétendoit qu'à quelques baisers près, il l'avoit laissée telle qu'il l'avoit prise, ce qui étoit assez difficile à croire. En effet, cette retenue dans Thésée est aussi extraordinaire que ce que l'on conte d'Angélique, qui avoit couru les quatre coins du monde seule avec Roland, aussi entière après cela que quand elle étoit sortie de chez son père, ce qui fait dire à l'Arioste:

Forte era ver, ma non pero credibile.

[p.456] ce qui revient à la pensée d'?none dans son épître à Pâris:

A juvene et Cupido credatur reddita virgo.

Horace n'auroit pas manqué de dire:

Credat judæus Apella, non ego.

Ménélas, plus crédule, n'y regarda point de si près; et quoique la belle Hélène eût déjà eu un enfant de Thésée:

Il la prit pour pucelle,
Et dans son erreur par la belle
Apparemment il fut laissé.
(La Fontaine, conte de La Fiancée du roi de Garbe.)

Et si l'on doit ajouter quelque foi au témoignage de ce poëte, lorsqu'elle fut de retour à Sparte, après un séjour de dix ans à la cour de Priam:

Ménélas rencontra des charmes dans Hélène
Qu'avant qu'être à Pâris la belle n'avoit pas.
(Conte de La Coupe enchantée.)

L'auteur du Roman de la Rose soutient que les femmes ont été de tous temps les causes des guerres et des disputes qui se sont élevées parmi les hommes: Horace l'avoit dit avant lui.

Ménélas étant mort, Nicostrate et Mégapente chassèrent Hélène, qui crut trouver un asile à Rhodes, auprès de Polixo, qui commandoit dans cette isle; mais au lieu d'y recevoir le secours qu'elle devoit attendre de sa parente, elle fut pendue à un arbre par les ordres de cette reine. (Lantin de Damerey.)

Note 83, pages 282-283.

Vers 14676-14832.

Qu'el n'en ra nules espiées,
Fors que les truisse déliées.

Ces deux vers sont incompréhensibles ici. Evidemment le passage a été mal restitué. Dans l'édition de Dupré, il est au contraire très-clair. En effet, ces deux vers se trouvent plus haut, après:

Se frein ou bride nel' retarde;
Qu'il n'en ra nules espiées,
Fors que les treuve desliées,
Ou qu'il puisse sur eus saillir,
Toutes les voudroit assaillir.

Traduction mot à mot:

Si frein ou bride ne l'arrête;
Il n'en a pourtant nulles épiées,
Il suffit qu'il les trouve déliées
Ou qu'il puisse dessus saillir,
Toutes les voudrait assaillir.

Puis nous trouvons plus loin:[p.458]

C'est cis qui ses maris seroit,
Qu'ele n'en a nul espié,
Mais que le treuve deslié.

Ce passage, ainsi restitué, devient on ne peut plus clair. Mais comme l'a reproduit Méon, les deux derniers vers n'ont aucun sens, car il est impossible d'expliquer ces deux participes, desliées, espiées, au féminin pluriel.

Inutile d'ajouter que M. Francisque Michel ne nous fournit aucun éclaircissement.

Note 84, pages 282-283.

Vers 14681-14837. Le mot bélier n'existait pas au moyen âge. Il n'apparaît qu'au XVe siècle pour la première fois, et encore comme nom propre. Mouton désignait à la fois le bélier et le mouton.

Note 85, pages 282-283.

Vers 14684-14840. Doutes n'est-il pas une licence pour la rime? En effet, la Vieille ne tutoie jamais Bel-Accueil, sauf ici et au vers 14887 (encore avec la même rime), et au vers 15278; mais là cette familiarité s'explique par une explosion d'admiration. Au reste, l'impératif ne prit l's qu'au XVIe siècle.

Note 87, pages 286-287.

Vers 14763-14921. M. Francisque Michel traduit mains par moins. Assurément il ne s'est pas donné la peine de regarder.

Note 88, pages 286-287.

Vers 14767-14924. Damp, dam et dom. Lorsque la barbarie se fut introduite dans la langue latine, on fit de dominus un domnus, domnulus, domnula, et de domnus on fit le mot dom.(Pasquier, Recherches, liv. VIII, chap. v.)

C'est le nom qu'on donne depuis longtemps aux religieux titrés. La Règle de saint Benoist porte que l'abbé, comme vicaire de Jésus-Christ, doit être appelé Dom.

Anciennement, le nom de Dominus ne se donnoit qu'à Dieu. Saint Martin, par une prérogative particulière, porta le premier ce titre qui, dans la suite, passa à tous les autres saints, que les légendaires et les sermonaires traitèrent longtemps de Monsieurs et même de Monseigneurs.

Il n'y a plus que les prédicateurs de villages qui [p.460]en usent ainsi, mais à tort, le titre de saint étant au-dessus de toutes nos qualités les plus relevées. (Remarques de la langue françoise.)

Saint Hiérome, qui mourut au commencement du Ve siècle, se plaignoit déjà de ce que les nouveaux religieux de son temps se vouloient attribuer le même titre que Jésus-Christ avoit donné à son père, quand il l'avoit appelé Abba, c'est-à-dire Père.

Ses plaintes auroient été plus vives s'il eût vécu dans un siècle où le nom d'abbé, qui vient d'abba, terme syriaque, est usurpé par le moindre petit clerc, sans autre titre qu'un petit collet. Cependant, à prendre le terme d'abbé dans son véritable sens, il ne devroit convenir qu'aux évêques, qui sont les pères des fidèles de leur diocèse, et aux abbés réguliers, tant à cause de leur juridiction qu'à cause qu'ils sont véritablement les chefs et les pères de leurs moines. Il est vrai que ce titre a passé sans aucune contradiction aux abbés commendataires, quoique denués de juridiction ecclésiastique, et renfermés dans les seuls droits honorifiques de leurs églises, moins étendus toutefois que ceux des abbés réguliers, en ce qu'ils ne peuvent y officier avec la mitre et la crosse; mais on ne les nomme abbés qu'à cause de leur qualité représentative des anciens abbés. (Lantin de Damerey.)

Note 89, pages 294-295.

Vers 14898-15060.

Ad metam properate simul; tunc plena voluptas,
Cum pariter victi femina virque jacent.
(Ovide, De Arte amandi, lib. II, carm. 727.)

Note 91, pages 300-301.

Vers 15000-15165. Charroie. C'est la danse des sorciers au sabat: on appeloit ainsi le chariot du diable, qu'on croyoit entendre passer pendant la nuit en l'air avec un grand bruit; on le prenoit aussi pour le chariot du roi Artus, qu'on regarde comme un grand magicien, à cause de sa sœur, la fée Morgain.

Charroie doit s'entendre ici pour tout ce qui est appelé charmes et enchantements. Charroieresse, qui se lit au vers 9666, se prend pour enchanteresse, sorcière, magicienne. (Lantin de Damerey.)

Note 92, pages 300-301.

Vers 15001-15167. Balenus. C'est le nom d'un devin: ce pourrait bien être Helenus, fils de Priam et d'Hécube, qui eut en partage le don de prévoir l'avenir. Presque tous les noms anciens sont défigurés dans les manuscrits.

Virgile fait mention de cet Helenus au livre III de l'Ænéide. (Lantin de Damerey.)

Note 94, pages 308-309.

Vers 15108-15277.

Que de pex ne m'amonestast.

M. Francisque Michel traduit par pieu, bâton. Assurément il n'a pas lu la phrase. Cette traduction serait absurde ici. Le poète dit: «Tant d'avanies m'eût il fait, il fallait qu'il implorât la paix.» M. Fr. Michel s'est laissé tromper par l'apparence: pex et pez figurant à deux vers de distance, il a pu croire que c'étaient deux mots différents.

Note 95, page 318.

Vers 15281. Ce vers est faux; il faudrait défaillirent.

Note 97, pages 328-329.

Vers 15401-15578. Balance voulait dire à la fois balance et incertitude, hasard, danger, situation désespérée.

Note 98, pages 336-337.

Vers 15535-15717. Damoisiaus, damoisel: seigneur. Dans les Chroniques de France, de Philippe Mouskes, poëte cité par Pasquier, saint Louis est surnommé Damoisel de Flandres. Quelquefois damoisel désignoit un homme galant, qui savoit faire sa cour aux dames.

C'étoit aussi le nom du gentilhomme qui n'étoit pas encore chevalier. Ce terme étoit exprimé par domicellus dans la basse latinité. (Lantin de Damerey.)

Note 100, pages 344-345.

Vers 15656-15836. Nous avons tenu à reproduire le jeu de mots de l'original. Danger dit que c'est à Bel-Accueil qu'est due la perte de toutes les roses. Aucune femme ne devrait être aimable pour les étrangers. C'est parce qu'on les accueille bien qu'ils se montrent entreprenants.

Note 101, pages 352-353.

Vers 15768-15948. Le lecteur nous pardonnera de ne pas avoir reproduit le jeu de mots de l'original, intraduisible du reste. Connin a disparu de la langue. Un instant nous avions songé au mot gibier, mais nous y avons renoncé

.

Note 103, pages 358-359.

Vers 15853-16033. M. Francisque Michel écrit: avec qué, qu'il traduit par: avec lesquels. Il eût bien dû traduire toute la phrase, tant qu'à faire, car cette version ne signifie absolument rien. La traduction, pour nous, doit être: «Mais aux auteurs prenez-vous-en qui ont écrit dans leurs livres les paroles que j'en ai dites et celles encore que j'en dirai, et qui ne sont pas non plus mensongères, si les hommes sages, qui firent les livres anciens, n'étaient pas eux-mêmes des imposteurs.»

Note 104, pages 358-359.

Vers 15873-16053.

Omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci.
(Horace, Art poétique, vers 343.)

Note 105, page 360.

Vers 15901. M. Francisque Michel traduit fomes par étions, probablement pour fûmes. C'est une erreur: fomes est ici pour faimes, faisons.

Note 107, pages 364-365.

Vers 15965-16147. Bière, c'est le nom de la forêt de Fontainebleau, comme Lége était le nom de la forêt d'Orléans.

Prière de se reporter à la note 50 pour tout ce passage.

Note 109, page 369.

Vers 16216. Aïmant, diamant ou aimant, pierre d'aimant, minerai de fer, dont une des propriétés est d'attirer le fer.

Note 110, pages 372-373.

Vers 16081-16267. Le vers bouton n'est pas le bouton vert, mais vermeil. Nous n'insisterons pas davantage sur cette comparaison. Nous dirons que vers est mis ici pour vairs, bariolé, coloré, vermeil.

Note 111, pages 374-375.

Vers 16107-16295. Nous avons traduit délit par désir. La véritable traduction serait plaisir; mais comme dans la nomenclature des champions d'Amours se trouvait déjà Déduit (plaisir d'Amour), que nous avions traduit delit par désir, force nous fut de lui conserver ici son premier nom. Le lecteur peut, s'il le veut, en faire la substitution.

Note 114, pages 382-383.

Vers 16213-16403. Cacus, fils de Vulcain et, selon d'autres, d'Evandre. C'étoit un méchant garnement qui, ayant dérobé les bœufs d'Hercule, fut décelé par sa sœur, et tué ensuite par ce héros sur le mont Aventin. (Lantin de Damerey.)

Note 116, pages 388-389.

Vers 16324-16158. Je n'ai trouvé les quatre vers suivans que dans un manuscrit qui porte la date de 1330.

Mars estoit jà viex devenus,
Et estoit frailes et chenus;
Por ce de soi l'ot estrangié,
Qu'il estoit moult afoibloié.
(MÉON.)

Vénus, elle, ne vieillit jamais. (P.M.)

Note 117, pages 396-397.

Vers 16429-16627. Landon, billot, bâton que l'on attachait au collier des chiens pour les empêcher d'entrer dans les vignes, gâter les ceps.

[p.471] Comme landon n'est pris ici que pour signifier un objet de nulle valeur, le lecteur nous pardonnera d'avoir employé le mot lardon. Nous aurions pu aussi bien traduire bâton.

Note 118, pages 398-399.

Vers 16469-16667. Refuséices. M. Francisque Michel traduit par très-serrées. C'est ce qu'on appelle une traduction libre. Il eût bien dû signaler l'étymologie. Il ne s'est pas aperçu que cette épithète était allégorique.

Note 119, page 400.

Vers 16510. Tuit était autrefois le sujet, tous le régime. En conséquence, il faudrait ici tous. M. Francisque Michel a été bien inspiré en écrivant tous. Mais, fidèle à notre principe, nous conservons le texte de Méon, en nous contentant de signaler l'erreur.

Note 120, pages 404-405.

Vers 16543-16743. Ce colloque est obscur:

Lors font en l'ost le serement,

se rapporte ici à tous les assistants, Vénus, Amour et les barons, et cependant les deux derniers vers ne semblent désigner que les deux premiers personnages. Cette fin, somme toute, est assez mal agencée.


TABLE DES MATIÈRES.

CHAPITRE LVI.—Du vers 10399 au vers 10662. 2
Comment l'Amant trouva Richesce
Gardant le sentier et l'adresse
Par lequel prennent le chastel
Amans qui assez ont chastel.

CHAPITRE LVII.—Du vers 10663 au vers 10764. 20
Cy dit l'Amant d'Amours, comment
Il vint à lui legierement
Pour lui oster sa grant douleur,
Et lui pardonna sa foleur
Qu'il fist quant escouta Raison,
Dont il l'appela Sans-Raison.

CHAPITRE LVIII.—Du vers 10765 au vers 10806. 26
Comment l'Amant, sans plus attendre,
Veult à Amours sa leçon rendre.

CHAPITRE LIX.—Du vers 10807 au vers 10864. 32
Comment Amours le bel et gent
Mande par ses lettres sa gent,
Et les baille à un messagier
Qui les prent sans faire dangier.

CHAPITRE LX.—Du vers 10865 au vers 11312. 36
Comment Amours dist à son ost
Qu'il veult faire ung assault tantost
Au chastel, et que c'est son vueil
Pour hors en mettre Bel-Acueil.

CHAPITRE LXI.—Du vers 11313 au vers 11576. 64
Comment le dieu d'Amours retient
Faulx-Semblant, qui ses homs devient,
Dont ses gens sont joyeulx et baulx,
Quant il le fait roy des Ribaulx.

CHAPITRE LXII.—Du vers 11577 au vers 11984. 82
Comment le traistre Faulx-Semblant
Si va les cuers des gens emblant,
Pour ses vestemens noirs et gris,
Et pour son viz pasle, amaisgris.


CHAPITRE LXIII.—Du vers 11985 au vers 12592. 108
Faulx-Semblant dit cy vérité
De tous cas de mendicité.

CHAPITRE LXIV.—Du vers 12593 au vers 12666. 148
Comment Faulx-Semblant cy sermone
De ses habitz, et puis s'en torne,
Luy et Abstinence-Contrainte,
Vers Male-Bouche, tout par feinte.

CHAPITRE LXV.—Du vers 12667 au vers 12746. 152
Com Faulx-Semblant et Abstinence
Pour l'Amant s'en vont sans doubtance
Saluer le faulx Male-Bouche
Qui des bons souvent dit reprouche.

CHAPITRE LXVI.—Du vers 12747 au vers 12846. 158
Comment Abstinence reprouche
Les paroles à Male-Bouche.

CHAPITRE LXVII.—Du vers 12847 au vers 12932 164
Comment Malle-Bouche escouta
Faux-Semblant, qui tost le mata.

CHAPITRE LXVIII.—Du vers 12933 au vers 12956. 170
Comment la langue fut coupée,
D'un rasouer, non pas d'une espée,
Par Faulx-Semblant à Male-Bouche,
Dont il cheut mort comme une souche.

CHAPITRE LXIX.—Du vers 12957 au vers 13164. 172
Comment Faulx-Semblant, qui conforte
Maint Amant, passa tost la porte
Du chastel, avecques sa mie,
Aussi Largesse et Courtoisie.

CHAPITRE LXX.—Du vers 13165 au vers 13310. 188
Comment la Vieille à Bel-Acueil,
Pour le consoler en son dueil,
Luy dist de l'Amant tout le fait,
Et le grant dueil que pour luy fait.

CHAPITRE LXXI.—Du vers 13311 au vers 13598. 198
Comment, tout par l'enhortement
De la Vieille, joyeusement
Bel-Acueil receut le chappel,
Pour erres de vendre sa pel.

CHAPITRE LXXII.—Du vers 13599 au vers 13765. 216
Comment la Vieille sans tançon,
Lyt à Bel-Acueil sa leçon,
Laquelle enseigne bien les fames
Qui sont dignes de tous diffames.

CHAPITRE LXXIII.—Du vers 13766 au vers 14444. 226
Comment la Royne de Cartage
Dido, par le vilain oultrage
Qu'Eneas son amy luy fist,
De son espée tost s'occist;
Et comment Philis se pendit,
Pour son amy qu'elle attendit.

CHAPITRE LXXIV.—Du vers 14445 au vers 14542. 268
Comment Vulcanus espia
Sa femme, et moult fort la lia
D'un laz avec Mars, ce me semble,
Quant couchiés les trouva ensemble.

CHAPITRE LXXV.—Du vers 14543 au vers 15307. 274
Cy nous est donné par droicture
Exemple du povoir Nature.

CHAPITRE LXXVI.—Du vers 15308 au vers 15378. 322
Comment la Vieille la maniere
D'entrer au Fort par l'huys derriere
Enseigna l'Amant à bas ton,
Par ses promesses, sans nul don;
Et l'instruisit si sagement,
Qu'il y entra secretement.

CHAPITRE LXXVII.—Du vers 15379 au vers 15428. 326
Comment l'Amant en la chambrette
De la tour, qui estoit secrette,
Trouva par Semblant Bel-Acueil
Tout prest d'acomplir tout son vueil.

CHAPITRE LXXVIII.—Du vers 15429 au vers 15558. 330
Comment l'Amant se voulut joindre
Au Rosier pour la Rose attaindre;
Mais Dangier, qui bien l'espia
Lourdement et hault s'escria.

CHAPITRE LXXIX.—Du vers 15559 au vers 15698. 338
Comment Paour, Honte et Dangier
Prindrent l'Amant à ledengier,
Et le batirent rudement,
Leur criant merci humblement.

CHAPITRE LXXX.—Du vers 15699 au vers 15758. 348
Comment tous les barons de l'ost
Si vindrent secourir tantost
L'Amant, que les Portiers battoyent
Si fort, qu'irés ils l'estrangloyent.

CHAPITRE LXXXI—Du vers 15759 au vers 15786. 352
Comment l'Acteur muë propos
Pour son honneur et son bon loz
Garder, en priant qu'il soit quictes
Des paroles qu'il a cy dictes.

CHAPITRE LXXXII—Du vers 15787 au vers 15824. 354
Cy dit par bonne entencion
L'Acteur son excusacion.

CHAPITRE LXXXIII.—Du vers 15825 au vers 15934. 356
Comment l'Acteur moult humblement
S'excuse aux dames du Rommant.

CHAPITRE LXXXIV.—Du vers 15935 au vers 16146. 362
Cy reprent son propos sans faille
L'Acteur, et vient à la bataille
Où dame Franchise combat
Contre Dangier qui fort la bat.

CHAPITRE LXXXV.—Du vers 16147 au vers 16247. 378
Comment Bien-Celer si surmonte
En soy combatant dame Honte:
Et puis Paour et Hardement
Se combatent moult fierement.

CHAPITRE LXXXVI.—Du vers 16248 au vers 16302. 384
Comment Paour et Seureté
Ont par bataille fort heurté,
Et les autres pareillement
S'entreheurtent subtilement.

CHAPITRE LXXXVII.—Du vers 16302 au vers 16346. 388
Comment les messagiers de l'ost
D'Amours, chascun de cuers devost,
Vindrent à Venus, pour secours
Avoir en l'ost au dieu d'Amours.

CHAPITRE LXXXVIII.—Du vers 16347 au vers 16430. 390
Comment Venus à Adonis,
Qui estoit sur tous ses amis,
Deffendoit qu'en nulle maniere
N'allast chasser à beste fiere.

CHAP.LXXXIX.—Du vers 16431 au vers 16456. 396
Comment huit jeunes colombeaux
En ung char qui fut riche et beaux,
Mainent Venus en l'ost d'Amours,
Pour luy faire hatif secours.

CHAPITRE XC—Du vers 16457 au vers 16542. 398
C'est l'assault devant le chastel,
Si grant que pieça n'y eut tel:
Mais Amours, ne sa compaignie
A ceste foys ne l'eurent mie;
Car ceulx de dedans résistance
Luy firent par leur grant puissance.


NOTES

FIN DU TOME TROISIÈME

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