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Le Routier de la mer jusques au fleuve de Jourdain

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Chanson piteuse composee par frere Olivier Maillard, et se chante comme bergeronnette savoysienne.

Il fault mourir a ce coup cy
Puisque le grant sainct est sonné
N’avez vous point ouÿ le cry
Quant a moy je suis estonné
Monde tu es bien assommé
Ne pense tu point a cela
Chascun a esté ajourné
Pour rendre compte et reliqua
Generale citation
A esté donnee a chascun
En plaine predication
Quant a moy je n’ay paour que d’un
Bien sçay que nul n’eschappera
Et ne respondra pour aucun
Car chascun pour soy parlera
Pour rendre compte et reliqua
Par les freres predicateurs
Sommes citez et convoquez
Entre vous endurcis pecheurs
Ne faictes que vous en mocquer
Mais la mort vous viendra croquer
Devant qu’il soit ung an en ça
Lors vous aurés bel escouter
Pour rendre compte et reliqua
Nous sommes aussi invitez
Souvent par flagellations
Maladies, infirmitez
Et maintes tribulations
Divines inspirations
Remors de conscience y a
Nous donnent persuasions
Pour rendre compte et reliqua
Que vous en semble gaudisseurs
Qui en tout mal vous employez
Ne congnoissez vous le prescheurs
Que frere Olivier vous nommez
Vostre terme pas n’oubliez
Il fault aller de pardela
Devant que soient deux ans passez
Pour rendre compte et reliqua
Bonnetz rouges et chapeaulx blancs
Ribleurs et bateurs de pavez
Vous mourrés tous pour parler franc
Et serés damnez ou sauvez
Maillart vous a tresbien lavez
Las vous amenderés vous ja
Qui menez la vie que sçavez
Pour rendre compte et reliqua
Levez les cueurs et vos espritz
Femmes qui menez haultz caquetz
Estes vous allees offrir
A ces festages et bancquetz
Et aux estrangiers par acquestz
Dieu sçait les maulx qui se font la
Vos procés sont desja tous faictz
Pour rendre compte et reliqua
Quant quelque vice commettras
Considere que Dieu le voit
Soit tant secret que tu vouldras
Aussi le dyable l’apperçoit
Pour vray se Dieu le permettoit
Il te estrangleroit sur cela
Mais fol ne croit tant qu’il reçoit
Pour rendre compte et reliqua
Vous aultres qui avez l’autruy
Indeuement et oultre gré
Ou qui par faulx langageri
Avez personne revelé
Publiquement ou en celé
Ou detracté soit ça ou la
Fault que cela soit reparé
Pour rendre compte et reliqua
Faulx ypocrites glorieux
Gens folz qui vous glorifiez
Et qui faictes les marmiteulx
Et sur tous vous justifiez
Estes vous bien certifiez
Qu’en vous n’y a ne si ne qua
Pas ne s’i fault en trop fier
Pour rendre compte et reliqua
Vous filles de devotion
Vierges pures sacré vaisseau
Et aultres de religion
Vostre corps doit estre ung tombeau
Pur beau tout net et precieulx
Pour y loger Dieu par deça
Qui vous conduira sur les cieulx
Pour rendre compte et reliqua
Disposons nous a bien mourir
C’est le remede que je y voy
Ungs et aultres grans et petis
Et chascun pense bien de soy
Pour soy trouver devant le roy
Quant la trompette sonnera
Povre pecheur appreste toy
Pour rendre compte et reliqua.

AMEN

NOTES DU TRANSCRIPTEUR

On a conservé l’orthographe de l’original. Pour faciliter la lecture on a résolu les abréviations par signes conventionnels (de type Cõe pour Comme), ajouté cédilles, apostrophes et accents, et distingué les lettres u/v/i/j. La ponctuation, en partie présente dans l’original, a été régularisée.

On s’est risqué à ajouter la majuscule aux noms propres, en respectant le découpage en mot de l’original : ainsi l’isle « Deuich » (île de Wight), qui reste en un seul mot dans les éditions ultérieures de 1521 à 1632 ; cependant un exemplaire manuscrit du second quart du seizième siècle l’indique en deux mots « de vvic ».

On a conservé les variantes entre lettres de formes semblables, telles que dans l’original : nornoest/noruoest, surnoest/suruoest, Vinceut/Vincent, Anthealme/Antheuline, etc.

Dans les listes de distances, l’emploi tantôt de « lieues », et tantôt de « veues », est conforme à l’original. La comparaison avec les autres éditions et l’exemplaire manuscrit susmentionné suggère l’équivalence entre une veue et sept lieues (et de même 2 veues pour 14 lieues, 3 veues pour 21 lieues).

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