Le Suicide: Etude de Sociologie
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE p. V à XII
INTRODUCTION
I.—Nécessité de constituer, par une définition objective, l'objet de la recherche. Définition objective du suicide. Comment elle prévient les exclusions arbitraires et les rapprochements trompeurs: élimination des suicides d'animaux. Comment elle marque les rapports du suicide avec les formes ordinaires de la conduite.
II.—Différence entre le suicide considéré chez les individus et le suicide comme phénomène collectif. Le taux social des suicides; sa définition. Sa constance et sa spécificité supérieures à celles de la mortalité générale.
Le taux social des suicides est donc un phénomène sui generis; c'est lui qui constitue l'objet de la présente étude. Divisions de l'ouvrage.
Bibliographie générale.
LIVRE I
LES FACTEURS EXTRA-SOCIAUX
CHAPITRE I
LE SUICIDE ET LES ÉTATS PSYCHOPATHIQUES
Principaux facteurs extra-sociaux susceptibles d'avoir une influence sur le taux social des suicides: tendances individuelles d'une suffisante généralité, états du milieu physique.
I.—Théorie d'après laquelle le suicide ne serait qu'une suite de la folie. Deux manières de la démontrer: 1° le suicide est une monomanie sui generis; 2° c'est un syndrome de la folie, qui ne se rencontre pas ailleurs.
II.—Le suicide est-il une monomanie? L'existence de monomanies n'est plus admise. Raisons cliniques et psychologiques contraires à cette hypothèse.
III.—Le suicide est-il un épisode spécifique de la folie? Réduction de tous les suicides vésaniques à quatre types. Existence de suicides raisonnables qui ne rentrent pas dans ces cadres.
IV.—Mais le suicide, sans être un produit de la folie, dépendrait-il étroitement de la neurasthénie? Raisons de croire que le neurasthénique est le type psychologique le plus général chez les suicidés. Reste à déterminer l'influence de cette condition individuelle sur le taux des suicides. Méthode pour la déterminer: chercher si le taux des suicides varie comme le taux de la folie. Absence de tout rapport dans la manière dont ces deux phénomènes varient avec les sexes, les cultes, l'âge, les pays, le degré de civilisation. Ce qui explique cette absence de rapports: indétermination des effets qu'implique la neurasthénie.
V.—Y aurait-il des rapports plus directs avec le taux de l'alcoolisme? Comparaison avec la distribution géographique des délits d'ivresse, des folies alcooliques, de la consommation de l'alcool. Résultats négatifs de cette comparaison.
CHAPITRE II
LE SUICIDE ET LES ÉTATS PSYCHOLOGIQUES NORMAUX
LA RACE. L'HÉRÉDITÉ
I.—Nécessité de définir la race. Ne peut être définie que comme un type héréditaire; mais alors le mot prend un sens indéterminé. D'où nécessité d'une grande réserve.
II.—Trois grandes races distinguées par Morselli. Très grande diversité de l'aptitude au suicide chez les Slaves, les Celto-Romains, les nations germaniques. Seuls, les Allemands ont un penchant généralement intense, mais ils le perdent en dehors de l'Allemagne.
De la prétendue relation entre le suicide et la hauteur de la taille: résultat d'une coïncidence.
III.—La race ne peut être un facteur du suicide que s'il est essentiellement héréditaire; insuffisance des preuves favorables à cette hérédité: 1° La fréquence relative des cas imputables à l'hérédité est inconnue; 2° Possibilité d'une autre explication; influence de la folie et de l'imitation. Raisons contraires à cette hérédité spéciale:
1° Pourquoi le suicide se transmettrait-il moins à la femme? 2° La manière dont le suicide évolue avec l'âge est inconciliable avec cette hypothèse.
CHAPITRE III
LE SUICIDE ET LES FACTEURS COSMIQUES
I.—Le climat n'a aucune influence.
II.—La température. Variations saisonnières du suicide; leur généralité. Comment l'école italienne les explique par la température.
III.—Conception contestable du suicide qui est à la base de cette théorie. Examen des faits: l'influence des chaleurs anormales ou des froids anormaux ne prouve rien; absence de rapports entre le taux des suicides et la température saisonnière ou mensuelle; le suicide rare dans un grand nombre de pays chauds.
Hypothèse d'après laquelle ce seraient les premières chaleurs qui seraient nocives. Inconciliable: 1° avec la continuité de la courbe des suicides à la montée et à la descente: 2° avec ce fait que les premiers froids, qui devraient avoir le même effet, sont inoffensifs.
IV.—Nature des causes dont dépendent ces variations. Parallélisme parfait entre les variations mensuelles du suicide et celles de la longueur des jours; confirmé par ce fait que les suicides ont surtout lieu de jour. Raison de ce parallélisme: c'est que, pendant le jour, la vie sociale est en pleine activité. Explication confirmée par ce fait que le suicide est maximum aux jours et heures où l'activité sociale est maxima. Comment elle rend compte des variations saisonnières du suicide; preuves confirmatives diverses.
Les variations mensuelles du suicide dépendent donc de causes sociales.
CHAPITRE IV
L'IMITATION
L'imitation est un phénomène de psychologie individuelle. Utilité qu'il y a à chercher si elle a quelque influence sur le taux social des suicides.
I.—Différence entre l'imitation et plusieurs autres phénomènes avec lesquels elle a été confondue. Définition de l'imitation.
II.—Cas nombreux où les suicides se communiquent contagieusement d'individu à individu; distinction entre les faits de contagion et les épidémies. Comment le problème de l'influence possible de l'imitation sur le taux des suicides reste entier.
III.—Cette influence doit être étudiée à travers la distribution géographique des suicides. Critères d'après lesquels elle peut être reconnue. Application de cette méthode à la carte des suicides français par arrondissements, à la carte par communes de Seine-et-Marne, à la carte d'Europe en général. Nulle trace visible de l'imitation dans la répartition géographique.
Expérience à essayer: le suicide croît-il avec le nombre des lecteurs de journaux? Raisons qui inclinent à l'opinion contraire.
IV.—Raison qui fait que l'imitation n'a pas d'effets appréciables sur le taux des suicides: c'est qu'elle n'est pas un facteur original, mais ne fait que renforcer l'action des autres facteurs.
Conséquence pratique de cette discussion: qu'il n'y a pas lieu d'interdire la publicité judiciaire.
Conséquence théorique: l'imitation n'a pas l'efficacité sociale qu'on lui a prêtée.
LIVRE II
CAUSES SOCIALES ET TYPES SOCIAUX
CHAPITRE I
MÉTHODE POUR LES DÉTERMINER
I.—Utilité qu'il y aurait à classer morphologiquement les types de suicide pour remonter ensuite à leurs causes; impossibilité de cette classification. La seule méthode praticable consiste à classer les suicides par leurs causes. Pourquoi elle convient mieux que toute autre à une étude sociologique du suicide.
II.—Comment atteindre ces causes? Les renseignements donnés par les statistiques sur les raisons présumées des suicides 1° sont suspects; 2° ne font pas connaître les vraies causes. La seule méthode efficace est de chercher comment le taux des suicides varie en fonction des divers concomitants sociaux.
CHAPITRE II
LE SUICIDE ÉGOÏSTE
I.—Le suicide et les religions. Aggravation générale due au protestantisme; immunité des catholiques et surtout des juifs.
II.—L'immunité des catholiques ne tient pas à leur état de minorité dans les pays protestants, mais à leur moindre individualisme religieux, par suite à la plus forte intégration de l'église catholique. Comment cette explication s'applique aux juifs.
III.—Vérification de cette explication: 1° l'immunité relative de l'Angleterre, par rapport aux autres pays protestants, liée à la plus forte intégration de l'église anglicane; 2° l'individualisme religieux varie comme le goût du savoir; or, a) le goût du savoir est plus prononcé chez les peuples protestants que chez les catholiques, b) le goût du savoir varie comme le suicide toutes les fois qu'il correspond à un progrès de l'individualisme religieux. Comment l'exception des juifs confirme la loi.
IV.—Conséquences de ce chapitre: 1° la science est le remède au mal que symptomatise le progrès des suicides, mais n'en est pas la cause; 2° si la société religieuse préserve du suicide, c'est simplement parce qu'elle est une société fortement intégrée.
CHAPITRE III
LE SUICIDE ÉGOÏSTE (suite)
I.—Immunité générale des mariés telle que l'a calculée Bertillon. Inconvénients de la méthode qu'il a dû suivre. Nécessité de séparer plus complètement l'influence de l'âge et celle de l'état civil. Tableaux où cette séparation est effectuée. Lois qui s'en dégagent.
II.—Explication de ces lois. Le coefficient de préservation des époux ne tient pas à la sélection matrimoniale. Preuves: 1° raisons a priori; 2° raisons de fait tirées: a) des variations du coefficient aux divers âges; b) de l'inégale immunité dont jouissent les époux des deux sexes.
Cette immunité est-elle due au mariage ou à la famille? Raisons contraires à la première hypothèse: 1° contraste entre l'état stationnaire de la nuptialité et les progrès du suicide; 2° faible immunité des époux sans enfants; 3° aggravation chez les épouses sans enfants.
III.—L'immunité légère dont jouissent les hommes mariés sans enfants est-elle due à la sélection conjugale? Preuve contraire tirée de l'aggravation des épouses sans enfants. Comment la persistance partielle de ce coefficient chez le veuf sans enfants s'explique sans qu'on fasse intervenir la sélection conjugale. Théorie générale du veuvage.
IV.—Tableau récapitulatif des résultats précédents. C'est à l'action de la famille qu'est due presque toute l'immunité des époux et toute celle des épouses. Elle croît avec la densité de la famille, c'est-à-dire avec son degré d'intégration.
V.—Le suicide et les crises politiques, nationales. Que la régression qu'il subit alors est réelle et générale. Elle est due à ce que le groupe acquiert dans ces crises une plus forte intégration.
VI.—Conclusion générale du chapitre. Rapport direct entre le suicide et le degré d'intégration des groupes sociaux, quels qu'ils soient. Cause de ce rapport; pourquoi et dans quelles conditions la société est nécessaire à l'individu. Comment, quand elle lui fait défaut, le suicide se développe. Preuves confirmatives de cette explication. Constitution du suicide égoïste.
CHAPITRE IV
LE SUICIDE ALTRUISTE
I.—Le suicide dans les sociétés inférieures: caractères qui le distinguent, opposés à ceux du suicide égoïste. Constitution du suicide altruiste obligatoire. Autres formes de ce type.
II.—Le suicide dans les armées européennes; généralité de l'aggravation qui résulte du service militaire. Elle est indépendante du célibat; de l'alcoolisme. Elle n'est pas due au dégoût du service. Preuves: 1° elle croît avec la durée du service; 2° elle est plus forte chez les volontaires et les rengagés; 3° chez les officiers et les sous-officiers que chez les simples soldats. Elle est due à l'esprit militaire et à l'état d'altruisme qu'il implique. Preuves confirmatives: 1° elle est d'autant plus forte que les peuples ont un moindre penchant pour le suicide égoïste; 2° elle est maxima dans les troupes d'élite; 3° elle décroît à mesure que le suicide égoïste se développe.
III.—Comment les résultats obtenus justifient la méthode suivie.
CHAPITRE V
LE SUICIDE ANOMIQUE
I.—Le suicide croît avec les crises économiques. Cette progression se maintient dans les crises de prospérité: exemples de la Prusse, de l'Italie. Les expositions universelles. Le suicide et la richesse.
II.—Explication de ce rapport. L'homme ne peut vivre que si ses besoins sont en harmonie avec ses moyens; ce qui implique une limitation de ces derniers. C'est la société qui les limite; comment cette influence modératrice s'exerce normalement. Comment elle est empêchée par les crises; d'où dérèglement, anomie, suicides. Confirmation tirée des rapports du suicide et de la richesse.
III.—L'anomie est actuellement à l'état chronique dans le monde économique. Suicides qui en résultent. Constitution du suicide anomique.
IV.—Suicides dus à l'anomie conjugale. Le veuvage. Le divorce. Parallélisme des divorces et des suicides. Il est dû à une constitution matrimoniale qui agit en sens contraire sur les époux et sur les épouses; preuves à l'appui. En quoi consiste cette constitution matrimoniale. L'affaiblissement de la discipline matrimoniale qu'implique le divorce aggrave la tendance au suicide des hommes, diminue celle des femmes. Raison de cet antagonisme. Preuves confirmatives de cette explication.
Conception du mariage qui se dégage de ce chapitre.
CHAPITRE VI
FORMES INDIVIDUELLES DES DIFFÉRENTS TYPES DE SUICIDES
Utilité et possibilité de compléter la classification étiologique qui précède par une classification morphologique.
I.—Formes fondamentales que prennent les trois courants suicidogènes en s'incarnant chez les individus. Formes mixtes qui résultent de la combinaison de ces formes fondamentales.
II.—Faut-il faire intervenir dans cette classification l'instrument de mort choisi? Que ce choix dépend de causes sociales. Mais ces causes sont indépendantes de celles qui déterminent le suicide. Elles ne ressortissent donc pas à la présente recherche.
Tableau synoptique des différents types de suicides.
LIVRE III
DU SUICIDE COMME PHÉNOMÈNE SOCIAL EN GÉNÉRAL
CHAPITRE I
L'ÉLÉMENT SOCIAL DU SUICIDE
I.—Résultats de ce qui précède. Absence de relations entre le taux des suicides et les phénomènes cosmiques ou biologiques. Rapports définis avec les faits sociaux. Le taux social correspond donc à un penchant collectif de la société.
II.—La constance et l'individualité de ce taux ne peut pas s'expliquer autrement. Théorie de Quételet pour en rendre compte: l'homme moyen. Réfutation: la régularité des données statistiques se retrouve même dans des faits qui sont en dehors de la moyenne. Nécessité d'admettre une force ou un groupe de forces collectives dont le taux social des suicides exprime l'intensité.
III.—Ce qu'il faut entendre par cette force collective: c'est une réalité extérieure et supérieure à l'individu. Exposé et examen des objections faites à cette conception:
1° Objection d'après laquelle un fait social ne peut se transmettre que par traditions inter-individuelles. Réponse: le taux des suicides ne peut se transmettre ainsi.
2° Objection diaprés laquelle l'individu est tout le réel de la société. Réponse: a) Comment des choses matérielles, extérieures aux individus, sont érigées en faits sociaux et jouent en cette qualité un rôle sui generis; b) Les faits sociaux qui ne s'objectivent pas sous cette forme débordent chaque conscience individuelle. Ils ont pour substrat l'agrégat formé par les consciences individuelles réunies en société. Que cette conception n'a rien d'ontologique.
IV.—Application de ces idées au suicide.
CHAPITRE II
RAPPORTS DU SUICIDE AVEC LES AUTRES PHÉNOMÈNES SOCIAUX
Méthode pour déterminer si le suicide doit être classé parmi les faits moraux ou immoraux.
I.—Exposé historique des dispositions juridiques ou morales en usage dans les différentes sociétés relativement au suicide. Progrès continu de la réprobation dont il est l'objet, sauf aux époques de décadence. Raison d'être de cette réprobation; qu'elle est plus que jamais fondée dans la constitution normale des sociétés modernes.
II.—Rapports du suicide avec les autres formes de l'immoralité. Le suicide et les attentats contre la propriété; absence de tout rapport. Le suicide et l'homicide; théorie d'après laquelle ils consisteraient tous deux en un même état organico-psychique, mais dépendraient de conditions sociales antagonistes.
III.—Discussion de la première partie de la proposition. Que le sexe, l'âge, la température n'agissent pas de la même manière sur les deux phénomènes.
IV.—Discussion de la deuxième partie. Cas où l'antagonisme ne se vérifie pas. Cas, plus nombreux, où il se vérifie. Explication de ces contradictions apparentes: existence de types différents de suicides dont les uns excluent l'homicide tandis que les autres dépendent des mêmes conditions sociales. Nature de ces types; pourquoi les premiers sont actuellement plus nombreux que les seconds.
Comment ce qui précède éclaire la question des rapports historiques de l'égoïsme et de l'altruisme.
CHAPITRE III
CONSÉQUENCES PRATIQUES
I.—La solution du problème pratique varie selon qu'on attribue à l'état présent du suicide un caractère normal ou anormal. Comment la question se pose malgré la nature immorale du suicide. Raisons de croire que l'existence d'un taux modéré de suicides n'a rien de morbide. Mais raisons de croire que le taux actuel chez les peuples européens est l'indice d'un état pathologique.
II.—Moyens proposés pour conjurer le mal: 1° mesures répressives. Quelles sont celles qui seraient possibles. Pourquoi elles ne sauraient avoir qu'une efficacité restreinte; 2° l'éducation. Elle ne peut réformer l'état moral de la société parce qu'elle n'en est que le reflet. Nécessité d'atteindre en elles-mêmes les causes des courants suicidogènes; qu'on peut toutefois négliger le suicide altruiste dont l'état n'a rien d'anormal.
Le remède contre le suicide égoïste: rendre plus consistants les groupes qui encadrent l'individu. Lesquels sont le plus propres à ce rôle? Ce n'est ni la société politique qui est trop loin de l'individu—ni la société religieuse qui ne le socialise qu'en lui retirant la liberté de penser—ni la famille qui tend à se réduire au couple conjugal. Les suicides des époux progressent comme ceux des célibataires.
III.—Du groupe professionnel. Pourquoi il est seul en état de remplir cette fonction. Ce qu'il doit devenir pour cela. Comment il peut constituer un milieu moral.—Comment il peut contenir aussi le suicide anomique.—Cas de l'anomie conjugale. Position antinomique du problème: l'antagonisme des sexes. Moyens d'y remédier.
IV.—Conclusion. L'état présent du suicide est l'indice d'une misère morale. Ce qu'il faut entendre par une affection morale de la société. Comment la réforme proposée est réclamée par l'ensemble de notre évolution historique. Disparition de tous les groupes sociaux intermédiaires entre l'individu et l'État; nécessité de les reconstituer. La décentralisation professionnelle opposée à la décentralisation territoriale; comment elle est la base nécessaire de l'organisation sociale.
Importance de la question du suicide; sa solidarité avec les plus grands problèmes pratiques de l'heure actuelle. PLANCHES
I.—Suicides et alcoolisme en France (4 cartes)
II.—Suicides en France par arrondissements
III.—Suicides dans l'Europe Centrale
IV.—Suicides et densité familiale en France
V.—Suicides et richesse en France
VI.—Tableau des suicides des époux et des veufs des deux sexes, selon qu'ils ont ou n'ont pas d'enfants. Nombres absolus.
NOTES:
[1: Les règles de la Méthode sociologique, Paris, F. Alcan, 1895.]
[2: Et pourtant, nous montrerons (p. 368, note) que cette manière de voir, loin d'exclure toute liberté, apparaît comme le seul moyen de la concilier avec le déterminisme que révèlent les données de la statistique.]
[3: Reste un très petit nombre de cas qui ne sauraient s'expliquer ainsi, mais qui sont plus que suspects. Telle l'observation, rapportée par Aristote, d'un cheval qui, en découvrant qu'on lui avait fait saillir sa mère, sans qu'il s'en aperçût et après qu'il s'y était plusieurs fois refusé, se serait intentionnellement précipité du haut d'un rocher (Hist. des anim., IX, 47). Les éleveurs assurent que le cheval n'est aucunement réfractaire à l'inceste. Voir sur toute cette question, Westcott, Suicide, p. 174-179.]
[4: Nous avons mis entre parenthèses les nombres qui se rapportent à ces années exceptionnelles.]
[5: Dans le tableau, nous avons représenté alternativement par des chiffres ordinaires ou par des chiffres gras les séries de nombres qui représentent ces différentes ondes de mouvement, afin de rendre matériellement sensible l'individualité de chacune d'elles.]
[6: Wagner avait déjà comparé de cette manière la mortalité et la nuptialité (Die Gesetzmäassigkeit, etc., p. 87).]
[7: D'après Bertillon, article Mortalité du Dictionnaire Encyclopédique des sciences médicales, t. LXI, p. 738.]
[8: Bien entendu, en nous servant de cette expression nous n'entendons pas du tout hypostasier la conscience collective. Nous n'admettons pas plus d'âme substantielle dans la société que dans l'individu. Nous reviendrons, d'ailleurs, sur ce point.]
[9: V. L. III, ch. I.]
[10: On trouvera en tête de chaque chapitre, quand il y a lieu, la bibliographie spéciale des questions particulières qui y sont traitées. Voici les indications relatives à la bibliographie générale du suicide.
I.—Publications statistiques officielles dont nous nous sommes principalement servi:
Oesterreischische Statistik (Statistik des Sanitätswesens).—Annuaire statistique de la Belgique.—Zeitschrift des Koeniglisch Bayerischen statistischen bureau.—Preussische Statistik (Sterblichkeit nach Todesursachen und Altersclassen der gestorbenen).—Würtembürgische Iahrbücher für Statistik und Landeskunde.—Badische Statistik.—Tenth Census of the United States. Report on the Mortality and vital statistic of the United States 1880, 11e partie.—Annuario statistico Italiano.—Statistica delle cause delle Morti in tutti i communi del Regno.—Relazione medico-statistica sulle conditione sanitarie dell'Exercito Italiano.—Statistische Nachrichten des Grossherzogthums Oldenburg.—Compte-rendu général de l'administration de la justice criminelle en France.
Statistisches Iahrbuch der Stadt Berlin.—Statistik der Stadt Wien.—Statistisches Handbuch für den Hamburgischen Staat.—Jahrbuch für die amtliche Statistik der Bremischen Staaten.—Annuaire statistique de la ville de Paris.
On trouvera en outre des renseignements utiles dans les articles suivants: Platter, Ueber die Selbstmorde in Oesterreich in den Iahren 1819-1872. In Statist. Monatsch., 1876.—Brattassévic, Die Selbstmorde in Oesterreich in den Iahren 1873-77, In Stat. Monatsch., 1878, p. 429.—Ogle, Suicides in England and Wales in relation to Age, Sexe, Season and Occupation. In Journal of the statistical Society, 1886.—Rossi, Il Suicidio nella Spagna nel 1884. Arch. di psychiatria, Turin, 1886.
II.—Études sur le suicide en général.
De Guerry, Statistique morale de la France, Paris, 1835, et Statistique morale comparée de la France et de l'Angleterre, Paris, 1864.—Tissot, De la manie du suicide et de l'esprit de révolte, de leurs causes et de leurs remèdes, Paris, 1841.—Etoc-Demazy, Recherches statistiques sur le suicide, Paris, 1844.—Lisle, Du suicide, Paris, 1856.—Wappäus, Allgemeine Bevölkerungsstatistik, Leipzig, 1861.—Wagner, Die Gesetzmässigkeit in den scheinbar willkürlichen menschlichen Handlungen, Hambourg, 1864, 2e partie.—Brierre de Boismont, Du suicide et de la folie-suicide, Paris, Germer Baillière, 1865.—Douay, Le suicide ou la mort volontaire, Paris, 1870.—Leroy, Étude sur le suicide et les maladies mentales dans le département de Seine-et-Marne, Paris, 1870.—Oettingen, Die Moralstatistik, 3e Auflage, Erlangen, 1882, p. 786-832 et tableaux annexes 103-120.—Du même, Ueber acuten und chronischen Selbstmord, Dorpat, 1881.—Morselli, Il suicidio, Milan, 1879.—Legoyt, Le suicide ancien et moderne, Paris, 1881.—Masaryk, Der Selbstmord als sociale Massenerscheinung, Vienne, 1881.—Westcott, Suicide, its history, litterature, etc., Londres, 1885.—Motta, Bibliografia del Suicidio, Bellinzona, 1890.—Corre, Crime et suicide, Paris, 1891.—Bonomelli, Il Suicidio, Milan, 1892.—Mayr, Selbstmordstatistik, In Handwörterbuch der Staatswissenschaften, herausgegeben von Conrad, Erster Supplementband, Iena, 1895.]
[11: Bibliographie.—Falret, De l'hypocondrie et du suicide, Paris, 1822.—Esquirol, Des maladies mentales, Paris, 1838 (t. I, p. 526-676) et article Suicide, in Dictionnaire de médecine, en 60 vol.—Cazauvieilh, Du suicide et de l'aliénation mentale, Paris, 1840.—Etoc Demazy, De la folie dans la production du suicide, in Annales médico-psych., 1844.—Bourdin, Du suicide considéré comme maladie, Paris, 1845.—Dechambre, De la monomanie homicide-suicide, in Gazette médic., 1852.—Jousset, Du suicide, et de la monomanie suicide, 1858.—Brierre de Boismont, op. cit.—Leroy, op. cit.—Art. Suicide, du Dictionnaire de médecine et de chirurgie, pratique, t. XXXIV, p. 117.—Strahan, Suicide and Insanity, Londres, 1824.
Lunier, De la production et de la consommation des boissons alcooliques en France, Paris, 1877.—Du même, art. in Annales médico-psych., 1872; Journal de la Soc. de stat., 1878.—Prinzing, Trunksucht und Selbstmord, Leipzig, 1895.]
[12: Dans la mesure où la folie est elle-même purement individuelle. En réalité, elle est, en partie, un phénomène social. Nous reviendrons sur ce point.]
[13: Maladies mentales, t. I, p. 639.]
[14: Ibid., t. I, p. 665.]
[15: Du suicide, etc., p. 137.]
[16: In Annales médico-psych., t. VII, p. 287.]
[17: Maladies mentales, t. I, p. 528.]
[18: V. Brierre de Boismont, p. 140.]
[19: Maladies mentales, 437.]
[20: V. article Suicide du Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratique.]
[21: Il ne faut pas confondre ces hallucinations avec celles qui auraient pour effet de faire méconnaître au malade les risques qu'il court, par exemple, de lui faire prendre une fenêtre pour une porte. Dans ce cas, il n'y a pas de suicide d'après la définition précédemment donnée, mais mort accidentelle.]
[22: Bourdin, op. cit., p. 43.]
[23: Falret, Hypochondrie et suicide, p. 299-307.]
[24: Suicide et folie-suicide, p. 397.]
[25: Brierre, op. cit., p. 574.]
[26: Ibid., p. 314.]
[27: Maladies mentales, t. I, p. 529.]
[28: Hypochondrie et suicide, p. 3.]
[29: Koch, Zur Statistik der Geisteskrankheiten. Stuttgart, 1878, p. 73.]
[30: D'après Morselli.]
[31: D'après Koch, op. cit., p. 108-119.]
[32: V. plus bas, liv. I, ch. II, p. I.]
[33: V. plus bas, liv. I, ch. II, p. I.]
[34: V. Tableau IX, ci-dessous.]
[35: Koch, op. cit., p. 139-146.]
[36: Koch, op. cit., p. 81.]
[37: La première partie du tableau est empruntée à l'article Aliénation mentale, dans le Dictionnaire de Dechambre (t. III, p. 34); la seconde à Oettingen, Moralstatistik, tableau annexe 97.]
[38: Op. cit., p. 238.]
[39: Op. cit., p. 404.]
[40: Morselli ne le déclare pas expressément, mais cela ressort des chiffres mêmes qu'il donne. Ils sont trop élevés pour représenter les seuls cas de folie. Cf. le tableau donné dans le Dictionnaire de Dechambre et où la distinction est faite. On y voit clairement que Morselli a totalisé les fous et les idiots.]
[41: Des pays d'Europe sur lesquels Koch nous renseigne nous avons laissé seulement de côté la Hollande, les informations que l'on possède sur l'intensité qu'y a la tendance au suicide ne paraissant pas suffisantes.]
[42: Op. cit., p. 403.]
[43: La preuve, il est vrai, n'en a jamais été faite d'une manière tout à fait démonstrative. En tout cas, s'il y a progrès, nous ignorons le coefficient d'accélération.]
[44: V. Liv. II, chap. IV.]
[45: On a un exemple frappant de cette ambiguïté dans les ressemblances et les contrastes que la littérature française présente avec la littérature russe. La sympathie avec laquelle nous avons accueilli la seconde démontre qu'elle n'est pas sans affinités avec la nôtre. Et en effet, on sent chez les écrivains des deux nations une délicatesse maladive du système nerveux, une certaine absence d'équilibre mental et moral. Mais comme ce même état, biologique et psychologique à la fois, produit des conséquences sociales différentes! Tandis que la littérature russe est idéaliste à l'excès, tandis que la mélancolie dont elle est empreinte, ayant pour origine une compassion active pour la douleur humaine, est une de ces tristesses saines qui excitent la foi et provoquent à l'action, la nôtre se pique de ne plus exprimer que des sentiments de morne désespoir et reflète un inquiétant état de dépression. Voilà comment un même état organique peut servir à des fins sociales presque opposées.]
[46: D'après le Compte général de l'administration de la justice criminelle, année 1887.—V. planche I, p. 48.]
[47: De la production et de la consommation des boissons alcooliques en France, p. 174-175.]
[48: V. planche I, ci-dessus.]
[49: Ibid.]
[50: D'après Lunier, op. cit., p. 180 et suiv. On trouvera des chiffres analogues, se rapportant à d'autres années, dans Prinzing, op. cit., p. 58.]
[51: Pour ce qui est de la consommation du vin, elle varie plutôt en raison inverse du suicide. C'est dans le Midi qu'on boit le plus de vin, c'est là que les suicides sont le moins nombreux. On n'en conclut pas pourtant que le vin garantit contre le suicide.]
[52: D'après Prinzing, op. cit., p. 75.]
[53: On a quelquefois allégué, pour démontrer l'influence de l'alcool, l'exemple de la Norwège où la consommation des boissons alcooliques et le suicide ont diminué parallèlement depuis 1830. Mais, en Suède, l'alcoolisme a également diminué et dans les mêmes proportions, alors que le suicide n'a cessé d'augmenter (115 cas pour un million en 1886-88, au lieu de 63 en 1821-1830). Il en est de même en Russie.
Afin que le lecteur ait en mains tous les éléments de la question, nous devons ajouter que la proportion des suicides que la statistique française attribue soit à des accès d'ivrognerie soit à l'ivrognerie habituelle, est passée de 6,69 % en 1849 à 13,41 % en 1876. Mais d'abord, il s'en faut que tous ces cas soient imputables à l'alcoolisme proprement dit qu'il ne faut pas confondre avec la simple ivresse ou la fréquentation du cabaret. Ensuite, ces chiffres, quelle qu'en soit la signification exacte, ne prouvent pas que l'abus des boissons spiritueuses ait une bien grande part dans le taux des suicides. Enfin, nous verrons plus loin pourquoi on ne saurait accorder une grande valeur aux renseignements que nous fournit ainsi la statistique sur les causes présumées des suicides.]
[54: Notamment Wagner, Gesetzmässigkeit, etc., p. 165 et suiv.; Morselli, p. 158; Oettingen, Moralstatistik, p. 760.]
[55: L'espèce humaine, p. 28. Paris, Félix Alcan.]
[56: Article Anthropologie, dans le Dictionnaire de Dechambre, t. V.]
[57: Nous ne parlons pas des classifications proposées par Wagner et par Oettingen; Morselli lui-même en a fait la critique d'une manière décisive (p. 160).]
[58: Pour expliquer ces faits, Morselli suppose, sans donner de preuves à l'appui, qu'il y a de nombreux éléments celtiques en Angleterre et, pour les Flamands, il invoque l'influence du climat.]
[59: Morselli, op. cit., p. 189.]
[60: Mémoires d'anthropologie, t. I, p. 320.]
[61: L'existence de deux grandes masses régionales, l'une formée de 15 départements septentrionaux où prédominent les hautes tailles (39 exemptés seulement pour mille conscrits), l'autre composée de 24 départements du Centre et de l'Ouest, et où les petites tailles sont générales (de 98 à 130 exemptions pour mille), paraît incontestable. Cette différence est-elle un produit de la race? C'est déjà une question beaucoup plus difficile à résoudre. Si l'on songe qu'en trente ans la taille moyenne en France a sensiblement changé, que le nombre des exemptés pour cette cause est passé de 92,80 en 1831 à 59,40 pour mille en 1860, on sera en droit de se demander si un caractère aussi mobile est un bien sûr critère pour reconnaître l'existence de ces types relativement immuables qu'on appelle des races. Mais, en tout cas, la manière dont les groupes intermédiaires, intercalés par Broca entre ces deux types extrêmes, sont constitués, dénommés et rattachés soit à la souche kymrique soit à l'autre, nous paraît laisser place à bien plus de doute encore. Les raisons d'ordre morphologique sont ici impossibles. L'anthropologie peut bien établir quelle est la taille moyenne dans une région donnée, non de quels croisements cette moyenne résulte. Or les tailles intermédiaires peuvent être aussi bien dues à ce que des Celtes se sont croisés avec des races de plus haute stature, qu'à ce que des Kymris se sont alliés à des hommes plus petits qu'eux. La distribution géographique ne peut pas davantage être invoquée, car il se trouve que ces groupes mixtes se rencontrent un peu partout, au Nord-Ouest (la Normandie et la Basse-Loire), au Sud-Ouest (l'Aquitaine), au Sud (la Province romaine), à l'Est (la Lorraine) etc. Restent donc les argumenta historiques qui ne peuvent être que très conjecturaux. L'histoire sait mal comment, quand, dans quelles conditions et proportions les différentes invasions et infiltrations de peuples ont eu lieu. À plus forte raison, ne peut-elle nous aider à déterminer l'influence qu'elles ont eue sur la constitution organique des peuples.]
[62: Surtout si l'on défalque la Seine qui, à cause des conditions exceptionnelles dans lesquelles elle se trouve, n'est pas exactement comparable aux autres départements.]
[63: V. plus bas, liv. II, ch. IV, § I.]
[64: Broca, op. cit., t. I, p. 394.]
[65: V. Topinard, Anthropologie, p. 464.]
[66: La même remarque s'applique à l'Italie. Là aussi, les suicides sont plus nombreux au Nord qu'au Midi et, d'un autre côté, la taille moyenne des populations septentrionales est supérieure légèrement à celle des régions méridionales. Mais c'est que la civilisation actuelle de l'Italie est d'origine piémontaise et que, d'un autre côté, les Piémontais se trouvent être un peu plus grands que les gens du Sud. L'écart est, du reste, faible. Le maximum qui s'observe en Toscane et en Vénétie, est de 1 m. 65, le minimum, en Calabre, est de 1 m. 60, du moins pour ce qui regarde le continent italien. En Sardaigne, la taille s'abaisse à 1 m. 58.]
[67: Sur les fonctions du cerveau, Paris, 1825.]
[68: 2 Maladies mentales, t. I, p. 582.]
[69: Suicide, p. 197.]
[70: Cité par Legoyt, p. 242.]
[71: Suicide, p. 17-19.]
[72: D'après Morselli, p. 410.]
[73: Brierre de Boismont, op. cit., p. 59; Cazauvieilh, op. cit., p. 19.]
[74: Ribot, L'hérédité, p. 145. Paris, Félix Alcan.]
[75: Lisle, op. cit., p. 195.]
[76: Brierre, op. cit., p. 57.]
[77: Luys, op. cit., p. 201.]
[78: Dictionnaire encyclopédique des sciences méd., art. Phtisie, t. LXXVI p. 542.]
[79: Op. cit., p. 170-172.]
[80: V. Morselli, p. 329 et suiv.]
[81: V. Legoyt, p. 158 et suiv. Paris, Félix Alcan.]
[82: Les éléments de ce tableau sont empruntés à Morselli.]
[83: Pour les hommes, nous n'en connaissons qu'un cas, c'est celui de l'Italie où il se produit un stationnement entre 30 et 40 ans. Pour les femmes, il y a au même âge un mouvement d'arrêt qui est général et qui, par conséquent, doit être réel. Il marque une étape dans la vie féminine. Comme il est spécial aux célibataires, il correspond sans doute à cette période intermédiaire où les déceptions et les froissements causés par le célibat commencent à être moins sensibles, et où l'isolement moral qui se produit à un âge plus avancé, quand la vieille fille reste seule, ne produit pas encore tous ses effets.]
[84: Bibliographie.—Lombroso, Pensiero e Meteore; Ferri, Variations thermométriques et criminalité. In Archives d'Anth. criminelle, 1887; Corre, Le délit et le suicide à Brest. In Arch. d'Anth. crim., 1890, p. 109 et suiv., 259 et suiv.; Du même, Crime et suicide, p. 605-639; Morselli, p. 103-157.]
[85: V. plus bas, liv. II, ch. IV, § I.]
[86: De l'hypochondrie, etc., p. 28.]
[87: On ne peut juger de la manière dont les cas de folie se répartissent entre les saisons que par le nombre des entrées dans les asiles. Or, un tel critère est très insuffisant; car les familles ne font pas interner les malades au moment précis où la maladie éclate, mais plus tard. De plus, en prenant ces renseignements tels que nous les avons, ils sont loin de montrer une concordance parfaite entre les variations saisonnières de la folie et celles du suicide. D'après une statistique de Cazauvieilh, sur 1.000 entrées annuelles à Charenton, la part de chaque saison serait la suivante: hiver, 222; printemps, 283; été, 261; automne 231. Le même calcul fait pour l'ensemble des aliénés admis dans les asiles de la Seine donne des résultats analogues: hiver, 234; printemps, 266; été, 249; automne, 248. On voit: 1° que le maximum tombe au printemps et non en été; encore faut-il tenir compte de ce fait que, pour les raisons indiquées, le maximum réel doit être antérieur; 2° que les écarts entre les différentes saisons sont très faibles. Ils sont autrement marqués pour ce qui concerne les suicides.]
[88: Nous rapportons ces faits d'après Brierre de Boismont, op. cit., p. 60-62.]
[89: Tous les mois dans ce tableau, ont été ramenés à 30 jours.—Les chiffres relatifs aux températures sont empruntés pour la France à l'Annuaire du bureau des longitudes, et, pour l'Italie, aux Annali dell'Ufficio centrale de Meteorologia.]
[90: On ne saurait trop remarquer cette constance des chiffres proportionnels sur la signification de laquelle nous reviendrons (liv. III, ch. I).]
[91: Il est, vrai que, suivant ces auteurs, le suicide ne serait qu'une variété de l'homicide. L'absence de suicides dans les pays méridionaux ne serait donc qu'apparente, car elle serait compensée par un excédent d'homicides. Nous verrons plus loin ce qu'il faut penser de cette identification. Mais, dès maintenant, comment ne pas voir que cet argument se retourne contre ses auteurs? Si l'excès d'homicides qu'on observe dans les pays chauds compense le manque de suicides, comment cette même compensation ne s'établirait-elle pas aussi pendant la saison chaude? D'où vient que cette dernière est à la fois fertile en homicides de soi-même et en homicides d'autrui?]
[92: Op. cit., p. 148.]
[93: Nous laissons de côté les chiffres qui concernent la Suisse. Ils ne sont calculés que sur une seule année (1876) et, par conséquent, on n'en peut rien conclure. D'ailleurs la hausse d'octobre à novembre est bien faible. Les suicides passent de 83 pour mille à 90.]
[94: La longueur indiquée est celle du dernier jour du mois.]
[95: Cette uniformité nous dispense de compliquer le tableau XIII. Il n'est pas nécessaire de comparer les variations mensuelles de la journée et celles du suicide dans d'autres pays que la France, puisque les unes et les autres sont sensiblement les mêmes partout, pourvu qu'on ne compare pas des pays de latitudes trop différentes.]
[96: Ce terme désigne la partie du jour qui suit immédiatement le lever du soleil.]
[97: On a une autre preuve du rythme de repos et d'activité par lequel passe la vie sociale aux différents moments de la journée dans la manière dont les accidents varient selon les heures. Voici comment, d'après le bureau de statistique prussienne, ils se répartiraient:
/* +————————————-+—————————————————————+ | De 6 heures à midi | 1.011 accidents en moyenne par heure. | +————————————-+—————————————————————+ | De midi à 2 heures | 686 —- —- —- | +————————————-+—————————————————————+ | De 2 heures à 6 h. | 1.191 —- —- —- | +————————————-+—————————————————————+ | De 6 heures à 7 h. | 979 —- —- —- | +————————————-+—————————————————————+ */
]
[98: Il est remarquable que ce contraste entre la première et la seconde moitié de la semaine se retrouve dans le mois. Voici, en effet, d'après Brierre de Boismont, op. cit., p. 424, comment 4.595 suicidée parisiens se répartiraient:
/* +———————————————————————————-+——————+ |Pendant les dix premiers jours du mois | 1.727 | +———————————————————————————-+——————+ |Pendant les dix suivants | 1.488 | +———————————————————————————-+——————+ |Pendant les dix derniers | 1.380 | +———————————————————————————-+——————+ */
L'infériorité numérique de la dernière décade est encore plus grande qu'il ne ressort de ces chiffres; car à cause du 31e jour, elle renferme souvent 11 jours au lieu de 10. On dirait que le rythme de la vie sociale reproduit les divisions du calendrier; qu'il y a comme un renouveau d'activité toutes les fois qu'on entre dans une période nouvelle et une sorte d'alanguissement à mesure qu'elle tend vers sa fin.]
[99: D'après le Bulletin du ministère des travaux publics.]
[100: Ibid. À tous ces faits qui tendent à démontrer l'accroissement de l'activité sociale pendant l'été on peut ajouter le suivant: c'est que les accidents sont plus nombreux pendant la belle saison que pendant les autres. Voici comme ils se répartissent en Italie:
/* +———————————————————+————-+————-+————-+ | | 1886. | 1887. | 1888. | +———————————————————+————-+————-+————-+ |Printemps | 1.370 | 2.582 | 2.457 | +———————————————————+————-+————-+————-+ |Été | 1.823 | 3.290 | 3.085 | +———————————————————+————-+————-+————-+ |Automne | 1.474 | 2.560 | 2.780 | +———————————————————+————-+————-+————-+ |Hiver | 1.190 | 2.748 | 3.032 | +———————————————————+————-+————-+————-+ */
Si, à ce point de vue, l'hiver vient quelquefois après l'été, c'est uniquement parce que les chutes y sont plus nombreuses à cause de la glace et que le froid, par lui-même, produit des accidents spéciaux. Si l'on fait abstraction de ceux qui ont cette origine, les saisons se rangent dans le même ordre que pour le suicide.]
[101: On remarquera de plus que les chiffres proportionnels des différentes saisons sont sensiblement les mêmes dans les grandes villes comparées, tout en différant de ceux qui se rapportent aux pays auxquels ces villes appartiennent. Ainsi nous retrouvons partout cette constance du taux des suicides dans les milieux sociaux identiques. Le courant suicidogène varie de la même manière aux différents moments de l'année à Berlin, à Vienne, à Genève, à Paris, etc. On pressent dès lors tout ce qu'il a de réalité.]
[102: Bibliographie.—Lucas, De l'imitation contagieuse, Paris, 1833.—Despine, De la contagion morale, 1870. De l'imitation, 1871.—Moreau de Tours (Paul), De la contagion du suicide, Paris, 1875.—Aubry, Contagion du meurtre, Paris, 1888.—Tarde, Les lois de l'imitation (passim). Philosophie pénale, p. 319 et suiv. Paris, F. Alcan.—Corre, Crime et suicide, p. 207 et suiv.]
[103: Bordier, Vie des sociétés, Paris, 1887, p. 77.—Tarde, Philosophie pénale, p. 321.]
[104: Tarde, ibid., p. 319-320.]
[105: En attribuant ces images à un processus d'imitation, voudrait-on dire qu'elles sont de simples copies des états qu'elles expriment? Mais d'abord, ce serait une métaphore singulièrement grossière, empruntée à la vieille et inadmissible théorie des espèces sensibles. De plus, si l'on prend le mot d'imitation dans ce sens, il faut l'étendre à toutes nos sensations et à toutes nos idées indistinctement; car il n'en est pas dont on ne puisse dire, en vertu de la même métaphore, qu'elles reproduisent l'objet auquel elles se rapportent. Dès lors, toute la vie intellectuelle devient un produit de l'imitation.]
[106: Il peut se faire, sans doute, dans des cas particuliers, qu'une mode ou une tradition soit reproduite par pure singerie; mais alors elle n'est pas reproduite en tant que mode ou que tradition.]
[107: Il est vrai qu'on a parfois appelé imitation tout ce qui n'est pas invention originale. À ce compte, il est clair que presque tous les actes humains sont des faits d'imitation; car les inventions proprement dites sont bien rares. Mais, précisément parce que, alors, le mot d'imitation désigne à peu près tout, il ne désigne plus rien de déterminé. Une pareille terminologie ne peut être qu'une source de confusions.]
[108: Il est vrai qu'on a parlé d'une imitation logique (V. Tarde, Lois de l'imitation, 1re éd., p. 158); c'est celle qui consiste à reproduire un acte parce qu'il sert à une fin déterminée. Mais une telle imitation n'a manifestement rien de commun avec le penchant imitatif; les faits qui dérivent de l'une doivent donc être soigneusement distingués de ceux qui sont dus à l'autre. Ils ne s'expliquent pas du tout de la même manière. D'un autre côté, comme nous venons de le faire voir, l'imitation-mode, l'imitation-coutume sont aussi logiques que les autres, quoiqu'elles aient à certains égards leur logique spéciale.]
[109: Les faits imités à cause du prestige moral ou intellectuel du sujet, individuel ou collectif, qui sert de modèle, rentrent plutôt dans la seconde catégorie. Car cette imitation n'a rien d'automatique. Elle implique un raisonnement: on agit comme la personne à laquelle on a donné sa confiance, parce que la supériorité qu'on lui reconnaît garantit la convenance de ses actes. On a pour la suivre les raisons qu'on a pour la respecter. Aussi n'a-t-on rien fait pour expliquer de tels actes quand on a simplement dit qu'ils étaient imités. Ce qui importe, c'est de savoir les causes de la confiance ou du respect qui ont déterminé cette soumission.]
[110: Et encore, comme nous le verrons plus bas, l'imitation, à elle seule, n'est-elle une explication suffisante que bien rarement.]
[111: Car il faut bien se dire que nous ne savons que vaguement en quoi il consiste. Comment, au juste, se produisent les combinaisons d'où résulte l'état collectif, quels sont les éléments qui y entrent, comment se dégage l'état dominant, toutes ces questions sont beaucoup trop complexes pour pouvoir être résolues par la seule introspection. Toute sorte d'expériences et d'observations seraient nécessaires qui ne sont pas faites. Nous savons encore bien mal comment et d'après quelles lois même les états mentaux de l'individu isolé se combinent entre eux; à plus forte raison, sommes-nous loin de connaître le mécanisme des combinaisons beaucoup plus compliquées qui résultent de la vie en groupe. Nos explications ne sont trop souvent que des métaphores. Nous ne songeons donc pas à considérer ce que nous en avons dit plus haut comme une expression exacte du phénomène; nous nous sommes seulement proposé de faire voir qu'il y avait là tout autre chose que de l'imitation.]
[112: V. le détail des faits dans Legoyt, op. cit., p. 227 et suiv.]
[113: V. des faits semblables dans Ebrard, op. cit., p. 376.]
[114: III, 26.]
[115: Essais, II, 3.]
[116: On verra plus loin que, dans toute société, il y a de tout temps et normalement une disposition collective qui se traduit sous forme de suicides. Cette disposition diffère de ce que nous proposons d'appeler épidémie, en ce qu'elle est chronique, qu'elle constitue un élément normal du tempérament moral de la société. L'épidémie est, elle aussi, une disposition collective, mais qui éclate exceptionnellement, qui résulte de causes anormales et, le plus souvent, passagères.]
[117: V. planche II, ci-dessous.]
[118: Op. cit., p. 213.—D'après le même auteur, même les départements complets de Marne et de Seine-et-Marne auraient, en 1865-66, dépassé la Seine. La Marne aurait alors compté 1 suicide sur 2.791 habitants; la Seine-et-Marne, 1 sur 2.768; la Seine, 1 sur 2.822.]
[119: Bien entendu, il ne saurait être question d'une influence contagieuse. Ce sont trois chefs-lieux d'arrondissement, d'importance à peu près égale, et séparés par une multitude de communes dont les taux sont très différents. Tout ce que prouve, au contraire, ce rapprochement, c'est que les groupes sociaux de même dimension et placés dans des conditions d'existence suffisamment analogues, ont un même taux de suicides, sans qu'il soit pour cela nécessaire qu'ils agissent les uns sur les autres.]
[120: Op. cit., p. 193-194. La très petite commune qui tient la tête (Lesche) compte 1 suicide sur 630 habitants, soit 1.587 suicides pour un million, de quatre à cinq fois plus que Paris. Et ce ne sont pas là des cas particuliers à la Seine-et-Marne. Nous devons à l'obligeance du Dr Legoupils, de Trouville, des renseignements sur trois communes minuscules de l'arrondissement de Pont-l'Évêque, Villerville (978 h.), Cricquebœuf (150 h.) et Pennedepie (333 h.). Le taux des suicides calculé pour des périodes qui varient entre 14 et 25 ans, y est respectivement de 429, de 800 et de 1081 pour 1 million d'habitants.
Sans doute, il reste vrai, en général, que les grandes villes comptent plus de suicides que les petites ou que les campagnes. Mais la proposition n'est vraie qu'en gros et comporte bien des exceptions. Il y a, d'ailleurs, une manière de la concilier avec les faits qui précèdent et qui paraissent la contredire. Il suffit d'admettre que les grandes villes se forment et se développent sous l'influence des mêmes causes qui déterminent le développement du suicide, plus qu'elles ne contribuent à le déterminer elles-mêmes. Dans ces conditions, il est naturel qu'elles soient nombreuses dans les régions fécondes en suicides, mais sans qu'elles aient le monopole des morts volontaires; rares, au contraire, là où l'on se tue peu, sans que le petit nombre des suicides soit dû à leur absence. Ainsi leur taux moyen serait en général supérieur à celui des campagnes tout en pouvant lui être inférieur dans certains cas.]
[121: Voir planche III, ci-dessous.]
[122: Voir même planche et, pour le détail des chiffres par canton, liv. II, ch. V, tableau XXVI.]
[123: Traité des maladies mentales, p. 243.]
[124: De la contagion du suicide, p. 42.]
[125: V. notamment Aubry, Contagion du meurtre, 1re édit., p. 87.]
[126: Nous entendons par là l'individu, abstraction faite de tout ce que la confiance ou l'admiration collective peuvent lui ajouter de pouvoir. Il est clair, en effet, qu'un fonctionnaire ou un homme populaire, outre les forces individuelles qu'ils tiennent de la naissance, incarnent des forces sociales qu'ils doivent aux sentiments collectifs dont ils sont l'objet et qui leur permettent d'avoir une action sur la marche de la société. Mais ils n'ont cette influence qu'autant qu'ils sont autre chose que des individus.]
[127: V. Delage, La structure du protoplasme et les théories de l'hérédité, Paris, 1895, p. 813 et suiv.]
[128: 1 D'après Legoyt, p. 342.]
[129: D'après Oettingen, Moralstatistik, tables annexes, p. 110.]
[130: Op. cit., p. 358.]
[131: La population au-dessous de 15 ans a été défalquée.]
[132: Nous n'avons pas de renseignements sur l'influence des cultes en France. Voici pourtant ce que dit Leroy dans son étude sur la Seine-et-Marne: dans les communes de Quincy, Nanteuil-les-Meaux, Mareuil, les protestants donnent un suicide sur 310 habitants, les catholiques 1 sur 678 (op. cit., p. 203).]
[133: Handwoerterbuch der Staatswissenschaften, Supplément, t. I, p. 702.]
[134: Reste le cas de l'Angleterre, pays non catholique où l'on ne se tue pas beaucoup. Il sera expliqué plus bas.]
[135: La Bavière est encore la seule exception: les juifs s'y tuent deux fois plus que les catholiques. La situation du judaïsme dans ce pays a-t-elle quelque chose d'exceptionnel? Nous ne saurions le dire.]
[136: Legoyt, op. cit., p. 205; Oettingen, Moralstatistik, p. 654.]
[137: Il est vrai que la statistique des suicides anglais n'est pas d'une grande exactitude. À cause des pénalités attachées au suicide, beaucoup de cas sont portés comme morts accidentelles. Cependant, ces inexactitudes ne suffisent pas à expliquer l'écart si considérable entre ce pays et l'Allemagne.]
[138: Oettingen, Moralstatistik, p. 626.]
[139: Oettingen, Moralstatistik, p. 586.]
[140: Dans une de ces périodes (1877-78) la Bavière dépasse légèrement la Prusse; mais le fait ne se produit que cette seule fois.]
[141: Oettingen, ibid., p. 582.]
[142: Morselli, op. cit., p. 223.]
[143: D'ailleurs, on verra plus loin, que renseignement secondaire et supérieur sont également plus développés chez les protestants que chez les catholiques.]
[144: Les chiffres relatifs aux époux lettrés sont empruntés à Oettingen, Moralstatistik, annexes, tableau 85; ils se rapportent aux années 1872-78, les suicides à la période 1864-76.]
[145: V. Annuaire statistique de la France, 1892-94, p. 50 et 51.]
[146: Oettingen, Moralstatistik, p. 586.]
[147: Compte général de la justice criminelle de 1882, p. CXV.]
[148: V. Prinzing, op. cit., p. 28-31.—Il est curieux qu'en Prusse la presse et les arts donnent un chiffre assez ordinaire (279 suicides).]
[149: Oettingen, Moralstatistik, annexes, tableau 83.]
[150: Morselli, p. 223.]
[151: Oettingen, ibid., p. 577.]
[152: À l'exception de l'Espagne. Mais, outre que l'exactitude de la statistique espagnole nous laisse sceptique, l'Espagne n'est pas comparable aux grandes nations de l'Europe centrale et septentrionale.]
[153: Baly et Boudin. Nous citons d'après Morselli, p. 225.]
[154: D'après Alwin Petersilie, Zur Statistik der höheren Lehranstalten in Preussen. In Zeitschr. d. preus. stät. Bureau, 1877, p. 109 et suiv.]
[155: Zeitschr. d. pr. stat. Bureau, 1889, p. XX.]
[156: Voici, en effet, de quelle manière très inégale les protestants fréquentent les établissements d'enseignement secondaire dans les différentes provinces de Prusse:
/* +—————+————————————————+—————-+——————+ | | RAPPORT DE LA POPULATION | RAPPORT | DIFFÉRENCE | | | protestante | moyen des | entre le | | | à la population totale | élèves | deuxième | | | |protestants| rapport et | | | | au total | le premier | | | |des élèves | | +—————+————————————————+—————-+——————+ |1er groupe| De 98,7 à 87,2 %—Moyenne 94,6 | 90,8 | - 3,8 | +—————+————————————————+—————-+——————+ |2e —— | De 80 à 50 % — —- 70,3. | 75,3 | + 5 | +—————+————————————————+—————-+——————+ |3e —— | De 50 à 40 % — —- 46,4. | 56,0 | + 10,4 | +—————+————————————————+—————-+——————+ |4e —— | Au-dessous. — —- 29,2. | 61,0 | + 31,8 | +—————+————————————————+—————-+——————+ */
Ainsi, là où le protestantisme est en grande majorité, sa population scolaire n'est pas en rapport avec sa population générale. Dès que la minorité catholique s'accroît, la différence entre les deux populations, de négative, devient positive et cette différence positive devient plus grande à mesure que les protestants deviennent moins nombreux. Le culte catholique, lui aussi, montre plus de curiosité intellectuelle là où il est en minorité (V. Oettingen, Moralstatistik, p. 650).]
[157: La seule prescription pénale que nous connaissions est celle dont nous parle Flavius Josèphe, dans son Histoire de la guerre des Juifs contre les Romains (III, 25), et il y est simplement dit que «les corps de ceux qui se donnent volontairement la mort demeurent sans sépulture jusqu'après le coucher du soleil, quoiqu'il soit permis d'enterrer auparavant ceux qui ont été tués à la guerre». On peut même se demander si c'est là une mesure pénale.]
[158: V. Wagner, Die Gesetzmässigkeit, etc., p. 177.]
[159: V. article Mariage, in Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, 2e série. V. p. 50 et suiv.—Cf., sur cette question, J. Bertillon fils, Les célibataires, les veufs et les divorcés au point de vue du mariage, in Revue scientifique, février 1879.—Du même, un article dans le Bulletin de la société d'anthropologie, 1880, p. 280 et suiv.—Durkheim, Suicide et natalité, in Revue philosophique, novembre 1888.]
[160: Nous supposons que l'âge moyen des groupes est le même qu'en France. L'erreur qui peut résulter de cette supposition est très légère.]
[161: À condition de considérer les deux sexes réunis. On verra plus tard l'importance de cette remarque (livre II, ch. V, § 3).]
[162: V. Bertillon, art., Mariage, in Dict. Encycl., 2e série. V. p. 52.—Morselli, p. 348.—Corre, Crime et suicide, p. 472.]
[163: Et pourtant le travail à faire pour réunir ces informations, considérable quand il est entrepris par un particulier, pourrait être effectué sans grande peine par les bureaux officiels de statistique. On nous donne toute sorte de renseignements sans intérêt et on nous tait le seul qui nous permettrait d'apprécier, comme on le verra plus loin, l'état où se trouve la famille dans les différentes sociétés d'Europe.]
[164: Il y a bien aussi une statistique suédoise, reproduite dans le Bulletin de démographie internationale, année 1878, p. 195, qui donne les mêmes renseignements. Mais elle est inutilisable. D'abord, les veufs y sont confondus avec les célibataires, ce qui rend la comparaison peu significative, car des conditions aussi différentes demandent à être distinguées. Mais de plus, nous la croyons erronée. Voici en effet quels chiffres on y trouve:
/* +——————————————————————————————————+ | Suicides pour 100.000 habitants de chaque sexe, | | du même état civil et du même âge. | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ | |16 à |26 à |36 à |46 à |56 à |66 à | AU delà | | |25 ans|35 ans|45 ans|55 ans|65 ans|75 ans| | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ | | HOMMES | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ |Mariés |10,51 |10,58 |18,77 |24,08 | 26,29| 20,76| 9,48 | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ |Non-mariés | 5,69 |25,73 |66,95 |90,72 |150,08|229,27| 333,35 | |(veufs et | | | | | | | | |célibataires)| | | | | | | | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ | | FEMMES | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ |Mariées | 2,63 | 2,76 | 4,15 | 5,55 | 7,09| 4,67| 7,64 | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ |Non-mariées | 2,99 | 6,14 |13,23 |17,05 | 25,98| 51,93| 34,69 | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ | Combien les non-mariés se tuent-ils de fois plus que les mariés | | du même sexe et du même âge? | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ |Hommes | 0,5 | 2,4 | 3,5 | 3,7 | 5,7 | 11 | 37 | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ |Femmes | 1,13 | 2,22 | 3,18 | 3,04 | 3,66| 11,12| 4,5 | +——————-+———+———+———+———+———+———+——————+ */
Ces résultats nous ont, dès le premier abord, paru suspects en ce qui concerne l'énorme degré de préservation dont jouiraient les mariés des âges avancés, tant ils s'écartent de tous les faits que nous connaissons. Pour procéder à une vérification que nous jugions indispensable, nous avons recherché les nombres absolus de suicides commis par chaque groupe d'âge dans le même pays et pendant la même période. Ce sont les suivants pour le sexe masculin:
/* +——————————-+——-+——-+——-+——-+——-+——-+—————+ | |16-25|26-35|36-45|46-55|56-65|66-75|AU-DESSUS.| | |ans. |ans. |ans. |ans. |ans. |ans. | | +——————————-+——-+——-+——-+——-+——-+——-+—————+ |Mariés. | 16 | 220 | 567 | 640 | 383 | 140 | 15 | +——————————-+——-+——-+——-+——-+——-+——-+—————+ |Non-mariés. | 283 | 519 | 410 | 269 | 217 | 156 | 56 | +——————————-+——-+——-+——-+——-+——-+——-+—————+ */
En rapprochant ces chiffres des nombres proportionnels donnés ci-dessus on peut se convaincre qu'une erreur a été commise. En effet, de 66 à 75 ans, les mariés et les non-mariés donnent presque le même nombre absolu de suicides, alors que, par 100.000 habitants, les premiers se tueraient 11 fois moins que les seconds. Pour cela, il faudrait qu'à cet âge il y eût environ 10 fois (exactement 9,2 fois) plus d'époux que de non-mariés, c'est-à-dire que de veufs et célibataires réunis. Pour la même raison, au-dessus de 75 ans, la population mariée devrait être exactement 10 fois plus considérable que l'autre. Or cela est impossible. À ces âges avancés, les veufs sont très nombreux et, joints aux célibataires, ils sont ou égaux ou même supérieurs en nombre aux époux. On pressent par là quelle erreur a probablement été commise. On a dû additionner ensemble les suicides des célibataires et des veufs et ne diviser le total ainsi obtenu que par le chiffre représentant la population célibataire seule, tandis que les suicides des époux ont été divisés par un chiffre représentant la population veuve et la population mariée réunies. Ce qui tend à faire croire qu'on a dû procéder ainsi, c'est que le degré de préservation dont jouiraient les époux n'est extraordinaire que vers les âges avancés, c'est-à-dire quand le nombre des veufs devient assez important pour fausser gravement les résultats du calcul. Et l'invraisemblance est à son maximum après 75 ans, c'est-à-dire quand les veufs sont très nombreux.]
[165: Les chiffres se rapportent donc, non à l'année moyenne, mais au total des suicides commis pendant ces quinze années.]
[166: V. plus haut liv. II, ch. III, p. I.—On pourrait croire, il est vrai, que cette situation défavorable des époux de 15 à 20 ans vient de ce que leur âge moyen est supérieur à celui des célibataires de la même période. Mais ce qui prouve qu'il y a réelle aggravation, c'est que le taux des époux de l'âge suivant (20 à 25 ans) est cinq fois moindre.]
[167: V. Bertillon, art. Mariage, p. 43 et suiv.]
[168: Il n'y a qu'une exception; ce sont les femmes de 70 à 80 ans dont le coefficient descend légèrement au-dessous de l'unité. Ce qui détermine ce fléchissement, c'est l'action du département de la Seine. Dans les autres départements (V. Tableau XXII, ci-dessous) le coefficient des femmes de cet âge est supérieur à l'unité; cependant, il est à remarquer que, même en province, il est inférieur à celui des autres âges.]
[169: Paris, 1888, p. 436.]
[170: J. Bertillon fils, article cité de la Revue scientifique.]
[171: Pour rejeter l'hypothèse d'après laquelle la situation privilégiée des mariés serait due à la sélection matrimoniale, on a quelquefois allégué la prétendue aggravation qui résulterait du veuvage. Mais nous venons de voir que cette aggravation n'existe pas par rapport aux célibataires. Les veufs se tuent plutôt moins que les individus non mariés. L'argument ne porte donc pas.]
[172: Ces chiffres se rapportent à la France et au dénombrement de 1891.]
[173: Nous faisons cette réserve parce que ce coefficient de 2,39 se rapporte à la période de 15 à 20 ans et que, comme les suicides d'épouses sont très rares à cet âge, le petit nombre de cas qui a servi de base au calcul en rend l'exactitude un peu douteuse.]
[174: Le plus souvent, quand on compare ainsi la situation respective des sexes dans deux conditions d'état civil différentes, on ne prend pas soin d'éliminer l'influence de l'âge; mais on obtient alors des résultats inexacts. Ainsi, d'après la méthode ordinaire, on trouverait qu'en 1887-91 il y a eu 21 suicides de femmes mariées pour 79 d'époux et 19 suicides de filles sur 100 suicides de célibataires de tout âge. Ces chiffres donneraient une idée fausse de la situation. Le tableau ci-dessus montre que la différence entre la part de l'épouse et celle de la fille est, à tout âge, beaucoup plus grande. La raison en est que l'écart entre les sexes varie avec l'âge dans les deux conditions. Entre 70 et 80 ans il est environ le double de ce qu'il était à 20 ans. Or, la population célibataire est presque tout entière composée de sujets au-dessous de 30 ans. Si donc on ne tient pas compte de l'âge, l'écart que l'on obtient est, en réalité, celui qui sépare garçons et filles vers la trentaine. Mais alors, en le comparant à celui qui sépare les époux sans distinction d'âge, comme ces derniers sont en moyenne âgés de 50 ans, c'est par rapport aux époux de cet âge que se fait la comparaison. Celle-ci se trouve ainsi faussée, et l'erreur est encore aggravée par ce fait que la distance entre les sexes ne varie pas de la même manière dans les deux groupes sous l'action de l'âge. Elle croît plus chez les célibataires que chez les gens mariés.]
[175: De même, on peut voir au tableau précédent que la part proportionnelle des épouses aux suicides des gens mariés dépasse de plus en plus la part des filles aux suicides des célibataires, à mesure qu'on avance en âge.]
[176: Legoyt (op. cit., p. 175) et Corre (Crime et suicide, p. 475) ont, cependant, cru pouvoir établir un rapport entre le mouvement des suicides et celui de la nuptialité. Mais leur erreur vient d'abord de ce qu'ils n'ont considéré qu'une trop courte période, puis de ce qu'ils ont comparé les années les plus récentes à une année anormale, 1872, où la nuptialité française a atteint un chiffre exceptionnel, inconnu depuis 1813, parce qu'il était nécessaire de combler les vides causés par la guerre de 1870 dans les cadres de la population mariée; ce n'est pas par rapport à un pareil point de repère qu'on peut mesurer les mouvements de la nuptialité. La même observation s'applique à l'Allemagne et même à, presque tous les pays d'Europe. Il semble qu'à cette époque la nuptialité ait subi comme un coup de fouet. Nous notons une hausse importante et brusque, qui se continue parfois jusqu'en 1873, en Italie, en Suisse, en Belgique, en Angleterre, en Hollande. On dirait que toute l'Europe a été mise à contribution pour réparer les pertes des deux pays éprouvés par la guerre. Il en est résulté naturellement au bout d'un temps une baisse énorme qui n'a pas la signification qu'on lui donne (V. Oettingen, Moralstatistik, annexes, tableaux 1, 2 et 3).]
[177: D'après Levasseur, Population française, t. II, p. 208.]
[178: D'après le recensement de 1886, p. 123 du Dénombrement.]
[179: V. Annuaire statistique de la France, 15e vol., p. 43.]
[180: Pour la même raison, l'âge des époux avec enfants est supérieur à celui des époux en général et, par conséquent, le coefficient de préservation 2,9 doit être plutôt regardé comme au-dessous de la réalité.]
[181: Un écart analogue se retrouve entre le coefficient des époux sans enfants et celui des épouses sans enfants; il est toutefois beaucoup plus considérable. Le second (0,67) est inférieur au premier (1,5) de 66 %. La présence des enfants fait donc regagner à la femme la moitié du terrain qu'elle perd en se mariant. C'est dire que, si elle bénéficie moins que l'homme du mariage, elle profite, au contraire, plus que lui de la famille, c'est-à-dire des enfants. Elle est plus sensible que lui à leur heureuse influence.]
[182: Article Mariage, Dict. Encycl., 2e série, t. V, p. 36.]
[183: Op. cit., p. 342.]
[184: V. Bertillon, Les célibataires, les veufs, etc., Rev. scient., 1879.]
[185: Morselli invoque également à l'appui de sa thèse qu'au lendemain des guerres les suicides de veuves subissent une hausse beaucoup plus considérable que ceux de filles ou d'épouses. Mais c'est tout simplement qu'à ce moment la population des veuves s'accroît dans des proportions exceptionnelles; il est donc naturel qu'elle produise plus de suicides et que cette élévation persiste jusqu'à ce que l'équilibre se soit rétabli et que les différentes catégories d'état civil soient revenues à leur niveau normal.]
[186: Quand il y a des enfants, la baisse que subissent les deux sexes par le fait du veuvage est presque la même. Le coefficient des maris avec enfants est de 2,9; il devient de 1,6. Celui des femmes, dans les mêmes conditions, passe de 1,89 à 1,06. La diminution est de 45 % pour les premiers, de 44 % pour les secondes. C'est que, comme nous l'avons déjà dit, le veuvage produit deux sortes d'effets; il trouble: 1° la société conjugale, 2° la société familiale. Le premier trouble est beaucoup moins senti par la femme que par l'homme, précisément parce qu'elle profite moins du mariage. Mais, en revanche, le second l'est davantage; car il lui est souvent plus difficile de se substituer à l'époux dans la direction de la famille qu'à lui de la remplacer dans ses fonctions domestiques. Quand donc il y a des enfants, il se produit une sorte de compensation qui fait que la tendance au suicide des deux sexes varie, par l'effet du veuvage, dans les mêmes proportions. Ainsi c'est surtout quand il n'y a pas d'enfants, que la femme veuve regagne une part du terrain qu'elle avait perdu à l'état de mariage.]
[187: On peut voir sur le tableau XXII qu'à Paris, comme en province, le coefficient des époux au-dessous de 20 ans est au-dessous de l'unité; c'est-à-dire qu'il y a pour eux aggravation. C'est une confirmation de la loi précédemment énoncée.]
[188: On voit que, quand le sexe féminin est le plus favorisé par le mariage, la disproportion entre les sexes est bien moindre que quand c'est l'époux qui a l'avantage; nouvelle confirmation d'une remarque faite plus haut.]
[189: M. Bertillon (article cité de la Revue scientifique), avait déjà donné le taux des suicides pour les différentes catégories d'état civil, suivant qu'il y avait des enfants ou non. Voici les résultats qu'il a trouvés:
/* +——————————————————————————————————+ |Époux avec enf.| 205 suicides par million| Veufs avec enf.| 526| | —- sans enf.| 478 —- —- | — sans enf.| 1.004| |Épouses avec enf.| 45 —- —- | Veuves avec enf.| 104| | —- sans enf.| 158 —- —- | — sans enf.| 238| +——————————————————————————————————+ */
Ces chiffres se rapportent aux années 1861-68. Étant donné l'accroissement général des suicides, ils confirment ceux que nous avons trouvés. Mais comme l'absence d'un tableau analogue à notre tableau XXI ne permettait pas de comparer époux et veufs aux célibataires du même âge, on n'en pouvait tirer aucune conclusion précise relativement aux coefficients de préservation. Nous nous demandons d'autre part s'ils se réfèrent au pays tout entier. On nous assure, en effet, au bureau de la statistique de France, que la distinction entre époux sans enfants et époux avec enfants n'a jamais été faite avant 1886 dans les dénombrements, sauf en 1855 pour les départements, moins la Seine.]
[190: V. livre II, chap. V, § 3.]
[191: V. Dénombrement de 1886, p. 106.]
[192: Nous venons d'employer le mot de densité dans un sens un peu différent de celui que nous lui donnons d'ordinaire en sociologie. Généralement, nous définissons la densité d'un groupe en fonction, non du nombre absolu des individus associés (c'est plutôt ce que nous appelons le volume), mais du nombre des individus qui, à volume égal, sont effectivement en relations (V. Règles de la Méth. sociol., p, 139). Mais dans le cas de la famille, la distinction entre le volume et la densité est sans intérêt, parce que, à cause des petites dimensions du groupe, tous les individus associés sont en relations effectives.]
[193: Ne pas confondre les sociétés jeunes, appelées à un développement, avec les sociétés inférieures; dans ces dernières, au contraire, les suicides sont très fréquents, comme on le verra au chapitre suivant.]
[194: Voici ce qu'écrivait Helvétius en 1781: «Le désordre des finances et le changement de la constitution de l'État répandirent une consternation générale. De nombreux suicides dans la capitale en sont la triste preuve». Nous citons d'après Legoyt, p. 30. Mercier, dans son Tableau de Paris (1782), dit qu'en 25 ans le nombre des suicides a triplé à Paris.]
[195: D'après Legoyt, p. 252.]
[196: D'après Masaryck, Der Selbstmord, p. 137.]
[197: En effet, en 1889-91, le taux annuel, à cet âge, était seulement de 396; le taux semestriel de 200 environ. Or, de 1870 à 1890, le nombre des suicides à chaque âge a doublé.]
[198: Et encore n'est-il pas bien sûr que cette diminution de 1872 ait eu pour cause les événements de 1870. En effet, en dehors de la Prusse, la dépression des suicides ne s'est guère fait sentir au delà de la période même de la guerre. En Saxe, la baisse de 1870, qui n'est, d'ailleurs, que de 8 %, ne s'accentue pas en 1871 et cesse en 1872 presque complètement. Dans le duché de Bade la diminution est limitée à 1870; 1871, avec 244 cas, dépasse 1869 de 10 %. Il semble donc que la Prusse ait été seule atteinte d'une sorte d'euphorie collective au lendemain de la victoire. Les autres États furent moins sensibles au gain de gloire et de puissance qui résulta de la guerre et, une fois la grande angoisse nationale passée, les passions sociales rentrèrent dans le repos.]
[199: V. plus haut, liv. II ch. II, p. IV.]
[200: Nous ne parlons pas du prolongement idéal d'existence qu'apporte avec elle la croyance à l'immortalité de l'âme, car 1° ce n'est pas là ce qui peut expliquer pourquoi la famille ou l'attachement à la société politique nous préservent du suicide; 2° ce n'est même pas cette croyance qui fait l'influence prophylactique de la religion; nous l'avons montré plus haut.]
[201: Et voilà pourquoi il est injuste d'accuser ces théoriciens de la tristesse de généraliser des impressions personnelles. Ils sont l'écho d'un état général.]
[202: Bibliographie.—Steinmetz, Suicide among primitive Peoples, in American Anthropologist, janvier 1894.—Waitz, Anthropologie der Naturvoelker, passim.—Suicides dans les Armées, in Journal de la société de statistique, 1874, p. 250.—Millar, Statistic of military suicide, in Journal of the statistical society, Londres, juin 1874.—Mesnier, Du suicide dans l'Armée, Paris 1881.—Bournet, Criminalité en France et en Italie, p. 83 et suiv.—Roth, Die Selbstmorde in der K. u. K. Armee, in den Jahren 1873-80, in Statistische Monatschrift, 1892.—Rosenfeld, Die Selbstmorde in der Preussischen Armee, in Militarwochenblatt, 1894, 3es Beiheft.—Du même, Der Selbstmord in der K. u. K. oesterreischischen Heere, in Deutsche Worte, 1893.—Antony, Suicide dans l'armée allemande, in Arch. de med. et de phar. militaire, Paris, 1895.]
[203: Oettingen, Moralstatistik, p. 762.]
[204: Cité d'après Brierre de Boismont, p. 23.]
[205: Punica, I, 225 et suiv.]
[206: Vie d'Alexandre, CXIII.]
[207: VIII, 9.]
[208: V. Wyatt Gill, Myths and songs of the South Pacific, p. 163.]
[209: Frazer, Golden Bough, t. I, p. 216 et suiv.]
[210: Strabon, § 486.—Elien, V. H. 337.]
[211: Diodore de Sicile, III, 33, §§ 5 et 6.]
[212: Pomponius Mela; III, 7.]
[213: Histoire de France, I, 81. Cf. César, De Bello Gallico, VI, 19.]
[214: V. Spencer, Sociologie, t. II, p. 146.]
[215: V. Jarves, History of the Sandwich Islands, 1843, p. 108.]
[216: Il est probable qu'il y a aussi au fond de ces pratiques la préoccupation d'empêcher l'esprit du mort de revenir sur la terre chercher les choses et les êtres qui lui tiennent de près. Mais cette préoccupation même implique que serviteurs et clients sont étroitement subordonnés au maître, qu'ils en sont inséparables et que, de plus, pour éviter les malheurs qui résulteraient de la persistance de l'Esprit sur cette terre, ils doivent se sacrifier dans l'intérêt commun.]
[217: V. Frazer, Golden Bough loc. cit. et passim.]
[218: V. Division du travail social, passim.]
[219: César, Guerre des Gaules, VI, 14.—Valère-Maxime, VI, 11 et 12.—Pline, Hist. nat., IV, 12.]
[220: Posidonius, XXIII, ap. Athen. Deipno, IV, 154.]
[221: Elien, XII, 23.]
[222: Waitz, Anthropologie der Naturvoelker, t. VI, p. 115.]
[223: Ibid., t. III, 1e Hælfte, p. 102.]
[224: Mary Eastman, Dacotah, p. 89, 169.—Lombroso, L'Uomo delinquente, 1884, p. 51.]
[225: Lisle, op. cit., p. 333.]
[226: Lois de Manou, VI, 32 (trad. Loiseleur).]
[227: Barth, The religions of India, Londres, 1891, p. 146.]
[228: Bühler, Uber die Indische Secte der Jaïna, Vienne, 1887, p. 10, 19 et 37.]
[229: Barth, op. cit., p. 279.]
[230: Heber, Narrative of a Journey through the Upper Provinces of India, 1824-25, ch. XII.]
[231: Forsyth, The Highlands of Central India, Londres, 1871, p. 172-175.]
[232: V, Burnell, Glossary, 1886, au mot, Jagarnnath. La pratique a à peu près disparu; cependant, on en a encore observé de nos jours des cas isolés. V. Stirling, Asiat. Resch., t. XV, p. 324.]
[233: Histoire du Japon, t. II.]
[234: On a appelé acedia l'état moral qui déterminait ces suicides. V. Bourquelot, Recherches sur les opinions et la législation en matière de mort volontaire pendant le moyen âge.]
[235: Il est vraisemblable que les suicides si fréquents chez les hommes de la Révolution étaient dus, au moins en partie, à un état d'esprit altruiste. En ces temps de luttes intérieures, d'enthousiasme collectif, la personnalité individuelle avait perdu de sa valeur. Les intérêts de la patrie ou du parti primaient tout. La multiplicité des exécutions capitales provient, sans doute, de la même cause. On tuait aussi facilement qu'on se tuait.]
[236: Les chiffres relatifs aux suicides militaires sont empruntés soit aux documents officiels, soit à Wagner (op. cit., p. 229 et suiv.); les chiffres relatifs aux suicides civils, aux documents officiels, aux indications de Wagner ou à Morselli. Pour les États-Unis, nous avons supposé que l'âge moyen, à l'armée, était, comme en Europe, de 20 à 30 ans.]
[237: Preuve nouvelle de l'inefficacité du facteur organique en général et de la sélection matrimoniale en particulier.]
[238: Pendant les années 1867-74 le taux des suicides est d'environ 140; en 1889-91, il est de 210 à 220, soit une augmentation de près de 60 %. Si le taux des célibataires a crû dans la même mesure, et il n'y a pas de raison pour qu'il en soit autrement, il n'aurait été pendant la première de ces périodes que de 319, ce qui élèverait à 3,11 le coefficient d'aggravation des sous-officiers. Si nous ne parlons pas des sous-officiers après 1874, c'est que, à partir de ce moment, il y eut de moins en moins de sous-officiers de carrière.]
[239: V. l'article de Roth, dans la Stat. Monatschrift, 1892, p. 200.]
[240: Pour la Prusse et l'Autriche, nous n'avons pas l'effectif par année de service, c'est ce qui nous empêche d'établir les nombres proportionnels. En France, on a prétendu que si, au lendemain de la guerre, les suicides militaires avaient diminué, c'était parce que le service était devenu moins long. (5 ans au lieu de 7). Mais cette diminution ne s'est pas maintenue et, à partir de 1882, les chiffres se sont sensiblement relevés. De 1882 à 1889, ils sont revenus à ce qu'ils étaient avant la guerre, oscillant entre 322 et 424 par million, et cela, quoique le service ait subi une nouvelle réduction, 3 ans au lieu de 5.]
[241: On peut se demander si l'énormité du coefficient d'aggravation militaire en Autriche ne vient pas de ce que les suicides de l'armée sont plus exactement recensés que ceux de la population civile.]
[242: On remarquera que l'état d'altruisme est inhérent à la région. Le corps d'armée de Bretagne n'est pas composé exclusivement de Bretons, mais il subit l'influence de l'état moral ambiant.]
[243: Parce que les gendarmes et les gardes municipaux sont souvent maries.]
[244: Ce relèvement est trop important pour être accidentel. Si l'on remarque qu'il s'est produit exactement au moment où commençait la période des entreprises coloniales, on est fondé à se demander si les guerres auxquelles elles ont donné lieu n'ont pas déterminé un réveil de l'esprit militaire.]
[245: Nous ne voulons pas dire que les individus souffraient de cette compression et se tuaient parce qu'ils en souffraient. Ils se tuaient davantage parce qu'ils étaient moins individualisés.]
[246: Ce qui ne veut pas dire qu'elle doive, dès à présent, disparaître. Ces survivances ont leurs raisons d'être et il est naturel qu'une partie du passé subsiste au sein du présent. La vie est faite de ces contradictions.]
[247: V. Starck, Verbrechen und Vergehen in Preussen, Berlin, 1884, p. 55.]
[248: Die Gesetzmüssigkeit in Gesellchaftsleben, p. 345.]
[249: V. Fornasari di Verce, La criminalita e le vicende economiche d'Italia, Turin, 1894, p. 77-83.]
[250: Ibid., p. 108-117.]
[251: Ibid., p. 86-104.]
[252: L'accroissement est moindre dans la période 1885-90 par suite d'une crise financière.]
[253: Pour prouver que l'amélioration du bien-être diminue les suicides, on a essayé parfois d'établir que, quand l'émigration, cette soupape de sûreté de la misère, est largement pratiquée, les suicides baissent (V. Legoyt, p. 257-259). Mais les cas où, au lieu d'une inversion, on constate un parallélisme entre ces deux phénomènes, sont nombreux. En Italie, de 1876 à 1890, le nombre des émigrants est passé de 76 pour 100.000 habitants à 335, chiffre qui a même été dépassé de 1887 à 1889. En même temps les suicides n'ont cessé de croître.]
[254: Cette réprobation est, actuellement, toute morale et ne paraît guère susceptible d'être sanctionnée juridiquement. Nous ne pensons pas qu'un rétablissement quelconque de lois somptuaires soit désirable ou simplement possible.]
[255: Quand la statistique distingue plusieurs sortes de carrières libérales, nous indiquons, comme point de repère celle où le taux des suicides est le plus élevé.]
[256: De 1826 à 1880, les fonctions économiques paraissent moins éprouvées (V. Compte-rendu de 1880); mais la statistique des professions était-elle bien exacte?]
[257: Ce chiffre n'est atteint que par les gens de lettres.]
[258: Voir plus haut, liv. II, ch. III, p. II.]
[259: V. plus haut, liv. II, chap. III, p. III.]
[260: Nous prenons cette période éloignée parce que le divorce n'existait pas du tout alors. La loi de 1884 qui l'a rétabli ne paraît pas d'ailleurs avoir produit jusqu'à présent d'effets sensibles sur les suicides d'époux; leur coefficient de préservation n'avait pas sensiblement varié en 1888-92; une institution ne produit pas ses effets en si peu de temps.]
[261: Pour la Saxe, nous n'avons que les nombres relatifs ci-dessus, empruntés à Oettingen; ils suffisent à notre objet. On trouvera dans Legoyt (p. 171) d'autres documents qui prouvent également que, en Saxe, les époux ont un taux plus élevé que les célibataires. Legoyt lui-même en fait la remarque avec surprise.]
[262: Si nous ne comparons à ce point de vue que ces quelques pays, c'est que, pour les autres, les statistiques confondent les suicides d'époux avec ceux des épouses et on verra plus bas combien il est nécessaire de les distinguer.
Maie il ne faudrait pas conclure de ce tableau qu'en Prusse, à Bade et en Saxe, les époux se tuent réellement plus que les garçons. Il ne faut pas perdre de vue que ces coefficients ont été établis indépendamment de l'âge et de son influence sur le suicide. Or, comme les hommes de 25 à 30 ans, âge moyen des garçons, se tuent deux fois moins environ que les hommes de 40 à 45 ans, âge moyen des époux, ceux-ci jouissent d'une immunité même dans les pays où le divorce est fréquent; mais elle y est plus faible qu'ailleurs. Pour qu'on pût dire qu'elle y est nulle, il faudrait que le taux des mariés, abstraction faite de l'âge, fût deux fois plus fort que celui des célibataires; ce qui n'est pas le cas. Cette omission n'atteint, d'ailleurs, en rien la conclusion à laquelle nous sommes arrivés. Car l'âge moyen des époux varie peu d'un pays à l'autre, de deux ou trois ans seulement, et, d'un autre côté, la loi selon laquelle l'âge agit sur le suicide est partout la même. Par conséquent, en négligeant l'action de ce facteur, nous avons bien diminué la valeur absolue des coefficients de préservation, mais, comme nous les avons partout diminués selon la même proportion, nous n'avons pas altéré leur valeur relative qui, seule, nous importe. Car nous ne cherchons pas à estimer en valeur absolue l'immunité des époux dans chaque pays, mais à classer les différents pays au point de vue de cette immunité. Quant aux raisons qui nous ont déterminés à cette simplification, c'est d'abord pour ne pas compliquer le problème inutilement, mais c'est aussi parce que nous n'avons pas dans tous les cas les éléments nécessaires pour calculer exactement l'action de l'âge.]
[263: Les périodes sont les mêmes qu'au tableau XXVII.]
[264: Nous avons dû classer ces provinces d'après le nombre des divorcés recensés, n'ayant pas trouvé le nombre des divorces annuels.]
[265: Levasseur, Population française, t. II, p. 92. Cf. Bertillon, Annales de Dem. Inter., 1880, p. 460.—En Saxe, les demandes intentées par les hommes sont presque aussi nombreuses que celles qui émanent des femmes.]
[266: Bertillon, Annales, etc., 1882, p. 275 et suiv.]
[267: V. Rolla et dans Namouna le portrait de Don Juan.]
[268: V. le monologue de Faust dans la pièce de Goethe.]
[269: Mais, dira-t-on, est-ce que, là où le divorce ne tempère pas le mariage, l'obligation étroitement monogamique ne risque pas d'entraîner le dégoût? Oui, sans doute, ce résultat se produira nécessairement, si le caractère moral de l'obligation n'est plus senti. Ce qui importe, en effet, ce n'est pas seulement que la réglementation existe, mais qu'elle soit acceptée par les consciences. Autrement, si elle n'a plus d'autorité morale et ne se maintient plus que par la force d'inertie, elle ne peut plus jouer de rôle utile. Elle gêne sans beaucoup servir.]
[270: Puisque, là où l'immunité de l'époux est moindre, celle de la femme est plus élevée, on se demandera peut-être comment il ne s'établit pas de compensation. Mais c'est que la part de la femme étant très faible dans le nombre total des suicides, la diminution des suicides féminins n'est pas sensible dans l'ensemble et ne compense pas l'augmentation des suicides masculins. Voilà pourquoi le divorce est accompagné finalement d'une élévation du chiffre général des suicides.]
[271: Op. cit., p. 171.]
[272: V. plus haut, liv. II, ch. III, p. II.]
[273: Il est même probable que le mariage, à lui seul, ne commence à produire des effets prophylactiques que plus tard, après trente ans. En effet, jusque-là, les mariés sans enfants donnent annuellement, en chiffres absolus, autant de suicides que les mariés avec enfants, à savoir 6,6 de 20 à 25 ans pour les uns et les autres, 33 d'un côté et 34 de l'autre de 25 à 30 ans. Il est clair cependant que les ménages féconds sont, même à cette période, beaucoup plus nombreux que les ménages stériles. La tendance au suicide de ces derniers doit donc être plusieurs fois plus forte que celle des époux avec enfants; par conséquent, elle doit être très voisine, comme intensité, de celle des célibataires. Nous ne pouvons malheureusement faire sur ce point que des hypothèses; car comme le dénombrement ne donne pas pour chaque âge la population des époux sans enfants, distinguée des époux avec enfants, il nous est impossible de calculer séparément le taux des uns et celui des autres pour chaque période de la vie. Nous ne pouvons que donner les chiffres absolus, tels que nous les avons relevés au Ministère de la Justice pour les années 1889-91. Nous les reproduisons en un tableau spécial qu'on trouvera à la fin de l'ouvrage. Cette lacune du recensement est des plus regrettables.]
[274: V. plus haut liv. II, ch. III, p. I et III.]
[275: On voit par les considérations qui précèdent qu'il existe un type de suicide qui s'oppose au suicide anomique, comme le suicide égoïste et le suicide altruiste s'opposent entre eux. C'est celui qui résulte d'un excès de réglementation; celui que commettent les sujets dont l'avenir est impitoyablement muré, dont les passions sont violemment comprimées par une discipline oppressive. C'est le suicide des époux trop jeunes, de la femme mariée sans enfant. Pour être complet, nous devrions donc constituer un quatrième type de suicide. Mais il est de si peu d'importance aujourd'hui et, en dehors des cas que nous venons de citer, il est si difficile d'en trouver des exemples, qu'il nous paraît inutile de nous y arrêter. Cependant, il pourrait se faire qu'il eût un intérêt historique. N'est-ce pas à ce type que se rattachent les suicides d'esclaves que l'on dit être fréquents dans de certaines conditions (V. Corre, Le crime en pays créoles, p. 48), tous ceux, en un mot, qui peuvent être attribués aux intempérances du despotisme matériel ou moral? Pour rendre sensible ce caractère inéluctable et inflexible de la règle sur laquelle on ne peut rien, et par opposition à cette expression d'anomie que nous venons d'employer, on pourrait l'appeler le suicide fataliste.]
[276: Raphaël, Édit. Hachette, p. 6.]
[277: Hypochondrie et suicide, p. 316.]
[278: Brierre de Boismont, Du suicide, p. 198.]
[279: Ibid., p. 194.]
[280: On trouvera des exemples dans Brierre de Boismont, p. 494 et 506.]
[281: Leroy, op. cit., p. 241.]
[282: V. des cas dans Brierre de Boismont, p. 187-189.]
[283: De tranquillitate animi, II, sub fine. Cf. Lettre XXIV.]
[284: René, édition Vialat, Paris, 1849, p. 112.]
[285: V. plus haut, liv. II, ch. III, p. III.]
[286: Sénèque célèbre le suicide de Caton comme le triomphe de la volonté humaine sur les choses (V. De Prov., 2, 9 et Ep., 71, 16).]
[287: Morselli, p. 445-446.]
[288: V. Lisle, op. cit., p. 94.]
[289: Notamment dans ses deux ouvrages Sur l'homme et le développement de ses facultés ou Essai de physique sociale, 2 vol., Paris 1835, et Du système social et des lois qui le régissent, Paris 1848. Si Quételet est le premier qui ait essayé d'expliquer scientifiquement cette régularité, il n'est pas le premier qui l'ait observée. Le véritable fondateur de la statistique morale est le pasteur Süssmilch, dans son ouvrage, Die Göttliche Ordnung in den Veränderungen des menschlichen Geschlechts, aus der Geburt, dem Tode und der Fortpflanzung desselben erwiesen, 3 vol., 1742.
V. sur cette même question: Wagner, Die Gesetzmässigkeit, etc., première partie; Drobisch, Die Moralische Statistik und die menschliche Willensfreiheit, Leipzig, 1867 (surtout p. 1-58); Mayr, Die Gesetzmässigheit im Gesellschaftsleben, Munich, 1877; Oettingen, Moralstatistik, p. 90 et suiv.]
[290: Ces considérations fournissent une preuve de plus que la race ne peut rendre compte du taux social des suicides. Le type ethnique, en effet, est lui aussi un type générique; il ne comprend que des caractères communs à une masse considérable d'individus. Le suicide, au contraire, est un fait exceptionnel. La race n'a donc rien qui puisse suffire à déterminer le suicide; autrement, il aurait une généralité que, en fait, il n'a pas. Dira-t-on que si, en effet, aucun des éléments qui constituent la race ne saurait être regardé comme une cause suffisante du suicide, cependant, elle peut, selon ce qu'elle est, rendre, les hommes plus ou moins accessibles à l'action des causes suicidogènes? Mais, quand même les faits vérifieraient cette hypothèse, ce qui n'est pas, il faudrait tout au moins reconnaître que le type ethnique est un facteur de bien médiocre efficacité, puisque son influence supposée serait empêchée de se manifester dans la presque totalité des cas et ne serait sensible que très exceptionnellement. En un mot, la race ne peut expliquer comment, sur un million de sujets qui tous appartiennent également à cette race, il y en a tout au plus 100 ou 200 qui se tuent chaque année.]
[291: C'est, au fond, l'opinion exposée par Drobisch, dans son livre cité plus haut.]
[292: Cette argumentation n'est pas seulement vraie du suicide, quoiqu'elle soit, en ce cas, plus particulièrement frappante qu'en tout autre. Elle s'applique identiquement au crime sous ses différentes formes. Le criminel, en effet, est un être exceptionnel tout comme le suicidé et, par conséquent, ce n'est pas la nature du type moyen qui peut expliquer les mouvements de la criminalité. Mais il n'en est pas autrement du mariage, quoique la tendance à contracter mariage soit plus générale que le penchant à tuer ou à se tuer. À chaque période de la vie, le nombre des gens qui se marient ne représente qu'une petite minorité par rapport à la population célibataire du même âge. Ainsi, en France, de 25 à 30 ans, c'est-à-dire à l'époque où la nuptialité est maxima, il n'y a par an que 176 hommes et 135 femmes qui se marient sur 1.000 célibataires de chaque sexe (période 1877-81). Si donc la tendance au mariage, qu'il ne faut pas confondre avec le goût du commerce sexuel, n'a que chez un petit, nombre de sujets une force suffisante pour se satisfaire, ce n'est pas l'énergie qu'elle a dans le type moyen qui peut expliquer l'état de la nuptialité à un moment donné. La vérité, c'est qu'ici, comme quand il s'agit du suicide, les chiffres de la statistique expriment, non l'intensité moyenne des dispositions individuelles, mais celle de la force collective qui pousse au mariage.]
[293: Elle n'est pas d'ailleurs la seule; tous les faits de statistique morale, comme le montre la note précédente, impliquent cette conclusion.]
[294: Tarde, La sociologie élémentaire, in Annales de l'Institut international de sociologie, p. 213.]
[295: Nous disons à la rigueur, car ce qu'il y a d'essentiel dans le problème ne saurait être résolu de cette manière. En effet, ce qui importe si l'on veut expliquer cette continuité, c'est de faire voir, non pas simplement comment les pratiques usitées à une période ne s'oublient pas à la période qui suit, mais comment elles gardent leur autorité et continuent à fonctionner. De ce que les générations nouvelles peuvent savoir par des transmissions purement inter-individuelles ce que faisaient leurs aînées, il ne suit pas qu'elles soient nécessitées à agir de même. Qu'est-ce donc qui les y oblige? Le respect de la coutume, l'autorité des anciens? Mais alors la cause de la continuité, ce ne sont plus les individus qui servent de véhicules aux idées ou aux pratiques, c'est cet état d'esprit éminemment collectif qui fait que, chez tel peuple, les ancêtres sont l'objet d'un respect particulier. Et cet état d'esprit s'impose aux individus. Même, tout comme la tendance au suicide, il a pour une même société une intensité définie selon le degré de laquelle les individus se conforment plus ou moins à la tradition.]
[296: V. Règles de la méthode sociologique, ch. II.]
[297: Tarde, op. cit., in Annales de l'Institut de sociol., p. 222.]
[298: V. Frazer, Golden Bough, p. 9 et suiv.]
[299: Ajoutons, pour prévenir toute interprétation inexacte, que nous n'admettons pas pour cela qu'il y ait un point précis où finisse l'individuel et où commence le règne social. L'association ne s'établit pas d'un seul coup et ne produit pas d'un seul coup ses effets; il lui faut du temps pour cela et il y a, par conséquent, des moments où la réalité est indécise. Ainsi, on passe sans hiatus d'un ordre de faits à l'autre; mais ce n'est pas une raison pour ne pas les distinguer. Autrement, il n'y aurait rien de distinct dans le monde, si du moins on pense qu'il n'y a pas de genres séparés et que l'évolution est continue.]
[300: Nous pensons qu'après cette explication on ne nous reprochera plus de vouloir, en sociologie, substituer le dehors au dedans. Nous partons du dehors parce qu'il est seul immédiatement donné, mais c'est pour atteindre le dedans. Le procédé est, sans doute, compliqué; mais il n'en est pas d'autre, si l'on ne veut pas s'exposer à faire porter la recherche, non sur l'ordre de faits que l'on veut étudier, mais sur le sentiment personnel qu'on en a.]
[301: Pour savoir si ce sentiment de respect est plus fort dans une société que dans l'autre, il ne faut pas considérer seulement la violence intrinsèque des mesures qui constituent la répression, mais la place occupée par la peine dans l'échelle pénale. L'assassinat n'est puni que de mort aujourd'hui comme aux siècles derniers. Mais aujourd'hui, la peine de mort simple a une gravité relative plus grande; car elle constitue le châtiment suprême, tandis qu'autrefois elle pouvait être aggravée. Et puisque ces aggravations ne s'appliquaient pas alors à l'assassinat ordinaire, il en résulte que celui-ci était l'objet d'une moindre réprobation.]
[302: De même que la science de la physique n'a pas à discuter la croyance en Dieu, créateur du monde physique, la science de la morale n'a pas à connaître de la doctrine qui voit en Dieu le créateur de la morale. La question n'est pas de notre ressort; nous n'avons à nous prononcer pour aucune solution. Les causes secondes sont les seules dont nous ayons à nous occuper.]
[303: V. plus haut, liv. III, ch. I, p. III.]
[304: V. Tarde, op. cit., p. 212.]
[305: V. Delage, Structure du protoplasme, passim; Weissmann, L'hérédité et toutes les théories qui se rapprochent de celle de Weissmann.]
[306: V. plus haut, liv. II, ch. IV, p. II.]
[307: Notons toutefois que cette progression n'a été établie que pour les sociétés européennes où le suicide altruiste est relativement rare. Peut-être n'est-elle pas vraie de ce dernier. Il est possible qu'il atteigne son apogée plutôt vers l'époque de la maturité, au moment où l'homme est le plus ardemment mêlé à la vie sociale. Les rapports que ce suicide soutient avec l'homicide, et dont il sera parlé dans le chapitre suivant, confirment cette hypothèse.]
[308: Sans vouloir soulever une question de métaphysique que nous n'avons pas à traiter, nous tenons à faire remarquer que cette théorie de la statistique n'oblige pas à refuser à l'homme toute espèce de liberté. Elle laisse, au contraire, la question du libre arbitre beaucoup plus entière que si l'on fait de l'individu la source des phénomènes sociaux. En effet, quelles que soient les causes auxquelles est due la régularité des manifestations collectives, elles ne peuvent pas ne pas produire leurs effets là où elles sont: car, autrement, on verrait ces effets varier capricieusement alors qu'ils sont uniformes. Si donc elles sont inhérentes aux individus, elles ne peuvent pas ne pas déterminer nécessairement ceux; en qui elles résident. Par conséquent, dans cette hypothèse, on ne voit pas le moyen d'échapper au déterminisme le plus rigoureux. Mais il n'en est plus de même si cette constance des données démographiques provient d'une force extérieure aux individus. Car celle-ci ne détermine pas tels sujets plutôt que tels autres. Elle réclame certains actes en nombre défini, non que ces actes viennent de celui-ci ou de celui-là. On peut admettre que certains lui résistent et qu'elle se satisfasse sur d'autres. En définitive, notre conception n'a d'autre effet que d'ajouter aux forces physiques, chimiques, biologiques, psychologiques des forces sociales qui agissent sur l'homme du dehors tout comme les premières. Si donc celles-ci n'excluent pas la liberté humaine, il n'y a pas de raison pour qu'il en soit autrement de celles-là. La question se pose dans les mêmes termes pour les unes et pour les autres. Quand un foyer d'épidémie se déclare, son intensité prédétermine l'importance de la mortalité qui en résultera; mais ceux qui doivent être atteints ne sont pas désignés pour cela. La situation des suicidés n'est pas autre par rapport aux courants suicidogènes.]
[309: V. Division du travail social, Introduction.]
[310: Bibliographie de la question. Appiano Buonafede, Histoire critique et philosophique du suicide, 1762, trad. fr., Paris, 1843.—Bourquelot, Recherches sur les opinions de la législation en matière de morts volontaires, in Bibliothèque de l'École des Chartes, 1842 et 1843.—Guernesey, Suicide, history of the penal laws, New-York, 1883.—Garrison, Le suicide en droit romain et en droit français, Toulouse, 1883.—ynn Wescott, Suicide, Londres, 1885, p. 43-58.—Geiger, Der Selbstmord im klassischen Altertum, Augsbourg, 1888.]
[311: Garrison, op. cit., p. 77.]
[312: Omicidio-suicidio, p. 61-62.]
[313: Origines du droit français, p. 371.]
[314: Ferri, op. cit., p. 62.]
[315: Garrison, op. cit., p. 144, 145.]
[316: Ferri, op. cit., p. 63, 64.]
[317: Coran, III, v. 139.]
[318: Ibid., XVI, v. 63.]
[319: Ibid., LVI, v. 60.]
[320: Ibid., XXXIII, v. 33.]
[321: Aristote, Eth. Nic., V, 11, 3.]
[322: Eschine, C. Ctésiphon, p. 244—Platon, Lois, IX, 12, p. 873.]
[323: Dion Chrysostome, Or., 4, 14 (éd. Teubner, V, 2, p. 207).]
[324: Melet. Edition Reiske, Altenburg, 1797, p. 198 et suiv.]
[325: Valère-Maxime, 2, 6, 8.]
[326: Valère-Maxime, 2, 6, 7.]
[327: XII, 603.]
[328: V. Lasaulx, Ueber die Bücher des Koenigs Numa, dans ses Etudes d'antiquité classique. Nous citons d'après Geiger, p. 63.]
[329: Servius, loc. cit.—Pline, Hist. nat. XXXVI, 24.]
[330: III, tit. II, liv. II, § 3.]
[331: Inst. orat., VII, 4, 39.—Declam. 337.]
[332: Digeste, liv. XLIX, tit. XVI, loi 6, § 7.]
[333: Ibid., liv. XXVIII, tit. III, loi 6, § 7.]
[334: Digeste, liv. XLVIII, tit. XXI, loi 3, § 6.]
[335: Vers la fin de la République et le commencement de l'Empire, voir Geiger, p. 69.]
[336: Et encore ce droit commence-t-il à être, même dans ce cas, contesté à la société.]
[337: V. Geiger, op. cit., p. 58-59.]
[338: V. notre Division du travail social, liv. II.]
[339: Lyon, 1881. Au Congrès de criminologie tenu à Rome en 1887, M. Lacassagne a, d'ailleurs, revendiqué la paternité de cette théorie.]
[340: Bibliographie.—Guerry, Essai sur la statistique morale de la France.—Cazauvieilh, Du suicide, de l'aliénation mentale et des crimes contre les personnes, comparés dans leurs rapports réciproques, 2 vol. 1840.—Despine, Psychologie natur., p. 111.—Manry, Du mouvement moral des sociétés, in Revue des Deux-Mondes, 1860.—Morselli, Il suicidio, p. 243 et suiv.—Actes du premier congrès international d'Anthropologie criminelle, Turin, 1886-87, p. 202 et suiv.—Tarde, Criminalité comparée, p. 152 et suiv.—Ferri, Omicidio-suicidio, 4e édit., Turin, 1895, p. 253 et suiv.]
[341: Moralstatistik, p. 526.]
[342: Op. cit., p. 333.—Dans les Actes du congrès de Rome, p. 205, le même auteur émet pourtant des doutes sur la réalité de cet antagonisme.]
[343: Les chiffres relatifs aux deux premières périodes ne sont pas, pour l'homicide, d'une rigoureuse exactitude, parce que la statistique criminelle fait commencer sa première période à 16 ans et la fait aller jusqu'à 21, tandis que le dénombrement donne le chiffre global de la population de 15 à 20. Mais cette légère inexactitude n'altère en rien les résultats généraux qui se dégagent du tableau. Pour l'infanticide, le maximum est atteint plus tôt, vers 25 ans, et la décroissance beaucoup plus rapide. On comprend aisément pourquoi.]
[344: D'après Chaussinand.]
[345: Op. cit., p. 310 et suiv.]
[346: Op. cit., p. 67.]
[347: Des prisonniers, de l'emprisonnement et des prisons, Paris, 1850, p. 133.]
[348: Op. cit., p. 95.]
[349: Le suicide dans le département de Seine-et-Marne.]
[350: Op. cit., p. 377.]
[351: L'homme criminel, trad. fr., p. 338.]
[352: En quoi consiste cette influence? Une part semble bien en devoir être attribuée au régime cellulaire. Mais nous ne serions pas étonnés que la vie commune de la prison fût de nature à produire les mêmes effets. On sait que la société des malfaiteurs et des détenus est très cohérente; l'individu y est complètement effacé et la discipline de la prison agit dans le même sens. Il pourrait donc s'y passer quelque chose d'analogue à ce que nous avons observé dans l'armée. Ce qui confirme cette hypothèse, c'est que les épidémies de suicides sont fréquentes dans les prisons comme dans les casernes.]
[353: Une statistique rapportée par Ferri (Omicidio, p. 373) n'est pas plus probante. De 1866 à 1876, il y aurait eu, dans les bagnes italiens, 17 suicides commis par des forçats condamnés pour des crimes contre les personnes, et seulement 5 commis par des auteurs de crimes-propriété. Mais, au bagne, les premiers sont beaucoup plus nombreux que les seconds. Ces chiffres n'ont donc rien de concluant. Nous ignorons, d'ailleurs, à quelle source l'auteur de cette statistique a puisé les éléments dont il s'est servi.]
[354: D'après Oettingen, Moralstatistik, annexes, table 61.]
[355: Ibid., table 109.]
[356: Ibid., table 65.]
[357: D'après les tables mêmes dressées par Ferri.]
[358: Cette classification des départements est empruntée à Bournet, De la criminalité en France et en Italie, Paris, 1884, p. 41 et 51.]
[359: Starke, Verbrechen und Verbrecher in Preussen, Berlin, 1884, p. 144 et suiv.]
[360: D'après les tables de Ferri.]
[361: V. Bosco, Gli Omicidii in alcuni Stati d'Europa, Rome, 1889.]
[362: Philosophie pénale, p. 347-48.]
[363: Certaines de ces affaires ne sont pas poursuivies parce qu'elles ne constituent ni crimes ni délits. Il y aurait donc lieu de les défalquer. Pourtant, nous ne l'avons pas fait afin de suivre notre auteur sur son propre terrain; d'ailleurs, cette défalcation, nous nous en sommes assuré, ne changerait rien au résultat qui se dégage des chiffres ci-dessus.]
[364: Une considération secondaire, présentée par le même auteur à l'appui de sa thèse, n'est pas plus probante. D'après lui, il faudrait aussi tenir compte des homicides classés par erreur parmi les morts volontaires ou accidentelles. Or, comme le nombre des unes et des autres a augmenté depuis le début du siècle, il en conclut que le chiffre des homicides placés sous l'une ou l'autre de ces deux étiquettes a dû croître également. Voilà donc encore, dit-il, une augmentation sérieuse dont il faut tenir compte, si l'on veut apprécier exactement la marche de l'homicide.—Mais le raisonnement repose sur une confusion. De ce que le chiffre des morts accidentelles et volontaires a crû, il ne suit pas qu'il en soit de même des homicides rangés à tort sous cette rubrique. De ce qu'il y a plus de suicides et plus d'accidents, il ne résulte pas qu'il y ait aussi plus de faux suicides et de faux accidents. Pour qu'une pareille hypothèse eût quelque vraisemblance, il faudrait établir que les enquêtes administratives ou judiciaires, dans les cas douteux, se font plus mal qu'autrefois; supposition à laquelle nous ne connaissons aucun fondement. M, Tarde, il est vrai, s'étonne qu'il y ait aujourd'hui plus de morts par submersion que jadis et il est disposé à voir, sous cet accroissement, un accroissement dissimulé d'homicides. Mais le nombre des morts par la foudre a encore beaucoup plus augmenté; il a doublé. La malveillance criminelle n'y est pourtant pour rien. La vérité, c'est d'abord que les recensements statistiques se font plus exactement et, pour les cas de submersion, que les bains de mer plus fréquentés, les ports plus actifs, les bateaux plus nombreux sur nos rivières donnent lieu à plus d'accidents.]
[365: Pour l'assassinat, l'inversion est moins prononcée; ce qui confirme ce qui a été dit plus haut sur le caractère mixte de ce crime.]
[366: Les assassinats, au contraire, qui étaient à 200 en 1869, à 215 en 1868, tombent à 162 en 1870. On voit combien ces deux sortes de crimes doivent être distinguées.]
[367: D'après Starke, op. cit., p. 133.]
[368: Les assassinats restent à peu près stationnaires.]
[369: Ces remarques sont, d'ailleurs, plutôt destinées à poser la question qu'à la trancher. Elle ne pourra être résolue que quand on aura isolé l'action de l'âge et celle de l'état civil, comme nous avons fait pour le suicide.]
[370: Ce tableau a été établi avec les documents inédits du Ministère de la Justice. Nous n'avons pas pu nous en servir beaucoup, parce que le dénombrement de la population ne fait pas connaître, à chaque âge, le nombre des époux et des veufs sans enfants. Nous publions pourtant les résultats de notre travail, dans l'espérance qu'il sera utilisé plus tard, quand cette lacune du dénombrement sera comblée.]
[371: V. Règles de la Méthode sociologique, chap. III.]
[372: Et même tout lien logique n'est-il pas médiat? Si rapprochés que soient les deux termes qu'il relie, ils sont toujours distincts et, par conséquent, il y a toujours entre eux un écart, un intervalle logique.]
[373: Ce qui a contribué à obscurcir cette question, c'est qu'on ne remarque pas assez combien ces idées de santé et de maladie sont relatives. Ce qui est normal aujourd'hui ne le sera plus demain, et inversement. Les intestins volumineux du primitif sont normaux par rapport à son milieu, mais ne le seraient plus aujourd'hui. Ce qui est morbide pour les individus peut être normal pour la société. La neurasthénie est une maladie au point de vue de la physiologie individuelle; que serait une société sans neurasthéniques? Ils ont actuellement un rôle social à jouer. Quand on dit d'un état qu'il est normal ou anormal, il faut ajouter par rapport à quoi il est ainsi qualifié; sinon, on ne s'entend pas.]
[374: Division du travail social, p. 266.]
[375: Oettingen, Ueber acuten und chronischen Selbstmord, p. 28-32 et Moralstatistik, p. 761.]
[376: M. Poletti; nous ne connaissons d'ailleurs sa théorie que par l'exposé qu'en a donné M. Tarde, dans sa Criminalité comparée, p. 72.]
[377: On dit, il est vrai (Oettingen), pour échapper à cette conclusion, que le suicide est seulement un des mauvais côtés de la civilisation (Schattenseite) et qu'il est possible de le réduire sans la combattre. Mais c'est se payer de mots. S'il dérive des causes mêmes dont dépend la culture, on ne peut diminuer l'un sans amoindrir l'autre; car le seul moyen de l'atteindre efficacement est d'agir sur ses causes.]
[378: Cet argument est exposé à une objection. Le Bouddhisme, le Jaïnisme sont des doctrines systématiquement pessimistes de la vie; faut-il y voir l'indice d'un état morbide des peuples qui les ont pratiquées? Nous les connaissons trop mal pour oser trancher la question. Qu'on ne considère notre raisonnement que comme s'appliquant aux peuples européens et même aux sociétés du type de la cité. Dans ces limites, nous le croyons difficilement discutable. Il reste possible que l'esprit de renoncement propre à certaines autres sociétés puisse, sans anomalie, se formuler en système.]
[379: Entre autres Lisle, op. cit., p. 437 et suiv.]
[380: Ce n'est pas que, même dans ces cas, la séparation entre les actes moraux et les actes immoraux soit absolue. L'opposition du bien et du mal n'a pas le caractère radical que lui prête la conscience vulgaire. On passe toujours de l'un à l'autre par une dégradation insensible et les frontières sont souvent indécises. Seulement, quand il s'agit de crimes avérés, la distance est grande et le rapport entre les extrêmes moins apparent que pour le suicide.]
[381: Op. cit., p. 499.]
[382: Art. Suicide, in Diction. Philos.]
[383: Qu'on ne se méprenne pas sur notre pensée. Sans doute, un jour viendra où les sociétés actuelles mourront; elles se décomposeront donc en groupes plus petits. Seulement, si l'on induit l'avenir d'après le passé, cet état ne sera que provisoire, ces groupes partiels seront la matière de sociétés nouvelles, beaucoup plus vastes que celles d'aujourd'hui. Encore peut-on prévoir qu'ils seront eux-mêmes beaucoup plus vastes que ceux dont la réunion a formé les sociétés actuelles.]
[384: Les premiers collèges d'artisans remontent à la Rome royale. V. Marquardt, Privat Leben der Roemer, II, p. 4.]
[385: Voir les raisons dans notre Division du travail social, L. II, ch. III, notamment, p. 335 et suiv.]
[386: Cette différenciation, on peut le prévoir, n'aurait probablement plus le caractère strictement réglementaire qu'elle a aujourd'hui. La femme ne serait pas, d'office, exclue de certaines fonctions et reléguée dans d'autres. Elle pourrait plus librement choisir, mais son choix, étant déterminé par ses aptitudes, se porterait en général sur un même ordre d'occupations. Il serait sensiblement uniforme, sans être obligatoire.]
[387: Bien entendu, nous ne pouvons indiquer que les principales étapes de cette évolution. Nous n'entendons pas dire que les sociétés modernes aient succédé à la cité; nous laissons de côté les intermédiaires.]
[388: V. sur ce point, Benoist, L'organization du suffrage universel, in Revue des Deux-Mondes, 1886.]